Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-02-21
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1922 21 février 1922
Description : 1922/02/21 (N16277,A46). 1922/02/21 (N16277,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
Le Numéro : 10 cm-
IROmïLMS ai < » » il wfo
- - - -
Seine et S.-et-O. 25 » 13 » 7 *
France et Colon. 28 » 14 » T 60
Etranger. 55 » ta. 15 »
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24, Bd Poissonnière (9e)
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EST* LANTERNE DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
.1 Il
46e ANNEE -- N° 16.277
MARDI
21
FEVRIER 1922
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non ingéré»
ne sont pas rendus
Dignité humaine
Il est entendu que toute peine mérite
Salaire. Mais, inversement, tout salaire
comporte une peine, c'est-à-dire un tra-
vail.
Savoir, donc, quel est le travail que
rémunèrent les trois mille francs par
; Tn Aj g que nous payons, à. M. Noulens
pour distribuer des secours à la Russie
affamée ?
Si j'ai bien su lire la Lanterne durant
ces deux dernières années, elle n'est pas
l'amie des Soviets ? Les critiques les
plus dures qu'on ait formulées contre
eux, les révélations les plus désagréables
jqui se .soient fait jour dans la presse pa-
risienne, c'est dans ses colonnes qu'on
les a trouvées. Elle n'a. ■eu jamais, c'est
évident, aucune sympathie pour Lénine
et Trotsky, et ne saurait donc être sus-
pecte.
, Mais il n'y a rien, rien de commun en-
tre l'opposition irréductible qu'on peut
faire ou vouloir faire à ce régime redou-
table. et l'immense pitié qu'on a, qu'on
doit avoir pour des hommes qui meurent
de faim.
- Et toute la question est là : les Russes
Innocents meurent de faim ; que fai-
sons-nous pour eux ?
On ne peut comprendre l'angoissante
portée d'une telle question que si on !a
entendu Nansen exposer la misère indi-
cible de tout un peuple — et dresser, de
cette voix qui a la rigidité et les éclairs
'd'un couperet, le réquisitoire le plus
complet que le monde ait jamais en-
couru.
On meurt, on meurt, on meurt, là-bas.
Et ceux qui meurent sont aussi inno-
cents que les plus innocents d'entre
nous. Que fait la France ? Que faisons-
nous pour eux ?
Nous donnons trois mille francs par
mois là M. Noulens. Voilà !
Et. que fait M. Noulens ? M. Noulens,
51 empoche ses trois -mille francs — cu-
mulés agréablement avec son indemnité
-. parlementaire — et il fait de la politi-
que !
Oui. Quand des enfants succombent
iaprès avoir épuisé le sein tari de fem-
mes expirantes, M. Noulens, ventre en
avant, cigare au bec, « .formule des ré-
serves », « réclame des garanties », « de-
mande une .enquête » ou « fait insérer
des stipulations ».
C'est à vomir, car c'est une honte. Et
on se demande si cette action contre la
France va bientôt se terminer.
Nous avons, certes, bien des défauts
et qui sont connus. On nous en prête
que nous n'avons pas et on grossit ceux
que nous avons. Mais partout, et toujours
:la France a passé, à juste titre, pour être
noble et généreuse.
La question est de savoir si elle va
inaintenant passer pour infâme ?
Qu'avons-nous 'fait depuis que nous
savons qu'un peuple agonise ? Allons-
nous continuer à soutenir cette mons-
truosité que parce qu'il est accablé déj'à
pr un gouvernement que nous détestons
il doit de ce chef être puni de .mort ? Et
ne nous souviendrons-nous pas de 1914
et 1915 ?
Quand ce peuple crie : « J'ai faim »,
est-il admissible qu'on réponde : « Par-
don ! M. Lénine paiera-t-il les coupons
arriérés ?. »
C'est le spectacle odieux que nous don-
nons à la face du monde ! Voilà le
âmes de vainqueurs que nous exhi-
bons !. Et on pense le parti que nos en-
nemis déclarés et nos adversaires sour-
nois peuvent en tirer contré nous !
Au lendemain de la Conférence de
Nansen avons-nous vu dans nos jotir-
naux s'ouvrir des souscriptions, avons-
nous vu l'argent affluer, et M. Noulens
partir pour les bords maudits où les ca-
.davres s'amoncellent ?
Non ! M. Noulens, digère nos troi?
mille francs. M. Poincaré s3 demande
comment il pourrait bien faire servir ce
fléau à sa politique. et nous nous met-
tons peu à peu au ban des pays civili-
sés.
Les Américains, on le sait, sont
hommes d'affaires, et ne sont que ça.
Les Américains, on l'a vu, n'aiment pas
les bolcheviks. On n'ignore pas cepen-
dant ce qu'ils ont fait. Alors >
Le mot « impossible » n'était jadis pas
français. Aujourd'hui c'est le seul mot
que M. Noulens oppose aux clameurs
dfont l'écho arrive jusqu'à nous.
Impossible ! Il se borné à passer au
.guichet.
DELPHINE.
, —————————————————————— > - -..-. ( ———————————————————_
Une lettre de M. Malvy
..1 —.—
L'ancien ministre fie l'Intérieur répond
tu discours du procureur général Mérillon
fr !■'■■■ 1H|
Dans un récent discours, M. Mérillon, le
nouveau procureur général à la Cour de Cas-
sation rappelait son rôle à la Haute Cour. M.
Malvy vient de lui adresser, de Saint-Sébas-
tien, une réponse dont voici quelques passa-
ges :
« Au cours du procès, j'avais beaucoup ad*
miré, Monsieur, votre talent si souple et si
original, mais vous récidivez avec une telle
inconscience que je veux vous répondre.
« Certes, votre nom restera, dans les annales
jÈïe la. magistrature et eurtout dans l'Histoire
du Droit français. Vous aurez été un précur-
seur et un novateur. Vous pouvez revendi-
quer la gloire d'avoir Inscrit dans notre légis-
lation pénale, d'accord avec une petite majo-
rité de juges politiques, le crime de « négli-
gence » et de « carence », avec la faculté pour
le tribunal d'appliquer la peine qui lui con-
vient.
«.Vous vous êtes, avec M. Flandin, trouvé
à la. peine, si je peux m'exprimer ainsi, mais
vous deviez — quelle coïncidence — vous re-
trouver aux honneurs ».
M. Malvy rappelle ensuite les paroles de
M. Mérillon devant la Haute Cour :
« L'application des théories de M. Malvy
en temps de paix n'auraient été, en somme,
que la conséquence d'une politique déplora-
ble : mais ne temps de guerre, l'application
de ces théories est criminelle. M. Malvy avait
pour principe, pour terminer les conflits entre
les patrons et les ouvriers, de donner satis-
faction à toutes les demandes des ouvriers et
d'obliger, par tous les moyens, les patrons à
les accepter ».
On croit rêver, dit M. Malvy, en lisant ces
lignes écrites par un haut magistrat de la
République.
« Eu les écrivant, Monsieur, vous avez fal-
sifié la vérité, car vous aviez entre les mains
tous les contrats de travail écrits par moi-
même et signés sur mon bureau par les pa-
trons et les ouvriers, contrats de concilia-
tion et d'arbitrage qui me valurent souvent
les remerciements des uns et des autres ».
Le condamné de la Haute Cour termine
ainsi :
« Et voyez, Monsieur, jusqu'où peut aller
l'ironie des choses !
« Pendant tout mon ministère, et surtout
après la solution pacifique des grèves de 1917
auxquelles vous faites allusion, cette politi-
que criminelle me valut à plusieurs reprises
l'approbation et les félicitations de l'homme
qui préside le ministère auquel vous devez
la haute fonction que vous occupez aujour-
d'hui.
« Recevez, Monsieur, l'expression de la con-
sidération qui vous est due. — L.-J. MALVV ».
—————————— ? ç, -—.
L'Europe et la Conférence
Quel étrange et décevant manège ! L'Eu-
rope tourne autour de la Conférence, qui
n'est déjà plus de Gênes et n'est pas encore
de Rome ou de Genève.
Les diplomates étaient partis de Cannes en
se disant : « Au revoir ! » Il s'étaient donné
rendez-vous sur la Riviera di Levante ; les
Italiens étaient joyeux qu'une assemblée aussi
brillante fût promise à a fastueuse ville
d'André Doria. M. Bonomi lança bien vite des
convocations, qu'acceptèrent avec allégresse
les Allemands et les Russes.
,: I! n'y a pas trois jours on annonçait que
les fourriers des Soviets étaient arrivés à Gê-
nes pour y installer confortablement Tchit-
cherine, Krassine, Zinoview et leur suite. Et
vraiment, si la grande réunion internationale
devait avoir lieu le 8 mars, c'est-à-dire dans
quinze jours, il ne serait pas trop tôt pour
songer au logement d'un millier de par-
ticipants.
Mais qui peut dire, à cette heure, où aura
lieu la Conférence et quand elle aura lieu ?
Les augures en demeurent pantois.
La démission de M. Briand créa quelques
inquiétudes, l'avènement de M. Poincaré les
confirma ; car toute l'Europe et les Russies
savaient que l'ancien président de la Répu-
blique française était, par principe formel,
hostile à ces meetings où l'on joue le sort du
monde.
Le chef du gouvernement français, malgré
qu'on fût vaguement avisé, en tous lieux, de
sa répugnance au voyage, pouvait prendre la
peine de faire connaître aussitôt une opinion
qu'il avait eu le temps de mûrir et de peser.
Il attendit trois semaines avant de signifier
à M. Lloyd George les conditions préalables
de la France.
Ce délai était excessif, et M. Poincaré assu-
mait ainsi, dans une certaine mesure, la res-
ponsabilité d'un ajournement. Mais il y a
déjà quinze jours que Paris attend la réponse
de Londres. Entre temps, une crise ministé-
rielle a éclaté en Italie et les plénipotentiaires
ne savent pas encore s'ils doivent faire leurs
malles et vers quelle ville ils se dirigeront.
La situation est pour le moins confuse et
les maîtres de l'Europe font piteuse figure
devant les problèmes qui les sollicitent. Ils
ne peuvent même pas choisir entre un « oui »
ou un « non ». M. Lloyd George est à la re-
cherche d'une riposte au Premier français.
En attendant, les peuples s'exhortent à la pa-
tience et les enfants russes meurent de faim.
F. H.
—————————————— > -
La crise des loyers
et les accaparements d'immeubles
par les Congrégations
Nous avons signalé il y a quelques jours
les achats d'immeubles.effectués pa.r des Con-
grégations à Paris - dans le XIVe arrondis-
sement principalement — et l'expulsion qui
doit s'ensuivre pour de nombreux locataires
et leurs familles.
La liste des immeubles que nous avons si-
gnalée comme ayant été jointe à la pétition
adressée au Sénat par les habitants de l'im-
passe Cœur-de-Vey, contient une inexactitude
involontaire. On assure que l'hôtel de M. La-
sies n'aurait pas été vendu, tout au moins à
la Société Immobilières (les* Immeubles de ia
rue Sarrette.
Par contre, -la même liste contient une omis-
sion que nous nous empressons de réparer.
Elle ne mentionne pas en effet la proprité sise
31, rue Friand, achetée par les « Pères-
Blancs >. C'est un joli et assez important hô-
tel particulier, agrémenté d'un beau jardin.
Ces religieux l'occupent depuis environ un an.
Ajoutons encore que la Congrégation, rede-
venus si audacieuse depuis l'avènement du
Bloc National, n'a pas dû se contenter « d'o-
pérer > rue Sarrette. Il serait bien étonnant
qu'elle eût borné ses achats an XIV arrondis-
sement. Pour peu que le Parlement et les pou-
voirs publics persistent dans leur indifféren-
ce, les biens de mainmorte seront bientôt re-
constitués. - - ~-~~t.. ';;#
P. V.
L'A1 PROPRIETE COMMERCIALE
Les avantages du petit commerce
■ ■ i>»î6iéc«-
Politiquement, socialement, économiquement nécessaire,
il disparaîtra si la propriété commerciale n'est pas sauvegardée
-<3»®oK>" ■ -
Si, par impossible, le Parlement se refu-
sait à sauvegarder la propriété commercia-
le et repoussait le texte sur lequel il va
prochainement avoir à statuer, ce refus au-
rait, comme première et certaine conséquen-
ce, la disparition progressive et rapide du
moyen et surtout du petit commerce.
Les petits commerçants, en effet, ne pour-
raient lutter contre la concurrence dee
grands établissements qui, afin d'y établir
leurs succursales, leur arracheraient par
d'énormes surenchères les locaux consti-
tuant leurs instruments de travail ; et si
même ils s'obstinaient, il leur serait im-
possible de supporter longtemps les loyers
excessifs que l'on exigerait d'eux.
Je, sais bien qu'il y a des gens pour pré-
tendre que le petit commerce correspond à
une formule surannée et doit fatalement
disparaître 'pour faire place, soit aux coo-
pératives, soit à des organisations commer-
ciales plus modernes.
Sans méconnaître les services que l'on
peut attendre des premières et la puissante
ingéniosité des secondes, j'estime qu'au-
jourd'hui plus que jamais son existence est
nécessaire dans l'intérêt de la stabilité po-
litique et de la justice sociale, aussi bien
que de la consommation.
,;"!Io.
'- :le
**
En permettant aux travailleurs laborieux
et économes d'accéder assez facilement au
patronat, il atténue l'iniquité de ce der-
nier, qui cesse d'être un privilège de la for-
tune, pour apparaître, dans beaucoup de
cas, comme la récompense de la persévéran-
ce et du labeur. -
On dit couramment que la France n'a pas
à redouter une révolution violente à cause
de la grande diffusion de la petite proprié-
té rurale ; ou peut affirmer la même chose
et pour les même raisons, du petit commer-
ce. Petits propriétaires et petits commer-
çants constituent pour notre pays une ga-
rantie de sécurité et de stabilité.
Egalement fils de la démocratie, consti-
tuant une élite laborieuse, intelligents, ac-
tifs et énergiques, connaissant à la fois les
bienfaits de l'ordre et la nécessité du pro-
grès, ils acceptent hardiment les plus lar-
ges perspectives d'évolution sociale, mais
sont décidés à. empêcher les brusques bou-
leversements. Us ont les uns et les autres
la même raison d'être ; et si vous les sup-
primiez, le capital et le travail, séparés par
un infranchissable fossé, dressés l'un en
face de l'autre en ennemis implacables, en
viendraient vite aux mains ; et les résul-
tats de la lutte nous précipiteraient, soit
vers la plus tyrannique des réactions, soit
vers les aventureuses catastrophes.
*
⁂
« C'est fort bien, direz-ious ; mais il faut
aussi songer à l'intérêt immédiat des con-
sommateurs. » — Je ne l'oublie pas, et c'est
peut-être là la principale des raisons pour
lesquelles je reste le défenseur ardent du
petit commerce.
Lorsque l'acheteur pénètre dans le grand
établissement, il,se trouve aussitôt dans un
milieu indifférent, sinon hostile. La cordia-
lité empressée des employés, qui s'offrent à
le servir, n'est naturellement qu'une appa-
rence ; ils ne le connaissent pas, ne savent
pas s'ils le reverront jamais, ne s'inquiètent
dès lors ni de ses besoins, ni de ses goûts,
et ne se préoccupent que de lui faire ache-
ter la plus grande quantité possible de mar-
chandises les plus chères possibles. Si par-
fois ils guident son choix, c'est pour l'ame-
ner à prendre quelque objet dont la mai-
son cherche à se débarrasser, et qui est for-
tement « guelté ».
Combien est différent l'accueil fait au
client dans le petit magasin. On le reçoit
en ami. On sait à l'avance ce qu'il préfè-
re et on lui offre ce qui lui convient le
mieux. On le détournera de prendre un pro-
duit avarié ou de qualité inférieure. Si l'on
n'a pas ce qu'il demande, on le lui procu-
rera, et on n'exercera aucune pression tour
lui faire emporter ce dont il ne veut pas.
C'est pour cela que, malgré la somptuo-
sité et les séductions savamment combinées
des magasins-palaces, il y a des gens — dont
je suis — .qui .préfèrent s'approvisionner
dans la boutique modeste et accueillante,
dans laquelle ils se trouvent chez eux, où
ils n'ont pas à subir de sollicitations impor-
tunes, dont le patron s'informe de leur
santé et sollicite leur opinion sur la durée
du ministère Poincaré.
Et puis, il y a encore autre chose. Si îa
maladie ou le chômage surviennent, si le
jour de paye se fait trop attendre, la gran-
de maison sera fermée devant le travail-
leur, tandis qu'il trouvera du crédit chez
son petit fournisseur; et combien en est-il
qui n'ont pu que grâce à celui-ci traverser
sans trop souffrir des temps difficiles ?
*
**
« Oui, mais, m'objectera-t-on encore, tout
cela se paie ; et votre petit commerçant dis-
posant de moyens moindres est forcé de
vendre plus cher que ses puissants concur-
rents. » —- Vous avez raison, çour certains
t.,: ;ck'" tapageusement sacrifiés à titre de-
réclame, et offerts à prix coûtant, sinon à
perte ; mais pour l'ensemble des marchan-
dises la chose est plus douteuse. — C'est
qu'en effet, tandis que ses magnifiques
concurrents ont à supporter des frais gé-
néraux fantastiques, le luxe éblouissant de
leurs installations, les gaspillages et les
coulages provenant de la négligence d'un
personnel sur lequel ils ne peuvent exercer
qu'un contrôle insuffisant, mon boutiquier,
lui, levé tôt, couché tard, ayant l'œil à tout,
faisant par lui-même îe plus qu'il peut, réa-
lise de ce chef des économies qui compen-
sent souvent l'infériorité où il peut en ef-
fet se trouver en ce qui concerne ses facul-
tés d'approvisionnement.
Du reste, cette infériorité n'est pas abso-
lue ; et il lui est ~loisible le Ja faire dispa-
raître en s'entendant avec ses confrères
ipour constituer des groupements d'achats.
Grâce à l'intermédiaire de ces derniers, il
pourra lui aussi se fournir directement à la
production par quantités considérables, et
tant pour les prix d'achat que pour ceux
des transports, bénéficier des avantages ré-
servés aux gros acheteurs.
Comme le projet, que le Sénat va prochai-
nement voter, affranchira ces organisations
de la taxe sur le chiffre d'affaires, il se
trouvera, tout en conservant ses avantages
propres, -placé pour le surplus sur un pied
d'égaiité avec le grand commerce de détail.
De la sorte, il lui deviendra toujours pos-
sible de vendre à qualité égale aussi bon
marché, sinon meilleur marché que son con-
current.
S'il n'a pas jusqu'à ce jour suffisamment
usé de ces facilités, et si ces groupements
déjà nombreux ne le sont pas autant qu'ils
devraient l'être, c'est parce que, ainsi que
je l'indiquais dans un précédent article, il
vit depuis une certain nombre d'années sou-
mis à l'exploitation propriétiste, et sous la
menace permanente de l'expulsion qui en-
traînera sa ruine. Qu'on lui rende la sé-
curité qui lui manque, en lui permettant
d'envisager et de préparer librement l'ave-
nir, et l'on verra ce qu'il est capable de
faire.
Je crois avoir démontré que, même et sur-
tout dans les circonstances actuelles, le pe-
tit commerce doit vivre, dans l'intérêt de
la consommation, ainsi que dans celui de
la stabilité économique et de la paix so-
ciale. — Or, pour qu'il vive, il faut que Ja
propriété commerciale soit sauvegardée.
C'est donc en toute connaissance de cause
que les Chambres auront dans quelques
jours à décider si elles veulent sa vie ou sa
mort.
> Arthur LEVASSEUR,
.:¡;., Député de Paris.
La délégation française à Washington
est arrivée en France
» ■ ■ t-»*» »-'<&<.
Le débarquement au Havre
—————— 3 ——————
Le Havre, 20 février. — Le paquebot La
Savoie est arrivé ce matin, ramenant les mem-
bres de la délégation française, demeurés à
Washington après le départ de M. Briand et
de M. Viviani, à savoir : MM. Sarraut, minis-
tre des colonies, chef de la délégation ; le vice-
amiral de Bon ; M. Fournicr-Sarlovèze, dé-
puté de l'Oise ; les conseillers techniques,
MM. Csenave, ministre plénipotentiaire, chef
des services financiers aux Etats-Unis : Kam-
merer, ministre plénipotentiaire, directeur
d'Asie au ministère des Affaires étrangères,
secrétaire général de la délégation ; Touzet,
directeur des colonies, chef du cabinet du mi-
nistre des colonies ; Ponsot, consul général ;
Dupuy-Dutemps, capitaine de vaisseau ; De-
naint, consul ; les lieutenants de vaisseau de
la Morandière et d'Anselme, etc.
M. Sarraut a reçu à 9 h. 30 dans le grand
isalon de La Savoie les personnalités venues
le saluer : M. Meyer, maire du Havre ; M.
Pams et M. Maurice Sarraut, sénateurs ; M.
Archaimbault, député ; M. Garnier, directeur
de l' « Agence économique de l'Indo-Chine » ;
M. Nonamy, chef adjoint du cabinet du minis-
tre des colonies ; le lieutenant Simon, offi-
cier d'ordonnance du ministre ; M. Pcujol,
attaché de cabinet ; M. Larue, président du
Comité du commerce et de l'industrie d'Indo-
Chine.
A l'occasion de l'arrivée de la délégation,
les navires avaient arboré le grand pavoi et
les monuments publics le pavillon national.
Déclarations de M. Sarraut
M. Sarraut a donné à un rédacteur de
l'Agence Havas ses impressions sur la Confé-
rence de Washington.
Le chef de la délégation française a été
heureux de constater avant son départ qu'une
détente réelle s'était produite dans les mi-
lieux américains, -et qu'après des joutes di-
plomatiques qui furent parfois très rudes,
le fond de l'amitié des Etats-Unis restait
intact.
« Il ne faudrait pas juger le sentiment de
l'Amérique, nous dit-il, d'après les polémi-
ques tumultueuses et tendancieuses de cer-
tains journaux à sensation. Peu à peu, l'opi-
nion publique en arrive à une juste notion
de la situation de la France et comprend les
raisons de notre attitude. Quant à l'élite po-
litique, elle nous a prouvé, lors de la der-
nière séance publique où furent ratifias les
projets'de traités, qu'elle conservait une vi-
brante sympathie pour nous. Quand la délé-
gation française se leva pour signer, on lui
fit une magnifique et inoubliable ovation. Si
nous avons défendu notre point de vue avec
énergie, et si nous n'avons pas accepté toutes
les conceptions des Etats-Unis et de l'Angle-
terre, nous n'en avons pas moins contribué
au succès d'ensemble de Ja conférence. Ce
succès est considérable et fortifie la paix
dans le Pacifique. Or, tout le problème, c'était
la suppression de l'alliance anglo-japonaise,
ayant pour conséquence logique et automati-
que la réduction des armements navals des
trois puissances en expectative de concurrence
dans le Pacifique.
« Les autres questions gravitaient autour de
celles-là. Les réductions à opérer en Europe
n'étaient qu'une contre-partie du sacrifice à
effectuer pour l'équilibre de l'Extrême Orient.
Sept projets de traités et conventions ont été
établis pour faire cesser la course aux arme-
ments et pour régler le statut général de
l'Asie. La France tient trop à la paix pour
n'avoir pas collaboré de tout son cœur à la
réalisation des garanties capables d'affermir
la paix mondiale. Elle a néanmoins voulu con-
server toutes les possibilités d'assurer lar-
gement sa défense navale et ses communica-
tions avec ses colonies. Sur ce chapitre, elle
a maintenu tous nos droits.
« Si cette attitude a soulevé les préjugés
des uns et agité les passions des autres,
c'était pourtant la seule attitude que pouvait
prendre une grande nation consciente de sa
souveraineté. Mais, comme je vous le disais,
si l'opinion américaine est fort impression-
nable et mobile, elle est aussi franche, géné-
reuse, prompte à revenir sur ses jugements
hâtifs. A nous de la convaincra da vna dc4-
seins pacifiques et de ne pas la laisser éga-
rer par une funeste propagande. L'Amérique
ne demande qu'à nous aimer. Sachons par
des démonstrations vigoureuses, méthodiques,
tontinues, détruire l'effet des campagnes dont
la France a souffert. Le rétablissement de la
vérité est commencé. Ne nous en tenons pas
là et travaillons à dissiper les erreurs tena-
ces qui nous représentent comme des impé-
rialistes et de agitateurs militaristes en Eu-
rope ».
Le départ du Havre
Le Havre, 20 février. — M. Sarraut, minis-
tre des Colonies, a quitté Le Havre à 12 h. 47,
après avoir assisté à un déjeuner offert à
l'Hôtel-de-Ville par la municipalité.
Il a été salué sur le quai de la gare par les
autorités locales et par M. Dejean, directeur
des chemins de fer.
Dans les milieux du négoce et de l'arme-
ment, la visite du ministre a laissé la meil-
leure impression et les projets d'expansion
coloniales de M. Sarraut ont inspiré une
grande confiance.
M. Albert Sarraut à Paris
M. Albert Sarraut, ministre des Colonies,
qui, du début à la fin de la Conférence de Was-
hington, fut notre représentant assidu, est
rentré à Paris hier soir à 16 h. 30.
A la gare St-Lazare l'attendaient sur le
quai M. Olivier, gouverneur du Soudan, le gé-
néral Gouzier, directeur du service de santé
des troupes coloniales, M. Wahl, ingénieur gé-
néral de la marine, l'intendant général Bos-
sel, M. Gourbeil, gouverneur général des colo-
nies. M. Dutrey. directeur de l'école coloniale,
M. Albert Cernu, sous-chef du cabinet du mi-
nistre de l'intérieur et M. André Cernu, sous-
chef du cabinet du ministre des Finances, M.
Teny Raynaud, secrétaire général des che-
mins de fer de l'Etat.
Dès que M. Albert Sarraut, descendu du
train, eut été accueilli par Mme Albert Sar-
raut et Mlle Sarraut (M. Maurice Sarraut, sé-
nateur, directeur de la « Dépêche », M. De-
jean, directeur des chemins de fer de l'Etat
et M. François de Tossan étaient allés le cher-
cher au Havre), il renouvela aux représen-
tants ide la presse américaine l'expression des
sentiments de reconnaissance et d'affection
qu'il avait pour les Etats-Unis dont il avait
été si longtemps l'hôte.
Interrogé par nous sur la participation de
l'Amérique à la Conférence de Gênes, M. Sar-
raut se borna à déclarer que, lors de son dé-
part de Washington, l'Amérique n'avait pas
encore pris à ce sujet de décision.
- ■" p < —————————
LES "MIRACLES" DE LA SAINTE-ENFANCE
Comment de petits Annamites
seraient traités
dans des asiles religieux
On connaît ces fameuses œuvres de la
« Sainte Enfance », qui, sous prétexte de con-
vertir les petits hérétiques et principalement
les petits Chinois, recueillent par des quêtes
continuelles et par des appels constants à la
générosité des fidèles, des sommes considéra-
bles.
Ces œuvres, bien entendu, fonctionnent
par l'intermédiaire des missions, dans nos
colonies et notamment dans nos possessions
indo-chinoises. Or, le Rappel publie au 'sujet
des procédés employés pour « catéchiser » les
petits Annamites ou plutôt pour leur assurer
une existence — et une mort — très chré-
tiennes, des renseignements qu'il a reçus
d'Hanoï d'un correspondant dont on lui a
garanti la sincérité et la pondération.
Si les faits signalés par notre confrère sont
exacts - tels qu'il les raconte ils sont à faire
frémir — il n'est pas possible qu'ils demeu-
rent impunis. Une enquête en tout cas s'im-
pose pour les vérifier en raison même de la
source d'information sérieuse d'où ils par-
viennent.
Il s'agit, dit le Rappel, des prétendus « asi-
les » dans lesquels sont apportés les bébés
annamites que les mères abandcnnent aux
soins des « bons pères » et des « bonnes
sœurs ». Voici d'ailleurs le récit de notre con-
frère :
Aux portes de Hanoï, mais assez loin pour
être dans les limites territoriales d'un petit vil-
lage où l'état civil n'existe pas, et où par suite
les bonnes sœurs ont les mains libres, se trouve
un des « asiles » en question. Là sont appor-
tas les bébés rassemblés à Hanoï. L'endroit est
bien choisi. De sales paillotes annamites, au
milieu de mares infectes ; une porte soigneu-
sement barricadée, dont l'entrée est interdite
sous peine d'excommunication.
La femme de cœur dont je parle ci-dessus,
Mme Piglowska, passant un jour sur la route,
força la porte, entra dans le repaire et y vola,
malgré la résistance des mégères annamites
intervenues, trois bébés sur dix qui .s'y trou-
vaient. Ces dix bébés étaient enfermés dans
des cages de fer, avec pour toute nourriture
un infect brouet noirâtre dans des écuelles
sales. Par terre tratnaient des biberons aux
tétines crevées inutilisables.
A Hanoï, un médecin consentit à faire les
constatations voulues sur les corps des pauvres
petits, parvenus au dernier terme de la misère
physiologique, décharnés par l'inanition, ou
soufflés au contraire comme le sont ces en-
fants avant de succomber au manque des soins
les plus élémentaires. Mme Piglowska porta
ensuite ces \bébés chez le procureur général et
lui raconta son aventure. Elle put obtenir que
ce magistrat ordonnât une enquête, et le len-
demain, celle-ci eut lieu. Mais on ne retrouva
que 2 bébés au lieu de 7 vus vivants la veille.
Après recherches, les cadavres des manquants
furent découverts, entassés dans un réduit voi-
sin. Les gardiens déclarèrent que les cages de
fer étaient une nécessité, car sans cela les rats
dévorent parfois les enfants la nuit !.
Naturellement, la mort des (petits Annamites
n'aurait aucune importance, du point de vue
religieux : comme on a soin de les baptiser,
cela fait des anges de plus au ciel, voilà tout.
Comme défense, les missionnaires invoque-
raient que « les mères annamites n'aban-
donnent leurs petits qu'à la dernière extré-
mité alors qu'ils sont à l'article de la mort,
et que, dans ces conditions, il ne reste rien
à faire. si ce n'est à leur donner le baptême.
Au surplus la mission manquerait d'argent ».
Il est inadmissible, en tout cas, que l'aban-
don de ces moribonds par les mères soit suivi
du manque complet de soins de la part des
religieux ou religieuses. Si on recueille des
petits malades, il convient, dans toute la me-
sure du possible, de leur assurer au moins les
meilleures conditions d'hygiène et d'essayer
leur guérison.
Il est impossible aussi que les autorités
françaises se désintéressent des révélations
dont nous venons de parler. Ou elles sont
vraies et il faut sévir contre les tortionnaires
d'enfants, ou elles sont fausses et le calom.
niateur doit être poursuivi. De toute façon,
il faut que l'on connaisse la vérité. Qu'en
pense M. Maurice Long 1
Pierre VARZY.
GASPILLAGES D'HIER
[lÙSillIOSilliilt?
Le gouvernement ne sait que répondre
quand on lui parle des avances à Wrangel.
mais si on lui parlait de Koltchak !
Et si on interrogeait André Tardieu?
Un gaspillage cesse d'être un gaspillage à
mesure qu'il vieillit. Il y a déjà trois ou qua-
tre ans que nous avons donné aux aventuriers
antibolchevistes, la somme ronde de deux mil-
liards et demi. Les gardiens des deniers pu-
blics ne se soucient plus guère de savoir com-
ment furent dépensés ces milliards ; ils sont
compris sous la formule vague : Avances aux
gouvernements alliés, dans la comptabilité pu-
blique.
Ces jours-ci, M. Vincent Auriol s'est pour-
tant avisé de demander, par voie de question
écrite, au ministre des affaires étrangères :
1° Quel est le montant des avances faites
par la France au général Wrangel, en maté-
riel, produits de ravitaillement, espèces et, si
possible, le détail des avances faites ainsi par
chaque département ministériel ; 2G quel a
été le montant des dépenses de toutes sortes
faites pour l'entretien de l'armée de Wran-
gel à Constantinople, après la défaite ; 3° en
vertu de quelles autorisations de crédits ces
avances furent consenties ; 4G sur quels cré-
dits budgétaires réguliers figure le montant
de ces avances ; 5° quand ces comptes seront:
régularisés puisqu'il a été jusqu'ici impossi-
ble à la commission des finances d'obtenir d(;J
renseignements exacts ; 6° par qui le gouver.
nement français a l'intention de faire rem-
bourser ces avances, si ce sera la nation fran-
çaise qui en supportera la charge ou bien Ici
membres du gouvernement qui ont engagé cet
dépenses sans l'assentiment du Parlement,
puisqu'aucun crédit n'a été voté et que Ici
« crédits pour avances aux gouvernements
étrangers » ne pouvaient servir à entretenir
un général non reconnu par le Parlement fran-
çais et auquel aucun traité régulier ne liait la
France.
La réponse de M. Poincaré est un modèle da
laconisme gouvernemental ; il faut la citer :
Réponse. — Le gouvernement va déposer,
très prochainement un projet de loi pour li-
quider la situation financière créée par les dé-
penses engagées en vue de secourir Ses réfu-
giés russes de Crimée. Le président du Con-
seil, ministre des affaires étrangères, donnera.
à l'occasion de la discussion de ce projet tous
les éclaircissements demandés par M. Auriol.
**
Très bien ! C'est à propos des réfugiés rus.
ses de Crimée qu'il sera parlé des « avances
à Wrangel ». Attendons les clartés qui nous
sont promises.
Pendant que l'on établira le bilan des équi-
pées clemenci-stes en Russie, nous voulons
croire qu'il sera question du fameux dossier
Koitchak, autrement intéressant, affirmons-
nous, que celui de Wrangel. Il s'agit pour l'a-
miral de UN MILLIARD DEUX CENTS MILLIONS !
M. André Tardieu, farouche défenseur <1*
l'épargne française, était alors au gouverne-
ment. Il était le Guide-Tigre, dans le maquis
soviétique : nous savons qu'il inventa la fa-
meuse politique dite du fil de fer barbelé au-
tour de It Bolcbévie. Il ne reniera, pas plus sa
participation à l'affaire Koltchak qu'à celle de
ia N'Goko Sangha.
Si l'on veut des scandales, en .voilà que-
ques-uns de première grandeur où pourra s'é-
brouer avec l'aisance qu'on lui connaît le sé-
millant directeur du N'Goko National.
P. D.
> - ———————
Les vieux drapeaux
qui n'ont plus de régiment
Les drapeaux des régiments dissous, em-
iblèmes aux plis lourds d'une gloire sanglante,
emblèmes aujourd'hui sans objet, sont arrivés
hier matin à Paris, venant de tous les soins
de France.
Ils furent exacts au rendez-vous, et, demain,
ils voisineront au Musée de l'Armée, avec les
vieux étendards napoléoniens, poussiéreux et
mutilés.
Une garde d'honneur accompagnait chaqus
drapeau ; certains ne sont plus que des lo-
ques de sole que préserve une résille d'or. Et
la foule s'est immobilisée respecteuse sur le
passage des vieux drapeaux.
Ce matin, ils quittent les salles d'honneur
qui dans chaque caserne les & reçus, et réu-
nis en un bataillon de gloire, ils s'en iront
vers les Invalides où le maréchal Pétain les
recevra dans la cour d'honneur.
amour - o~v\mé
PHILANTHROPIE AMERICAINE
Le plus grand hôpital É HÉ
Nous savons tous que l'Amérique est le
pays où l'on recule les limites de la réalité
jusqu'aux frontières de l'impossible. Noua
avons tous entendu parler des merveilles nées
de la. baguette magique des Rockefeller, des
Schwab et autres milliardaires. Personnelle-
ment, je n'ai jamais vu les nouas de ces rois
de l'industrie transatlantique, qu'associés aux
œuvres d'assistanca sociale et de charité.
Mais il ne faudrait pas croire que cette muni-
ficence est l'apanage exclusif des princes de
l'Acier, du Pétrole ou des Chemins de fer.
J'en connais, et de moins universellement
admirés, qui, modestement, sans publicité ta-
pageuse, apportent à leurs semblables les
heureux effets de leur altruisme.
M. Edward Hines, de Chicago, était em-
ployé. à l'âge de quinze ans, dans un bazar
de la grande cité. Il .gagnait alors 10 dollars,
c'est-à-dire 50 francs par mois. Notre jeune
homme, s'ennuyant derrière son comptoir, alla
travailler pour le compte d'un marchand de
bois en gros. Il avait trouvé son chemin de
Damas. Peu à peu, il monta en grade dans la
carrière du sapin et, aujourd'hui, M. Edward
Hines est devenu le Roi du Bois blanc et la
président de l'Association Nationale des Mar-
chands de bois américains. Mais c'est main-
tenant que l'histoire de M. Hines devient édi-
fiante.
Il avait un fils. Le jeune Edward Hines au"
rait pu, avec les relations puissantes de son
père, rester en Amérique pendant la guerre.
11 ne l'entendit pas ainsi et, parce que les
Hines aimaient la France et trouvaient sa
cause noble et héroïque, ils pensèrent qu'il
fallait la défendre.
Le jeune lieutenant Edward Hines vint aU
front français, commanda une section de mî?
IROmïLMS ai < » » il wfo
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.1 Il
46e ANNEE -- N° 16.277
MARDI
21
FEVRIER 1922
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non ingéré»
ne sont pas rendus
Dignité humaine
Il est entendu que toute peine mérite
Salaire. Mais, inversement, tout salaire
comporte une peine, c'est-à-dire un tra-
vail.
Savoir, donc, quel est le travail que
rémunèrent les trois mille francs par
; Tn Aj g que nous payons, à. M. Noulens
pour distribuer des secours à la Russie
affamée ?
Si j'ai bien su lire la Lanterne durant
ces deux dernières années, elle n'est pas
l'amie des Soviets ? Les critiques les
plus dures qu'on ait formulées contre
eux, les révélations les plus désagréables
jqui se .soient fait jour dans la presse pa-
risienne, c'est dans ses colonnes qu'on
les a trouvées. Elle n'a. ■eu jamais, c'est
évident, aucune sympathie pour Lénine
et Trotsky, et ne saurait donc être sus-
pecte.
, Mais il n'y a rien, rien de commun en-
tre l'opposition irréductible qu'on peut
faire ou vouloir faire à ce régime redou-
table. et l'immense pitié qu'on a, qu'on
doit avoir pour des hommes qui meurent
de faim.
- Et toute la question est là : les Russes
Innocents meurent de faim ; que fai-
sons-nous pour eux ?
On ne peut comprendre l'angoissante
portée d'une telle question que si on !a
entendu Nansen exposer la misère indi-
cible de tout un peuple — et dresser, de
cette voix qui a la rigidité et les éclairs
'd'un couperet, le réquisitoire le plus
complet que le monde ait jamais en-
couru.
On meurt, on meurt, on meurt, là-bas.
Et ceux qui meurent sont aussi inno-
cents que les plus innocents d'entre
nous. Que fait la France ? Que faisons-
nous pour eux ?
Nous donnons trois mille francs par
mois là M. Noulens. Voilà !
Et. que fait M. Noulens ? M. Noulens,
51 empoche ses trois -mille francs — cu-
mulés agréablement avec son indemnité
-. parlementaire — et il fait de la politi-
que !
Oui. Quand des enfants succombent
iaprès avoir épuisé le sein tari de fem-
mes expirantes, M. Noulens, ventre en
avant, cigare au bec, « .formule des ré-
serves », « réclame des garanties », « de-
mande une .enquête » ou « fait insérer
des stipulations ».
C'est à vomir, car c'est une honte. Et
on se demande si cette action contre la
France va bientôt se terminer.
Nous avons, certes, bien des défauts
et qui sont connus. On nous en prête
que nous n'avons pas et on grossit ceux
que nous avons. Mais partout, et toujours
:la France a passé, à juste titre, pour être
noble et généreuse.
La question est de savoir si elle va
inaintenant passer pour infâme ?
Qu'avons-nous 'fait depuis que nous
savons qu'un peuple agonise ? Allons-
nous continuer à soutenir cette mons-
truosité que parce qu'il est accablé déj'à
pr un gouvernement que nous détestons
il doit de ce chef être puni de .mort ? Et
ne nous souviendrons-nous pas de 1914
et 1915 ?
Quand ce peuple crie : « J'ai faim »,
est-il admissible qu'on réponde : « Par-
don ! M. Lénine paiera-t-il les coupons
arriérés ?. »
C'est le spectacle odieux que nous don-
nons à la face du monde ! Voilà le
âmes de vainqueurs que nous exhi-
bons !. Et on pense le parti que nos en-
nemis déclarés et nos adversaires sour-
nois peuvent en tirer contré nous !
Au lendemain de la Conférence de
Nansen avons-nous vu dans nos jotir-
naux s'ouvrir des souscriptions, avons-
nous vu l'argent affluer, et M. Noulens
partir pour les bords maudits où les ca-
.davres s'amoncellent ?
Non ! M. Noulens, digère nos troi?
mille francs. M. Poincaré s3 demande
comment il pourrait bien faire servir ce
fléau à sa politique. et nous nous met-
tons peu à peu au ban des pays civili-
sés.
Les Américains, on le sait, sont
hommes d'affaires, et ne sont que ça.
Les Américains, on l'a vu, n'aiment pas
les bolcheviks. On n'ignore pas cepen-
dant ce qu'ils ont fait. Alors >
Le mot « impossible » n'était jadis pas
français. Aujourd'hui c'est le seul mot
que M. Noulens oppose aux clameurs
dfont l'écho arrive jusqu'à nous.
Impossible ! Il se borné à passer au
.guichet.
DELPHINE.
, —————————————————————— > - -..-. ( ———————————————————_
Une lettre de M. Malvy
..1 —.—
L'ancien ministre fie l'Intérieur répond
tu discours du procureur général Mérillon
fr !■'■■■ 1H|
Dans un récent discours, M. Mérillon, le
nouveau procureur général à la Cour de Cas-
sation rappelait son rôle à la Haute Cour. M.
Malvy vient de lui adresser, de Saint-Sébas-
tien, une réponse dont voici quelques passa-
ges :
« Au cours du procès, j'avais beaucoup ad*
miré, Monsieur, votre talent si souple et si
original, mais vous récidivez avec une telle
inconscience que je veux vous répondre.
« Certes, votre nom restera, dans les annales
jÈïe la. magistrature et eurtout dans l'Histoire
du Droit français. Vous aurez été un précur-
seur et un novateur. Vous pouvez revendi-
quer la gloire d'avoir Inscrit dans notre légis-
lation pénale, d'accord avec une petite majo-
rité de juges politiques, le crime de « négli-
gence » et de « carence », avec la faculté pour
le tribunal d'appliquer la peine qui lui con-
vient.
«.Vous vous êtes, avec M. Flandin, trouvé
à la. peine, si je peux m'exprimer ainsi, mais
vous deviez — quelle coïncidence — vous re-
trouver aux honneurs ».
M. Malvy rappelle ensuite les paroles de
M. Mérillon devant la Haute Cour :
« L'application des théories de M. Malvy
en temps de paix n'auraient été, en somme,
que la conséquence d'une politique déplora-
ble : mais ne temps de guerre, l'application
de ces théories est criminelle. M. Malvy avait
pour principe, pour terminer les conflits entre
les patrons et les ouvriers, de donner satis-
faction à toutes les demandes des ouvriers et
d'obliger, par tous les moyens, les patrons à
les accepter ».
On croit rêver, dit M. Malvy, en lisant ces
lignes écrites par un haut magistrat de la
République.
« Eu les écrivant, Monsieur, vous avez fal-
sifié la vérité, car vous aviez entre les mains
tous les contrats de travail écrits par moi-
même et signés sur mon bureau par les pa-
trons et les ouvriers, contrats de concilia-
tion et d'arbitrage qui me valurent souvent
les remerciements des uns et des autres ».
Le condamné de la Haute Cour termine
ainsi :
« Et voyez, Monsieur, jusqu'où peut aller
l'ironie des choses !
« Pendant tout mon ministère, et surtout
après la solution pacifique des grèves de 1917
auxquelles vous faites allusion, cette politi-
que criminelle me valut à plusieurs reprises
l'approbation et les félicitations de l'homme
qui préside le ministère auquel vous devez
la haute fonction que vous occupez aujour-
d'hui.
« Recevez, Monsieur, l'expression de la con-
sidération qui vous est due. — L.-J. MALVV ».
—————————— ? ç, -—.
L'Europe et la Conférence
Quel étrange et décevant manège ! L'Eu-
rope tourne autour de la Conférence, qui
n'est déjà plus de Gênes et n'est pas encore
de Rome ou de Genève.
Les diplomates étaient partis de Cannes en
se disant : « Au revoir ! » Il s'étaient donné
rendez-vous sur la Riviera di Levante ; les
Italiens étaient joyeux qu'une assemblée aussi
brillante fût promise à a fastueuse ville
d'André Doria. M. Bonomi lança bien vite des
convocations, qu'acceptèrent avec allégresse
les Allemands et les Russes.
,: I! n'y a pas trois jours on annonçait que
les fourriers des Soviets étaient arrivés à Gê-
nes pour y installer confortablement Tchit-
cherine, Krassine, Zinoview et leur suite. Et
vraiment, si la grande réunion internationale
devait avoir lieu le 8 mars, c'est-à-dire dans
quinze jours, il ne serait pas trop tôt pour
songer au logement d'un millier de par-
ticipants.
Mais qui peut dire, à cette heure, où aura
lieu la Conférence et quand elle aura lieu ?
Les augures en demeurent pantois.
La démission de M. Briand créa quelques
inquiétudes, l'avènement de M. Poincaré les
confirma ; car toute l'Europe et les Russies
savaient que l'ancien président de la Répu-
blique française était, par principe formel,
hostile à ces meetings où l'on joue le sort du
monde.
Le chef du gouvernement français, malgré
qu'on fût vaguement avisé, en tous lieux, de
sa répugnance au voyage, pouvait prendre la
peine de faire connaître aussitôt une opinion
qu'il avait eu le temps de mûrir et de peser.
Il attendit trois semaines avant de signifier
à M. Lloyd George les conditions préalables
de la France.
Ce délai était excessif, et M. Poincaré assu-
mait ainsi, dans une certaine mesure, la res-
ponsabilité d'un ajournement. Mais il y a
déjà quinze jours que Paris attend la réponse
de Londres. Entre temps, une crise ministé-
rielle a éclaté en Italie et les plénipotentiaires
ne savent pas encore s'ils doivent faire leurs
malles et vers quelle ville ils se dirigeront.
La situation est pour le moins confuse et
les maîtres de l'Europe font piteuse figure
devant les problèmes qui les sollicitent. Ils
ne peuvent même pas choisir entre un « oui »
ou un « non ». M. Lloyd George est à la re-
cherche d'une riposte au Premier français.
En attendant, les peuples s'exhortent à la pa-
tience et les enfants russes meurent de faim.
F. H.
—————————————— > -
La crise des loyers
et les accaparements d'immeubles
par les Congrégations
Nous avons signalé il y a quelques jours
les achats d'immeubles.effectués pa.r des Con-
grégations à Paris - dans le XIVe arrondis-
sement principalement — et l'expulsion qui
doit s'ensuivre pour de nombreux locataires
et leurs familles.
La liste des immeubles que nous avons si-
gnalée comme ayant été jointe à la pétition
adressée au Sénat par les habitants de l'im-
passe Cœur-de-Vey, contient une inexactitude
involontaire. On assure que l'hôtel de M. La-
sies n'aurait pas été vendu, tout au moins à
la Société Immobilières (les* Immeubles de ia
rue Sarrette.
Par contre, -la même liste contient une omis-
sion que nous nous empressons de réparer.
Elle ne mentionne pas en effet la proprité sise
31, rue Friand, achetée par les « Pères-
Blancs >. C'est un joli et assez important hô-
tel particulier, agrémenté d'un beau jardin.
Ces religieux l'occupent depuis environ un an.
Ajoutons encore que la Congrégation, rede-
venus si audacieuse depuis l'avènement du
Bloc National, n'a pas dû se contenter « d'o-
pérer > rue Sarrette. Il serait bien étonnant
qu'elle eût borné ses achats an XIV arrondis-
sement. Pour peu que le Parlement et les pou-
voirs publics persistent dans leur indifféren-
ce, les biens de mainmorte seront bientôt re-
constitués. - - ~-~~t.. ';;#
P. V.
L'A1 PROPRIETE COMMERCIALE
Les avantages du petit commerce
■ ■ i>»î6iéc«-
Politiquement, socialement, économiquement nécessaire,
il disparaîtra si la propriété commerciale n'est pas sauvegardée
-<3»®oK>" ■ -
Si, par impossible, le Parlement se refu-
sait à sauvegarder la propriété commercia-
le et repoussait le texte sur lequel il va
prochainement avoir à statuer, ce refus au-
rait, comme première et certaine conséquen-
ce, la disparition progressive et rapide du
moyen et surtout du petit commerce.
Les petits commerçants, en effet, ne pour-
raient lutter contre la concurrence dee
grands établissements qui, afin d'y établir
leurs succursales, leur arracheraient par
d'énormes surenchères les locaux consti-
tuant leurs instruments de travail ; et si
même ils s'obstinaient, il leur serait im-
possible de supporter longtemps les loyers
excessifs que l'on exigerait d'eux.
Je, sais bien qu'il y a des gens pour pré-
tendre que le petit commerce correspond à
une formule surannée et doit fatalement
disparaître 'pour faire place, soit aux coo-
pératives, soit à des organisations commer-
ciales plus modernes.
Sans méconnaître les services que l'on
peut attendre des premières et la puissante
ingéniosité des secondes, j'estime qu'au-
jourd'hui plus que jamais son existence est
nécessaire dans l'intérêt de la stabilité po-
litique et de la justice sociale, aussi bien
que de la consommation.
,;"!Io.
'- :le
**
En permettant aux travailleurs laborieux
et économes d'accéder assez facilement au
patronat, il atténue l'iniquité de ce der-
nier, qui cesse d'être un privilège de la for-
tune, pour apparaître, dans beaucoup de
cas, comme la récompense de la persévéran-
ce et du labeur. -
On dit couramment que la France n'a pas
à redouter une révolution violente à cause
de la grande diffusion de la petite proprié-
té rurale ; ou peut affirmer la même chose
et pour les même raisons, du petit commer-
ce. Petits propriétaires et petits commer-
çants constituent pour notre pays une ga-
rantie de sécurité et de stabilité.
Egalement fils de la démocratie, consti-
tuant une élite laborieuse, intelligents, ac-
tifs et énergiques, connaissant à la fois les
bienfaits de l'ordre et la nécessité du pro-
grès, ils acceptent hardiment les plus lar-
ges perspectives d'évolution sociale, mais
sont décidés à. empêcher les brusques bou-
leversements. Us ont les uns et les autres
la même raison d'être ; et si vous les sup-
primiez, le capital et le travail, séparés par
un infranchissable fossé, dressés l'un en
face de l'autre en ennemis implacables, en
viendraient vite aux mains ; et les résul-
tats de la lutte nous précipiteraient, soit
vers la plus tyrannique des réactions, soit
vers les aventureuses catastrophes.
*
⁂
« C'est fort bien, direz-ious ; mais il faut
aussi songer à l'intérêt immédiat des con-
sommateurs. » — Je ne l'oublie pas, et c'est
peut-être là la principale des raisons pour
lesquelles je reste le défenseur ardent du
petit commerce.
Lorsque l'acheteur pénètre dans le grand
établissement, il,se trouve aussitôt dans un
milieu indifférent, sinon hostile. La cordia-
lité empressée des employés, qui s'offrent à
le servir, n'est naturellement qu'une appa-
rence ; ils ne le connaissent pas, ne savent
pas s'ils le reverront jamais, ne s'inquiètent
dès lors ni de ses besoins, ni de ses goûts,
et ne se préoccupent que de lui faire ache-
ter la plus grande quantité possible de mar-
chandises les plus chères possibles. Si par-
fois ils guident son choix, c'est pour l'ame-
ner à prendre quelque objet dont la mai-
son cherche à se débarrasser, et qui est for-
tement « guelté ».
Combien est différent l'accueil fait au
client dans le petit magasin. On le reçoit
en ami. On sait à l'avance ce qu'il préfè-
re et on lui offre ce qui lui convient le
mieux. On le détournera de prendre un pro-
duit avarié ou de qualité inférieure. Si l'on
n'a pas ce qu'il demande, on le lui procu-
rera, et on n'exercera aucune pression tour
lui faire emporter ce dont il ne veut pas.
C'est pour cela que, malgré la somptuo-
sité et les séductions savamment combinées
des magasins-palaces, il y a des gens — dont
je suis — .qui .préfèrent s'approvisionner
dans la boutique modeste et accueillante,
dans laquelle ils se trouvent chez eux, où
ils n'ont pas à subir de sollicitations impor-
tunes, dont le patron s'informe de leur
santé et sollicite leur opinion sur la durée
du ministère Poincaré.
Et puis, il y a encore autre chose. Si îa
maladie ou le chômage surviennent, si le
jour de paye se fait trop attendre, la gran-
de maison sera fermée devant le travail-
leur, tandis qu'il trouvera du crédit chez
son petit fournisseur; et combien en est-il
qui n'ont pu que grâce à celui-ci traverser
sans trop souffrir des temps difficiles ?
*
**
« Oui, mais, m'objectera-t-on encore, tout
cela se paie ; et votre petit commerçant dis-
posant de moyens moindres est forcé de
vendre plus cher que ses puissants concur-
rents. » —- Vous avez raison, çour certains
t.,: ;ck'" tapageusement sacrifiés à titre de-
réclame, et offerts à prix coûtant, sinon à
perte ; mais pour l'ensemble des marchan-
dises la chose est plus douteuse. — C'est
qu'en effet, tandis que ses magnifiques
concurrents ont à supporter des frais gé-
néraux fantastiques, le luxe éblouissant de
leurs installations, les gaspillages et les
coulages provenant de la négligence d'un
personnel sur lequel ils ne peuvent exercer
qu'un contrôle insuffisant, mon boutiquier,
lui, levé tôt, couché tard, ayant l'œil à tout,
faisant par lui-même îe plus qu'il peut, réa-
lise de ce chef des économies qui compen-
sent souvent l'infériorité où il peut en ef-
fet se trouver en ce qui concerne ses facul-
tés d'approvisionnement.
Du reste, cette infériorité n'est pas abso-
lue ; et il lui est ~loisible le Ja faire dispa-
raître en s'entendant avec ses confrères
ipour constituer des groupements d'achats.
Grâce à l'intermédiaire de ces derniers, il
pourra lui aussi se fournir directement à la
production par quantités considérables, et
tant pour les prix d'achat que pour ceux
des transports, bénéficier des avantages ré-
servés aux gros acheteurs.
Comme le projet, que le Sénat va prochai-
nement voter, affranchira ces organisations
de la taxe sur le chiffre d'affaires, il se
trouvera, tout en conservant ses avantages
propres, -placé pour le surplus sur un pied
d'égaiité avec le grand commerce de détail.
De la sorte, il lui deviendra toujours pos-
sible de vendre à qualité égale aussi bon
marché, sinon meilleur marché que son con-
current.
S'il n'a pas jusqu'à ce jour suffisamment
usé de ces facilités, et si ces groupements
déjà nombreux ne le sont pas autant qu'ils
devraient l'être, c'est parce que, ainsi que
je l'indiquais dans un précédent article, il
vit depuis une certain nombre d'années sou-
mis à l'exploitation propriétiste, et sous la
menace permanente de l'expulsion qui en-
traînera sa ruine. Qu'on lui rende la sé-
curité qui lui manque, en lui permettant
d'envisager et de préparer librement l'ave-
nir, et l'on verra ce qu'il est capable de
faire.
Je crois avoir démontré que, même et sur-
tout dans les circonstances actuelles, le pe-
tit commerce doit vivre, dans l'intérêt de
la consommation, ainsi que dans celui de
la stabilité économique et de la paix so-
ciale. — Or, pour qu'il vive, il faut que Ja
propriété commerciale soit sauvegardée.
C'est donc en toute connaissance de cause
que les Chambres auront dans quelques
jours à décider si elles veulent sa vie ou sa
mort.
> Arthur LEVASSEUR,
.:¡;., Député de Paris.
La délégation française à Washington
est arrivée en France
» ■ ■ t-»*» »-'<&<.
Le débarquement au Havre
—————— 3 ——————
Le Havre, 20 février. — Le paquebot La
Savoie est arrivé ce matin, ramenant les mem-
bres de la délégation française, demeurés à
Washington après le départ de M. Briand et
de M. Viviani, à savoir : MM. Sarraut, minis-
tre des colonies, chef de la délégation ; le vice-
amiral de Bon ; M. Fournicr-Sarlovèze, dé-
puté de l'Oise ; les conseillers techniques,
MM. Csenave, ministre plénipotentiaire, chef
des services financiers aux Etats-Unis : Kam-
merer, ministre plénipotentiaire, directeur
d'Asie au ministère des Affaires étrangères,
secrétaire général de la délégation ; Touzet,
directeur des colonies, chef du cabinet du mi-
nistre des colonies ; Ponsot, consul général ;
Dupuy-Dutemps, capitaine de vaisseau ; De-
naint, consul ; les lieutenants de vaisseau de
la Morandière et d'Anselme, etc.
M. Sarraut a reçu à 9 h. 30 dans le grand
isalon de La Savoie les personnalités venues
le saluer : M. Meyer, maire du Havre ; M.
Pams et M. Maurice Sarraut, sénateurs ; M.
Archaimbault, député ; M. Garnier, directeur
de l' « Agence économique de l'Indo-Chine » ;
M. Nonamy, chef adjoint du cabinet du minis-
tre des colonies ; le lieutenant Simon, offi-
cier d'ordonnance du ministre ; M. Pcujol,
attaché de cabinet ; M. Larue, président du
Comité du commerce et de l'industrie d'Indo-
Chine.
A l'occasion de l'arrivée de la délégation,
les navires avaient arboré le grand pavoi et
les monuments publics le pavillon national.
Déclarations de M. Sarraut
M. Sarraut a donné à un rédacteur de
l'Agence Havas ses impressions sur la Confé-
rence de Washington.
Le chef de la délégation française a été
heureux de constater avant son départ qu'une
détente réelle s'était produite dans les mi-
lieux américains, -et qu'après des joutes di-
plomatiques qui furent parfois très rudes,
le fond de l'amitié des Etats-Unis restait
intact.
« Il ne faudrait pas juger le sentiment de
l'Amérique, nous dit-il, d'après les polémi-
ques tumultueuses et tendancieuses de cer-
tains journaux à sensation. Peu à peu, l'opi-
nion publique en arrive à une juste notion
de la situation de la France et comprend les
raisons de notre attitude. Quant à l'élite po-
litique, elle nous a prouvé, lors de la der-
nière séance publique où furent ratifias les
projets'de traités, qu'elle conservait une vi-
brante sympathie pour nous. Quand la délé-
gation française se leva pour signer, on lui
fit une magnifique et inoubliable ovation. Si
nous avons défendu notre point de vue avec
énergie, et si nous n'avons pas accepté toutes
les conceptions des Etats-Unis et de l'Angle-
terre, nous n'en avons pas moins contribué
au succès d'ensemble de Ja conférence. Ce
succès est considérable et fortifie la paix
dans le Pacifique. Or, tout le problème, c'était
la suppression de l'alliance anglo-japonaise,
ayant pour conséquence logique et automati-
que la réduction des armements navals des
trois puissances en expectative de concurrence
dans le Pacifique.
« Les autres questions gravitaient autour de
celles-là. Les réductions à opérer en Europe
n'étaient qu'une contre-partie du sacrifice à
effectuer pour l'équilibre de l'Extrême Orient.
Sept projets de traités et conventions ont été
établis pour faire cesser la course aux arme-
ments et pour régler le statut général de
l'Asie. La France tient trop à la paix pour
n'avoir pas collaboré de tout son cœur à la
réalisation des garanties capables d'affermir
la paix mondiale. Elle a néanmoins voulu con-
server toutes les possibilités d'assurer lar-
gement sa défense navale et ses communica-
tions avec ses colonies. Sur ce chapitre, elle
a maintenu tous nos droits.
« Si cette attitude a soulevé les préjugés
des uns et agité les passions des autres,
c'était pourtant la seule attitude que pouvait
prendre une grande nation consciente de sa
souveraineté. Mais, comme je vous le disais,
si l'opinion américaine est fort impression-
nable et mobile, elle est aussi franche, géné-
reuse, prompte à revenir sur ses jugements
hâtifs. A nous de la convaincra da vna dc4-
seins pacifiques et de ne pas la laisser éga-
rer par une funeste propagande. L'Amérique
ne demande qu'à nous aimer. Sachons par
des démonstrations vigoureuses, méthodiques,
tontinues, détruire l'effet des campagnes dont
la France a souffert. Le rétablissement de la
vérité est commencé. Ne nous en tenons pas
là et travaillons à dissiper les erreurs tena-
ces qui nous représentent comme des impé-
rialistes et de agitateurs militaristes en Eu-
rope ».
Le départ du Havre
Le Havre, 20 février. — M. Sarraut, minis-
tre des Colonies, a quitté Le Havre à 12 h. 47,
après avoir assisté à un déjeuner offert à
l'Hôtel-de-Ville par la municipalité.
Il a été salué sur le quai de la gare par les
autorités locales et par M. Dejean, directeur
des chemins de fer.
Dans les milieux du négoce et de l'arme-
ment, la visite du ministre a laissé la meil-
leure impression et les projets d'expansion
coloniales de M. Sarraut ont inspiré une
grande confiance.
M. Albert Sarraut à Paris
M. Albert Sarraut, ministre des Colonies,
qui, du début à la fin de la Conférence de Was-
hington, fut notre représentant assidu, est
rentré à Paris hier soir à 16 h. 30.
A la gare St-Lazare l'attendaient sur le
quai M. Olivier, gouverneur du Soudan, le gé-
néral Gouzier, directeur du service de santé
des troupes coloniales, M. Wahl, ingénieur gé-
néral de la marine, l'intendant général Bos-
sel, M. Gourbeil, gouverneur général des colo-
nies. M. Dutrey. directeur de l'école coloniale,
M. Albert Cernu, sous-chef du cabinet du mi-
nistre de l'intérieur et M. André Cernu, sous-
chef du cabinet du ministre des Finances, M.
Teny Raynaud, secrétaire général des che-
mins de fer de l'Etat.
Dès que M. Albert Sarraut, descendu du
train, eut été accueilli par Mme Albert Sar-
raut et Mlle Sarraut (M. Maurice Sarraut, sé-
nateur, directeur de la « Dépêche », M. De-
jean, directeur des chemins de fer de l'Etat
et M. François de Tossan étaient allés le cher-
cher au Havre), il renouvela aux représen-
tants ide la presse américaine l'expression des
sentiments de reconnaissance et d'affection
qu'il avait pour les Etats-Unis dont il avait
été si longtemps l'hôte.
Interrogé par nous sur la participation de
l'Amérique à la Conférence de Gênes, M. Sar-
raut se borna à déclarer que, lors de son dé-
part de Washington, l'Amérique n'avait pas
encore pris à ce sujet de décision.
- ■" p < —————————
LES "MIRACLES" DE LA SAINTE-ENFANCE
Comment de petits Annamites
seraient traités
dans des asiles religieux
On connaît ces fameuses œuvres de la
« Sainte Enfance », qui, sous prétexte de con-
vertir les petits hérétiques et principalement
les petits Chinois, recueillent par des quêtes
continuelles et par des appels constants à la
générosité des fidèles, des sommes considéra-
bles.
Ces œuvres, bien entendu, fonctionnent
par l'intermédiaire des missions, dans nos
colonies et notamment dans nos possessions
indo-chinoises. Or, le Rappel publie au 'sujet
des procédés employés pour « catéchiser » les
petits Annamites ou plutôt pour leur assurer
une existence — et une mort — très chré-
tiennes, des renseignements qu'il a reçus
d'Hanoï d'un correspondant dont on lui a
garanti la sincérité et la pondération.
Si les faits signalés par notre confrère sont
exacts - tels qu'il les raconte ils sont à faire
frémir — il n'est pas possible qu'ils demeu-
rent impunis. Une enquête en tout cas s'im-
pose pour les vérifier en raison même de la
source d'information sérieuse d'où ils par-
viennent.
Il s'agit, dit le Rappel, des prétendus « asi-
les » dans lesquels sont apportés les bébés
annamites que les mères abandcnnent aux
soins des « bons pères » et des « bonnes
sœurs ». Voici d'ailleurs le récit de notre con-
frère :
Aux portes de Hanoï, mais assez loin pour
être dans les limites territoriales d'un petit vil-
lage où l'état civil n'existe pas, et où par suite
les bonnes sœurs ont les mains libres, se trouve
un des « asiles » en question. Là sont appor-
tas les bébés rassemblés à Hanoï. L'endroit est
bien choisi. De sales paillotes annamites, au
milieu de mares infectes ; une porte soigneu-
sement barricadée, dont l'entrée est interdite
sous peine d'excommunication.
La femme de cœur dont je parle ci-dessus,
Mme Piglowska, passant un jour sur la route,
força la porte, entra dans le repaire et y vola,
malgré la résistance des mégères annamites
intervenues, trois bébés sur dix qui .s'y trou-
vaient. Ces dix bébés étaient enfermés dans
des cages de fer, avec pour toute nourriture
un infect brouet noirâtre dans des écuelles
sales. Par terre tratnaient des biberons aux
tétines crevées inutilisables.
A Hanoï, un médecin consentit à faire les
constatations voulues sur les corps des pauvres
petits, parvenus au dernier terme de la misère
physiologique, décharnés par l'inanition, ou
soufflés au contraire comme le sont ces en-
fants avant de succomber au manque des soins
les plus élémentaires. Mme Piglowska porta
ensuite ces \bébés chez le procureur général et
lui raconta son aventure. Elle put obtenir que
ce magistrat ordonnât une enquête, et le len-
demain, celle-ci eut lieu. Mais on ne retrouva
que 2 bébés au lieu de 7 vus vivants la veille.
Après recherches, les cadavres des manquants
furent découverts, entassés dans un réduit voi-
sin. Les gardiens déclarèrent que les cages de
fer étaient une nécessité, car sans cela les rats
dévorent parfois les enfants la nuit !.
Naturellement, la mort des (petits Annamites
n'aurait aucune importance, du point de vue
religieux : comme on a soin de les baptiser,
cela fait des anges de plus au ciel, voilà tout.
Comme défense, les missionnaires invoque-
raient que « les mères annamites n'aban-
donnent leurs petits qu'à la dernière extré-
mité alors qu'ils sont à l'article de la mort,
et que, dans ces conditions, il ne reste rien
à faire. si ce n'est à leur donner le baptême.
Au surplus la mission manquerait d'argent ».
Il est inadmissible, en tout cas, que l'aban-
don de ces moribonds par les mères soit suivi
du manque complet de soins de la part des
religieux ou religieuses. Si on recueille des
petits malades, il convient, dans toute la me-
sure du possible, de leur assurer au moins les
meilleures conditions d'hygiène et d'essayer
leur guérison.
Il est impossible aussi que les autorités
françaises se désintéressent des révélations
dont nous venons de parler. Ou elles sont
vraies et il faut sévir contre les tortionnaires
d'enfants, ou elles sont fausses et le calom.
niateur doit être poursuivi. De toute façon,
il faut que l'on connaisse la vérité. Qu'en
pense M. Maurice Long 1
Pierre VARZY.
GASPILLAGES D'HIER
[lÙSillIOSilliilt?
Le gouvernement ne sait que répondre
quand on lui parle des avances à Wrangel.
mais si on lui parlait de Koltchak !
Et si on interrogeait André Tardieu?
Un gaspillage cesse d'être un gaspillage à
mesure qu'il vieillit. Il y a déjà trois ou qua-
tre ans que nous avons donné aux aventuriers
antibolchevistes, la somme ronde de deux mil-
liards et demi. Les gardiens des deniers pu-
blics ne se soucient plus guère de savoir com-
ment furent dépensés ces milliards ; ils sont
compris sous la formule vague : Avances aux
gouvernements alliés, dans la comptabilité pu-
blique.
Ces jours-ci, M. Vincent Auriol s'est pour-
tant avisé de demander, par voie de question
écrite, au ministre des affaires étrangères :
1° Quel est le montant des avances faites
par la France au général Wrangel, en maté-
riel, produits de ravitaillement, espèces et, si
possible, le détail des avances faites ainsi par
chaque département ministériel ; 2G quel a
été le montant des dépenses de toutes sortes
faites pour l'entretien de l'armée de Wran-
gel à Constantinople, après la défaite ; 3° en
vertu de quelles autorisations de crédits ces
avances furent consenties ; 4G sur quels cré-
dits budgétaires réguliers figure le montant
de ces avances ; 5° quand ces comptes seront:
régularisés puisqu'il a été jusqu'ici impossi-
ble à la commission des finances d'obtenir d(;J
renseignements exacts ; 6° par qui le gouver.
nement français a l'intention de faire rem-
bourser ces avances, si ce sera la nation fran-
çaise qui en supportera la charge ou bien Ici
membres du gouvernement qui ont engagé cet
dépenses sans l'assentiment du Parlement,
puisqu'aucun crédit n'a été voté et que Ici
« crédits pour avances aux gouvernements
étrangers » ne pouvaient servir à entretenir
un général non reconnu par le Parlement fran-
çais et auquel aucun traité régulier ne liait la
France.
La réponse de M. Poincaré est un modèle da
laconisme gouvernemental ; il faut la citer :
Réponse. — Le gouvernement va déposer,
très prochainement un projet de loi pour li-
quider la situation financière créée par les dé-
penses engagées en vue de secourir Ses réfu-
giés russes de Crimée. Le président du Con-
seil, ministre des affaires étrangères, donnera.
à l'occasion de la discussion de ce projet tous
les éclaircissements demandés par M. Auriol.
**
Très bien ! C'est à propos des réfugiés rus.
ses de Crimée qu'il sera parlé des « avances
à Wrangel ». Attendons les clartés qui nous
sont promises.
Pendant que l'on établira le bilan des équi-
pées clemenci-stes en Russie, nous voulons
croire qu'il sera question du fameux dossier
Koitchak, autrement intéressant, affirmons-
nous, que celui de Wrangel. Il s'agit pour l'a-
miral de UN MILLIARD DEUX CENTS MILLIONS !
M. André Tardieu, farouche défenseur <1*
l'épargne française, était alors au gouverne-
ment. Il était le Guide-Tigre, dans le maquis
soviétique : nous savons qu'il inventa la fa-
meuse politique dite du fil de fer barbelé au-
tour de It Bolcbévie. Il ne reniera, pas plus sa
participation à l'affaire Koltchak qu'à celle de
ia N'Goko Sangha.
Si l'on veut des scandales, en .voilà que-
ques-uns de première grandeur où pourra s'é-
brouer avec l'aisance qu'on lui connaît le sé-
millant directeur du N'Goko National.
P. D.
> - ———————
Les vieux drapeaux
qui n'ont plus de régiment
Les drapeaux des régiments dissous, em-
iblèmes aux plis lourds d'une gloire sanglante,
emblèmes aujourd'hui sans objet, sont arrivés
hier matin à Paris, venant de tous les soins
de France.
Ils furent exacts au rendez-vous, et, demain,
ils voisineront au Musée de l'Armée, avec les
vieux étendards napoléoniens, poussiéreux et
mutilés.
Une garde d'honneur accompagnait chaqus
drapeau ; certains ne sont plus que des lo-
ques de sole que préserve une résille d'or. Et
la foule s'est immobilisée respecteuse sur le
passage des vieux drapeaux.
Ce matin, ils quittent les salles d'honneur
qui dans chaque caserne les & reçus, et réu-
nis en un bataillon de gloire, ils s'en iront
vers les Invalides où le maréchal Pétain les
recevra dans la cour d'honneur.
amour - o~v\mé
PHILANTHROPIE AMERICAINE
Le plus grand hôpital É HÉ
Nous savons tous que l'Amérique est le
pays où l'on recule les limites de la réalité
jusqu'aux frontières de l'impossible. Noua
avons tous entendu parler des merveilles nées
de la. baguette magique des Rockefeller, des
Schwab et autres milliardaires. Personnelle-
ment, je n'ai jamais vu les nouas de ces rois
de l'industrie transatlantique, qu'associés aux
œuvres d'assistanca sociale et de charité.
Mais il ne faudrait pas croire que cette muni-
ficence est l'apanage exclusif des princes de
l'Acier, du Pétrole ou des Chemins de fer.
J'en connais, et de moins universellement
admirés, qui, modestement, sans publicité ta-
pageuse, apportent à leurs semblables les
heureux effets de leur altruisme.
M. Edward Hines, de Chicago, était em-
ployé. à l'âge de quinze ans, dans un bazar
de la grande cité. Il .gagnait alors 10 dollars,
c'est-à-dire 50 francs par mois. Notre jeune
homme, s'ennuyant derrière son comptoir, alla
travailler pour le compte d'un marchand de
bois en gros. Il avait trouvé son chemin de
Damas. Peu à peu, il monta en grade dans la
carrière du sapin et, aujourd'hui, M. Edward
Hines est devenu le Roi du Bois blanc et la
président de l'Association Nationale des Mar-
chands de bois américains. Mais c'est main-
tenant que l'histoire de M. Hines devient édi-
fiante.
Il avait un fils. Le jeune Edward Hines au"
rait pu, avec les relations puissantes de son
père, rester en Amérique pendant la guerre.
11 ne l'entendit pas ainsi et, parce que les
Hines aimaient la France et trouvaient sa
cause noble et héroïque, ils pensèrent qu'il
fallait la défendre.
Le jeune lieutenant Edward Hines vint aU
front français, commanda une section de mî?
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