Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-02-19
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 février 1922 19 février 1922
Description : 1922/02/19 (N16275,A46). 1922/02/19 (N16275,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75126596
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
y
: Le Numero : 10 cm-
ABONNEMENTS n < r< i'œe?»
Seine et 8.-et-O. 25 » 13 » T *
France et Colon. 28 : 14 » T 86
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LA « LANTERNE » DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
Lst Lâif@r ne
S
46e ANNEE - N" 16.275 1
DIMANCHE
19
FEVRIER 1922
Directeur-Rédactour en chef :
FELIX HAUTFORT 1
Les manuscrits non inséré»
.* - r-.t:.ü
Mots d'écrit
Le Parlement & voté la suppression
des élections partielles. Au Sénat, Louis
Martin a élevé une juste et éloquente
protestation contre cette mise à l'index
du suffrage universel. Jamais, l'Empire
n'osa faire pareil coup.
Jusqu'au mois de mai 1924, le peuple
doit se taire. Il n'a plus qualité pour si-
gnifier au Bloc National sa volonté.
Les ara-gouins ne sont pas si niais
Qu'ils en ont l'air. Ils sont doués de l'es-
prit de conservation. Ils défendent leur
place à la-banquette de la salle des séan-
ces, comme les vendeuses aux halles
leur numéro de banc. Ces êtres de se-
conde catégorie ont pourtant fait le rai-
sonnement suivant : « Toutes les élec-
tions partielles nous accablent. Nos can-
didats sont régulièrement et platement
battus. Ces défaites répétées nous enlè-
vent-toute autorité même aux yeux des
banquiers. D'autre part, ce peuple paraît
(accoutumé à nous mettre en minorité ;
si nous le -laissons continuer ces exerci-
ces, il sera très entraîné pour nous ren-
verser d'un revers de main, -avec une
maîtresse gifle, en 1924.- Il convient - de
mettre bon ordre à ces entreprises redou-
tables. Nous n'avons qu'un moyen : sup-
primer le suffrage universel 5).
Ce qui fut dit est fait. Comlme l'a indi-
qué Louis Martin, il n'est dans l'Histoire
parlementaire d'aucun pays nul exem-
ple de pareil métpris pour le peuple.
Les monarchies constitutionnelles n'ose-
raient point se risquer dans semblable
aventure audacieuse. En France, le Bloc
, National n'a pris aucune précaution ora-
toire ; il a dit au pays : Silence ! et le
pays se tait.
Dans la. presse républicaine', nulle
protestation. Je vous dis que, demain, on
porterait Chéron à l'Elysée, Chéron en
manche de chemise pressant sur sa ro-
buste poitrinè un drapeau avec un
~acre-cœur, chacun s'indifférant à tout,
irait, comme devant, 'à ses affaires, les-
quelles sont du reste mauvaises.
*
**
r Je ne vous conseille pas 'de diriger le
destin de votre fils vers l'administration
préfectorale Faites de lui un maître
d'hôtel polyglotte, ou un cuisinier, mais
non un Préfet. Il est préférable d'être
Valet de chiens que valet du Bloc natio-
nal.
Les parvenus de la politique comman-
dent aux Préfets, comme certainement
vous he commandez pas à votre bonne
tout faire. Car la bonne à tout faire
vous enverrait ses huit jours et son ta-
blier à -la figure ; et allez chercher au
bureau de placement une fille, par ces
temps épouvantables, madame ! Tandis
que le moindre député illettré du groupe
aragouin siffle son Préfet comme Mi-
raut, et lui remet la liste des nomina-
tions et secours à accorder. L'homme
aux feuilles de ohêne courbe l'éehine, et
l'en va, tremblant pour sa pitance. L'au-
tre semaine, un imbécfle de député, qui
jpefc l'orthographe à peu près comme les
Jeunes romanciers à la mode, a signifié
ja. son Préfet sa volonté. On élisait un
conseiller général. Un républicain se
présentait contre un réactionnaire. Le
député a enjoint au Préfet de lui remet-
tre une lettre dans laquelle ce fonction-
naire déclarait qu'il ne s'intéressait pas
au candidat républicain. Le valet obéit.
Et la lettre fut montrée à tous, dans le
panton. Voilà un trait de la bassesse
d'âme de ces gens !
Il n'est pas un Préfet franc-maçon,
(ibre-penseur, qui ne doive tout à la Ré-
publique laïque. Es sont aux ordres non
tnême pas du curé, mais des dames du
Rosaire vivant, des Demoiselles des
îmes du Purgatoire, de ces Messieurs de
l'Archiconfrérie, de tous les bigots, ca-
gots, ultramontains qui rasent les murs
igris de la petite ville, un antiphonaire
sous le bras. Quand Herriot, Doumergue,
renard, et nos amis radicaux vont dé-
fendre la République dans les départe-
jments, le Préfet se claquemure dans sa
chambré à coucher, écarte le rideau de
Ja fenêtre pour voir passer les républi-
cains, et envoie à la conférence un mou.
chard.
Ils restent en place, ces malheureux ;
ilr, servitaient lé Roi, l'Empereur, ou Lé-
onine. II- ne manque pourtant pas d'au-
(res métiers à exercer, ne serait-ce que
telui de syndic de faillites ou dé liquida-
teur de (banquès.
*
**
; Lorsque vous irez à Arles, visitez le
Musée Lapidaire. N est des frises qui
sont copiées directement par les sculp-
leurs à la (mode. Je ne veux pas citer de
noms pour apporter la plus modeste pu-
licité à ces artistes malhonnêtes. L'un
d'eux qui se'dit chef d'école et décore des
théâtres de sa. sculpture adimirée par les
snobs a tout simplement reproduit les
draperies des tombeaux de Ohrysogone
et des saroophaiges chrétiens du IV* siè-
cle.
Dans tes reVues, en maints articles, il
jest comparé à Phidias. Pardon. Il faut
descendre lés escaliers de quelques siè-
ges, et écrire de cet hommè habile qu'il
est simplemént un voleur de piérrés gal-
lotomaines.
; Georges PONSOT.
Le pacte de garantie
francô-èrifanmqw
Lord Derby à Downing Street
Londres, 18 février. — Ce matin, do bonne
heure, lord Derby s'est rendu à Downing
Street, où il a pris le petit déjeuner avec M.
Lloyd George. L'entrevue qui s'est prolongée
assez longtemps est vivement commentée et,
dans les milieux autorisés,' on assure que,
bien que lord Derby ne fasse pas partie du
cabinet, la conversation a roulé sur le pacte
de garantie avec la France.
Immédiatement après le départ de lord
Derby, d'ailleurs, M. Lloyd George a prié
lord Curzon de se rendre au Foreign Office.
M. de Saint-Aulaire confère avec lord Curzon
Londres, 18 février. — M. de Saint-Aulaire,
amoassadeur de France à Londres, a été re-
çu ce matin au Foreign Office par lord Cur-
zon, avec lequel il a eu une entrevue très cor-
diale qui a duré près d'une heure.
———————— > -'9'.
te Éps du pacte de Imliisoîi
I « M. M» MI M
II fallart s'y attendre. Le pacte intervenu
entre les républicains défaillants et les réac-
tionnaires pour l'opération électorale du 16
novembre 1919 apparaît, à la lumière des
faits, comme un marché de dupes.
Des radicaux, traîtres à leur partiront tenu
leur parole, ils ont voté le rétablissement « des
relations avec le Vatican ». Les cléricaux, mis
en appétit, ne se contentent pas de si peu ; ils
veulent exploiter leur succès, il leur faut le
retour triomphal des congrégations, la R. P.
scolaire, la remise des biens d'Eglise, en un
mot l'abrogation des lois laïques.
Nous avons pourtant bon souvenir de l'ac-
cord conclu à Paris chez M. de La Rochefou-
cauld. Il y était dit que tous les contractants
s'engageaient à respecter les lois laïques. Sous
le coup de la terreur que causait alors l'Hom..
me-au-couteau-entre-les-dents, on prorogeait
l'union sacrée, on décidait de faire trêve aux
dissensions d'ordre religieux, pendant la du-
rée de la législature. Ah ! le bon billet que ce
pacte !
Les journaux officieux nous apprennent que
le Conseil des ministres va se préoccuper in-
cessamment de la situation des congrégations,
comme si elle n'était pas définitivement ré-
gléê par Ta loi Waldeck-Rousseau. L'offensive
la plus perfide va donc être engagée contre
la législation laïque, au mépris des traités.
Le prétexte est naturellement d'ordre sen-
timental. Moines et religieuses, qui avaient
quitté notre pays, rentreront en masse pour
offrir leurs services à la France quand éclata
la guerre. Aujourd'hui, on nous dit : « Allez-
vous imposer un plus long exil à ces bons
serviteurs de la patrie ? »
Tous les poilus qui firent, durant quatre
années, leur devoir pour la défense nationale,
ont vu à l'oeuvre les congréganistes et, sur ce
point, nous n'avons rien à leur apprendre.
Mais il nous est pourtant impossible de laisser
dire que les religieux ont été bannis par la
République.
Il n'y a pas, eti réalité, d' « exilés >>, et la
preuve en est faite, puisque les réguliers sont
revenus en France à leur guise ; jamais ils ne
furent déclarés interdits de séjour. Mais il est
vrai que leurs congrégations furent dissoutes
pour des raisons qui parurent singulièrement
impérieuses au législateur de 1901.
Le Bloc National, fort des engagements de
ses « prisonniers », a obtenu un nonce à Pa-
ris et envoyé M. Jonnart à Rome ; il renie,
maintenant, ses propres serments, qui lui pres-
crivent de respecter les lois laïques.
S'il y a encore des républicains au Parle-
ment, assisteront-ils avec résignation à la
reconstitution de la Congrégation, à la chute
de tout ce que !a démocratie républicaine
avait si laborieusement acquis, pour sa défense
et sa liberté ?
F. H.
——————————————— ) —
BLOC-NOTES
La clémence
de Lcriqwet
A propos de la messe de Molière célébrée
pour « le repos de l'âme » dé celui qu'on dut
inhumer clandestinement, les curés lui refu-
sant les honneurs de la sépulture religieuse,
l'Intransigeant, qu'inspire ordinairement un
plus juste soitci des termes, a eu récemment
le courage d'appeler cette Cérémonie le a Par.
don de l'Eglise ».
Le pardon ! L'Eglise veut bien pardonner à
Molière les torts qu'elle a eus envers lui ! Elle
lui pardonne de l'avoir méconnu, vilipendé,
privé de sa part de cimetière !
Ii est vrai qu'ayant « pardonné » à Jeanne
d'Are, elle peut, en effet, se permettre encore
une de ces générosités qui ne lui coûtent guère.
J'ai cru un moment que ^'Intransigeant c'é-
tait moqué, et sa raillerie, encore que sévère,
me paraissait justifiée. Mais 11 on. Hier, dans
un autre journal, j'ai relevé les mots qui sui-
vent textuellement reproduits : « Et voici que
l'Eglise miséricordieuse parce qu'éternelle ac-
cueille aujourd'hui dans son sein. etc., etc. »
D'alord, ce n'est pas exact : une messe de
Requiem ne relève pas de Vexcommunication.
Mais quand cela serait, est-ce que ce « l'Eglise
miséricordieuse » n'est pas exquis 1
EUe marque une mémoire d'un sceau d'infa-
mie (qu'elle croit) et quand, après deux cents
ans, elle s'aperçoit que son sceau n'est qu'une
sottise, alors elle se montre « miséricordieu-
se j) et elle perdonne !
C'est à pouffer.
Mais la chose vaut d'être notée en passant.
Pour le plaisir. Et aussi parce que ce n'est
pas me leçon négligeable. - VJCTOR SNELL.
Nota publierons demain :
LE COURRIER DES LOYERS
ET DES HABITATIONS A BON MARCHE
DEMOBILISONS LES CROIX DE BOIS !
L'administration refuse la restitution
des eorps de soldats morts aa front
-"—-"M~;<~<~S<<
C'est parce que les délais sont expirés que les familles
se voient opposer une fin de non-recevoir. = Le ministre
des pensions » et de la guerre = rouvrira~t~il ces délais ?
———————— a -
Le ministère des Pensions, où règne désor-
mais M. Valentino, depuis que M. Maginot est
devenu le ministre-adjoint du maréchal Pé-
tain, est chargé, comme on sait, du service
des sépultures des soldats tombés pour la
France et inhumés dans les zones de l'ancien
front.
Ce service a été maintes fois l'objet de nom-
breuses critiques et tout récemment encore,
chez un de nos confrères, un capitaine pro-
testait douloureusement parce que les identi-
fications, dans les nécropoles militaires,
étaient rendues difficiles du fait que les
« croix de bois » avaient été déplacées et
que l'on avait rectifié l'alignement. (!!).
Si l'Etat — hélas ! — est trop souvent inca-
pable d'honorer décemment nos glorieux morts
de la guerre, on ne s'explique pas très biei.
pourquoi il met tant de persévérance à les
garder, au lieu de les rendre à leurs familles.
Il est entendu que les transferts des corps
des militaires des champs de bataille aux
cimetières familiaux ont été autorisés depuis
le mois de décembre 1920. Ils sont encore
d'ailleurs en cours dans certains secteurs. On
annonçait même dernièrement que les trans-
ports des restes des P. G. décédés en Allema-
gne pourraient vraisemblablement commen-
cer au mois de mai prochain.
Seulement — en ce qui concerne les soldats
inhumés en France et en Belgique — les de-
mandes de transferts gratuit ne sont plus de-
puis longtemps recevables. Aux parents qui
sollicitent le retour de leurs enfants tués au
combat, le ministère des Pensions oppose un
refus formel en invoquant le décret du 26
septembre 1920, qui a fixé les conditions d'ap-
plication de l'article 106 de la loi de finances
du 31 juillet 1920.
Ce décret avait, dans son article 41, fixé, à
partir de sa promulgation, un délai de trois
mois pour produire les demandes de transfert
aux frais de l'Etat. Passé ce trimestre, les fa-
milles ont été forcloses dans leurs démarches.
Depuis lors, elles ont beau prier et supplier :
les services du ministère des Pensions demeu-
rent inexorables à la douleur et insensibles
aux larmes des pères et mères quir réclament
leurs fils.
Au fond, l'Etat — ou le ministère des Pen-
sions comme on voudra - n'a jamais été très
partisan de la démobilisation des morts de la
grande guerre. L'impartialité ncus oblige à
reconnaître que les familles elles-mêmes ont
été partagées entre le désir de laisser leurs
défunts dans le coin de terre même où ils
avaient été ensevelis et la volonté de n'accor-
der à personne d'autre qu'à elles-mêmes le
soin de les inhumer à leur convenance et
d'assurer pieusement leur culte. Toujours est-
il que les « officiels » ont toujours penché
pour ceux qui donnaient la préférence au
maintien sur place des militaires tombés dans
la bataille. C'est seulement sous la pression
de l'opinion, et après une longue résistance,
qu'ils se sont décidés à déférer au vœu des
parents qui sont et qui doivent être les seuls
juges du parti à prendre.
Mais il semble bien que la brièveté du délai
imparti aux familles pour adresser leurs de-
mandes de transferts a procédé de l'arrière-
pensée que beaucoup de gens n'arriveraient
pas à temps à envoyer leur dossier et qu'ainsi
les restitutions seraient forcément moins nom.
breuses.
Qu'il y ait eu on non calcul de la part du
ministère des Pensions, en fait bien des fa-
milles ont laissé expirer les délais pour tou-
tes sortes de raisons. Les unes n'ont connu
que tardivement les dispositions du décret
d-e .1,920. Il n'y a pas à s'en étonner, puisque la
î-u*jlicité donnée même à certaines lois im-
portantes n'arrive pas à , forcer l'ignorance
où elles sont tenues par le grand public. D'au-
tres parents, obéissant à un scrupule légi-
time, ne voulaient pas ramener les corps de
leurs enfants sans avoir vérifié par eux-mêmes
l'identité des tombes et de ceux qu'elles con-
tenaient. Et, en attendant que leurs occupa-
tions ou leur anté leur permissent d'accom-
plir cette préliminaire formalité, le temps
s'écoulait et la date fatidique passait. D'au-
tres, enfin — nous en connaissons — se trou-
vaient momentanément dans l'impossibilité
de recevoir, avant l'exécution de certains tra-
vaux en cours, leurs défunts dans le caveau
ou la eépulture de famille.
Toutes ces raisons, qu'elles fussent plus
ou moins excusables, ont été rejetées, et l'on
n'a pas fait la faveur aux retardataires de
leur accorder le « rabiot » de quelques semai-
nes où leurs demandes seraient à nouveau
accueillies.
Du moins, les doléances auxquelles ont
donné lieu ces refus, ont ému M. Bouilloux-
Lafont, qui, déjà, avait bataillé jadis pour que
les restitutions fussent commencées dans les
plus brefs délais après la signature de la paix.
Le député du Finistère vient donc de dépo-
ser un projet de résolution invitant le gou-
vernement à rouvrir, pendant une période
d'un mois, le délai pendant lequel pourront
être produites les demandes de transfert à
titre gratuit des corps des militaires ou ma-
rins inhumés sur les fronts de France ou de
Belgique et dont les sépultures sont actuelle-
ment identifiées.
Espérons que la France ne refusera pas de
S'associer à cette initiative qui s'inspire d'une
profonde sympathie pour les familles en deuil
de combattants. On accorde bien de nouveaux
délais à telles ou telles catégories de citoyens
qui n'ont pas observé en temps voulu des for-
malités réglementaires. Il serait inconcevable
qu'il n'y ait plus d'accommodements pour ceux
et pour celles qui ont donné à la France lé
meilleur d'eitx-mêmes.
Paul SEILOGE.
jE~~FA~Bs~Qr~nr-Tj-~s ?
Les troubles de Haute-Silésie
»• -g>»0«SS»-'l ■ I II ■! I I III II ■
Les Allemands eux-mêmes avouent le caractère pangermanique
de l'attentat de Pétersdorf
■ ■■ -otxmÊHiHCï-t*
La France s'est émue à bon droit du guet-
aptens de Petersdorf, où des soldats apparte-
nant au corps d'oecupation interalliée ont été
tués ou blèssés par des bandes allemandes.
Les organisations secrets prussiennes de
Basse et de Moyenne-Silésie, dont on se rap-
pelle les méfaits durant la période précédant
la consultation plébiscitaire, ne sont ipas étran-
gères à ces assassinats et notre gouvernement
attend avec impatience les résultats de 1a sé-
rieuse enquête exigée des dirigeants de Ber-
lin. Les énergiques déclarations de M. Poin-
caré, à la suite de l'interpellation Bouteille,
sont de nature à rassurer l'opinion publique
en France.
Le docteur Peters, ancien secrétaire de la
commission allemande de désarmement, qui
a été envoyé sur place, devra reconnaître, au
retour de sa mission, s'il est do .bonne foi,
que l'attentat a été perpétré avec la complicité
des éléments monarchiques .prussiens de Silé-
sie et que -tes compatriotes ne sauraient être
absous. Du reste, l'article que le pasteur
Ulitzka a publié récemment dans son journal,
la Volksstimme, insinue que les soldats fran-
çais n'ont pas joué un rôlo provocateur et que
toute la responsabilité de l'acte retombe sur
les civils allemands. Ce prêtre, qui, malgré
son nom polonais, a toujours énergiquement
approuvé les mesures prises par le gouverne-
ment du Reich pour la défense du germanisme
tn Haute-Silésie, écrit, en effet :
« Ce ne furent pas les Silésiens qui atta-
quèrent la sentinelle française à Petersdorf.
Comme lors des autres incidents sanglants, cé
furent encore une fois, sans aucun doute, des
éléments étrangers qui ont prépare le coup et
qui l'ont exécuté. Tandis que la politique du
Reich propage avec succès dans le monde l'i-
dée de la réconciliation, on voit des nationa-
listes détraqués saboter le travail entrepris
par le D' Wirth*et le Dr Rathenau à Berlin
et le Dr Mayer à (Paris. Ce sont, comme tou-
jours en Haute-Silésie, des individus qui n'ont
pu s'affranchir de la psychose de guerre et se
figurent toujours sauver l'Etat en 'lançant des
grenades. Puissent ces événements prouver
aux homaies d'Etat assemblés à Genève qu'il
est grand temps de mettre un terme à l'affaire
de Haute-Silésie ! »
Cette déclaration équivaut à un aveu. Puisse
cet article du député Ulitzka être lu et médité
à Genève par ceux qui ont ia charge de régler
définitivement le problème haut-silécien après
la eentence arbitrale du Conseil de la Société
des Nations !
Quand nous dénoncions ici les intrigues mi-
litaristes du parti pangermaniste en Haute-
Silésie, quand, sur les rapports de témoins di-
gnes de foi, nous démasquions les intrigues
des réactionnaires prussiens, nos affirma-
tiôns étaient mises en doute par certains amis
de la paix. Après le guet-apens de Kattowitz,
après les incidents yépétés de Gleiwitz et de
Beuthan, l'attentat de Petersdorf donne gain
de cause à notre argumentation. Nous ne ces-
serons pas de défendre notre point de vue.
Sans nier les désirs pacifistes du parti démo-
cratique allemand, nous sommes obligée de
dénoncer les agissements des pangermanistes
qui s'érvertuent à prolonger et à envenimer la
question haut-silésienne. Dans il'esprit de ces
impérialistes, la reprise par la force de la
partie de la Haute-Silésie attribuée à la Po-
logne constituerait la première étape de Ha
revanche du Deutschtum, qui envisagerait im-
médiatement ensuite la récupération de la
Posnanie et du couloir de Dantzig, complétée
par l'occupation et le rattachement à l'Alle-
magne de l'ancien royaume du congrès et de
la Galicie, afin d'avoir enfin avec la Russie des
Soviets une frontière commune, pour recom-
mencer la guerre.
M. Maurice Muret souhaitait, ces jours der-
niers, dans un excellent qrticle de la Gazette
de Lausanne, que les négociations germano-
polonaises, à propos de la Haute-Silésie, ne
s'éternisent pas. Nous partageons le vœu de
notre distingué confrère et nous désirons, com-
me lui, que la commission, présidée par M.
Calonder, achève ralpidement ses travaux sans
prêter une oreille trop attentive aux préten-
tions injustifiées de l'Allemagne
Maurice TOUSSAINT.
Lps pangermanistes menacent
Kattowitz, 18 février. — On mande de
Berlin que les organes de la presse panger-
maniste et notamment la « Deutsche Allge-
meine Zeitung », expriment hautement leur
satisfaction des bons résultats obtenus jus-
qu'à ce jour dans les négociations ipolono-
alîemandes relatives au règlement du pro-
blème haut-silésien. Mais de nombreuses
questions n'ayant pu être résolues par les
pourparlers directs, c'est l'arbitrage de M.
Calonder qui tranchera les points litigieux.
Or, la presse pangermaniste, dans un but
évident d'intimidation, déclare péremptoi-
rement que la délégation allemande ne re-
culera devant aucune mesure et, au besoin,
aura recours aux « moyens suprêmes les
plus violents » afin de faire prévaloir le
point de vue allemand dans les questions
restées en suspens. Dans les milieux bien
renseignés" de Kattowitz on exprime l'es-
poir que M. Calonder ne se laissera pas in-
fluencer ,par les menaces des pangermanis-
tes, mais que, comme jusqu'à présent, il se
guidera par les seuls scrupules d'équité et
de justice
LES ENNUIS DE M. MAGINOT
Il enlève brusquement
à 1. Faisant un matériel
qui devait être « réalisé »
Il y avait 3 ans que ce matériel était en vente 1
M. Maginot, ministre de la Guerre, a eu
besoin d'un « conseiller technique perma-
nent » auprès de lui pour être à même de rem-
plir ses fonctions rue St-Dominique. Mais
aurait-il besoin aussi d'un conseiller juridi-
que, non seulement pour éviter des procès
à son administration, mais encore pour la
rappeler au respect de la loi et des instruc-
tions formelles maintes fois renouvelées pour
l'application de cette loi ?
Il paraît que la Compagnie qui, par contrat,
a été chargée de liquider tcas les objets ou
toutes les matières métalliques des stocks pro-
venant de l'armée, vient en effet d'envoyer
du papier timbré au ministre de la Guerre !
La raison de ce litige ? Elle est assez (trange.
Dernièrement, le ministre de la Guerre
(direction de l'artillerie) a repris brusquement
à la Liquidation des Stocks plus de 10.000
tonnes de voie normale de 0 m. 60, récupérée
dans l'ancienne zone du front. La Compagnie
liquidatrice, arguant que ses droits ont été
lésés du fait qu'on lui a enlevé ce iot impor-
tant de métal, réclama un dédommagement.
Mais pourquoi la Guerre a-t-elle pris brus-
quement la décision dont il s'agit ? Depuis
trois ans, il est d'autant plus à présumer
qu'elle a gardé dans ses réserves de maté-
riel toute la voie de 0 m. 60 dont elle
a ou dont elle croit avoir besoin que
durant ce laps de temps, la Liquida-
tion des Stocks a vendu des quantités
important3S de matériel analogue provenant
p écisément de l'armé Suivant la loi qui
régit la liquidation des stocks, il y a belle
lurette que les départements ministériels oni'
"0 terminer leurs inventaires et remettre aux
services de M. Paisant l'excédent de leurs
approvisionnements ou le surplus du matériel
qui leur est indispensable.
Même le service des poudres — à qui il a
fallu réclamer ses inventaires douze fois avant
de les obtenir — a fini par les donner. Par
conséquent, il faut vraisemblablement une
raison grave pour que M. Maginot retire aussi
soudainement et s'approprie du matériel qu'il
a régulièrement remis à la Liquidation des
Stocks et qu'il ne peut d'ailleurs reprendre
sans le payer, ce matériel devant être vendu
au profit du Trésor.
Quelle est cette raison ? Plusieurs hypo-
thèses sont possibles :
Ou bien les services de la rue St-Dominique
ont besoin d'un supplément de voies de 0.60
en vue d'une prochaine guerre. Tout de mê-
me, encore que M. Poincaré soit président du
Conseil, nous ne pensons pas que nous en
soyons là.
On bien, suivant une méthode qu'elle a cou-
ramment pratiquée, la Guerre entend liquider
à son propre profit le lot dont il s'agit pour se
créer des ressources occultes et augmenter ses
crédits budgétaires sans demander l'assenti-
ment du Parlement. A moins qu'elle ne veuille
— ce qui est la même chose — accroître ses
approvisionnements (sans demander aux
Chambres l'autorisation et l'argent néces-
saires en se faisant rétrocéder gratuite-
ment (ce qui est illégal) par la Liqui-
dation des Stocks le matériel en ques-
tion. N'est-ce pas un haut fonction-
naire de la rue St-Dominique qui se flat-
tait jadis que, par le double moyen que nous
venons d'indiquer, le ministère de la guerre
avait pu reconstituer les approvisionnements
de l'armée sans rien réclamer au Parlement,
c'est-à-dire à son insu et en dehors du con-
trôle du législateur f
Ou bien enfin les 10.000 tonnes et plus, de
voie normale de 0.60 auraient été enlevées
à la Liquidation des Stocks pour être remises
à une Société dont il a déjà été parlé à pro-
pos d'un conflit qui mit jadis aux prises M.
Barthou et M. Paisant ?
A notre sens, la reprise brusquée effectuée
par la Guerre ne saurait avoir qu'un motif :
la Guerre aurait réellement besoin de maté-
riel de voie étroite. Seulement, alors une autre
interrogation se pose : Pourquoi ne s'est-elle
pas aperçu plus tôt qu'elle en avait besoin,
et pourquoi a-t-elle donné pour être vendu, un
matériel qui lui serait indispensable ?
M. Maginot, après « visa », nous le dira
peut-être. P. S.
— i > ç i
René Maran
et "Bataoula"
M. de Lastours a demandé au ministre des
colonies quelles sanctions il comptait pren-
dre contre l'auteur de « Batouala ».
Voilà bien une curieuse question et qui
ne fera pas honneur à son auteur. Quoi,
parce qu'un homme, un romancier exerce
une charge de l'Etat, il n'aurait plus le
droit d'écrire selon son inspiration et, par-
tant, plus le droit de penser ?
M. René Maran a dit Que les nègres
avaient parfois à se iplaindre des blancs.
M. René Maran est noir de couleur, les
sanctions demandées contre lui n'auraient
d'autre effet que de justifier ses dires.
Souhaitons que M. Sarraut ne partage
pas à ce sujet les idées de cet honorable.
M. de Lastours est député du Tarn. Que
sait-il du bien-fondé ou non des reproches
formulés par l'auteur de « Batouala » ?
La propagande antifrançaise, dit-il, s'est
servie de ce livre. Peut-être ; mais alors ne
va-t-il pas falloir rétablir la censure pour
interdire la publication de tout écrit pou-
vant donner des arguments à cette propa-
gande ?
Les frères Tharaud viennent d'écrire sur
les nègres, et il ne parait pas que ce soit à
la louange du gouvernement français. Que
M. de Lastours ne réponde pas que les frè-
res Tharaud sont libres de publier ce que
bon leur semble, et que M. Maran n'a pas
cette liberté. La censure qui peut s'exercer
sur une certaine catégorie d'individus, par-
ce que ceux-ci, fonctionnaires ou militaires,
dépendent du gouvernement, et particuliè-
rement odieuse. Je sais que si les fiches ont
été supprimées, le procédé tend encore à
subsister plus ou moins. Souhaitons pour
l'honneur du gouvernement français, que
ce soit moins que plus et que le ministre
rejette avec indignation la demande insi-
dieuse du député du Tarn.
Et quoi, ne va-t-on pas demander à tous
les fonctionnaires français de prêter ser-
ment et de jurer de louer, quels qu'ils
soient, tous les actes de leurs supérieurs ?
Si ceux-ci se sont rendus coupables, dé..
tioncer leurs méfaits c'est encore servir la
France l Robert DUBARD.
ANATOLE FRANCE
fêté par la
Ligue desDroitsdel'Homme
Le Maure, dans un discours émouvant,
réclame la revision des procès
Caillaux et Malvy
Dans le restaurant universitaire de la rue
Pierre-Curie, si démocratique, qu'il "t une
baraque de planches semblable à toutes les
baraques Vilgrain, la Ligue des Droits de
l'Homme avait organisé un banquet, non
moins démocratique, en l'honneur du mattre
Anatole France.
Atmosphère charmante de cordialité ; le
bon maître a embrassé en entrant Mme Séve-
rine, qui a fait cette soirée inoubliable pour
tous ceux qui l'ont vécue.
Après le dîner, servi en toute simplicité,
M. Aulard, président de la Ligue, a su dire au
doux philosophe de la Béchellerie, l'amour
que lui portent tous ceux qui ont encore un
cœur. M. Gabriel Séaillea a su évoquer son
génie en une langue délicate. M. Victor Basch
a parlé d'Anatole France citoyen. Mme Sévé-
rine, avec ce charme qui lui est propre, a dit
des souvenirs. M. Painlevé a parlé de l'ac-
tion politique de la Ligue et du grand citoyen
qu'est Anatole France.
Le discours d'Anatole France
Après avoir remercié M. Ferdinand Buisson
« dont l'austère vertu ne flotte jamais », aiprès
avoir rappelé l'œuvre de la « Ligue des Droits
de l'Homme qui, depuis 23 ans, s'applique à
réaliser l'esprit républicain en France », M.
Anatole France s'écrie :
« Vous aurez encore à vous occuper des ma.
rins de la mer Noire. » dont il retrace briè-
vement l'histoire, a La Ligue se doit de sau-
ver Goïdsky, condamné injustement parela
justice militaire. »
Le procès Malvy
« Le ministre Malvy, accusé d'avoir livré
des secrets d'Etat, fourni aux Allemands d"
plans d'attaque, suscité des mutineries mili-
tairee, fut déféré devant la Haute-Cour et re-
connu innocent à l'unanimité des voix moins
une. Mais la Haute-Cour improvisa séance te-
nante une nouvelle accusation et Malvy fut
condamné. Il le fallait : il déplaisait aux
puissnts du jour. Il fut condamné pour for-
faiture. De l'accusé ou des juges, qui l'a com-
mise. la forfaiture ? 1
Le procès Caillaux
« Deux ans plus tard, la HauteCour revint
à son vomissement quand elle jugea M. Cail-
laux. Cette fois, le crime judiciaire était ion-
guement et soigneusement préparé.
« Pendant deux ans, pour perdre cet homme
d'Etat, on avait accumulé contre lui les illé-
galités et Ses mensonges, fabriqué des faux,
suborné des témoins, ameuté contre lui l'opi.
nion par d'odieuses calomnies tergemeot ré-
pandues.
« Enfin, M. Caillaux fut déféré en Haute-
Cour, pour intelligences avec l'ennemi, crimt
prévu par les articles 77 et 79 du Code pénal
Malgré leur évidente bonne volonté, les séna-
teurs-juges furent obligés de l'acquitter de ee
chef. Il fallait bien, pourtant, lui faire payer
d'être Thomme de l'impôt sur le revenu et d'a-
voir maintenu la paix en Europe, à l'heure
critique où un navire allemand mouillait dans
les eaux d'Agadir. Les sénateurs-juges, se sou-
venant à propos de ce qu'ils avaient fait pour
perdre M. Malvy, - trouvèrent, dama un arti-
cle 78, qui n'avait pas été prévu par Vaecu.
sation, une inculpation ignorée de -la défense.
4 M. Caillaux fut condamné, sur l'ordre iu
pouvoir, par des magistrats et des hommes 1J00
litiques, qui donnèrent ainsi un exemple de
prévarication peut-être inouï dans l'histoire
des assemblées politiques. Pour l'honneur «1%
notre pays, pour l'honneur de l'humanité, il
faut qu'un tel arrêt soit déchiré.
La révision
« Mais comment ? Plusieurs voies s'offrent
pour obtenir justice, mais qui, toutes, abou..
tissant à une loi, passent par la Chambre qui
a fourni les juges prévaricateurs. Cette loi
disposerait que les sentences portées eontra
M. Malvy et M. Caillaux sont annulées : ou
bien elle déclarerait que les jugements de la
Haute-Cour peuvent être révisés, soit par la •
Cour de cassation, soit par la Haute-Cour elle-
même, soit par sa commission d'instruction..
En l'espèce, cette loi pourrait être introduite
sur le fait que M. Caillaux a été accusé d'à- -
voir parlé à M. Cavallini et qu'un jugement..
postérieur a innocenté M. Cavallini de l'in-
culpation d'être un agent de d'ennemi. Au pis
aller, on ferait voter une loi d'amnistie.
« SI nous l'avons emporté dans l'affaire
Dreyfus, nous l'emporterons dans l'affaire
Caillaux. Le plus redoutable obstacle tom-
bera d'un coup, à la chute du Bloc Natio-
nal. Un jour, peut-être prochain, les contri-
buables, devant le désastre croissant de nos
finances, et sous le poids sans cesse accru
des impôts, tourneront leurs regards vers
le plus grand financier que possède la
France. ,
L'esprit de guerre survit à la guerre
< L'esprit de guerre enveloppe aujour-
d'hui notre politique extérieure de plus de
nuages que 'jamais, ce Qui cause aux eep^its
curieux de vives inquiétudes. Mais ils soàt
en petit nombre, et tout le pays va docile-
ment où on le mène. Il n'est averti de rien.
La grande presse, aujourd'hui comme au
temps où l'ennemi occupait une partie de
notre territoire, va chercher au ministère le
communiqué du jour, et soumet ses feuil-
les au visa de la. censure. Une Chambre
inintelligente laisse le gouvernement pour-
suivre, sans guide et sans appui, sa politi-
que de force. Et elle est parfois bien faible,
cette force ! Nous l'avons vu, le gouverne-
ment, exercer sa furieuse impuissance con-
tre la Russie des Soviets. Et nous le regar-
dons maintenant avec stupeur Inquiéter tous
ses alliés par un vain étalage de sa puissan-
ce militaire. Quelle folie ! Quel aveugle.
ment ! La force n'obtient rien quand elle
s'exerce à. rencontre de la nature des cho-
ses. Nous ne sommes plus au temps des vic-
toires dorées. La dernière guerre a épuisé
l'Europe.
« Jusqu'ici nous n'avons pas su faire ta
paix.. f
« C'est un art difficile, mats nécessaire,"
aussi nécessaire à nous qu'aux autre peuples.
Sa pratique, pour la masse des hommes, com*
porte de grands sacrifices aux sentiments
les plus naurtels et qui semblent les plus le.
gitimes. Mais il faut s'appliquer à cet art né-
cessaire. Il faut refaire une Europe. Il y va
de notre vie.
« Ne rêvez pas de victoires et de conque.
tes; ne souhaitez pas le sort de la grands
Angleterre : il n'est pas enviable. Soyons
modérés : il y va de notre existence.
« Diminuons nos effectifs, raccourcissons W
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Lst Lâif@r ne
S
46e ANNEE - N" 16.275 1
DIMANCHE
19
FEVRIER 1922
Directeur-Rédactour en chef :
FELIX HAUTFORT 1
Les manuscrits non inséré»
.* - r-.t:.ü
Mots d'écrit
Le Parlement & voté la suppression
des élections partielles. Au Sénat, Louis
Martin a élevé une juste et éloquente
protestation contre cette mise à l'index
du suffrage universel. Jamais, l'Empire
n'osa faire pareil coup.
Jusqu'au mois de mai 1924, le peuple
doit se taire. Il n'a plus qualité pour si-
gnifier au Bloc National sa volonté.
Les ara-gouins ne sont pas si niais
Qu'ils en ont l'air. Ils sont doués de l'es-
prit de conservation. Ils défendent leur
place à la-banquette de la salle des séan-
ces, comme les vendeuses aux halles
leur numéro de banc. Ces êtres de se-
conde catégorie ont pourtant fait le rai-
sonnement suivant : « Toutes les élec-
tions partielles nous accablent. Nos can-
didats sont régulièrement et platement
battus. Ces défaites répétées nous enlè-
vent-toute autorité même aux yeux des
banquiers. D'autre part, ce peuple paraît
(accoutumé à nous mettre en minorité ;
si nous le -laissons continuer ces exerci-
ces, il sera très entraîné pour nous ren-
verser d'un revers de main, -avec une
maîtresse gifle, en 1924.- Il convient - de
mettre bon ordre à ces entreprises redou-
tables. Nous n'avons qu'un moyen : sup-
primer le suffrage universel 5).
Ce qui fut dit est fait. Comlme l'a indi-
qué Louis Martin, il n'est dans l'Histoire
parlementaire d'aucun pays nul exem-
ple de pareil métpris pour le peuple.
Les monarchies constitutionnelles n'ose-
raient point se risquer dans semblable
aventure audacieuse. En France, le Bloc
, National n'a pris aucune précaution ora-
toire ; il a dit au pays : Silence ! et le
pays se tait.
Dans la. presse républicaine', nulle
protestation. Je vous dis que, demain, on
porterait Chéron à l'Elysée, Chéron en
manche de chemise pressant sur sa ro-
buste poitrinè un drapeau avec un
~acre-cœur, chacun s'indifférant à tout,
irait, comme devant, 'à ses affaires, les-
quelles sont du reste mauvaises.
*
**
r Je ne vous conseille pas 'de diriger le
destin de votre fils vers l'administration
préfectorale Faites de lui un maître
d'hôtel polyglotte, ou un cuisinier, mais
non un Préfet. Il est préférable d'être
Valet de chiens que valet du Bloc natio-
nal.
Les parvenus de la politique comman-
dent aux Préfets, comme certainement
vous he commandez pas à votre bonne
tout faire. Car la bonne à tout faire
vous enverrait ses huit jours et son ta-
blier à -la figure ; et allez chercher au
bureau de placement une fille, par ces
temps épouvantables, madame ! Tandis
que le moindre député illettré du groupe
aragouin siffle son Préfet comme Mi-
raut, et lui remet la liste des nomina-
tions et secours à accorder. L'homme
aux feuilles de ohêne courbe l'éehine, et
l'en va, tremblant pour sa pitance. L'au-
tre semaine, un imbécfle de député, qui
jpefc l'orthographe à peu près comme les
Jeunes romanciers à la mode, a signifié
ja. son Préfet sa volonté. On élisait un
conseiller général. Un républicain se
présentait contre un réactionnaire. Le
député a enjoint au Préfet de lui remet-
tre une lettre dans laquelle ce fonction-
naire déclarait qu'il ne s'intéressait pas
au candidat républicain. Le valet obéit.
Et la lettre fut montrée à tous, dans le
panton. Voilà un trait de la bassesse
d'âme de ces gens !
Il n'est pas un Préfet franc-maçon,
(ibre-penseur, qui ne doive tout à la Ré-
publique laïque. Es sont aux ordres non
tnême pas du curé, mais des dames du
Rosaire vivant, des Demoiselles des
îmes du Purgatoire, de ces Messieurs de
l'Archiconfrérie, de tous les bigots, ca-
gots, ultramontains qui rasent les murs
igris de la petite ville, un antiphonaire
sous le bras. Quand Herriot, Doumergue,
renard, et nos amis radicaux vont dé-
fendre la République dans les départe-
jments, le Préfet se claquemure dans sa
chambré à coucher, écarte le rideau de
Ja fenêtre pour voir passer les républi-
cains, et envoie à la conférence un mou.
chard.
Ils restent en place, ces malheureux ;
ilr, servitaient lé Roi, l'Empereur, ou Lé-
onine. II- ne manque pourtant pas d'au-
(res métiers à exercer, ne serait-ce que
telui de syndic de faillites ou dé liquida-
teur de (banquès.
*
**
; Lorsque vous irez à Arles, visitez le
Musée Lapidaire. N est des frises qui
sont copiées directement par les sculp-
leurs à la (mode. Je ne veux pas citer de
noms pour apporter la plus modeste pu-
licité à ces artistes malhonnêtes. L'un
d'eux qui se'dit chef d'école et décore des
théâtres de sa. sculpture adimirée par les
snobs a tout simplement reproduit les
draperies des tombeaux de Ohrysogone
et des saroophaiges chrétiens du IV* siè-
cle.
Dans tes reVues, en maints articles, il
jest comparé à Phidias. Pardon. Il faut
descendre lés escaliers de quelques siè-
ges, et écrire de cet hommè habile qu'il
est simplemént un voleur de piérrés gal-
lotomaines.
; Georges PONSOT.
Le pacte de garantie
francô-èrifanmqw
Lord Derby à Downing Street
Londres, 18 février. — Ce matin, do bonne
heure, lord Derby s'est rendu à Downing
Street, où il a pris le petit déjeuner avec M.
Lloyd George. L'entrevue qui s'est prolongée
assez longtemps est vivement commentée et,
dans les milieux autorisés,' on assure que,
bien que lord Derby ne fasse pas partie du
cabinet, la conversation a roulé sur le pacte
de garantie avec la France.
Immédiatement après le départ de lord
Derby, d'ailleurs, M. Lloyd George a prié
lord Curzon de se rendre au Foreign Office.
M. de Saint-Aulaire confère avec lord Curzon
Londres, 18 février. — M. de Saint-Aulaire,
amoassadeur de France à Londres, a été re-
çu ce matin au Foreign Office par lord Cur-
zon, avec lequel il a eu une entrevue très cor-
diale qui a duré près d'une heure.
———————— > -'9'.
te Éps du pacte de Imliisoîi
I « M. M» MI M
II fallart s'y attendre. Le pacte intervenu
entre les républicains défaillants et les réac-
tionnaires pour l'opération électorale du 16
novembre 1919 apparaît, à la lumière des
faits, comme un marché de dupes.
Des radicaux, traîtres à leur partiront tenu
leur parole, ils ont voté le rétablissement « des
relations avec le Vatican ». Les cléricaux, mis
en appétit, ne se contentent pas de si peu ; ils
veulent exploiter leur succès, il leur faut le
retour triomphal des congrégations, la R. P.
scolaire, la remise des biens d'Eglise, en un
mot l'abrogation des lois laïques.
Nous avons pourtant bon souvenir de l'ac-
cord conclu à Paris chez M. de La Rochefou-
cauld. Il y était dit que tous les contractants
s'engageaient à respecter les lois laïques. Sous
le coup de la terreur que causait alors l'Hom..
me-au-couteau-entre-les-dents, on prorogeait
l'union sacrée, on décidait de faire trêve aux
dissensions d'ordre religieux, pendant la du-
rée de la législature. Ah ! le bon billet que ce
pacte !
Les journaux officieux nous apprennent que
le Conseil des ministres va se préoccuper in-
cessamment de la situation des congrégations,
comme si elle n'était pas définitivement ré-
gléê par Ta loi Waldeck-Rousseau. L'offensive
la plus perfide va donc être engagée contre
la législation laïque, au mépris des traités.
Le prétexte est naturellement d'ordre sen-
timental. Moines et religieuses, qui avaient
quitté notre pays, rentreront en masse pour
offrir leurs services à la France quand éclata
la guerre. Aujourd'hui, on nous dit : « Allez-
vous imposer un plus long exil à ces bons
serviteurs de la patrie ? »
Tous les poilus qui firent, durant quatre
années, leur devoir pour la défense nationale,
ont vu à l'oeuvre les congréganistes et, sur ce
point, nous n'avons rien à leur apprendre.
Mais il nous est pourtant impossible de laisser
dire que les religieux ont été bannis par la
République.
Il n'y a pas, eti réalité, d' « exilés >>, et la
preuve en est faite, puisque les réguliers sont
revenus en France à leur guise ; jamais ils ne
furent déclarés interdits de séjour. Mais il est
vrai que leurs congrégations furent dissoutes
pour des raisons qui parurent singulièrement
impérieuses au législateur de 1901.
Le Bloc National, fort des engagements de
ses « prisonniers », a obtenu un nonce à Pa-
ris et envoyé M. Jonnart à Rome ; il renie,
maintenant, ses propres serments, qui lui pres-
crivent de respecter les lois laïques.
S'il y a encore des républicains au Parle-
ment, assisteront-ils avec résignation à la
reconstitution de la Congrégation, à la chute
de tout ce que !a démocratie républicaine
avait si laborieusement acquis, pour sa défense
et sa liberté ?
F. H.
——————————————— ) —
BLOC-NOTES
La clémence
de Lcriqwet
A propos de la messe de Molière célébrée
pour « le repos de l'âme » dé celui qu'on dut
inhumer clandestinement, les curés lui refu-
sant les honneurs de la sépulture religieuse,
l'Intransigeant, qu'inspire ordinairement un
plus juste soitci des termes, a eu récemment
le courage d'appeler cette Cérémonie le a Par.
don de l'Eglise ».
Le pardon ! L'Eglise veut bien pardonner à
Molière les torts qu'elle a eus envers lui ! Elle
lui pardonne de l'avoir méconnu, vilipendé,
privé de sa part de cimetière !
Ii est vrai qu'ayant « pardonné » à Jeanne
d'Are, elle peut, en effet, se permettre encore
une de ces générosités qui ne lui coûtent guère.
J'ai cru un moment que ^'Intransigeant c'é-
tait moqué, et sa raillerie, encore que sévère,
me paraissait justifiée. Mais 11 on. Hier, dans
un autre journal, j'ai relevé les mots qui sui-
vent textuellement reproduits : « Et voici que
l'Eglise miséricordieuse parce qu'éternelle ac-
cueille aujourd'hui dans son sein. etc., etc. »
D'alord, ce n'est pas exact : une messe de
Requiem ne relève pas de Vexcommunication.
Mais quand cela serait, est-ce que ce « l'Eglise
miséricordieuse » n'est pas exquis 1
EUe marque une mémoire d'un sceau d'infa-
mie (qu'elle croit) et quand, après deux cents
ans, elle s'aperçoit que son sceau n'est qu'une
sottise, alors elle se montre « miséricordieu-
se j) et elle perdonne !
C'est à pouffer.
Mais la chose vaut d'être notée en passant.
Pour le plaisir. Et aussi parce que ce n'est
pas me leçon négligeable. - VJCTOR SNELL.
Nota publierons demain :
LE COURRIER DES LOYERS
ET DES HABITATIONS A BON MARCHE
DEMOBILISONS LES CROIX DE BOIS !
L'administration refuse la restitution
des eorps de soldats morts aa front
-"—-"M~;<~<~S<<
C'est parce que les délais sont expirés que les familles
se voient opposer une fin de non-recevoir. = Le ministre
des pensions » et de la guerre = rouvrira~t~il ces délais ?
———————— a -
Le ministère des Pensions, où règne désor-
mais M. Valentino, depuis que M. Maginot est
devenu le ministre-adjoint du maréchal Pé-
tain, est chargé, comme on sait, du service
des sépultures des soldats tombés pour la
France et inhumés dans les zones de l'ancien
front.
Ce service a été maintes fois l'objet de nom-
breuses critiques et tout récemment encore,
chez un de nos confrères, un capitaine pro-
testait douloureusement parce que les identi-
fications, dans les nécropoles militaires,
étaient rendues difficiles du fait que les
« croix de bois » avaient été déplacées et
que l'on avait rectifié l'alignement. (!!).
Si l'Etat — hélas ! — est trop souvent inca-
pable d'honorer décemment nos glorieux morts
de la guerre, on ne s'explique pas très biei.
pourquoi il met tant de persévérance à les
garder, au lieu de les rendre à leurs familles.
Il est entendu que les transferts des corps
des militaires des champs de bataille aux
cimetières familiaux ont été autorisés depuis
le mois de décembre 1920. Ils sont encore
d'ailleurs en cours dans certains secteurs. On
annonçait même dernièrement que les trans-
ports des restes des P. G. décédés en Allema-
gne pourraient vraisemblablement commen-
cer au mois de mai prochain.
Seulement — en ce qui concerne les soldats
inhumés en France et en Belgique — les de-
mandes de transferts gratuit ne sont plus de-
puis longtemps recevables. Aux parents qui
sollicitent le retour de leurs enfants tués au
combat, le ministère des Pensions oppose un
refus formel en invoquant le décret du 26
septembre 1920, qui a fixé les conditions d'ap-
plication de l'article 106 de la loi de finances
du 31 juillet 1920.
Ce décret avait, dans son article 41, fixé, à
partir de sa promulgation, un délai de trois
mois pour produire les demandes de transfert
aux frais de l'Etat. Passé ce trimestre, les fa-
milles ont été forcloses dans leurs démarches.
Depuis lors, elles ont beau prier et supplier :
les services du ministère des Pensions demeu-
rent inexorables à la douleur et insensibles
aux larmes des pères et mères quir réclament
leurs fils.
Au fond, l'Etat — ou le ministère des Pen-
sions comme on voudra - n'a jamais été très
partisan de la démobilisation des morts de la
grande guerre. L'impartialité ncus oblige à
reconnaître que les familles elles-mêmes ont
été partagées entre le désir de laisser leurs
défunts dans le coin de terre même où ils
avaient été ensevelis et la volonté de n'accor-
der à personne d'autre qu'à elles-mêmes le
soin de les inhumer à leur convenance et
d'assurer pieusement leur culte. Toujours est-
il que les « officiels » ont toujours penché
pour ceux qui donnaient la préférence au
maintien sur place des militaires tombés dans
la bataille. C'est seulement sous la pression
de l'opinion, et après une longue résistance,
qu'ils se sont décidés à déférer au vœu des
parents qui sont et qui doivent être les seuls
juges du parti à prendre.
Mais il semble bien que la brièveté du délai
imparti aux familles pour adresser leurs de-
mandes de transferts a procédé de l'arrière-
pensée que beaucoup de gens n'arriveraient
pas à temps à envoyer leur dossier et qu'ainsi
les restitutions seraient forcément moins nom.
breuses.
Qu'il y ait eu on non calcul de la part du
ministère des Pensions, en fait bien des fa-
milles ont laissé expirer les délais pour tou-
tes sortes de raisons. Les unes n'ont connu
que tardivement les dispositions du décret
d-e .1,920. Il n'y a pas à s'en étonner, puisque la
î-u*jlicité donnée même à certaines lois im-
portantes n'arrive pas à , forcer l'ignorance
où elles sont tenues par le grand public. D'au-
tres parents, obéissant à un scrupule légi-
time, ne voulaient pas ramener les corps de
leurs enfants sans avoir vérifié par eux-mêmes
l'identité des tombes et de ceux qu'elles con-
tenaient. Et, en attendant que leurs occupa-
tions ou leur anté leur permissent d'accom-
plir cette préliminaire formalité, le temps
s'écoulait et la date fatidique passait. D'au-
tres, enfin — nous en connaissons — se trou-
vaient momentanément dans l'impossibilité
de recevoir, avant l'exécution de certains tra-
vaux en cours, leurs défunts dans le caveau
ou la eépulture de famille.
Toutes ces raisons, qu'elles fussent plus
ou moins excusables, ont été rejetées, et l'on
n'a pas fait la faveur aux retardataires de
leur accorder le « rabiot » de quelques semai-
nes où leurs demandes seraient à nouveau
accueillies.
Du moins, les doléances auxquelles ont
donné lieu ces refus, ont ému M. Bouilloux-
Lafont, qui, déjà, avait bataillé jadis pour que
les restitutions fussent commencées dans les
plus brefs délais après la signature de la paix.
Le député du Finistère vient donc de dépo-
ser un projet de résolution invitant le gou-
vernement à rouvrir, pendant une période
d'un mois, le délai pendant lequel pourront
être produites les demandes de transfert à
titre gratuit des corps des militaires ou ma-
rins inhumés sur les fronts de France ou de
Belgique et dont les sépultures sont actuelle-
ment identifiées.
Espérons que la France ne refusera pas de
S'associer à cette initiative qui s'inspire d'une
profonde sympathie pour les familles en deuil
de combattants. On accorde bien de nouveaux
délais à telles ou telles catégories de citoyens
qui n'ont pas observé en temps voulu des for-
malités réglementaires. Il serait inconcevable
qu'il n'y ait plus d'accommodements pour ceux
et pour celles qui ont donné à la France lé
meilleur d'eitx-mêmes.
Paul SEILOGE.
jE~~FA~Bs~Qr~nr-Tj-~s ?
Les troubles de Haute-Silésie
»• -g>»0«SS»-'l ■ I II ■! I I III II ■
Les Allemands eux-mêmes avouent le caractère pangermanique
de l'attentat de Pétersdorf
■ ■■ -otxmÊHiHCï-t*
La France s'est émue à bon droit du guet-
aptens de Petersdorf, où des soldats apparte-
nant au corps d'oecupation interalliée ont été
tués ou blèssés par des bandes allemandes.
Les organisations secrets prussiennes de
Basse et de Moyenne-Silésie, dont on se rap-
pelle les méfaits durant la période précédant
la consultation plébiscitaire, ne sont ipas étran-
gères à ces assassinats et notre gouvernement
attend avec impatience les résultats de 1a sé-
rieuse enquête exigée des dirigeants de Ber-
lin. Les énergiques déclarations de M. Poin-
caré, à la suite de l'interpellation Bouteille,
sont de nature à rassurer l'opinion publique
en France.
Le docteur Peters, ancien secrétaire de la
commission allemande de désarmement, qui
a été envoyé sur place, devra reconnaître, au
retour de sa mission, s'il est do .bonne foi,
que l'attentat a été perpétré avec la complicité
des éléments monarchiques .prussiens de Silé-
sie et que -tes compatriotes ne sauraient être
absous. Du reste, l'article que le pasteur
Ulitzka a publié récemment dans son journal,
la Volksstimme, insinue que les soldats fran-
çais n'ont pas joué un rôlo provocateur et que
toute la responsabilité de l'acte retombe sur
les civils allemands. Ce prêtre, qui, malgré
son nom polonais, a toujours énergiquement
approuvé les mesures prises par le gouverne-
ment du Reich pour la défense du germanisme
tn Haute-Silésie, écrit, en effet :
« Ce ne furent pas les Silésiens qui atta-
quèrent la sentinelle française à Petersdorf.
Comme lors des autres incidents sanglants, cé
furent encore une fois, sans aucun doute, des
éléments étrangers qui ont prépare le coup et
qui l'ont exécuté. Tandis que la politique du
Reich propage avec succès dans le monde l'i-
dée de la réconciliation, on voit des nationa-
listes détraqués saboter le travail entrepris
par le D' Wirth*et le Dr Rathenau à Berlin
et le Dr Mayer à (Paris. Ce sont, comme tou-
jours en Haute-Silésie, des individus qui n'ont
pu s'affranchir de la psychose de guerre et se
figurent toujours sauver l'Etat en 'lançant des
grenades. Puissent ces événements prouver
aux homaies d'Etat assemblés à Genève qu'il
est grand temps de mettre un terme à l'affaire
de Haute-Silésie ! »
Cette déclaration équivaut à un aveu. Puisse
cet article du député Ulitzka être lu et médité
à Genève par ceux qui ont ia charge de régler
définitivement le problème haut-silécien après
la eentence arbitrale du Conseil de la Société
des Nations !
Quand nous dénoncions ici les intrigues mi-
litaristes du parti pangermaniste en Haute-
Silésie, quand, sur les rapports de témoins di-
gnes de foi, nous démasquions les intrigues
des réactionnaires prussiens, nos affirma-
tiôns étaient mises en doute par certains amis
de la paix. Après le guet-apens de Kattowitz,
après les incidents yépétés de Gleiwitz et de
Beuthan, l'attentat de Petersdorf donne gain
de cause à notre argumentation. Nous ne ces-
serons pas de défendre notre point de vue.
Sans nier les désirs pacifistes du parti démo-
cratique allemand, nous sommes obligée de
dénoncer les agissements des pangermanistes
qui s'érvertuent à prolonger et à envenimer la
question haut-silésienne. Dans il'esprit de ces
impérialistes, la reprise par la force de la
partie de la Haute-Silésie attribuée à la Po-
logne constituerait la première étape de Ha
revanche du Deutschtum, qui envisagerait im-
médiatement ensuite la récupération de la
Posnanie et du couloir de Dantzig, complétée
par l'occupation et le rattachement à l'Alle-
magne de l'ancien royaume du congrès et de
la Galicie, afin d'avoir enfin avec la Russie des
Soviets une frontière commune, pour recom-
mencer la guerre.
M. Maurice Muret souhaitait, ces jours der-
niers, dans un excellent qrticle de la Gazette
de Lausanne, que les négociations germano-
polonaises, à propos de la Haute-Silésie, ne
s'éternisent pas. Nous partageons le vœu de
notre distingué confrère et nous désirons, com-
me lui, que la commission, présidée par M.
Calonder, achève ralpidement ses travaux sans
prêter une oreille trop attentive aux préten-
tions injustifiées de l'Allemagne
Maurice TOUSSAINT.
Lps pangermanistes menacent
Kattowitz, 18 février. — On mande de
Berlin que les organes de la presse panger-
maniste et notamment la « Deutsche Allge-
meine Zeitung », expriment hautement leur
satisfaction des bons résultats obtenus jus-
qu'à ce jour dans les négociations ipolono-
alîemandes relatives au règlement du pro-
blème haut-silésien. Mais de nombreuses
questions n'ayant pu être résolues par les
pourparlers directs, c'est l'arbitrage de M.
Calonder qui tranchera les points litigieux.
Or, la presse pangermaniste, dans un but
évident d'intimidation, déclare péremptoi-
rement que la délégation allemande ne re-
culera devant aucune mesure et, au besoin,
aura recours aux « moyens suprêmes les
plus violents » afin de faire prévaloir le
point de vue allemand dans les questions
restées en suspens. Dans les milieux bien
renseignés" de Kattowitz on exprime l'es-
poir que M. Calonder ne se laissera pas in-
fluencer ,par les menaces des pangermanis-
tes, mais que, comme jusqu'à présent, il se
guidera par les seuls scrupules d'équité et
de justice
LES ENNUIS DE M. MAGINOT
Il enlève brusquement
à 1. Faisant un matériel
qui devait être « réalisé »
Il y avait 3 ans que ce matériel était en vente 1
M. Maginot, ministre de la Guerre, a eu
besoin d'un « conseiller technique perma-
nent » auprès de lui pour être à même de rem-
plir ses fonctions rue St-Dominique. Mais
aurait-il besoin aussi d'un conseiller juridi-
que, non seulement pour éviter des procès
à son administration, mais encore pour la
rappeler au respect de la loi et des instruc-
tions formelles maintes fois renouvelées pour
l'application de cette loi ?
Il paraît que la Compagnie qui, par contrat,
a été chargée de liquider tcas les objets ou
toutes les matières métalliques des stocks pro-
venant de l'armée, vient en effet d'envoyer
du papier timbré au ministre de la Guerre !
La raison de ce litige ? Elle est assez (trange.
Dernièrement, le ministre de la Guerre
(direction de l'artillerie) a repris brusquement
à la Liquidation des Stocks plus de 10.000
tonnes de voie normale de 0 m. 60, récupérée
dans l'ancienne zone du front. La Compagnie
liquidatrice, arguant que ses droits ont été
lésés du fait qu'on lui a enlevé ce iot impor-
tant de métal, réclama un dédommagement.
Mais pourquoi la Guerre a-t-elle pris brus-
quement la décision dont il s'agit ? Depuis
trois ans, il est d'autant plus à présumer
qu'elle a gardé dans ses réserves de maté-
riel toute la voie de 0 m. 60 dont elle
a ou dont elle croit avoir besoin que
durant ce laps de temps, la Liquida-
tion des Stocks a vendu des quantités
important3S de matériel analogue provenant
p écisément de l'armé Suivant la loi qui
régit la liquidation des stocks, il y a belle
lurette que les départements ministériels oni'
"0 terminer leurs inventaires et remettre aux
services de M. Paisant l'excédent de leurs
approvisionnements ou le surplus du matériel
qui leur est indispensable.
Même le service des poudres — à qui il a
fallu réclamer ses inventaires douze fois avant
de les obtenir — a fini par les donner. Par
conséquent, il faut vraisemblablement une
raison grave pour que M. Maginot retire aussi
soudainement et s'approprie du matériel qu'il
a régulièrement remis à la Liquidation des
Stocks et qu'il ne peut d'ailleurs reprendre
sans le payer, ce matériel devant être vendu
au profit du Trésor.
Quelle est cette raison ? Plusieurs hypo-
thèses sont possibles :
Ou bien les services de la rue St-Dominique
ont besoin d'un supplément de voies de 0.60
en vue d'une prochaine guerre. Tout de mê-
me, encore que M. Poincaré soit président du
Conseil, nous ne pensons pas que nous en
soyons là.
On bien, suivant une méthode qu'elle a cou-
ramment pratiquée, la Guerre entend liquider
à son propre profit le lot dont il s'agit pour se
créer des ressources occultes et augmenter ses
crédits budgétaires sans demander l'assenti-
ment du Parlement. A moins qu'elle ne veuille
— ce qui est la même chose — accroître ses
approvisionnements (sans demander aux
Chambres l'autorisation et l'argent néces-
saires en se faisant rétrocéder gratuite-
ment (ce qui est illégal) par la Liqui-
dation des Stocks le matériel en ques-
tion. N'est-ce pas un haut fonction-
naire de la rue St-Dominique qui se flat-
tait jadis que, par le double moyen que nous
venons d'indiquer, le ministère de la guerre
avait pu reconstituer les approvisionnements
de l'armée sans rien réclamer au Parlement,
c'est-à-dire à son insu et en dehors du con-
trôle du législateur f
Ou bien enfin les 10.000 tonnes et plus, de
voie normale de 0.60 auraient été enlevées
à la Liquidation des Stocks pour être remises
à une Société dont il a déjà été parlé à pro-
pos d'un conflit qui mit jadis aux prises M.
Barthou et M. Paisant ?
A notre sens, la reprise brusquée effectuée
par la Guerre ne saurait avoir qu'un motif :
la Guerre aurait réellement besoin de maté-
riel de voie étroite. Seulement, alors une autre
interrogation se pose : Pourquoi ne s'est-elle
pas aperçu plus tôt qu'elle en avait besoin,
et pourquoi a-t-elle donné pour être vendu, un
matériel qui lui serait indispensable ?
M. Maginot, après « visa », nous le dira
peut-être. P. S.
— i > ç i
René Maran
et "Bataoula"
M. de Lastours a demandé au ministre des
colonies quelles sanctions il comptait pren-
dre contre l'auteur de « Batouala ».
Voilà bien une curieuse question et qui
ne fera pas honneur à son auteur. Quoi,
parce qu'un homme, un romancier exerce
une charge de l'Etat, il n'aurait plus le
droit d'écrire selon son inspiration et, par-
tant, plus le droit de penser ?
M. René Maran a dit Que les nègres
avaient parfois à se iplaindre des blancs.
M. René Maran est noir de couleur, les
sanctions demandées contre lui n'auraient
d'autre effet que de justifier ses dires.
Souhaitons que M. Sarraut ne partage
pas à ce sujet les idées de cet honorable.
M. de Lastours est député du Tarn. Que
sait-il du bien-fondé ou non des reproches
formulés par l'auteur de « Batouala » ?
La propagande antifrançaise, dit-il, s'est
servie de ce livre. Peut-être ; mais alors ne
va-t-il pas falloir rétablir la censure pour
interdire la publication de tout écrit pou-
vant donner des arguments à cette propa-
gande ?
Les frères Tharaud viennent d'écrire sur
les nègres, et il ne parait pas que ce soit à
la louange du gouvernement français. Que
M. de Lastours ne réponde pas que les frè-
res Tharaud sont libres de publier ce que
bon leur semble, et que M. Maran n'a pas
cette liberté. La censure qui peut s'exercer
sur une certaine catégorie d'individus, par-
ce que ceux-ci, fonctionnaires ou militaires,
dépendent du gouvernement, et particuliè-
rement odieuse. Je sais que si les fiches ont
été supprimées, le procédé tend encore à
subsister plus ou moins. Souhaitons pour
l'honneur du gouvernement français, que
ce soit moins que plus et que le ministre
rejette avec indignation la demande insi-
dieuse du député du Tarn.
Et quoi, ne va-t-on pas demander à tous
les fonctionnaires français de prêter ser-
ment et de jurer de louer, quels qu'ils
soient, tous les actes de leurs supérieurs ?
Si ceux-ci se sont rendus coupables, dé..
tioncer leurs méfaits c'est encore servir la
France l Robert DUBARD.
ANATOLE FRANCE
fêté par la
Ligue desDroitsdel'Homme
Le Maure, dans un discours émouvant,
réclame la revision des procès
Caillaux et Malvy
Dans le restaurant universitaire de la rue
Pierre-Curie, si démocratique, qu'il "t une
baraque de planches semblable à toutes les
baraques Vilgrain, la Ligue des Droits de
l'Homme avait organisé un banquet, non
moins démocratique, en l'honneur du mattre
Anatole France.
Atmosphère charmante de cordialité ; le
bon maître a embrassé en entrant Mme Séve-
rine, qui a fait cette soirée inoubliable pour
tous ceux qui l'ont vécue.
Après le dîner, servi en toute simplicité,
M. Aulard, président de la Ligue, a su dire au
doux philosophe de la Béchellerie, l'amour
que lui portent tous ceux qui ont encore un
cœur. M. Gabriel Séaillea a su évoquer son
génie en une langue délicate. M. Victor Basch
a parlé d'Anatole France citoyen. Mme Sévé-
rine, avec ce charme qui lui est propre, a dit
des souvenirs. M. Painlevé a parlé de l'ac-
tion politique de la Ligue et du grand citoyen
qu'est Anatole France.
Le discours d'Anatole France
Après avoir remercié M. Ferdinand Buisson
« dont l'austère vertu ne flotte jamais », aiprès
avoir rappelé l'œuvre de la « Ligue des Droits
de l'Homme qui, depuis 23 ans, s'applique à
réaliser l'esprit républicain en France », M.
Anatole France s'écrie :
« Vous aurez encore à vous occuper des ma.
rins de la mer Noire. » dont il retrace briè-
vement l'histoire, a La Ligue se doit de sau-
ver Goïdsky, condamné injustement parela
justice militaire. »
Le procès Malvy
« Le ministre Malvy, accusé d'avoir livré
des secrets d'Etat, fourni aux Allemands d"
plans d'attaque, suscité des mutineries mili-
tairee, fut déféré devant la Haute-Cour et re-
connu innocent à l'unanimité des voix moins
une. Mais la Haute-Cour improvisa séance te-
nante une nouvelle accusation et Malvy fut
condamné. Il le fallait : il déplaisait aux
puissnts du jour. Il fut condamné pour for-
faiture. De l'accusé ou des juges, qui l'a com-
mise. la forfaiture ? 1
Le procès Caillaux
« Deux ans plus tard, la HauteCour revint
à son vomissement quand elle jugea M. Cail-
laux. Cette fois, le crime judiciaire était ion-
guement et soigneusement préparé.
« Pendant deux ans, pour perdre cet homme
d'Etat, on avait accumulé contre lui les illé-
galités et Ses mensonges, fabriqué des faux,
suborné des témoins, ameuté contre lui l'opi.
nion par d'odieuses calomnies tergemeot ré-
pandues.
« Enfin, M. Caillaux fut déféré en Haute-
Cour, pour intelligences avec l'ennemi, crimt
prévu par les articles 77 et 79 du Code pénal
Malgré leur évidente bonne volonté, les séna-
teurs-juges furent obligés de l'acquitter de ee
chef. Il fallait bien, pourtant, lui faire payer
d'être Thomme de l'impôt sur le revenu et d'a-
voir maintenu la paix en Europe, à l'heure
critique où un navire allemand mouillait dans
les eaux d'Agadir. Les sénateurs-juges, se sou-
venant à propos de ce qu'ils avaient fait pour
perdre M. Malvy, - trouvèrent, dama un arti-
cle 78, qui n'avait pas été prévu par Vaecu.
sation, une inculpation ignorée de -la défense.
4 M. Caillaux fut condamné, sur l'ordre iu
pouvoir, par des magistrats et des hommes 1J00
litiques, qui donnèrent ainsi un exemple de
prévarication peut-être inouï dans l'histoire
des assemblées politiques. Pour l'honneur «1%
notre pays, pour l'honneur de l'humanité, il
faut qu'un tel arrêt soit déchiré.
La révision
« Mais comment ? Plusieurs voies s'offrent
pour obtenir justice, mais qui, toutes, abou..
tissant à une loi, passent par la Chambre qui
a fourni les juges prévaricateurs. Cette loi
disposerait que les sentences portées eontra
M. Malvy et M. Caillaux sont annulées : ou
bien elle déclarerait que les jugements de la
Haute-Cour peuvent être révisés, soit par la •
Cour de cassation, soit par la Haute-Cour elle-
même, soit par sa commission d'instruction..
En l'espèce, cette loi pourrait être introduite
sur le fait que M. Caillaux a été accusé d'à- -
voir parlé à M. Cavallini et qu'un jugement..
postérieur a innocenté M. Cavallini de l'in-
culpation d'être un agent de d'ennemi. Au pis
aller, on ferait voter une loi d'amnistie.
« SI nous l'avons emporté dans l'affaire
Dreyfus, nous l'emporterons dans l'affaire
Caillaux. Le plus redoutable obstacle tom-
bera d'un coup, à la chute du Bloc Natio-
nal. Un jour, peut-être prochain, les contri-
buables, devant le désastre croissant de nos
finances, et sous le poids sans cesse accru
des impôts, tourneront leurs regards vers
le plus grand financier que possède la
France. ,
L'esprit de guerre survit à la guerre
< L'esprit de guerre enveloppe aujour-
d'hui notre politique extérieure de plus de
nuages que 'jamais, ce Qui cause aux eep^its
curieux de vives inquiétudes. Mais ils soàt
en petit nombre, et tout le pays va docile-
ment où on le mène. Il n'est averti de rien.
La grande presse, aujourd'hui comme au
temps où l'ennemi occupait une partie de
notre territoire, va chercher au ministère le
communiqué du jour, et soumet ses feuil-
les au visa de la. censure. Une Chambre
inintelligente laisse le gouvernement pour-
suivre, sans guide et sans appui, sa politi-
que de force. Et elle est parfois bien faible,
cette force ! Nous l'avons vu, le gouverne-
ment, exercer sa furieuse impuissance con-
tre la Russie des Soviets. Et nous le regar-
dons maintenant avec stupeur Inquiéter tous
ses alliés par un vain étalage de sa puissan-
ce militaire. Quelle folie ! Quel aveugle.
ment ! La force n'obtient rien quand elle
s'exerce à. rencontre de la nature des cho-
ses. Nous ne sommes plus au temps des vic-
toires dorées. La dernière guerre a épuisé
l'Europe.
« Jusqu'ici nous n'avons pas su faire ta
paix.. f
« C'est un art difficile, mats nécessaire,"
aussi nécessaire à nous qu'aux autre peuples.
Sa pratique, pour la masse des hommes, com*
porte de grands sacrifices aux sentiments
les plus naurtels et qui semblent les plus le.
gitimes. Mais il faut s'appliquer à cet art né-
cessaire. Il faut refaire une Europe. Il y va
de notre vie.
« Ne rêvez pas de victoires et de conque.
tes; ne souhaitez pas le sort de la grands
Angleterre : il n'est pas enviable. Soyons
modérés : il y va de notre existence.
« Diminuons nos effectifs, raccourcissons W
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