Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-01-06
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 janvier 1922 06 janvier 1922
Description : 1922/01/06 (N16231,A46). 1922/01/06 (N16231,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
-- Il
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Le Numéro : 10 cm-
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468 ANNEE - H* 16.231
VENDREDI
6
JANVIER 1922
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
L« manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Vers la fin
du Bloc national
Pour charmer ses loisirs, en atten-
dant que le budget lui soit retourné par
le Sénat, da Chambre a ouvert la discus-
sion sur un projet de loi dont l'auteur,
M. Bonnefous, est président de la com-
mission 'du suffrage universel à la
Chambre. Ce projet tend à réduire par
voie d'extinction, le nombre des dépu-
tes conformément aux résultats du dé-
nombrement de la population française
recensée le 0 mars 1921. Cela veut dire
que dans un département comme les
Basses-Pyrénées par exemple, dont un
député vient de mourir, il n'y aura pas
lieu à élection complémentaire puisque
Je nombre des députés à élire d'après le
dernier recensement est réduit de deux
sur le nombre total actuel. A première
vue, la proposition de M. Bonnefous pa-
raît d'une telle logique qu'elle est indis-
cutable.
Si l'on veut bien y réfléchir un peu,
elle est beaucoup plus machiavélique
qu'elle ne le semble. Sa première consé-
quence a pour effet de ne plus tâter le
pouls de l'opinion publique pendant de
[ongs mois. Les premières élections par-
tielles ont été tellement favorables aux
partis de gauche que le Bloc National
en a été tout ému,et,sans l'élection des
Côtes-du-Nord, qui mit un peu de bau-
me sur le cœur de ces Messieurs, ils eus-
sent été pTêts à accomplir des actes dé-
plorables. Grâce au vote de la proposi-
tion Bonnefous, la quiétude de nos bons
collègues ne sera pas troublée. Pendant
de longs mois, le suffrage universel ne
parlera plus. Les électeurs qui ne con-
naissent encore que la moitié de l'œu-
vre parlementaire de la Chambre actuel-
le, puisque celle-ci a encore deux années
à vivre, n'auront plus à exprimer leur
admiration à rebours pour son beau tra-
vail républicain, laïque et démocratique.
A ce point de vue, les journaux du
B. N. sont souvent amusants à parcourir.
De temps à autre ils entonnent des an-
tiennes sur l'œuvre magnifique de leurs
élus. Cette Chambre fournit, paraît-il,
un travail considérable. Si on appelle
travailler, tenir deux séances publiques
par jour, dimanches et jours fériés com-
pris; si on appelle travailler, discuter à
perte de vue sur le moindre sujet ;
si on appelle travailler, voter en
une nuit le casse-tête chinois qu'est
la loi de finances, ah ! oui, elle
travaille cette Chambre. Elle travaille
même trop. Mais travaille-t-elle- bien ?
Cela est une autre question. Pour y ré-
pondre, il suffira aux esprits les moins
prévenus d'examiner sans passion la si-
tuation actuelle. Le marasme sévit dans
Ses affaires. Quelles sont les dispositions
législatives que nous avons votées pour
diminuer le mal ? D'abord, l'impôt indi-
rect qui accable le petit, qui pèse sur le
prix des denrées les plus utiles, puis
l'impôt sur le chiffre d'affaires qui ac-
centue encore les méfaits des impôts in-
directs, puis l'élévation des tarifs de che-
mins de fer qui grève aussi le prix des
denrées et qui, dans certaines régions,
a pour résultat d'arrêter tout trafic,
partant toute transaction commerciale
et industrielle. Dans la région du Sud-
Ouest, dont j'ai l'honneur de représen-
ter le grand département forestier, la
crise est 'à l'état aigu. Les scieries ne
fonctionnent plus en forêt, les usines
sont fermées, les ouvriers chôment, les
bois entassés pourrissent sur place, ce-
pendant que les régions libérées ont be-
soin de hâter leurs reconstructions et que,
par suite du prix de transport, elles ne
peuvent être chez nous les clients qu'el-
les eussent dû logiquement être. Les per-
tes se chiffrent par des millions. Mais
tout va bien, le nonce est à Paris !
Ce que je constate dans le Sud-Ouest
est, hélas ! général dans la France en-
tière. Aussi le mécontentement se mani-
feste à chaque consultation électorale.
La majorité de la Chambre ne veut
plus entendre ces récriminations. Son
vÓte de vendredi a le mérite d'étouffer
la voix populaire. C'est là une solution
passagère qui ne résout rien du tout.
Lors des prochaines élections, la ma-
jorité actuelle paiera toutes les fautes ac-
cumulées. La réduction du nombre des
députés prévue par la loi mettra près de
cent parlementaires dans l'obligation de
faire hàrakiri, comme les Japonais ; ces
parlementaires ne seront pas tous radi-
caux, n'est-ce pas ? D'autre part, l'élec-
teur, son bulletin de vote à la main, par-
lera d'autant plus fort que pendant deux
années on l'aura obligé à se taire.
Le vote de la loi Bonnefous retentit
comme le premier son du glas funèbre
qui accompagnera à sa dernière demeu-
re ce pauvre Bloc National, qui a oublié
que la France a connu cinquante an-
nées de libertés républicaines et qu'elle
entend que soit poursuivi dans le bon
sens démocratique le programme social
qui est l'honneur des vrais partis qu'elle
a créés.
Gabriel DESPAX,
péputê>9
LES RISQUES DU MÉTIER
Va journaliste anglais
enlevé par
les républicains irlandais
Dublin, 5 janvier. - Un curieux incident
s'est produit hier après-midi. Le correspon-
dant du Times, à Dublin, se trouvait avec plu-
sieurs autres journalistes dans une épicerie
lorsque trois individus sont entrés et, revol-
ver au poing, ont forcé le correspondant à
monter dans une automobile qui attendait et
qui l'a emporté.
Depuis lors, on n'a reçu aucune nouvelle
de ce journaliste.
A la séance du Dail Eireann, aujourd'hui,
les correspondants des autres journaux ont
protesté contre cet enlèvement, exigeant la
mise en liberté de leur collègue et la puni-
tion des coupables, mais leurs protestations
n'ont trouvé aucun écho.
Plus tard, on a appris que le correspondant
,du Trnvcs se trouve à Cork. On s'attend à ce
qu'il soit remis en liberté.
Le correspondant du Times aurait été en-
levé pour être obligé de démentir une décla-
ration qu'il avait faite.
; -.. Ç :—
La priorité belge
Après les accords si déplorables auxquels est
inoubliablement attaché le nom de M. Paul
Doumer, la France apprit avec une vive dé-
ception qu'elle ne recevrait pas un seul mark
du milliard payé par l'Allemagne en 1921.
La Belgique avait un titre de priorité, devant
lequel nous devions nous incliner.
La Belgique, première victime de la guerre,
a joué dans le grand drame un rôle tel que
nous devons admettre sans conteste son
droit à des réparations larges et rapides. La
courtoisie et la reconnaissance envers ce peu-
ple héroïque, capable de défendre par les
armes sa neutralité violée, imposaient aux
Alliés la décision qu'ils ont cru devoir prendre
à Versailles.
Aujourd'hui, il ne saurait être question de
remettre en discussion un tel principe, et les
déclarations que vient de faire M. Briand à
l'un de nos confrères belges seront approuvées
par l'opinion publique française.
L'accord de la France et de 'la Belgique
n'est pas seulement un devoir, c'est une né-
cessité. Nous en coûtât-il grand'chose, il nous
faudrait avoir, durant tous les grands débats
internationaux, la Belgique à nos côtés.
Nos voisins et amis ont fait, il est vrai, l'a-
bandon de 450 millions en faveur de l'An-
gleterre, lors de la discussion des accords du
13 août ; c'est un sacrifice qu'il leur a plu
de consentir, dans des conditions que nous
nous interdisons d'apprécier.
Pour l'intérêt que nous portons aux Bel-
ges, nous devons seulement déplorer qu'une
telle décision contribue à nous placer dans
une situation difficile à l'égard de la Grande-
Bretagne. Il ne semble pas équitable, en effet,
que la nation, dont les buts de guerre ont
été atteints au lendemain de l'armistice et
dont les dommages territoriaux sont nuls, bé-
néficie, avant toute autre puissance alliée, d'un
premier paiement d'une somme de près d'un
demi-milliard de marks-or, cependant que la
France, ravagée, attend encore les compen-
sations dont nul ne peut nier l'urgence et la
légitimité.
La Belgique est représentée à Cannes par
des experts fort avisés. M. Theunis est un
financier qui saura défendre les droits de
son pays ; nous applaudirons à sa fermeté et,
quoi qu'il arrive, aucun nuage ne se lèvera
entre nous et nos alliés, car nos sentiments
et nos intérêts sont trop évidemment soli-
daires.
F. H.
———————- } - -.- ( -
BLOC-NOTES
L'Institut Vautour
Il est dommage vraiment qu'on n'ait pas
donné une plus large publicité à cette affaire
Gouzé, dont vient d'avoir à connaître la pre-
mière chambre du tribunal. On y voit, en effet,
l'Institut dans une position à la fois ridicule
et peu honorable qui, à la vérité, lui est pres-
que familière et devrait être plus connue pour
sa peine : celle de profiteur et de mercanti.
L'Institut, somme de nos gloires nationales
officielles, pourrait être admirable et brillant,
et n'être que cela. On aimerait à l'aimer sans
réserves. Mais la richesse l'a gâté. Il a trop
d'argent, trop de propriétés. C'est une dange-
reuse corporation de mainmorte qui, tout en se
soustrayant elle-même à la loi, prétend impu-
demment en appliquer les rigueurs à autrui.
En bref, Mlle Gouzé occupait comme sous-
locataire (d'un sénateur — ce qui est bien
curieux, soit dit en passant) une ferme dépen-
dant de Chantilly, dans laquelle, comptant
sur une prolongation de bail nettement pro-
mise, elle a fait des impenses considérables.
Mais pour quelques misérables pièces de cent
sous-papier, l'administrateur (7.f Chantilly a
préféré louer à un tiers. Savoir si sa préfé-
rence personnelle est souveraine ? Lésée, Mlle
Gouzé le demande au tribunal.
Il ocrait bien à désirer que celui-ci distin-
guât entre le droit étroit qui régit les rapports
entre particuliers, et les dispositions plus lar-
ges ct plus empreintes d'équité qui doivent
s'appliquer aux biens de la Nation. Si l'Ins-
titut et le regrettable administrateur cle Chan-
tilly doivent se conduire en turpidcs profi-
teurs, il serait excellent que des juges indê-
pendants le. rappelassent à la, pudeur.
Victor SNELL .,
Le renouvellement du privilège
de la Banque de l'Indo-Chine
et le Parlement
Se passera-t-on de l'avis
de la Commission des finances ?
C'est le 21 janvier 1922, qu'expire le deu-
Stiemè délai d'un an prorogeant par décret le
privilège de la Banque de l'Indo-Chine.
Cet établissement financier et son « gou-
verneur » M. Thion de La Chaume, se sont
signalés, ces temps-ci, de telle manière à l'o-
pinion publique, que le troisième « renouvel-
lement » ne saurait passer inaperçu. Il ne
peut être fait à l'esbrouffe.
Nous ne saurions assez rappeler ici que le
31 mai 1917 — retenez bien cette date — la
Chambre avait invité le Gouvernement à lui
présenter un projet de renouvellement du
privilège de la Banque de l'Indo-Chine qui
expirait le 21 janvier 1920.
Or, le 4 janvier 1920, M. Henry Simon, mi-
nistre des Colonies et M. Klotîs, ministre des
Finances, accordaient à la Banque en ques-
tion, le renouvellement par simple décret,
pour un an. Ils prenaient d'ailleurs l'engage-
ment formel de préparer un projet de loi :
L'étude de la question, écrivaient alors les
deux ministres, sera donc poursuivie sans ar-
rêt, afin que, dans le plus bref délai possi-
ble, et dans tous les cas, avant Vexpiration du
nouveau délai de prorogation, le Parlement.
puisse être mis en mesure de se prononcer.
Nul ne dit mot à la Chambre ni au Sénat.
Le 12 janvier 1921, il n'y avait aucun projet,
et ce furent cette fois MM. Sarraut et Fran-
çois-Marsal qui prirent le décret, en s'excu-
sant à peine de n'avoir pu préparer un projet
en temps utile.
Cette année 1922, il n'y a qu'un projet de
loi « en blanc », sur lequel les commissions
des Colonies et des Finances ne peuvent pas
délibérer —,on ne délibère pas sur du blanc !
1— dès lors, il faut préparer un TROISIEME
DECRET.
Tout se passe selon le vœu de M. Thion de
La Chaume, ce « gouverneur » qui contre-
carre tous les plans du Gouvernement par
lequel il est nommé, sait à point contraindre
ce même gouvernement à maintenir au pro-
fit de « sa » Banque, le privilège fantastique
de l'exploitation d'un monopole sans redevan-
ce d'aucune sorte.
Il en sera ainsi, par la toute-puissance de
M. Thion de La Chaume, tant que le Prési-
dent du Conseil ne l'aura pas invité à remet-
tre sa démission. Manœuvre contre le crédit
de la France, manœuvre contre le contrôle du
Parlement, telle est la double tâche que s'est
donnée l'administrateur de la Banque privi-
légiée de l'Indo-Chine.
s*
Malgré les grands moyens des distributeurs
de rentes viagères de la rue Laffitte, il est
improbable que cette année, leurs agisse-
ments étant dévoilés, le « renouvellement »
s'effectue sans quelques précautions.
Puisque le Gouvernement ne dédaigne pas
de consulter les commissions des Finances et
des Colonies sur l'étude de la réorganisation
de la Banque Industrielle de Chine, il ne peut
guère se passer de l'avis de ces deux commis-
sions pour lé renouvellement du privilège
de la Banque de l'Indo-Chine.
M. Sarraut, qui devait déjà s'excuser l'an.
née dernière de n'avoir pas pu étudier un
projet de loi en douze mois, n'aura peut-être
pas la désinvolture de prendre, cette année, un
nouveau décret, sans s'être mis d'accord avec
les commissions compétentes.
En ces affaires de finances, on a coutume,
dans les milieux gouvernementaux et ban-
caires, de tenir le Parlement pour zéro. C'est
la thèse de M. Thion de La Chaume, qui pré-
tend à sa guise, faire « suer » la « phynan-
ce » d'Indo-Chine ; mais cette année-ci, il y
aura sans doute quelqu'un pour troubler la
sérénité des escamoteurs.
M. Briand a donné lui-même son opinion
sur le rôle de la Banque privilégiée en Ex-
trême-Orient. Le Parlement étant cette foie
mis en méfiance par le chef du Gouvernement
lui-même, il semblerait un peu surprenant
que le même gouvernement puisse donner, à
une banque aussi dangereuse et aussi déta-
chée de l'intérêt du Trésor, le droit de con-
tinuer comme ci-devant, sans exiger quelques
apaisements.
Pierre DIONNE.
—————————— ; ç ——————————
LE CAMBRIOLAGE DE LA RUE D'ASTORG
Jean de Thoisy voulait se faire
de la publicité !
Et il se moque de la justice
A la suite des incidents dramatiques que le
fils du vicomte de Thoisy avait dit s'être dé-
roulée dans l'appartement de son père, et que
nous avons relatés hier, l'enquête de la po-
lice a abouti à. fette conclusion : c'est que le
héros de la scène tragique s'était moqué de la
- magistrature.
Hier après-midi, en effet, Jean de Thoisy,
interrogé à la police judiciaire pour y pré-
ciser la tentative de cambriolage dont son
père avait été victime, et au cours de laquelle
il prétendit avoir été blessé, raconta l'his-
toire de telle façon que M. Faralicq releva
aussitôt plusieurs contradictions.
Pressé de questions, le jeune « héros » a
fini par avouer que le récit qu'il avait fait
était inventé de toutes pièces. S'il a agi ainsi,
c'était, a-t-il dit, pour faire parler de lui et
avoir sa photographie dans les journaux.
Jean de Thoisy. qui déjà, en janvier 1920,
avait monté, au château de Neuf-Bruey, près
de Tours, un « bateau » presque aussi colos-
sal, sera poursuivi pour outrages à la magis-
trature.
—————————— 7 Ç —
Le nouveau cabinet chinois
travaille
Pékin, 5 janvier. — Le nouveau cabinet
chinois, constitué ces jours derniers, vient de
décréter l'amnistie pour tous les dirigeants
du parti Anfou. Le même ministère ordonne
la rédeution des effectifs militaires et élabore
une nouvelle organisation du travail qui per-
mettra aux soldats licenciés de vivre en se
rendant utiles.
Le but principal du nouveau gouvernement
est l'économie, aussi plus de 200 employés
ont-ils été renvoyés des bureaux ministériels.
La paix a été signée avec les provinces du
Su-Tchuea ?). du Houpch.
LES RECRIMINATIONS ELECTORALES
CHALONS N'ADMET PAS
d'être dépossédé
du siège du .6e Corps
Il ne faudrait tout de même pas créer un
nouveau Corps d'armée pour lui donner
satisfaction
C'est toujours la même chose en France.
Dès qu'on se mêle d'accomplir une réforme
ou de changer quelque chose à 'l'ordre admi-
nistratif établi, l'intérêt électoral intervient
aussitôt pour protester. Les revendications
de clocher s'expriment par la voix des « re-
présentants quafifiés » de 'la région, de l'ar-
rondissement ou de la bourgade. Le bien pu-
blic doit passer, paraît-il, après les commodi-
tés du chef-lieu de canton.
Nous venons encore d'avoir un exemple
tout récent de cette détestable manie qui est
l'un des vices parlementaires les plus te-
naces et qu'aucune loi électorale n'arrive à
faire disparaître.
Le ministre de la guerre a décidé que le
siège du 68 corps d'armée serait transféré de
Cbâlons-sur-Marne à Metz, de même que les
services du corps d'armée d'Epinal ont été
installés à Strasbourg. Inévitablement, les
parlementaires de la Marne se sont rendus
en délégation auprès de M. Barthou, pour lui
demander de revenir sur le fait accompli. Il
paraît que .la vie à Chalons (et sans doute à
Epinal) sera impossible si on ne restitue pas
à ces deux villes le général « de corps d'ar-
mée » dont elles ne peuvent se passer.
Pourtant le déplacement dont il s'agit a
dû être dicté par des considérations d'ordre
militaire. Il ne saurait y avoir d'autre motif
à la décision prise par le ministre de la guer-
re. Alors, a quoi bon nui opposer les doléan-
ces des populations chalonnaise et spina-
lienne ?
Au surplus, afin de donner satisfaction à la
fois à Metz, Strasbourg, Châlons et Epinal,
on a lancé ce « ballon d'essai » ; Il serait
question, a-t-on dit de créer un 228 corps
d'armée. Fort heureusement M. Barthou a fait
savoir qu'il n'était nullement question d'une
pareille création et qu'à l'heure où on s'effor-
ce de faire des économies — même dans le
budget de la guerre — la mesure dont on par-
le ne saurait être envisagée. -
Voilà qui est fort bien. Mais cette histoi-
re rappelle — toutes proportions gardées —
celle de la suppression des préfectures mari-
times et des arsenaux de Lorient et de Ro-
chefort.
Un jour, pris d'un beau zèle de « compres-
sion >, le ministre de la marine les suppri-
mait. Puis, peu de temps après, les criaille-
ries des élus des deux ports se firent si vives
qu'on rétablit les choses en l'état.
Espérons que les récriminations relatives
au départ de Ge corps en Lorraine n'auront
pas le même succès. Le chef-lieu du départe-
ment de la Marne peut très bien se passer
d'un général et de son état-major. Tandis
qu'à Metz les stratèges sont tout à fait à
leur place. Oui, ils seront aux premières lo-
ges. pour la prochaine guerre.
P. V.
—————————— ; -..- - (
Les menées abortives
Le projet de loi de M. Bonnevay
La Chambre va avoir prochainement à se
prononcer sur un projet de loi du Garde des
Sceaux tendant à une répression plus sévère
des menées abortives.
Ce projet de loi a déjà été adopté par le
Sénat le 28 janvier 1919.
Une répression plus sévère donnera-t-elle
les résultats attendus ? Nous avons ici pu-
blié l'opinion, à ce sujet, de personnalités par-
ticulièrement compétentes en la matière ; les
docteurs Variot et Potocki, le sénateur Char-
les Debierre.
Il semble bien résulter de notre enquête,
que ile problème, comme nous le disait derniè-
rement le distingué sénateur du Nord, est plus
d'ordre psychologique que matériel et, quelle
que soit la sévérité des lois, elles ne pourront
rien contre l'avortement.
Ce n'est pas très exactement l'avis du mi-
nistre de la Justice qui, après avoir constaté
que « l'avortement est devenu d'un usage si
fréquent, qu'il fait courir à l'avenir de notre
pays des dangers d'une exceptionnelle gravité,
déclare que le moment est venu d'engager ac-
tivement la lutte contre ce péril national en
essayant d'atteindre tout au moins ses causes
principales ».
Ces causes, M. Bonnevay les trouve dans
l'impunité, dont jusqu'à ce jour ont paru bé-
néficier les avorteuses.
M. Charles Debierre les voit dans la vie
chère et aussi dans l'anathème que trop sou-
vent on jette aux filles-mères.
L'un parJe en ministre de la Justice, l'autre
en philanthrope avisé.
La Chambre va avoir, à son tour, à se pro-
noncer.
Mais, il ne conviendrait pas, croyons-nous,
de rejeter le projet Bonnevay, qui prévoit un
emprisonnement d'un an à cinq ans et une
amende de 500 franco à 10.000 francs pour
quiconque se sera livré à des menées aborti-
ves, un emprisonnement de six mois à deux
ans et une amende de 100 francs à 2.000
francs pour la femme qui se sera procuré ou
fait procurer l'avortement, sans voter une loi
d'humanité, décidant la création de crèches
gratuites dans'toutes les grandes villes, et de
secours d'allaitement pour les femmes néces-
siteuses, qui ne soient plus des aumônes dé-
risoires. — R. D.
- J ç
Les bases d'une alliance franco-polonaise
Varsovie, 5 janvier. — La « Gazeta Wars-
zawska »,» organe du parti national démo-
crate, signale l'apparition d'un livre polo-
nais sur la Haute-Silésie à la Conférence
de la Paix à Paris. « L'auteur, M. Stanis-
las Szpotanski, dit le journal, bien qu'ap-
partenant à ùa gauche, a su traiter le problè-
me d'une façon aussi approfondie qu'im-
partiale. Son argumentation serrée et sé-
rieuse met en lumière tous les mérites de
la France lors des débats sur la question
haut-silésienne à la Conférence de la paix
*t apprécie objectivement le rôle des di-
plomates polonais qui prenaient part à ces
discussions.
« Aucun homme politique, conclut la
« Gaseta Warszawska », ne seura se
passer de l'excellent travail de M. Szpo-
tanski, s'il veut avoir une image fidèle de
la question polonaise à la Conférence de la
paix. »
Ce livre qui contient en outre de nom-
breuses annexes inédites, traite avec un
remarquable sens politique les bases de l'al-
liance fraaco-polonaUi».
FRANCE ET ALLEMAGNE
Des démocrates allemands
à Paris
Un entretien avec H. Von Gerlach,
président de la « Ligue de la Patrie nouvelle.
Grâce à la Ligue des Droits de l'Homme.
nous avons pu nous entretenir, hier, avec
quelques démocrates allemande.
Cette Ligue a pensé, en effet, qu'un échange
d'idées entre démocrates des deux pays ne
pouvait être que profitable à tous ; et quand
on voit des hommes comme M. von Gerlach,
président de la Bun de la Patrie nouvelle) et directeur de journal,
ou comme le docteur Nicolaï, on est tout près
de penser que le Rhin n'est pas un fossé si
profond, ni une barrière si infranchissable.
Mais il n'y a pas, en Allemagne, que des Ger-
lach et des Nicolaï.
M. von Gerlach, le docteur Nicolaï, M. Leh-
mann, d'autres encore comme Foerster, ont
donné de telles preuves de leur pacifisme et
de leur haut idéal démocratique au moment
où, pour émettre de semblables idées, il fallait
un courage incontestable, qu'on ne peut met-
tre en doute leur sincérité.
Leur idéal de paix éternelle est le nôtre.
Mais ces militants représentent-ils le peuple
allemand ? On voudrait en être assuré.
M. von Gerlach nous a fait un intéressant
exposé de la situation politique en Allemagne.
Après avoir constaté que la révolution de
1918 était moins une révolution qu'un effon-
drement, et qu'au nouveau Reich allemand il
manquait actuellement des cadres démocrati-
ques, il nous a dit que, cependant, sa convic-
tion était grande en la. démocratie allemande.
— Ces cadres ne peuvent se créer en quel-
ques mois, ils sont l'œuvre de longues années
de régime républicain. Mais ce qu'il faut sa-
voir, c'est que la population allemande est
composée de 60 0/0 d'ouvriers et que tous les
ouvriers sont profondément démocrates et
antimilitaristes.
« L'échec de Kapp en est une preuve. La
grève générale est aujourd'hui, eu Allemagne,
une des causes qui rend toute restauration
monarchique impossible. Les syndicats ou-
vriers allemands englobent 8 millions d'adhé-
rents, c'est une force avec laquelle il faut
compter.
« Il ne faut pas nier, non plus, que les hau-
tes classes de la société sont profondément
monarchiques. Leur intérêt est surtout finan-
cier. Elles espèrent en une restauration pour
recouvrer leurs anciens privilèges. »
Parlant du problème des réparations, M.
von Gerlach déclare :
— La majorité du peuple allemand a la
ferme volonté de réparer ; mais personne, en
Allemagne, ne peut dire s'il sera possible au
Reich de payer 132 milliards de marks-or. »
Le président de la Neues Vaterland affirme
encore le pacifisme des ouvriers d'usine, qui
se refuseraient à fabriquer des armes.
— On n'en fabrique plus en Allemagne,
mais on en cache, surtout et presque unique-
ment dans les grandes propriétés des hobe-
reaux. Leur intention, en dissimulant ces ar-
mes, est moins en prévision d'un conflit inter-
national que de troubles intérieurs.
« Les usines de guerre, qui auraient pu
être détruites au lendemain de Varmistice, ne
l'ont pas été ; mais, aujourd'hui, la Commis-
sion interalliée s'inquiète de ce que ces usines
pourraient reprendre assez rapidement leurs
fabrications militaires.
« Je crois, dit M. von Gerlach, qu'elles ne
le peuvent, pas plus que beaucoup d'autres
usines. Mais ce serait, à mon avis, une grave
erreur, au point de vue démocratique, que de
fermer aujourd'hui ces usines, ce qui occa-
sionnerait un. immense chômage. Il faut, dans
l'intérêt des deux nations, une « politique psy-
chologique ».
Quant aux sanctions, M. von Gerlach pense
que les trois villes du Rhin que nous occu-
pons encore servent plus à la réaction en
Allemagne qu'elles ne sont une garantie mi-
litaire pour la France
- Le ministère Wirth, dit-il, a actuellement
une situation difficile. Sa bonne volonté est
certaine. Il aurait besoin, pour rallier l'opi-
nion flottante en Allemagne, qui va du centre
à l'extrême droite, d'un succès de politique ex-
térieure. »
Parlant de la Société des Nations, M. von
Gerlach a exprimé son espoir de voir prochai-
nement l'Allemagne s'asseoir à la table com-
mune, où souvent les malentendus qui, à dis-
tance, peuvent être pris pour de la mauvaise
volonté, se dissipent.
— Il y a près de cent ans, .Ka.nt a écrit
une brochure, qui fut sa dernière oeuvre, sur
la paix éternelle, basée sur une espèce de So-
ciété des Nations. C'est la politique de Kant
que nous suivons, que nous voudrions faire
suivre, toujours, à notre pays. »
Robert DUBARD.
- > ;
La scission dans la C.G. T.
Le bureau de la nouvelle Union des Syn-
dicats nous a communiqué hier soir la note
suivante : -
Dans sa dernière réunion, la Commission
Administrative de la C. G. T. a décidé d'ad-
mettre l'Union des Syndicats de la Seine re-
constituée par les syndicats et les militants
demeurés fidèles aux décisions et résolutions
des congrès confédéraux et des Comités na-
tionaux.
La nouvelle Union a été formée dans le but
d'établir une liaison entre les Organisations
et les syndiqués qui condamnent Vacte de
scission accompli par les minoritaires, sous
la pression des C. S. R.
Au cours d'une première réunion, à la-
quelle assistaient les délégués directs d'un
grand nombre de syndicats, une Commission
Exécutive et un Bureau, provisoire ont été.
désignés.
Les citoyens R. Cézan, de la Typographie
parisienne et G. Guiraud, des Industries élec-
triques, ont été chargés d'assurer, jusqu'à
nouvel ordre, les services du secrétariat.
Le siège de l'Union des Syndicats de IM
Seine, adhérente à la C. G. T., a été fixé à
la Bourse du Travail, bureau de la Commis-
sion administrative. C'est là que syndicats
et syndiqués devront s'adresser pour retirer
les timbres confédéraux réguliers.
• •• —ç —
Le bureau central des postes de Tokio
détruit par un incendie
Tokio, 5 janvier. — Un incendie a dé-
truit aujourd'hui le grand bureau de poste
central situé en plein quartier des affai-
res. Les dégâts sont considérables. Les sacs
postaux de l'étranger n'ont pas souffert.
LES DRAMES DE LA GUERRE
S'il j a dss iris inconnus,
il y a aussi
six anciens prisonnisers vivants
M ifalilS
Le ministère des pensions se doit
de retrouver leurs noms et leurs familles
Parmi tous les drames de la guerre, voici
l'un des plus effroyables et l'un des plus dou-
loureux. On aurait même peine à y croire, si
la relation qui en a été faite à la tribune du
Sénat par M. Monsservin, sénateur de l'Avey-
ron, n'avait été confirmée sans aucune ré-
serve par M. Maginot, ministre des pensions.
Bien que le fait dont il s'agit ait été rêvélé
en pleine séance au Luxembourg, il demeure
ignoré. La presse ne l'a ni relaté ni commen-
té, alors qu'il mérite une autre publicité que
tant d'informations banales longuement « dé-
layées » dans les colonnes de nos plus grands
confrères. Il a fallu que M. Israël, député de
l'Aube, rompît la consigne —involontaire, il
faut l'espérer — du silence et appelât l'atten-
tion sur des victimes que l'autorité gouverne-
mentale, elle, a jusqu'ici abandonnées à leur
épouvantable sort.
Voici en deux mots. Il y a en ce moment,
enfermés dans un asile d'aliénés, six anciçns
prisonniers de guerre français, rapatriés d'Al-
lemagne, et qu'il a été impossible d'identifier.
Pour leurs familles, ils sont comme s'ils n'é-
taient plus ; ils font partie de la foule des
« disparus » dont les corps n'ont pas été re-
trouvés, ou des morts sur lesquels on n'est
point parvenu à mettre un nom. Et pourtant,
ils sont vivants !
Quand l'Allemagne nous les a rendus, ils
étaient fous. Leurs papiers étaient égarés.
Aucun renseignement n'avait pu être fourni
sur leur état civil ; eux-mêmes étaient et
sont incapables de donner la moindre indi-
cation sur leur nom, leur résidence, leur
passé. N'est-ce point une existence tragique
pour ces malheureux qui conservent la vie
sans avoir conscience de leur personnalité et
sans que leurs familles, qui les croient décé-
dés. soient à même de les retrouver ?
M. Maginot, répondant à M. Monsservin, a
déploré, avec un accent de sincérité indiscu-
table, la cruauté d'une telle situation. Mais,
comme le demande M. Israël, il s'agirait de
ne rien négliger pour y mettre fin. Les ser-
vices des pensions auraient, paraît-il, hésité à
employer un moyen qui aboutirait sans doute
à faire reconnaître les aliénés dont il s'agit.
Ils ont obéi à un scrupule excessif en ne se
décidant point à envoyer les photographies
des intéressés dans toutes les communes de
France. Il leur a semblé « que les familles à
qui pourraient appartenir ces prisonniers
éprouveraient peut-être quelque préjudice de
la révélation de la taxe mentale qui a frappé
leurs enfants ».
Quel préjudice et quelle tare ? Est-ce que
ces anciens soldats ne sont pas des victimes
de la guerre, de grands mutilés, comme tant
d'autres combattants dont l'invalidité est to-
tale ? Qui donc aurait le front de considérer
comme une « tare » la blessure cérébrale in.
curable qu'ont reçue les « poilus » en ques-
tion ? Et qui ne plaindrait à la fois ces
aliénés et leurs familles ? *
Le prétexte invoqué par l'administration des
pensions est spécieux et inadmissible. Il faut
que l'enquête indispensable pour l'identifica-
tion des six aliénés soit poussée à fond ! il
est nécessaire que leurs portraits soient en-
voyés au moins dans toutes les préfectures et
dans toutes les sous-préfectures. Mieux vau-
drait même les adresser à tous les maires et
les faire afficher partout.
L'Etat ne saurait se débarrasser ainsi de
ses devoirs envers ces vivants inconnus et de
leurs familles : comme tous les « amochés »
de la guerre, ceux-ci, selon la parole fameuse,
ont des droits sur lui, et des droits d'autant
plus sacrés qu'ils sont incapables de les exer-
cer eux-mêmes.
Louis LE PAGE.
AVANT LE CONSEiL SUPRÊME
La Conférence de Cannes
s'ouvre aujourdhui
Arrivée des délégations alliées
Cannes, 5 janvier. — Un train spécial, v&
nant de Pans, a amené ce matin, à dix heu-
res, un nouvel échelon de délégations alliées.
M. Doumer, ministre des finances ; MM.
Theunis et Jaspar, président du Conseil et
ministre des affaires étrangères de Belgique;
M. Raineri, ministre italien des régions libé-
rées; D. Salvago Raggi. représentant de l'Ita-
lie à la Commission des réparations ; le vi"
comte Ishii, ambassadeur du Japon à Paris,
ainsi que de nombreux experts. Ils ont été
salués sur le quai de la gare par M. Lou-
cheur et les autorités locales.
La' première réunion des experts
Cannes, 5 janvier. — Ce matin, à 11 h. 30,
a eu lieu la première réunion des experts. Y
assistaient : pour la France, MM. Loucheur
et Doumer; pour la Grande-Bretagne, sir La-
fming Worthington Evans et sir Robert Hor-
ne ; pour (l'Italie, MM. Raineri et Salvaggo
Raggt ; pour ila Belgique, MM. Theunis et
Jaspar.
Cette première réunion s'est poursuivie
Jusqu'à une heure. Aucune communication
n'a été faite à l'issue de la séance. Les minis-
tres français, anglais, italiens et belges ont
eu un nouvel entretien, cet après-midi sur
cette même question des .réparations.
M. Briand, M. Loucheur et la priorité belge
Bruxelles, 5 janvier. — L'Etoile Belge
publie une interview que son envoyé spécial
a eue à Cannes avec M. Briand au sujet de la
question de la priorité belge. M. Briand lui
a déclaré en ponctuant ses phrases avec éner-
gie :
« Jamais la France n'a songé un seul ins-
tant à sacrifier la priorité belge. La France
ne prendra sur ce terrain aucune résolution
sans être d'accord avec la Belgique. Je l'ai
dit à Londres à l'ambassadeur de Belgique
en le priant de le faire savoir à son gouver
nement. Je m'étonne que la presse belge ait
cru devoir douter de notre bonne foi. La
France a toujours estimé que la Belgique de-
vait jouer le rôle de grande puissance au sein
du Conseil des Alliés. La Belgique a toujours
été libre : elle a cru devoir, lors de l'ac-
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aux Bureaux du Journal
468 ANNEE - H* 16.231
VENDREDI
6
JANVIER 1922
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
L« manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Vers la fin
du Bloc national
Pour charmer ses loisirs, en atten-
dant que le budget lui soit retourné par
le Sénat, da Chambre a ouvert la discus-
sion sur un projet de loi dont l'auteur,
M. Bonnefous, est président de la com-
mission 'du suffrage universel à la
Chambre. Ce projet tend à réduire par
voie d'extinction, le nombre des dépu-
tes conformément aux résultats du dé-
nombrement de la population française
recensée le 0 mars 1921. Cela veut dire
que dans un département comme les
Basses-Pyrénées par exemple, dont un
député vient de mourir, il n'y aura pas
lieu à élection complémentaire puisque
Je nombre des députés à élire d'après le
dernier recensement est réduit de deux
sur le nombre total actuel. A première
vue, la proposition de M. Bonnefous pa-
raît d'une telle logique qu'elle est indis-
cutable.
Si l'on veut bien y réfléchir un peu,
elle est beaucoup plus machiavélique
qu'elle ne le semble. Sa première consé-
quence a pour effet de ne plus tâter le
pouls de l'opinion publique pendant de
[ongs mois. Les premières élections par-
tielles ont été tellement favorables aux
partis de gauche que le Bloc National
en a été tout ému,et,sans l'élection des
Côtes-du-Nord, qui mit un peu de bau-
me sur le cœur de ces Messieurs, ils eus-
sent été pTêts à accomplir des actes dé-
plorables. Grâce au vote de la proposi-
tion Bonnefous, la quiétude de nos bons
collègues ne sera pas troublée. Pendant
de longs mois, le suffrage universel ne
parlera plus. Les électeurs qui ne con-
naissent encore que la moitié de l'œu-
vre parlementaire de la Chambre actuel-
le, puisque celle-ci a encore deux années
à vivre, n'auront plus à exprimer leur
admiration à rebours pour son beau tra-
vail républicain, laïque et démocratique.
A ce point de vue, les journaux du
B. N. sont souvent amusants à parcourir.
De temps à autre ils entonnent des an-
tiennes sur l'œuvre magnifique de leurs
élus. Cette Chambre fournit, paraît-il,
un travail considérable. Si on appelle
travailler, tenir deux séances publiques
par jour, dimanches et jours fériés com-
pris; si on appelle travailler, discuter à
perte de vue sur le moindre sujet ;
si on appelle travailler, voter en
une nuit le casse-tête chinois qu'est
la loi de finances, ah ! oui, elle
travaille cette Chambre. Elle travaille
même trop. Mais travaille-t-elle- bien ?
Cela est une autre question. Pour y ré-
pondre, il suffira aux esprits les moins
prévenus d'examiner sans passion la si-
tuation actuelle. Le marasme sévit dans
Ses affaires. Quelles sont les dispositions
législatives que nous avons votées pour
diminuer le mal ? D'abord, l'impôt indi-
rect qui accable le petit, qui pèse sur le
prix des denrées les plus utiles, puis
l'impôt sur le chiffre d'affaires qui ac-
centue encore les méfaits des impôts in-
directs, puis l'élévation des tarifs de che-
mins de fer qui grève aussi le prix des
denrées et qui, dans certaines régions,
a pour résultat d'arrêter tout trafic,
partant toute transaction commerciale
et industrielle. Dans la région du Sud-
Ouest, dont j'ai l'honneur de représen-
ter le grand département forestier, la
crise est 'à l'état aigu. Les scieries ne
fonctionnent plus en forêt, les usines
sont fermées, les ouvriers chôment, les
bois entassés pourrissent sur place, ce-
pendant que les régions libérées ont be-
soin de hâter leurs reconstructions et que,
par suite du prix de transport, elles ne
peuvent être chez nous les clients qu'el-
les eussent dû logiquement être. Les per-
tes se chiffrent par des millions. Mais
tout va bien, le nonce est à Paris !
Ce que je constate dans le Sud-Ouest
est, hélas ! général dans la France en-
tière. Aussi le mécontentement se mani-
feste à chaque consultation électorale.
La majorité de la Chambre ne veut
plus entendre ces récriminations. Son
vÓte de vendredi a le mérite d'étouffer
la voix populaire. C'est là une solution
passagère qui ne résout rien du tout.
Lors des prochaines élections, la ma-
jorité actuelle paiera toutes les fautes ac-
cumulées. La réduction du nombre des
députés prévue par la loi mettra près de
cent parlementaires dans l'obligation de
faire hàrakiri, comme les Japonais ; ces
parlementaires ne seront pas tous radi-
caux, n'est-ce pas ? D'autre part, l'élec-
teur, son bulletin de vote à la main, par-
lera d'autant plus fort que pendant deux
années on l'aura obligé à se taire.
Le vote de la loi Bonnefous retentit
comme le premier son du glas funèbre
qui accompagnera à sa dernière demeu-
re ce pauvre Bloc National, qui a oublié
que la France a connu cinquante an-
nées de libertés républicaines et qu'elle
entend que soit poursuivi dans le bon
sens démocratique le programme social
qui est l'honneur des vrais partis qu'elle
a créés.
Gabriel DESPAX,
péputê>9
LES RISQUES DU MÉTIER
Va journaliste anglais
enlevé par
les républicains irlandais
Dublin, 5 janvier. - Un curieux incident
s'est produit hier après-midi. Le correspon-
dant du Times, à Dublin, se trouvait avec plu-
sieurs autres journalistes dans une épicerie
lorsque trois individus sont entrés et, revol-
ver au poing, ont forcé le correspondant à
monter dans une automobile qui attendait et
qui l'a emporté.
Depuis lors, on n'a reçu aucune nouvelle
de ce journaliste.
A la séance du Dail Eireann, aujourd'hui,
les correspondants des autres journaux ont
protesté contre cet enlèvement, exigeant la
mise en liberté de leur collègue et la puni-
tion des coupables, mais leurs protestations
n'ont trouvé aucun écho.
Plus tard, on a appris que le correspondant
,du Trnvcs se trouve à Cork. On s'attend à ce
qu'il soit remis en liberté.
Le correspondant du Times aurait été en-
levé pour être obligé de démentir une décla-
ration qu'il avait faite.
; -.. Ç :—
La priorité belge
Après les accords si déplorables auxquels est
inoubliablement attaché le nom de M. Paul
Doumer, la France apprit avec une vive dé-
ception qu'elle ne recevrait pas un seul mark
du milliard payé par l'Allemagne en 1921.
La Belgique avait un titre de priorité, devant
lequel nous devions nous incliner.
La Belgique, première victime de la guerre,
a joué dans le grand drame un rôle tel que
nous devons admettre sans conteste son
droit à des réparations larges et rapides. La
courtoisie et la reconnaissance envers ce peu-
ple héroïque, capable de défendre par les
armes sa neutralité violée, imposaient aux
Alliés la décision qu'ils ont cru devoir prendre
à Versailles.
Aujourd'hui, il ne saurait être question de
remettre en discussion un tel principe, et les
déclarations que vient de faire M. Briand à
l'un de nos confrères belges seront approuvées
par l'opinion publique française.
L'accord de la France et de 'la Belgique
n'est pas seulement un devoir, c'est une né-
cessité. Nous en coûtât-il grand'chose, il nous
faudrait avoir, durant tous les grands débats
internationaux, la Belgique à nos côtés.
Nos voisins et amis ont fait, il est vrai, l'a-
bandon de 450 millions en faveur de l'An-
gleterre, lors de la discussion des accords du
13 août ; c'est un sacrifice qu'il leur a plu
de consentir, dans des conditions que nous
nous interdisons d'apprécier.
Pour l'intérêt que nous portons aux Bel-
ges, nous devons seulement déplorer qu'une
telle décision contribue à nous placer dans
une situation difficile à l'égard de la Grande-
Bretagne. Il ne semble pas équitable, en effet,
que la nation, dont les buts de guerre ont
été atteints au lendemain de l'armistice et
dont les dommages territoriaux sont nuls, bé-
néficie, avant toute autre puissance alliée, d'un
premier paiement d'une somme de près d'un
demi-milliard de marks-or, cependant que la
France, ravagée, attend encore les compen-
sations dont nul ne peut nier l'urgence et la
légitimité.
La Belgique est représentée à Cannes par
des experts fort avisés. M. Theunis est un
financier qui saura défendre les droits de
son pays ; nous applaudirons à sa fermeté et,
quoi qu'il arrive, aucun nuage ne se lèvera
entre nous et nos alliés, car nos sentiments
et nos intérêts sont trop évidemment soli-
daires.
F. H.
———————- } - -.- ( -
BLOC-NOTES
L'Institut Vautour
Il est dommage vraiment qu'on n'ait pas
donné une plus large publicité à cette affaire
Gouzé, dont vient d'avoir à connaître la pre-
mière chambre du tribunal. On y voit, en effet,
l'Institut dans une position à la fois ridicule
et peu honorable qui, à la vérité, lui est pres-
que familière et devrait être plus connue pour
sa peine : celle de profiteur et de mercanti.
L'Institut, somme de nos gloires nationales
officielles, pourrait être admirable et brillant,
et n'être que cela. On aimerait à l'aimer sans
réserves. Mais la richesse l'a gâté. Il a trop
d'argent, trop de propriétés. C'est une dange-
reuse corporation de mainmorte qui, tout en se
soustrayant elle-même à la loi, prétend impu-
demment en appliquer les rigueurs à autrui.
En bref, Mlle Gouzé occupait comme sous-
locataire (d'un sénateur — ce qui est bien
curieux, soit dit en passant) une ferme dépen-
dant de Chantilly, dans laquelle, comptant
sur une prolongation de bail nettement pro-
mise, elle a fait des impenses considérables.
Mais pour quelques misérables pièces de cent
sous-papier, l'administrateur (7.f Chantilly a
préféré louer à un tiers. Savoir si sa préfé-
rence personnelle est souveraine ? Lésée, Mlle
Gouzé le demande au tribunal.
Il ocrait bien à désirer que celui-ci distin-
guât entre le droit étroit qui régit les rapports
entre particuliers, et les dispositions plus lar-
ges ct plus empreintes d'équité qui doivent
s'appliquer aux biens de la Nation. Si l'Ins-
titut et le regrettable administrateur cle Chan-
tilly doivent se conduire en turpidcs profi-
teurs, il serait excellent que des juges indê-
pendants le. rappelassent à la, pudeur.
Victor SNELL .,
Le renouvellement du privilège
de la Banque de l'Indo-Chine
et le Parlement
Se passera-t-on de l'avis
de la Commission des finances ?
C'est le 21 janvier 1922, qu'expire le deu-
Stiemè délai d'un an prorogeant par décret le
privilège de la Banque de l'Indo-Chine.
Cet établissement financier et son « gou-
verneur » M. Thion de La Chaume, se sont
signalés, ces temps-ci, de telle manière à l'o-
pinion publique, que le troisième « renouvel-
lement » ne saurait passer inaperçu. Il ne
peut être fait à l'esbrouffe.
Nous ne saurions assez rappeler ici que le
31 mai 1917 — retenez bien cette date — la
Chambre avait invité le Gouvernement à lui
présenter un projet de renouvellement du
privilège de la Banque de l'Indo-Chine qui
expirait le 21 janvier 1920.
Or, le 4 janvier 1920, M. Henry Simon, mi-
nistre des Colonies et M. Klotîs, ministre des
Finances, accordaient à la Banque en ques-
tion, le renouvellement par simple décret,
pour un an. Ils prenaient d'ailleurs l'engage-
ment formel de préparer un projet de loi :
L'étude de la question, écrivaient alors les
deux ministres, sera donc poursuivie sans ar-
rêt, afin que, dans le plus bref délai possi-
ble, et dans tous les cas, avant Vexpiration du
nouveau délai de prorogation, le Parlement.
puisse être mis en mesure de se prononcer.
Nul ne dit mot à la Chambre ni au Sénat.
Le 12 janvier 1921, il n'y avait aucun projet,
et ce furent cette fois MM. Sarraut et Fran-
çois-Marsal qui prirent le décret, en s'excu-
sant à peine de n'avoir pu préparer un projet
en temps utile.
Cette année 1922, il n'y a qu'un projet de
loi « en blanc », sur lequel les commissions
des Colonies et des Finances ne peuvent pas
délibérer —,on ne délibère pas sur du blanc !
1— dès lors, il faut préparer un TROISIEME
DECRET.
Tout se passe selon le vœu de M. Thion de
La Chaume, ce « gouverneur » qui contre-
carre tous les plans du Gouvernement par
lequel il est nommé, sait à point contraindre
ce même gouvernement à maintenir au pro-
fit de « sa » Banque, le privilège fantastique
de l'exploitation d'un monopole sans redevan-
ce d'aucune sorte.
Il en sera ainsi, par la toute-puissance de
M. Thion de La Chaume, tant que le Prési-
dent du Conseil ne l'aura pas invité à remet-
tre sa démission. Manœuvre contre le crédit
de la France, manœuvre contre le contrôle du
Parlement, telle est la double tâche que s'est
donnée l'administrateur de la Banque privi-
légiée de l'Indo-Chine.
s*
Malgré les grands moyens des distributeurs
de rentes viagères de la rue Laffitte, il est
improbable que cette année, leurs agisse-
ments étant dévoilés, le « renouvellement »
s'effectue sans quelques précautions.
Puisque le Gouvernement ne dédaigne pas
de consulter les commissions des Finances et
des Colonies sur l'étude de la réorganisation
de la Banque Industrielle de Chine, il ne peut
guère se passer de l'avis de ces deux commis-
sions pour lé renouvellement du privilège
de la Banque de l'Indo-Chine.
M. Sarraut, qui devait déjà s'excuser l'an.
née dernière de n'avoir pas pu étudier un
projet de loi en douze mois, n'aura peut-être
pas la désinvolture de prendre, cette année, un
nouveau décret, sans s'être mis d'accord avec
les commissions compétentes.
En ces affaires de finances, on a coutume,
dans les milieux gouvernementaux et ban-
caires, de tenir le Parlement pour zéro. C'est
la thèse de M. Thion de La Chaume, qui pré-
tend à sa guise, faire « suer » la « phynan-
ce » d'Indo-Chine ; mais cette année-ci, il y
aura sans doute quelqu'un pour troubler la
sérénité des escamoteurs.
M. Briand a donné lui-même son opinion
sur le rôle de la Banque privilégiée en Ex-
trême-Orient. Le Parlement étant cette foie
mis en méfiance par le chef du Gouvernement
lui-même, il semblerait un peu surprenant
que le même gouvernement puisse donner, à
une banque aussi dangereuse et aussi déta-
chée de l'intérêt du Trésor, le droit de con-
tinuer comme ci-devant, sans exiger quelques
apaisements.
Pierre DIONNE.
—————————— ; ç ——————————
LE CAMBRIOLAGE DE LA RUE D'ASTORG
Jean de Thoisy voulait se faire
de la publicité !
Et il se moque de la justice
A la suite des incidents dramatiques que le
fils du vicomte de Thoisy avait dit s'être dé-
roulée dans l'appartement de son père, et que
nous avons relatés hier, l'enquête de la po-
lice a abouti à. fette conclusion : c'est que le
héros de la scène tragique s'était moqué de la
- magistrature.
Hier après-midi, en effet, Jean de Thoisy,
interrogé à la police judiciaire pour y pré-
ciser la tentative de cambriolage dont son
père avait été victime, et au cours de laquelle
il prétendit avoir été blessé, raconta l'his-
toire de telle façon que M. Faralicq releva
aussitôt plusieurs contradictions.
Pressé de questions, le jeune « héros » a
fini par avouer que le récit qu'il avait fait
était inventé de toutes pièces. S'il a agi ainsi,
c'était, a-t-il dit, pour faire parler de lui et
avoir sa photographie dans les journaux.
Jean de Thoisy. qui déjà, en janvier 1920,
avait monté, au château de Neuf-Bruey, près
de Tours, un « bateau » presque aussi colos-
sal, sera poursuivi pour outrages à la magis-
trature.
—————————— 7 Ç —
Le nouveau cabinet chinois
travaille
Pékin, 5 janvier. — Le nouveau cabinet
chinois, constitué ces jours derniers, vient de
décréter l'amnistie pour tous les dirigeants
du parti Anfou. Le même ministère ordonne
la rédeution des effectifs militaires et élabore
une nouvelle organisation du travail qui per-
mettra aux soldats licenciés de vivre en se
rendant utiles.
Le but principal du nouveau gouvernement
est l'économie, aussi plus de 200 employés
ont-ils été renvoyés des bureaux ministériels.
La paix a été signée avec les provinces du
Su-Tchuea ?). du Houpch.
LES RECRIMINATIONS ELECTORALES
CHALONS N'ADMET PAS
d'être dépossédé
du siège du .6e Corps
Il ne faudrait tout de même pas créer un
nouveau Corps d'armée pour lui donner
satisfaction
C'est toujours la même chose en France.
Dès qu'on se mêle d'accomplir une réforme
ou de changer quelque chose à 'l'ordre admi-
nistratif établi, l'intérêt électoral intervient
aussitôt pour protester. Les revendications
de clocher s'expriment par la voix des « re-
présentants quafifiés » de 'la région, de l'ar-
rondissement ou de la bourgade. Le bien pu-
blic doit passer, paraît-il, après les commodi-
tés du chef-lieu de canton.
Nous venons encore d'avoir un exemple
tout récent de cette détestable manie qui est
l'un des vices parlementaires les plus te-
naces et qu'aucune loi électorale n'arrive à
faire disparaître.
Le ministre de la guerre a décidé que le
siège du 68 corps d'armée serait transféré de
Cbâlons-sur-Marne à Metz, de même que les
services du corps d'armée d'Epinal ont été
installés à Strasbourg. Inévitablement, les
parlementaires de la Marne se sont rendus
en délégation auprès de M. Barthou, pour lui
demander de revenir sur le fait accompli. Il
paraît que .la vie à Chalons (et sans doute à
Epinal) sera impossible si on ne restitue pas
à ces deux villes le général « de corps d'ar-
mée » dont elles ne peuvent se passer.
Pourtant le déplacement dont il s'agit a
dû être dicté par des considérations d'ordre
militaire. Il ne saurait y avoir d'autre motif
à la décision prise par le ministre de la guer-
re. Alors, a quoi bon nui opposer les doléan-
ces des populations chalonnaise et spina-
lienne ?
Au surplus, afin de donner satisfaction à la
fois à Metz, Strasbourg, Châlons et Epinal,
on a lancé ce « ballon d'essai » ; Il serait
question, a-t-on dit de créer un 228 corps
d'armée. Fort heureusement M. Barthou a fait
savoir qu'il n'était nullement question d'une
pareille création et qu'à l'heure où on s'effor-
ce de faire des économies — même dans le
budget de la guerre — la mesure dont on par-
le ne saurait être envisagée. -
Voilà qui est fort bien. Mais cette histoi-
re rappelle — toutes proportions gardées —
celle de la suppression des préfectures mari-
times et des arsenaux de Lorient et de Ro-
chefort.
Un jour, pris d'un beau zèle de « compres-
sion >, le ministre de la marine les suppri-
mait. Puis, peu de temps après, les criaille-
ries des élus des deux ports se firent si vives
qu'on rétablit les choses en l'état.
Espérons que les récriminations relatives
au départ de Ge corps en Lorraine n'auront
pas le même succès. Le chef-lieu du départe-
ment de la Marne peut très bien se passer
d'un général et de son état-major. Tandis
qu'à Metz les stratèges sont tout à fait à
leur place. Oui, ils seront aux premières lo-
ges. pour la prochaine guerre.
P. V.
—————————— ; -..- - (
Les menées abortives
Le projet de loi de M. Bonnevay
La Chambre va avoir prochainement à se
prononcer sur un projet de loi du Garde des
Sceaux tendant à une répression plus sévère
des menées abortives.
Ce projet de loi a déjà été adopté par le
Sénat le 28 janvier 1919.
Une répression plus sévère donnera-t-elle
les résultats attendus ? Nous avons ici pu-
blié l'opinion, à ce sujet, de personnalités par-
ticulièrement compétentes en la matière ; les
docteurs Variot et Potocki, le sénateur Char-
les Debierre.
Il semble bien résulter de notre enquête,
que ile problème, comme nous le disait derniè-
rement le distingué sénateur du Nord, est plus
d'ordre psychologique que matériel et, quelle
que soit la sévérité des lois, elles ne pourront
rien contre l'avortement.
Ce n'est pas très exactement l'avis du mi-
nistre de la Justice qui, après avoir constaté
que « l'avortement est devenu d'un usage si
fréquent, qu'il fait courir à l'avenir de notre
pays des dangers d'une exceptionnelle gravité,
déclare que le moment est venu d'engager ac-
tivement la lutte contre ce péril national en
essayant d'atteindre tout au moins ses causes
principales ».
Ces causes, M. Bonnevay les trouve dans
l'impunité, dont jusqu'à ce jour ont paru bé-
néficier les avorteuses.
M. Charles Debierre les voit dans la vie
chère et aussi dans l'anathème que trop sou-
vent on jette aux filles-mères.
L'un parJe en ministre de la Justice, l'autre
en philanthrope avisé.
La Chambre va avoir, à son tour, à se pro-
noncer.
Mais, il ne conviendrait pas, croyons-nous,
de rejeter le projet Bonnevay, qui prévoit un
emprisonnement d'un an à cinq ans et une
amende de 500 franco à 10.000 francs pour
quiconque se sera livré à des menées aborti-
ves, un emprisonnement de six mois à deux
ans et une amende de 100 francs à 2.000
francs pour la femme qui se sera procuré ou
fait procurer l'avortement, sans voter une loi
d'humanité, décidant la création de crèches
gratuites dans'toutes les grandes villes, et de
secours d'allaitement pour les femmes néces-
siteuses, qui ne soient plus des aumônes dé-
risoires. — R. D.
- J ç
Les bases d'une alliance franco-polonaise
Varsovie, 5 janvier. — La « Gazeta Wars-
zawska »,» organe du parti national démo-
crate, signale l'apparition d'un livre polo-
nais sur la Haute-Silésie à la Conférence
de la Paix à Paris. « L'auteur, M. Stanis-
las Szpotanski, dit le journal, bien qu'ap-
partenant à ùa gauche, a su traiter le problè-
me d'une façon aussi approfondie qu'im-
partiale. Son argumentation serrée et sé-
rieuse met en lumière tous les mérites de
la France lors des débats sur la question
haut-silésienne à la Conférence de la paix
*t apprécie objectivement le rôle des di-
plomates polonais qui prenaient part à ces
discussions.
« Aucun homme politique, conclut la
« Gaseta Warszawska », ne seura se
passer de l'excellent travail de M. Szpo-
tanski, s'il veut avoir une image fidèle de
la question polonaise à la Conférence de la
paix. »
Ce livre qui contient en outre de nom-
breuses annexes inédites, traite avec un
remarquable sens politique les bases de l'al-
liance fraaco-polonaUi».
FRANCE ET ALLEMAGNE
Des démocrates allemands
à Paris
Un entretien avec H. Von Gerlach,
président de la « Ligue de la Patrie nouvelle.
Grâce à la Ligue des Droits de l'Homme.
nous avons pu nous entretenir, hier, avec
quelques démocrates allemande.
Cette Ligue a pensé, en effet, qu'un échange
d'idées entre démocrates des deux pays ne
pouvait être que profitable à tous ; et quand
on voit des hommes comme M. von Gerlach,
président de la Bun
ou comme le docteur Nicolaï, on est tout près
de penser que le Rhin n'est pas un fossé si
profond, ni une barrière si infranchissable.
Mais il n'y a pas, en Allemagne, que des Ger-
lach et des Nicolaï.
M. von Gerlach, le docteur Nicolaï, M. Leh-
mann, d'autres encore comme Foerster, ont
donné de telles preuves de leur pacifisme et
de leur haut idéal démocratique au moment
où, pour émettre de semblables idées, il fallait
un courage incontestable, qu'on ne peut met-
tre en doute leur sincérité.
Leur idéal de paix éternelle est le nôtre.
Mais ces militants représentent-ils le peuple
allemand ? On voudrait en être assuré.
M. von Gerlach nous a fait un intéressant
exposé de la situation politique en Allemagne.
Après avoir constaté que la révolution de
1918 était moins une révolution qu'un effon-
drement, et qu'au nouveau Reich allemand il
manquait actuellement des cadres démocrati-
ques, il nous a dit que, cependant, sa convic-
tion était grande en la. démocratie allemande.
— Ces cadres ne peuvent se créer en quel-
ques mois, ils sont l'œuvre de longues années
de régime républicain. Mais ce qu'il faut sa-
voir, c'est que la population allemande est
composée de 60 0/0 d'ouvriers et que tous les
ouvriers sont profondément démocrates et
antimilitaristes.
« L'échec de Kapp en est une preuve. La
grève générale est aujourd'hui, eu Allemagne,
une des causes qui rend toute restauration
monarchique impossible. Les syndicats ou-
vriers allemands englobent 8 millions d'adhé-
rents, c'est une force avec laquelle il faut
compter.
« Il ne faut pas nier, non plus, que les hau-
tes classes de la société sont profondément
monarchiques. Leur intérêt est surtout finan-
cier. Elles espèrent en une restauration pour
recouvrer leurs anciens privilèges. »
Parlant du problème des réparations, M.
von Gerlach déclare :
— La majorité du peuple allemand a la
ferme volonté de réparer ; mais personne, en
Allemagne, ne peut dire s'il sera possible au
Reich de payer 132 milliards de marks-or. »
Le président de la Neues Vaterland affirme
encore le pacifisme des ouvriers d'usine, qui
se refuseraient à fabriquer des armes.
— On n'en fabrique plus en Allemagne,
mais on en cache, surtout et presque unique-
ment dans les grandes propriétés des hobe-
reaux. Leur intention, en dissimulant ces ar-
mes, est moins en prévision d'un conflit inter-
national que de troubles intérieurs.
« Les usines de guerre, qui auraient pu
être détruites au lendemain de Varmistice, ne
l'ont pas été ; mais, aujourd'hui, la Commis-
sion interalliée s'inquiète de ce que ces usines
pourraient reprendre assez rapidement leurs
fabrications militaires.
« Je crois, dit M. von Gerlach, qu'elles ne
le peuvent, pas plus que beaucoup d'autres
usines. Mais ce serait, à mon avis, une grave
erreur, au point de vue démocratique, que de
fermer aujourd'hui ces usines, ce qui occa-
sionnerait un. immense chômage. Il faut, dans
l'intérêt des deux nations, une « politique psy-
chologique ».
Quant aux sanctions, M. von Gerlach pense
que les trois villes du Rhin que nous occu-
pons encore servent plus à la réaction en
Allemagne qu'elles ne sont une garantie mi-
litaire pour la France
- Le ministère Wirth, dit-il, a actuellement
une situation difficile. Sa bonne volonté est
certaine. Il aurait besoin, pour rallier l'opi-
nion flottante en Allemagne, qui va du centre
à l'extrême droite, d'un succès de politique ex-
térieure. »
Parlant de la Société des Nations, M. von
Gerlach a exprimé son espoir de voir prochai-
nement l'Allemagne s'asseoir à la table com-
mune, où souvent les malentendus qui, à dis-
tance, peuvent être pris pour de la mauvaise
volonté, se dissipent.
— Il y a près de cent ans, .Ka.nt a écrit
une brochure, qui fut sa dernière oeuvre, sur
la paix éternelle, basée sur une espèce de So-
ciété des Nations. C'est la politique de Kant
que nous suivons, que nous voudrions faire
suivre, toujours, à notre pays. »
Robert DUBARD.
- > ;
La scission dans la C.G. T.
Le bureau de la nouvelle Union des Syn-
dicats nous a communiqué hier soir la note
suivante : -
Dans sa dernière réunion, la Commission
Administrative de la C. G. T. a décidé d'ad-
mettre l'Union des Syndicats de la Seine re-
constituée par les syndicats et les militants
demeurés fidèles aux décisions et résolutions
des congrès confédéraux et des Comités na-
tionaux.
La nouvelle Union a été formée dans le but
d'établir une liaison entre les Organisations
et les syndiqués qui condamnent Vacte de
scission accompli par les minoritaires, sous
la pression des C. S. R.
Au cours d'une première réunion, à la-
quelle assistaient les délégués directs d'un
grand nombre de syndicats, une Commission
Exécutive et un Bureau, provisoire ont été.
désignés.
Les citoyens R. Cézan, de la Typographie
parisienne et G. Guiraud, des Industries élec-
triques, ont été chargés d'assurer, jusqu'à
nouvel ordre, les services du secrétariat.
Le siège de l'Union des Syndicats de IM
Seine, adhérente à la C. G. T., a été fixé à
la Bourse du Travail, bureau de la Commis-
sion administrative. C'est là que syndicats
et syndiqués devront s'adresser pour retirer
les timbres confédéraux réguliers.
• •• —ç —
Le bureau central des postes de Tokio
détruit par un incendie
Tokio, 5 janvier. — Un incendie a dé-
truit aujourd'hui le grand bureau de poste
central situé en plein quartier des affai-
res. Les dégâts sont considérables. Les sacs
postaux de l'étranger n'ont pas souffert.
LES DRAMES DE LA GUERRE
S'il j a dss iris inconnus,
il y a aussi
six anciens prisonnisers vivants
M ifalilS
Le ministère des pensions se doit
de retrouver leurs noms et leurs familles
Parmi tous les drames de la guerre, voici
l'un des plus effroyables et l'un des plus dou-
loureux. On aurait même peine à y croire, si
la relation qui en a été faite à la tribune du
Sénat par M. Monsservin, sénateur de l'Avey-
ron, n'avait été confirmée sans aucune ré-
serve par M. Maginot, ministre des pensions.
Bien que le fait dont il s'agit ait été rêvélé
en pleine séance au Luxembourg, il demeure
ignoré. La presse ne l'a ni relaté ni commen-
té, alors qu'il mérite une autre publicité que
tant d'informations banales longuement « dé-
layées » dans les colonnes de nos plus grands
confrères. Il a fallu que M. Israël, député de
l'Aube, rompît la consigne —involontaire, il
faut l'espérer — du silence et appelât l'atten-
tion sur des victimes que l'autorité gouverne-
mentale, elle, a jusqu'ici abandonnées à leur
épouvantable sort.
Voici en deux mots. Il y a en ce moment,
enfermés dans un asile d'aliénés, six anciçns
prisonniers de guerre français, rapatriés d'Al-
lemagne, et qu'il a été impossible d'identifier.
Pour leurs familles, ils sont comme s'ils n'é-
taient plus ; ils font partie de la foule des
« disparus » dont les corps n'ont pas été re-
trouvés, ou des morts sur lesquels on n'est
point parvenu à mettre un nom. Et pourtant,
ils sont vivants !
Quand l'Allemagne nous les a rendus, ils
étaient fous. Leurs papiers étaient égarés.
Aucun renseignement n'avait pu être fourni
sur leur état civil ; eux-mêmes étaient et
sont incapables de donner la moindre indi-
cation sur leur nom, leur résidence, leur
passé. N'est-ce point une existence tragique
pour ces malheureux qui conservent la vie
sans avoir conscience de leur personnalité et
sans que leurs familles, qui les croient décé-
dés. soient à même de les retrouver ?
M. Maginot, répondant à M. Monsservin, a
déploré, avec un accent de sincérité indiscu-
table, la cruauté d'une telle situation. Mais,
comme le demande M. Israël, il s'agirait de
ne rien négliger pour y mettre fin. Les ser-
vices des pensions auraient, paraît-il, hésité à
employer un moyen qui aboutirait sans doute
à faire reconnaître les aliénés dont il s'agit.
Ils ont obéi à un scrupule excessif en ne se
décidant point à envoyer les photographies
des intéressés dans toutes les communes de
France. Il leur a semblé « que les familles à
qui pourraient appartenir ces prisonniers
éprouveraient peut-être quelque préjudice de
la révélation de la taxe mentale qui a frappé
leurs enfants ».
Quel préjudice et quelle tare ? Est-ce que
ces anciens soldats ne sont pas des victimes
de la guerre, de grands mutilés, comme tant
d'autres combattants dont l'invalidité est to-
tale ? Qui donc aurait le front de considérer
comme une « tare » la blessure cérébrale in.
curable qu'ont reçue les « poilus » en ques-
tion ? Et qui ne plaindrait à la fois ces
aliénés et leurs familles ? *
Le prétexte invoqué par l'administration des
pensions est spécieux et inadmissible. Il faut
que l'enquête indispensable pour l'identifica-
tion des six aliénés soit poussée à fond ! il
est nécessaire que leurs portraits soient en-
voyés au moins dans toutes les préfectures et
dans toutes les sous-préfectures. Mieux vau-
drait même les adresser à tous les maires et
les faire afficher partout.
L'Etat ne saurait se débarrasser ainsi de
ses devoirs envers ces vivants inconnus et de
leurs familles : comme tous les « amochés »
de la guerre, ceux-ci, selon la parole fameuse,
ont des droits sur lui, et des droits d'autant
plus sacrés qu'ils sont incapables de les exer-
cer eux-mêmes.
Louis LE PAGE.
AVANT LE CONSEiL SUPRÊME
La Conférence de Cannes
s'ouvre aujourdhui
Arrivée des délégations alliées
Cannes, 5 janvier. — Un train spécial, v&
nant de Pans, a amené ce matin, à dix heu-
res, un nouvel échelon de délégations alliées.
M. Doumer, ministre des finances ; MM.
Theunis et Jaspar, président du Conseil et
ministre des affaires étrangères de Belgique;
M. Raineri, ministre italien des régions libé-
rées; D. Salvago Raggi. représentant de l'Ita-
lie à la Commission des réparations ; le vi"
comte Ishii, ambassadeur du Japon à Paris,
ainsi que de nombreux experts. Ils ont été
salués sur le quai de la gare par M. Lou-
cheur et les autorités locales.
La' première réunion des experts
Cannes, 5 janvier. — Ce matin, à 11 h. 30,
a eu lieu la première réunion des experts. Y
assistaient : pour la France, MM. Loucheur
et Doumer; pour la Grande-Bretagne, sir La-
fming Worthington Evans et sir Robert Hor-
ne ; pour (l'Italie, MM. Raineri et Salvaggo
Raggt ; pour ila Belgique, MM. Theunis et
Jaspar.
Cette première réunion s'est poursuivie
Jusqu'à une heure. Aucune communication
n'a été faite à l'issue de la séance. Les minis-
tres français, anglais, italiens et belges ont
eu un nouvel entretien, cet après-midi sur
cette même question des .réparations.
M. Briand, M. Loucheur et la priorité belge
Bruxelles, 5 janvier. — L'Etoile Belge
publie une interview que son envoyé spécial
a eue à Cannes avec M. Briand au sujet de la
question de la priorité belge. M. Briand lui
a déclaré en ponctuant ses phrases avec éner-
gie :
« Jamais la France n'a songé un seul ins-
tant à sacrifier la priorité belge. La France
ne prendra sur ce terrain aucune résolution
sans être d'accord avec la Belgique. Je l'ai
dit à Londres à l'ambassadeur de Belgique
en le priant de le faire savoir à son gouver
nement. Je m'étonne que la presse belge ait
cru devoir douter de notre bonne foi. La
France a toujours estimé que la Belgique de-
vait jouer le rôle de grande puissance au sein
du Conseil des Alliés. La Belgique a toujours
été libre : elle a cru devoir, lors de l'ac-
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