Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-01-03
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 janvier 1922 03 janvier 1922
Description : 1922/01/03 (N16228,A46). 1922/01/03 (N16228,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7512612s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
Le Numéro ; 10 C"
ABONKÏHEXÏS f il ô mois S mrti
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CS ra L'ANTERNE K DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES fc PARIS ET EN PROVINCE
46* ANNEE - JT 16.228
MARDI
3
JANVIER 1922
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Lettres anonymes
r S'il faut en croire le Malin, la ville de
Tulle serait en proie à une véritable cri-
;se d'affolement redoutable du fait d'une
campagne de Œettres anonymes dont ses
habitants sont l'objet depuis environ
trois ans. Pas un qui fasse une frasque
sans qu'elle soit dénoncée à sa fam-
ine et àktous ses amis ; pas une femme
,qui commette une' irrégularité sans que
son mari en soit informé et, avec lui,
toutes ses connaissances. Le ou les écri-
vains anonymes sont, paraît-il admi-
rablement renseignés. Au surplus ils ne
disent pas que la vérité, et, entraînés par
leur propre jeu, à la délation simple ils
ajoutent l'injure et la calomnie. Injus-
tement soupçonné, un honorable fonc-
tionnaire se serait suicidé das un accès
de neurasthénie ; un autre est, dit-on,
devenu fou.
Le Matin exagère certainement, ou
ialors ce sont les braves habitants de
ÎTulle !
Car, lorsque la lettre anonyme revêt
jee caractère général, endémique et per-
ïnanent, elle cesse d'avoir les redouta-
bles conséquences que l'on sait. Pour
jbien faire — ou plutôt pour mal faire
- la missive empoisonnée doit se ma-
nifester dans le secret, et emprunter
une force mauvaise à la particularité du
cas qu'elle dénonce. Dans un remarqua-
ble roman qui vient de paraître et in-
titulé précisément la Lettre Anonyme,
M Edmond Sée a étudié d'émouvante
tfaçon la psychologie du destinataire.
Aussi bien, en effet, la chose ne va-
t-elle pas si simplement que le croient
iCalino et le sénateur Honnorat lorsqu'ils
- affirment : « Les lettres anonymes, je
Res méprise tellement que je les jette au
(panier sans les ouvrir. »
A la vérité, on les ouvre, les messages
Infâmes, on les lit, et on pèse les accu-
sations qu'ils contiennent.Par suite d'une
sorte! d'entente collective, il est admis
4qu'on< n'en tient pas compte. Toutefois, il
n'y a là qu'une fiction d'honneur — et
leurs ravages peuvent être et sont sou-
vent considérables.
Mais à Tulle, il n'en saurait, logi-
quement, être ainsi, s'il est vrai que
depuis trois ans tout le monde ait, peu
tou prou, reçu des dénonciations, tout
en étant soi-même l'objet de celles-ci.
[Ainsi généralisé, le mal doit perdre de
isa force ? Quand le voisin subit le mê-
1ane sort que soi-même, comment s'éton-
iner et pourquoi s'affliger ?
Le renard qui avait la queue coupée
teavait fort bien que s'il entraînait cha-
cun de ses congénères à se supprimer cet
appendice, il ne serait plus l'objet de
remarques défavorables. Normalement,
il doit en être de même du monsieur à
{qui on envoie1 des lettres anonymes.Tant
qu'il est seul, il peut croire à la singu-
larité de son infortune. S'il sait que
toute la ville reçoit des missives sembla-
bles, comment donc en éprouverait-il
'.quelque émotion ?
Aussi, quand on lit que le préfet de la
jCorrèze à dû prononcer un discours
pour engager ses administrés au calme,
et que le Conseil municipal de Tulle a
été amené à prendre un arrêté solennel
sur la question, demeure-t-on un peu
éberlué.
Pourquoi les Tullistes, après avoir
pris tout cela au tragique, ne décide-
raient-ils pas de le prendre désormais
'*< à la bonne » ? On les voit très bien se
"réunissant en une aimable association
fraternelle où il serait statutairement dé-
cidé qu'on n'en parlerait jamais, jamais,
sans être à .- l'amende d'une tournée, ou,
au contraire, qu'on en rirait ensemble !
On voit très bien les restaurateurs de la
îville inscrivant sur leurs cartes le « ra-
igoût anonyme », le joyeux comique du
café-concert lançant une « chanson
.anonyme » et les modistes créant pour
ces dames un joli modèle qualifié de
[même. Le sourire et la bonne humeur
sont une cuirasse enchantée contre cer-
taines attaques ! Et, encore une fois,
iqu'est-ce qu'une inj ure quand on est en
nombre pour se la partager ?
Ou bien je me trompe fort, ou bien
la raison reprend le dessus, et le mal
étant guéri par le mal, les habitants de
Tulle vont être bientôt complètement
immunisés, mithridatisés, contre le mal
de la délation anonyme.
Bien mieux ! Quand l'accusation por-
tera sur des faits vrais ou seulement
vraisemblables, au lieu de leur donner
- attention, ils les mettront, par tendance
toute naturelle, sur le compte des men-
teurs aberrés.
Ainsi le méchant fait-il œuvre qui
ne trompe, et de l'excès du mal, le bien
pera-t-il sorti.
DELPHINE.
m n m — im
■Vw m NOUS PUBLIONS TOUS LES LUNDIS $
Le Courrier des Loyers l
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1 Habitations à bon marché 0
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ARTIIU R LEVASSEUR 2
• DEputa de la Setnt 0
LEPÈREDETROTSKY
appelle sur son jils
la malédiction du ciel
Londres, 2 janvier. — On mande de Berlin
au « Daily Express » que Léon Trotzky, pre-
mier lieutenant de Lénine et l'un des chefs
les plus en vue des Soviets, vient d'être of-
ficiellement expulsé de la Synagogue, sur la
proposition de son propre père qui l'a flétri
comme la « malédiction de l'humanité ».
Le correspondant du « Daily Express »
donne un récit émouvant de la scène qui se
passa à la Synagogue où le vieillard, tel un
prophète d'Israël, appela sur son fils la ma-
lédiction du ciel.
Le « Daily Express » se demande si cette
malédiction n'aura pas des Tésultats politi-
ques sérieux, étant donnée l'importance que
le peuple russe attache^à tout ce qui touche
le domaine religieux.
.Se servir de la majorité !
Quand on a la majorité, il faut s'en ser-
vir. C'est bien, voyons-nous, le principe de
la Chambre du Bloc National ; elle nous en a
donné beaucoup de preuves, dont une toute
récente et qui vaut d'être notée.
On sait que si l'on tient compte du recen-
sement du 6 mars 1921, i! y a, dans notre
assemblée des représentants, quatre-vingt-
seize députés en surnombre. La Chambre, se
conformant apparemment, et pour un instant,
à la loi électorale, a décidé qu'il n'y aurait pas
d'élections partielles dans les départements
où un, deux ou trois sièges doivent dispa-
raître.
La majorité a voté comme un seul homme,
car il s'agissait de refuser la parole au suf-
frage universel, dont le Bloc National re-
doute les manifestations isolées, trop réguliè-
rement défavorables à sa politique.
A peine avait-on pris cette décision que le
B. N. cherchait un autre avantage. M. Tinguy
du Pouët, songeant sans doute à son avenir,
proposait de réduire, de 100.000 à 75.000,
le nombre d'habitants pour un élu. L'honora-
ble député entendait ramener au chiffre d'a-
vant recensement le nombre des députés et
cela, bien entendu, pour le profit d'un parti
- celui qui possède actuellement la majo-
rité - au bénéfice des ruraux, auxquels
M. Tinguy veut que l'on tienne compte de
leurs « sacrifices pendant la guerre ».
Nous avons quelques bonnes raisons de
croire que la compensation offerte par
M. du Pouët n'est pas tout à fait du goût des
paysans, qui préfèrent des satisfactions plus
solides, comme, par exemple, le régime fis-
cal privilégié dont ils jouissent actuellement.
Un député put objecter judicieusement à
l'auteur de cette proposition : « Ce que vous
dites est plutôt en faveur des députés que des
électeurs. »
Hélas ! rien de plus juste ; mais quand on
a la majorité, il faut s'en servir, même au
mépris des intérêts les plus respectables. On
leur avait raconté, à ces pauvres électeurs-
contribuables, que la diminution du nombre
de leurs représentants serait la contre-partie
de l'augmentation de l'indemnité parlemen-
taire ! Cela était bon à dire ; mais M. Tin-
guy du Pouët ne veut pas de cette sorte d'é-
conomie, qui pourrait être prélevée sur sa
cassette.
Que l'on demande donc, par plébiscite, si les
ruraux de France estiment qu'ils auraient
assez de 500 députés, au lieu de 625 person-
nages à payer au taux de 27.000 francs, sans
compter le casuel ?
F. H.
BLOC-NOTES
Amnistie
contre justice
il faudrait des colonnes entières pour 'énu-
mérer les cas étranges, voire cocasses, créés
par l'amnistie ; mais l'histoire suivante est
certainement une des plus amusantes de cel-
les Qui, chaque jour, s'entendent en correc-
tionnelle.
Mme B. a trompe son mari ; celui-ci l'a
surprise en flagrant délit d'adtiltere et, impi-
toyable, la poursuit, ainsi que son complice.
Récemment, tous deux se présentaient devant
le tribunal, et l'avocat de la prévenue plaida
en ces termes :
« L'amnistie pleine et entière est accordée
aux mobilisés cités à l'ordre qui sont pour-
suivis en vertu île l'article 337 ; cette même
amnistie est également accordée aux mères
et aux femmes de ces militaires. »
Or, l'article 337 vise Vadultcre ; le tribunal
déclara donc que Mme R., puisque les faits
reprochés se passaient avant le 11 novembre
1920, était amnistiée. Résultat : les braves ci-
tés à l'ordre ont pu être trompes impuné-
ment : leur femme bénéficie de l'indulgence
du législateur, tandis Que les autres — pexit-
être moins courageux — pourront se venger
de l'épouse infidèle. Pas d'amnistie pour elle !
Voilà certainement une conséquence de
l'amnistie que n'ont pas prévue nos honora-
bles représentants. Il est de toute évidence
qu'ils n'ont pas eu l'intention d'absoudre les
trahisons de toutes les femmes de poilus qui
prenaient du bon t----:7ip" tandis que leurs
époux en prenaient de hien mauvais dans les
tranchées.
Il faut trouver là un exemple de plus de
la légèreté avec laquelle on fabrique des lois ;
malheureusement, on est parfois obligé d'ap-
nliquer les textes parlementaires et de bons
juges en arrivent précisément à constater leur
impuissance lorsqu'ils auraient de bonnes rai-
sons dpunir,
A bien réfléchir, les députés ne furent pas
mobilises — au moins pour la plupart. Ils pou-
vaient donc être, non d-ans la catégorie des
« cocufiés », mais bien dans celle des « cocu-
liants ». Ainsi s'explique peut-être par calcul
ce qui peut sembler, légèreté.
ilIXX.J,
LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES 1b
La propriété commerciale
1i!J!I e~tL* .————————
Cette propriété, exploitée et étouffée par la propriété
immobilière, demande un statut juridique équitable
—>»*r- •
Le3) prorogations de (loyer accordées au
commerce ne constituent pour celui-ci qu'un
expédient nécessaire, mais provisoire, et qui
ne doit pas lui faire oublier ses anciennes
revendications relatives à la propriété com-
merciale.
Aussi, le moment me paraît-il opportun de
reprendre les campagnes que notre journal a
naguère menées Cans ce sens. Mais, au préa-
lable, il est nécessaire de préciser, que ces
campagnes ne trnûent pas seulement à favo-
riser une catégorie économique au détriment
d'une autre ou même à protéger les com-
merçants contre d'iniques exploitations.
Nos préoccupations sont plus hautes. Nous
poursuivons en effet un but d'intérêt géné-
ral, car la réforme que nous réclamons, en
augmentant la stabilité et la valeur des fonds
de commerce, accroîtrait de plusieurs mil-
liards la fortune nationale, en même temps
qu'elle apporterait au fisc un supplément
appréciable de ressources.
Elle ~contribuerait à la paix sociale, eft fai-
sant disparaître les luttes permanentes et
irritantes qui mettent aux prises ces sœurs ju-
melles et ennemies que sont la propriété com-
merciale et la propriété immobilière.
Elle aurait surtout comme résultat d'at-
ténuer, dans une large proportion, la crise
de renchérissement. Le commerçant, en effet,
qui a payé son fonds très cher, ou, pour le
fonder, a engagé de grosses dépense^ et
craint qu'à l'expiration du bail, son proprié-
taire en l'expulsant ne lui fasse perdre ses
avances et le fruit de son travail, désire na-
turellement récupérer le plus rapidement pos-
sible les capitaux engagés dans son entrepri-
se.
Si, au contraire, il se voyait assuré de l'a-
venir, et avait la certitude de rester indéfi-
niment dans son établissement ou de pou-
voir le léguer à ses enfants, il s'efforcerait d'en
développer la prospérité, en y engageant
l'excédent de ses profits ou ses disponi-
bilités, et conservant ou étendant sa clien-
tèle, par des bas prix et la qualité de ses pro-
duits.
Il convient, en outre, d'affirmer que la me-
sure dont il s'agit, n'est pas une mesure d'ex-
ception, et ne tend pas à exproprier d'une
partie de ses droits le propriétaire de l'im-
meuble, mais est rigoureusement conforme,
non seulement aux règles de l'équité pure,
mais encore aux principes les plus certains
de l'économie politique et de nos codes.
Tels sont les divers points que je me pro-
pose de développer successivement ; mais,
tout d'abord, il me parait nécessaire de défi-
nir clairement la propriété commerciale, et
ce sera ma tâche d'aujourd'hui.
*
* *
La « Lanterne » a, je crois, publié naguère
un apologue que je demande à nos lecteurs
la permission de reprendre, car il fera plus
clairement apparaître ma pensée.
Un paysan avait greffé sur un arbre qui
ne produisait que des fruits médiocres, un
poirier d'espèce excellente et rare. Celui-ci
se développa à merveille, fournit en abon-
dance des poires succulentes, fit l'orgueil de
son propriétaire, qui le soignait avec amour,
le taillant, l'émondant, l'arrosant, et appor-
tant au pied des engrais de choix.
L'arbre porte-greffe imagina que ces soins
étaient, pour lui-même, et en devint sotte-
ment orgueilleux. L'orgueil engendre facile-
ment la jalousie, et il devint jaloux du bon
poirier. « Qu'est-ce donc, murmurait-il, que
cet intrus, qui se développant sur ma tige et à
mes dépens, partage avec moi l'admiration
que j'inspire et les gentillesses que l'on me
prodigue. Tâchons de nous en débarrasser ».
En effet, il s'appliqua,à faire au poirier tou-
tes les misères possibles, en l'étouffant de ses
branches et en ne laissant pas la sève monter
jusqu'à lui, tant et si bien qu'en fin de compte,
l'arbre persécuté creva.
Mais alors, pour le jaloux, adieu les soins,
les engrais de choix et les arrosages. Il dé-
périt, et comme il occupait inutilement et
disgracieusement la place, le paysan l'arra-
cha, le coupa et le jeta au feu.
*
$*
A la morale près, car la morale qui se
trouve dans les fable? ne se rencontre guère
Jans la vie, ceci dépeint fort bien les rap-
ports existant entre le propriétaire immobi-
lier et le propriétaire d'un fonds de commer-
ce. Le premier a fait bâtir une maison, dont
le rez-de-chaussée ne lui rapporterait pas
grand'chose. Un commerçant vient s'éta-
blir, et comme il escompte les bénéfices que
lui vaudront ses initiatives et son travail.
il consent à payer un loyer deux ou treez fois
plus élevé que celui d'un locataire ordinaire.
II aménage son local à grands frais, et, par-
fois luxueusement. Ainsi nat; le fonds de
commerce qui se développe et s'accro*:. attire
et retient une clientfre fidèle. Il devient lui-
même une propriété nouvelle greffée sur
l'ancienne, reconnue par la loi, qui en rè-
g'.â :a transmission, susceptible le droits reois
et même d'hypothèques. Elle est souvent plus
productive que l'autre, et a parfois une plus
grande \aleur.
Tant que ces deux propriétés vivent en
bon accord, l'une et l'autre prospèrent pour
le plus grand bien de chacune d'elles et
aussi de l'intérêt général. Il en fut ainsi
pendant longtemps, et il était jadis extrê-
mement rare qu'un propriétaire immobilier
donnât congé au propriétaire-commerçant,
quand il n'avait pas à se plaindre de lui.
C'est tout au plus si, lors du renouvellement, il
demandait, le cas échéant, de légères augmen-
tations justifiées par les circonstances, et fa-
cilement acceptées.
'Mais aujourd'hui, son avidité s'est accrue.
Il spécule sur la situation d'un locataire qui
ne peut pas partir sans mourir commerciale-
ment, pour le soumettre à un régime d'exac-
tions, en confisquant le plus clair de ses béné-
fices, quand, même par des procédés uniques
dont nous parlerons, il ne s'empare pas du
fonds lui-même.
Ce conflit entre deux propriét63 également
respectables, et dont ,l'une est exploitée et
étouffée par l'autre, aboutit a des conséquen-
ces inadmissibles, tant au point de vue de la
justice que de l'intérêt public. Il convient
donc que la loi y mette un terme, en donnant
un statut équitable et juridique à la propriété
commerciale.
Arthur LEVASSEUR.
député de Paris.
AVANT LA CONFÉRENCE
POLITIQUE BRITANNIQUE
ou POLITIQUE CONTINENTALE
-»OCIK-~
M. Briand devra choisir à Cannes, si l'amitié précaire
de M. Lloyd George n'est pas affirmée par des faits
——————— a
M. Lloyd George se montre, dit-on, quel-
que peu irrité en apprenant que la verve sa-
tirique des Français ne l'épargne ni dans la
presse ni sur la scène. Les rapports qui lui
sont adressés par ses agents motivent cette
humeur que M. Briand tenta sans doute de
dissiper, lorsqu'il dit à la Chambre, au re-
tour de la dernière conférence de Londres :
Je peux vous garantir que les intérêts
français ont été totalement sauvegardés ; je
dois dire que je n'y ai eu aucun mérite, et
que Y. Lloyd George, le premier, devançant
nos intentions, dans un esprit de justice qu'il
a affirmé d'une manière éclatante, n'a pas
une seule minute songé à y porter atteinte.
(Vifs applaudissements.)
Au point de notre histoire où nous som-
mes parvenus, nous ne pouvons plus juger
nos alliés que sur les actes. M. Briand, dont
la généroeité native n'exclut pas le sens des
réalités, sera sans doute amené — par l'é-
preuve décisive de Cannes succédant à celle
de Washington — à choisir entre la politi-
que de « brillant second », de l'Empire bri-
tannique, ou une politique purement conti-
nentale.
*
» *
Nous nous garderons de prétendre ici, avec
certains auteurs, que la Grande Guerre fut
une affaire anglo-allemande, dans laquelle la
France tira pour la Grande-Bretagne les mar-
rons du feu. S'il est vrai qu'en 1914, il n'y
eut en France que 60.000 fantassins britan-
niques et la division de cavalerie d'Allenby ;
s'il est exact que les troupes de Douglas
Haig n'occupèrent jamais plus des 25 0/0 de
la totalité du front, noue n'oublions pas l'ef-
fort anglais, la fraternité dans la bataille,
ni les 800.000 morts de l'Empire tombés sur
la terre française.
Ceci dit, nous pouvons, à notre aise, ap-
précier le mercantilisme anglais et ses ré-
sultats pour le Royaume-Uni.
Le rôle de la flotte marchande de nos al-
liés a été considérable, elle a dû transporter
sur le continent plus de trois millions d'hom-
mes et plus de 80 millions de tonnes de mar-
chandises. Elle a été fortement éprouvée par
les attaques des sous-marins ennemis ; mais
itout ne fut pas perdu pour elle.
Les Compagnies de navigation anglaises
distribuèrent 20 0/ sfc olu« da, Aixideiwlea JE-
tandis que toutes nos usines étaient transfor-
mées pour les fabrications de guerre, les ma-
nufactures de Manchester fabriquaient des
tissus qui nous étaient vendus au bon prix
commercial, toute l'industrie de paix, chez
nos voisins, travaillait à plein. Nous, notre
marchandise était l'obus que nous transpor-
tions au prix coûtant à l'artillerie anglaise.
Notre déficit de charbon fut comblé par
l'Angleterre, mais à quel taux ! Tandis qu'il
coûtait 40 schillings aux consommateurs an-
glais, il nous était vendu f. o. b. 120 schil.
Quelques statisticiens ont pu soutenir que
les bénéfices réalisés par l'Angleterre sur le
fret et sur le combustible couvraient ses dé-
penses de guerre !
*
**
La guerre finie, M. Lloyd George eut à dis-
cuter avec un Japonais qu'intéressaient ^tté-
diocrement les choses d'Europe, avec un
Américain noyé dans l'idéal, avec un Italien
hypnotisé par le Trentin et l'Adriatique, en-
fin avec M. Georges Clemenceau, dont toute
l'histoire est celle de la soumission constante
eux volontés de la Perfide Albion.
Comment s'étonner que les buts de guerre
britanniques aient été immédiatement at-
teints ? La flotte commerciale allemande a
été partagée entre les alliés, et il fut même
entendu que les chantiers allemands construi-
raient des navires pour les alliés pendant
quelques années ; les colonies allemandes
furent confisquées et l'Angleterre en prit la
part du lion ; la flotte de guerre boche, que
l'on devait répartir, fut engloutie traîtreu-
sement à Scapa-Flow, sans regret pour les
marins britanniques.
La maîtrise des mers et la suprématie éco-
nomique étaient donc acquises à la Grande-
Bretagne. Il ne lui restait plus qu'à en assu-
rer, à son profit, la pérennité.
Pour ce dernier but, Lloyd George n'a plus
qu'à suivre les traditions de ses illustres pré-
décesseurs qui se nomment lord Chatham,
William Pitt, Palmerston, Cantlereagh, Sals-
bury, etc.
Il fallait tout d'abord s'assurer la supré-
matie à la Société des Nations, puisque l'on
daignait en accepter l'existence ; on décida
que l'Angleterre aurait cinq satellites : Ca-
nada, Sud-Afrique, Indes, Australie, Nouvel-
le-Zélande ; la France n'a pag Eilrne pu cogi-
ter deux voix avec les 60 millions d'habi-
tants de ses colonies et protectorats.
Immédiatement après l'armistice, on déci-
da à Londres que la France était « milita-
riste », « impérialiste » et « nationaliste ».
M. Balfour lui-même dénonça ce triple dan-
ger aux Communes et révéla nos c menées »
en Rhénanie. Tout dans la politique mondiale
de l'Angleterre fut dès lors et malgré les pro-
testations amicales de Londres dirigé dans
le sens d'une lutte sourde et continue con-
tre l'influence française. L'attitude du géné-
ral Malcolm, chef de la mission britannique,
celle de l'ambassadeur d'Abernon, du minis-
tre anglais à Munich, et surtout de sir Ré-
ginald Tower en Haute-Silésie et à Dantzig,
ne laissent aucun doute sur l'hostilité latente
de l'Angleterre contre tout ce qui est fran-
çais ou allié de la France. Les mêmes faits
sont à signaler en Russie, en Amérique et en
Asie.
Hier encore à Washington, tandis que l'An-
gleterre entendait consolider sa puissance
navale, elle voulut nous priver d'une flotte
sous-marine qui n'est, hélas 1 que l'arme des
faibles.
* ,'.
**
Il s'agit aujourd'hui de savoir si M. Lloyd
George emploiera à Cannes la manière pro-
vocante ou la manière conciliatrice. Quel que
soit son parti, nous sommes d'avance fixés ;
la question se posera bientôt de savoir si
nous devons accepter la « paix anglaise »
ou chercher la possibilité d'inaugurer, même
au prix de grands sacrifices, une politique
indépendante et continentale.
- LA VALISE.
LA HAUSSE ILLICITE
sur les loyers
Un jugement effarant du tribunal d'Amiens
Le tribunal d'Amiens a une façon singulière
d'appliquer la loi sur la hausse illicite. Il y
a quelques mois, en un jugement qui fut d'ail-
leurs réformé par la Cour d'appel, il condam-
nait une débitante qui avait commis le crime
de vendre ses consommations moins cher que
le prix affiché.
Mais quand il s'agit de hausse sur les loyers,
il n'a pas assez d'indulgence pour les pro-
priétaires qui profitent de la pénurie de loge-
ments en cette ville mutilée pour faire subir
à leurs loyers des augmentations de 100 à
200 0/0.
Un de ses récents jugements cause une
réelle indignation parmi ceux qui doivent su-
bir les exigences de quelques-uns des effré-
nés spéculateurs de la ville d'Amiens.
Un riche architecte, M. Cuvillier, compa-
raissait à sa barre pour avoir porté de 1.000
à 2.500 francs le loyer d'une de ses maisons.
L'affaire, appelée d'abord en février, fit l'ob-
jet d'une enquête et des experts furent nom-
més qui, ces jours derniers, donnaient enfin
leur avis. --.
Qu'étaient ces experts ? Le représentant du
syndicat des propriétaires d'Amiens ! un ar-
chitecte (un confrère) et puis, pour la forme,
le représentant d'une association de mutilés.
Et quel fut le résultat de leur expertise ?
Tout simplement que l'architecte propriétaire
Cuvillier avait été bien modeste en ne majo-
rant son loyer que de 150 0/0, alors que d'au-
tres l'élèvent de 200 et plus.
En effet, disaient-ils, cette maison louée
1.000 francs avant la guerre, était concédée
pour un prix au-dessous de sa valeur loca-
tive. Car l'immeuble valait en 1914 au moins
30.000 francs.
Or, qu'on retienne ceci. L'architecte spécu-
lateur se doutait tellement peu que sa mai-
son valait ce prix, que quelques années plus
tôt, il en avait vendu une autre, située à côté
et exactement pareille, pour la somme de
18.000 francs, ce qui, avec les frais, la mettait
à environ 20.000 francs. Nous sommes loin
des appréciations des experts qui voient avec
des verres grossissants.
Et alors ce prix de 30.000 (1914) pouvant
être porté à 50.000 en 1919, le tribunal acquit-
ta M. Cuvillier en lui faisant presque des
excuses, car les experts estimaient qu'au taux
de 6 0/0 d'intérêt, il était encore au-dessous
du prix de loyer qui aurait pu aller jusqu'à
3.000 francs.
Mais il faut encore retenir qu'il a été dit
devant le tribunal d'Amiens, que de nombreux
loyers, dans la ville, étaient triplés et même
davantage. On peut citer des cas, tout le mon-
de en connait.
Le parquet ne s'en 6meut pas, il laisse faire
et trouve cela tout naturel.
Si ; de temps à autre, il poursuit quelque
tenancier de garni qui loue ses chambres un
peu cher. Mais les propriétaires de maisons
bourgeoises, les maîtres des loyers de la ville,
ceux-là on se garde bien d'y toucher.
Les amendes sont réservées à Crainquebille,
lorsqu'il n'affiche pas le prix de ses carottes.
LES GRANDS MATCHES DE RUGBY
La France et l'Ecosse
font match nul
Hier, à Colombes, devant une assistance
particulièrement nombreuse, se disputait le
grand match annuel : France-Ecosse.
A 14 h. 25, l'équipe d'Ecosse fait son en-
trée sur le terrain au milieu des vivats de
la foule ; elle va déposer une gerbe de
fleurs au monument des athlètas morts pour
la patrie.
A 14 h. 30, le coup d'envoi est donné par
M. Harrisson.
14 h. 35. — Mêlée. Sortie à l'Ecosse. Se-
bedio a dû changer de culotte.
14 h. 37. — Bonne charge de Got.
14 h. 38. — Coup franc à la France. Cra-
bos botte et manque le but.
14 h. 39. — Touche aux 50 mètres, coup
franc à l'Ecosse. Le jeu est égal est la mê-
lée - tient.
14 h. 39. — Sur une touche, la balle échoue
à Crabos qui est bouclé par Lidlell.
14 h. 40. — Clément reprend la balle et
remet en jeu ; la balle passe au-dessus des
trois-quarts et Jaurréguy s'en empare et
marque un essai qui n'est pas transformé.
France : 3 points.
Ecosse : 0. -
14 h. 44. Remise en jeu. Crabos botte et
sort en touche aux 50 mètres. Les Ecossais
sont menacés et Hume dégage.
14 h. 48. Coup franc à Ecosse, suivi de
touche. Les avants écossais partent en
dribbling et sont f.rrêtés par Pitfu. Mêlée à
5 mètres, la balle échoue à Browning qui
marque un essai en coin égalisant ainsi le
score.
A la mi-temps :
France : 3 points.
Ecosse : 3 points.
La partie se termine par matcll nul Fran-
ce 3 .«Qiafcs - ji Ecosse 3 points^.
PRO DOMO SUA
La défense de la Banque
de l'Indo-Cliine
par M. Thion de la Chaume
Dans un communiqué qui s'étend sur deui
colonsnes de la semaine financière dU
« Temps », M. Thion de la Chaume fait pré*
senter sa défense et celle de sa maison. Cet
étonnant financier entend prouver, contre
toute vérité, que da Banque de l'Indo-China
a fait preuye, dans l'aventure de la B. I. C.,
d'une admirable solidarité.
M. Thion de la Chaume ne, veut pas q.u £ ,
« la bonne volonté » de g sa > banque pûissa5
être suspectée et il en donne. jDour preuve
les vemements successifs que rétablissement
de la rue Laffitte fut amené à faire, d'ac-
cord avec d'autres banques, pour te sauvetage,
projeté. Ç.:
Or, on sait que la Banque privilégiée de
la rue Laffitte n'est qu'une émanation. dôl
quatre grands établissements de crédits :'.
Crédit Lyonnais, Société Générale, Comptoir
d'Escompte et Banque de Paris. L'histoire des'
négociations du gouvernement démontrera'
que les résistances furent vives aux sollfci-
lations pressantes faites en vue de secourir lai
banque en péril : le Crédit Lyonnais notam-
ment se montrait fort hostile à toute interven-
tion. Mais la décision étant prise par les quatre
établissements, il était moralement impossi-
ble que la Banque de l'Indo-Chine, la plus,
intéressée — au moins en apparence — à sou-
tenir le crédit français en Extrême-Orient nef
s'inscrivît pas pour sa part. Ce qu'elle fit,
d'ailleurs, en entravant ensuite, par tous les
moyens en son pouvoir, le succès de l'opéra-
tion à laquelle M. Thion de la Chaume avaiti
donné son adhésion, avec un dépit non dis-
simulé. -
Pour nous offrir une preuve de plus de sa!
« bonne volonté », l'administrateur de lai
Banque d'Indo-Chine, se défendant incidem-
ment d'avoir renseigné des interpelllateurs,
parle des traites pour lesquelles M. Philippef
Berthelot lui aurait demandé une proroga-
tion, mais il conte à sa manière la fameuse
histoire de la cargaison de riz du « Slavonia >4
qui donna lieu à un incident infiniment déplo-
rable pour M. Thion de 3a Chaume, et lest
parlementaires à son service. Nous rétabli*
rons demain la vérité des faits contre la lé*
gende que l'on s'efforce d'accréditer.
Si l'on veut connaître la vérité sur IW
« bonne volonté » de la Banque de l'Indo-
Chine, il suffit de lire les rapports des en-
quêteurs envoyés en Extrême-Orient par le
syndicat de sauvetage ; ils ne laissent aucun,
doute dans d'esprit le plus activement pré-,
venu.
En réalité, ainsi que nous l'avons prouvé,
ainsi que nous le prouverons encore, il n'y?
avait pas à la Banque de l'Indo-CMne des
« sauveteurs », mais bien des « naufrageurs >,
secondés par tous les Parmentier du Mi-
nistère des Finances, Telle est l'incontesté
ble vérité. ;
— P. DV*
Le eabinet portugais
offre sa démission
Vigo, 2 janvier. — Une information de List
bonne annonce que M. Cunha Leal, président;
du Conseil, a offert la. démission du iminial
tère au président de la République.
On ne sait encore exactement les motlfâ
de cette décision. Le cabinet Cunha, Leal,
constitué le 16 décembre dernier, s'était don-
né pour premier but l'organisation des élec-
tions générales. Or, il est à remarquer que
ces élections, qui devaient avoir lieu le 8 jan-
vier, avaient dû être reportées au 22 janvier.
En outre, le parti qui, en octobre dernier,
avait provoqué la chute du ministère Antonio
Granjo, manifestait une vive opposition au
cabinet Cunha Leal, à la suite de l'arrestation.
de son leader le plus influent, M. Armando de
Azevedo.
LA MEDECINE DE DEMAIN
————— -"
Prévenir ou guérir
Un projet du professeur Renon — L'examen
médical obligatoire ? — La leçon de l'avenir
L'Académie de Médecine vient d'être 1'0]).
jet d'une communication qui est loin d'être
banale. Le professeur Renon, d'auteur du livre
bien connu sur les maladies sociales, a pro-
posé à la docte assemblée, un projet de
« prévention des maladies > et l'institution
d'un carnet individuel, véritable fiche sani-
taire.
Depuis la naissance jusqu'à la mort, chaque
individu subirait un examen médical, tous les
deux ou trois ans. « Celui-ci devra compren-
dre, ajoute le professeur, l'examen du sang,
(hématologie, séro-diagnostic, hémocultures,
réaction de fixation, crises hémoclasiques,
etc.), les enti et intra-dermo-réactions, la bac*
tériologie des crachats, la radioscopie et la
radiographie des poumons, du cœur, des gros
vaisseaux, de l'appareil urinaire, du tube di-
gestif, l'urinologie et l'examen clinique com-
plet (système nerveux, viscères, nez, oreilles,
yeux). Le nombre des recherches à effectuer
suivrait le progrès des découvertes scientifi-
ques ». (Presse Médicale, page 983).
Cette fastidieuse énumération, comprenant
des méthodes que nos prédécesseurs igno-
raient entièrement, indique les pas de géant
qu'a faits la médecine au cours des dernières
années. Loin d'exciter les sarcasmes, des dia-
ciples de Molière, elle montre que notre scien-
ce tend à changer d'objet : plutôt qu'attendre
la maladie pour essayer de la guérir, on va la
prévenir.
On sait aujourd'hui que la maladie est le
plus souvent ae résultat de la lutte qui met
aux prises notre organisme avec le microbe
ou l'intoxication. Lorsque le sujet s'aperçoit
de sa douleur, de tout autre symptôme ou
d'une tumeur, le mal est déjà fait et les or-
ganes qu'il montre au médecin sont déjà des
« régions dévastées ».
Combien de gens couvent une dyspepsie
sans le savoir, combien sont loin de se douter
que leurs artères se sclérosent. Il nous est
souvent arrivé dans notre cabinet, de décon-
vrir les traces d'une maladie que l'on croyait
disparue, de voir à l'écran radiologique une
affection méconnue ou grâce à la pression ar-
térielle, mettre en garde certains sujets eut
les complications qui les guettaient. *
Ce sont là des choses que le meilleur méde-
cin n'eût pu affirmer il y a vingt-cinq ans.
C'est la science qui, pour suppléer à nos sens
insuffisants, les yeux qui examinent, les doigts
qui palpent ou l'oreille qui ausculte, nous a
donné les mille ressources du laboratoire et
des rayons X.
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46* ANNEE - JT 16.228
MARDI
3
JANVIER 1922
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Lettres anonymes
r S'il faut en croire le Malin, la ville de
Tulle serait en proie à une véritable cri-
;se d'affolement redoutable du fait d'une
campagne de Œettres anonymes dont ses
habitants sont l'objet depuis environ
trois ans. Pas un qui fasse une frasque
sans qu'elle soit dénoncée à sa fam-
ine et àktous ses amis ; pas une femme
,qui commette une' irrégularité sans que
son mari en soit informé et, avec lui,
toutes ses connaissances. Le ou les écri-
vains anonymes sont, paraît-il admi-
rablement renseignés. Au surplus ils ne
disent pas que la vérité, et, entraînés par
leur propre jeu, à la délation simple ils
ajoutent l'injure et la calomnie. Injus-
tement soupçonné, un honorable fonc-
tionnaire se serait suicidé das un accès
de neurasthénie ; un autre est, dit-on,
devenu fou.
Le Matin exagère certainement, ou
ialors ce sont les braves habitants de
ÎTulle !
Car, lorsque la lettre anonyme revêt
jee caractère général, endémique et per-
ïnanent, elle cesse d'avoir les redouta-
bles conséquences que l'on sait. Pour
jbien faire — ou plutôt pour mal faire
- la missive empoisonnée doit se ma-
nifester dans le secret, et emprunter
une force mauvaise à la particularité du
cas qu'elle dénonce. Dans un remarqua-
ble roman qui vient de paraître et in-
titulé précisément la Lettre Anonyme,
M Edmond Sée a étudié d'émouvante
tfaçon la psychologie du destinataire.
Aussi bien, en effet, la chose ne va-
t-elle pas si simplement que le croient
iCalino et le sénateur Honnorat lorsqu'ils
- affirment : « Les lettres anonymes, je
Res méprise tellement que je les jette au
(panier sans les ouvrir. »
A la vérité, on les ouvre, les messages
Infâmes, on les lit, et on pèse les accu-
sations qu'ils contiennent.Par suite d'une
sorte! d'entente collective, il est admis
4qu'on< n'en tient pas compte. Toutefois, il
n'y a là qu'une fiction d'honneur — et
leurs ravages peuvent être et sont sou-
vent considérables.
Mais à Tulle, il n'en saurait, logi-
quement, être ainsi, s'il est vrai que
depuis trois ans tout le monde ait, peu
tou prou, reçu des dénonciations, tout
en étant soi-même l'objet de celles-ci.
[Ainsi généralisé, le mal doit perdre de
isa force ? Quand le voisin subit le mê-
1ane sort que soi-même, comment s'éton-
iner et pourquoi s'affliger ?
Le renard qui avait la queue coupée
teavait fort bien que s'il entraînait cha-
cun de ses congénères à se supprimer cet
appendice, il ne serait plus l'objet de
remarques défavorables. Normalement,
il doit en être de même du monsieur à
{qui on envoie1 des lettres anonymes.Tant
qu'il est seul, il peut croire à la singu-
larité de son infortune. S'il sait que
toute la ville reçoit des missives sembla-
bles, comment donc en éprouverait-il
'.quelque émotion ?
Aussi, quand on lit que le préfet de la
jCorrèze à dû prononcer un discours
pour engager ses administrés au calme,
et que le Conseil municipal de Tulle a
été amené à prendre un arrêté solennel
sur la question, demeure-t-on un peu
éberlué.
Pourquoi les Tullistes, après avoir
pris tout cela au tragique, ne décide-
raient-ils pas de le prendre désormais
'*< à la bonne » ? On les voit très bien se
"réunissant en une aimable association
fraternelle où il serait statutairement dé-
cidé qu'on n'en parlerait jamais, jamais,
sans être à .- l'amende d'une tournée, ou,
au contraire, qu'on en rirait ensemble !
On voit très bien les restaurateurs de la
îville inscrivant sur leurs cartes le « ra-
igoût anonyme », le joyeux comique du
café-concert lançant une « chanson
.anonyme » et les modistes créant pour
ces dames un joli modèle qualifié de
[même. Le sourire et la bonne humeur
sont une cuirasse enchantée contre cer-
taines attaques ! Et, encore une fois,
iqu'est-ce qu'une inj ure quand on est en
nombre pour se la partager ?
Ou bien je me trompe fort, ou bien
la raison reprend le dessus, et le mal
étant guéri par le mal, les habitants de
Tulle vont être bientôt complètement
immunisés, mithridatisés, contre le mal
de la délation anonyme.
Bien mieux ! Quand l'accusation por-
tera sur des faits vrais ou seulement
vraisemblables, au lieu de leur donner
- attention, ils les mettront, par tendance
toute naturelle, sur le compte des men-
teurs aberrés.
Ainsi le méchant fait-il œuvre qui
ne trompe, et de l'excès du mal, le bien
pera-t-il sorti.
DELPHINE.
m n m — im
■Vw
Le Courrier des Loyers l
0 et des 9
1 Habitations à bon marché 0
0 sous la direction de a
ARTIIU R LEVASSEUR 2
• DEputa de la Setnt 0
LEPÈREDETROTSKY
appelle sur son jils
la malédiction du ciel
Londres, 2 janvier. — On mande de Berlin
au « Daily Express » que Léon Trotzky, pre-
mier lieutenant de Lénine et l'un des chefs
les plus en vue des Soviets, vient d'être of-
ficiellement expulsé de la Synagogue, sur la
proposition de son propre père qui l'a flétri
comme la « malédiction de l'humanité ».
Le correspondant du « Daily Express »
donne un récit émouvant de la scène qui se
passa à la Synagogue où le vieillard, tel un
prophète d'Israël, appela sur son fils la ma-
lédiction du ciel.
Le « Daily Express » se demande si cette
malédiction n'aura pas des Tésultats politi-
ques sérieux, étant donnée l'importance que
le peuple russe attache^à tout ce qui touche
le domaine religieux.
.Se servir de la majorité !
Quand on a la majorité, il faut s'en ser-
vir. C'est bien, voyons-nous, le principe de
la Chambre du Bloc National ; elle nous en a
donné beaucoup de preuves, dont une toute
récente et qui vaut d'être notée.
On sait que si l'on tient compte du recen-
sement du 6 mars 1921, i! y a, dans notre
assemblée des représentants, quatre-vingt-
seize députés en surnombre. La Chambre, se
conformant apparemment, et pour un instant,
à la loi électorale, a décidé qu'il n'y aurait pas
d'élections partielles dans les départements
où un, deux ou trois sièges doivent dispa-
raître.
La majorité a voté comme un seul homme,
car il s'agissait de refuser la parole au suf-
frage universel, dont le Bloc National re-
doute les manifestations isolées, trop réguliè-
rement défavorables à sa politique.
A peine avait-on pris cette décision que le
B. N. cherchait un autre avantage. M. Tinguy
du Pouët, songeant sans doute à son avenir,
proposait de réduire, de 100.000 à 75.000,
le nombre d'habitants pour un élu. L'honora-
ble député entendait ramener au chiffre d'a-
vant recensement le nombre des députés et
cela, bien entendu, pour le profit d'un parti
- celui qui possède actuellement la majo-
rité - au bénéfice des ruraux, auxquels
M. Tinguy veut que l'on tienne compte de
leurs « sacrifices pendant la guerre ».
Nous avons quelques bonnes raisons de
croire que la compensation offerte par
M. du Pouët n'est pas tout à fait du goût des
paysans, qui préfèrent des satisfactions plus
solides, comme, par exemple, le régime fis-
cal privilégié dont ils jouissent actuellement.
Un député put objecter judicieusement à
l'auteur de cette proposition : « Ce que vous
dites est plutôt en faveur des députés que des
électeurs. »
Hélas ! rien de plus juste ; mais quand on
a la majorité, il faut s'en servir, même au
mépris des intérêts les plus respectables. On
leur avait raconté, à ces pauvres électeurs-
contribuables, que la diminution du nombre
de leurs représentants serait la contre-partie
de l'augmentation de l'indemnité parlemen-
taire ! Cela était bon à dire ; mais M. Tin-
guy du Pouët ne veut pas de cette sorte d'é-
conomie, qui pourrait être prélevée sur sa
cassette.
Que l'on demande donc, par plébiscite, si les
ruraux de France estiment qu'ils auraient
assez de 500 députés, au lieu de 625 person-
nages à payer au taux de 27.000 francs, sans
compter le casuel ?
F. H.
BLOC-NOTES
Amnistie
contre justice
il faudrait des colonnes entières pour 'énu-
mérer les cas étranges, voire cocasses, créés
par l'amnistie ; mais l'histoire suivante est
certainement une des plus amusantes de cel-
les Qui, chaque jour, s'entendent en correc-
tionnelle.
Mme B. a trompe son mari ; celui-ci l'a
surprise en flagrant délit d'adtiltere et, impi-
toyable, la poursuit, ainsi que son complice.
Récemment, tous deux se présentaient devant
le tribunal, et l'avocat de la prévenue plaida
en ces termes :
« L'amnistie pleine et entière est accordée
aux mobilisés cités à l'ordre qui sont pour-
suivis en vertu île l'article 337 ; cette même
amnistie est également accordée aux mères
et aux femmes de ces militaires. »
Or, l'article 337 vise Vadultcre ; le tribunal
déclara donc que Mme R., puisque les faits
reprochés se passaient avant le 11 novembre
1920, était amnistiée. Résultat : les braves ci-
tés à l'ordre ont pu être trompes impuné-
ment : leur femme bénéficie de l'indulgence
du législateur, tandis Que les autres — pexit-
être moins courageux — pourront se venger
de l'épouse infidèle. Pas d'amnistie pour elle !
Voilà certainement une conséquence de
l'amnistie que n'ont pas prévue nos honora-
bles représentants. Il est de toute évidence
qu'ils n'ont pas eu l'intention d'absoudre les
trahisons de toutes les femmes de poilus qui
prenaient du bon t----:7ip" tandis que leurs
époux en prenaient de hien mauvais dans les
tranchées.
Il faut trouver là un exemple de plus de
la légèreté avec laquelle on fabrique des lois ;
malheureusement, on est parfois obligé d'ap-
nliquer les textes parlementaires et de bons
juges en arrivent précisément à constater leur
impuissance lorsqu'ils auraient de bonnes rai-
sons dpunir,
A bien réfléchir, les députés ne furent pas
mobilises — au moins pour la plupart. Ils pou-
vaient donc être, non d-ans la catégorie des
« cocufiés », mais bien dans celle des « cocu-
liants ». Ainsi s'explique peut-être par calcul
ce qui peut sembler, légèreté.
ilIXX.J,
LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES 1b
La propriété commerciale
1i!J!I e~tL* .————————
Cette propriété, exploitée et étouffée par la propriété
immobilière, demande un statut juridique équitable
—>»*r- •
Le3) prorogations de (loyer accordées au
commerce ne constituent pour celui-ci qu'un
expédient nécessaire, mais provisoire, et qui
ne doit pas lui faire oublier ses anciennes
revendications relatives à la propriété com-
merciale.
Aussi, le moment me paraît-il opportun de
reprendre les campagnes que notre journal a
naguère menées Cans ce sens. Mais, au préa-
lable, il est nécessaire de préciser, que ces
campagnes ne trnûent pas seulement à favo-
riser une catégorie économique au détriment
d'une autre ou même à protéger les com-
merçants contre d'iniques exploitations.
Nos préoccupations sont plus hautes. Nous
poursuivons en effet un but d'intérêt géné-
ral, car la réforme que nous réclamons, en
augmentant la stabilité et la valeur des fonds
de commerce, accroîtrait de plusieurs mil-
liards la fortune nationale, en même temps
qu'elle apporterait au fisc un supplément
appréciable de ressources.
Elle ~contribuerait à la paix sociale, eft fai-
sant disparaître les luttes permanentes et
irritantes qui mettent aux prises ces sœurs ju-
melles et ennemies que sont la propriété com-
merciale et la propriété immobilière.
Elle aurait surtout comme résultat d'at-
ténuer, dans une large proportion, la crise
de renchérissement. Le commerçant, en effet,
qui a payé son fonds très cher, ou, pour le
fonder, a engagé de grosses dépense^ et
craint qu'à l'expiration du bail, son proprié-
taire en l'expulsant ne lui fasse perdre ses
avances et le fruit de son travail, désire na-
turellement récupérer le plus rapidement pos-
sible les capitaux engagés dans son entrepri-
se.
Si, au contraire, il se voyait assuré de l'a-
venir, et avait la certitude de rester indéfi-
niment dans son établissement ou de pou-
voir le léguer à ses enfants, il s'efforcerait d'en
développer la prospérité, en y engageant
l'excédent de ses profits ou ses disponi-
bilités, et conservant ou étendant sa clien-
tèle, par des bas prix et la qualité de ses pro-
duits.
Il convient, en outre, d'affirmer que la me-
sure dont il s'agit, n'est pas une mesure d'ex-
ception, et ne tend pas à exproprier d'une
partie de ses droits le propriétaire de l'im-
meuble, mais est rigoureusement conforme,
non seulement aux règles de l'équité pure,
mais encore aux principes les plus certains
de l'économie politique et de nos codes.
Tels sont les divers points que je me pro-
pose de développer successivement ; mais,
tout d'abord, il me parait nécessaire de défi-
nir clairement la propriété commerciale, et
ce sera ma tâche d'aujourd'hui.
*
* *
La « Lanterne » a, je crois, publié naguère
un apologue que je demande à nos lecteurs
la permission de reprendre, car il fera plus
clairement apparaître ma pensée.
Un paysan avait greffé sur un arbre qui
ne produisait que des fruits médiocres, un
poirier d'espèce excellente et rare. Celui-ci
se développa à merveille, fournit en abon-
dance des poires succulentes, fit l'orgueil de
son propriétaire, qui le soignait avec amour,
le taillant, l'émondant, l'arrosant, et appor-
tant au pied des engrais de choix.
L'arbre porte-greffe imagina que ces soins
étaient, pour lui-même, et en devint sotte-
ment orgueilleux. L'orgueil engendre facile-
ment la jalousie, et il devint jaloux du bon
poirier. « Qu'est-ce donc, murmurait-il, que
cet intrus, qui se développant sur ma tige et à
mes dépens, partage avec moi l'admiration
que j'inspire et les gentillesses que l'on me
prodigue. Tâchons de nous en débarrasser ».
En effet, il s'appliqua,à faire au poirier tou-
tes les misères possibles, en l'étouffant de ses
branches et en ne laissant pas la sève monter
jusqu'à lui, tant et si bien qu'en fin de compte,
l'arbre persécuté creva.
Mais alors, pour le jaloux, adieu les soins,
les engrais de choix et les arrosages. Il dé-
périt, et comme il occupait inutilement et
disgracieusement la place, le paysan l'arra-
cha, le coupa et le jeta au feu.
*
$*
A la morale près, car la morale qui se
trouve dans les fable? ne se rencontre guère
Jans la vie, ceci dépeint fort bien les rap-
ports existant entre le propriétaire immobi-
lier et le propriétaire d'un fonds de commer-
ce. Le premier a fait bâtir une maison, dont
le rez-de-chaussée ne lui rapporterait pas
grand'chose. Un commerçant vient s'éta-
blir, et comme il escompte les bénéfices que
lui vaudront ses initiatives et son travail.
il consent à payer un loyer deux ou treez fois
plus élevé que celui d'un locataire ordinaire.
II aménage son local à grands frais, et, par-
fois luxueusement. Ainsi nat; le fonds de
commerce qui se développe et s'accro*:. attire
et retient une clientfre fidèle. Il devient lui-
même une propriété nouvelle greffée sur
l'ancienne, reconnue par la loi, qui en rè-
g'.â :a transmission, susceptible le droits reois
et même d'hypothèques. Elle est souvent plus
productive que l'autre, et a parfois une plus
grande \aleur.
Tant que ces deux propriétés vivent en
bon accord, l'une et l'autre prospèrent pour
le plus grand bien de chacune d'elles et
aussi de l'intérêt général. Il en fut ainsi
pendant longtemps, et il était jadis extrê-
mement rare qu'un propriétaire immobilier
donnât congé au propriétaire-commerçant,
quand il n'avait pas à se plaindre de lui.
C'est tout au plus si, lors du renouvellement, il
demandait, le cas échéant, de légères augmen-
tations justifiées par les circonstances, et fa-
cilement acceptées.
'Mais aujourd'hui, son avidité s'est accrue.
Il spécule sur la situation d'un locataire qui
ne peut pas partir sans mourir commerciale-
ment, pour le soumettre à un régime d'exac-
tions, en confisquant le plus clair de ses béné-
fices, quand, même par des procédés uniques
dont nous parlerons, il ne s'empare pas du
fonds lui-même.
Ce conflit entre deux propriét63 également
respectables, et dont ,l'une est exploitée et
étouffée par l'autre, aboutit a des conséquen-
ces inadmissibles, tant au point de vue de la
justice que de l'intérêt public. Il convient
donc que la loi y mette un terme, en donnant
un statut équitable et juridique à la propriété
commerciale.
Arthur LEVASSEUR.
député de Paris.
AVANT LA CONFÉRENCE
POLITIQUE BRITANNIQUE
ou POLITIQUE CONTINENTALE
-»OCIK-~
M. Briand devra choisir à Cannes, si l'amitié précaire
de M. Lloyd George n'est pas affirmée par des faits
——————— a
M. Lloyd George se montre, dit-on, quel-
que peu irrité en apprenant que la verve sa-
tirique des Français ne l'épargne ni dans la
presse ni sur la scène. Les rapports qui lui
sont adressés par ses agents motivent cette
humeur que M. Briand tenta sans doute de
dissiper, lorsqu'il dit à la Chambre, au re-
tour de la dernière conférence de Londres :
Je peux vous garantir que les intérêts
français ont été totalement sauvegardés ; je
dois dire que je n'y ai eu aucun mérite, et
que Y. Lloyd George, le premier, devançant
nos intentions, dans un esprit de justice qu'il
a affirmé d'une manière éclatante, n'a pas
une seule minute songé à y porter atteinte.
(Vifs applaudissements.)
Au point de notre histoire où nous som-
mes parvenus, nous ne pouvons plus juger
nos alliés que sur les actes. M. Briand, dont
la généroeité native n'exclut pas le sens des
réalités, sera sans doute amené — par l'é-
preuve décisive de Cannes succédant à celle
de Washington — à choisir entre la politi-
que de « brillant second », de l'Empire bri-
tannique, ou une politique purement conti-
nentale.
*
» *
Nous nous garderons de prétendre ici, avec
certains auteurs, que la Grande Guerre fut
une affaire anglo-allemande, dans laquelle la
France tira pour la Grande-Bretagne les mar-
rons du feu. S'il est vrai qu'en 1914, il n'y
eut en France que 60.000 fantassins britan-
niques et la division de cavalerie d'Allenby ;
s'il est exact que les troupes de Douglas
Haig n'occupèrent jamais plus des 25 0/0 de
la totalité du front, noue n'oublions pas l'ef-
fort anglais, la fraternité dans la bataille,
ni les 800.000 morts de l'Empire tombés sur
la terre française.
Ceci dit, nous pouvons, à notre aise, ap-
précier le mercantilisme anglais et ses ré-
sultats pour le Royaume-Uni.
Le rôle de la flotte marchande de nos al-
liés a été considérable, elle a dû transporter
sur le continent plus de trois millions d'hom-
mes et plus de 80 millions de tonnes de mar-
chandises. Elle a été fortement éprouvée par
les attaques des sous-marins ennemis ; mais
itout ne fut pas perdu pour elle.
Les Compagnies de navigation anglaises
distribuèrent 20 0/ sfc olu« da, Aixideiwlea JE-
tandis que toutes nos usines étaient transfor-
mées pour les fabrications de guerre, les ma-
nufactures de Manchester fabriquaient des
tissus qui nous étaient vendus au bon prix
commercial, toute l'industrie de paix, chez
nos voisins, travaillait à plein. Nous, notre
marchandise était l'obus que nous transpor-
tions au prix coûtant à l'artillerie anglaise.
Notre déficit de charbon fut comblé par
l'Angleterre, mais à quel taux ! Tandis qu'il
coûtait 40 schillings aux consommateurs an-
glais, il nous était vendu f. o. b. 120 schil.
Quelques statisticiens ont pu soutenir que
les bénéfices réalisés par l'Angleterre sur le
fret et sur le combustible couvraient ses dé-
penses de guerre !
*
**
La guerre finie, M. Lloyd George eut à dis-
cuter avec un Japonais qu'intéressaient ^tté-
diocrement les choses d'Europe, avec un
Américain noyé dans l'idéal, avec un Italien
hypnotisé par le Trentin et l'Adriatique, en-
fin avec M. Georges Clemenceau, dont toute
l'histoire est celle de la soumission constante
eux volontés de la Perfide Albion.
Comment s'étonner que les buts de guerre
britanniques aient été immédiatement at-
teints ? La flotte commerciale allemande a
été partagée entre les alliés, et il fut même
entendu que les chantiers allemands construi-
raient des navires pour les alliés pendant
quelques années ; les colonies allemandes
furent confisquées et l'Angleterre en prit la
part du lion ; la flotte de guerre boche, que
l'on devait répartir, fut engloutie traîtreu-
sement à Scapa-Flow, sans regret pour les
marins britanniques.
La maîtrise des mers et la suprématie éco-
nomique étaient donc acquises à la Grande-
Bretagne. Il ne lui restait plus qu'à en assu-
rer, à son profit, la pérennité.
Pour ce dernier but, Lloyd George n'a plus
qu'à suivre les traditions de ses illustres pré-
décesseurs qui se nomment lord Chatham,
William Pitt, Palmerston, Cantlereagh, Sals-
bury, etc.
Il fallait tout d'abord s'assurer la supré-
matie à la Société des Nations, puisque l'on
daignait en accepter l'existence ; on décida
que l'Angleterre aurait cinq satellites : Ca-
nada, Sud-Afrique, Indes, Australie, Nouvel-
le-Zélande ; la France n'a pag Eilrne pu cogi-
ter deux voix avec les 60 millions d'habi-
tants de ses colonies et protectorats.
Immédiatement après l'armistice, on déci-
da à Londres que la France était « milita-
riste », « impérialiste » et « nationaliste ».
M. Balfour lui-même dénonça ce triple dan-
ger aux Communes et révéla nos c menées »
en Rhénanie. Tout dans la politique mondiale
de l'Angleterre fut dès lors et malgré les pro-
testations amicales de Londres dirigé dans
le sens d'une lutte sourde et continue con-
tre l'influence française. L'attitude du géné-
ral Malcolm, chef de la mission britannique,
celle de l'ambassadeur d'Abernon, du minis-
tre anglais à Munich, et surtout de sir Ré-
ginald Tower en Haute-Silésie et à Dantzig,
ne laissent aucun doute sur l'hostilité latente
de l'Angleterre contre tout ce qui est fran-
çais ou allié de la France. Les mêmes faits
sont à signaler en Russie, en Amérique et en
Asie.
Hier encore à Washington, tandis que l'An-
gleterre entendait consolider sa puissance
navale, elle voulut nous priver d'une flotte
sous-marine qui n'est, hélas 1 que l'arme des
faibles.
* ,'.
**
Il s'agit aujourd'hui de savoir si M. Lloyd
George emploiera à Cannes la manière pro-
vocante ou la manière conciliatrice. Quel que
soit son parti, nous sommes d'avance fixés ;
la question se posera bientôt de savoir si
nous devons accepter la « paix anglaise »
ou chercher la possibilité d'inaugurer, même
au prix de grands sacrifices, une politique
indépendante et continentale.
- LA VALISE.
LA HAUSSE ILLICITE
sur les loyers
Un jugement effarant du tribunal d'Amiens
Le tribunal d'Amiens a une façon singulière
d'appliquer la loi sur la hausse illicite. Il y
a quelques mois, en un jugement qui fut d'ail-
leurs réformé par la Cour d'appel, il condam-
nait une débitante qui avait commis le crime
de vendre ses consommations moins cher que
le prix affiché.
Mais quand il s'agit de hausse sur les loyers,
il n'a pas assez d'indulgence pour les pro-
priétaires qui profitent de la pénurie de loge-
ments en cette ville mutilée pour faire subir
à leurs loyers des augmentations de 100 à
200 0/0.
Un de ses récents jugements cause une
réelle indignation parmi ceux qui doivent su-
bir les exigences de quelques-uns des effré-
nés spéculateurs de la ville d'Amiens.
Un riche architecte, M. Cuvillier, compa-
raissait à sa barre pour avoir porté de 1.000
à 2.500 francs le loyer d'une de ses maisons.
L'affaire, appelée d'abord en février, fit l'ob-
jet d'une enquête et des experts furent nom-
més qui, ces jours derniers, donnaient enfin
leur avis. --.
Qu'étaient ces experts ? Le représentant du
syndicat des propriétaires d'Amiens ! un ar-
chitecte (un confrère) et puis, pour la forme,
le représentant d'une association de mutilés.
Et quel fut le résultat de leur expertise ?
Tout simplement que l'architecte propriétaire
Cuvillier avait été bien modeste en ne majo-
rant son loyer que de 150 0/0, alors que d'au-
tres l'élèvent de 200 et plus.
En effet, disaient-ils, cette maison louée
1.000 francs avant la guerre, était concédée
pour un prix au-dessous de sa valeur loca-
tive. Car l'immeuble valait en 1914 au moins
30.000 francs.
Or, qu'on retienne ceci. L'architecte spécu-
lateur se doutait tellement peu que sa mai-
son valait ce prix, que quelques années plus
tôt, il en avait vendu une autre, située à côté
et exactement pareille, pour la somme de
18.000 francs, ce qui, avec les frais, la mettait
à environ 20.000 francs. Nous sommes loin
des appréciations des experts qui voient avec
des verres grossissants.
Et alors ce prix de 30.000 (1914) pouvant
être porté à 50.000 en 1919, le tribunal acquit-
ta M. Cuvillier en lui faisant presque des
excuses, car les experts estimaient qu'au taux
de 6 0/0 d'intérêt, il était encore au-dessous
du prix de loyer qui aurait pu aller jusqu'à
3.000 francs.
Mais il faut encore retenir qu'il a été dit
devant le tribunal d'Amiens, que de nombreux
loyers, dans la ville, étaient triplés et même
davantage. On peut citer des cas, tout le mon-
de en connait.
Le parquet ne s'en 6meut pas, il laisse faire
et trouve cela tout naturel.
Si ; de temps à autre, il poursuit quelque
tenancier de garni qui loue ses chambres un
peu cher. Mais les propriétaires de maisons
bourgeoises, les maîtres des loyers de la ville,
ceux-là on se garde bien d'y toucher.
Les amendes sont réservées à Crainquebille,
lorsqu'il n'affiche pas le prix de ses carottes.
LES GRANDS MATCHES DE RUGBY
La France et l'Ecosse
font match nul
Hier, à Colombes, devant une assistance
particulièrement nombreuse, se disputait le
grand match annuel : France-Ecosse.
A 14 h. 25, l'équipe d'Ecosse fait son en-
trée sur le terrain au milieu des vivats de
la foule ; elle va déposer une gerbe de
fleurs au monument des athlètas morts pour
la patrie.
A 14 h. 30, le coup d'envoi est donné par
M. Harrisson.
14 h. 35. — Mêlée. Sortie à l'Ecosse. Se-
bedio a dû changer de culotte.
14 h. 37. — Bonne charge de Got.
14 h. 38. — Coup franc à la France. Cra-
bos botte et manque le but.
14 h. 39. — Touche aux 50 mètres, coup
franc à l'Ecosse. Le jeu est égal est la mê-
lée - tient.
14 h. 39. — Sur une touche, la balle échoue
à Crabos qui est bouclé par Lidlell.
14 h. 40. — Clément reprend la balle et
remet en jeu ; la balle passe au-dessus des
trois-quarts et Jaurréguy s'en empare et
marque un essai qui n'est pas transformé.
France : 3 points.
Ecosse : 0. -
14 h. 44. Remise en jeu. Crabos botte et
sort en touche aux 50 mètres. Les Ecossais
sont menacés et Hume dégage.
14 h. 48. Coup franc à Ecosse, suivi de
touche. Les avants écossais partent en
dribbling et sont f.rrêtés par Pitfu. Mêlée à
5 mètres, la balle échoue à Browning qui
marque un essai en coin égalisant ainsi le
score.
A la mi-temps :
France : 3 points.
Ecosse : 3 points.
La partie se termine par matcll nul Fran-
ce 3 .«Qiafcs - ji Ecosse 3 points^.
PRO DOMO SUA
La défense de la Banque
de l'Indo-Cliine
par M. Thion de la Chaume
Dans un communiqué qui s'étend sur deui
colonsnes de la semaine financière dU
« Temps », M. Thion de la Chaume fait pré*
senter sa défense et celle de sa maison. Cet
étonnant financier entend prouver, contre
toute vérité, que da Banque de l'Indo-China
a fait preuye, dans l'aventure de la B. I. C.,
d'une admirable solidarité.
M. Thion de la Chaume ne, veut pas q.u £ ,
« la bonne volonté » de g sa > banque pûissa5
être suspectée et il en donne. jDour preuve
les vemements successifs que rétablissement
de la rue Laffitte fut amené à faire, d'ac-
cord avec d'autres banques, pour te sauvetage,
projeté. Ç.:
Or, on sait que la Banque privilégiée de
la rue Laffitte n'est qu'une émanation. dôl
quatre grands établissements de crédits :'.
Crédit Lyonnais, Société Générale, Comptoir
d'Escompte et Banque de Paris. L'histoire des'
négociations du gouvernement démontrera'
que les résistances furent vives aux sollfci-
lations pressantes faites en vue de secourir lai
banque en péril : le Crédit Lyonnais notam-
ment se montrait fort hostile à toute interven-
tion. Mais la décision étant prise par les quatre
établissements, il était moralement impossi-
ble que la Banque de l'Indo-Chine, la plus,
intéressée — au moins en apparence — à sou-
tenir le crédit français en Extrême-Orient nef
s'inscrivît pas pour sa part. Ce qu'elle fit,
d'ailleurs, en entravant ensuite, par tous les
moyens en son pouvoir, le succès de l'opéra-
tion à laquelle M. Thion de la Chaume avaiti
donné son adhésion, avec un dépit non dis-
simulé. -
Pour nous offrir une preuve de plus de sa!
« bonne volonté », l'administrateur de lai
Banque d'Indo-Chine, se défendant incidem-
ment d'avoir renseigné des interpelllateurs,
parle des traites pour lesquelles M. Philippef
Berthelot lui aurait demandé une proroga-
tion, mais il conte à sa manière la fameuse
histoire de la cargaison de riz du « Slavonia >4
qui donna lieu à un incident infiniment déplo-
rable pour M. Thion de 3a Chaume, et lest
parlementaires à son service. Nous rétabli*
rons demain la vérité des faits contre la lé*
gende que l'on s'efforce d'accréditer.
Si l'on veut connaître la vérité sur IW
« bonne volonté » de la Banque de l'Indo-
Chine, il suffit de lire les rapports des en-
quêteurs envoyés en Extrême-Orient par le
syndicat de sauvetage ; ils ne laissent aucun,
doute dans d'esprit le plus activement pré-,
venu.
En réalité, ainsi que nous l'avons prouvé,
ainsi que nous le prouverons encore, il n'y?
avait pas à la Banque de l'Indo-CMne des
« sauveteurs », mais bien des « naufrageurs >,
secondés par tous les Parmentier du Mi-
nistère des Finances, Telle est l'incontesté
ble vérité. ;
— P. DV*
Le eabinet portugais
offre sa démission
Vigo, 2 janvier. — Une information de List
bonne annonce que M. Cunha Leal, président;
du Conseil, a offert la. démission du iminial
tère au président de la République.
On ne sait encore exactement les motlfâ
de cette décision. Le cabinet Cunha, Leal,
constitué le 16 décembre dernier, s'était don-
né pour premier but l'organisation des élec-
tions générales. Or, il est à remarquer que
ces élections, qui devaient avoir lieu le 8 jan-
vier, avaient dû être reportées au 22 janvier.
En outre, le parti qui, en octobre dernier,
avait provoqué la chute du ministère Antonio
Granjo, manifestait une vive opposition au
cabinet Cunha Leal, à la suite de l'arrestation.
de son leader le plus influent, M. Armando de
Azevedo.
LA MEDECINE DE DEMAIN
————— -"
Prévenir ou guérir
Un projet du professeur Renon — L'examen
médical obligatoire ? — La leçon de l'avenir
L'Académie de Médecine vient d'être 1'0]).
jet d'une communication qui est loin d'être
banale. Le professeur Renon, d'auteur du livre
bien connu sur les maladies sociales, a pro-
posé à la docte assemblée, un projet de
« prévention des maladies > et l'institution
d'un carnet individuel, véritable fiche sani-
taire.
Depuis la naissance jusqu'à la mort, chaque
individu subirait un examen médical, tous les
deux ou trois ans. « Celui-ci devra compren-
dre, ajoute le professeur, l'examen du sang,
(hématologie, séro-diagnostic, hémocultures,
réaction de fixation, crises hémoclasiques,
etc.), les enti et intra-dermo-réactions, la bac*
tériologie des crachats, la radioscopie et la
radiographie des poumons, du cœur, des gros
vaisseaux, de l'appareil urinaire, du tube di-
gestif, l'urinologie et l'examen clinique com-
plet (système nerveux, viscères, nez, oreilles,
yeux). Le nombre des recherches à effectuer
suivrait le progrès des découvertes scientifi-
ques ». (Presse Médicale, page 983).
Cette fastidieuse énumération, comprenant
des méthodes que nos prédécesseurs igno-
raient entièrement, indique les pas de géant
qu'a faits la médecine au cours des dernières
années. Loin d'exciter les sarcasmes, des dia-
ciples de Molière, elle montre que notre scien-
ce tend à changer d'objet : plutôt qu'attendre
la maladie pour essayer de la guérir, on va la
prévenir.
On sait aujourd'hui que la maladie est le
plus souvent ae résultat de la lutte qui met
aux prises notre organisme avec le microbe
ou l'intoxication. Lorsque le sujet s'aperçoit
de sa douleur, de tout autre symptôme ou
d'une tumeur, le mal est déjà fait et les or-
ganes qu'il montre au médecin sont déjà des
« régions dévastées ».
Combien de gens couvent une dyspepsie
sans le savoir, combien sont loin de se douter
que leurs artères se sclérosent. Il nous est
souvent arrivé dans notre cabinet, de décon-
vrir les traces d'une maladie que l'on croyait
disparue, de voir à l'écran radiologique une
affection méconnue ou grâce à la pression ar-
térielle, mettre en garde certains sujets eut
les complications qui les guettaient. *
Ce sont là des choses que le meilleur méde-
cin n'eût pu affirmer il y a vingt-cinq ans.
C'est la science qui, pour suppléer à nos sens
insuffisants, les yeux qui examinent, les doigts
qui palpent ou l'oreille qui ausculte, nous a
donné les mille ressources du laboratoire et
des rayons X.
\, C'est pourquoi le RrMeasçiw E&m 1 If
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