Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-09-09
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 septembre 1922 09 septembre 1922
Description : 1922/09/09 (N16476,A46). 1922/09/09 (N16476,A46).
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2012
EN k EXNIERNE g PPI$ETRE RENDUE DIX CENTIMES ? PARIS ET EN PROVINCE
:, i i H iiÉtiimi ',C" ,t' II»M r-m jmmu» *sr- w 1 - » -
Le Numéro : 10 CMet
abonnements lan 6 m. S m.
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Çelne et S.-«t-0. 25 » 13 » 7 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 60
étranger 65 » 28 » 15 »
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46* ANNEE." H' 16.476
SAMEDI
r, 9
SEPTEMBRE 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non
ne sont pas rendu*
Inlip el en toc
Quand je pénétrai dans sa boutique,
Roboam, le vieux père antiquaire, ca-
ressait de ses doigts affreusement velus
une petite statuette de terre cuite. Il la
palpait avec une volupté que son grand
âge ne lui eût point permise avec une
Aphrodite contemporaine. Le bonhom-
me mettait sa coquetterie dans un cynis-
me de dilettante. Il ne dissimulait ni
l'origine scandaleuse de sa fortune, ni
les cent mille trucs de sa brocante, tant
il était sûr de l'inaltérable confiance de
ses clients.
— Voil'à, me dit-il avec un sourire sa-
tanique, une jolie, une jolie petite cho-
fie, regardez. dites-moi si vous avez ja-
mais vu à Rome, à Naples, à Syracuse
ou en Grèce, plus mignonne petite
chose.
Il me tendit avec précaution la sta-
tuette qui représentait une danseuse de
i'Attique ; le mouvement était d'une
merveilleuse élégance et les draperies
rappelaient l'art exquis de la grande
époque.
— Vous vendez cela combien ?(. dis-
F je timidement.
— Vendre ce chef-d'œuvre !. Vous
n'y songez pas ; il y a là de quoi en-
chanter ma vieillesse ; mon amour de la
beauté se complaît dans une admira-
tion de tous les instants. A mon âge,
cher Monsieur, on n'aime plus que les
iemmes de marbre, de pierre ou de
terre, et j'ai là ce que l'homme a jamais
réalisé de plus parfait.
Ce disant, avec un geste de jalousie,
le père Roboam saisit dans mes mains
le précieux objet qu'il se prit à considé-
rer dans une pieuse extase.
- Vous vous moquéz encore de moi,
Roboam, dis-je à l'insolent vieillard,
vous vous faites un jeu d'essayer sur
moi votre prodigieuse puissance de
piensonge et de mystification.
— Que le Dieu d'Israël me poursuite
de sa terrible vengeance, si j'ai rien dit
qui ne fût l'exacte vérité, en affirmant
que cette pièce rarissime était moulée
dans lq, terre même de Tanagra.
Mais cette fois j'étais sur la défensive
et je ripostai. -
— Non, mon petit père, vous ne m'y
prendrez pas, je résiste cette fois aux
appâts de votre ballerine.
— Et vous avez tort, mon petit, car
c'est bien avec la terre glaise grecque
que fut modelée cette statuette, je parie
âvec l'expert chimiste le plus subtil
qu'il ne découvrira pas la moindre diffé-
rence entre les éléments de cette pièce
ft ceux des plus autheutiques pierres
des musées d'Italie ou de Grèce. Car,
puisqu'il faut tout vous dire, j'ai fait
façonner cette danseuse dans la terre
même des nécropoles fameuses, je l'ai
donc Créée de toutes molécules, et c'est
pourquoi je l'aime comme ma fille lilli-
putienne. Avec elle, je défie les experts
et les savants.
- Voyons, mon vieux, lui dis-je ami-
calement, ce n'est donc pas assez d'avoir
dévalisé les châteaux, cambriolé les
églises, soudoyé les bedeaux stupides et
trompé les vieux curés aveugles ?. Tu
n'as donc pas encore assez amassé ?
— Et d'abord, ce n'est pas pour l'ar-
gent que je travaille, tu me connais mal,
me dit le vénérable personnage ; j'ai
une ambition plus vaste. Sans doute il
ne me déplaît pas de monnayer mon
petit « savoir faire », mais ce qui me
ravit, c'est de gagner sans cesse une vic-
toire nouvelle contre ce précieux cré-
tin qui se qualifie de « collectionneur ».
Je me sens couvert de honte, lorsque,
;une fois par hasard, je lui vends de
l'ancien qui n'est pas du vieux neuf,
c'est pour moi un échec dont je sens
jcruellement l'affront.
— Je crois comprendre. la vie pour
vous ne vaut que par la lutte féconde, il
îvxms faut une victime.
— Il me la faut. Il n'en est pas de
tnoins pitoyable que celle dont je m'en-
richis, avec une tranquille sérénité. Peu
lui importe ce que je lui vends, il faut
qu'elle ait la foi, il faut que le snobisme,
la pousse. alors, moi, j'invente le sno-
bisme et je crée la mode. Autrefois,
dans mon inconscience, j'ai fait mon 1
effort pour vendre le « vrai M, j'éprou-
vai les pires déceptions ; on s'obstinait
à vouloir le « faux M. Alors j'ai décou-
vert ma voie et je me suis mis à fabri-
quer l'antique en toc ! J'ai fait école,
mes concurrents pullulent aujourd'hui
dans toutes les rues de Paris et il en naît
dans toutes les grandes villes de provin-
ce ; nous avons créé un mouvement de
fonds qui atteint plusieurs centaines de
millions tous les ans.
— Mais alors, pourquoi cette razzia
dans les vieux manoirs et les sanctuai-
res ? !
— Vous allez saisir tout de suite le
secret de ce grand mystère : Avant d'ê-
tre les maîtres du marché, il fallait trus-
ter toute la camelote, c'est affili que
nous avons enlevé jpartout ce i avait
une petite valeur ou même une grande.
Il n'y a plus rien, tout est dans nos ca-
ves, ne cherchez plus rien. je veux
brûler de mes mains la dernière chaise
à porteur et jeter à la fonte le dernier
calice gothique. A partir de ce moment,
nous sommes les maîtres, il suffit d'im-
poser la foi au stupide collectionneur
en lui arrachant toute possibilité de con-
trôle ou même de comparaison.
— Mais vous êtes un monstre, mon
vieux Roboam, vous allez un jour ruiner
tous ceux qui font commerce d'antiqui-
tés en démontrant trop bien qu'il n'en
existe plus.
- Jamais 1 riposta l'astucieux mar-
chand, même si demain vous publiez
mes confidences, l'amateur obstiné n'en'
croira rien, il se flattera toujours d'avoir
découvert la merveille, à nulle autre
semblable, échappée à la destruction des
vandales déterminés que nous sommes.
Acheter et vendre sont des opérations
d'ordre psychologique : dès que nous ne
sommes plus au bazar, il n'y a pas de
valeur sinon celle que nous savons
créer.
Roboam, comme s'il craignait d'en
avoir trop dit, s'arrêta net, mais je le
suppliai doucement d'exposer toute sa
pensée à qui n'était rien qu'un témoin
dans le grand trafic.
— Je veux dire, poursuivit l'antiquai-
re, qu'il suffit de faire croire à la valeur
qui ne saurait exister dans l'absolu, dès
que nos besoins naturels sont satisfaits.
Ce qui vaut cher c'est un morceau de
pain sur le radeau de la Méduse. mais
le reste ! Il s'agit donc avant tout d'af-
firmer l'apparence de la valeur. Ainsi
j'ai en ce moment dans une exposition
officielle quatre tableaux de maître ;
placés où ils sont, on ne saurait douter
de leur authenticité. Ils m'ont coûté cin-
quante louis en tout, et je les vendrai
bien chacun cinquante mille francs, le
plus honnêtement du monde, car il m'a
fallu prendre de la peine pour accrocher
ces quatre toiles sur le panneau dont
elles tirent tout leur prix.
— Voilà du bon travail, murmurai-je,
tandis que Roboam, modeste et désinté-
ressé, contemplait de nouveau, avec une
pieuse obstination, sa petite danseuse de
Tanagra.
DELPHINE.
—————-— :;. -.- —
Qui sera le portier?
Ces Turcs sont véritablement de fort mau-
vais diables; leur défaite était si bien indi-
quée dans l'ordre de chose établi par M. Lloyd
George! Pourquoi donc se sont-ils obstinés à
vaincre ? Pour troubler une Europe déjà ter-
riblement éprouvée ? Voilà sans doute une
malice infernale que John Bull ne pardon-
nera pas volontiers à ces mécréants.
Il faut pourtant considérer les faits. Les ké-
malistes ont libéré l'Asie Mineure, et ils re-
vendiquent la Thrace; bien plus, ils sont dis-
posés à la prendre si on ne la leur rend pas
de bon gré. Vous pensez bien que les natio-
nalistes intransigeants sur la restitution d'An-
drinople considèrent que Constantinople, ville
sainte du Cheick ul Islam, ne peut pas leur
être contestée un seul instant.
Voilà qui va très bien pour l'Islam, mais
fort mal pour l'Empire britannique. Les An-
glais, grands bénéficiaires d'une victoire dans
laquelle la France fut leur soldat dévoué, ont
repris pour leur compte, sans attendre même
la fin des hostilités, le fameux rêve teuton :
« Drang nach Osten! », les généraux Allen-
by, Milne, Harrington, etc., furent chargés
d'exécuter les vastes dessins conçus au Fo-
reign Office.
L'Inde étant anglaise, la Méditerranée n'é-
tant qu'un lac anglais, dont !a « great fleet »
tient les clés à Gibraltar et à Suez, n'était-il
pas de toute justice que la Grande-Bretagne
devînt maîtresse de la route du Proche Orient
à l'Indoustan ? Ce n'est pas pour rien que
les soldats du Royaume Uni ont fait le che-
min difficile de Bassora à Bagdad en 1917.
Or, voici que tout croule. Les Grecs, dont
M. Lloyd George comptait faire ses vaillants
mercenaires, abandonnent la partie. M. Lloyd
George remettra-t-il la garde des Détroits aux
Turcs — comme ci-devant — ou bien les gar-
dera-t-il lui-même, au nom de la civilisation ?
Sans doute, c'est ce dernier parti que pren-
dra le Premier, mais il lui faudra mettre quel-
ques garnisons dans un pays peu sûr. Or, les
libéraux sont furieusement pacifistes, et quel-
que peu dégoûtés des aventures. Ces Turcs
sont décidément incorrigibles, quand les bou-
tera-t-on définitivement hors de l'Europe ?.
dont ils ne sont d'ailleurs les hôtes encom-
brants que depuis 1453!
F. H.
■ 1 s *>^0 (
zw- DANTZIG v
citadelle des Pangermanisfes
Dantzig, 8 septembre. — M. Nengchauer,
député à la Diète de la Ville libre, vient de
faire au Congrès des çatholiques allemands,
à Munich, les déclarations suivantes : « Le
parti du centre dantzicois aspire à rester en
union spirituelle avec la vieille patrie al-
lemande en attendant l'heure d'une union
effective. Le démembrement de l'est alle-
mand ne peut d'ailleurs pas durer long-
temps. »
Le journal de Varsovie, la Ezeczypospoli-
ta, remarque au sujet de ces déclarations que
les espoirs sur une revanche pangermaniste
sont extrêmement vivaces parmi les partis
dantzicois et cela grâce à l'impunité dont
jouissent les auteurs des agissements anti-
polonais et anti-alliés dans la Ville libre.
.—————————— ). (
Le congrès minier international
s'ouvre aujourd'hui a Angers
Les délégués mineurs et ardoisiers devant
prendre part au Congrès, au nombre de 135,
sont arrivés hier à Angers.
La Belgique est représentée par quatre délé-
gués, dont trois parlementaires, et l'Allema-
gne par trois délégués.
Le comité fédéral, que présidait M. Bar-
tuel, secrétaire général, a tenu une réunion
préparatoire. Les différentes questions qui
doivent être présentées au Congrès ont été
mises au point.
L'ouverture du Congrès aura lieu ce matin,
* 9 heures.
COMMENT VOTEKlôNS-NOUS ? ; ..,.
0% en% "ft Mme& A,*% ma
REFERENDUM NÉCESSAIRE
—-~
C'est à la nation elle-même, consultée directement,
qu'il appartient de nxer un mode de scrutin
L'expérience qui vient d'être faite en Suède
à propos de la lutte entre les secs et les humi-
des, appelle l'attention publique sur les avan-
tages du Referendum. Celui-ci constitue évi-
demment l'institution démocratique par ex-
cellence, car il permet à la volonté populaire
de s'exprimer directement, et sans recourir
à l'intermédiaire de mandataires, qui ne l'in-
terprètent pas toujours avec un suffisante
fidélité. Il' est à la base de la Constitution
helvétiqua, et joue un rôle important dans
celle des Etats-Unis. Cependant, et pour un
grand nombre de raisons que je ne saurais
développer ici, je ne crois pas qu'il puisse
être en France appliqué d'une façon générale.
Surtout dans les circonstances actuelles, le
gouvernement et l'évolution législative d'un
grand pays soulèvent des questions com-
plexes, dont la solution exige des examens mi-
nutieux, ainsi que de longues discussions,
et pour l'étude desquelles les simples citoyens
manquent de temps, d'expérience et d'élé.,
ments d'information.
Malgré la façon désastreuse dont 11 fonc-
tionne actuellement, et en escomptant l'épu-
ration prochaine, je reste donc fidèle au ré-
gime parlementaire. Mais il y a toutefois de
nombreuses hypothèses dans lesquelles ce-
lui-ci pourrait heureusement se combiner avec
des consultations populaires ; et il en est
d'autres où cette consultation paraît indis-
pensable. C'est notamment à l'occasion des
décisions intéressant les membres du Parle-
ment eux-mêmes.
Ne croyez-vous pas, par exemple, qu'il eût
été avantageux pour ces derniers de pren-
dre l'avis des électeurs avant d'augmenter
eux-mêmes, et très légitimement du reste,
leur indemnité, car ils eussent ainsi évité
les reproches que l'on ne manquera pas de
leur adresser au cours de la prochaine cam-
pagne électorale ?
Mais cette question n'a au demeurant
qu'une médiocre importance ; et beaucoup
plus grave est celle qui se pose à propos du
mode de votation. Ici, l'on peut se demander
si l'ancienne Assembtée, élue avec le scrutin
d'arrondissement traditionnel du reste en
France, avait bien, en droit public pur, et au
moins moralement, le pouvoir de modifier la
composition et le fonctionnement des collè-
ges électoraux devant lesquels ses membres
allaient rendre compte de leur mandat et bri-
guer de nouveau les suffrages des électeurs.
En tout cas, on a pu soupçonner certains de
s'être, au moment de leur vote, inspirés moins
de considérations -doctrinales et d'intérêt
génral, que du souci de leur propre réélec-
tion.
Sans doute, avait-on affirmé au cours des
débats, que le suffrage universel s'était déjà
prononcé avec éclat, puisque la majorité des
élus avaient inscrit sur leur programme la
réforme électorale. L'argument n'était que
spécieux : car, en admettant même que l'af-
firmation fût exacte, letf. programmes, surtout
avec le scrutin d'arrondissement, n'ont qu'un
caractère indicatif ; les innombrables pro-
messes qui y figurent traditionnellement
n'apparaissent guère que comme des formu-
les de style et ne sont pas destinées à êtro
réalisées ; la plupart du temps, les électeurs
ne lisent pas d'une façon complète ou atten-
tive ; et, en tout cas, il jie les étudient pas
article par article. Il serait donc excessif
de prétendre qu'en votant pour un candi-
dat, ils ont entendu voter expressément pour
chacun de ses articles et spécialement en fait
pour celui-là.
Plus justement pourrait-on dire à l'excuse
de la dernière Chambre, que la guerre ne lui
avait pas laissé la possibilité de consulter
sur ce point la Nation elle-même ; et, qu'au
lendemain de la paix, elle n'en eut pas le
temps, pressée qu'elle était de rendre dans
les meilleures conditions possibles la parole
au corps électoral. Mais le projet, qu'elle
avait ainsi bâclé dans la précipitation et le
trouble, ne pouvait avoir et n'avait qu'un
caractère expérimental et provisoire, et il
était entendu, dans l'esprit de tous, que,
l'expérience faite, il devrait être revue et
corrigé.
Les résultats de cette expérience, nous
les connaissons, et ils sont significatifs. La
Chambre actuelle ne saurait manquer de sten
inspirer, lorsqu'elle aura à statuer sur les
diverses propositions, dont elle est saisie et
qui tendent, soit au retour au scrutin d'ar-
rondissement, soit à la complète mise en
œuvre de la formule proportionnaliste.
Va-t-elle à ce propos recommencer l'usurpa-
tion de pouvoir commise par la Chambre pré-
cédente, et allons-nous voir renaître des
discussions incohérentes et sans dignité, qui
semblent se poursuivre, non pas entre dépu-
tés soucieux de réaliser davantage la démo-
cratie, mais entre les candidats de demain,
songeant avant tout à assurer leur retour
au PalaisnBourbon ?
Nous espérons qu'il n'en sera pas ainsi,
et que l'Assemblée du 16 novembre, ne vou-
lant pas ajouter une nouvelle responsabilité
à toutes celles déjà lourdes qui pèsent sur
elle, aura le courage de consulter sur ce
point le pays.
Mais, objectera-t-on peut-être, notre Cons-
titution ne prévoit pas le referendum, et
pour recourir à celui-ci, il faudrait la modi-
fier elle-même en transformant entièrement
notre régime parlementaire, et l'heure ne
semble guère propice pour procéder à cette
opération.
L'objection ne porte pas, et point ne se-
rait besoin pour cela d'aller à Versailles. Il
n'est pas question, en effet, d'un référendum
de décision, et de demander aux électeurs de
décider eux-mêmes du mode nouveau de scru-
tion, ce qui serait en effet anticonstitutionnel.
On les inviterait simplement à dire, par leur
vote, s'ils sont satisfaits du régime actuel, et,
dans le cas contraire, à indiquer, à titre con-
sultatif, quel système ils estiment meilleur,
de la proportionnelle intégrale, du scrutin de
liste majoritaire ou du vieux scrutin d'ar-
rondissement. Il n'y aurait là en somme
qu'une enquête à laquelle ne s'oppose au-
cune disposition des lois organiques, et que
le Parlement pourrait donner. Sur le vu de
cette enquête, éclairées et guidées par elle,
les Chambres statueraient définitivement ;
et il ne saurait venir à l'idée de personne
qu'elles puissent s'insurger contre la volout-J
nationale ainsi manifestée.
Je ne vois pas trop ce qu'on pourrait op-
poser à une telle suggestion. Il s'agit ici.
d'une question simple, à laquelle il n'est pas
un électeur qui, dans les circonstances actuel-
les, ne soit capable de répondre en toute
connaissance de cause ; et surtout, qui donc
pourrait nier, qu'à propos des conditions dans
lesquelles devront être choisis les manlatai-
res chargés d'exercer la souveraineté, ce ne
saurait être à ces mandataires, mais au sou-
verain lui-même agissant sans intermédiaire,
qu'il appartient de statuer ?
MAITRE-JACQUES.
LA DÉBACLE HELLÈNE EN ASIE MINEURE
Le gouvernement gree a démissionné
Les avant-gardes turques opèrent autour de Smyrne, et un ultimatum
a été adressé au commandement grec pour la reddition de la ville
Le bruit ayant couru dans certains milieux
britanniques que les Alliés s'étaient mis d'ac-
cord pour faire une démarche auprès du
gouvernement d'Angora en vue de la con-
clusion d'un armistice immédiat, cette nou-
velle est accueillie avec scepticisme. En tout
cas, jusqu'à présent, rien n'est venu la con-
firmer. Du reste, il a été décidé, au conseil
de cabinet tenu jeudi, que la Grande-Breta-
gne s'abstiendrait, pour le moment, de pro-
positions formelles en vue de la conclusion
d'un armistice entre les belligérants, non que
M. Lloyd George fût opposé à ces démarches,
mais parce qu'un certain nombre des mem-
bres du cabinet estimaient qu'elles n'étaient
pas opportunes. Leur point de vue l'a donc
emporté.
En effet, on a de sérieuses raisons de croire
que le commandement kemaliste n'est nul-
lement disposé, dans les circonstances actuel-
les, à conclure un armistice ; les rapides suc-
cès de ces jours derniers ont accru l'esprit
de combat de l'armée kemaliste et l'intran-
sigeance du gouvernement d'Angora, qui n'ac-
cepterait, à la rigueur, un armistice qu'à la
condition de voir les Grecs évacuer non seu-
lement l'Asiie Mineure tout entière, mais en-
core la Thrace. Or, si le gouvernement d'A-
thènes acceptait par hypothèse l'évacuation
de la Thrace. ce qui n'est nullement démon-
tré, il est plus que probable que le gouver-
nement 'britannique élèverait ici des objec-
tions sérieuses.
Tout ce que l'on peut dire jusqu'à présent,
c'est que des démarches officieuses sont fai-
tes à Angora pour obtenir la conclusion d'un
armistice avec la Grèce.
Les ministres de Constantin s'en vont
Athènes, 8 septembre. — Un conseil de ca-
binet s'est tenu au cours de la nuit à Athè-
nes. La situation a été sérieusement exami-
née et le gouvernement, après une discus-
sion prolongée sur les événements, a décida
d'offrir au roi sa démission.
Le roi essaie de constituer un nouveau cabinet
Immédiatement après que cette décision
eut été prise par le cabinet Gounaris, le roi
fit appeler M. CalogeroDoulos. Celui-ci. après
s'être entretenu avec Je souverain, n'a pas
voulu se décider tout de suite et a ajourné
sa réponse.
Entre temps, M. Triantaph'ilacos, ancien
haut-commissaire hellénique à Constantino-
ple, était pressenti, mais il a refusé de pren-
dre la succession 'du cabinet Gounaris.
Des démarches ont été faites également
auprès de M. Scouloudis.
La situation politique demeure confuse et
la crise ouverte par la démission du cabinet
sera d'une solution laborieuse.
Quant à l'opinion publique, elle paraît jus-
qu'ici assez calme.
Pas d'armistice en vue
Constantinople, 8 septembre. — On ne croit
pas à la possibilité d'accorder aux Grecs un
armistice. D'ailleurs, le haut commandement
turc s'y opposerait.
Les Grecs abandonnent la côte des Dardanelles
Constantinople, 8 septembre. — On annonce
que les troupes grecques se sont retirées de
Bigha, sur la côte asiatique des Dardanel.
les. Les troupes britanniques ont assumé la
protection du district.
On annonce également que les Grecs ont
évacué les districts de Bairamitch, Ezine; Al.
vadjik, sur la côte asiatique des Dardanelles
Le chef de la police turque à Constantinopl»
(ce chef est un colonel britannique) a décidfÕ
d'envoyer dans ces districts des détachements
de gendarmerie pour y maintenir l'ordre.
Les Turcs prêts à marcher sur Stamboul
Constantinople, 8 septembre. — On parl £
de la concentration d'une centaine de mille
hommes à Ismidt. Ces forces kemalistes sont
prêtes à entrer en campagne, dans le cas où
les Grecs tenteraient de marcher sur Cons-
tantinople.
Kassaha occupée
Constantinople, S septembre. — La ville de
Kassaba (à 45 kilomètres à l'est de Smyrne*
vient d'être occupée par les troupes kema-
listes.
Un ultimatum au commandement hellénique
Constantinople, 8 septembre. — Le com-
mandant des avant-aardes turques opérant
8
autour de Smyrne aurait adressé au com-4
mandant des troupes helléniques un ultima-
tum lui enjoignant de se rendre à discrétion
dans les vingt-quatre heures, et lui laissant
la responsabilité du sang qui va couler en
cas de refus.
Une note grecque sur la capture
du généralissime
Athènes, 8 septembre. — Dans une note
officielle concernant la capture des généraux
Tricoupis et Digonis et quatre autres officiers
supérieurs, il ressort que ces officiers doivent
avait été faits prisonniers le 2 septembre,
après avoir traversé Ouchak le 1t septembre.
Ils se sont probablement trouvés isolés .OU
sont tombés dans une embuscade. Le com-
mandement de l'armée d'Asie Mineure a. été
confié au général Polymenacos.
L'ennemi a incendié Alacheir après son
évacuation.
Les populations grecques et arméniennes,
ainsi que de nombreux Turcs se sont concen-
trés à Smyrne.
L'armée grecque du nord est anéantie
Adana, 8 septembre. — On mande d'An-
gora que l'armée grecque du nord ayant voulu
secourir l'armée du sud, qui était encerclée
aux environs de la ville d'Ouchak, a été ren-
contrée par les troupes turques aux environs
de la ville de Kurdus.
Les trois divisions qui composaient cetto
armée, après avoir essayé de résister devant
les attaques turques, ont été entièrement
anéanties. Le général commandant de ce
groupe a été blessé et fait prisonnier.
Les débris de cette armée ont été faits pri-
sonniers dans les diverses parties de la ré-
gion montagneuse.
Démarche interalliée à Athènes
Athènes, 8 septembre. — Les ministres al-
liés ont fait une démarche auprès du minis-
tre des affaires étrangères pour attirer l'at-
tention du gouvernement hellénique sur les
excès commis par les troupes grecques en
Asie Mineure et qui sont susceptibles de pro-
voquer des représailles de la part des Turcs
contre les chrétiens.
Félicitations à Kemal pacha
Constantinople, 8 septembre. — L'émir
d'Afghanistan vient d'adresser un télégram-
me de félicitations à Mustapha Kemal pour
les succès remportés par ses soldats contre
les forces grecques.
Les Turcs de Paris se réjouissent
Les Turcs habitant Paris ont fêté jeudi qit
victoire de leurs armes dans un dîner frater-
nel. Ils ont chargé Haïri-Munir bey, direc-
teur du bureau des informations orientales,
de féliciter S. E. Ferid bey, représentant
d'Angora à Paris, pour le succès de là cam-
pagne.
Les convives étaient plus de deux cents.
) -.- (
PLOC-NOTES
Les dispensateurs de gloire
Voici qu'il est encore une fois question de
faire, parmi les parrains des rues de Paris,
de nouvelles promotions. C'est là une opéra-
tion à laquelle le Conseil municipal aime à
se livrer de temps à autre. Elle est, en effet,
singulièrement flatteuse pour nos édiles ainsi
investis d'une puissance morale sans pareille.
Devançant les décisions de la postérité, ils
d-éoernent suivant leur caprice des brevets
d'immortalité, jaugent les mérites et les ser-
vices rendus, pèsent le talent, voire même le
génie, et divisent les grands hommes en ca-
tégories : boulevards, avenues, rues et pas-
sages. Ils apparaissent comme les suprêmes
dispensateurs de gloire durable ; et que de
noms, en effet, ne survivent que parce qu'ils
sont inscrits à l'angle de quelque voie pu-
blique.
Ils me font penser à Minos, Rhadamanthe
et Eaque, tribunal redoutable, qui, à la porte
des Enfers, attribuait aux morts les places
qu'ils méritaient. Mais leur juridiction est in-
finiment plus étendue : elle s'applique aussi
aux vivants illustres, auxquels ils accordent
ou refusent à leur gré l'ordre anthume et pos-
thume de la plaque bleue. Devançant les ju-
gements de l'histoire et à propos du baptême
ou rebaptême d'une avenue, ils vont demain
trancher le grand débat que soulève la vic-
toire libératrice de la Marne. Ils font plus
encore, ils flétrissent, en les bannissant de
la voirie parisienne, les peuples agresseurs
et félons, tandis qu'ils consacrent et magni-
fient les alliances.
Mais cette tâche glorieuse ne va pas sans
inconvénient : il n'est pas de juge qui ne se
trompe, et les événements donnent souvent
de criants démentis aux jugements trop hâ-
tifs. Aussi nÇJs Conseillers ne passent-ils pas
sans un petit malaise devant certaines pla-
ques précipitamntent apposées et qu'il serait
tentés de déboulonner.
D'autre part, le plan nominal de Paris en
arrive à constituer une étrange salade, où se
trouvent mélangés des noms de personnes,
dont beaucoup complètement oubliées, des dé-
nominations géographiques parfois mal con-
nues, et de mots à étymologics diverses, de
telle sorte que le public ne s'y reconnaît plus;
— et cela donne lieu aux confusions les plus
saugrenues. Quelqu'un ne me soutenait-il pas
l'autre jour, que la célèbre rue Chabanais.
dont la désignation est cependant une ensei-
gne, portait le nom d'un général du premier
Empire !
Aussi, le Conseil municipal ferait peut-être
bien de renoncer à ce rôle de fabricant d'il.
lustrations, et s'il veut toutefois apporter
quelque clarté dans l',*
quelque clarté dans l'inexplicable confusion
de notre voirie, il devrait, au lieu de compli.
quer le gâchis actuel par un nouveau gâcltis.
s'inspirer du système américain, qui désigne
les voies urbaines par des numéros. Evidem-
ment, cela aurait moins de noblesse et de
pittoresque, mais combien éviterait-on par là
de recherches et de temps perdu ; et c'est
bien quelque chose.
Petit Jean.
—————————— > .- ( —————————
La Pologne participe à l'exposition
de l'alimentation à Londres
1 T
Varsovie, 8 septembre. — Les associations
agricoles, laitières, des raffineurs, les syndi-
cats pour le commerce des produits agrico-
les, les fabriques de liqueurs, etc., de Polo-
gne vont prendre part à l'exposition de l'ali-
mentation à Londres. Une riche collection de
semences et de plantes médicinales sera ex-
posée entre autres au Pavillon polonais, cons-
truit dans le style des maisons de campagne
Dolonaises.
L'ETERNEL RECOMMENCEMENT
'4,..
TROIS CORPS D'ARMEE
vont jouer à la "guéguerre"
Mais les grandes manœuvres
de Coëtquidan
ne seront sans doute pas médites
Nous sommes, paraît-il, revenus au temps
de paix, où il n'est point de mise de recom-
mencer la guerre — au moins tout de suite.
Alors, comme nos états-majors ne peuvent
tout de même pas demeurer inactifs et comme
toutes nos troupes ne sauraient être- em-
ployées à la fois sur le Rhin, on va occuper
généraux et soldats à faire la « guéguerre B.
Et comme les opérations se dérouleront en.
Bretagne, on ne pourra pas dire qu'elles cons-
titueront une répétition générale des pro-
chains derniers combats. Au surplus puisque
le thème de ces opérations, qui ressemble
étonnamment à ceux de jadis, comporte le
forcément d'un ruisseau par un parti ( rouge);
venant de l'Est et la défense de ce filet d'eau
par un parti bleu (arptée de l'Ouest)), il
ne sera point permis d'assimiler cette hypo-
thèse à quelque vraisemblance, même loin-
taine, encore que les quelques centimètres
de profondeur de ,¡J'AU! doivent figurer le
fossé du Rhin. Car, tout comme en 1914, 11
reste théoriquement entendu que les agres-
seurs ne sauraient venir que de l'Est et ma
prendront pas la route du Nord.
Déjà. avaient été remises en honneur les
sonneries dans les casernes, la revue de literie
et le graissage des pieds. Il ne manquait plua
que; les grandes manœuvres pour que l'ordre
ancien de nos armées — qui est aussi immua-
ble que la bureaucratie militaire — fût tout
à fait restauré. Le camp de Coëtquidan, où
elles vont avoir lieu et les villages légen-
daires de Beignon, Saint-Malo de Beignon,
la forêt indispensable de Paimpont seront
Qncore une lois le décor comme le théâtre
inévitable des actions d'éclat avec lesquelles
ce paysage est familier depuis 1870 déjà.
Les manchons blancs se couvriront à nou-
veau de gloire et ]o général Boissoudy sera,
plus ou moins satisfait de ses troupes, dont
l'attitude, selon tous les reporters militaires
spécialement envoyés au G. Q. G.. sera « ad-
mirable ».
Pour l'instant, trois corps d'armée se pré-
parent aux « marches d'approche ».La grande
bataille, sur un front de. 15 kilomètres, dure-
ra du 11 au 15 septembre. On s'efforcera
(autant quç possible) 4e respecter les récoltes,
le camp étant assez vaste, mais, n'est-ce pas,
on ne sait jamais, une fois qu'on est lancé
si le terrain mêm^ cultivé ne devra pas être
occupé et « organisé ».
Sauf cette « organisation » — entendes
qu'il y aura des tranchées de creusées, parce
qu'il est maintenant difficile de faire la
guerre, fût-ce 'pour rire, sans creuser des
trous — les grandes manœuvres de 1922 rap-
pelleront celles du passé. Deux innovatjons
pourtant : il y aura un défilé (sans doute
aligné) de .tanks, et Rennes, la ville paisible,
sera transformée en « gare régulatrice ». On
ne nous dit cas si le chef de gare sera mobi-
lisé et placé sous les ordres d'un commis-
saire militaire. Mais la chose est probable.
En somme on gaspillera pas mal d'argent
pour rien ou pour peu de résultats. Ce qui sera
aussi une réédition.
Il nous souvient qu'il y a vingt-cinq ans,
quand nous faisions les grandes manœuvres;
au camp de Coëtquidan déjà — le colonel
qui commandait notre régiment accourut
tout à coup sur nous au galop en criant :
« Qu'est-ce que c'est encore que ceux-là, et
qu'est-ce qu'ils font par iel ? » ':'
On se fit « reconnaître » comme étant ae
bataillon du commandant X. Alors le guer-
rier s'écria, sarcastique :
- Ah ! c'est le commandant X. ? Qu'est-ce
que je vais bien en t. 1 Allons, en réserve
le commandant X.,. J
Gageons que cette aventure comique — et
agréable pour nous, parce qu'on nous
octroya ainsi la « pose » — se renouvellera
encore cette année. Et que la manœuvre sera
recommencée, parce que les mêmes compa-
gnies se feront toujours capturer au même
endroit par l'ennemi.
L'éternel recommencement. comme disait,
il y a bien longtemps, un vieux philosophe
qui s'appelait Lucrèce.
Paul SEILOGE.
——————— ) -.- - ( —————————.
Les e Gens de mer"
contre
le projet ae M. Rio
C'est aujourd'hui que le président de la
République doit recevoir une délégation de
.'Inlerfédération nationale maritime qui plai-
dera auprès du chef de l'Etat la cause des
nuit heures dans la marine marchande.
M. Millerand est ainsi appelé à arbitrer un
conflit qui devient aigu par suite de la pro-
chaine application du projet de décret Rio,
prescrivant douze heures effectives de pré-
sence pour le personnel du pont comme pour
le personnel du service général.
L'entrevue qu'auront aujourd'hui les « gens
de mer » avec le président de la République
est donc grave de conséquences. Une grève
générale des inscrits maritimes peut en dé-
couler.
Pour le maintien des huit heures
Les marins combattent le projet Rio pour
les diverses raisons que nous allons rêsumur
ci-dessous :
« Ce décret, disent-ils, est de nature à com-
promettre par l'augmentation des heures de
travail au delà des forces humaines la sécu-
rité de la navigation et par voie de consé-
quence le renom de la marine marchande
française et entraver son développement.
« D'autre part, les décisions de cette nature
sont inopérantes et dangereuses, inopérantes
parce qu'elles ne sont pas de nature à sau-
ver l'armement français dans la crise mon-
diale que l'industrie des transports mariti-
mes traverse ; *
« Dangereuses parce qu'elles sont de na-
ture à porter atteinte à la confiante collabo-
ration de l'armement et du personnel, dont
celui-ci a fait jusqu'à ce jour les frais, que
de plus elle risque de créer à bord des na-
vires un état d'esprit contraire au dévelop-
pement et à la prospérité de la marine mar-
chande française. »
D'aïutrea exiels sont encore exposés par le#
:, i i H iiÉtiimi ',C" ,t' II»M r-m jmmu» *sr- w 1 - » -
Le Numéro : 10 CMet
abonnements lan 6 m. S m.
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PubUcté et A-nnonce8
aux Bureaux du Journal
46* ANNEE." H' 16.476
SAMEDI
r, 9
SEPTEMBRE 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non
ne sont pas rendu*
Inlip el en toc
Quand je pénétrai dans sa boutique,
Roboam, le vieux père antiquaire, ca-
ressait de ses doigts affreusement velus
une petite statuette de terre cuite. Il la
palpait avec une volupté que son grand
âge ne lui eût point permise avec une
Aphrodite contemporaine. Le bonhom-
me mettait sa coquetterie dans un cynis-
me de dilettante. Il ne dissimulait ni
l'origine scandaleuse de sa fortune, ni
les cent mille trucs de sa brocante, tant
il était sûr de l'inaltérable confiance de
ses clients.
— Voil'à, me dit-il avec un sourire sa-
tanique, une jolie, une jolie petite cho-
fie, regardez. dites-moi si vous avez ja-
mais vu à Rome, à Naples, à Syracuse
ou en Grèce, plus mignonne petite
chose.
Il me tendit avec précaution la sta-
tuette qui représentait une danseuse de
i'Attique ; le mouvement était d'une
merveilleuse élégance et les draperies
rappelaient l'art exquis de la grande
époque.
— Vous vendez cela combien ?(. dis-
F je timidement.
— Vendre ce chef-d'œuvre !. Vous
n'y songez pas ; il y a là de quoi en-
chanter ma vieillesse ; mon amour de la
beauté se complaît dans une admira-
tion de tous les instants. A mon âge,
cher Monsieur, on n'aime plus que les
iemmes de marbre, de pierre ou de
terre, et j'ai là ce que l'homme a jamais
réalisé de plus parfait.
Ce disant, avec un geste de jalousie,
le père Roboam saisit dans mes mains
le précieux objet qu'il se prit à considé-
rer dans une pieuse extase.
- Vous vous moquéz encore de moi,
Roboam, dis-je à l'insolent vieillard,
vous vous faites un jeu d'essayer sur
moi votre prodigieuse puissance de
piensonge et de mystification.
— Que le Dieu d'Israël me poursuite
de sa terrible vengeance, si j'ai rien dit
qui ne fût l'exacte vérité, en affirmant
que cette pièce rarissime était moulée
dans lq, terre même de Tanagra.
Mais cette fois j'étais sur la défensive
et je ripostai. -
— Non, mon petit père, vous ne m'y
prendrez pas, je résiste cette fois aux
appâts de votre ballerine.
— Et vous avez tort, mon petit, car
c'est bien avec la terre glaise grecque
que fut modelée cette statuette, je parie
âvec l'expert chimiste le plus subtil
qu'il ne découvrira pas la moindre diffé-
rence entre les éléments de cette pièce
ft ceux des plus autheutiques pierres
des musées d'Italie ou de Grèce. Car,
puisqu'il faut tout vous dire, j'ai fait
façonner cette danseuse dans la terre
même des nécropoles fameuses, je l'ai
donc Créée de toutes molécules, et c'est
pourquoi je l'aime comme ma fille lilli-
putienne. Avec elle, je défie les experts
et les savants.
- Voyons, mon vieux, lui dis-je ami-
calement, ce n'est donc pas assez d'avoir
dévalisé les châteaux, cambriolé les
églises, soudoyé les bedeaux stupides et
trompé les vieux curés aveugles ?. Tu
n'as donc pas encore assez amassé ?
— Et d'abord, ce n'est pas pour l'ar-
gent que je travaille, tu me connais mal,
me dit le vénérable personnage ; j'ai
une ambition plus vaste. Sans doute il
ne me déplaît pas de monnayer mon
petit « savoir faire », mais ce qui me
ravit, c'est de gagner sans cesse une vic-
toire nouvelle contre ce précieux cré-
tin qui se qualifie de « collectionneur ».
Je me sens couvert de honte, lorsque,
;une fois par hasard, je lui vends de
l'ancien qui n'est pas du vieux neuf,
c'est pour moi un échec dont je sens
jcruellement l'affront.
— Je crois comprendre. la vie pour
vous ne vaut que par la lutte féconde, il
îvxms faut une victime.
— Il me la faut. Il n'en est pas de
tnoins pitoyable que celle dont je m'en-
richis, avec une tranquille sérénité. Peu
lui importe ce que je lui vends, il faut
qu'elle ait la foi, il faut que le snobisme,
la pousse. alors, moi, j'invente le sno-
bisme et je crée la mode. Autrefois,
dans mon inconscience, j'ai fait mon 1
effort pour vendre le « vrai M, j'éprou-
vai les pires déceptions ; on s'obstinait
à vouloir le « faux M. Alors j'ai décou-
vert ma voie et je me suis mis à fabri-
quer l'antique en toc ! J'ai fait école,
mes concurrents pullulent aujourd'hui
dans toutes les rues de Paris et il en naît
dans toutes les grandes villes de provin-
ce ; nous avons créé un mouvement de
fonds qui atteint plusieurs centaines de
millions tous les ans.
— Mais alors, pourquoi cette razzia
dans les vieux manoirs et les sanctuai-
res ? !
— Vous allez saisir tout de suite le
secret de ce grand mystère : Avant d'ê-
tre les maîtres du marché, il fallait trus-
ter toute la camelote, c'est affili que
nous avons enlevé jpartout ce i avait
une petite valeur ou même une grande.
Il n'y a plus rien, tout est dans nos ca-
ves, ne cherchez plus rien. je veux
brûler de mes mains la dernière chaise
à porteur et jeter à la fonte le dernier
calice gothique. A partir de ce moment,
nous sommes les maîtres, il suffit d'im-
poser la foi au stupide collectionneur
en lui arrachant toute possibilité de con-
trôle ou même de comparaison.
— Mais vous êtes un monstre, mon
vieux Roboam, vous allez un jour ruiner
tous ceux qui font commerce d'antiqui-
tés en démontrant trop bien qu'il n'en
existe plus.
- Jamais 1 riposta l'astucieux mar-
chand, même si demain vous publiez
mes confidences, l'amateur obstiné n'en'
croira rien, il se flattera toujours d'avoir
découvert la merveille, à nulle autre
semblable, échappée à la destruction des
vandales déterminés que nous sommes.
Acheter et vendre sont des opérations
d'ordre psychologique : dès que nous ne
sommes plus au bazar, il n'y a pas de
valeur sinon celle que nous savons
créer.
Roboam, comme s'il craignait d'en
avoir trop dit, s'arrêta net, mais je le
suppliai doucement d'exposer toute sa
pensée à qui n'était rien qu'un témoin
dans le grand trafic.
— Je veux dire, poursuivit l'antiquai-
re, qu'il suffit de faire croire à la valeur
qui ne saurait exister dans l'absolu, dès
que nos besoins naturels sont satisfaits.
Ce qui vaut cher c'est un morceau de
pain sur le radeau de la Méduse. mais
le reste ! Il s'agit donc avant tout d'af-
firmer l'apparence de la valeur. Ainsi
j'ai en ce moment dans une exposition
officielle quatre tableaux de maître ;
placés où ils sont, on ne saurait douter
de leur authenticité. Ils m'ont coûté cin-
quante louis en tout, et je les vendrai
bien chacun cinquante mille francs, le
plus honnêtement du monde, car il m'a
fallu prendre de la peine pour accrocher
ces quatre toiles sur le panneau dont
elles tirent tout leur prix.
— Voilà du bon travail, murmurai-je,
tandis que Roboam, modeste et désinté-
ressé, contemplait de nouveau, avec une
pieuse obstination, sa petite danseuse de
Tanagra.
DELPHINE.
—————-— :;. -.- —
Qui sera le portier?
Ces Turcs sont véritablement de fort mau-
vais diables; leur défaite était si bien indi-
quée dans l'ordre de chose établi par M. Lloyd
George! Pourquoi donc se sont-ils obstinés à
vaincre ? Pour troubler une Europe déjà ter-
riblement éprouvée ? Voilà sans doute une
malice infernale que John Bull ne pardon-
nera pas volontiers à ces mécréants.
Il faut pourtant considérer les faits. Les ké-
malistes ont libéré l'Asie Mineure, et ils re-
vendiquent la Thrace; bien plus, ils sont dis-
posés à la prendre si on ne la leur rend pas
de bon gré. Vous pensez bien que les natio-
nalistes intransigeants sur la restitution d'An-
drinople considèrent que Constantinople, ville
sainte du Cheick ul Islam, ne peut pas leur
être contestée un seul instant.
Voilà qui va très bien pour l'Islam, mais
fort mal pour l'Empire britannique. Les An-
glais, grands bénéficiaires d'une victoire dans
laquelle la France fut leur soldat dévoué, ont
repris pour leur compte, sans attendre même
la fin des hostilités, le fameux rêve teuton :
« Drang nach Osten! », les généraux Allen-
by, Milne, Harrington, etc., furent chargés
d'exécuter les vastes dessins conçus au Fo-
reign Office.
L'Inde étant anglaise, la Méditerranée n'é-
tant qu'un lac anglais, dont !a « great fleet »
tient les clés à Gibraltar et à Suez, n'était-il
pas de toute justice que la Grande-Bretagne
devînt maîtresse de la route du Proche Orient
à l'Indoustan ? Ce n'est pas pour rien que
les soldats du Royaume Uni ont fait le che-
min difficile de Bassora à Bagdad en 1917.
Or, voici que tout croule. Les Grecs, dont
M. Lloyd George comptait faire ses vaillants
mercenaires, abandonnent la partie. M. Lloyd
George remettra-t-il la garde des Détroits aux
Turcs — comme ci-devant — ou bien les gar-
dera-t-il lui-même, au nom de la civilisation ?
Sans doute, c'est ce dernier parti que pren-
dra le Premier, mais il lui faudra mettre quel-
ques garnisons dans un pays peu sûr. Or, les
libéraux sont furieusement pacifistes, et quel-
que peu dégoûtés des aventures. Ces Turcs
sont décidément incorrigibles, quand les bou-
tera-t-on définitivement hors de l'Europe ?.
dont ils ne sont d'ailleurs les hôtes encom-
brants que depuis 1453!
F. H.
■ 1 s *>^0 (
zw- DANTZIG v
citadelle des Pangermanisfes
Dantzig, 8 septembre. — M. Nengchauer,
député à la Diète de la Ville libre, vient de
faire au Congrès des çatholiques allemands,
à Munich, les déclarations suivantes : « Le
parti du centre dantzicois aspire à rester en
union spirituelle avec la vieille patrie al-
lemande en attendant l'heure d'une union
effective. Le démembrement de l'est alle-
mand ne peut d'ailleurs pas durer long-
temps. »
Le journal de Varsovie, la Ezeczypospoli-
ta, remarque au sujet de ces déclarations que
les espoirs sur une revanche pangermaniste
sont extrêmement vivaces parmi les partis
dantzicois et cela grâce à l'impunité dont
jouissent les auteurs des agissements anti-
polonais et anti-alliés dans la Ville libre.
.—————————— ). (
Le congrès minier international
s'ouvre aujourd'hui a Angers
Les délégués mineurs et ardoisiers devant
prendre part au Congrès, au nombre de 135,
sont arrivés hier à Angers.
La Belgique est représentée par quatre délé-
gués, dont trois parlementaires, et l'Allema-
gne par trois délégués.
Le comité fédéral, que présidait M. Bar-
tuel, secrétaire général, a tenu une réunion
préparatoire. Les différentes questions qui
doivent être présentées au Congrès ont été
mises au point.
L'ouverture du Congrès aura lieu ce matin,
* 9 heures.
COMMENT VOTEKlôNS-NOUS ? ; ..,.
0% en% "ft Mme& A,*% ma
REFERENDUM NÉCESSAIRE
—-
C'est à la nation elle-même, consultée directement,
qu'il appartient de nxer un mode de scrutin
L'expérience qui vient d'être faite en Suède
à propos de la lutte entre les secs et les humi-
des, appelle l'attention publique sur les avan-
tages du Referendum. Celui-ci constitue évi-
demment l'institution démocratique par ex-
cellence, car il permet à la volonté populaire
de s'exprimer directement, et sans recourir
à l'intermédiaire de mandataires, qui ne l'in-
terprètent pas toujours avec un suffisante
fidélité. Il' est à la base de la Constitution
helvétiqua, et joue un rôle important dans
celle des Etats-Unis. Cependant, et pour un
grand nombre de raisons que je ne saurais
développer ici, je ne crois pas qu'il puisse
être en France appliqué d'une façon générale.
Surtout dans les circonstances actuelles, le
gouvernement et l'évolution législative d'un
grand pays soulèvent des questions com-
plexes, dont la solution exige des examens mi-
nutieux, ainsi que de longues discussions,
et pour l'étude desquelles les simples citoyens
manquent de temps, d'expérience et d'élé.,
ments d'information.
Malgré la façon désastreuse dont 11 fonc-
tionne actuellement, et en escomptant l'épu-
ration prochaine, je reste donc fidèle au ré-
gime parlementaire. Mais il y a toutefois de
nombreuses hypothèses dans lesquelles ce-
lui-ci pourrait heureusement se combiner avec
des consultations populaires ; et il en est
d'autres où cette consultation paraît indis-
pensable. C'est notamment à l'occasion des
décisions intéressant les membres du Parle-
ment eux-mêmes.
Ne croyez-vous pas, par exemple, qu'il eût
été avantageux pour ces derniers de pren-
dre l'avis des électeurs avant d'augmenter
eux-mêmes, et très légitimement du reste,
leur indemnité, car ils eussent ainsi évité
les reproches que l'on ne manquera pas de
leur adresser au cours de la prochaine cam-
pagne électorale ?
Mais cette question n'a au demeurant
qu'une médiocre importance ; et beaucoup
plus grave est celle qui se pose à propos du
mode de votation. Ici, l'on peut se demander
si l'ancienne Assembtée, élue avec le scrutin
d'arrondissement traditionnel du reste en
France, avait bien, en droit public pur, et au
moins moralement, le pouvoir de modifier la
composition et le fonctionnement des collè-
ges électoraux devant lesquels ses membres
allaient rendre compte de leur mandat et bri-
guer de nouveau les suffrages des électeurs.
En tout cas, on a pu soupçonner certains de
s'être, au moment de leur vote, inspirés moins
de considérations -doctrinales et d'intérêt
génral, que du souci de leur propre réélec-
tion.
Sans doute, avait-on affirmé au cours des
débats, que le suffrage universel s'était déjà
prononcé avec éclat, puisque la majorité des
élus avaient inscrit sur leur programme la
réforme électorale. L'argument n'était que
spécieux : car, en admettant même que l'af-
firmation fût exacte, letf. programmes, surtout
avec le scrutin d'arrondissement, n'ont qu'un
caractère indicatif ; les innombrables pro-
messes qui y figurent traditionnellement
n'apparaissent guère que comme des formu-
les de style et ne sont pas destinées à êtro
réalisées ; la plupart du temps, les électeurs
ne lisent pas d'une façon complète ou atten-
tive ; et, en tout cas, il jie les étudient pas
article par article. Il serait donc excessif
de prétendre qu'en votant pour un candi-
dat, ils ont entendu voter expressément pour
chacun de ses articles et spécialement en fait
pour celui-là.
Plus justement pourrait-on dire à l'excuse
de la dernière Chambre, que la guerre ne lui
avait pas laissé la possibilité de consulter
sur ce point la Nation elle-même ; et, qu'au
lendemain de la paix, elle n'en eut pas le
temps, pressée qu'elle était de rendre dans
les meilleures conditions possibles la parole
au corps électoral. Mais le projet, qu'elle
avait ainsi bâclé dans la précipitation et le
trouble, ne pouvait avoir et n'avait qu'un
caractère expérimental et provisoire, et il
était entendu, dans l'esprit de tous, que,
l'expérience faite, il devrait être revue et
corrigé.
Les résultats de cette expérience, nous
les connaissons, et ils sont significatifs. La
Chambre actuelle ne saurait manquer de sten
inspirer, lorsqu'elle aura à statuer sur les
diverses propositions, dont elle est saisie et
qui tendent, soit au retour au scrutin d'ar-
rondissement, soit à la complète mise en
œuvre de la formule proportionnaliste.
Va-t-elle à ce propos recommencer l'usurpa-
tion de pouvoir commise par la Chambre pré-
cédente, et allons-nous voir renaître des
discussions incohérentes et sans dignité, qui
semblent se poursuivre, non pas entre dépu-
tés soucieux de réaliser davantage la démo-
cratie, mais entre les candidats de demain,
songeant avant tout à assurer leur retour
au PalaisnBourbon ?
Nous espérons qu'il n'en sera pas ainsi,
et que l'Assemblée du 16 novembre, ne vou-
lant pas ajouter une nouvelle responsabilité
à toutes celles déjà lourdes qui pèsent sur
elle, aura le courage de consulter sur ce
point le pays.
Mais, objectera-t-on peut-être, notre Cons-
titution ne prévoit pas le referendum, et
pour recourir à celui-ci, il faudrait la modi-
fier elle-même en transformant entièrement
notre régime parlementaire, et l'heure ne
semble guère propice pour procéder à cette
opération.
L'objection ne porte pas, et point ne se-
rait besoin pour cela d'aller à Versailles. Il
n'est pas question, en effet, d'un référendum
de décision, et de demander aux électeurs de
décider eux-mêmes du mode nouveau de scru-
tion, ce qui serait en effet anticonstitutionnel.
On les inviterait simplement à dire, par leur
vote, s'ils sont satisfaits du régime actuel, et,
dans le cas contraire, à indiquer, à titre con-
sultatif, quel système ils estiment meilleur,
de la proportionnelle intégrale, du scrutin de
liste majoritaire ou du vieux scrutin d'ar-
rondissement. Il n'y aurait là en somme
qu'une enquête à laquelle ne s'oppose au-
cune disposition des lois organiques, et que
le Parlement pourrait donner. Sur le vu de
cette enquête, éclairées et guidées par elle,
les Chambres statueraient définitivement ;
et il ne saurait venir à l'idée de personne
qu'elles puissent s'insurger contre la volout-J
nationale ainsi manifestée.
Je ne vois pas trop ce qu'on pourrait op-
poser à une telle suggestion. Il s'agit ici.
d'une question simple, à laquelle il n'est pas
un électeur qui, dans les circonstances actuel-
les, ne soit capable de répondre en toute
connaissance de cause ; et surtout, qui donc
pourrait nier, qu'à propos des conditions dans
lesquelles devront être choisis les manlatai-
res chargés d'exercer la souveraineté, ce ne
saurait être à ces mandataires, mais au sou-
verain lui-même agissant sans intermédiaire,
qu'il appartient de statuer ?
MAITRE-JACQUES.
LA DÉBACLE HELLÈNE EN ASIE MINEURE
Le gouvernement gree a démissionné
Les avant-gardes turques opèrent autour de Smyrne, et un ultimatum
a été adressé au commandement grec pour la reddition de la ville
Le bruit ayant couru dans certains milieux
britanniques que les Alliés s'étaient mis d'ac-
cord pour faire une démarche auprès du
gouvernement d'Angora en vue de la con-
clusion d'un armistice immédiat, cette nou-
velle est accueillie avec scepticisme. En tout
cas, jusqu'à présent, rien n'est venu la con-
firmer. Du reste, il a été décidé, au conseil
de cabinet tenu jeudi, que la Grande-Breta-
gne s'abstiendrait, pour le moment, de pro-
positions formelles en vue de la conclusion
d'un armistice entre les belligérants, non que
M. Lloyd George fût opposé à ces démarches,
mais parce qu'un certain nombre des mem-
bres du cabinet estimaient qu'elles n'étaient
pas opportunes. Leur point de vue l'a donc
emporté.
En effet, on a de sérieuses raisons de croire
que le commandement kemaliste n'est nul-
lement disposé, dans les circonstances actuel-
les, à conclure un armistice ; les rapides suc-
cès de ces jours derniers ont accru l'esprit
de combat de l'armée kemaliste et l'intran-
sigeance du gouvernement d'Angora, qui n'ac-
cepterait, à la rigueur, un armistice qu'à la
condition de voir les Grecs évacuer non seu-
lement l'Asiie Mineure tout entière, mais en-
core la Thrace. Or, si le gouvernement d'A-
thènes acceptait par hypothèse l'évacuation
de la Thrace. ce qui n'est nullement démon-
tré, il est plus que probable que le gouver-
nement 'britannique élèverait ici des objec-
tions sérieuses.
Tout ce que l'on peut dire jusqu'à présent,
c'est que des démarches officieuses sont fai-
tes à Angora pour obtenir la conclusion d'un
armistice avec la Grèce.
Les ministres de Constantin s'en vont
Athènes, 8 septembre. — Un conseil de ca-
binet s'est tenu au cours de la nuit à Athè-
nes. La situation a été sérieusement exami-
née et le gouvernement, après une discus-
sion prolongée sur les événements, a décida
d'offrir au roi sa démission.
Le roi essaie de constituer un nouveau cabinet
Immédiatement après que cette décision
eut été prise par le cabinet Gounaris, le roi
fit appeler M. CalogeroDoulos. Celui-ci. après
s'être entretenu avec Je souverain, n'a pas
voulu se décider tout de suite et a ajourné
sa réponse.
Entre temps, M. Triantaph'ilacos, ancien
haut-commissaire hellénique à Constantino-
ple, était pressenti, mais il a refusé de pren-
dre la succession 'du cabinet Gounaris.
Des démarches ont été faites également
auprès de M. Scouloudis.
La situation politique demeure confuse et
la crise ouverte par la démission du cabinet
sera d'une solution laborieuse.
Quant à l'opinion publique, elle paraît jus-
qu'ici assez calme.
Pas d'armistice en vue
Constantinople, 8 septembre. — On ne croit
pas à la possibilité d'accorder aux Grecs un
armistice. D'ailleurs, le haut commandement
turc s'y opposerait.
Les Grecs abandonnent la côte des Dardanelles
Constantinople, 8 septembre. — On annonce
que les troupes grecques se sont retirées de
Bigha, sur la côte asiatique des Dardanel.
les. Les troupes britanniques ont assumé la
protection du district.
On annonce également que les Grecs ont
évacué les districts de Bairamitch, Ezine; Al.
vadjik, sur la côte asiatique des Dardanelles
Le chef de la police turque à Constantinopl»
(ce chef est un colonel britannique) a décidfÕ
d'envoyer dans ces districts des détachements
de gendarmerie pour y maintenir l'ordre.
Les Turcs prêts à marcher sur Stamboul
Constantinople, 8 septembre. — On parl £
de la concentration d'une centaine de mille
hommes à Ismidt. Ces forces kemalistes sont
prêtes à entrer en campagne, dans le cas où
les Grecs tenteraient de marcher sur Cons-
tantinople.
Kassaha occupée
Constantinople, S septembre. — La ville de
Kassaba (à 45 kilomètres à l'est de Smyrne*
vient d'être occupée par les troupes kema-
listes.
Un ultimatum au commandement hellénique
Constantinople, 8 septembre. — Le com-
mandant des avant-aardes turques opérant
8
autour de Smyrne aurait adressé au com-4
mandant des troupes helléniques un ultima-
tum lui enjoignant de se rendre à discrétion
dans les vingt-quatre heures, et lui laissant
la responsabilité du sang qui va couler en
cas de refus.
Une note grecque sur la capture
du généralissime
Athènes, 8 septembre. — Dans une note
officielle concernant la capture des généraux
Tricoupis et Digonis et quatre autres officiers
supérieurs, il ressort que ces officiers doivent
avait été faits prisonniers le 2 septembre,
après avoir traversé Ouchak le 1t septembre.
Ils se sont probablement trouvés isolés .OU
sont tombés dans une embuscade. Le com-
mandement de l'armée d'Asie Mineure a. été
confié au général Polymenacos.
L'ennemi a incendié Alacheir après son
évacuation.
Les populations grecques et arméniennes,
ainsi que de nombreux Turcs se sont concen-
trés à Smyrne.
L'armée grecque du nord est anéantie
Adana, 8 septembre. — On mande d'An-
gora que l'armée grecque du nord ayant voulu
secourir l'armée du sud, qui était encerclée
aux environs de la ville d'Ouchak, a été ren-
contrée par les troupes turques aux environs
de la ville de Kurdus.
Les trois divisions qui composaient cetto
armée, après avoir essayé de résister devant
les attaques turques, ont été entièrement
anéanties. Le général commandant de ce
groupe a été blessé et fait prisonnier.
Les débris de cette armée ont été faits pri-
sonniers dans les diverses parties de la ré-
gion montagneuse.
Démarche interalliée à Athènes
Athènes, 8 septembre. — Les ministres al-
liés ont fait une démarche auprès du minis-
tre des affaires étrangères pour attirer l'at-
tention du gouvernement hellénique sur les
excès commis par les troupes grecques en
Asie Mineure et qui sont susceptibles de pro-
voquer des représailles de la part des Turcs
contre les chrétiens.
Félicitations à Kemal pacha
Constantinople, 8 septembre. — L'émir
d'Afghanistan vient d'adresser un télégram-
me de félicitations à Mustapha Kemal pour
les succès remportés par ses soldats contre
les forces grecques.
Les Turcs de Paris se réjouissent
Les Turcs habitant Paris ont fêté jeudi qit
victoire de leurs armes dans un dîner frater-
nel. Ils ont chargé Haïri-Munir bey, direc-
teur du bureau des informations orientales,
de féliciter S. E. Ferid bey, représentant
d'Angora à Paris, pour le succès de là cam-
pagne.
Les convives étaient plus de deux cents.
) -.- (
PLOC-NOTES
Les dispensateurs de gloire
Voici qu'il est encore une fois question de
faire, parmi les parrains des rues de Paris,
de nouvelles promotions. C'est là une opéra-
tion à laquelle le Conseil municipal aime à
se livrer de temps à autre. Elle est, en effet,
singulièrement flatteuse pour nos édiles ainsi
investis d'une puissance morale sans pareille.
Devançant les décisions de la postérité, ils
d-éoernent suivant leur caprice des brevets
d'immortalité, jaugent les mérites et les ser-
vices rendus, pèsent le talent, voire même le
génie, et divisent les grands hommes en ca-
tégories : boulevards, avenues, rues et pas-
sages. Ils apparaissent comme les suprêmes
dispensateurs de gloire durable ; et que de
noms, en effet, ne survivent que parce qu'ils
sont inscrits à l'angle de quelque voie pu-
blique.
Ils me font penser à Minos, Rhadamanthe
et Eaque, tribunal redoutable, qui, à la porte
des Enfers, attribuait aux morts les places
qu'ils méritaient. Mais leur juridiction est in-
finiment plus étendue : elle s'applique aussi
aux vivants illustres, auxquels ils accordent
ou refusent à leur gré l'ordre anthume et pos-
thume de la plaque bleue. Devançant les ju-
gements de l'histoire et à propos du baptême
ou rebaptême d'une avenue, ils vont demain
trancher le grand débat que soulève la vic-
toire libératrice de la Marne. Ils font plus
encore, ils flétrissent, en les bannissant de
la voirie parisienne, les peuples agresseurs
et félons, tandis qu'ils consacrent et magni-
fient les alliances.
Mais cette tâche glorieuse ne va pas sans
inconvénient : il n'est pas de juge qui ne se
trompe, et les événements donnent souvent
de criants démentis aux jugements trop hâ-
tifs. Aussi nÇJs Conseillers ne passent-ils pas
sans un petit malaise devant certaines pla-
ques précipitamntent apposées et qu'il serait
tentés de déboulonner.
D'autre part, le plan nominal de Paris en
arrive à constituer une étrange salade, où se
trouvent mélangés des noms de personnes,
dont beaucoup complètement oubliées, des dé-
nominations géographiques parfois mal con-
nues, et de mots à étymologics diverses, de
telle sorte que le public ne s'y reconnaît plus;
— et cela donne lieu aux confusions les plus
saugrenues. Quelqu'un ne me soutenait-il pas
l'autre jour, que la célèbre rue Chabanais.
dont la désignation est cependant une ensei-
gne, portait le nom d'un général du premier
Empire !
Aussi, le Conseil municipal ferait peut-être
bien de renoncer à ce rôle de fabricant d'il.
lustrations, et s'il veut toutefois apporter
quelque clarté dans l',*
quelque clarté dans l'inexplicable confusion
de notre voirie, il devrait, au lieu de compli.
quer le gâchis actuel par un nouveau gâcltis.
s'inspirer du système américain, qui désigne
les voies urbaines par des numéros. Evidem-
ment, cela aurait moins de noblesse et de
pittoresque, mais combien éviterait-on par là
de recherches et de temps perdu ; et c'est
bien quelque chose.
Petit Jean.
—————————— > .- ( —————————
La Pologne participe à l'exposition
de l'alimentation à Londres
1 T
Varsovie, 8 septembre. — Les associations
agricoles, laitières, des raffineurs, les syndi-
cats pour le commerce des produits agrico-
les, les fabriques de liqueurs, etc., de Polo-
gne vont prendre part à l'exposition de l'ali-
mentation à Londres. Une riche collection de
semences et de plantes médicinales sera ex-
posée entre autres au Pavillon polonais, cons-
truit dans le style des maisons de campagne
Dolonaises.
L'ETERNEL RECOMMENCEMENT
'4,..
TROIS CORPS D'ARMEE
vont jouer à la "guéguerre"
Mais les grandes manœuvres
de Coëtquidan
ne seront sans doute pas médites
Nous sommes, paraît-il, revenus au temps
de paix, où il n'est point de mise de recom-
mencer la guerre — au moins tout de suite.
Alors, comme nos états-majors ne peuvent
tout de même pas demeurer inactifs et comme
toutes nos troupes ne sauraient être- em-
ployées à la fois sur le Rhin, on va occuper
généraux et soldats à faire la « guéguerre B.
Et comme les opérations se dérouleront en.
Bretagne, on ne pourra pas dire qu'elles cons-
titueront une répétition générale des pro-
chains derniers combats. Au surplus puisque
le thème de ces opérations, qui ressemble
étonnamment à ceux de jadis, comporte le
forcément d'un ruisseau par un parti ( rouge);
venant de l'Est et la défense de ce filet d'eau
par un parti bleu (arptée de l'Ouest)), il
ne sera point permis d'assimiler cette hypo-
thèse à quelque vraisemblance, même loin-
taine, encore que les quelques centimètres
de profondeur de ,¡J'AU! doivent figurer le
fossé du Rhin. Car, tout comme en 1914, 11
reste théoriquement entendu que les agres-
seurs ne sauraient venir que de l'Est et ma
prendront pas la route du Nord.
Déjà. avaient été remises en honneur les
sonneries dans les casernes, la revue de literie
et le graissage des pieds. Il ne manquait plua
que; les grandes manœuvres pour que l'ordre
ancien de nos armées — qui est aussi immua-
ble que la bureaucratie militaire — fût tout
à fait restauré. Le camp de Coëtquidan, où
elles vont avoir lieu et les villages légen-
daires de Beignon, Saint-Malo de Beignon,
la forêt indispensable de Paimpont seront
Qncore une lois le décor comme le théâtre
inévitable des actions d'éclat avec lesquelles
ce paysage est familier depuis 1870 déjà.
Les manchons blancs se couvriront à nou-
veau de gloire et ]o général Boissoudy sera,
plus ou moins satisfait de ses troupes, dont
l'attitude, selon tous les reporters militaires
spécialement envoyés au G. Q. G.. sera « ad-
mirable ».
Pour l'instant, trois corps d'armée se pré-
parent aux « marches d'approche ».La grande
bataille, sur un front de. 15 kilomètres, dure-
ra du 11 au 15 septembre. On s'efforcera
(autant quç possible) 4e respecter les récoltes,
le camp étant assez vaste, mais, n'est-ce pas,
on ne sait jamais, une fois qu'on est lancé
si le terrain mêm^ cultivé ne devra pas être
occupé et « organisé ».
Sauf cette « organisation » — entendes
qu'il y aura des tranchées de creusées, parce
qu'il est maintenant difficile de faire la
guerre, fût-ce 'pour rire, sans creuser des
trous — les grandes manœuvres de 1922 rap-
pelleront celles du passé. Deux innovatjons
pourtant : il y aura un défilé (sans doute
aligné) de .tanks, et Rennes, la ville paisible,
sera transformée en « gare régulatrice ». On
ne nous dit cas si le chef de gare sera mobi-
lisé et placé sous les ordres d'un commis-
saire militaire. Mais la chose est probable.
En somme on gaspillera pas mal d'argent
pour rien ou pour peu de résultats. Ce qui sera
aussi une réédition.
Il nous souvient qu'il y a vingt-cinq ans,
quand nous faisions les grandes manœuvres;
au camp de Coëtquidan déjà — le colonel
qui commandait notre régiment accourut
tout à coup sur nous au galop en criant :
« Qu'est-ce que c'est encore que ceux-là, et
qu'est-ce qu'ils font par iel ? » ':'
On se fit « reconnaître » comme étant ae
bataillon du commandant X. Alors le guer-
rier s'écria, sarcastique :
- Ah ! c'est le commandant X. ? Qu'est-ce
que je vais bien en t. 1 Allons, en réserve
le commandant X.,. J
Gageons que cette aventure comique — et
agréable pour nous, parce qu'on nous
octroya ainsi la « pose » — se renouvellera
encore cette année. Et que la manœuvre sera
recommencée, parce que les mêmes compa-
gnies se feront toujours capturer au même
endroit par l'ennemi.
L'éternel recommencement. comme disait,
il y a bien longtemps, un vieux philosophe
qui s'appelait Lucrèce.
Paul SEILOGE.
——————— ) -.- - ( —————————.
Les e Gens de mer"
contre
le projet ae M. Rio
C'est aujourd'hui que le président de la
République doit recevoir une délégation de
.'Inlerfédération nationale maritime qui plai-
dera auprès du chef de l'Etat la cause des
nuit heures dans la marine marchande.
M. Millerand est ainsi appelé à arbitrer un
conflit qui devient aigu par suite de la pro-
chaine application du projet de décret Rio,
prescrivant douze heures effectives de pré-
sence pour le personnel du pont comme pour
le personnel du service général.
L'entrevue qu'auront aujourd'hui les « gens
de mer » avec le président de la République
est donc grave de conséquences. Une grève
générale des inscrits maritimes peut en dé-
couler.
Pour le maintien des huit heures
Les marins combattent le projet Rio pour
les diverses raisons que nous allons rêsumur
ci-dessous :
« Ce décret, disent-ils, est de nature à com-
promettre par l'augmentation des heures de
travail au delà des forces humaines la sécu-
rité de la navigation et par voie de consé-
quence le renom de la marine marchande
française et entraver son développement.
« D'autre part, les décisions de cette nature
sont inopérantes et dangereuses, inopérantes
parce qu'elles ne sont pas de nature à sau-
ver l'armement français dans la crise mon-
diale que l'industrie des transports mariti-
mes traverse ; *
« Dangereuses parce qu'elles sont de na-
ture à porter atteinte à la confiante collabo-
ration de l'armement et du personnel, dont
celui-ci a fait jusqu'à ce jour les frais, que
de plus elle risque de créer à bord des na-
vires un état d'esprit contraire au dévelop-
pement et à la prospérité de la marine mar-
chande française. »
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