Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-09-04
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 septembre 1922 04 septembre 1922
Description : 1922/09/04 (N16471,A46). 1922/09/04 (N16471,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75119432
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2012
LA « LANTERNE » DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
Le Numéro : 10 (me.
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aux Bureaux du Journal
La Lanterne
46' ANNEE - N° 16.471
LUNDI
4
SEPTEMBRE 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
h
UNE ŒUVRE A POPULARISER
Les territoires du Sud
Après les Hauts-Plateaux de l'AIgé-
'rie, à travers tout le Sahara et jusqu'au
Soudan même, il y a une vaste contrée,
encore mal définie, et peu connue en
Fran-ce, qu'on iappelîe simplement les
¡Territoires du Sud. Cette contrée est im-
mense, si l'on en juge par ses limites
qui sont à, la fois tripolitaines, tunisien-
nes, marocaines et soudanaises ; il s'a-
git, en effet, de 2.200.000 kilomètres car-
rés que peuplent seulement 546.044 ha-
bitants.
Ces Territoires du Sud sont rattachés
au gouvernement général de l'Algérie
par une. simple direction. Le régime mi-
litaire y fonctionne également. Il y a là
une collaboration, civile et militaire
|peut-être unique au monde. Nos offi-
ciers, avant d'être envoyés dans ces
lointains et mystérieux parages suivent
des cours aux Facultés d'Alger ■— et voi-
ici, de même, une collaboration. entre
l'Université et l'Armée dont la France
;seule donne l'exemple. Il y a là une
unité dans l'amour de la plus grande
patrie qui devrait être plus populaire et,
par conséquent, plus admirée et applau-
die dans la métropole même : elle est
le symbole de l'activité et de la persévé-
rance de nos concitoyens, elle est la plus
belle marque de notre confiance en l'a-
yenir.
Donc, pour mieux faire connaître ces
Territoires du Sud, M. Steeg, gouver-
neur général de l'Algérie, a eu une très
louable idée.
Il a donné l'ordre d'exposer leur si-
tuation et cet exposé fera l'objet d'un
très précieux ouvrage qui sera divisé en
trois parties : 1° une description de ces
.territoires, destinée à faire savoir « ce
qu'ils sont » exactement et qui dira
!« pourquoi ils ont été créés » ; 2° le ré-
icit de « l'œuvre accomplie » dans ces
rrerritoires depuis leur établissement en
d902 ; 3" « la bibliographie des ouvra-
ges » des mémoires, des communica-.
tions importantes, ainsi que « des car-
tes » publiées ou établies, relatifs à cet-
te immense contrée.
La première partie : « Ce que sont ces
Territoires et pourquoi ils ont été créés »
vient d'être publiée. Elle comprend une
description des limites par le comman-
dant Duclos, chef du service des affaires
indigènes militaires du gouvernement
général de l'Algérie ; une description
géographique par M. E.-F. Gautier, pro-
fesseur de géographie du ;Sahara là la
faculté des lettres d'Alger ; une note
géologique par M. E. Ficheur, doyen de
la Faculté des Sciences d'Alger ; une
ëtude.eur la climatologie par M. Lasser-
re, directeur du service météorologique
de l'Algérie ; une étude sur les popula-
tions (ethnographie) par le commandant!
Duclos et (dénombrement) par M. Mar-
cel Larnaude, professeur à la Faculté
des Lettres d'Alger ; une note sur les
origines et sur les conditions de, la loi
,du 24 décembre i902 qui a créé les Ter-
ritoires du Sud, par M. A. Rozis, sous-
directeur au gouvernement général .de
l'Algérie, et enfin des cartes et des des-
sins exécutés par M. de Flotte r'e Ro-
iquevaire, chef du service cartographi-
que en Alg-érie.
« C'est un résumé complet des con-
naissances générales que l'on possédait
sur ces régions au 1" janvier 1922 »,
nous disent quelques lignes de l'aver-
tissement de cet ouvrage.
A tous les. esprits chagrins et pessi-
mistes qui, en ces temps incertains de
trouble et d'angoisses, désespèrent lâ-
chement du salut de la patrie, il faudrait
donner & lire ce nouveau livre. Il fau-
drait également le donner à tous les
hommes épris d'audace et de vaillance
qui ne trouvent pas le développement
complet de leur intelligence et de leur
activité dans la vieille Europe.
Par delà la Méditerranée, au sud de
l'Algérie, s'étend une immense région
qu'il faut appeler à la vie, qu'il faut re-
lier au monde moderne ; les esprits qui
désespèrent y trouveront, dans l'initia-
tive et le travail, une noble Taison d'exis-
ter et d'espérer ; les âmes enamourées
d'action y trouveront toute l'extension
possible de leur personnalité.
Voyez Xexemple que donnent ces of-
ficiers, ces professeurs, ces fonction-
naires : ils sont tous, là-bas, unis pour
une même œuvre ; ils mettent en com-
mun tout leur courage et toute leur
science pour faire davantage aimer et
prospérer ce qui doit être aussi la gran-
de et immortelle gloire de leur patrie ! Il
est à jamais fini le temps stupide où l'on
allait affirmant mensongèrement que la
France n'est pas une nation colonisa-
trice ; il est aussi fini le temps criminel
où l'on allait répétant partout que la
colonisation était le synonyme de l'ex-
ploitation. Où y a-t-il au monde des
êtres plus désintéressés, plus conscients
de leurs devoirs, plus pénétrés de l'esprit
de civilisation et de la mission de la
France que ces officiers, professeurs et
fonctionnaires dont nous venons de ci-
ter les noms ?
Qui, nous devons avoir, plus que la
Grande-Bretagne, que la Hollande —
nations réputées colonisatrices — l'or-
gueil de tout ce qui a été fait par nous
au delà des mers, à travers des régions
inconnues, malsaines et dangereuses :
au désert même'nous portons la joie
de l'œuvre à accomplir, au néant
nous donnons la vie. Que M. Steeg soit
donc loué pour l'idée qu'il a eue de faire
exposer tout ce que sont, tout ce que
peuvent devenir les Territoires du Sud!
C'est là une œuvre qui devrait avoir
la fierté d'elle-même. Or sa modestie
est excessive ; il est dit simplement :
« Le gouverneur général a décidé de
publier un exposé de la situation et de
donner à cette publication toute l'am-
pleur nécessaire pour que toutes les per-
sonnes désireuses de se renseigner y
trouvent des informations aussi com-
plètes que possible. »
Un devoir incombe maintenant à tous
les écrivains et à tous les conférenciers
de Paris et de province, à tous les grou-
pements et à toutes les organisations
métropolitaines qui ont le souci d'une
patrie rayonnant merveilleusement par
delà tous les continents, grâce à son gé-
nie et au noble effort de beaucoup de
ses enfants : celui de faire connaître
et de faire apprécier jusqu'en nos plus
petits villages ce qu'est notre France
africaine.
« Voilà la terre promise que j'ai vue
de loin. Je le sais, je n'y entrerai pas, il
me faut rester au pied de la montagne
avec ceux qui me tiennent. Du moins,
de la main qui me reste libre, je vou-
drais indiquer cette route 'à ceux qui
peuvent encore disposer d'eux-mê-
mes », a fort admirablement écrit Hu-
gues le Roux, dans son très beau livre:
Je deviens colon. 1Jean 1NELIA.
Jean MEUA
- --.,.
Le bouclier de Lord Cecil
Désarmer! Soit, déposons les armes, comme
chantent les choristes; c'est un plaisir de
mettre, après la victoire le fusil au râtelier.
Mais, attention !. Lord Robert Cecil, lui-
même, parlant au nom de la pacifique Albion,
au conseil de la Société des nations, ne veut
pas désarmer sans condition. Il écrit :
Dans l'état actuel du monde, la plupart des
gouvernements ne pourraient assumer la respon-
sabilité d'une sérieuse réduction des armements, à
moins de recevoir en échange une garantie satis-
faisante pour la sécurité de leur pays.
D'accord, il faut au pays qui met bas les
armes la garantie qu'il ne sera point, tout aus-
sitôt, traîtreusement attaqué par ses enne-
mis, enclins à batailler lorsqu'ils n'ont plus
rien à redouter.
L'excellent délégué britannique comprend
bien qu'il faut opposer au perfide agresseur
la coalition immédiate des pacifiste» liés par
le même pacte défensif et résidant en des
pays de la même région du globe. -
Voilà qui nous doit rassurer. Voyons un
peu ce qui se passerait demain si nos soldats,
voyant la « classe » venir avant l'heure, ren-
traient dans leurs foyers pour consacrer leur
activité aux labeurs de la paix.
L'Allemagne nous doit quelques dizaines de
jnïlliards, elle sait bien que la cause de cette
dette n'est pas discutable, mais ce sentiment
ne saurait abolir la pensée de se libérer à
bon compte. Or, la meilleure manière de ne
rien devoir est d'assommer son créancier et
tous ses héritiers.
Le désarmement du Reich est contrôlé,
mais, chaque jour, les cent mille hommes que
lui concédait le traité de Versailles comme
troupes de police s'accroissent avec toutes les
combinaisons des Noske, des Lutwitz, des
Hoffmann, des Reynhardt, elles sont en réa-
lité quatre ou cinq cent mille. Il y a des
armes cachées dans tous les coins, et des usi-
nes de produits chimiqués, capables de se
transformer en quelques jours en fabriques
d'explosifs.
Comment assurer la sécurité de la France ?
Lord Robert Cecil a prévu l'objection : « Dans
le cas où, pour des raisons historiques, géo-
graphiques ou autres un pays court tout parti-
culièrement risque d'être attaqué, des mesu-
res spéciales doivent être prises pour sa dé-
fense en exécution du plan précédent. »
Fort juste; les « mesures spéciales sont pri-
ses », elles se présentent effectivement sous
la forme hérissée de cinq cent mille baïonnet-
tes!
Désarmer en réduisant le nombre des fu-
sils, des canons, des avions, c'est une tâche
infiniment désirable; mais elle sera vaine tant
que nous n'aurons pas désarmé les haines.
C'est à quoi lord Robert Cecil ne .fait aucune
allusion, c'est à quoi n'ont pas le temps de
songer ni M. Poincaré, ni M. Lloyd George.
La guerre continue.
F. H,
- ■ ) o (
Inauguration à' Lille
du monument d'Henri Ghesquière
Plusieurs milliers de délégués des organisa-
tions socialistes françaises et belges étaient
présents hier à l'inauguration, place Ratis-
bonne, à Lille, du monument élevé à la mé-
moire d'Henri Ghesquière, ancien adjoint au
maire de Lille, conseiller général et député
du Nord.
Plusieurs discoure ont été prononcés. M.
Delory, député du Nord et maire de Lille, a
fait notamment l'éloge du défunt.
Au banquet, de 1.600 couverts qui suivit,
MM. Ferrand, député du Pas-de-Calais, Lon-
guet, ancien député et Pierard, député de
Mons (Belgique), ont célébré, à leur tour, la
mémoire de Ghesquière.
- ) -.- (
PAUVRE ALLEMAGNE !
Il est entendu Que l'Allemagne est ruinée
à fond. Voici qu'elle met à exécution le dé-
veloppement de son réseau téléphonique.
Une nouvelle ligne téléphonique, de 700 ki-
lomètres, est en préparation ; le coût de la
construction d'un kilomètre se monte à
700.000 marks allemands. Il paraît aussi que
la gare centrale de Munich, cependant la
plus grande du monde entier (elle a 32 voies
contre 28 de la plus grande gare aux Etats-
Unis) ne suffit plus aux besoins du trafic.
On va donc l'agrandir moyennant 176 mil-
lions de marks. Pauvre Allemagne !
LA POLITIQUE ALLEMANDE
LES DEUX POUVOIRS DU REICH
————————- eft~ ————————
Les politiciens sont dominés par les industriels,
et le peuple est la victime
de ces deux forces hostiles à la paix
b -,--
Berlin (D. N. C. P.). — En considérant
l'Allemagne politique actuelle, il est aisé de
constater qu'elle est gouvernée par 'deux for-
ces, l'une purement politique, l'autre écono-
mique. La première est appuyée sur les mas-
ses ouvrières dont le noyau est la Social-De-
mokratie, la seconde est celle qui a dans sa
main le pain des ouvriers, elle se compose
des industriels, des financiers, des grands
agriculteurs ; c'est la minorité, mais dont
l'influence est prépondérante.
Aujourd'hui, il n'y a plus en AHemagne de
possibilité pour une expérience bolcheviste.
Elle pourrai't "exister demain, mais seule-
mer.t par la défaite des deux forces qui sont
présentement à la tête du pays.
On peut mettre .en doute la sincérité des
hommes qui sont au gouvernement du Reich,
irais il est certain que le parti social répu-
blicain a une puissance réelle qui domine la
Prusse en raison de sa population d'ouvriers.
Le gouvernement a pratiqué une politique
tendant précisément à concentrer le pouvoir
en Prusse, plus encore qu'il ne l'était sous
les Hohenzollern. Les anciens Etats ont vu
peu à peu disparaître leur garantie d'autono-
mie administrative et il n'y a que la Bavière
qui ait protestent soit devenue, par cela mê-
me, le centre de la résistance réactionnaire.
La tendance politique socialiste ou répu-
blicaine a pénétré dans quelques classes
bourgeoises, mais elle est surtout enracinée
dans le prolétariat, parce qu'elle représente
l'cppcsition à la guerre désastreuse qui a
anéanti la prospérité de l'Alïemagne.
Le gouvernement s'est d'albord appuyé sur
cette idiée du maintien de la paix coûte que
coûte ; puis, en raison des misères qui ont
bientôt affligé le pays, certains esprits en
sent arrivés à soutenir qu'il valait la peine
de reprendre les armes pour se libérer des
conséquences de la défaite. C'est cette illu-
sion désespérée qui fait naître, au moment
même où l'on discute les charges que devra
s'imposer l'Allemagne pour faire face à ses
engagements, ce courant de haine et die re-
vanche furieusement manifesté dans la pres-
se d'outre-Rhin.
*
**
A certaines heures, l'accord se fait au-
dessus de lia politique. Nous avons connu
l'Union sacrée ; les Allemands à leur tour,
des socialistes aux nationalistes, se trouvent
unis pour maudire les Français qu'ils consi-
dèrent comme les auteurs responsables de
tous leurs maux.
Pangermanistes et conservateurs n'ont pas
intérêt à prendre le pouvoir, ils peuvent
laisser agir les représentants des partis
avancés qui sont capables d'aller aussi loin
qu'eux dans la voie qu'ils ont eux-mêmes
tracée ; il leur suffit d'exploiter habilement
les déceptions actuelles et la crise économi-
que pour pou&s'er au paroxysme l'indignation
populaire.
La crise allemande est économique et mo-
rale ; elle attaque avec l'Etat le peuple de
l'Allemagne. Les d'eux gouvernements, l'un
éminemment politique, mais pauivre de res-
sources financières, l'autre économique qui
maintient l'activité admira'ble des produc-
teurs allemands, sont d'accord dans leur ac-
tion. Le peuple, qui vit entre ces deux forces,
en est en réalité la victime, car le politique,
incapable de résister, laisse son partenaire
organiser le désastre qui doit, pensent-ils,
frustrer les alliés de ce qui leur est dû.
S'adresser à l'Etat allemand pour les répa-
rations, c'est en réalité comme si on s'adres-
sait à cette masse de travailleurs qui vitfbien
plus mal que sous l'Empire, mange une sou-
pe et du pain noir et n'a plus de force que
pour maudire.
Le gouvernement actuel du Reich, devant
un tel état de choses, n'a pas le coura-ge d'af-
fronter le problème et il voudrait éluder les
exigences de l'Entente, sans exiger que ceux-
là payent qui peuvent payer.
La question du moratorium a en ce mo-
m'ent une importance à la fois internationale
et intérieure ; des hommes comme Wirth
'Ett Hermès s'en rendent compte et sont obli-
gés d'user d'artifices, tantôt envers l'Alle-
magne, tantôt à l'égard des alliés.
Une telle situation est pleine de périls ;
elle peut entraîner les population aux actes
les plus irréfléchis et elle peult lier un pou-
voir faible au petit groupe qui tient dans sa
main la structure économique du pays. L'une
€.t l'autre conséquence sont une menace
pour la paix de l'Europe, mais l'on n'a pas
encore trouvé le moyen d!e conjurer un tel
danger.
*
**
Dès la première quinzaine du mois d'août
et jusqu'à la fin, le mark n'a pas cessé de
baisser au point de ne valoir que quelques
le millimes. A côté 'de la grande spéculation
dont s'accommodent les requins de première
grandeur, il en existe une autre plus modes-
te, qui fait l'affaire du menu fretin. Nombre
des gens, là Berlin, ont sorti leur réserve de
valeurs étrangères au moment précis où le
mark se dépréciait, réalisant ainsi une som-
me fantastique de papier. Les devises natio-
nales, s'arrêtant dans leur chute, les som-
mes réalisées par les joueurs sont consa-
crées de nouveau à l'achat de valeurs étran-
gères et mises en réserve, pour une nouvelle
opération. C'est dans -cette cascade du mark
que les petits spéculateurs s'efforcent de ti-
rer parti de la débâcle économique.
Jusiqu'où cela ira-t-il ? Nul nie cherche à
le savoir et personne ne s'arrête à y penser.
Le peuiple n'attachant plus 'de valeur au
mark le dépensa sans compter et une autre
crise se dessine à l'horizon, c'est une crise
de moralité.
Depuis la guerre il s'est formé en Allema-
gnle un esprit mercantile qui incite certains
individus à spéculer aussi bien sur la fortu-
ne Mue sur la disgrâce de leurs pays. La vie
commerciale elle-même a été profondément
affectée 'dans [les caractères de rectitude et
d'honnêteté ; il y a aujourd'hui, dans tous
les pays de change avarié, une touribe d'usu-
riers et de mercantis, qui sont un véritable
fléau pour des nations déjà si cruellem'ent
éprouvées.
Mais les Allemands, qui voulurent et firent
l'a guerre, comprendront-ils jamais qu'ils sont
les auteurs responsables d'es maux dont s'ouf-
fre le monde et par surcroît de ceux qui les
accablent.,
G. METZER.
M. Poincaré inaugure à Honfleur
le monument Albert Sorel
■
Le président du Conseil a fait l'éloge du grand historien français, puis a
conclu: "Messieurs, relisons Sorel, et restons prêts à défendre nos droits."
La ville d'Honfleur a inauguré hier le mo-
nument élevé à la mémoire du grand histo-
rien Albert Sorel. un de ses plus illustres en-
fants.
L'animation était grande dans les rues
étroites bordées d'arcs de triomphe élevés à
la mémoire de M. Albert Sorel et en l'hon-
neur de M. Poincaré.,
Des banderoles portant des inscriptions de
bienvenue, des drapeaux, des oriflammes dé-
coraient à profusion les édifices publics et
les maisons.
Les deux avisos le Verdun et le Belfort,
arrivés hier matin, ainsi que les bateaux an-
crés dans le port arboraient le grand pavoi.
Arrivé à midi. et après la réception des
corps constitués, le président du conseil a as-
sisté au collège à un grand banquet, puis il
a. présidé l'inauguration du monument.
Le discours de M. Poincaré
A cette occasion, M. Raymond Poincaré a
prononcé un grand discours dans lequel il a
d'abord dessiné, les traits d'Albert Sorel, dont
la physionomie évoquait celle des chefs nor-
mands, Hastings ou Rollon. Il a rappelé que
Sorel se flattait d'être Normand « du faîte
à la base »' et qu'il aimait passionnément sa
province où il avait tant de plaisir à revenir
pour y travailler et s'y reposer.
Mais. a dit le président du conseil :
« De la France, comme de la Normandie,
tout lui était cher : le passé et le présent, les
gloires et les tristesses, la langue, les monu-
ments, les écrivains et les artistes. Son" pa-
triotisme était si ardent qu'il pénétrait jusque
dans les régions de la science et de l'histoire.
Lorsque Sorel parle des hommes ou des peu-
ples, il tâche de saisir leurs intentions et de
retracer fidèlement leurs actes ; il s'efforce
consciencieusement de comprendre leurs mo-
tifs, d'expliquer leur conduite, de les juger
avec impartialité ; mais, ajoute-t-il lui-mê-
me : « Je ne prétends pas à une impassibi-
lité que je ne connais point » ; et il nous
confie sincèrement qu'il n'est pas une page
de ses livres qu'il n'ait écrite sans prédilec-
tion, dans l'indifférence de son pays, dans le
désintéressement de nos affaires publiques,
dans l'insouciance des intérêts français. Il
nous avoue qu'il ressent le frisson des tam-
hourf battant la charge, des clairons sonnant
l'héroïsme, des fanfares victorieuses dans la
lumière bleue des Invalides. Il nous confesse
Que les larmes lui montent aux yeux, lorsque
son récit l'entraîne sur les chemins perdus de
la Silésie, arrête sa pensée devant de petites
croix délabrées et moisies. et lui rappelle
tout à coup qu'en l'année 1813, des Français
sont tombés là-bas pour l'honneur de leur pa-
trie. Quelles émotions n'eût-il pas éprouvées,
s'il avait pu savoir qu'en 1922, trois ans après
'de nouvelles batailles, de nouveaux deuils et
de nouvelles victoires, des Français mou-
raient encore sur les mêmes terres lointai-
nes, et non plus seulement pour l'honneur
de leur patrie, mais pour la défense du droit
européen et pour la sauvegarde de la civilisa-
tion. »
M. Poincaré a fait ensuite un parallèle en-
tre le scrupuleux historien français qu'était
Albert Sorel et ces professeurs allemands, les
Lamprecht, les Schlismann, les Delbruck,
etc. qui soutenaient que l'histoire doit être
écrite avec « colère et avec passion ».
Retraçant alors l'œuvre historique du dis-
paru, - l'orateur a déclaré que c'était dans
l'étude de l'émouvant problème de nos fron-
tières nationales qu'Albert Sorel avait affir-
mé ses plus hautes qualités.
« Il a brossé, a dit M. Poincaré, un tableau
magistral des différents traités qui, de 1790
à 1871, s'efforcèrent de mutiler et de dimi-
nuer la France. »
Et dans une péroraison magnifique, le pré-
sident du conseil s'est écrié :
« Mieux que personne, messieurs, Albert
Sorel a vu quelle était la précarité de ces
traités successifs. En les rédigeant, les - diplo-
mates avaient morcelé des territoires et com-
posé des lots de peuples, comme avaient fait,
au XVIIIe siècles, les cyniques co-partageants
de la Pologne. Ils avaient organisé l'Europe
en Etats, comme s'il n'y avait point en Eu-
rope de nations. Or, remarque très justement
Sorel, les Etats ne vivent que par les nations
qu'ils représentent. Belges et Hollandais
avaient été unis malgré eux ; la Pologne
était restée démembrée ; l'Italie avait été
réduite à n'être plus qu'une expression géo-
graphique ; l'Autriche et la Prusse avaient
repris et même accru des possessions injus-
tement acquises ; et, en même temps, l'es-
prit national, partout surexcité par la Révo-
lution et par la guerre, s'était dans l'Europe'
entière puissamment développé. « A peine dé-
« livrés de Napoléon, constate Sorel, les Al-
« lemands ont rêvé de Barberousse et d'O-
« thon, maîtres des Italiens, des Lotharin-
« giens, des Bourgognes et des Flandres. »
Depuis la mort de votre illustre compatriote,
le rêve des Allemands a été interrompu ;
et même, à force de se laisser entraîner par
leurs chimères, ils ont fini par inquiéter les
autres peuples et par provoquer une révolte
générale de la conscience humaine. Mais com-
bien de temps se rappelleront-ils la leçon
que leur ont infligée les faits et qui ressortait
déjà, si éclatante, des études de Sorel ? Sui-
vant leur incurable manie d'intervertir les
rôles, ils recommencent à nous accuser d'im-
périalisme, à l'heure où nous faisons preuve,
vis-à-vis du monde, d'autant de patience que
de modération, et où eux-mêmes élèvent, de
nouveau, le « Deutschland Uber ailes » à la
dignité de chant national. Messieurs, relisons
Sorel ; et restons prêts à défendre nos
droits. »
Cette péroraison a été accueillie par les
cris de : Vive la France ! Vive Poincaré !
M. Albert-Emile Sorel, fils de l'historien,
s'avança ensuite près du président du conseil
pour le remercier. M. Poincaré lui donna
l'accolade.
Le président du conseil a gagné la gare
au milieu des acclamations de la population.
A 16 heures, le train spécial du président
du conseil est parti pour Paris, où il est ar-
rivé à 19 heures 35.
■ < -
Première journée de chasse
Le gibier n'a été ni très abondant
ni très cher aux Halles
L'ouverture de la chasse a été favorisée
fcier par un temps que les chasseurs ont pu
qualifier de « choisi ». Pas de pluie, un vent
frais qui favorisait la quête des « limiers »;
un terrain un peu humide, propice aux ran-
données des « courants o).
Encore que sans doute bien des pièces de
gibier fussent prêtes depuis plusieurs jours
A être introduites sur le marché de Paris, ce
n'est qu'un peu après-midi qu'elles ont fait
leur apparition aux Halles. Aux barrières de
l'octroi, par ordre du préfet de police, ii
avait été interdit formellement de les laisser
passer avant midi précis. ;
Les amateurs étaient assez nombreux au pa-
villon de la volaille où avait lieu la vente,
mais la demande a été plutôt fai'ble et les
prix, contrairement à la règle, n'ont point
été supérieurs à ceux de l'an dernier. Ils ont
plutôt tendance à fléchir.
Un premier lot de perdreaux a été vendu
85 francs les 6, puis 88 francs et 108 francs
les 10. Un autre lot, des lièvres, a été vendu
40 francs les 4, puis 15 francs 5 petits liè-
vres, 120 francs 4 gros lièvres anglais, 154
francs 4 autres gros lièvres. Citons encore:
1 perdreau, 18 francs; 7 perdreaux, 102 fr.;
10 autres, hollandais, 108 francs; puis 82
francs les 6; deux lapins de garenne, 12 fr.;
10 cailles françaises, 100 francs.
Notons enfin qu'on a adjugé jusqu'à des che-
vreuils tchécoslovaques. Inutile d'ajouter
qu'ils avaient un fumet spécial. Les amateurs
de « faisandé » ont dû les trouver à point.
Ils ne les ont pourtant pas payé plus de 125
francs les 10 kilos. Presque aussi bon mar-
ché que le vulgaire gigot!.
ç ■ ».
QUERELLE D'ALLEMANDS
Un exemple de la mauvaise foi germanique
Gomment un accident devient nn attentat
Au cours d'exercices navals qui eurent lieu
il y a deux semaines à Puck (Putzig), petit
port polonais sur la mer Baltique, le pilote
d'un hydravion laissa tomber par mégarde
sur la plage une bombe qui devait être jetée
en pleine mer. Cet accident malheureux causa
des victimes parmi les spectateurs qui assis-
taient à la manœuvre. Quelques militaires,
parmi eux M. Kubas, officier attaché à la
mission navale polonaise de Dantzig, furent
également tués.
La presse de Berlin ne se borna pas à en-
registrer la nouvelle ; elle la commenta avec
6a mauvaise foi coutumière et il parut des
articles déclarant qu'il s'agissait d'un atten-
tat contre des Allemands et que l'auteur, en
aemant la mort, avait voulu se venger de
l'hostilité du Reich à l'égard de la Pologne.
Si ce mensonge n'avait pas dépassé les fron-
tières de l'Allemagne, il n'y aurait eu que
demi^nal, mais les officines pangermanistes
avaient là une magnifique occasion de porter
à nos alliés de l'Est un préjudice moral et
ils n'y ont pas manqué. Et les agences offi-
cieuses allemandes firent transmettre à la
presse italienne des télégrammes sensation-
nels parlant de bombardement, de vengeance,
d'assassinat. Sous le titre « Folie polonai-
se » (Follia polacca), on lit par exemple dan»
lQ Corriere di Napùli du 17 août dernier :
« Le corridor polonais qui sépare la Prusse
Orientale du reste de l'Etat allemand vient
d'être témoin d'un épisode terrible de la
lutte entre la Pologne et l'Allemagne.
« On aurait cru être revenu à l'époque la
plus tragique de la guerre, quand les avions
attaquaient les villes sans défense et des pt*
pulations paisibles.
« A Putzig, dans le voisinage de Dàntzig,
les Polonais ont fait une grande démonstra.
tion contre les Allemands. Au cours d'un
« meeting », un aéroplane polonais volan*
à une faible hauteur au-dessus de la ville'dont
la population est en majorité allemande, a
lancé une bombe. D'après les premières nou-
velles télégraphiques arrivées à Berlin, on a
relevé des cadavres parmi lesquels des fem-
mes et des enfants. Il y a également des bles-
sés en irand nombre. Cet attentat a créé à
Pulzig et dans toute la région une excitation
indescriptible. A Berlin également, dans les
sphères politiques .et dans la presse, cet évnement tragique a provoqué une impression
énorme ».
Le même télégramme a été publié dans le
Secolo, dans Il Paese, dans Il Communista,
etc
Il est regrettable que nos confrères italiens
se soient laissé si facilement induire en er-
reur par les agences allemandes et que leur
crédulité ait pérmis aux pangermanistes de
trouver en Italie una arme pour la propa-
gande antipolonaise-
—————————— > - -.. :
LA RENTRÉE DES CHAMBRES
10 ou 17 octobre ?
Il est question de deux dates pour la ren-
trée des Chambres: celles du 10 et du 17 oc-
tobre. Disons tout de suite que personne n'est
encore fixé sur celle qui sera choisie par In
gouvernement, pas même M. Raoul Péret, pré-
sident de la Chambre, qui vient de passer
deux jours à Paris et a pu s'entretenir avec
M. Poincaré, président du conseil, et avec
M. Maunoury, ministre de l'intérieur.
Cette question de la date d'ouverture de
la session extraordinaire de 1922 sera vrai-
semblablement examinée au conseil des mi-
nistres qui aura lieu le jeudi 14 septembre
tk Rambouillet.
LE CAS WOELFFEL
M. Georges Barthélemy
interpellera
sur les scandales du Togo
Le ministre des colonies n'aurait pas suivi
l'avis de la commission d'enquête
Nous disions hier que l'affaire du Togo
n'était pas close. On annonce, en effet,
qu'elle aura sa répercussion — pour la
deuxième fois — au Parlement.
Notre ami, M. Georges Barthélémy, député
du Pas-de-Calais, se propose en effet de la
porter à la tribune de la Chambre. Nul, d'ail-
leurs. ne semble plus autorisé que lui à élu-
cider le cas de MM. Wœlffel et Lucas, frap-
pés, comme on le sait, par le ministre des
colonies.
M. Georges Barthélemy est un spécialiste
des questions coloniales ; il a appartenu &
l'administration de la rue Oudinot et il est
délégué du Soudan et de la Haute-Volta au
conseil supérieur des colonies. Il connaît ad-
mirablement nos possessions africaines, où il
a effectué récemment un long voyage des plus
intéressants et une enquête des plus appro-
fondies. Il n'est pas sans s'être documenté
avec précision sur le « scandale » du Togo.
Interrogé par un de nos confrères du soir
sur le sens de l'intervention parlementaire
qu'il projette, M. Georges Barthélemy a fait
des déclarations qui ne laissent pas de jeter
sur l'affaire un jour nouveau ou tout au
moins un doute troublant
Selon lui, il n'est pas du tout certain que
M. Sarraut se soit conformé aux conclusions
de la commission d'enquête devant laquelle
a comparu M. Wœlffel. Il a. au contraire.
ajouté :
J'ai même tout lieu de croire que la majo-
rité des membres de cette commission esti-
mait que l'ancien représentant de la France
au Togo n'avait commis aucune, faute et n'en-
courait aucune sanction. Pourquoi le ministre,
passant outre à cet avis, l'a-t-il frappé ? Je
m'en étonne. Mais je n'ignore pas,. d'autre part*
que certains collaborateurs immédiats de M.
Sarraut ont de hautes ambitions. M. "Wœlffel
venait en bonne place pour être nommé COli.
verneur des colonies. Lui parti, c'était un sé-
rieux concurrent évincé. M. Sarraut ignore
le veux bien le croire. les intrigues qui se
nouent autour de lui. Mais, consciemment ou
non, il s'en fait le complice et se montre d'ail-
leurs. comme tous les ministres, reconnaissant
pour les services intéressés qui lui sont ainsi
rendus. Telle nomination de gouverneur en est
la preuve. Les broderies de gouverneur <100
colonies font bien dans une corbeille de ma-
riage.
Le comble, c'est que, toujours selon M,
Georges Barthélémy, M. Wœlffel n'aurait pas
été encore avisé officiellement de sa disgrâce.
Le décret qui le concerne n'a d'ailleurs paru
qu'hier à l'Officiel, tandis que la sanction
prise par le ministre était annoncée vendredi
matin par les journaux.
Le député du Pas-de-Calais a terminé ainsi:.
Tout cela n'est guère correct. Je m'élève, en
ce qui me concerne, contre les procédés de M.
Sarraut à l'égard des fonctionnaires en cause,
qui ne méritaient pas un traitement aussi hu-
miliant.
Ces faits auront d'ailleurs leur éch'o à 3a tri-
bune de la Chambre. Mon interpellation et celle
de mon collègue M. Louis Antériou, député de
-l'Ardèche, sur les sanctions appliquées à MM.
Wœlffel et Lucas, mettront le ministre des
colonies en demeure de s'expliquer sur toue
ces points : procédés incorrects, indiscrétions
prématurées au profit de certains journaux,
responsabilités véritables, responsabilités dont
il faudra bien convenir qu'elles étaient non
pas à Lamé, Togo, mais rue Oudinot, à Paris.
Si les coupables sont rue Oudinot, nous ne
tarderons pas sans doute à les connaître. At.
tendons le développement que l'affaire est à
la veille de prendre.
P. S.
:.- ) - (
L'Assemblée
de la Société des Nations
se réunit
aujourd'hui à Genève
La Société des nations se réunira pour 19
troisième fois en assemblée générale, au*
jourd'hui 4 septembre, à Genève.
On connaît la composition de la déléga-
tion française :, MM. Léon Bourgeois, Vi-
viani, Hanotaux, délégués ; Noblemaire,
Henry de Jouvenel, Reynald, Georges Bar-
thélémy. délégués suppléants. Les conseil-
lers techniques sont : MM. Serruys, direc-
teur des accords commerciaux au minis-
tère du commerce ; Gignoux, du ministère
de commerce; West, du service français de
la Société des nations ; Fromageot et Geouf-
fre de Lapradelle, jurisconsultes du minis-
tère des affaires étrangères : Reveillaud.
conseiller de préfecture de la Seine ; Louis
Aubert. agrégé de l'Université,
La délégation belge est composée de MM.
Paul Hymans, ancien ministre des affaires
étrangères ; Prosper Poullet, ancien prési-
dent de la Chambre des représentants
Louis Brouckère.
L'Amériaue latine sera largement repré-
sentée à l'assemblée. Certains pays latins
qui étaient absents l'an passé, tel le Pérou,
ont annoncé l'arrivée de leurs représentants.
L'Argentine n'a pas modifié son attitude.
Bien qu'étant toujours membre de la Socié-
té des nations, elle continuera de s'abste-
nir cette année de paraître à l'assemblée.
L'arrivée de délégués
Genève, 3 septembre. — MM. Léon Bour-
geois, de Jouvenel, Reynald et Joseph Bar-
thélémy, délégués de la France à l'assem-
blée des nations, sont arrivés hier matin
à Genève. M. Noblemaire n'arrivera qu'au-
jourd'hui. Les délégués français ont été sa-
lués à la gare par le consul général de
France et par les membres français du se-
crétariat de la Société des nations.
La ville a pavoisé en l'honneur de la 38
assemblée des nations.
Mardi soir aura lieu, en l'honneur des dé-
légations. une grande fête nautique sur la
lac.
L'ouverture de la session
La séance inaugurale s'ouvrira aujour-
d'hui sans solennité suivant l'usaae. SU»
Le Numéro : 10 (me.
ABONNEMENTS 1 an 6 m. 8 m.
Seine et S.-et-O. 26 » 13 » 7 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 50
étranger .,. 65 J) 28 » 16 »
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Tél. : GTJTENB. 01-99
Ap. 23 h. : Roquette 84-93
PubUcti et Annonces
aux Bureaux du Journal
La Lanterne
46' ANNEE - N° 16.471
LUNDI
4
SEPTEMBRE 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
h
UNE ŒUVRE A POPULARISER
Les territoires du Sud
Après les Hauts-Plateaux de l'AIgé-
'rie, à travers tout le Sahara et jusqu'au
Soudan même, il y a une vaste contrée,
encore mal définie, et peu connue en
Fran-ce, qu'on iappelîe simplement les
¡Territoires du Sud. Cette contrée est im-
mense, si l'on en juge par ses limites
qui sont à, la fois tripolitaines, tunisien-
nes, marocaines et soudanaises ; il s'a-
git, en effet, de 2.200.000 kilomètres car-
rés que peuplent seulement 546.044 ha-
bitants.
Ces Territoires du Sud sont rattachés
au gouvernement général de l'Algérie
par une. simple direction. Le régime mi-
litaire y fonctionne également. Il y a là
une collaboration, civile et militaire
|peut-être unique au monde. Nos offi-
ciers, avant d'être envoyés dans ces
lointains et mystérieux parages suivent
des cours aux Facultés d'Alger ■— et voi-
ici, de même, une collaboration. entre
l'Université et l'Armée dont la France
;seule donne l'exemple. Il y a là une
unité dans l'amour de la plus grande
patrie qui devrait être plus populaire et,
par conséquent, plus admirée et applau-
die dans la métropole même : elle est
le symbole de l'activité et de la persévé-
rance de nos concitoyens, elle est la plus
belle marque de notre confiance en l'a-
yenir.
Donc, pour mieux faire connaître ces
Territoires du Sud, M. Steeg, gouver-
neur général de l'Algérie, a eu une très
louable idée.
Il a donné l'ordre d'exposer leur si-
tuation et cet exposé fera l'objet d'un
très précieux ouvrage qui sera divisé en
trois parties : 1° une description de ces
.territoires, destinée à faire savoir « ce
qu'ils sont » exactement et qui dira
!« pourquoi ils ont été créés » ; 2° le ré-
icit de « l'œuvre accomplie » dans ces
rrerritoires depuis leur établissement en
d902 ; 3" « la bibliographie des ouvra-
ges » des mémoires, des communica-.
tions importantes, ainsi que « des car-
tes » publiées ou établies, relatifs à cet-
te immense contrée.
La première partie : « Ce que sont ces
Territoires et pourquoi ils ont été créés »
vient d'être publiée. Elle comprend une
description des limites par le comman-
dant Duclos, chef du service des affaires
indigènes militaires du gouvernement
général de l'Algérie ; une description
géographique par M. E.-F. Gautier, pro-
fesseur de géographie du ;Sahara là la
faculté des lettres d'Alger ; une note
géologique par M. E. Ficheur, doyen de
la Faculté des Sciences d'Alger ; une
ëtude.eur la climatologie par M. Lasser-
re, directeur du service météorologique
de l'Algérie ; une étude sur les popula-
tions (ethnographie) par le commandant!
Duclos et (dénombrement) par M. Mar-
cel Larnaude, professeur à la Faculté
des Lettres d'Alger ; une note sur les
origines et sur les conditions de, la loi
,du 24 décembre i902 qui a créé les Ter-
ritoires du Sud, par M. A. Rozis, sous-
directeur au gouvernement général .de
l'Algérie, et enfin des cartes et des des-
sins exécutés par M. de Flotte r'e Ro-
iquevaire, chef du service cartographi-
que en Alg-érie.
« C'est un résumé complet des con-
naissances générales que l'on possédait
sur ces régions au 1" janvier 1922 »,
nous disent quelques lignes de l'aver-
tissement de cet ouvrage.
A tous les. esprits chagrins et pessi-
mistes qui, en ces temps incertains de
trouble et d'angoisses, désespèrent lâ-
chement du salut de la patrie, il faudrait
donner & lire ce nouveau livre. Il fau-
drait également le donner à tous les
hommes épris d'audace et de vaillance
qui ne trouvent pas le développement
complet de leur intelligence et de leur
activité dans la vieille Europe.
Par delà la Méditerranée, au sud de
l'Algérie, s'étend une immense région
qu'il faut appeler à la vie, qu'il faut re-
lier au monde moderne ; les esprits qui
désespèrent y trouveront, dans l'initia-
tive et le travail, une noble Taison d'exis-
ter et d'espérer ; les âmes enamourées
d'action y trouveront toute l'extension
possible de leur personnalité.
Voyez Xexemple que donnent ces of-
ficiers, ces professeurs, ces fonction-
naires : ils sont tous, là-bas, unis pour
une même œuvre ; ils mettent en com-
mun tout leur courage et toute leur
science pour faire davantage aimer et
prospérer ce qui doit être aussi la gran-
de et immortelle gloire de leur patrie ! Il
est à jamais fini le temps stupide où l'on
allait affirmant mensongèrement que la
France n'est pas une nation colonisa-
trice ; il est aussi fini le temps criminel
où l'on allait répétant partout que la
colonisation était le synonyme de l'ex-
ploitation. Où y a-t-il au monde des
êtres plus désintéressés, plus conscients
de leurs devoirs, plus pénétrés de l'esprit
de civilisation et de la mission de la
France que ces officiers, professeurs et
fonctionnaires dont nous venons de ci-
ter les noms ?
Qui, nous devons avoir, plus que la
Grande-Bretagne, que la Hollande —
nations réputées colonisatrices — l'or-
gueil de tout ce qui a été fait par nous
au delà des mers, à travers des régions
inconnues, malsaines et dangereuses :
au désert même'nous portons la joie
de l'œuvre à accomplir, au néant
nous donnons la vie. Que M. Steeg soit
donc loué pour l'idée qu'il a eue de faire
exposer tout ce que sont, tout ce que
peuvent devenir les Territoires du Sud!
C'est là une œuvre qui devrait avoir
la fierté d'elle-même. Or sa modestie
est excessive ; il est dit simplement :
« Le gouverneur général a décidé de
publier un exposé de la situation et de
donner à cette publication toute l'am-
pleur nécessaire pour que toutes les per-
sonnes désireuses de se renseigner y
trouvent des informations aussi com-
plètes que possible. »
Un devoir incombe maintenant à tous
les écrivains et à tous les conférenciers
de Paris et de province, à tous les grou-
pements et à toutes les organisations
métropolitaines qui ont le souci d'une
patrie rayonnant merveilleusement par
delà tous les continents, grâce à son gé-
nie et au noble effort de beaucoup de
ses enfants : celui de faire connaître
et de faire apprécier jusqu'en nos plus
petits villages ce qu'est notre France
africaine.
« Voilà la terre promise que j'ai vue
de loin. Je le sais, je n'y entrerai pas, il
me faut rester au pied de la montagne
avec ceux qui me tiennent. Du moins,
de la main qui me reste libre, je vou-
drais indiquer cette route 'à ceux qui
peuvent encore disposer d'eux-mê-
mes », a fort admirablement écrit Hu-
gues le Roux, dans son très beau livre:
Je deviens colon. 1Jean 1NELIA.
Jean MEUA
- --.,.
Le bouclier de Lord Cecil
Désarmer! Soit, déposons les armes, comme
chantent les choristes; c'est un plaisir de
mettre, après la victoire le fusil au râtelier.
Mais, attention !. Lord Robert Cecil, lui-
même, parlant au nom de la pacifique Albion,
au conseil de la Société des nations, ne veut
pas désarmer sans condition. Il écrit :
Dans l'état actuel du monde, la plupart des
gouvernements ne pourraient assumer la respon-
sabilité d'une sérieuse réduction des armements, à
moins de recevoir en échange une garantie satis-
faisante pour la sécurité de leur pays.
D'accord, il faut au pays qui met bas les
armes la garantie qu'il ne sera point, tout aus-
sitôt, traîtreusement attaqué par ses enne-
mis, enclins à batailler lorsqu'ils n'ont plus
rien à redouter.
L'excellent délégué britannique comprend
bien qu'il faut opposer au perfide agresseur
la coalition immédiate des pacifiste» liés par
le même pacte défensif et résidant en des
pays de la même région du globe. -
Voilà qui nous doit rassurer. Voyons un
peu ce qui se passerait demain si nos soldats,
voyant la « classe » venir avant l'heure, ren-
traient dans leurs foyers pour consacrer leur
activité aux labeurs de la paix.
L'Allemagne nous doit quelques dizaines de
jnïlliards, elle sait bien que la cause de cette
dette n'est pas discutable, mais ce sentiment
ne saurait abolir la pensée de se libérer à
bon compte. Or, la meilleure manière de ne
rien devoir est d'assommer son créancier et
tous ses héritiers.
Le désarmement du Reich est contrôlé,
mais, chaque jour, les cent mille hommes que
lui concédait le traité de Versailles comme
troupes de police s'accroissent avec toutes les
combinaisons des Noske, des Lutwitz, des
Hoffmann, des Reynhardt, elles sont en réa-
lité quatre ou cinq cent mille. Il y a des
armes cachées dans tous les coins, et des usi-
nes de produits chimiqués, capables de se
transformer en quelques jours en fabriques
d'explosifs.
Comment assurer la sécurité de la France ?
Lord Robert Cecil a prévu l'objection : « Dans
le cas où, pour des raisons historiques, géo-
graphiques ou autres un pays court tout parti-
culièrement risque d'être attaqué, des mesu-
res spéciales doivent être prises pour sa dé-
fense en exécution du plan précédent. »
Fort juste; les « mesures spéciales sont pri-
ses », elles se présentent effectivement sous
la forme hérissée de cinq cent mille baïonnet-
tes!
Désarmer en réduisant le nombre des fu-
sils, des canons, des avions, c'est une tâche
infiniment désirable; mais elle sera vaine tant
que nous n'aurons pas désarmé les haines.
C'est à quoi lord Robert Cecil ne .fait aucune
allusion, c'est à quoi n'ont pas le temps de
songer ni M. Poincaré, ni M. Lloyd George.
La guerre continue.
F. H,
- ■ ) o (
Inauguration à' Lille
du monument d'Henri Ghesquière
Plusieurs milliers de délégués des organisa-
tions socialistes françaises et belges étaient
présents hier à l'inauguration, place Ratis-
bonne, à Lille, du monument élevé à la mé-
moire d'Henri Ghesquière, ancien adjoint au
maire de Lille, conseiller général et député
du Nord.
Plusieurs discoure ont été prononcés. M.
Delory, député du Nord et maire de Lille, a
fait notamment l'éloge du défunt.
Au banquet, de 1.600 couverts qui suivit,
MM. Ferrand, député du Pas-de-Calais, Lon-
guet, ancien député et Pierard, député de
Mons (Belgique), ont célébré, à leur tour, la
mémoire de Ghesquière.
- ) -.- (
PAUVRE ALLEMAGNE !
Il est entendu Que l'Allemagne est ruinée
à fond. Voici qu'elle met à exécution le dé-
veloppement de son réseau téléphonique.
Une nouvelle ligne téléphonique, de 700 ki-
lomètres, est en préparation ; le coût de la
construction d'un kilomètre se monte à
700.000 marks allemands. Il paraît aussi que
la gare centrale de Munich, cependant la
plus grande du monde entier (elle a 32 voies
contre 28 de la plus grande gare aux Etats-
Unis) ne suffit plus aux besoins du trafic.
On va donc l'agrandir moyennant 176 mil-
lions de marks. Pauvre Allemagne !
LA POLITIQUE ALLEMANDE
LES DEUX POUVOIRS DU REICH
————————- eft~ ————————
Les politiciens sont dominés par les industriels,
et le peuple est la victime
de ces deux forces hostiles à la paix
b -,--
Berlin (D. N. C. P.). — En considérant
l'Allemagne politique actuelle, il est aisé de
constater qu'elle est gouvernée par 'deux for-
ces, l'une purement politique, l'autre écono-
mique. La première est appuyée sur les mas-
ses ouvrières dont le noyau est la Social-De-
mokratie, la seconde est celle qui a dans sa
main le pain des ouvriers, elle se compose
des industriels, des financiers, des grands
agriculteurs ; c'est la minorité, mais dont
l'influence est prépondérante.
Aujourd'hui, il n'y a plus en AHemagne de
possibilité pour une expérience bolcheviste.
Elle pourrai't "exister demain, mais seule-
mer.t par la défaite des deux forces qui sont
présentement à la tête du pays.
On peut mettre .en doute la sincérité des
hommes qui sont au gouvernement du Reich,
irais il est certain que le parti social répu-
blicain a une puissance réelle qui domine la
Prusse en raison de sa population d'ouvriers.
Le gouvernement a pratiqué une politique
tendant précisément à concentrer le pouvoir
en Prusse, plus encore qu'il ne l'était sous
les Hohenzollern. Les anciens Etats ont vu
peu à peu disparaître leur garantie d'autono-
mie administrative et il n'y a que la Bavière
qui ait protestent soit devenue, par cela mê-
me, le centre de la résistance réactionnaire.
La tendance politique socialiste ou répu-
blicaine a pénétré dans quelques classes
bourgeoises, mais elle est surtout enracinée
dans le prolétariat, parce qu'elle représente
l'cppcsition à la guerre désastreuse qui a
anéanti la prospérité de l'Alïemagne.
Le gouvernement s'est d'albord appuyé sur
cette idiée du maintien de la paix coûte que
coûte ; puis, en raison des misères qui ont
bientôt affligé le pays, certains esprits en
sent arrivés à soutenir qu'il valait la peine
de reprendre les armes pour se libérer des
conséquences de la défaite. C'est cette illu-
sion désespérée qui fait naître, au moment
même où l'on discute les charges que devra
s'imposer l'Allemagne pour faire face à ses
engagements, ce courant de haine et die re-
vanche furieusement manifesté dans la pres-
se d'outre-Rhin.
*
**
A certaines heures, l'accord se fait au-
dessus de lia politique. Nous avons connu
l'Union sacrée ; les Allemands à leur tour,
des socialistes aux nationalistes, se trouvent
unis pour maudire les Français qu'ils consi-
dèrent comme les auteurs responsables de
tous leurs maux.
Pangermanistes et conservateurs n'ont pas
intérêt à prendre le pouvoir, ils peuvent
laisser agir les représentants des partis
avancés qui sont capables d'aller aussi loin
qu'eux dans la voie qu'ils ont eux-mêmes
tracée ; il leur suffit d'exploiter habilement
les déceptions actuelles et la crise économi-
que pour pou&s'er au paroxysme l'indignation
populaire.
La crise allemande est économique et mo-
rale ; elle attaque avec l'Etat le peuple de
l'Allemagne. Les d'eux gouvernements, l'un
éminemment politique, mais pauivre de res-
sources financières, l'autre économique qui
maintient l'activité admira'ble des produc-
teurs allemands, sont d'accord dans leur ac-
tion. Le peuple, qui vit entre ces deux forces,
en est en réalité la victime, car le politique,
incapable de résister, laisse son partenaire
organiser le désastre qui doit, pensent-ils,
frustrer les alliés de ce qui leur est dû.
S'adresser à l'Etat allemand pour les répa-
rations, c'est en réalité comme si on s'adres-
sait à cette masse de travailleurs qui vitfbien
plus mal que sous l'Empire, mange une sou-
pe et du pain noir et n'a plus de force que
pour maudire.
Le gouvernement actuel du Reich, devant
un tel état de choses, n'a pas le coura-ge d'af-
fronter le problème et il voudrait éluder les
exigences de l'Entente, sans exiger que ceux-
là payent qui peuvent payer.
La question du moratorium a en ce mo-
m'ent une importance à la fois internationale
et intérieure ; des hommes comme Wirth
'Ett Hermès s'en rendent compte et sont obli-
gés d'user d'artifices, tantôt envers l'Alle-
magne, tantôt à l'égard des alliés.
Une telle situation est pleine de périls ;
elle peut entraîner les population aux actes
les plus irréfléchis et elle peult lier un pou-
voir faible au petit groupe qui tient dans sa
main la structure économique du pays. L'une
€.t l'autre conséquence sont une menace
pour la paix de l'Europe, mais l'on n'a pas
encore trouvé le moyen d!e conjurer un tel
danger.
*
**
Dès la première quinzaine du mois d'août
et jusqu'à la fin, le mark n'a pas cessé de
baisser au point de ne valoir que quelques
le millimes. A côté 'de la grande spéculation
dont s'accommodent les requins de première
grandeur, il en existe une autre plus modes-
te, qui fait l'affaire du menu fretin. Nombre
des gens, là Berlin, ont sorti leur réserve de
valeurs étrangères au moment précis où le
mark se dépréciait, réalisant ainsi une som-
me fantastique de papier. Les devises natio-
nales, s'arrêtant dans leur chute, les som-
mes réalisées par les joueurs sont consa-
crées de nouveau à l'achat de valeurs étran-
gères et mises en réserve, pour une nouvelle
opération. C'est dans -cette cascade du mark
que les petits spéculateurs s'efforcent de ti-
rer parti de la débâcle économique.
Jusiqu'où cela ira-t-il ? Nul nie cherche à
le savoir et personne ne s'arrête à y penser.
Le peuiple n'attachant plus 'de valeur au
mark le dépensa sans compter et une autre
crise se dessine à l'horizon, c'est une crise
de moralité.
Depuis la guerre il s'est formé en Allema-
gnle un esprit mercantile qui incite certains
individus à spéculer aussi bien sur la fortu-
ne Mue sur la disgrâce de leurs pays. La vie
commerciale elle-même a été profondément
affectée 'dans [les caractères de rectitude et
d'honnêteté ; il y a aujourd'hui, dans tous
les pays de change avarié, une touribe d'usu-
riers et de mercantis, qui sont un véritable
fléau pour des nations déjà si cruellem'ent
éprouvées.
Mais les Allemands, qui voulurent et firent
l'a guerre, comprendront-ils jamais qu'ils sont
les auteurs responsables d'es maux dont s'ouf-
fre le monde et par surcroît de ceux qui les
accablent.,
G. METZER.
M. Poincaré inaugure à Honfleur
le monument Albert Sorel
■
Le président du Conseil a fait l'éloge du grand historien français, puis a
conclu: "Messieurs, relisons Sorel, et restons prêts à défendre nos droits."
La ville d'Honfleur a inauguré hier le mo-
nument élevé à la mémoire du grand histo-
rien Albert Sorel. un de ses plus illustres en-
fants.
L'animation était grande dans les rues
étroites bordées d'arcs de triomphe élevés à
la mémoire de M. Albert Sorel et en l'hon-
neur de M. Poincaré.,
Des banderoles portant des inscriptions de
bienvenue, des drapeaux, des oriflammes dé-
coraient à profusion les édifices publics et
les maisons.
Les deux avisos le Verdun et le Belfort,
arrivés hier matin, ainsi que les bateaux an-
crés dans le port arboraient le grand pavoi.
Arrivé à midi. et après la réception des
corps constitués, le président du conseil a as-
sisté au collège à un grand banquet, puis il
a. présidé l'inauguration du monument.
Le discours de M. Poincaré
A cette occasion, M. Raymond Poincaré a
prononcé un grand discours dans lequel il a
d'abord dessiné, les traits d'Albert Sorel, dont
la physionomie évoquait celle des chefs nor-
mands, Hastings ou Rollon. Il a rappelé que
Sorel se flattait d'être Normand « du faîte
à la base »' et qu'il aimait passionnément sa
province où il avait tant de plaisir à revenir
pour y travailler et s'y reposer.
Mais. a dit le président du conseil :
« De la France, comme de la Normandie,
tout lui était cher : le passé et le présent, les
gloires et les tristesses, la langue, les monu-
ments, les écrivains et les artistes. Son" pa-
triotisme était si ardent qu'il pénétrait jusque
dans les régions de la science et de l'histoire.
Lorsque Sorel parle des hommes ou des peu-
ples, il tâche de saisir leurs intentions et de
retracer fidèlement leurs actes ; il s'efforce
consciencieusement de comprendre leurs mo-
tifs, d'expliquer leur conduite, de les juger
avec impartialité ; mais, ajoute-t-il lui-mê-
me : « Je ne prétends pas à une impassibi-
lité que je ne connais point » ; et il nous
confie sincèrement qu'il n'est pas une page
de ses livres qu'il n'ait écrite sans prédilec-
tion, dans l'indifférence de son pays, dans le
désintéressement de nos affaires publiques,
dans l'insouciance des intérêts français. Il
nous avoue qu'il ressent le frisson des tam-
hourf battant la charge, des clairons sonnant
l'héroïsme, des fanfares victorieuses dans la
lumière bleue des Invalides. Il nous confesse
Que les larmes lui montent aux yeux, lorsque
son récit l'entraîne sur les chemins perdus de
la Silésie, arrête sa pensée devant de petites
croix délabrées et moisies. et lui rappelle
tout à coup qu'en l'année 1813, des Français
sont tombés là-bas pour l'honneur de leur pa-
trie. Quelles émotions n'eût-il pas éprouvées,
s'il avait pu savoir qu'en 1922, trois ans après
'de nouvelles batailles, de nouveaux deuils et
de nouvelles victoires, des Français mou-
raient encore sur les mêmes terres lointai-
nes, et non plus seulement pour l'honneur
de leur patrie, mais pour la défense du droit
européen et pour la sauvegarde de la civilisa-
tion. »
M. Poincaré a fait ensuite un parallèle en-
tre le scrupuleux historien français qu'était
Albert Sorel et ces professeurs allemands, les
Lamprecht, les Schlismann, les Delbruck,
etc. qui soutenaient que l'histoire doit être
écrite avec « colère et avec passion ».
Retraçant alors l'œuvre historique du dis-
paru, - l'orateur a déclaré que c'était dans
l'étude de l'émouvant problème de nos fron-
tières nationales qu'Albert Sorel avait affir-
mé ses plus hautes qualités.
« Il a brossé, a dit M. Poincaré, un tableau
magistral des différents traités qui, de 1790
à 1871, s'efforcèrent de mutiler et de dimi-
nuer la France. »
Et dans une péroraison magnifique, le pré-
sident du conseil s'est écrié :
« Mieux que personne, messieurs, Albert
Sorel a vu quelle était la précarité de ces
traités successifs. En les rédigeant, les - diplo-
mates avaient morcelé des territoires et com-
posé des lots de peuples, comme avaient fait,
au XVIIIe siècles, les cyniques co-partageants
de la Pologne. Ils avaient organisé l'Europe
en Etats, comme s'il n'y avait point en Eu-
rope de nations. Or, remarque très justement
Sorel, les Etats ne vivent que par les nations
qu'ils représentent. Belges et Hollandais
avaient été unis malgré eux ; la Pologne
était restée démembrée ; l'Italie avait été
réduite à n'être plus qu'une expression géo-
graphique ; l'Autriche et la Prusse avaient
repris et même accru des possessions injus-
tement acquises ; et, en même temps, l'es-
prit national, partout surexcité par la Révo-
lution et par la guerre, s'était dans l'Europe'
entière puissamment développé. « A peine dé-
« livrés de Napoléon, constate Sorel, les Al-
« lemands ont rêvé de Barberousse et d'O-
« thon, maîtres des Italiens, des Lotharin-
« giens, des Bourgognes et des Flandres. »
Depuis la mort de votre illustre compatriote,
le rêve des Allemands a été interrompu ;
et même, à force de se laisser entraîner par
leurs chimères, ils ont fini par inquiéter les
autres peuples et par provoquer une révolte
générale de la conscience humaine. Mais com-
bien de temps se rappelleront-ils la leçon
que leur ont infligée les faits et qui ressortait
déjà, si éclatante, des études de Sorel ? Sui-
vant leur incurable manie d'intervertir les
rôles, ils recommencent à nous accuser d'im-
périalisme, à l'heure où nous faisons preuve,
vis-à-vis du monde, d'autant de patience que
de modération, et où eux-mêmes élèvent, de
nouveau, le « Deutschland Uber ailes » à la
dignité de chant national. Messieurs, relisons
Sorel ; et restons prêts à défendre nos
droits. »
Cette péroraison a été accueillie par les
cris de : Vive la France ! Vive Poincaré !
M. Albert-Emile Sorel, fils de l'historien,
s'avança ensuite près du président du conseil
pour le remercier. M. Poincaré lui donna
l'accolade.
Le président du conseil a gagné la gare
au milieu des acclamations de la population.
A 16 heures, le train spécial du président
du conseil est parti pour Paris, où il est ar-
rivé à 19 heures 35.
■ < -
Première journée de chasse
Le gibier n'a été ni très abondant
ni très cher aux Halles
L'ouverture de la chasse a été favorisée
fcier par un temps que les chasseurs ont pu
qualifier de « choisi ». Pas de pluie, un vent
frais qui favorisait la quête des « limiers »;
un terrain un peu humide, propice aux ran-
données des « courants o).
Encore que sans doute bien des pièces de
gibier fussent prêtes depuis plusieurs jours
A être introduites sur le marché de Paris, ce
n'est qu'un peu après-midi qu'elles ont fait
leur apparition aux Halles. Aux barrières de
l'octroi, par ordre du préfet de police, ii
avait été interdit formellement de les laisser
passer avant midi précis. ;
Les amateurs étaient assez nombreux au pa-
villon de la volaille où avait lieu la vente,
mais la demande a été plutôt fai'ble et les
prix, contrairement à la règle, n'ont point
été supérieurs à ceux de l'an dernier. Ils ont
plutôt tendance à fléchir.
Un premier lot de perdreaux a été vendu
85 francs les 6, puis 88 francs et 108 francs
les 10. Un autre lot, des lièvres, a été vendu
40 francs les 4, puis 15 francs 5 petits liè-
vres, 120 francs 4 gros lièvres anglais, 154
francs 4 autres gros lièvres. Citons encore:
1 perdreau, 18 francs; 7 perdreaux, 102 fr.;
10 autres, hollandais, 108 francs; puis 82
francs les 6; deux lapins de garenne, 12 fr.;
10 cailles françaises, 100 francs.
Notons enfin qu'on a adjugé jusqu'à des che-
vreuils tchécoslovaques. Inutile d'ajouter
qu'ils avaient un fumet spécial. Les amateurs
de « faisandé » ont dû les trouver à point.
Ils ne les ont pourtant pas payé plus de 125
francs les 10 kilos. Presque aussi bon mar-
ché que le vulgaire gigot!.
ç ■ ».
QUERELLE D'ALLEMANDS
Un exemple de la mauvaise foi germanique
Gomment un accident devient nn attentat
Au cours d'exercices navals qui eurent lieu
il y a deux semaines à Puck (Putzig), petit
port polonais sur la mer Baltique, le pilote
d'un hydravion laissa tomber par mégarde
sur la plage une bombe qui devait être jetée
en pleine mer. Cet accident malheureux causa
des victimes parmi les spectateurs qui assis-
taient à la manœuvre. Quelques militaires,
parmi eux M. Kubas, officier attaché à la
mission navale polonaise de Dantzig, furent
également tués.
La presse de Berlin ne se borna pas à en-
registrer la nouvelle ; elle la commenta avec
6a mauvaise foi coutumière et il parut des
articles déclarant qu'il s'agissait d'un atten-
tat contre des Allemands et que l'auteur, en
aemant la mort, avait voulu se venger de
l'hostilité du Reich à l'égard de la Pologne.
Si ce mensonge n'avait pas dépassé les fron-
tières de l'Allemagne, il n'y aurait eu que
demi^nal, mais les officines pangermanistes
avaient là une magnifique occasion de porter
à nos alliés de l'Est un préjudice moral et
ils n'y ont pas manqué. Et les agences offi-
cieuses allemandes firent transmettre à la
presse italienne des télégrammes sensation-
nels parlant de bombardement, de vengeance,
d'assassinat. Sous le titre « Folie polonai-
se » (Follia polacca), on lit par exemple dan»
lQ Corriere di Napùli du 17 août dernier :
« Le corridor polonais qui sépare la Prusse
Orientale du reste de l'Etat allemand vient
d'être témoin d'un épisode terrible de la
lutte entre la Pologne et l'Allemagne.
« On aurait cru être revenu à l'époque la
plus tragique de la guerre, quand les avions
attaquaient les villes sans défense et des pt*
pulations paisibles.
« A Putzig, dans le voisinage de Dàntzig,
les Polonais ont fait une grande démonstra.
tion contre les Allemands. Au cours d'un
« meeting », un aéroplane polonais volan*
à une faible hauteur au-dessus de la ville'dont
la population est en majorité allemande, a
lancé une bombe. D'après les premières nou-
velles télégraphiques arrivées à Berlin, on a
relevé des cadavres parmi lesquels des fem-
mes et des enfants. Il y a également des bles-
sés en irand nombre. Cet attentat a créé à
Pulzig et dans toute la région une excitation
indescriptible. A Berlin également, dans les
sphères politiques .et dans la presse, cet év
énorme ».
Le même télégramme a été publié dans le
Secolo, dans Il Paese, dans Il Communista,
etc
Il est regrettable que nos confrères italiens
se soient laissé si facilement induire en er-
reur par les agences allemandes et que leur
crédulité ait pérmis aux pangermanistes de
trouver en Italie una arme pour la propa-
gande antipolonaise-
—————————— > - -.. :
LA RENTRÉE DES CHAMBRES
10 ou 17 octobre ?
Il est question de deux dates pour la ren-
trée des Chambres: celles du 10 et du 17 oc-
tobre. Disons tout de suite que personne n'est
encore fixé sur celle qui sera choisie par In
gouvernement, pas même M. Raoul Péret, pré-
sident de la Chambre, qui vient de passer
deux jours à Paris et a pu s'entretenir avec
M. Poincaré, président du conseil, et avec
M. Maunoury, ministre de l'intérieur.
Cette question de la date d'ouverture de
la session extraordinaire de 1922 sera vrai-
semblablement examinée au conseil des mi-
nistres qui aura lieu le jeudi 14 septembre
tk Rambouillet.
LE CAS WOELFFEL
M. Georges Barthélemy
interpellera
sur les scandales du Togo
Le ministre des colonies n'aurait pas suivi
l'avis de la commission d'enquête
Nous disions hier que l'affaire du Togo
n'était pas close. On annonce, en effet,
qu'elle aura sa répercussion — pour la
deuxième fois — au Parlement.
Notre ami, M. Georges Barthélémy, député
du Pas-de-Calais, se propose en effet de la
porter à la tribune de la Chambre. Nul, d'ail-
leurs. ne semble plus autorisé que lui à élu-
cider le cas de MM. Wœlffel et Lucas, frap-
pés, comme on le sait, par le ministre des
colonies.
M. Georges Barthélemy est un spécialiste
des questions coloniales ; il a appartenu &
l'administration de la rue Oudinot et il est
délégué du Soudan et de la Haute-Volta au
conseil supérieur des colonies. Il connaît ad-
mirablement nos possessions africaines, où il
a effectué récemment un long voyage des plus
intéressants et une enquête des plus appro-
fondies. Il n'est pas sans s'être documenté
avec précision sur le « scandale » du Togo.
Interrogé par un de nos confrères du soir
sur le sens de l'intervention parlementaire
qu'il projette, M. Georges Barthélemy a fait
des déclarations qui ne laissent pas de jeter
sur l'affaire un jour nouveau ou tout au
moins un doute troublant
Selon lui, il n'est pas du tout certain que
M. Sarraut se soit conformé aux conclusions
de la commission d'enquête devant laquelle
a comparu M. Wœlffel. Il a. au contraire.
ajouté :
J'ai même tout lieu de croire que la majo-
rité des membres de cette commission esti-
mait que l'ancien représentant de la France
au Togo n'avait commis aucune, faute et n'en-
courait aucune sanction. Pourquoi le ministre,
passant outre à cet avis, l'a-t-il frappé ? Je
m'en étonne. Mais je n'ignore pas,. d'autre part*
que certains collaborateurs immédiats de M.
Sarraut ont de hautes ambitions. M. "Wœlffel
venait en bonne place pour être nommé COli.
verneur des colonies. Lui parti, c'était un sé-
rieux concurrent évincé. M. Sarraut ignore
le veux bien le croire. les intrigues qui se
nouent autour de lui. Mais, consciemment ou
non, il s'en fait le complice et se montre d'ail-
leurs. comme tous les ministres, reconnaissant
pour les services intéressés qui lui sont ainsi
rendus. Telle nomination de gouverneur en est
la preuve. Les broderies de gouverneur <100
colonies font bien dans une corbeille de ma-
riage.
Le comble, c'est que, toujours selon M,
Georges Barthélémy, M. Wœlffel n'aurait pas
été encore avisé officiellement de sa disgrâce.
Le décret qui le concerne n'a d'ailleurs paru
qu'hier à l'Officiel, tandis que la sanction
prise par le ministre était annoncée vendredi
matin par les journaux.
Le député du Pas-de-Calais a terminé ainsi:.
Tout cela n'est guère correct. Je m'élève, en
ce qui me concerne, contre les procédés de M.
Sarraut à l'égard des fonctionnaires en cause,
qui ne méritaient pas un traitement aussi hu-
miliant.
Ces faits auront d'ailleurs leur éch'o à 3a tri-
bune de la Chambre. Mon interpellation et celle
de mon collègue M. Louis Antériou, député de
-l'Ardèche, sur les sanctions appliquées à MM.
Wœlffel et Lucas, mettront le ministre des
colonies en demeure de s'expliquer sur toue
ces points : procédés incorrects, indiscrétions
prématurées au profit de certains journaux,
responsabilités véritables, responsabilités dont
il faudra bien convenir qu'elles étaient non
pas à Lamé, Togo, mais rue Oudinot, à Paris.
Si les coupables sont rue Oudinot, nous ne
tarderons pas sans doute à les connaître. At.
tendons le développement que l'affaire est à
la veille de prendre.
P. S.
:.- ) - (
L'Assemblée
de la Société des Nations
se réunit
aujourd'hui à Genève
La Société des nations se réunira pour 19
troisième fois en assemblée générale, au*
jourd'hui 4 septembre, à Genève.
On connaît la composition de la déléga-
tion française :, MM. Léon Bourgeois, Vi-
viani, Hanotaux, délégués ; Noblemaire,
Henry de Jouvenel, Reynald, Georges Bar-
thélémy. délégués suppléants. Les conseil-
lers techniques sont : MM. Serruys, direc-
teur des accords commerciaux au minis-
tère du commerce ; Gignoux, du ministère
de commerce; West, du service français de
la Société des nations ; Fromageot et Geouf-
fre de Lapradelle, jurisconsultes du minis-
tère des affaires étrangères : Reveillaud.
conseiller de préfecture de la Seine ; Louis
Aubert. agrégé de l'Université,
La délégation belge est composée de MM.
Paul Hymans, ancien ministre des affaires
étrangères ; Prosper Poullet, ancien prési-
dent de la Chambre des représentants
Louis Brouckère.
L'Amériaue latine sera largement repré-
sentée à l'assemblée. Certains pays latins
qui étaient absents l'an passé, tel le Pérou,
ont annoncé l'arrivée de leurs représentants.
L'Argentine n'a pas modifié son attitude.
Bien qu'étant toujours membre de la Socié-
té des nations, elle continuera de s'abste-
nir cette année de paraître à l'assemblée.
L'arrivée de délégués
Genève, 3 septembre. — MM. Léon Bour-
geois, de Jouvenel, Reynald et Joseph Bar-
thélémy, délégués de la France à l'assem-
blée des nations, sont arrivés hier matin
à Genève. M. Noblemaire n'arrivera qu'au-
jourd'hui. Les délégués français ont été sa-
lués à la gare par le consul général de
France et par les membres français du se-
crétariat de la Société des nations.
La ville a pavoisé en l'honneur de la 38
assemblée des nations.
Mardi soir aura lieu, en l'honneur des dé-
légations. une grande fête nautique sur la
lac.
L'ouverture de la session
La séance inaugurale s'ouvrira aujour-
d'hui sans solennité suivant l'usaae. SU»
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