Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-09-03
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 03 septembre 1922 03 septembre 1922
Description : 1922/09/03 (N16470,A46). 1922/09/03 (N16470,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7511942n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2012
LA1 « LANTERNE » DOIT ETRE VENDUE- DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
Le Numéro : 10 Çmes
ABON NEMENTS lan 6 m. S m.
Seine et S.-et-O. 25 » 13 » 7 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 60
Etranger 55 » 28 » 15 »
Dtrection et Administration
24, Bd Poissonnière (9e)
Tél. : GUTENB. 01-99
Ap. 23 h. : Roquette 84-93
PubUcté et Annonces
aux Bureaux du Journal
46' ANNEE - ? 16.470
DIMANCHE
3
SEPTEMBRE 1922
■
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Lu manuscrits non insérés
MeotttpotroMhM
Mots d'écrit
« Il faut désarmer les haines », a dit
iMarius Moutet, à la conférence inter-
parlementaire.
, D'accord : toutes les haines, celles en-
4re peuples et celles aussi entre partis
dans une même nation. ees dernières
font tenaces ; elles repoussent comme
l'ivraie. Le paysan laborieux brûle les
mauvaises herbes ; n'importe, dans le
"Champ de blé, montent encore au prin-
temps le chiendent et le coquelicot, dont
la fleur rouge est jolie à regarder au
'souffle de la brise, plus gracieuse que
l'épi doré, mais qui est légère et inutile,
tandis que le grain est lourd de vie.
L'ivraie, le chiendent, le coquelicot, le
bleuet envahissent la moisson de Fran-
ce.
i Désarmons les haines intérieures,
nous dit Marius Moutet. Elles sont gé-
nératrices des guerres. Rude besogne.
Les républicains se sont laissé prendre
& la thèse de l'Union sacrée dans la Paix
revenue. Et les partis de réaction, de
coups d Etat, la Congrégation se sont
.emparé de la majorité parlementaire.
L'Union sacrée, ils la pratiquent entre
eux, entre alliés du Bloc national, entre
droitiers, jésuites et radicaux félons,
contre la « saloperie de République ».
Jamais leur haine de la Démocratie, de
la liberté de penser et d'écrire, de l'en-
seignement laïque, n'est apparue plus
violente. Leur ennemi est à l'intérieur ;
leur ennemi, c'est le radical, c'est le so-
cialiste, c'est le libre penseur, c'est
l'homme de gauche.
« Désarmer cette haine ? »
Je ne demande pas mieux, mais le
moyen avec des adversaires de mauvai-
se foi ?
Il n'est que le peuple, aux prochaines
élections, qui soit capable de les jeter
au feu de la Saint-Jean d'été.
M
J'éprouve une grande joie en songeant
que le rêve de Georges Carpentier est
3nfin réalisé. Toutes les gazettes mon-
daines, tous les journaux dits d'infor-
mation ont annoncé cette nouvelle à
l'univers : Georges Carpentier fait du
théâtre ; Georges Carpentier tourne non
pas dans un ring, mais devant cet appa-
reil de prises de vues qu'on nomme
moulin à café.
Il sera un marquis du dix-huitième
feiècle, en bel habit blanc à fleurs de
pêcher. Il dansera le menuet. Il sau-
vera l'innocente. Il punira le traître. Il
touchera les appointements d'un prési-
dent de la République argentine.
Mais ce n'est pas tout.
Après avoir fabriqué des casseroles
en aluminium, il se livrera à la grande
ipêche. Deux chalutiers sont construits
à cet effet. Leur port d'attache sera Le
Crotoy. ;
Les journalistes pour les rotatives à
grand tirage grattent leur papier sur ce
sujet. Quelle époque, puisque je fais la
même chose qu'eux !
«
a*
Nous savons maintenant que la « Fa-
talité » invoquée par le ministre de la
marine et l'amiral Salaün est « un obs-
tacle sous-marin non porté sur la carte,
dont la coté, au-dessous de zéro doit être,
voisine de 8 mètres. » -
Telles sont les conclusions de la com-
émission d'enquête. -
Ainsi, peut-être, dans nos baies et
dans nos rades, d'autres « Fatalités »
à arêtes tranchantes attendent nos ba-
teaux.
M. Flaminius Raiberti va-t-il mettre
bon ordre à ces « Fatalités » ?
Le grand état-major de la marine est
responsable. Deux cents millions ont
sombré. Le grand état-major surnage.
Nous avons vraiment de bonnes car-
tes sous-marines. Si on le dit trop haut,
fin est taxé de mauvais Français. L'hon-
neur de l'état-major est en cause. Il est
interdit d'y toucher.
On peut pourtant parler de sa sottise.
Dans les mêmes parages de la Teignou-
se ou gît le cuirassé France, il y a'vingt
ans, le Hoche avait touché un écueil. Le
grand état-major l'avait oublié.
Je me demande comment ces gens
qui perdent un cuirassé dans la baie
de Quiberon, à un mille de la côte, peu-
vent naviguer dans l'Océan Indien.
*
tIc:ll
Encore une affaire de faux tableaux.
Il y a cent mille affaires de faux ta-
bleaux.
Le faux est le roi de l'époque. Je vous
Affirme que, dans tous les salons de
bourgeois, de bourgeois réputés nobles,
il est au moins un Corot, un Daubigny,
un Chaplin, un Degas, un Renoir, un
Courbet oui n'ont jamais vu le coup de
pinceau de ces patrons.
'I.¡ nous passons dans les musées,
nous sommes au royaume du « faux ».
Le « repeint » estJa règle. Cette opé-
ration consiste à « retaper » les toiles de
maîtres qui ont souffert des injures du
femus et qui ont supporté les mauvaises
(préparations des couleurs .employées.
AiAnsi VAngélus de Millet, dans la col-
loction Chauchard, présente une facture
oui. dans certaines parties, n'est Dlus
celle de l'auteur de La Fileuse. A
Marseille, la célèbre toile Judith et
Holopherne d'Henri Regnault, sur la-
quelle le bitume a été peut-être employé
à l'excès, fut nettoyée de telle manière
que son caractère est totalement boule-
versé.
A-t-on le droit, sous prétexte de con-
servation, de devenir le collaborateur
d'un grand peintre, comme Millet ou
Regnault, qui n'auraient certainement
jamais accepté pareille profanation ?
Xavier de Magallon retouchant les orai-
sons funèbres, ,de Bossuet, voilà line
comparaison.
Il est de règle également de restaurer
îcferia(i,hs primitifs; Un médhant (bar-
bouilleur se permet d'apporter à un
Boticelli ou un Fra Angelico le secours
de son pinceau.
Une commission de véritables ama-
teurs aurait fort à faire pour défendre
les grands artistes contre leurs ennemis
qui veulent à tout prix mettre au point
leurs œuvres.
Les fabricants de faux tableaux ne
sont pas tous de malheureux rapins en
proie à lai misère. Il en est d'officiels.
Georges PONSOT.
Distinguons.
M. Balfour, à la veille de la conférence de
Londres, nous envoya un billet qui avait,
malgré sa forme courtoise, la portée d'un com-
mandement d'huissier. Il nous disait en som-
me : « L'Amérique nous réclame son dû, nous
vous demandons le nôtre. »
En l'occurrence, il fallait bien faire obser-
ver à MM. les Anglais que, dans cette
cascade de créances dont on n'a point encore
trouvé la compensation, c'est l'Allemagne qui
a le charge de payer le dernier effet à recou-
vrer.
Un logicien aussi subtil que l'est le maître
actuel du Foreign-Office aurait pu considérer,
avant toute procédure, l'origine des dettes in-
teralliées. Pourquoi avons-nous emprunté ?
Pour opposer à l'armée dévastatrice de l'Al-
lemagne la barrière de la civilisation occi-
dentale. Nos confrères de Londres qui étaient,
au cours de la guerre, en parfait accord avec
nous, désignaient alors les Boches par les
mots expressifs : « The Huns ! » Si les dettes
de la France à l'égard de la Grande-Bretagne
et de l'Amérique ont été occasionnées par la
défense commune contre les Huns, M. Bal-
four pourrait estimer avec nous que les Huns,
yaincus, doivent payer la France pour que
la France puisse payer l'Angleterre.
Or, cette condition ne concorde guère avec
la politique de M. Lloyd George. Le Premier
entend accorder au Reich un moratorium illi-
mité, mais son gouvernement n'en veut point
accorder aux anciens alliés du Royaume Uni.
M. Poincaré a fait au comte Balfour une
réponse fort concluante, et deux points y sont
exposés en pleine clarté :
1° Les sommes dues à l'Angleterre repré-
sentent les fournitures faites par elle à la
France pendant les hostilités, elles furent
d'ailleurs facturées à des prix forts, sujets à
révisioiî;
2° La créance des Etats-Unis qui vinrent à
notre secours au nom d'un principe et non
pour leur « self-defence », n'a pas le même
caractère que celle de l'Angleterre qui, sur
notre territoire, défendait en réalité sa propre
indépendance.
Aucun des arguments de M. Poincaré ne
peut être méconnu par les Anglais, mais il
fallait qu'ils fussent tous clairement exprimés.
La note Balfour a été un coup de pure politi-
que, il a produit son effet dont M. Lloyd
George n'a peut-être pas à se féliciter; il faut
maintenant parler sérieusement et étudier la
seule combinaison en laquelle s'accordent le
droit et le sentiment : la compensation.
F. H.
-————————————— ;-.c.e - c -—————————-—-
Taïaut, taïaut le
La Chasse s'ouvre aujourd'hui
L'ouverture de la chasse est un jour parti-
culièrement mémorable pour les disciples, de
plus en plus nombreux, de saint Hubert.
Ceux qui en sont à leur premier permis en
rêvent longtemps à l'avance, et même les
chasseurs les plus aguerris l'attendent avec
impatience. A mesure qu'approche l'heure de
partir — et pour tromper l'attente — ils s'oc-
cupent, avec un soin des plus minutieux, des
préparatifs de la fusillade sous laquelle doi-
vent s'écrouler lièvres, perdreaux et lapins.
C'est tout un attirail qu'il faut inspecter pour
savoir s'il est au grand complet ; ce sont les
chiens dont on achève le dressage, c'est le
programme des battues qu'il s'agit de régler
définitivement. Mais le temps sera-t-il beau ?
Le gibier sera-t-il abondant ? Médor sera-t-il
obéissant ? N'aura-t-cn pas perdu la main
depuis l'an dernier ? Autant d'interrogations
d'un intérêt angoissant ?
Donc, dès hier, dans l&s gares parisiennes,
ce fut l'exode habituel vers les guérets de
nos nemrods, harnachés, et « sous les ar-
mes ». La pluie diluvienne n'a point arrêté
leur ardeur. Pour les régions où la chasse
s'est ouverte aujourd'hui, on n'avait pas dé-
livré en 1921 moins d'un million de permis.
La statistique n'est pas encore arrêtée pour
1922. mais lo chiffre qu'elle nous fera con
naître bientôt ne sera guère inférieur au
précèdent. Quant au nombre des victimes.,,
il sera, lui, vraisemblab!ement bien au-des-
sous, au moins pour la première journée.
Mais ceux qui rentreront « bredouille » nu
manqueronr pas d'excuse : le brouillard, la
pluie, le terrain boueux et impraticable.
Souhaitons du moins que nos chasseurs fas
sent assaut d'adresse. Mais ne leur disons
pas : « Bonne chance ! » Il parait que cela
Dorte malheur 1 L. L.
LA POLITIQUE DES SOVIETS
LA PÉRIODE DE& TRANSACTIONS
On rend la liberté %aux ouvriers, mais on veut accaparer
les forces intellectuelles au profit du communisme
Moscou, iaoût (D.N.CiP.). — Au lendemain
de la conférence de La Haye, le congrès com-
muniste était attendu comme un événement
d'une grande importance et il aura en effet
une notable répercussion sur le Parti, sur le
gouvernement et sur l'opinion.
Cette fois, il s'agissait de discuter les di-
rectives économiques -et il fut un instant
question 'de La réapparition de Lénine. Si le
grand chef n'e parut point, on eut au moins
un, important discours de -Zinovieff, président
de la IIIe Internationale.
Le commissaire aux finances, Sokolnikoff,
exposa la situation actuebleet se livra à un
exercice de rhétorique. Il osa affirmer que
les discussions de Gênes et de Lai Haye mar-
quent là victoire communiste et jalonnent le
chemin par .lequel la Russie prendra sa pla-
ce parmi Tes autres puissances :
« La. bourgeoisie -européenne, a-t-il dit, &
agi avec une grande lâcheté ; elle montra
qu'elle ne comiprenait rien aux conditions ac-
tuelles de la vie en Russie. » L'orateur s'est
élevé violemment (contre lia Framee, contre
lie gouvernement français et le manque de
combativité du (prolétariat français. « Les
ouvriers et le syndicalisme français, a-t-il dlt,
ont trahi Ta cause dé la révolution:, çb
***
Parmi les (plus importants travaux qui fu-
rent signalés au congrès, il faut noter le rap-
port de Tomski sur les syndicats et la coo-
pération. L'orateur confessa franchement que
la situation iest devenue si mauvaise qu'il
faut souhaiter que le gouvernement accorde
une aide plus efficace aux syndicats. Il fau-
dirait reprendre tout à la base ; HI y » des
malentendus et des pol'émiques' regrettaJbles,
entre le comité /central et les syndicats des
provinces ; les ouvriers ne reçoivent plus
régulièrement leur paye et Jeurs rations) de
vivres, le Parti doit mettre oridre à touit cela.
Vorateur, tout en démentant que les ou-
vriers veuillent abandonner les syndicats
communistes, a pourtant admis qu'il existe
une certaine tendance là la'création de oTubs
et de coopératives hors du contrôle du Parti;
il dénonce ïe péril et invite les camarades
à le conjurer.
Tomeki a constaté que l'éducation et la
culture de l'ouvrier ne sont nullement en
progrès, puis il fit une grave proposition :
celle de laisser toute liberté ialux ouvriers
pour les contrats de travail, !de telle sorte
que syndicats -et travailleurs puissent les
fixer sans avoir à en référer à Moscou. Il a
mêmte so-utenu la liberté d'organisation, dé-
liant les ouvriers de l'obligation d'apparte-
nir à un syndicat. Il y eut, il est. vrai, -une
forte opposition, dans laquelle se signala
Kameneff ; on déclara que l'accord libre fi-
nirait par soumettre de nouveau les travail-
leurs aux capitalistes, sans que le gouverne-
ment puisse exercer la pression nécessaire.
*'
**
Le congrès aborda l'examen du rapport de
Kibichef sur la coopération. Ce camarade
.soutint qu'il fallait créer, dans toutes les usi-
nos, dès coopératives de consommation, pour
garantir les ouvriers contre l'exploitation des
spéculateurs. n a donné lui-miême la formule
et la méthode dm coopéràtivism-e qu'il vou-
drait voir développer.
Le rapporteur estime que la formation des
coopératives ne doit .pas être bornée aux mi-
lieux oufvriers, mais qu'elle doit s'étendre
dans les masses rurales. A son avis, des coo-
pératives de métiers pourraient sauver l'ou-
vrier du dhômage, par une répartition ration-
nelle du travail. Il -est entendu d'ailleursi que
les membres du Parti doivent diriger le
mouvement afin qu'il ne soit pas dévié et
tourné contre le communisme.
Cette évolution du ibol'chevisme vers le
coopérativisme est -un fait assurément cu-
rieux dans les annales du communisme rus-
se.
Zinovieff s'était réservé une intervention
politique capitale. Il prononça un réquisitoire
véhément contre 4 la nouvelle bourgeoisie »
qui semble avoir surgi des rangs dubolche-
visrne. Il a signalé le phénomène d'attraction
ayne Je régime soviétiste exerce sur les vieil-
les formes sociales. Dans le monde religieux,
parmi il'es intellectuels, parmi les commer-
çants, les adhésions, selon Zinovieff, se font
chaque jour plus nombreuses. Par contre, il
voit avec tristesse une incontestatible ten-
dance à l'embourgeoisement des milieux
communistes. Le président de l'nternatio-
gale .estime qu'il est temps de réagir contre
le péril. Il faut surveiller et épurer énergi-
quement les éléments du Parti ; il importe
de pénétrer le plus possible dans les classes
non prolétaires afin de les contrôler jalouse-
s-ement, de les diriger et de conduire ainsi
vers un seul but final : la pensée et l'acti-
vité de toutes les 'catégories de citoyens.
« La répression, a dit Zinovieff, n'a pas
suffi et on ne peut pourtant pas continuer
indéfiniment à agir par la force. Il ne faut
plus intervemir « du dehors », mais exercer,
une action intérieure 'dans les milieux non
communistesv afin (d'accélérer la désagréga-
tion et l'assimilation des autres groujpes 'et
des autres classes sociales. Maintenant, lefl<
communistes sont forts et disposent du pou-
voir nécessaire pour accomplir cette œuvre-
de coordination et de surveillance, sans re-
courir aux moyens extrêmes. Nous pouvons
orienter et inflexiblement toutes les volontés
du pays vers notre but, qui est la révolution
mondiale. »
« Nous ne pouvons permettre. affirma en-
core Zinovieff, que des prêtres, des profes-
seurs et des intellectuels, enseignent ou agis-
sent hors de l'esprit communiste. Non seule-
ment nous devons leur opposer une propa-
gande contraire, maisque la divulgation de l'interprétation de nos
actes soit faite selon nos directives, sans
aucune altération. Pour cela il est nécessaire
que tous les postes d'importance morale et
de «prestige public, soient occupés par des
personnes ayant notre confiance. >
Telles sont les tendances nouvelles d'es
chefs soviétistes : ils semblent devoir aban-
donner volontiers les conversions par la fu-
sillade, majs fis veulent imposer l'unité (de
leurs vues en n'accordant la parole qu'à leurs
seuls agents.
SergeBARINE.
LORSQU'ON SORT DE FRANCE
LE TOURISME A L'ÉTRANGER
réserve d'amères déceptions
■ ■--OQg>
Excursionner en Allemagne, en Autriche, en Yougoslavie
n'est pas un agrément
Si les Parisiens qui ont villégiaturé durant
cet été pluvieux rentrent un peu maussades
des plages lointaines ou de la montagne où
la température leur fut inclémente, du moins
les vacances furent-elles relativement agréa-
bles pour ceux qui ne sont point sortis de
France, notre pays étant, malgré toutes les
difficultés de l'heure présente et malgré la
bouderie du soleil, l'un de ceux où il fait bon
vivre.
Plus amères sont les déceptions de ceux
qui, par esprit d'aventure ou à cause de la
tentation d'un change favorable, ont voulu
visiter des contrées exotiques à la monnaie
« avariée ». Le retour pour eux a été une vé-
ritable joie, surtout pour ceux qui ont voya-
gé en Allemagne, en Autriche et même chez
notre alliée la Yougoslavie.
Un de ces excursionnistes nous a fait part
des impressions fâcheuses qu'il a éprouvées
en parcourant ces trois pays.
— Déjà, à Kehl, nous dit-il, frontière fran-
co-allemande, le changement est brusque. Si
1,8. douane française est souple, la douane
allemande fait contraste par sa raideur, où
l'en devine au surplus la haine germanique
contre les Français. A peine est-on entré en
Allemagne, c'est autre chose. : la police s'at-
tache aux pas de l'étranger, l'épiant à cha-
que instant. Dans les hôtels et les magasins,
.à cause de la baisse du mark, on vous fait
payer 25, 30 et 40 fois plus cher qu'à « l'in-
digène ». Le ton employé à votre égard est
poli ; mais sous la politesse affectée se dis-
simule une morgue constante. C'est surtout
la jeunesse allemande dont l'attitilde est
significative à nctre égard. Elle ne nous par-
donne pas le désastre des « centraux ».
« A Stuttgart, à Munich, à Berlin, j'en
puis témoigner, puisque j'en arrive, la mi-
sère n'est pas égale à celle qu'on trouve en
France. Tout le' monde travaille ; les gens
sont bien vêtus. Les brasseries et les restau-
rants regorgent de clients. Les usines,^ les
fabriques, les entreprises et les banques sont
en Sieine activité.- Parlant l'allemand, j'ai
interrogé des étudiants, des employés. En
général ils ne se gênent point pour déclarer
que quand nous ne pourrons plus compter
sur le concours de/ l'Angleterre, l'Allemagne
nous réglera notre compte.
« En Autriche, nulle animosité contre la
France et, malgré la détresse financière du
pays, la vie y continue 'sans changement
apparent.
« En Serbie en revanche, il faut faire pro-
vision de patience et même de résignation.
Dès qu'on a franchi la frontière à Jessenitz,
une nuée de policiers et de soldats s'abattent
sur le pauvre touriste. Jusqu'à Belgrade et
dans tout l'intérieur du pays, c'est la même
obsession. Voyageurs ou voyageuses sont fouil-
lés comme des voleurs ; les bagages sont à
chaque instant minutieusement visités ; les
poches sont retournées, les portemonnaies
exhibés et l'argent est compté. Pas de protes-
tations, sans quoi il vous en cuit. Un Suisse
qui s'était permis devant moi de manifester
son mécontentement auprès du commissaire
spécial de Belgrade parce qu'on lui avait
enlevé son passeport dut. se mettre au
garde-à-vous, se découvrir et fut menacé de
30 jours de prison.
« Dans cette capitale qui n'est qu'un grand
village, où il n'y a ni parc, ni jardin, ni
square, la poussière est suffocante, les rues
n'étant jamais arrosées. La vie y est trois
fois plus chère qu'en France. Une chambre,
sans eau, ni gaz, ni électricité, se paie faci-
lement 50 dinars par jour (le dinar vaut le
sixième du franc), un mauvais dîner 60 di-
nars. Les tarifs des chemins de fer sont ex-
tIêmement élevés, les wagons bien plus salea
que ceux de la Compagnie de l'Est ; la vitesse
des trains ne dépasse pas en moyenne 30 ki-
lomètres à l'heure.
« Le pays est demeuré en armes — tout
comme si la guerre durait encore — Ce ne
sont. surtout dans le voisinage de l'Adriati-
que, que soldats et gros canons. La police,
tout comme d'ailleurs en Allemagne et en
Autriche, est affreusement habillée : mais.
comme je l'ai dit, elle se rattrape d'autre
façon sur le voyageur.».
Telles sont les réflexions que nous commu-
nique un excursionniste qui se promettait
monts et merveilles de sa randonnée et qui
se repent d'avoir eu la mauvaise inspiration
de s'expatrier. Son récit d'ailleurs comporte
une conclusion, qui est une explication : on
se demande parfois pourquoi il y a tant
d'étrangers en France ! Parbleu, il n'y a
qu'à sortir de France : on s'aperçoit bien vite
qu'ils aiment mieux — et pôur cause — vivre
chez nous que chez eux.
Pierre VARZY.
J — s ——————————
Après la décision de la C. D. It.
Les inquiétudes de M. Klotz
M. L.-L. Klotz, ancien ministre des finances
du cabinet Clemenceau, qui fut un des plé-
nipotentiaires français à l'a conférence de la
paix, a écrit à M. Poincaré pour appeler l'at-
tention du gouvernement sur un passage de
la décision rendue le 31 août par la commis-
sion des réparations au sujet de la demande
allemande de moratoire.
On sait que la commission a différé sa ré-
ponse à la requête allemande jusqu'à ce
qu'elle ait établi un projet de réformes des
finances de l'Allemagne, qui comporte la ré-
,duction éventuelle des charges extérieu-
res de l'Allemagne dans la mesure qui serait
jugée nécessaire à la restauration de son cré-
dit ». M. Klotz demande si cette « réduc-
tion éventuelle » doit toucher à la créance
trançaise.
La France n'admettra aucune réduction de sa
créance, répond M. Poincaré
M. Poincaré a répondu dans les terme.
suivants :
Je comprends que vous ayez été surpris
par le paragraphe que vous avez relevé dans
la motion votée avant-hier par la CommIs-
sien des réparations.
Dès que le gouvernement l'a connu, il a
écrit à la délégation française pour lui si-
gnaler les inconvénients de cette rédaction
équivoque. M. Dubois m'a donné l'assuran-
ce qu'il n'avait jamais envisagé la réduc-
tion éventuelle des charges extérieures de
l'Allemagne aux dépens des droits de la
France. Quant au gouvernement, il persis-
te, bien entendu, dans la politique qu'il a
maintes fois exprimée publiquement, et no-
tamment à la tribune des deux Chambres.
Il ne saurait admettre aucune réduction de
la créance qu'il a vis-à-vis de l'Allemagne;
et il ne comprendrait une diminution des
charges extérieures du Reich que dans un
règlement général où seraient liquidées tou-
tes les dettes interalliées.
'————————— > «»*- ( —————..———.
LE SCANDALE DU TOGO
A-t-on frappé les vrais coupables?
Ou bien M. Lebureau des colonies
a-t-il rejeté sur d'autres ses responsabilités ?
Nous avons annoncé qu'à la suite de l'en-
quête ouverte sur le « scandale » du Togo,
des sanctions avaient été prises contre M.
Woelffel, commissaire de la République dans
ce pays, et contre M. Lucas, magistrat colo-
nial. Tous deux ont été frappés pour avoir
signé avec une société française un contrat
suspect — d'ailleurs annulé depuis — lui c&
dant à bail pour 75 ans des domaines alle-
mands séquestrés.
La décision intervenue est-elle justifiée, ou
faut-il croire, comme certains le prétendent,
que les vrais coupables ne sont pas MM.
Woelffel et Lucas, qui n'auraient fait que se
conformer aux directives du ministère des co-
lonies ?
On assure, en effet, que les biens allemands
dont il s'agit (Paient convoités par une so-
ciété anglo-allemande et que M. Woélffel avait
été invité à déjouer cette sorte de reprise
germanique indirecte. Il aurait, en effet, re-
çu le 12 mars 1921 le câblogramme suivant :
Commissaire République. Lomé. N6 16
Suis informé que société anglo-allemande se-
rait constituée pour achats biens allemands
séquestrés. Recueillez renseignements et
prière me renseigner. Vous ai saisi par lettre
24 février demande Hirsch relative domain
Agu. Prière examiner conformément satisfac-
tion intérêts français. Colonies.
D'autre part, le ministre des colonies lui
aurait adressé cette lettre :
M. Charles Gasp-arin a été chargé par un
groupe de commerçants de se rendre « Togo
pour y étudier sur place différentes ques-
tion8 intéressait le développement économi-
que de ce territoire. Il partira incessamment,
J'ai l'honneur de recommander d'une façon
toute particulière à votre bienveillance M. O.
Gasparin, frère du député de la Réunion.
Et la lettre se terminait ainsi : « Je se,
rais heureux qu'il vous fût possible de 'lui
faciliter sa tâche. »
Ce serait en somme en exécution de ces
instructions précises, que le contrat incrimi-
né aurait été signé.
Nous nous bornons à relater ces faits. S'ils
sont exacts, est-ce que M. Lebureau des co-
lonies — dont les ordres sembleraient avoir
été fidèlement suivis — ne serait pas d'a-
bord responsable du « scandale » dénoncé
par M. Boisneuf et n'aurait-il pas, avec une
désinvolture quelque peu excessive, rejeté
sur d'autres sa propre faute ?
C'est ce qu'on finira bien par savoir. En
tout cas, l'affaire né nous parait point close.
j K
LES B OLCHEVIS TES RESTITUENT
VERS L'EXÉCUTION DU TRAITÉ DE RIO A
Varsovie, 12 septembre. — A la séance plé-
nière de la commission spéciale mixe polono-
russe on est arrivé à un accord en ce qui con-
cerne la restitution à la Pologne des tableaux
de Rembrandt, de Steen et de Van der Helst,
ainsi que des archives suivantes : actes de
la commission des retraités, actes, cartes et
plans de l'administration des domaines de
l'Etat, actes des biens ecclésiastiques, actes
de l'administration des chemins de fer Var-
sovie-Vienne et de ceux de la. Vistule. Par
contre. la commission russo-ukrainienne a
refusé de restituer à la Pologne les archives
de l'état-major russe de la circonscription
militaire de Varsovie, qui comprennent des
documents importants pour l'histoire des in-
surrections et des circonscriptions polonaises,
ainsi que des actes des Caisses d'épargne de
l'ancien royaume du Congrès et des succur-
sales de la Banque Paysanne russe dans les
provinces polonaises. Les délégués polonais
ont protesté énergiquement etréservé tous
les droits de ta Pologne.
UNE QUESTION EN VOIE DE REGLEMENT
L'Asie Mineure
paraît perdue
pour les Grecs
Les Turcs ont avancé de 150 kilomètres
et les troupes de Constantin se
replient sur Smyrne
Adana, 2 septembre. — On mande d'An*
gora :
Les troupes turques qui se trouvent dans
le secteur d'Afioum-Karahissar viennent d'ob-
tenir une sérieuse victoire.
La bataille qui s'est engagée à l'ouest de
la ville d'Afioum-Karahissar, après l'évacua-
tion de celle-ci par les Grecs, devant les at-
taques turques, a duré trois jours. Les Grecs,
qui occupaient les positions stratégiques de
cette région, ont voulu organiser la défense
et arrêter l'opération turque ; mais les co-
lonnes turques ayant atteint la ligne de che-
min de fer Ouchal-Afloum-Karahissar, aux
environs de Touloubounar, la retraite des
Grecs parut coupée, tandis que les divisions
grecques qui se trouvaient dans la région à
l'ouest de la ville d'Afioum-Karahissar subis-
saient un très sérieux échec.
Les Grecs ont dû se retirer après la vic-
toire turque jusqu'à la ville d'Ouchak : la
bataille continue à environ vingt kilomètres
à l'est de cette ville.
Le recul grec est très important. On estime
qu'après la perte des positions stratégiques
de cette région, il géra très difficile pour l'ar-
mée grecque de se maintenir dans les autres
secteurs du front.
Les Turcs ont utilisé, au cours de la ba-
taille, des aéroplanes qui lançaient des bom-
bes sur l'ennemi en retraite.
La situation à Athènes
La persistance de l'avance turque cause à
Athènes une profonde dépression ; la situa-
tion militaire, déjà très critique, est compli-
quée par une crise financière aiguë dont 4a
gravité n'échappe plus à l'opinion. Les télé-
grammes suivants, reçus ce matin d'Athènes,
montrent que le gouvernement ne cherche
pas à cacher son impuissance à dominer les
événements et tout laisse supposer que des
décisions radicales sont imminentes.
Athènes, l'r septembre. — L'importance des
succès turcs est admise par la presse, qui re-
connaît que les troupes grecques ont dû aban-
donner 150 kilomètres de terrain en profon-
deur à la suite de la prise d'Afioum-Karaha.
sar, et se replient dans les directions de
Brousse et de Smyrne. L'opinion, d'ailleurs,
envisage dorénavant la possibilité d'une éva-
cuation totale de l'Asie Mineure et le minisr
tre des finances, qui a reçu hier des repré-
sentants de la presse, leur a déclaré que 1«
gouvernement n'était plus en état, à l'heure
actuelle, d'assurer les dépenses militaires en
Asie Mineure pendant plus d'un mois.
La Gran de-Bretagne accepte. ce qu'elle
- ne peut empêcher
On n'a pas encore reçu à Paris la réponse
de l'Angleterre à la dernière noté française
du 23 août sur les affaires d'Orient. On sait,
toutefois, que le gouvernement britannique
consent maintenant à envisager une évacua-
tion de l'Asie Mineure par les Grecs, lorsque
les pourparlers de paix seront suffisamment
avancés entre la Grèce et la Turquie.
Il est à craindre que cette concession par-
tielle ne suffise pas à rendre les pourparlers
très attrayants pour* les Turcs, maintenant
que ceux-ci ont remporté des succès aussi
marqués. On se souvient que le délat prévu
pour l'évacuation de l'Asie Mineure, dans les
propositions interalliées du 2€ mars, était de
quatre mois environ. Devant la rapidité de la
retraite grecque, les Turcs ont certainement
conçu l'espérance d'abréger ce délai.
, -.- ( ;
LA RENTRÉE DES CHAMBRES
M. Raoul Péret, président de la Chambre
des députés, venant d'Aix-les-Bains, a eu un
entretien avec le président du conseil et avec
M. Maunoury, ministre de l'intérieur. Il est re-
parti pour la Vienne, où il doit présider la
session. du conseil général.
Il est probable que le gouvernement con-
voquera les Chambres en session extraordi-
naire pour le 17 octobre.
-
L'INCIDENT D'OBERCASSEL
Les autorités belges
sévissent avec vigueur
Fonctionnaires allemands arrêtés
A la suite de l'assassinat d'une sentinelle
et d'un sergent belges, abattus vendredi ma-
tin & coups de revolver, l'état de siège ren-
forcé a été proclamé à Obercassel. De 8 heu-
res du soir à 8 heures du matin, personne n'a
le droit d'être dans la rue. Cafés, restaurants
et autres établissements publics doivent fer-
mer leurs portes dès la tombée de la nuit.
La ville de Dusseldorf n'est pas frappée par
ces mesures disciplinaires.
Le ministre des Affaires étrangères de Bel-
gique, M. Jaspar, a exprimé au gouvernement
allemand le mécontentement du gouverne-
ment belge. Il lui a fait savoir en outre que
la Belgique se réservait de recourir à toutes
les mesures spéciales que comporte la ait
tion. La Commission interaxuee des territoi-
res rhénans, ainsi que le commissaire belge
de cette commission ont été invités à pren-
dre de* sérieuses dispositions" pour assurer,
d'une manière efficace, la protection des tro,
pes d'ocoupation belges.
Comment se produisit l'assassinat
Suivant les informations parvenues à Bru-
xelles, voici comment les faits se sont pas-
sés. Un sergent belge, Victor Staes, sortait
vers 10 heures du matin d'un café situé en
face de la caserne d'Obercaesel, lorsque plu-
sieurs Allemands le poursuivirent et, devaut
la porte de la caserne, le tuèrent à coups de
revolver. Lé soldat belge Buckhuyt, de plan-
ton devant cette porte, iut tué également à
coups de revolver. La garde sortit aussitôt et
se mit à la poursuite des agresseurs, qui se
réfugièrent ns une taverne. D'après une se.
conde version, le sergent beljee aurait eu une
Le Numéro : 10 Çmes
ABON NEMENTS lan 6 m. S m.
Seine et S.-et-O. 25 » 13 » 7 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 60
Etranger 55 » 28 » 15 »
Dtrection et Administration
24, Bd Poissonnière (9e)
Tél. : GUTENB. 01-99
Ap. 23 h. : Roquette 84-93
PubUcté et Annonces
aux Bureaux du Journal
46' ANNEE - ? 16.470
DIMANCHE
3
SEPTEMBRE 1922
■
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Lu manuscrits non insérés
MeotttpotroMhM
Mots d'écrit
« Il faut désarmer les haines », a dit
iMarius Moutet, à la conférence inter-
parlementaire.
, D'accord : toutes les haines, celles en-
4re peuples et celles aussi entre partis
dans une même nation. ees dernières
font tenaces ; elles repoussent comme
l'ivraie. Le paysan laborieux brûle les
mauvaises herbes ; n'importe, dans le
"Champ de blé, montent encore au prin-
temps le chiendent et le coquelicot, dont
la fleur rouge est jolie à regarder au
'souffle de la brise, plus gracieuse que
l'épi doré, mais qui est légère et inutile,
tandis que le grain est lourd de vie.
L'ivraie, le chiendent, le coquelicot, le
bleuet envahissent la moisson de Fran-
ce.
i Désarmons les haines intérieures,
nous dit Marius Moutet. Elles sont gé-
nératrices des guerres. Rude besogne.
Les républicains se sont laissé prendre
& la thèse de l'Union sacrée dans la Paix
revenue. Et les partis de réaction, de
coups d Etat, la Congrégation se sont
.emparé de la majorité parlementaire.
L'Union sacrée, ils la pratiquent entre
eux, entre alliés du Bloc national, entre
droitiers, jésuites et radicaux félons,
contre la « saloperie de République ».
Jamais leur haine de la Démocratie, de
la liberté de penser et d'écrire, de l'en-
seignement laïque, n'est apparue plus
violente. Leur ennemi est à l'intérieur ;
leur ennemi, c'est le radical, c'est le so-
cialiste, c'est le libre penseur, c'est
l'homme de gauche.
« Désarmer cette haine ? »
Je ne demande pas mieux, mais le
moyen avec des adversaires de mauvai-
se foi ?
Il n'est que le peuple, aux prochaines
élections, qui soit capable de les jeter
au feu de la Saint-Jean d'été.
M
J'éprouve une grande joie en songeant
que le rêve de Georges Carpentier est
3nfin réalisé. Toutes les gazettes mon-
daines, tous les journaux dits d'infor-
mation ont annoncé cette nouvelle à
l'univers : Georges Carpentier fait du
théâtre ; Georges Carpentier tourne non
pas dans un ring, mais devant cet appa-
reil de prises de vues qu'on nomme
moulin à café.
Il sera un marquis du dix-huitième
feiècle, en bel habit blanc à fleurs de
pêcher. Il dansera le menuet. Il sau-
vera l'innocente. Il punira le traître. Il
touchera les appointements d'un prési-
dent de la République argentine.
Mais ce n'est pas tout.
Après avoir fabriqué des casseroles
en aluminium, il se livrera à la grande
ipêche. Deux chalutiers sont construits
à cet effet. Leur port d'attache sera Le
Crotoy. ;
Les journalistes pour les rotatives à
grand tirage grattent leur papier sur ce
sujet. Quelle époque, puisque je fais la
même chose qu'eux !
«
a*
Nous savons maintenant que la « Fa-
talité » invoquée par le ministre de la
marine et l'amiral Salaün est « un obs-
tacle sous-marin non porté sur la carte,
dont la coté, au-dessous de zéro doit être,
voisine de 8 mètres. » -
Telles sont les conclusions de la com-
émission d'enquête. -
Ainsi, peut-être, dans nos baies et
dans nos rades, d'autres « Fatalités »
à arêtes tranchantes attendent nos ba-
teaux.
M. Flaminius Raiberti va-t-il mettre
bon ordre à ces « Fatalités » ?
Le grand état-major de la marine est
responsable. Deux cents millions ont
sombré. Le grand état-major surnage.
Nous avons vraiment de bonnes car-
tes sous-marines. Si on le dit trop haut,
fin est taxé de mauvais Français. L'hon-
neur de l'état-major est en cause. Il est
interdit d'y toucher.
On peut pourtant parler de sa sottise.
Dans les mêmes parages de la Teignou-
se ou gît le cuirassé France, il y a'vingt
ans, le Hoche avait touché un écueil. Le
grand état-major l'avait oublié.
Je me demande comment ces gens
qui perdent un cuirassé dans la baie
de Quiberon, à un mille de la côte, peu-
vent naviguer dans l'Océan Indien.
*
tIc:ll
Encore une affaire de faux tableaux.
Il y a cent mille affaires de faux ta-
bleaux.
Le faux est le roi de l'époque. Je vous
Affirme que, dans tous les salons de
bourgeois, de bourgeois réputés nobles,
il est au moins un Corot, un Daubigny,
un Chaplin, un Degas, un Renoir, un
Courbet oui n'ont jamais vu le coup de
pinceau de ces patrons.
'I.¡ nous passons dans les musées,
nous sommes au royaume du « faux ».
Le « repeint » estJa règle. Cette opé-
ration consiste à « retaper » les toiles de
maîtres qui ont souffert des injures du
femus et qui ont supporté les mauvaises
(préparations des couleurs .employées.
AiAnsi VAngélus de Millet, dans la col-
loction Chauchard, présente une facture
oui. dans certaines parties, n'est Dlus
celle de l'auteur de La Fileuse. A
Marseille, la célèbre toile Judith et
Holopherne d'Henri Regnault, sur la-
quelle le bitume a été peut-être employé
à l'excès, fut nettoyée de telle manière
que son caractère est totalement boule-
versé.
A-t-on le droit, sous prétexte de con-
servation, de devenir le collaborateur
d'un grand peintre, comme Millet ou
Regnault, qui n'auraient certainement
jamais accepté pareille profanation ?
Xavier de Magallon retouchant les orai-
sons funèbres, ,de Bossuet, voilà line
comparaison.
Il est de règle également de restaurer
îcferia(i,hs primitifs; Un médhant (bar-
bouilleur se permet d'apporter à un
Boticelli ou un Fra Angelico le secours
de son pinceau.
Une commission de véritables ama-
teurs aurait fort à faire pour défendre
les grands artistes contre leurs ennemis
qui veulent à tout prix mettre au point
leurs œuvres.
Les fabricants de faux tableaux ne
sont pas tous de malheureux rapins en
proie à lai misère. Il en est d'officiels.
Georges PONSOT.
Distinguons.
M. Balfour, à la veille de la conférence de
Londres, nous envoya un billet qui avait,
malgré sa forme courtoise, la portée d'un com-
mandement d'huissier. Il nous disait en som-
me : « L'Amérique nous réclame son dû, nous
vous demandons le nôtre. »
En l'occurrence, il fallait bien faire obser-
ver à MM. les Anglais que, dans cette
cascade de créances dont on n'a point encore
trouvé la compensation, c'est l'Allemagne qui
a le charge de payer le dernier effet à recou-
vrer.
Un logicien aussi subtil que l'est le maître
actuel du Foreign-Office aurait pu considérer,
avant toute procédure, l'origine des dettes in-
teralliées. Pourquoi avons-nous emprunté ?
Pour opposer à l'armée dévastatrice de l'Al-
lemagne la barrière de la civilisation occi-
dentale. Nos confrères de Londres qui étaient,
au cours de la guerre, en parfait accord avec
nous, désignaient alors les Boches par les
mots expressifs : « The Huns ! » Si les dettes
de la France à l'égard de la Grande-Bretagne
et de l'Amérique ont été occasionnées par la
défense commune contre les Huns, M. Bal-
four pourrait estimer avec nous que les Huns,
yaincus, doivent payer la France pour que
la France puisse payer l'Angleterre.
Or, cette condition ne concorde guère avec
la politique de M. Lloyd George. Le Premier
entend accorder au Reich un moratorium illi-
mité, mais son gouvernement n'en veut point
accorder aux anciens alliés du Royaume Uni.
M. Poincaré a fait au comte Balfour une
réponse fort concluante, et deux points y sont
exposés en pleine clarté :
1° Les sommes dues à l'Angleterre repré-
sentent les fournitures faites par elle à la
France pendant les hostilités, elles furent
d'ailleurs facturées à des prix forts, sujets à
révisioiî;
2° La créance des Etats-Unis qui vinrent à
notre secours au nom d'un principe et non
pour leur « self-defence », n'a pas le même
caractère que celle de l'Angleterre qui, sur
notre territoire, défendait en réalité sa propre
indépendance.
Aucun des arguments de M. Poincaré ne
peut être méconnu par les Anglais, mais il
fallait qu'ils fussent tous clairement exprimés.
La note Balfour a été un coup de pure politi-
que, il a produit son effet dont M. Lloyd
George n'a peut-être pas à se féliciter; il faut
maintenant parler sérieusement et étudier la
seule combinaison en laquelle s'accordent le
droit et le sentiment : la compensation.
F. H.
-————————————— ;-.c.e - c -—————————-—-
Taïaut, taïaut le
La Chasse s'ouvre aujourd'hui
L'ouverture de la chasse est un jour parti-
culièrement mémorable pour les disciples, de
plus en plus nombreux, de saint Hubert.
Ceux qui en sont à leur premier permis en
rêvent longtemps à l'avance, et même les
chasseurs les plus aguerris l'attendent avec
impatience. A mesure qu'approche l'heure de
partir — et pour tromper l'attente — ils s'oc-
cupent, avec un soin des plus minutieux, des
préparatifs de la fusillade sous laquelle doi-
vent s'écrouler lièvres, perdreaux et lapins.
C'est tout un attirail qu'il faut inspecter pour
savoir s'il est au grand complet ; ce sont les
chiens dont on achève le dressage, c'est le
programme des battues qu'il s'agit de régler
définitivement. Mais le temps sera-t-il beau ?
Le gibier sera-t-il abondant ? Médor sera-t-il
obéissant ? N'aura-t-cn pas perdu la main
depuis l'an dernier ? Autant d'interrogations
d'un intérêt angoissant ?
Donc, dès hier, dans l&s gares parisiennes,
ce fut l'exode habituel vers les guérets de
nos nemrods, harnachés, et « sous les ar-
mes ». La pluie diluvienne n'a point arrêté
leur ardeur. Pour les régions où la chasse
s'est ouverte aujourd'hui, on n'avait pas dé-
livré en 1921 moins d'un million de permis.
La statistique n'est pas encore arrêtée pour
1922. mais lo chiffre qu'elle nous fera con
naître bientôt ne sera guère inférieur au
précèdent. Quant au nombre des victimes.,,
il sera, lui, vraisemblab!ement bien au-des-
sous, au moins pour la première journée.
Mais ceux qui rentreront « bredouille » nu
manqueronr pas d'excuse : le brouillard, la
pluie, le terrain boueux et impraticable.
Souhaitons du moins que nos chasseurs fas
sent assaut d'adresse. Mais ne leur disons
pas : « Bonne chance ! » Il parait que cela
Dorte malheur 1 L. L.
LA POLITIQUE DES SOVIETS
LA PÉRIODE DE& TRANSACTIONS
On rend la liberté %aux ouvriers, mais on veut accaparer
les forces intellectuelles au profit du communisme
Moscou, iaoût (D.N.CiP.). — Au lendemain
de la conférence de La Haye, le congrès com-
muniste était attendu comme un événement
d'une grande importance et il aura en effet
une notable répercussion sur le Parti, sur le
gouvernement et sur l'opinion.
Cette fois, il s'agissait de discuter les di-
rectives économiques -et il fut un instant
question 'de La réapparition de Lénine. Si le
grand chef n'e parut point, on eut au moins
un, important discours de -Zinovieff, président
de la IIIe Internationale.
Le commissaire aux finances, Sokolnikoff,
exposa la situation actuebleet se livra à un
exercice de rhétorique. Il osa affirmer que
les discussions de Gênes et de Lai Haye mar-
quent là victoire communiste et jalonnent le
chemin par .lequel la Russie prendra sa pla-
ce parmi Tes autres puissances :
« La. bourgeoisie -européenne, a-t-il dit, &
agi avec une grande lâcheté ; elle montra
qu'elle ne comiprenait rien aux conditions ac-
tuelles de la vie en Russie. » L'orateur s'est
élevé violemment (contre lia Framee, contre
lie gouvernement français et le manque de
combativité du (prolétariat français. « Les
ouvriers et le syndicalisme français, a-t-il dlt,
ont trahi Ta cause dé la révolution:, çb
***
Parmi les (plus importants travaux qui fu-
rent signalés au congrès, il faut noter le rap-
port de Tomski sur les syndicats et la coo-
pération. L'orateur confessa franchement que
la situation iest devenue si mauvaise qu'il
faut souhaiter que le gouvernement accorde
une aide plus efficace aux syndicats. Il fau-
dirait reprendre tout à la base ; HI y » des
malentendus et des pol'émiques' regrettaJbles,
entre le comité /central et les syndicats des
provinces ; les ouvriers ne reçoivent plus
régulièrement leur paye et Jeurs rations) de
vivres, le Parti doit mettre oridre à touit cela.
Vorateur, tout en démentant que les ou-
vriers veuillent abandonner les syndicats
communistes, a pourtant admis qu'il existe
une certaine tendance là la'création de oTubs
et de coopératives hors du contrôle du Parti;
il dénonce ïe péril et invite les camarades
à le conjurer.
Tomeki a constaté que l'éducation et la
culture de l'ouvrier ne sont nullement en
progrès, puis il fit une grave proposition :
celle de laisser toute liberté ialux ouvriers
pour les contrats de travail, !de telle sorte
que syndicats -et travailleurs puissent les
fixer sans avoir à en référer à Moscou. Il a
mêmte so-utenu la liberté d'organisation, dé-
liant les ouvriers de l'obligation d'apparte-
nir à un syndicat. Il y eut, il est. vrai, -une
forte opposition, dans laquelle se signala
Kameneff ; on déclara que l'accord libre fi-
nirait par soumettre de nouveau les travail-
leurs aux capitalistes, sans que le gouverne-
ment puisse exercer la pression nécessaire.
*'
**
Le congrès aborda l'examen du rapport de
Kibichef sur la coopération. Ce camarade
.soutint qu'il fallait créer, dans toutes les usi-
nos, dès coopératives de consommation, pour
garantir les ouvriers contre l'exploitation des
spéculateurs. n a donné lui-miême la formule
et la méthode dm coopéràtivism-e qu'il vou-
drait voir développer.
Le rapporteur estime que la formation des
coopératives ne doit .pas être bornée aux mi-
lieux oufvriers, mais qu'elle doit s'étendre
dans les masses rurales. A son avis, des coo-
pératives de métiers pourraient sauver l'ou-
vrier du dhômage, par une répartition ration-
nelle du travail. Il -est entendu d'ailleursi que
les membres du Parti doivent diriger le
mouvement afin qu'il ne soit pas dévié et
tourné contre le communisme.
Cette évolution du ibol'chevisme vers le
coopérativisme est -un fait assurément cu-
rieux dans les annales du communisme rus-
se.
Zinovieff s'était réservé une intervention
politique capitale. Il prononça un réquisitoire
véhément contre 4 la nouvelle bourgeoisie »
qui semble avoir surgi des rangs dubolche-
visrne. Il a signalé le phénomène d'attraction
ayne Je régime soviétiste exerce sur les vieil-
les formes sociales. Dans le monde religieux,
parmi il'es intellectuels, parmi les commer-
çants, les adhésions, selon Zinovieff, se font
chaque jour plus nombreuses. Par contre, il
voit avec tristesse une incontestatible ten-
dance à l'embourgeoisement des milieux
communistes. Le président de l'nternatio-
gale .estime qu'il est temps de réagir contre
le péril. Il faut surveiller et épurer énergi-
quement les éléments du Parti ; il importe
de pénétrer le plus possible dans les classes
non prolétaires afin de les contrôler jalouse-
s-ement, de les diriger et de conduire ainsi
vers un seul but final : la pensée et l'acti-
vité de toutes les 'catégories de citoyens.
« La répression, a dit Zinovieff, n'a pas
suffi et on ne peut pourtant pas continuer
indéfiniment à agir par la force. Il ne faut
plus intervemir « du dehors », mais exercer,
une action intérieure 'dans les milieux non
communistesv afin (d'accélérer la désagréga-
tion et l'assimilation des autres groujpes 'et
des autres classes sociales. Maintenant, lefl<
communistes sont forts et disposent du pou-
voir nécessaire pour accomplir cette œuvre-
de coordination et de surveillance, sans re-
courir aux moyens extrêmes. Nous pouvons
orienter et inflexiblement toutes les volontés
du pays vers notre but, qui est la révolution
mondiale. »
« Nous ne pouvons permettre. affirma en-
core Zinovieff, que des prêtres, des profes-
seurs et des intellectuels, enseignent ou agis-
sent hors de l'esprit communiste. Non seule-
ment nous devons leur opposer une propa-
gande contraire, mais
actes soit faite selon nos directives, sans
aucune altération. Pour cela il est nécessaire
que tous les postes d'importance morale et
de «prestige public, soient occupés par des
personnes ayant notre confiance. >
Telles sont les tendances nouvelles d'es
chefs soviétistes : ils semblent devoir aban-
donner volontiers les conversions par la fu-
sillade, majs fis veulent imposer l'unité (de
leurs vues en n'accordant la parole qu'à leurs
seuls agents.
SergeBARINE.
LORSQU'ON SORT DE FRANCE
LE TOURISME A L'ÉTRANGER
réserve d'amères déceptions
■ ■--OQg>
Excursionner en Allemagne, en Autriche, en Yougoslavie
n'est pas un agrément
Si les Parisiens qui ont villégiaturé durant
cet été pluvieux rentrent un peu maussades
des plages lointaines ou de la montagne où
la température leur fut inclémente, du moins
les vacances furent-elles relativement agréa-
bles pour ceux qui ne sont point sortis de
France, notre pays étant, malgré toutes les
difficultés de l'heure présente et malgré la
bouderie du soleil, l'un de ceux où il fait bon
vivre.
Plus amères sont les déceptions de ceux
qui, par esprit d'aventure ou à cause de la
tentation d'un change favorable, ont voulu
visiter des contrées exotiques à la monnaie
« avariée ». Le retour pour eux a été une vé-
ritable joie, surtout pour ceux qui ont voya-
gé en Allemagne, en Autriche et même chez
notre alliée la Yougoslavie.
Un de ces excursionnistes nous a fait part
des impressions fâcheuses qu'il a éprouvées
en parcourant ces trois pays.
— Déjà, à Kehl, nous dit-il, frontière fran-
co-allemande, le changement est brusque. Si
1,8. douane française est souple, la douane
allemande fait contraste par sa raideur, où
l'en devine au surplus la haine germanique
contre les Français. A peine est-on entré en
Allemagne, c'est autre chose. : la police s'at-
tache aux pas de l'étranger, l'épiant à cha-
que instant. Dans les hôtels et les magasins,
.à cause de la baisse du mark, on vous fait
payer 25, 30 et 40 fois plus cher qu'à « l'in-
digène ». Le ton employé à votre égard est
poli ; mais sous la politesse affectée se dis-
simule une morgue constante. C'est surtout
la jeunesse allemande dont l'attitilde est
significative à nctre égard. Elle ne nous par-
donne pas le désastre des « centraux ».
« A Stuttgart, à Munich, à Berlin, j'en
puis témoigner, puisque j'en arrive, la mi-
sère n'est pas égale à celle qu'on trouve en
France. Tout le' monde travaille ; les gens
sont bien vêtus. Les brasseries et les restau-
rants regorgent de clients. Les usines,^ les
fabriques, les entreprises et les banques sont
en Sieine activité.- Parlant l'allemand, j'ai
interrogé des étudiants, des employés. En
général ils ne se gênent point pour déclarer
que quand nous ne pourrons plus compter
sur le concours de/ l'Angleterre, l'Allemagne
nous réglera notre compte.
« En Autriche, nulle animosité contre la
France et, malgré la détresse financière du
pays, la vie y continue 'sans changement
apparent.
« En Serbie en revanche, il faut faire pro-
vision de patience et même de résignation.
Dès qu'on a franchi la frontière à Jessenitz,
une nuée de policiers et de soldats s'abattent
sur le pauvre touriste. Jusqu'à Belgrade et
dans tout l'intérieur du pays, c'est la même
obsession. Voyageurs ou voyageuses sont fouil-
lés comme des voleurs ; les bagages sont à
chaque instant minutieusement visités ; les
poches sont retournées, les portemonnaies
exhibés et l'argent est compté. Pas de protes-
tations, sans quoi il vous en cuit. Un Suisse
qui s'était permis devant moi de manifester
son mécontentement auprès du commissaire
spécial de Belgrade parce qu'on lui avait
enlevé son passeport dut. se mettre au
garde-à-vous, se découvrir et fut menacé de
30 jours de prison.
« Dans cette capitale qui n'est qu'un grand
village, où il n'y a ni parc, ni jardin, ni
square, la poussière est suffocante, les rues
n'étant jamais arrosées. La vie y est trois
fois plus chère qu'en France. Une chambre,
sans eau, ni gaz, ni électricité, se paie faci-
lement 50 dinars par jour (le dinar vaut le
sixième du franc), un mauvais dîner 60 di-
nars. Les tarifs des chemins de fer sont ex-
tIêmement élevés, les wagons bien plus salea
que ceux de la Compagnie de l'Est ; la vitesse
des trains ne dépasse pas en moyenne 30 ki-
lomètres à l'heure.
« Le pays est demeuré en armes — tout
comme si la guerre durait encore — Ce ne
sont. surtout dans le voisinage de l'Adriati-
que, que soldats et gros canons. La police,
tout comme d'ailleurs en Allemagne et en
Autriche, est affreusement habillée : mais.
comme je l'ai dit, elle se rattrape d'autre
façon sur le voyageur.».
Telles sont les réflexions que nous commu-
nique un excursionniste qui se promettait
monts et merveilles de sa randonnée et qui
se repent d'avoir eu la mauvaise inspiration
de s'expatrier. Son récit d'ailleurs comporte
une conclusion, qui est une explication : on
se demande parfois pourquoi il y a tant
d'étrangers en France ! Parbleu, il n'y a
qu'à sortir de France : on s'aperçoit bien vite
qu'ils aiment mieux — et pôur cause — vivre
chez nous que chez eux.
Pierre VARZY.
J — s ——————————
Après la décision de la C. D. It.
Les inquiétudes de M. Klotz
M. L.-L. Klotz, ancien ministre des finances
du cabinet Clemenceau, qui fut un des plé-
nipotentiaires français à l'a conférence de la
paix, a écrit à M. Poincaré pour appeler l'at-
tention du gouvernement sur un passage de
la décision rendue le 31 août par la commis-
sion des réparations au sujet de la demande
allemande de moratoire.
On sait que la commission a différé sa ré-
ponse à la requête allemande jusqu'à ce
qu'elle ait établi un projet de réformes des
finances de l'Allemagne, qui comporte la ré-
,duction éventuelle des charges extérieu-
res de l'Allemagne dans la mesure qui serait
jugée nécessaire à la restauration de son cré-
dit ». M. Klotz demande si cette « réduc-
tion éventuelle » doit toucher à la créance
trançaise.
La France n'admettra aucune réduction de sa
créance, répond M. Poincaré
M. Poincaré a répondu dans les terme.
suivants :
Je comprends que vous ayez été surpris
par le paragraphe que vous avez relevé dans
la motion votée avant-hier par la CommIs-
sien des réparations.
Dès que le gouvernement l'a connu, il a
écrit à la délégation française pour lui si-
gnaler les inconvénients de cette rédaction
équivoque. M. Dubois m'a donné l'assuran-
ce qu'il n'avait jamais envisagé la réduc-
tion éventuelle des charges extérieures de
l'Allemagne aux dépens des droits de la
France. Quant au gouvernement, il persis-
te, bien entendu, dans la politique qu'il a
maintes fois exprimée publiquement, et no-
tamment à la tribune des deux Chambres.
Il ne saurait admettre aucune réduction de
la créance qu'il a vis-à-vis de l'Allemagne;
et il ne comprendrait une diminution des
charges extérieures du Reich que dans un
règlement général où seraient liquidées tou-
tes les dettes interalliées.
'————————— > «»*- ( —————..———.
LE SCANDALE DU TOGO
A-t-on frappé les vrais coupables?
Ou bien M. Lebureau des colonies
a-t-il rejeté sur d'autres ses responsabilités ?
Nous avons annoncé qu'à la suite de l'en-
quête ouverte sur le « scandale » du Togo,
des sanctions avaient été prises contre M.
Woelffel, commissaire de la République dans
ce pays, et contre M. Lucas, magistrat colo-
nial. Tous deux ont été frappés pour avoir
signé avec une société française un contrat
suspect — d'ailleurs annulé depuis — lui c&
dant à bail pour 75 ans des domaines alle-
mands séquestrés.
La décision intervenue est-elle justifiée, ou
faut-il croire, comme certains le prétendent,
que les vrais coupables ne sont pas MM.
Woelffel et Lucas, qui n'auraient fait que se
conformer aux directives du ministère des co-
lonies ?
On assure, en effet, que les biens allemands
dont il s'agit (Paient convoités par une so-
ciété anglo-allemande et que M. Woélffel avait
été invité à déjouer cette sorte de reprise
germanique indirecte. Il aurait, en effet, re-
çu le 12 mars 1921 le câblogramme suivant :
Commissaire République. Lomé. N6 16
Suis informé que société anglo-allemande se-
rait constituée pour achats biens allemands
séquestrés. Recueillez renseignements et
prière me renseigner. Vous ai saisi par lettre
24 février demande Hirsch relative domain
Agu. Prière examiner conformément satisfac-
tion intérêts français. Colonies.
D'autre part, le ministre des colonies lui
aurait adressé cette lettre :
M. Charles Gasp-arin a été chargé par un
groupe de commerçants de se rendre « Togo
pour y étudier sur place différentes ques-
tion8 intéressait le développement économi-
que de ce territoire. Il partira incessamment,
J'ai l'honneur de recommander d'une façon
toute particulière à votre bienveillance M. O.
Gasparin, frère du député de la Réunion.
Et la lettre se terminait ainsi : « Je se,
rais heureux qu'il vous fût possible de 'lui
faciliter sa tâche. »
Ce serait en somme en exécution de ces
instructions précises, que le contrat incrimi-
né aurait été signé.
Nous nous bornons à relater ces faits. S'ils
sont exacts, est-ce que M. Lebureau des co-
lonies — dont les ordres sembleraient avoir
été fidèlement suivis — ne serait pas d'a-
bord responsable du « scandale » dénoncé
par M. Boisneuf et n'aurait-il pas, avec une
désinvolture quelque peu excessive, rejeté
sur d'autres sa propre faute ?
C'est ce qu'on finira bien par savoir. En
tout cas, l'affaire né nous parait point close.
j K
LES B OLCHEVIS TES RESTITUENT
VERS L'EXÉCUTION DU TRAITÉ DE RIO A
Varsovie, 12 septembre. — A la séance plé-
nière de la commission spéciale mixe polono-
russe on est arrivé à un accord en ce qui con-
cerne la restitution à la Pologne des tableaux
de Rembrandt, de Steen et de Van der Helst,
ainsi que des archives suivantes : actes de
la commission des retraités, actes, cartes et
plans de l'administration des domaines de
l'Etat, actes des biens ecclésiastiques, actes
de l'administration des chemins de fer Var-
sovie-Vienne et de ceux de la. Vistule. Par
contre. la commission russo-ukrainienne a
refusé de restituer à la Pologne les archives
de l'état-major russe de la circonscription
militaire de Varsovie, qui comprennent des
documents importants pour l'histoire des in-
surrections et des circonscriptions polonaises,
ainsi que des actes des Caisses d'épargne de
l'ancien royaume du Congrès et des succur-
sales de la Banque Paysanne russe dans les
provinces polonaises. Les délégués polonais
ont protesté énergiquement etréservé tous
les droits de ta Pologne.
UNE QUESTION EN VOIE DE REGLEMENT
L'Asie Mineure
paraît perdue
pour les Grecs
Les Turcs ont avancé de 150 kilomètres
et les troupes de Constantin se
replient sur Smyrne
Adana, 2 septembre. — On mande d'An*
gora :
Les troupes turques qui se trouvent dans
le secteur d'Afioum-Karahissar viennent d'ob-
tenir une sérieuse victoire.
La bataille qui s'est engagée à l'ouest de
la ville d'Afioum-Karahissar, après l'évacua-
tion de celle-ci par les Grecs, devant les at-
taques turques, a duré trois jours. Les Grecs,
qui occupaient les positions stratégiques de
cette région, ont voulu organiser la défense
et arrêter l'opération turque ; mais les co-
lonnes turques ayant atteint la ligne de che-
min de fer Ouchal-Afloum-Karahissar, aux
environs de Touloubounar, la retraite des
Grecs parut coupée, tandis que les divisions
grecques qui se trouvaient dans la région à
l'ouest de la ville d'Afioum-Karahissar subis-
saient un très sérieux échec.
Les Grecs ont dû se retirer après la vic-
toire turque jusqu'à la ville d'Ouchak : la
bataille continue à environ vingt kilomètres
à l'est de cette ville.
Le recul grec est très important. On estime
qu'après la perte des positions stratégiques
de cette région, il géra très difficile pour l'ar-
mée grecque de se maintenir dans les autres
secteurs du front.
Les Turcs ont utilisé, au cours de la ba-
taille, des aéroplanes qui lançaient des bom-
bes sur l'ennemi en retraite.
La situation à Athènes
La persistance de l'avance turque cause à
Athènes une profonde dépression ; la situa-
tion militaire, déjà très critique, est compli-
quée par une crise financière aiguë dont 4a
gravité n'échappe plus à l'opinion. Les télé-
grammes suivants, reçus ce matin d'Athènes,
montrent que le gouvernement ne cherche
pas à cacher son impuissance à dominer les
événements et tout laisse supposer que des
décisions radicales sont imminentes.
Athènes, l'r septembre. — L'importance des
succès turcs est admise par la presse, qui re-
connaît que les troupes grecques ont dû aban-
donner 150 kilomètres de terrain en profon-
deur à la suite de la prise d'Afioum-Karaha.
sar, et se replient dans les directions de
Brousse et de Smyrne. L'opinion, d'ailleurs,
envisage dorénavant la possibilité d'une éva-
cuation totale de l'Asie Mineure et le minisr
tre des finances, qui a reçu hier des repré-
sentants de la presse, leur a déclaré que 1«
gouvernement n'était plus en état, à l'heure
actuelle, d'assurer les dépenses militaires en
Asie Mineure pendant plus d'un mois.
La Gran de-Bretagne accepte. ce qu'elle
- ne peut empêcher
On n'a pas encore reçu à Paris la réponse
de l'Angleterre à la dernière noté française
du 23 août sur les affaires d'Orient. On sait,
toutefois, que le gouvernement britannique
consent maintenant à envisager une évacua-
tion de l'Asie Mineure par les Grecs, lorsque
les pourparlers de paix seront suffisamment
avancés entre la Grèce et la Turquie.
Il est à craindre que cette concession par-
tielle ne suffise pas à rendre les pourparlers
très attrayants pour* les Turcs, maintenant
que ceux-ci ont remporté des succès aussi
marqués. On se souvient que le délat prévu
pour l'évacuation de l'Asie Mineure, dans les
propositions interalliées du 2€ mars, était de
quatre mois environ. Devant la rapidité de la
retraite grecque, les Turcs ont certainement
conçu l'espérance d'abréger ce délai.
, -.- ( ;
LA RENTRÉE DES CHAMBRES
M. Raoul Péret, président de la Chambre
des députés, venant d'Aix-les-Bains, a eu un
entretien avec le président du conseil et avec
M. Maunoury, ministre de l'intérieur. Il est re-
parti pour la Vienne, où il doit présider la
session. du conseil général.
Il est probable que le gouvernement con-
voquera les Chambres en session extraordi-
naire pour le 17 octobre.
-
L'INCIDENT D'OBERCASSEL
Les autorités belges
sévissent avec vigueur
Fonctionnaires allemands arrêtés
A la suite de l'assassinat d'une sentinelle
et d'un sergent belges, abattus vendredi ma-
tin & coups de revolver, l'état de siège ren-
forcé a été proclamé à Obercassel. De 8 heu-
res du soir à 8 heures du matin, personne n'a
le droit d'être dans la rue. Cafés, restaurants
et autres établissements publics doivent fer-
mer leurs portes dès la tombée de la nuit.
La ville de Dusseldorf n'est pas frappée par
ces mesures disciplinaires.
Le ministre des Affaires étrangères de Bel-
gique, M. Jaspar, a exprimé au gouvernement
allemand le mécontentement du gouverne-
ment belge. Il lui a fait savoir en outre que
la Belgique se réservait de recourir à toutes
les mesures spéciales que comporte la ait
tion. La Commission interaxuee des territoi-
res rhénans, ainsi que le commissaire belge
de cette commission ont été invités à pren-
dre de* sérieuses dispositions" pour assurer,
d'une manière efficace, la protection des tro,
pes d'ocoupation belges.
Comment se produisit l'assassinat
Suivant les informations parvenues à Bru-
xelles, voici comment les faits se sont pas-
sés. Un sergent belge, Victor Staes, sortait
vers 10 heures du matin d'un café situé en
face de la caserne d'Obercaesel, lorsque plu-
sieurs Allemands le poursuivirent et, devaut
la porte de la caserne, le tuèrent à coups de
revolver. Lé soldat belge Buckhuyt, de plan-
ton devant cette porte, iut tué également à
coups de revolver. La garde sortit aussitôt et
se mit à la poursuite des agresseurs, qui se
réfugièrent ns une taverne. D'après une se.
conde version, le sergent beljee aurait eu une
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Simond Paul Simond Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Simond Paul" or dc.contributor adj "Simond Paul")Simond Henry Simond Henry /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Simond Henry" or dc.contributor adj "Simond Henry")
- Auteurs similaires Simond Paul Simond Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Simond Paul" or dc.contributor adj "Simond Paul")Simond Henry Simond Henry /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Simond Henry" or dc.contributor adj "Simond Henry")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7511942n/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7511942n/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7511942n/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7511942n/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7511942n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7511942n
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7511942n/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest