Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-09-02
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 septembre 1922 02 septembre 1922
Description : 1922/09/02 (N16469,A46). 1922/09/02 (N16469,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2012
Le Numéro: 10 Cm"
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Publicté et Annonces
aux Bureaux du Journal
> J
LA LANTERNE » DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
—
46e ANNEE -- N" 16.469 1
SAMEDI
2
SEPTEMBRE 1922
-
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
V —S
he succès
du "Nègre blanc"
Dans les congrès socialistes, lorsque
l'on en vient à conclure, après une lon-
gue série de discours alternativement
contradictoires, on cherche une formule
destinée à recueillir l'unanimité. Chaque
« tendance » y apporte sa phrase et la
motion fabriquée ainsi par des éléments
hostiles ne signifie généralement rien.
C'est le « nègre blanc » ; chacun y trou-
ve au moins une bribe de sa pensée, et
tout le monde l'approuve sur l'autel de
rUnité sacrée.
La décision de la commission des ré-
parations qui recueillit les suffrages de
1MM. Louis Dubois, John Bradbury, De-
lacroix, et Salvago Raggi est vraiment
ifce que l'on peut appeler un nègre blanc.
Sur ce texte magique, les désaocords es-
sentiels entre Londres et Paris dispa-
raissent et Berlin renaît' à l'espoir.
1 « Victoire française diront les amis de
M. Poincaré : les Allemands n'ont pas
le moratoire ! »
« Victoire belge ! dira M. Theunis,
(puisque c'est M. Delacroix qui a trouvé
ida conciliation. »
« Victoire anglaise, dit la Daily Chro-
toicle de M. Lloyd George, puisque l'é-
chéance allemande est ajournée de six
mois, et qu'il n'est plus question des ga-
ges productifs de M. le président des
ministres français. »
Cependant, M. Schrœder rayonne et la
(presse du Reich signale l'importance
(l'un verdict qui délie pour un temps le
trésor de M. Hermès de ses engagements
•sans qu'il coûte rien à M. Stinnes.
Nous avons il est vrai une satisfac-
tion verbale et nous serions riches si
rnous pouvions nous payer de mots : les
^Allemands n'auront pas de moratoire.
mais les Belges leur accordent six mois
de crédit !
Les augures les plus sages se réjouis-
sent en Angleterre et en France ; l'En-
tente est sauve, elle a doublé heureuse-
ment le cap des tempêtes. Rien n'est
cassé.
, C'est vrai, rien n'est cassé, mais rien
n'est réglé. Nous sommes dans le ré-
gime du provisoire. Nous avons la moi-
tié d'une, année pour réfléchir, il s'agit
seulement de savoir pour aui travaille
Je temps ?
Or, l'expérience nous a montré que,
^ans l'état actuel de l'Europe, l'Allema-
gne gagne une victoire chaque fois
qu'elle fait ajourner une échéance. Elle
renforce ses chances d'échapper au car-
:an du traité de Versailles par la divi-
sion de ses créanciers. l'Entente, nous
gavons bien vu, est à la merci d'une
W roche inconnue » tout comme les plus
formidables dreadnoughts.
- *
**
Depuis 1919, nous ne cessons de dé-
plorer ici l'ajournement indéfini de la
ivéritable paix. Les événements ont, hé-
las ! justifié trop bien nos inquiétudes.
Plus le crime s'éloigne dans le passé,
plus obstinément les criminels oublient
leurs responsabilités. Le jour de l'armis-
tice, les Boches, devant les ruines fu-
ïnantes, ne pouvaient pas nier ; ils
niaient à Versailles après une année de
stériles et douloureux débats, ils niaient
plus fort à Cannes et à Gênes. A me-
sure que les jours passent, la faute du
Reich s'atténue, dès lors les réparations
apparaissent indues, et dans le même
temps l'insolvabilité de l'Allemagne s'a-
vère plus parfaite.
Comment diable voulez-vous que nous
soyons payés si les Anglo-Saxons ga-
gnrnt encore une année ou deux ? M
John Maynard Keynes, diminuera cha-
que mois le forfait qu'il calcule et recal-
cule, selon les possibilités décroissantes
de l'Allemagne ; un beau jour vous ver-
rez qu'il y aura prescription.
Coûte que coûte il faut mettre un ter-
me aux moyens dilatoires contre les-
quels nous sommes impuissants. Si
nous ne voulons pas être payés à coups
de canon, il importe d'obtenir une tran-
saction honorable et prompte.
Pressé par les réalités, M. Poincaré
l'eût peut-être acceptée cette transaction
inéluctable, si la néfaste note Balfour
n'eut pas rendu toute discussion impos-
sible sur la compensation des dettes in-
teralliées. Il n'est pas trop' tard puisque
nous avons dû accorder ce répit de six
mois, nécessaire à la recherche de la so-
lution d'ensemble d'un problème qui n'a
point de solution fragmentaire.
M. Poincaré est l'un des rares Fran-
çais qui puisse faire avaler 'à la Cham-
bre du Bloc national cette fatale couleu-
vre : « La réduction de notre créance
liée à la réduction de nos dettes »
Ah ! nous sommes loin des trois cents
milliards de M. Klotz, personne n'ose
plus dire : « le Boche paiera ! » Il ne
faut pourtant pas aller à l'abîme les
yeux fermés, en hurlant : « Vive le
Traité ! Gloire à Clemenceau ! »
Félix HAUTFORT.
Signature d'un accord franco-allemand
pour la fourniture de matériaux
M. de Lubersac, président de la confédé-
ration générale des coopératives de recons-
truction des régions dévastées, vient, confoe
mément aux arrangements de Berlin du 3
juin 1922. de négocier et de signer un accord
avec M. Hugo Stinnes, pour la fourniture de
matériaux de construction. Ces matériaux se-
ront exclusivement destinés aux coopératives
affiliées à la confédération.
p «M un- ,
flotre pain bis
Notre excellent ministre de l'agriculture
nous donnera notre pain quotidien, mais il
sera bis, il sera gris; peu à peu, à dater de ce
jour, sa couleur passera du blanc au demi-
blanc. Ce n'est pas une catastrophe, si par
miracle M. Chéron trouve le moyen de dimi-
nuer le prix du kilo, car chacun sait que le
pain est la nourriture indispensable aux Fran-
çais — il faut songer aux familles nombreu-
ses!
Economiquement, il est bon que nous n'im-
portions pas de trop importantes quantités de
froment, acquis dans des pays où notre franc
n'a pas un grand pouvoir d'achat; nous atté-
nuerons ainsi, dans une certaine mesure, la
hausse fantastique des changes sur l'Améri-
que.
Politiquement, il est bon que les surfaces
cultivées en céréales dans notre pays ne soient
pas diminuées; il faut donc favoriser le pay-
san qui nous nourrit, à la condition qu'il ne
nous ruine pas.
On a dit et répété que la France avait sur
l'Angleterre, sur l'Allemagne, et sur la plu-
part des nations européennes, l'avantage de
trouver dans son sol métropolitain ou colonial,
la, plupart des denrées nécessaires à la vie hu-
maine. C'est un avantage considérable surtout
s'il nous faut compter encore avec fimpossi-
bilité de trouver au dehors les produits né-
cessaires à notre existence végétative. Un
blocus perdrait le Royaume-Uni en quelques
semaines, l'Allemagne n'y résista durant la
guerre qu'au prix des plus douloureux sacri-
fices, la France pourrait tenir longtemps, avec
une agriculture prospère.
Ces considérations nationales et patriotiques
sont des arguments sérieux en faveur de la
politique « agrophile » de M. Chéron, mais il
doit se garder d'aller dans cette voie jusqu'à
l'excès.
Les agglomérations rurales ont, elles aussi,
droit à la vie, il ne faut pas la leur rendre
trop difficile, et tuer les citadins, pour leur
conserver des pères nourriciers villageois.
M. Chéron est Normand, il ne manque pas
de finesse, ni de prudence ; il saura sans doute
faire sa route agricole entre de terribles écueils.
P. D.
- ———————— ) -< .- ( -
BLOC-NOTES
Les abstinents de l'abstinence
Malgré leur campagne enragée, il semble
bien que, d'après les résultats du référen-
dum, les secs, soient, en Suède, battus ù4
plate couture. Il faut se réjouir pleinement
de leur échec, non seulement à cause du
préjudice économique que leur succès eût
occasionné à notre production viticole-
mais encore parce qu'il y a là une victoi-
re du bon sens ; et par le temps qui court,
celles-ci sont assez rares pour qu'il convien-
ne de les célébrer.
De toutes les idées saugrenues qui ont
jamais jailli du cerveau humain, — et le
Grand Architecte de l'Univers sait s'il y en
a — l'une des plus saugrenues à coup
sûr est celle consistant à vouloir priver
l'hiemanité de l'usage traditionnel du vin
et des boissons alcooliques, parce qu'il y a
quelques hommes, dont l'estomac délabré
les supporte mal, et sous prétexte qu'un
certain nombre d'autres hommes en abusent
scandaleusement.
Je vous demande un peu ce qui resterait
dans le monde, si l'on proscrivait toutes
les chose% dont l'abus présente des dangers,
depuis l'amour jusqu'aux bifteck, depuis
l'éloquence jusqu'aux purgatifs ; et. san-i
citer des exemples nécessairement innombra-
bles, il semble bien que ce soit une grande
loi naturelle, que tout soit également ex-
cellent ou exécrable suivant que l'on s'en.
sert opportunément ou hors de propos, mo-
dérément ou immodérément. La raison
sert à l'homme à se tenir à égale distance
entre l'excès et l'abstinence ; car tous deux
sont également d éviter, et pareillement
dangereux pour l'individu et la Société.
Celui qui boit avec exagération compro-
met sa santé, sa dignité et sa moralité. Il est
un être vicieux et un mauvais citoyen. Mais
ne s'insurge-t-il pas lui aussi contre le voeu
de la nature, et n'cst-il pas vicieux à sa ma-
nière celui qui, par un snobisme fanatique
se refuse à boire du vin, renonçant ainsi à
la joie saine et aux énergies accrues, QM~
celui-ci lui procurerait ? ■
Le premier comme le second troublent
l'équilibre de la production et diminuent
leur utilité sociale. Ils sont inversement in-
tempérants, et, de la sorte, on peut dire que
les abstinents sont les intempérants de
l'abstinence
Petit Jean,
LE MEILLEUR GAGE
C'EST L'INDUSTRIE ALLEMANDE
——————————— —
Elle a connu, depuis la guerre, une prospérité inouïe ;
des chiffres incontestables le prouvent
La dépréciation actuelle du mark a pour
résultat de provoquer une forte activité dans
l'industrie allemande. Celle-ci est devenue
une puissance considérable, qui en fait le
poste le plus prospère du bilan économique
de l'Allemagne.
De tous les gages que celle-ci peut offrir,
l'industrie en est sans conteste le meilleur.
La physionomie actuelle de l'industrie alle-
mande est des plus intéressantes à connaître,
car elle tend à montrer la richesse intérieure
du Reich.
Alors que pendant longtemps le commerce
d'exportation était prédominant, c'est à l'heu-
re actuelle le commerce intérieur qui est le
plus actif. L'industrie allemande travaille
plus pour l'intérieur du pays que pour l'ex-
térieur.
Voici quelques coefficients dignes d'inté-
rêt dans cet ordre d'idées, se rapportant au
premier semestre 1922.
Le débit de l'industrie électrique a été de
6.116 millions de quintaux métriques, dont
82 0/0 pour l'intérieur et 18 0/0 pour l'étran-
ger.
L'industrie textile a écoulé 75 0/0 ds sa
production à l'intérieur de l'Allemagne. Des
proportions semblables peuvent être notées
dans l'industrie métallurgique. Elles prouvent
en outre la capacité d'absorption de cette
agglomération de 60 millions d'habitants.
*
* «
On aurait tort de croire après cela que
l'industrie -allemande ne travaille pas à plein
rendement, puisque ses clients ne sont que
les « pauvres » indigènes. Jamais une pa-
reille activité n'a été constatée. Nous citons
quelques faits révélateurs de cette vitalité.
Nous les avons pris volontairement en dehors
des industries principales, pour montrer que
cette activité est générale.
D'après le « Bauweit « (Revue du bâti-
ment), 8.346 maisons d'habitation et 510 fa-
briques et autres bâtiments ont été édifiés
pendant le mois de juillet, contre 3.160 pen-
dant le même mois de l'année précédente.
Prenons une autre industrie: celle de la por-
celaine. En avril 1920, les prix à l'intérieur
du pays étaient égaux à 15 fois les prix de
base, et le coût de chaque kilo de matériel
se montait à 0,51 mark.
Les prix de vente au commencement de
1921 étaient égaux à 30 fois les prix de base.
Il en est résulté une prospérité inouïe.
C'est ainsi que la manufacture de porce-
laine J. Schachtel A. G. en Silésie, paie un
dividende de 24 0/0 sur un capital qui vient
d'être porté de 2,5 millions de marks à 6 mil-
lions. Les directeurs de cette manufacture
annoncent que les commandes en mains vont
nécessiter un développement de l'usine. Or,
il ne faut pas oublier qu'avant la guerre,
60 0/0 de la production allemande étaient ex-
pédiés à l'étranger. 18,4 0/0 seulement y ont
été expédiés pendant 1921.
Les manufactures Kahla et Schomberg,
autres firmes importantes, ont porté respec-
tivement leur capital de 8 à 25 millions et
de 20 à 35 millions. Les dividendes versés
ont atteint 35 et 40 0/0.
♦
*♦
Comme nous le disions précédemment, nous
avons pris à dessein deux industries que l'on
peut considérer comme secondaires. Toutes
sont également prospères.
Pour donner une idée de cette richesse,
nous avons résumé, à l'intention de nos lec-
teurs, les besoins en capitaux de l'industrie
allemande en 1921 et en 1922. (1er semestre).
En millions de marks :
Actions de fondateurs.— Année 1921 : avril
557 ; mai 1988 ; juin 868. Année 1922 : avril
2.574 ; mai 3.098 ; juin 1.902.
Actions privilégiées avec plusieurs voix
dans les conseils. — Année 1921 : avril 19 ;
mai 20 ; juin 30. Année 1922 : avril 104 ;
mai lil ; juin 107.
Actions privilégiées avec une voix dans les
conseils. — Année 1921 : avril 90 ; mai 132;
juin 195. Année 1922 : avril 257 ; mai 159 ;
jutn 127.
Obligations industrielles. — Année 1921 :
avril 143 ; mai 694 ; juin 86. Année 1922 :
avril 1.^40 ; mai 241 ; juin 517.
Totaux. — Année 1921 : avril 809 ; mai
2.834 ; juin 1.179. Année 1922 : avril 4.175 ;
mai 3.625 ; juin 2.653.
Il faut espérer que nos experts connaissent
ces chiffres, qu'ils les méditeront et qu'ils
ne se laisseront pas influencer par la campa-
gne menée pour faire supposer à une crise
industrielle.
Georges BEROT.
Comment les intéressés ont accueilli
la décision de la C. D. R. ,
Le gouvernement français prend acte mais réserve sa liberté d'action
Les ministres se sont réunis hier matin
à. l'Elysée sous la présidence de M. Mille-
rand.
M. Raymond Poincaré a exposé au Con-
seil d'Etat actuel les diverses questions re-
latives à la politique étrangère.
La commission des réparations n'ayant
pas accordé à l'Allemagne le moratorium
demandé le Conseil estime qu'il n'avait
pour le moment qu'à prendre acte de cette
décision. Quant aux prochains paiements,
la Belgique quj doit, en vertu de son droit,
de priorité, en recevoir la totalité, ayant
non seulement accepté mais proposé elle-
même des modalités adoptées par la commis-
sion, le Conseil a considéré qu'il y avait
lieu de réserver sa liberté d'action jusqu'à
la mise eu œuvre des conditions prévues.
Une prochaine conférence
Le Conseil, fidèle à l'idée que le président
da Conseil avait soutenue à Londres, '1 en
outre décidé d'insister pour que soit réunie
le plus tôt possible une conférence à laquel-
le seraient convoqués tous les alliés sans ex-
ception, et qui étudierait dans leur ensemble
la question des dettes interalliées et celle eez,
réparations.
La note de Balfour
La Conseil a arrêté le texte de la répon-
se à la note de lord Balfour relative aux
deites interalliées.
L'optimisme renaît en Allemagne
Les commentaires de journaux
Berlin, lrf septembre. — Dans ses commen-
taires sur la décision de la commission des
réparations, la presse allemande, à part les
organes d'extrême droite, estime que cette
décision entraînera provisoirement une dé-
tente c'ans la situation et qu'un temps de
pose est tout de même accordé à l'Allemagne.
Le danger des sanctions de la part de la
France est maintenant écarté, mais de gra-
ves difficultés peuvent surgir dans la ques-
tion des garanties à accorder à la Belgique.
La. Germania écrit : « Par le refus du mo-
ratoire, M. Poincaré a remporté un succès
de forme ; mais la victoire de l'action mé-
diatrice de la Belgique constitue en fin de
cause une défaite pour le président du Con-
seil français. La décision de la commission
des réparations équivaut tout de même à un
moratoire. Quelle valeur peuvent avoir les
bons du Trésor d'un débiteur que ses créan-
ciers eux-mêmes déclarent incapable de rem-
plir ses obligations. On ne peut prévoir main-
tenant comment seront surmontées les dif-
ficultés qui se présenteront dans la question
des garanties à donner à la Belgique.
Pour le moment, le peuple allemand respi-
re dans l'espoir que la décision de la com-
mission a écarté les graves dangers qui exis-
taient et a préparé le terrain à de nouvelles
négociations. »
Le Tagblatt remarque que la décision de la
commission parle d'une réduction éventuelle
des charges extérieures de l'Allemagne. La
question des garanties est épineuse. Les bons
du Trésor à donner à la Belgique représen-
tent une somme énorme. Le gouvernement
d'Empire ne peut pas forcer les grandes ban-
ques à escompter ces bons. ou bien il de-
vrait leur fournir des garanties équivalen-
tes en or ou en devises, ce qui reviendrait
au même que des paiements directs aux
alliés. De même, un dépôt en or à l'étran-
ger, ne serait autre chose, en fin de comp-
te, qu'un paiement comptant effectué par
l'Allemagne et celle-ci se déclare incapable
de payer quoi que ce soit au comptant.
Le problème des réparations n'est toujours
pas placé sur le bon terrain ; mais la dé-
cision de la commission des réparations nous
accorde tout de même un temps de pose de
quelques mois.
Le mark remonte
Comme conséquence de la décision de la
commission des réparation, île mark s'est
inscrit en notable reprise à 0.97, en même
temps qu'on notait un relèvement du franc,
par rapport à la livre et au dollar.
L'interview d'un délégué allemand
A la suite de la décision de la commission
des réparations et de la délibération du Con-
seil des Ministres, il nous a paru intéressant
de connaître l'impression de la délégation al-
lemande. En l'absejace de M. Schrœder, qui est
parti pour Berlin, nous avons pu nous entre-
tenir avec le Dr Mayer, l'un des délégués, qui
nous a dit :
— « Je considère que du point de vue
des Alliés, la décision de la commisison des
réparation est raisonnable, car il est évident
que des efforts sérieux ont été faits pour réa-
liser l'unanimité.
« Du point de vue allemand, ce que nous
voulons surtout retenir de cette décision,
c'est qu'en somme, la C. R. a reconnu que
l'Allemagne est actuellement insolvable, et
par conséquent reconnu que nous étions fon-
dés à demander un moratoire. Cependant, ce
moratoire nous est refusé.
« Ce refus produira, je le crois, une impres-
sion pénible en Allemagne. D'ailleurs, tout
dépendra des garanties que demandera la
Belgique.
« Pour cette dernière, nous allons lui re-
mettre, en même temps, un bon correspon-
dant & l'échéance du 15 août et un autre cor-
respondant à celle du 15 septembre. »
— « Que pensez-vous de la délibération du
Conseil ctes ministres ?
— « je vous avoue rjne je ne comprends
pas très bien ce qu'on a voulu dire par cette
formule : « Le Conseil considère qu'il y a
lieu de réserver sa liberté d'action jusqu'à
la mise en œuvre des conditions prévuès ? »
En effet, jusqu'en janvier 1923, le problème
des conditions est affaire entre la Belgique
et l'Allemagne. »
Ajoutons que le docteur Mayer partira di-
manche pour Berlin.
Impressions favorables de Londres
Londres, l'r septembre. — Le Times écrit:
« La décision de la commission des répara-
tions ne résout et ne prétend pas résou-
dre le problème des réparations, mais ellç don-
ne à tous ceux qu'elle concerne le temps
d'examiner le Droblème dans son ensemble.
surtout dans ses rapports avec les consé-
quences mondiales qui en dépendent.
« Les Allemands, aussi bien que les Alliés,
ont maintenant le temps de réfléchir et
d'examiner ce qu'ils ont l'intention de faire
lorsque le moratorium précédent qui leur a
été accordé sera expiré. S'ils ont un peu de
bon sens, ils décideront immédiatement de
mettre fin à l'attitude de mauvaise foi dans
laquelle ils ont constamment persisté jus-
qu'ici. »
Le Times rend hommage aux délégués bel-
ges et italiens pour le zèle et l'adresse sub-
tile avec lesquels ils ont étudié le problème
jusqu'à ce qu'ils aient découvert une solu-
tion acceptable par tous leurs collègues.
Le Daily News estime qui si le problème
des réparations doit être résolu et l'Euro-
pe centrale sauvée de l'effondrement, il fau-
dra accorder à l'Allemagne un moratorium
de plus longue durée; les sommes dûes par
l'Allemagne devront être réduites à un total
qu'elle sera susceptible de payer, et les me-
naces des hommes d'Etat français devront
cesser.
LIRE EN DEUXIEME PAGE:
La réponse française à la note Balfour
—-—————— ) -.- ( -
Délégation commerciale française
en Pologne
L'Agence Télégraphique de l'Est mande de
Varsovie :
La délégation commerciale française est ar-
rivée jeudi matin à Varsovie. Elle a été re-
çue à la gare par les représentants des mi-
nistères des affaires étrangères et du com-
merce. En souhaitant la bienvenue aux dé-
légués le chef du bureau de la presse, M.
Targowski releva, dans une courte allocu-
tion, la nécessité et les profits d'un rappro-
chement économique entre les deux pays. En
répondant, le chef de la mission, M. Tirman
exprima la vive satisfaction qu'il éprouve
en arrivant à Varsovie, personnellement et
en sa qualité du chef de la première déléga-
tion officielle du commerce français.
Ensuite un déjeuner a été offert aux dé-
légués par l'association des commercants de
Varsovie. -
—————————— ;) -+- ( ————————— .-
On a vendu hier
les premières huîtres
La « Marenne » est rare
La « Portugaise » sera plus abondante
Et les prix sont invariables.
Voilà terminé le cycle des mois sans « r ».
On va pouvoir, à nouveau, manger des huî-
tres. A condition, il est vrai, d'y mettre le
prix. Car le mollusque que l'on pouvait jadis
qualifier de « démocratique » se paye main-
tenant fort cher.
On a d'ailleurs pris la précaution, pour
ne pas trop effaroucher les acheteurs, de les
prévenir que les huîtres seraient assez rares
en 1922, parce qu'elles auraient été victimes
d'un « champignon » qui en aurait détruit
beaucoup. Ce champignon est surtout,
croyons-nous, un. prétexte au maintien des
prix. Si vous aviez la curiosité d'ouvrir un
journal de ,1921 'à pareille date. vous consta-
teriez. sans trop de surprise (car nous som-
mes habitués à ces rengaines) Que les huîtres
étaient annoncées comme devant être en
moins nombreuse quantité qu'en 1920.
Quoi qu'il en soit, les premières huîtres ont
été vendues hier aux Halles à des cours sen-
siblement égaux à ceux de 1921. D'après la
cote officielle, on a payé les portugaises de
12 à 22 francs le cent, et les marennes de 35
à 85 francs. Les arrivages étaient assez res-
treints; mais la demande, selon la formule,
a été encore moins active et n'a pu absorber
tous les envois.
C'est la preuve non pas que les amateurs
se méfient (car l'huître, à cette époque, n'of-
fre point de danger), mais que l'on trouve le
cours un peu trop. salé. Car, bien entendu,
celui des Halles n'a presque rien à voir avec
le prix de vente au détail.
Ajoutons que si la «marenne » est, selon
certaines assurances, peu abondantes, on es-
compte que la portugaise, en revanche, ne
manquera pas sur le marché. Acceptons-en
l'augure. L. L
———————— -.- ( ——————————
Les déconvenues diplomatiques
| de M. Tardieu
M. André n'en revient pas. Il avait vu
d'un très mauvais œil M. Franklin-Bouillon
chargé d'arranger les affaires d'Orient par les
négociations d'Angora. Pensez donc ! M.
Franklin-Bouillon, un radical-socialiste. Que
die-je ! Un radical-socialiste du département
de Seine-et-Oise ! M. André Tardieu estime
qu'il n'y a en Seine-et-Oise qu'un diplomate
qualifié et que ce diplomate c'est M. André
Tardieu. Si un radical-socialiste devient né-
gociateur de la République, c'est un défi jeté
au Talleyrand de 1919.
Mais après Franklin-Bouillon, voici Herriot
qui va travailler à arranger une autre affaire
d'Orient qui ne va pas : l'affaire russe !
Herriot va s'aboucher avec Tchitchérine et
Litvinof. Qu'est-ce à dire ? Alors c'est le
Comité exécutif de la rue de Valois qui fait
la pige aux diplomates du Bloc National.
C'est le manoir à l'envers, écrit M. André
Tardieu dans un Echo National (qui n'a,
d'ailleurs, aucun écho dans la Nation, ainsi
que le constatait lui-même i\ y a quelques
semaines, avec mélancolie, dans une inter-
view donnée à l'Opinion de son ami Colrat).
Après Franklin^Bouillon, Herriot ? S'il y
a un troisième problème diplomatique à ré-
gler, quel est donc le radical-socialiste qu'on
en chargera à la place de M. André Tardieu ?
> -.<
L'avance turque continuè
Brousse menacée
Adana, 31 août. — On mande d'Angora que
l'avance des colonnes turques continue dans
presque tous les secteurs. Les colonnes se
sont avancées dans le secteur d'Afioum-Ka-
rahissar, parallèlement à la ligne du chemin
de fer Ouchak-Afioum-Karahissar.
Les Grecs battent en retraite et se replient,
subissant des pertes dans ce secteur.
D'autre part. dans le secteur de Brousse,
l'avance turque continue. Les Grecs déses-
péreraient de sauver la ville de Brousse.
La prise de Touloubounar
Constantinople, l'r septembre. — D'après
les dernières nouvelles arrivées ici, les Grecs
ayant subi un nouvel échec à Touloubounar,
auraient quitté cette postiion stratégique et
battu en retraite sur Ouchak.
TOUJOURS LE DELUGE
On nous avait pourtant promis
un "sourire cftsle"
Mais c'était une prédiction de bulletin
paroissial .et météorologique
Décidément, le temps semble bien « ma-
lade ». Les averses presque continuelles qui
ont rendu ICI séjour des plages quelque pou
maussade durant le mois d'août, vont-elles en-
fin s'interrompre et ceux qui ont escompté
en septembre une villégiature moins plu-
vieuse doivent-ils abandonner tout espoir ?
Hier, pour changer, nous avons eu un
orage, accompagné d'une grosse ondée. C'est
une désolation aussi bien pour les citadins
attardés qui vont prendre leurs vacances que
pour les cultivateurs qui n'arrivent ni à ren-
trer, ni même à faucher leurs moissons.
Pourtant une sérieuse prophétie nous avait
earanti une magnifique période ensoleillée.
Nous l'avons trouvée dans la « Vigie t>, bul-
letin paroissial de Saint-Cast, station bal-
néaire bretonne bien connue. La petite feuille
pieuse dont nous parlons et qui accepte des
abonnements « héroïques » à 20 francs,
« généreux > à 10 francs et « ordinaires » à
7 francs (tarifs de vie chère, comme elle le
dit d'ailleurs) nous avait, en effet, prédit qu'à
partir du 15 août « le sourire de la Vierge al-
lait fleurir sur les blés, sur les bois et sur
la mer ».
— Oui, s'écriait le rédacteur de la « Vigie »,
« je vous le promets et vous l'allez voir »,
selon le dicton de Bretagne, «la mi-août va
changer le temps ». Baigneurs, ne vous dé-
solez pas! Et vous moissonneurs, chantez à
plein gosier, en enjavelant les épis : la Vierge
va sourire, la Vierge va bénir. »
Hélas! en fait 'de sourire céleste, nous n'a-
vous eu que l'aspersion du déluge. Sous les
cataractes, les moissonneurs n'ont ni enjavelé
leurs épis, ni chanté à plein gosier. En guise
de couplets, ce sont plutôt des malédictions
qu'ils ont fait entendre et qu'ils continuent
à pousser.
Comme pronostic, en somme, celui de la
« Vigie » a été réussi. Est-ce que des fois, ce
bulletin ne serait pas aussi météréologique
que paroissial ? Son rédacteur serait vraiment
digne de figurer parmi les « pontifes » de l'ad-
ministration de M. Laurent Eynac, les mêmes
qui, selon M. Chéron, rendent, par T.S.F., et
à grands renforts de crédits importants, des
services « signalés » à l'agriculture française.
—————————— 3 - ..+- - ( ——————————
Une mystérieuse affaire
de tableaux
Qui a effacé les signatures ?
Sur mandat du Parquet, M. Daru, commis-
saire aux délégations judiciaires, perquisition-
nait dernièrement dans le magasin d'exposi-
tion et dans l'atelier d'un artiste peintre, M.
Guibout, 84, rue Bonaparte, qui était accusé
par les héritiers d'Eugène Carrière d'avoir
imité la signature du maître sur des tableaux
qu'il mettait en vente.
Au cours de sa visite, le commissaire avait
pu constater la présence d'une centaine d'œu«
vres de peintres célèbres tels que Corot, Ma-
net, Carrière, Renouard, Degas, etc., 'qui pa-
raissaient être de simples répliques des ta-
bleaux de ces maîtres.
Ces toiles avaient été placées sous scellés
elt la garde en avait été confiée à M. Guibout
iul-même. L'artiste avait déclaré à cette
époque qu'il les avait acquises dans des ven-
tes mais n'avait pu en indiquer nettement
l'origine.
Or, hier, au cours d'une nouvelle visite à
l'atelier du peintre, M. Daru s'est aperçu que
toutes les signatures des tableaux dont l'au-
thenticité était douteuse avaient disparu.
M. Guibout, interrogé, a affirmé qu'il n'était
pour rien dans cette transformation.
M. Pamart, juge d'instruction, saisi de
l'affaire, a chargé M. Beyle, chef du service
de l'identité judiciaire, de se livrer à la re-
cherche des signatures effacées, d'établir la
nature des produits employés pour l'opération
et de préciser autant que possible la date des
altérations commises.
- )0 -+- (
LES BOCHES S'ENTRAINENT.-
Deux soldats belges
sont assassinés
en territoire occupé
Mais le gouvernement de Bruxelles
est décidé à prendre de sévères sanctions
Bruxelles. l'r septembre. — Un grave inci-
dent s'est produit en Allemagne occupée, ce
matin, à 3 h. 30, à Obercassel-sur-le-Rhin.
Une sentinelle belge a été tuée à coups
de revolver. Un sergent de garde qui était
sorti pour lui porter secours, a été tué éga-
lement.
La garde qui est intervenue a vu s'enfuir
précipitamment quelques individus. Elle a
pénétré dans divers établissements encore
ouverts et a procédé à l'arrestation d'ung
douzaine de personnes.
L'enquête se poursuit.
Le gouvernement belge a donné des or-
dres au général Rucquoy pour qu'il fasse pro-
céder à des perquisitons dans toute la ville
et l'a chargé d'annoncer aux autorités civi-
les et politiques que si les coupables n'étaient
par arrêtés dans un délai de six heures, ces
autorités seraient mises en état d'arrestation.
D'autres mesures suivraient si l'on n'obtient
pas satisfaction.
Le gouvernement belge prend des mesures
sévères
D'autre part, M. Jaspar, ministre des
affaires étrangères a fait mander M. Lands-
berg, chargé d'affaires d'Allemagne, et a for-
mulé une protestation énergique constatant
que ce nouvel incident se produit après l'af-
faire Graff, lé lieutenant belge qui fut as-
sassiné récement en Allemagne occupée, et
au sujet de laquelle le gouvernement belge
n'avait pas obtenu de suffisantes satisfac-
tions.
Il l'a invité à télégraphier d'urgence au
gouvernement allemand la protestation du
gouvernement belge et a réclamé des excuses
du gouvernement allemand sous réserve de
sanctions ultérieures.
Le haut-commissaire royal belee a été avi-
ABONNEMENTS lan 6 m. S m.
Spin° et S.-et-O. 25 » 13 J> 7 »
Franc? et Colon. 28 » 14 » 7 50
Etranger 55 » 28 » 15 »
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Tél. : GUTENB. 01-99
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Publicté et Annonces
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> J
LA LANTERNE » DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
—
46e ANNEE -- N" 16.469 1
SAMEDI
2
SEPTEMBRE 1922
-
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
V —S
he succès
du "Nègre blanc"
Dans les congrès socialistes, lorsque
l'on en vient à conclure, après une lon-
gue série de discours alternativement
contradictoires, on cherche une formule
destinée à recueillir l'unanimité. Chaque
« tendance » y apporte sa phrase et la
motion fabriquée ainsi par des éléments
hostiles ne signifie généralement rien.
C'est le « nègre blanc » ; chacun y trou-
ve au moins une bribe de sa pensée, et
tout le monde l'approuve sur l'autel de
rUnité sacrée.
La décision de la commission des ré-
parations qui recueillit les suffrages de
1MM. Louis Dubois, John Bradbury, De-
lacroix, et Salvago Raggi est vraiment
ifce que l'on peut appeler un nègre blanc.
Sur ce texte magique, les désaocords es-
sentiels entre Londres et Paris dispa-
raissent et Berlin renaît' à l'espoir.
1 « Victoire française diront les amis de
M. Poincaré : les Allemands n'ont pas
le moratoire ! »
« Victoire belge ! dira M. Theunis,
(puisque c'est M. Delacroix qui a trouvé
ida conciliation. »
« Victoire anglaise, dit la Daily Chro-
toicle de M. Lloyd George, puisque l'é-
chéance allemande est ajournée de six
mois, et qu'il n'est plus question des ga-
ges productifs de M. le président des
ministres français. »
Cependant, M. Schrœder rayonne et la
(presse du Reich signale l'importance
(l'un verdict qui délie pour un temps le
trésor de M. Hermès de ses engagements
•sans qu'il coûte rien à M. Stinnes.
Nous avons il est vrai une satisfac-
tion verbale et nous serions riches si
rnous pouvions nous payer de mots : les
^Allemands n'auront pas de moratoire.
mais les Belges leur accordent six mois
de crédit !
Les augures les plus sages se réjouis-
sent en Angleterre et en France ; l'En-
tente est sauve, elle a doublé heureuse-
ment le cap des tempêtes. Rien n'est
cassé.
, C'est vrai, rien n'est cassé, mais rien
n'est réglé. Nous sommes dans le ré-
gime du provisoire. Nous avons la moi-
tié d'une, année pour réfléchir, il s'agit
seulement de savoir pour aui travaille
Je temps ?
Or, l'expérience nous a montré que,
^ans l'état actuel de l'Europe, l'Allema-
gne gagne une victoire chaque fois
qu'elle fait ajourner une échéance. Elle
renforce ses chances d'échapper au car-
:an du traité de Versailles par la divi-
sion de ses créanciers. l'Entente, nous
gavons bien vu, est à la merci d'une
W roche inconnue » tout comme les plus
formidables dreadnoughts.
- *
**
Depuis 1919, nous ne cessons de dé-
plorer ici l'ajournement indéfini de la
ivéritable paix. Les événements ont, hé-
las ! justifié trop bien nos inquiétudes.
Plus le crime s'éloigne dans le passé,
plus obstinément les criminels oublient
leurs responsabilités. Le jour de l'armis-
tice, les Boches, devant les ruines fu-
ïnantes, ne pouvaient pas nier ; ils
niaient à Versailles après une année de
stériles et douloureux débats, ils niaient
plus fort à Cannes et à Gênes. A me-
sure que les jours passent, la faute du
Reich s'atténue, dès lors les réparations
apparaissent indues, et dans le même
temps l'insolvabilité de l'Allemagne s'a-
vère plus parfaite.
Comment diable voulez-vous que nous
soyons payés si les Anglo-Saxons ga-
gnrnt encore une année ou deux ? M
John Maynard Keynes, diminuera cha-
que mois le forfait qu'il calcule et recal-
cule, selon les possibilités décroissantes
de l'Allemagne ; un beau jour vous ver-
rez qu'il y aura prescription.
Coûte que coûte il faut mettre un ter-
me aux moyens dilatoires contre les-
quels nous sommes impuissants. Si
nous ne voulons pas être payés à coups
de canon, il importe d'obtenir une tran-
saction honorable et prompte.
Pressé par les réalités, M. Poincaré
l'eût peut-être acceptée cette transaction
inéluctable, si la néfaste note Balfour
n'eut pas rendu toute discussion impos-
sible sur la compensation des dettes in-
teralliées. Il n'est pas trop' tard puisque
nous avons dû accorder ce répit de six
mois, nécessaire à la recherche de la so-
lution d'ensemble d'un problème qui n'a
point de solution fragmentaire.
M. Poincaré est l'un des rares Fran-
çais qui puisse faire avaler 'à la Cham-
bre du Bloc national cette fatale couleu-
vre : « La réduction de notre créance
liée à la réduction de nos dettes »
Ah ! nous sommes loin des trois cents
milliards de M. Klotz, personne n'ose
plus dire : « le Boche paiera ! » Il ne
faut pourtant pas aller à l'abîme les
yeux fermés, en hurlant : « Vive le
Traité ! Gloire à Clemenceau ! »
Félix HAUTFORT.
Signature d'un accord franco-allemand
pour la fourniture de matériaux
M. de Lubersac, président de la confédé-
ration générale des coopératives de recons-
truction des régions dévastées, vient, confoe
mément aux arrangements de Berlin du 3
juin 1922. de négocier et de signer un accord
avec M. Hugo Stinnes, pour la fourniture de
matériaux de construction. Ces matériaux se-
ront exclusivement destinés aux coopératives
affiliées à la confédération.
p «M un- ,
flotre pain bis
Notre excellent ministre de l'agriculture
nous donnera notre pain quotidien, mais il
sera bis, il sera gris; peu à peu, à dater de ce
jour, sa couleur passera du blanc au demi-
blanc. Ce n'est pas une catastrophe, si par
miracle M. Chéron trouve le moyen de dimi-
nuer le prix du kilo, car chacun sait que le
pain est la nourriture indispensable aux Fran-
çais — il faut songer aux familles nombreu-
ses!
Economiquement, il est bon que nous n'im-
portions pas de trop importantes quantités de
froment, acquis dans des pays où notre franc
n'a pas un grand pouvoir d'achat; nous atté-
nuerons ainsi, dans une certaine mesure, la
hausse fantastique des changes sur l'Améri-
que.
Politiquement, il est bon que les surfaces
cultivées en céréales dans notre pays ne soient
pas diminuées; il faut donc favoriser le pay-
san qui nous nourrit, à la condition qu'il ne
nous ruine pas.
On a dit et répété que la France avait sur
l'Angleterre, sur l'Allemagne, et sur la plu-
part des nations européennes, l'avantage de
trouver dans son sol métropolitain ou colonial,
la, plupart des denrées nécessaires à la vie hu-
maine. C'est un avantage considérable surtout
s'il nous faut compter encore avec fimpossi-
bilité de trouver au dehors les produits né-
cessaires à notre existence végétative. Un
blocus perdrait le Royaume-Uni en quelques
semaines, l'Allemagne n'y résista durant la
guerre qu'au prix des plus douloureux sacri-
fices, la France pourrait tenir longtemps, avec
une agriculture prospère.
Ces considérations nationales et patriotiques
sont des arguments sérieux en faveur de la
politique « agrophile » de M. Chéron, mais il
doit se garder d'aller dans cette voie jusqu'à
l'excès.
Les agglomérations rurales ont, elles aussi,
droit à la vie, il ne faut pas la leur rendre
trop difficile, et tuer les citadins, pour leur
conserver des pères nourriciers villageois.
M. Chéron est Normand, il ne manque pas
de finesse, ni de prudence ; il saura sans doute
faire sa route agricole entre de terribles écueils.
P. D.
- ———————— ) -< .- ( -
BLOC-NOTES
Les abstinents de l'abstinence
Malgré leur campagne enragée, il semble
bien que, d'après les résultats du référen-
dum, les secs, soient, en Suède, battus ù4
plate couture. Il faut se réjouir pleinement
de leur échec, non seulement à cause du
préjudice économique que leur succès eût
occasionné à notre production viticole-
mais encore parce qu'il y a là une victoi-
re du bon sens ; et par le temps qui court,
celles-ci sont assez rares pour qu'il convien-
ne de les célébrer.
De toutes les idées saugrenues qui ont
jamais jailli du cerveau humain, — et le
Grand Architecte de l'Univers sait s'il y en
a — l'une des plus saugrenues à coup
sûr est celle consistant à vouloir priver
l'hiemanité de l'usage traditionnel du vin
et des boissons alcooliques, parce qu'il y a
quelques hommes, dont l'estomac délabré
les supporte mal, et sous prétexte qu'un
certain nombre d'autres hommes en abusent
scandaleusement.
Je vous demande un peu ce qui resterait
dans le monde, si l'on proscrivait toutes
les chose% dont l'abus présente des dangers,
depuis l'amour jusqu'aux bifteck, depuis
l'éloquence jusqu'aux purgatifs ; et. san-i
citer des exemples nécessairement innombra-
bles, il semble bien que ce soit une grande
loi naturelle, que tout soit également ex-
cellent ou exécrable suivant que l'on s'en.
sert opportunément ou hors de propos, mo-
dérément ou immodérément. La raison
sert à l'homme à se tenir à égale distance
entre l'excès et l'abstinence ; car tous deux
sont également d éviter, et pareillement
dangereux pour l'individu et la Société.
Celui qui boit avec exagération compro-
met sa santé, sa dignité et sa moralité. Il est
un être vicieux et un mauvais citoyen. Mais
ne s'insurge-t-il pas lui aussi contre le voeu
de la nature, et n'cst-il pas vicieux à sa ma-
nière celui qui, par un snobisme fanatique
se refuse à boire du vin, renonçant ainsi à
la joie saine et aux énergies accrues, QM~
celui-ci lui procurerait ? ■
Le premier comme le second troublent
l'équilibre de la production et diminuent
leur utilité sociale. Ils sont inversement in-
tempérants, et, de la sorte, on peut dire que
les abstinents sont les intempérants de
l'abstinence
Petit Jean,
LE MEILLEUR GAGE
C'EST L'INDUSTRIE ALLEMANDE
——————————— —
Elle a connu, depuis la guerre, une prospérité inouïe ;
des chiffres incontestables le prouvent
La dépréciation actuelle du mark a pour
résultat de provoquer une forte activité dans
l'industrie allemande. Celle-ci est devenue
une puissance considérable, qui en fait le
poste le plus prospère du bilan économique
de l'Allemagne.
De tous les gages que celle-ci peut offrir,
l'industrie en est sans conteste le meilleur.
La physionomie actuelle de l'industrie alle-
mande est des plus intéressantes à connaître,
car elle tend à montrer la richesse intérieure
du Reich.
Alors que pendant longtemps le commerce
d'exportation était prédominant, c'est à l'heu-
re actuelle le commerce intérieur qui est le
plus actif. L'industrie allemande travaille
plus pour l'intérieur du pays que pour l'ex-
térieur.
Voici quelques coefficients dignes d'inté-
rêt dans cet ordre d'idées, se rapportant au
premier semestre 1922.
Le débit de l'industrie électrique a été de
6.116 millions de quintaux métriques, dont
82 0/0 pour l'intérieur et 18 0/0 pour l'étran-
ger.
L'industrie textile a écoulé 75 0/0 ds sa
production à l'intérieur de l'Allemagne. Des
proportions semblables peuvent être notées
dans l'industrie métallurgique. Elles prouvent
en outre la capacité d'absorption de cette
agglomération de 60 millions d'habitants.
*
* «
On aurait tort de croire après cela que
l'industrie -allemande ne travaille pas à plein
rendement, puisque ses clients ne sont que
les « pauvres » indigènes. Jamais une pa-
reille activité n'a été constatée. Nous citons
quelques faits révélateurs de cette vitalité.
Nous les avons pris volontairement en dehors
des industries principales, pour montrer que
cette activité est générale.
D'après le « Bauweit « (Revue du bâti-
ment), 8.346 maisons d'habitation et 510 fa-
briques et autres bâtiments ont été édifiés
pendant le mois de juillet, contre 3.160 pen-
dant le même mois de l'année précédente.
Prenons une autre industrie: celle de la por-
celaine. En avril 1920, les prix à l'intérieur
du pays étaient égaux à 15 fois les prix de
base, et le coût de chaque kilo de matériel
se montait à 0,51 mark.
Les prix de vente au commencement de
1921 étaient égaux à 30 fois les prix de base.
Il en est résulté une prospérité inouïe.
C'est ainsi que la manufacture de porce-
laine J. Schachtel A. G. en Silésie, paie un
dividende de 24 0/0 sur un capital qui vient
d'être porté de 2,5 millions de marks à 6 mil-
lions. Les directeurs de cette manufacture
annoncent que les commandes en mains vont
nécessiter un développement de l'usine. Or,
il ne faut pas oublier qu'avant la guerre,
60 0/0 de la production allemande étaient ex-
pédiés à l'étranger. 18,4 0/0 seulement y ont
été expédiés pendant 1921.
Les manufactures Kahla et Schomberg,
autres firmes importantes, ont porté respec-
tivement leur capital de 8 à 25 millions et
de 20 à 35 millions. Les dividendes versés
ont atteint 35 et 40 0/0.
♦
*♦
Comme nous le disions précédemment, nous
avons pris à dessein deux industries que l'on
peut considérer comme secondaires. Toutes
sont également prospères.
Pour donner une idée de cette richesse,
nous avons résumé, à l'intention de nos lec-
teurs, les besoins en capitaux de l'industrie
allemande en 1921 et en 1922. (1er semestre).
En millions de marks :
Actions de fondateurs.— Année 1921 : avril
557 ; mai 1988 ; juin 868. Année 1922 : avril
2.574 ; mai 3.098 ; juin 1.902.
Actions privilégiées avec plusieurs voix
dans les conseils. — Année 1921 : avril 19 ;
mai 20 ; juin 30. Année 1922 : avril 104 ;
mai lil ; juin 107.
Actions privilégiées avec une voix dans les
conseils. — Année 1921 : avril 90 ; mai 132;
juin 195. Année 1922 : avril 257 ; mai 159 ;
jutn 127.
Obligations industrielles. — Année 1921 :
avril 143 ; mai 694 ; juin 86. Année 1922 :
avril 1.^40 ; mai 241 ; juin 517.
Totaux. — Année 1921 : avril 809 ; mai
2.834 ; juin 1.179. Année 1922 : avril 4.175 ;
mai 3.625 ; juin 2.653.
Il faut espérer que nos experts connaissent
ces chiffres, qu'ils les méditeront et qu'ils
ne se laisseront pas influencer par la campa-
gne menée pour faire supposer à une crise
industrielle.
Georges BEROT.
Comment les intéressés ont accueilli
la décision de la C. D. R. ,
Le gouvernement français prend acte mais réserve sa liberté d'action
Les ministres se sont réunis hier matin
à. l'Elysée sous la présidence de M. Mille-
rand.
M. Raymond Poincaré a exposé au Con-
seil d'Etat actuel les diverses questions re-
latives à la politique étrangère.
La commission des réparations n'ayant
pas accordé à l'Allemagne le moratorium
demandé le Conseil estime qu'il n'avait
pour le moment qu'à prendre acte de cette
décision. Quant aux prochains paiements,
la Belgique quj doit, en vertu de son droit,
de priorité, en recevoir la totalité, ayant
non seulement accepté mais proposé elle-
même des modalités adoptées par la commis-
sion, le Conseil a considéré qu'il y avait
lieu de réserver sa liberté d'action jusqu'à
la mise eu œuvre des conditions prévues.
Une prochaine conférence
Le Conseil, fidèle à l'idée que le président
da Conseil avait soutenue à Londres, '1 en
outre décidé d'insister pour que soit réunie
le plus tôt possible une conférence à laquel-
le seraient convoqués tous les alliés sans ex-
ception, et qui étudierait dans leur ensemble
la question des dettes interalliées et celle eez,
réparations.
La note de Balfour
La Conseil a arrêté le texte de la répon-
se à la note de lord Balfour relative aux
deites interalliées.
L'optimisme renaît en Allemagne
Les commentaires de journaux
Berlin, lrf septembre. — Dans ses commen-
taires sur la décision de la commission des
réparations, la presse allemande, à part les
organes d'extrême droite, estime que cette
décision entraînera provisoirement une dé-
tente c'ans la situation et qu'un temps de
pose est tout de même accordé à l'Allemagne.
Le danger des sanctions de la part de la
France est maintenant écarté, mais de gra-
ves difficultés peuvent surgir dans la ques-
tion des garanties à accorder à la Belgique.
La. Germania écrit : « Par le refus du mo-
ratoire, M. Poincaré a remporté un succès
de forme ; mais la victoire de l'action mé-
diatrice de la Belgique constitue en fin de
cause une défaite pour le président du Con-
seil français. La décision de la commission
des réparations équivaut tout de même à un
moratoire. Quelle valeur peuvent avoir les
bons du Trésor d'un débiteur que ses créan-
ciers eux-mêmes déclarent incapable de rem-
plir ses obligations. On ne peut prévoir main-
tenant comment seront surmontées les dif-
ficultés qui se présenteront dans la question
des garanties à donner à la Belgique.
Pour le moment, le peuple allemand respi-
re dans l'espoir que la décision de la com-
mission a écarté les graves dangers qui exis-
taient et a préparé le terrain à de nouvelles
négociations. »
Le Tagblatt remarque que la décision de la
commission parle d'une réduction éventuelle
des charges extérieures de l'Allemagne. La
question des garanties est épineuse. Les bons
du Trésor à donner à la Belgique représen-
tent une somme énorme. Le gouvernement
d'Empire ne peut pas forcer les grandes ban-
ques à escompter ces bons. ou bien il de-
vrait leur fournir des garanties équivalen-
tes en or ou en devises, ce qui reviendrait
au même que des paiements directs aux
alliés. De même, un dépôt en or à l'étran-
ger, ne serait autre chose, en fin de comp-
te, qu'un paiement comptant effectué par
l'Allemagne et celle-ci se déclare incapable
de payer quoi que ce soit au comptant.
Le problème des réparations n'est toujours
pas placé sur le bon terrain ; mais la dé-
cision de la commission des réparations nous
accorde tout de même un temps de pose de
quelques mois.
Le mark remonte
Comme conséquence de la décision de la
commission des réparation, île mark s'est
inscrit en notable reprise à 0.97, en même
temps qu'on notait un relèvement du franc,
par rapport à la livre et au dollar.
L'interview d'un délégué allemand
A la suite de la décision de la commission
des réparations et de la délibération du Con-
seil des Ministres, il nous a paru intéressant
de connaître l'impression de la délégation al-
lemande. En l'absejace de M. Schrœder, qui est
parti pour Berlin, nous avons pu nous entre-
tenir avec le Dr Mayer, l'un des délégués, qui
nous a dit :
— « Je considère que du point de vue
des Alliés, la décision de la commisison des
réparation est raisonnable, car il est évident
que des efforts sérieux ont été faits pour réa-
liser l'unanimité.
« Du point de vue allemand, ce que nous
voulons surtout retenir de cette décision,
c'est qu'en somme, la C. R. a reconnu que
l'Allemagne est actuellement insolvable, et
par conséquent reconnu que nous étions fon-
dés à demander un moratoire. Cependant, ce
moratoire nous est refusé.
« Ce refus produira, je le crois, une impres-
sion pénible en Allemagne. D'ailleurs, tout
dépendra des garanties que demandera la
Belgique.
« Pour cette dernière, nous allons lui re-
mettre, en même temps, un bon correspon-
dant & l'échéance du 15 août et un autre cor-
respondant à celle du 15 septembre. »
— « Que pensez-vous de la délibération du
Conseil ctes ministres ?
— « je vous avoue rjne je ne comprends
pas très bien ce qu'on a voulu dire par cette
formule : « Le Conseil considère qu'il y a
lieu de réserver sa liberté d'action jusqu'à
la mise en œuvre des conditions prévuès ? »
En effet, jusqu'en janvier 1923, le problème
des conditions est affaire entre la Belgique
et l'Allemagne. »
Ajoutons que le docteur Mayer partira di-
manche pour Berlin.
Impressions favorables de Londres
Londres, l'r septembre. — Le Times écrit:
« La décision de la commission des répara-
tions ne résout et ne prétend pas résou-
dre le problème des réparations, mais ellç don-
ne à tous ceux qu'elle concerne le temps
d'examiner le Droblème dans son ensemble.
surtout dans ses rapports avec les consé-
quences mondiales qui en dépendent.
« Les Allemands, aussi bien que les Alliés,
ont maintenant le temps de réfléchir et
d'examiner ce qu'ils ont l'intention de faire
lorsque le moratorium précédent qui leur a
été accordé sera expiré. S'ils ont un peu de
bon sens, ils décideront immédiatement de
mettre fin à l'attitude de mauvaise foi dans
laquelle ils ont constamment persisté jus-
qu'ici. »
Le Times rend hommage aux délégués bel-
ges et italiens pour le zèle et l'adresse sub-
tile avec lesquels ils ont étudié le problème
jusqu'à ce qu'ils aient découvert une solu-
tion acceptable par tous leurs collègues.
Le Daily News estime qui si le problème
des réparations doit être résolu et l'Euro-
pe centrale sauvée de l'effondrement, il fau-
dra accorder à l'Allemagne un moratorium
de plus longue durée; les sommes dûes par
l'Allemagne devront être réduites à un total
qu'elle sera susceptible de payer, et les me-
naces des hommes d'Etat français devront
cesser.
LIRE EN DEUXIEME PAGE:
La réponse française à la note Balfour
—-—————— ) -.- ( -
Délégation commerciale française
en Pologne
L'Agence Télégraphique de l'Est mande de
Varsovie :
La délégation commerciale française est ar-
rivée jeudi matin à Varsovie. Elle a été re-
çue à la gare par les représentants des mi-
nistères des affaires étrangères et du com-
merce. En souhaitant la bienvenue aux dé-
légués le chef du bureau de la presse, M.
Targowski releva, dans une courte allocu-
tion, la nécessité et les profits d'un rappro-
chement économique entre les deux pays. En
répondant, le chef de la mission, M. Tirman
exprima la vive satisfaction qu'il éprouve
en arrivant à Varsovie, personnellement et
en sa qualité du chef de la première déléga-
tion officielle du commerce français.
Ensuite un déjeuner a été offert aux dé-
légués par l'association des commercants de
Varsovie. -
—————————— ;) -+- ( ————————— .-
On a vendu hier
les premières huîtres
La « Marenne » est rare
La « Portugaise » sera plus abondante
Et les prix sont invariables.
Voilà terminé le cycle des mois sans « r ».
On va pouvoir, à nouveau, manger des huî-
tres. A condition, il est vrai, d'y mettre le
prix. Car le mollusque que l'on pouvait jadis
qualifier de « démocratique » se paye main-
tenant fort cher.
On a d'ailleurs pris la précaution, pour
ne pas trop effaroucher les acheteurs, de les
prévenir que les huîtres seraient assez rares
en 1922, parce qu'elles auraient été victimes
d'un « champignon » qui en aurait détruit
beaucoup. Ce champignon est surtout,
croyons-nous, un. prétexte au maintien des
prix. Si vous aviez la curiosité d'ouvrir un
journal de ,1921 'à pareille date. vous consta-
teriez. sans trop de surprise (car nous som-
mes habitués à ces rengaines) Que les huîtres
étaient annoncées comme devant être en
moins nombreuse quantité qu'en 1920.
Quoi qu'il en soit, les premières huîtres ont
été vendues hier aux Halles à des cours sen-
siblement égaux à ceux de 1921. D'après la
cote officielle, on a payé les portugaises de
12 à 22 francs le cent, et les marennes de 35
à 85 francs. Les arrivages étaient assez res-
treints; mais la demande, selon la formule,
a été encore moins active et n'a pu absorber
tous les envois.
C'est la preuve non pas que les amateurs
se méfient (car l'huître, à cette époque, n'of-
fre point de danger), mais que l'on trouve le
cours un peu trop. salé. Car, bien entendu,
celui des Halles n'a presque rien à voir avec
le prix de vente au détail.
Ajoutons que si la «marenne » est, selon
certaines assurances, peu abondantes, on es-
compte que la portugaise, en revanche, ne
manquera pas sur le marché. Acceptons-en
l'augure. L. L
———————— -.- ( ——————————
Les déconvenues diplomatiques
| de M. Tardieu
M. André n'en revient pas. Il avait vu
d'un très mauvais œil M. Franklin-Bouillon
chargé d'arranger les affaires d'Orient par les
négociations d'Angora. Pensez donc ! M.
Franklin-Bouillon, un radical-socialiste. Que
die-je ! Un radical-socialiste du département
de Seine-et-Oise ! M. André Tardieu estime
qu'il n'y a en Seine-et-Oise qu'un diplomate
qualifié et que ce diplomate c'est M. André
Tardieu. Si un radical-socialiste devient né-
gociateur de la République, c'est un défi jeté
au Talleyrand de 1919.
Mais après Franklin-Bouillon, voici Herriot
qui va travailler à arranger une autre affaire
d'Orient qui ne va pas : l'affaire russe !
Herriot va s'aboucher avec Tchitchérine et
Litvinof. Qu'est-ce à dire ? Alors c'est le
Comité exécutif de la rue de Valois qui fait
la pige aux diplomates du Bloc National.
C'est le manoir à l'envers, écrit M. André
Tardieu dans un Echo National (qui n'a,
d'ailleurs, aucun écho dans la Nation, ainsi
que le constatait lui-même i\ y a quelques
semaines, avec mélancolie, dans une inter-
view donnée à l'Opinion de son ami Colrat).
Après Franklin^Bouillon, Herriot ? S'il y
a un troisième problème diplomatique à ré-
gler, quel est donc le radical-socialiste qu'on
en chargera à la place de M. André Tardieu ?
> -.<
L'avance turque continuè
Brousse menacée
Adana, 31 août. — On mande d'Angora que
l'avance des colonnes turques continue dans
presque tous les secteurs. Les colonnes se
sont avancées dans le secteur d'Afioum-Ka-
rahissar, parallèlement à la ligne du chemin
de fer Ouchak-Afioum-Karahissar.
Les Grecs battent en retraite et se replient,
subissant des pertes dans ce secteur.
D'autre part. dans le secteur de Brousse,
l'avance turque continue. Les Grecs déses-
péreraient de sauver la ville de Brousse.
La prise de Touloubounar
Constantinople, l'r septembre. — D'après
les dernières nouvelles arrivées ici, les Grecs
ayant subi un nouvel échec à Touloubounar,
auraient quitté cette postiion stratégique et
battu en retraite sur Ouchak.
TOUJOURS LE DELUGE
On nous avait pourtant promis
un "sourire cftsle"
Mais c'était une prédiction de bulletin
paroissial .et météorologique
Décidément, le temps semble bien « ma-
lade ». Les averses presque continuelles qui
ont rendu ICI séjour des plages quelque pou
maussade durant le mois d'août, vont-elles en-
fin s'interrompre et ceux qui ont escompté
en septembre une villégiature moins plu-
vieuse doivent-ils abandonner tout espoir ?
Hier, pour changer, nous avons eu un
orage, accompagné d'une grosse ondée. C'est
une désolation aussi bien pour les citadins
attardés qui vont prendre leurs vacances que
pour les cultivateurs qui n'arrivent ni à ren-
trer, ni même à faucher leurs moissons.
Pourtant une sérieuse prophétie nous avait
earanti une magnifique période ensoleillée.
Nous l'avons trouvée dans la « Vigie t>, bul-
letin paroissial de Saint-Cast, station bal-
néaire bretonne bien connue. La petite feuille
pieuse dont nous parlons et qui accepte des
abonnements « héroïques » à 20 francs,
« généreux > à 10 francs et « ordinaires » à
7 francs (tarifs de vie chère, comme elle le
dit d'ailleurs) nous avait, en effet, prédit qu'à
partir du 15 août « le sourire de la Vierge al-
lait fleurir sur les blés, sur les bois et sur
la mer ».
— Oui, s'écriait le rédacteur de la « Vigie »,
« je vous le promets et vous l'allez voir »,
selon le dicton de Bretagne, «la mi-août va
changer le temps ». Baigneurs, ne vous dé-
solez pas! Et vous moissonneurs, chantez à
plein gosier, en enjavelant les épis : la Vierge
va sourire, la Vierge va bénir. »
Hélas! en fait 'de sourire céleste, nous n'a-
vous eu que l'aspersion du déluge. Sous les
cataractes, les moissonneurs n'ont ni enjavelé
leurs épis, ni chanté à plein gosier. En guise
de couplets, ce sont plutôt des malédictions
qu'ils ont fait entendre et qu'ils continuent
à pousser.
Comme pronostic, en somme, celui de la
« Vigie » a été réussi. Est-ce que des fois, ce
bulletin ne serait pas aussi météréologique
que paroissial ? Son rédacteur serait vraiment
digne de figurer parmi les « pontifes » de l'ad-
ministration de M. Laurent Eynac, les mêmes
qui, selon M. Chéron, rendent, par T.S.F., et
à grands renforts de crédits importants, des
services « signalés » à l'agriculture française.
—————————— 3 - ..+- - ( ——————————
Une mystérieuse affaire
de tableaux
Qui a effacé les signatures ?
Sur mandat du Parquet, M. Daru, commis-
saire aux délégations judiciaires, perquisition-
nait dernièrement dans le magasin d'exposi-
tion et dans l'atelier d'un artiste peintre, M.
Guibout, 84, rue Bonaparte, qui était accusé
par les héritiers d'Eugène Carrière d'avoir
imité la signature du maître sur des tableaux
qu'il mettait en vente.
Au cours de sa visite, le commissaire avait
pu constater la présence d'une centaine d'œu«
vres de peintres célèbres tels que Corot, Ma-
net, Carrière, Renouard, Degas, etc., 'qui pa-
raissaient être de simples répliques des ta-
bleaux de ces maîtres.
Ces toiles avaient été placées sous scellés
elt la garde en avait été confiée à M. Guibout
iul-même. L'artiste avait déclaré à cette
époque qu'il les avait acquises dans des ven-
tes mais n'avait pu en indiquer nettement
l'origine.
Or, hier, au cours d'une nouvelle visite à
l'atelier du peintre, M. Daru s'est aperçu que
toutes les signatures des tableaux dont l'au-
thenticité était douteuse avaient disparu.
M. Guibout, interrogé, a affirmé qu'il n'était
pour rien dans cette transformation.
M. Pamart, juge d'instruction, saisi de
l'affaire, a chargé M. Beyle, chef du service
de l'identité judiciaire, de se livrer à la re-
cherche des signatures effacées, d'établir la
nature des produits employés pour l'opération
et de préciser autant que possible la date des
altérations commises.
- )0 -+- (
LES BOCHES S'ENTRAINENT.-
Deux soldats belges
sont assassinés
en territoire occupé
Mais le gouvernement de Bruxelles
est décidé à prendre de sévères sanctions
Bruxelles. l'r septembre. — Un grave inci-
dent s'est produit en Allemagne occupée, ce
matin, à 3 h. 30, à Obercassel-sur-le-Rhin.
Une sentinelle belge a été tuée à coups
de revolver. Un sergent de garde qui était
sorti pour lui porter secours, a été tué éga-
lement.
La garde qui est intervenue a vu s'enfuir
précipitamment quelques individus. Elle a
pénétré dans divers établissements encore
ouverts et a procédé à l'arrestation d'ung
douzaine de personnes.
L'enquête se poursuit.
Le gouvernement belge a donné des or-
dres au général Rucquoy pour qu'il fasse pro-
céder à des perquisitons dans toute la ville
et l'a chargé d'annoncer aux autorités civi-
les et politiques que si les coupables n'étaient
par arrêtés dans un délai de six heures, ces
autorités seraient mises en état d'arrestation.
D'autres mesures suivraient si l'on n'obtient
pas satisfaction.
Le gouvernement belge prend des mesures
sévères
D'autre part, M. Jaspar, ministre des
affaires étrangères a fait mander M. Lands-
berg, chargé d'affaires d'Allemagne, et a for-
mulé une protestation énergique constatant
que ce nouvel incident se produit après l'af-
faire Graff, lé lieutenant belge qui fut as-
sassiné récement en Allemagne occupée, et
au sujet de laquelle le gouvernement belge
n'avait pas obtenu de suffisantes satisfac-
tions.
Il l'a invité à télégraphier d'urgence au
gouvernement allemand la protestation du
gouvernement belge et a réclamé des excuses
du gouvernement allemand sous réserve de
sanctions ultérieures.
Le haut-commissaire royal belee a été avi-
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