Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-01-05
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 janvier 1903 05 janvier 1903
Description : 1903/01/05 (N9388,A26). 1903/01/05 (N9388,A26).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2012
La Lanterne
LE NUMERO
CENTIMES
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UN AN -18 Fa. » »
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
* «r Diréctènr-Bédactenr en Chef
.- - "Victor FBACHOIV
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Etranger
(UNION posrAD)
TROIS MOIS. 9FR. W
SIX MOIS. 16FR. 50
UN AN. 31 F& »»
VINGT-SIXIÈME ANNÉE. — NUMÉRO 9388
LUNDI 5 JANVIER 1903
16NivosE-'ANiH. -
*
Les Abonnements sont reçus SANS FRAIS, dans tm les Boréaux dû Posta
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
LE NUMÉRO
5
CENTIMES
PAS DE DIVERSION
«- —-—
Par la faute du gouvernement, nous
sommes menacés d'une nouvelle
affaire, montée par les cléricaux dans
le seul but de faire oublier les congré-
gations.
Si, au lieu de transporter la célèbre
famille Humbert en sleeping-car et de
lui faire les honneurs de la Concier-
gerie, on l'avait traitée comme on
traite ordinairement les escrocs, les
jésuites qui dirigent l'opposition anti-
républicaine n'auraient pas pu se
servir de ces complaisances inexpli-
cables pour donner une apparence
de vérité aux subtiles calomnies qui
commencent à se faire jour.
Le parti clérical est puissant: il
dispose de moyens financiers consi-
dérables et possède des agents par-
tout.
Du jour de l'arrestation des Hum-
bert, il a vu tout le parti à tirer de ce
scandale, et les escrocs n'avaient
pas quitté Madrid que la « nouvelle
affaire » rapidement organisée com-
mençait.
On a débuté par des insinuations
perfides, aujourd'hui on sort les pre-
miers polichinelles de l'affaire Drey-
fus, demain ce sera le grand jeu.
L'armée des boueux est prête. La
tactique est toujours la même. Il s'a-
git de déconsidérer le régime républi-
cains et les hommes qui sont à sa tête,
Bn les faisant passer pour des traîtres
ou des pot-de-viniers. On dit déjà
R l'affaire Humbert-Dreyfus ».
Si le Panama n'était pas trop usé
Dn le rééditerait pour la circonstance.
A cette nouvelle campagne, qui n'a
qu'un but, faire oublier les congréga-
tions, la justice seule peut répondre
en menant l'enquête avec la même
sévérité que pour les escrocs ordinai-
res, mais avec plus de rapidité si c'est
possible.
Pas d'égards suspects, pas de fa-
veurs mal interprétées. C'est déjà
trop que ces filous puissent, grâce à
leur habileté, profiter de la prescrip-
tion pour les délits les plus graves
commis par eux.
Ces gens-là, on le sait très bien,
opéraient dans tous les mondes, sur-
tout dans le monde clérical, comme
le prouve leur société de la Rente
Viagère.
On les a pris longtemps pour des
honnêtes gens, et beaucoup de per-
sonnes honorables ont pu s'y trom-
per.
Ils sont aujourd'hui démasqués. On
n'a qu'à les mettre à leur place, c'est-
à-dire à celle où l'on met les escrocs.
Si pour certains les relations sont
devenues de la complicité, qu'on les
exécute en même temps et sans pitié.
Mais à aucun prix on ne doit par
faiblesse faire le jeu de la réaction et
laisser prendre une importance exa-
gérée à une simple affaire d'escroque-
rie.
La diversion tentée par les cléricaux
n'est faite que pour sauver d'autres
éscrocs eÚ soutane beaucoup plus
dangereux. -
•——
LES CAISSES D'ÉPARGNE
Pour combattre les républicains aux élec-
tions sénatoriales, la réaction cléricale a
choisi deux arguments qu'elle a cru capa-
bles de tourner la tête des électeurs dépour-
vus de tout jugement : l'expulsion des con-
grégations et la prétendue faillite de la Ré-
publique.
Le second point n'est aux yeux des réac-
tionnaires que la conséquence du premier.
Ils entendent bien prouver que la fortune de
la France est attachée aux frocs de la Congré-
gation.
Pour donner une ombre de vérité à des
insinuations qu'ils savent erronées, les
cléricaux tournent, retournent et interprè-
tent les retraits des caisses d'épargne.
Pour eux, le raisonnement suivant est
simple et concluant : les populations, affo-
lées par une politique qui chasse les moines,
voient la débâcle du gouvernement et se pré-
cipitent pour sauver les économies qu'elles
lui ont confiées.
Voilà la pilule qu'ils tentent de faire ava-
ler à une légion de sots. Elle est trop grosse.
Bile ne passe pas.
La vérité, avouée par les hommes sérieux
qui s'occupent de finances, est que le chiffre
énorme des dépôts faits dans les caisses
d'épargne constitue un danger; il est une
preuve évidente que les capitaux français,
de plus en plus timides, redoutent les en-
treprises fructueuses et rémunératrices, dès
qu'elles présentent le moindre aléa.
Sans doute la réserve de prévoyance des
caisses d'épargne est nécessaire, mais elle
ne doit pas constituer un énorme capital
immobilisé. On voit s'il y a lieu de s'affliger
des retraits autour desquels les feuilles de
la réaction font sonner le toscin.
Le Temps, qu'on ne peut guère accuser
de tendresse pour le gouvernement actuel,
est obligé de confesser la vérité sur le pré-
tendu péril des caisses (Tépargae. il signale
qu'en 1896 l'excédent des retraits fut de 118
millions et il affirme que « c'est à peine si
les excédents des retraits, dont on fait si
grand bruit, sont supérieurs à la somme
des arrérages et intérêts que produit le por-
tefeuille de la caisse d'épargne ».
On voit à quoi se réduit la campagne des
alarmistes réactionnaires, le danger est
celui qu'ils imaginent; quant au chiffre
même des sommes remises à l'Etat, il faut
souhaiter le voir diminuer, pour le plus
grand-bien de la prospérité nationale.
Pour sauver les frocs et les cornettes, la
réaction mettrait le feu aux quatre coins de
la France, heureusement elle ne peut rien ;
les soutanes s'en iront et tout sera pour le
mieux dans la République débarrassée du
poison congréganiste.
LA PETITE GUERRE
La dernière exploitation cléricale!
a Chaque jour, dit la Croix, il meurt de cent
à cent trente mille personnes dont l'éternité
se décide pour toujours. »
Pour parer à cette grave situation, les calo-
tins — nous n'inventons rien — ont décidé la
publication du « Bulletin de l'Archiconfrérie du
Cœur agonisant de Jésus a, qui a pour but de
faire prier pour les cent à cent trente mille per-
sonnes. (voir plus haut).
On vend ce torchon. quatre sous. C'est pour
rien, et il n'y a rien de tel pour sauver les
âmes. Quels crétins!
9k #
Mère l'Oie conseille à ses lecteurs de s'age-
nouiller. « Prions, dit-elle, l'Esprit-Saint d'é-
clairer les électeurs sénatoriaux; c'est un de-
,voir patriotique ».
Et Mère l'Oie ajoute : « Trop de chrétiens ne
croient pas assez pratiquement à l'influence —
indéniable cependant — de la prière sur la di-
rection des événements de ce monde ».
Màis comment diable y croirait-on, puisque
chaque consultation électorale amène une nou-
velle défaite des calotins ?
*
* *
Extrait d'un discours du Jour de l'An pro-
noncé par l'évêque de la Rochelle :
« Dès que Dieu doit venir, l'année sera heu-
reuse et il viendra si nous l'appelons. »
Dis-y lui donc qui vienne ! Il y a assez long-
temps qu'on désire faire sa connaissance.
AUX FRAIS DE LA PRINCESSE
Si les élections des députés coutent cher
aux candidats, il est incontestable que celles
des sénateurs coutent trop cher aux contri-
buables.
Aujourd'hui, dans tous les départements
désignés pour le renouvellement sénatorial,
les délégués se transporteront au chef-lieu
de département pour déposer leur bulletin
dans l'urne. Ils recevront pour ce déplace-
ment une somme parfois très appréciable
calculée d'après la distance qui sépare leur
commune du chef-lieu, au taux de 5 francs
par myriamètre.
On se demande ce que les myriamètres
ont à -faire dans ce curieux calcul. La loi de
1875 qui institua cette indemnité prévoyait
peut-être que les délégués s'enviendraient
par la grand'route et dépenseraient chemin
faisant, cent sous durant chaque étape de
dix kilomètres.
En réalité, au mois de janvier 1903, les
délégués sénatoriaux viennent par le train,
ils dépensent leur voyage et leur nourri-
ture; certains d'entre eux habitent à plus de
cent-cinquante kilomètres du chef-lieu ;
ceux-là touchent pour une journée de dépla-
cement une somme qui avoisine cent francs.
C'est beaucoup, c'est trop.
A ce prix-là, le métier de délégué séna-
torial est lucratif et recherché.
Aujourd'hui l'élection des sénateurs nous
coûtera environ 650,000 francs, la somme
est ronde. On comprend que les délégués ne
fassent pas leur devoir seulement pour
l'honneur, mais il serait juste que l'occasion
de remplir une mission de confiance, ne
soit pas une occasion de bénéfice fort mal
justifié.
MINISTRE CONTRE MINISTRE
Au mois d'octobre dernier, le ministre de
la marine organisait un corps d'administra-
teurs de l'inscription maritime en scindant
le corps du commissariat de la marine. Cette
organisation se faisait au moyen d'un décret
signé en conseil des ministres.
Le 1er décembre, quarante administra-
teurs étaient nommés et le ministre de la
marine décidait qu'ils seraient payés sur le
chapitre 10 (commissariat).
La commission du budget, lors de l'exa-
men du projet de budget de la marine, se
montra défavorable à cette réforme et fit
une démarche auprès du gouvernement pour
que l'exécution du décret fut suspendue
jusqu'à la discussion du budget de la ma-
rine.
M. Pelletari ne jugea pas à propos de tenir
compte de cette démarche et donna des
affectations aux nouveaux administrateurs.
Ceux-ci devaient, à la fin du mois de dé-
cembre, toucher leur solde. Or, ils se heur-
tèrent à un refus des agents du ministère
des finances qui avaient reçu l'ordre de sur-
seoir à tout payement concernant le nou-
veau corps.
Cela est blâmable. Nous n'apprécions pas
si M. Pelletan a eu tort ou raison de ne pas
tenir compte de l'avis de la commission du
budget ; mais il n'est pas admissible que
deux membres du gouvernement donnent
le spectacle de leurs querelles intimes.
Au surplus, la signature du ministre de
la marine a été donnée et il est indécent de
faire attendre, pour les payer, des fonction
naires qui ont fourni le travail qu'on leur
demandait.
On ne s'explique pas le ministre des fi-
nances refusant de solder des dépenses en-
gagées par un de ses collègues à la suite d'un
décret délibéré en conseil des ministres et
contresigné par lui.
Si deux ministres ne sont pas d'accord, il
y a le président du conseil, ou, à son défaut,
le conseil des ministres tout entier, pour les
départager. Mais on ne voit pas un ministre
contrecarrant publiquement son collègue.
Cela confine un peu trop à l'anarchie et
c'est, avec de pareils procédés perfidement
exploités par des adversaires que n'étouffent
généralement pas les scrupules, qu'on dé-
considère le gouvernement.
L'ENSEIGNEMENT
UNE INTÉRESSANTE PROPOSITION
DE LOI
Le monopole universitaire. — La pro-
position Rabier. — La concurrence
de l'Eglise.- La liberté du père
de famille. — Un parallèle
Nous avons dit combien était insuffisant
le projet sur l'enseignement présenté par
M. Chaumié.
Nous estimons que toutes les demi-me-
sures seront absolument inefficaces; si l'on
veut réellement enrayer le mal actuel, une
seule solution apparaît comme efficace : le
rétablissement du monopole universitaire.
Cette question est une de celles qui pré-
sentent, au point de vue de l'avenir de la
République, une importance capitale. Nous
aurons sans doute à la traiter plus d'une
fois, le problème étant de ceux que la Cham-
bre devra examiner dans un avenir pro-
chain. Pour aujourd'hui, nous croyons in-
téressant d'analyser la proposition de loi
déposée à ce propos sous l'ancienne législa-
ture par M. Rabier et un assez grand nom-
bre de ses collègues, parmi lesquels il con-
vient de retenir le nom de M. Doumergue,
actuellement ministre des colonies.
La proposition de loi de M. Rabier ten-
dait au rétablissement du monopole univer-
sitaire dans tous les ordres d'enseignement,
même dans les enseignements techniques
qui ne relèvent pas du ministère de l'ins-
truction publique.
Par voie de conséquence, il entraînait
l'abrogation de la loi du 25 mars 1850 (loi
Falloux) et celle de la loi du 12 juillet 1875
sur l'enseignement supérieur.
Le droit exclusif de l'Etat
M. Rabier, en présentant sa proposition,
faisait remarquer qu'elle ne constituait pas
une innovation.
Le législateur, écrivait le député d'Orléans,
avait sagement compris, au début de ce siècle,
que le droit d'enseigner doit être réservé à
l'Etat. Le décret de 1806, constitutif de l Univer-
sité, dit expressément qu'il sera formé « un
corps chargé exclusivemeni de l'enseignement
et de l'éducation dans tout l'empire ». Une
seule exception, faite en faveur des séminaires,
tomba sous les coups du décret du 9 avril 1809,
qui fit rentrer ces établissements dans le droit
commun.
La Restauration ne toucha pas au monopole;
mais, par une ordonnance de 1521, elle soumit
l'Université à l'influence du clergé en confiant
à l'évêque « la surveillance de toutes les écoles
du diocèse ». Les effets d'une telle mesure se
firent rapidement sentir. Moins de neuf ans
après, le 16 juin 1828, le ministre de Charles X
dut prendre des mesures pour consolider les
droits de l'Université déjà ébranlés et pour en
assurer l'exercice sur les écoles secondaires
ecclésiastiques qui échappaient à tout contrôle.
Il devint même utile de fixer à vingt mille, au
maximum, le nombre des élèves que ces éta-
blissements pourraient recevoir.
En 1833, une première et sérieuse atteinte fut
portée au monopole universitaire. La loi du
28 juin, dite loi Guizot, posait le principe de la
liberté d'enseignement et stipulait qu'en ma-
tière d'enseignement primaire tout citoyen,
dans des conditions déterminées, pouvait ou-
vrir une école et y donner une instruction élé-
mentaire. On avait ainsi engagé l'Etat sur une
pente dangereuse. Pendant toute la durée du
gouvernement de Juillet le parti ultramontain
réclama, exigea, pour l'enseignement secon-
daire, la liberté dont jouissait l'enseignement
primaire. L'Université résista. La réaction cé-
sarienne qui suivit la révolution de 18i8 amena
la loi Falloux qui modifia de fond en comble la
constitution universitaire et donna au clergé
séculier et régulier, avec la haute main sur
toutes les écoles publiques, la faculté illimitée
de créer des écoles libres.
Seul l'enseignement supérieur restait encore
le privilège de l'Etat. Malgré des attaques
vigoureuses et multipliées, le second Empire
put le maintenir sous son pouvoir. Mais la
réaction cléricale qui suivit les événements
de 1870 aboutit à la loi du 12 juillet 1875, qui
brisa les derniers vestiges du monopole uni-
versitaire de 1806 en étendant à l'enseignement
supérieur la liberté dont jouissaient déjà l'en-
seignement secondaire et l'enseignement pri-
maire.
Ainsi, l'Etat, qui s'était d'abord réservé le
droit exclusif de donner l'enseignement à tous
les degrés, s'est vu disputer cette prérogative
et a du la partager avec d'autres puissances qui
ont montré et laissent voir encore dans la lutte
qu'elles soutiennent avec une vigueur peu com-
mune toute l'importance qu'elles attachent —
pour leur domination à la liberté qui leur a été
imprudemment concédée.
Et M. Rabier faisait ressortir que ni les
simples particuliers ni les associations
laïques n'ont pu bénéficier dans une mesure
efficace de la liberté d'enseignement. Seule,
l'Eglise catholique s'est trouvée assez puis-
sante pour faire concurrence à l'Etat et « les
Eglises forment comme un Etat enseignant
dans l'Etat ». L'enseignement supérieur
libre est à peu près exclusivement aux
mains de l'Eglise catholique. « On cherche-
rait vainement dans notre pays des écoles
secondaires libres de quelque importance
et prospères en dehors de celles qui s'abri-
tent sous l'aile même de cette même Eglise,
et, en fait d'écoles primaires privées, seules
vivent et se développent celles que dirigent
les congrégations religieuses. C'est à ce
point que, s'il existe quelque part — en fort
petit nombre d'ailleurs — des établissements
laïques libres, ils ne peuvent subsister —
modestement — qu'en se montrant, dans
leurs rapports avec les Eglises, plus soumis
à leur esprit que les écoles confessionnelles
elles-mêmes. »
Influence néfaste
M. Rabier faisait excellemment ressortir
quacet état de choses des plus dangereux
est la négation de la liberté du père de fa-
mille au nom de laquelle il s'est créé, car,
pour avoir des élèves, il n'est pas d'influence
que ne fassent agir les patrons des écoles
libres, pas de menaces dont ils ne se ser-
vent.
Faut-il, demandait M. Rabier, préciser? Les
exemples se présentent en foule à l'esprit de
chacun. Tel ouvrier ne trouvera à s'employer
que s'il confie son fils à l'école du presbytère ;
tel malheureux ne sera secouru que si sa fille
fréquente le couvent. Le prêtre agit sur la
femme par le confessionnal et par la chaire; et
celle-ci, sur son mari, dans le milieu domesti-
que par des objurgations, des récriminations
ou des révoltes quotidiennes, si la persuasion
et les moyens qu'elle met en œuvre n'ont pu
aboutir. Les sacrements eux-mêmes sont admi-
nistrés avec un esprit de prévoyance qui n'est
pas sans peser lourdement sur la détermina-
tion des familles.
Autour de l'école libre, lep agents recruteurs
sont nombreux et puissants. Il n'est pas un ec-
clésiastique qui ne se fasse un devoir de lui en-
voyer des éleves. Or, les prêtres sont nom-
breux, peu occupés, ils ont accès dans toutes
les maisons et ils sont insinuants. Conçoit-on
quelle force de caractère il faut pour leur ré-
sister ?
Outre qu'il répugnerait à l'Etat d'user de
moyens analogues pour recruter ses écoles, il
ne trouverait dans ses maîtres ni le loisir né-
cessaire ni cette ardeur constante dans l'effort
de propagande, ni cette absence de prejugés
dans le choix des moyens, ni cette influence
qui, s'exerçant sur les âmes, en secoue les
plus puissants ressorts par l'appât de mysti-
ques récompenses ou la crainte de lointains
mais terribles châtiments. C'est merveille
qu'aux prises avec de tels adversaires les éta-
blissements universitaires ne soient pas plus
entamés.
Il y a cependant assez de mal de fait pour
que les bons esprits s'en émeuvent, pour que
les amis de la pensée affranchie et libre jet-
tent le cri d'alarme.
Les dèux enseignements
M. Rabier établissait ensuite un parallèle
entre l'enseignement de l'Etat et l'enseigne-
ment libre :
L'Etat, dans ses écoles, observe la neutralité
religieuse et politique la plus stricte.
L'Etat n'y fait point œuvre de propagande,
mais œuvre de pacification en y enseignant la
morale dans ce qu'elle a de plus élevé, de plus
désintéressé et partant de plus unanimement
accepté de tous. L'enseignement libre n'est
point tenu à la môme réserve. Il est nécessai-
rement sectaire dans son esprit et dans ses
tendances, il fait œuvre de prosélytisme poli-
tique et religieux : c'est sa raison d'être et la
justification des immenses sacrifices que s'im-
posent ses partisans. Arme de combat aux
mains de fanatiques ou de sceptiques intéressés,
il prépare des ennemis à la République et à
l'Etat laïque.
Tout contrôle à ce point de vue'èst illusoire.
Nos inspecteurs ne le savent que trop.
Ainsi s'élèvent les générations de demain! Il
apparaît aux yeux des moins clairvoyants que
les hommes et les femmes seront divisés en
deux camps animés d'un esprit différent, d'as-
pirations et de tendances contraires, qui con-
cevront l'organisation sociale sur des principes
diamétralement opposés, qui ne rêvaront pas
pour la France d'une même influence sur le
monde, par conséquent nécessairement, infail-
liblerarent adversaires, prêts à s'entre-déchirer
au moindre prétexte ; qu'ei* un mot, à laisser
aller les choses ainsi, c'est la plus épouvanta-
ble, la plus féroce des guerres sociales qui se
prépare pour une époque dont on pourrait pres-
que fixer la date tant les événements nous y
conduisent à pas mesurés et sûrs.
Et M. Rabier concluait que le remède à ce
mal réside dans le retour au monopole uni-
versitaire « qui en faisant de l'Etat la seule
puissance enseignante, rétablira le calme
dans les esprits par l'unité de la doctrine
professée, et assurera à tous la neutralité
confessionnelle la plus stricte ainsi que le
respect des convictions politiques les plus
diverses ».
L'EXECUTION SOMMAIRE
Rien n'égale le désappointement et la fu-
reur des cléricaux et des pseudo-progres-
sistes. Ils espéraient encore que les lois de
défense laïque ne seraient que des textes
sans valeur, des manifestations inefficaces
d'une Chambre jouant à l'an ti-cléricalisme ;
devant les actes, les réactionnaires enra-
gent.
Qu'à donc fait le gouvernement de si
grave, pour que les coalisés de l'opposition
crient à la tyrannie et dénoncent une sorte
de coup d'Etat. Il a fait simplement son de-
voir.
Le Conseil d'Etat ayant décidé que, parmi
les établissements non reconnus des congré-
gations autorisées, le gouvernement ne
transmettrait à son approbation que les de-
mandes qu'il aurait accueillies favorable-
ment, le ministre des cultes a avisé les éta-
blissements qu'il ne pouvait autoriser qu'ils
eussent à fermer leurs portes. Voilà tout le
crime.
Le gouvernement était juge absolu, il
pouvait laisser ouvertes ou fermer certaines
jésuitières, il les ferma, comme il le devait.
Les républicains qui ont donné mandat au
ministère actuel de défendre la société laï-
que et républicaine contre la vermine noire,
ne pouvaient attendre une autre interpréta-
tion d'une loi parfaitement précise.
En fermant les établissemente non recon-
nus, et en les fermant sans autre forme de
procès, M. Combes se conforme simplement
à la volonté du Parlement et à celle du
pays.
Les réactionnaires attendent des discus-
sions, ils comptent encore sauver la Congré-
gation dans le maquis de la procédure ; cette
justice sommaire mais stricte les exaspère.
On a déjà perdu trop de temps en des dis-
tinctions et des atermoiements ridicules et
fâcheux. La vérité est que l'opinion publi-
que et la représentation nationale ont con-
damné les congrégations religieuses, il n'y
a plus qu'à passer à l'exécution par les
moyens les plus rapides.
M. Combes serait coupable si, ayant le
pouvoir de fermer tous les établissements
des congréganistes, il en laissait un seul
subsister.
ECHOS
PETITES EPHÊMÊRIDES
Saint Tite. — Qui ne songerait à apprécier
saint Tito*— cinq tites de rente ?
Tite était le cher, le plus cher disciple de
saint Paul ; il lui était même si cher que l'apô-
tre n'hésita point à se séparer de lui pour l'en-
voyer à Corinthe o.ù il y avait des tas de gens
à convertir et où sévissait lç schisme.
Tite ne fit ni une ni deux ; on lui disait d'al-
ler à Corinthe, il alla à Corinthe où, je vous
prie de le croire, il ne vécut pas uniquement
de raisins secs. * --
Paul le pria ensuite de revenir à Nicopolis.
Tite ne fit ni une ni deux, il revient à Nicopo-
lis. C'était un type comme ça, il ne savait pas
désobéir. L'hiver étant doux à Nicopolis, Tite
passa l'hiver dans cette ville, à se chauffer au
soleil tiède.
Si Paul l'avait engagé à quitter Nicopolis et
à filer dare dare ailleurs, Tite eût fait sa valise
à la minute.
Quand je vous dis que c'était un drôle de
type, un drôle de tite'
Pour avoir été ainsi bien sage, très sage,
Tite ne fut pas décoré, mais on le canonisa. Il
n'avait pourtant point, il le faut reconnaître, de
sérieux tites à l'auréole.
LA BICYCLETTE-CIVIÈRE
Une invention qui ne nous vient pas d'Amé-
rique. On a vu, pour la première fois, la bicy-
clette-civière à Rome, où elle figurait dans une
exposition. Cette machine ressemble assez com-
me forme au modèle usuel. La seule différence,
c'est un dispositif original qui permet de la
transformer en un clin d'œil en une confortable
civière. Les roues deviennent parallèles et un
lit de i m. 8o de long sur o m. 55 de large
s'ouvre entre elles.
La civière peut alors être poussée ou remor-
quée par une autre bicyclette.
- A quand l'automobile-atnbulance, nous n'a-
vons jusqu'ici que l'automobile écraseur.
wvwwwi ,.'
COSTUMES POUR PIGEONS
Nous n'avions jusqu'ici que les manteaux et
les robes de chambre pour chiens, nous aurons
maintenant les costumes de voyage pour pi-
geons. A la vérité, ce costume n'en est pas un,
c'est plutôt une boîte ou une cuirasse affectant
absolument la forme du pigeon et permettant à
celui-ci de prendre sa nourriture, sans qu'on
soit obligé pour cela de desserrer le système.
Les Londonniens s'en servent pour trans-
porter les pigeons-voyageurs sur les lieux des
concours.
Avis aux colombophiles t
OISEA UX ET ÉPIDÉMIES
A la dernière séance de l'Académie des Scien-
ces, M. Mascart a exposé quelques observationa
communiquées par un explorateur, sur la mi-
gration des oiseaux en temps d'épidémie, no-
tamment en temps de peste ou de choléra.
Il paraîtrait que les oiseaux qui vivent parmi
les agglomérations humaines, les hirondelles,
les cigognes, etc., disparaissent d'une ville dès
que le fléau éclate.
La constatation est évidemment intéressante,
mais elle n'est pas neuve; on la trouve, en
effet, mentionnée par divers écrivains de l'anti-
quité.
LE PATINAGE A LA VOILE.
Parmi les sports d'hiver les moins connus,
le plus captivant peut-être, le yachting à glace,
se pratique presque exclusivement aux Etats-
Unis et au Canada.
L' « ice yacht » est un bateau, de quinze mè-
tres environ de longueur, monté sur trois patins
d'acier. Le skipper, celui qui conduit le bateau,
a pour poste un trou ovale, situé à l'arrière, et
où deux personnes à peine peuvent prendre
place. Quelques-uns de ces yachts portent jus-
qu'à mille mètres carrés de toile.
Il est des skippers qui ont à leur actif des
vitesses de 135 kilomètres à l'heure ; un Cana-
dien vient même de réussir à parcourir sur
l'Hudson cent mille — 160 kilomètres — en
59 minutes et 45 secondes.
Ce sport n'est point sans danger en raison
de la hauteur de la voile et du peu de stabilité
du bateau. N'importe 1 du 160 à l'heure, c'est
un joli record. *
LA SOLIDITÉ DE NOTRE-DAME.
Notre-Dame, la Notre-Dame de Paris, est-
elle solide?
Les alarmistes assurent que non.
A ce propos, l'lntermédiaire a posé à ses
lecteurs la question suivante : « Notre-Dame
est-elle bâtie sur pilotis ? » Notre confrère a
déjà reçu deux réponses qui ne sont pas très
concluantes. Il y a du pour, il y a-du contre.
En attendant, Notre-Dame de Paris ne s'é-
croule pas.
MOT DE LA FIN
Altéré — malgré le froid, ou peut-être à
cause du froid — par une longue prome-
nade en banlieue, Crétinot s'assied devant
un cabaret de modeste apparence.
— Avez-vous de la glace ? demande-t-il.
— Oui, monsieur.
— Est-elle bien fraîche, au moins
Passe-Partoul«
OBLIGATOIRE ET PAS GRATUIT
Il existe dans l'Yonne une commune qui ne
possédait point de curé et qui ne s'en portait
pas plus mal. au contraire.
Mais,dans cette même commune,une comtesse
avait son château et la noble dame était déso-
lée de ne voir point un prêtre officier chaque
dimanche. L'évêque, à qui elle s'en plaignait,
fit aussitôt droit à sa requête et un homme
noir fut désigné pour aller prendre possession
de la cure.
Sans doute, la logique voudrait que le saint
homme fût payé par la personne qui réclamait
ses bons services. Malheureusement l'Etat ne
se pique pas de logique et ce sont les habitants
qui ne sentaient nullement le besoin d'abriter
dans les murs de leur commune un ratichon,
qui devront assurer son existence.
Le maire de la commune, dans une lettre très
digne adressée à l'évêque, proteste : « Je sais
fort bien, écrit-il, qu'en vertu du pouvoir que
vous confère le Concordat, vous êtes en droit
de nous nantir, contre notre gré, d'un fonction-
naire que nous ne réclamons pas, dont le mi-
nistère nous est absolument indifférent et inu-
tile. mais que "nous sommes obligés de payer. »
Et le maire déclare que ses concitoyens' pro-
testent avec là derniere énergie ; ils n'ont que
faire du saint homme qu'on leur envoie.
Cependant, bon gré mal gré, il faudra payer
cet être néfaste. Voilà où nous en sommes en-
core! Toutefois, des protestations comme
celles dont nous venons de parler, inefficaces
pour l'instant, n'en ont pas moins leur utilité;
elles hâteront la solution attendue et oblige-
ront bien les républicains à décider enfin que
ceux-là seuls qui voudront se servir des prêtres
auront à les payer.
PAS DE PETITS PROFITS
La Semaine religieuse de Saint-FIonr an-
nonce que toute là cléricaille de l'endroit a
décidé « de supprimer totalement les cartes de
bienséance qu'on a coutume d'échanger à l'oc-
casion des fêtes du nouvel an. »
Ceci est évidemment le battage le plus ridi-
cule, car on sait fort bien que les ratichons
avaricieux, songent à leur ventre avant de son-
ger aux usages mondains; ils ne dépensent
pas follement le fruit de leurs mômeries à ache-
ter des petits morceaux de carton ornés de
leurs noms et qualités.
Mais il est adroit de donner cet exemple au
peuple des calotins; aussi la Semaine des ca-
gots de Saint-Flour ajoute-t-elle bien vite :
« Les fidèles voudront bien aussi prendre
conseil des événements, pour venir en aide aux
congrégations spoliées; qu'ils épargnent quel-
que argent sur l'envoi banal des cartes de
visite, sur le prix des étrennes, etc. »
Ainsi, parce que l'on va mettre à la porte
quelques milliers d'exploiteurs, la calotte se
dispose à pressurer plus durement encore la
multitude des dévots abêtis. Tout est occasion
pour elle de prélever la dîme du fanatisme.
Serrez-vous le ventre, bonnes. « poires» catho-
liques, la vermine noire s'installe dans les châ-
teaux de Belgique; elle a besoin de votre
argent.
LES HUMBERT
INTERROGATOIRES DE F. HUMBERT
ET DE ROMAIN DAURIGNAC
A l'instruction. — La Rente Viagères*
— Au Service anthropométrique. —
Un roman inepte. — Le déla-
teur des Humbert
Hier après-midi, Frédéric Humbert et Ro-
main "Daurignac ont été entendus par les
juges d'instruction André et Leydet.
L'interrogatoire de Frédéric Humbert a
roulé sur le rôle d'Armand Parayre.
M. André a demandé à Romain Daurignac
de lui donner sa version sur la constitution
et le fonctionnement de la Rente viagère.
Comme toujours, l'inculpé a répondu avec
calme et aplomb. Il a reconnu que la société
de la Rente viagère avait « peut-être » été
constituée irrégulièrement, mais que les
opérations en avaient été parfaitement ré-
gulières.
Il a ajouté qu'il n'avait jamais eu l'inten-
tion, ce faisant, de commettre la moindre
escroquerie, et qu'il n'avait été que la vic-
time de nombreux usuriers.
Romain a demandé à M. André d'être au'
torisé à voir sa maîtresse, Mme d'Aurvallo,
et ses deux enfants.
En sortant de chez M. Leydet, juge d'ins-
truction, M' Henri Robert s'est rendu dans
la celllule de Thérèse. Il y est resté de cinq
à six heures.
Mme Humbert sera interrogée mardi par
le juge Leydet.
A l'issue de l'interrogatoire de Romain,,'
M. André, juge d'instruction, a eu une?
conférence avec MM. Herbault, procureur;
de la République, et Bulot, procureur gé-
néraL <
D'autre part, Me Henri Robert ayant aoj
cepté la défense de Frédéric Humbert et da:
Thérèse Humbert, le bâtonnier de l'ordra
des avocats vient de désigner d'office M*
Clunet pour défendre Emile Daurignac.
La mensuration
A une heure et demie, les membres de la
famille Humbert ont été conduits successi-
vement au cabinet de M. Bertillon, chef du
service anthropométrique.
Des précautions avaient été prises pour
qu'ils ne puissent communiquer entre eux.
Les hommes ont été mensurés et photo-
graphiés ; les femmes, photographiées seu-
lement. — On sait que les femmes ne sont
jamais mensurées.
Maria Daurignac s'est prêtée de bonne
grâce à l'opération. Seule, Thérèse a pro-
testé, se plaignant qu'on ne tienne pas la
promesse, qui lui avait été faite à Madrid,
de ne pas être photographiée une seconde
fois.
Elle a dit à M. Bertillon :
— Prévenez Maria de ne pas avoir peur,
car la pauvre enfant est timide.
Elle a ajouté:
— Et M. Humbert? allez-vous le photo":
graphier aussi?
Le chef du service anthropométrique n'a
pas répondu.
La « dame voilée »
C'était écrit. Les journaux nationalistes
aux abois devaient échafauder les romans
les plus invraisemblables pour essayer de
raccrocher l'escroquerie Humbert à l'affaire
Dreyfus.
C'est ainsi qu'hier matin, le Gaulois ra-
contait que le 11 décembre dernier, le colo-
nel du Paty de Clam aurait fait, dans le
cabinet de M. le juge Leydet, en présence
de M. Poncet, substitut du procureur de la
République, certaines révélations relatives
à la fameuse dépêche Panizzardi et au rôle
de la famille Humbert dans l'affaire Dreyfus.
A ce sujet, le parquet a communiqué la
note suivante aux agences :
Un journal du matin affirme qu'an substitut
du parquet de première instance aurait, contrai-
rement à tous les usages, assisté à la déposi-
tion d'un témoin dans le cabinet de l'un des
juges d'instruction chargés de l'affaire Hum-
bert.
Ce fait est absolument inexact.
Dans le récit de notre confrère nationa-
liste, il est question de portes secrètes et
d'escaliers dérobés par où aurait cheminé
le trop fameux colonel avant de parvenir au
cabinet du juge. C'est, tout à fait dans la
note, M. du Paty de Clam ayant, comme on
noté , l'habitude de disparaître dans des trap-
sait,
pes ? pour émerger inopinément dans des
urinoirs oir l'attendent des hommes à fausse
barbe.
Attendons-nous, avant peu, à voir Mme
Humbert convaincue, par la presse nationa-
liste, d'être la célèbre « dame voilée ».
Le dénonciateur
La nouvelle que nous avons publiée kier,
d'après laquelle le dénonciateur des Hum-
bert à l'ambassade française de Madrid
serait l'avocat-académicien Cotarello, est
confirmé par le Heraldo, grand journal de
la capitale espagnole.
Voici une analyse de la lettre que M. Co-
tarello a adressée à notre confrère :
L'avocat voulut voir M. Patenôtre, mais il
ne put y parvenir et il écrivit sa lettre sans
signer; résolu à remettre aux pauvres de
son quartier l'argent offert par le gouverne-
ment français. Il assure qu'il donnera une
bonne partie de la somme aux agents qui
ont opéré la capture des escrocs et une au-
tre au veilleur de nuit qui aida aux perqui-
sitions et empêcha la police, troublée au
premier moment, d'arrêter M. Cotarello et
sa famille, au lieu des Humbert. Enfin le
reliquat sera remis au comité des Dames
bienfaisantes de Madrid, avec prière de se-
courir de préférence les pauvres du quar-
tier.
M. Cotarello dit que des centaines de fa-
milles se trouvent aujourd'hui dans la mi-
sère pour avoir confié leurs économies à
ces escrocs, et il ajoute :
Je ne peux pas intervenir de nouveau dans
cette affaire ; mais, si elle se reproduisait cent
fois, je réitérerais cent fois, car je n'ai jamais
pu etre un auxiliaire des voleurs,
La presse madrilène en général est peu
bienveillante pour le délateur des Humbert.
L'agent Caro dit qu'il se refuse à recevoir
de l'argent d'un particulier.
Les Crawford à Madrid
Nous avons dit que les Crawford — alias
les Humbert — avaient opéré à Madrid il y
a quelques années, puisqu'un notaire madri-
lène a dressé un pouvoir à leur requête. Les
documents qui constituent ce pouvoir, ré-
clamés par M. Leydet, ont été refusés, com*
me on sait, par la Cour suprême de Madrid^
LE NUMERO
CENTIMES
RÉDACTION, ADMINISTRATION & ANNONCES
24, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 101,99
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doit être adressé à l'Aldministrateur
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TROIS MOIS 4 FR. 50
SIX MOIS. 9 PR. » »
UN AN -18 Fa. » »
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
* «r Diréctènr-Bédactenr en Chef
.- - "Victor FBACHOIV
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Etranger
(UNION posrAD)
TROIS MOIS. 9FR. W
SIX MOIS. 16FR. 50
UN AN. 31 F& »»
VINGT-SIXIÈME ANNÉE. — NUMÉRO 9388
LUNDI 5 JANVIER 1903
16NivosE-'ANiH. -
*
Les Abonnements sont reçus SANS FRAIS, dans tm les Boréaux dû Posta
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
LE NUMÉRO
5
CENTIMES
PAS DE DIVERSION
«- —-—
Par la faute du gouvernement, nous
sommes menacés d'une nouvelle
affaire, montée par les cléricaux dans
le seul but de faire oublier les congré-
gations.
Si, au lieu de transporter la célèbre
famille Humbert en sleeping-car et de
lui faire les honneurs de la Concier-
gerie, on l'avait traitée comme on
traite ordinairement les escrocs, les
jésuites qui dirigent l'opposition anti-
républicaine n'auraient pas pu se
servir de ces complaisances inexpli-
cables pour donner une apparence
de vérité aux subtiles calomnies qui
commencent à se faire jour.
Le parti clérical est puissant: il
dispose de moyens financiers consi-
dérables et possède des agents par-
tout.
Du jour de l'arrestation des Hum-
bert, il a vu tout le parti à tirer de ce
scandale, et les escrocs n'avaient
pas quitté Madrid que la « nouvelle
affaire » rapidement organisée com-
mençait.
On a débuté par des insinuations
perfides, aujourd'hui on sort les pre-
miers polichinelles de l'affaire Drey-
fus, demain ce sera le grand jeu.
L'armée des boueux est prête. La
tactique est toujours la même. Il s'a-
git de déconsidérer le régime républi-
cains et les hommes qui sont à sa tête,
Bn les faisant passer pour des traîtres
ou des pot-de-viniers. On dit déjà
R l'affaire Humbert-Dreyfus ».
Si le Panama n'était pas trop usé
Dn le rééditerait pour la circonstance.
A cette nouvelle campagne, qui n'a
qu'un but, faire oublier les congréga-
tions, la justice seule peut répondre
en menant l'enquête avec la même
sévérité que pour les escrocs ordinai-
res, mais avec plus de rapidité si c'est
possible.
Pas d'égards suspects, pas de fa-
veurs mal interprétées. C'est déjà
trop que ces filous puissent, grâce à
leur habileté, profiter de la prescrip-
tion pour les délits les plus graves
commis par eux.
Ces gens-là, on le sait très bien,
opéraient dans tous les mondes, sur-
tout dans le monde clérical, comme
le prouve leur société de la Rente
Viagère.
On les a pris longtemps pour des
honnêtes gens, et beaucoup de per-
sonnes honorables ont pu s'y trom-
per.
Ils sont aujourd'hui démasqués. On
n'a qu'à les mettre à leur place, c'est-
à-dire à celle où l'on met les escrocs.
Si pour certains les relations sont
devenues de la complicité, qu'on les
exécute en même temps et sans pitié.
Mais à aucun prix on ne doit par
faiblesse faire le jeu de la réaction et
laisser prendre une importance exa-
gérée à une simple affaire d'escroque-
rie.
La diversion tentée par les cléricaux
n'est faite que pour sauver d'autres
éscrocs eÚ soutane beaucoup plus
dangereux. -
•——
LES CAISSES D'ÉPARGNE
Pour combattre les républicains aux élec-
tions sénatoriales, la réaction cléricale a
choisi deux arguments qu'elle a cru capa-
bles de tourner la tête des électeurs dépour-
vus de tout jugement : l'expulsion des con-
grégations et la prétendue faillite de la Ré-
publique.
Le second point n'est aux yeux des réac-
tionnaires que la conséquence du premier.
Ils entendent bien prouver que la fortune de
la France est attachée aux frocs de la Congré-
gation.
Pour donner une ombre de vérité à des
insinuations qu'ils savent erronées, les
cléricaux tournent, retournent et interprè-
tent les retraits des caisses d'épargne.
Pour eux, le raisonnement suivant est
simple et concluant : les populations, affo-
lées par une politique qui chasse les moines,
voient la débâcle du gouvernement et se pré-
cipitent pour sauver les économies qu'elles
lui ont confiées.
Voilà la pilule qu'ils tentent de faire ava-
ler à une légion de sots. Elle est trop grosse.
Bile ne passe pas.
La vérité, avouée par les hommes sérieux
qui s'occupent de finances, est que le chiffre
énorme des dépôts faits dans les caisses
d'épargne constitue un danger; il est une
preuve évidente que les capitaux français,
de plus en plus timides, redoutent les en-
treprises fructueuses et rémunératrices, dès
qu'elles présentent le moindre aléa.
Sans doute la réserve de prévoyance des
caisses d'épargne est nécessaire, mais elle
ne doit pas constituer un énorme capital
immobilisé. On voit s'il y a lieu de s'affliger
des retraits autour desquels les feuilles de
la réaction font sonner le toscin.
Le Temps, qu'on ne peut guère accuser
de tendresse pour le gouvernement actuel,
est obligé de confesser la vérité sur le pré-
tendu péril des caisses (Tépargae. il signale
qu'en 1896 l'excédent des retraits fut de 118
millions et il affirme que « c'est à peine si
les excédents des retraits, dont on fait si
grand bruit, sont supérieurs à la somme
des arrérages et intérêts que produit le por-
tefeuille de la caisse d'épargne ».
On voit à quoi se réduit la campagne des
alarmistes réactionnaires, le danger est
celui qu'ils imaginent; quant au chiffre
même des sommes remises à l'Etat, il faut
souhaiter le voir diminuer, pour le plus
grand-bien de la prospérité nationale.
Pour sauver les frocs et les cornettes, la
réaction mettrait le feu aux quatre coins de
la France, heureusement elle ne peut rien ;
les soutanes s'en iront et tout sera pour le
mieux dans la République débarrassée du
poison congréganiste.
LA PETITE GUERRE
La dernière exploitation cléricale!
a Chaque jour, dit la Croix, il meurt de cent
à cent trente mille personnes dont l'éternité
se décide pour toujours. »
Pour parer à cette grave situation, les calo-
tins — nous n'inventons rien — ont décidé la
publication du « Bulletin de l'Archiconfrérie du
Cœur agonisant de Jésus a, qui a pour but de
faire prier pour les cent à cent trente mille per-
sonnes. (voir plus haut).
On vend ce torchon. quatre sous. C'est pour
rien, et il n'y a rien de tel pour sauver les
âmes. Quels crétins!
9k #
Mère l'Oie conseille à ses lecteurs de s'age-
nouiller. « Prions, dit-elle, l'Esprit-Saint d'é-
clairer les électeurs sénatoriaux; c'est un de-
,voir patriotique ».
Et Mère l'Oie ajoute : « Trop de chrétiens ne
croient pas assez pratiquement à l'influence —
indéniable cependant — de la prière sur la di-
rection des événements de ce monde ».
Màis comment diable y croirait-on, puisque
chaque consultation électorale amène une nou-
velle défaite des calotins ?
*
* *
Extrait d'un discours du Jour de l'An pro-
noncé par l'évêque de la Rochelle :
« Dès que Dieu doit venir, l'année sera heu-
reuse et il viendra si nous l'appelons. »
Dis-y lui donc qui vienne ! Il y a assez long-
temps qu'on désire faire sa connaissance.
AUX FRAIS DE LA PRINCESSE
Si les élections des députés coutent cher
aux candidats, il est incontestable que celles
des sénateurs coutent trop cher aux contri-
buables.
Aujourd'hui, dans tous les départements
désignés pour le renouvellement sénatorial,
les délégués se transporteront au chef-lieu
de département pour déposer leur bulletin
dans l'urne. Ils recevront pour ce déplace-
ment une somme parfois très appréciable
calculée d'après la distance qui sépare leur
commune du chef-lieu, au taux de 5 francs
par myriamètre.
On se demande ce que les myriamètres
ont à -faire dans ce curieux calcul. La loi de
1875 qui institua cette indemnité prévoyait
peut-être que les délégués s'enviendraient
par la grand'route et dépenseraient chemin
faisant, cent sous durant chaque étape de
dix kilomètres.
En réalité, au mois de janvier 1903, les
délégués sénatoriaux viennent par le train,
ils dépensent leur voyage et leur nourri-
ture; certains d'entre eux habitent à plus de
cent-cinquante kilomètres du chef-lieu ;
ceux-là touchent pour une journée de dépla-
cement une somme qui avoisine cent francs.
C'est beaucoup, c'est trop.
A ce prix-là, le métier de délégué séna-
torial est lucratif et recherché.
Aujourd'hui l'élection des sénateurs nous
coûtera environ 650,000 francs, la somme
est ronde. On comprend que les délégués ne
fassent pas leur devoir seulement pour
l'honneur, mais il serait juste que l'occasion
de remplir une mission de confiance, ne
soit pas une occasion de bénéfice fort mal
justifié.
MINISTRE CONTRE MINISTRE
Au mois d'octobre dernier, le ministre de
la marine organisait un corps d'administra-
teurs de l'inscription maritime en scindant
le corps du commissariat de la marine. Cette
organisation se faisait au moyen d'un décret
signé en conseil des ministres.
Le 1er décembre, quarante administra-
teurs étaient nommés et le ministre de la
marine décidait qu'ils seraient payés sur le
chapitre 10 (commissariat).
La commission du budget, lors de l'exa-
men du projet de budget de la marine, se
montra défavorable à cette réforme et fit
une démarche auprès du gouvernement pour
que l'exécution du décret fut suspendue
jusqu'à la discussion du budget de la ma-
rine.
M. Pelletari ne jugea pas à propos de tenir
compte de cette démarche et donna des
affectations aux nouveaux administrateurs.
Ceux-ci devaient, à la fin du mois de dé-
cembre, toucher leur solde. Or, ils se heur-
tèrent à un refus des agents du ministère
des finances qui avaient reçu l'ordre de sur-
seoir à tout payement concernant le nou-
veau corps.
Cela est blâmable. Nous n'apprécions pas
si M. Pelletan a eu tort ou raison de ne pas
tenir compte de l'avis de la commission du
budget ; mais il n'est pas admissible que
deux membres du gouvernement donnent
le spectacle de leurs querelles intimes.
Au surplus, la signature du ministre de
la marine a été donnée et il est indécent de
faire attendre, pour les payer, des fonction
naires qui ont fourni le travail qu'on leur
demandait.
On ne s'explique pas le ministre des fi-
nances refusant de solder des dépenses en-
gagées par un de ses collègues à la suite d'un
décret délibéré en conseil des ministres et
contresigné par lui.
Si deux ministres ne sont pas d'accord, il
y a le président du conseil, ou, à son défaut,
le conseil des ministres tout entier, pour les
départager. Mais on ne voit pas un ministre
contrecarrant publiquement son collègue.
Cela confine un peu trop à l'anarchie et
c'est, avec de pareils procédés perfidement
exploités par des adversaires que n'étouffent
généralement pas les scrupules, qu'on dé-
considère le gouvernement.
L'ENSEIGNEMENT
UNE INTÉRESSANTE PROPOSITION
DE LOI
Le monopole universitaire. — La pro-
position Rabier. — La concurrence
de l'Eglise.- La liberté du père
de famille. — Un parallèle
Nous avons dit combien était insuffisant
le projet sur l'enseignement présenté par
M. Chaumié.
Nous estimons que toutes les demi-me-
sures seront absolument inefficaces; si l'on
veut réellement enrayer le mal actuel, une
seule solution apparaît comme efficace : le
rétablissement du monopole universitaire.
Cette question est une de celles qui pré-
sentent, au point de vue de l'avenir de la
République, une importance capitale. Nous
aurons sans doute à la traiter plus d'une
fois, le problème étant de ceux que la Cham-
bre devra examiner dans un avenir pro-
chain. Pour aujourd'hui, nous croyons in-
téressant d'analyser la proposition de loi
déposée à ce propos sous l'ancienne législa-
ture par M. Rabier et un assez grand nom-
bre de ses collègues, parmi lesquels il con-
vient de retenir le nom de M. Doumergue,
actuellement ministre des colonies.
La proposition de loi de M. Rabier ten-
dait au rétablissement du monopole univer-
sitaire dans tous les ordres d'enseignement,
même dans les enseignements techniques
qui ne relèvent pas du ministère de l'ins-
truction publique.
Par voie de conséquence, il entraînait
l'abrogation de la loi du 25 mars 1850 (loi
Falloux) et celle de la loi du 12 juillet 1875
sur l'enseignement supérieur.
Le droit exclusif de l'Etat
M. Rabier, en présentant sa proposition,
faisait remarquer qu'elle ne constituait pas
une innovation.
Le législateur, écrivait le député d'Orléans,
avait sagement compris, au début de ce siècle,
que le droit d'enseigner doit être réservé à
l'Etat. Le décret de 1806, constitutif de l Univer-
sité, dit expressément qu'il sera formé « un
corps chargé exclusivemeni de l'enseignement
et de l'éducation dans tout l'empire ». Une
seule exception, faite en faveur des séminaires,
tomba sous les coups du décret du 9 avril 1809,
qui fit rentrer ces établissements dans le droit
commun.
La Restauration ne toucha pas au monopole;
mais, par une ordonnance de 1521, elle soumit
l'Université à l'influence du clergé en confiant
à l'évêque « la surveillance de toutes les écoles
du diocèse ». Les effets d'une telle mesure se
firent rapidement sentir. Moins de neuf ans
après, le 16 juin 1828, le ministre de Charles X
dut prendre des mesures pour consolider les
droits de l'Université déjà ébranlés et pour en
assurer l'exercice sur les écoles secondaires
ecclésiastiques qui échappaient à tout contrôle.
Il devint même utile de fixer à vingt mille, au
maximum, le nombre des élèves que ces éta-
blissements pourraient recevoir.
En 1833, une première et sérieuse atteinte fut
portée au monopole universitaire. La loi du
28 juin, dite loi Guizot, posait le principe de la
liberté d'enseignement et stipulait qu'en ma-
tière d'enseignement primaire tout citoyen,
dans des conditions déterminées, pouvait ou-
vrir une école et y donner une instruction élé-
mentaire. On avait ainsi engagé l'Etat sur une
pente dangereuse. Pendant toute la durée du
gouvernement de Juillet le parti ultramontain
réclama, exigea, pour l'enseignement secon-
daire, la liberté dont jouissait l'enseignement
primaire. L'Université résista. La réaction cé-
sarienne qui suivit la révolution de 18i8 amena
la loi Falloux qui modifia de fond en comble la
constitution universitaire et donna au clergé
séculier et régulier, avec la haute main sur
toutes les écoles publiques, la faculté illimitée
de créer des écoles libres.
Seul l'enseignement supérieur restait encore
le privilège de l'Etat. Malgré des attaques
vigoureuses et multipliées, le second Empire
put le maintenir sous son pouvoir. Mais la
réaction cléricale qui suivit les événements
de 1870 aboutit à la loi du 12 juillet 1875, qui
brisa les derniers vestiges du monopole uni-
versitaire de 1806 en étendant à l'enseignement
supérieur la liberté dont jouissaient déjà l'en-
seignement secondaire et l'enseignement pri-
maire.
Ainsi, l'Etat, qui s'était d'abord réservé le
droit exclusif de donner l'enseignement à tous
les degrés, s'est vu disputer cette prérogative
et a du la partager avec d'autres puissances qui
ont montré et laissent voir encore dans la lutte
qu'elles soutiennent avec une vigueur peu com-
mune toute l'importance qu'elles attachent —
pour leur domination à la liberté qui leur a été
imprudemment concédée.
Et M. Rabier faisait ressortir que ni les
simples particuliers ni les associations
laïques n'ont pu bénéficier dans une mesure
efficace de la liberté d'enseignement. Seule,
l'Eglise catholique s'est trouvée assez puis-
sante pour faire concurrence à l'Etat et « les
Eglises forment comme un Etat enseignant
dans l'Etat ». L'enseignement supérieur
libre est à peu près exclusivement aux
mains de l'Eglise catholique. « On cherche-
rait vainement dans notre pays des écoles
secondaires libres de quelque importance
et prospères en dehors de celles qui s'abri-
tent sous l'aile même de cette même Eglise,
et, en fait d'écoles primaires privées, seules
vivent et se développent celles que dirigent
les congrégations religieuses. C'est à ce
point que, s'il existe quelque part — en fort
petit nombre d'ailleurs — des établissements
laïques libres, ils ne peuvent subsister —
modestement — qu'en se montrant, dans
leurs rapports avec les Eglises, plus soumis
à leur esprit que les écoles confessionnelles
elles-mêmes. »
Influence néfaste
M. Rabier faisait excellemment ressortir
quacet état de choses des plus dangereux
est la négation de la liberté du père de fa-
mille au nom de laquelle il s'est créé, car,
pour avoir des élèves, il n'est pas d'influence
que ne fassent agir les patrons des écoles
libres, pas de menaces dont ils ne se ser-
vent.
Faut-il, demandait M. Rabier, préciser? Les
exemples se présentent en foule à l'esprit de
chacun. Tel ouvrier ne trouvera à s'employer
que s'il confie son fils à l'école du presbytère ;
tel malheureux ne sera secouru que si sa fille
fréquente le couvent. Le prêtre agit sur la
femme par le confessionnal et par la chaire; et
celle-ci, sur son mari, dans le milieu domesti-
que par des objurgations, des récriminations
ou des révoltes quotidiennes, si la persuasion
et les moyens qu'elle met en œuvre n'ont pu
aboutir. Les sacrements eux-mêmes sont admi-
nistrés avec un esprit de prévoyance qui n'est
pas sans peser lourdement sur la détermina-
tion des familles.
Autour de l'école libre, lep agents recruteurs
sont nombreux et puissants. Il n'est pas un ec-
clésiastique qui ne se fasse un devoir de lui en-
voyer des éleves. Or, les prêtres sont nom-
breux, peu occupés, ils ont accès dans toutes
les maisons et ils sont insinuants. Conçoit-on
quelle force de caractère il faut pour leur ré-
sister ?
Outre qu'il répugnerait à l'Etat d'user de
moyens analogues pour recruter ses écoles, il
ne trouverait dans ses maîtres ni le loisir né-
cessaire ni cette ardeur constante dans l'effort
de propagande, ni cette absence de prejugés
dans le choix des moyens, ni cette influence
qui, s'exerçant sur les âmes, en secoue les
plus puissants ressorts par l'appât de mysti-
ques récompenses ou la crainte de lointains
mais terribles châtiments. C'est merveille
qu'aux prises avec de tels adversaires les éta-
blissements universitaires ne soient pas plus
entamés.
Il y a cependant assez de mal de fait pour
que les bons esprits s'en émeuvent, pour que
les amis de la pensée affranchie et libre jet-
tent le cri d'alarme.
Les dèux enseignements
M. Rabier établissait ensuite un parallèle
entre l'enseignement de l'Etat et l'enseigne-
ment libre :
L'Etat, dans ses écoles, observe la neutralité
religieuse et politique la plus stricte.
L'Etat n'y fait point œuvre de propagande,
mais œuvre de pacification en y enseignant la
morale dans ce qu'elle a de plus élevé, de plus
désintéressé et partant de plus unanimement
accepté de tous. L'enseignement libre n'est
point tenu à la môme réserve. Il est nécessai-
rement sectaire dans son esprit et dans ses
tendances, il fait œuvre de prosélytisme poli-
tique et religieux : c'est sa raison d'être et la
justification des immenses sacrifices que s'im-
posent ses partisans. Arme de combat aux
mains de fanatiques ou de sceptiques intéressés,
il prépare des ennemis à la République et à
l'Etat laïque.
Tout contrôle à ce point de vue'èst illusoire.
Nos inspecteurs ne le savent que trop.
Ainsi s'élèvent les générations de demain! Il
apparaît aux yeux des moins clairvoyants que
les hommes et les femmes seront divisés en
deux camps animés d'un esprit différent, d'as-
pirations et de tendances contraires, qui con-
cevront l'organisation sociale sur des principes
diamétralement opposés, qui ne rêvaront pas
pour la France d'une même influence sur le
monde, par conséquent nécessairement, infail-
liblerarent adversaires, prêts à s'entre-déchirer
au moindre prétexte ; qu'ei* un mot, à laisser
aller les choses ainsi, c'est la plus épouvanta-
ble, la plus féroce des guerres sociales qui se
prépare pour une époque dont on pourrait pres-
que fixer la date tant les événements nous y
conduisent à pas mesurés et sûrs.
Et M. Rabier concluait que le remède à ce
mal réside dans le retour au monopole uni-
versitaire « qui en faisant de l'Etat la seule
puissance enseignante, rétablira le calme
dans les esprits par l'unité de la doctrine
professée, et assurera à tous la neutralité
confessionnelle la plus stricte ainsi que le
respect des convictions politiques les plus
diverses ».
L'EXECUTION SOMMAIRE
Rien n'égale le désappointement et la fu-
reur des cléricaux et des pseudo-progres-
sistes. Ils espéraient encore que les lois de
défense laïque ne seraient que des textes
sans valeur, des manifestations inefficaces
d'une Chambre jouant à l'an ti-cléricalisme ;
devant les actes, les réactionnaires enra-
gent.
Qu'à donc fait le gouvernement de si
grave, pour que les coalisés de l'opposition
crient à la tyrannie et dénoncent une sorte
de coup d'Etat. Il a fait simplement son de-
voir.
Le Conseil d'Etat ayant décidé que, parmi
les établissements non reconnus des congré-
gations autorisées, le gouvernement ne
transmettrait à son approbation que les de-
mandes qu'il aurait accueillies favorable-
ment, le ministre des cultes a avisé les éta-
blissements qu'il ne pouvait autoriser qu'ils
eussent à fermer leurs portes. Voilà tout le
crime.
Le gouvernement était juge absolu, il
pouvait laisser ouvertes ou fermer certaines
jésuitières, il les ferma, comme il le devait.
Les républicains qui ont donné mandat au
ministère actuel de défendre la société laï-
que et républicaine contre la vermine noire,
ne pouvaient attendre une autre interpréta-
tion d'une loi parfaitement précise.
En fermant les établissemente non recon-
nus, et en les fermant sans autre forme de
procès, M. Combes se conforme simplement
à la volonté du Parlement et à celle du
pays.
Les réactionnaires attendent des discus-
sions, ils comptent encore sauver la Congré-
gation dans le maquis de la procédure ; cette
justice sommaire mais stricte les exaspère.
On a déjà perdu trop de temps en des dis-
tinctions et des atermoiements ridicules et
fâcheux. La vérité est que l'opinion publi-
que et la représentation nationale ont con-
damné les congrégations religieuses, il n'y
a plus qu'à passer à l'exécution par les
moyens les plus rapides.
M. Combes serait coupable si, ayant le
pouvoir de fermer tous les établissements
des congréganistes, il en laissait un seul
subsister.
ECHOS
PETITES EPHÊMÊRIDES
Saint Tite. — Qui ne songerait à apprécier
saint Tito*— cinq tites de rente ?
Tite était le cher, le plus cher disciple de
saint Paul ; il lui était même si cher que l'apô-
tre n'hésita point à se séparer de lui pour l'en-
voyer à Corinthe o.ù il y avait des tas de gens
à convertir et où sévissait lç schisme.
Tite ne fit ni une ni deux ; on lui disait d'al-
ler à Corinthe, il alla à Corinthe où, je vous
prie de le croire, il ne vécut pas uniquement
de raisins secs. * --
Paul le pria ensuite de revenir à Nicopolis.
Tite ne fit ni une ni deux, il revient à Nicopo-
lis. C'était un type comme ça, il ne savait pas
désobéir. L'hiver étant doux à Nicopolis, Tite
passa l'hiver dans cette ville, à se chauffer au
soleil tiède.
Si Paul l'avait engagé à quitter Nicopolis et
à filer dare dare ailleurs, Tite eût fait sa valise
à la minute.
Quand je vous dis que c'était un drôle de
type, un drôle de tite'
Pour avoir été ainsi bien sage, très sage,
Tite ne fut pas décoré, mais on le canonisa. Il
n'avait pourtant point, il le faut reconnaître, de
sérieux tites à l'auréole.
LA BICYCLETTE-CIVIÈRE
Une invention qui ne nous vient pas d'Amé-
rique. On a vu, pour la première fois, la bicy-
clette-civière à Rome, où elle figurait dans une
exposition. Cette machine ressemble assez com-
me forme au modèle usuel. La seule différence,
c'est un dispositif original qui permet de la
transformer en un clin d'œil en une confortable
civière. Les roues deviennent parallèles et un
lit de i m. 8o de long sur o m. 55 de large
s'ouvre entre elles.
La civière peut alors être poussée ou remor-
quée par une autre bicyclette.
- A quand l'automobile-atnbulance, nous n'a-
vons jusqu'ici que l'automobile écraseur.
wvwwwi ,.'
COSTUMES POUR PIGEONS
Nous n'avions jusqu'ici que les manteaux et
les robes de chambre pour chiens, nous aurons
maintenant les costumes de voyage pour pi-
geons. A la vérité, ce costume n'en est pas un,
c'est plutôt une boîte ou une cuirasse affectant
absolument la forme du pigeon et permettant à
celui-ci de prendre sa nourriture, sans qu'on
soit obligé pour cela de desserrer le système.
Les Londonniens s'en servent pour trans-
porter les pigeons-voyageurs sur les lieux des
concours.
Avis aux colombophiles t
OISEA UX ET ÉPIDÉMIES
A la dernière séance de l'Académie des Scien-
ces, M. Mascart a exposé quelques observationa
communiquées par un explorateur, sur la mi-
gration des oiseaux en temps d'épidémie, no-
tamment en temps de peste ou de choléra.
Il paraîtrait que les oiseaux qui vivent parmi
les agglomérations humaines, les hirondelles,
les cigognes, etc., disparaissent d'une ville dès
que le fléau éclate.
La constatation est évidemment intéressante,
mais elle n'est pas neuve; on la trouve, en
effet, mentionnée par divers écrivains de l'anti-
quité.
LE PATINAGE A LA VOILE.
Parmi les sports d'hiver les moins connus,
le plus captivant peut-être, le yachting à glace,
se pratique presque exclusivement aux Etats-
Unis et au Canada.
L' « ice yacht » est un bateau, de quinze mè-
tres environ de longueur, monté sur trois patins
d'acier. Le skipper, celui qui conduit le bateau,
a pour poste un trou ovale, situé à l'arrière, et
où deux personnes à peine peuvent prendre
place. Quelques-uns de ces yachts portent jus-
qu'à mille mètres carrés de toile.
Il est des skippers qui ont à leur actif des
vitesses de 135 kilomètres à l'heure ; un Cana-
dien vient même de réussir à parcourir sur
l'Hudson cent mille — 160 kilomètres — en
59 minutes et 45 secondes.
Ce sport n'est point sans danger en raison
de la hauteur de la voile et du peu de stabilité
du bateau. N'importe 1 du 160 à l'heure, c'est
un joli record. *
LA SOLIDITÉ DE NOTRE-DAME.
Notre-Dame, la Notre-Dame de Paris, est-
elle solide?
Les alarmistes assurent que non.
A ce propos, l'lntermédiaire a posé à ses
lecteurs la question suivante : « Notre-Dame
est-elle bâtie sur pilotis ? » Notre confrère a
déjà reçu deux réponses qui ne sont pas très
concluantes. Il y a du pour, il y a-du contre.
En attendant, Notre-Dame de Paris ne s'é-
croule pas.
MOT DE LA FIN
Altéré — malgré le froid, ou peut-être à
cause du froid — par une longue prome-
nade en banlieue, Crétinot s'assied devant
un cabaret de modeste apparence.
— Avez-vous de la glace ? demande-t-il.
— Oui, monsieur.
— Est-elle bien fraîche, au moins
Passe-Partoul«
OBLIGATOIRE ET PAS GRATUIT
Il existe dans l'Yonne une commune qui ne
possédait point de curé et qui ne s'en portait
pas plus mal. au contraire.
Mais,dans cette même commune,une comtesse
avait son château et la noble dame était déso-
lée de ne voir point un prêtre officier chaque
dimanche. L'évêque, à qui elle s'en plaignait,
fit aussitôt droit à sa requête et un homme
noir fut désigné pour aller prendre possession
de la cure.
Sans doute, la logique voudrait que le saint
homme fût payé par la personne qui réclamait
ses bons services. Malheureusement l'Etat ne
se pique pas de logique et ce sont les habitants
qui ne sentaient nullement le besoin d'abriter
dans les murs de leur commune un ratichon,
qui devront assurer son existence.
Le maire de la commune, dans une lettre très
digne adressée à l'évêque, proteste : « Je sais
fort bien, écrit-il, qu'en vertu du pouvoir que
vous confère le Concordat, vous êtes en droit
de nous nantir, contre notre gré, d'un fonction-
naire que nous ne réclamons pas, dont le mi-
nistère nous est absolument indifférent et inu-
tile. mais que "nous sommes obligés de payer. »
Et le maire déclare que ses concitoyens' pro-
testent avec là derniere énergie ; ils n'ont que
faire du saint homme qu'on leur envoie.
Cependant, bon gré mal gré, il faudra payer
cet être néfaste. Voilà où nous en sommes en-
core! Toutefois, des protestations comme
celles dont nous venons de parler, inefficaces
pour l'instant, n'en ont pas moins leur utilité;
elles hâteront la solution attendue et oblige-
ront bien les républicains à décider enfin que
ceux-là seuls qui voudront se servir des prêtres
auront à les payer.
PAS DE PETITS PROFITS
La Semaine religieuse de Saint-FIonr an-
nonce que toute là cléricaille de l'endroit a
décidé « de supprimer totalement les cartes de
bienséance qu'on a coutume d'échanger à l'oc-
casion des fêtes du nouvel an. »
Ceci est évidemment le battage le plus ridi-
cule, car on sait fort bien que les ratichons
avaricieux, songent à leur ventre avant de son-
ger aux usages mondains; ils ne dépensent
pas follement le fruit de leurs mômeries à ache-
ter des petits morceaux de carton ornés de
leurs noms et qualités.
Mais il est adroit de donner cet exemple au
peuple des calotins; aussi la Semaine des ca-
gots de Saint-Flour ajoute-t-elle bien vite :
« Les fidèles voudront bien aussi prendre
conseil des événements, pour venir en aide aux
congrégations spoliées; qu'ils épargnent quel-
que argent sur l'envoi banal des cartes de
visite, sur le prix des étrennes, etc. »
Ainsi, parce que l'on va mettre à la porte
quelques milliers d'exploiteurs, la calotte se
dispose à pressurer plus durement encore la
multitude des dévots abêtis. Tout est occasion
pour elle de prélever la dîme du fanatisme.
Serrez-vous le ventre, bonnes. « poires» catho-
liques, la vermine noire s'installe dans les châ-
teaux de Belgique; elle a besoin de votre
argent.
LES HUMBERT
INTERROGATOIRES DE F. HUMBERT
ET DE ROMAIN DAURIGNAC
A l'instruction. — La Rente Viagères*
— Au Service anthropométrique. —
Un roman inepte. — Le déla-
teur des Humbert
Hier après-midi, Frédéric Humbert et Ro-
main "Daurignac ont été entendus par les
juges d'instruction André et Leydet.
L'interrogatoire de Frédéric Humbert a
roulé sur le rôle d'Armand Parayre.
M. André a demandé à Romain Daurignac
de lui donner sa version sur la constitution
et le fonctionnement de la Rente viagère.
Comme toujours, l'inculpé a répondu avec
calme et aplomb. Il a reconnu que la société
de la Rente viagère avait « peut-être » été
constituée irrégulièrement, mais que les
opérations en avaient été parfaitement ré-
gulières.
Il a ajouté qu'il n'avait jamais eu l'inten-
tion, ce faisant, de commettre la moindre
escroquerie, et qu'il n'avait été que la vic-
time de nombreux usuriers.
Romain a demandé à M. André d'être au'
torisé à voir sa maîtresse, Mme d'Aurvallo,
et ses deux enfants.
En sortant de chez M. Leydet, juge d'ins-
truction, M' Henri Robert s'est rendu dans
la celllule de Thérèse. Il y est resté de cinq
à six heures.
Mme Humbert sera interrogée mardi par
le juge Leydet.
A l'issue de l'interrogatoire de Romain,,'
M. André, juge d'instruction, a eu une?
conférence avec MM. Herbault, procureur;
de la République, et Bulot, procureur gé-
néraL <
D'autre part, Me Henri Robert ayant aoj
cepté la défense de Frédéric Humbert et da:
Thérèse Humbert, le bâtonnier de l'ordra
des avocats vient de désigner d'office M*
Clunet pour défendre Emile Daurignac.
La mensuration
A une heure et demie, les membres de la
famille Humbert ont été conduits successi-
vement au cabinet de M. Bertillon, chef du
service anthropométrique.
Des précautions avaient été prises pour
qu'ils ne puissent communiquer entre eux.
Les hommes ont été mensurés et photo-
graphiés ; les femmes, photographiées seu-
lement. — On sait que les femmes ne sont
jamais mensurées.
Maria Daurignac s'est prêtée de bonne
grâce à l'opération. Seule, Thérèse a pro-
testé, se plaignant qu'on ne tienne pas la
promesse, qui lui avait été faite à Madrid,
de ne pas être photographiée une seconde
fois.
Elle a dit à M. Bertillon :
— Prévenez Maria de ne pas avoir peur,
car la pauvre enfant est timide.
Elle a ajouté:
— Et M. Humbert? allez-vous le photo":
graphier aussi?
Le chef du service anthropométrique n'a
pas répondu.
La « dame voilée »
C'était écrit. Les journaux nationalistes
aux abois devaient échafauder les romans
les plus invraisemblables pour essayer de
raccrocher l'escroquerie Humbert à l'affaire
Dreyfus.
C'est ainsi qu'hier matin, le Gaulois ra-
contait que le 11 décembre dernier, le colo-
nel du Paty de Clam aurait fait, dans le
cabinet de M. le juge Leydet, en présence
de M. Poncet, substitut du procureur de la
République, certaines révélations relatives
à la fameuse dépêche Panizzardi et au rôle
de la famille Humbert dans l'affaire Dreyfus.
A ce sujet, le parquet a communiqué la
note suivante aux agences :
Un journal du matin affirme qu'an substitut
du parquet de première instance aurait, contrai-
rement à tous les usages, assisté à la déposi-
tion d'un témoin dans le cabinet de l'un des
juges d'instruction chargés de l'affaire Hum-
bert.
Ce fait est absolument inexact.
Dans le récit de notre confrère nationa-
liste, il est question de portes secrètes et
d'escaliers dérobés par où aurait cheminé
le trop fameux colonel avant de parvenir au
cabinet du juge. C'est, tout à fait dans la
note, M. du Paty de Clam ayant, comme on
noté , l'habitude de disparaître dans des trap-
sait,
pes ? pour émerger inopinément dans des
urinoirs oir l'attendent des hommes à fausse
barbe.
Attendons-nous, avant peu, à voir Mme
Humbert convaincue, par la presse nationa-
liste, d'être la célèbre « dame voilée ».
Le dénonciateur
La nouvelle que nous avons publiée kier,
d'après laquelle le dénonciateur des Hum-
bert à l'ambassade française de Madrid
serait l'avocat-académicien Cotarello, est
confirmé par le Heraldo, grand journal de
la capitale espagnole.
Voici une analyse de la lettre que M. Co-
tarello a adressée à notre confrère :
L'avocat voulut voir M. Patenôtre, mais il
ne put y parvenir et il écrivit sa lettre sans
signer; résolu à remettre aux pauvres de
son quartier l'argent offert par le gouverne-
ment français. Il assure qu'il donnera une
bonne partie de la somme aux agents qui
ont opéré la capture des escrocs et une au-
tre au veilleur de nuit qui aida aux perqui-
sitions et empêcha la police, troublée au
premier moment, d'arrêter M. Cotarello et
sa famille, au lieu des Humbert. Enfin le
reliquat sera remis au comité des Dames
bienfaisantes de Madrid, avec prière de se-
courir de préférence les pauvres du quar-
tier.
M. Cotarello dit que des centaines de fa-
milles se trouvent aujourd'hui dans la mi-
sère pour avoir confié leurs économies à
ces escrocs, et il ajoute :
Je ne peux pas intervenir de nouveau dans
cette affaire ; mais, si elle se reproduisait cent
fois, je réitérerais cent fois, car je n'ai jamais
pu etre un auxiliaire des voleurs,
La presse madrilène en général est peu
bienveillante pour le délateur des Humbert.
L'agent Caro dit qu'il se refuse à recevoir
de l'argent d'un particulier.
Les Crawford à Madrid
Nous avons dit que les Crawford — alias
les Humbert — avaient opéré à Madrid il y
a quelques années, puisqu'un notaire madri-
lène a dressé un pouvoir à leur requête. Les
documents qui constituent ce pouvoir, ré-
clamés par M. Leydet, ont été refusés, com*
me on sait, par la Cour suprême de Madrid^
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