Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-01-13
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 13 janvier 1878 13 janvier 1878
Description : 1878/01/13 (N267,A2). 1878/01/13 (N267,A2).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7504645h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
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,
mmSYBAWX. REDACTION ET ANNONCES,
A PARIS
5—< Rne Coq-Héron — "r"'
Abonnements : Paris
**OÏS MOIS. 1 & PB.
!'ÎXMOIS.< 10 FR.
UN AN. 20 Fa. -
JOURNAL POLITIQUE
1 QUOTIDIEN - ,
, UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
Abonnements î Départements
TROIS MOIS. 8FR.
!IX KOtS. 15 FR.
CN A>* 30 FS.
DEUXIÈME ANNÉE. — NUMÉRO 267
Dimanche 13 janvier 1878 (24 nivôse an 86)
"Il, 1>
Nous "avôris @- la bonne fortune
d'annoncer à nos lecteurs eue nous
commencerons prochainement la
publication d'un grand roman inti-
LES roman inti-
NUFRA G Ill1 R
PAR
Henri ROCHEFORT
Cette œuvre essentiellement pa-
risienne et dans laquelle on re-
trouve toute la verve étincelante,
tdut l'ésprit et tout le talent du cé-
lèbre écrivain, est certainement ap-
pelée à un très grand succès.
M. Henri Rochefort a donné ex-
clusivement à la Lanterne le droit
de la publier.
3Eîa.lte-là.!
M. Dufaure n'est-il pas ministre et pré-
stent du conséil du gouvernement de la
République?
M. Dufaure n'est-il pas l'homme funeste
qui inventa, avant M. Thiers, la théorie
de la République sans les républicains, et
qui, joignant la pratiqué à la théorie, fit,
avec Louis-Napoléon Bonaparte, la Répu-
blique contre les républicains ?
M. Dufaure n'est-il pas le défenseur le
plus âpre et le plus acharné des principes
conservateurs, celui que le moindre pro-
grès épouvante, que la moindre réforme
rencontre nécessairement pour adversaire,
que l'avènement des nouvelles couches so-
ciales irrite et exaspère, l'homme qui a
fait la loi sur l'état de siège, l'homme de
la réaction par excellence ?
r:e, Eh bien ! il paraît que nous devons nous
tenir pour satisfaits, et ne rien demander
de plus ni de mieux d'ici un an ou deux.
Les deux chefs les plus autorises de la
majorité, comme dit le Tempsy MM. Gam-
betta et éon Renault, l'ont déclaré tous
deux" lenneIiment, presque au même
instam, l'un à Marseille, l'autre à Ver-
saillès.
Il s'agit maintenant de nous reposer sur
les lauriers de M. Dufaure, de « faire
halte » et de ne pas avancer d'une se-
melle D'ici à 1880, on va d'af-
faires, si M. de Brogliè n'y met pas obs-
tacle ; on modifiera un peu le personnel
des administrations, à moins que M. de
Fourtou ne revienne à la tête de sa bande
d'estafiers; quant à l'arsenal des. lois ré-
pressives qui ont rendu possible le gou-
vernement dù 16 mai, on le laisse intact,
de façon qu'en cas de revanche triom-
phante, les vaincus du 14 octobre et du
13 décembre n'aient qu'à y puiser a p!ei-
nes mains ; quant à l'autoritarisme qui
met la nation dans la main de quelques
hommes, on aura bien soin de ne pas
l'amoindrir et de laisser toutes choses en
place. Ajournons tout, soyons » patients»,
soyons « ministériels M. Dufaure n'est-
il pas ministre et que pouvons-nous sou-
haiter de mieux ?
Ce n'est plus au ministère' à se faire
républicain comme la majorité de la
Chambre ; c'est à la majorité de la Cham-
brer se -.faire « ministérielle » comme M.
Dufaure. M. Dufaure a ses coudées fran-
ches, il peut faire à son aise ce qu'il a fait
durant sa longue vie, de la réaction à ou-
trance; la majorité sera ministérielle -et
le suivra. M. Gambetta l'annonce et le
proclame. M. Rènault déclare que « la
Chambre doit tout son dévouement au
cabinet ».
Hàlte-là ! Tel est le mot d'ordre. Tant
pis si « l'ancien parti républicain » n'est
pas satisfait. Le nouveau parti républicain
se contente de peu.
L'ancien parti républicain ! Qu'est-ce
que cette formule qui se retrouve itla fois
le même jour, dtns un article du journal
de M. Gambètta et dans le discours de M.
Léon Renault ? >
Raspail, — à qui le peuple de Paris va
faire des funérailles autrement splendides
que celles qu'il a laissé faire à M. Thiers,
— Raspail était, nous apprend-on , de
«l'ancien parti républicain ».
L'ancien, .vous comprenez bien, celui
qui avait des principes, qui voulait les
réaliser, qui ne croyait pas avoir la Répu-
blique quand on lui donnait la monarchie
constitutionnelle, qui rie criait pas : halte,
après un succès incertain, mais : en avant,
et qui marchait, remuant les idées, lea
propageant, les pratiquant, ajoutant
l'exemple à la propagande, et confirmant
l'exemple par le sacrifice.
Et le résultat de cette politique géné.
reuse, dira-t-on? Le résultat, ç'a été de
faire dés républicains. On n'avait pas en-
core pensé, dans ces temps, antiques, à
faire la. Rléptibkque avec des orléanistes*
Peut-être ce résultat vaut-il, à lui tout
seul, ceux qu'on nous vante aujourd'hui.
Peut-être aussi l'ancien parti républi-
cain n'est il pas aussi éteint qu'on a l'air
de le croire. Peut-être, à ceux qui lui
crient : halte-là, répondra-t-il : en avant!
SIGISMOND LACROIX.
—
les Obsèques de Yidor-Fmmaauel
On télégraphie de Rome :
Rome, 11 janvier.
De grandes manifestations de deuil public
continuent.
De nombreuses pétitions, dont une de députéS,
demandent l'inhumation de Victor-Emmanuel au
JPanthéon de Rome. *
L'assertion des cléricaux que Victor-Emmanuel
a demandé pardon au pape est un mensonge
énergiquement démenti.
Une souscription nationale est ouverte pour
l'élection d'tfu monument.
Le municipe de Rome a souscrit 100,000 fr. à
l'unanimité.
Les obsèques auront lieu mardi.
Il a été décidé que le gouvernement se
ferait représenter aux obsèques du roi d'I.
talie.
- -O* pp^te^us&Ld'unô déput&tion des deux
départements de la Savoie comme d'un hom-
mage à 1 ancien duc de Savoie.
LES CHAMBRES
La Journée parlementaire
Si les confiseurs ne sont pas contents,
c'est qu'ils ne sont pas raisonnables ; on
leur en donne du calme, autant qu'ils en
peuvent vouloir. Jamais on n'a rien vu
d'aussi vide et d'aussi plat que ce calme-là;
pas même le groupe Target-Pontalis.
• C'est tout au plus si les couloirs ont l'air
habités ; dans la salle des séances, les dépu-
tés défilent rapidement à la tribune, une pe-
tite boule dans la main gauche, une enve-
loppe blanche dans la main droite; une!
deux ! la petite boule fait « toc » sur le fer-
blanc de l'urne de gauche, l'enveloppe tombe
discrètement dans l'urne de droite; ce défilé
dure vingt minutes et puis s'arrête faute de
votants. Et pourtant il n'y a pas assez de
bulletins pour que le vote soit valable. Tous
les huissiers s'élancent dans les couloirs à la
recherche des retardataires. On les prend au
collet, on les amène ; ils votent. Mais il pa.
raît que eela ne Suffit pas encore, car voilà
les huissiers qui repartent et commencent
dans les couloirs une chasse au député comme
on n'en avait jamais vu. Bientôt il n'en man.
que plus que trois ; mais voilà le diable ! on
ne peut pas les trouver. De potte en porte,
de bureau en bureau, de commission en com-
mission, on les poursuit, on les traque, et,
juste au moment où on commençait à déses-
pérer, voilà qu'il en arrive six! C'est la com-
mission d'enquête qui fournit ce Tenfort; et
aussitôt, dès qu'on n'a plus besoin de per-
sonne, un flot de votants arrive.
Et voilà la grande péripétie de la séance t
Jugez comme le reste a dù paraitre émou.
vant !
Les pauvres gens qu'on élit si piteusement
ne sont pourtant pas les premiers venus :
un marquis et un comte, M. de Valfons et
M. Le Gonidec de Tressàn. C'est la part
laissée à la droite dans la liste des secrétai.
res de la Chambre. La droite les a choisie;
la gauche leur fournit l'appoint de voix né-
cessaire pour qu'ils soient nommés; et ils le
sont. Autant ceux-là que d'autres; le mar-
quis a eu un grand-père qui avait de-l'esprit;
lui-même n'est point méchant. Quand à
l'autre il est. Angevin ou Breton, ou quel*
que chose d'approchant.
Pour les questeurs, il y a plus d'entrain
mais guère plus. Le groupe de l'Union rérwR
blicaine aurait voulu faire accepter M. ~ae
rent à la place dé M. Gailly; mais la substi-
tution n'a pas pris. Les trois questeurs son;
réélus; non pas au. triomphe, mais.'dnint
façon sortable.
En fin de séance, M. Blin de Bourdon, a
jugé le moment opportun pour réciter un
petit bout de philippique dont il %, depuis la
session dernière, chargé sa mémoire. Ce
grand gaillard à peau cuivrée, sous prétexte
qu'il tourne à l'aigre, se prend au tragique;
il récite d'une voix caverneuse des impré.,
cations mélodramatiques qui sont à pouffer
de rire. Pour le moment, le morceau d'élo-
quence dont il fourbit les périodes depuis
trois ou quatre jours, a pour but de sommer
la Chambre d'avoir à valider en bloc tous
les produits de la candidature officielle et
de l'escamotage ordremoralien; et ce, sous le
prétexte que le budget presse et qu'il faut
tout de suite' se mettre aux affaires. Règle
générale : toutes les fois qu'un droitier crie :
a Aux affaires ! » c'est absolument comme
quand un filou crie : « Au voleur ! » Histoire
de détourner l'attention et de s'évader
dans la bagarre. Chaque fois qu'ils ont raté
un mauvais coup et qu'il s'agit de rechercher
les responsabilités, en avant le fameux cri : -
« A ux affaires ! »
Après quoi, pour mieux démontrer que son
trognon de boniment est bien une leçon ap-
prise devance, le bon Blin de Bourdon bour- -
donne une filée de citations sur. le conseil
des Cinq-Cents.
FEUILLETON DU 13 JANVIER
* ——————— 2
;:. ; , LA
DEUXIÈME PARTIE
LE SÛlfPÊft DE BALTHAZAR
, Il
'.- ta CMae inpanlMtble.
, : (Suite.)
Cette fois, il lui fallait une somme pro-
portionnée au secret qu'il voulait savoir. Son
ami Agénor, à qui pourtant il rendait de
discrets services auprès de la conseillère, fie
lui aurait pas avancé vingt francs. Il se con-
tentait de lui rappeler de temps en temps
qu'il était le ,plus patient des créanciers.
Or, coûte que coûte, 'E¡;nmanuel voulait
acheter le secret de Bamboche.
Pour son malheur, l'étudiant frappa à
la bourse d'un des collègues qui s'étaient
montrés les plus chauds dans leurs offres.
Ce dandy de la basoche était Irisé comme
un bichon; il avait des chaînes, des breloques
et portait une bague ! Il soupait tous les soirs
au restaurant, et gagnait au vu et au su de
tout un chacun vingt-cinq francs par mois
chez un avoué.
Du premier mot, il en prêta cinquante à
Emmanuel, en le plaignant fort de la dureté
de son père et en le plaisantant amicalement
et non sans finesse de la vie de privation et
d'ostracisme à laquelle il se résignait. C'é-
tait sous une autre forme la répétition des
arguments de Martin Baruelle.
— Voyez, mon cher, est-ce que moi, est-ce
que Jules, Adolphe, Victor, Georges, nous
nous échinons comme ça ? .--
—Mais comment vous y prenez-vous alors?
demanda tout naturellement Emmanuel.
— Àh ! voilà l'affaire! fit le dandy avec
un clignement d'ceil plein de réticences et
de mystères. Quan vous prendrez une
bonne résolution, que vous serez fermement
résolu à en finir avec ces duperies et ces
privations qui frisent la misère, je vous ini-
tierai à notre secret, et j'espère que ce sera
bientôt. ',
- Cependant, cet argent. balbutia Em-
manuel, prêt a se rendre à l'idée que la
source en était suspecte.
L'autre partit d'un éclat de rire.
— Soyez tranquille, s'écria-t-il gaiement,
je ne l'ai pas volé; il est bien à moi, et
quand vous voudrez, vous puiserez à la même
bourse, sans vous brûler les doigts.
Il n'existait vraiment aucune raison de
douter de sa parole, et notre étudiant se mit
à la recherche du bohème dont il attendait
les révélations.'
Chemin faisant, il croisa dans un couloir
du palais M. Henri Vergnier, qui ne le ren-
contrait jamais sans lui serrer la main et lui
adresser une parole amicale.
Cette fois, le jeune magistrat l'aborda plus
gravement et lui dit bas à l'oreille comme un
frère qui gronde son frère :
— Mon cher Emmanuel, si vous me croyez
quelque amitié pour vous, acceptez un bon
conseil. Rompez avec ces jeunes gens désœu-
vrés et dépensiers qui vous sollicitent depuis
quelque temps. Vous avez soupé avec eux il
y a trois jours, et vous en êtes sorti dans un
état où certainement vous n'auriez pas été
flatté que je vous rencontrasse.
— C'est vrai, répondit Emmanuel rougis-
sant comme une fille. Mais je buis si malheu-
reux. je cherche à me distraire, à oublier.
Ah! si j'avais encore ma grand'mère et ma
pauvre sœur !
Henri Vergnier eut peine à retenir lui-
même un soupir. Il serra de nouveau la main
du jeane homme.
— Nous vous les rendrons, dit-il, je vqus
le promets. En attendant, venez causer avec
moi à vos moments de peine et d'ennui et si
vous avez besoin des servites d'un ami, fai-
tes-moi le plaisir de réclamer les miens.
Cette offre cordiale causa à l'étudiant une,
1
confusion pareille à un remords. Il sentit
qu'il avait fait fausse route, et que c'était à
cette porte qu'il fallait s'adresser. Mais la
faute était commise. Il se contenta de re-
mercier et s'éloigna lentement, songeur, la
tête baissée.
M. Vergnier le suivit assez longtemps det
yeux, pénétré lui-même d'un vague pressen-
timent et touché par son apparence doulou-
reuse.
Le soir de car même jour, au moment où le
président Dampier rentrait de l'audience
pour se mettre à la table où, depuis plusieurs
mois, figurait son seul couvert, Germain très
troublé lui annonça que quelqu'un souhaitait
l'entretenir.
— Une visite, à cette heure, répondit-il de
mauvaise humeur, tu sais bien que c'est im«
possible et que je ne reçois pas.
- Monsieur le président, c'est que. ca
n'est pas une personne ordinaire.
— Encore un ennui !. voyons, parle, est.
ce si difficile à dire ?
— C'est que la personne qui est là. c'est
M. Emmanuel.
— Emmanuel ! répéta M. Dampier dont 11
bouche s'ouvrit pour un refus.
Le brave Germain le devina, et allant vi.
vement au-devant :
- — II insiste particulièrement ; il t qui
c'est une affaire urgente.
- (A suivre,) OCTAVE FÉRÉ
,
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A PARIS
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UN AN. 20 Fa. -
JOURNAL POLITIQUE
1 QUOTIDIEN - ,
, UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
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TROIS MOIS. 8FR.
!IX KOtS. 15 FR.
CN A>* 30 FS.
DEUXIÈME ANNÉE. — NUMÉRO 267
Dimanche 13 janvier 1878 (24 nivôse an 86)
"Il, 1>
Nous "avôris @- la bonne fortune
d'annoncer à nos lecteurs eue nous
commencerons prochainement la
publication d'un grand roman inti-
LES roman inti-
NUFRA G Ill1 R
PAR
Henri ROCHEFORT
Cette œuvre essentiellement pa-
risienne et dans laquelle on re-
trouve toute la verve étincelante,
tdut l'ésprit et tout le talent du cé-
lèbre écrivain, est certainement ap-
pelée à un très grand succès.
M. Henri Rochefort a donné ex-
clusivement à la Lanterne le droit
de la publier.
3Eîa.lte-là.!
M. Dufaure n'est-il pas ministre et pré-
stent du conséil du gouvernement de la
République?
M. Dufaure n'est-il pas l'homme funeste
qui inventa, avant M. Thiers, la théorie
de la République sans les républicains, et
qui, joignant la pratiqué à la théorie, fit,
avec Louis-Napoléon Bonaparte, la Répu-
blique contre les républicains ?
M. Dufaure n'est-il pas le défenseur le
plus âpre et le plus acharné des principes
conservateurs, celui que le moindre pro-
grès épouvante, que la moindre réforme
rencontre nécessairement pour adversaire,
que l'avènement des nouvelles couches so-
ciales irrite et exaspère, l'homme qui a
fait la loi sur l'état de siège, l'homme de
la réaction par excellence ?
r:e, Eh bien ! il paraît que nous devons nous
tenir pour satisfaits, et ne rien demander
de plus ni de mieux d'ici un an ou deux.
Les deux chefs les plus autorises de la
majorité, comme dit le Tempsy MM. Gam-
betta et éon Renault, l'ont déclaré tous
deux" lenneIiment, presque au même
instam, l'un à Marseille, l'autre à Ver-
saillès.
Il s'agit maintenant de nous reposer sur
les lauriers de M. Dufaure, de « faire
halte » et de ne pas avancer d'une se-
melle D'ici à 1880, on va d'af-
faires, si M. de Brogliè n'y met pas obs-
tacle ; on modifiera un peu le personnel
des administrations, à moins que M. de
Fourtou ne revienne à la tête de sa bande
d'estafiers; quant à l'arsenal des. lois ré-
pressives qui ont rendu possible le gou-
vernement dù 16 mai, on le laisse intact,
de façon qu'en cas de revanche triom-
phante, les vaincus du 14 octobre et du
13 décembre n'aient qu'à y puiser a p!ei-
nes mains ; quant à l'autoritarisme qui
met la nation dans la main de quelques
hommes, on aura bien soin de ne pas
l'amoindrir et de laisser toutes choses en
place. Ajournons tout, soyons » patients»,
soyons « ministériels M. Dufaure n'est-
il pas ministre et que pouvons-nous sou-
haiter de mieux ?
Ce n'est plus au ministère' à se faire
républicain comme la majorité de la
Chambre ; c'est à la majorité de la Cham-
brer se -.faire « ministérielle » comme M.
Dufaure. M. Dufaure a ses coudées fran-
ches, il peut faire à son aise ce qu'il a fait
durant sa longue vie, de la réaction à ou-
trance; la majorité sera ministérielle -et
le suivra. M. Gambetta l'annonce et le
proclame. M. Rènault déclare que « la
Chambre doit tout son dévouement au
cabinet ».
Hàlte-là ! Tel est le mot d'ordre. Tant
pis si « l'ancien parti républicain » n'est
pas satisfait. Le nouveau parti républicain
se contente de peu.
L'ancien parti républicain ! Qu'est-ce
que cette formule qui se retrouve itla fois
le même jour, dtns un article du journal
de M. Gambètta et dans le discours de M.
Léon Renault ? >
Raspail, — à qui le peuple de Paris va
faire des funérailles autrement splendides
que celles qu'il a laissé faire à M. Thiers,
— Raspail était, nous apprend-on , de
«l'ancien parti républicain ».
L'ancien, .vous comprenez bien, celui
qui avait des principes, qui voulait les
réaliser, qui ne croyait pas avoir la Répu-
blique quand on lui donnait la monarchie
constitutionnelle, qui rie criait pas : halte,
après un succès incertain, mais : en avant,
et qui marchait, remuant les idées, lea
propageant, les pratiquant, ajoutant
l'exemple à la propagande, et confirmant
l'exemple par le sacrifice.
Et le résultat de cette politique géné.
reuse, dira-t-on? Le résultat, ç'a été de
faire dés républicains. On n'avait pas en-
core pensé, dans ces temps, antiques, à
faire la. Rléptibkque avec des orléanistes*
Peut-être ce résultat vaut-il, à lui tout
seul, ceux qu'on nous vante aujourd'hui.
Peut-être aussi l'ancien parti républi-
cain n'est il pas aussi éteint qu'on a l'air
de le croire. Peut-être, à ceux qui lui
crient : halte-là, répondra-t-il : en avant!
SIGISMOND LACROIX.
—
les Obsèques de Yidor-Fmmaauel
On télégraphie de Rome :
Rome, 11 janvier.
De grandes manifestations de deuil public
continuent.
De nombreuses pétitions, dont une de députéS,
demandent l'inhumation de Victor-Emmanuel au
JPanthéon de Rome. *
L'assertion des cléricaux que Victor-Emmanuel
a demandé pardon au pape est un mensonge
énergiquement démenti.
Une souscription nationale est ouverte pour
l'élection d'tfu monument.
Le municipe de Rome a souscrit 100,000 fr. à
l'unanimité.
Les obsèques auront lieu mardi.
Il a été décidé que le gouvernement se
ferait représenter aux obsèques du roi d'I.
talie.
- -O* pp^te^us&Ld'unô déput&tion des deux
départements de la Savoie comme d'un hom-
mage à 1 ancien duc de Savoie.
LES CHAMBRES
La Journée parlementaire
Si les confiseurs ne sont pas contents,
c'est qu'ils ne sont pas raisonnables ; on
leur en donne du calme, autant qu'ils en
peuvent vouloir. Jamais on n'a rien vu
d'aussi vide et d'aussi plat que ce calme-là;
pas même le groupe Target-Pontalis.
• C'est tout au plus si les couloirs ont l'air
habités ; dans la salle des séances, les dépu-
tés défilent rapidement à la tribune, une pe-
tite boule dans la main gauche, une enve-
loppe blanche dans la main droite; une!
deux ! la petite boule fait « toc » sur le fer-
blanc de l'urne de gauche, l'enveloppe tombe
discrètement dans l'urne de droite; ce défilé
dure vingt minutes et puis s'arrête faute de
votants. Et pourtant il n'y a pas assez de
bulletins pour que le vote soit valable. Tous
les huissiers s'élancent dans les couloirs à la
recherche des retardataires. On les prend au
collet, on les amène ; ils votent. Mais il pa.
raît que eela ne Suffit pas encore, car voilà
les huissiers qui repartent et commencent
dans les couloirs une chasse au député comme
on n'en avait jamais vu. Bientôt il n'en man.
que plus que trois ; mais voilà le diable ! on
ne peut pas les trouver. De potte en porte,
de bureau en bureau, de commission en com-
mission, on les poursuit, on les traque, et,
juste au moment où on commençait à déses-
pérer, voilà qu'il en arrive six! C'est la com-
mission d'enquête qui fournit ce Tenfort; et
aussitôt, dès qu'on n'a plus besoin de per-
sonne, un flot de votants arrive.
Et voilà la grande péripétie de la séance t
Jugez comme le reste a dù paraitre émou.
vant !
Les pauvres gens qu'on élit si piteusement
ne sont pourtant pas les premiers venus :
un marquis et un comte, M. de Valfons et
M. Le Gonidec de Tressàn. C'est la part
laissée à la droite dans la liste des secrétai.
res de la Chambre. La droite les a choisie;
la gauche leur fournit l'appoint de voix né-
cessaire pour qu'ils soient nommés; et ils le
sont. Autant ceux-là que d'autres; le mar-
quis a eu un grand-père qui avait de-l'esprit;
lui-même n'est point méchant. Quand à
l'autre il est. Angevin ou Breton, ou quel*
que chose d'approchant.
Pour les questeurs, il y a plus d'entrain
mais guère plus. Le groupe de l'Union rérwR
blicaine aurait voulu faire accepter M. ~ae
rent à la place dé M. Gailly; mais la substi-
tution n'a pas pris. Les trois questeurs son;
réélus; non pas au. triomphe, mais.'dnint
façon sortable.
En fin de séance, M. Blin de Bourdon, a
jugé le moment opportun pour réciter un
petit bout de philippique dont il %, depuis la
session dernière, chargé sa mémoire. Ce
grand gaillard à peau cuivrée, sous prétexte
qu'il tourne à l'aigre, se prend au tragique;
il récite d'une voix caverneuse des impré.,
cations mélodramatiques qui sont à pouffer
de rire. Pour le moment, le morceau d'élo-
quence dont il fourbit les périodes depuis
trois ou quatre jours, a pour but de sommer
la Chambre d'avoir à valider en bloc tous
les produits de la candidature officielle et
de l'escamotage ordremoralien; et ce, sous le
prétexte que le budget presse et qu'il faut
tout de suite' se mettre aux affaires. Règle
générale : toutes les fois qu'un droitier crie :
a Aux affaires ! » c'est absolument comme
quand un filou crie : « Au voleur ! » Histoire
de détourner l'attention et de s'évader
dans la bagarre. Chaque fois qu'ils ont raté
un mauvais coup et qu'il s'agit de rechercher
les responsabilités, en avant le fameux cri : -
« A ux affaires ! »
Après quoi, pour mieux démontrer que son
trognon de boniment est bien une leçon ap-
prise devance, le bon Blin de Bourdon bour- -
donne une filée de citations sur. le conseil
des Cinq-Cents.
FEUILLETON DU 13 JANVIER
* ——————— 2
;:. ; , LA
DEUXIÈME PARTIE
LE SÛlfPÊft DE BALTHAZAR
, Il
'.- ta CMae inpanlMtble.
, : (Suite.)
Cette fois, il lui fallait une somme pro-
portionnée au secret qu'il voulait savoir. Son
ami Agénor, à qui pourtant il rendait de
discrets services auprès de la conseillère, fie
lui aurait pas avancé vingt francs. Il se con-
tentait de lui rappeler de temps en temps
qu'il était le ,plus patient des créanciers.
Or, coûte que coûte, 'E¡;nmanuel voulait
acheter le secret de Bamboche.
Pour son malheur, l'étudiant frappa à
la bourse d'un des collègues qui s'étaient
montrés les plus chauds dans leurs offres.
Ce dandy de la basoche était Irisé comme
un bichon; il avait des chaînes, des breloques
et portait une bague ! Il soupait tous les soirs
au restaurant, et gagnait au vu et au su de
tout un chacun vingt-cinq francs par mois
chez un avoué.
Du premier mot, il en prêta cinquante à
Emmanuel, en le plaignant fort de la dureté
de son père et en le plaisantant amicalement
et non sans finesse de la vie de privation et
d'ostracisme à laquelle il se résignait. C'é-
tait sous une autre forme la répétition des
arguments de Martin Baruelle.
— Voyez, mon cher, est-ce que moi, est-ce
que Jules, Adolphe, Victor, Georges, nous
nous échinons comme ça ? .--
—Mais comment vous y prenez-vous alors?
demanda tout naturellement Emmanuel.
— Àh ! voilà l'affaire! fit le dandy avec
un clignement d'ceil plein de réticences et
de mystères. Quan vous prendrez une
bonne résolution, que vous serez fermement
résolu à en finir avec ces duperies et ces
privations qui frisent la misère, je vous ini-
tierai à notre secret, et j'espère que ce sera
bientôt. ',
- Cependant, cet argent. balbutia Em-
manuel, prêt a se rendre à l'idée que la
source en était suspecte.
L'autre partit d'un éclat de rire.
— Soyez tranquille, s'écria-t-il gaiement,
je ne l'ai pas volé; il est bien à moi, et
quand vous voudrez, vous puiserez à la même
bourse, sans vous brûler les doigts.
Il n'existait vraiment aucune raison de
douter de sa parole, et notre étudiant se mit
à la recherche du bohème dont il attendait
les révélations.'
Chemin faisant, il croisa dans un couloir
du palais M. Henri Vergnier, qui ne le ren-
contrait jamais sans lui serrer la main et lui
adresser une parole amicale.
Cette fois, le jeune magistrat l'aborda plus
gravement et lui dit bas à l'oreille comme un
frère qui gronde son frère :
— Mon cher Emmanuel, si vous me croyez
quelque amitié pour vous, acceptez un bon
conseil. Rompez avec ces jeunes gens désœu-
vrés et dépensiers qui vous sollicitent depuis
quelque temps. Vous avez soupé avec eux il
y a trois jours, et vous en êtes sorti dans un
état où certainement vous n'auriez pas été
flatté que je vous rencontrasse.
— C'est vrai, répondit Emmanuel rougis-
sant comme une fille. Mais je buis si malheu-
reux. je cherche à me distraire, à oublier.
Ah! si j'avais encore ma grand'mère et ma
pauvre sœur !
Henri Vergnier eut peine à retenir lui-
même un soupir. Il serra de nouveau la main
du jeane homme.
— Nous vous les rendrons, dit-il, je vqus
le promets. En attendant, venez causer avec
moi à vos moments de peine et d'ennui et si
vous avez besoin des servites d'un ami, fai-
tes-moi le plaisir de réclamer les miens.
Cette offre cordiale causa à l'étudiant une,
1
confusion pareille à un remords. Il sentit
qu'il avait fait fausse route, et que c'était à
cette porte qu'il fallait s'adresser. Mais la
faute était commise. Il se contenta de re-
mercier et s'éloigna lentement, songeur, la
tête baissée.
M. Vergnier le suivit assez longtemps det
yeux, pénétré lui-même d'un vague pressen-
timent et touché par son apparence doulou-
reuse.
Le soir de car même jour, au moment où le
président Dampier rentrait de l'audience
pour se mettre à la table où, depuis plusieurs
mois, figurait son seul couvert, Germain très
troublé lui annonça que quelqu'un souhaitait
l'entretenir.
— Une visite, à cette heure, répondit-il de
mauvaise humeur, tu sais bien que c'est im«
possible et que je ne reçois pas.
- Monsieur le président, c'est que. ca
n'est pas une personne ordinaire.
— Encore un ennui !. voyons, parle, est.
ce si difficile à dire ?
— C'est que la personne qui est là. c'est
M. Emmanuel.
— Emmanuel ! répéta M. Dampier dont 11
bouche s'ouvrit pour un refus.
Le brave Germain le devina, et allant vi.
vement au-devant :
- — II insiste particulièrement ; il t qui
c'est une affaire urgente.
- (A suivre,) OCTAVE FÉRÉ
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