Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-09-25
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 septembre 1884 25 septembre 1884
Description : 1884/09/25 (A8,N2714). 1884/09/25 (A8,N2714).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7501316t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
Pi^teîTrôN^ RÉDACTION* & - ANNONCES
A PARIS
18 — Rue lUeïâoa?"—' #9
Les articles non insérés ne seront pas rendus,
ABONNEMENTS
PARIS
TROIS MOIS. 5 FK.
SIX MOIS. 9 FR.
UN AH. 18 FR."
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO :5.CENTIMES
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS. 12 FR,
UN AN~ 24- FR,_,
HUITIÈME ANNÉE. — NUMÉRO 2714
■ * m m
Jeudi 25 septembre 1881
4 vendémiaire an 93
SAMEDI PROCHAIN, 27 SEPTEMBRE
r (numéro portant la date du dimanche 28)
LA LANTERNE ,
COMMENCERA
LES
DIABLESSES 1 PARIS
1. GRAND ROMAN INÉDIT
PAR
LÉOPOLD STAPLEAUX
LA POLITIQUE COLONIALE
II
LA FOLIE COLONIALE
De temps en temps, les peuples sont uris
d'un vertige dans lequel ils tourbillonnât,
obéissant à des impulsions au Mi irraison-
nées que celles de l'épileptique ou de l'al-
coolique.
Enivrés par la magie d'un mot qui ouvre
& leur imagination des horizons prestigieux,
Us se lancent à la conquête du tombeau du
Christ, sur la foi de Pierre l'Hermite, 'ou à
la découverte de l'Eldorado. Ils marchent
avec d'autant plus de confiance qu'ils savent
moins où ils vont. Quelquefois c'est un
moine, un pape, un aventurier qui les en-
traîne à sa suite ; d'autres fois, c'est leur
gouvernement. :*
Pour raconter toutes les duperies de ce
genre, il faudrait un volujae. Je me conten-
terai de citer deux faits :
Au dix-septième siècle, l'Ecosse était le
pays le plus pauvre de l'Europe ; les An-
glais l'appelaient une contrée de mendiants;
beaucoup de squires du Kent ou du Somer-
set avaient des revenus plus grands qu'un
duc de Gordon ou un marquis d'Atholl ne
tiraient de leurs immenses domaines. Même
pur les bords dela fertile Mersey, un minis-
tre du culte recevait quatre livres par an
(cent francs) pour son salaire.
En 1695, un Ecossais, nommé Paterson,
vint apprendre à ses compatriotes qu'il y
avait entre les deux Amériques un territoire
merveilleux, le Darien, et qu'il leur suffisait
d'al'er l'occuper pour que TEcosse devînt la
Rivale de Venise et de la Hollande, le grand
inarché du sucre, du rhum, du café, du cho-
colat. du tabac, de la porcelaine de Chine,
des châles de cachemire, des diamants de
Golconde, des perles de Karrack , et Edim-
bourg, la rivale de Paris et de Londres. Le
Darien devait accaparer tout le commerce
entre l'Europe et les Indes orientales. Pa-
terson représentait la contrée comme un
paradis tellement enchanteur que les Ecos-
sais, hommes de sang froid, cependant, se
laissèrent séduire.
Tous ceux qui, à force de privations, pu-
fent réunir 1,000 ou 2,000 liv. souscrivirent
à la Compagnie. Rochesttr, à la Chambre
des communes de Londres, ayant combattu
cet enthousiasme, fut brûlé en effigie sur
les places d'Edimbourg.
Le 25 juillet 1699, l'expédition composée
de 1,200 personnes mit à la voile. Des gens,
inscrits trop tard, s'étaient cachés dans les
navires. Paterson, partageant la foi qu'il
avait inspirée, emmenait sa femme. Le 1er
novembre, ils abordèrent à la terre promise,
à laquelle ils avaient donné le nom de Nou-
velle-Calédonie.
Ils prirent pour code les saintes écritu-
res, sans savoir exactement tout ce qu'elles
défendaient ou permettaient.
En Ecosse, on apprit que l'expédition
était arrivée. La réalité avait dépassé les
espérances. Elle avait trouvé des mines d'or
plus abondantes que celles de Guinée. De
magnifiques récoltes étaient attendues. La
colonie s'était accrue de 1,200 à 10,000 per-
sonnes. Une seconde expédition fut déci-
dée.
Quand elle arriva, elle ne trouva que des
ruines et un cimetière. La fièvre et la faim
avaient anéanti la colonie, en moins d'un
an. Les quelques survivants avaient été
trop heureux d aller se louer aux planteurs
de la Jamaïque (1).
En 1763, Choiseul et son cousin Praslin
obtinrent, dans la Guyane française, la con-
cession d'un vaste territoire entre le Kou-
rou et le Maroni. Ils en célébrèrent si bien
les mérites dans des prospectus si éloquents
qu'une foule de seigneurs, de gentils-
hommes plus ou moins obérés, rêvèrent
d'aller y faire fortune sans peine. On célé-
bra le départ, comme une fête, avec des
d'aller y déparOt, n débarqua les nouveaux ve-
bergerades. On débarqua les nouveaux ve-
nus aux îles lu Diable, qu'on avait trans-
formées en îles du Salut, comme s'il suffi.
sait d'en changer le nom pour en changer
le climat. On y construisit un petit Trianon,
des théâtres, on y débarqua des paniers de
Champagne; on avait oublié des bêches,
des pioches des charrues, dont n'auraient
su que faire, du reste, les aimables colons.
Il y avait des boutiques où on trouvait les
bibelots du Palais-Royal et même des pa-
tins! * .-' *
Ils étaient partis au nombre de 13,000 ;
deux ans après, en 1765, il n'en restait plus
que 900.
La leçon ne profita pas : en 1767, Bessner
essaya sans plus de succès une nouvelle co-
lonisation ; en 1788, Villebois recommença ;
et le gouvernement français actuel vient
d'envoyer M. Léveillé en mission à la Guyane
pour continner des expériences du même
genre.
L'histoire de la colonisation de M. de
Choiseul est l'histoire de toute la colonisa-
tion françaiso. Quand j'entends M. Jules
Ferry, un certain nombre de députés plus
ou moins naïfs, des journalistes qui consi-
dèrent Asnières comme un voyage au long
cours, célébrer la politique coloniale, pour-
suivie par la France, comme devant créer
dos débouchés à son commerce et donner une
force d'expansion à sa population, ils me
rappellent Paterson et Choiseul.
Au moins, Paterson y allait lui-même.
Sur la foi du gouvernement, deux jeunes
gens voulaient ces jours-ci partir pour le
Congo. * ■
— Que faites-vous?
— Nous avons chacun une quinzaine de
H) Macaulay, History of England, t. il.
mille francs, et nous aurions l'intention
d'établir là un commerce de drap!
— Pour les sujets du roi Makoko qui vont
tout nus et qui, s'ils arborent une paire de
culottes pour quelque cérémonie, ont soin
de se hâter * l'ôter, comme on ôte ses gants
chez soi. ,,;.
Combien y à-t-il de centaines, de milliers
de Français qui, sur la foi du gouverne-
ment, sur son assurance, entraînés par lui,
sont allés enfouir leurs épargnes dans tou-
tes les parties du monde, heureux encore
quand ils n'y ont pas péri, ou n'en ont pas
rapporté un frisson de la fièvre qui les rend
à tout jamais impropres à tout travail.
Je raconterai certains de ces douloureux
martyrologes, dont la responsabilité incombe
aux prospectus "des gouvernements men-
teurs. -M
M. de Rays; l'organisateur de la lamen-
table expédition de Port-Breton, est venu
s'asseoir, il y a quelque temps, en police
correctionnelle. Il a été condamné. Ce n'est
pas juste, quand le gouvernement avec nos
soldats, nos navires, l'argent des contri-
buables, les ressources que la nation met à
sa disposition, suit une politique absolu-
ment semblable à la sienne.
LA GUERRE
1/ Affaire de Kelung
L'amiral Peyron, ministre de la marine, a
reçu hier par le courrier le rapport du contre-
amiral Lespès sur l'attaque dirigée contra la
ville de Kelung (Ue Formose), le 6 août der-
nier.
Le rapport est très long. Il a été soumis au
ministre de la marine, qui en « a autorisé la
publication.
Il paraît aujourd'hui au Journal officiel.
De l'amiral Courbet, aucune nouvelle au-
jourd'hui. ,. «
Voici sur la fameuse affaire de Kelung des
détails intéressants dus à la communication
de l'amiral Lespès.
Le 5 août, à 8 h. 15 du matin, le La Galis-
sonnière était embossé devant le fort le plus
éloigné, le Villars et le Lutin devant le se-
cond fort-
Le La Galissonnière hissa un pavillon
rouge et le feu fut ouvert immédiatement par
les forts et les navires. Le bâtiment reçut
presque coup sur coup trois projectiles de
24 centimètres dans son bordage ; mais les
trous furent immédiatement bouchés par nos
marins
Le premier fort tira environ quatre coups
par pièce, mais le fau français était si vif et
si meurtrier que les Chinois ne purent le sou-
tenir.
Le et le Lutin firent également taire
le feu du deuxième fort qu'une vigoureuse ca-
nonnade réduisit au silence et détruisit bien-
tôt complètement un des magasins à poudre
ayant sauté pendant l'action.
On dit qu'il y avait 10,000 hommes dans le
voisinage pendant le combat ; mais ils se dis-
persèrent promptement. Après avoir détruit
les autres forts et quand tout fut tranquille,
les Français débarquèrent une troupe de 130
hommes fournis par les trois bâtiments et ar-
borèrent le pavillon français. Ils s'avancèrent
ensuite plus loin dans l'intérieur et prirent
possession des hauteurs.
Mais s'étant avancés dans l'intérieur, ils fu-
rent rencontrés par un détachement de plus
de 1,000 soldats. Ils tirèrent dessus, en tuè-
rent un quinzaine, mais la disproportion des
forces était si grande qu'ils furent forcés de
battre précipitamment en retraite jusqu'à leurs
navires. Pédant cette opération, un soldat
français fut tué, six furent blessés et un dis-
parut sans qu'on ait pu savoir s'il avait été
tué, blessé ou pris.
Les Chinois s'élançant en avant, vinrent
jusqu'à portée des canons des vaisseaux, qui
ouvrirent le feu sur eux. Ils répondirent fai-
blement avec quelques-uns de leurs canons
indigènes, dont les boulets passèrent en sif-
flant au-dessus du Villars, sans causer aucun
mal ; et ne pouvant lutter, se retirèrent, mais
après avoir détruit leur provision de charbon,
environ trois mille tonnes.
Nouvelles chinoises
Tien-Tsin, 22 sentembre.
Le gouverneur général du Fou-Kien a desti-
tué et dégradé Tchang-Peï-Lun.
Le général tartare Mou, qui remplit aussi
les fonctions dans le Fou-Kien, a obtenu son
pardon et a été loué pour sa conduite pen-
dant les récentes opérations de l'escadre
française dans la rivière Min.
Londres, 23 septembre.
La Patl Mail Gazette annonce que les Chi-
nois n'ont pas l'intention de barrer l'ouver-
ture de la rivière de Shanghaï, mais qu'ils
prendront des mesures pour pouvoir à toute
heure rendre impossible aux vaisseaux de
guerre l'entrée du canal,
La route pour les navires de commerce sera
laissée ouverte jusqu'à ce qu'une attaque soit
virtuellement faite.
Offres de service d'un officier
allemand à la Chine
Autre nouvelle donnée par le même jour-
nal:
Un officier allemand a obtenu ces jours derniers
de Chang-Chih-Tun. le nouveau vice-roi de Canton,
une audience qui n'a pas duré moins d'une heure
et demie. L'objet que ce personnage avait en vue
était d'obtenir son engagement comme instructeur
de tactique navale. Ses propositions et ses offres
de service ont été agréas, nous assure-t-ou, et
Son Excellence serait dans riutontion de créer
une école de marine à Wang-Poo.
Au Tonkin.
Le Temps reçoit la dôpSche suivante :
Haï-Phongest encombré de troupes, les unes
arrivées par le Rio Nearo, les autres devant
être rapatriées p:*.r ce bâtiment. Ouze hommes
se sont noy.'s par imprudence. Ils avaient em-
barqué dans un sampan pour prendre un bain
en rivière, et l'embarcation a chaviré.
Les Chinois ont levé des contributions sur
la rive gauche du Cua-Thai-Binh à Pliu-Nam-
Such. On va faire occuper le fort de Dong-
Trieu par un détachement frique. La canonnière le Mousqueton croise
actuellement do ce côté.
OBÉISSANCE PASSIVE
On se souvient à quel mobile obéissait M. Jules
Ferry, l'année dernière, lorsqu'il contraignit la
général Thibaudm à donner sa démission.
L'ancien ministre de la guerre, soucieux du res-
pect qu'il devait à la Chambre, avait déclare qu'il
ne consentirait pas à envoyer-de nouvelles troupes
au Tonkin, sans que les crédits correspondaut à
cet envoi eussent été votés par les Chambres.
M. Jules Ferry, voulant avoir un homme à lui
avait alors jeté son dévolu sur le général Cam-
penon.
Or, par coïncidence singulière, les rapports du
ministre de la guerre avec le président du conseil
présentent, en ce moment, une singulière analogie
avec ceux qui existaient, l'année dernière, à la
même époque, entre M. Jules Ferry et le général
Thibaudin,
Des dissentiments survenus entre le président du
conseil et son collègue de la guerre auraient été la
cause de l'ajournement du conseil des ministres
qui devait avoir lieu hier.
Le général Campenon est parLisan d'une prompte
convocation des Chambres, en vue des mesures
militaires à prendre à l'égard de la Chine, contrai-
rement à l'avis de M. Jules Ferry, qui cherche à
gagner du temps, en voulant ajourner toute dis-
FEUILLETON DU ?5 SEPTEMBRE 1884
57
LE
Dernier des Parthenay
XIX
Le couronnement de l*œavre
(Suite.)
n accueillait donc les protestations de
pon jeune ami, comme il devait le faire, en
jpareille occasion, et redevenait plus triste,
à chaque retour du vicomte.
Au moment même où Jeanne écoutait les
paroles de l'étranger, M. et Mme de Par-
thenay se trouvaient réunis, avec le baron,
dans un des salons de l'hôtel. Nul ne par-
lait. Que dire, en effet, en de telles condi-
tions de souÛ'rances ? M. de Morsang, plus
affaissé encore, enfoncé dans un fauteuil,
laissait errer tristement sa pensée, sans
pouvoir la fixer sur un point déterminé;
Mme de Parthenay pleurait en silence. Seul
le comte, convenablement installé auprès
d'un bon feu, ne partageait aucunement la
douleur de ses voisins; quoique sa physio-
nomie eût pris le masque imposé par les
circonstances, son esprit demeurait calme,
M. de Parthenay se chauffait, sans penser à
rien ! ,. I. '1
Tout-à-coup la porte du salon s'ouvrit
avec fracas. Les trois personnages, brus-
quement tirés de leurs réflexions, levèrent
la tête pour chercher la cause de ce trouble
inaccoutumé.
C'était Léon, qui, entré de cette façon In-
solite, se précipita dans le salon et courut
au baron dont il prit les mains, en s'é-
criant :>
— Je l'ait retrouvée!.
M. de Morsang pâlit affreusement, et sen-
tit ses forces l'abandonner; mais, par un
effort extraordinaire, il parvint à se remet-
tre, et put balbutier :
— Retrouvée l. vous. Jeanne. ma
fille!.
— Oui t. Jeanne!. ma fiancée!.,, je sais
maintenant comment la délivrer ,« de ses
oppresseurs !
Cette fois, le baron, revenu entièrement
à lui, se leva d'un bond. Mme de Parthenay
aussi émue d'entendre les paroles de son
fils, s'était élancée vers lui, prenant ses
mains, interrogeant le jeune homme du re-
gard, sans avoir la force de parler. Le
comte, aussi avait cru devoir abandonner
sa place si douillette et venir auprès du vi-
comte.
— Jeanne ! exclama enfin la comtesse,
mon fils, tu as retrouvé ta fiancée!.
— Hum!. hum!.., grommela le comte,
c'est bien cela !. Je n'attendais pas - moins
d'un Parthenay.
— Vite, fit le baron, tout éperdu, cou-
rons chez le commissaire de police chargé
de l'enquête, et annonçons-lui cette heu-
reuse nouvelle ! ,"
— Gardez-vous en bien 1 fit vivement le
vicomte.
— Pourquoi!.
— Parce que l'introduction, à ce moment
de la police, en cette affaire, gâterait tout !
Les auditeurs de Léon regardèrent ce
dernier avec un étonnement voisin de la
stupéfaction.
— Mais, fit Mme de Parthenay revenue à
elle la première, j'avoua ne rien compren-
dre à ton observation.
— Moi non plus, dit à son tour le baron.
— Quant à moi, ajouta le comte, une telle
recommandation m'étonna tout d'abord ;
mais, en y réfléchissant, formulée par mon
fils, elle ne peut qu'être raisonnable.
— Expliquez-vous, mon ami, dit fébrile-
ment M. de Morsang.
— J'ai retrouvé, non pas encore ma chère
et bien-aimée fiancée, dde it Léon d'un ton
grave, mais les traces de ses ravisseurs !
Un désappoiutement général accueillit ces
paroles, si distinctes des premières.
— Laissez-moi continuer, dit le vicomte
et ne vous désolez pas, à l'improviste, avec
la même facilité que celle mise par vous à
croire tout sauvé ! Ne m'interrompez pas, et
bientôt vous comprendrez que Jeanne va
nous être rendue. Et d'abord, elle est
en parfaite santé ; ses ravisseurs l'ont
confiée aux soins d'une femme qui l'entoure
des meilleures attentions. C'est là, pour
nous, un premier point des plus importants;
il nous permet de ne plus être obsédé par
les tristes pensées qui absorbaient nos es-
prits.
» Je suis, vous ai-je dit, sur les traces
des ravisseurs. Cela m'a demandé de longs
jours de patience et des efforts inimagina-
bles. Qu'importe, j'ai réussi !. Avant trois
jours, je saurai le lieu où Jeanne est seques-
tréo, dans les conditions que je viens de
vous indiquer et que j'ai pu connaître, après
des difficultés sans nombre.
» Mais, pour la réussite de mon entreprise
il importe que la vigilance de nos ennemis
ne puisse être mise en éveil ; à ce seul
prix, je peux affirmer de conduire l'opéra-
tion à bonne fin. Or, nos renseignements
m'ont permis de croire, sérieusement, que
les ravisseurs se gardent surtout de la po-
lice. Ils nous dédaignent et ne nous croient
aucunement capables de procéder à des dé-
marches particulières, Qu'une figure sus-
pecte se montre sur leur chemin, tout est
perdu ! Ils sont parfaitement dissimulés
dans l'ombre, prêts à contrôler la venue de
tout nouveau personnage dans leur domaine,
et, à faire éloigner Mlle Jeanne !
« De moi, ils ne peuvent se défier, sur-
tout après les précautions spéciales qua
j'ai prises à l'effet de manœuvrer dans leur?'
lignes. Laissez-moi achever mon oeuvre, n(
A PARIS
18 — Rue lUeïâoa?"—' #9
Les articles non insérés ne seront pas rendus,
ABONNEMENTS
PARIS
TROIS MOIS. 5 FK.
SIX MOIS. 9 FR.
UN AH. 18 FR."
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO :5.CENTIMES
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS. 12 FR,
UN AN~ 24- FR,_,
HUITIÈME ANNÉE. — NUMÉRO 2714
■ * m m
Jeudi 25 septembre 1881
4 vendémiaire an 93
SAMEDI PROCHAIN, 27 SEPTEMBRE
r (numéro portant la date du dimanche 28)
LA LANTERNE ,
COMMENCERA
LES
DIABLESSES 1 PARIS
1. GRAND ROMAN INÉDIT
PAR
LÉOPOLD STAPLEAUX
LA POLITIQUE COLONIALE
II
LA FOLIE COLONIALE
De temps en temps, les peuples sont uris
d'un vertige dans lequel ils tourbillonnât,
obéissant à des impulsions au Mi irraison-
nées que celles de l'épileptique ou de l'al-
coolique.
Enivrés par la magie d'un mot qui ouvre
& leur imagination des horizons prestigieux,
Us se lancent à la conquête du tombeau du
Christ, sur la foi de Pierre l'Hermite, 'ou à
la découverte de l'Eldorado. Ils marchent
avec d'autant plus de confiance qu'ils savent
moins où ils vont. Quelquefois c'est un
moine, un pape, un aventurier qui les en-
traîne à sa suite ; d'autres fois, c'est leur
gouvernement. :*
Pour raconter toutes les duperies de ce
genre, il faudrait un volujae. Je me conten-
terai de citer deux faits :
Au dix-septième siècle, l'Ecosse était le
pays le plus pauvre de l'Europe ; les An-
glais l'appelaient une contrée de mendiants;
beaucoup de squires du Kent ou du Somer-
set avaient des revenus plus grands qu'un
duc de Gordon ou un marquis d'Atholl ne
tiraient de leurs immenses domaines. Même
pur les bords dela fertile Mersey, un minis-
tre du culte recevait quatre livres par an
(cent francs) pour son salaire.
En 1695, un Ecossais, nommé Paterson,
vint apprendre à ses compatriotes qu'il y
avait entre les deux Amériques un territoire
merveilleux, le Darien, et qu'il leur suffisait
d'al'er l'occuper pour que TEcosse devînt la
Rivale de Venise et de la Hollande, le grand
inarché du sucre, du rhum, du café, du cho-
colat. du tabac, de la porcelaine de Chine,
des châles de cachemire, des diamants de
Golconde, des perles de Karrack , et Edim-
bourg, la rivale de Paris et de Londres. Le
Darien devait accaparer tout le commerce
entre l'Europe et les Indes orientales. Pa-
terson représentait la contrée comme un
paradis tellement enchanteur que les Ecos-
sais, hommes de sang froid, cependant, se
laissèrent séduire.
Tous ceux qui, à force de privations, pu-
fent réunir 1,000 ou 2,000 liv. souscrivirent
à la Compagnie. Rochesttr, à la Chambre
des communes de Londres, ayant combattu
cet enthousiasme, fut brûlé en effigie sur
les places d'Edimbourg.
Le 25 juillet 1699, l'expédition composée
de 1,200 personnes mit à la voile. Des gens,
inscrits trop tard, s'étaient cachés dans les
navires. Paterson, partageant la foi qu'il
avait inspirée, emmenait sa femme. Le 1er
novembre, ils abordèrent à la terre promise,
à laquelle ils avaient donné le nom de Nou-
velle-Calédonie.
Ils prirent pour code les saintes écritu-
res, sans savoir exactement tout ce qu'elles
défendaient ou permettaient.
En Ecosse, on apprit que l'expédition
était arrivée. La réalité avait dépassé les
espérances. Elle avait trouvé des mines d'or
plus abondantes que celles de Guinée. De
magnifiques récoltes étaient attendues. La
colonie s'était accrue de 1,200 à 10,000 per-
sonnes. Une seconde expédition fut déci-
dée.
Quand elle arriva, elle ne trouva que des
ruines et un cimetière. La fièvre et la faim
avaient anéanti la colonie, en moins d'un
an. Les quelques survivants avaient été
trop heureux d aller se louer aux planteurs
de la Jamaïque (1).
En 1763, Choiseul et son cousin Praslin
obtinrent, dans la Guyane française, la con-
cession d'un vaste territoire entre le Kou-
rou et le Maroni. Ils en célébrèrent si bien
les mérites dans des prospectus si éloquents
qu'une foule de seigneurs, de gentils-
hommes plus ou moins obérés, rêvèrent
d'aller y faire fortune sans peine. On célé-
bra le départ, comme une fête, avec des
d'aller y déparOt, n débarqua les nouveaux ve-
bergerades. On débarqua les nouveaux ve-
nus aux îles lu Diable, qu'on avait trans-
formées en îles du Salut, comme s'il suffi.
sait d'en changer le nom pour en changer
le climat. On y construisit un petit Trianon,
des théâtres, on y débarqua des paniers de
Champagne; on avait oublié des bêches,
des pioches des charrues, dont n'auraient
su que faire, du reste, les aimables colons.
Il y avait des boutiques où on trouvait les
bibelots du Palais-Royal et même des pa-
tins! * .-' *
Ils étaient partis au nombre de 13,000 ;
deux ans après, en 1765, il n'en restait plus
que 900.
La leçon ne profita pas : en 1767, Bessner
essaya sans plus de succès une nouvelle co-
lonisation ; en 1788, Villebois recommença ;
et le gouvernement français actuel vient
d'envoyer M. Léveillé en mission à la Guyane
pour continner des expériences du même
genre.
L'histoire de la colonisation de M. de
Choiseul est l'histoire de toute la colonisa-
tion françaiso. Quand j'entends M. Jules
Ferry, un certain nombre de députés plus
ou moins naïfs, des journalistes qui consi-
dèrent Asnières comme un voyage au long
cours, célébrer la politique coloniale, pour-
suivie par la France, comme devant créer
dos débouchés à son commerce et donner une
force d'expansion à sa population, ils me
rappellent Paterson et Choiseul.
Au moins, Paterson y allait lui-même.
Sur la foi du gouvernement, deux jeunes
gens voulaient ces jours-ci partir pour le
Congo. * ■
— Que faites-vous?
— Nous avons chacun une quinzaine de
H) Macaulay, History of England, t. il.
mille francs, et nous aurions l'intention
d'établir là un commerce de drap!
— Pour les sujets du roi Makoko qui vont
tout nus et qui, s'ils arborent une paire de
culottes pour quelque cérémonie, ont soin
de se hâter * l'ôter, comme on ôte ses gants
chez soi. ,,;.
Combien y à-t-il de centaines, de milliers
de Français qui, sur la foi du gouverne-
ment, sur son assurance, entraînés par lui,
sont allés enfouir leurs épargnes dans tou-
tes les parties du monde, heureux encore
quand ils n'y ont pas péri, ou n'en ont pas
rapporté un frisson de la fièvre qui les rend
à tout jamais impropres à tout travail.
Je raconterai certains de ces douloureux
martyrologes, dont la responsabilité incombe
aux prospectus "des gouvernements men-
teurs. -M
M. de Rays; l'organisateur de la lamen-
table expédition de Port-Breton, est venu
s'asseoir, il y a quelque temps, en police
correctionnelle. Il a été condamné. Ce n'est
pas juste, quand le gouvernement avec nos
soldats, nos navires, l'argent des contri-
buables, les ressources que la nation met à
sa disposition, suit une politique absolu-
ment semblable à la sienne.
LA GUERRE
1/ Affaire de Kelung
L'amiral Peyron, ministre de la marine, a
reçu hier par le courrier le rapport du contre-
amiral Lespès sur l'attaque dirigée contra la
ville de Kelung (Ue Formose), le 6 août der-
nier.
Le rapport est très long. Il a été soumis au
ministre de la marine, qui en « a autorisé la
publication.
Il paraît aujourd'hui au Journal officiel.
De l'amiral Courbet, aucune nouvelle au-
jourd'hui. ,. «
Voici sur la fameuse affaire de Kelung des
détails intéressants dus à la communication
de l'amiral Lespès.
Le 5 août, à 8 h. 15 du matin, le La Galis-
sonnière était embossé devant le fort le plus
éloigné, le Villars et le Lutin devant le se-
cond fort-
Le La Galissonnière hissa un pavillon
rouge et le feu fut ouvert immédiatement par
les forts et les navires. Le bâtiment reçut
presque coup sur coup trois projectiles de
24 centimètres dans son bordage ; mais les
trous furent immédiatement bouchés par nos
marins
Le premier fort tira environ quatre coups
par pièce, mais le fau français était si vif et
si meurtrier que les Chinois ne purent le sou-
tenir.
Le et le Lutin firent également taire
le feu du deuxième fort qu'une vigoureuse ca-
nonnade réduisit au silence et détruisit bien-
tôt complètement un des magasins à poudre
ayant sauté pendant l'action.
On dit qu'il y avait 10,000 hommes dans le
voisinage pendant le combat ; mais ils se dis-
persèrent promptement. Après avoir détruit
les autres forts et quand tout fut tranquille,
les Français débarquèrent une troupe de 130
hommes fournis par les trois bâtiments et ar-
borèrent le pavillon français. Ils s'avancèrent
ensuite plus loin dans l'intérieur et prirent
possession des hauteurs.
Mais s'étant avancés dans l'intérieur, ils fu-
rent rencontrés par un détachement de plus
de 1,000 soldats. Ils tirèrent dessus, en tuè-
rent un quinzaine, mais la disproportion des
forces était si grande qu'ils furent forcés de
battre précipitamment en retraite jusqu'à leurs
navires. Pédant cette opération, un soldat
français fut tué, six furent blessés et un dis-
parut sans qu'on ait pu savoir s'il avait été
tué, blessé ou pris.
Les Chinois s'élançant en avant, vinrent
jusqu'à portée des canons des vaisseaux, qui
ouvrirent le feu sur eux. Ils répondirent fai-
blement avec quelques-uns de leurs canons
indigènes, dont les boulets passèrent en sif-
flant au-dessus du Villars, sans causer aucun
mal ; et ne pouvant lutter, se retirèrent, mais
après avoir détruit leur provision de charbon,
environ trois mille tonnes.
Nouvelles chinoises
Tien-Tsin, 22 sentembre.
Le gouverneur général du Fou-Kien a desti-
tué et dégradé Tchang-Peï-Lun.
Le général tartare Mou, qui remplit aussi
les fonctions dans le Fou-Kien, a obtenu son
pardon et a été loué pour sa conduite pen-
dant les récentes opérations de l'escadre
française dans la rivière Min.
Londres, 23 septembre.
La Patl Mail Gazette annonce que les Chi-
nois n'ont pas l'intention de barrer l'ouver-
ture de la rivière de Shanghaï, mais qu'ils
prendront des mesures pour pouvoir à toute
heure rendre impossible aux vaisseaux de
guerre l'entrée du canal,
La route pour les navires de commerce sera
laissée ouverte jusqu'à ce qu'une attaque soit
virtuellement faite.
Offres de service d'un officier
allemand à la Chine
Autre nouvelle donnée par le même jour-
nal:
Un officier allemand a obtenu ces jours derniers
de Chang-Chih-Tun. le nouveau vice-roi de Canton,
une audience qui n'a pas duré moins d'une heure
et demie. L'objet que ce personnage avait en vue
était d'obtenir son engagement comme instructeur
de tactique navale. Ses propositions et ses offres
de service ont été agréas, nous assure-t-ou, et
Son Excellence serait dans riutontion de créer
une école de marine à Wang-Poo.
Au Tonkin.
Le Temps reçoit la dôpSche suivante :
Haï-Phongest encombré de troupes, les unes
arrivées par le Rio Nearo, les autres devant
être rapatriées p:*.r ce bâtiment. Ouze hommes
se sont noy.'s par imprudence. Ils avaient em-
barqué dans un sampan pour prendre un bain
en rivière, et l'embarcation a chaviré.
Les Chinois ont levé des contributions sur
la rive gauche du Cua-Thai-Binh à Pliu-Nam-
Such. On va faire occuper le fort de Dong-
Trieu par un détachement
actuellement do ce côté.
OBÉISSANCE PASSIVE
On se souvient à quel mobile obéissait M. Jules
Ferry, l'année dernière, lorsqu'il contraignit la
général Thibaudm à donner sa démission.
L'ancien ministre de la guerre, soucieux du res-
pect qu'il devait à la Chambre, avait déclare qu'il
ne consentirait pas à envoyer-de nouvelles troupes
au Tonkin, sans que les crédits correspondaut à
cet envoi eussent été votés par les Chambres.
M. Jules Ferry, voulant avoir un homme à lui
avait alors jeté son dévolu sur le général Cam-
penon.
Or, par coïncidence singulière, les rapports du
ministre de la guerre avec le président du conseil
présentent, en ce moment, une singulière analogie
avec ceux qui existaient, l'année dernière, à la
même époque, entre M. Jules Ferry et le général
Thibaudin,
Des dissentiments survenus entre le président du
conseil et son collègue de la guerre auraient été la
cause de l'ajournement du conseil des ministres
qui devait avoir lieu hier.
Le général Campenon est parLisan d'une prompte
convocation des Chambres, en vue des mesures
militaires à prendre à l'égard de la Chine, contrai-
rement à l'avis de M. Jules Ferry, qui cherche à
gagner du temps, en voulant ajourner toute dis-
FEUILLETON DU ?5 SEPTEMBRE 1884
57
LE
Dernier des Parthenay
XIX
Le couronnement de l*œavre
(Suite.)
n accueillait donc les protestations de
pon jeune ami, comme il devait le faire, en
jpareille occasion, et redevenait plus triste,
à chaque retour du vicomte.
Au moment même où Jeanne écoutait les
paroles de l'étranger, M. et Mme de Par-
thenay se trouvaient réunis, avec le baron,
dans un des salons de l'hôtel. Nul ne par-
lait. Que dire, en effet, en de telles condi-
tions de souÛ'rances ? M. de Morsang, plus
affaissé encore, enfoncé dans un fauteuil,
laissait errer tristement sa pensée, sans
pouvoir la fixer sur un point déterminé;
Mme de Parthenay pleurait en silence. Seul
le comte, convenablement installé auprès
d'un bon feu, ne partageait aucunement la
douleur de ses voisins; quoique sa physio-
nomie eût pris le masque imposé par les
circonstances, son esprit demeurait calme,
M. de Parthenay se chauffait, sans penser à
rien ! ,. I. '1
Tout-à-coup la porte du salon s'ouvrit
avec fracas. Les trois personnages, brus-
quement tirés de leurs réflexions, levèrent
la tête pour chercher la cause de ce trouble
inaccoutumé.
C'était Léon, qui, entré de cette façon In-
solite, se précipita dans le salon et courut
au baron dont il prit les mains, en s'é-
criant :>
— Je l'ait retrouvée!.
M. de Morsang pâlit affreusement, et sen-
tit ses forces l'abandonner; mais, par un
effort extraordinaire, il parvint à se remet-
tre, et put balbutier :
— Retrouvée l. vous. Jeanne. ma
fille!.
— Oui t. Jeanne!. ma fiancée!.,, je sais
maintenant comment la délivrer ,« de ses
oppresseurs !
Cette fois, le baron, revenu entièrement
à lui, se leva d'un bond. Mme de Parthenay
aussi émue d'entendre les paroles de son
fils, s'était élancée vers lui, prenant ses
mains, interrogeant le jeune homme du re-
gard, sans avoir la force de parler. Le
comte, aussi avait cru devoir abandonner
sa place si douillette et venir auprès du vi-
comte.
— Jeanne ! exclama enfin la comtesse,
mon fils, tu as retrouvé ta fiancée!.
— Hum!. hum!.., grommela le comte,
c'est bien cela !. Je n'attendais pas - moins
d'un Parthenay.
— Vite, fit le baron, tout éperdu, cou-
rons chez le commissaire de police chargé
de l'enquête, et annonçons-lui cette heu-
reuse nouvelle ! ,"
— Gardez-vous en bien 1 fit vivement le
vicomte.
— Pourquoi!.
— Parce que l'introduction, à ce moment
de la police, en cette affaire, gâterait tout !
Les auditeurs de Léon regardèrent ce
dernier avec un étonnement voisin de la
stupéfaction.
— Mais, fit Mme de Parthenay revenue à
elle la première, j'avoua ne rien compren-
dre à ton observation.
— Moi non plus, dit à son tour le baron.
— Quant à moi, ajouta le comte, une telle
recommandation m'étonna tout d'abord ;
mais, en y réfléchissant, formulée par mon
fils, elle ne peut qu'être raisonnable.
— Expliquez-vous, mon ami, dit fébrile-
ment M. de Morsang.
— J'ai retrouvé, non pas encore ma chère
et bien-aimée fiancée, dde it Léon d'un ton
grave, mais les traces de ses ravisseurs !
Un désappoiutement général accueillit ces
paroles, si distinctes des premières.
— Laissez-moi continuer, dit le vicomte
et ne vous désolez pas, à l'improviste, avec
la même facilité que celle mise par vous à
croire tout sauvé ! Ne m'interrompez pas, et
bientôt vous comprendrez que Jeanne va
nous être rendue. Et d'abord, elle est
en parfaite santé ; ses ravisseurs l'ont
confiée aux soins d'une femme qui l'entoure
des meilleures attentions. C'est là, pour
nous, un premier point des plus importants;
il nous permet de ne plus être obsédé par
les tristes pensées qui absorbaient nos es-
prits.
» Je suis, vous ai-je dit, sur les traces
des ravisseurs. Cela m'a demandé de longs
jours de patience et des efforts inimagina-
bles. Qu'importe, j'ai réussi !. Avant trois
jours, je saurai le lieu où Jeanne est seques-
tréo, dans les conditions que je viens de
vous indiquer et que j'ai pu connaître, après
des difficultés sans nombre.
» Mais, pour la réussite de mon entreprise
il importe que la vigilance de nos ennemis
ne puisse être mise en éveil ; à ce seul
prix, je peux affirmer de conduire l'opéra-
tion à bonne fin. Or, nos renseignements
m'ont permis de croire, sérieusement, que
les ravisseurs se gardent surtout de la po-
lice. Ils nous dédaignent et ne nous croient
aucunement capables de procéder à des dé-
marches particulières, Qu'une figure sus-
pecte se montre sur leur chemin, tout est
perdu ! Ils sont parfaitement dissimulés
dans l'ombre, prêts à contrôler la venue de
tout nouveau personnage dans leur domaine,
et, à faire éloigner Mlle Jeanne !
« De moi, ils ne peuvent se défier, sur-
tout après les précautions spéciales qua
j'ai prises à l'effet de manœuvrer dans leur?'
lignes. Laissez-moi achever mon oeuvre, n(
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