Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-06-10
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juin 1881 10 juin 1881
Description : 1881/06/10 (A5,N1511). 1881/06/10 (A5,N1511).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75009741
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
La Lanterne
ADMINISTRATION. rédaction et annonces
I.. A PARIS -
6 — Rue £ ©rç-lierait à
lM articles non insérés ne sérantpas rendus
Abonnements : Paris
TROIS MOIS. 5 n.
SIX MOIS. 9 FR.
Un AN 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN 1.1
UN NUMÉRO : CENTIMES
Abonnements : Départements
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS. 12 FR.
U» AH..*..*••• 24 FIL
CINQUIÈME ANNES. — N!?MMO 15 II
Vendredi 10 juin 1881 (22 prairial an 89)
LE DROIT A L'IMPUNITÉ
Nous avons étudié de près la thèse dé
droit que M. le garde des sceaux entend
soutenir devant la Chambre au profit
de M. Andrieux, et nous nous sommes
renseignés sur les précédents. C'est en
effet - à quelque chose près que nous
dirons tout à l'heure — la thèse légale
que le gouvernement a soutenue et fait
triompher devant ie tribunal des conflits
dans tous les procès intentés aux préfets
de la République par les jésuites, capu-
eins, carmes et autres cagots noirs,
blancs et roux, dont se compose l'en-
geance monastique. 1
Le gouvernemênt, "îîôïï§~dît-on, ne
peut point déserter une jurisprudence
dont l'abandon réduirait ses fonction-
naires à l'impuissance et diminuerait
son autorité. Ce n'est point la personne
de M. Andrieux que M. le garde des
sceaux éntend couvrir, c'est l'autorité
gouvernementale, ce sont les droits de
l'Etat qu'il entend sauvegarder. -
Ainsi posée, la question peut se dis-
cuter, bien que, même en droit et sur-
tout en fait, la thèse-soit fausse. Il n'y a
point parité de situation entre Mme Ey-
ben, arrêtée arbitrairement, illégalement
séquestrée, et les frocards irréguliers
qu'on expulsait au nom de la loi ; pas
plus qu'il n'y a d'assimilation légale pos-
sible entre M. Andrieux — en gants gris
perle — expulsant, par ordre de ses
chefs, les jésuites de Vaugirard, et le
même M. Andrieux - avec ou sans gants
■— agissant de son chef et par abus da
pouvoir, pour faire arrêter illégalement
MmeEyben.
Dans le premier cas, M. Andrieux était
dans l'exercice régulier et légal de ses
fonctions; dans le second cas, il était
hors de ses fonctions, et il en sortait
pour commettre un délit, ou même un
crime.
Ce ne sont pas les gants gris perle qui
font la légalité d'un acte, et M. An-
drieux aurait mis deux paires de gants
l'une sur l'autre, — fussent-ils gris
perle, - quand il a pris la responsabi-
lité de l'affaire Eyben, qu'il n'en aurait
pas moins commis un abus de pouvoir.
Donc, à moins qu'il ne plaise à M. le
garde des sceaux, de soutenir que la
fonction de M. Andrieux consiste-préci-
sénaént "à commettre des arrestations
arbitraires, sa -0 -Hw.s-e"d-e- droit * iw^u-
rait couvrir M. Andrieux. Je doute même
que.M. Andrieux, si effronté soit-il, fut
charmé d'entendre dire que sa façon la
plus habituelle de remplir ses fonctions
c'est de commettre des crimes.
Laissons là, d'ailleurs, la thèse de
droit, dont la subtilité byzantine n'est
qu'un hors-d'œuvre' puéril en présence
de la gravité du fait et de son énormité.
Le fait, le voici :
Dans ou hors l'exercice de ses fonc-
tions— peu importe — M. le préfet de
police a commis tout üu moins un délit,
peut-être un crime.
De plus, mêlant et confondant ses
fonctions de policier et son mandat de
député, pour abuser a la fois des unes
et de l'autrej M. Andrieux a commis en
même temps un abus, de pouvoir et une
infamie.
A la tribune de la. Chambre — où le
préfet de police n'a pas le droit de'parler
-,M. Andrieux a introduit, sous le nom
du député, le préfet de police, et là, com-
mettant mensonge sur bassesse et ca-
lomnie sur lâcheté, falsifiant et ampli-
fiant des rapports qu'il n'avait pas le
droit d'âpporter à cette place, M; An-
drieux a moralement assassiné, devant
la Chambre qui s'est donné le tort de le
laisser faire, la victime de son délit.
Il a surpris la bonne foi de la Cham-
bre ;- il a compromis la dignité du Par-
lement ; il a gravement engagé la res-
ponsabilité morale d'une grande Assem-
blée en la faisant, à son insu, complice
d'un acte odieux..
Voilà le fait ; la Chambre en à les
preuves en main, preuves irrécusables,
car elles émanent de la justice.
Et il suffirait d'une thèse de droit plus
ou moins juste pour que ce coupable de-
meurât impuni, pour que cette forfaiture
fût oubliée, pour que ce fonctionnaire
indigne fût absous !
Il n'y aurait pas de répression pour le
crime ! Il n'y aurait pas de réparation
pour la victime ! Il n'y aurait pas de sa-
tisfaction possible pour la Chambre ba-
fouée et compromise ! Allons donc !
M. le garde des sceaux, que nous sa-
vons honnête homme, n'est point capa-
ble de se prêter à de pareils résultats.
- Et la Chambre ne saurait, sans se con-
damner elle-même, tendre ainsi la joue
à un deuxième soufflet.
Il y a, pour M. le garde des sceaux,
pour la Chambre et pour le gouverne-
ment, un devoir impérieux à remplir et
un-moyen infaillible pour s'en ac-
quitter.
Que M. le garde des sceaux, après
avoir défendu comme il l'entendra la
thèse de droit, se conforme à sa thèse ;
qu'il désigne lui-même le fonctionnaire
coupable aux réquisitions de M. le pro-
cureur général ;
Que la Chambre, après avoir statué
comme elle l'entendra sur la thèse de
droit, fasse justice de la personne,
qu'elle condamne hautement le fonc-
tionnaire infidèle et flétrisse le collègue
indigne dont lel mensonges l'ônt trom-
pée, dont les infamies l'ont compromise;
Que le gouvernement, après avoir
maintenu ses droits, fasse justice de son
agent; qu'il dise à la Chambre : « Je dé-
fends les prérogatives de la fonction ;
mais je révoque le fonctionnaire. »
Ainsi, tout en sauvegardant le droit,
on aura fait justice du crime.
DERNIERES NOUVELLES
■ Troubles graves en Irlande
Cork, 7 juin, soir.
Une émeute sérieuse a éclaté aujourd'hui à
Schull, par suite du bruit qui s'est répandu
de l'arrestation du père Murphy, curé de la pa-
roisse.
Les émeutiers ont défoncé les routes, coupe
les fils télégraphiques et détruit les postes de
police.
Des troupes ont été envoyas de Cork.
Le comité pour la statue de Ciaribaldi
à Nice
Nice, 7 juin, il h. 40, soir.
Le comité, institue pour l'érection d'une sta-
tue â Garibaldi, s'est réuni dans la soirée et a
décide d'interrompre la souscription.
Les fonds déjà recueillis seront déposés à la
recette municipale.
Cour d'assises de Grenoble
Grenoble, 8 juin.
Les débats de l'affaire Bernière (assassinat
d'une femme par son mari) se sont terminés
cette nuit.
L'assassin Bernière a été condamne aux tra-
vaux forcés à perpétuité.
Un drame navrant.
- Rouen. 8 j nin.
Ce matin, à Saint-Etienne-du-Rouvray, a eu
lieu un drame navrant..
Arthur Gand, âgé de seize ans, ayant un
frère de trois ans et une sœur de cinq ans, tous
trois abandonnés par leur mère, résolut dt
mourir avec son. frère et sa sœur. Il alluma un
réchaud.
Le petit garçon était mort quand le garde
champêtre enfonça la porte.
La petite rille est dans un état grave. Ap
thur est peu malade.
Le parquet l'a arrêté et écroué à Rouen. Les
renseignements sur Arthur Gand sont excel*
lents.
La guesre civile en Afghanistan
Londres, 8 juin.
Une dépêche du vice-roi annonce qu'une let.
tre a été reçue de Candahar, suivant laquelle
les troupes de l'émir défirent le 3 juin, près de
Girishk, des forces composées de cavalerie ir-
régulière et d'infanterie, sous le commande.,
ment des chefs des partisans d'Ayoub.
Le combat aurait duré quatre heures. Les per-
tes sont inconnues.
La Ligue agraire en Irlande.
Dublin, 8 jiun.
La Gqzeile publie une proclamation interdisant
le meeting agraire qui devait se tenir à Mullin-,
gar, comté de Westmeath, parce que, suivant:
l'opinion du gouvernement, cette réunion avait
pour but d'empêcher par intimidation, menace"
ou violence, l'exécution de la loi.
Une autre proelamation met en état dé siège
le Kings County, et place sous le régime au
bill de coercition trois baromues du comté de
Meath.
m» HIIII mil au m tW
: PETITE BOURSE DU SOIR
Amortissable. Panama. 536
.3 - nouv. 87 12 Egyptien 6 0/0.. 384 06
.3 0,10. 86 80 Banque Otto m.. 661 87;
S 0/0. IIP 55 Florins..: .»
Italien 9.'l ÕO Hongrois 10S 3/4
Turc. 17 10 Lomoards.
Russe. Ottomane 73. 03 25.
"-
LA STATUE DE VICTOR IIIJGfl
Hier a eu lieu, sous la présidence de M. A. de
la. Forge, l'assemblée générale convoquée pour
l'élection du comité definitif. Î00 assistants en*
viron ont répondu à l'appel du comité provi«
soire. MM. Bugene Mayer, .Tourde, E. Lepelle.
tier, Lalsant, C. Pelletan, C. Mendès, Faivre
Galpin, etc., ont successivement pris la parole
Il a été décidé que le comité définitif serait
composé de cent membres.
La liste suivante a été présentée et votée :
LISTE DES MEMBRES DU COMITÉ
pour l'érection d'une statue à Tictoi
Hugo, sous la présidence d'honneur A
Louis Blanc.
SÉNAT. — MM. le président du Sénat, V. Srhca:
cher, Hérold, Peyrat, Oudet.
CHAMBRE DES DÉPOTÉS. — MM. le président de L
Chambre, J. Ferry, Floquet, A. de la Forge, Ne,
parfait, Marmottan.
CONSEIL MUNICIPAL. — MM. le président du con-
seil municipal, Ernest Hamel Henry Maret, Tony Ré
villon, Eugène Delattre.
ACADÉMIE FRANÇAISE. — MM. le secrétaire perpé-
tue], Ernest Renan, Emile Aubier, Ernest Legouvè.
ACADÉMIE DES SCIENCES. — MM. F. de Lesseps.
Berthelot, Robin, Paul Bert, Mouchez.
POÈTES. — MM. Th. de Banvillo, Lecomte de l'Isle
FEUILLETON DU 10 JUIN 1QSi
125
BAYONNETTE
HISTOIRE D'UNE JOLIE PILLE
: ràOTSÏÈMÉ' PARTIE
LA ,PETITE..CA YENNE
CBÙPIÏRB PREMIER
Suite— :'
Elle l'accusait, mais &le ne voulait
pas le livrer. Il était donc possible d'avoir
pitié d'un pareil misérable? Oh ! si elle eût
été à la place de son amie, en revenant à
elle, elle aurait dit aux agents et- au com-
missaire : ,
-'C'est celui que- vous, cherchez qui a
tué mon enfant ; ne pensant qu'à sa per-
sonne, pour se sauver, il n'a pas hésité à
sacrifier mon fils, le sien ; venez, c'est moi
qui vais vous aider à le retrouver,..
,.;.--- "-' -."1/ -{
Et, depuis cette heure, elle serait à sa
recherche, et, assurément, elle l'aurait li-
vré. Est-ce qu'il était possible qu'une mère
eût pitié d'un pareil homme !
Mais la malheureuse Cayenne, en rappe-
lant la mort de son enfant, en évoquant ses
douleurs, était dans un tel état qu'elle
n'eut qu'une pensée, cesser au plus vite
l'entretien sur ce sujet.
Ecoute, Valentine. Il faut que j'aille
rue du Temple voir comment sont installés
mes amis. J irai en même temps m'infor-
mer du notaire, savoir dans la maison si
l'on sait où il est. Je ne veux pas te dire
ce que je ferai. Nous en reparlerons.
— Que veux-tu dire ? fit la Cayenne, le-
vant ses grands yeux mouillés sur Bayon-
nette.
— Rien. Ne parlons plus de cet épou-
vantable malheur.
— Oh ! ne crains rien, ie pleure, mais le
souvenir de mon enfant ne me fait point
souffrir. J'ai besoin d'en parler pour aviver
ma haine. pour me venger.
— J'aime mieux t'entendre dire cela,
parce qu'en te vengeant, tu te sauveras,
puisque tu prouveras que tu fus victime de
ce misérable.
La Petite- Cayenne allait parler ; Bayon-
nette l'en empééha en lui disant vive-
ment :
— Ne parlons plus de tout cela mainte-
nant. Je voulais te demander une chose
que tu ne m'as pas expliquée.
— Quoi donc ?
— Tu t'appelles véritablement Valentine
Chatel ?
- Oui, c'est mon nom. C'est celui de
mon acte de naissance ; mais je suis assu-
rément la tille de Mme de la Meilleraye
et du marquis.
— C'est fort bien, interrompit Bayon-
nette, je sais cela. Tu te nommes Valen-
nette, je t'appelait Olla.
tine, e t t'ai dit que c'est un nom que j'a-
vais choisie.
— Oui, et d'autres te nomment la petite
marquise. Tu m'as expliqué tout cela.
Maiâ. d'où vient le nom de la Petite-
Gayenne ?
valentine hocha tristement la tête et ré-
pondit :
— Je le justifie encore aujourd'hui.
— Que veux-tu dire ? fit Bayonnette
étonnée.
,- Lorsque je menais la. vie tapageuse
que je t'ai racontée, avant ma maladie,
avant de connaître Michel Filliol, je dépen-
sais un argent fou: je'suis cause de la ruine
de deux de mes amants, l'un qui fit des
faux, l'autre qui vola; tous deux furent ju-
gés et condamnés au bagne. Alors, on dit
que je portais malheur et que je menais les
gens au bagne par un chemin gai. Un jour-
naliste m'appela un jour la Route-de-
Gayenne,et le cercle de garnements qui me
suivait sans cesse, trouvant le mot drôle,
ne cessait de me le rejeter. C'est de là qua
-vint la Petite-Cayenne. Je t'avoue qu'il,
m'amusait alors; j'étais fier de juiner des
hommes, j'aurais voulu qu'on se tuât pour
moi. On me disait que je portais malheur,
et j'en riais. Ce n'était que trop vrai, hé.
las ! tu le vois encore aujourd'hui. je suis
bien là route de Cayenne. 1
Bayonnette avait légèrement plissé son
front en entendant son amie dire qu'elle
portait malheur. Elle était bien près de lui
attribuer tous ses tracas qui avaient véri-
tablement commencé le jour où elle Pavait;
rencontrée; mais cette impression fut pas-
sagère et elle dit :
— Oui, tu te nommeras Cayenne. car
il faut que celui-ci y aille. Il serait trop >
bête qu'a cause de lui tu justifiasses encore
plus ton sobriquet en t'y laissant condui-
re. Maintenant ne parlons plus de toutes
ces tristes choses. Laisse-moi agir sans
m'interroger, ., et dans quelques jours tu
sauras ce que j'aurai fait.
— Je m'abandonne à toi.
— Ce serait trop bête de se laisser ao.
cuser pour un autre, quand il suffit d'tlP
mot pour se tranquilliser et se venger.
l' albxis satfvisa
(La suit?A demain).
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U» AH..*..*••• 24 FIL
CINQUIÈME ANNES. — N!?MMO 15 II
Vendredi 10 juin 1881 (22 prairial an 89)
LE DROIT A L'IMPUNITÉ
Nous avons étudié de près la thèse dé
droit que M. le garde des sceaux entend
soutenir devant la Chambre au profit
de M. Andrieux, et nous nous sommes
renseignés sur les précédents. C'est en
effet - à quelque chose près que nous
dirons tout à l'heure — la thèse légale
que le gouvernement a soutenue et fait
triompher devant ie tribunal des conflits
dans tous les procès intentés aux préfets
de la République par les jésuites, capu-
eins, carmes et autres cagots noirs,
blancs et roux, dont se compose l'en-
geance monastique. 1
Le gouvernemênt, "îîôïï§~dît-on, ne
peut point déserter une jurisprudence
dont l'abandon réduirait ses fonction-
naires à l'impuissance et diminuerait
son autorité. Ce n'est point la personne
de M. Andrieux que M. le garde des
sceaux éntend couvrir, c'est l'autorité
gouvernementale, ce sont les droits de
l'Etat qu'il entend sauvegarder. -
Ainsi posée, la question peut se dis-
cuter, bien que, même en droit et sur-
tout en fait, la thèse-soit fausse. Il n'y a
point parité de situation entre Mme Ey-
ben, arrêtée arbitrairement, illégalement
séquestrée, et les frocards irréguliers
qu'on expulsait au nom de la loi ; pas
plus qu'il n'y a d'assimilation légale pos-
sible entre M. Andrieux — en gants gris
perle — expulsant, par ordre de ses
chefs, les jésuites de Vaugirard, et le
même M. Andrieux - avec ou sans gants
■— agissant de son chef et par abus da
pouvoir, pour faire arrêter illégalement
MmeEyben.
Dans le premier cas, M. Andrieux était
dans l'exercice régulier et légal de ses
fonctions; dans le second cas, il était
hors de ses fonctions, et il en sortait
pour commettre un délit, ou même un
crime.
Ce ne sont pas les gants gris perle qui
font la légalité d'un acte, et M. An-
drieux aurait mis deux paires de gants
l'une sur l'autre, — fussent-ils gris
perle, - quand il a pris la responsabi-
lité de l'affaire Eyben, qu'il n'en aurait
pas moins commis un abus de pouvoir.
Donc, à moins qu'il ne plaise à M. le
garde des sceaux, de soutenir que la
fonction de M. Andrieux consiste-préci-
sénaént "à commettre des arrestations
arbitraires, sa -0 -Hw.s-e"d-e- droit * iw^u-
rait couvrir M. Andrieux. Je doute même
que.M. Andrieux, si effronté soit-il, fut
charmé d'entendre dire que sa façon la
plus habituelle de remplir ses fonctions
c'est de commettre des crimes.
Laissons là, d'ailleurs, la thèse de
droit, dont la subtilité byzantine n'est
qu'un hors-d'œuvre' puéril en présence
de la gravité du fait et de son énormité.
Le fait, le voici :
Dans ou hors l'exercice de ses fonc-
tions— peu importe — M. le préfet de
police a commis tout üu moins un délit,
peut-être un crime.
De plus, mêlant et confondant ses
fonctions de policier et son mandat de
député, pour abuser a la fois des unes
et de l'autrej M. Andrieux a commis en
même temps un abus, de pouvoir et une
infamie.
A la tribune de la. Chambre — où le
préfet de police n'a pas le droit de'parler
-,M. Andrieux a introduit, sous le nom
du député, le préfet de police, et là, com-
mettant mensonge sur bassesse et ca-
lomnie sur lâcheté, falsifiant et ampli-
fiant des rapports qu'il n'avait pas le
droit d'âpporter à cette place, M; An-
drieux a moralement assassiné, devant
la Chambre qui s'est donné le tort de le
laisser faire, la victime de son délit.
Il a surpris la bonne foi de la Cham-
bre ;- il a compromis la dignité du Par-
lement ; il a gravement engagé la res-
ponsabilité morale d'une grande Assem-
blée en la faisant, à son insu, complice
d'un acte odieux..
Voilà le fait ; la Chambre en à les
preuves en main, preuves irrécusables,
car elles émanent de la justice.
Et il suffirait d'une thèse de droit plus
ou moins juste pour que ce coupable de-
meurât impuni, pour que cette forfaiture
fût oubliée, pour que ce fonctionnaire
indigne fût absous !
Il n'y aurait pas de répression pour le
crime ! Il n'y aurait pas de réparation
pour la victime ! Il n'y aurait pas de sa-
tisfaction possible pour la Chambre ba-
fouée et compromise ! Allons donc !
M. le garde des sceaux, que nous sa-
vons honnête homme, n'est point capa-
ble de se prêter à de pareils résultats.
- Et la Chambre ne saurait, sans se con-
damner elle-même, tendre ainsi la joue
à un deuxième soufflet.
Il y a, pour M. le garde des sceaux,
pour la Chambre et pour le gouverne-
ment, un devoir impérieux à remplir et
un-moyen infaillible pour s'en ac-
quitter.
Que M. le garde des sceaux, après
avoir défendu comme il l'entendra la
thèse de droit, se conforme à sa thèse ;
qu'il désigne lui-même le fonctionnaire
coupable aux réquisitions de M. le pro-
cureur général ;
Que la Chambre, après avoir statué
comme elle l'entendra sur la thèse de
droit, fasse justice de la personne,
qu'elle condamne hautement le fonc-
tionnaire infidèle et flétrisse le collègue
indigne dont lel mensonges l'ônt trom-
pée, dont les infamies l'ont compromise;
Que le gouvernement, après avoir
maintenu ses droits, fasse justice de son
agent; qu'il dise à la Chambre : « Je dé-
fends les prérogatives de la fonction ;
mais je révoque le fonctionnaire. »
Ainsi, tout en sauvegardant le droit,
on aura fait justice du crime.
DERNIERES NOUVELLES
■ Troubles graves en Irlande
Cork, 7 juin, soir.
Une émeute sérieuse a éclaté aujourd'hui à
Schull, par suite du bruit qui s'est répandu
de l'arrestation du père Murphy, curé de la pa-
roisse.
Les émeutiers ont défoncé les routes, coupe
les fils télégraphiques et détruit les postes de
police.
Des troupes ont été envoyas de Cork.
Le comité pour la statue de Ciaribaldi
à Nice
Nice, 7 juin, il h. 40, soir.
Le comité, institue pour l'érection d'une sta-
tue â Garibaldi, s'est réuni dans la soirée et a
décide d'interrompre la souscription.
Les fonds déjà recueillis seront déposés à la
recette municipale.
Cour d'assises de Grenoble
Grenoble, 8 juin.
Les débats de l'affaire Bernière (assassinat
d'une femme par son mari) se sont terminés
cette nuit.
L'assassin Bernière a été condamne aux tra-
vaux forcés à perpétuité.
Un drame navrant.
- Rouen. 8 j nin.
Ce matin, à Saint-Etienne-du-Rouvray, a eu
lieu un drame navrant..
Arthur Gand, âgé de seize ans, ayant un
frère de trois ans et une sœur de cinq ans, tous
trois abandonnés par leur mère, résolut dt
mourir avec son. frère et sa sœur. Il alluma un
réchaud.
Le petit garçon était mort quand le garde
champêtre enfonça la porte.
La petite rille est dans un état grave. Ap
thur est peu malade.
Le parquet l'a arrêté et écroué à Rouen. Les
renseignements sur Arthur Gand sont excel*
lents.
La guesre civile en Afghanistan
Londres, 8 juin.
Une dépêche du vice-roi annonce qu'une let.
tre a été reçue de Candahar, suivant laquelle
les troupes de l'émir défirent le 3 juin, près de
Girishk, des forces composées de cavalerie ir-
régulière et d'infanterie, sous le commande.,
ment des chefs des partisans d'Ayoub.
Le combat aurait duré quatre heures. Les per-
tes sont inconnues.
La Ligue agraire en Irlande.
Dublin, 8 jiun.
La Gqzeile publie une proclamation interdisant
le meeting agraire qui devait se tenir à Mullin-,
gar, comté de Westmeath, parce que, suivant:
l'opinion du gouvernement, cette réunion avait
pour but d'empêcher par intimidation, menace"
ou violence, l'exécution de la loi.
Une autre proelamation met en état dé siège
le Kings County, et place sous le régime au
bill de coercition trois baromues du comté de
Meath.
m» HIIII mil au m tW
: PETITE BOURSE DU SOIR
Amortissable. Panama. 536
.3 - nouv. 87 12 Egyptien 6 0/0.. 384 06
.3 0,10. 86 80 Banque Otto m.. 661 87;
S 0/0. IIP 55 Florins..: .»
Italien 9.'l ÕO Hongrois 10S 3/4
Turc. 17 10 Lomoards.
Russe. Ottomane 73. 03 25.
"-
LA STATUE DE VICTOR IIIJGfl
Hier a eu lieu, sous la présidence de M. A. de
la. Forge, l'assemblée générale convoquée pour
l'élection du comité definitif. Î00 assistants en*
viron ont répondu à l'appel du comité provi«
soire. MM. Bugene Mayer, .Tourde, E. Lepelle.
tier, Lalsant, C. Pelletan, C. Mendès, Faivre
Galpin, etc., ont successivement pris la parole
Il a été décidé que le comité définitif serait
composé de cent membres.
La liste suivante a été présentée et votée :
LISTE DES MEMBRES DU COMITÉ
pour l'érection d'une statue à Tictoi
Hugo, sous la présidence d'honneur A
Louis Blanc.
SÉNAT. — MM. le président du Sénat, V. Srhca:
cher, Hérold, Peyrat, Oudet.
CHAMBRE DES DÉPOTÉS. — MM. le président de L
Chambre, J. Ferry, Floquet, A. de la Forge, Ne,
parfait, Marmottan.
CONSEIL MUNICIPAL. — MM. le président du con-
seil municipal, Ernest Hamel Henry Maret, Tony Ré
villon, Eugène Delattre.
ACADÉMIE FRANÇAISE. — MM. le secrétaire perpé-
tue], Ernest Renan, Emile Aubier, Ernest Legouvè.
ACADÉMIE DES SCIENCES. — MM. F. de Lesseps.
Berthelot, Robin, Paul Bert, Mouchez.
POÈTES. — MM. Th. de Banvillo, Lecomte de l'Isle
FEUILLETON DU 10 JUIN 1QSi
125
BAYONNETTE
HISTOIRE D'UNE JOLIE PILLE
: ràOTSÏÈMÉ' PARTIE
LA ,PETITE..CA YENNE
CBÙPIÏRB PREMIER
Suite— :'
Elle l'accusait, mais &le ne voulait
pas le livrer. Il était donc possible d'avoir
pitié d'un pareil misérable? Oh ! si elle eût
été à la place de son amie, en revenant à
elle, elle aurait dit aux agents et- au com-
missaire : ,
-'C'est celui que- vous, cherchez qui a
tué mon enfant ; ne pensant qu'à sa per-
sonne, pour se sauver, il n'a pas hésité à
sacrifier mon fils, le sien ; venez, c'est moi
qui vais vous aider à le retrouver,..
,.;.--- "-' -."1/ -{
Et, depuis cette heure, elle serait à sa
recherche, et, assurément, elle l'aurait li-
vré. Est-ce qu'il était possible qu'une mère
eût pitié d'un pareil homme !
Mais la malheureuse Cayenne, en rappe-
lant la mort de son enfant, en évoquant ses
douleurs, était dans un tel état qu'elle
n'eut qu'une pensée, cesser au plus vite
l'entretien sur ce sujet.
Ecoute, Valentine. Il faut que j'aille
rue du Temple voir comment sont installés
mes amis. J irai en même temps m'infor-
mer du notaire, savoir dans la maison si
l'on sait où il est. Je ne veux pas te dire
ce que je ferai. Nous en reparlerons.
— Que veux-tu dire ? fit la Cayenne, le-
vant ses grands yeux mouillés sur Bayon-
nette.
— Rien. Ne parlons plus de cet épou-
vantable malheur.
— Oh ! ne crains rien, ie pleure, mais le
souvenir de mon enfant ne me fait point
souffrir. J'ai besoin d'en parler pour aviver
ma haine. pour me venger.
— J'aime mieux t'entendre dire cela,
parce qu'en te vengeant, tu te sauveras,
puisque tu prouveras que tu fus victime de
ce misérable.
La Petite- Cayenne allait parler ; Bayon-
nette l'en empééha en lui disant vive-
ment :
— Ne parlons plus de tout cela mainte-
nant. Je voulais te demander une chose
que tu ne m'as pas expliquée.
— Quoi donc ?
— Tu t'appelles véritablement Valentine
Chatel ?
- Oui, c'est mon nom. C'est celui de
mon acte de naissance ; mais je suis assu-
rément la tille de Mme de la Meilleraye
et du marquis.
— C'est fort bien, interrompit Bayon-
nette, je sais cela. Tu te nommes Valen-
nette, je t'appelait Olla.
tine, e t t'ai dit que c'est un nom que j'a-
vais choisie.
— Oui, et d'autres te nomment la petite
marquise. Tu m'as expliqué tout cela.
Maiâ. d'où vient le nom de la Petite-
Gayenne ?
valentine hocha tristement la tête et ré-
pondit :
— Je le justifie encore aujourd'hui.
— Que veux-tu dire ? fit Bayonnette
étonnée.
,- Lorsque je menais la. vie tapageuse
que je t'ai racontée, avant ma maladie,
avant de connaître Michel Filliol, je dépen-
sais un argent fou: je'suis cause de la ruine
de deux de mes amants, l'un qui fit des
faux, l'autre qui vola; tous deux furent ju-
gés et condamnés au bagne. Alors, on dit
que je portais malheur et que je menais les
gens au bagne par un chemin gai. Un jour-
naliste m'appela un jour la Route-de-
Gayenne,et le cercle de garnements qui me
suivait sans cesse, trouvant le mot drôle,
ne cessait de me le rejeter. C'est de là qua
-vint la Petite-Cayenne. Je t'avoue qu'il,
m'amusait alors; j'étais fier de juiner des
hommes, j'aurais voulu qu'on se tuât pour
moi. On me disait que je portais malheur,
et j'en riais. Ce n'était que trop vrai, hé.
las ! tu le vois encore aujourd'hui. je suis
bien là route de Cayenne. 1
Bayonnette avait légèrement plissé son
front en entendant son amie dire qu'elle
portait malheur. Elle était bien près de lui
attribuer tous ses tracas qui avaient véri-
tablement commencé le jour où elle Pavait;
rencontrée; mais cette impression fut pas-
sagère et elle dit :
— Oui, tu te nommeras Cayenne. car
il faut que celui-ci y aille. Il serait trop >
bête qu'a cause de lui tu justifiasses encore
plus ton sobriquet en t'y laissant condui-
re. Maintenant ne parlons plus de toutes
ces tristes choses. Laisse-moi agir sans
m'interroger, ., et dans quelques jours tu
sauras ce que j'aurai fait.
— Je m'abandonne à toi.
— Ce serait trop bête de se laisser ao.
cuser pour un autre, quand il suffit d'tlP
mot pour se tranquilliser et se venger.
l' albxis satfvisa
(La suit?A demain).
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