Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-05-29
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 mai 1881 29 mai 1881
Description : 1881/05/29 (A5,N1510). 1881/05/29 (A5,N1510).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7500962t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
i
ADMINISTRATION, REDACTION ET ANNONCES
A PARIS
& — Rue Cora-iféroBii « 5
lM articles mn insérés m seront peu m
Abonnements : Paris
TROIS MOIS. 5 FR.
SIX M0IS 9 FEU
Un AN 18FR.
JOURNAL POLITIQUE
,
«feUOVKIBpEnr
'.1
UN NUMÉRO : Ci CEJiïîMES
Abonnements : Départements
THOIS !tOIS. 6 M.
SIX MOIS. 12 FR
EU ÃII..eue..e; 24M
CINQUIÈME - NUMÉRO 1510
vri ¥,.
,-.
Dimanche 29 mai 1881 (10 prairial an 89)
UN VOYAGE INSTRUCTIF
C'était après le 4 septembre 1870. La
République venait d'être proclamée par
le peuple de Paris. Nous tous, républi-
cains de longue date, nous applaudis-
pions à cette réalisation de nos voeux,
disant : « Cette fois, la République est
éternelle. »
- Mes amis, nous dit un vieillard qui
avait traversé bien des révolutions et
qui avait puisé un certain scepticisme
1 dans une longue pratique des hommes
et des choses, réiouissez-vous, vous avez
raison ; mais retenez bien ceci : quand
l'esprit monarchique aura disparu de
toute l'Europe, le dernier pays où on le
retrouvera, ce sera la France.
Cette boutade, longtemps oubliée,
m'est revenue à la mémoire a propos du
voyage triomphal de M. Gambetta à
Cahors, et j'en suis à me demander si
le vieillard de 1870 n'avait pas raison.
Il n'y a pas à se faire d'illusion. Le
voyage de M. Gambetta est un voyage
césanen. Il rappelle, à s'y méprendre,
les fameux voyages napoléoniens, alors
que les populations rurales, menées par
leurs maires à l'instigation des préfets
et sous la surveillance des gendarmes,
accouraient sur le passage du train offi-
ciel et saluaient de leurs acclamations
l'homme qui, après avoir étranglé la Ré-
publique et étouffé toutes les libertés,
devait mener la France au Mexique d'a-
bord, à Sedan ensuite.
C'est la même mise en scène ; c'est le
même âpôthéose. Rien n'y manque, ni le
concours des autorités civiles et militai-
res, ni l'affluence des foules, ni les ha-
rângués complimenteuses des maires, ni
les coups de fusil tirés en l'air en té-
moignage d'allégresse, ni les illumina-
tions des édifices publics et des maisons
particulières, ni les poignées de mains
intelligemment distribuées, ni les scènes
d'attendrissement, ni la servilité géné-
rais.
L'Eglise même participe à cet agenouil-
lement universel. Les cloches sonnent
sur le passage de celui que les amis ap-
pellent déjà le dictateur; et si les prêtres
ne chantent pas encore, à l'Offertoire:
beus salvum fac Leonem Gambetta, ce
n'est que partie remise.
Et quelle suite entraîne derrière lui
l'homme providentiel: sénateurs, dépu-
tés, généraux, magistrats, historiogra-
phes, fonctionnaires de tous ordres et de
tous rangs, sans compter une armée de
reporters. Quel César eut jamais plus
nombreux cortège.
Puis viennent en rangs pressés les sol-
liciteurs. M. Gambetta n'a pas reçu, dit-
on, moins de 2,300 demandes d'audience;
il faut bien prendre date pour la future
distribution des faveurs.
Déjà la distribution des candidatures
est faite pour le département du Lot. M.
Gambetta s'est naturellement mis en
tète de la liste, et les trois autres places
ont été données à ses fidèles, au nombre
desquels figure M. Calmon fils.
La distribution des décorations a.éga-
lement commencé. M. Gambetta s'est
muni, à son départ, d'une provision de
décrets qui lui permet d'agir pour l'oc-
troi dés rubans rouges avec la libéra-
lité accoutumée des souverains en
voyage. -
On ne dit pas s'il a été distribué des
tabatières enrichies de diamants. Ce
serait là un oubli regrettable ; mais, en
revanche, il a été frappé une médaille
en cuivre doré portant 1 effigie du dicta-
teur avec cette légende : « Léon Gam-
betta, président de la Chambre des. dé-
putés, né à Cahors le 2 avril 1838. » Cette
médaille a été répandue à profusion
dans tout le département. Elle consti-
tue le signe de ralliement des gambet-
tistes.
C'est complet comme résurrection des
mœurs et des traditions monarchiques.
Pouvait-il en être autrement avec la po-
litique opportuniste ?
Comment ces poplations, qui font une
ovation triomphale à. M. Gambetta, au-
raient-elles pris les mœurs de la liberté,
lorsque tantôt sous un prétexte, tantôt
sous un autre, toutes les libertés qui
grandissent les hommes et les habituent
à ne s'incliner devant aucun maître leur
ont été refusées ?
Nous avons toujours les lois de l'em-
pire ; pourquoi n'aurions-nous pas les
mœurs de l'empire ?
Les places, les secours, les dignités,
les allocations budgétaires aux commu-
nes et aux particuliers dépendent tou-
jours de la faveur ; pourquoi, dans ce
pays de fonctionnarisme, tous ceux qui
désirent leur part du gâteau ne s'age-
nouilleraient-ils pas devant le grand
distributeur des emplois et des secours ?
Le sort des fonctionnaires étant tou-
jours à la merci de l'arbitraire, comment
ces hommes ne se presseraient-ils pas à
la suite de celui qu'ils supposent" pou-
voir les faire révoquer ou leur faire don-
ner de l'avancement?
Ce qui se passe à Cahors depuis qua-
tre jours, le spectacle de cette inclina-
tion de tous ou de presque tous devant
un homme, cette exaltation de M. Gam-
betta, cette attention de toute la France
dirigée d'un seul côté, tout cela est la
plus haute condamnation de la'politique
dite opportuniste.
Rien ne montre mieux à quel abaisse-
ment des caractères conduit cette politi-
que. Puisse la France le comprendre à
la veille des élections générales et tirer
du voyage de Cahors l'enseignement qui
s'y trouve contenu.
LE mm DE i GAMBETTA
A CAHORS
Cahors, 26 mai, 11 h. 35 soir.
(avivée le 27 au matin).
Dans la soirée, feu d'artifice, brillante retraite
aux flambeaux, illuminations, feux de bengale.
Une foule nombreuse suivait la musique en
chantant la Marseillaise.
Après la retraite, la foule emporta dans la
cour du maire de Cahors, chez lequel dînait le
président de la Chambre, et l'envahit aux cris
de: Vive Gambetta ! vive la République !
Le président de la Chambre dut se montrer.
Il dit que, bien qu'il ne vienne pas souvent à
Cahors, il n'oubliait pas ses concitoyens.
Il leur fit observer qu'il ne fallait pas accla-
mer un homme mais un principe et que Vie
principe c'était la République. V.
Il termina en remerciant ses concitoyens de
cet accueil qui lui rappelait qu'il devait être un
des serviteurs les plus fidèles de la démocratie.
La foule applaudit, et se retira en faisant une
seconde ovation à M. Gambetta.
Cahors, 27 mai, 10 h. 30 matin.
M. Gambetta, accompagné de MM. Arnaud
et Etienne, est parti ce matin, à six heures. Il
est allé visiter le tunnel de Bouzergues. Il est
la construction vient d'être terminée. est
situé sur la ligne de Brives à Montauban par
Cahors. M. Gambetta a été reçu par l'ingé-
nieur en chef du département, les ingénieurs
de service et le directeur des travaux. Il a tra-
versé à pied le tunnel, qui a environ 850 mè-
tres.
Les ouvriers éclairaient avec des torches et
criaient : Vive la République ! Vive Gambetta !
Parmi eux se trouvaient des ouvriers italiens
qui poussèrent à plusieurs reprises les cris de :
Vivent la France.
Pendant la traversée du tunnel, les ouvriers
ont fait sauter plusieurs mines avec de la dy-
namite.
Cahors, 27 mai, 11 h. 25, matin.
Les préfets du Tarn et de la Creuse, venus
à Cahors pour les fêtes, ont rendu visite à Ttf.
Gambetta.
Le président de la Chambre a reçu ensuite
le corps enseignant. Le recteur, en faisant les
présentations, a prononcé une courte allucu-
tion.
Outre les professeurs du lycée, on remar-
quait beaucoup d'instituteurs venus des com-
munes environnantes.
M. Gambetta a reçu ensuite les conducteurs
des ponts et chaussées.
Cahors, 27 mai, 5 heures soir.
A quatre heures, aujourd'hui, a eu lieu l'i-
nauguration du monument des mobiles du
Lot, sur la place Lafayette. Ce monument se
compose d'une pyramide octogonale surmontée
d'une couronne murale, reposant sur un socle.
Sur chacune des quatre laces de ce socle se
dresse la statue d'un soldat.
Au pied du monument expire, brandissant
encore son épée, le commandant Fouillade.
Cette œuvre est du sculpteur Calmon, qui
occupe sur l'estrade une place d'honneur.
Une porte a été pratiquée dans le piédestal
du monument, qui portera, à l'intérieur, les
noms des soldats tombés en 1870 sur le champ
de bataille.
L'estrade, construite par les soins du génie
militaire, est élevée sur des chariots et des
prolonges d'artillerie.
Au fond, une grande draperie rouge sur la-
quelle est peinte une immense croix d'honneur
entourée de sabres et de fourreaux.
Le temps, pluvieux jusqu'à trois heures,s'est
ensuite éclairci, et la fête a4 été favorisée par'!
un soleil superbe.
Les curieux s'étaient perchés jusque sur les.
toits environnants. 1,500 personnes avaient
pris place dans l'enceinte réservée, et 7 à 8,000'
etaient groupées aux environs. -;
A gauche de l'estrade : le général Appert et
le préfet du Lot, M. Bargeton; à gauche, M-
.Calmon, vice-président du Sénat et le général
îLenoel, entourés des membres du conseil gé-
néral et du conseil municipal, des sous-préfets
du département, des préfets du Puy-de-Dôme,
de Tarn-et-Garonne, de Lot-et-'Garonne, de la,
Haute-Garonne; de MM. Jean David, Spuller,
Roque, Treilhard, députés; de MM. Hebrard.
et Foucher de Careil, sénateurs, etc.', etc. 6J
Le service d'ordre est fait par deux compa-
gnies du 131e et du 78 de ligne et par plusieurs,
compagnies de pompiers. :
La musique du 18* d'artillerie est présente. ".j
A quatre heures arrive M. Gambetta, aecom-"'
pagné d'une suite des plus brillantes, dans la.:
quelle nous remarquons des généraux, des dé- !
pûtes, des sénateurs, des conseillers géné.
raux, etc. , :
A
raux, l'arrivée de Gambetta, les clairons de l'in-ii,
fanterie de ligne ont sonné aux champs, Ii
musique de l'artillerie a joué la Marseillaise
ees bravos unanimes se sont fait entendre, e
même temps que les cris : Vive la République.
Vive Gambetta! s'élevaient..L'orphéon de C a-
hors a ensuite exécuté un" chœur intitulé
Combat naval. ?
Le commandant Guiraudies Capdeville, chef
du 1er bataillon du 131e régiment d'infanterie
territoriale,e prononcé le premier discours. h-
L'empire, a-t-il devenait de crouler à Sedan, lader»^
nière armee française, héroïque, acculée par là tra-'
hison sous les murs de Metz, allait bientôt succom-*
ber. Des hommes au cœur fort, animés du plus ar..t
dent patriotisme, acceptèrent alors la périlleuse mis->
sion de défendre le sol national ; à leur appel, le pia
frémissant se leva tout entier, des armées furent M.
provisees, la lutte recommença. }r
Après avoir fait l'historique des quatorze 't
combats auxquels ont assisté les gardes mobi;
les du Lot, qui, à la fin de la guerre, avaient-
dix officiers tués et (ftiinze blessés, neuf centa
hommes tués, sur uns. effectif de trois millesiie,
cents, il termine ainsi -
Si la France envahie avait encore besoin fde nos:!,
bras, que la vue de ce monument élevé par vosi
soins vous rappelle que nos-, frères d'armes n'one
point hésité à faire le sacrifice de leur existences
pour défendte le sol sacré de lepatrie.
La musique de l'artillerie joue alors le chœuri
des Girondins, le Clianl du Départ et la Marseil-,
laise. Puis la musique de la lignexommence lai
Marche des Drapeauv du li juillet. ■„ ,
Le général Appert prend ensuite la parole.
C'est s'honorer, a-t-ihdit,que d'honorer la memoira
de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour
leur pays, et, à ce titre, nous vous devons, au nom:
de l'armée, des remercîments pour la,part que vous
avez prise à la création de ce monument. t
Il fait de même allusion à ceux de nos sol-
dats qui sont actuellement en Tunisie, et qui\
font preuve de si grandes" qualités de solidité-
militaire.
Discours de M. Gambetta
Au milieu des applaudissements, M. Gai&Ê^
betta se lève et prononce le diseours suivant
dont nous donnons le" texte complet : V
Mes chers compatriotes,
Les peuples qui veulent rester libres et. indépan-
dants doivent faire passer sous les yeux des jeunes'
générations les exemples et les souvenirs qui forti"
nent les âmes, qui forment les caractères, qui trem-
pent de bonne heure le courage et qui, par consé-
quent constituent ce qu'il y a de plus élevé dans
1 éducation nationale.
Tous les peuples qui ont compté dans l'histoire,
qui y ont pris leur vraie place. et surtout qui l'ont,
garaée. ont eu par-dessus tout le culte du sacrifice
et de l'abnégation militaires, et. aujourd'hui plus
FEUILLETON DU 29 MAI 1*81
113
BAYONNETTE
1
HISTOIRE D'UNE JOLIE FILLE
DEUXIÈME PARIE
DÉSHONORÉE POUR LIOUEUR
IX
Ah! quel plaisir d'être papa:
- Suite—
Elle descendit et retrouva Valentine qui
l'attendait dans l'allée, n'osant sortir.
- Allons, c'est le moment, fit Bayon-
nette; quand nous serons sorties de la rue,
il n'y aura plus de Jauger. Du courage,
fais attention à toi, mais n'aie pas cette
mine inquiète. aie l'air dégagé.
Elle glissa soii bras sous celui de la jeune
iille et l'entraîna au dehors ; elle la sentait
trembler, et d'un air souriant, comme si
elle racontait la chose la plus gaie du mon-
de, elle lui dit à voix basse :
— Valentine, tiens-toi ferme, aie donc
l'air de rire avec moi; nous allons passer
devant eux et l'on nous observe. Ris
donc; mais ris donc!.
La Petite-Cayenne eut un éclat de rire
nerveux, auquel Bayonnette répondit en
riant également :
— Bravo ! très bien ça. Tu vois, nous
les avons dépassés et ils ne s'occupent déjà
plus de nous. Les gens qui n'ont pas la
conscience tranquille ne rient pas comme
Oci
* Elles suivaient la rue du Temple; Bayon-
nette venait de dire :
— Maintenant, tu peux être tranquille,
nous sommes loin d'eux.
La Petite-Cayenne sentit tout à coup le
bras de son amie se crisper sur le sien;
elle crut qu'elle voyait un danger nouveau;
pâle et tremblante, elle la regarda disant
d'une voix sourde :
— Qu'y a-t-il ?. Sauvons-nous !.
— Non, non. Ce n'est pas de toi qu'il
s'agit.
Bayonnette venait de voir sortir de
chez elle Célina, au bras d'Edmond. Celui-
ci avait vu la jeune fille, et Célina s'en était
aperçu, car, échangeant un regard haineux
avec Bayonnette, cette dernière l'entendit
dire :
— Eh bien, tu vois que ton amoureuse
est consolée. et tu croyais à la vertu de
ça. ,
En tout autre moment, Célina aurait
payé cher la phrase qu'elle venait de pro-
noncer, mais 1,(Y jeune ouvrière ne s'appar-
tenait pas. Elle devait d'abord sauver son
amie; elle se contenta de dire :
— Je te retrouverai.
— Qu'as-tu donc ?
- Tu as vu cet -homme et cette femme;
ce sont ces gens qui m'ont perdue, c'est
cet homme qui m'a trompée, c'est cette
femme qui m'a calomniée: Elle a dit à
tous : « Bayonnette est une éhontée qui se
livre à qui la veut, » et moi qui suis une
honnête fille, entends-tu, je suis considérée
maintenant. comme une noceuse ; j'avais
rêvé une vie calme, tranquille, une - vie de
ménage ; cela n'est plus possible. Ces gens
ont dit et prouvent que j'ai eu des amants.
Mais je te conterai tout cela un jour. Occu-
pons-nous de toi d'abord.
Elles suivaient la rue Chapon ; arrivées
rue Saint-Martin, Bayonnette dit :
— Maintenant, tu n'as plus rien à crain-
dre.
Moins d'une heure après, les deux jeunes
filles étaient installées - aux Ternes. Là,
plus tranquilles, Valentine lui dit :
— Maintenant il faut songer à vivre; avec
les dépenses que tu as faites, tu ne dois
plus avoir beaucoup d'argent.
— Dame, non; mes économies y sont pas-
sées.
- Et je ne puis rester avec un seul cos-
tume. il me faut des vêtements d'homme;
tu comprends que je ne veux pas que tu
travailles pour moi. tu vas aller chez
rageut de change toucher l'argent dça obli-
gations.
Bayonnette ne crut pas devoir faire d'ob-!
servation ; elle était prête à partager cal
qu'elle avait, il était simple que son am;&{
en fit autant. Elle se rendit chez l'agent de)
change, non sans une certaine appréhen->
sion, que rien ne justifiait ; on lui remit lai
somme, qu'elle rapporta à Valentine : uiit
peu plus de dix mille francs! Jamais*
la jeune fille n'en avait tant vu. LeS:
jeunes filles décidèrent aussitôt que pour'
être à l'abri de leurs nouveaux ennemis,
elles quitteraient la chambre meublée etl
s'installerait dans un logement que Bayon-
nette allait louer et faire simplement meu-
bler, du côté de Montmartre; ainsi, on dé-i
pisterait toutes les recherches, au cas oiti
on s'acharnerait à la poursuite de la Pe-r
tite-Cayenne. Ceci arrêté, Bayonnette sei
mit en route. Le soir elle avait trouvé lés
logement ; elle avait fait prix d'un petit-
mobilier. Deux jours après, elle devait s'y*
installer avec son amie.
Le soirt elle se rendait au rendez-vous-
fixé par Elysée. Elle le trouvait seul. Ely-.'
sée, méfiant, avait fait attendre Christianai
dans une maison voisine. Bayonnette le lui:
reprocha ; mais, ainsi qu'elle le lui avait
promis, elle le mena chez elle et le pré-j
senfca à sa concierge comme le nouveaux
marié qui devait occuper sa chambre. ,'.
ALEXIS BOUVIER v
(La suite à demain) -
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A PARIS
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TROIS MOIS. 5 FR.
SIX M0IS 9 FEU
Un AN 18FR.
JOURNAL POLITIQUE
,
«feUOVKIBpEnr
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UN NUMÉRO : Ci CEJiïîMES
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SIX MOIS. 12 FR
EU ÃII..eue..e; 24M
CINQUIÈME - NUMÉRO 1510
vri ¥,.
,-.
Dimanche 29 mai 1881 (10 prairial an 89)
UN VOYAGE INSTRUCTIF
C'était après le 4 septembre 1870. La
République venait d'être proclamée par
le peuple de Paris. Nous tous, républi-
cains de longue date, nous applaudis-
pions à cette réalisation de nos voeux,
disant : « Cette fois, la République est
éternelle. »
- Mes amis, nous dit un vieillard qui
avait traversé bien des révolutions et
qui avait puisé un certain scepticisme
1 dans une longue pratique des hommes
et des choses, réiouissez-vous, vous avez
raison ; mais retenez bien ceci : quand
l'esprit monarchique aura disparu de
toute l'Europe, le dernier pays où on le
retrouvera, ce sera la France.
Cette boutade, longtemps oubliée,
m'est revenue à la mémoire a propos du
voyage triomphal de M. Gambetta à
Cahors, et j'en suis à me demander si
le vieillard de 1870 n'avait pas raison.
Il n'y a pas à se faire d'illusion. Le
voyage de M. Gambetta est un voyage
césanen. Il rappelle, à s'y méprendre,
les fameux voyages napoléoniens, alors
que les populations rurales, menées par
leurs maires à l'instigation des préfets
et sous la surveillance des gendarmes,
accouraient sur le passage du train offi-
ciel et saluaient de leurs acclamations
l'homme qui, après avoir étranglé la Ré-
publique et étouffé toutes les libertés,
devait mener la France au Mexique d'a-
bord, à Sedan ensuite.
C'est la même mise en scène ; c'est le
même âpôthéose. Rien n'y manque, ni le
concours des autorités civiles et militai-
res, ni l'affluence des foules, ni les ha-
rângués complimenteuses des maires, ni
les coups de fusil tirés en l'air en té-
moignage d'allégresse, ni les illumina-
tions des édifices publics et des maisons
particulières, ni les poignées de mains
intelligemment distribuées, ni les scènes
d'attendrissement, ni la servilité géné-
rais.
L'Eglise même participe à cet agenouil-
lement universel. Les cloches sonnent
sur le passage de celui que les amis ap-
pellent déjà le dictateur; et si les prêtres
ne chantent pas encore, à l'Offertoire:
beus salvum fac Leonem Gambetta, ce
n'est que partie remise.
Et quelle suite entraîne derrière lui
l'homme providentiel: sénateurs, dépu-
tés, généraux, magistrats, historiogra-
phes, fonctionnaires de tous ordres et de
tous rangs, sans compter une armée de
reporters. Quel César eut jamais plus
nombreux cortège.
Puis viennent en rangs pressés les sol-
liciteurs. M. Gambetta n'a pas reçu, dit-
on, moins de 2,300 demandes d'audience;
il faut bien prendre date pour la future
distribution des faveurs.
Déjà la distribution des candidatures
est faite pour le département du Lot. M.
Gambetta s'est naturellement mis en
tète de la liste, et les trois autres places
ont été données à ses fidèles, au nombre
desquels figure M. Calmon fils.
La distribution des décorations a.éga-
lement commencé. M. Gambetta s'est
muni, à son départ, d'une provision de
décrets qui lui permet d'agir pour l'oc-
troi dés rubans rouges avec la libéra-
lité accoutumée des souverains en
voyage. -
On ne dit pas s'il a été distribué des
tabatières enrichies de diamants. Ce
serait là un oubli regrettable ; mais, en
revanche, il a été frappé une médaille
en cuivre doré portant 1 effigie du dicta-
teur avec cette légende : « Léon Gam-
betta, président de la Chambre des. dé-
putés, né à Cahors le 2 avril 1838. » Cette
médaille a été répandue à profusion
dans tout le département. Elle consti-
tue le signe de ralliement des gambet-
tistes.
C'est complet comme résurrection des
mœurs et des traditions monarchiques.
Pouvait-il en être autrement avec la po-
litique opportuniste ?
Comment ces poplations, qui font une
ovation triomphale à. M. Gambetta, au-
raient-elles pris les mœurs de la liberté,
lorsque tantôt sous un prétexte, tantôt
sous un autre, toutes les libertés qui
grandissent les hommes et les habituent
à ne s'incliner devant aucun maître leur
ont été refusées ?
Nous avons toujours les lois de l'em-
pire ; pourquoi n'aurions-nous pas les
mœurs de l'empire ?
Les places, les secours, les dignités,
les allocations budgétaires aux commu-
nes et aux particuliers dépendent tou-
jours de la faveur ; pourquoi, dans ce
pays de fonctionnarisme, tous ceux qui
désirent leur part du gâteau ne s'age-
nouilleraient-ils pas devant le grand
distributeur des emplois et des secours ?
Le sort des fonctionnaires étant tou-
jours à la merci de l'arbitraire, comment
ces hommes ne se presseraient-ils pas à
la suite de celui qu'ils supposent" pou-
voir les faire révoquer ou leur faire don-
ner de l'avancement?
Ce qui se passe à Cahors depuis qua-
tre jours, le spectacle de cette inclina-
tion de tous ou de presque tous devant
un homme, cette exaltation de M. Gam-
betta, cette attention de toute la France
dirigée d'un seul côté, tout cela est la
plus haute condamnation de la'politique
dite opportuniste.
Rien ne montre mieux à quel abaisse-
ment des caractères conduit cette politi-
que. Puisse la France le comprendre à
la veille des élections générales et tirer
du voyage de Cahors l'enseignement qui
s'y trouve contenu.
LE mm DE i GAMBETTA
A CAHORS
Cahors, 26 mai, 11 h. 35 soir.
(avivée le 27 au matin).
Dans la soirée, feu d'artifice, brillante retraite
aux flambeaux, illuminations, feux de bengale.
Une foule nombreuse suivait la musique en
chantant la Marseillaise.
Après la retraite, la foule emporta dans la
cour du maire de Cahors, chez lequel dînait le
président de la Chambre, et l'envahit aux cris
de: Vive Gambetta ! vive la République !
Le président de la Chambre dut se montrer.
Il dit que, bien qu'il ne vienne pas souvent à
Cahors, il n'oubliait pas ses concitoyens.
Il leur fit observer qu'il ne fallait pas accla-
mer un homme mais un principe et que Vie
principe c'était la République. V.
Il termina en remerciant ses concitoyens de
cet accueil qui lui rappelait qu'il devait être un
des serviteurs les plus fidèles de la démocratie.
La foule applaudit, et se retira en faisant une
seconde ovation à M. Gambetta.
Cahors, 27 mai, 10 h. 30 matin.
M. Gambetta, accompagné de MM. Arnaud
et Etienne, est parti ce matin, à six heures. Il
est allé visiter le tunnel de Bouzergues. Il est
la construction vient d'être terminée. est
situé sur la ligne de Brives à Montauban par
Cahors. M. Gambetta a été reçu par l'ingé-
nieur en chef du département, les ingénieurs
de service et le directeur des travaux. Il a tra-
versé à pied le tunnel, qui a environ 850 mè-
tres.
Les ouvriers éclairaient avec des torches et
criaient : Vive la République ! Vive Gambetta !
Parmi eux se trouvaient des ouvriers italiens
qui poussèrent à plusieurs reprises les cris de :
Vivent la France.
Pendant la traversée du tunnel, les ouvriers
ont fait sauter plusieurs mines avec de la dy-
namite.
Cahors, 27 mai, 11 h. 25, matin.
Les préfets du Tarn et de la Creuse, venus
à Cahors pour les fêtes, ont rendu visite à Ttf.
Gambetta.
Le président de la Chambre a reçu ensuite
le corps enseignant. Le recteur, en faisant les
présentations, a prononcé une courte allucu-
tion.
Outre les professeurs du lycée, on remar-
quait beaucoup d'instituteurs venus des com-
munes environnantes.
M. Gambetta a reçu ensuite les conducteurs
des ponts et chaussées.
Cahors, 27 mai, 5 heures soir.
A quatre heures, aujourd'hui, a eu lieu l'i-
nauguration du monument des mobiles du
Lot, sur la place Lafayette. Ce monument se
compose d'une pyramide octogonale surmontée
d'une couronne murale, reposant sur un socle.
Sur chacune des quatre laces de ce socle se
dresse la statue d'un soldat.
Au pied du monument expire, brandissant
encore son épée, le commandant Fouillade.
Cette œuvre est du sculpteur Calmon, qui
occupe sur l'estrade une place d'honneur.
Une porte a été pratiquée dans le piédestal
du monument, qui portera, à l'intérieur, les
noms des soldats tombés en 1870 sur le champ
de bataille.
L'estrade, construite par les soins du génie
militaire, est élevée sur des chariots et des
prolonges d'artillerie.
Au fond, une grande draperie rouge sur la-
quelle est peinte une immense croix d'honneur
entourée de sabres et de fourreaux.
Le temps, pluvieux jusqu'à trois heures,s'est
ensuite éclairci, et la fête a4 été favorisée par'!
un soleil superbe.
Les curieux s'étaient perchés jusque sur les.
toits environnants. 1,500 personnes avaient
pris place dans l'enceinte réservée, et 7 à 8,000'
etaient groupées aux environs. -;
A gauche de l'estrade : le général Appert et
le préfet du Lot, M. Bargeton; à gauche, M-
.Calmon, vice-président du Sénat et le général
îLenoel, entourés des membres du conseil gé-
néral et du conseil municipal, des sous-préfets
du département, des préfets du Puy-de-Dôme,
de Tarn-et-Garonne, de Lot-et-'Garonne, de la,
Haute-Garonne; de MM. Jean David, Spuller,
Roque, Treilhard, députés; de MM. Hebrard.
et Foucher de Careil, sénateurs, etc.', etc. 6J
Le service d'ordre est fait par deux compa-
gnies du 131e et du 78 de ligne et par plusieurs,
compagnies de pompiers. :
La musique du 18* d'artillerie est présente. ".j
A quatre heures arrive M. Gambetta, aecom-"'
pagné d'une suite des plus brillantes, dans la.:
quelle nous remarquons des généraux, des dé- !
pûtes, des sénateurs, des conseillers géné.
raux, etc. , :
A
raux, l'arrivée de Gambetta, les clairons de l'in-ii,
fanterie de ligne ont sonné aux champs, Ii
musique de l'artillerie a joué la Marseillaise
ees bravos unanimes se sont fait entendre, e
même temps que les cris : Vive la République.
Vive Gambetta! s'élevaient..L'orphéon de C a-
hors a ensuite exécuté un" chœur intitulé
Combat naval. ?
Le commandant Guiraudies Capdeville, chef
du 1er bataillon du 131e régiment d'infanterie
territoriale,e prononcé le premier discours. h-
L'empire, a-t-il devenait de crouler à Sedan, lader»^
nière armee française, héroïque, acculée par là tra-'
hison sous les murs de Metz, allait bientôt succom-*
ber. Des hommes au cœur fort, animés du plus ar..t
dent patriotisme, acceptèrent alors la périlleuse mis->
sion de défendre le sol national ; à leur appel, le pia
frémissant se leva tout entier, des armées furent M.
provisees, la lutte recommença. }r
Après avoir fait l'historique des quatorze 't
combats auxquels ont assisté les gardes mobi;
les du Lot, qui, à la fin de la guerre, avaient-
dix officiers tués et (ftiinze blessés, neuf centa
hommes tués, sur uns. effectif de trois millesiie,
cents, il termine ainsi -
Si la France envahie avait encore besoin fde nos:!,
bras, que la vue de ce monument élevé par vosi
soins vous rappelle que nos-, frères d'armes n'one
point hésité à faire le sacrifice de leur existences
pour défendte le sol sacré de lepatrie.
La musique de l'artillerie joue alors le chœuri
des Girondins, le Clianl du Départ et la Marseil-,
laise. Puis la musique de la lignexommence lai
Marche des Drapeauv du li juillet. ■„ ,
Le général Appert prend ensuite la parole.
C'est s'honorer, a-t-ihdit,que d'honorer la memoira
de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour
leur pays, et, à ce titre, nous vous devons, au nom:
de l'armée, des remercîments pour la,part que vous
avez prise à la création de ce monument. t
Il fait de même allusion à ceux de nos sol-
dats qui sont actuellement en Tunisie, et qui\
font preuve de si grandes" qualités de solidité-
militaire.
Discours de M. Gambetta
Au milieu des applaudissements, M. Gai&Ê^
betta se lève et prononce le diseours suivant
dont nous donnons le" texte complet : V
Mes chers compatriotes,
Les peuples qui veulent rester libres et. indépan-
dants doivent faire passer sous les yeux des jeunes'
générations les exemples et les souvenirs qui forti"
nent les âmes, qui forment les caractères, qui trem-
pent de bonne heure le courage et qui, par consé-
quent constituent ce qu'il y a de plus élevé dans
1 éducation nationale.
Tous les peuples qui ont compté dans l'histoire,
qui y ont pris leur vraie place. et surtout qui l'ont,
garaée. ont eu par-dessus tout le culte du sacrifice
et de l'abnégation militaires, et. aujourd'hui plus
FEUILLETON DU 29 MAI 1*81
113
BAYONNETTE
1
HISTOIRE D'UNE JOLIE FILLE
DEUXIÈME PARIE
DÉSHONORÉE POUR LIOUEUR
IX
Ah! quel plaisir d'être papa:
- Suite—
Elle descendit et retrouva Valentine qui
l'attendait dans l'allée, n'osant sortir.
- Allons, c'est le moment, fit Bayon-
nette; quand nous serons sorties de la rue,
il n'y aura plus de Jauger. Du courage,
fais attention à toi, mais n'aie pas cette
mine inquiète. aie l'air dégagé.
Elle glissa soii bras sous celui de la jeune
iille et l'entraîna au dehors ; elle la sentait
trembler, et d'un air souriant, comme si
elle racontait la chose la plus gaie du mon-
de, elle lui dit à voix basse :
— Valentine, tiens-toi ferme, aie donc
l'air de rire avec moi; nous allons passer
devant eux et l'on nous observe. Ris
donc; mais ris donc!.
La Petite-Cayenne eut un éclat de rire
nerveux, auquel Bayonnette répondit en
riant également :
— Bravo ! très bien ça. Tu vois, nous
les avons dépassés et ils ne s'occupent déjà
plus de nous. Les gens qui n'ont pas la
conscience tranquille ne rient pas comme
Oci
* Elles suivaient la rue du Temple; Bayon-
nette venait de dire :
— Maintenant, tu peux être tranquille,
nous sommes loin d'eux.
La Petite-Cayenne sentit tout à coup le
bras de son amie se crisper sur le sien;
elle crut qu'elle voyait un danger nouveau;
pâle et tremblante, elle la regarda disant
d'une voix sourde :
— Qu'y a-t-il ?. Sauvons-nous !.
— Non, non. Ce n'est pas de toi qu'il
s'agit.
Bayonnette venait de voir sortir de
chez elle Célina, au bras d'Edmond. Celui-
ci avait vu la jeune fille, et Célina s'en était
aperçu, car, échangeant un regard haineux
avec Bayonnette, cette dernière l'entendit
dire :
— Eh bien, tu vois que ton amoureuse
est consolée. et tu croyais à la vertu de
ça. ,
En tout autre moment, Célina aurait
payé cher la phrase qu'elle venait de pro-
noncer, mais 1,(Y jeune ouvrière ne s'appar-
tenait pas. Elle devait d'abord sauver son
amie; elle se contenta de dire :
— Je te retrouverai.
— Qu'as-tu donc ?
- Tu as vu cet -homme et cette femme;
ce sont ces gens qui m'ont perdue, c'est
cet homme qui m'a trompée, c'est cette
femme qui m'a calomniée: Elle a dit à
tous : « Bayonnette est une éhontée qui se
livre à qui la veut, » et moi qui suis une
honnête fille, entends-tu, je suis considérée
maintenant. comme une noceuse ; j'avais
rêvé une vie calme, tranquille, une - vie de
ménage ; cela n'est plus possible. Ces gens
ont dit et prouvent que j'ai eu des amants.
Mais je te conterai tout cela un jour. Occu-
pons-nous de toi d'abord.
Elles suivaient la rue Chapon ; arrivées
rue Saint-Martin, Bayonnette dit :
— Maintenant, tu n'as plus rien à crain-
dre.
Moins d'une heure après, les deux jeunes
filles étaient installées - aux Ternes. Là,
plus tranquilles, Valentine lui dit :
— Maintenant il faut songer à vivre; avec
les dépenses que tu as faites, tu ne dois
plus avoir beaucoup d'argent.
— Dame, non; mes économies y sont pas-
sées.
- Et je ne puis rester avec un seul cos-
tume. il me faut des vêtements d'homme;
tu comprends que je ne veux pas que tu
travailles pour moi. tu vas aller chez
rageut de change toucher l'argent dça obli-
gations.
Bayonnette ne crut pas devoir faire d'ob-!
servation ; elle était prête à partager cal
qu'elle avait, il était simple que son am;&{
en fit autant. Elle se rendit chez l'agent de)
change, non sans une certaine appréhen->
sion, que rien ne justifiait ; on lui remit lai
somme, qu'elle rapporta à Valentine : uiit
peu plus de dix mille francs! Jamais*
la jeune fille n'en avait tant vu. LeS:
jeunes filles décidèrent aussitôt que pour'
être à l'abri de leurs nouveaux ennemis,
elles quitteraient la chambre meublée etl
s'installerait dans un logement que Bayon-
nette allait louer et faire simplement meu-
bler, du côté de Montmartre; ainsi, on dé-i
pisterait toutes les recherches, au cas oiti
on s'acharnerait à la poursuite de la Pe-r
tite-Cayenne. Ceci arrêté, Bayonnette sei
mit en route. Le soir elle avait trouvé lés
logement ; elle avait fait prix d'un petit-
mobilier. Deux jours après, elle devait s'y*
installer avec son amie.
Le soirt elle se rendait au rendez-vous-
fixé par Elysée. Elle le trouvait seul. Ely-.'
sée, méfiant, avait fait attendre Christianai
dans une maison voisine. Bayonnette le lui:
reprocha ; mais, ainsi qu'elle le lui avait
promis, elle le mena chez elle et le pré-j
senfca à sa concierge comme le nouveaux
marié qui devait occuper sa chambre. ,'.
ALEXIS BOUVIER v
(La suite à demain) -
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