Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-04-28
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 avril 1885 28 avril 1885
Description : 1885/04/28 (A9,N2929). 1885/04/28 (A9,N2929).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7500885g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
ADMINISTRATION. RÉDACTION & ANNONCES
A PARIS
1§ — Kiae Richer — f 6
Les articles non insérés ne seront pas rendus
ABONNEMENTS
PARIS
TROIS MOIS. 5 Fit.
SIX MOIS 9 FR.
UN AN. 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMERO : 5 CENTIMES
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois MOIS. 6 M.
SIX HOIS 12 FS.
UN AN 24 FR.
NEUVIÈME ANNÉE. - NUMÉRO 2921
——-—-————————————. 4
Mardi 28 avril 1885
9 floréal au 93
LES LAMENTATIONS D'ALPHONSE
On sait que M. Alphonse de Rotii-
çchiid, chef de la maison de Rothschild,
avait posé sa candidature comme mem-
bre libre de l'Académie des beaux-
arts.
Samedi était le jour du scrutin. M.
Alphonse de Rothschild attendait fière-
ment dans son hôtel de la rue Laffitte.
Le téjéphpne, devait l'informer des
diverses phases dé la lutte. Il se disait:
- Cinq concurrents ! nous sommes
cinq concurrents ! Il y a eu quatre au"
dacieux qui ont osé se mettre sur le
même rang que moi!
Si j'avais su!. mais pouvait-on le
prévoir? Voilà de Lesseps, membre de
µl'Académie française ! Il n'a pas plus
écrit que je n'ai tenu un pinceau ou un
çiseau. Il a toutes les chances, ce vei-
nard ! Moi, mon ambition était plus mo-
deste : membre libre ! cela se donne à
des gens qui ont fait des collections,
comme du Sommerard ! Eh bien! j'en ai
fait aussi, moi. Il est vrai que ce n'est
pas par goût. Je n'y tiens pas plus que
ça. Mais, dans ma position, c'était obli-
gatoire, comme les charités ! J'ai acheté
par centaines de mille francs, des ra-
retés ! j'ai acheté ou j'ai fait acheter
par mon expert. mais, j'ai d'autant
plus de mérite, que ce n'était pas pour
mon plaisir !
Le téléphone sonne.
— Quelle nouvelle ? demande M. Al-
phonse de Rothschild. 1
- Il y a un premier tour de scrutin.
Pas de résultat!.
— Ah !. Et j'ai. la majorité !
─ Non. M. Heuzey, 19 voix contre
vous 14, et 9 données à M. Duplessis.
Le baron Alphonse de Rothschild
prend son mouchoir de poche et s'es-
suie le front.
— C'est bête! jamais dépêche de
Bourse ne m'a donné autant d'émotion.
Qu'allais-je faire dans cette galère ? Je
suis battu, c'est sûr. Et ces flatteurs
qui me disaient :
-— Présentez-vous ! nous vous répon-
dons de votre élection !
Je l'avais cru. Je savais que les artis-
tes ont de l'amour-propre. C'est là leur
pire défaut. Ma demande avait été mo-
deste dans sa forme. Je pensais bien
qu'il fallait ménager leurs susceptibili-
tés. Quevoulaient-il de plus ? N'était-ce
pas un honneur pour eux que je consen-
tisse à devenir leur collègue ?
Que sont-ils la plupart ? Que suis-je,
moî? Qu'on les mette donc dans le pla-
teau d'une balance et moi dans l'autre ?
On trouverait de leur côté autant de
protêts que j'ai de billets de banque ! Il
y en a, parmi eux, à qui je n'escompte-
rais pas un billet de cent francs ! Et ils
regimbent ! Les impertinents ! Enfin.
nous allons voir les autres tours de
scrutin. v n .,
µLe téléphone sonne de nouveau.
— Eh bien ! M. Heuzey, 24 voix, élu.
M. de Rothschild, 17 !
— Alors ! c'est fini ?
- Oui.
M. Alphonse de Rothschild tombe sur
son fauteuil.
- Ainsi je suis blackboulé. Me voilà
dans les refusés, comme un vulgaire
rapin! Voilà donc à quoi, ont servi mes
dépenses pour les beaux-arts ! Il y avait
des gens.- ceux à qui j'achetais—qui
m'appelaient Mécène ! Ces artistes flan-
quent Mécène à la porte, les malotrus !
On dit que les millions peuvent tout.
J'en ai des millions ! et vo.Uà à quoi ça
me sert. Je ne puis même pas être mem-
bre libre de l'Académie des beaux-arts !
On parle de la souveraineté du capital.
Les artistes s'insurgent contre lui. Ah!
ils ont beau faire, prendre des attitudes
de conservateurs, il ne faut pas les
gratter beaucoup pour retrouver chez
eux des révolutionnaires. -- La plupart
sont venus sans le sou à Paris,, ont fait
leurs études en se serrant le ventre. Ils
se rappellent cela, même ceux qui sont
arrivés, qui sont les plus ofliciels ; et
ils protestent contre le million, en me
signifiant : Non dignus intrare.
Je les entends d'ici avec leurs phra-
ses sur le talent, sur son indépendance,
sur ses droits et sa volonté de ne pas
s'incliner, de- ne pas se faire humble
devant le capital. Ils n'ont pas voulu
avoir l'air de se vendre !. Eh bien ! ils
peuvent être tranquilles, si jamais
maintenant j'achète un tableau ou une
statue. je veux bien !. Ils me dédai-
gnent, mais je les dédaigne encore bien
plus. Que le papier de l'un d'eux me
tombe entre les mains, et il verra!.
S'il ne tient qu'à moi d'empêcher les
arts d'être dans le marasme, ils y se-
ront longtemps ! Qu'est-ce que ça me
faisait l'Académie des beaux-arts? Je
n'y tenais pas plus que ça! C'était par
condescendance pour eux que je vou-
lais aller m'asseoir sous la calotte de
l'Institut ; et maintenant me voilà de-
hors, réduit à contempler les quatre
lions qui gardent ce palais vénérable.
Je suis ridicule. On va rire de moi, et il
y a de quoi !
On avait déjà dit que la richesse ne
faisait pas le bonheur ; elle ne fait même
pas un membre libre de l'Académie des
beaux-arts!
* ———-—
ELECTIONS SENATORIALES DU 26 AVRIL
GmoTUffME
Inscrits 1,273. — Votants 1,270774 ELU
MM. cadcc. républicain.
Le duc Decazes, monarchiste. 476
Divers. 20
11 s'agissait d'élire un cinquième sénateur,
le département de la Gironde s'otant vu at-
tribuer par le sort, conformément à la loi du
9 décembre 1884, le siège d'inamovible sup-
rême* à la «uifce 4u, jûécès dfi M. Dupuy de
Lôme. ,
DEUX-SÈVRES
Votants 779
MM. Bergeron, républicain. 421 ELU
Proust de Lezay, conservateur 355
Voix perdues. 3
M. Bergeron, candidat républicain, est élu
contre M. Proust de Lczay, candidat bonapar-
tiste. avec 66 voix de majorité.
Il s'agissait de remplacer M. Clément de
Reignié, sénateur républicain, décédé.
M. de Reignié avait été élu. au renouvelle-
ment du 8 janvier 1882, par 248 voix sur 424
votants.
BASSES-PYRENÉES -
Inscrits 1,033. — Votants 1,020
MM. Plantié. républicain. 579 ELU
Général Bourbpki, conservat.. 431
Nuls 10
Il s'agissait de remplacer M. Michel Renaud,
sénateur républicain décédé, qui avait été élu,
au renouvellement du 8 janvier 1882, par 408
voix, sur 572 votants.
« «I--
Le succès remporté par - les candidats répu-
blicains est de bon augure pour les prochaines
élections législatives. Le suffrage restreint
s'est prononcé nettement pour la République,
le suffrage universel lui assurera un triomphe
encore vlus complet.
Les réactionnaires escomptaient déjà leurs
chances, ils avaient portj leur choix, sur des
sommités do leur parti et M. Proust de Lezay,
le général Bourbaki et le duc Decazes échouent
piteusement. Celui-ci, surtout, est battu à
300 volx de majorité par sou concurrent répu-
blicain, M. Caduc. prouvent dore pc~remp.
Les élections d'hier prouvent dose péremp-
toireraeni que, malgré toutes les fautes com-
mises par les opportunistes, fautes habile-
ment exploitées par les réactionnaires, que la
nation est profondément attachée au régime
républicain et qu'elle saura triompher des in-
trigues de quelque part qu'elles viennent.
————.————————- —————————————
L'AFFAIRE DU CONGO
Nous n'en avions jamais douté malgré les
conclusions ultra-ministérielles de M. l'avo-
cat général Poitser. mais il nous tardait d'en
avoir, comme disait Rabelais, « un bel arrêt ».
C'est chose faite.
A l'audience de samedi, la chambre des appels
de police correctionnelle de la Seine a décidé,
conformément à la doctrine de notre éminent
avocat, M. Emile Jullien, que M. DloDClel.,
ex-comptable de la mission Bfnxxa, était
bien un fonctionnaire, ou du moius un ci-
toyen chargé d'un service public et que, par
suite, le tribunal correctionnel avait bien jugé
en. se déclarant incompétent.
Nos lecteurs se souviennent que M. oiondei
s'était trouvé diffamé par les articles où la
Lanterne engageait le Parlement à fourrer le
nez dans ses. petits comptes avant de voter
pour le Congo de nouveaux fonds.
Le voilà bien avancé !
Mais si M. Blondel n'est pas content, il
peut se consoler en songeant qu'il y a quel-
qu'un de bien plus malheureux que lui, c'est
M. l'avocat général bottier. Le pauvre homme
doit s'arracher les cheveux. Supposez, en ef-
fet, que le ministre Ferry fût tombé un mois
plus tôt, il eût évité l'ennui de recevoir du
ministre de l'instruction publique sa leçon
toute faite, ce qui a dû bien lui coûter.
Et maintenant, pour finir, nous adressons
à M. Jullien tous nos remerciements pour sa
belle plaidoirie. 1
Quant à M. Blondel, si le cœur lui en dit, i1
peut nous assigner devant la cour d'assises,
la Lanterne prouvera qu'elle n'avance pas da
faits sans preuves. -
Noos putlions d'autre part les considérants
du jugement.
———■! » *
SURSIS D'APPEL
Le ministre de la guerre yient de prendra
une décision que nous ne pouvons qu'approu-
ver.
Il a décidé en principe qu'un sursis d'appel
serait aqcordé, cette année, aux réservistes eu
raison dos élections génêralès.
Toutefois la question d'application ne sera
résolue qu'en conseil des ministres. Il s'agit
d'arrêter dans quelle mesure le sursis sera
accordé.
L'appel des réservistes sera-t-il ajourné ou
se bornera-t-on à les appeler après les élec-
tions, on ne le sait pas encore.
La Lanterne avait dernièrement réclamé
avec insistance une mesure de ce genre.
Sans vouloir se vanter d'être l'instigatrice
de cette résolution, la Lanterne se trouve sa
tisfaite de voir, en cette occasion, triomphes
les idées qu'elle a soutenues.
1 111 1 > 1 ■ 1 pi I
CHINE ET TONKl N
Une bonne mesure
L'amiral G-aliber vient d'inviter tous les
préfets maritimes à lui envoyer, sans retard,
les noms des enfants de marins ou de mili-
taires de la marine, dont les pères ont été
tués sur les champs de bataille ou sont morts
de blessures reçues en combattant, ou de maq
ladies contractées en service dans les expédia
tions de Chine et de Madagascar.
Le ministre a l'intention de faire accorder
à ces epfants des secours annuels destinés à
assurer leur entretien et à pourvoir aux frais
de leur éducation. - - -.
Le colonel Herbinger
C'est à P,lris que se déroulera l'enquête sur
les incidents qui ont amené la malheureuse
retraite de la 2* brigade de Lang-Son jusqu'à
Kep.Le lieutenant-colonel Herbinger viendra
lui-même exposer au général Campenon les
considérations qui ont déterminé l'abandon.
de Lang-Son après la blessure du général de
Négrier.
Le colonel Herbinger, appelé en France par
une dépêche ministérielle, arrivera presque
en même temps que le rapport du général
Brière de l'Isle, qui est attendu à Paris dg 8
au 10 mai.
Un ordre du jour
Nous recevons du Tonkin, copie de l'ordra
du jour suivant :
Officiers, sous-officiers, soldats et marins de JO
garnison de Tuyen-Quang.
Sous le commandement d'un chef héroïque, la
chef de bataillon Dominé, vous avez tenu tête,
pendant trente-six jours, au nombre de six cents,
a une armée, dans une bicogue dominée de toutes
parts.
Vous avez repoussé victorieusement sept assauts.
Un tiers de votre effectif et presque tous vos of-
ficiers ont été brûlés par les mines ou frappés pat
les balles et les obus chinois, mais les cadavre*
de l'ennemi jonchent encore les trois brèches qu'a
a vainement faites au corps de place.
Aujourd'hui, vous faites l'admiration des brave*
troupes qui vous ont dégages au prix de tant de
fatigues et de sang verse. Demain, vous serez ac-
clamés par la France entière.
Vous tous aussi, vous pourrez dire avec orgueil t
t J'étais de la garnison de Tuyen-Quang j'étais JW1
la canonnière la Mitrailleuse. »
Au quartier général, àI Tuyen-Quang, le 3 mars
BRIÈRE DE l'Iule.
Il vaut mieux pouvoir dire en enet : « J'étais
de la garnison de Tuyen » que de dire : J'étais
du ministère Ferry.
FEUILLETON DU 28 AVRIL 1885
4
MADAIIE POPULO
PROLOGUE
UN CAS FOUDROYANT
III
MM. Largoulet, Pled-Poudreux, Malotru
et Claqnedent
iSuite)
Dans leur milieu, Largoulet était de ces
hommes qu'on ns prend pas aisément dans
la balancine; Pied-Poudreux, un grinchis-
seur; Malotru, un sinve ou un bonnet de
nuit sans coiffe; enfin Claquedent un Cou-
peur de cornets.
Si nous addtioinnons les âges de ces qua-
tre personnnages, nous verrons qu'à eux
quatre ils n'avaient pas quatre-vingts ans.
L'avenir leur appartenait.
Inutile de faire observer qu'aucun des
quatre n'appartenait à l'agence de faux té-
moignages, leur âge ne le leur permettant
pas. On les employait pour les renseigne-
ments. ,
C'est à l'heure du déjeuner qu'ils se féli-
citèrent de devenir peut-être les acolytes
de la Mort-Pâle..
- ?fUne chose pourtant les vexait. Le patron
ne leur avait donné aucune indication, lais-
sant à la Mort-Pâle le soin de les rensei-
gner, en cas de besoin seulement.
Ce fut Malotru qui s'en ouvrit le premier.
— Malotru a raison! s'éçria Largoulet, as-
sis sur le dossier de chaise et s'y tenant
par un prodige d'équilibre..Nous sommes
copains ou nous ne le sommes pas.
Est-ce qu'on se gare comme ça de camara-
des. D'abord moi j'veux pas travailler à l'a-
veuglette.
— A-t-on besoin d'être tant pour une
malheureuse affaire. Je les connais les affai-
res do papa Rossignol. C'est pas sérieux.
- C'est un homme qu'à peur., grogna
Claquedent. Des faux senseignements, des
faux serments, c'est-à-dire des procès, des
huissiers, des avoués, des avocats, tout le
tremblement et un procès, tout ça pour ca-
rotter un individu.
di — Quand il n'y a qu'à monter chez lui,
dit Largoulet.
— Qu'à flairer, l'endroit, fit Malotru.
— Qu'à barbotter dans le coffre, ajouta
Pied-Poudreux.
— Et au besoin, termina Claquedent en
se coupant un morceau de pain, qu'à étran-
gler le paate.
Pied-Poudreux opina, par peur ; Largou-
let eùt un frisson dans le dos ; Malotru
baissa les yeux.
Claquedent promena les yeux sur ses
trois acolytes, et haussa les épaules de
pitié.
— Enfin, je vous le demande, reprit-il,
ferons-nous jamais fortune avec ce pro-
cédé-là?
— Jamais ! affirma Largoulet qui, grimpé
sur la table, s'apprêtait. à sauter sur la
table voisine, pour voir si elle le porterait.
— Jamais ! répéta Pied-Poudreux s'amu-
sant à escamoter le couteau de l'établisse-
ment, mû par le constant besoin qu'il avait
de se faire la main.
— Jamais ! répéta à son tour Malotru.
J'aimerai mieux m'en rapporter à l'appari-
tion d'une poule noire. Ce qu'il faudrait,
voyez-vous.
— Quoi donc? demandèrent les trois
autres à la fois.
— C'est profiter de la première indication
que nous donnera le bonhomme.
-— Sauter sur la bête, continua Claque-
dent.
— La dépouiller, poursuivit Pied-Pou-
dreux.
— Et partager à nous quatre.
- Pardon, s'écria une voix, à nous cinq.
Largoulet fit un bond de trois mètres.
Pied-Poudreux pâlit, Malotru blanchit, Cla-
dent songea à se défendre.
IV
Où la Mort-Pâle Ht la « Revue des Deux-
Monde8 », et marchande des hôtels
Leur émoi ne dura pas longtemps.
Ils reconnurent bientôt la Mort-Pâle.
Le hasard les avait conduits dans le ca-
baret de la rue de Valois, où nous avons vu
la Mort-Pâle se diriger après avoir touché
les deux cents francs de Rossignol.
Instinctivement, ils s'étaient assis dans
une salle déserte, croyant y être seuls, et
ne s'apercevant pas, qu'au fond, elle faisait-
un coude, où, la Mort-Pâle, désireux comme
eux n'être point importuné, avait pris
place. serions cinq, reprit la Mortm
— Nous serions cinq, reprit la Mort"
Pâle, cinq à faire une concurrence sérieuse
à papa Rossignol, cinq à lui chiper sa
clientèle, cinq à partager les magots qu'il
dévore avec un appétit féroce, cinq à rou-
ler voiture avant trois ans. Est-ce tentant ?
Ne trouvait pas d'affirmation assez éner-
gique, Largoulot fit une culbute, Pied-Pou-
dreux chipa une salière, Malotru disposa
sa main en forme de main de \gloire et Gia-
quedoat faillit s'étrangler avec sa serviette.
— Cinq à partager honnêtement, en frèrea,
au lieu de cinq honteusement pillés, frustrés
par ce.dernier des grippe-sous qui a nomjRos*
signol et qui devrait s'appeler coucou. Vi-
vrons-nous toujours sous des gouverne-
ments de tyran ? Jusqu'à quand les honnêtes
gens seront-ils exploités par la canaille ? Ne
secouerons-nous pas nos chaînes ? L'heure
n'arrivera-t-elle pas où l'on entendra plus ces
plaintes lamentables et justes : « Largoulet
a faim, Pied-Poudreux a soif, Malotru a
froid, la, Mort-Pâle souffre! » A quand notre
89 à nous autres? Messieurs, c'est vous que
j'interroge? GEORGES DUVAL.
£La suite à demain.)
A PARIS
1§ — Kiae Richer — f 6
Les articles non insérés ne seront pas rendus
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TROIS MOIS. 5 Fit.
SIX MOIS 9 FR.
UN AN. 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMERO : 5 CENTIMES
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois MOIS. 6 M.
SIX HOIS 12 FS.
UN AN 24 FR.
NEUVIÈME ANNÉE. - NUMÉRO 2921
——-—-————————————. 4
Mardi 28 avril 1885
9 floréal au 93
LES LAMENTATIONS D'ALPHONSE
On sait que M. Alphonse de Rotii-
çchiid, chef de la maison de Rothschild,
avait posé sa candidature comme mem-
bre libre de l'Académie des beaux-
arts.
Samedi était le jour du scrutin. M.
Alphonse de Rothschild attendait fière-
ment dans son hôtel de la rue Laffitte.
Le téjéphpne, devait l'informer des
diverses phases dé la lutte. Il se disait:
- Cinq concurrents ! nous sommes
cinq concurrents ! Il y a eu quatre au"
dacieux qui ont osé se mettre sur le
même rang que moi!
Si j'avais su!. mais pouvait-on le
prévoir? Voilà de Lesseps, membre de
µl'Académie française ! Il n'a pas plus
écrit que je n'ai tenu un pinceau ou un
çiseau. Il a toutes les chances, ce vei-
nard ! Moi, mon ambition était plus mo-
deste : membre libre ! cela se donne à
des gens qui ont fait des collections,
comme du Sommerard ! Eh bien! j'en ai
fait aussi, moi. Il est vrai que ce n'est
pas par goût. Je n'y tiens pas plus que
ça. Mais, dans ma position, c'était obli-
gatoire, comme les charités ! J'ai acheté
par centaines de mille francs, des ra-
retés ! j'ai acheté ou j'ai fait acheter
par mon expert. mais, j'ai d'autant
plus de mérite, que ce n'était pas pour
mon plaisir !
Le téléphone sonne.
— Quelle nouvelle ? demande M. Al-
phonse de Rothschild. 1
- Il y a un premier tour de scrutin.
Pas de résultat!.
— Ah !. Et j'ai. la majorité !
─ Non. M. Heuzey, 19 voix contre
vous 14, et 9 données à M. Duplessis.
Le baron Alphonse de Rothschild
prend son mouchoir de poche et s'es-
suie le front.
— C'est bête! jamais dépêche de
Bourse ne m'a donné autant d'émotion.
Qu'allais-je faire dans cette galère ? Je
suis battu, c'est sûr. Et ces flatteurs
qui me disaient :
-— Présentez-vous ! nous vous répon-
dons de votre élection !
Je l'avais cru. Je savais que les artis-
tes ont de l'amour-propre. C'est là leur
pire défaut. Ma demande avait été mo-
deste dans sa forme. Je pensais bien
qu'il fallait ménager leurs susceptibili-
tés. Quevoulaient-il de plus ? N'était-ce
pas un honneur pour eux que je consen-
tisse à devenir leur collègue ?
Que sont-ils la plupart ? Que suis-je,
moî? Qu'on les mette donc dans le pla-
teau d'une balance et moi dans l'autre ?
On trouverait de leur côté autant de
protêts que j'ai de billets de banque ! Il
y en a, parmi eux, à qui je n'escompte-
rais pas un billet de cent francs ! Et ils
regimbent ! Les impertinents ! Enfin.
nous allons voir les autres tours de
scrutin. v n .,
µLe téléphone sonne de nouveau.
— Eh bien ! M. Heuzey, 24 voix, élu.
M. de Rothschild, 17 !
— Alors ! c'est fini ?
- Oui.
M. Alphonse de Rothschild tombe sur
son fauteuil.
- Ainsi je suis blackboulé. Me voilà
dans les refusés, comme un vulgaire
rapin! Voilà donc à quoi, ont servi mes
dépenses pour les beaux-arts ! Il y avait
des gens.- ceux à qui j'achetais—qui
m'appelaient Mécène ! Ces artistes flan-
quent Mécène à la porte, les malotrus !
On dit que les millions peuvent tout.
J'en ai des millions ! et vo.Uà à quoi ça
me sert. Je ne puis même pas être mem-
bre libre de l'Académie des beaux-arts !
On parle de la souveraineté du capital.
Les artistes s'insurgent contre lui. Ah!
ils ont beau faire, prendre des attitudes
de conservateurs, il ne faut pas les
gratter beaucoup pour retrouver chez
eux des révolutionnaires. -- La plupart
sont venus sans le sou à Paris,, ont fait
leurs études en se serrant le ventre. Ils
se rappellent cela, même ceux qui sont
arrivés, qui sont les plus ofliciels ; et
ils protestent contre le million, en me
signifiant : Non dignus intrare.
Je les entends d'ici avec leurs phra-
ses sur le talent, sur son indépendance,
sur ses droits et sa volonté de ne pas
s'incliner, de- ne pas se faire humble
devant le capital. Ils n'ont pas voulu
avoir l'air de se vendre !. Eh bien ! ils
peuvent être tranquilles, si jamais
maintenant j'achète un tableau ou une
statue. je veux bien !. Ils me dédai-
gnent, mais je les dédaigne encore bien
plus. Que le papier de l'un d'eux me
tombe entre les mains, et il verra!.
S'il ne tient qu'à moi d'empêcher les
arts d'être dans le marasme, ils y se-
ront longtemps ! Qu'est-ce que ça me
faisait l'Académie des beaux-arts? Je
n'y tenais pas plus que ça! C'était par
condescendance pour eux que je vou-
lais aller m'asseoir sous la calotte de
l'Institut ; et maintenant me voilà de-
hors, réduit à contempler les quatre
lions qui gardent ce palais vénérable.
Je suis ridicule. On va rire de moi, et il
y a de quoi !
On avait déjà dit que la richesse ne
faisait pas le bonheur ; elle ne fait même
pas un membre libre de l'Académie des
beaux-arts!
* ———-—
ELECTIONS SENATORIALES DU 26 AVRIL
GmoTUffME
Inscrits 1,273. — Votants 1,270774 ELU
MM. cadcc. républicain.
Le duc Decazes, monarchiste. 476
Divers. 20
11 s'agissait d'élire un cinquième sénateur,
le département de la Gironde s'otant vu at-
tribuer par le sort, conformément à la loi du
9 décembre 1884, le siège d'inamovible sup-
rême* à la «uifce 4u, jûécès dfi M. Dupuy de
Lôme. ,
DEUX-SÈVRES
Votants 779
MM. Bergeron, républicain. 421 ELU
Proust de Lezay, conservateur 355
Voix perdues. 3
M. Bergeron, candidat républicain, est élu
contre M. Proust de Lczay, candidat bonapar-
tiste. avec 66 voix de majorité.
Il s'agissait de remplacer M. Clément de
Reignié, sénateur républicain, décédé.
M. de Reignié avait été élu. au renouvelle-
ment du 8 janvier 1882, par 248 voix sur 424
votants.
BASSES-PYRENÉES -
Inscrits 1,033. — Votants 1,020
MM. Plantié. républicain. 579 ELU
Général Bourbpki, conservat.. 431
Nuls 10
Il s'agissait de remplacer M. Michel Renaud,
sénateur républicain décédé, qui avait été élu,
au renouvellement du 8 janvier 1882, par 408
voix, sur 572 votants.
« «I--
Le succès remporté par - les candidats répu-
blicains est de bon augure pour les prochaines
élections législatives. Le suffrage restreint
s'est prononcé nettement pour la République,
le suffrage universel lui assurera un triomphe
encore vlus complet.
Les réactionnaires escomptaient déjà leurs
chances, ils avaient portj leur choix, sur des
sommités do leur parti et M. Proust de Lezay,
le général Bourbaki et le duc Decazes échouent
piteusement. Celui-ci, surtout, est battu à
300 volx de majorité par sou concurrent répu-
blicain, M. Caduc. prouvent dore pc~remp.
Les élections d'hier prouvent dose péremp-
toireraeni que, malgré toutes les fautes com-
mises par les opportunistes, fautes habile-
ment exploitées par les réactionnaires, que la
nation est profondément attachée au régime
républicain et qu'elle saura triompher des in-
trigues de quelque part qu'elles viennent.
————.————————- —————————————
L'AFFAIRE DU CONGO
Nous n'en avions jamais douté malgré les
conclusions ultra-ministérielles de M. l'avo-
cat général Poitser. mais il nous tardait d'en
avoir, comme disait Rabelais, « un bel arrêt ».
C'est chose faite.
A l'audience de samedi, la chambre des appels
de police correctionnelle de la Seine a décidé,
conformément à la doctrine de notre éminent
avocat, M. Emile Jullien, que M. DloDClel.,
ex-comptable de la mission Bfnxxa, était
bien un fonctionnaire, ou du moius un ci-
toyen chargé d'un service public et que, par
suite, le tribunal correctionnel avait bien jugé
en. se déclarant incompétent.
Nos lecteurs se souviennent que M. oiondei
s'était trouvé diffamé par les articles où la
Lanterne engageait le Parlement à fourrer le
nez dans ses. petits comptes avant de voter
pour le Congo de nouveaux fonds.
Le voilà bien avancé !
Mais si M. Blondel n'est pas content, il
peut se consoler en songeant qu'il y a quel-
qu'un de bien plus malheureux que lui, c'est
M. l'avocat général bottier. Le pauvre homme
doit s'arracher les cheveux. Supposez, en ef-
fet, que le ministre Ferry fût tombé un mois
plus tôt, il eût évité l'ennui de recevoir du
ministre de l'instruction publique sa leçon
toute faite, ce qui a dû bien lui coûter.
Et maintenant, pour finir, nous adressons
à M. Jullien tous nos remerciements pour sa
belle plaidoirie. 1
Quant à M. Blondel, si le cœur lui en dit, i1
peut nous assigner devant la cour d'assises,
la Lanterne prouvera qu'elle n'avance pas da
faits sans preuves. -
Noos putlions d'autre part les considérants
du jugement.
———■! » *
SURSIS D'APPEL
Le ministre de la guerre yient de prendra
une décision que nous ne pouvons qu'approu-
ver.
Il a décidé en principe qu'un sursis d'appel
serait aqcordé, cette année, aux réservistes eu
raison dos élections génêralès.
Toutefois la question d'application ne sera
résolue qu'en conseil des ministres. Il s'agit
d'arrêter dans quelle mesure le sursis sera
accordé.
L'appel des réservistes sera-t-il ajourné ou
se bornera-t-on à les appeler après les élec-
tions, on ne le sait pas encore.
La Lanterne avait dernièrement réclamé
avec insistance une mesure de ce genre.
Sans vouloir se vanter d'être l'instigatrice
de cette résolution, la Lanterne se trouve sa
tisfaite de voir, en cette occasion, triomphes
les idées qu'elle a soutenues.
1 111 1 > 1 ■ 1 pi I
CHINE ET TONKl N
Une bonne mesure
L'amiral G-aliber vient d'inviter tous les
préfets maritimes à lui envoyer, sans retard,
les noms des enfants de marins ou de mili-
taires de la marine, dont les pères ont été
tués sur les champs de bataille ou sont morts
de blessures reçues en combattant, ou de maq
ladies contractées en service dans les expédia
tions de Chine et de Madagascar.
Le ministre a l'intention de faire accorder
à ces epfants des secours annuels destinés à
assurer leur entretien et à pourvoir aux frais
de leur éducation. - - -.
Le colonel Herbinger
C'est à P,lris que se déroulera l'enquête sur
les incidents qui ont amené la malheureuse
retraite de la 2* brigade de Lang-Son jusqu'à
Kep.Le lieutenant-colonel Herbinger viendra
lui-même exposer au général Campenon les
considérations qui ont déterminé l'abandon.
de Lang-Son après la blessure du général de
Négrier.
Le colonel Herbinger, appelé en France par
une dépêche ministérielle, arrivera presque
en même temps que le rapport du général
Brière de l'Isle, qui est attendu à Paris dg 8
au 10 mai.
Un ordre du jour
Nous recevons du Tonkin, copie de l'ordra
du jour suivant :
Officiers, sous-officiers, soldats et marins de JO
garnison de Tuyen-Quang.
Sous le commandement d'un chef héroïque, la
chef de bataillon Dominé, vous avez tenu tête,
pendant trente-six jours, au nombre de six cents,
a une armée, dans une bicogue dominée de toutes
parts.
Vous avez repoussé victorieusement sept assauts.
Un tiers de votre effectif et presque tous vos of-
ficiers ont été brûlés par les mines ou frappés pat
les balles et les obus chinois, mais les cadavre*
de l'ennemi jonchent encore les trois brèches qu'a
a vainement faites au corps de place.
Aujourd'hui, vous faites l'admiration des brave*
troupes qui vous ont dégages au prix de tant de
fatigues et de sang verse. Demain, vous serez ac-
clamés par la France entière.
Vous tous aussi, vous pourrez dire avec orgueil t
t J'étais de la garnison de Tuyen-Quang j'étais JW1
la canonnière la Mitrailleuse. »
Au quartier général, àI Tuyen-Quang, le 3 mars
BRIÈRE DE l'Iule.
Il vaut mieux pouvoir dire en enet : « J'étais
de la garnison de Tuyen » que de dire : J'étais
du ministère Ferry.
FEUILLETON DU 28 AVRIL 1885
4
MADAIIE POPULO
PROLOGUE
UN CAS FOUDROYANT
III
MM. Largoulet, Pled-Poudreux, Malotru
et Claqnedent
iSuite)
Dans leur milieu, Largoulet était de ces
hommes qu'on ns prend pas aisément dans
la balancine; Pied-Poudreux, un grinchis-
seur; Malotru, un sinve ou un bonnet de
nuit sans coiffe; enfin Claquedent un Cou-
peur de cornets.
Si nous addtioinnons les âges de ces qua-
tre personnnages, nous verrons qu'à eux
quatre ils n'avaient pas quatre-vingts ans.
L'avenir leur appartenait.
Inutile de faire observer qu'aucun des
quatre n'appartenait à l'agence de faux té-
moignages, leur âge ne le leur permettant
pas. On les employait pour les renseigne-
ments. ,
C'est à l'heure du déjeuner qu'ils se féli-
citèrent de devenir peut-être les acolytes
de la Mort-Pâle..
- ?fUne chose pourtant les vexait. Le patron
ne leur avait donné aucune indication, lais-
sant à la Mort-Pâle le soin de les rensei-
gner, en cas de besoin seulement.
Ce fut Malotru qui s'en ouvrit le premier.
— Malotru a raison! s'éçria Largoulet, as-
sis sur le dossier de chaise et s'y tenant
par un prodige d'équilibre..Nous sommes
copains ou nous ne le sommes pas.
Est-ce qu'on se gare comme ça de camara-
des. D'abord moi j'veux pas travailler à l'a-
veuglette.
— A-t-on besoin d'être tant pour une
malheureuse affaire. Je les connais les affai-
res do papa Rossignol. C'est pas sérieux.
- C'est un homme qu'à peur., grogna
Claquedent. Des faux senseignements, des
faux serments, c'est-à-dire des procès, des
huissiers, des avoués, des avocats, tout le
tremblement et un procès, tout ça pour ca-
rotter un individu.
di — Quand il n'y a qu'à monter chez lui,
dit Largoulet.
— Qu'à flairer, l'endroit, fit Malotru.
— Qu'à barbotter dans le coffre, ajouta
Pied-Poudreux.
— Et au besoin, termina Claquedent en
se coupant un morceau de pain, qu'à étran-
gler le paate.
Pied-Poudreux opina, par peur ; Largou-
let eùt un frisson dans le dos ; Malotru
baissa les yeux.
Claquedent promena les yeux sur ses
trois acolytes, et haussa les épaules de
pitié.
— Enfin, je vous le demande, reprit-il,
ferons-nous jamais fortune avec ce pro-
cédé-là?
— Jamais ! affirma Largoulet qui, grimpé
sur la table, s'apprêtait. à sauter sur la
table voisine, pour voir si elle le porterait.
— Jamais ! répéta Pied-Poudreux s'amu-
sant à escamoter le couteau de l'établisse-
ment, mû par le constant besoin qu'il avait
de se faire la main.
— Jamais ! répéta à son tour Malotru.
J'aimerai mieux m'en rapporter à l'appari-
tion d'une poule noire. Ce qu'il faudrait,
voyez-vous.
— Quoi donc? demandèrent les trois
autres à la fois.
— C'est profiter de la première indication
que nous donnera le bonhomme.
-— Sauter sur la bête, continua Claque-
dent.
— La dépouiller, poursuivit Pied-Pou-
dreux.
— Et partager à nous quatre.
- Pardon, s'écria une voix, à nous cinq.
Largoulet fit un bond de trois mètres.
Pied-Poudreux pâlit, Malotru blanchit, Cla-
dent songea à se défendre.
IV
Où la Mort-Pâle Ht la « Revue des Deux-
Monde8 », et marchande des hôtels
Leur émoi ne dura pas longtemps.
Ils reconnurent bientôt la Mort-Pâle.
Le hasard les avait conduits dans le ca-
baret de la rue de Valois, où nous avons vu
la Mort-Pâle se diriger après avoir touché
les deux cents francs de Rossignol.
Instinctivement, ils s'étaient assis dans
une salle déserte, croyant y être seuls, et
ne s'apercevant pas, qu'au fond, elle faisait-
un coude, où, la Mort-Pâle, désireux comme
eux n'être point importuné, avait pris
place. serions cinq, reprit la Mortm
— Nous serions cinq, reprit la Mort"
Pâle, cinq à faire une concurrence sérieuse
à papa Rossignol, cinq à lui chiper sa
clientèle, cinq à partager les magots qu'il
dévore avec un appétit féroce, cinq à rou-
ler voiture avant trois ans. Est-ce tentant ?
Ne trouvait pas d'affirmation assez éner-
gique, Largoulot fit une culbute, Pied-Pou-
dreux chipa une salière, Malotru disposa
sa main en forme de main de \gloire et Gia-
quedoat faillit s'étrangler avec sa serviette.
— Cinq à partager honnêtement, en frèrea,
au lieu de cinq honteusement pillés, frustrés
par ce.dernier des grippe-sous qui a nomjRos*
signol et qui devrait s'appeler coucou. Vi-
vrons-nous toujours sous des gouverne-
ments de tyran ? Jusqu'à quand les honnêtes
gens seront-ils exploités par la canaille ? Ne
secouerons-nous pas nos chaînes ? L'heure
n'arrivera-t-elle pas où l'on entendra plus ces
plaintes lamentables et justes : « Largoulet
a faim, Pied-Poudreux a soif, Malotru a
froid, la, Mort-Pâle souffre! » A quand notre
89 à nous autres? Messieurs, c'est vous que
j'interroge? GEORGES DUVAL.
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