Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-12-13
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 13 décembre 1878 13 décembre 1878
Description : 1878/12/13 (A2,N601). 1878/12/13 (A2,N601).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7500533q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2012
La Lanterne
ADMINISTRATION, RÉDACTION ET ANNONCES
- A PARIS
a - Rue Coq-Héron 5
Les articles non insérés ne seront pas rendus
Abonnements : Paris
TROIS MOIS. 5 FR.
SIX MOIS. 9 FH.
UN AN. 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE
QOUTIDIEN
- -~. *
ON NUMÉRO : 5 -- CENTIMES
Abonnements Départements
TROIS MOIS. 6 Fa.
SIX MOIS.12 FR.
UN AN. 24 FR.
DEUXIÈME ANNEE. — NUMERO 601
Vendredi 13 décembre 1878 (23 frimaire an 87
TËOP DfâTO!
Pour une fois M. le général Fleury se
fait lé negociaeteur d'un mariage pour le
bon motif, et -il ne f eiiss/f pas. mieux
dans cette tentative matrimoniale qfiië
dans,, son ambassade à Saint-Péters-
bourg! Ii n'est p~s plus heureux dans les
essais d'union princière ou il met la main,
que dans les rêves d'alliance qu'il fait
reposer sur une fesse.
Le plus grand succès diplomatique du
général, 6rt g'ëri èflutiéiit, celui dont il
se vantait le plus haut, M ê&ttâ preme-
nade en drowski le jour où ie lïiii
Alexandre l'admit à s'asseoir à ses côtés,
lui laissant juste la place pour reposer
son demi-séant Cet honneur, puis-
que honneur il y avait, grisa a tel point
la vanité dê ndtre ambassadeue, que M.
Fleury - ne soupçonnait pds, au moment
ou fut déclarée la guerre de 1870, l'exis-
tence d'un accord intime entre la Prusse
ét la Russie.
Il fut berné par la chancellerie du
prince Gortschakotf, comme il vient de
l'être par la famille royàlè de Dane-
m fit.
« C'est le général Fleury, ÎiÓûs ap-
prend l'Estafette, qui aurait eu le pre-
mier la pensée d'unir l'héritier de Napo-
léon III à la princesse Thyrra. »
Véritable odyssée que l'histoire de ce
mariage manqué, remis aujourd'hui sur
Je tapIS par l'Univers, célébré par tous
lés sarcasmes de la gent Veuillotine et
dont les feuilles bonapartistes cherchent
à atténuer lés effets ridicules.
Dans ces atténuations, le cœur du
jeune prince joue le grand rôle; la poli-
tique s'efface devant le sentiment.
Aux premières ouvertures, le fils dé
l'Espagnole fait entendre qu'il préfère
se marier selon son cœur. La princesse
Thyrra .elle-même aurait été fort aise
que le cœur du jeune prince l'eût dé-
cidé à devenir son époux.
Tous ces cœurs soulignés, c'est l'Esta-
fette qui nous les sert pour les besoins
de son plaidoyer. ,.
cr Avec sa clairvoyance habituelle.
c'est encore l'Estafette qui parle, et
quel pavé! l'ancien et fidèle ami de
l'empereur comprenait que les alliances
illustres contractées par la maison
royale de Danemark avec les maisons
royales de l'Europe, donneraient à cette
union une impôrtance considérable pour
l'avenir que rêve certainement le prince
impérial. »
Il faut être le général Fleury et avoir
sa clairvoyance habituelle pour s'imagi-
ner que Christian IX, roi de Danemark,
ner que Danemark- ,
aidé de son fils Georges Ier, roi de Grèce,
et de ses deux genares. le grand-duc
héréditaire de Russie et le prince de
Galles, allait partir en guerre pour ren-
dre au rejeton de la Montijo le trône
ifiîMrM de France, dont l'Assemblée
nationale avait déclaré déchus tous les
Napoléon présents et à venir.
Pour se conformer à cette idée sau-
grenue, la plus grande pensée du futur
règné, la mère s'en va en Allemagne
préparer les foies, et le fils se met en
route pour les pays scandinaves. Il se
rend à Copenhague, à la cour du roi
Christian, où on espérait qu'il parlerait
mariage. Le bon jeune homme reste
muet. Il part pour li Suède. On l'invite
à revenir. Il revient ; mais à cette se-
conde visite il ne parle pas plus qu'à
sdn: premier passage.
Le pauvre gars avait une inclination.
Fleury lui disait : Il Parle l mais parle
donc ! » Et son cœur lui criait ; « Tais-
tôl, tais-toi ! »
Il a écouté son cœur et non pas le gé-
néral Fleuri
Telle est la version vraiment exacte
de ce mariage m!int¡tui donnée par les
feuilles bonapartistes, qui, battues sur
le terrain politique, se retournent du
côté sentimental pour pallier la mésa-
vénture matrimoniale de leur prince.
- L' Univers, plus brutal dans ses expli-
cations, affirme que le grand-duc héri-
tier dé Russie, et sa femme, la princesse
Dagmar, n'oili ëti qu'à souffler un mot
pour mettre en miettea l'échafaudage
des grandeurs rêvées' par le général-
ambassadeur Fleury.
On comprend facilemen t que les Ro-
manoiff de Russie et l'antique maison de
Hanovre, actuellement régnante en An-
gleterre, aient été médiocrement flattés
de laisser entrer dans leur famille 16 filf
de la comtesse de Théba, le petit-fils de
la reinè Hortense. Un avorton d'empe-
reur, prince du 2 décembre et duc de
Sedan, n'est point assez bon gentilhom-
me pour rendre friands de son alliance
les rois de Danemark. Christian IX n'a
pas encore le cynisme de Mme de Gri-
gnan qui, ayant marié son fils à la fille
du fermier général Saint-Amand, disait
qu'il fallait bien de temps en temps du
fumier sur les meilleures terres.
Le protégé du trop présomptueux gé-
néral Fleury a été évincé, ceci ne fait
plus doute pour les gens de l'Univers.
Mais la version donnée par l'Estafette,
qui d4 tenir ses renseignements d'excel-
lente source, fait jouer à son jeune pré-
tendant un rôle assez ridicule pour tuer
les prétentions qu'il peut avoir.
On pose cet aspirant à l'empire comme
un politique dont la précocité émerveille
les assidus de Chislehurst, et, dès son
premier pas dans la carrière des Talley-
rand et des de Gramont, ce jouvenceau
né sait pas contraindre son humeur, dé-
guiser sa passion, démentir son cœur,
parler et agir contre ses sentiments.
Décidé à se rendre à la cour de Copen-
hague pour demander la main de la
princesse Thyrra, il ne sait pas dire un
mot quilustifie le but de sa visite. Il
s'en va et il revient toujours aussi em-
barrassé de faire les avances que de ne
point les faire.
Et lorsque tout le parti 'bonapartiste
cherche, s'empresse, brigue, se tour-
mente, conspire pour le bonheur de son
prince et le malheur de la France, ce
prince à qui on demande compte du
grand espoir déçu, répond niaisement :
t Mon cœur me conseillait et j'ai écouté
mon cœur; j'ai une passion fà et je ne
veux me marier que selon mon cœur,
na. »
Mais c'est donc un benêt fieffé que ce
double prétendant, soupirant à la fois
après la main d'une princesse et après
la couronne de France, un sot qui n'a
pas même ce qu'il faut d'esprit pour être
fat ?
La République peut dormir tran-
quille. Le fils de l'Espagnole ne se tirera
jamais du ridicule; c'est son carac-
tère.
Si, par impossible, il arrivait un jour
qu'une conspiration heureuse mit cet
enfant gâté en devoir de violer la Cons-
titution , soyez persuadés qu'il refu-
serait cet honneur en disant a ses fidè-
les désappointés : « La mariée est trop
belle et j'ai une hypertrophie du cœur. »
Pas plus au théâtre que sur la scèné
politique, la France n'a de goût pour les
Thomas Diafoirus. 'or'
Voir à la deuxième page
LA PRÉFECTURE DE POLICE
(CURIEUSES RÉVÉLATIONS)
- PAR
UN VIEUX PETIT EMPLOYÉ
DERNIÈRES NOUVELLES
SERVICE TELEGRAPHIQUE SPECIAL DE LA LANTERNE
Marseille, 11 décembre, 8 h. 45 s.
Un violent orage accompagné d'éclairs et de
coups de tonnerre a éclaté sur Marseille et a
causé de graves dégâts aux environs.
Les conservateurs veulent porter comme can-
didat au Sénat M. Maicard, avocat, qui a plaidé
en faveur du baron des Isnards dans l'affaire
des troubles du cours Belzunce. ,
L'autorité vient de recevoir l'avis de l'arrivée
à Marseille, dans les premiers jours de janvier,
d'une ambassade composée de trente person-
nes et se rendant à Paris. — B.
Parlement allemand
Berlin, 11 décembre.
Chambre des députés de Prusse -La Cham-
bre discute la motion de M. Windfhorst, -ten-
dant à une modification de la loi qui abolit les
congrégations et ordres religieux. Le ministre
des cultes, M. Falk, se prononce énergique-
ment contre les modifications. Il déclare que
les services qui étaient rendus par ces ordres
sont suffisamment compensés et ajoute que le
gouvernement ne fera pas un seul pas en ar-
rière en ce qui concerne les écoles. Le gouver-
nement, a dit le ministre, veut conclure la
paix avec l'Eglise, mais il ne peut pas la con-
clure en prenant pour base des conditions
inacceptables.
Nous répondons par conséquent par un non
absolu aux propositions du centre, qui tendent
à anéantir toutes lois dirigées contre les em-
piétements de l'Eglise catholique. On offre de
pareilles conditions à un ennemi qui a les pieds
et les poings liés. mais non pas à un ennemi
qui est encore debout et sera éternellement de-
bout. Le centre ne veut pas la paix ; il combat
pour combattre. A
Le pape actuel aime la paix et l'a déjà prouvé
à plusieurs reprises. Le gouvernement a tou-
jours été et est encore prêt à conclure la paix
en prenant pour base la-lettre du prince impé-
rial au pape. Bien quo l'on désire la paix de
part et d'autre, on ne peut pas la conclure en
un clin d'oeil.
L'Etat ne veut pas conclure d'autre paix
qu'une paix qu'il considère comme possible'
qu'une paix qui puisse durer.
La proposition tendant à laisser endormir
la question, en n'appliquant pas les lois exis-
tan"es, n'est pas réalisable. On n'a encore
fait à
fait à l'Etat aucune proposition pratique en
vue d'amener une modification des lois de
mai.
Le gouvernement ne pourra s'occuper dune pareille
question que lorsque 1 on cherchera A conclure la
paix et que l'on offrira des garanties. Le gouvernement
n'abandonnera pas sans utilité une position acquise avec
beaucoup de peine. La possession des lois en question
était, est et sera toujours une nécesité pour le gouver-
nement.
La Chambre décide à l'unanimité, molDs les
voix du centre et des conservateurs, de passer
à l'ordre du jour pur et simple sur la motion
de M. Windthorst tendant à modifier la loi
concernant la suppression des congrégations.
y
- F
Le vote de la Chambre italienne
Rome, Il décembre.
L'ordre du jour Baccelli, qui dit que la
Chambre a confiance dans le gouvernement du
roi, qui saura maintenir l'ordre dans la liberté,
est accepté par le ministère, et rejeté par 263
voix contre 189.
Lisbonne, tl décembre.
il est inexact qu'une agitation sopialist* ait
eu lieu en Portugal. i©
Nouvelles d'Egypte.
;'j- ".catre,.tt décembre.
Demain parait à l'Officiel les décrets définis-
sant les attributions des ministres, réglant la
nouveau contrôle des finance exercé par un déa
légué des commissaires de la dette publique.
Une fausse nouvelle.
Madrid, 11 décembre.
Il n'est pas exact que le gouvernement espa-
gnol aurait proposé aux gouvernements alle-
mands et italiens de prendre des mesures cou-
tre les révolutionnaires cosmopolites.
M. Canovas del CastiDo a fait aujourd'hui
une visite au roi François d'Assises.
1 i
———— ——
FEUILLETON DU 13 DÉCEMBRE
LES CHASSEURS
DE
FEMMES
TftEMïifUt PARTIE
LA MORT DE FIFINE
v
l!elle-<|e-Kuit
v ; (Suite)
Il mit sa casquette à. la main.
— Joséphin Brachut, répondit-il de son
accent vinaigré, fils de Joséphin Brachut,
zingueur, décédé, pour vous servir, n4 na-
tif de Paris-La Chapelle.
— Vous connaissiez cette fille? dit le
commissaire.
- Oh ! si peu !
- Tais-toi donc ! interrompit Sautillet,
qui espérait peut-être racheter par son zèle
la contravention encourue. t'étais toujours
fourré avéc elle.
— Quand l'avez-vous vue pour la der-
nière fois ? reprit l'imperturbable question-
neur.
- Quand ça ?. est-ce que je sais, moi !.
- Je vous engage à plus de politesse,
déclara M. Ogier, sinon vous aurez des
comptes sévères à rendre.
— Poli ! Je suis poli. Pourquoi donc que
je serais pas poli ? Quand que j'iai vue ?
Attendez un peu que je me remémore.
Il se gratta avec conviction.
— Eh parbleu ! pas plus tard qu'hier au
soir. au Boit-qui-Veut !
— Un cabaret du boulevard extérieur,
compléta Sautillet.
— C'est bien ! fit le commissaire, ne vous
éloignez pas. Je vous interrogerai.
Et, d'un signe, il engagea le brigadier à
veiller sur cet intéressant personnage.
— Toi! Sautillet ! maugréa l'Ecrasé en
tre ses dents ; tu me paieras cette force-là.
— De quoi ? Est-ce qu'on t'accuse !.,. T'es
témoin. C'est flatteur.
Pendant ce rapide colloque, le docteur
Satonet se mettait en devoir de procéder à
l'examen du cadavre.
Sans entrer dans le détail technique des
observations que le praticien détaillait avec
une complaisance professionnelle — pour
l'instruction de son jeune confrère — insis-
tant sur les règles d'examen de cadavre en
matière criminelle, à savoir la constatation
des commémoratifs de connaissance des
lieux, d'inspection des vêtements, du corps,
de son attitude, dé l'âge, du sexe, de la
constitution, de la taille, de la couleur gé-
nérale, etc., nous résumerons en quelques
mots le résultat de cette première enquête :
Il était évident qu'il y avait eu lutte
longue et terrible. La femme, surprise,
avait tenté d'échapper à son meurtrier ; elle
avait couru autour de la chambre, renver-
sant les meubles. Un instant, elle avait
voulu ouvrir la fenêtre ; mais, violemment
attiré en arrière, elle s'était accrochée aux
rideaux, qu'elle avait déchirés.
L'assassin avait alors frappé sans relâche,
sans trêve, comme si sa maih eût agi au
hasard. Les coups, portés tous de haut en
bas, étaient au nombre de trente-sept, dont
la plus grande partie avait été amortis par
les vêtements.
Mais quelques-unes des blessures étaient
enffrayantes. L'une avait perforé la tempe
droite ; une autre avait traversé la gorge et
atteint la carotide. L'épaule droite était dé-
chirée sur une largeur de plus de sept cen-
timètres, et la clavicule était à nu. Enfin
un coup, un seul, mais profond, lancé net-
tement, avait percé le cœur.
La robe, le linge étaient littéralement dé-
chiquetés.
Nous avons dit que le corps était ren-
versé en arrière, soutenu à la hauteur de
la taille par une sorte d'escabeau.
— Voici évidemment ce qui s'est passé,
dit le docteur Satonet. Lorsque l'arme a at-
teint la tête, la malheureuse s'est rejetée
en arrière, est tombée les reins sur ce ta-
bouret. Alors l'assassin s'est couché sur*
elle, et, la tenant d'une main à la gorge, de
la main gauche évidemment, il a frappé
sur le buste qui faisait alors saillie. Ce
doit être la blessure du coeur. i
Cette explication semblait exacte à tou
égards.
Le docteur, après avoir examiné les-
mains et les billets de banque, dit encore r
— Voici ce que je crois : l'assassin, vou-
lait qu'elle livrât son ârgent. Elle avait cet
argent dans sa poche. Comment"? pour
quoi ?. En ceci je m'en remets à la police.
Bref, après avoir été atteinte une première
fois, elle a fouillé dans sa poche, et elle a
jeté les billets à terre., espérant peut-être
que le criminel s'en emparerait et se hâte
rait de fuir.
— Et il s'est acharné contre sa victime!. -
— Avec une telle furie, avec une exaspé-
ration si irraisonnée, que, selon moi, l'as-
sassin était ou fou ou ivre.
— Il était ivre, prononça M. Ogier.
- Quoi ! est-ce que vous le connaissez?
- Il est arrêté.
— Ah ! bah!
— Encore vêtu de la blouse maculée de
sang et ayant à la main un de ces billets de
banque. (
— Diable ! voilà qui est expéditif, fit le
docteur en s'inclinant devant le commisir
Sautillet toucha le bras de Jacques «
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UN AN. 24 FR.
DEUXIÈME ANNEE. — NUMERO 601
Vendredi 13 décembre 1878 (23 frimaire an 87
TËOP DfâTO!
Pour une fois M. le général Fleury se
fait lé negociaeteur d'un mariage pour le
bon motif, et -il ne f eiiss/f pas. mieux
dans cette tentative matrimoniale qfiië
dans,, son ambassade à Saint-Péters-
bourg! Ii n'est p~s plus heureux dans les
essais d'union princière ou il met la main,
que dans les rêves d'alliance qu'il fait
reposer sur une fesse.
Le plus grand succès diplomatique du
général, 6rt g'ëri èflutiéiit, celui dont il
se vantait le plus haut, M ê&ttâ preme-
nade en drowski le jour où ie lïiii
Alexandre l'admit à s'asseoir à ses côtés,
lui laissant juste la place pour reposer
son demi-séant Cet honneur, puis-
que honneur il y avait, grisa a tel point
la vanité dê ndtre ambassadeue, que M.
Fleury - ne soupçonnait pds, au moment
ou fut déclarée la guerre de 1870, l'exis-
tence d'un accord intime entre la Prusse
ét la Russie.
Il fut berné par la chancellerie du
prince Gortschakotf, comme il vient de
l'être par la famille royàlè de Dane-
m fit.
« C'est le général Fleury, ÎiÓûs ap-
prend l'Estafette, qui aurait eu le pre-
mier la pensée d'unir l'héritier de Napo-
léon III à la princesse Thyrra. »
Véritable odyssée que l'histoire de ce
mariage manqué, remis aujourd'hui sur
Je tapIS par l'Univers, célébré par tous
lés sarcasmes de la gent Veuillotine et
dont les feuilles bonapartistes cherchent
à atténuer lés effets ridicules.
Dans ces atténuations, le cœur du
jeune prince joue le grand rôle; la poli-
tique s'efface devant le sentiment.
Aux premières ouvertures, le fils dé
l'Espagnole fait entendre qu'il préfère
se marier selon son cœur. La princesse
Thyrra .elle-même aurait été fort aise
que le cœur du jeune prince l'eût dé-
cidé à devenir son époux.
Tous ces cœurs soulignés, c'est l'Esta-
fette qui nous les sert pour les besoins
de son plaidoyer. ,.
cr Avec sa clairvoyance habituelle.
c'est encore l'Estafette qui parle, et
quel pavé! l'ancien et fidèle ami de
l'empereur comprenait que les alliances
illustres contractées par la maison
royale de Danemark avec les maisons
royales de l'Europe, donneraient à cette
union une impôrtance considérable pour
l'avenir que rêve certainement le prince
impérial. »
Il faut être le général Fleury et avoir
sa clairvoyance habituelle pour s'imagi-
ner que Christian IX, roi de Danemark,
ner que Danemark- ,
aidé de son fils Georges Ier, roi de Grèce,
et de ses deux genares. le grand-duc
héréditaire de Russie et le prince de
Galles, allait partir en guerre pour ren-
dre au rejeton de la Montijo le trône
ifiîMrM de France, dont l'Assemblée
nationale avait déclaré déchus tous les
Napoléon présents et à venir.
Pour se conformer à cette idée sau-
grenue, la plus grande pensée du futur
règné, la mère s'en va en Allemagne
préparer les foies, et le fils se met en
route pour les pays scandinaves. Il se
rend à Copenhague, à la cour du roi
Christian, où on espérait qu'il parlerait
mariage. Le bon jeune homme reste
muet. Il part pour li Suède. On l'invite
à revenir. Il revient ; mais à cette se-
conde visite il ne parle pas plus qu'à
sdn: premier passage.
Le pauvre gars avait une inclination.
Fleury lui disait : Il Parle l mais parle
donc ! » Et son cœur lui criait ; « Tais-
tôl, tais-toi ! »
Il a écouté son cœur et non pas le gé-
néral Fleuri
Telle est la version vraiment exacte
de ce mariage m!int¡tui donnée par les
feuilles bonapartistes, qui, battues sur
le terrain politique, se retournent du
côté sentimental pour pallier la mésa-
vénture matrimoniale de leur prince.
- L' Univers, plus brutal dans ses expli-
cations, affirme que le grand-duc héri-
tier dé Russie, et sa femme, la princesse
Dagmar, n'oili ëti qu'à souffler un mot
pour mettre en miettea l'échafaudage
des grandeurs rêvées' par le général-
ambassadeur Fleury.
On comprend facilemen t que les Ro-
manoiff de Russie et l'antique maison de
Hanovre, actuellement régnante en An-
gleterre, aient été médiocrement flattés
de laisser entrer dans leur famille 16 filf
de la comtesse de Théba, le petit-fils de
la reinè Hortense. Un avorton d'empe-
reur, prince du 2 décembre et duc de
Sedan, n'est point assez bon gentilhom-
me pour rendre friands de son alliance
les rois de Danemark. Christian IX n'a
pas encore le cynisme de Mme de Gri-
gnan qui, ayant marié son fils à la fille
du fermier général Saint-Amand, disait
qu'il fallait bien de temps en temps du
fumier sur les meilleures terres.
Le protégé du trop présomptueux gé-
néral Fleury a été évincé, ceci ne fait
plus doute pour les gens de l'Univers.
Mais la version donnée par l'Estafette,
qui d4 tenir ses renseignements d'excel-
lente source, fait jouer à son jeune pré-
tendant un rôle assez ridicule pour tuer
les prétentions qu'il peut avoir.
On pose cet aspirant à l'empire comme
un politique dont la précocité émerveille
les assidus de Chislehurst, et, dès son
premier pas dans la carrière des Talley-
rand et des de Gramont, ce jouvenceau
né sait pas contraindre son humeur, dé-
guiser sa passion, démentir son cœur,
parler et agir contre ses sentiments.
Décidé à se rendre à la cour de Copen-
hague pour demander la main de la
princesse Thyrra, il ne sait pas dire un
mot quilustifie le but de sa visite. Il
s'en va et il revient toujours aussi em-
barrassé de faire les avances que de ne
point les faire.
Et lorsque tout le parti 'bonapartiste
cherche, s'empresse, brigue, se tour-
mente, conspire pour le bonheur de son
prince et le malheur de la France, ce
prince à qui on demande compte du
grand espoir déçu, répond niaisement :
t Mon cœur me conseillait et j'ai écouté
mon cœur; j'ai une passion fà et je ne
veux me marier que selon mon cœur,
na. »
Mais c'est donc un benêt fieffé que ce
double prétendant, soupirant à la fois
après la main d'une princesse et après
la couronne de France, un sot qui n'a
pas même ce qu'il faut d'esprit pour être
fat ?
La République peut dormir tran-
quille. Le fils de l'Espagnole ne se tirera
jamais du ridicule; c'est son carac-
tère.
Si, par impossible, il arrivait un jour
qu'une conspiration heureuse mit cet
enfant gâté en devoir de violer la Cons-
titution , soyez persuadés qu'il refu-
serait cet honneur en disant a ses fidè-
les désappointés : « La mariée est trop
belle et j'ai une hypertrophie du cœur. »
Pas plus au théâtre que sur la scèné
politique, la France n'a de goût pour les
Thomas Diafoirus. 'or'
Voir à la deuxième page
LA PRÉFECTURE DE POLICE
(CURIEUSES RÉVÉLATIONS)
- PAR
UN VIEUX PETIT EMPLOYÉ
DERNIÈRES NOUVELLES
SERVICE TELEGRAPHIQUE SPECIAL DE LA LANTERNE
Marseille, 11 décembre, 8 h. 45 s.
Un violent orage accompagné d'éclairs et de
coups de tonnerre a éclaté sur Marseille et a
causé de graves dégâts aux environs.
Les conservateurs veulent porter comme can-
didat au Sénat M. Maicard, avocat, qui a plaidé
en faveur du baron des Isnards dans l'affaire
des troubles du cours Belzunce. ,
L'autorité vient de recevoir l'avis de l'arrivée
à Marseille, dans les premiers jours de janvier,
d'une ambassade composée de trente person-
nes et se rendant à Paris. — B.
Parlement allemand
Berlin, 11 décembre.
Chambre des députés de Prusse -La Cham-
bre discute la motion de M. Windfhorst, -ten-
dant à une modification de la loi qui abolit les
congrégations et ordres religieux. Le ministre
des cultes, M. Falk, se prononce énergique-
ment contre les modifications. Il déclare que
les services qui étaient rendus par ces ordres
sont suffisamment compensés et ajoute que le
gouvernement ne fera pas un seul pas en ar-
rière en ce qui concerne les écoles. Le gouver-
nement, a dit le ministre, veut conclure la
paix avec l'Eglise, mais il ne peut pas la con-
clure en prenant pour base des conditions
inacceptables.
Nous répondons par conséquent par un non
absolu aux propositions du centre, qui tendent
à anéantir toutes lois dirigées contre les em-
piétements de l'Eglise catholique. On offre de
pareilles conditions à un ennemi qui a les pieds
et les poings liés. mais non pas à un ennemi
qui est encore debout et sera éternellement de-
bout. Le centre ne veut pas la paix ; il combat
pour combattre. A
Le pape actuel aime la paix et l'a déjà prouvé
à plusieurs reprises. Le gouvernement a tou-
jours été et est encore prêt à conclure la paix
en prenant pour base la-lettre du prince impé-
rial au pape. Bien quo l'on désire la paix de
part et d'autre, on ne peut pas la conclure en
un clin d'oeil.
L'Etat ne veut pas conclure d'autre paix
qu'une paix qu'il considère comme possible'
qu'une paix qui puisse durer.
La proposition tendant à laisser endormir
la question, en n'appliquant pas les lois exis-
tan"es, n'est pas réalisable. On n'a encore
fait à
fait à l'Etat aucune proposition pratique en
vue d'amener une modification des lois de
mai.
Le gouvernement ne pourra s'occuper dune pareille
question que lorsque 1 on cherchera A conclure la
paix et que l'on offrira des garanties. Le gouvernement
n'abandonnera pas sans utilité une position acquise avec
beaucoup de peine. La possession des lois en question
était, est et sera toujours une nécesité pour le gouver-
nement.
La Chambre décide à l'unanimité, molDs les
voix du centre et des conservateurs, de passer
à l'ordre du jour pur et simple sur la motion
de M. Windthorst tendant à modifier la loi
concernant la suppression des congrégations.
y
- F
Le vote de la Chambre italienne
Rome, Il décembre.
L'ordre du jour Baccelli, qui dit que la
Chambre a confiance dans le gouvernement du
roi, qui saura maintenir l'ordre dans la liberté,
est accepté par le ministère, et rejeté par 263
voix contre 189.
Lisbonne, tl décembre.
il est inexact qu'une agitation sopialist* ait
eu lieu en Portugal. i©
Nouvelles d'Egypte.
;'j- ".catre,.tt décembre.
Demain parait à l'Officiel les décrets définis-
sant les attributions des ministres, réglant la
nouveau contrôle des finance exercé par un déa
légué des commissaires de la dette publique.
Une fausse nouvelle.
Madrid, 11 décembre.
Il n'est pas exact que le gouvernement espa-
gnol aurait proposé aux gouvernements alle-
mands et italiens de prendre des mesures cou-
tre les révolutionnaires cosmopolites.
M. Canovas del CastiDo a fait aujourd'hui
une visite au roi François d'Assises.
1 i
———— ——
FEUILLETON DU 13 DÉCEMBRE
LES CHASSEURS
DE
FEMMES
TftEMïifUt PARTIE
LA MORT DE FIFINE
v
l!elle-<|e-Kuit
v ; (Suite)
Il mit sa casquette à. la main.
— Joséphin Brachut, répondit-il de son
accent vinaigré, fils de Joséphin Brachut,
zingueur, décédé, pour vous servir, n4 na-
tif de Paris-La Chapelle.
— Vous connaissiez cette fille? dit le
commissaire.
- Oh ! si peu !
- Tais-toi donc ! interrompit Sautillet,
qui espérait peut-être racheter par son zèle
la contravention encourue. t'étais toujours
fourré avéc elle.
— Quand l'avez-vous vue pour la der-
nière fois ? reprit l'imperturbable question-
neur.
- Quand ça ?. est-ce que je sais, moi !.
- Je vous engage à plus de politesse,
déclara M. Ogier, sinon vous aurez des
comptes sévères à rendre.
— Poli ! Je suis poli. Pourquoi donc que
je serais pas poli ? Quand que j'iai vue ?
Attendez un peu que je me remémore.
Il se gratta avec conviction.
— Eh parbleu ! pas plus tard qu'hier au
soir. au Boit-qui-Veut !
— Un cabaret du boulevard extérieur,
compléta Sautillet.
— C'est bien ! fit le commissaire, ne vous
éloignez pas. Je vous interrogerai.
Et, d'un signe, il engagea le brigadier à
veiller sur cet intéressant personnage.
— Toi! Sautillet ! maugréa l'Ecrasé en
tre ses dents ; tu me paieras cette force-là.
— De quoi ? Est-ce qu'on t'accuse !.,. T'es
témoin. C'est flatteur.
Pendant ce rapide colloque, le docteur
Satonet se mettait en devoir de procéder à
l'examen du cadavre.
Sans entrer dans le détail technique des
observations que le praticien détaillait avec
une complaisance professionnelle — pour
l'instruction de son jeune confrère — insis-
tant sur les règles d'examen de cadavre en
matière criminelle, à savoir la constatation
des commémoratifs de connaissance des
lieux, d'inspection des vêtements, du corps,
de son attitude, dé l'âge, du sexe, de la
constitution, de la taille, de la couleur gé-
nérale, etc., nous résumerons en quelques
mots le résultat de cette première enquête :
Il était évident qu'il y avait eu lutte
longue et terrible. La femme, surprise,
avait tenté d'échapper à son meurtrier ; elle
avait couru autour de la chambre, renver-
sant les meubles. Un instant, elle avait
voulu ouvrir la fenêtre ; mais, violemment
attiré en arrière, elle s'était accrochée aux
rideaux, qu'elle avait déchirés.
L'assassin avait alors frappé sans relâche,
sans trêve, comme si sa maih eût agi au
hasard. Les coups, portés tous de haut en
bas, étaient au nombre de trente-sept, dont
la plus grande partie avait été amortis par
les vêtements.
Mais quelques-unes des blessures étaient
enffrayantes. L'une avait perforé la tempe
droite ; une autre avait traversé la gorge et
atteint la carotide. L'épaule droite était dé-
chirée sur une largeur de plus de sept cen-
timètres, et la clavicule était à nu. Enfin
un coup, un seul, mais profond, lancé net-
tement, avait percé le cœur.
La robe, le linge étaient littéralement dé-
chiquetés.
Nous avons dit que le corps était ren-
versé en arrière, soutenu à la hauteur de
la taille par une sorte d'escabeau.
— Voici évidemment ce qui s'est passé,
dit le docteur Satonet. Lorsque l'arme a at-
teint la tête, la malheureuse s'est rejetée
en arrière, est tombée les reins sur ce ta-
bouret. Alors l'assassin s'est couché sur*
elle, et, la tenant d'une main à la gorge, de
la main gauche évidemment, il a frappé
sur le buste qui faisait alors saillie. Ce
doit être la blessure du coeur. i
Cette explication semblait exacte à tou
égards.
Le docteur, après avoir examiné les-
mains et les billets de banque, dit encore r
— Voici ce que je crois : l'assassin, vou-
lait qu'elle livrât son ârgent. Elle avait cet
argent dans sa poche. Comment"? pour
quoi ?. En ceci je m'en remets à la police.
Bref, après avoir été atteinte une première
fois, elle a fouillé dans sa poche, et elle a
jeté les billets à terre., espérant peut-être
que le criminel s'en emparerait et se hâte
rait de fuir.
— Et il s'est acharné contre sa victime!. -
— Avec une telle furie, avec une exaspé-
ration si irraisonnée, que, selon moi, l'as-
sassin était ou fou ou ivre.
— Il était ivre, prononça M. Ogier.
- Quoi ! est-ce que vous le connaissez?
- Il est arrêté.
— Ah ! bah!
— Encore vêtu de la blouse maculée de
sang et ayant à la main un de ces billets de
banque. (
— Diable ! voilà qui est expéditif, fit le
docteur en s'inclinant devant le commisir
Sautillet toucha le bras de Jacques «
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