Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1914-07-31
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 juillet 1914 31 juillet 1914
Description : 1914/07/31 (Numéro 16331). 1914/07/31 (Numéro 16331).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k715451c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
VENDREDI 31 JUILLET 1914
-ÏX.
ôuatre-vîng't-anîème année. — 16.331.
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VENDREort , râuifctÊ i r 1914
ABONNEMENTS
PARIS ETRANSES
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LE NUMÉRO ; 10 centime
lea mandats et bona dë posit
li jlv«nt étra adressés ■ '*
: ô H. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE ÎA FRANCE /
". Hu milita des factions d* toute tipies, vous tj'apparlwz*
fU'â l'Église et à la Pairie.
fiOcis VEOILLQT : Programme de l'Univer» (18%
iDSiMSTRATiOS S EÉD.lCJiOS :
Paris, 19, mfi des Saints-Pères (\fo arroni 1 )
DÉPOTA ROME: «, haci BE u hhsbïi
f>rt manuscrits non Insérés ne «ont ^as renia
"S. . .. . t
, ' ANNONCES
AUX BÏÏEEATJX DU JOURUÂI.
la, rua dos Saints-Pères
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ RELIGIEU39
- i 6i plboe 4« la Bourao ■■
' TÉLÉPHONE 751-53
SOMMAIRE
A« tOBD DR L'ABIME.. ;
t.* J'auosPfCB aojiAws.'— Dont Cesse*
Au joçb.lb joua : Décorations. .> .
J.» .titlÇRRff austro-sgros. è , • . . '
L ES A CTES RÉCENTS en S ÀIHT- S IÈGE. — Ray-
... mond. "
O BDONNANCE DB MGR L'E VÉQUI oï B AYOHN», L KS-
CAB «T OLOBO*. " ' ~ »
ti « M ATIN » ET L .vmks CiK.L*,nx. .»» O.
L A M ÂSSA B IELLE ' ci«foÛQ0E ET LE TRIOMPHE OU
G HAIST- R OJ. — Mgr Léopold Goursat. 7
F EUIÎLETON : Variétés juridiques ; Le droit des
1 fidèles sur leur église, ,-rr- Albert Cara.
PARIS, 30 JUILLET 1914
Au bord de l'abîme
Malgré la modération des. gouverne
ments,^ péril deguerre grandit
Bien- n'est, survenu d'essentiel!ement
nouveau depuis hier dans la_ situation
européenne. Les diplomaties piétinent
et en sont toujours au même point. Elles
s'efforcent d'éviter l'irréipar'ahle, sans
trouver lé moyen de l'éviter.
Ce qu'il faut bien remarquer, en tout
cas, c'est l'esprit d'extrême modération
dont- fait .preuve ia Russie. La Russie a
mobilisé quatorze corps d'année. Mais
elle a pris soin d'informer.ie gouverne
ment impérial allemand que cette mo
bilisation n'était à "aucun degré dirigée
coptre rAMerxîa.gne.E9pérons qu'à Berlin
on ne sera pas tenté d'abuser de cette
manifestation spontanée de l'esprit pa
cifique .des Russes.
D'autre part* â'Allemagne elle-même,
tout" ' en se tenant sur la réserve,
se garde- de brûler, ses vaisseaux. Sans
■douté elle a déediné la proposition de
conférence soumise à l'Europe par .sir
Edward Grey. Mais elle ne l'a déclinée
qu'après avoir consulté l'Autriche, qui :
a répondu, qu'elle, ne. voyait pas l'uti
lité. ni même l'objet de cette réunion.
L'Allemagne néanmoins. -peste, prête à
toutes.'l^'Convemtions,- à' toutes les re
cherches.en eommun d'un terrain d'ên-
iénie .açoeptabJe - ppur -TAutriche. La
question est -de savoir si ce .terrain d'en
tente pourra être trouvé, car la volonté
"du gouvernement austro-hongrois, qui
-est d'en^ finir avec -les menaces* du pan-
serbismê,. ■sembla bien arrêtée., Le ma
nifeste de l'Empereur François-Joseph
ne laisse aucun doute à cet-égard.
Les opérations militaires i ont: comv
méncé-. -Les ■ belligérants n'en sont en
core, toutefois, qu'aux préliminaires.
-Que Belgrade ait été bombardée, c'était
Je premier -fait de guerre auquel, il fal
lait s'attendre et auquel les Serbes eux-
mêraes,qui avaient évacué leur capitale,
s'attendaient. On, ne sait rien, encore de
précis sur les ; intentions ultérieures de
â'étatrmajor autrichien ni sur ses plans
de "campagne. •
Mats i'l semble'que lé gouvernement
^e- Vienne^: qui a préparé de longue
anaiii son action, compte sur des auxi
liaires qu'on "n'a pas:assez prévus dans
le reste de l'Europe. La^Nouvelle-Serbie,
c'est-àrdi^e les. territoires conquis sur
les Turcs et récemment annexés, sQnt
loin d'être -habités par une, population
uniquement serbe. Il y a là de fort grou
pements; albanais dont la rébellion,
annoncée ce matin, pourrait bien avoir
été organisée d'avance. Un fait de cette
bie de graves embarras.
Cet exemple suffit 4 donner une idée
actuel. S'il y a des Etats qui se confor
ment à toutes les hypothèses qui avaient
«té . faiiçs: sur leur, attitude en cas de
■conflit, — teiMe l'Italie, qui se réserve,—
il y a dlautres. Etats dont la ^politique"
pourrait, causer des surprises. • Ainsi la
;Honmanie qui semble moins décidée à
•entrer en caimpagne qu'on ne l'eût
- supposé*. ' " '
! Au bord de l'abîîne, il est visible que
ila plupart des gouvernements hésitent.
:Mais les peuples montrent un sang-froid
jicomplet' et «e déclarent résolus, s'il le
'"faut, à-recourir-aux armes. '
A' Paris comm® à Benlin cetté décision
liroide et presque amuetté dé la popula
tion est" un des phénomènes les plus
■frappants des jours pleins d'angoisses
«tfue nous vivons '.
\ A force d'envisager de plus près et
ijplùs faniilièrëmènt l'idée de la guerre
'générale, ne rapî>rochera-t-on pas l'heu-
fre .'où la guerre éclatera ? Ce qui rem
plit d'anxiété l'observateur, c'est que la
(■volonté des gouvernements et des
iiiommes paraît de -moins en moins ca
pable de retenir des événements que la
«force des choses dirige.
I Puisse l'Europe, ne pas payer trop
jTbher ,.les fautes au'olle a commises dans j
ig -passé 1 - - . 1
La Questiond'argent
"* " '' ' ' - uiiiijw'
: La situation de la Bourse.
La rareté dé l'or.
Dans la plupart des capitales, la Bourse^
a jété. fermée. Toutes lès Bourses -avaient
suffisamment payé .leur tribut à; la panique.
Ajla Bourse de Paris, le marché à .teraïe a
été supprimé, mais le marché au comptant-
rësie ouvert; lès irane a étions y sont d'ail
leurs insignifiantes.
En raison de la situation du "marché en
banque et bien que la Compagnie des, agents
de cliang© soit en mesure de faine face à
tous ses engagements, il a été décidé que
la liquidation du 31 juillet serait «portée
au 31 août,
« *
Un phénomène qui se produit automati
quement dès que la situation.extérieure de
vient menaçante, c'est la rareté deTor.Nous
l'observons en ce moment. L'or a presque
complètement disparu .de Paris. Ceux qui
én ont. le caclient ,* ceux qui n'en ont. pas
cher-chènt é s'en procurer, l^a Banque, de
France est "littéralement assiégée par les
chercheurs d'or. Mais, après avoir fait le
•pied de grue pendant une demi-jottrnée, on
ne réussit qu'à se faire donner, cent francs
d'or, quelle.que soit la somme de billets qui
l'on présente^
, Ce n'est pas cependant que la Banque
manque d'or. D'après les dernières vérifi-
cîAiojis," elle en a pour 4 milliards 200 mil
lions. Jamais son encaisse n'avait été si
élevée. C'est dire que nous souhaitons à
nos lecteurs d'avoir dans, leur coffre-fort
beaucoup de billets de banque: ils ne per
dront rien de leur valeur.
Ce qu'il y a de plus curieux, c'est que,
par suite des -paiements considérables
qu'elle a eu à f aire ces temps derniers, la
Banque de France manque de billets. Aus
si, depuis trois jours et trois nuits, en tire-
t-elle sans relâche.
Ce qu'on ne sait pas assez, d'autre part,-
c'est que la Banque de France a -une pro
vision considérable de billets de 20 francs
et de 5'francs, qui seront mis en circula
tion si le niétal venait-à manquer. .
LA PRUOENGE ROMAINE
. ■-— -—><• —-■ _
- Les catholiques français, personne ne
l'ignore, sont politiquement divisés et
ces divisions les suivent dans 4'action re
ligieuse. Le Saint-Siège s'efforce en ce
moment d'arracher aux troubles causés
par les luttes politiques les intérêts sur.
périeiirs de l'Eglise. Les difficultés de
la situation sont aggravées par le fait
d'esprits agités et agitateurs, qui s'obs
tinent à ne voir jamais les choses com
me elles sont. Il faut pour aboutir les
ressources de la prudence romaine.
Il y a chez nous des catholiques de
droite et des catholiques de gauche.
Ceux-ci acceptent de bon cœur la Cons
titution qui régit présentement la
France ; ils se disent, répuiblicains et
ils font des efforts sincères pour per
suader les antres et se. persuader eux-
mêmes qu'ils le sont. Geux-dà réagissent
contre les. idées révolutionnaires ; ils
conservent les principe. traditionne'ls
.de la. politique nationallé ; ce.sont" des'
monarchistes. Les convictions politiques
des premiers,'leur langage et leurs actes,
les lient a nn ordre de choses qui a
pour appui les doctrines du libéralisme
et de la démocratie. Qu'ils le veuillent
ou non, Sa République française est par
sa nature, par ses idées, "par ses lois,
par son /personnel,Hbéra1e et démocrate.
Comment, dès lors, résister à la péné
tration dut libéralisme et de 8a démo
cratie, losqu'on déclare en accepter les
conséquences ? En fait, ces catholiques
de gauche sont, en même temps que
républicains, libéraux 1 et démocrates.
Or ni le libéralisme ni ' la démocratie
n'ont obtenu de Rome un laissez-passer.
Qpi mieux est, les Souverains Pontifes
ont condamné jadis et Condamnent en*
çore les erreurs qui les produisent ;
ils mettent les fidèles en garde contre
leur application. Les monarchistes,, au
contraire sont facilement dans la gran
de tradition chrétienne. Ils conservent
les -principes essentiels de l'ordre poli
tique et social.,Réagissant .contre, le li
béralisme et la démocratie, ils prennent
naturellement des attitudes conformes
à ce que le Saint-Siège a toujours de
mandé. -C'est un grand avantage pour
eux. L'expérience en a été faite ces der
nières années, lorsque Pie X a trans
porté da.ns le gouvernement de nos
Eglises les vérités et les droits que trop
souvent le libéralisme et la démocratie
étouffaient chez nous sôus un silence
habilement ménagé. Leur adhésion rie
se fit pas attendre ; elle fut généreuse,
enthousiaste.
Cette attitude eut ses effets immédiats
jusque sur le domaine politique. Les
catholiques de gauche, s'en aperçurent
bientôt.- Ils ne formaient pas plus, du
reste* que les catholiques de droit» "une
majorité. Car la niasse évite- toujours
les attitudes trop nettes. Elle; n'est niA
droite, ni à gauche ; elle est entre les
deux, flottant d'un extrême à l'autre.,
-Les solutionnistes, les indifférents et
les' fchéocraies,.- qui cherchent : dans la:
religion la "solution de^tous les problè
mes politiques et sociaux, n'ont aucune
peine à trouver, leur pOace: • Cependant
leurs positions . dans le. clair " obscur
sont par la force des choses indécises .;
pour cè : imotif elles répugnent à l'ac
tion efficace. On -s'en aperçoit, 1 quand
.sonne:.-l'heure d'agir ; et efle so'nae:
toujours,, à un. moment ou à un. autre,
dans une nation; "Alors -il faut së' mettre
à la remorque de ceux qui. ont- eu la
chance d'occuper les points d'où l'on est
à même de voir, décider, marcher,
commander. On ne les trouve qu'à
droite ou à gauche.
Les catholiques de gauche, pour des'
motifs qui appartiennent déjà à l'his
toire, tenaient ces positions et dirigeaient
les organes au moyen "desquels, il est
facile de conquérir- les masses et de les
garder- dociles. Ce. fut pour les con
duire aux urnes. Leur.actâon n'a éte
jusqu'ici qu'électorale. Des événements
ét 1 des- circonstances, que chacun con^
naît et apprécie, rendent la foule ca
tholique défiante. Elle les suit de moins,
en moins. Les catholiques dè droite
gagnent ce qu'ils perdent. Cela se passe
en domàinè politique, je -demande aux
lecteurs de ne. fiance s'éloigne des hommes de gauche :
ils en sont à redouter une débâcîe. Soit
dit entre nous, c'est bien leur faute. Ils
ont eu. toutes les chances ; pourquoi en
ont-ils si peu profité ? * .
Je ne veux pas attribuer à leurs chefs
une initiative qui est partie d'ailleurs.
Mais, ce n'est un mystère pour per
sonne, /les campagnes menées contre'
l'Action Française leur ont semblé une
excellente; fortune.; Les catholiques de
droite, en effet, se sont en assez-grand,
nombre mecrits sur les listes de cette
ligue. C'est à elle que yont.et iront for-,
cément les déserteurs du 'libéraâi&me et
de la démocratie. L'importance qu'èllé
prend. de joiir en jour finira pair*; îùi
concilier ;des sjrmpathies de- la-, masse.
àolùtionmste, indifférente ou théocratè:
Le "nombre alors fuira les- gens de gau
che. Avec l'espoir de 'la fortune numé
rique ceux-ci én perdront une autre,,
celle "qui assure la marche des journaux;
et rend les élections possibles; .
Quelle heureuse aventure si l'on par
venait à jeter dans- un discrédit reli
gieux les catholiques' de droite ! Cette,
perspective rie pouvait que réjouir des
hommes sur lesquels ont rebondi tant
de .condamnations prononcées par le
Saint-Siège contre les erreurs modernes.
Ils ne seraient plus les seuls. Cette com
pensation retarderait pour longtemps
leur inévitable débâcle. C'est dans' ces
conjonctures que les abbés Pierre et
iLugan devinrent -leurs auxiliaires, il
faudrait dire," bienfaiteurs. Cette ren
contre- d'écrivains qui sont au des
sous du> médiocre et .des. catholiques
dé gauche ' est. toute l'explication du"
succès de leurs livres.Qui les eût connus'
sans cela ?" " :
. Leur campagne est devenue ©elle des
catholiques ,de. gauche. Elle a bénéficié;
en -France et à Rome de l'action des
mêmes protecteurs et des mêmes agents.
MM. Pierre et Lugan ont entrepris plu i
sieurs fois le voyage de Rome ; ils ont
visité, parlé. Ceux qui les connaissent
par leurs écrits se demandaient com
ment on pouvait les prendre au sérieux,
En réalité, ils étaient couverts du pres
tige et de (l'influence, qui s'attachent à;
la diplomatie de .la gauche catholique.
En somme, et c'est là que je veux en.
venir, toutes ces campagnes si bien or
ganisées pour -faire censurer' d'Une-ma
nière ou d'une , autre telles idées, tel
livre; ayant des liens avec certaines per
sonnalités appartenant à l'Action fran
çaise, avaient pour bjit de jeter un dis-.
crédit religieux sur une ligue politique:
C'était justement celle "qui. enrôlait les.
catholiques -dé droite. , Mais il fallait
pour cé'la une intervention des congré
gations romaines et, en dernier ressort^
du "Souverain Pontife'. Les catholiques
de gauche^ ont cru qu'elle ne leur ferait
pas. défaut. Ils avaient de" tels , protec
teurs et, sur place,- des avocats si dé*
voués ! Cette intervention leur a man
qué: Les plus obstinés dans la confiance ;
l'espèrent encore du successeur dç "
Pie X. Les autres ne pénètrent pas le?
raisons d'un silence auquel ils ne s'at
tendaient point.
Ce raisons, est-il besoin d'un grand
clerc pour les découvrir ? Les juges ro
mains, que l'on sollicitait , il y- a un an,
il y a six mois, n'ont eu qu'à regarder
et écouter. Us ont vu ce qui se passait
et entendu ce qui se disait. Nous le
voyions, nous l'entendions bien en
France. Sans se prononcer sur la nature
êt les sources des prop.ositions qui leur
étaient^- soumises, ou sur 'le caractère
d'un îijre déféré à leur jugemeat.n'ont-
i&Vpas distingué la trame de cette in
trigue hi '
(Tétait facile .avec les grosses ficelles
dont on, l'avait façonnée. Et alors ils
n'ont pas .voulu -mettre ' l'exercice de
leur autorité au service d'un groupe
politique cotitre une ligué rivale. Lés
mieux informés savaient , quel parti al
laient, tirer de leur . sentence lës 'démor
crates)etMes libéra;^ de.gauche pour
embarrasser les intransigeants "de'droite.
À!quoi fioalement àbpûtiraient dans la
praticpie toutes ces manœuvres ? - Elles
atténueraient} l€S effets des condamna?
tions récentes dont le Saint-Siège a'
frappé les erreurs libérailes et démocra
tiques. Je le répète, on s'en est aperçu
à Rome, tout comme nous l'avons ob
servé en France; . -
Rome a g^.rdé le silence. Cela prouve
que le péril doctrinal dénoncé avec tant
'de fracas manque de sérieux.,On ne se
tait pas à Rome-, 4orsque là-foi est me
nacée. -»
Dota BESSE.' .
Au jour le jour
Décorations
A propos du procès'de Mme Câilldux, les
journaux ont remarqué que M. Pavl' Bour-
get, pendant qu'il déposait, ne portait pas
la rosette d'officier de la Légion d'honneur,
qu'il,e? obtenue d une époque où le talent
pouvait se passer d'êtne gouvernemental, et
qu'il obtiendrait, je crois,assez difficilement
aujourd'hui.
ic.ne crois pas que cet exemple soit gé
néralement suivi. Quelque mal qu'on ait dit
de la Légion d'honneur, ét quelque peu ho
norables qu 'aient- été, parfois, les gens à
qùi on l'a octroyée,-elle n'est pas encore
très'près de perdre soïn prestige. .
■ La plup-artide ceux :qui bu blaguen-l la dé-
sirerit. Il faut avoir une très haute dose,:jQ:
ne, dirai 'pas, de. modestie, mais d'orgueil
pour s'en passer sans regret et sans ~anver-
tWhteY il faut aussi mépnser suffisamment
uns ^tiuvemem^nt pour n'attacher - aucun
pri&'aux distinctions qu'il accorde, et qu'il
n'accOrdt guère qu'à ses amis et à ses par
tisans. ■
Môme :les hommes ; lés plus . supérieurs
n'ont pu se dégager de cette faiblesse. On
voit dans la- correspondance de Stendhal
combien il tenait à orner sa boutonnière
de.ee. petU m&reeau de i-uban rouge. Il te
sollicitait d'ailleurs, non pas tomme (cri-
vain,•mais comine fonctionnaire, et ce fut
à ce-seul titre qu'il l'obtint.
Dans certains cas,—je ne parle ici que
des \décora.tions littéraires, — lorsqu'on
n'a pas une grande indépendance de,
caractère ou de situation, lorsqu'on n'a
pas besoin, pour gagner sa-vie, pour amé
liorer sa situation,- d'épater son prochain,
directeur die, journal,, éditeur, etc., lors
qu'on' possède un de ces talents qui s'im
posent bu une de ces philosophie s hautai
nes .que les petites satisfactions de vanité,
si galvaudée^ ne tentent pas où ne tentent
pliis'ple rulmrt de la Lég-ion d'honneur, n'est
pas indispensable. Le plus souvent* il de
vient'tôt où tard nécessaire et, en quelque;
sorte, c&rri.me outil -professionnel. Il -ne don
ne'. pas.une, valeur littéraire à celui qui-eii
manque,- mais 'il fait croire' qu'elle existe.
C'est lfi le point essentièl. - : . .'î .-. . .
Ce qui domine le caractère français, c'est
une 'vanité. d'enfant ou de nègre. Tous les
Français-,"de toutes les classes, veulent être
u distingués ». Ils comprennent ainsi l'éga
lité. On aime mieux porter la décoration
des vieux serviteurs que n'en pas porter du
louti Si la Légion d'honneur, au lieu d'être
un ruban rouge à la boutonnière, était un
anneau de cuivre accroché au ruez, tous les
nez de France la solliciteraient.- - -
Bien, n'égale la joie de l'homme qui finit
par obtenir une décoration depuis long
temps attendue: Il oublie les longs efforts;.
les hdmre's;de découragement, les ' attentes
interminables, dans ■ une antichambre mi
nistérielle', cette humiliante et douloureuse
mendicité qui a duré deux ans, cinq ans,
dix ans. Ce que sa patience, sa ténacité; et
parfois, à la dernière minute, le hasard
d'une puissante relation, lui ont fait, obte
nir,-"-U ne l'attribue plus qu'à son mérite.
Généralement, cette joie intense d'urne va*
nitê exaspérée par les obstacles, par les
échecs, et d'autant plus saitisfaite par un
Succès tardif, ne tarde pas à diminuer, ti
y a' tsepeijidant. des hommes■ qui.ne se bla~
terit jamais. Je crois qu'ainsi était M. de
SilïlbuMic, ministre sous Louis XV, qui,
détaré des ordres du roi, avait fait faire
un grand cordon en caoutchouc pour pou
voir-le porter dans le bftin. Nous avons
toiis connu des gens de lettres — un peu pa
rents de ce M. de Silhouetta— qui metten'
à ki boutàrinièrc de leur vèstom d'apparte
ment le ruban rouge ou la rosette,-afin que
ceux.- qui - viennent les voir ne soient -pas
exposés a ies prendre (quand ils n'ont pas
un nom célèbre ou une œuvre incontestée)
pom de vulgaires ecrivoMleurs qui man
quent dè talent ou qui gagnent péniblement
leur'vie. .
',11 'convient de reconnaître, pour rendre
ftmvrnage à la vérité, que cette recherche
des décorations, si elle sévit r. surtout, ett
Frante, n'est pas spéciale-
le lisais dernièrement, dans un vieux-récit
Ue voyage dans VAmérique du Nord, que
les* Indiens ; de certaines peuplades, qui
Vêlaient signalés par une supériorité quel
conque — mais là aussi il devait y avoir
des abus et des passe-droits —se faisaient
tatouer sur la poitrine des' figures d'ani
maux, aigles, bisons,"léfrpards, etc. C'était
leur légion ' iïKanneun. :Etl comme nous
avons chez; nous des chevaliers, des offi
ciers, fies commandeurs, etc.,il existait chez
eux, objets, d'admiration ou d'envie\ des
tatoués de première classe, de deiixième
classe, troisième classe, etc.
: Chaque pays a ses coutumes, et entré
celles d'une peuplade sauvage et'celles d'un
pays civilisé, la différence n'est pas tou
jours aussi grande qu'on lé croit.
S aint -R oman.
Échos
Là poudre va parler
-, AittSÎ-'s'èxprimait foy^usejn^nt, ce ma tin;
dans un café,, tin consommateur qui pa
raissait d'ailleurs, très excité.. Des amis,
autour' de lui) partageaient sa joie. Voilà;
:me dis-je, de braves gens qui seraient heu-
neux de. faire -le coup de fusil. En effet, la
. suite de la conversation me révéla que
"c'étaient des chasseurs qui venaient de
lire >dans, les journaux, que l'ouverture de
la chasse dans la première zone était fixée
au. 15 août... Plaise à.Dieu qu'en France
on n'ait ipas à tirer d'autres coup6 de fu
sil t
Les canards
Naturellement, la situation tendue que
nous traversons devait favoriser une envo
lée de canands. En Alsace^Lorraine, les
bruits suivants coururent, ces jours-ci :
M. Poincaré avait été assassiné... en pas
sant par Kiel. — M. Poincaré, à la fin d'un
déjeuner avec Guillaume II à Stockholm,
s'était colleté avec l'empereur. — Des Alle-
mânds avaient été assassinés en France.
— 'Etc.,.:. ; _
D'autre part, tous les journaux français
ont reproduit une dépèche de Strasbourg
disant que, dans les églises de Lorraine,-
hier, on avait prêché sur le patriotisme ;
que"des prières avaient été dites pour la
-grandeur"de l'Allemagne'que des' affiches
officielles conseillaient, le calme ;.-.qu.e.des
jeunes filles avaient signé rengagement de
revenir dans les ambulances.
' Tout cela- est démenti: -.
Sauvé par las menacés
de guerre
Le valet de chambre Aoimaître était au
service-du poète Fera and Gregh, auquel il
subtilisa un certain jour son portefeuille
garni de billets de banque — plus de 1.500
francs — et'd'un grand nombre de vers
inédits. „
Devant la huitième Chambre correc
tionnelle, où il comparaissait, son avocat,
M® Félizet,* néfice de la loi de sursis :.
— Le verdict rendu hier ne peut avoir
-qu'une explication, ç r est que le jury a en-
teridu l'appel du défenseur, M« Lafoori, qui.
demandait devant ie péril extérieur l'ou
bli de toutes lès discordes. La- guerre va
peut-être éclater : accordez à oet homme
.le sursis pour lui permettre, dès la pre
mière heure, d'ailer faire son- devoir'.ét se
réhabiliter....
Le tribunal, que présidait M., Chesnay;
a entendu cette prière ; il l'a comprise, et
l'ancien valet sien est tiré avec un an dé
prison, mitigé par le-bénéfice de la - loi de
eursia. • _
Oui, mais 6i la guerre n'éclate pas ?
Deux, capitales temporaires
Les deux nations serbes, la Serbie et le
Monténégro, sont résolues à lutter ensemble
comme au moment de la guerre balkanique.
Pour l'instant les deux gouvernements ont
abandonné leurs • capitales trop exposées
,aux attaques de l'ennemi.
Cettigné est remplacée par un village .si
tué près dé l'ancienne frontière turque,Fed-
goritza. ■ • v • , '
La Serbie a délaissé Belgrade que les. Au
trichiens, peuvent occuper d'un moment'à
l'autre. Les services publics ont été trans
portés lion pas >au centre de Nisch,la secon
dé ville,placée sur la principale ligne'de cUe-:
min de fer, mais à Kragujevatz. Ce bourg
a déjà servi de capitale au milieu du* siècle
deiinier ; .il est' à peu près à égale distance
de ^Belgrade et. de. Niaoh. Mais il. est situé,
dans l'intérieur du pays, au . milieu d'uné
région montagneuse et à l'extrémité d'un em-
bra.nchement. Ce serait donc seulemen!
après* avoir occupé presque tout le royaume
qu$ les Autrichiens pourraient arriver de
vant le siè^e du goiwrnement.
?î ' '• ---- • k • . -
■" J' Aprèë le procès Caillaux
Sait-on-ce que .les garçons du Palais de
justice ont trouvé en nettoyant hier la
Ç.f à r d'Assises que les séances du procès
Caillaux avaient laissés idane un état plu
tôt'malpropre? - • ?* v
Simplement : 2 chapeaux d'h,omme, 2 ro
bes d'avocat, 1 toque d'avooat, 6 pliants,
13 gants d'homme et de femme, 55 bouteil
les d'eau d'Evian vides, 1 siphon d'eau de
Seltz vide, 9 sandwichs, 8 bouteilles de li
queur vides, 21 bananes, 15 pêches, 8 pru
nes, etc. . . . . :
On s'éxplique mieux la perte des robes
d'avocats, quand «n sait que certains goli- 1
ciets avaient revêtu la toge' pour se dégui-
Après l'Arrêt du jury, la salle a été . la
théâtre de violentes manifestations. Aussi'
quelques banquettes ont été cassées, vingt- :
deùx -chaises sont complètement-hors d'usa
ge,. des boutons de porte ont été arrachés
et, d'une façon générale, le mobilier a été
fort endommagé. . -
Et- c'est encore "nous qui paierons !•
• ' 1 C ércàmôn.
Les catholiques au Brésil
Nous avons parlé quelquefois de la re
naissance catholique du Brésil contempo
rain.^
Un de nos confrères d'Anvers,profitant
du passage dans cette ville de S. G. Mgr
Duarte, archevêque de Sâo-Paulo, une
des quatre grandes villes brésiliennes, lui
a demandé quelques renseignements Sur
la situation du catholicisme dans son pays.
Mgr Duarte, dit notre confrère, est Sgé
.'de?45 ans ; il est Brésilien de naissan-ce,
mais, s'exprime admirabtement en - fran
çais» .Son .profil, particulier à sa ~ race,
s'iltunine'd'un regard, à. la fois vil.et doux,
caractéristique, d'une âme bien '.trempée et
portée naturellement vers la bonté.
— La population du Brésil est en grande
majorité catholique, a dit l'archevêque.
L'essor du catholicisme date de la Répu
blique, non que celle-ci s'y soit montrée
spécialement favorable, mais parce- que
la liberté de l'Eglise fut inscrite dans la
Constitution et effectivement respectée.
Le respect de cette liberté, dont noua
profitons amplement, est garanti par
l'existence d'une Cour suprême à laquelle
nous pourrions éventuellement recourir si
nous jugions-lésés par quiconque, fût-ce
par le président lui-même, nos droits con
stitutionnels.
Sous ce régime de liberté, l'organisation
catholique s'est développée. Elle compté à .
présent un cardinal, 9 archevêques et 51
évêques. Le territoire civil de Sâo-Paulo,
qui, jusqu'en ces derniers temps, consti
tuait un seul évêché, a été érigé en arche
vêché et divisé en 6 diocèses.
< Malheureusement, le manque de prêtres,
se fait sentir.-Mon archidiocèsene compta
que 95 prêtres séculiers et moins de 150 re
ligieux, de tous, ordres du rester.
C'est bien trop peu, vu surtout l'étendue
des territoires. Mais- les . voçétions sont
d'autant plus difficiles que le pays est plus
riche et lès situations d'avenir plus bril
lantes pour la jeunesse.
: — Le Brésil est-il resté un pays de mis
sion ?
— Peu. Les Ordres religieux y sont éta
blis en résidences et travaillent .sous la ju*
ridiction des éyêques et archevêques/
En fait de missions proprement dites, il:
n'y en a plus guère que dans le Nord, dans .
l'Amazone, où se trouvent trois prélatures
et trois préfectures.
L'esprit des populations est très bon;
très doux,'et en quelque manière porté
d'instinct vers ta foi. Le culte est entretenu,
par la grande générosité des fidèles ; ac
tuellement, à Sâô-Pàulo, toutes les églises
sont en construction ou en reconstruction;
nous' édifions une belle cathédrale : gothi
que, dont le coût atteindra bien 15 & 16 mit-
lions, ce qui correspond ici à 8 ou 10 mil
lions.
- 4- Et les autorités civiles, ont^elles une
attitude bienveillante-?; • - • «
, Les autorités civiles, en f ait, nous.sont
plutôt favorables.. Elles ne. peuvent, évi
demment ni reconnaître le culte catholique
ni lé subsidier, mais nous ne. souffrons
d'aucun ostracisme, et le caractère d'oeu
vres d'art de nos.églises,de nos statues,etc.,
leur vaut les mêmes faveurs qu'aux œuvres
d'art profanes.
— Quel est l'état de l'enseignement ?
—- Il est libre, et les écoles congréganis-
tes sont assez prospères. On ne saurait en
dîne autant de la .presse. La majorité des
journaux sont mauvais, et les catholiques
n'ont pas encore suffisamment-organisé les
leurs: C'est "ainsi que le seul quotidien ca
tholique de Sâo-Paulo nous coûte énormé
ment: Espérons qu'un progrès sera réalisé
en ce domaine. . ,. .
— Ét la Franc-Maçonnerie, Monsei
gneur.?: . c..
— Pour ce qui est de la Franc-Maçonne
rie^ tout en' restant mauvaise dans le prin
cipe,. elle est moins sectaire qu'en Europe. .
Toutefois, nous -ressentons aussi lés atta
ques des francs-maçons étrangers établi»
chez nous, surtout les italiens.
En résumé, nous pouvons être satisfaits
et espérer qu'avec l'aide de Dieu le ca
tholicisme prospérera toujours chez nous.
Mais je m'en voudrais d'oublier jamais les
ouvriers de la première heure, et je tiens
à proclamer que le Brésil catholique est
l'œuvre des Jésuites, .comme l'Allemagne-
catholique est .l'œuvre des évêques.
- AVIS
L'UNIVERS met à la disposition de
Messieurs les professeurs des séminai
res et institutions catholiques, les nou
veaux prêtres et les séminaristes, des
abonnements de vacances, comprenant
les mois de juillet, août, septembre,
pour cinq francs.
-ÏX.
ôuatre-vîng't-anîème année. — 16.331.
%J:■ ■ ' ' nS \ ,im' H 't'-t- - -■■iti-L:
VENDREort , râuifctÊ i r 1914
ABONNEMENTS
PARIS ETRANSES
(t~ Dt|iïri«ii«aa (UgJoa posUl«J
CTTï Sîl « « « « * • •'» * ■ ÙV
?"îs uivia . ....... 13 • * 19 ♦ ■
^Jbn- KjDU . • • » . ■ 7 #- i - # .
LE NUMÉRO ; 10 centime
lea mandats et bona dë posit
li jlv«nt étra adressés ■ '*
: ô H. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE ÎA FRANCE /
". Hu milita des factions d* toute tipies, vous tj'apparlwz*
fU'â l'Église et à la Pairie.
fiOcis VEOILLQT : Programme de l'Univer» (18%
iDSiMSTRATiOS S EÉD.lCJiOS :
Paris, 19, mfi des Saints-Pères (\fo arroni 1 )
DÉPOTA ROME: «, haci BE u hhsbïi
f>rt manuscrits non Insérés ne «ont ^as renia
"S. . .. . t
, ' ANNONCES
AUX BÏÏEEATJX DU JOURUÂI.
la, rua dos Saints-Pères
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ RELIGIEU39
- i 6i plboe 4« la Bourao ■■
' TÉLÉPHONE 751-53
SOMMAIRE
A« tOBD DR L'ABIME.. ;
t.* J'auosPfCB aojiAws.'— Dont Cesse*
Au joçb.lb joua : Décorations. .> .
J.» .titlÇRRff austro-sgros. è , • . . '
L ES A CTES RÉCENTS en S ÀIHT- S IÈGE. — Ray-
... mond. "
O BDONNANCE DB MGR L'E VÉQUI oï B AYOHN», L KS-
CAB «T OLOBO*. " ' ~ »
ti « M ATIN » ET L .vmks CiK.L*,nx. .»» O.
L A M ÂSSA B IELLE ' ci«foÛQ0E ET LE TRIOMPHE OU
G HAIST- R OJ. — Mgr Léopold Goursat. 7
F EUIÎLETON : Variétés juridiques ; Le droit des
1 fidèles sur leur église, ,-rr- Albert Cara.
PARIS, 30 JUILLET 1914
Au bord de l'abîme
Malgré la modération des. gouverne
ments,^ péril deguerre grandit
Bien- n'est, survenu d'essentiel!ement
nouveau depuis hier dans la_ situation
européenne. Les diplomaties piétinent
et en sont toujours au même point. Elles
s'efforcent d'éviter l'irréipar'ahle, sans
trouver lé moyen de l'éviter.
Ce qu'il faut bien remarquer, en tout
cas, c'est l'esprit d'extrême modération
dont- fait .preuve ia Russie. La Russie a
mobilisé quatorze corps d'année. Mais
elle a pris soin d'informer.ie gouverne
ment impérial allemand que cette mo
bilisation n'était à "aucun degré dirigée
coptre rAMerxîa.gne.E9pérons qu'à Berlin
on ne sera pas tenté d'abuser de cette
manifestation spontanée de l'esprit pa
cifique .des Russes.
D'autre part* â'Allemagne elle-même,
tout" ' en se tenant sur la réserve,
se garde- de brûler, ses vaisseaux. Sans
■douté elle a déediné la proposition de
conférence soumise à l'Europe par .sir
Edward Grey. Mais elle ne l'a déclinée
qu'après avoir consulté l'Autriche, qui :
a répondu, qu'elle, ne. voyait pas l'uti
lité. ni même l'objet de cette réunion.
L'Allemagne néanmoins. -peste, prête à
toutes.'l^'Convemtions,- à' toutes les re
cherches.en eommun d'un terrain d'ên-
iénie .açoeptabJe - ppur -TAutriche. La
question est -de savoir si ce .terrain d'en
tente pourra être trouvé, car la volonté
"du gouvernement austro-hongrois, qui
-est d'en^ finir avec -les menaces* du pan-
serbismê,. ■sembla bien arrêtée., Le ma
nifeste de l'Empereur François-Joseph
ne laisse aucun doute à cet-égard.
Les opérations militaires i ont: comv
méncé-. -Les ■ belligérants n'en sont en
core, toutefois, qu'aux préliminaires.
-Que Belgrade ait été bombardée, c'était
Je premier -fait de guerre auquel, il fal
lait s'attendre et auquel les Serbes eux-
mêraes,qui avaient évacué leur capitale,
s'attendaient. On, ne sait rien, encore de
précis sur les ; intentions ultérieures de
â'étatrmajor autrichien ni sur ses plans
de "campagne. •
Mats i'l semble'que lé gouvernement
^e- Vienne^: qui a préparé de longue
anaiii son action, compte sur des auxi
liaires qu'on "n'a pas:assez prévus dans
le reste de l'Europe. La^Nouvelle-Serbie,
c'est-àrdi^e les. territoires conquis sur
les Turcs et récemment annexés, sQnt
loin d'être -habités par une, population
uniquement serbe. Il y a là de fort grou
pements; albanais dont la rébellion,
annoncée ce matin, pourrait bien avoir
été organisée d'avance. Un fait de cette
Cet exemple suffit 4 donner une idée
ment à toutes les hypothèses qui avaient
«té . faiiçs: sur leur, attitude en cas de
■conflit, — teiMe l'Italie, qui se réserve,—
il y a dlautres. Etats dont la ^politique"
pourrait, causer des surprises. • Ainsi la
;Honmanie qui semble moins décidée à
•entrer en caimpagne qu'on ne l'eût
- supposé*. ' " '
! Au bord de l'abîîne, il est visible que
ila plupart des gouvernements hésitent.
:Mais les peuples montrent un sang-froid
jicomplet' et «e déclarent résolus, s'il le
'"faut, à-recourir-aux armes. '
A' Paris comm® à Benlin cetté décision
liroide et presque amuetté dé la popula
tion est" un des phénomènes les plus
■frappants des jours pleins d'angoisses
«tfue nous vivons '.
\ A force d'envisager de plus près et
ijplùs faniilièrëmènt l'idée de la guerre
'générale, ne rapî>rochera-t-on pas l'heu-
fre .'où la guerre éclatera ? Ce qui rem
plit d'anxiété l'observateur, c'est que la
(■volonté des gouvernements et des
iiiommes paraît de -moins en moins ca
pable de retenir des événements que la
«force des choses dirige.
I Puisse l'Europe, ne pas payer trop
jTbher ,.les fautes au'olle a commises dans j
ig -passé 1 - - . 1
La Questiond'argent
"* " '' ' ' - uiiiijw'
: La situation de la Bourse.
La rareté dé l'or.
Dans la plupart des capitales, la Bourse^
a jété. fermée. Toutes lès Bourses -avaient
suffisamment payé .leur tribut à; la panique.
Ajla Bourse de Paris, le marché à .teraïe a
été supprimé, mais le marché au comptant-
rësie ouvert; lès irane a étions y sont d'ail
leurs insignifiantes.
En raison de la situation du "marché en
banque et bien que la Compagnie des, agents
de cliang© soit en mesure de faine face à
tous ses engagements, il a été décidé que
la liquidation du 31 juillet serait «portée
au 31 août,
« *
Un phénomène qui se produit automati
quement dès que la situation.extérieure de
vient menaçante, c'est la rareté deTor.Nous
l'observons en ce moment. L'or a presque
complètement disparu .de Paris. Ceux qui
én ont. le caclient ,* ceux qui n'en ont. pas
cher-chènt é s'en procurer, l^a Banque, de
France est "littéralement assiégée par les
chercheurs d'or. Mais, après avoir fait le
•pied de grue pendant une demi-jottrnée, on
ne réussit qu'à se faire donner, cent francs
d'or, quelle.que soit la somme de billets qui
l'on présente^
, Ce n'est pas cependant que la Banque
manque d'or. D'après les dernières vérifi-
cîAiojis," elle en a pour 4 milliards 200 mil
lions. Jamais son encaisse n'avait été si
élevée. C'est dire que nous souhaitons à
nos lecteurs d'avoir dans, leur coffre-fort
beaucoup de billets de banque: ils ne per
dront rien de leur valeur.
Ce qu'il y a de plus curieux, c'est que,
par suite des -paiements considérables
qu'elle a eu à f aire ces temps derniers, la
Banque de France manque de billets. Aus
si, depuis trois jours et trois nuits, en tire-
t-elle sans relâche.
Ce qu'on ne sait pas assez, d'autre part,-
c'est que la Banque de France a -une pro
vision considérable de billets de 20 francs
et de 5'francs, qui seront mis en circula
tion si le niétal venait-à manquer. .
LA PRUOENGE ROMAINE
. ■-— -—><• —-■ _
- Les catholiques français, personne ne
l'ignore, sont politiquement divisés et
ces divisions les suivent dans 4'action re
ligieuse. Le Saint-Siège s'efforce en ce
moment d'arracher aux troubles causés
par les luttes politiques les intérêts sur.
périeiirs de l'Eglise. Les difficultés de
la situation sont aggravées par le fait
d'esprits agités et agitateurs, qui s'obs
tinent à ne voir jamais les choses com
me elles sont. Il faut pour aboutir les
ressources de la prudence romaine.
Il y a chez nous des catholiques de
droite et des catholiques de gauche.
Ceux-ci acceptent de bon cœur la Cons
titution qui régit présentement la
France ; ils se disent, répuiblicains et
ils font des efforts sincères pour per
suader les antres et se. persuader eux-
mêmes qu'ils le sont. Geux-dà réagissent
contre les. idées révolutionnaires ; ils
conservent les principe. traditionne'ls
.de la. politique nationallé ; ce.sont" des'
monarchistes. Les convictions politiques
des premiers,'leur langage et leurs actes,
les lient a nn ordre de choses qui a
pour appui les doctrines du libéralisme
et de la démocratie. Qu'ils le veuillent
ou non, Sa République française est par
sa nature, par ses idées, "par ses lois,
par son /personnel,Hbéra1e et démocrate.
Comment, dès lors, résister à la péné
tration dut libéralisme et de 8a démo
cratie, losqu'on déclare en accepter les
conséquences ? En fait, ces catholiques
de gauche sont, en même temps que
républicains, libéraux 1 et démocrates.
Or ni le libéralisme ni ' la démocratie
n'ont obtenu de Rome un laissez-passer.
Qpi mieux est, les Souverains Pontifes
ont condamné jadis et Condamnent en*
çore les erreurs qui les produisent ;
ils mettent les fidèles en garde contre
leur application. Les monarchistes,, au
contraire sont facilement dans la gran
de tradition chrétienne. Ils conservent
les -principes essentiels de l'ordre poli
tique et social.,Réagissant .contre, le li
béralisme et la démocratie, ils prennent
naturellement des attitudes conformes
à ce que le Saint-Siège a toujours de
mandé. -C'est un grand avantage pour
eux. L'expérience en a été faite ces der
nières années, lorsque Pie X a trans
porté da.ns le gouvernement de nos
Eglises les vérités et les droits que trop
souvent le libéralisme et la démocratie
étouffaient chez nous sôus un silence
habilement ménagé. Leur adhésion rie
se fit pas attendre ; elle fut généreuse,
enthousiaste.
Cette attitude eut ses effets immédiats
jusque sur le domaine politique. Les
catholiques de gauche, s'en aperçurent
bientôt.- Ils ne formaient pas plus, du
reste* que les catholiques de droit» "une
majorité. Car la niasse évite- toujours
les attitudes trop nettes. Elle; n'est niA
droite, ni à gauche ; elle est entre les
deux, flottant d'un extrême à l'autre.,
-Les solutionnistes, les indifférents et
les' fchéocraies,.- qui cherchent : dans la:
religion la "solution de^tous les problè
mes politiques et sociaux, n'ont aucune
peine à trouver, leur pOace: • Cependant
leurs positions . dans le. clair " obscur
sont par la force des choses indécises .;
pour cè : imotif elles répugnent à l'ac
tion efficace. On -s'en aperçoit, 1 quand
.sonne:.-l'heure d'agir ; et efle so'nae:
toujours,, à un. moment ou à un. autre,
dans une nation; "Alors -il faut së' mettre
à la remorque de ceux qui. ont- eu la
chance d'occuper les points d'où l'on est
à même de voir, décider, marcher,
commander. On ne les trouve qu'à
droite ou à gauche.
Les catholiques de gauche, pour des'
motifs qui appartiennent déjà à l'his
toire, tenaient ces positions et dirigeaient
les organes au moyen "desquels, il est
facile de conquérir- les masses et de les
garder- dociles. Ce. fut pour les con
duire aux urnes. Leur.actâon n'a éte
jusqu'ici qu'électorale. Des événements
ét 1 des- circonstances, que chacun con^
naît et apprécie, rendent la foule ca
tholique défiante. Elle les suit de moins,
en moins. Les catholiques dè droite
gagnent ce qu'ils perdent. Cela se passe
en domàinè politique, je -demande aux
lecteurs de ne.
ils en sont à redouter une débâcîe. Soit
dit entre nous, c'est bien leur faute. Ils
ont eu. toutes les chances ; pourquoi en
ont-ils si peu profité ? * .
Je ne veux pas attribuer à leurs chefs
une initiative qui est partie d'ailleurs.
Mais, ce n'est un mystère pour per
sonne, /les campagnes menées contre'
l'Action Française leur ont semblé une
excellente; fortune.; Les catholiques de
droite, en effet, se sont en assez-grand,
nombre mecrits sur les listes de cette
ligue. C'est à elle que yont.et iront for-,
cément les déserteurs du 'libéraâi&me et
de la démocratie. L'importance qu'èllé
prend. de joiir en jour finira pair*; îùi
concilier ;des sjrmpathies de- la-, masse.
àolùtionmste, indifférente ou théocratè:
Le "nombre alors fuira les- gens de gau
che. Avec l'espoir de 'la fortune numé
rique ceux-ci én perdront une autre,,
celle "qui assure la marche des journaux;
et rend les élections possibles; .
Quelle heureuse aventure si l'on par
venait à jeter dans- un discrédit reli
gieux les catholiques' de droite ! Cette,
perspective rie pouvait que réjouir des
hommes sur lesquels ont rebondi tant
de .condamnations prononcées par le
Saint-Siège contre les erreurs modernes.
Ils ne seraient plus les seuls. Cette com
pensation retarderait pour longtemps
leur inévitable débâcle. C'est dans' ces
conjonctures que les abbés Pierre et
iLugan devinrent -leurs auxiliaires, il
faudrait dire," bienfaiteurs. Cette ren
contre- d'écrivains qui sont au des
sous du> médiocre et .des. catholiques
dé gauche ' est. toute l'explication du"
succès de leurs livres.Qui les eût connus'
sans cela ?" " :
. Leur campagne est devenue ©elle des
catholiques ,de. gauche. Elle a bénéficié;
en -France et à Rome de l'action des
mêmes protecteurs et des mêmes agents.
MM. Pierre et Lugan ont entrepris plu i
sieurs fois le voyage de Rome ; ils ont
visité, parlé. Ceux qui les connaissent
par leurs écrits se demandaient com
ment on pouvait les prendre au sérieux,
En réalité, ils étaient couverts du pres
tige et de (l'influence, qui s'attachent à;
la diplomatie de .la gauche catholique.
En somme, et c'est là que je veux en.
venir, toutes ces campagnes si bien or
ganisées pour -faire censurer' d'Une-ma
nière ou d'une , autre telles idées, tel
livre; ayant des liens avec certaines per
sonnalités appartenant à l'Action fran
çaise, avaient pour bjit de jeter un dis-.
crédit religieux sur une ligue politique:
C'était justement celle "qui. enrôlait les.
catholiques -dé droite. , Mais il fallait
pour cé'la une intervention des congré
gations romaines et, en dernier ressort^
du "Souverain Pontife'. Les catholiques
de gauche^ ont cru qu'elle ne leur ferait
pas. défaut. Ils avaient de" tels , protec
teurs et, sur place,- des avocats si dé*
voués ! Cette intervention leur a man
qué: Les plus obstinés dans la confiance ;
l'espèrent encore du successeur dç "
Pie X. Les autres ne pénètrent pas le?
raisons d'un silence auquel ils ne s'at
tendaient point.
Ce raisons, est-il besoin d'un grand
clerc pour les découvrir ? Les juges ro
mains, que l'on sollicitait , il y- a un an,
il y a six mois, n'ont eu qu'à regarder
et écouter. Us ont vu ce qui se passait
et entendu ce qui se disait. Nous le
voyions, nous l'entendions bien en
France. Sans se prononcer sur la nature
êt les sources des prop.ositions qui leur
étaient^- soumises, ou sur 'le caractère
d'un îijre déféré à leur jugemeat.n'ont-
i&Vpas distingué la trame de cette in
trigue hi '
(Tétait facile .avec les grosses ficelles
dont on, l'avait façonnée. Et alors ils
n'ont pas .voulu -mettre ' l'exercice de
leur autorité au service d'un groupe
politique cotitre une ligué rivale. Lés
mieux informés savaient , quel parti al
laient, tirer de leur . sentence lës 'démor
crates)etMes libéra;^ de.gauche pour
embarrasser les intransigeants "de'droite.
À!quoi fioalement àbpûtiraient dans la
praticpie toutes ces manœuvres ? - Elles
atténueraient} l€S effets des condamna?
tions récentes dont le Saint-Siège a'
frappé les erreurs libérailes et démocra
tiques. Je le répète, on s'en est aperçu
à Rome, tout comme nous l'avons ob
servé en France; . -
Rome a g^.rdé le silence. Cela prouve
que le péril doctrinal dénoncé avec tant
'de fracas manque de sérieux.,On ne se
tait pas à Rome-, 4orsque là-foi est me
nacée. -»
Dota BESSE.' .
Au jour le jour
Décorations
A propos du procès'de Mme Câilldux, les
journaux ont remarqué que M. Pavl' Bour-
get, pendant qu'il déposait, ne portait pas
la rosette d'officier de la Légion d'honneur,
qu'il,e? obtenue d une époque où le talent
pouvait se passer d'êtne gouvernemental, et
qu'il obtiendrait, je crois,assez difficilement
aujourd'hui.
ic.ne crois pas que cet exemple soit gé
néralement suivi. Quelque mal qu'on ait dit
de la Légion d'honneur, ét quelque peu ho
norables qu 'aient- été, parfois, les gens à
qùi on l'a octroyée,-elle n'est pas encore
très'près de perdre soïn prestige. .
■ La plup-artide ceux :qui bu blaguen-l la dé-
sirerit. Il faut avoir une très haute dose,:jQ:
ne, dirai 'pas, de. modestie, mais d'orgueil
pour s'en passer sans regret et sans ~anver-
tWhteY il faut aussi mépnser suffisamment
uns ^tiuvemem^nt pour n'attacher - aucun
pri&'aux distinctions qu'il accorde, et qu'il
n'accOrdt guère qu'à ses amis et à ses par
tisans. ■
Môme :les hommes ; lés plus . supérieurs
n'ont pu se dégager de cette faiblesse. On
voit dans la- correspondance de Stendhal
combien il tenait à orner sa boutonnière
de.ee. petU m&reeau de i-uban rouge. Il te
sollicitait d'ailleurs, non pas tomme (cri-
vain,•mais comine fonctionnaire, et ce fut
à ce-seul titre qu'il l'obtint.
Dans certains cas,—je ne parle ici que
des \décora.tions littéraires, — lorsqu'on
n'a pas une grande indépendance de,
caractère ou de situation, lorsqu'on n'a
pas besoin, pour gagner sa-vie, pour amé
liorer sa situation,- d'épater son prochain,
directeur die, journal,, éditeur, etc., lors
qu'on' possède un de ces talents qui s'im
posent bu une de ces philosophie s hautai
nes .que les petites satisfactions de vanité,
si galvaudée^ ne tentent pas où ne tentent
pliis'ple rulmrt de la Lég-ion d'honneur, n'est
pas indispensable. Le plus souvent* il de
vient'tôt où tard nécessaire et, en quelque;
sorte, c&rri.me outil -professionnel. Il -ne don
ne'. pas.une, valeur littéraire à celui qui-eii
manque,- mais 'il fait croire' qu'elle existe.
C'est lfi le point essentièl. - : . .'î .-. . .
Ce qui domine le caractère français, c'est
une 'vanité. d'enfant ou de nègre. Tous les
Français-,"de toutes les classes, veulent être
u distingués ». Ils comprennent ainsi l'éga
lité. On aime mieux porter la décoration
des vieux serviteurs que n'en pas porter du
louti Si la Légion d'honneur, au lieu d'être
un ruban rouge à la boutonnière, était un
anneau de cuivre accroché au ruez, tous les
nez de France la solliciteraient.- - -
Bien, n'égale la joie de l'homme qui finit
par obtenir une décoration depuis long
temps attendue: Il oublie les longs efforts;.
les hdmre's;de découragement, les ' attentes
interminables, dans ■ une antichambre mi
nistérielle', cette humiliante et douloureuse
mendicité qui a duré deux ans, cinq ans,
dix ans. Ce que sa patience, sa ténacité; et
parfois, à la dernière minute, le hasard
d'une puissante relation, lui ont fait, obte
nir,-"-U ne l'attribue plus qu'à son mérite.
Généralement, cette joie intense d'urne va*
nitê exaspérée par les obstacles, par les
échecs, et d'autant plus saitisfaite par un
Succès tardif, ne tarde pas à diminuer, ti
y a' tsepeijidant. des hommes■ qui.ne se bla~
terit jamais. Je crois qu'ainsi était M. de
SilïlbuMic, ministre sous Louis XV, qui,
détaré des ordres du roi, avait fait faire
un grand cordon en caoutchouc pour pou
voir-le porter dans le bftin. Nous avons
toiis connu des gens de lettres — un peu pa
rents de ce M. de Silhouetta— qui metten'
à ki boutàrinièrc de leur vèstom d'apparte
ment le ruban rouge ou la rosette,-afin que
ceux.- qui - viennent les voir ne soient -pas
exposés a ies prendre (quand ils n'ont pas
un nom célèbre ou une œuvre incontestée)
pom de vulgaires ecrivoMleurs qui man
quent dè talent ou qui gagnent péniblement
leur'vie. .
',11 'convient de reconnaître, pour rendre
ftmvrnage à la vérité, que cette recherche
des décorations, si elle sévit r. surtout, ett
Frante, n'est pas spéciale-
le lisais dernièrement, dans un vieux-récit
Ue voyage dans VAmérique du Nord, que
les* Indiens ; de certaines peuplades, qui
Vêlaient signalés par une supériorité quel
conque — mais là aussi il devait y avoir
des abus et des passe-droits —se faisaient
tatouer sur la poitrine des' figures d'ani
maux, aigles, bisons,"léfrpards, etc. C'était
leur légion ' iïKanneun. :Etl comme nous
avons chez; nous des chevaliers, des offi
ciers, fies commandeurs, etc.,il existait chez
eux, objets, d'admiration ou d'envie\ des
tatoués de première classe, de deiixième
classe, troisième classe, etc.
: Chaque pays a ses coutumes, et entré
celles d'une peuplade sauvage et'celles d'un
pays civilisé, la différence n'est pas tou
jours aussi grande qu'on lé croit.
S aint -R oman.
Échos
Là poudre va parler
-, AittSÎ-'s'èxprimait foy^usejn^nt, ce ma tin;
dans un café,, tin consommateur qui pa
raissait d'ailleurs, très excité.. Des amis,
autour' de lui) partageaient sa joie. Voilà;
:me dis-je, de braves gens qui seraient heu-
neux de. faire -le coup de fusil. En effet, la
. suite de la conversation me révéla que
"c'étaient des chasseurs qui venaient de
lire >dans, les journaux, que l'ouverture de
la chasse dans la première zone était fixée
au. 15 août... Plaise à.Dieu qu'en France
on n'ait ipas à tirer d'autres coup6 de fu
sil t
Les canards
Naturellement, la situation tendue que
nous traversons devait favoriser une envo
lée de canands. En Alsace^Lorraine, les
bruits suivants coururent, ces jours-ci :
M. Poincaré avait été assassiné... en pas
sant par Kiel. — M. Poincaré, à la fin d'un
déjeuner avec Guillaume II à Stockholm,
s'était colleté avec l'empereur. — Des Alle-
mânds avaient été assassinés en France.
— 'Etc.,.:. ; _
D'autre part, tous les journaux français
ont reproduit une dépèche de Strasbourg
disant que, dans les églises de Lorraine,-
hier, on avait prêché sur le patriotisme ;
que"des prières avaient été dites pour la
-grandeur"de l'Allemagne'que des' affiches
officielles conseillaient, le calme ;.-.qu.e.des
jeunes filles avaient signé rengagement de
revenir dans les ambulances.
' Tout cela- est démenti: -.
Sauvé par las menacés
de guerre
Le valet de chambre Aoimaître était au
service-du poète Fera and Gregh, auquel il
subtilisa un certain jour son portefeuille
garni de billets de banque — plus de 1.500
francs — et'd'un grand nombre de vers
inédits. „
Devant la huitième Chambre correc
tionnelle, où il comparaissait, son avocat,
M® Félizet,* néfice de la loi de sursis :.
— Le verdict rendu hier ne peut avoir
-qu'une explication, ç r est que le jury a en-
teridu l'appel du défenseur, M« Lafoori, qui.
demandait devant ie péril extérieur l'ou
bli de toutes lès discordes. La- guerre va
peut-être éclater : accordez à oet homme
.le sursis pour lui permettre, dès la pre
mière heure, d'ailer faire son- devoir'.ét se
réhabiliter....
Le tribunal, que présidait M., Chesnay;
a entendu cette prière ; il l'a comprise, et
l'ancien valet sien est tiré avec un an dé
prison, mitigé par le-bénéfice de la - loi de
eursia. • _
Oui, mais 6i la guerre n'éclate pas ?
Deux, capitales temporaires
Les deux nations serbes, la Serbie et le
Monténégro, sont résolues à lutter ensemble
comme au moment de la guerre balkanique.
Pour l'instant les deux gouvernements ont
abandonné leurs • capitales trop exposées
,aux attaques de l'ennemi.
Cettigné est remplacée par un village .si
tué près dé l'ancienne frontière turque,Fed-
goritza. ■ • v • , '
La Serbie a délaissé Belgrade que les. Au
trichiens, peuvent occuper d'un moment'à
l'autre. Les services publics ont été trans
portés lion pas >au centre de Nisch,la secon
dé ville,placée sur la principale ligne'de cUe-:
min de fer, mais à Kragujevatz. Ce bourg
a déjà servi de capitale au milieu du* siècle
deiinier ; .il est' à peu près à égale distance
de ^Belgrade et. de. Niaoh. Mais il. est situé,
dans l'intérieur du pays, au . milieu d'uné
région montagneuse et à l'extrémité d'un em-
bra.nchement. Ce serait donc seulemen!
après* avoir occupé presque tout le royaume
qu$ les Autrichiens pourraient arriver de
vant le siè^e du goiwrnement.
?î ' '• ---- • k • . -
■" J' Aprèë le procès Caillaux
Sait-on-ce que .les garçons du Palais de
justice ont trouvé en nettoyant hier la
Ç.f à r d'Assises que les séances du procès
Caillaux avaient laissés idane un état plu
tôt'malpropre? - • ?* v
Simplement : 2 chapeaux d'h,omme, 2 ro
bes d'avocat, 1 toque d'avooat, 6 pliants,
13 gants d'homme et de femme, 55 bouteil
les d'eau d'Evian vides, 1 siphon d'eau de
Seltz vide, 9 sandwichs, 8 bouteilles de li
queur vides, 21 bananes, 15 pêches, 8 pru
nes, etc. . . . . :
On s'éxplique mieux la perte des robes
d'avocats, quand «n sait que certains goli- 1
ciets avaient revêtu la toge' pour se dégui-
Après l'Arrêt du jury, la salle a été . la
théâtre de violentes manifestations. Aussi'
quelques banquettes ont été cassées, vingt- :
deùx -chaises sont complètement-hors d'usa
ge,. des boutons de porte ont été arrachés
et, d'une façon générale, le mobilier a été
fort endommagé. . -
Et- c'est encore "nous qui paierons !•
• ' 1 C ércàmôn.
Les catholiques au Brésil
Nous avons parlé quelquefois de la re
naissance catholique du Brésil contempo
rain.^
Un de nos confrères d'Anvers,profitant
du passage dans cette ville de S. G. Mgr
Duarte, archevêque de Sâo-Paulo, une
des quatre grandes villes brésiliennes, lui
a demandé quelques renseignements Sur
la situation du catholicisme dans son pays.
Mgr Duarte, dit notre confrère, est Sgé
.'de?45 ans ; il est Brésilien de naissan-ce,
mais, s'exprime admirabtement en - fran
çais» .Son .profil, particulier à sa ~ race,
s'iltunine'd'un regard, à. la fois vil.et doux,
caractéristique, d'une âme bien '.trempée et
portée naturellement vers la bonté.
— La population du Brésil est en grande
majorité catholique, a dit l'archevêque.
L'essor du catholicisme date de la Répu
blique, non que celle-ci s'y soit montrée
spécialement favorable, mais parce- que
la liberté de l'Eglise fut inscrite dans la
Constitution et effectivement respectée.
Le respect de cette liberté, dont noua
profitons amplement, est garanti par
l'existence d'une Cour suprême à laquelle
nous pourrions éventuellement recourir si
nous jugions-lésés par quiconque, fût-ce
par le président lui-même, nos droits con
stitutionnels.
Sous ce régime de liberté, l'organisation
catholique s'est développée. Elle compté à .
présent un cardinal, 9 archevêques et 51
évêques. Le territoire civil de Sâo-Paulo,
qui, jusqu'en ces derniers temps, consti
tuait un seul évêché, a été érigé en arche
vêché et divisé en 6 diocèses.
< Malheureusement, le manque de prêtres,
se fait sentir.-Mon archidiocèsene compta
que 95 prêtres séculiers et moins de 150 re
ligieux, de tous, ordres du rester.
C'est bien trop peu, vu surtout l'étendue
des territoires. Mais- les . voçétions sont
d'autant plus difficiles que le pays est plus
riche et lès situations d'avenir plus bril
lantes pour la jeunesse.
: — Le Brésil est-il resté un pays de mis
sion ?
— Peu. Les Ordres religieux y sont éta
blis en résidences et travaillent .sous la ju*
ridiction des éyêques et archevêques/
En fait de missions proprement dites, il:
n'y en a plus guère que dans le Nord, dans .
l'Amazone, où se trouvent trois prélatures
et trois préfectures.
L'esprit des populations est très bon;
très doux,'et en quelque manière porté
d'instinct vers ta foi. Le culte est entretenu,
par la grande générosité des fidèles ; ac
tuellement, à Sâô-Pàulo, toutes les églises
sont en construction ou en reconstruction;
nous' édifions une belle cathédrale : gothi
que, dont le coût atteindra bien 15 & 16 mit-
lions, ce qui correspond ici à 8 ou 10 mil
lions.
- 4- Et les autorités civiles, ont^elles une
attitude bienveillante-?; • - • «
, Les autorités civiles, en f ait, nous.sont
plutôt favorables.. Elles ne. peuvent, évi
demment ni reconnaître le culte catholique
ni lé subsidier, mais nous ne. souffrons
d'aucun ostracisme, et le caractère d'oeu
vres d'art de nos.églises,de nos statues,etc.,
leur vaut les mêmes faveurs qu'aux œuvres
d'art profanes.
— Quel est l'état de l'enseignement ?
—- Il est libre, et les écoles congréganis-
tes sont assez prospères. On ne saurait en
dîne autant de la .presse. La majorité des
journaux sont mauvais, et les catholiques
n'ont pas encore suffisamment-organisé les
leurs: C'est "ainsi que le seul quotidien ca
tholique de Sâo-Paulo nous coûte énormé
ment: Espérons qu'un progrès sera réalisé
en ce domaine. . ,. .
— Ét la Franc-Maçonnerie, Monsei
gneur.?: . c..
— Pour ce qui est de la Franc-Maçonne
rie^ tout en' restant mauvaise dans le prin
cipe,. elle est moins sectaire qu'en Europe. .
Toutefois, nous -ressentons aussi lés atta
ques des francs-maçons étrangers établi»
chez nous, surtout les italiens.
En résumé, nous pouvons être satisfaits
et espérer qu'avec l'aide de Dieu le ca
tholicisme prospérera toujours chez nous.
Mais je m'en voudrais d'oublier jamais les
ouvriers de la première heure, et je tiens
à proclamer que le Brésil catholique est
l'œuvre des Jésuites, .comme l'Allemagne-
catholique est .l'œuvre des évêques.
- AVIS
L'UNIVERS met à la disposition de
Messieurs les professeurs des séminai
res et institutions catholiques, les nou
veaux prêtres et les séminaristes, des
abonnements de vacances, comprenant
les mois de juillet, août, septembre,
pour cinq francs.
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