Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1914-07-30
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 juillet 1914 30 juillet 1914
Description : 1914/07/30 (Numéro 16330). 1914/07/30 (Numéro 16330).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k7154500
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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JEUDI 30 JUILLET 1914
Quatre-vingt-unième année. — 16.330.
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PARIS * ÉTRANGES
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LE NUMÉRO : 10 eéntim?*
lu mandata et bon® da poita
doivent être adressés
"à" M. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE I
Xu milieu dus factions de toute espèce, nous u'apparteiicvt
(B'd ï Église et à la "Patrie,
Louis VEUILLQT s Programme da l'Univert (18U>
APDiISmTIO?! & RÉMCTO :
Paris, 19, rua tles Saints-Pères (VI' arroniS 1 )
sépot a rome : «S, fUCB 58 U HI8KKYI
Mit» tnanutcriu non Inséré* ne sont »ai renifla
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•AUX BUREAUX DU JOURNAL
19, puo des Salnts-Pèpes
•sx société DE PUBLICITÉ RELIGIKU33
6, piaoo de la Bourse '
téléphone 751 -53
SOMMAIRE
•a^i situation KUBopêtNNi.•:' Laf pttrote est à ta
.ttu-iie. __ ' ' . ■
•Comment ahoubillir les convertis ? — Abbé
bel four. '
Ac jnra ik joijR : La foin de Beaucaire. ' *
l'Acacmsuettr.-
£b «. MoTU P ro PHIO «• DE 'PlE K lOft t*" PHILOSO>
phïk i>e ?aini T homas D'ÀQUiN. — Raymoncl
ïnmu f.tônvs Le: Vrai et le Faux (revue catàor
tique/de la Presse ); — Comte Cafta. ■
Ce matin,' à Fambassade d'Autriche
de. Saint-Pétersbourg, on déclarait que
le. commencement des hosiUiiés..n'empê
chait pas les'pourparlers en vued-'une
conférence, à laquelle on assurait, que
VAllemagne accepterait de participer;'.
ï On estime quétes . hostilités pren
draient fin dès le début de celte cohfé-
PARIS, 29 JUILLET 1914.
La Si dtioii européenne
*X»
Là PAROLE EST HU RUSSIE
.II-semble, qu'à une journée d'alarm8 :
succude régulièrement une journée où
r-espçir' d'une détente renaît: '
:Sans doute l'Autriche, allant jusqu'au
bout - du programme qu'elle s'est fixé,-
â déclaré Itf guerre à la Serbie. Sans
cloute l'Allemagne a décliné la' proposi
tion de conférence à quatre que sir
"Edward Grey avait présentée - à- l'Eu
rope comme souverain remède .aux pé
rils actuels: Du côté austro-aleimand la.
-volonté de -passer outre aux objections
■de la. • Triple-Entente n'est plais dou
teuse-.-. ;•
Mais, d'antre part, la Russie n'a pas
fépondu comme on s'y attendait à la
•déclaration " de: guerre de l'Autriche à
la Serbie. On admettait universellement
que le début des hostilités austro-serbes
serait le signai de la mobilisation russe
et que. la Russie de 1914 ne souffrirait
pas le retour, des événements de 1908-
4909,' lorsque, après l'annexion de la
Bosnie-Herzégovine, l'Allemagne vint se
placer, «„ dans son .armure étinceiante »,
aux côtés de l'allié,autrichien et fît, par
. un ultimatum en règle, recûler la Rus
sie. Or, ilà Russie a bien pris, des précau
tions -miutaires," mais elle est restée jus-
' qu'ici avec le gouvernement autrichien
•dans- le.-r termes les plus courtois.
- On rapporte : bien qu'à l'issue d'un
grand. Conseil tenu avant-hier à Saint-
.Pétersbourg l'empereur Nicolas II au
rait dit en parlant de l'hégémonie à la
quelle 1 Allemagne prétend en Europe :
« Nous avons supporté -cet état de cho
ses pendant sept ans. C'en est assez. »
Mais le communiqué du gouvernement
Tusse est d'-une remarquable prudence
..et s'attache surtout à, distinguer entre
-ses", propres intentions et les manifesta
tions populaires du slavisme. Le' com-
muniqué spécifie que le gouvernement
trusse « désire-vivre en paix immuable-
'aéent « avec les puissances que ces ma
nifestations- pourraient avoir désignées.
-31 insiste"encore sur.la politique « .fermîe
-et .paisible » de la Russie et invite les
jpopùlâtions russes à consérver « la'ré
serve et le calme ». " ' -
Ainsi,- le gouvernement russe ne pa
yait tout de suite, "ce Quos ego quLeûtété
îe' signal de là guerre générale. On se
demande même si, se trouvant satis
faite de l'assurance qu'a donnée l'Au
triche qu'elle ne ferait pas à la Serbie
aine guerre de conquête, La Russie ne
baissera pas les événements s'accomplir
.•et-n'a 1 ndonnera pas les Serbes à leur
destiné C'est d'ailleurs la solution sur
-laquelle la-presse allemande et Je gou
vernement semblent aussi compter. Les
•principaux journaux d'Allemagne en
jiaissent percer l'espoir depuis hier. -
- La paix qui serait assurée à l'Europe
.de cette'façon serai t. encore .une fois.une.
;i>aix obtenue par des concessions faites
.•à. la volonté allemande. Elle constitue
rait un nouvel affermissement de l'hégë-
jnonie germanique, un nouveau triom
phe du régime de la force que la Triple-
.-Alliance représente en Europe.
; Dans de pareilles, conditions, tout en
se félicitant qu'une catastrophe effroya
ble eût été épargnée à l'ancien mondé,
■on pourrait se demander si une paix
obtenue par de tels moyens ne serait
;$>as une 1 paix bien précaire^.
rence;
»
* '•
; La. nouvelle: d'après laquelle le minis
ire d'Allemagne à Belgrade aurait été
assassiné est démentie.
»...
■ m
On n'a aucune nouvêtte des hostilités
engagées entre l'Autriche et la Serbie.
La censure sur les communications té
légraphiques est très rigoureuse.
' , La situation
On a l'impression que la Russie hé-
. site aujourd'hui à intervenir militaire-
.ment en faveur de la Serbie. . -
. . * a
Cependant toutes les nations poursui-
, vent activement leurs préparatif s mili-
' tâirés. .
Comment accueillir
les convertis?
■ ■ -
: De nombreuses conversions ou demi-
conversions au catholicisme se sont pror
duites parmi les gens de lettres, au
cours, de ©es trente dernières années. La
plupart, furent de bon Moù ■ mais quel-
quesrunes, ceMe .de "Léo Taxil, par exem-
ple, .infligèrent à notre fierté cathodique
de dures épreuves. - ' .
• A Fheure qu'il est, une aventure sem
blable à celle de Léo Taxil vient de
prendre fin ; par bonheur personne n'a
parlé de sa vaudevillesque condusion.
Prenant acte de ce silence, quelqu'un de
très intelligent m'écrit : « Gardez-vous
bien de fustiger le héros de l'aventure,
comme il le mérite ; vous lui feriez trop
de plaisir. On s'occu-perait de lui et c'est
tout ce qu'il demande. » ..
: Je conserve quelques doutes sur l'effi
cacité de cette tactique. Il est, certes,
ennuyeux de favoriser même indirecte
ment les desseins commerciaux d'un
converti de 'lettres. Mais n'est-il important de signaler à cc-rtains.xatho-
liques une confusion assez grave , qui
s'est produite et qui peut se produire en
core dans leur esprit?
: Oui, il convient de tuer le veau gras
-lorsqu'un incrédule notoire, -.ou . candi
dat à ; la. notoriété, entre dans l'Eglise
catholique. Mais après qukin : js'est bien
réjoui de cette conversion, il faut indi
quer au nouveau frère une -place dans
'l'assemblée des fidèles. Pour avoir né
gligé cette dernière, cérémonie, nous su-
,'bîmes, maintes fois, de sérieuses pertes
apologétiques. Rappeflons-nous Brune-
tière. De son taîent, de sa droiture, de
son autorité, de ses habitudes, comba
tives, on attendait beaucoup. Or, du
jour où il fut sacré ou improvisé Père
moderne de. l'Eglise,. il ne cessa de «e
tromper. '11 soutint Loisy, il préconisa
;certain pauvre mélange dé catholicisme
et de positivisme, 'il se jeta., tête baissée,
dans- l'affaire des. . oardinaux.. verts.
C'était, notre faute, à nôusr catholiques,
"autant que la sienne. Nous : aurions dû
lui dire, au moment de sa "conversion :
« Prenez garde, Brunetière, vous -exereez ■
dans lé domaine, de la critique tittéraire-
une sorte de dictature ; n'aîlez pas trans
porter ces habitudes" césariennes dans
-tte "monde de la théologie ou-dans le
gouvernément de l'Eglise. » Mais non, il
porta chez nous sa fériile, sa càfchè-
dre de la Revue des Deux-Mondes , son
impériale éloquence, et oe faisant, il fut
vivement applaudi par tous les nôtres.
Je connais un prêtre, toutefois, qui, très
respectueusement, soumit au nouveau
converti quelques observations bien
veillantes sous formé d'article. Elles ne
reçurent pas un accueil très , chaud ;
elles donnèrent même lieu à une con
versation de deux heures entre Brune- ;
tière et l'écrivain ecclésiastique. Ah ! ce
fut une belle tempête et une tempête;
ininterrompue ! Mais l'apaisement se :
fit, et, dans, la suite,. Brunetière- témoi- -
g-na à 'ae prêtre une tendresse et une
estime qui provoqua l'admiration 'de
nombreux témoins. Tardive et inutile
•consolation.-Mais elle prouve bien vque
; la timidité des : catholiques contempo
rains s'était trompée. " ' " " " "
' Elle se trompa, une fois de plus, lors
que Huysmans se remit dans la droite
« Route ». Ses amis ecclésiastiques et
âaïques s'écrièrent quelque peu mena
çants : « Vous voyez bien qu'il était sin
cère? M
— Parfaitement, il était sincère, mais
il ne prenait pas de précautions suffi
santes pour arrêter l'essor de ses abo
minables liyres, mais il introduisait
dans notre monde religieux l'extrava
gance insolente et l'étro.itesse préten-
tiéuse d'une certaine critique ultra-mo
derne qui venait en droite ligne du pays
de Bohême. Fallait-il ne pas lui dire :
« Attention, monsieur. Et modifiez un
peu votre langage, ainsi que vos maniè
res : nous n'avons pas,. ici, l'habitude
de parler la langue verte. ».
iPlus récemment, d'autres conversions
sont -venues adoucir en quelnué mesure
la; tristesse des catholiques persécutés.
Certes, on fête, selon-le rite, privilégié,
4oœ ces f retours a M- matehieftlé-Eg'iise..
En " oarticulier, l'Univers a conscience
d'avoir loué, remercié, félicité chacun
de ces messieurs ; il. ne demande qu'à '
continuer. - ■ : - ' ' -
• ; Mais puisque, en ce moment, aucune
conversion - sensationnelle. n'apparaît . à;
l'horion" littéraire, il serait peut-être
bon d'établir quelques principes élé
mentaires à l'iiitention des futurs con
vertis eux-mêmes, et, aussi, des catholi
ques chargés de les aocueillîlr. , ; , .
• Premièrement, nos futurs et bien-ai-
més frères sont priés amicalement de
ne pas mettre en trois ou quatre volu-.
mes le récit de leur conversion. Un seul
suffira. Que disrje? "A la rigueur nous
nous résignerons à ne- pas, lire un vo
lume ni même une brochure. Qu'elles
sont belles, les conversions silencieuses
où. rien, "de littéraire n'apparaît ! Nous ;
les appelons, hautement, de nos prières
et de nos vœux, afin qu'elles nous con
solent de certainés retraites à- grand or
chestre;, vécues ou jouées, dans je ne "
sais plus quelles cités des lampes.
- Deuxièmément, il serait peut-être bon
de proposer aux intellectuels qui se con
vertissent un. sommaire examen de
. conscience. ' sur-la "question " apologéti
que. •« Ami du dehors qui .voulez venir
' à l'intérieur prier-,'sèuffrir et lutter-avec
nous, que' perisez-verus; des. actuels àpo-'
logètes, défenseurs de l'Église? ». L'ami
avouera,. Je plus souvent, qu'il les tient-
en médiocre estime. Rien ne sera pflus
facile de lui prouver, qu'il se trompe,'
mais encore faudra-t-il, de toute ri
gueur, lui rendre oe service. Que nous
en connaissons de ces néophytes bien in
tentionnés qui découvrent chaque m
tin la Méditerranée dans le monde de
l'apologétique ! Il est fastidieux, mais il
est indispensable de leur .faire constater,
que la Méditerranée est; ' depuis long
temps, découverte. - • .
. Une troisième formalité plus .impor
tante que les deux premières s'impose
rait, semblë-t-id, aux nouveaux coifrer-,
lis, celle-du potestis bibere cali-cem ?•
Pouvez-vous boire le calice? "J'entends
bien- que ces messieurs, qui'on>t l'intelli-'
gence. haute et le cœur bien placé; font
des sacrifices pour-vènir jusqu'à lious.
Etant les fils du tonnerre, .ils ont l'hé : .
roïsme facile. Et c'est pourquoi ils se-
donnent d'un admirable élan, dont nous
comprenons toute la beauté, à l'Eatise,
humainement parlant, vaincue... ? n .p-
çonnent-ils tout ce qu'il faut de disci
pline et d'humiilité dans le bon combat '
pour la foi ? Etre clérical et passer pour
tel, en d'autres termes, subir habituelle
ment le dëda*i implacable du. monde
littéraire, c'est déjà font dur. Car ies
nouveaux convertis seront considérés
par l'Opinion comme non existants, dès
.qu'ils.)auront franchi notre eeuil. Il leur:
restera, peut-être du talent ou du génie;
inais:il:n"e-se trouvera personne, dans : la
presse, pour en convenir. Oui, cela est
déj^ fort dur. Mais il : y à pire ou plus
beau-. Tfl nouveau "converti peut ac
complir,' au prix de si vie, de grands
-travaux, concevoir une idée géniale ou
.du moins excellente, créer une organisa
tion nçruvèllé et puis être désavoùé fina
lement par tes chefs-du chemin, par les
pasteurs-légitimes de l'Eglise. ^
"" A un Pénelon, à un Montalembert, à
un dorn Guéranger, à un Veuiilot, à un
cardinal Pitra, la terrible et bienfai
sante épreuve ne fut pas épargnée. Les
nouveaux convertis sont généralement;
d'une taille moins élevée que ces grands
hommes. Le cas échéant ils auraient
moins de peine à se courber. Mais sau-,
raient-ils le faire? Qu'ils méditent, du
rant quelques instants, sur cette éven
tualité, au début de leur vie catholique.
. D'un mot, saint Paul a dit ce qui vient
d'être rappelé si pauvrement : Non riéo-
phytvm-. Que les. néophytes n'exercent
- pas le ' commandement dans l'Egflise de ;
Dieu. Ét oe mot synthétique n'eàt nullé-
ment' en contradiction, comme on pour-'
. rait lé croire, avec un autre mot non
moins célèbre du même a'pôtre : Com-
pe'Ue intrare. Nous devons appeler de s
nos prières et de nos invitations, nous ;
devons même attirer, avec une certaine i
violence, au centre de l'Eglise, les incré
dules nés protestants ou catholiques ou
juifs. Mais qu'il n'y ait pas de Confu
sion : d'Eglise est en possession de la s
doctrine, l'Eglise a le pouvoir des clefs, f
l'Eglise se définit une hiérarchie indé-t
•fectiWe. Les nouyeaux convertis, ont be- :
soin de ses lumières et de sa juridic
tion : eMe peut très bien, au contraire, '
se passer de leur savoir. Si; plus tard,
elle le juge à propos,- elle élèvera quel-;
ques-uns d'entre eux à ses dignités les;
plus hautes. Pour l'instant-, on les" prie
de marcher avec nous dans la joie, que
nous leur certifions être fort grande, de
souffrir quelque opprobre pour le nom
de Jésus-Christ, le Pape disant, ces
jours-ci, d'être des cléricaux.
Abbé DE^FOUR.
Au jour le jour
X>a. Foire de Beaucaire
: W y a quelques jours,, on apprenait que
le Rhône, dans une crue subite, avait en-
tahi-le champ-: de foire de Beaucaire et
forcé les marchands de s'enfuir. Combien
sèrO'nt pas dit : EUe existe donc encore, la
foire de-Beaucaire ?
Car qui n'a entendu parler de cette foire ?
D'autres, certes, furent célèbres : foire de
Champagne, des Flandres, de Genève, de-
Lyon; mais la foire de Beaucaire garde
toujours un rayonnement particulier ; elle
fut non seulement la plus importante, niais
la plus gaie, la plus amusante, la plus bril
lante; elle avait ce qui manquait aux au
tres : te soleil du Midi.
A quelle époque remonte la foire de Beaur
caire ? Le plus ancien document où il en
soit fait mention est de .1168. La charte qui
concédait aux habitants de Beaucaire les
privilèges d'urie foire ne fU y en effet, qiférL
;«*r en institution un. fait■ existant déjà.
Celte' charte, qui l'octroya ? La tradition et
la presque unanimité -dès; auteurs là pla
cent vers 1247 et Vaitribuent à l'un des
comtes de Toulouse, Raymond VI ou Ray-,
motid VII. D'ans son excellent Essai histo
rique et juridique sur la foire de Beaucaire,
un avocat d'Aix-eri-Pfovence, M. Th. Fas-
sin, rompt avec la tradition et cette una
nimité. Û estime-que- la franchise de la
foire a été concédée postérieiircvient A 1247
et qu'elle fut établie par des lettres paten
tes de Louis X, en date du 15 mai Ï31S, let
tres confirmées .par Jean le Bon. Aux his
toriens d'en disputer.
Mais qu'était-ce que cette franchise ac
cordée à la foire de Beaucaire et qui fit
tant pour son développement et sa prospé
rité?
Il y avait deux sortes de franchises : une
d'ordre judiciaire et une tordre fiscal.
La première, à laquelle, au moyen âge,
on donnait parfois le nom de franchise
d'arrêt, était de la plus, grande utilité pra-
tique; car elle garantissait la sécurité de la
personne des visiteurs: Elle consistait dans
la « suspension des actions et mesures
d'exécution sûr la personne des marchands
qui étaient dans la paix ou le conduit de la
fo\re n. Le débiteur qui se trouvait en foyre
ôu'-qux y allait était' à Vabri'de là con
trainte par corps. Le criminel lui-même y
(tait insaisissable : la foire constituait une.
sorte' de lieu d'asile'inviolable. Cependant,
ïaJraAvchise d'arrêt cessait d'être applica
ble pour les, crimes dont la gravité requé
rait punition corporelle.
Par la franchise fiscale, les marchands
qui venaient en foire n'avaient à payer au
cun droit ni aucun impôt, tant pour l'en
trée ou la sortie que pour la vente ou l'éta
lage, de leurs-marchandées.
- Ajoutons que des modifications extensi-
ves ou restrictives furent apportées, dans
la suite, à ces privilèges, qui n'avaient leur
effet que pendant les sept jours de la durée
officielle de la foire (22 : 29 juillet).
Jusqu'au XVI 9 siècle, la foire de Beau
caire n'eut qu'une importance secondaire,
si on la compare avx autres grandes foires
de là France,-alors florissantes. C'est seule
ment sous la ■Renaissance que s'ouvre la
grande époque de son histoire. Là politique
de François 1 er , qui obtint même un mo
ment pour les Français l'autorisation. ex
clusive de trafiquer sur les Etats du sultan,
donna à: nos relations avec le Levant une.
extension remarquable. La foirè'. de Beau
caire en' profita si. bien, qu'elle . devint le
marché central de toutes les marchandises
de l'Orient.
Au, surplus, lies rois ne manquèrent ja
mais de renouveler le privilège de la-foire
de Beaucaire. Mais l'homme qui fit le plus
pour elle'fut Colbert. L'inoublable ministre
de Louis XIV, on le sait, favorisa les foi
res de tout son pouvoir. Celle de 'Beaucaire
fut plus que toute autre l'objet de son inté
rêt et de sa protection. En 1669 et 1677, il
envoie des galères croiser dans la Méditer
ranée pour protéger les barques qui se ren
dent à la foire contre les pirates barbares-
ques. Dans les Mémoires, qu'il écrit pour
son fils, il lui recommande « de faire ache
ter toutes les marchandises dans les foires,
sçavoir : en celle de-Beaucaire pour'le Le
vant..'. » C'est soùs l'administration de Col
bert que fut-rendu l'arrêt du conseil orga
nisant en foire de Beaucaire une justice
expéditive, simple et peu coûteuse; pour la
solution de tous les litiges nés pendant la
foire, et c'est â son occasion que fut'creusé
le cancd du Midi, et-que fut construit entre
Beaucaire et Tarascon un pont de ba
teaux. . ■ -
A- cette époque, le total des affaires fai
tes en foire de Beaucaire s'élevait à 6 mil
lions, chiffre dont on appréciera, l'impor
tance en tenant compte de l'abaissement de
la valeur de l'argent. Ce chiffre s'éleva à
H millions en 1743, à 15 millions en 1753, â
30 millions en 1784, à 3i millions en 1787,
à 42 millions en 1788.
Pendant les premières années de là Ré
volution; dû fait de : la suppression des
franchises et'des privilèges,'de la loi sur le
maximum,, dé 'la création des assignats,
sans parler des guerres extérieures, la
.foire Jle Beaucaire, subit' une .grave crise.
Elle arriva cependant à se faire, accorder,
en 1790, le maintien de la franchise. Les af
faires suivaient les fluctuations de la poli
tique : 41 millions en 1789, 37 millions en
1790; 35 millions en 1791. En l'an V, le chif
fre d'affaires- remonte à 50 millions, pour
retomber, l'année suivante, â 24 millions ;
en l'an VIII, il était à 33 millions. '
Le XIX' siècle devait voir la ruine défini
tive de. la foire de Beaucaire, mais elle con
nut encore de beaux jours : 41 millions et
demi d'affaires en Van XII, 60 millions en
1811. Après une période de crise, la foire re
trouve en 1816 une, splendeur nouvelle :
24.millions d'affaires. Sautons des années
de hauts et de bas, et marquons le chiffre
de l'année 1843 : 42 millions et demi. Les
Bcaucairois purent saluer ces chiffres ; ils
ne les révireni plus.-D'année en dnnee, très
rapidement, le déclin de la foire s'accen
tua... Aujourd'hui, elle'n'est plus qu'une
fête de village.
S aint- R oman.
Éehos
Nouvelles rues
Il a été question, dans ces derniers
temps, de certains projets d'attribution
d'une nouvelle voie en construction entre
l'Hôtel de--Ville et la rue de Tunbigo. -
. La Commission .■du* Vieux Paris a émis
le vœu que' le nom île JBeaubourg .jie eoit
pas changé, en raison de l'intérêt histori
que qu'il présente.
-Il y avait, en effet, à Paris, depuis le
xP siècle/ trois bourgs importants qui- ne
furent pas englobés, au xm° siècle, par
l'enceinte : le Beau Bourg, 3e Bourg " Ti-
boust ou Tibourg et le Bourg l'Abbé.
; Le'nom de ces trois agglomérations, qui
ont- joué un grand rôle dans le développe
ment de Paris, et'ont été' le centre de grou
pements qui ont nécessité, au XIV e siècle,
la. construction .d'une nouvelle enceinte,
fait essentiellement partie de-l'histoire de
Paris. Le Beau Bourg que rappelle le nom
menacé avait pour limites les -rues Mau-
buée, GrenierSainkLazare, Saint-Martin
et Saiu.te-Avo.ie (aujourd'hui rue du Tem
ple), ■ ^
Le principe du vœu dé la Commission du
Vieux Paris a été étendu aux anciennes
voies disparues, et l'on a demandé que
leurs nome soient conservés aux rues nou
velles destinées à les remplacer.
D'autre part, dans le même but, au Con
seil municipal, M. Henri Galli a demandé
que, pour les rues nouvelles qui n'ont pas
encore reçu dé dénomination, on recherche
parmi les noms, de voies disparues-ceux
qui mériteraient d : être ^repris pour les leur
attribuer.
Trava'î de chien
D 'après "une statistique duessée par les
soins dû ministère de l'Agriculture de Bel
gique,- ii existerait dans toute Té&endue du
royaume 120.000 chiens;.de trait, dont les
services sont surtout utilisés par Les petits,
producteurs ruraux-et les marchands de
lait, de légumes ou «le-fruits. La somme
dé travail quotidiennement fournie par
chacun de ces chiens ipeut être estimée à
0 fr. 50 environ. Par conséquent, si on. ad
met pour chacun d'eux une moyenne an
nuelle de 65 jours de repos, un calcul sim
ple montre qu'en Belgique Se travail des
chiens de trait représente approximative
ment 22.500.000 francs par an.
Tout renchérit
■ Lé petit archipel français de Tahiti, per-.
du dans l'Océan Pacifique, avait la réputa
tion d'un paradis terrestre. Un climat doux
et salubre, ' point de reptiles venimeux ni de
moustiques dangereux,- ia vie matérielle à
la portée des bourses les plus modestes,
tout concourait à. rendre ce séjour enviable.
Hélas ! si le climat est demeùré le même,
les conditions d'existence ont singulière
ment r changé depuis quelques années. No
tre conirère la. Tribune'de Tahiti mm ap
prend que, la colonie étant devenue trop
prospère, tout y a-renchéri.
Une mauvaise -casé- en bois de . trois , ou
quatre pièces se loue de 80 à 120 francs par
mois ; la moindre bonne — non pas à tout
faire, mais à ne rien faire — réclame de
60 4' 80 francs de gages par mois pour cinq
ou six heures de travail par jour. Quant
aux colons qui vivent à la pension, ils
paient jusqu'à 250 francs par mois une
cuisine abominable. ,
Tout renchérit, même aux antipodes.
Bon paiement
Cse derniers jours,-Alphonse XIII, qui
villégiature à Saint-Sébastien, se rendit à
Biarritz pour consulter son docteur habi
tuel.' A la gare, il prit un fiacre. Arrivé à
destination; le cocher, qui l'avait reconnu,
dit au roi :
— Ce que vous me devez ? Pour, le roi
d'Espagne ce sera dix francs.
Le roi sourit,"mais-remit simplement au
cocher la somme prévue par le tarif, plus
le pourboire ordinaire.,
La semaine d'après, Alphonse XIII reve
nait à Biarritz. Le hasard fit qu'il reprit le
même cocher. Mais celui-ci fut plus avisé.
Lorsque le roi s'enquit du prix de la cour
se, il répondit :
— Votre Majesté ne me doit rien pour le
léger service, que j'eus l'honneur de lui
rendre.
Un beau -billet de cent francs vint le ré
compenser de cet esprit d'à-propos. '
C ercamon.
A/VIS
L'UNIVERS met à la disposition de
Messieurs les professeurs des séminai
res et institutions catholiques, les nou
veaux prêtres et les séminaristes, des
abonnements de vacances, comprenant
les mois de juillet, août, septembre,
poux, cinq francs*
L'ACQUITTEMENT
Mme Oaillaux avait dit eille-même ait
moment où elle venait d'assassiner Gas
ton Calmette : « Il n'y a plus de justice
en France. » Le verdict rendu hier soir
confirme cette parole.
Il est aujourd'hui acquis que lors
qu'on est un des chefs du régime laïque
on fait tout plier devant soi, .même la
justicé. .
- Car le scandailç fut visible : devant
M. Caillaux, les magistrats, qui menè
rent oès débats se conduisirent comme
des laquais. ~ Ils s'enfuirent, hier soir,
sous les huées.
Tandis que celle qui avait tué et celui
qui avait voulu tuer s'en allaient libre
ment goûter les charmes du foyer en
attendant de partir pour les bords pai
sibles du lac de Genève, une immense
protestation de colère et de dégoût s'éle
vait dans Paris. Le verdict rendu par
les ,Français était tout autre que-celui
du Palais. Cent mille personnes étaient
accourues sur les boulevards. Des cor
tèges passaient, criant : « Assassin I -
Caillaux assassin ! » La foule les ac
clamait. -Une -colonne de manifestants
de l'Action française, ayant à sa tête
M. Maurice Pujo,- va et vient, poursui
vie par la police, chargée à plusieurs
reprises, mais se reformant toujours et
reprenant sans-sè lasser le.cri de Paris :
« Caillaux, assassin I » Au Figaro, d'in
nombrables amis" sont accourus pour
porter à la maison de Calmette l'expres
sion de leur sympathie et de leur indi
gnation. Des feuilles déposées sur les ta
bles du hall- se couvrent interminable
ment de signatures... Des gardes répu
blicains barraient la rue Drouot. M y
avait d'ailleurs partout profusion de
gardes et. d'agents. Sur les boulevards,
les gardes à cheval faisaient de fréquen
tes patrouilles. Le même gouvernement
qui avait laissé se dérouler la veille la
manifestation des révolutionnaires con
tre la guerre, lisez contre la résistance
à l'Allemagne, contre da patrie, avait
pris les plus sérieuses "mesures pour,
empêcher ies ^ manifestations contre
M. et Mme Caillaux ! Les amis de l'Ai",
lemagnë jouissent des faveurs gouverne 1
mentales. Dans les circonstances qué
nous traversons, le fait est à enregistrer
tout-particulièrement.
Dans Iles lignes qu'il consacre au
scandaleux acquitLment. d'hier, le Fi
garo rappelle en passant que l'image du
Christ avait été expulsée du prétoire.
La remarque est juste. Mais c'est le
Christ qui juge encore en dernier ap
pel. Et seule la Justicé divine est droite
et sûre. Voyez ce que peuvent faire cer
tains-hommes de la justice : Mime Cail
laux, qui assassina, est-rendue à la vie
libre et à son luxe ; les bonnes religieu
ses, qui se dévouèrent au chevet des
malades, sont sur les routes de l'exil.
Les forces en présence
- L'ARMEE AUTRICHIENNE
L'Autriche-Hongrie, avec une population
de 50 millions d'habitants, dispose d'une
armée comprise dans les eaidres de seize
corps d'armée, ce qui donne, à 30.000 hom
mes -par. corps d'armée, .un total voisin de
500.000 hommes pour les troupes de premiè
re ligne seulement.
Cependant, à l'inverser de la Serbie, l'Au
triche-Hongrie ,ne paraît pas pouvoir dis
poser dé toutes se forces contre un adver
saire slave du sud. Elle serait, en eflet,
obligée, selon toute vraisemblance, de main
tenir sur la frontière austro-russe et même
sur Ja frontière austro-roumaine les corps
d'armée qui confinent avec ces frontières,
soit Tes corps suivants : 1 er coups, Varsovie;
6' corps, Przemysl ; 10 e corps, Lemberg ;
12" corps, Hermanstadt; 7" corps, Temens-
var.
Déduction faite de ces corps d'armé®
frontières, l'armée autrichienne de premiè
re ligne "comprendra encore une force com
battante de 330.000 hommes, soit supérieu
re d'environ 100.000 hommes à l'ensemble
des forces serbes de tous les bans..
L'ARMEE SERBE
■ La Serbie, avec une population de 3 mil
lions 500.000 habitants; qui s'élève à 3 mil
lions 730.000. habitants, si on compte le
Monténégro, dispose d'une armée coïc.*
prise dans les cadres de cinq divisionsJSlle
s'est efforcée dans ces derniers temps de
porter son organisation'au chiffre de douze
divisions, mais cette réforme est encore à
l'étude et ne peut pas être considérée com
me un fait accompli.
En comptant donc cinq divisions à 20.000
hommes (artillerie comprise), on trouve
pour les forces de première ligne, serbes
un total de 100.000 hommes. . ,
D,'un autre côté, l'armée serbe mobilise,,
à l'égal des divisions de première ligné,
d'autres divisions dites de deuxième et de
troisième bans. Le total général de ses for
ces peut ainsi s'élever à dix divisions à peu.
près homogènes et présentant un effectif
■global de 200.000 hommes. Avec l'appui da
Monténégro (deux divisions), ce chiffré
pourrait montes jusqu'à 250.000 com&afr
tante.
JEUDI 30 JUILLET 1914
Quatre-vingt-unième année. — 16.330.
r'i
■zïi
$0 JUILLET 1914
4B0N^EMEJ\TSi
PARIS * ÉTRANGES
J « WpartwnUti (UniOS p »Ub|
sp. j ; . "28 ïr. 38 tr.
3:1s mois ...... t.13 ». . 19 • ;
ïrois mois ... * • ' - " 40 •
LE NUMÉRO : 10 eéntim?*
lu mandata et bon® da poita
doivent être adressés
"à" M. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE I
Xu milieu dus factions de toute espèce, nous u'apparteiicvt
(B'd ï Église et à la "Patrie,
Louis VEUILLQT s Programme da l'Univert (18U>
APDiISmTIO?! & RÉMCTO :
Paris, 19, rua tles Saints-Pères (VI' arroniS 1 )
sépot a rome : «S, fUCB 58 U HI8KKYI
Mit» tnanutcriu non Inséré* ne sont »ai renifla
annonces
•AUX BUREAUX DU JOURNAL
19, puo des Salnts-Pèpes
•sx société DE PUBLICITÉ RELIGIKU33
6, piaoo de la Bourse '
téléphone 751 -53
SOMMAIRE
•a^i situation KUBopêtNNi.•:' Laf pttrote est à ta
.ttu-iie. __ ' ' . ■
•Comment ahoubillir les convertis ? — Abbé
bel four. '
Ac jnra ik joijR : La foin de Beaucaire. ' *
l'Acacmsuettr.-
£b «. MoTU P ro PHIO «• DE 'PlE K lOft t*" PHILOSO>
phïk i>e ?aini T homas D'ÀQUiN. — Raymoncl
ïnmu f.tônvs Le: Vrai et le Faux (revue catàor
tique/de la Presse ); — Comte Cafta. ■
Ce matin,' à Fambassade d'Autriche
de. Saint-Pétersbourg, on déclarait que
le. commencement des hosiUiiés..n'empê
chait pas les'pourparlers en vued-'une
conférence, à laquelle on assurait, que
VAllemagne accepterait de participer;'.
ï On estime quétes . hostilités pren
draient fin dès le début de celte cohfé-
PARIS, 29 JUILLET 1914.
La Si dtioii européenne
*X»
Là PAROLE EST HU RUSSIE
.II-semble, qu'à une journée d'alarm8 :
succude régulièrement une journée où
r-espçir' d'une détente renaît: '
:Sans doute l'Autriche, allant jusqu'au
bout - du programme qu'elle s'est fixé,-
â déclaré Itf guerre à la Serbie. Sans
cloute l'Allemagne a décliné la' proposi
tion de conférence à quatre que sir
"Edward Grey avait présentée - à- l'Eu
rope comme souverain remède .aux pé
rils actuels: Du côté austro-aleimand la.
-volonté de -passer outre aux objections
■de la. • Triple-Entente n'est plais dou
teuse-.-. ;•
Mais, d'antre part, la Russie n'a pas
fépondu comme on s'y attendait à la
•déclaration " de: guerre de l'Autriche à
la Serbie. On admettait universellement
que le début des hostilités austro-serbes
serait le signai de la mobilisation russe
et que. la Russie de 1914 ne souffrirait
pas le retour, des événements de 1908-
4909,' lorsque, après l'annexion de la
Bosnie-Herzégovine, l'Allemagne vint se
placer, «„ dans son .armure étinceiante »,
aux côtés de l'allié,autrichien et fît, par
. un ultimatum en règle, recûler la Rus
sie. Or, ilà Russie a bien pris, des précau
tions -miutaires," mais elle est restée jus-
' qu'ici avec le gouvernement autrichien
•dans- le.-r termes les plus courtois.
- On rapporte : bien qu'à l'issue d'un
grand. Conseil tenu avant-hier à Saint-
.Pétersbourg l'empereur Nicolas II au
rait dit en parlant de l'hégémonie à la
quelle 1 Allemagne prétend en Europe :
« Nous avons supporté -cet état de cho
ses pendant sept ans. C'en est assez. »
Mais le communiqué du gouvernement
Tusse est d'-une remarquable prudence
..et s'attache surtout à, distinguer entre
-ses", propres intentions et les manifesta
tions populaires du slavisme. Le' com-
muniqué spécifie que le gouvernement
trusse « désire-vivre en paix immuable-
'aéent « avec les puissances que ces ma
nifestations- pourraient avoir désignées.
-31 insiste"encore sur.la politique « .fermîe
-et .paisible » de la Russie et invite les
jpopùlâtions russes à consérver « la'ré
serve et le calme ». " ' -
Ainsi,- le gouvernement russe ne pa
yait
îe' signal de là guerre générale. On se
demande même si, se trouvant satis
faite de l'assurance qu'a donnée l'Au
triche qu'elle ne ferait pas à la Serbie
aine guerre de conquête, La Russie ne
baissera pas les événements s'accomplir
.•et-n'a 1 ndonnera pas les Serbes à leur
destiné C'est d'ailleurs la solution sur
-laquelle la-presse allemande et Je gou
vernement semblent aussi compter. Les
•principaux journaux d'Allemagne en
jiaissent percer l'espoir depuis hier. -
- La paix qui serait assurée à l'Europe
.de cette'façon serai t. encore .une fois.une.
;i>aix obtenue par des concessions faites
.•à. la volonté allemande. Elle constitue
rait un nouvel affermissement de l'hégë-
jnonie germanique, un nouveau triom
phe du régime de la force que la Triple-
.-Alliance représente en Europe.
; Dans de pareilles, conditions, tout en
se félicitant qu'une catastrophe effroya
ble eût été épargnée à l'ancien mondé,
■on pourrait se demander si une paix
obtenue par de tels moyens ne serait
;$>as une 1 paix bien précaire^.
rence;
»
* '•
; La. nouvelle: d'après laquelle le minis
ire d'Allemagne à Belgrade aurait été
assassiné est démentie.
»...
■ m
On n'a aucune nouvêtte des hostilités
engagées entre l'Autriche et la Serbie.
La censure sur les communications té
légraphiques est très rigoureuse.
' , La situation
On a l'impression que la Russie hé-
. site aujourd'hui à intervenir militaire-
.ment en faveur de la Serbie. . -
. . * a
Cependant toutes les nations poursui-
, vent activement leurs préparatif s mili-
' tâirés. .
Comment accueillir
les convertis?
■ ■ -
: De nombreuses conversions ou demi-
conversions au catholicisme se sont pror
duites parmi les gens de lettres, au
cours, de ©es trente dernières années. La
plupart, furent de bon Moù ■ mais quel-
quesrunes, ceMe .de "Léo Taxil, par exem-
ple, .infligèrent à notre fierté cathodique
de dures épreuves. - ' .
• A Fheure qu'il est, une aventure sem
blable à celle de Léo Taxil vient de
prendre fin ; par bonheur personne n'a
parlé de sa vaudevillesque condusion.
Prenant acte de ce silence, quelqu'un de
très intelligent m'écrit : « Gardez-vous
bien de fustiger le héros de l'aventure,
comme il le mérite ; vous lui feriez trop
de plaisir. On s'occu-perait de lui et c'est
tout ce qu'il demande. » ..
: Je conserve quelques doutes sur l'effi
cacité de cette tactique. Il est, certes,
ennuyeux de favoriser même indirecte
ment les desseins commerciaux d'un
converti de 'lettres. Mais n'est-il
liques une confusion assez grave , qui
s'est produite et qui peut se produire en
core dans leur esprit?
: Oui, il convient de tuer le veau gras
-lorsqu'un incrédule notoire, -.ou . candi
dat à ; la. notoriété, entre dans l'Eglise
catholique. Mais après qukin : js'est bien
réjoui de cette conversion, il faut indi
quer au nouveau frère une -place dans
'l'assemblée des fidèles. Pour avoir né
gligé cette dernière, cérémonie, nous su-
,'bîmes, maintes fois, de sérieuses pertes
apologétiques. Rappeflons-nous Brune-
tière. De son taîent, de sa droiture, de
son autorité, de ses habitudes, comba
tives, on attendait beaucoup. Or, du
jour où il fut sacré ou improvisé Père
moderne de. l'Eglise,. il ne cessa de «e
tromper. '11 soutint Loisy, il préconisa
;certain pauvre mélange dé catholicisme
et de positivisme, 'il se jeta., tête baissée,
dans- l'affaire des. . oardinaux.. verts.
C'était, notre faute, à nôusr catholiques,
"autant que la sienne. Nous : aurions dû
lui dire, au moment de sa "conversion :
« Prenez garde, Brunetière, vous -exereez ■
dans lé domaine, de la critique tittéraire-
une sorte de dictature ; n'aîlez pas trans
porter ces habitudes" césariennes dans
-tte "monde de la théologie ou-dans le
gouvernément de l'Eglise. » Mais non, il
porta chez nous sa fériile, sa càfchè-
dre de la Revue des Deux-Mondes , son
impériale éloquence, et oe faisant, il fut
vivement applaudi par tous les nôtres.
Je connais un prêtre, toutefois, qui, très
respectueusement, soumit au nouveau
converti quelques observations bien
veillantes sous formé d'article. Elles ne
reçurent pas un accueil très , chaud ;
elles donnèrent même lieu à une con
versation de deux heures entre Brune- ;
tière et l'écrivain ecclésiastique. Ah ! ce
fut une belle tempête et une tempête;
ininterrompue ! Mais l'apaisement se :
fit, et, dans, la suite,. Brunetière- témoi- -
g-na à 'ae prêtre une tendresse et une
estime qui provoqua l'admiration 'de
nombreux témoins. Tardive et inutile
•consolation.-Mais elle prouve bien vque
; la timidité des : catholiques contempo
rains s'était trompée. " ' " " " "
' Elle se trompa, une fois de plus, lors
que Huysmans se remit dans la droite
« Route ». Ses amis ecclésiastiques et
âaïques s'écrièrent quelque peu mena
çants : « Vous voyez bien qu'il était sin
cère? M
— Parfaitement, il était sincère, mais
il ne prenait pas de précautions suffi
santes pour arrêter l'essor de ses abo
minables liyres, mais il introduisait
dans notre monde religieux l'extrava
gance insolente et l'étro.itesse préten-
tiéuse d'une certaine critique ultra-mo
derne qui venait en droite ligne du pays
de Bohême. Fallait-il ne pas lui dire :
« Attention, monsieur. Et modifiez un
peu votre langage, ainsi que vos maniè
res : nous n'avons pas,. ici, l'habitude
de parler la langue verte. ».
iPlus récemment, d'autres conversions
sont -venues adoucir en quelnué mesure
la; tristesse des catholiques persécutés.
Certes, on fête, selon-le rite, privilégié,
4oœ ces f retours a M- matehieftlé-Eg'iise..
En " oarticulier, l'Univers a conscience
d'avoir loué, remercié, félicité chacun
de ces messieurs ; il. ne demande qu'à '
continuer. - ■ : - ' ' -
• ; Mais puisque, en ce moment, aucune
conversion - sensationnelle. n'apparaît . à;
l'horion" littéraire, il serait peut-être
bon d'établir quelques principes élé
mentaires à l'iiitention des futurs con
vertis eux-mêmes, et, aussi, des catholi
ques chargés de les aocueillîlr. , ; , .
• Premièrement, nos futurs et bien-ai-
més frères sont priés amicalement de
ne pas mettre en trois ou quatre volu-.
mes le récit de leur conversion. Un seul
suffira. Que disrje? "A la rigueur nous
nous résignerons à ne- pas, lire un vo
lume ni même une brochure. Qu'elles
sont belles, les conversions silencieuses
où. rien, "de littéraire n'apparaît ! Nous ;
les appelons, hautement, de nos prières
et de nos vœux, afin qu'elles nous con
solent de certainés retraites à- grand or
chestre;, vécues ou jouées, dans je ne "
sais plus quelles cités des lampes.
- Deuxièmément, il serait peut-être bon
de proposer aux intellectuels qui se con
vertissent un. sommaire examen de
. conscience. ' sur-la "question " apologéti
que. •« Ami du dehors qui .voulez venir
' à l'intérieur prier-,'sèuffrir et lutter-avec
nous, que' perisez-verus; des. actuels àpo-'
logètes, défenseurs de l'Église? ». L'ami
avouera,. Je plus souvent, qu'il les tient-
en médiocre estime. Rien ne sera pflus
facile de lui prouver, qu'il se trompe,'
mais encore faudra-t-il, de toute ri
gueur, lui rendre oe service. Que nous
en connaissons de ces néophytes bien in
tentionnés qui découvrent chaque m
tin la Méditerranée dans le monde de
l'apologétique ! Il est fastidieux, mais il
est indispensable de leur .faire constater,
que la Méditerranée est; ' depuis long
temps, découverte. - • .
. Une troisième formalité plus .impor
tante que les deux premières s'impose
rait, semblë-t-id, aux nouveaux coifrer-,
lis, celle-du potestis bibere cali-cem ?•
Pouvez-vous boire le calice? "J'entends
bien- que ces messieurs, qui'on>t l'intelli-'
gence. haute et le cœur bien placé; font
des sacrifices pour-vènir jusqu'à lious.
Etant les fils du tonnerre, .ils ont l'hé : .
roïsme facile. Et c'est pourquoi ils se-
donnent d'un admirable élan, dont nous
comprenons toute la beauté, à l'Eatise,
humainement parlant, vaincue... ? n .p-
çonnent-ils tout ce qu'il faut de disci
pline et d'humiilité dans le bon combat '
pour la foi ? Etre clérical et passer pour
tel, en d'autres termes, subir habituelle
ment le dëda*i implacable du. monde
littéraire, c'est déjà font dur. Car ies
nouveaux convertis seront considérés
par l'Opinion comme non existants, dès
.qu'ils.)auront franchi notre eeuil. Il leur:
restera, peut-être du talent ou du génie;
inais:il:n"e-se trouvera personne, dans : la
presse, pour en convenir. Oui, cela est
déj^ fort dur. Mais il : y à pire ou plus
beau-. Tfl nouveau "converti peut ac
complir,' au prix de si vie, de grands
-travaux, concevoir une idée géniale ou
.du moins excellente, créer une organisa
tion nçruvèllé et puis être désavoùé fina
lement par tes chefs-du chemin, par les
pasteurs-légitimes de l'Eglise. ^
"" A un Pénelon, à un Montalembert, à
un dorn Guéranger, à un Veuiilot, à un
cardinal Pitra, la terrible et bienfai
sante épreuve ne fut pas épargnée. Les
nouveaux convertis sont généralement;
d'une taille moins élevée que ces grands
hommes. Le cas échéant ils auraient
moins de peine à se courber. Mais sau-,
raient-ils le faire? Qu'ils méditent, du
rant quelques instants, sur cette éven
tualité, au début de leur vie catholique.
. D'un mot, saint Paul a dit ce qui vient
d'être rappelé si pauvrement : Non riéo-
phytvm-. Que les. néophytes n'exercent
- pas le ' commandement dans l'Egflise de ;
Dieu. Ét oe mot synthétique n'eàt nullé-
ment' en contradiction, comme on pour-'
. rait lé croire, avec un autre mot non
moins célèbre du même a'pôtre : Com-
pe'Ue intrare. Nous devons appeler de s
nos prières et de nos invitations, nous ;
devons même attirer, avec une certaine i
violence, au centre de l'Eglise, les incré
dules nés protestants ou catholiques ou
juifs. Mais qu'il n'y ait pas de Confu
sion : d'Eglise est en possession de la s
doctrine, l'Eglise a le pouvoir des clefs, f
l'Eglise se définit une hiérarchie indé-t
•fectiWe. Les nouyeaux convertis, ont be- :
soin de ses lumières et de sa juridic
tion : eMe peut très bien, au contraire, '
se passer de leur savoir. Si; plus tard,
elle le juge à propos,- elle élèvera quel-;
ques-uns d'entre eux à ses dignités les;
plus hautes. Pour l'instant-, on les" prie
de marcher avec nous dans la joie, que
nous leur certifions être fort grande, de
souffrir quelque opprobre pour le nom
de Jésus-Christ, le Pape disant, ces
jours-ci, d'être des cléricaux.
Abbé DE^FOUR.
Au jour le jour
X>a. Foire de Beaucaire
: W y a quelques jours,, on apprenait que
le Rhône, dans une crue subite, avait en-
tahi-le champ-: de foire de Beaucaire et
forcé les marchands de s'enfuir. Combien
sèrO'nt pas dit : EUe existe donc encore, la
foire de-Beaucaire ?
Car qui n'a entendu parler de cette foire ?
D'autres, certes, furent célèbres : foire de
Champagne, des Flandres, de Genève, de-
Lyon; mais la foire de Beaucaire garde
toujours un rayonnement particulier ; elle
fut non seulement la plus importante, niais
la plus gaie, la plus amusante, la plus bril
lante; elle avait ce qui manquait aux au
tres : te soleil du Midi.
A quelle époque remonte la foire de Beaur
caire ? Le plus ancien document où il en
soit fait mention est de .1168. La charte qui
concédait aux habitants de Beaucaire les
privilèges d'urie foire ne fU y en effet, qiférL
;«*r en institution un. fait■ existant déjà.
Celte' charte, qui l'octroya ? La tradition et
la presque unanimité -dès; auteurs là pla
cent vers 1247 et Vaitribuent à l'un des
comtes de Toulouse, Raymond VI ou Ray-,
motid VII. D'ans son excellent Essai histo
rique et juridique sur la foire de Beaucaire,
un avocat d'Aix-eri-Pfovence, M. Th. Fas-
sin, rompt avec la tradition et cette una
nimité. Û estime-que- la franchise de la
foire a été concédée postérieiircvient A 1247
et qu'elle fut établie par des lettres paten
tes de Louis X, en date du 15 mai Ï31S, let
tres confirmées .par Jean le Bon. Aux his
toriens d'en disputer.
Mais qu'était-ce que cette franchise ac
cordée à la foire de Beaucaire et qui fit
tant pour son développement et sa prospé
rité?
Il y avait deux sortes de franchises : une
d'ordre judiciaire et une tordre fiscal.
La première, à laquelle, au moyen âge,
on donnait parfois le nom de franchise
d'arrêt, était de la plus, grande utilité pra-
tique; car elle garantissait la sécurité de la
personne des visiteurs: Elle consistait dans
la « suspension des actions et mesures
d'exécution sûr la personne des marchands
qui étaient dans la paix ou le conduit de la
fo\re n. Le débiteur qui se trouvait en foyre
ôu'-qux y allait était' à Vabri'de là con
trainte par corps. Le criminel lui-même y
(tait insaisissable : la foire constituait une.
sorte' de lieu d'asile'inviolable. Cependant,
ïaJraAvchise d'arrêt cessait d'être applica
ble pour les, crimes dont la gravité requé
rait punition corporelle.
Par la franchise fiscale, les marchands
qui venaient en foire n'avaient à payer au
cun droit ni aucun impôt, tant pour l'en
trée ou la sortie que pour la vente ou l'éta
lage, de leurs-marchandées.
- Ajoutons que des modifications extensi-
ves ou restrictives furent apportées, dans
la suite, à ces privilèges, qui n'avaient leur
effet que pendant les sept jours de la durée
officielle de la foire (22 : 29 juillet).
Jusqu'au XVI 9 siècle, la foire de Beau
caire n'eut qu'une importance secondaire,
si on la compare avx autres grandes foires
de là France,-alors florissantes. C'est seule
ment sous la ■Renaissance que s'ouvre la
grande époque de son histoire. Là politique
de François 1 er , qui obtint même un mo
ment pour les Français l'autorisation. ex
clusive de trafiquer sur les Etats du sultan,
donna à: nos relations avec le Levant une.
extension remarquable. La foirè'. de Beau
caire en' profita si. bien, qu'elle . devint le
marché central de toutes les marchandises
de l'Orient.
Au, surplus, lies rois ne manquèrent ja
mais de renouveler le privilège de la-foire
de Beaucaire. Mais l'homme qui fit le plus
pour elle'fut Colbert. L'inoublable ministre
de Louis XIV, on le sait, favorisa les foi
res de tout son pouvoir. Celle de 'Beaucaire
fut plus que toute autre l'objet de son inté
rêt et de sa protection. En 1669 et 1677, il
envoie des galères croiser dans la Méditer
ranée pour protéger les barques qui se ren
dent à la foire contre les pirates barbares-
ques. Dans les Mémoires, qu'il écrit pour
son fils, il lui recommande « de faire ache
ter toutes les marchandises dans les foires,
sçavoir : en celle de-Beaucaire pour'le Le
vant..'. » C'est soùs l'administration de Col
bert que fut-rendu l'arrêt du conseil orga
nisant en foire de Beaucaire une justice
expéditive, simple et peu coûteuse; pour la
solution de tous les litiges nés pendant la
foire, et c'est â son occasion que fut'creusé
le cancd du Midi, et-que fut construit entre
Beaucaire et Tarascon un pont de ba
teaux. . ■ -
A- cette époque, le total des affaires fai
tes en foire de Beaucaire s'élevait à 6 mil
lions, chiffre dont on appréciera, l'impor
tance en tenant compte de l'abaissement de
la valeur de l'argent. Ce chiffre s'éleva à
H millions en 1743, à 15 millions en 1753, â
30 millions en 1784, à 3i millions en 1787,
à 42 millions en 1788.
Pendant les premières années de là Ré
volution; dû fait de : la suppression des
franchises et'des privilèges,'de la loi sur le
maximum,, dé 'la création des assignats,
sans parler des guerres extérieures, la
.foire Jle Beaucaire, subit' une .grave crise.
Elle arriva cependant à se faire, accorder,
en 1790, le maintien de la franchise. Les af
faires suivaient les fluctuations de la poli
tique : 41 millions en 1789, 37 millions en
1790; 35 millions en 1791. En l'an V, le chif
fre d'affaires- remonte à 50 millions, pour
retomber, l'année suivante, â 24 millions ;
en l'an VIII, il était à 33 millions. '
Le XIX' siècle devait voir la ruine défini
tive de. la foire de Beaucaire, mais elle con
nut encore de beaux jours : 41 millions et
demi d'affaires en Van XII, 60 millions en
1811. Après une période de crise, la foire re
trouve en 1816 une, splendeur nouvelle :
24.millions d'affaires. Sautons des années
de hauts et de bas, et marquons le chiffre
de l'année 1843 : 42 millions et demi. Les
Bcaucairois purent saluer ces chiffres ; ils
ne les révireni plus.-D'année en dnnee, très
rapidement, le déclin de la foire s'accen
tua... Aujourd'hui, elle'n'est plus qu'une
fête de village.
S aint- R oman.
Éehos
Nouvelles rues
Il a été question, dans ces derniers
temps, de certains projets d'attribution
d'une nouvelle voie en construction entre
l'Hôtel de--Ville et la rue de Tunbigo. -
. La Commission .■du* Vieux Paris a émis
le vœu que' le nom île JBeaubourg .jie eoit
pas changé, en raison de l'intérêt histori
que qu'il présente.
-Il y avait, en effet, à Paris, depuis le
xP siècle/ trois bourgs importants qui- ne
furent pas englobés, au xm° siècle, par
l'enceinte : le Beau Bourg, 3e Bourg " Ti-
boust ou Tibourg et le Bourg l'Abbé.
; Le'nom de ces trois agglomérations, qui
ont- joué un grand rôle dans le développe
ment de Paris, et'ont été' le centre de grou
pements qui ont nécessité, au XIV e siècle,
la. construction .d'une nouvelle enceinte,
fait essentiellement partie de-l'histoire de
Paris. Le Beau Bourg que rappelle le nom
menacé avait pour limites les -rues Mau-
buée, GrenierSainkLazare, Saint-Martin
et Saiu.te-Avo.ie (aujourd'hui rue du Tem
ple), ■ ^
Le principe du vœu dé la Commission du
Vieux Paris a été étendu aux anciennes
voies disparues, et l'on a demandé que
leurs nome soient conservés aux rues nou
velles destinées à les remplacer.
D'autre part, dans le même but, au Con
seil municipal, M. Henri Galli a demandé
que, pour les rues nouvelles qui n'ont pas
encore reçu dé dénomination, on recherche
parmi les noms, de voies disparues-ceux
qui mériteraient d : être ^repris pour les leur
attribuer.
Trava'î de chien
D 'après "une statistique duessée par les
soins dû ministère de l'Agriculture de Bel
gique,- ii existerait dans toute Té&endue du
royaume 120.000 chiens;.de trait, dont les
services sont surtout utilisés par Les petits,
producteurs ruraux-et les marchands de
lait, de légumes ou «le-fruits. La somme
dé travail quotidiennement fournie par
chacun de ces chiens ipeut être estimée à
0 fr. 50 environ. Par conséquent, si on. ad
met pour chacun d'eux une moyenne an
nuelle de 65 jours de repos, un calcul sim
ple montre qu'en Belgique Se travail des
chiens de trait représente approximative
ment 22.500.000 francs par an.
Tout renchérit
■ Lé petit archipel français de Tahiti, per-.
du dans l'Océan Pacifique, avait la réputa
tion d'un paradis terrestre. Un climat doux
et salubre, ' point de reptiles venimeux ni de
moustiques dangereux,- ia vie matérielle à
la portée des bourses les plus modestes,
tout concourait à. rendre ce séjour enviable.
Hélas ! si le climat est demeùré le même,
les conditions d'existence ont singulière
ment r changé depuis quelques années. No
tre conirère la. Tribune'de Tahiti mm ap
prend que, la colonie étant devenue trop
prospère, tout y a-renchéri.
Une mauvaise -casé- en bois de . trois , ou
quatre pièces se loue de 80 à 120 francs par
mois ; la moindre bonne — non pas à tout
faire, mais à ne rien faire — réclame de
60 4' 80 francs de gages par mois pour cinq
ou six heures de travail par jour. Quant
aux colons qui vivent à la pension, ils
paient jusqu'à 250 francs par mois une
cuisine abominable. ,
Tout renchérit, même aux antipodes.
Bon paiement
Cse derniers jours,-Alphonse XIII, qui
villégiature à Saint-Sébastien, se rendit à
Biarritz pour consulter son docteur habi
tuel.' A la gare, il prit un fiacre. Arrivé à
destination; le cocher, qui l'avait reconnu,
dit au roi :
— Ce que vous me devez ? Pour, le roi
d'Espagne ce sera dix francs.
Le roi sourit,"mais-remit simplement au
cocher la somme prévue par le tarif, plus
le pourboire ordinaire.,
La semaine d'après, Alphonse XIII reve
nait à Biarritz. Le hasard fit qu'il reprit le
même cocher. Mais celui-ci fut plus avisé.
Lorsque le roi s'enquit du prix de la cour
se, il répondit :
— Votre Majesté ne me doit rien pour le
léger service, que j'eus l'honneur de lui
rendre.
Un beau -billet de cent francs vint le ré
compenser de cet esprit d'à-propos. '
C ercamon.
A/VIS
L'UNIVERS met à la disposition de
Messieurs les professeurs des séminai
res et institutions catholiques, les nou
veaux prêtres et les séminaristes, des
abonnements de vacances, comprenant
les mois de juillet, août, septembre,
poux, cinq francs*
L'ACQUITTEMENT
Mme Oaillaux avait dit eille-même ait
moment où elle venait d'assassiner Gas
ton Calmette : « Il n'y a plus de justice
en France. » Le verdict rendu hier soir
confirme cette parole.
Il est aujourd'hui acquis que lors
qu'on est un des chefs du régime laïque
on fait tout plier devant soi, .même la
justicé. .
- Car le scandailç fut visible : devant
M. Caillaux, les magistrats, qui menè
rent oès débats se conduisirent comme
des laquais. ~ Ils s'enfuirent, hier soir,
sous les huées.
Tandis que celle qui avait tué et celui
qui avait voulu tuer s'en allaient libre
ment goûter les charmes du foyer en
attendant de partir pour les bords pai
sibles du lac de Genève, une immense
protestation de colère et de dégoût s'éle
vait dans Paris. Le verdict rendu par
les ,Français était tout autre que-celui
du Palais. Cent mille personnes étaient
accourues sur les boulevards. Des cor
tèges passaient, criant : « Assassin I -
Caillaux assassin ! » La foule les ac
clamait. -Une -colonne de manifestants
de l'Action française, ayant à sa tête
M. Maurice Pujo,- va et vient, poursui
vie par la police, chargée à plusieurs
reprises, mais se reformant toujours et
reprenant sans-sè lasser le.cri de Paris :
« Caillaux, assassin I » Au Figaro, d'in
nombrables amis" sont accourus pour
porter à la maison de Calmette l'expres
sion de leur sympathie et de leur indi
gnation. Des feuilles déposées sur les ta
bles du hall- se couvrent interminable
ment de signatures... Des gardes répu
blicains barraient la rue Drouot. M y
avait d'ailleurs partout profusion de
gardes et. d'agents. Sur les boulevards,
les gardes à cheval faisaient de fréquen
tes patrouilles. Le même gouvernement
qui avait laissé se dérouler la veille la
manifestation des révolutionnaires con
tre la guerre, lisez contre la résistance
à l'Allemagne, contre da patrie, avait
pris les plus sérieuses "mesures pour,
empêcher ies ^ manifestations contre
M. et Mme Caillaux ! Les amis de l'Ai",
lemagnë jouissent des faveurs gouverne 1
mentales. Dans les circonstances qué
nous traversons, le fait est à enregistrer
tout-particulièrement.
Dans Iles lignes qu'il consacre au
scandaleux acquitLment. d'hier, le Fi
garo rappelle en passant que l'image du
Christ avait été expulsée du prétoire.
La remarque est juste. Mais c'est le
Christ qui juge encore en dernier ap
pel. Et seule la Justicé divine est droite
et sûre. Voyez ce que peuvent faire cer
tains-hommes de la justice : Mime Cail
laux, qui assassina, est-rendue à la vie
libre et à son luxe ; les bonnes religieu
ses, qui se dévouèrent au chevet des
malades, sont sur les routes de l'exil.
Les forces en présence
- L'ARMEE AUTRICHIENNE
L'Autriche-Hongrie, avec une population
de 50 millions d'habitants, dispose d'une
armée comprise dans les eaidres de seize
corps d'armée, ce qui donne, à 30.000 hom
mes -par. corps d'armée, .un total voisin de
500.000 hommes pour les troupes de premiè
re ligne seulement.
Cependant, à l'inverser de la Serbie, l'Au
triche-Hongrie ,ne paraît pas pouvoir dis
poser dé toutes se forces contre un adver
saire slave du sud. Elle serait, en eflet,
obligée, selon toute vraisemblance, de main
tenir sur la frontière austro-russe et même
sur Ja frontière austro-roumaine les corps
d'armée qui confinent avec ces frontières,
soit Tes corps suivants : 1 er coups, Varsovie;
6' corps, Przemysl ; 10 e corps, Lemberg ;
12" corps, Hermanstadt; 7" corps, Temens-
var.
Déduction faite de ces corps d'armé®
frontières, l'armée autrichienne de premiè
re ligne "comprendra encore une force com
battante de 330.000 hommes, soit supérieu
re d'environ 100.000 hommes à l'ensemble
des forces serbes de tous les bans..
L'ARMEE SERBE
■ La Serbie, avec une population de 3 mil
lions 500.000 habitants; qui s'élève à 3 mil
lions 730.000. habitants, si on compte le
Monténégro, dispose d'une armée coïc.*
prise dans les cadres de cinq divisionsJSlle
s'est efforcée dans ces derniers temps de
porter son organisation'au chiffre de douze
divisions, mais cette réforme est encore à
l'étude et ne peut pas être considérée com
me un fait accompli.
En comptant donc cinq divisions à 20.000
hommes (artillerie comprise), on trouve
pour les forces de première ligne, serbes
un total de 100.000 hommes. . ,
D,'un autre côté, l'armée serbe mobilise,,
à l'égal des divisions de première ligné,
d'autres divisions dites de deuxième et de
troisième bans. Le total général de ses for
ces peut ainsi s'élever à dix divisions à peu.
près homogènes et présentant un effectif
■global de 200.000 hommes. Avec l'appui da
Monténégro (deux divisions), ce chiffré
pourrait montes jusqu'à 250.000 com&afr
tante.
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