Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1914-07-27
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 juillet 1914 27 juillet 1914
Description : 1914/07/27 (Numéro 16328)-1914/07/28. 1914/07/27 (Numéro 16328)-1914/07/28.
Description : Note : un seul numéro pour lundi et mardi. Note : un seul numéro pour lundi et mardi.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k715448p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
LUNDI 27 S. KARDI 28 JUILLET *914
Quatre-vingt-unième année. — 16.328,
4B0KKEMElVrS-
. *n .
i tv il! Ois ; . . I . :
trois mois .... •
PARIS. ETUANCEB
«t Ih-janesienl» . (Union posuli)
.. 25 fr. 36 fr.
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. . 7 • 10 «
LE NUMÉRO : 10 tenKm'V
tes mandats et bons de poste
doivent être, adressés .
ii ftl. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE /
Sa milieu des factionsd» tout* «splee, vous v'apparlevotit
fB'à l'êglist et à la Valtte.
Louis VEUILLOT : Programme de l'Vnlvert (1848)
LUNDI 27 & MARDI 28 JUILLET 1914
iDMSTMim 4 RÉDACm:
Parts, 19, rue des Saints-Pères (Yl* v»WlV
PÉPOT A ROME : M, fUCS DI LfHHIMr
les mtnutcritt nôn Inséré» nt mhii pat reniai
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOUE N'Ai
19, rue des Saints-Pères ., '
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ BELIOIÈU33
6. ptaoe de la Bourse
TÉLÉPHONE 751-55
SOMMAIRE
L e C onflit AusTRO-ssaws : Obscurité de la situa-
f''f>n.;i":of>ceii«r. "■ ; ;
1 .15 H \v>n*«ttent ok.nos OWVEaSJTÉS-OiTBOLtQDES.
fius+.ave Gautherot.
Au j. i.s jm;R : Pour lire les Classiques.' :
L*m». i> ! ANfiLETFRRB. — Francis.Glanvillo.
i.w C om ;!(, rs Ki;cn:vRisTiQne os L ourdes.
PARIS; 27 JUILLET 1914
nflit austro-serbe
Obscurité
■3s la situation européenne
Lu journée d'aujourd'hui et les-jour-
n l'r.is 'ire parmi les plus angoissantes,
panu! les plus décisives aussi que l'Bu-
Topo ait traversées- depuis longtemps.
Aaprès Je coup d'Agadir, même
apiv* Fa^hoda, même, après l'affaire
■Sfchn'wbelé, k péril était -peut-être moins
ghr : . Car, aujourd'hui, ce sont lés deux
groupes de .puissances entre lesquels se
pâTtcV~o PEuropo,' Triipiice -et Triple-Ea-
ttyihi, qui-sont sur le-point d'être jetés
l'un v' oïï !re l'autre par le jeu noraiafl des
traités- d'alliance. - .
•A l'heure où nous imprimons ces li
gnes, la -situation se résume de la ma
nière suivante : ■
'La Serbie a fait preuve d'une bonne
volonté incontestable en acceptant tout
le programme des exigences autrichien
nes et en demandant seulement des
« éclaircissements » au sujet de la ma
nière dont l'Autriche prétend contrôler
l'enquête-sur les complicités serbes du
crime de Serajevo. Le gouvernement
serbe fait ainsi une réserve légère et lé-
gitime au sujet de ceux de ses nationaux
pour lesquels l'Autriche exige une pu
nition. Mais, môme sur ces deux points,
là réponse de la Serbie est conçue de
façon à -laisser la porte largement ou
verte à la discussion. • . . ,
Cependant, se conformant à ses ins
tructions, M. de Qiesl, ministre d'Au
triche, a estimé qi*e la réponse serbe
n'était pas satisfaisante et il a, quitté
Belgrade samedi dès six heures et de-,
mie du §oir. 1
Sur ces entrefaites, . l'Autriçhe' avait
répoussé une démanche de 'la'France et
dp la Russie tendant, à prolonger- dé
quarante-huit heures le -délai fixé au
gouvernement serbe.
Les relations diplomatiques sont donc
.rompues entre l'Autriche et la Serbie.
La mobilisation est commencée des
dëux côtés de la frontière. Toutefois la
guerre n'est pas déclarée. Il n'y a même
pas eu encore d'hostilités sans déclara
tion de guerre préaflable comme on le
rèdoutait.
'Les bruits les plus extraordinaires,
tais que ceux d'une entrevue de M.
Poincaré et de l'empereur Guillaume II
à Stockholm, ne cessent de courir. On
njavait ce matin, au quai d'Orsay, ni
confirmation ni démenti- de cette nou
velle à sensation.
Il est bien certain," en tout cas, que la
diplomatie, surtout celle de la Triple-
Entente, s'efforce d'arrivèr à un arran
gement. Mais en même temps la Russie
se tient prête à toute éventualité, et il
paraît difficile - qu'elle n'intervienne pas
au cas d'un conflit austro-serbe.
."Il n'y a donc pas lieu d'aller trop loin
'dans , l'optimisme, quoique bien des
voies .restent li'bres encore pour un ar
rangement gui exclurait, -au moins pour
le marnant immédiat, le péril d'une con
flagration européenne. L'Allemagne
elle-même. paraît faire quelques efforts
en vue d« maintenir la paix. M. de
Schœn, ambassadeur d'Allemagne, a eu
une nouvelle conversation au quai d'Or
say avec M. Bienvenu-Martin. Mais il
semble bien que si l'Allemagne veut le
maintien de la paix c'est moyennant
4'assurance- d'une lbberté d'action pleine
et entière pour l'Autriche et pour la
Triplice, sinon c'est à Vienne que l'Al
lemagne ferait des démarches, et non
pas à. Paris.
Enfin l'absence de M. Poincaré et de
M. Viviani : est vivement critiquée en
France dans plusieurs milieux, et sur-
jtôu-t pàiimi las radicaux ennemis du pré-
jsident de la République aui lui repro
chent, ainsi qu'au président du Conseil,
[ministre des Affaires étrangères, de
l'n'avoir su prévoir aucun . des événe
ments qui se sont accomplis depuis leur
; départ pour la Russie. Par bonheur,
■ ajouterons-nous, si le gouvernement est
absent, les Chambres sont en congé : et
ainsi se trouve atténué pour notre pays
le risque que des parai as imprudentes
et irréfléchies soient prononcées et que
dfes fautes irréparables soient com
mises. . '
Ce que l'on dit
' Le ministère des Affaires étrangères a
été avisé que M. Poincaré, renonçant à
poursuivre son voyage, en raison des télé
grammes concernant la situation exté
rieure qu'il a reçus Paris, rentre direc
tement en France^ .
Au ministère des Affaires étrangères,
on ne sait rien d'une -prétendue rencon
tre qui aurait en lieu en mer mire Vem
pereur , d'Allemagne et M.- Poincaré.
■ :• ' -,
• *
i Au ministère des' Affaires étrangères,
on trouve exagéré t.oplimisme montré,
ee matin, par imejpartie "de la presse.
On reconnaît cependant que le fait que
KAutriche ' n'a pas . déclaré la guerre
laisse-quelque espoir d'une solution pa
cifique du conflit
Le gouvernement a donné des ordres
pour empêcher les manifestations dans
Paris ou tout au moins les désordres
auxquels elles pourraient donner lieu.
m
m *
Au cours de conversations diplomati
ques qui ont eu lieu hier à Saint-Péters
bourg, les ambassadeurs d'Allemagne et
d'Italie ont affirmé que leurs pays étaient
restés étrangers à la note autrichienne.
De son côté, l'ambassadeur if Autriche
a soutenu que cette note ne comporte
pas nécessairement . une ouverture
d'hostilités.
. •
■* *
L'Autriche et la Serbie poursuivent
leur mobilisation.
(Voir les derniers télégrammes en
, Dernière Heure.)
LE RAYONNEMENT
Au seuîl des -vacances, le moment est
venu de songer à nos Universités catho
liques. Tous les parents chrétiens dont
les ftls, leur baccalauréat passé, se des
tinent à l'enseignement supérieur, ont
le devoir, le devoir strict et impérieux,
de songer qu'à Lille, Angers, Lyon,
Toulouse et Paris existent des Facultés
libres.
Leur clientèle naturelle est celle des
collèges .l ibr es . Me est celle aussi des
collèges de TEtat. Que dis-je ! Plus en
core-que les élèves des écoles libres, les
lycéens catholiques ont besoin de l'en
seignement lib-fe supérieur, car c'est, lui
qui éliminera, à l'âg'e où l'intelligence
prend sa voie définitive, ce que les "doc
trines universitaires auront pu leur in
culquer de pernicieux.
Ce disant, je ne fais point d'injure à
nos co'Hègues de l'Etat, et ce serait le
cas de rappeler le discours que pronon
çait l'an dernier Mgr RaudritUart à la
séance de rentrée de l'Institut catholi
que de Paris "J
...La preuve en a été faite surabondam
ment, une autre doctrine d'Etat s'est ccms-
ètuée, née de la collaboration de l'idéalis
me kantien et du positivisme, radicalement
opposée, no® seulement à ce que l'on app&l-
ie-la philosophie traditionnelle de l'Eglise,
mais aux principes fondamentaux de la
•doctrine chrétienne. Nous n'attaquons ici
ni les hommes" ni les institutions... Nojis
constatons un fait, c'est que ces hommes,
à quelques exceptions (près, sont au service
d'un s^gtème et que leur désir est naturelle
ment dé le faire triompher;" que ce système
est otenir pour la vérité, que, par conséquent,
nous avons le devoir d'y résister, d'opposer
doctrine à doctrine, école à école.
Mgr l'archevêque de Besançon, au su
jet du « ferment chrétien » à répandre,
disait à son tour : « Ne semble-t-i'l pas
que tant de travail, tant de luttes, tant
d'énergie aient mérité plus d'attention,
plus de sympathie et plus de concours
de la part des catholiques ?»
Mais ce n'est point de la nécessité
d'opposer à l'intérieur de nos Facultés
« école à école », que je veux parler ici ;
c'est de l'utilité d'en assurer au dehors
îe rayonnement.
: Nosétudiants seront toujours en nom
bre. restreint. Nos cours publics eux-
mêmes n'atteignent que des auditoires
de quatre cents personnes au maxi
mum. — On connaît l'exiguïté, lamen
table, de notre « grand » amphithéâtre
parisien !
Pourquoi ne point adopter, résolu
ment, la méthode des « extensions uni
versitaires »?
Nos cinq groupes de Facultés répon
dent ou; peuvent répondre à merveille
aux types d'Universités régionales que
Victor Cousin préconisait déjà dans
l'étude intitulée : l'Instruction publique
sous la monarchie de Juillet :
' Je me proposais, écrivait-il, de substituer
peu à peu aux Facultés isolées, éparpillées
et languissantes sur une multitude de
points, un système xle grands centres scien
tifiques où toutes les Facultés fussent réu
nies, selon la pratique sxiis convaincu qu'il est possible d'établir
dans un certain nombre de villes des foyers
de lumière qui, en projetant leurs rayons
autour cPeux, éclaireraient et vivifieraient
les grandes provinces au profit de la civili
sation de la France tout entière.
» Plus -tard, en 1890, dans de remar-
quaibles artidles réunis sous le titre Uni- 1
versités et Facultés, M. Liard, alors di
recteur de l'enseignement supérieur au
ministère de Plnstruction publique, re-j
prenait ia même idée, et je crois inté-'j
fessant de reproduire ces lignes de
i'éminent vice-recteur actuel de l'Uni
versité de Paris : ~ " - . v "?
i Il faut' tout d'abord que les Ûniversités,-
outre leurs devoirs généraux envers iéut
pays, sachent qu'elles ont des -devoirs par
ticuliers envers ia cité qui les porte e régions sur lesquelles elles rayonnent -
' .::Qu'autour d'elles on sente leur-action,
leur influence, que cette influence soit sur
tout une .influence morale, et nul doute que
par un effet de-la loi des actions, en retour,
leurs milieux comprennent qu'ils ont, eux
aussi, des devoirs envers elles. Le rôle de
ces milieux n'est pas simplement de les
porter,.mais de les alimenter en partie...
Il faut qu'elles trou veut sur place des
sympathies, des stimulants, des sucs parti
culiers et die l'argent, s'il se peut. Pour el
les, ce sera toujours l'indépendance qui est
une condition essentielle de tous les servi
ces moraux. On a peu donné jusqu'ici- aux
Facultés. On donnera plus aisément et da
vantage aux Unrvepsités, parce qu'elles
tiendront -davantage au cœur-des villes et
des réglions, et qu'elles ne seront p}u$ con
sidérées comme des .colonies de tenicUon-
naires. "•
i «^Colonies de fonctionnaires », nos,
"Universités à. "nous ne l'ont jamais été,
et .pour cause ! Mais ces a foyers de- lu-'"
miôife )> ont-ils assez « projëté leurs
rayons autour d'eux » ? Tiennent-ils as
sez « au cœur des villes et des régions »
qui constituent leur vaste rayon d'in
fluence?
Pour y "arriver, divers moyens, se
raient à envisager. Bornons-nous à un
seul : celui qui a si bien réussi aux Fa
cultés d'Angers.
Sous la direction d'un professeur dont
les lecteurs de l'Univers connaissent le
grand talent, M. le comte du PHessis de
Grénédan, 4es Conférences littéraires de
l'Ouest sont devenues, dans une quin
zaine de viles de la région, d'activés
propagatrices de la haute culture. L'hi
ver dernier, leurs dix-huit ou vingt col
laborateurs ont prononcé cent trente
conférences à Angers, Tours, Nantes,
Poitiers, Angoulême, Bordeaux, Sau-
mur, Chalet, Le Mans, Rennes, Saint-
BrieuG,- Quipiper, Brest, etc. Conçoit-on
les avantages qui en résultent pour
l'Université initiatrice? Cette action la
fait, en particulier, connaître, et c'eist
la. condition de tout le reste. - • -
Or, à Paris même, jlai- rencontré ^les
càtih^liqu^ —' sans doute assidus tiu '
cours de -îk Sorbonne — qui tondaient
des nues en apprenant l'existence de
l'Institut catholique (si ma^encontreu-.
sauvent nommé -d'aiilleurs, car le mot
institut n'a plus de sens précis). Qu'est-
ce en .province?
En province ! Nous y comptons vingt-
neuf diocèses, et des villes pleines .de
ressourcés comme Rouen, Amiens,
Reims, Nancy, Châtons-sur-Marne, Be
sançon, Troyes, Nevers, Bourges, Limo
ges, Clermont, Le Puy, Orléans, Sens,
Beauvais, Chartres, Versailles, Evreux,
La Rochelle, Soissons. Sans doute plu
sieurs de ces villes ne sont-elles point
déshéritées au point de vue en ques
tion ; mais une organisation géoéraâe ne
s'imposerait-eile point ?
Dans une mesure restreinte, mais ap
préciable, sembla/ble organisation fe
rait bénéficier le tiers de la France de
l'enseignement supérieur catholique en
le mettant, sur place, à la portée dé
centaines, de milliers d'auditeurs qui,
tout de, même, ne peuvent venir à Paris.
Chaque fois qu'ils désirent entendre un
bon conférencier I
Si je ne me trompe pas en réclamant
ainsi pour la previnee, et s'il existe,
dans les villes si nombreuses; de notre;
ressort universitaire, des personnes de
bonne volonté désireuses de réaliser?
l'idée, qu'elles me fassent donc Thon-.;
neur de se mettre en rapports avec moi :[
je suis sûr, d'avance, de trouver les;
collaborations nécessaires.
Je suis sûr aussi que nous répondrons
aux vues de nos chefs, puisque Mgr le
Recteur a maintes fois exprimé leô mê
mes desiderata, % t que l'an dernier, au
nom de nos évêques protseteurs, Mgr
Gauthier nous disait aiïssi :
' Messieurs,- que votre mission est belle !
Donner du courage et de la fierté aux hum
bles maîtres de nos ;prwinoes qui mettent
chaque jour en menue monnaie les lingots
d'or de votre haut enseignement ; releyejr
l'honneur de la science catholique devant
tous : ennemis qui affectent de la. mépriser
et amis qui n'en sont ni assez préoccupés
ni assez jaloux ; semer à pleines- mains lès
graines fécondée auxquellès votre foi chré
tienne donne des ailes,-co-mme a fait la Pro
vidence pour les fruits de quelquesapbrés...
constâtuer, pour notre chère France, une-
légion apostolique puissamment armée-
pour les combats de la vérité, de l'hoiineuf
et de la vertu, voilà votre rôle et voilà votrafc
œuvre. , j .
Gustave GAUTHEROT, r
i Professeur à l'Université catholiqiie
de Paris. i
. AVIS ..." \
L'UNIVERS met à la disposition de
Messieurs les professeurs des séminai
res et institutions catholiques, les nou
veaux prêtres et les séminaristes, des
abonnements de vacances, comprenant
les mois de ' juillet, août, septembre,
pour, cinq : franc?,' ~
Au jour le jour
F out lire les Classiques
: Ceux quï prennent des vacances de*quel
que' durée se préoccupent toujours des li
vres qu'ils doivent emporter. Car, il faut en
emporter.Quelque emploi que Von fasse des
vacances, que l'on aille à'la pêche, à la
chasse, en excursiony on a toujours quel
ques heures de repos que l'on consacre à
lire. Il y a les jours de-pluie, où, l'on ne
sort pas, le&.soiriês qui,bien qu'on lès abrè
ge pour se coucher de bonne heure, se
raient encore trop - longues sans un livre,
les longs trajets en chemin de fer, , où le
paysage ne suffit pas toujours à vous dis
traire, enfin tl y a l'habitude prise qui
fait que rester seulement deux jours sans
lire quelque chose serait presque un sup
plice...
Aussi, l'an, dernier, trouva-t-on très na
turel qu'un .de .nos confrères demandât à
quelques-uns de nos pius notoires contem
porains quels étaient les livres qu'ils em
portaient en vacances. Cette enquête eut un
grand succès. §ans doute, un certain nom
bre de réponses manquaient-elles quelque
tpeu de sincérité : tel disait q&U voyageait
ôbec Montaigne qui devait se contenter de
prendre, à la gare, le premier roman venu
à 95 centimes ; tel attire, qui déclarait pren
dre R cidé à se contenter de la lecture des jour-
nasux quotidiens ; tel enfin, qui produisait
son petit effet en déclarant qu'il n'aurait
pour livre de chevet que la Bible, était bien
cartable de ne mettre dans sa valise que
l'Indicateur des Chemins de fer, tout à fait
recommandé d'ailleurs en voyage.
Mais, en général, parmi les compagnons
avoués de nos voyageurs, les classiques
l'emportaient. Montaigne, Rcccine, La Fon
taine, Molière, Rabelais, Bossuet, étaient
le plus souvent nommés. C'est peut-être cet
te faveur persistante pour nos grands au*
teurs immortels, qui méritenï d'être les
compagnons de tous nos voyages et même
du voyage tout entier que nous faisons
sur terre, qui a inspiré à M. Antoine Alba-
lat Vidée de son livre : Comment il faut
lire les classiques français.
L'auteur de ce livre intéressant s'est déià
fait connaître, on pourrait presque, dire
qu'il s'est rendu populaire, par une série
A ouvrages relatifs au style, des plus ingé
nieux et des plus profitables. Ce sont
t'ÀRT n'ÉCRXRE enseigné en vingt leçons, la
JF î PRM jtion. du" style par l'assimilation des
îiàutears , enfin le T ravail du style eneei-
rgné .par les corrections manuscrites des
"grands écrivains. On a un peu soîtri de ce
rhéteur, au sens ancien du mot, qui se flat
tait d'apprendre à écrire, cette chose si
difficile, en vingt.leçons, et même, par son
procédé, de donner à ses clients le style, au
choix, de Bossuet, ,de Pascal ou de Voltaire.
r Des grincheux ou . des jaloux ont failli
même demander contre lui des poursuites,
comme il arrive pour certains produits
trompeurs qui s'étalent aux pages d'annon
ces des journaux. Ce n'était que plaisante
ries injustifiées. Dans les deux premiers vo
lumes que j'ai cités,il n'y avait que le titre
qui paraissait trop ambitieux. Sous ce ti
tre,on ne trouvait que bo'ns conseils et excel
lentes leçons. Il est bien vrai, en effet, que
[l'on apprend à écrire, ou, si vous préférez,
fque, pour savoir écrire, il faut l'apprendre.
;Ngus n'inventons, rien en rien. Quelles que
'i soient les facultés dont le bon Dieu nous
lait doués, serions-nous venus. au monde
tavec du génie, nul.de nous n'est dispensé
d'apprendre, de faire son éducation. On
admet bien que les plus grands violonistes,
les plus grands pianistes, ont dû commen
cer par le solfège et des exercices gradués ;
ow admet aussi que les peintres et les sculp
teurs.les plus renommés ont dû tout d'abord
connaître les éléments du dessin. Ainsi des
écrivains. Pour se perfectionner ensuite
ddns■ leur art, violonistes et pianistes ne
vont-ils pas écouter les virtuoses qui les ont
précédés dans la carrière, étudier leur mé->
Mode et leur jeu ? Et peintres et sculpteurs
ne copient-Us pas dans les musées les œu
vres des maîtres et ne voyagent-ils pas à
travers les villes d'art pour « se faire VœU»,
comme ils disent, en étudiant dans les
chefs-d'œuvre de la peinture et de la sta-
tuaire les qualités et combinaisons des
couleurs et les mouvements des lignes ?
Ainsi, encore■ des apprentis-écrivains. Ce
n'est pas pour prendre le style propre à
■tel ou tel auteur qu'ils le liront ; Us n'abou
tiraient qu'à des pastiches ridicules; mais
celui-ci lui offrira un modèle de'prose clai
re et facile ; celui-là, de beaux exemples de.
style ferme, noble, harmonieux ; cet autre,
des leçons de tournures variées et pittores
ques, etc. Mais à quoi bon insister ? A-t-on
jamais pu apprendre autrement à écrire,
c'est-à-dire sans avoir, fréquenté les maî
tres?
; Quant au T bavail du style enseigné par
les corrections manuscrites des grands
écrivains, c'est le meilleur ouvrage que l'on
puisse mettre entre les mains des jeunes
gens, et même de plus grandes personnes..
Jusqu'ici, on ne s'intéressait guère aux cor
rections d'un écrivain que dans la mesure
mi elles témoignaient de ses hésitations de
vant une opinion à émettre, en ' tant, par
conséquent, qu'elles révélaient sa sincérité
d'historien, de philosophe ou simplement
de narrateur ; elles n'étaient retenues et
soulignées que pour les nuances qu'elles
présentaient dans l'expression d'une idée.
'Le très grand mérite de M. Albalat, étarii
donné le but d'éducation qu'il poursuivait,
est d'avoir cherché dans les corrections non
plus le travail de l'esprit, mais le travail
du style; non plus des nuances d'idées,
Pidis des nuances de form e. Çe n'est plus le
penseur qu'il nous montre, c'est l'homme de
métier, l'artiste.
En rhétorique, il n'est " pas d'enseigne t
ment plus utile. Que l'effort est la loi
mêmie de la vie ; que les mieux doués, les
plus grands génies eux-mêmes n'arrivent
à Vexpression parfaite de leur pensée qu'en
f ùivant.le, conseil de Boileau. : « Vingt fois
sur le métier remettez votre ouvrage »,
qu^én se relisant, en se raturant,en s'achar
nant à .trouver le mot juste et la cadence
heureuse de la phrase, voilà ce dont il faut
avant tout convaincre ceux qui ont l'ambi
tion d'écrire. Et ce ne sont pas seulement
les écrivains en mal de « style artiste » qui
se sont condamnés à ce dur et patient tro-
vaU. Nos grands auteurs classiques, tels
que Bossuet, qui ressemble pourtant à un
fleuve emporté, La Fontaine, qui paraît se
jouer avec une élégante nonchalance à tra
vers les plus savantes et les plus exquises
trouvailles de rythmes, d'images et de
mots, nous ont laissé des manuscrits char
gés de ratures... Est-il rien d'émouvant, au
surplus, comme de suivre les efforts du gé-
nie^vers la perfection, et me trouvera-t-on
exancré si je dis que l'on, doit considérer les
manuscrits de Bossuet avec piété, comme
lés ébauches et études de Raphaël ou du
Vinci? -
Ce n'est certes pas; en tout cas, M. Alba
lat qui protestera, car nul n'aime comme
lui nos classiques. Et, les aimant j il les
comprend. Il le prouve dans son dernier li
vre, qui vient d'être couronné par l'Acadé
mie française : Comment il faut lire les au
teurs classiques français. « Ce livre, expli-
que-t-tt lui-même, n'est ni une Histoire ni
un Manuel de la littérature française..
C'est un guide de lecture. » Oui, quelque
chose comme un Baedeker de la littérature
classique. L'auteur nous arrête devant les
écrivains et nous présente leurs chefs-d'œu
vre en nous disant ce qu'il faut admirer et
les raisons, qui commandent notre admira
tion. Il ne se contente pas, ce qui est son
originalité, de nous décrire les monuments
littéraires, dans leur ensemble et leurs dé
tails : il recherche les secrets de leur cons
truction, les formules de leur équilibre, de
leur beauté, de leur grâce, la nature et la
qualité des matériaux employés, les procé
dés et le métier des constructeurs. De Vil
lon-à Victor Hugo, quelle belle série de
chefs-d'œuvre ! On aura plaisir à la par
courir en compagnie d'un guide fervent et
-avisé comme M. Albalat. Ceux qui n'ont
cessé de fréquenter les classiques y trouvè
rent de nouveaux motifs de les aimer ; ceux
qui les ont oubliés ou simplement négligés
y gagneront de les retrouver comme de
vieux amis qui ont, malgré les années, con
servé une jeunesse étonnante et un charme
inaltérable.
SAINT-ïtOMAM.
Échos
Notre chance
Dans les journées d'émotion que nous vi
vons, chacun s'accorde à reconnaître que
nous avons cette chance inespérée: le Par
lement est en vacances I
A quelles gaffes nos bavards ne nous
auVaient-ils .pas exposés !
Terrible
M. Jaurès, examinant l'hypothèse d'une
invasion de la Serbie par l'Autriche, écrit:
« Si cette invasion ©e produit, il faudra
juger sévèrement, non seulement la diplo
matie autrichienne, mais la diplomatie al
lemande. »
Ce que la diplomatie allemande doit ee
moquer du jugement de M. Jaurès !
Vieilles églises de Paris
Nous annoncions dernièrement la décou
verte, en face de l'Hôtel-Dieu, à la suite «de
Ja construction- d'un égout sous le parvis
iNotre-Dame, des soubassements de l'église
£aint-J?ierre-aux-Bœufs.
Ces jours-ci, la démolition du passage
Marchand, entre la- rue Croix-des-Petits-
Champs et la rue de Valois, a mis au jour
les vestiges de l'entique église Saint-Hono-
iTé. On y voit encore les soubassements, les
igros murs, les caveaux et même une partie
du cimetière.
L'églisè Saint-Honoré fut fondée en 1209,
et fut érigée en collégiale, avec dés chanoi
nes préfoendés et privilégiés. On y voyait
jadis sur le maître-autel une magnifique
toile de Philipipe de Champagne, « Jésus
au milieu des docteurs ». Dans une-cha-
.peflle se dressait le tombeau du fameux
cardinal Dubois, et d'autres tomteaux
tTévêques et de grands seigneurs..
^Bientôt, et probablement pour long-,
temps, les nouvelles constructions vont en
core une fois faire disparaître oes vieux
souvenirs.
Les manufactures
d'allumettes françaises
Les manufactures d'allumettes, apparte
nant toutes à l'Etat, sont, en France, au
nombre de six. Elles sont situées, on le
sait, à Pantin, Aubervilliers, Marseille,
Trélazé (Maine-et-Loire), Bègles (Gironde),
Aix-en-Provence et Saintines (Oise).
L'administration des manufactures de
l'Etat vient de publier ses résultats géné
raux pour l'année 1912. Au cours ne ladite
année, il a été fabriqué 45.310.608.740 allu
mettes. La manufacture de Pantin a en
outre fabriqué 6.320 frottoirs et 20.100 fla
cons de poudre spéciale.
Il a été employé, pour ces fabrications,
40.700.243.000 allumettes blanches, dont
6.803.786.000 ont été produites par le débi-
tage de 4 .486 mètres, euhes de bois en gru
me à la manufacture de Saintines ; 39.266
kilos de sesquisulfur-e de phosphore,
1.042.030 kilçs de soufre; 12.093 kilos de
phosphore amorphe, 247.855 kilos de chlo
rate de potasse, 88.911 kilos de colle forte,
26.925 kilos de gomme du Sénégal, et
32.585.345 mètres de bougie filée, préparée
à la manufacture de Marseille.
Enfin, le personnel comprend 693 hom-
me$ et 1 .345 fepraies. - .
LETTRE D'ANGLETERRE
: — «K*"
Londres, 26 juillet.
LE CONGRES CATHOLIQUE
NATIONAL ANGLAIS
Le V" Congrès national catholique
vient, de tenir ses assises à Cardiiï, dans
.le.pays.de Galles,lé premier port du monde
pour 1 exportation du charbon. La popùla-
™^i7^ IiqU6 com P te 20 - 000 âmes, alors
qu en 1750 un auteur protestant écrivait :
, ny , a P as dans ce pays un seul « pa-
!' de , rang ou de fortune, et bien peu
dans les classes inférieures. » -
k®, Congrès a remporté le plus grand
succès et a inspiré aux catholiques de la
région un renouveau d'aMeur pour leur
rn^* EE ; mm ; les car dinaux Bounie et Gas-
f, ar Je nouveau cardinal britanni-
accompagnait l'archevêque de
\Ves*minster - ont été tous deux l'objet
d une chaude réception.
' au if r ^ an i îe T> d '' 0U ' vertui * e '' (>n voyait auprès
du cardinal Bourne le lord-maire de Car
ton ''<5in^.t IVÏU1S i Bute > ] °rd Ninian Crick-
taîîî?^ ' membre du Parlement, et une
Iwc r>6 f s . 0nna ° es considérables, tant
clercs que laïques.
)a I ^2.jo li î é .- de le cardinal prit
la parole. L imminence du Congrès eucha
ristique international de Lourdes, dit-il en
résume, a. induit les organisateurs du Coa-
nrafi- tt i^.' a . m ontrer leur sympathie
nrSmta ^ «'émanent, en donnant à la
nîiS?? *■ caractère d'une dé
monstration. nationale eucharistique.
Ja m ?jo ri té des rapports lus au
- T 116 " 1 " 1 ' 3 trait au Saint-Sacre^
ment et a des questions connexes.
pl " s > . UQe grande procession eut lieu
dimanche-dans le parc du château de Car-
ntri i 1 S 0 au centre de la ville. D 'une
part, les membres du Congrès défilèrent
proce^ionnellement dans les princiSes
nrmrflt - 1®' .P} 113 ' Pénétrant dans la
propriété, se dirigèrent vers un reposoir
lefiLLi» Pl fl oe exacte où, il y a 600 ans, '
les Frères Dominicains célébraient dans
!^n F r?o f >elle / le service divin - D'autre part,
pendant ce temps-là, un procession du
Très Saint-Sacrement, partie de la cha-
pelle du château à la rencontre de l'autre
théorie, s.avançait lentement vers le môme
autel en plein air.
_ Alors se déroula, une des scènes les plus
impressionnantes dont le pays de Galles ait
ete- témoin depuis des siècles. De ce reno-
soir la bénédiction fut donnée à la multi
tude pressée et recueillie, qui comptait en-
. viron cent mille personnes.
■ iLe château de Cardiff est la résidence
P it"- Ie marquis de Bute.
Çest là que Robert de Normandie souf-
r.m e i angU - e » ann . éesde ca Ptivité, sous le-
I". Le marquis et son
frère cadet, lord Ninian Crickton-Stuart
memfbrte Pariât ^ ^ S 5 ™ catholiques, de
Cardiff et du sud; du paysLA CONFRERIE
OES ACTEURS CATHOLIQUES
Le public du continent ignore générale,
ment quil y a en Angleterre un grand
nombre d'acteunà et d'actricss qui sont des
catholiques fervents et pratiquants. Ce fait
esi^ prouvé par l'activité croissante de la
u uathonc Stage Guild » ou confrérie des
acteurs catholiques, qui a pour objet
d abord de mettre en relation les artistes
surtout ceux qui sont en tournée, avec lé
ol-erge de leur localité, ©t -ensuite •9t .de développer des liens sociaux utiles
et agréables .pour les membres. Le nombre
des adhérents, qui est considérable, .a dou
ble pendant les douze derniers mois et
.comprend quelques-unes des figures les
«lieux connues du monde théâtral affgJais. -
.On peut citer entre autres sir Charles
btanley, Georges Edwards, Patrik Kivi-
ran, Georges Mozart, Harry Paul ton, miss
Mary Andérson, miss EHaline Terris Hil-
da Trevelyon, Mary Rorke, etc...
Une section de cette confrérie'a pris part
,au : Congrès catholique de Cardiiï, dont
nous avons parlé plus haut, sous la prési
dence de Mgr l'évêçpie- dë Northampton
qui a fait un éloge vibrant dé cette œuvre'
Le -31 juillet, fête de saint Ignace, la
messe annuelle de la confrérie sera chan
tée à l'église de Corpus Christi, de Lon
dres, mieux connue sous le nom de « The
Actors Church », l'église des .acteurs.
L'ASSOCIATION DE DEFENSE
DE LA PRESSE CATHOLIQUE
INTERNATIONALE
La Société de Vérité catholique avait
envoyé au Congrès de Cardiff des représen
tants qui se sont réunis en 60us comité. La
cardinal Gasquet leur adressa la parole. Oh
y donna lecture d'un mémoire sur une œu
vre, nouvellement née, l'Association de dé
fense de la presse catholique internationale.
Son but est de combattre les nombreuses
calomnies qui paraissent dans les journaux
quotidiens, souvent par ignorance, mais
souvent aussi .par malice.
H n'y a pas actuellement moins de qua
torze centres de correspondance internatio
nale, entre autres, deux en Allemagne.trois
en Autriche, un en France, un en Espagne,
un en Hollande et un en Belgique. En An
gleterre ce service est assuré par la So
ciété de Vérité catholique.
Les Etats-Unis et quelques autres Etats
sud-américains complètent la liste. Chaque
centre se charge de donner sur sa région
des renseignements en réponse aux deman
des d'enquête émanant De la sorte, les calomnies peuvent être sui
vies à la trace et leurs sources découvertes.
A présent cette organisation n'est encore
que-dans-,1a période des débuts; mais il
faut .espérer qu'il se formera sous peu une
vaste association oapable de défendre la
catholicisme par toute la terre.
II est de toute urgence qu'il y ait des bu
reaux d'information au sujet des histoires
pernicieuses répandues à l'étranegr, ces at
taques ne .pouvant être repoussées que
un service capable de recueillir les rensei-'
gnements nécessaires.
Francis G lanville.
Quatre-vingt-unième année. — 16.328,
4B0KKEMElVrS-
. *n .
i tv il! Ois ; . . I . :
trois mois .... •
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LE NUMÉRO : 10 tenKm'V
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doivent être, adressés .
ii ftl. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE /
Sa milieu des factionsd» tout* «splee, vous v'apparlevotit
fB'à l'êglist et à la Valtte.
Louis VEUILLOT : Programme de l'Vnlvert (1848)
LUNDI 27 & MARDI 28 JUILLET 1914
iDMSTMim 4 RÉDACm:
Parts, 19, rue des Saints-Pères (Yl* v»WlV
PÉPOT A ROME : M, fUCS DI LfHHIMr
les mtnutcritt nôn Inséré» nt mhii pat reniai
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOUE N'Ai
19, rue des Saints-Pères ., '
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ BELIOIÈU33
6. ptaoe de la Bourse
TÉLÉPHONE 751-55
SOMMAIRE
L e C onflit AusTRO-ssaws : Obscurité de la situa-
f''f>n.;i":of>ceii«r. "■ ; ;
1 .15 H \v>n*«ttent ok.nos OWVEaSJTÉS-OiTBOLtQDES.
fius+.ave Gautherot.
Au j. i.s jm;R : Pour lire les Classiques.' :
L*m». i> ! ANfiLETFRRB. — Francis.Glanvillo.
i.w C om ;!(, rs Ki;cn:vRisTiQne os L ourdes.
PARIS; 27 JUILLET 1914
nflit austro-serbe
Obscurité
■3s la situation européenne
Lu journée d'aujourd'hui et les-jour-
n
panu! les plus décisives aussi que l'Bu-
Topo ait traversées- depuis longtemps.
Aaprès Je coup d'Agadir, même
apiv* Fa^hoda, même, après l'affaire
■Sfchn'wbelé, k péril était -peut-être moins
ghr : . Car, aujourd'hui, ce sont lés deux
groupes de .puissances entre lesquels se
pâTtcV~o PEuropo,' Triipiice -et Triple-Ea-
ttyihi, qui-sont sur le-point d'être jetés
l'un v' oïï !re l'autre par le jeu noraiafl des
traités- d'alliance. - .
•A l'heure où nous imprimons ces li
gnes, la -situation se résume de la ma
nière suivante : ■
'La Serbie a fait preuve d'une bonne
volonté incontestable en acceptant tout
le programme des exigences autrichien
nes et en demandant seulement des
« éclaircissements » au sujet de la ma
nière dont l'Autriche prétend contrôler
l'enquête-sur les complicités serbes du
crime de Serajevo. Le gouvernement
serbe fait ainsi une réserve légère et lé-
gitime au sujet de ceux de ses nationaux
pour lesquels l'Autriche exige une pu
nition. Mais, môme sur ces deux points,
là réponse de la Serbie est conçue de
façon à -laisser la porte largement ou
verte à la discussion. • . . ,
Cependant, se conformant à ses ins
tructions, M. de Qiesl, ministre d'Au
triche, a estimé qi*e la réponse serbe
n'était pas satisfaisante et il a, quitté
Belgrade samedi dès six heures et de-,
mie du §oir. 1
Sur ces entrefaites, . l'Autriçhe' avait
répoussé une démanche de 'la'France et
dp la Russie tendant, à prolonger- dé
quarante-huit heures le -délai fixé au
gouvernement serbe.
Les relations diplomatiques sont donc
.rompues entre l'Autriche et la Serbie.
La mobilisation est commencée des
dëux côtés de la frontière. Toutefois la
guerre n'est pas déclarée. Il n'y a même
pas eu encore d'hostilités sans déclara
tion de guerre préaflable comme on le
rèdoutait.
'Les bruits les plus extraordinaires,
tais que ceux d'une entrevue de M.
Poincaré et de l'empereur Guillaume II
à Stockholm, ne cessent de courir. On
njavait ce matin, au quai d'Orsay, ni
confirmation ni démenti- de cette nou
velle à sensation.
Il est bien certain," en tout cas, que la
diplomatie, surtout celle de la Triple-
Entente, s'efforce d'arrivèr à un arran
gement. Mais en même temps la Russie
se tient prête à toute éventualité, et il
paraît difficile - qu'elle n'intervienne pas
au cas d'un conflit austro-serbe.
."Il n'y a donc pas lieu d'aller trop loin
'dans , l'optimisme, quoique bien des
voies .restent li'bres encore pour un ar
rangement gui exclurait, -au moins pour
le marnant immédiat, le péril d'une con
flagration européenne. L'Allemagne
elle-même. paraît faire quelques efforts
en vue d« maintenir la paix. M. de
Schœn, ambassadeur d'Allemagne, a eu
une nouvelle conversation au quai d'Or
say avec M. Bienvenu-Martin. Mais il
semble bien que si l'Allemagne veut le
maintien de la paix c'est moyennant
4'assurance- d'une lbberté d'action pleine
et entière pour l'Autriche et pour la
Triplice, sinon c'est à Vienne que l'Al
lemagne ferait des démarches, et non
pas à. Paris.
Enfin l'absence de M. Poincaré et de
M. Viviani : est vivement critiquée en
France dans plusieurs milieux, et sur-
jtôu-t pàiimi las radicaux ennemis du pré-
jsident de la République aui lui repro
chent, ainsi qu'au président du Conseil,
[ministre des Affaires étrangères, de
l'n'avoir su prévoir aucun . des événe
ments qui se sont accomplis depuis leur
; départ pour la Russie. Par bonheur,
■ ajouterons-nous, si le gouvernement est
absent, les Chambres sont en congé : et
ainsi se trouve atténué pour notre pays
le risque que des parai as imprudentes
et irréfléchies soient prononcées et que
dfes fautes irréparables soient com
mises. . '
Ce que l'on dit
' Le ministère des Affaires étrangères a
été avisé que M. Poincaré, renonçant à
poursuivre son voyage, en raison des télé
grammes concernant la situation exté
rieure qu'il a reçus Paris, rentre direc
tement en France^ .
Au ministère des Affaires étrangères,
on ne sait rien d'une -prétendue rencon
tre qui aurait en lieu en mer mire Vem
pereur , d'Allemagne et M.- Poincaré.
■ :• ' -,
• *
i Au ministère des' Affaires étrangères,
on trouve exagéré t.oplimisme montré,
ee matin, par imejpartie "de la presse.
On reconnaît cependant que le fait que
KAutriche ' n'a pas . déclaré la guerre
laisse-quelque espoir d'une solution pa
cifique du conflit
Le gouvernement a donné des ordres
pour empêcher les manifestations dans
Paris ou tout au moins les désordres
auxquels elles pourraient donner lieu.
m
m *
Au cours de conversations diplomati
ques qui ont eu lieu hier à Saint-Péters
bourg, les ambassadeurs d'Allemagne et
d'Italie ont affirmé que leurs pays étaient
restés étrangers à la note autrichienne.
De son côté, l'ambassadeur if Autriche
a soutenu que cette note ne comporte
pas nécessairement . une ouverture
d'hostilités.
. •
■* *
L'Autriche et la Serbie poursuivent
leur mobilisation.
(Voir les derniers télégrammes en
, Dernière Heure.)
LE RAYONNEMENT
Au seuîl des -vacances, le moment est
venu de songer à nos Universités catho
liques. Tous les parents chrétiens dont
les ftls, leur baccalauréat passé, se des
tinent à l'enseignement supérieur, ont
le devoir, le devoir strict et impérieux,
de songer qu'à Lille, Angers, Lyon,
Toulouse et Paris existent des Facultés
libres.
Leur clientèle naturelle est celle des
collèges .l ibr es . Me est celle aussi des
collèges de TEtat. Que dis-je ! Plus en
core-que les élèves des écoles libres, les
lycéens catholiques ont besoin de l'en
seignement lib-fe supérieur, car c'est, lui
qui éliminera, à l'âg'e où l'intelligence
prend sa voie définitive, ce que les "doc
trines universitaires auront pu leur in
culquer de pernicieux.
Ce disant, je ne fais point d'injure à
nos co'Hègues de l'Etat, et ce serait le
cas de rappeler le discours que pronon
çait l'an dernier Mgr RaudritUart à la
séance de rentrée de l'Institut catholi
que de Paris "J
...La preuve en a été faite surabondam
ment, une autre doctrine d'Etat s'est ccms-
ètuée, née de la collaboration de l'idéalis
me kantien et du positivisme, radicalement
opposée, no® seulement à ce que l'on app&l-
ie-la philosophie traditionnelle de l'Eglise,
mais aux principes fondamentaux de la
•doctrine chrétienne. Nous n'attaquons ici
ni les hommes" ni les institutions... Nojis
constatons un fait, c'est que ces hommes,
à quelques exceptions (près, sont au service
d'un s^gtème et que leur désir est naturelle
ment dé le faire triompher;" que ce système
est o
nous avons le devoir d'y résister, d'opposer
doctrine à doctrine, école à école.
Mgr l'archevêque de Besançon, au su
jet du « ferment chrétien » à répandre,
disait à son tour : « Ne semble-t-i'l pas
que tant de travail, tant de luttes, tant
d'énergie aient mérité plus d'attention,
plus de sympathie et plus de concours
de la part des catholiques ?»
Mais ce n'est point de la nécessité
d'opposer à l'intérieur de nos Facultés
« école à école », que je veux parler ici ;
c'est de l'utilité d'en assurer au dehors
îe rayonnement.
: Nosétudiants seront toujours en nom
bre. restreint. Nos cours publics eux-
mêmes n'atteignent que des auditoires
de quatre cents personnes au maxi
mum. — On connaît l'exiguïté, lamen
table, de notre « grand » amphithéâtre
parisien !
Pourquoi ne point adopter, résolu
ment, la méthode des « extensions uni
versitaires »?
Nos cinq groupes de Facultés répon
dent ou; peuvent répondre à merveille
aux types d'Universités régionales que
Victor Cousin préconisait déjà dans
l'étude intitulée : l'Instruction publique
sous la monarchie de Juillet :
' Je me proposais, écrivait-il, de substituer
peu à peu aux Facultés isolées, éparpillées
et languissantes sur une multitude de
points, un système xle grands centres scien
tifiques où toutes les Facultés fussent réu
nies, selon la pratique
dans un certain nombre de villes des foyers
de lumière qui, en projetant leurs rayons
autour cPeux, éclaireraient et vivifieraient
les grandes provinces au profit de la civili
sation de la France tout entière.
» Plus -tard, en 1890, dans de remar-
quaibles artidles réunis sous le titre Uni- 1
versités et Facultés, M. Liard, alors di
recteur de l'enseignement supérieur au
ministère de Plnstruction publique, re-j
prenait ia même idée, et je crois inté-'j
fessant de reproduire ces lignes de
i'éminent vice-recteur actuel de l'Uni
versité de Paris : ~ " - . v "?
i Il faut' tout d'abord que les Ûniversités,-
outre leurs devoirs généraux envers iéut
pays, sachent qu'elles ont des -devoirs par
ticuliers envers ia cité qui les porte e
' .::Qu'autour d'elles on sente leur-action,
leur influence, que cette influence soit sur
tout une .influence morale, et nul doute que
par un effet de-la loi des actions, en retour,
leurs milieux comprennent qu'ils ont, eux
aussi, des devoirs envers elles. Le rôle de
ces milieux n'est pas simplement de les
porter,.mais de les alimenter en partie...
Il faut qu'elles trou veut sur place des
sympathies, des stimulants, des sucs parti
culiers et die l'argent, s'il se peut. Pour el
les, ce sera toujours l'indépendance qui est
une condition essentielle de tous les servi
ces moraux. On a peu donné jusqu'ici- aux
Facultés. On donnera plus aisément et da
vantage aux Unrvepsités, parce qu'elles
tiendront -davantage au cœur-des villes et
des réglions, et qu'elles ne seront p}u$ con
sidérées comme des .colonies de tenicUon-
naires. "•
i «^Colonies de fonctionnaires », nos,
"Universités à. "nous ne l'ont jamais été,
et .pour cause ! Mais ces a foyers de- lu-'"
miôife )> ont-ils assez « projëté leurs
rayons autour d'eux » ? Tiennent-ils as
sez « au cœur des villes et des régions »
qui constituent leur vaste rayon d'in
fluence?
Pour y "arriver, divers moyens, se
raient à envisager. Bornons-nous à un
seul : celui qui a si bien réussi aux Fa
cultés d'Angers.
Sous la direction d'un professeur dont
les lecteurs de l'Univers connaissent le
grand talent, M. le comte du PHessis de
Grénédan, 4es Conférences littéraires de
l'Ouest sont devenues, dans une quin
zaine de viles de la région, d'activés
propagatrices de la haute culture. L'hi
ver dernier, leurs dix-huit ou vingt col
laborateurs ont prononcé cent trente
conférences à Angers, Tours, Nantes,
Poitiers, Angoulême, Bordeaux, Sau-
mur, Chalet, Le Mans, Rennes, Saint-
BrieuG,- Quipiper, Brest, etc. Conçoit-on
les avantages qui en résultent pour
l'Université initiatrice? Cette action la
fait, en particulier, connaître, et c'eist
la. condition de tout le reste. - • -
Or, à Paris même, jlai- rencontré ^les
càtih^liqu^ —' sans doute assidus tiu '
cours de -îk Sorbonne — qui tondaient
des nues en apprenant l'existence de
l'Institut catholique (si ma^encontreu-.
sauvent nommé -d'aiilleurs, car le mot
institut n'a plus de sens précis). Qu'est-
ce en .province?
En province ! Nous y comptons vingt-
neuf diocèses, et des villes pleines .de
ressourcés comme Rouen, Amiens,
Reims, Nancy, Châtons-sur-Marne, Be
sançon, Troyes, Nevers, Bourges, Limo
ges, Clermont, Le Puy, Orléans, Sens,
Beauvais, Chartres, Versailles, Evreux,
La Rochelle, Soissons. Sans doute plu
sieurs de ces villes ne sont-elles point
déshéritées au point de vue en ques
tion ; mais une organisation géoéraâe ne
s'imposerait-eile point ?
Dans une mesure restreinte, mais ap
préciable, sembla/ble organisation fe
rait bénéficier le tiers de la France de
l'enseignement supérieur catholique en
le mettant, sur place, à la portée dé
centaines, de milliers d'auditeurs qui,
tout de, même, ne peuvent venir à Paris.
Chaque fois qu'ils désirent entendre un
bon conférencier I
Si je ne me trompe pas en réclamant
ainsi pour la previnee, et s'il existe,
dans les villes si nombreuses; de notre;
ressort universitaire, des personnes de
bonne volonté désireuses de réaliser?
l'idée, qu'elles me fassent donc Thon-.;
neur de se mettre en rapports avec moi :[
je suis sûr, d'avance, de trouver les;
collaborations nécessaires.
Je suis sûr aussi que nous répondrons
aux vues de nos chefs, puisque Mgr le
Recteur a maintes fois exprimé leô mê
mes desiderata, % t que l'an dernier, au
nom de nos évêques protseteurs, Mgr
Gauthier nous disait aiïssi :
' Messieurs,- que votre mission est belle !
Donner du courage et de la fierté aux hum
bles maîtres de nos ;prwinoes qui mettent
chaque jour en menue monnaie les lingots
d'or de votre haut enseignement ; releyejr
l'honneur de la science catholique devant
tous : ennemis qui affectent de la. mépriser
et amis qui n'en sont ni assez préoccupés
ni assez jaloux ; semer à pleines- mains lès
graines fécondée auxquellès votre foi chré
tienne donne des ailes,-co-mme a fait la Pro
vidence pour les fruits de quelquesapbrés...
constâtuer, pour notre chère France, une-
légion apostolique puissamment armée-
pour les combats de la vérité, de l'hoiineuf
et de la vertu, voilà votre rôle et voilà votrafc
œuvre. , j .
Gustave GAUTHEROT, r
i Professeur à l'Université catholiqiie
de Paris. i
. AVIS ..." \
L'UNIVERS met à la disposition de
Messieurs les professeurs des séminai
res et institutions catholiques, les nou
veaux prêtres et les séminaristes, des
abonnements de vacances, comprenant
les mois de ' juillet, août, septembre,
pour, cinq : franc?,' ~
Au jour le jour
F out lire les Classiques
: Ceux quï prennent des vacances de*quel
que' durée se préoccupent toujours des li
vres qu'ils doivent emporter. Car, il faut en
emporter.Quelque emploi que Von fasse des
vacances, que l'on aille à'la pêche, à la
chasse, en excursiony on a toujours quel
ques heures de repos que l'on consacre à
lire. Il y a les jours de-pluie, où, l'on ne
sort pas, le&.soiriês qui,bien qu'on lès abrè
ge pour se coucher de bonne heure, se
raient encore trop - longues sans un livre,
les longs trajets en chemin de fer, , où le
paysage ne suffit pas toujours à vous dis
traire, enfin tl y a l'habitude prise qui
fait que rester seulement deux jours sans
lire quelque chose serait presque un sup
plice...
Aussi, l'an, dernier, trouva-t-on très na
turel qu'un .de .nos confrères demandât à
quelques-uns de nos pius notoires contem
porains quels étaient les livres qu'ils em
portaient en vacances. Cette enquête eut un
grand succès. §ans doute, un certain nom
bre de réponses manquaient-elles quelque
tpeu de sincérité : tel disait q&U voyageait
ôbec Montaigne qui devait se contenter de
prendre, à la gare, le premier roman venu
à 95 centimes ; tel attire, qui déclarait pren
dre R
nasux quotidiens ; tel enfin, qui produisait
son petit effet en déclarant qu'il n'aurait
pour livre de chevet que la Bible, était bien
cartable de ne mettre dans sa valise que
l'Indicateur des Chemins de fer, tout à fait
recommandé d'ailleurs en voyage.
Mais, en général, parmi les compagnons
avoués de nos voyageurs, les classiques
l'emportaient. Montaigne, Rcccine, La Fon
taine, Molière, Rabelais, Bossuet, étaient
le plus souvent nommés. C'est peut-être cet
te faveur persistante pour nos grands au*
teurs immortels, qui méritenï d'être les
compagnons de tous nos voyages et même
du voyage tout entier que nous faisons
sur terre, qui a inspiré à M. Antoine Alba-
lat Vidée de son livre : Comment il faut
lire les classiques français.
L'auteur de ce livre intéressant s'est déià
fait connaître, on pourrait presque, dire
qu'il s'est rendu populaire, par une série
A ouvrages relatifs au style, des plus ingé
nieux et des plus profitables. Ce sont
t'ÀRT n'ÉCRXRE enseigné en vingt leçons, la
JF î PRM jtion. du" style par l'assimilation des
îiàutears , enfin le T ravail du style eneei-
rgné .par les corrections manuscrites des
"grands écrivains. On a un peu soîtri de ce
rhéteur, au sens ancien du mot, qui se flat
tait d'apprendre à écrire, cette chose si
difficile, en vingt.leçons, et même, par son
procédé, de donner à ses clients le style, au
choix, de Bossuet, ,de Pascal ou de Voltaire.
r Des grincheux ou . des jaloux ont failli
même demander contre lui des poursuites,
comme il arrive pour certains produits
trompeurs qui s'étalent aux pages d'annon
ces des journaux. Ce n'était que plaisante
ries injustifiées. Dans les deux premiers vo
lumes que j'ai cités,il n'y avait que le titre
qui paraissait trop ambitieux. Sous ce ti
tre,on ne trouvait que bo'ns conseils et excel
lentes leçons. Il est bien vrai, en effet, que
[l'on apprend à écrire, ou, si vous préférez,
fque, pour savoir écrire, il faut l'apprendre.
;Ngus n'inventons, rien en rien. Quelles que
'i soient les facultés dont le bon Dieu nous
lait doués, serions-nous venus. au monde
tavec du génie, nul.de nous n'est dispensé
d'apprendre, de faire son éducation. On
admet bien que les plus grands violonistes,
les plus grands pianistes, ont dû commen
cer par le solfège et des exercices gradués ;
ow admet aussi que les peintres et les sculp
teurs.les plus renommés ont dû tout d'abord
connaître les éléments du dessin. Ainsi des
écrivains. Pour se perfectionner ensuite
ddns■ leur art, violonistes et pianistes ne
vont-ils pas écouter les virtuoses qui les ont
précédés dans la carrière, étudier leur mé->
Mode et leur jeu ? Et peintres et sculpteurs
ne copient-Us pas dans les musées les œu
vres des maîtres et ne voyagent-ils pas à
travers les villes d'art pour « se faire VœU»,
comme ils disent, en étudiant dans les
chefs-d'œuvre de la peinture et de la sta-
tuaire les qualités et combinaisons des
couleurs et les mouvements des lignes ?
Ainsi, encore■ des apprentis-écrivains. Ce
n'est pas pour prendre le style propre à
■tel ou tel auteur qu'ils le liront ; Us n'abou
tiraient qu'à des pastiches ridicules; mais
celui-ci lui offrira un modèle de'prose clai
re et facile ; celui-là, de beaux exemples de.
style ferme, noble, harmonieux ; cet autre,
des leçons de tournures variées et pittores
ques, etc. Mais à quoi bon insister ? A-t-on
jamais pu apprendre autrement à écrire,
c'est-à-dire sans avoir, fréquenté les maî
tres?
; Quant au T bavail du style enseigné par
les corrections manuscrites des grands
écrivains, c'est le meilleur ouvrage que l'on
puisse mettre entre les mains des jeunes
gens, et même de plus grandes personnes..
Jusqu'ici, on ne s'intéressait guère aux cor
rections d'un écrivain que dans la mesure
mi elles témoignaient de ses hésitations de
vant une opinion à émettre, en ' tant, par
conséquent, qu'elles révélaient sa sincérité
d'historien, de philosophe ou simplement
de narrateur ; elles n'étaient retenues et
soulignées que pour les nuances qu'elles
présentaient dans l'expression d'une idée.
'Le très grand mérite de M. Albalat, étarii
donné le but d'éducation qu'il poursuivait,
est d'avoir cherché dans les corrections non
plus le travail de l'esprit, mais le travail
du style; non plus des nuances d'idées,
Pidis des nuances de form e. Çe n'est plus le
penseur qu'il nous montre, c'est l'homme de
métier, l'artiste.
En rhétorique, il n'est " pas d'enseigne t
ment plus utile. Que l'effort est la loi
mêmie de la vie ; que les mieux doués, les
plus grands génies eux-mêmes n'arrivent
à Vexpression parfaite de leur pensée qu'en
f ùivant.le, conseil de Boileau. : « Vingt fois
sur le métier remettez votre ouvrage »,
qu^én se relisant, en se raturant,en s'achar
nant à .trouver le mot juste et la cadence
heureuse de la phrase, voilà ce dont il faut
avant tout convaincre ceux qui ont l'ambi
tion d'écrire. Et ce ne sont pas seulement
les écrivains en mal de « style artiste » qui
se sont condamnés à ce dur et patient tro-
vaU. Nos grands auteurs classiques, tels
que Bossuet, qui ressemble pourtant à un
fleuve emporté, La Fontaine, qui paraît se
jouer avec une élégante nonchalance à tra
vers les plus savantes et les plus exquises
trouvailles de rythmes, d'images et de
mots, nous ont laissé des manuscrits char
gés de ratures... Est-il rien d'émouvant, au
surplus, comme de suivre les efforts du gé-
nie^vers la perfection, et me trouvera-t-on
exancré si je dis que l'on, doit considérer les
manuscrits de Bossuet avec piété, comme
lés ébauches et études de Raphaël ou du
Vinci? -
Ce n'est certes pas; en tout cas, M. Alba
lat qui protestera, car nul n'aime comme
lui nos classiques. Et, les aimant j il les
comprend. Il le prouve dans son dernier li
vre, qui vient d'être couronné par l'Acadé
mie française : Comment il faut lire les au
teurs classiques français. « Ce livre, expli-
que-t-tt lui-même, n'est ni une Histoire ni
un Manuel de la littérature française..
C'est un guide de lecture. » Oui, quelque
chose comme un Baedeker de la littérature
classique. L'auteur nous arrête devant les
écrivains et nous présente leurs chefs-d'œu
vre en nous disant ce qu'il faut admirer et
les raisons, qui commandent notre admira
tion. Il ne se contente pas, ce qui est son
originalité, de nous décrire les monuments
littéraires, dans leur ensemble et leurs dé
tails : il recherche les secrets de leur cons
truction, les formules de leur équilibre, de
leur beauté, de leur grâce, la nature et la
qualité des matériaux employés, les procé
dés et le métier des constructeurs. De Vil
lon-à Victor Hugo, quelle belle série de
chefs-d'œuvre ! On aura plaisir à la par
courir en compagnie d'un guide fervent et
-avisé comme M. Albalat. Ceux qui n'ont
cessé de fréquenter les classiques y trouvè
rent de nouveaux motifs de les aimer ; ceux
qui les ont oubliés ou simplement négligés
y gagneront de les retrouver comme de
vieux amis qui ont, malgré les années, con
servé une jeunesse étonnante et un charme
inaltérable.
SAINT-ïtOMAM.
Échos
Notre chance
Dans les journées d'émotion que nous vi
vons, chacun s'accorde à reconnaître que
nous avons cette chance inespérée: le Par
lement est en vacances I
A quelles gaffes nos bavards ne nous
auVaient-ils .pas exposés !
Terrible
M. Jaurès, examinant l'hypothèse d'une
invasion de la Serbie par l'Autriche, écrit:
« Si cette invasion ©e produit, il faudra
juger sévèrement, non seulement la diplo
matie autrichienne, mais la diplomatie al
lemande. »
Ce que la diplomatie allemande doit ee
moquer du jugement de M. Jaurès !
Vieilles églises de Paris
Nous annoncions dernièrement la décou
verte, en face de l'Hôtel-Dieu, à la suite «de
Ja construction- d'un égout sous le parvis
iNotre-Dame, des soubassements de l'église
£aint-J?ierre-aux-Bœufs.
Ces jours-ci, la démolition du passage
Marchand, entre la- rue Croix-des-Petits-
Champs et la rue de Valois, a mis au jour
les vestiges de l'entique église Saint-Hono-
iTé. On y voit encore les soubassements, les
igros murs, les caveaux et même une partie
du cimetière.
L'églisè Saint-Honoré fut fondée en 1209,
et fut érigée en collégiale, avec dés chanoi
nes préfoendés et privilégiés. On y voyait
jadis sur le maître-autel une magnifique
toile de Philipipe de Champagne, « Jésus
au milieu des docteurs ». Dans une-cha-
.peflle se dressait le tombeau du fameux
cardinal Dubois, et d'autres tomteaux
tTévêques et de grands seigneurs..
^Bientôt, et probablement pour long-,
temps, les nouvelles constructions vont en
core une fois faire disparaître oes vieux
souvenirs.
Les manufactures
d'allumettes françaises
Les manufactures d'allumettes, apparte
nant toutes à l'Etat, sont, en France, au
nombre de six. Elles sont situées, on le
sait, à Pantin, Aubervilliers, Marseille,
Trélazé (Maine-et-Loire), Bègles (Gironde),
Aix-en-Provence et Saintines (Oise).
L'administration des manufactures de
l'Etat vient de publier ses résultats géné
raux pour l'année 1912. Au cours ne ladite
année, il a été fabriqué 45.310.608.740 allu
mettes. La manufacture de Pantin a en
outre fabriqué 6.320 frottoirs et 20.100 fla
cons de poudre spéciale.
Il a été employé, pour ces fabrications,
40.700.243.000 allumettes blanches, dont
6.803.786.000 ont été produites par le débi-
tage de 4 .486 mètres, euhes de bois en gru
me à la manufacture de Saintines ; 39.266
kilos de sesquisulfur-e de phosphore,
1.042.030 kilçs de soufre; 12.093 kilos de
phosphore amorphe, 247.855 kilos de chlo
rate de potasse, 88.911 kilos de colle forte,
26.925 kilos de gomme du Sénégal, et
32.585.345 mètres de bougie filée, préparée
à la manufacture de Marseille.
Enfin, le personnel comprend 693 hom-
me$ et 1 .345 fepraies. - .
LETTRE D'ANGLETERRE
: — «K*"
Londres, 26 juillet.
LE CONGRES CATHOLIQUE
NATIONAL ANGLAIS
Le V" Congrès national catholique
vient, de tenir ses assises à Cardiiï, dans
.le.pays.de Galles,lé premier port du monde
pour 1 exportation du charbon. La popùla-
™^i7^ IiqU6 com P te 20 - 000 âmes, alors
qu en 1750 un auteur protestant écrivait :
, ny , a P as dans ce pays un seul « pa-
!' de , rang ou de fortune, et bien peu
dans les classes inférieures. » -
k®, Congrès a remporté le plus grand
succès et a inspiré aux catholiques de la
région un renouveau d'aMeur pour leur
rn^* EE ; mm ; les car dinaux Bounie et Gas-
f, ar Je nouveau cardinal britanni-
accompagnait l'archevêque de
\Ves*minster - ont été tous deux l'objet
d une chaude réception.
' au if r ^ an i îe T> d '' 0U ' vertui * e '' (>n voyait auprès
du cardinal Bourne le lord-maire de Car
ton ''<5in^.t IVÏU1S i Bute > ] °rd Ninian Crick-
taîîî?^ ' membre du Parlement, et une
Iwc r>6 f s . 0nna ° es considérables, tant
clercs que laïques.
)a I ^2.jo li î é .- de le cardinal prit
la parole. L imminence du Congrès eucha
ristique international de Lourdes, dit-il en
résume, a. induit les organisateurs du Coa-
nrafi- tt i^.' a . m ontrer leur sympathie
nrSmta ^ «'émanent, en donnant à la
nîiS?? *■ caractère d'une dé
monstration. nationale eucharistique.
Ja m ?jo ri té des rapports lus au
- T 116 " 1 " 1 ' 3 trait au Saint-Sacre^
ment et a des questions connexes.
pl " s > . UQe grande procession eut lieu
dimanche-dans le parc du château de Car-
ntri i 1 S 0 au centre de la ville. D 'une
part, les membres du Congrès défilèrent
proce^ionnellement dans les princiSes
nrmrflt - 1®' .P} 113 ' Pénétrant dans la
propriété, se dirigèrent vers un reposoir
lefiLLi» Pl fl oe exacte où, il y a 600 ans, '
les Frères Dominicains célébraient dans
!^n F r?o f >elle / le service divin - D'autre part,
pendant ce temps-là, un procession du
Très Saint-Sacrement, partie de la cha-
pelle du château à la rencontre de l'autre
théorie, s.avançait lentement vers le môme
autel en plein air.
_ Alors se déroula, une des scènes les plus
impressionnantes dont le pays de Galles ait
ete- témoin depuis des siècles. De ce reno-
soir la bénédiction fut donnée à la multi
tude pressée et recueillie, qui comptait en-
. viron cent mille personnes.
■ iLe château de Cardiff est la résidence
P it"- Ie marquis de Bute.
Çest là que Robert de Normandie souf-
r.m e i angU - e » ann . éesde ca Ptivité, sous le-
I". Le marquis et son
frère cadet, lord Ninian Crickton-Stuart
memfbrte
Cardiff et du sud; du pays
OES ACTEURS CATHOLIQUES
Le public du continent ignore générale,
ment quil y a en Angleterre un grand
nombre d'acteunà et d'actricss qui sont des
catholiques fervents et pratiquants. Ce fait
esi^ prouvé par l'activité croissante de la
u uathonc Stage Guild » ou confrérie des
acteurs catholiques, qui a pour objet
d abord de mettre en relation les artistes
surtout ceux qui sont en tournée, avec lé
ol-erge de leur localité, ©t -ensuite
et agréables .pour les membres. Le nombre
des adhérents, qui est considérable, .a dou
ble pendant les douze derniers mois et
.comprend quelques-unes des figures les
«lieux connues du monde théâtral affgJais. -
.On peut citer entre autres sir Charles
btanley, Georges Edwards, Patrik Kivi-
ran, Georges Mozart, Harry Paul ton, miss
Mary Andérson, miss EHaline Terris Hil-
da Trevelyon, Mary Rorke, etc...
Une section de cette confrérie'a pris part
,au : Congrès catholique de Cardiiï, dont
nous avons parlé plus haut, sous la prési
dence de Mgr l'évêçpie- dë Northampton
qui a fait un éloge vibrant dé cette œuvre'
Le -31 juillet, fête de saint Ignace, la
messe annuelle de la confrérie sera chan
tée à l'église de Corpus Christi, de Lon
dres, mieux connue sous le nom de « The
Actors Church », l'église des .acteurs.
L'ASSOCIATION DE DEFENSE
DE LA PRESSE CATHOLIQUE
INTERNATIONALE
La Société de Vérité catholique avait
envoyé au Congrès de Cardiff des représen
tants qui se sont réunis en 60us comité. La
cardinal Gasquet leur adressa la parole. Oh
y donna lecture d'un mémoire sur une œu
vre, nouvellement née, l'Association de dé
fense de la presse catholique internationale.
Son but est de combattre les nombreuses
calomnies qui paraissent dans les journaux
quotidiens, souvent par ignorance, mais
souvent aussi .par malice.
H n'y a pas actuellement moins de qua
torze centres de correspondance internatio
nale, entre autres, deux en Allemagne.trois
en Autriche, un en France, un en Espagne,
un en Hollande et un en Belgique. En An
gleterre ce service est assuré par la So
ciété de Vérité catholique.
Les Etats-Unis et quelques autres Etats
sud-américains complètent la liste. Chaque
centre se charge de donner sur sa région
des renseignements en réponse aux deman
des d'enquête émanant
vies à la trace et leurs sources découvertes.
A présent cette organisation n'est encore
que-dans-,1a période des débuts; mais il
faut .espérer qu'il se formera sous peu une
vaste association oapable de défendre la
catholicisme par toute la terre.
II est de toute urgence qu'il y ait des bu
reaux d'information au sujet des histoires
pernicieuses répandues à l'étranegr, ces at
taques ne .pouvant être repoussées que
un service capable de recueillir les rensei-'
gnements nécessaires.
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