Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1914-05-06
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 mai 1914 06 mai 1914
Description : 1914/05/06 (Numéro 16259). 1914/05/06 (Numéro 16259).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7153813
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
MERCREDI 6 A1AM914
» MX.
T q T A T
Ou^tre-vingt-unlème année. — 16.259.
MERCREDI 6 MAI 1914
ABONNEMENTS
. so . .,. *. ■
ir.X iiiOlS »»..•<
^ iOï£ «îîOÎS • .... • •
PARIS ' ÉTRANGES
t! Dt jnrtecûatt (Ucion poalal .. 25 fr. 36 fr.
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& Si. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE /
JFa milita des factions de fonte espace, nous n'appartenons
ta 'à l'Église et à la Pairie.
Louis VEUILLOT : Programme 3e l'Univers {1842}
ADBTRATIOH i RÉDACTION :
îaris, 19, rae des Sainte-PèresDÉPÔT A ROME : ftS, PLACE EB u KIXERVI
les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
ANNONCES
AUX BUREAUX DU J0UBNA1,
19, rue des Salnts-Pèrss
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ REX^IGlEUSa
* 6, place do la Bourso
TÉLÉPHONE 751-55
SOMMAIRE
S jwxt t ocis. — C. -Lecigne. •
■ J .E5 AliMsMENïs de l' A llemagne et les cnao-
MQKKS ALtSKANDS.
À« jour te jour: Napoléon dramaturge..
ïi !£S 'GIUNOS E lKCTRUHS DE LA. -RÊVDBUQOE. —
Abbé Th. Delmont. .
L E -SCANDALE DES LIQUIDATIONS»
L k S kminaire majeçr ok L aikan . — H.-G-
Fromm.
F euilleton -. Chronique wilitaUe. — Comman
dant Saint-Maurice.
• ■ ■ ■ " i . ; I , ,1 I I I I ~
PARIS, 5 MAI 1914
Saint Louis
■II ■:
: Philippe-Auguste se promenait un
jour dans les rues de Paris, Un jongleur
l'arrête et lui réclame un secours d'ar
gent, parce que,. dit-il, « je suis, Sei
gneur, de votre famille. » — « Et com
ment, es-tu mon ..panent ?. ». interrogé le
roi. — « Par. Adam, &eign«ur ; s&ule_-
ment son héritage « été mal partagé et
Je n'en ai pas eu ma part. » —.. « Eh
"bien, reviens demain et je,te la donne
rai. » Le lendemain, l'histrion est aux
partes ïui remet un denier. « Voilà la portion
Que je te dois, dit-il. Quand j'en aurai
donné autant à chacun de nos frères,
.descendus d'Adam, .c'est à peine si, de
tout mon royaume, il me restera un
"denier. j>
' Ije trait est caractéristique. Pour nos
rois, la France est une immense f&mi'Mte
dont ils sont Ses pères. Le pouvoir n'est
pas pou.r eux une vaine apothéose d'or
gueil, mais une véritable paternité. « Le
_-nom (ie roi est un nom de père », dira
"un jour Bossuet à son royal disciple. Il
-aurait pu prendre le règne de saint
Louis, au même titre que celui de Da-
.vid ou de Salomon, pour en faire le
commentaire éloquent de cette maxime.
» '
« *
"■ Quand il parle de son .peuple, gaint
Louis l'appelle « ma gent il sent
qu'entre la France et lui il y a autre
chose qu'un pacte grait/uit, un contrat
superficiel ; c'est «plutôt une sorte
d'adoption vraiment paternelle qui l'en
gage ■dans tout son amoutr, dans tous ses
dévouements, dans ie sacrifice de tout
son coeur et de toute sa vie. « Beau fils,
disait-il un jour à oehir qui devait être
Philippe le Hardi, je te prie que tu te
fasses aimer .au peuple de ton royaume
car vraiment j'aimerais, mieux qu'un
Ecossais vînt d'Ecosse et gouvernât le
peuple du royaume bien et loyalement
que tu le gouvernasses "mal aperte-
jxient. » Belles et touchantes paroles !
Elles émeuvent Michelet lui-même et il
ne peut les transcrire sans un' tressail
lement involontaire.
: Cela ressemble à une légende ou - à
un conte de fées. Nous sommes habitués
à nous représenter le prince moderne
dans d'appareil des-escortes et des caval
cades : c'est le maître dans ses domaines
et parmi ses serviteurs. Saint Louis est
un père, parmi ses enfants : il se mêle
à eux avec une bonhomie, une familia
rité simple et naturelle et c'est pour lui
que fut écrite la parole des Ecritures
« Princes, soyez parmi vos sujets
comme d'un d'entre eux. » Il faut lire
'dans Joinvilie les tableaux de cette vie
en commun du roi et de sa gent :
« Maintes fois il advint qu'en été il
aillait s'asseoir au bois de Vincennes
après sa messe, -et s'accotait à un chêne,
et nous faisait asseoir autour de daii. Eit
tous ceux qui avaient affaire venaient
. 1 ui parler, sans empêchement d'huissier
ni d'autres gens. Et alors il leur deman
dait de sa propre bouche : « Y a-t-il ici
quelqu'un qui ait sa partie ? » Et ceux
-qui avaient leur partie se levaient, et
adors il disait : « Taisez-vous tous, et
on vous expédiera l'un après l'autre. »
Et alors, il appelait Mgr Pierre de Fon
taines et Mgr Geoffroi de Vilette, et- di
sait à l'un d'eux ; « Expédiez-moi cette
partie. » Et quand il voyait quelque
chose à amender dans des paroles de
ceux qui parlaient pour autrui, lui-
même l'amendait de sa bouche. Je vis
quelquefois, en été, que, pour expédier
ses gens, il venait dans le jardin de
Paris, vêtu d'une cotte de camelot, d'un
surcot de tiretaine sans manches, un
manteau de taffetas noir autour de son
Cou, très bien peigné et sans coiffe, et
un chapeau de paon blanc sur sa tète.
Et il faisait étendre des tapis pour nous
asseoir autour de lui et tout le peuple
qui avait affaire par devant lui s© te
nait autour de lui, debout. Et alors il
les faisait expédier de la manière que
je vous ai dite avant pour le bois de
Vincennes. » Issu du père de famille, le
roi en garde le sourire, les mots et les
gestes. Son attitude naturelle est de
s'inediner avec tendresse et sans la moin
dre morgue. Il est né pour aimer, pour
guider, pour défendre et pour protéger.
« Le roi est apaiseur », .disait saint
Louis. Il apaise, il rend la: justice. EL
la justice n'est pas encore entre ses
mains cette chose, malléafcde et infini
ment souple qui .s'adapte aux condi
tions, s'adoucit selon les circonstances,
pardonné où frappe selon que l'on est
puissant ou misérable. Charles, comte
d'Anjou, frère du roi, est en disipute
avec .un chevalier pour la .propriété d'un
château. Il assigne - l'adversaire : devan t
sa cour, selon le droit féodal. Le cheva
lier est jugé et condamné. li en appelle
à la cour du roi. Saint Louis mandé à
son frère « Il ne doit y avoir qu'un roi
de France et ne croyez pas, parce que
vous êtes mon frère, que je vous épar
gne contre droite justice en nulle
chose. » En même temps, il fait donner
des avocats et des défenseurs aù che
valier dépossédé. Le procès- se plaide et
le frère du roi est condamné à restituer
les domaines mal-acquis. — Une iautre
fois, c'est Enguerrand de Goucy qui est
traduit devant îa justice du roi. Il a fait
pendre. trois jeunes seigneurs .flamands
qui ont commis le-crime de prendre
quelques lapins dans les' bois dv re
doutable baron. Saint Louis le fait ar
rête. Goucy proteste,- -.s'indigne, sou
tient qu'il ne peut être jugé que par les
pairs de France, selon la coutume- de
baronie. Il comparaît tout de même,
mais iil a "amené avec lui le roi de "Na
varre, le duc de Bourgogne, le comte de
Bretagne, le co,mte de Soiseons, la com
tesse de Flandre et l'archevêque de
Reims. Il semblait que la féodalité tout
entière fût venue prendre parti .pour
l'un des siens. Le roi fut impassible. Il
ordonna à ses sergents de se saisir d'En-
guerrand de Coucy et de le conduire en
prison. « Maintenant, barons, — cria
l'avocat de Coucy, — le roi n'a pilus qu'à
vous pendre tous ! » Le roi répond :
« Comment est-ce, Jean, que voiis dites
que je dois.faire pendre mes barons?
Certainement, je ne les ferai pas pen
dre, mais je les'châtierai s'ils défont. »
Et id condamna Coucy à une amende dë
douze mille livres, parisis, à la confis
cation des bois où les jeunes Mamands
avaient été pendus, à fonder trois cha
pelles pour le repos de leurs âmes, et
enfin à se rendre en. Terre-Sainte avec
une nombreuse suite de chevaliers.....
J'imagine que M. Caillaux eût été mal
à d'aise sous le règne de saint Louis et
que Rochettè, au lieu de villégiaturer
à Florence ou à Mexico, eût gémi dans
la prison du Louvre. Saint-Louis impo
sait aux criminels, la croix et le voyage
en Terre-Sainte ; aujourd'hui on leur
donne la croix de Ta Légion d'honneur
et... la clé des champs. Hélas! les chê
nes de Vincennes ne sont plus que des
reliques. Nous avons le gouvernement
par le peuple ; peut-être vadaitril mieux
le gouvernement pour île peuple. Peut-
être aussi faut-il regretter le beau geste
de saint Louis montrant la frontière à
tous les oppresseurs de sa gent et cette
parole énergique qu'il ne craignait pas
de lancer à des bohèmes enrichis qui
abusaient*déjà d'une généreuse hospita
lité : « Que les Juifs, serfs de ma cou
ronne, cessent d'opprimer les chrétiens
et d'empoisonner ma terre l »
• •
La France est heureuse sous le scep
tre de son saint roi. Elle est grande et
glorieuse aussi. Saint Louis ne se pose
pas en adversaire de la noblesse féo
dale; partout et toujours il est ie dis
ciple de Celui qui a dit : Bénis soient
les apaiseurs ! — Mais il fait mieux que
de déchaîner la guerre civile ; il abolit
le droit de guerre privée qui était une
atteinte permanente à lia fraternité chré
tienne ; il rappelle aux seigneurs, à son
frère lui-même, que les. plus humbles
comme les plus grands ont droit h la
justitoe entière ; il intervient dsams les
querelles des commîmes où Tesmrit de
fière indépendance avait enfanté des
initiatives hardies et d'ardentes compé
titions. Et c'est ainsi qu'au-dessus des
donjons féodaux, aui-dessus du beffroi
des villes, plus haut que toutes les par
ticularités de provinces et de commu
nes, apparaissait peu à peu la grande
image de l'a patrie, soûls ïes traits mêmes
du roi qui savait bien ne travailler qiue
pour elle en paraissant travailler
pour 1 lui. En 1236, Thibaut die Champa
gne soumettait à la ,reine Blanche « son
cœur, son corps et toute sa terre » ;
vingt ans plus isard, tous lies seigneurs
et tous des bourgeois en avaient fait au
tant ; et le concert unanime de toutes les
âmes et de toutes les volontés était la
manifestation décisive de cette unité
française qui sera 'longtemps notre
gloire et notre force incomparaMes.
Et cette France plus une, comme s ? il
eût voulu; qu'elle pût être fière en se
regardant elle-même, le saint roi, selon
le mot de Joinvilie, « 'l'enluminait » de
belles abbayes, d'hôpitaux et de cathé
drales. Le règne de saint Louia est le,
règne des pieux artistes, de ces primitif^
qui n'ont pas. dit leur nom, qui-ont tra
vaillé pour Dieu seud et pour, le remède
de leur âme. Ils nous ont laissé la ba
silique de Saint-Denis, simple au ;ae-
hors, bette au dedans, comme l'âme
même de saint Louis ; Notre-Dame de
Paris glorieuse et triomphante ; les ca
thédrales de Reims, de Beauvais, de
Chartres, d'Amiens,. la. .Sainte-Chapelle
surtout-, .ce chef-d'œuvre de grâce
aérienne et virginale, ce poème de
pierre ou le granit sè fait (presque trans
parent, se spiritualise • en • quelque, sorte
comme s'il avait : peur de*' peser troip-
lourd. sur la sainte • couronne - qu'il
abrite. Moment adorable où la France
se 'faisait un génie à l'image et a la res
semblance du génie de son roi, impro
visait un art, chrétien comme elle, idéal
comme e>lle, et que nulle nation n'a ja
mais éclipsé, n'a jamais égallé ! Moment
unique où saint Thomas d'Aqum, saint
Bonaventure, Roger Bacon enseignaient
à l'Université de Paris et faisaient de
notre patrie le centre et le. foyer de tou
tes les sciences" humaines,, où l'essaim
des poètes, enfin, se répandant aux qua
tre coins du pays, des bords de la Seine
aux rives, de la Loire et de la Garonne
'et .jusqu'au pied des Pyrénées, collabo
raient sans le savoir à la grande oeuvre
de saint Louis, rapprochaient les esprits
et des imaginations dans la communauté
des mômes souvenirs, d'une même lan
gue et d'uiie mème : littérature !.
L'ordre français s'instaure naturelle
ment et il durera jusqu'à la Révolution
française. Le saint roi a le sens de l'har
monie sociale. C'est une famille qu'il
organise et tous les membres seront unis
entre eux par des liens fraterneffs. Il
donne aux artisans une charte du tra
vail. Il charge le prévôt des marchands,
Etienne Boileau, de réunir les cihefs et
les prud'hommes des corporations et de
rédiger, softs leur dictée, lies coutumes
des différents corps de métiers. « Et ce
nous avens fait, — écrit E. Boiîeau dians
le préambule de son Livre des mé
tiers , — pour le profit de tous, et mê-
mement pour les pauvres et les étran
gers, qui viennent acheter des marchan
dise 1 ?, pour que la marchandise soit si
loyale qu'ils ne soient déçus par le vice
d'effle. » La royauté, gardienne des tra
ditions et des usages, se contentait dè.
les codifier et de les vulgariser. Elle
n'improvisait . rien, elle ne momifiait,
point la vie, car elle lui permettait de
se'développer et de s'adapter aux be
soins divers et aux formes différentes
de chaque époque.
Et c'est alors enfin que se précise dans
les idées et dans les mœurs la notion de
l'ordre catholique. Elle a beaucoup souf
fert durant la longue anarchie des der
niers Garlovingiens. Les deux puissan
ces vont s'harmoniser tout de bon. C'est
en étudiant le règne de saint Louis que
Beâumanoir prendra la fameuse image
de ses deux épées : « Deux épées sont,
dit Beaumanoir, par lesquelles tous les
peuples doivent être gouvernés, l'une
spirituel et l'autre. temporel . iTespiri-
tuel doit être baillée à sainte Eglise et/'
le temporel aux princes de celle qui est baillée à sainte Eglise est
appelée espiritued, parce que cetui qui
en est frappé périt en l'âme espirituel-
lcment. L'épée temporel est d'autre
"sorte, car par elle doit être faite droite
justice sans délai, et vengeance prise
des malfaiteurs, corporelllement.. Et
qijiand une épée a besoin de l'autre, •
elles doivent s'entr'aider, sauf quo l'épée
espirituel ne se doit entremettre de
nulle justice temporel, dont nul puisse
perdre vie ou membre mais spéciale
ment l'épée temporel! doit toujours être
prête pour garder et défendre sainte
Eglise toutes, les fois que besoin est. »
Ainsi l'Eglise et l'Etat, le chrétien et le
citoyen, vivaient en paix, l'un près de
l'autre, sans heurts ni conflits. L'idéal
social était atteint. Toutes 1 les forces vi
ves de la patrie étaient employées au
bonheur commun, à la grandeur com
mune. Il n'y avait rien qui ne fût à sa
place et Dieu était au sommet.
f
♦K-
Il est à pèirie besoin de dire que nulle
part, en Europe,. les élections françaises
n'ont " été suivies avec autant d'attention
qu'en Allemagne; Et c'est surtout l'atti
tude do. la future Chambre, quant au ser
vice de trois ans, qui sera observée et qui
eet môme, peut-être, déjà escomptée.
En soinmé, le" gouvernement impérial
joue un -jeu où il ne court- aucun risque.
D'une part,, il persuade l'opinion alleman
de que les Français sont avides de prendre
leur revanche, que le service de trois ans
n'a pas "été rétabli dans une 'autre inten
tion et que, par conséquent, l'Allemagne
doit se mettre sur ses gardes et être en
mesure de se défendre contre une attaque
imminente. Mais, d'autre part, le gouver
nement impérial, d'abord fortement impres
sionné par le- courage avec lequel notre
pays a accepté un lourd surcroît de char
ges militaires, ne semble pas croire que
cet effort doive être continué bien long
temps. Et l'empereur Guillaume calcule
qu'il aura tout bénéfice- à profiter de l'oc
casion pour accroître ses propres forces et
se: trouver d'ici peu en état de supériorité
sur ,1a France. En aucun cas, il n'a rien à
perdre; et il-ne p Diverê symptômes permettent de penser,
en effet, que l'Allemagne songe très sérieu
sement, depuis quelques jours, à faire un
nouvel effort et à accroître encore son ar
mée de première ligne, déjà portée au
chiffre colossal de 900.000 hommes, par la
réforme qui a déterminé, chez nous, par
contrecoup, le retour au service de trois
ans. De récentes déclarations du ministre
de la guerre, un article très significatif de
la Gazette de Cologne, la publicité donnée
à ce fait que la contribution de guerre ex
traordinaire a laissé un surplus de 250 mil
lions, toutes ces manifestations concor
dantes font croire à l'accomplissement pro
chain d'un nouveau pas en avant dans la
voie des armements à outrance.
Faut-il compter^ pour l'empêcher, sur
une résistance efficace de l'opinion et des
partis ? Peut-être serait-ce imprudent. Ra
res ont été les hommes qui ont osé, en Al
lemagne, depuis quelque temps, s'élever
contre le flot montant des dépenses mili
taires et la. politique du poing tendu.
Noiis tenons à rappeler que, parmi les
opposants, celui qui a tenu le langage le
plus énergique et le plus retentissant a été
le baron de Hertling, président du Conseil
des ministres du royaume de Bavière," un
ides chefs les plus écoutés du Centre ca
tholique;!. Ainsi, c'est toujours, en Allema
gne, dans le catholicisme que l'on professe
les sentiments les moins hostiles à la
France, que l'on ne craint pas de résister
aux plans belliqueux de la Prusse, au sys
tème de la force qui prime le droit... Quel
argument puissant en . faveur de 1^ poli
tique blanche, de la communauté de vues
et d'intérêts qui unit naturellement tous
les éléments catholiques du monde à notre
pays ! Longtemps le régime laïque a igno
ré, méconnu, sinon même dédaigné et re
jeté, ces sympathies : et ce crime a été un
des plus graves qu'il ait commis contre la
patrie. Aujourd'hui, dans les circonstan
ces européennes les plus critiques, il s'est
mis lui-même, dans sa rage et son aveu
glement, hors d'état de faire profiter la
France des bonnes volontés qui continuent
à s'offrir à elle... Et, ici; le crime devient
pire. Il s'appelle trahison...
* •
On me pardonnera, pendant que mes
confrères lisent sur les murailles la pro
fession de foi dés candidats balotîes,
d'avoir relu l'histoire de saint Louis.
C'est peut-être un peu vieux, mais l'éter
nel est toujours actuel. Autrefois on
nous racontait sur les bancs du collège
l'aventure de Straton. En je ne sais plus
quelle ville d'Asie, il avait été décidé
que la couronne serait offerte à l'homme
qui saluerait d'un cri le premier ravon
du soleil. Il y eut beaucoup de candi
dats et, naturellement, ils se tournèrent
tous vers le soleil levant. Stratori fut
plus habile : il regarda à l'opposé et,
avant fous les autres, il vit tta première
flèche de l'aube qui rebondissait sur les
montagnes du couchant. Straton fui
roi.
Cest souvent vers le passé qu'iif faut
se tourner pour avoir la vraie lumière,
ce clair et pur rayon cFoù dépend le
meilleur ..avenir des penses.
&LEGIGNE.
Échos
Le pistolet de M. Caillaux
- M. Louis d'Aillières et M. Caillaux se soi>t
donc battus, hier, au Parc des Princes.
L'arme choisie était, le pistolet. Personne
n'a été blèssé. M. Caillaux a tiré en l'air.
Beaucoup d'encre et pas de sang. Cela
vaut tout de même mieux.
Les élections à Monaco
Les Monégasques ont failli, il y a cinq
ans, faire une révolution pour obtenir le
suffrage universel.
Maintenant qu'ils l'ont, voici comment ils
en usent.
Extrait du journal officiel de la princi
pauté :
. . ELECTIONS DU 26 AVRIL 1914
CONSEILS COMMUNAUX . .
Résultats du scrutin de ballottage :
Commune de Monaco.
Electeurs inscrits. ? » . . £ .- s » 159
Votante . s v » t s t x * 4
Bulletins blancs. « ? .-. . : , 3 < 3
Ont été proolamés élu9 :
MM. Abel Joseph 2 voix
Auregiïa Laurent. «.«ïxsia 2 —
Harnisch Ailbin. > b 2
De Loth Emile. 1 —
Barrai François,- l —*> -
Bœuf Joséph. . . s i T . s , 3 , » s i —,
Florence Philibert^ > i ; ; ; ;: l ■—
Gastaldi Alban. ■ 1 ——
Aupeglia Louis. . i —
Commune de la Condamine.
:Electeuxs inscrits. . r i. ? ; , i 240
. Votants, s . . v s s a r . ; . j ; X
r Bulletins blancs i
Commune de Monte Carlo.
Electeurs inscrits. ***??.** 240
Votants. 0
Théâtres et Cinémas
On parle icte la crise ides théâtres. Pour
tant, les recettes effectuées l'an dernier se
sont élevées à 68.452.395 francs.
C'est le chiffre le plu9 fort qui ait ja
mais été atteint, dépassant de 3 millions
celui de 1 912, de 10 millions celui de 1911,
lequel avait pour la première fois battu lé
record de l'année 1900, l'année de l'Exposi
tion.
Seulement, il faut reconnaître que ïa
pluâ-value provient de" la vogue des ciné
mas. Ces établissements ont, en effet, en-
caissé 8.655.864 francs. r
Et. en présence de ces recettes, il faut r§.
connaître que les recettes des. théâtres sub
ventionnés ont fléchi, l'an dernier, de plus
d'un million : 8.963.565 francs, au lieu de
10.003.395 francs; Celles du Théâtre-Fran
çais. ont baissé de 465.000 francscelles de
l'Gdéonj. de 134.000 francs, et celles de
l'Opéra, de 272.000 fr. : celles de l'Opéra-
Comique, de 168.000 francs.
. En France, on. n'aime iplus le grand art.
, • C ERCAMON,
Au Jour le jour
Napoléon dramaturge
Du temps 'de Napoléon, la censure, at
tentive d ne rien laisser passer chez les au
teurs de ce qui pouvait porter ombrage au
maître, leur inspirait une crainte qui
n'était que trop justifiée. L'impérial des
pote n'entendait pas plaisanterie sur ce
chapitre, et malheur à qui se permettait la
moindre critique ou la moindre allusion
qui n'étaient pas de son goût.
Charles Brifaut,alors directeur, de. VAca-
démie française, nous conte, à ce sujet,
dans sés Mémoires inédits, croyons-noùs,
et dont nous possédons l'original, une
anecdote qui ne manque pas de piquant. Il
s'agit de ce bon Raynouard « si simple,
si dénué de toutes prétentions, si peu cou
reur de succès, nous dit Brifaut, que la
gloire était obligée d'aller le prendre du
milieu de ses livres, pour lui jeter dans les
mains une couronne qu'il laissait tomber
dans son chiffonnier. ».
'. Voici comment nous est racontée l'aven
ture. Nous laissons la parole d Brifaut,
qui tient le fait de la bouche même de Ray
nouard : « Retiré à Passy, dans une mai
sonnette simple, proprette et saine,il (Ray
nouard) n'en sortait que pour se rendre à
l'Académie française, mais sans prendre le
plus long, comme La Fontaine. Je le con
nus au moment ont il voulut faire jouer
une tragédie de sa façon, quelque temps
après l'immense et légitime succès des
Templiers. Sa nouvelle pièce était intitu
lée : Charles premier. Il craignait de pas
ser par les buissons de la police, où les in
fortunés auteurs laissent toujours une par
tie de leur toison; en conséquence, il fit
sonder le ministre Fouché, qui consulta
lui-même Napoléon, alors maître de la
France, sur ce qu'il avait d faire. Rien,
dit l'empereur ; envoyez-moi Raynouard.
K Celui-ci ai-rive. Bonaparte, prenant un
air assez riant, l'apostrophe en ces.mots :
« Eh bien! vous voulez donc mettre le feu
j( aux quatre coins de Paris. Votre pièce
« est un vrai brûlot, retirezrla. Que sous
u mon règne U ne soit pas question de ces
« ' ouvrages incendiaires. Je suis venu pour
« éteindre, et non pour laisser, rallumer,
« les passions. «
« Jusque là, tout allait bien il n'y avait
rien à répondre. L'empereur continue :
a Ecoutez. J'ai un plan dans la tête; je
a veux changer le vieux système dramati-
« que, il est absurde. Vos auteurs grecs
« avaient fondé sur le ressort de la fatalité
« l'intérêt de leurs ouvrages.. A ce ressort
it. là, il faut en substituer un autre : celui
« de la nécessité. Il faut qu'au lieu dé tuer
ce leur père ou leur mère, sans le saxoir ni
ce le vouloir, les héros aux prises avec une
« situation terrible, entourés d'obstacles
« qui s'opposent à l'exécution de leurs
<( grands projets, forcés, pour en assurer
« la réussite, de recourir aux moyens ex-
« trêmes, trouvent leur justification dans
« la nécessité, par qui tout est permis,
« comme l'a dit Voltaire, qui savait ce
et jour-là ce qu'il disait. Salus populi su
ie prema lex, ajouta Napoléon. Voilà ce
« qu'il faut faire entendre au public. N'ê-
« les-vous pas de mon avis ? »
« Sire, l'idée est neuve, mais peu dra-
« matique, répond hardiment Raynouard.
« Poûr moi, je n'oserais l'essayer au théd-
(i. tre ; j'aurais peur de glacer les specta-
« leurs en blessant, la vieille morale des
a nations. Le parterre français, dont l'édw-
« cation n'est pas si avancée qu'on le
« croit, ne saurait s'élever, à la hauteur
« de vos conceptions et de vos doctrines,
u Les grands hommes seuls comprennent
« les grands hommes, et nous autres, du
u peuple, nous sommes si petits ! » Bona
parte fronça le sourcil et fif un signe de
tête qui voulait dire : l'audience est finie.
Son audacieux interlocuteur s'inclina pro
fondément et partit. Ainsi finit cette sin
gulière èontroverse, que je livre à la ju
dicieuse appréciation de ceux qui savent
lire. »'
Pour nous, qui savons lire, aujourd'hui
surtout que l'histoire impartiale et mieux
avertie a fixé, pour ainsi dire, les traits du
héros, ce simple épisode jette un jour peu
favorable sur la façon dont le grand hom
me de guerre concevait la morale, mais
achève de le montrer au vrai. Cet homme,
qui brisait toutes les résistances, cherchait
dans la nécessité la justification de son
despotisme. Mais le difficile est de dire où
commence et où finit la nécessité. Pour
Napoléon, la nécessité c'était, non pas seu
lement comme il veut bien le dire, Salus
populi, c'était surtout la satisfaction de
son immense orgueil qu'il prenait volon
tiers pour l'intérêt de la nation : moyen
facile de justifier toutes ses ambitions: Cette
thèse de la nécessité rendant tout licite,
Napoléon veut la faire passer au théâtre
et ne craint pas de la proposer au bon
Raynouard comme le ressort de l'art dra
matique. En d'autres termes, c'est sa pro
pre politique qu'il veut faire admettre et
applaudir par le public.
On a vu quel accueil le 'dramaturge fit à
cette proposition, et quelle leçon il fit en
tendre au puissant empereur, en envelop
pant l'ironie la plus cinglante sous les
fleurs du plus accablant des éloges. Aussi,
le maître comprit, fronça le sourcil et leva
la séance. Raynouard voyait sa pièce in
terdite, mais Napoléon venait Ressuyer
plus qu'une défaite ; un affront.
Ce simple épisode que Brifaut s'esf plu
à consigner dans ses Mémoires nous ré
vèle bien l'homme et montre que le grand
capitaine redoutait plus le parterre que le
champ, de bataille* .
" -w— . " ' ' " ' gAINT-RoMil» -
Les grands Electeurs
de la République
—
M. Jules Lemaître énonçait, il. y a huit
ans, et Al Briand confirmait, à Roanne,-
cette vérité de plus en plus éclatante, que
les grands électeurs de la majorité répu
blicaine, radicale et socialiste, ce sont les
instituteurs.
D'abord, si les élections sont de plus en
plus mauvaises, c'est parce que, tous les
quatre ans, arrivent à la vie politique qua
tre générations nouvelles d'électeurs for
més pour la plupart dans les écoles de trop
de maîtres « sans Dieu et sans patrie ».
Et puis, dans un très grand nombre de
communes rurales, où les instituteurs sont
secrétaires de mairie, et, de ce chef, plus
maires que les maires eux-mêmes, bons
paysans trop souvent peu lettrés, ils mè
nent une campagne enragée contre tous les
candidats de la « réaction ». Et « la réac-.
tion », pour Messieurs les instituteurs, ce
ne sont pas seulement les monarchistes,
royalistes et bonapartistes, mais encore les
républicains libéraux, les progressistes, le»
partisans de l'Alliance démocratique, de la
Fédération des Gauches, les radicaux rué-'
me, quand ils ne sont pas unifiés, ou qu'il»
ne paraissent pas suffisamment socialistes.-
Est-ce qu'on n'a pas compté 40 institu
teurs candidats au.x -élections législatives 1 #
comme M. Raffin-Dugiens, M. Compère-Mo--
rel,, avec les programmes les plus avancés?. ■
. Tel est l'aveuglement d© la plupart des
paysans.obKgés de recourir à l'instituteur-.'
"secrétaire tantôt pour des extraits de nais-
sance, tantôt pour des certificats de vie, de.
nationalité, de grêle, d'inondation,de mau
vaise récolte ; tantôt pour les mille autres
formalités d'une paperasserie administra
tive sans cesse aggravée, qu'ils se croient
tenus d'oibéir et de plaire à ce fonction-,
naire encombrant, à oe tyranneau de vil
lage, qu'ils rencontrent à chaque pas de.
leur vie et de celle de leurs enfants.
*
* *
N'est-oe pas, du- reste, l'instituteur qui!
les endoctrine, et qui, à l'heure actuelle, où
les paysans ne vont plus à l'église enten
dre la messe et le prône déleur curé, les
entretient à l'auberge, au café, à la mail
rie, à l'école même, et leur sert 1© boni*
ment de sa politique toujours anticlérical#,-
quand elle n'est pas antipatriotique ?
La période électorale une fois ouverte,
l'instituteur est le délégué de la préfecture
et de son candidat officiel : c'est lui qua
l'on charge oti qui se charge de dire au»
gens : « Pas de faveur pour la commune,
pas de chemins vicinaux, pas d'assistance
pour les vieillards, pas d'allocations pour,
les travaux urgents, pour les cas de grêle
et de mauvaise récolte, pas d'espoir d'allé
ger la loi de trois ans, si vous ne votez
point pour le candidat du gouvernement,-
de M. Doumergue et de M. le Préfet. Au
contraire, si vou6 votez pour lui, vous ver
rez la loi de trois ans rédùite à deux ans ;
vous aurez chemins, subventions, alloca
tions, sans compter les faveurs personnel
les pour les fils ou les papas d'électeurs
influents : fils à exempter du service mili-
taire ou 4 faire passer pour soutiens de fa
mille, avec 1 franc d'allocation par jour À
leurs parents ; papas à porter sur la lista
toujours ouverte des vieillards assistés. »
Elle est surtout à l'usage des électeurs
bien votants, .n'auraient-ils aucun besoin"
d'une assistance qu'on refuse impitoyable
ment aux mal votants, aux catholiques,
aux libéraux même les plus nécessiteux....
Il faut qu'on sache, en effet, que les lois
dites sociales et votées par la droite, hé
las ! comme par la gauche, ne sont que
des instruments de tyrannie locale au ser
vice des agents de l'Etat : avec l'argent"
prélevé sur tous, et qui s'élève par an S
3 ou 400 millions, pour les diverses assis
tances récemment créées,ils ne font de lar j
gesse ©t de charité qu'à ceux qui sont de
leur bord.
*
• •
Faut-il s'étonner que les habitants des
campagnes, ainsi cuisinés par les institua
teurs anticléricaux, démagogues, et sur
tout serviles envers les préfets; auxquels ila
doivent leur avancement, votent beaucoup
■plus mal que les habitants des villes, plus
indépendants de l'Etat ? Les paysahs son
gent surtout à leurs intérêts matériels ; ila
veulent être « du côté du manche », dui
côté du gouvernement, pour bénéficier de
ses faveurs administratives et financières.
J'ai entendu moi-même des instituteurs
dire naguère aux électeurs : « C'est un prin
cipe absolu que « la richesse acquise » doit
payer pour les ouvriers et les pauvres ;
Caillaux n'est détesté par « la réaction »
que parce qu'il veut dégrever les travail
leurs des champs et de la ville pour impo
ser le capital et les revenus des bourgeois.»
Autant de mots, autant d'erreurs.
!Les « réactionnaires », ou plutôt les bons
Français, à quelque parti qu'ils appartien
nent, ont de tout autres raisons que l'im
pôt sur le capital et les revenus de détester
un 'homme aux mains souillées de sang et
de boue, le sang de Calmette et la boiie du
lâche abandon du Congo, la boue des es-:
croqueries 'de Rochette favorisées par l'op
pression d'unâ magistrature « gangrenée ».
Mais que de paysans ont cru leurs insti
tuteurs, qui leur promettaient un âge d'or,
merveilleux, un Eldorado ravissant, où les
prolétaires ne paieraient plus rien à l'Etat
et auraient -la joie de voir ruiner bourgeois
et gros industriels, dont ils sont jaloux !
Est-ce que les instituteurs sont payés par
tous les Français 5 à 600 millions par an,-
pour exciter ainsi l'a classe des travailleurs
et des prolétaires à la haine des curés et
des patrons, de la classe qui possède « la
richesse acquise » ? Est-oe que ce n'est pas
là un grave délit que punit une loi de 1848?
Les instituteurs tombent certainement
sous le coup de cette loi pénale, alors qu'fm
nom même de la neutralité, tant de fois
promise par les Ferry, et les Viviani, ils
devraient rester étrangers à toutes les lut
tes politiques dans les communes où ils
n'ont qu'un devoir à remplir, celui d 'Ins
truire l'enfance et de moraliser la jeu
nesse- •" '
Abbé Th. D elmont.
» MX.
T q T A T
Ou^tre-vingt-unlème année. — 16.259.
MERCREDI 6 MAI 1914
ABONNEMENTS
. so . .,. *. ■
ir.X iiiOlS »»..•<
^ iOï£ «îîOÎS • .... • •
PARIS ' ÉTRANGES
t! Dt jnrtecûatt (Ucion poalal
. . 13 . 19 •
. . 7 » .10 • .
tS NUMÉRO : 10 centime
tes mandats et bons de pest»
doivent être adressés
& Si. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE /
JFa milita des factions de fonte espace, nous n'appartenons
ta 'à l'Église et à la Pairie.
Louis VEUILLOT : Programme 3e l'Univers {1842}
ADBTRATIOH i RÉDACTION :
îaris, 19, rae des Sainte-Pères
les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
ANNONCES
AUX BUREAUX DU J0UBNA1,
19, rue des Salnts-Pèrss
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ REX^IGlEUSa
* 6, place do la Bourso
TÉLÉPHONE 751-55
SOMMAIRE
S jwxt t ocis. — C. -Lecigne. •
■ J .E5 AliMsMENïs de l' A llemagne et les cnao-
MQKKS ALtSKANDS.
À« jour te jour: Napoléon dramaturge..
ïi !£S 'GIUNOS E lKCTRUHS DE LA. -RÊVDBUQOE. —
Abbé Th. Delmont. .
L E -SCANDALE DES LIQUIDATIONS»
L k S kminaire majeçr ok L aikan . — H.-G-
Fromm.
F euilleton -. Chronique wilitaUe. — Comman
dant Saint-Maurice.
• ■ ■ ■ " i . ; I , ,1 I I I I ~
PARIS, 5 MAI 1914
Saint Louis
■II ■:
: Philippe-Auguste se promenait un
jour dans les rues de Paris, Un jongleur
l'arrête et lui réclame un secours d'ar
gent, parce que,. dit-il, « je suis, Sei
gneur, de votre famille. » — « Et com
ment, es-tu mon ..panent ?. ». interrogé le
roi. — « Par. Adam, &eign«ur ; s&ule_-
ment son héritage « été mal partagé et
Je n'en ai pas eu ma part. » —.. « Eh
"bien, reviens demain et je,te la donne
rai. » Le lendemain, l'histrion est aux
partes
Que je te dois, dit-il. Quand j'en aurai
donné autant à chacun de nos frères,
.descendus d'Adam, .c'est à peine si, de
tout mon royaume, il me restera un
"denier. j>
' Ije trait est caractéristique. Pour nos
rois, la France est une immense f&mi'Mte
dont ils sont Ses pères. Le pouvoir n'est
pas pou.r eux une vaine apothéose d'or
gueil, mais une véritable paternité. « Le
_-nom (ie roi est un nom de père », dira
"un jour Bossuet à son royal disciple. Il
-aurait pu prendre le règne de saint
Louis, au même titre que celui de Da-
.vid ou de Salomon, pour en faire le
commentaire éloquent de cette maxime.
» '
« *
"■ Quand il parle de son .peuple, gaint
Louis l'appelle « ma gent il sent
qu'entre la France et lui il y a autre
chose qu'un pacte grait/uit, un contrat
superficiel ; c'est «plutôt une sorte
d'adoption vraiment paternelle qui l'en
gage ■dans tout son amoutr, dans tous ses
dévouements, dans ie sacrifice de tout
son coeur et de toute sa vie. « Beau fils,
disait-il un jour à oehir qui devait être
Philippe le Hardi, je te prie que tu te
fasses aimer .au peuple de ton royaume
car vraiment j'aimerais, mieux qu'un
Ecossais vînt d'Ecosse et gouvernât le
peuple du royaume bien et loyalement
que tu le gouvernasses "mal aperte-
jxient. » Belles et touchantes paroles !
Elles émeuvent Michelet lui-même et il
ne peut les transcrire sans un' tressail
lement involontaire.
: Cela ressemble à une légende ou - à
un conte de fées. Nous sommes habitués
à nous représenter le prince moderne
dans d'appareil des-escortes et des caval
cades : c'est le maître dans ses domaines
et parmi ses serviteurs. Saint Louis est
un père, parmi ses enfants : il se mêle
à eux avec une bonhomie, une familia
rité simple et naturelle et c'est pour lui
que fut écrite la parole des Ecritures
« Princes, soyez parmi vos sujets
comme d'un d'entre eux. » Il faut lire
'dans Joinvilie les tableaux de cette vie
en commun du roi et de sa gent :
« Maintes fois il advint qu'en été il
aillait s'asseoir au bois de Vincennes
après sa messe, -et s'accotait à un chêne,
et nous faisait asseoir autour de daii. Eit
tous ceux qui avaient affaire venaient
. 1 ui parler, sans empêchement d'huissier
ni d'autres gens. Et alors il leur deman
dait de sa propre bouche : « Y a-t-il ici
quelqu'un qui ait sa partie ? » Et ceux
-qui avaient leur partie se levaient, et
adors il disait : « Taisez-vous tous, et
on vous expédiera l'un après l'autre. »
Et alors, il appelait Mgr Pierre de Fon
taines et Mgr Geoffroi de Vilette, et- di
sait à l'un d'eux ; « Expédiez-moi cette
partie. » Et quand il voyait quelque
chose à amender dans des paroles de
ceux qui parlaient pour autrui, lui-
même l'amendait de sa bouche. Je vis
quelquefois, en été, que, pour expédier
ses gens, il venait dans le jardin de
Paris, vêtu d'une cotte de camelot, d'un
surcot de tiretaine sans manches, un
manteau de taffetas noir autour de son
Cou, très bien peigné et sans coiffe, et
un chapeau de paon blanc sur sa tète.
Et il faisait étendre des tapis pour nous
asseoir autour de lui et tout le peuple
qui avait affaire par devant lui s© te
nait autour de lui, debout. Et alors il
les faisait expédier de la manière que
je vous ai dite avant pour le bois de
Vincennes. » Issu du père de famille, le
roi en garde le sourire, les mots et les
gestes. Son attitude naturelle est de
s'inediner avec tendresse et sans la moin
dre morgue. Il est né pour aimer, pour
guider, pour défendre et pour protéger.
« Le roi est apaiseur », .disait saint
Louis. Il apaise, il rend la: justice. EL
la justice n'est pas encore entre ses
mains cette chose, malléafcde et infini
ment souple qui .s'adapte aux condi
tions, s'adoucit selon les circonstances,
pardonné où frappe selon que l'on est
puissant ou misérable. Charles, comte
d'Anjou, frère du roi, est en disipute
avec .un chevalier pour la .propriété d'un
château. Il assigne - l'adversaire : devan t
sa cour, selon le droit féodal. Le cheva
lier est jugé et condamné. li en appelle
à la cour du roi. Saint Louis mandé à
son frère « Il ne doit y avoir qu'un roi
de France et ne croyez pas, parce que
vous êtes mon frère, que je vous épar
gne contre droite justice en nulle
chose. » En même temps, il fait donner
des avocats et des défenseurs aù che
valier dépossédé. Le procès- se plaide et
le frère du roi est condamné à restituer
les domaines mal-acquis. — Une iautre
fois, c'est Enguerrand de Goucy qui est
traduit devant îa justice du roi. Il a fait
pendre. trois jeunes seigneurs .flamands
qui ont commis le-crime de prendre
quelques lapins dans les' bois dv re
doutable baron. Saint Louis le fait ar
rête. Goucy proteste,- -.s'indigne, sou
tient qu'il ne peut être jugé que par les
pairs de France, selon la coutume- de
baronie. Il comparaît tout de même,
mais iil a "amené avec lui le roi de "Na
varre, le duc de Bourgogne, le comte de
Bretagne, le co,mte de Soiseons, la com
tesse de Flandre et l'archevêque de
Reims. Il semblait que la féodalité tout
entière fût venue prendre parti .pour
l'un des siens. Le roi fut impassible. Il
ordonna à ses sergents de se saisir d'En-
guerrand de Coucy et de le conduire en
prison. « Maintenant, barons, — cria
l'avocat de Coucy, — le roi n'a pilus qu'à
vous pendre tous ! » Le roi répond :
« Comment est-ce, Jean, que voiis dites
que je dois.faire pendre mes barons?
Certainement, je ne les ferai pas pen
dre, mais je les'châtierai s'ils défont. »
Et id condamna Coucy à une amende dë
douze mille livres, parisis, à la confis
cation des bois où les jeunes Mamands
avaient été pendus, à fonder trois cha
pelles pour le repos de leurs âmes, et
enfin à se rendre en. Terre-Sainte avec
une nombreuse suite de chevaliers.....
J'imagine que M. Caillaux eût été mal
à d'aise sous le règne de saint Louis et
que Rochettè, au lieu de villégiaturer
à Florence ou à Mexico, eût gémi dans
la prison du Louvre. Saint-Louis impo
sait aux criminels, la croix et le voyage
en Terre-Sainte ; aujourd'hui on leur
donne la croix de Ta Légion d'honneur
et... la clé des champs. Hélas! les chê
nes de Vincennes ne sont plus que des
reliques. Nous avons le gouvernement
par le peuple ; peut-être vadaitril mieux
le gouvernement pour île peuple. Peut-
être aussi faut-il regretter le beau geste
de saint Louis montrant la frontière à
tous les oppresseurs de sa gent et cette
parole énergique qu'il ne craignait pas
de lancer à des bohèmes enrichis qui
abusaient*déjà d'une généreuse hospita
lité : « Que les Juifs, serfs de ma cou
ronne, cessent d'opprimer les chrétiens
et d'empoisonner ma terre l »
• •
La France est heureuse sous le scep
tre de son saint roi. Elle est grande et
glorieuse aussi. Saint Louis ne se pose
pas en adversaire de la noblesse féo
dale; partout et toujours il est ie dis
ciple de Celui qui a dit : Bénis soient
les apaiseurs ! — Mais il fait mieux que
de déchaîner la guerre civile ; il abolit
le droit de guerre privée qui était une
atteinte permanente à lia fraternité chré
tienne ; il rappelle aux seigneurs, à son
frère lui-même, que les. plus humbles
comme les plus grands ont droit h la
justitoe entière ; il intervient dsams les
querelles des commîmes où Tesmrit de
fière indépendance avait enfanté des
initiatives hardies et d'ardentes compé
titions. Et c'est ainsi qu'au-dessus des
donjons féodaux, aui-dessus du beffroi
des villes, plus haut que toutes les par
ticularités de provinces et de commu
nes, apparaissait peu à peu la grande
image de l'a patrie, soûls ïes traits mêmes
du roi qui savait bien ne travailler qiue
pour elle en paraissant travailler
pour 1 lui. En 1236, Thibaut die Champa
gne soumettait à la ,reine Blanche « son
cœur, son corps et toute sa terre » ;
vingt ans plus isard, tous lies seigneurs
et tous des bourgeois en avaient fait au
tant ; et le concert unanime de toutes les
âmes et de toutes les volontés était la
manifestation décisive de cette unité
française qui sera 'longtemps notre
gloire et notre force incomparaMes.
Et cette France plus une, comme s ? il
eût voulu; qu'elle pût être fière en se
regardant elle-même, le saint roi, selon
le mot de Joinvilie, « 'l'enluminait » de
belles abbayes, d'hôpitaux et de cathé
drales. Le règne de saint Louia est le,
règne des pieux artistes, de ces primitif^
qui n'ont pas. dit leur nom, qui-ont tra
vaillé pour Dieu seud et pour, le remède
de leur âme. Ils nous ont laissé la ba
silique de Saint-Denis, simple au ;ae-
hors, bette au dedans, comme l'âme
même de saint Louis ; Notre-Dame de
Paris glorieuse et triomphante ; les ca
thédrales de Reims, de Beauvais, de
Chartres, d'Amiens,. la. .Sainte-Chapelle
surtout-, .ce chef-d'œuvre de grâce
aérienne et virginale, ce poème de
pierre ou le granit sè fait (presque trans
parent, se spiritualise • en • quelque, sorte
comme s'il avait : peur de*' peser troip-
lourd. sur la sainte • couronne - qu'il
abrite. Moment adorable où la France
se 'faisait un génie à l'image et a la res
semblance du génie de son roi, impro
visait un art, chrétien comme elle, idéal
comme e>lle, et que nulle nation n'a ja
mais éclipsé, n'a jamais égallé ! Moment
unique où saint Thomas d'Aqum, saint
Bonaventure, Roger Bacon enseignaient
à l'Université de Paris et faisaient de
notre patrie le centre et le. foyer de tou
tes les sciences" humaines,, où l'essaim
des poètes, enfin, se répandant aux qua
tre coins du pays, des bords de la Seine
aux rives, de la Loire et de la Garonne
'et .jusqu'au pied des Pyrénées, collabo
raient sans le savoir à la grande oeuvre
de saint Louis, rapprochaient les esprits
et des imaginations dans la communauté
des mômes souvenirs, d'une même lan
gue et d'uiie mème : littérature !.
L'ordre français s'instaure naturelle
ment et il durera jusqu'à la Révolution
française. Le saint roi a le sens de l'har
monie sociale. C'est une famille qu'il
organise et tous les membres seront unis
entre eux par des liens fraterneffs. Il
donne aux artisans une charte du tra
vail. Il charge le prévôt des marchands,
Etienne Boileau, de réunir les cihefs et
les prud'hommes des corporations et de
rédiger, softs leur dictée, lies coutumes
des différents corps de métiers. « Et ce
nous avens fait, — écrit E. Boiîeau dians
le préambule de son Livre des mé
tiers , — pour le profit de tous, et mê-
mement pour les pauvres et les étran
gers, qui viennent acheter des marchan
dise 1 ?, pour que la marchandise soit si
loyale qu'ils ne soient déçus par le vice
d'effle. » La royauté, gardienne des tra
ditions et des usages, se contentait dè.
les codifier et de les vulgariser. Elle
n'improvisait . rien, elle ne momifiait,
point la vie, car elle lui permettait de
se'développer et de s'adapter aux be
soins divers et aux formes différentes
de chaque époque.
Et c'est alors enfin que se précise dans
les idées et dans les mœurs la notion de
l'ordre catholique. Elle a beaucoup souf
fert durant la longue anarchie des der
niers Garlovingiens. Les deux puissan
ces vont s'harmoniser tout de bon. C'est
en étudiant le règne de saint Louis que
Beâumanoir prendra la fameuse image
de ses deux épées : « Deux épées sont,
dit Beaumanoir, par lesquelles tous les
peuples doivent être gouvernés, l'une
spirituel et l'autre. temporel . iTespiri-
tuel doit être baillée à sainte Eglise et/'
le temporel aux princes de
appelée espiritued, parce que cetui qui
en est frappé périt en l'âme espirituel-
lcment. L'épée temporel est d'autre
"sorte, car par elle doit être faite droite
justice sans délai, et vengeance prise
des malfaiteurs, corporelllement.. Et
qijiand une épée a besoin de l'autre, •
elles doivent s'entr'aider, sauf quo l'épée
espirituel ne se doit entremettre de
nulle justice temporel, dont nul puisse
perdre vie ou membre mais spéciale
ment l'épée temporel! doit toujours être
prête pour garder et défendre sainte
Eglise toutes, les fois que besoin est. »
Ainsi l'Eglise et l'Etat, le chrétien et le
citoyen, vivaient en paix, l'un près de
l'autre, sans heurts ni conflits. L'idéal
social était atteint. Toutes 1 les forces vi
ves de la patrie étaient employées au
bonheur commun, à la grandeur com
mune. Il n'y avait rien qui ne fût à sa
place et Dieu était au sommet.
f
♦K-
Il est à pèirie besoin de dire que nulle
part, en Europe,. les élections françaises
n'ont " été suivies avec autant d'attention
qu'en Allemagne; Et c'est surtout l'atti
tude do. la future Chambre, quant au ser
vice de trois ans, qui sera observée et qui
eet môme, peut-être, déjà escomptée.
En soinmé, le" gouvernement impérial
joue un -jeu où il ne court- aucun risque.
D'une part,, il persuade l'opinion alleman
de que les Français sont avides de prendre
leur revanche, que le service de trois ans
n'a pas "été rétabli dans une 'autre inten
tion et que, par conséquent, l'Allemagne
doit se mettre sur ses gardes et être en
mesure de se défendre contre une attaque
imminente. Mais, d'autre part, le gouver
nement impérial, d'abord fortement impres
sionné par le- courage avec lequel notre
pays a accepté un lourd surcroît de char
ges militaires, ne semble pas croire que
cet effort doive être continué bien long
temps. Et l'empereur Guillaume calcule
qu'il aura tout bénéfice- à profiter de l'oc
casion pour accroître ses propres forces et
se: trouver d'ici peu en état de supériorité
sur ,1a France. En aucun cas, il n'a rien à
perdre; et il-ne p
en effet, que l'Allemagne songe très sérieu
sement, depuis quelques jours, à faire un
nouvel effort et à accroître encore son ar
mée de première ligne, déjà portée au
chiffre colossal de 900.000 hommes, par la
réforme qui a déterminé, chez nous, par
contrecoup, le retour au service de trois
ans. De récentes déclarations du ministre
de la guerre, un article très significatif de
la Gazette de Cologne, la publicité donnée
à ce fait que la contribution de guerre ex
traordinaire a laissé un surplus de 250 mil
lions, toutes ces manifestations concor
dantes font croire à l'accomplissement pro
chain d'un nouveau pas en avant dans la
voie des armements à outrance.
Faut-il compter^ pour l'empêcher, sur
une résistance efficace de l'opinion et des
partis ? Peut-être serait-ce imprudent. Ra
res ont été les hommes qui ont osé, en Al
lemagne, depuis quelque temps, s'élever
contre le flot montant des dépenses mili
taires et la. politique du poing tendu.
Noiis tenons à rappeler que, parmi les
opposants, celui qui a tenu le langage le
plus énergique et le plus retentissant a été
le baron de Hertling, président du Conseil
des ministres du royaume de Bavière," un
ides chefs les plus écoutés du Centre ca
tholique;!. Ainsi, c'est toujours, en Allema
gne, dans le catholicisme que l'on professe
les sentiments les moins hostiles à la
France, que l'on ne craint pas de résister
aux plans belliqueux de la Prusse, au sys
tème de la force qui prime le droit... Quel
argument puissant en . faveur de 1^ poli
tique blanche, de la communauté de vues
et d'intérêts qui unit naturellement tous
les éléments catholiques du monde à notre
pays ! Longtemps le régime laïque a igno
ré, méconnu, sinon même dédaigné et re
jeté, ces sympathies : et ce crime a été un
des plus graves qu'il ait commis contre la
patrie. Aujourd'hui, dans les circonstan
ces européennes les plus critiques, il s'est
mis lui-même, dans sa rage et son aveu
glement, hors d'état de faire profiter la
France des bonnes volontés qui continuent
à s'offrir à elle... Et, ici; le crime devient
pire. Il s'appelle trahison...
* •
On me pardonnera, pendant que mes
confrères lisent sur les murailles la pro
fession de foi dés candidats balotîes,
d'avoir relu l'histoire de saint Louis.
C'est peut-être un peu vieux, mais l'éter
nel est toujours actuel. Autrefois on
nous racontait sur les bancs du collège
l'aventure de Straton. En je ne sais plus
quelle ville d'Asie, il avait été décidé
que la couronne serait offerte à l'homme
qui saluerait d'un cri le premier ravon
du soleil. Il y eut beaucoup de candi
dats et, naturellement, ils se tournèrent
tous vers le soleil levant. Stratori fut
plus habile : il regarda à l'opposé et,
avant fous les autres, il vit tta première
flèche de l'aube qui rebondissait sur les
montagnes du couchant. Straton fui
roi.
Cest souvent vers le passé qu'iif faut
se tourner pour avoir la vraie lumière,
ce clair et pur rayon cFoù dépend le
meilleur ..avenir des penses.
&LEGIGNE.
Échos
Le pistolet de M. Caillaux
- M. Louis d'Aillières et M. Caillaux se soi>t
donc battus, hier, au Parc des Princes.
L'arme choisie était, le pistolet. Personne
n'a été blèssé. M. Caillaux a tiré en l'air.
Beaucoup d'encre et pas de sang. Cela
vaut tout de même mieux.
Les élections à Monaco
Les Monégasques ont failli, il y a cinq
ans, faire une révolution pour obtenir le
suffrage universel.
Maintenant qu'ils l'ont, voici comment ils
en usent.
Extrait du journal officiel de la princi
pauté :
. . ELECTIONS DU 26 AVRIL 1914
CONSEILS COMMUNAUX . .
Résultats du scrutin de ballottage :
Commune de Monaco.
Electeurs inscrits. ? » . . £ .- s » 159
Votante . s v » t s t x * 4
Bulletins blancs. « ? .-. . : , 3 < 3
Ont été proolamés élu9 :
MM. Abel Joseph 2 voix
Auregiïa Laurent. «.«ïxsia 2 —
Harnisch Ailbin. > b 2
De Loth Emile. 1 —
Barrai François,- l —*> -
Bœuf Joséph. . . s i T . s , 3 , » s i —,
Florence Philibert^ > i ; ; ; ;: l ■—
Gastaldi Alban. ■ 1 ——
Aupeglia Louis. . i —
Commune de la Condamine.
:Electeuxs inscrits. . r i. ? ; , i 240
. Votants, s . . v s s a r . ; . j ; X
r Bulletins blancs i
Commune de Monte Carlo.
Electeurs inscrits. ***??.** 240
Votants. 0
Théâtres et Cinémas
On parle icte la crise ides théâtres. Pour
tant, les recettes effectuées l'an dernier se
sont élevées à 68.452.395 francs.
C'est le chiffre le plu9 fort qui ait ja
mais été atteint, dépassant de 3 millions
celui de 1 912, de 10 millions celui de 1911,
lequel avait pour la première fois battu lé
record de l'année 1900, l'année de l'Exposi
tion.
Seulement, il faut reconnaître que ïa
pluâ-value provient de" la vogue des ciné
mas. Ces établissements ont, en effet, en-
caissé 8.655.864 francs. r
Et. en présence de ces recettes, il faut r§.
connaître que les recettes des. théâtres sub
ventionnés ont fléchi, l'an dernier, de plus
d'un million : 8.963.565 francs, au lieu de
10.003.395 francs; Celles du Théâtre-Fran
çais. ont baissé de 465.000 francscelles de
l'Gdéonj. de 134.000 francs, et celles de
l'Opéra, de 272.000 fr. : celles de l'Opéra-
Comique, de 168.000 francs.
. En France, on. n'aime iplus le grand art.
, • C ERCAMON,
Au Jour le jour
Napoléon dramaturge
Du temps 'de Napoléon, la censure, at
tentive d ne rien laisser passer chez les au
teurs de ce qui pouvait porter ombrage au
maître, leur inspirait une crainte qui
n'était que trop justifiée. L'impérial des
pote n'entendait pas plaisanterie sur ce
chapitre, et malheur à qui se permettait la
moindre critique ou la moindre allusion
qui n'étaient pas de son goût.
Charles Brifaut,alors directeur, de. VAca-
démie française, nous conte, à ce sujet,
dans sés Mémoires inédits, croyons-noùs,
et dont nous possédons l'original, une
anecdote qui ne manque pas de piquant. Il
s'agit de ce bon Raynouard « si simple,
si dénué de toutes prétentions, si peu cou
reur de succès, nous dit Brifaut, que la
gloire était obligée d'aller le prendre du
milieu de ses livres, pour lui jeter dans les
mains une couronne qu'il laissait tomber
dans son chiffonnier. ».
'. Voici comment nous est racontée l'aven
ture. Nous laissons la parole d Brifaut,
qui tient le fait de la bouche même de Ray
nouard : « Retiré à Passy, dans une mai
sonnette simple, proprette et saine,il (Ray
nouard) n'en sortait que pour se rendre à
l'Académie française, mais sans prendre le
plus long, comme La Fontaine. Je le con
nus au moment ont il voulut faire jouer
une tragédie de sa façon, quelque temps
après l'immense et légitime succès des
Templiers. Sa nouvelle pièce était intitu
lée : Charles premier. Il craignait de pas
ser par les buissons de la police, où les in
fortunés auteurs laissent toujours une par
tie de leur toison; en conséquence, il fit
sonder le ministre Fouché, qui consulta
lui-même Napoléon, alors maître de la
France, sur ce qu'il avait d faire. Rien,
dit l'empereur ; envoyez-moi Raynouard.
K Celui-ci ai-rive. Bonaparte, prenant un
air assez riant, l'apostrophe en ces.mots :
« Eh bien! vous voulez donc mettre le feu
j( aux quatre coins de Paris. Votre pièce
« est un vrai brûlot, retirezrla. Que sous
u mon règne U ne soit pas question de ces
« ' ouvrages incendiaires. Je suis venu pour
« éteindre, et non pour laisser, rallumer,
« les passions. «
« Jusque là, tout allait bien il n'y avait
rien à répondre. L'empereur continue :
a Ecoutez. J'ai un plan dans la tête; je
a veux changer le vieux système dramati-
« que, il est absurde. Vos auteurs grecs
« avaient fondé sur le ressort de la fatalité
« l'intérêt de leurs ouvrages.. A ce ressort
it. là, il faut en substituer un autre : celui
« de la nécessité. Il faut qu'au lieu dé tuer
ce leur père ou leur mère, sans le saxoir ni
ce le vouloir, les héros aux prises avec une
« situation terrible, entourés d'obstacles
« qui s'opposent à l'exécution de leurs
<( grands projets, forcés, pour en assurer
« la réussite, de recourir aux moyens ex-
« trêmes, trouvent leur justification dans
« la nécessité, par qui tout est permis,
« comme l'a dit Voltaire, qui savait ce
et jour-là ce qu'il disait. Salus populi su
ie prema lex, ajouta Napoléon. Voilà ce
« qu'il faut faire entendre au public. N'ê-
« les-vous pas de mon avis ? »
« Sire, l'idée est neuve, mais peu dra-
« matique, répond hardiment Raynouard.
« Poûr moi, je n'oserais l'essayer au théd-
(i. tre ; j'aurais peur de glacer les specta-
« leurs en blessant, la vieille morale des
a nations. Le parterre français, dont l'édw-
« cation n'est pas si avancée qu'on le
« croit, ne saurait s'élever, à la hauteur
« de vos conceptions et de vos doctrines,
u Les grands hommes seuls comprennent
« les grands hommes, et nous autres, du
u peuple, nous sommes si petits ! » Bona
parte fronça le sourcil et fif un signe de
tête qui voulait dire : l'audience est finie.
Son audacieux interlocuteur s'inclina pro
fondément et partit. Ainsi finit cette sin
gulière èontroverse, que je livre à la ju
dicieuse appréciation de ceux qui savent
lire. »'
Pour nous, qui savons lire, aujourd'hui
surtout que l'histoire impartiale et mieux
avertie a fixé, pour ainsi dire, les traits du
héros, ce simple épisode jette un jour peu
favorable sur la façon dont le grand hom
me de guerre concevait la morale, mais
achève de le montrer au vrai. Cet homme,
qui brisait toutes les résistances, cherchait
dans la nécessité la justification de son
despotisme. Mais le difficile est de dire où
commence et où finit la nécessité. Pour
Napoléon, la nécessité c'était, non pas seu
lement comme il veut bien le dire, Salus
populi, c'était surtout la satisfaction de
son immense orgueil qu'il prenait volon
tiers pour l'intérêt de la nation : moyen
facile de justifier toutes ses ambitions: Cette
thèse de la nécessité rendant tout licite,
Napoléon veut la faire passer au théâtre
et ne craint pas de la proposer au bon
Raynouard comme le ressort de l'art dra
matique. En d'autres termes, c'est sa pro
pre politique qu'il veut faire admettre et
applaudir par le public.
On a vu quel accueil le 'dramaturge fit à
cette proposition, et quelle leçon il fit en
tendre au puissant empereur, en envelop
pant l'ironie la plus cinglante sous les
fleurs du plus accablant des éloges. Aussi,
le maître comprit, fronça le sourcil et leva
la séance. Raynouard voyait sa pièce in
terdite, mais Napoléon venait Ressuyer
plus qu'une défaite ; un affront.
Ce simple épisode que Brifaut s'esf plu
à consigner dans ses Mémoires nous ré
vèle bien l'homme et montre que le grand
capitaine redoutait plus le parterre que le
champ, de bataille* .
" -w— . " ' ' " ' gAINT-RoMil» -
Les grands Electeurs
de la République
—
M. Jules Lemaître énonçait, il. y a huit
ans, et Al Briand confirmait, à Roanne,-
cette vérité de plus en plus éclatante, que
les grands électeurs de la majorité répu
blicaine, radicale et socialiste, ce sont les
instituteurs.
D'abord, si les élections sont de plus en
plus mauvaises, c'est parce que, tous les
quatre ans, arrivent à la vie politique qua
tre générations nouvelles d'électeurs for
més pour la plupart dans les écoles de trop
de maîtres « sans Dieu et sans patrie ».
Et puis, dans un très grand nombre de
communes rurales, où les instituteurs sont
secrétaires de mairie, et, de ce chef, plus
maires que les maires eux-mêmes, bons
paysans trop souvent peu lettrés, ils mè
nent une campagne enragée contre tous les
candidats de la « réaction ». Et « la réac-.
tion », pour Messieurs les instituteurs, ce
ne sont pas seulement les monarchistes,
royalistes et bonapartistes, mais encore les
républicains libéraux, les progressistes, le»
partisans de l'Alliance démocratique, de la
Fédération des Gauches, les radicaux rué-'
me, quand ils ne sont pas unifiés, ou qu'il»
ne paraissent pas suffisamment socialistes.-
Est-ce qu'on n'a pas compté 40 institu
teurs candidats au.x -élections législatives 1 #
comme M. Raffin-Dugiens, M. Compère-Mo--
rel,, avec les programmes les plus avancés?. ■
. Tel est l'aveuglement d© la plupart des
paysans.obKgés de recourir à l'instituteur-.'
"secrétaire tantôt pour des extraits de nais-
sance, tantôt pour des certificats de vie, de.
nationalité, de grêle, d'inondation,de mau
vaise récolte ; tantôt pour les mille autres
formalités d'une paperasserie administra
tive sans cesse aggravée, qu'ils se croient
tenus d'oibéir et de plaire à ce fonction-,
naire encombrant, à oe tyranneau de vil
lage, qu'ils rencontrent à chaque pas de.
leur vie et de celle de leurs enfants.
*
* *
N'est-oe pas, du- reste, l'instituteur qui!
les endoctrine, et qui, à l'heure actuelle, où
les paysans ne vont plus à l'église enten
dre la messe et le prône déleur curé, les
entretient à l'auberge, au café, à la mail
rie, à l'école même, et leur sert 1© boni*
ment de sa politique toujours anticlérical#,-
quand elle n'est pas antipatriotique ?
La période électorale une fois ouverte,
l'instituteur est le délégué de la préfecture
et de son candidat officiel : c'est lui qua
l'on charge oti qui se charge de dire au»
gens : « Pas de faveur pour la commune,
pas de chemins vicinaux, pas d'assistance
pour les vieillards, pas d'allocations pour,
les travaux urgents, pour les cas de grêle
et de mauvaise récolte, pas d'espoir d'allé
ger la loi de trois ans, si vous ne votez
point pour le candidat du gouvernement,-
de M. Doumergue et de M. le Préfet. Au
contraire, si vou6 votez pour lui, vous ver
rez la loi de trois ans rédùite à deux ans ;
vous aurez chemins, subventions, alloca
tions, sans compter les faveurs personnel
les pour les fils ou les papas d'électeurs
influents : fils à exempter du service mili-
taire ou 4 faire passer pour soutiens de fa
mille, avec 1 franc d'allocation par jour À
leurs parents ; papas à porter sur la lista
toujours ouverte des vieillards assistés. »
Elle est surtout à l'usage des électeurs
bien votants, .n'auraient-ils aucun besoin"
d'une assistance qu'on refuse impitoyable
ment aux mal votants, aux catholiques,
aux libéraux même les plus nécessiteux....
Il faut qu'on sache, en effet, que les lois
dites sociales et votées par la droite, hé
las ! comme par la gauche, ne sont que
des instruments de tyrannie locale au ser
vice des agents de l'Etat : avec l'argent"
prélevé sur tous, et qui s'élève par an S
3 ou 400 millions, pour les diverses assis
tances récemment créées,ils ne font de lar j
gesse ©t de charité qu'à ceux qui sont de
leur bord.
*
• •
Faut-il s'étonner que les habitants des
campagnes, ainsi cuisinés par les institua
teurs anticléricaux, démagogues, et sur
tout serviles envers les préfets; auxquels ila
doivent leur avancement, votent beaucoup
■plus mal que les habitants des villes, plus
indépendants de l'Etat ? Les paysahs son
gent surtout à leurs intérêts matériels ; ila
veulent être « du côté du manche », dui
côté du gouvernement, pour bénéficier de
ses faveurs administratives et financières.
J'ai entendu moi-même des instituteurs
dire naguère aux électeurs : « C'est un prin
cipe absolu que « la richesse acquise » doit
payer pour les ouvriers et les pauvres ;
Caillaux n'est détesté par « la réaction »
que parce qu'il veut dégrever les travail
leurs des champs et de la ville pour impo
ser le capital et les revenus des bourgeois.»
Autant de mots, autant d'erreurs.
!Les « réactionnaires », ou plutôt les bons
Français, à quelque parti qu'ils appartien
nent, ont de tout autres raisons que l'im
pôt sur le capital et les revenus de détester
un 'homme aux mains souillées de sang et
de boue, le sang de Calmette et la boiie du
lâche abandon du Congo, la boue des es-:
croqueries 'de Rochette favorisées par l'op
pression d'unâ magistrature « gangrenée ».
Mais que de paysans ont cru leurs insti
tuteurs, qui leur promettaient un âge d'or,
merveilleux, un Eldorado ravissant, où les
prolétaires ne paieraient plus rien à l'Etat
et auraient -la joie de voir ruiner bourgeois
et gros industriels, dont ils sont jaloux !
Est-ce que les instituteurs sont payés par
tous les Français 5 à 600 millions par an,-
pour exciter ainsi l'a classe des travailleurs
et des prolétaires à la haine des curés et
des patrons, de la classe qui possède « la
richesse acquise » ? Est-oe que ce n'est pas
là un grave délit que punit une loi de 1848?
Les instituteurs tombent certainement
sous le coup de cette loi pénale, alors qu'fm
nom même de la neutralité, tant de fois
promise par les Ferry, et les Viviani, ils
devraient rester étrangers à toutes les lut
tes politiques dans les communes où ils
n'ont qu'un devoir à remplir, celui d 'Ins
truire l'enfance et de moraliser la jeu
nesse- •" '
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