Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1914-03-25
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mars 1914 25 mars 1914
Description : 1914/03/25 (Numéro 16223). 1914/03/25 (Numéro 16223).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7153470
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
MERCREDI 25 MARS 1914
~wi3.>,-... il»*.'-**»
Quatre-vingt-unième année. — 16.323.
- ; ABONNEMENTS
PARIS ÉTRANGER
M Départements (Union postait)
t T n an . 25 fr. 36 fr.
Six-mois . 13 • 19 •
Trois mois....... 7 • , 10 »
LE NUMÉRO :10 centimes
E>épôt Lê~ .«
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MERCREDI 25 MARS 1914
10* •l'A'-j
ADJÎlMSTRATIO.l & RÉDACTION :
Paris, 19, rue des Saints-Pères (VI # arroai 1 )
DÉPÔT A ROME : es, rua dk la hkskv»
Zet manuscrits non insérés ne sont pas reniut
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DIEU PROTÈGE LA FRANCE !
7hi milieu des facli^ftjs de tonte espèce, nous tj'apparteuogt
'a l'Eglise et à Jr,-Patrie.
,.*r
. £6uis VEOILLOT : Programma He l'Univers (1842)
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
19, ihio des Saints-Pères
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ BELIGIEUSB
•' .6, place de la Bourse
TÉLÉPHONE 751-55
PARIS, 24 MARS 1914
En revenant d'Orléans
; £3*""" -
. Conversation avec Mgr Touchet
. L'Univers a rapporté, hier, la magni
fique ' réunion catholique de 'dimanche
à Orléans. Plus de quatre mille hom
mes, peut-être cinq (je n'aime pas
-{bluffer), tous électeurs, accourus à l'in
vitation de leur évêque, un. des plus
actifs et des plus populaires de France
"—et, agissant 'sur ce vaste auditoire;
' l'éloquence forte et élégante de M 6 Jac
quier de Lyon, puis de Mgr Touchet
luirmême, lequel a réussi à animer des
documente et des chiffres : quelle fête !
mais surtout quel réconfort dans nos
tristesses actuelles, et quels espoirs au
torisés pour l'avenir l Voilà un diocèse
indolent, et qui était détaché de la pra
tique, sinon de ïa foi .: nous avons vu
ce que peut en faire en quelques années
•un évêque qui n'opère pas seulement
.par, mandements lointains, par dis
cours, même éloquents, mais qui met
la main à la-, pâte, visite continuellement
ses paroisses, prend contact avec ses
prêtres et. ses diocésains. et leur rend
le goût de l'action'en agissant. Avec les
! hommes qu'il a galvanisés, seulement
à Orléans et aux alentours, il rempli-
- rait,- et au delà, la salle Wagram à Pa-
■ ris. ' '• -
* Ce n'était pas une réunion de piété ;
ces milliers de catholiques étaient venus
en eitoyens, rendus enfin au sentiment
de leurs droits et de leurs devoirs de
. citoyens, et .c'est d'action civique qu'on
leur a parlé. C'est pourquoi, je n'ai vu
aucune indiscrétion, en conversant avec
: Mgr Touchet, à lui dire que j'avais eu
un peu l'illusion de la réunion Kcller-
Bcllomayre à Paris, sauf qu'à celle-là
; il n'y. avait pas eu d'évêque. Et il m'a
répondu que. c Y était, en effet, le même
fout que, de Son côté, il poursuivait, que
l'évêqu.e étant avant tout Docteur, il
croyait de son devoir d'eiiseigner à'ses
diocésains les principes qui les guide
raient. dans l'action civique, mais
qu'une fois engagée cette action, et par
exemple en période électorale, .il comp
tait bien, lui et ses prêtres, se réserver,
ne pas désigner de candidats, ne pas
se mêler à une lutte qui ne convenait
pas au caractère sacerdotal. Notre in
fluenee, ajoutait-il, pour- être indirecte
et médiate, n'en sera pas moins effec
tive.
■ — C'est donc, vous, Monseigneur, qui
établissez le cahier des revendications,
vos diocésains le proposeront ensuite
aux candidats ?,
: —Oui. Le Pape d'abord, le rétablis
sement des rapports avec.Rome ; et puis
; la liberté d'enseignement,'-.avec le re
tour des maîtres congréganistes sans
: lesquels cette liberté, pour les catholi
ques, n'est qu'un mot.
■. j — Vos Catholiques sont-ils- disposés à
.exiger cela absolument, l'inscription
[très nette de ces articles sur le pro
gramme des candidats?
j — Je le crois.
I ■— Alors, à Orléans, on est guéri du
« moins mauvais » ? Entre deux candi
dats également hostiles à la religion, au
. cléricalisme, comme ils disent on ne
" {votera pas d'office pour le plus veule,
, sous prétexte qu'il est le plus gentil, ou
- même pour le troisanniste?
j — Lç moins mauvais, du moment
' jqu 'il médite la ruine de l 'Eglise, est
jtrop mauvais. Je ne pense pas que les
(catholiques Orléanais marchent pour
- lui. . ■ \
■ ! Voilà des' points acquis dans ce dio-
. icèse comme dans tant d'autres. Le « bon
sens » d'Orléans, Dieu merci, s'accom-
. ;.pagne de virilité. C'est du laisser-aller
!de dire : Je n'ai le choix qu'entre deux
jrnauvais candidats, .mais il y en a un
■ iqui est plus « national », je vote pour
lui. Depuis quand est-on « national »
' Jvoulant du mal au catholicisme? Le ca
tholicisme est une des forces les plus
jessentielles, nécessaires, de 1 la patrie
ifrançaise, au dedans discipline, au de-
• jhors drapeau. Nous n'admettons pas la
•dissociation. Un anticatholique, qu'il le
^veuille ou non, fait de mauvaise beso-
jgne française. C'est du point de vue na-
' ïional que je ne voterai pas pour lui.
Si au point de vue national s'ajoute
(le point de vue religieux, c'est encore
jplus évident ! Et chez qui est-il plus
' {naturel qu'il s'y ajoute, sinon chez un
évêque?
Jacques ROCAFORT.
Pour les Elections
ABONNEMENTS DE PROPAGANDE
En raison de l'importance des prochai-
,nés élections législatives, nous avons dé
cidé de créer des abonnements de propa-t
g onde-
Ces abonnements partiront de n'importe
'.'quelle date et seront servis au prix réduit
de 1 fr. 50 par mois.
Ceux de nos amis désirant aider à cette
propagande n'auront qu'à nous envoyer le
montant des abonnements qu'ils 'désirent
faire servir, en ^noug indiquant les noms cJ.
adresses des personnes qui doivent èn pro-i
fiter.
Ils peuvent aussi nous envoyer simple
ment l'argent en se reposant sur nous pour
la distribution des abonnements.
N.-B. — Pour arrêter les malentendus
qui se sont déjà produits, nous croyons
utile de spécifier que nous n'acceptons, au
prix de 1 fr. 50, que des abonnements li
mités à un mois
Régime de trahison
>x>
Le régime actuel se décompose, sous nos
yeux, dans la boue et dans le sang. Il en
résulte le plus grave des périls nationaux,
car un pays qui n'a plus de gouverne
ment, —- et ni le ministère Doumergue, ni
ses souteneurs parlementaires ne méri
tent ce nom, — est un pays en liquidation.
Or, tandis que tous les tons Français
commencent 4 s'en apercevoir et à cher
cher avec angoisse de quel côté viendra
le salut, l'Etranger ne désire qu'une
chose : que;cela dure/que les vers ron
gent, jusqu'au bout, le cadavre !
A ce sujet, le Temps de vendredi der
nier publiait une lettre dont M. Abel Her-
mant a reconnu, à coup sûr, le caractère
« historique ».
« La sympathie et la pitié du public al
lemand, écrivait de Berlin le correspon
dant du Temps, vont à l'ancien ministre
des finances qu'on voit -avec regret dis
paraître de la scène politique française...
Pourquoi? Y avait-il dans cette attrac
tion consciente ou non un souvenir de cer
taines initiatives brusquement prises par
le président du Conseil (Caillaux) lors des
négociations Congo-Maroc de 1911?... En
fait et surtout pour la masse allemande,
M. Caillaux plaisait parce qu'il était l'ad
versaire convaincu de la loi de trois ans. »
Le Temps concluait avec raison : « L'opi
nion allemande désire que la politique
française reste sous l'influence néfaste qui
nous a coûté la cession d'une colonie en
pleine paix et qui nous menace de l'im
puissance militaire. »
_ Nous comprenons 1' « attraction» prus
sienne pour le trop « roué. » Caillaux. Mais
il est une chose qu'à l'Univers nous com
prenons moins : comment des esprits - qui
s'indignent des effets du régime, — les
destinées de la France remises au sieur
Caillaux et. à ..ses complices, — veulent-ils
encore en conserver la cause, — le régime
lui-même ? ;
Ignoirent-ils son histoire? Si non, ne
vodent-ils pas qu'il a, dès l'origine, fait le
jeu de l'Etranger ?
Le même numéro du Temps r— 20 mars
1914 — signalait à plusieurs reprises l'ana
logie frappante, croissante, «ntre 1914 et
1793: « C'est lia .renaissance du Comité de
Salut public », observait l'éditorial, à pro
pos die la Commission d'enquête, et le ré-
dacteiur blâmait la « procédure révolution
naire »> qui, pair « une fâcheuse confusion
de pouvoirs »>, risquait « de nous éloigner
de la justice au lieu de nous en rappro
cher ». Nous avons simplement « modifié
les procédés révolutionnaires », notait
M. Abel Hermant dans sa Vie à Paris :
« On ne descend plus dans la rue... nous
ne pratiquons plus Cia terreur franche-
msant, nous avons 'lavé et séché la guillo
tine. »
. La guillotine a même été remplacée par
autre chose, et lies « procédés » de «( dé
fense- républicaine » n'en sont, pas moins
scélérats.-Mais il y a~bi«n.d'autres ressem
blances entreles deux époiqaes, ôt puisque
certains crimes de haute trahison sortent
auojurd'huâ de l'ombre, il n'est pas inu
tile de rappedier à quel point les politiciens
jacobins ont livré la patrie française à son
ennemie héréditaire et implacable, l'An
gleterre. -
« L'objet invariable de la politique an
glaise, écrivait, 'en 1774, Die diplomate Gé
rard. de Rayneval, est non seulement
l'abaissement de la France, mais sa des
truction et sa ruine. Pour nous anéantir,
tous les moyens sont justes, légitimes et
même nécessaires, pourvu qu'ils soient ef
ficaces. .»
Ces « moyens », — qui visaient avant
touit à détruire notre marine, l'obstacle qui
s'opposait à son impérialisme — eurent
pour agents, beaucoup de nos meneurs ré
volutionnaires, ( ( professionnels de l'intri
gue et de l'émeute ».
En 1789,1e Foreign-Office alloue 1.250.000
livres aux Genevois Clavière, Duroveray,
Dumont, Reybaz qui, die' Londres, viennent
à Paris sonner dans leurs feuilles incen
diaires, « le glas de l'antique Constitution
française ». Dès le 12 juin, MflJdieir monte
à la tribune, pour réclamer l'expulsion de
« l'étranger, pensionnaire du Roi d'Angle
terre, qu'on voit depuis plusieurs jours
écrire et faire, circuler des billets dans la
salle »; mais Mirabeau défend « le citoyen
du monde » et s'écrie : « Souffrirez-vous
qu'un martyr de la liberté,—(Duroveray),
— reçoive ici un outrage ! »
Brissot, Sieyès et Condorcet avaient fon
dé la Société des Amis des Noirs, en appa
rence issue de la loge des Philantropes.
En fait, elle était dirigée de Londres par
lord Starihope, qui se déclarera « sans
culotte »; .le docteur Price, qui fera voter
par la Société des Amis de la Révolution de
Londres un hommage à la Constituante,
et par le docteur Priestley, qui sera procla
mé «citoyen français». Le député Faydel,
qui habitait non loin de là maison où sié
geait le Club des Amis des Noirs, raconte
dans ses Souvenirs comment l'argent an
glais arrosait ces « agents d'Albion »,
De 1789 à 1791, Montmorin et La.
Luzerne ne cessèrent de dénoncer les con
voitises d'une nation dont les échanges co
loniaux ne s'élevaient qu'à 152 millions,
tandis que les nôtres atteignaient 300 mil
lions. Le ministre des Affaires étrangères
accuse, par exemple, le duc de Dorset,
ambassadeur d'Angleterre, d'avoir, $>lus
ou moins directement, « répandu l'argent
avec la plus grande profusion parmi les
soldats comme parmi le peuple « ; et no
tre . ambassadeur à Londres annonce
qu' « il y a à Paris deux particuliers an
glais* l'un nommé Danton et l'autre
nommé Paré — (futur ministre lui aussi t]
— que quelques personnes soupçonnent
d'être r les 1 agents les plus 'particuliers -du
gouvernement anglais ». s ; *
Ceux, qui ne furent, point soudoyés agi
rent exactement comme s'ils l'étaient : tels
!s fr.". Prieur de la Marne et Jeianbon-
Saint-André, qui firent prévaloir à Brest
les .principes d'indiscipline,d'incompétence
et d'incohérence, et amenèrent ainsi la dé
faite du 13 prairial 1793, c'est-à-dire la
perte de sept vaisseaux et de isept mille
marins, dont la seule compensation ' fut
une imposture encore, agissante : la Ic-
gende du Vengeur!
Le désastre d'Aboukir (1798) consacra
notre déchéance.
250 navires de guerre pris, démolis ou
perdus ; 743 corsaires capturés; 25.000 ma
rins prisonniers sur les pontons anglais ;
70.000 inscrits rendus indisponibles sur
80.000 ; le commerce maritime de nos voi
sins monté de un à deux milliards : tel
était le hilan.
Et surtout, notre flotte avait, pour long
temps, perdu les traditions et l'enthou
siasme qui composaient son âme : « Huit
ans de République avaient suffi aux Jaco
bins pour détruire de fond, en comble l'éta
blissement naval fondé par Richelieu et
par Colbert. »
Si ce régime, qui vilipenda ainsi le San,*,
la substance de la France, né fut point
un régime de trahison, autant qu'un ré
gime de folie, que fut-ce donc ?
Gustave Gautherot,
professeur
à l'Université catholique r de Paris.
Au jour le jour
M. le procureur général Fabre
L'autre jour, dans un Echo, nous mon
trions M. le procureur, général Fabre en
son privé, homme doux, presque timide,
vivant au milieu de ses meubles 'd'Arles,
de ses livres provençaux, demeuré Proven
çal jusqu'au bout des ongles : M. Fabre est
né, en effet, à Aix-en-Provence, le i mars
1852. ■ ■■■■"■
Apres avoir suivi les cours des Facultés
de droit et, des lettres de sa ville natale, M. r
Fabre se fit inscrire au barreau d'Aix, en
4874. En mars 1879, il'était nommé substi
tut du procureur de la République d Di
jon,. Moins d'un an après, il revenait à Aix,
s'étant attaché d la fortune politique 'de
Victor Leydet, qui fut successivement dé
puté d'Aix puis sénateur des Bouches-du-
Rhône. L'amitié du politicien servit le jeune'
.magistrat. Après un court séjour à Dra-
guignan, comme procureur de la Républi
que, il revenait à Aix le 3 décembre 1882 —
trois ans après son entrée dans la magis
trature — comme avocat général.
Le 10 décembre 1893, il était nommé juge
au Tribunal de la Seine, et, en 1898, vice-
président. Il eut, en cette dernière qualité,
à juger le baron de Christiuni qui avait, à
Longchamp,cabossé le chapeau de M. Lour
bet, président de la République. On se rap
pelle qu'il infligea trois années d'emprison
nement d l'inculpé. Presque aussitôt, il
était nommé avocat général près la
Cour de Paris, et, le 22 avril 1909, il était
appelé à la direction des affaires civiles à
la Chancellerie. Il en sortit le 16 juillet
190t,procureur de la République près le Tri
bunal dé la Seine ; il remplissait cette fonc
tion lorsqu'il fut nommé procureur géné
ral.
La politique a. valu à M. Victor Fabre
mie carrière r.apiitei^ct brillante. Il serait
piquant qu'après l'avoir si admirablement
servi, elle causât sa perte. Ses amis fil en
a conservé pas mal à Aix, car il n'oublia
pas sss anciens camarades et poussa même
certains d'entre eux à des situations ines
pérées dans la magistrature) se montrent
rassurés à cet égard. « Il en sait tropj di
sait l'un d'eux, pour qu'on le sacrifie:.»
D'aucuns, bailleurs, demeurent stupéfaits
qu'il ait fourni les éléments du conflit dont
il est aujourd'hui.l'artisan involontaire. —
a Qu'allait il faire dans cette galère ? » di
sent-ils.
Dfautres font un rapprochement piquant.
Au moment où M. Victor Fabre débutait d
Aix comme magistrat, il fut mis en rela
tions avec un jeune procureur général re
levé de ses fonctions, M. Henry Boissard.
Ce dernier avait commis le crime, dès ce
moment impardonnable, de se conduire en
magistrat. Invité par le garde des sceaux
de l'époque à conclure devant la Cour à
l'incompétence de celle-ci, dans une affaire
où Challemel-Lacour était poursuivi en
dommages et intérêts à l'occasion d'actes
de destruction et de pillage qu'il avait lais
sé commettre à Caluire, près de Lyon,
étant préfet du Rhône en 1871, M. Henry
Boissard, se conformant à Vaxiome juridi
que qui régit les magistrats du. Parquet
« La plume est serve, mais la parole est li
bre », déposa sur le bureau de la Cour, des
conclusions écrites tendant à l'incompé
tence, puis déclara que le subordonné t
ayant rempli son devoir, le magistrat allait
remplir le sien. Et à l'aide de textes et
de décisions judiciaires, il établit si lumi
neusement que la Cour était compétente,
que celle-ci retint l'affaire au fond, et con
damna Challemel-Lacour à 100.000 francs
de dommages-intérêts.
Evidemment, ce magistrat n'était pas de
la lignée 'de ceux qui ont fait leur chemin
par la politique et par les politiciens. Sans
doute, il avait, comme certains le font ob
server, une situation de fortune qui lui
rendait moins dangereuse l'indépendance
dont il fit preuve, tandis que M. Victor Fa
bre, comme sa sœur, qui habite Aix, n'a
que des ressources modestes. Il n'en serait
pas moins remarquable que-u la justice
immanente » eût réservé au second le
même sort qu'au premier !
^AtNT-.Ro.MAît '
Maire Mette-Monis- Caillaux
A LA COMMISSION D'ENQUÊTE
Séan&® de ce matin
DÉPOSITION DK M. BÂBTHOU
La séance est ouverte à 9 h. 1/2, sous la
présidence de. M. J aurès.
M.- B art hou est introduit.
M. Jaurès. —Que savez-vous relative
ment à la iresniae de l'affaire, à l'histoire
du document Fabre ?
M. Barthou. — Quand j'ai eu le document
©n main, j'avais mesuré l'étendue des co
lères que je 'provoquerais. J\ai été injurié
et diff amé, mais je ne regrette rien. Dans
les mêmes circonstances, je referais oe que
j'ai fait devant la Chambre.
J'iai été 'accusé d'avoir inspiré la cam
pagne de M. Galmetfce, de lui avoir fourni
des documents. Je connaissais M. Cal-
mette, dont j'étais J'ami depuis vingt-cinq
ans. Ni de près ni de loin, ni directement
ni indirectement, je n'ai été ■mêlé à la cam
pagne faite pa/r M. Galmette contre M.Cail-
liaux. Les deux circonstances où je suis in
tervenu auprès de M. Galmette m'ont
amené à demander à -M. iGatmette de ne
pas publier certains documents. J'ai été
accusé d'avoir communiqué à M. Galmette
la fameuse lettre privée où. il y avait des
allusions politiques. Je l'ai complètement
ignorée. Je déclare sur mon honneur lue
c'est par le Figaro que j'ai appris non seu
lement le contenu du document, mais son
existence même.
Cette déclaration s'applique à toutes les
autres lettres privées dont on a parlé. Je
ne les ai jamais vues. Je ne les. ai jamais
connues. Je ne sais pas ce qu'elles contien
nent. J'ai été appelé à intervenir près de
M. Calmette dans les conditions suivantes :
il avait commencé sa campagne-en janvier.
Le 14 janvier j'ai été sollicité par M. Dou
mergue, président du Conseil, de faire une
démarche auprès de ÎL Galmette. 11 me dit
qu'il me demandait un service, non d'inté
rêt personnel pour M. Gailiaux et pour lni>
mais un service d'intérêt général. M. Dou-
mergi'3 croyait savoir que M. Calmette de
vait publier des dépêches relatives à des
affaires qui n'étaient pas d'ordre intérieur.
Le soir même, je suis entré en communi
cation avec M. Calmette. Je lui ai dit qu'il
pouvait y avoir des inconvénients à la pu
blication de ces documents. Il me dit qu'il
avait l'intention de les résumer. Je lui ai
montré les inconvénients de cette publica
tion. Cédant à mes supplications, il a re
noncé à cette publication. Je suis venu à la
Chambre. Après la séance, je suis a lié
trouver MM. Doumergue et Caillaux au mi
nistère des Affaires étrangères. Je leur ai
dit ce que j'avais fait. Il m'en ont vivement
remercié. Garde des sceaux au moment de
la commission d'enquête^ je n'ai pas été ap
pelé devant elle. J'ai eu à connaître de l'af
faire Rochette. M. du Mesnil a fait auprès
de moi des démarches ayant pour objet
d'introduire une sorte d'action disciplinai
re contre, un expert qui, au cours de l'ins
truction, avait pris parti contre les opéra
tions de Rochette.
Il me demandait d'obtenir la radiation
de cet expert ou une enquête disciplinaire
contre lui. -J'ai examiné ce qu'il y avait
dans le dossier de l'expert au ministère de
la Justice. J'ai constaté qu'à un moment il
avait été l'objet d'une plainte qui n'avait
pas paru justifiée à un de mes prédéces
seurs. Je déclarai à M. du Mesnil qu© je
ne pouvais Tien faire. Le résultat s'est-im
médiatement produit. J'ai été violemment
accusé et injurié à partir d'un moment
très précis 'qu'on peut - relever dans là col
lection du Rappel.
Je suis lié par des relations d'amitié'
avec M" Maurice Bernard. Jamais il ne'
s'est servi de nos relations personnelles,
pour que je mette mes services de garde
des Sceaux au service de l'avocat.
Je me souvièns qu'à un moment M® Mau
rice Bernard est venu me demander si l'on
né pourrait pas ajourner le procès Ro
chette devant le tribunal civil dans l'inté
rêt dé ses créanciers.
Il me faisait part de ce qui avait eu lieiu
lors de l'affaire Jaluzot. J'ai demandé à M.
Fabre son sentiment. Je me suis heurté au
refus le plus énergique de M. Fabre. Il es
timait que son devoir consistait à poursui
vre Rochette le plus activement possible. Il
doit y avoir, à la chancellerie, un- rapport de
M. Fabre indiquant les raisons pour les
quelles il-ne pouvait se prêter h la remise.
Au moment où la commission d'ënquêle s'est
réunie, je me suis rendu chez M. Briandv
président du conseil, avec le procureur gé
néral et le procureur de la République. M.
Briand, avec qui je me solidarise entière-,
ment, était gatfde des sceaux quand l'affaire
a" été engagée.'C'était à lui qu'il appartenait
!de délier le Procureur général et le Procureur
de la République du secret professionnel.
Nous leur avons donné pour instructions de
dire tout ce qu'ils savaient. J'ai quitté le mi
nistère de la Justice. Un soir, j'apprends que
J'affaire Rochette allait être remise. C'était,
.chez M. Lescouvé. M; Moni&r nous dit que
l'affaire allait être remise. Stupéfaction de,
M.,Lescouvé ! M. Monier de dire : « J'en suis
certain. M. Fabre a été appelé. Il a subi une
pression. L'affaire sera remise ». Mon éton-
nement égalait celui de M. Lescouvé. Quel
ques jours après, je rencontrai M. Caillaux-
qui fit allusion à cette conversation. II-
l'a située quelques mois après la remise de
l'affaire. Il se trompe. Elle est contempo
raine de la remise. Elle a eu lieu dans la
semaine où j'avais été surpris de la révéla
tion que je venais de recevoir. Je dis à M.
Caillaux : « Il ne passe au ministère de l'In
térieur des choses qui m'étonnent. Le pré
sident du Conseil a fait venir le procureur
général pour lui dire de faire remettre l'af
faire Rochette. »
■M. Caillaux me répondit que c'était lui
qui était intervenu auprès de M. Monis
pour demander le renvoi. Il me dit que
Rochette avait la liste des émissions rela
tives à certaines affaires antérieures, qu'il
se proposait de les publier, que cette pu
blication pourrait entraîner une grosse
émotion et' qu'il était intervenu près de;
M. Monis pour lui dire d'empêcher cette :
révélation. La conversation s'est terminée
à peu, près par ces mots : « S'il y avait une
intervention â. faire, pourquoi le président
du Conseil est-il intervenu! de cette façon?
Il y a un garde des Sceaux. » M. Caillaux
m'a répondu : « 11 y a la manières M. An
toine Perrier ne l'a pas. »
Quand j'ai entendu cette révélation chez
M. Lescouvé, la remise n'était pas pro
noncée. C'est très peu de jours après
qu'elle a eu lieuv
L'an dernier, je suis devenu garde des
Sceaux dû Cabinet Briand.- Il m'a remis
une note qui lui avait été confiée par M.
Fabre au moment où il avait étudié le rôle
de celui-ci dans la remise. Avant qu'il me
la .remît, j'en ignorais la oontenu. J'ai été
un peu embarrassé .par ce document de ca-r
ractère imprévu. J'ai eu la pensée dé
verser ce document à la direction des Af
faires criminelles. M. Briand m'a dit :
« Non, c'est un document qui m'a été re
mis personnellement.— Que faut-il que j'en
fasse?— Vous le passerez à votre succes
seur, » J'ai eu un instant la pensée de
détruire ce document. Je me félicite de ne
l'avoir pas fait.
^ Je gardai ce document, considérant que
3 en étais le dépositaire envers M. Briand.
Je n'en ai pas parlé avec M. Ratier, mon
successeur. Il a su que je l'avais en ma
possession. J'ai, été sollicité de le donner.
Je m 'y suis toujouirs refusé. On me dit que
je voulais m'en servir confie des adversai-
jr&s po3itiques ; Je ne m'en suis jamais servi.
J'ai été sollicité à plusieurs reprises, par M.
Calmette de le livrer. J'ai refusé. Le 7 mars
j ai rencontré M. .Calmette dans un déjeu
ner. J'ignorais qu'il dût être un des convi
ves. Si j'avais su qu'il dût être au
nombre des convives, cela ne m'eût pas
empêché d'y aller. Après le déjeuner, M.
Calmette me dit que m'avais pas été gentil
de lui refuser le document, mais qu'il était
presque sûr de l'avoir en dehors de moi
que c'était une copie. Le lundi 9, M. Cal
mette demande à me voir. Il me dit qu'il
avait, le document. Il a voulu me le lire.
Je m'y suis d'abord refusé. Il insista en
me rappelant qu'il avait cédé à des solli
citations récentes que j'avais faites au
près de lui pour empêcher certaines publi
cations.
Il me l'a_ lu. J'ai eu l'impression que ce
document était la copie exacte du rapport
de M. Fabre. J'ai demandé à M. Calmette
de ne pas le publier. M.. Calmette ne m'a
pas répondu d'une manière définitive. Il
est parti. Il est revenu à 2 h. 1/2. M.Briand,
que j'avais prévenu, est arrivé. Il a insisté
pour qu'il ne publie pas le document. M.
Calmette a donné sa parole d'honneur qu'il
ne le publierait pas.
Il ajouta qu'il en ferait un résumé très
précis. J'ai si peu inspiré ce résumé, qu'il
y avait, dans le contenu, une erreur qui
ne m'aurait pas échappé au sujet de la
prescription qu'il disait, inexactement,
avoir été acquise. Les choses en sont res
tées là, jusqu'au débat devant la Chambre.
Le vendredi, M. Delahaye a déposé un pro
jet de résolution visant moins l'affaire Ro
chette que la présence de certains hommes
politiques dans des conseils d'administra
tion.
Le lundi, j'ai appris par M. Bérard que
M. Delahaye avait déposé un projet de ré
solution visant les incidents de l'affaire Ro
chette. Je vais à la Chambre. J'ai produit
le document parce que j'estimais que c'é
tait un devoir d'honneur envers Calmette.
On commençait une campagne contre
lui en disant qu'il voulait publier certaines
lettres privées. Le sentiment de la Chambre
ne paraissait pas unanime. On voulait en
finir. Un membre du groupe socialiste uni
fié m'a mis en cause. J'avais quelque chose
à dire. Je l'ai-dit. Je m'ai pas à le regret
ter. _
A l'égard de M. Calmette, de l'opinijn
et de la Ghambre, je suis convaincu crue
j'ai fait tout mon devoir.
M. Jaurès. — Vous saviez, depuis le mo
ment de la remise, que l'intervention de
MM. Monis et Caillaux s'était produite.-
Avez-voùs fait confidence à M. Briand du
fait que vous aviez appris ?
M. Barthou. — Je n'ai pas ce souvenir
précis. J'ai causé souvent de l'affaire avec
M. Briand. Lui en ai-je parlé en ce mo
ment ? Je ne me le rappelle pas. C'est pos
sible, ou probable. Je me gatrderai d'ajou
ter--..c'est certain.
M. Jaurès. — Vous vous considériez
comme responsable du documents.envers
M. Briand. M. Briand nous a dit qu il con
sidérait oe document comme personnel au
garde des sceaux. Ne vous a-t-il pas fait
connaître le• caractère qu'il y attachait ? \
M. Barthou. — Il m'a dit que je devais
remettre-ce .document à mon successeur.
Je lui ai fait observer que oe n'était pas
un document de chancellerie. La meilleur©
preuve est qu'il n'est pas enregistré.
C'est parce que je ne "pensais pas le re
mettre à la direction des .affaires criminel
les et que j'apercevais les inconvénients de
la procédure consistant à le faire passer
de main en main que je l'ai gardé.
M. Jaurès. — Pour Je faire,;sortir 'de la
Chancellerie,ne fallait-il pas l'assentiment
du procureur général ?
Avez-vous prévenu M. Briand que vous
l'emportiez ?..
M. Barthou. — Oui.
M. Jaurès. — Il ne vous a pas fait d'ob
jection ?
M. Barthou.- — Non. La conversation a
été extrêmement rapide. A ce moment, ni
M. Brwnd ni moi n'attachions une impor
tance extrême à un document dont la subs
tance était connue au Palais.
M. Jaurès. — Le document perdait de sa
valeur en émigrant de fa Chancellerie ?
M. Barthou. — Il n'y était pas.
M. Jaurès. —■ Il était aux mains du garde
des soeaux, qui en avait la responsabilité,
tandis qu'un document qui va aux mains
du particulier que vous étiez redevenu
n'avait même plus de'garanties de sécu
rité. A la Chancellerie, il était sûr qu'il
ne pouvait pas être copié. Comment pou-
viez-vous irépondre qu'il ne serait pas co.
pié, étant chez vous ?
M. Barthou. — Je ne connais qu'une
forme de dépôt authentique à la Chancel
lerie : ce sont les documents enregistrés.
Il n'y a pas, dans l'histoke des ministères,
un document qui n'appartienne à aucun
dossier.
M. Jaurès. — Pour vous demander de lui
communiquer le document, il fallait que
M. Calmette sût que vous l'aviez entre les
mains.
M., Barthou. — Incontestablement. M.
Briand avait été .appelé à dire qu'il s'était
dessaisi de ce document entre mes mains.
Or, Calmette n'était pas seul à l£ savoir.
D'autres directeurs de journaux me l'ont
demandé. Je l'ai refusé.
M. Jaurès. — Avez-vous dit à M. Cal
mette que vous aviez le-document ?
M. Barthou. — Non. Comme j'avais line
chose dont vous pouvez vous étonner et
que je m'avais pas à dissimuler, je ne l'ai
jamais caché. On le savait, je ne l'avais
jamais nié.
M. Jaurès. — Avez-vous pris toutes les '
précautions, difficiles à prendre dans le
privé, pour empêcher .qu'il en soit pris co
pie ? Le procureur général affirme que s'il
a communiqué le document en lecture,
c'est dans des conditions telles qu'il a été
impossible que personne en prît copie.
Pouvez-vous affirmer que le document
n'a pas été copié et communiqué à M. Cal
mette ?
M. Barthou. — Je crois être assez sûr de
mon privé pour affirmer que le document
n'a pas été copié chez moi. Si je déclarais
à la commission que tel oollègue, pendant
que je lisais le document, se rappelait l'a
voir entendu lire six mois avant ? Ce col
lègue y trouvait, non seulement l'enchaîne
ment dés faits; mais l'enchaînement des
phrases qu'il avait entendues quelques
mois avant.: A la tribune des journalistes,
on disait, pendant que je lisais, , que c'é
tait le document offert à leurs directeurs.
M. Gustave Téry devait le publier. Sous le
ministère Briand, j'ai eu une conversation
avec M. Sauerwein, rédacteur au Matin.
Un jour, il m'a parlé de différentes af
faires. Il m'a dit : « Il y a bien des choses
que vous me cachez. Il y a une chose que
je ne vous demanderai pas. J'ai une photo
graphie du rapport déposé par M. Fabre. »
M. Sauerwein est mort. Il y a un témoin :
M. Lescouvé. Il y a un an, M. Sauerwein
lui a dit avoir la photographie du procès-
verbal dressé par M. Fabre. Je n'ai pas vu
cette photographie.
M. Jaurès. — Si un journaliste apparte
nant à un journal aussi retentissant avait
eu la photographie d'un document aussi,
sensationnel, c'eût été de l'héroïsme de ne
pas le publier.
M. Barthou. — Si j'avais voulu le pu
blier, j'ai eu l'occasion de le faire. Je reçus
un jour iM° Maurice Bernard qui m'a dit
avoir eu une conversation avec M. Cail
laux. M. Caillaux lui a dit. *, « Ils ont un
procès-verbal. Moi aussi, j'ai le mien. «
M. Caillaux a dit à M e Maurice Bernard
qu'il avait fait venir M. Fabre deux fois,
la première pour lui demander les ins
tructions qu'il avait reçues de M. Briand
et de moi. La seconde pour les lui faire ré
péter. M. Caillaux a ajouté que ces décla^
rations avaient été enregistrées par deux
personnes dissimulées derrière des portiè-!
res. Comme M 0 Maurice Bernard s'éton
nait et disait que cette confidence ne pou
vait avoir d'intérêt pour lui que s'il pouvait
me la rapporter : « Je ne vois pas d'incon
vénient à la rapporter », a fait M. Caillaux..
M" Maurice Bernard m'a dit cela. J'ai fait
venir M. Briand. Nous avons eu une con
férence avec M 0 Maurice Bernard. i
Puisqu'on dressait un procès-verbal .
dans des conditions aussi singulières,-
j'avais la partie belle. J'aurais pu publier
les documents. Je n'ai pas voulu Je faire.-
M. Jaurès. — Quand vous avez porté le
document a la tribune, saviez-vous que
M. BienvenurMartin avait fait rechercher,
le document sans le trouver ? A quel mo
ment M. Calmette vous a-t-il demandé la
document et à quelle date vous a-t-il dit
qu'il l'avait entre les mains? -
M. Barthou. — Entre le samedi et te
lundi.
M. Delahaye. — Avez-vous revu M. Cal-!
mette depuis le lundi ?
M. Barthou. — Non.
M. André Lefèvre. — Avez-vous entendil
parler diu calepin du procureur général %
. M..B a rthou. — Non.
M. Chauiemps. — Vous avez dit que vous
aviez connu la pression exercée par M.Mo-
nis sur le procureur général avant que lai
remise fût accordée. M. Briand l'a-t-il con*
nue également ?
M. Barthou. — Je ne sais pas. Je n'ai
pas fait partie du second ministère
Briand. Il y a eu, un moment, une froi
deur dans nos relations. C'est à mon re
tour d'un long voyage que j'ai dîné chez
M. Lescouvé. Nous n'avions pas encore rer>
pris avec M. Bri'and nos relations cordia
les. Après que nous nous fûmes expliqués,
nos relations sont redevenu es plus cor-'
diales qu'auparavant. i
■ -M. Ciiarles Leboucq. -- Ne pourriez-
vous retrouver la date du dîner chez M.-
Lescouvé ? •
M. Barthou. — Je n'ai pas d'agenda".
J'inscris sur mon Tout-Paris mes convoca
tions. Peut-être M. Lescouvé en a-t-il un.
M. Franklin-Bouillon.i —..M, Briand a;
dit hier qu'il avait laissé ce document à
son successeur. C'était, dans sa pensée,
une pièce pour le ministre. Vous prétende»
avoir dit à M 0 Maurice Bernard que voua
la garderiez. Si vous lui avez tenu ce pro
pos, il n'avait pas le droit de vous la re
mettre.
Vous avez dit que vous vous considériez
comme dépositaire vis-à-vis de M. Briand.
Au moment où vous l'avez lue à la Cham
bre, aviez-vous consulté M. Briand'? Lui
avez-vous demandé avis sur l'opportunité
de lire à la tribune un document emporté
par un ancien garde des sceaux ?
* {Voir, la suite en Dernière. Heure:)
~wi3.>,-... il»*.'-**»
Quatre-vingt-unième année. — 16.323.
- ; ABONNEMENTS
PARIS ÉTRANGER
M Départements (Union postait)
t T n an . 25 fr. 36 fr.
Six-mois . 13 • 19 •
Trois mois....... 7 • , 10 »
LE NUMÉRO :10 centimes
E>épôt Lê~ .«
Êeiaa <
MERCREDI 25 MARS 1914
10* •l'A'-j
ADJÎlMSTRATIO.l & RÉDACTION :
Paris, 19, rue des Saints-Pères (VI # arroai 1 )
DÉPÔT A ROME : es, rua dk la hkskv»
Zet manuscrits non insérés ne sont pas reniut
Les mandats et bons de poste
doivent être adressés
à M. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE !
7hi milieu des facli^ftjs de tonte espèce, nous tj'apparteuogt
'a l'Eglise et à Jr,-Patrie.
,.*r
. £6uis VEOILLOT : Programma He l'Univers (1842)
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
19, ihio des Saints-Pères
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ BELIGIEUSB
•' .6, place de la Bourse
TÉLÉPHONE 751-55
PARIS, 24 MARS 1914
En revenant d'Orléans
; £3*""" -
. Conversation avec Mgr Touchet
. L'Univers a rapporté, hier, la magni
fique ' réunion catholique de 'dimanche
à Orléans. Plus de quatre mille hom
mes, peut-être cinq (je n'aime pas
-{bluffer), tous électeurs, accourus à l'in
vitation de leur évêque, un. des plus
actifs et des plus populaires de France
"—et, agissant 'sur ce vaste auditoire;
' l'éloquence forte et élégante de M 6 Jac
quier de Lyon, puis de Mgr Touchet
luirmême, lequel a réussi à animer des
documente et des chiffres : quelle fête !
mais surtout quel réconfort dans nos
tristesses actuelles, et quels espoirs au
torisés pour l'avenir l Voilà un diocèse
indolent, et qui était détaché de la pra
tique, sinon de ïa foi .: nous avons vu
ce que peut en faire en quelques années
•un évêque qui n'opère pas seulement
.par, mandements lointains, par dis
cours, même éloquents, mais qui met
la main à la-, pâte, visite continuellement
ses paroisses, prend contact avec ses
prêtres et. ses diocésains. et leur rend
le goût de l'action'en agissant. Avec les
! hommes qu'il a galvanisés, seulement
à Orléans et aux alentours, il rempli-
- rait,- et au delà, la salle Wagram à Pa-
■ ris. ' '• -
* Ce n'était pas une réunion de piété ;
ces milliers de catholiques étaient venus
en eitoyens, rendus enfin au sentiment
de leurs droits et de leurs devoirs de
. citoyens, et .c'est d'action civique qu'on
leur a parlé. C'est pourquoi, je n'ai vu
aucune indiscrétion, en conversant avec
: Mgr Touchet, à lui dire que j'avais eu
un peu l'illusion de la réunion Kcller-
Bcllomayre à Paris, sauf qu'à celle-là
; il n'y. avait pas eu d'évêque. Et il m'a
répondu que. c Y était, en effet, le même
fout que, de Son côté, il poursuivait, que
l'évêqu.e étant avant tout Docteur, il
croyait de son devoir d'eiiseigner à'ses
diocésains les principes qui les guide
raient. dans l'action civique, mais
qu'une fois engagée cette action, et par
exemple en période électorale, .il comp
tait bien, lui et ses prêtres, se réserver,
ne pas désigner de candidats, ne pas
se mêler à une lutte qui ne convenait
pas au caractère sacerdotal. Notre in
fluenee, ajoutait-il, pour- être indirecte
et médiate, n'en sera pas moins effec
tive.
■ — C'est donc, vous, Monseigneur, qui
établissez le cahier des revendications,
vos diocésains le proposeront ensuite
aux candidats ?,
: —Oui. Le Pape d'abord, le rétablis
sement des rapports avec.Rome ; et puis
; la liberté d'enseignement,'-.avec le re
tour des maîtres congréganistes sans
: lesquels cette liberté, pour les catholi
ques, n'est qu'un mot.
■. j — Vos Catholiques sont-ils- disposés à
.exiger cela absolument, l'inscription
[très nette de ces articles sur le pro
gramme des candidats?
j — Je le crois.
I ■— Alors, à Orléans, on est guéri du
« moins mauvais » ? Entre deux candi
dats également hostiles à la religion, au
. cléricalisme, comme ils disent on ne
" {votera pas d'office pour le plus veule,
, sous prétexte qu'il est le plus gentil, ou
- même pour le troisanniste?
j — Lç moins mauvais, du moment
' jqu 'il médite la ruine de l 'Eglise, est
jtrop mauvais. Je ne pense pas que les
(catholiques Orléanais marchent pour
- lui. . ■ \
■ ! Voilà des' points acquis dans ce dio-
. icèse comme dans tant d'autres. Le « bon
sens » d'Orléans, Dieu merci, s'accom-
. ;.pagne de virilité. C'est du laisser-aller
!de dire : Je n'ai le choix qu'entre deux
jrnauvais candidats, .mais il y en a un
■ iqui est plus « national », je vote pour
lui. Depuis quand est-on « national »
' Jvoulant du mal au catholicisme? Le ca
tholicisme est une des forces les plus
jessentielles, nécessaires, de 1 la patrie
ifrançaise, au dedans discipline, au de-
• jhors drapeau. Nous n'admettons pas la
•dissociation. Un anticatholique, qu'il le
^veuille ou non, fait de mauvaise beso-
jgne française. C'est du point de vue na-
' ïional que je ne voterai pas pour lui.
Si au point de vue national s'ajoute
(le point de vue religieux, c'est encore
jplus évident ! Et chez qui est-il plus
' {naturel qu'il s'y ajoute, sinon chez un
évêque?
Jacques ROCAFORT.
Pour les Elections
ABONNEMENTS DE PROPAGANDE
En raison de l'importance des prochai-
,nés élections législatives, nous avons dé
cidé de créer des abonnements de propa-t
g onde-
Ces abonnements partiront de n'importe
'.'quelle date et seront servis au prix réduit
de 1 fr. 50 par mois.
Ceux de nos amis désirant aider à cette
propagande n'auront qu'à nous envoyer le
montant des abonnements qu'ils 'désirent
faire servir, en ^noug indiquant les noms cJ.
adresses des personnes qui doivent èn pro-i
fiter.
Ils peuvent aussi nous envoyer simple
ment l'argent en se reposant sur nous pour
la distribution des abonnements.
N.-B. — Pour arrêter les malentendus
qui se sont déjà produits, nous croyons
utile de spécifier que nous n'acceptons, au
prix de 1 fr. 50, que des abonnements li
mités à un mois
Régime de trahison
>x>
Le régime actuel se décompose, sous nos
yeux, dans la boue et dans le sang. Il en
résulte le plus grave des périls nationaux,
car un pays qui n'a plus de gouverne
ment, —- et ni le ministère Doumergue, ni
ses souteneurs parlementaires ne méri
tent ce nom, — est un pays en liquidation.
Or, tandis que tous les tons Français
commencent 4 s'en apercevoir et à cher
cher avec angoisse de quel côté viendra
le salut, l'Etranger ne désire qu'une
chose : que;cela dure/que les vers ron
gent, jusqu'au bout, le cadavre !
A ce sujet, le Temps de vendredi der
nier publiait une lettre dont M. Abel Her-
mant a reconnu, à coup sûr, le caractère
« historique ».
« La sympathie et la pitié du public al
lemand, écrivait de Berlin le correspon
dant du Temps, vont à l'ancien ministre
des finances qu'on voit -avec regret dis
paraître de la scène politique française...
Pourquoi? Y avait-il dans cette attrac
tion consciente ou non un souvenir de cer
taines initiatives brusquement prises par
le président du Conseil (Caillaux) lors des
négociations Congo-Maroc de 1911?... En
fait et surtout pour la masse allemande,
M. Caillaux plaisait parce qu'il était l'ad
versaire convaincu de la loi de trois ans. »
Le Temps concluait avec raison : « L'opi
nion allemande désire que la politique
française reste sous l'influence néfaste qui
nous a coûté la cession d'une colonie en
pleine paix et qui nous menace de l'im
puissance militaire. »
_ Nous comprenons 1' « attraction» prus
sienne pour le trop « roué. » Caillaux. Mais
il est une chose qu'à l'Univers nous com
prenons moins : comment des esprits - qui
s'indignent des effets du régime, — les
destinées de la France remises au sieur
Caillaux et. à ..ses complices, — veulent-ils
encore en conserver la cause, — le régime
lui-même ? ;
Ignoirent-ils son histoire? Si non, ne
vodent-ils pas qu'il a, dès l'origine, fait le
jeu de l'Etranger ?
Le même numéro du Temps r— 20 mars
1914 — signalait à plusieurs reprises l'ana
logie frappante, croissante, «ntre 1914 et
1793: « C'est lia .renaissance du Comité de
Salut public », observait l'éditorial, à pro
pos die la Commission d'enquête, et le ré-
dacteiur blâmait la « procédure révolution
naire »> qui, pair « une fâcheuse confusion
de pouvoirs »>, risquait « de nous éloigner
de la justice au lieu de nous en rappro
cher ». Nous avons simplement « modifié
les procédés révolutionnaires », notait
M. Abel Hermant dans sa Vie à Paris :
« On ne descend plus dans la rue... nous
ne pratiquons plus Cia terreur franche-
msant, nous avons 'lavé et séché la guillo
tine. »
. La guillotine a même été remplacée par
autre chose, et lies « procédés » de «( dé
fense- républicaine » n'en sont, pas moins
scélérats.-Mais il y a~bi«n.d'autres ressem
blances entreles deux époiqaes, ôt puisque
certains crimes de haute trahison sortent
auojurd'huâ de l'ombre, il n'est pas inu
tile de rappedier à quel point les politiciens
jacobins ont livré la patrie française à son
ennemie héréditaire et implacable, l'An
gleterre. -
« L'objet invariable de la politique an
glaise, écrivait, 'en 1774, Die diplomate Gé
rard. de Rayneval, est non seulement
l'abaissement de la France, mais sa des
truction et sa ruine. Pour nous anéantir,
tous les moyens sont justes, légitimes et
même nécessaires, pourvu qu'ils soient ef
ficaces. .»
Ces « moyens », — qui visaient avant
touit à détruire notre marine, l'obstacle qui
s'opposait à son impérialisme — eurent
pour agents, beaucoup de nos meneurs ré
volutionnaires, ( ( professionnels de l'intri
gue et de l'émeute ».
En 1789,1e Foreign-Office alloue 1.250.000
livres aux Genevois Clavière, Duroveray,
Dumont, Reybaz qui, die' Londres, viennent
à Paris sonner dans leurs feuilles incen
diaires, « le glas de l'antique Constitution
française ». Dès le 12 juin, MflJdieir monte
à la tribune, pour réclamer l'expulsion de
« l'étranger, pensionnaire du Roi d'Angle
terre, qu'on voit depuis plusieurs jours
écrire et faire, circuler des billets dans la
salle »; mais Mirabeau défend « le citoyen
du monde » et s'écrie : « Souffrirez-vous
qu'un martyr de la liberté,—(Duroveray),
— reçoive ici un outrage ! »
Brissot, Sieyès et Condorcet avaient fon
dé la Société des Amis des Noirs, en appa
rence issue de la loge des Philantropes.
En fait, elle était dirigée de Londres par
lord Starihope, qui se déclarera « sans
culotte »; .le docteur Price, qui fera voter
par la Société des Amis de la Révolution de
Londres un hommage à la Constituante,
et par le docteur Priestley, qui sera procla
mé «citoyen français». Le député Faydel,
qui habitait non loin de là maison où sié
geait le Club des Amis des Noirs, raconte
dans ses Souvenirs comment l'argent an
glais arrosait ces « agents d'Albion »,
De 1789 à 1791, Montmorin et La.
Luzerne ne cessèrent de dénoncer les con
voitises d'une nation dont les échanges co
loniaux ne s'élevaient qu'à 152 millions,
tandis que les nôtres atteignaient 300 mil
lions. Le ministre des Affaires étrangères
accuse, par exemple, le duc de Dorset,
ambassadeur d'Angleterre, d'avoir, $>lus
ou moins directement, « répandu l'argent
avec la plus grande profusion parmi les
soldats comme parmi le peuple « ; et no
tre . ambassadeur à Londres annonce
qu' « il y a à Paris deux particuliers an
glais* l'un nommé Danton et l'autre
nommé Paré — (futur ministre lui aussi t]
— que quelques personnes soupçonnent
d'être r les 1 agents les plus 'particuliers -du
gouvernement anglais ». s ; *
Ceux, qui ne furent, point soudoyés agi
rent exactement comme s'ils l'étaient : tels
!s fr.". Prieur de la Marne et Jeianbon-
Saint-André, qui firent prévaloir à Brest
les .principes d'indiscipline,d'incompétence
et d'incohérence, et amenèrent ainsi la dé
faite du 13 prairial 1793, c'est-à-dire la
perte de sept vaisseaux et de isept mille
marins, dont la seule compensation ' fut
une imposture encore, agissante : la Ic-
gende du Vengeur!
Le désastre d'Aboukir (1798) consacra
notre déchéance.
250 navires de guerre pris, démolis ou
perdus ; 743 corsaires capturés; 25.000 ma
rins prisonniers sur les pontons anglais ;
70.000 inscrits rendus indisponibles sur
80.000 ; le commerce maritime de nos voi
sins monté de un à deux milliards : tel
était le hilan.
Et surtout, notre flotte avait, pour long
temps, perdu les traditions et l'enthou
siasme qui composaient son âme : « Huit
ans de République avaient suffi aux Jaco
bins pour détruire de fond, en comble l'éta
blissement naval fondé par Richelieu et
par Colbert. »
Si ce régime, qui vilipenda ainsi le San,*,
la substance de la France, né fut point
un régime de trahison, autant qu'un ré
gime de folie, que fut-ce donc ?
Gustave Gautherot,
professeur
à l'Université catholique r de Paris.
Au jour le jour
M. le procureur général Fabre
L'autre jour, dans un Echo, nous mon
trions M. le procureur, général Fabre en
son privé, homme doux, presque timide,
vivant au milieu de ses meubles 'd'Arles,
de ses livres provençaux, demeuré Proven
çal jusqu'au bout des ongles : M. Fabre est
né, en effet, à Aix-en-Provence, le i mars
1852. ■ ■■■■"■
Apres avoir suivi les cours des Facultés
de droit et, des lettres de sa ville natale, M. r
Fabre se fit inscrire au barreau d'Aix, en
4874. En mars 1879, il'était nommé substi
tut du procureur de la République d Di
jon,. Moins d'un an après, il revenait à Aix,
s'étant attaché d la fortune politique 'de
Victor Leydet, qui fut successivement dé
puté d'Aix puis sénateur des Bouches-du-
Rhône. L'amitié du politicien servit le jeune'
.magistrat. Après un court séjour à Dra-
guignan, comme procureur de la Républi
que, il revenait à Aix le 3 décembre 1882 —
trois ans après son entrée dans la magis
trature — comme avocat général.
Le 10 décembre 1893, il était nommé juge
au Tribunal de la Seine, et, en 1898, vice-
président. Il eut, en cette dernière qualité,
à juger le baron de Christiuni qui avait, à
Longchamp,cabossé le chapeau de M. Lour
bet, président de la République. On se rap
pelle qu'il infligea trois années d'emprison
nement d l'inculpé. Presque aussitôt, il
était nommé avocat général près la
Cour de Paris, et, le 22 avril 1909, il était
appelé à la direction des affaires civiles à
la Chancellerie. Il en sortit le 16 juillet
190t,procureur de la République près le Tri
bunal dé la Seine ; il remplissait cette fonc
tion lorsqu'il fut nommé procureur géné
ral.
La politique a. valu à M. Victor Fabre
mie carrière r.apiitei^ct brillante. Il serait
piquant qu'après l'avoir si admirablement
servi, elle causât sa perte. Ses amis fil en
a conservé pas mal à Aix, car il n'oublia
pas sss anciens camarades et poussa même
certains d'entre eux à des situations ines
pérées dans la magistrature) se montrent
rassurés à cet égard. « Il en sait tropj di
sait l'un d'eux, pour qu'on le sacrifie:.»
D'aucuns, bailleurs, demeurent stupéfaits
qu'il ait fourni les éléments du conflit dont
il est aujourd'hui.l'artisan involontaire. —
a Qu'allait il faire dans cette galère ? » di
sent-ils.
Dfautres font un rapprochement piquant.
Au moment où M. Victor Fabre débutait d
Aix comme magistrat, il fut mis en rela
tions avec un jeune procureur général re
levé de ses fonctions, M. Henry Boissard.
Ce dernier avait commis le crime, dès ce
moment impardonnable, de se conduire en
magistrat. Invité par le garde des sceaux
de l'époque à conclure devant la Cour à
l'incompétence de celle-ci, dans une affaire
où Challemel-Lacour était poursuivi en
dommages et intérêts à l'occasion d'actes
de destruction et de pillage qu'il avait lais
sé commettre à Caluire, près de Lyon,
étant préfet du Rhône en 1871, M. Henry
Boissard, se conformant à Vaxiome juridi
que qui régit les magistrats du. Parquet
« La plume est serve, mais la parole est li
bre », déposa sur le bureau de la Cour, des
conclusions écrites tendant à l'incompé
tence, puis déclara que le subordonné t
ayant rempli son devoir, le magistrat allait
remplir le sien. Et à l'aide de textes et
de décisions judiciaires, il établit si lumi
neusement que la Cour était compétente,
que celle-ci retint l'affaire au fond, et con
damna Challemel-Lacour à 100.000 francs
de dommages-intérêts.
Evidemment, ce magistrat n'était pas de
la lignée 'de ceux qui ont fait leur chemin
par la politique et par les politiciens. Sans
doute, il avait, comme certains le font ob
server, une situation de fortune qui lui
rendait moins dangereuse l'indépendance
dont il fit preuve, tandis que M. Victor Fa
bre, comme sa sœur, qui habite Aix, n'a
que des ressources modestes. Il n'en serait
pas moins remarquable que-u la justice
immanente » eût réservé au second le
même sort qu'au premier !
^AtNT-.Ro.MAît '
Maire Mette-Monis- Caillaux
A LA COMMISSION D'ENQUÊTE
Séan&® de ce matin
DÉPOSITION DK M. BÂBTHOU
La séance est ouverte à 9 h. 1/2, sous la
présidence de. M. J aurès.
M.- B art hou est introduit.
M. Jaurès. —Que savez-vous relative
ment à la iresniae de l'affaire, à l'histoire
du document Fabre ?
M. Barthou. — Quand j'ai eu le document
©n main, j'avais mesuré l'étendue des co
lères que je 'provoquerais. J\ai été injurié
et diff amé, mais je ne regrette rien. Dans
les mêmes circonstances, je referais oe que
j'ai fait devant la Chambre.
J'iai été 'accusé d'avoir inspiré la cam
pagne de M. Galmetfce, de lui avoir fourni
des documents. Je connaissais M. Cal-
mette, dont j'étais J'ami depuis vingt-cinq
ans. Ni de près ni de loin, ni directement
ni indirectement, je n'ai été ■mêlé à la cam
pagne faite pa/r M. Galmette contre M.Cail-
liaux. Les deux circonstances où je suis in
tervenu auprès de M. Galmette m'ont
amené à demander à -M. iGatmette de ne
pas publier certains documents. J'ai été
accusé d'avoir communiqué à M. Galmette
la fameuse lettre privée où. il y avait des
allusions politiques. Je l'ai complètement
ignorée. Je déclare sur mon honneur lue
c'est par le Figaro que j'ai appris non seu
lement le contenu du document, mais son
existence même.
Cette déclaration s'applique à toutes les
autres lettres privées dont on a parlé. Je
ne les ai jamais vues. Je ne les. ai jamais
connues. Je ne sais pas ce qu'elles contien
nent. J'ai été appelé à intervenir près de
M. Calmette dans les conditions suivantes :
il avait commencé sa campagne-en janvier.
Le 14 janvier j'ai été sollicité par M. Dou
mergue, président du Conseil, de faire une
démarche auprès de ÎL Galmette. 11 me dit
qu'il me demandait un service, non d'inté
rêt personnel pour M. Gailiaux et pour lni>
mais un service d'intérêt général. M. Dou-
mergi'3 croyait savoir que M. Calmette de
vait publier des dépêches relatives à des
affaires qui n'étaient pas d'ordre intérieur.
Le soir même, je suis entré en communi
cation avec M. Calmette. Je lui ai dit qu'il
pouvait y avoir des inconvénients à la pu
blication de ces documents. Il me dit qu'il
avait l'intention de les résumer. Je lui ai
montré les inconvénients de cette publica
tion. Cédant à mes supplications, il a re
noncé à cette publication. Je suis venu à la
Chambre. Après la séance, je suis a lié
trouver MM. Doumergue et Caillaux au mi
nistère des Affaires étrangères. Je leur ai
dit ce que j'avais fait. Il m'en ont vivement
remercié. Garde des sceaux au moment de
la commission d'enquête^ je n'ai pas été ap
pelé devant elle. J'ai eu à connaître de l'af
faire Rochette. M. du Mesnil a fait auprès
de moi des démarches ayant pour objet
d'introduire une sorte d'action disciplinai
re contre, un expert qui, au cours de l'ins
truction, avait pris parti contre les opéra
tions de Rochette.
Il me demandait d'obtenir la radiation
de cet expert ou une enquête disciplinaire
contre lui. -J'ai examiné ce qu'il y avait
dans le dossier de l'expert au ministère de
la Justice. J'ai constaté qu'à un moment il
avait été l'objet d'une plainte qui n'avait
pas paru justifiée à un de mes prédéces
seurs. Je déclarai à M. du Mesnil qu© je
ne pouvais Tien faire. Le résultat s'est-im
médiatement produit. J'ai été violemment
accusé et injurié à partir d'un moment
très précis 'qu'on peut - relever dans là col
lection du Rappel.
Je suis lié par des relations d'amitié'
avec M" Maurice Bernard. Jamais il ne'
s'est servi de nos relations personnelles,
pour que je mette mes services de garde
des Sceaux au service de l'avocat.
Je me souvièns qu'à un moment M® Mau
rice Bernard est venu me demander si l'on
né pourrait pas ajourner le procès Ro
chette devant le tribunal civil dans l'inté
rêt dé ses créanciers.
Il me faisait part de ce qui avait eu lieiu
lors de l'affaire Jaluzot. J'ai demandé à M.
Fabre son sentiment. Je me suis heurté au
refus le plus énergique de M. Fabre. Il es
timait que son devoir consistait à poursui
vre Rochette le plus activement possible. Il
doit y avoir, à la chancellerie, un- rapport de
M. Fabre indiquant les raisons pour les
quelles il-ne pouvait se prêter h la remise.
Au moment où la commission d'ënquêle s'est
réunie, je me suis rendu chez M. Briandv
président du conseil, avec le procureur gé
néral et le procureur de la République. M.
Briand, avec qui je me solidarise entière-,
ment, était gatfde des sceaux quand l'affaire
a" été engagée.'C'était à lui qu'il appartenait
!de délier le Procureur général et le Procureur
de la République du secret professionnel.
Nous leur avons donné pour instructions de
dire tout ce qu'ils savaient. J'ai quitté le mi
nistère de la Justice. Un soir, j'apprends que
J'affaire Rochette allait être remise. C'était,
.chez M. Lescouvé. M; Moni&r nous dit que
l'affaire allait être remise. Stupéfaction de,
M.,Lescouvé ! M. Monier de dire : « J'en suis
certain. M. Fabre a été appelé. Il a subi une
pression. L'affaire sera remise ». Mon éton-
nement égalait celui de M. Lescouvé. Quel
ques jours après, je rencontrai M. Caillaux-
qui fit allusion à cette conversation. II-
l'a située quelques mois après la remise de
l'affaire. Il se trompe. Elle est contempo
raine de la remise. Elle a eu lieu dans la
semaine où j'avais été surpris de la révéla
tion que je venais de recevoir. Je dis à M.
Caillaux : « Il ne passe au ministère de l'In
térieur des choses qui m'étonnent. Le pré
sident du Conseil a fait venir le procureur
général pour lui dire de faire remettre l'af
faire Rochette. »
■M. Caillaux me répondit que c'était lui
qui était intervenu auprès de M. Monis
pour demander le renvoi. Il me dit que
Rochette avait la liste des émissions rela
tives à certaines affaires antérieures, qu'il
se proposait de les publier, que cette pu
blication pourrait entraîner une grosse
émotion et' qu'il était intervenu près de;
M. Monis pour lui dire d'empêcher cette :
révélation. La conversation s'est terminée
à peu, près par ces mots : « S'il y avait une
intervention â. faire, pourquoi le président
du Conseil est-il intervenu! de cette façon?
Il y a un garde des Sceaux. » M. Caillaux
m'a répondu : « 11 y a la manières M. An
toine Perrier ne l'a pas. »
Quand j'ai entendu cette révélation chez
M. Lescouvé, la remise n'était pas pro
noncée. C'est très peu de jours après
qu'elle a eu lieuv
L'an dernier, je suis devenu garde des
Sceaux dû Cabinet Briand.- Il m'a remis
une note qui lui avait été confiée par M.
Fabre au moment où il avait étudié le rôle
de celui-ci dans la remise. Avant qu'il me
la .remît, j'en ignorais la oontenu. J'ai été
un peu embarrassé .par ce document de ca-r
ractère imprévu. J'ai eu la pensée dé
verser ce document à la direction des Af
faires criminelles. M. Briand m'a dit :
« Non, c'est un document qui m'a été re
mis personnellement.— Que faut-il que j'en
fasse?— Vous le passerez à votre succes
seur, » J'ai eu un instant la pensée de
détruire ce document. Je me félicite de ne
l'avoir pas fait.
^ Je gardai ce document, considérant que
3 en étais le dépositaire envers M. Briand.
Je n'en ai pas parlé avec M. Ratier, mon
successeur. Il a su que je l'avais en ma
possession. J'ai, été sollicité de le donner.
Je m 'y suis toujouirs refusé. On me dit que
je voulais m'en servir confie des adversai-
jr&s po3itiques ; Je ne m'en suis jamais servi.
J'ai été sollicité à plusieurs reprises, par M.
Calmette de le livrer. J'ai refusé. Le 7 mars
j ai rencontré M. .Calmette dans un déjeu
ner. J'ignorais qu'il dût être un des convi
ves. Si j'avais su qu'il dût être au
nombre des convives, cela ne m'eût pas
empêché d'y aller. Après le déjeuner, M.
Calmette me dit que m'avais pas été gentil
de lui refuser le document, mais qu'il était
presque sûr de l'avoir en dehors de moi
que c'était une copie. Le lundi 9, M. Cal
mette demande à me voir. Il me dit qu'il
avait, le document. Il a voulu me le lire.
Je m'y suis d'abord refusé. Il insista en
me rappelant qu'il avait cédé à des solli
citations récentes que j'avais faites au
près de lui pour empêcher certaines publi
cations.
Il me l'a_ lu. J'ai eu l'impression que ce
document était la copie exacte du rapport
de M. Fabre. J'ai demandé à M. Calmette
de ne pas le publier. M.. Calmette ne m'a
pas répondu d'une manière définitive. Il
est parti. Il est revenu à 2 h. 1/2. M.Briand,
que j'avais prévenu, est arrivé. Il a insisté
pour qu'il ne publie pas le document. M.
Calmette a donné sa parole d'honneur qu'il
ne le publierait pas.
Il ajouta qu'il en ferait un résumé très
précis. J'ai si peu inspiré ce résumé, qu'il
y avait, dans le contenu, une erreur qui
ne m'aurait pas échappé au sujet de la
prescription qu'il disait, inexactement,
avoir été acquise. Les choses en sont res
tées là, jusqu'au débat devant la Chambre.
Le vendredi, M. Delahaye a déposé un pro
jet de résolution visant moins l'affaire Ro
chette que la présence de certains hommes
politiques dans des conseils d'administra
tion.
Le lundi, j'ai appris par M. Bérard que
M. Delahaye avait déposé un projet de ré
solution visant les incidents de l'affaire Ro
chette. Je vais à la Chambre. J'ai produit
le document parce que j'estimais que c'é
tait un devoir d'honneur envers Calmette.
On commençait une campagne contre
lui en disant qu'il voulait publier certaines
lettres privées. Le sentiment de la Chambre
ne paraissait pas unanime. On voulait en
finir. Un membre du groupe socialiste uni
fié m'a mis en cause. J'avais quelque chose
à dire. Je l'ai-dit. Je m'ai pas à le regret
ter. _
A l'égard de M. Calmette, de l'opinijn
et de la Ghambre, je suis convaincu crue
j'ai fait tout mon devoir.
M. Jaurès. — Vous saviez, depuis le mo
ment de la remise, que l'intervention de
MM. Monis et Caillaux s'était produite.-
Avez-voùs fait confidence à M. Briand du
fait que vous aviez appris ?
M. Barthou. — Je n'ai pas ce souvenir
précis. J'ai causé souvent de l'affaire avec
M. Briand. Lui en ai-je parlé en ce mo
ment ? Je ne me le rappelle pas. C'est pos
sible, ou probable. Je me gatrderai d'ajou
ter--..c'est certain.
M. Jaurès. — Vous vous considériez
comme responsable du documents.envers
M. Briand. M. Briand nous a dit qu il con
sidérait oe document comme personnel au
garde des sceaux. Ne vous a-t-il pas fait
connaître le• caractère qu'il y attachait ? \
M. Barthou. — Il m'a dit que je devais
remettre-ce .document à mon successeur.
Je lui ai fait observer que oe n'était pas
un document de chancellerie. La meilleur©
preuve est qu'il n'est pas enregistré.
C'est parce que je ne "pensais pas le re
mettre à la direction des .affaires criminel
les et que j'apercevais les inconvénients de
la procédure consistant à le faire passer
de main en main que je l'ai gardé.
M. Jaurès. — Pour Je faire,;sortir 'de la
Chancellerie,ne fallait-il pas l'assentiment
du procureur général ?
Avez-vous prévenu M. Briand que vous
l'emportiez ?..
M. Barthou. — Oui.
M. Jaurès. — Il ne vous a pas fait d'ob
jection ?
M. Barthou.- — Non. La conversation a
été extrêmement rapide. A ce moment, ni
M. Brwnd ni moi n'attachions une impor
tance extrême à un document dont la subs
tance était connue au Palais.
M. Jaurès. — Le document perdait de sa
valeur en émigrant de fa Chancellerie ?
M. Barthou. — Il n'y était pas.
M. Jaurès. —■ Il était aux mains du garde
des soeaux, qui en avait la responsabilité,
tandis qu'un document qui va aux mains
du particulier que vous étiez redevenu
n'avait même plus de'garanties de sécu
rité. A la Chancellerie, il était sûr qu'il
ne pouvait pas être copié. Comment pou-
viez-vous irépondre qu'il ne serait pas co.
pié, étant chez vous ?
M. Barthou. — Je ne connais qu'une
forme de dépôt authentique à la Chancel
lerie : ce sont les documents enregistrés.
Il n'y a pas, dans l'histoke des ministères,
un document qui n'appartienne à aucun
dossier.
M. Jaurès. — Pour vous demander de lui
communiquer le document, il fallait que
M. Calmette sût que vous l'aviez entre les
mains.
M., Barthou. — Incontestablement. M.
Briand avait été .appelé à dire qu'il s'était
dessaisi de ce document entre mes mains.
Or, Calmette n'était pas seul à l£ savoir.
D'autres directeurs de journaux me l'ont
demandé. Je l'ai refusé.
M. Jaurès. — Avez-vous dit à M. Cal
mette que vous aviez le-document ?
M. Barthou. — Non. Comme j'avais line
chose dont vous pouvez vous étonner et
que je m'avais pas à dissimuler, je ne l'ai
jamais caché. On le savait, je ne l'avais
jamais nié.
M. Jaurès. — Avez-vous pris toutes les '
précautions, difficiles à prendre dans le
privé, pour empêcher .qu'il en soit pris co
pie ? Le procureur général affirme que s'il
a communiqué le document en lecture,
c'est dans des conditions telles qu'il a été
impossible que personne en prît copie.
Pouvez-vous affirmer que le document
n'a pas été copié et communiqué à M. Cal
mette ?
M. Barthou. — Je crois être assez sûr de
mon privé pour affirmer que le document
n'a pas été copié chez moi. Si je déclarais
à la commission que tel oollègue, pendant
que je lisais le document, se rappelait l'a
voir entendu lire six mois avant ? Ce col
lègue y trouvait, non seulement l'enchaîne
ment dés faits; mais l'enchaînement des
phrases qu'il avait entendues quelques
mois avant.: A la tribune des journalistes,
on disait, pendant que je lisais, , que c'é
tait le document offert à leurs directeurs.
M. Gustave Téry devait le publier. Sous le
ministère Briand, j'ai eu une conversation
avec M. Sauerwein, rédacteur au Matin.
Un jour, il m'a parlé de différentes af
faires. Il m'a dit : « Il y a bien des choses
que vous me cachez. Il y a une chose que
je ne vous demanderai pas. J'ai une photo
graphie du rapport déposé par M. Fabre. »
M. Sauerwein est mort. Il y a un témoin :
M. Lescouvé. Il y a un an, M. Sauerwein
lui a dit avoir la photographie du procès-
verbal dressé par M. Fabre. Je n'ai pas vu
cette photographie.
M. Jaurès. — Si un journaliste apparte
nant à un journal aussi retentissant avait
eu la photographie d'un document aussi,
sensationnel, c'eût été de l'héroïsme de ne
pas le publier.
M. Barthou. — Si j'avais voulu le pu
blier, j'ai eu l'occasion de le faire. Je reçus
un jour iM° Maurice Bernard qui m'a dit
avoir eu une conversation avec M. Cail
laux. M. Caillaux lui a dit. *, « Ils ont un
procès-verbal. Moi aussi, j'ai le mien. «
M. Caillaux a dit à M e Maurice Bernard
qu'il avait fait venir M. Fabre deux fois,
la première pour lui demander les ins
tructions qu'il avait reçues de M. Briand
et de moi. La seconde pour les lui faire ré
péter. M. Caillaux a ajouté que ces décla^
rations avaient été enregistrées par deux
personnes dissimulées derrière des portiè-!
res. Comme M 0 Maurice Bernard s'éton
nait et disait que cette confidence ne pou
vait avoir d'intérêt pour lui que s'il pouvait
me la rapporter : « Je ne vois pas d'incon
vénient à la rapporter », a fait M. Caillaux..
M" Maurice Bernard m'a dit cela. J'ai fait
venir M. Briand. Nous avons eu une con
férence avec M 0 Maurice Bernard. i
Puisqu'on dressait un procès-verbal .
dans des conditions aussi singulières,-
j'avais la partie belle. J'aurais pu publier
les documents. Je n'ai pas voulu Je faire.-
M. Jaurès. — Quand vous avez porté le
document a la tribune, saviez-vous que
M. BienvenurMartin avait fait rechercher,
le document sans le trouver ? A quel mo
ment M. Calmette vous a-t-il demandé la
document et à quelle date vous a-t-il dit
qu'il l'avait entre les mains? -
M. Barthou. — Entre le samedi et te
lundi.
M. Delahaye. — Avez-vous revu M. Cal-!
mette depuis le lundi ?
M. Barthou. — Non.
M. André Lefèvre. — Avez-vous entendil
parler diu calepin du procureur général %
. M..B a rthou. — Non.
M. Chauiemps. — Vous avez dit que vous
aviez connu la pression exercée par M.Mo-
nis sur le procureur général avant que lai
remise fût accordée. M. Briand l'a-t-il con*
nue également ?
M. Barthou. — Je ne sais pas. Je n'ai
pas fait partie du second ministère
Briand. Il y a eu, un moment, une froi
deur dans nos relations. C'est à mon re
tour d'un long voyage que j'ai dîné chez
M. Lescouvé. Nous n'avions pas encore rer>
pris avec M. Bri'and nos relations cordia
les. Après que nous nous fûmes expliqués,
nos relations sont redevenu es plus cor-'
diales qu'auparavant. i
■ -M. Ciiarles Leboucq. -- Ne pourriez-
vous retrouver la date du dîner chez M.-
Lescouvé ? •
M. Barthou. — Je n'ai pas d'agenda".
J'inscris sur mon Tout-Paris mes convoca
tions. Peut-être M. Lescouvé en a-t-il un.
M. Franklin-Bouillon.i —..M, Briand a;
dit hier qu'il avait laissé ce document à
son successeur. C'était, dans sa pensée,
une pièce pour le ministre. Vous prétende»
avoir dit à M 0 Maurice Bernard que voua
la garderiez. Si vous lui avez tenu ce pro
pos, il n'avait pas le droit de vous la re
mettre.
Vous avez dit que vous vous considériez
comme dépositaire vis-à-vis de M. Briand.
Au moment où vous l'avez lue à la Cham
bre, aviez-vous consulté M. Briand'? Lui
avez-vous demandé avis sur l'opportunité
de lire à la tribune un document emporté
par un ancien garde des sceaux ?
* {Voir, la suite en Dernière. Heure:)
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