Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1914-02-12
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 12 février 1914 12 février 1914
Description : 1914/02/12 (Numéro 16188). 1914/02/12 (Numéro 16188).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k715313f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
«JEUDI 12 FÉVRIER 1914
Qu&tre-viagt-uûièmô &miêe. — 16.168,
m^ëità3S^t0Si
i %
ABONNEMENTS
PARIS ETRANGES
•t Dlparttaents (Union paitalt)
Un an .,., »..... 25 fr. 36 fr.
'Six mois ........ 13 » 19 «
Trois mois....... 7 » 10 •
i
■i
LE NUMÉRO : 10 centimes
Les mandats et bons de poatt
doivent être adresiéa
& M. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE !
Jlu milieu des factions de .toute espèce, vous tl'appartenons
qu'à l'Eglise et à la Patrie.
Louis YEUILLOT : Programme 3e l'Univers (1842).
_ 4EUD112 FÉVRIER 1914
i
IDHOmillOII t IfMCIM :
Puis, 19. roe des Saints-Pères (VI* arronty
DÉPÔT.A ROME : «8, fucsds ufflhsbt»
*
t" manuscrits non insérés ne sont jtat rendtu
1 " ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOUE NAI.
19, rue des Saints-Péres
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ RELIGIEUSE
s 6i plaoo do la Bourse
TÉLÉPHONE 751-55
p SOMMAIRE
: J ules D eluuyk. — G. Lecigne.
> L e prince de W ied et l' A lbanie.
r jl0es bienfaits DE la laïcité ; a l'éCOÏt hAqUC,
v t à l'hôpital laïcisé.
La «Vie de Jésus ». — Abbé Delfour.
jour le jour : Souhaite atliques. ' '
^.a V ie religieuse : hes Amicales d'anciens tlè-
•,i ses des écoles libres t lettre de Mgr
Sevitté
» les fondements d'une église : Lettre du
r> cardinal de Cabrières.
îpKUuxSTOtî : Le Vrai et le Faux (revue catho-
Y tique de la Presse). — Comte Catta.
-0à . PARIS, ii FEVRIER 1914 .
fr
Jules Deiahaye
■' ' »
b> ;
$-11 s'en va. Simplement, noblement,
p >our la sauvegarde de la discipline, ce
jjbeau chef rentre dans le rang. Il a senti
;Se remuer dans sa circonscription de
|Gholet de basses envies et des intrigues
jviles. Depuis plus d'une année déjà, les
{bestiales du buisson tissaient autour de
jlui de ces toiles gluantes auxquelles se
laissent prendre les mouches électorales.
91 aurait pu-les détruire d'un souffle ou
jçl'un revers de main. Il préfère s'en aller
3èt ne pas donner à nos ennemis le déli
cieux spectacle de catholiques qui se
Querellent et se déchirent autour d'un
; mât de cocagne où pend une écharpe.
i. c
f II a promis de nommer un jour les
acteurs de cette comédie ; il dira quel
Sut le rôle de celui-ci et le rôle de celui-
là. Le peu que nous en savons éclaire
îdéjà chine lumière triste la loyauté de
^certains personnages. îl importe que
pout soit écrit et que l'on sache enfin à
Quelles trahisons peuvent conduire l'ins
tinct de jalousie et l'esprit de servitude.
En attendant il se retire sous la tente,
Silencieux et fier, avec la conscience
jh'être allé plus loin que le devoir, à ces
limites que seuls les catholiques tout
fi'une pièce savent atteindre tout d'un
îbônd.
3 Le nom dé Jules Deiahaye restera
(gravé dans les" pages de l'histoire con
temporaine. II"a un sens en un temps
?pu tant d ? autfes lift représentent qu'un
«bh. Il signifie de la foi, du patriotisme,
fde l'énergie mise au service de l'une et
fie l'autre. Dans les parlements d'au
jourd'hui, les politiciens sont innombra
bles, les soldats sont " infiniment rares,
^ous qui entrez là dedans, laissez toute
^spérance d'y garder votre taille et d'y
-maintenir vos convictions militantes !
t^îne sorte de fatalité pèse sur les plus
Robustes, — cette fatalité que M. de Vo-
^iié .a si bien décrite dans un chapitre
Jdes Morts, gui parlent. Au bout de quel-
feues mois, ils ne «ont plus qu'une goutte
amorphe dans la grande mare. De leur
personnalité il né reste plus qu'un va-
igue reflet, et les convictions leur sont
presque des 'remords. Jules Deiahaye
araversa la mare sans y laisser quoi que
jfce soit de lui-même. Le catholique qu'il
s*£st ne se mua point en un de ces bons
petits libéraux,'vieux agneaux blancs
jgui boivent au même fleuve que le loup
jet négocient avec lui sur la question de
«avoir à quelle sauce on les mangera. Il
létait royaliste, il resta royaliste. II fut
un indépendant, presque un sauvage,
;en un lieu où les plus fiers ont quelque
fois le oou pelé et les genoux usés. Et,
ije ne-sais pas pourquoi, tout cela me
paraît beau. L'originalité attire et séduit
.au siècle sionomies ternes, les belles barbes sous
tes masques communs et l'absence com
plète de toupet sur les fronts les plus
Lauts.
fe Ï1 y a une date culminante Sans la
barrière de Jules Deiahaye. 21 novem
bre 1892! On vient de trouver le baron
'de Reinach mort en sa chambre. Le
bouc émissaire, chargé des péchés d'Is
raël, a fait le saut dans l'abîme. Les
parlementaires sont aux abois. Ils vont,
ils viennent, il sonnent aux portes. On
ne rencontre plus sur le boulevard que
des bêtes traquées, haletantes. Quelque
chose de tragique est dans l'air : c'est
ï'agonie d'un règne, peut-être d'un ré-
'gime. Trois fois déjà, Jules Deiahaye a
porté à la tribune la question du Pa
inama : on a étouffé sa voix dans le
, bruit des pupitres et sous le poids des
ordres du jour purs et simples. Le mo
ment est venu de frapper un grand coup.
Le péril et l'honneur, — écrit Bar-
rès, —tentaient cet homme de quarante
et un ans. Etre un jour, dans un grand
■pays, devant tous, à soi seul, l'opposi
tion l Ne rien dire à personne, aller
de l'avant, et puis à la grâce de Dieu ! »
Il ramasse ses forces avant de boiidir ;
te soir, il sera peut-être l'homme qui a
délivré sa nation.
Il monte à la tribune, la figure pâle,
tes' lèw souriantgs* II y a chez lui
* UelquQ chose, d'âpre et de joyeux à la
jMSr. car il vient de lui-même à ce duel
et l'enjeu est l'honneur de la France
« J 'apporte ici" mon honneur ou le vô
tre! » C'est son premier mot, et, tout
de suite, sous la lumière trouble du
plafond, il sembla qu'une pluie de sou
fre tombait sur ces visages terreux, jau
nes, fantomatiques, convulsés de ter
reur et de honte. « Je vous apporte,
-— dit Deiahaye — mieux que l'affaire
Wilson ; celle-là n'était que l'impudence
d'un homme. Panama, c'est tout un
syndicat politique sur qui pèse l'oppro-
Jbre de la vénalité. » Alors on lui crie :
« Des noms ! des noms ! » Il y en a cent
quatre. Les livrer aujourd'hui, c'est cou
rir le risque d'une mêlée à coups de
poing et d'une comédie d'innocence chez
chacun des accusés. Deiahaye est im
perturbable à la tribune. Il ne nomme
personne, il dresse son réquisitoire en
le précisant par des faits innombrables.
Et, du doigt, il désigne un S. un les
misérables qui sont affalés sur leur siège
et qui grelottent comme un premier
bourgeon sous la bise de mars. La meuto
hurle : « Des noms ! Des noms ! » De
iahaye répond : « Je suis un calomnia
teur î Eh bien ! votez l'enquête qui me
confondra. » La cuve bouillonne en bas :
tous les effrois, toutes les paniques, tou
tes les roueries, mêlées et accumulées,
se remuent, s'agitent, explosent. La gau
che entière n'est plus qu'un homme,
un immense malfaiteur acculé dans l'im
passe et qui, tout d'un coup, se retourne,
se rebiffe, décidé à vendre chèrement sa
vie. Le tumulte est si grand qu'on n'en
tend plus la voix de Deiahaye que par
intervalles : elle psalmodie toujours le
même verset accusateur, la même
phrase de défi : « L'enquête ! l'en
quête ! »
Ce jour-là, Deiahaye fut vraiment eu •
blime. Une heure durant, il symbolisa
à la tribune la conscience française.
L'honneur d'un pays reposa sur ses
épaules et il le porta comme, il portatt
le sien, vaillamment, sans s'incliner
sans en compromettre la moindre par
celle. Quand il regagna son banc, il avait
accompli sa magnifique tâche. Il était
grand, comme le héros de la légende
sur le seuil des écuries d'Augias. S'il
était possible que le régime parlemen
taire fût autre chose que la concussion
pour la vie et la vie par la concussion,
il eût été nettoyé de ce coup de balai
et de ce coup de vent.
Mais cette République ne se nettoye
que de ceux qui parlent d'honneur et
qui sont assez naïfs pour en faire uns
vertu politique. J. Deiahaye la gênait :
il avait toujours l'air à son banc du
spectre tragique qu'on n'a pas invité et
qui vient tout de même pour rappeler
les crimes impunis et en demander l'ex
piation.
Et il gênait aussi les libéraux 'douceâ
tres, ceux qui ont la foi tenace et qui
gardent l'espoir des impossibles lessi
ves. On n'extrait pas de farine blan
che du sac à charbon : J. Deiahaye avait
le tort d'en croire la sagesse des nations
et d'exiger que le sac fût changé.
C'est pour cela qu'il s'en va. Nous au
tres nous le suivons en sa retraite d'un
regard où il y a de la mélancolie et d'in
consolables regrets. Et, nous tournant
vers ceux qui applaudissent en se ca
chant, nous leur disons comme le Ghar-
lemagne dé la tragédie :
Inclinez-vous
Devant celui qui part : il est plus grand que
[voue !
- , i., t*.- C. LECIGNE.
Le prince de Wied
HT L'ALBANIE
peut juger, méthodique et de précaution.. Il
a accepté le mandat de l'Europe, à la con
dition que l'Europe voulût bien lui garan
tir une liste civile, d'ailleurs nullement
exagérée, et un emprunt de 75 millions.
Ensuite, il ,a stipulé expressément que le
régime parlementaire ne serait pas intro
duit dans la principauté. L'Angleterre
« mère des Parlements », et la France elle-
même, ont dû souscrire à la demande du
prince de Wied et convenir implicitement
que le gouvernement des partis et des as
semblées n'était pas le meilleur des gou
vernements.
Quel signe du temps où nous vivons 1
Il fut un temps où la France donnait des
rois à l'Europe, et où les rameaux du tronc
capétien s'étendaient de toutes parts.
Aujourd'hui, c'est l'Allemagne qui est
passée pépinière do princes. L'Europe
ayant créé un nouvel Etat, l'Etat albanais,
et n'ayant pas songé un instant à donner
la forme républicaine 4 cet Etat, c'est un
capitaine de la garde prussienne, allié aux
maisons royales de Prussa et dè Wurtem
berg, qui est devenu le titulaire de cette
principauté. Avec les Hohenzollern qui ré
gnent à Bucarest, et auxquels le prince de
Wied est' également apparenté, cela fera
deux maisons royales de pure souche ger
manique en Orient.
Chose admirable : un des motifs qui ont
le plus pesé en faveur du prince de Wied,
c'est qu'il est protestant. L'Italie, en parti
culier, l'a agréé en iraison de sa religion,
craignant sans doute qu'un prince catholi
que ne fût placé directement sous l'influen
ce de l'Autriche. Le résultat est, en tout
cas, paradoxal, puisqu'il se trouvera qu'un
prince protestant régnera sur un pays où
le protestantisme est inconnu et répugne'
à l'esprit de la population.
Cependant, le prince de Wied, fort bien
reçu en co moment par le gouvernement
italien, se prépare, par une brève croisiè
re, à, faire connaissance avec ses futurs
sujets. C'est yn homp a. autant .qu'oa en*
Ëehos
L'éducation de M. Caillaux
Hier, au Sénat, pendant son , discours, M.
Caillaux se pemche vers la. droite, et, avec
un sourire malicieux :: « J'ai lu dans ma
jeunesse, Messieurs de lia droite, un' de vos
auteurs préférés, M. de Falloux...
. —Nous savons tous, ici, interrompt un de
ces messieurs, que vous avez reçu une ex
cellente éducation.
M. Caillaux n'eut pas les rieurs de son
côté.
Le. casier judiciaire.
du roi d'Italie
Le roi d'Italie Victor-Emmanuel III est
né au château royal de Capodimonte, au-
dessus de Naples ; de plus M a un domicile
à Gressoney, pTès. dm Monte-Rosa.
. Or, le roi étant porté sur la liste électorale
communale de Gressoney, la municipalité
a requis le parquet de Naples de lui fournir
le casier judiciaire du roi Victor-Emma
nuel III.
Et comme Victor-Emmanuel, de même
que tous ceux qui sont nés à Naples, a dans
cette ville son casier judiciaire, le Procu
reur général de Naples a répondu par la fi
che : NuUa esiste (Néant).
Hommage américain à la France
Le Musée d'art français a offert, à M. Jus
sexand, ambassadeur de Ffamic© aaix Etatsr
Unis, un gala concert dont le progiramme,
conçu en hommage à'notre pays, présentait
une certaine originalité. Il avait (pour ti
tre : « La France pittoresque en musique »
et il comportait des danses et chants des
provinces de France, exécutés Avec le con-
. cours de la Scola Cantonim de New-York.
Le même Musée d'art français organisa, en
suite, pour faire connaître notre.art natio
nal, une exposition de cent dessins de nos
humoristes les pdus réputés.
Les Américains arriveront à connaître
ainsi toutes les fa-ces du génie français.
Les vieux braves
On vient d'enterrer à Vesoul un modeste
buraliste qu'on appelait familièrement, là-
bas, « .1© père Huot », et qui eut son heure
de gloire en 1870, quand il était le capitaine
Huot.
Habitant Besançon, le jeune Huot, au
lendemain de la déclaration de guerre, con
stitua le commandement, et tous ceux qui ont ser
vi sous ses ordres ont conservé de lui un
souvenir attendri, où l'admiration le dis
pute -au respect.
Le capitaine Huot accomplit, à leur tête,
des exploits magnifiques. Il livra de vérita
bles batailles aux Prussiens avec des effec
tifs minimes, et toujours il eut la victoire.
" Il fit de nomibreux prisonniers, dont plus
sieuirs officiers supérieurs, et délivra 115
prisomniers français. Au cours d'un de ces
engagements, il eut les deux cuisses traver
sées par une balle et obtint la croix de la
Légion d'honneur pouir sa vaillante con
duite.
D'unie audace incroyable, le capitaine
Huot était la terreur des Prussiens qui
avaient mis sa tête à prix, et qui ne lui par
donnaient pas notamment d'avoir capturé
le propre neveu de Bismarck, le comte von
Bonim, aux environs de Vellexon, et de
l'avoir ramené prisonnier, à Besançon, le
13 décembre 1870.
La Fontaine Médicis
A la demande de la questure du Sénat, la
commission des inscriptions parisiennes a
adopté, sur-le rapport de MM. Mareuse et
Lambeau, le texte de la nouvelle inscrip
tion qui sera placée sur la fontaine Médicis
au Luxembourg, .lorsque les travaux de ré
fection auront été terminés.
Cette inscription rappellera que lai fon
taine fut construite de 1624 à 1630 par-Jac
ques de Brosse, architecte, et Ottin, sculp
teur, sur l'ordre de Marie de Médicis, et
qu'elle fut transférée en 1862 à l'endroit
qu'elle occupe aujourd'hui par M. de Gi-
sors qui la restaura.
Nos frèras les Japonais?
Jusqu'ici, on considérait les Japonais
comme appartenant à la race jaune.
La langue, la tradition," l'histoire, les
coutumes des Japonais prouvent qu'ils sont
les moins mfongoliques des peuples de
■l'Asie.
La Nortu American Review les considère
comme la fusion des races aryenne, sémiti-
que, malaise et tairtare. Les plus anciens
peuples du Japon, les Ainos, seraient
Aryens, et, dans les livres historiques, on
trouve la narration d'une invasion de peu
ples venant des plateaux de l'A'3ie centrale.
Qui se; serait douté que ces petits bons
hommes jaunes étaient, malgré tout, des
blancs 2 " ' : • ' •
■' csbcamon.
♦X*
A l'école laïque—A l'hôpital laïcisé
Dans le Matiwel général de l'Instruction
primaire, journal hebdomadaire des ins
tituteurs et des institutrices, M. M.-G. Ros
signol, inspecteur d'académie de l'Indre,
raconte une visite de Mme l'inpoctrice gé
nérale à une école maternelle. Laissons la
parole à M. l'inspecteur :
D'une voix affectueuse, caressante, qui veut
mettre tout le monde à l'aise et en belle hu
meur, Mme l'inspectrice s'informe de la leçon
du jour.
Justement on a parlé hier de là politesse et
des nombreuses occasions où il faut savoir
dire : Merci.
/Dans le profond silence, Mm© 'l'inspec
trice, qui veut s'assurer que la leçon de la
veillé fut bien comprise, pose une question:
Voyons» mes enfante : votre maman vous a
réveillés ce matin. Elle vous a nettoyés, ha
billé». fait déjeuner'; elle vous a mis aux che
veux un joli petit ruban, et vous allez partir
tiour l'école." Eh bien, avant de la (ruitter. en
l'embrassant bien fort, pour lui montrer que
vous êtes contents de tout ce qu'elle a fait
pour vous, que lui dites-vous î
Evidemment, c'est là une question diffi-
cile. Songez donc, on a six ans, quatre ans
ou même-deux. ans. On ne sait pas encore
répondre. Et puis, on est intimidé... Bref,
sur toute la ligne, c'est le silence...
Mme l'inspectrice reprend, vient au se
cours :
Voyons, nies enfants, ne vous troublez pas,
réfléchissez. Pour remercier votre maman,
vous lui dites : Mer... Voyons, un tout petit
mot de cinq lettres, celui sûrement que vous
entendez dire souvent autour de vous... Mer...
Alors, tout ..d'un coup, sur la trace de deux
ou trôis grarçons plus délurés qui se rappel
lent le -mot que leur grand: frère dit en effet
Plus de vingt fois par jour, à pleine volée,,
toute la classe, dans une de ces réponses col
lectives qui font , la « classe vivante », lance j
1.3. mot... que vous devinez et qui commence,
bien par les mêmes lettres que le mot : merci,
mais qui ne finit pas de même.
Ne commentons pas, n'est-ce-pas?
On a-bien lu-: c'est « toute la classe »
qui répond ainsi à l'image évoquée de la
maman— Effroyable !
. 'mW;.-- ■
0 ..
. * *
■ - Et voici des crimes.
On sa souvient des scandales de l'hôpital
laïcisé de Lorient, qui furent portés récem
ment devant le conseil municipal de cette
ville. De nouveaux scandales, plus graves,
viennent de se produire dans le même hô
pital laïcisé. Par imprudence, une infir
mière a plongé un enfant de huit ans d'ans
un bain d'eau bouillante. Grièvement
brûlé, l'enfant est cependant, à l'heure ac-
tuélle, hors de danger. D'autre part, les
infirmières ayant laissé une salle sans au
cune surveillance, une malade s'est jetée
par la fenêtre du premier étage.
Conclusion :
Les Soeurs aux écoles !
Les Soeurs aux hôpitaux 1 ms
La Die de Jésus
.Autour, de Renan, depuis quelques semai
nes, ..une ardente bataille est livrée. Le
fiemvs, par exemple, crie : au voleur, mais
la Revue hebdomadaire, l'Echo dè Paris et
représentants .officiels de l'Académie
française affirment leurs droits de pro
priété sur telles ou telles parties d'une
œuvre en mal de dissolution,et dont les élé
ments disparates sont animés d'une très
remarquable force centrifuge. Au moment
où-j'écris ces lignes, il s'agit spécialement
de la Vie de Jésus.
Comme l'idée fiut médiocrement heureuse
d'organiser une retentissante protestation
contre ce triste livre, quand il parut, il se
rait peu sage de ne point constater,.aujour-
d'hui, un fait apologétique intéressant, sa-
voir, .la fin honteuse de ce même livre.
Renan mit toute ses principes exégétiques
dafis son Introduction. Auk yeux des Fran
çais^ du'second Empire, ils apparurent
comme un© sort© de savoureuse et scienti
fique nouveauté. Les Logia, le témoignage
de Papias, les dilïérencies chronologiques
entré les diverses rédactions, l'opposition
entré les synoptiques et ie quatrième évan-
géiique, .las accusations violentes et absur
des-! portées par l'école germano-protes
tante contre là moralité historique de saint
Jeap; tous ces thèmes que nos écrivains ca
tholiques ont élucidés, Dieu merci, dans
tous les sens, Renan les présentait à ses
contemporains avec une transcendante
hîenvéililance. Il avouait cependant qu'il
n'était qu'un simple vulgarisateur; il citait
pararii ses' maîtres : Reuss, Albert Poéville,
iMiehel Nicolas, Strauss et Colani. Mais il
revendiquait un brevet d'invention pour
■une découverte qui,, selon lui, était d'une
|très';haute importance : il apportait au
monde, lui, Renan, un cinquième évangile.
h J'ai traversé, dans tous les sens, la pro
vince. évangélique ; j'ai visité Jérusalem,
Héhron et la Samarie ; presque aucune lo
calité importante de l'histoire de Jésus ne
m'a-échappé. Toute cette histoire, qui, à
distance, semble flotter dans les nuages
d'un.; monde sans réalité, prit ainsi un
corps, une solidité qui m'étannèrent. L'ac
cord' frappant des textes et des lieux, la
«wyéiMeim harmonie do l'idéal évangéli-J»
que avec le paysage, qui lui servit de cadre,
furent pour inoi aine révélation. J'eus de
vant les yeux un cinquième évangile. »...
Ainsi procèdent les romantiques. Soue ce
fallacieux prétexte qu'un paysage est un
état d'âme, ils demandent aux co-Llines et
aux vallées des renseignements d'ordre
philosophique. L'application de cette mé
thode était d'autant plus absurde, en l'oc-
ourrenoe.que le paysage palestinien a com
plètement changé d'aspect, depuis dix-aieuf
cents ans. Il était riant, dl est désolé. Les
descriptions que Renan a mêlées à son exé
gèse, il les a faites de chic (l'Académie
française nous autorise à parler de la sor
te). Elles ne prouvent donc rien..
Ajoutent-elles un réel et appréciable
charme à l'ensemble de l'œuvre ? Presque
tous les contemporains de Renan, libres
penseurs ou catholiques, le crurent, puis
qu'on vit paraître des Vies de Jésus fort
orthodoxes enrubannées de métaphores
élégantes et enguirlandées de paysages.
Un homme politique éminent me déclarait,
naguère, qu'il avait quelque peine à se dé
fendre contre les prestigieuses séductions
•littéraires de Renan. Sans doute, faisait-il
allusion à la trop fameuse description de
la Galilée. « Des tourterelles sveLtes et vi
ves, des merles bieius si légers qu'ils posent
sur une herbe sans la faire plier ; des
alouettes huppées, qui viennent presque se
mettre sous les pieds du voyageur ; de pe
tites tortues de ruisseau, donit l'œil est vif
et doux ; des cigognes à l'air .pudique et
grave, dépouillant toute timidité, se lais
sent approcher -de très près par l'homme
et semblent l'appeler. En aucun pays du
monde, les montagnes ne se déploient avec
plus d'harmonie et n'inspirent de plus hau
tes pensées... »
Disons la simple et nécessaire vérité/même
aux hommes politiques: en soi, le petit jeu
romantique que la précédente génération
admirait tant chez Renan manque de sé
rieux. Transporté dans une œuvre religieu
se qui pose ©t doit résoudre le plus grave
des problèmes, il est ridicule et indécent.
Ce qu'il importe le plus dé noter dans la
Vie de Jésus, c'est la façon dont l'auteur
étreint habituellement ou essaie d'étreindre
son sujet divin. On peut l'a caractériser en
deux mots : tout l'effort de Renan vise à
tordre et à fausser le texte évangélique. II
accable son héros, notre Dieu, de louanges
dont II n'a aucun besoin, quitte à l'accuser
ensuite de méfaits plus que graves qui té
moignent d'un certain avilissement de
l'âme, comme les derniers excès de la mé
galomanie et l'habituel mensonge. Quand,
pair exemple, le drame divin du Calvaire
est achevé, Renan affecte de se mettre à
genoux et de dogmatiser en. pleurant. « Re
pose maintenant dans ta gloire, noble ini
tiateur, ita divinité est fondée. » Odieuse et
sacrilège comédie en 26 chapitres qui rem
plissent 459 pages ! Avec un acharnement
d'où le sang-froid fut exclu, l'ancien élève
de l'abbé Le Hir dégrade actes et paroles,
il les présente sous un aspect vulgaire, il
les enlaidit, ou, ce qui est pire, les embel
lit ; toujours il .les retouche, jamais il ne
s'applique, sincèrement à les placer sous un
maximum de lumière. Naturellement, de ce
beau travail d'obscurcissement résulte une
incohérence énorme dans le développement
du caractère et dans l'ensemble des récits.
Les lecteurs souffrent dans les profondeurs
de leur âme chrétienne, ils se scandalisent,
s'irritent, et ils se surprennent à murmu
rer : le misérable !
Sans s'affaiblir le moins du monde, cette
première et ineffaçable et très juste impres
sion laisse bientôt quelque place à un autre
sentiment. Renan abuse si bien de l'esca
motage des textes que son insuccès finit par
absorber presque toute notre puissance
d'observation. Faut-il citer quelques exem
ples ? Renan fait naître Jésus à Nazareth,
et non à Bethléem, car il tient l'histoire
des Mages pour légendaire. Mais, pour les
besoins de sa thèse, il tire de ce même cha
pitre de saint Mathieu, qu'il avait traité de
fable, une très nette affirmation historique.
« Peu après sa -naissance (de Jésus), on est
obligé do le faire disparaître, pour éviter
des hommes puissants qui voulaient le
tuer. » De la grande, délicate et magnifi
que discussion qui eut lieu entre Jésus-
Christ et les Pharisiens sur le mariage
(Math., x, p. 3 et suiv.), Renan se contente
de dire : « Une seule fois sur le mariage, il
(Jésus) se prononce avec netteté et défend
le divorce. » La.très, justement célèbre ab
solution de la femme adultère et la procla
mation- des droits respectifs de Dieu et de
César sont résumés en quelques lignes,
d'où le mépris déborde. Il faut voir à quoi
Renan ose .réduire le chapitre vi° de saint
Jean et l'institution de l'Eucharistie. Par
tout, le sabotage apparaît systématique et
agressivement maladroit. On voit Renan sa
discréditer comme de parti pris, s'avilir, finalement se rendre ridicule. Nous disions
tout à l'heure : le misérable ! Nous pen
sons maintenant : le maladroit, le pauvre
homme ! Et comme iL fait bien comprendre
Voportel etheereses esse! Par l'évidence de
son impuissance totale et par l'absurde,
Renan donne une preuve nouvelle de l.a
divinité nicéenne de Notre-Ssigneur Jésus-
Christ, le" Verbe fait Chair. La lecture de
sa pseudo-biographie est (toujours attris
tante, oh ! oui, mais elle a perdu tout pou
voir de troubler la foi : elle fortifierait plu
tôt la joie de croire chez toute une catégo
rie de lecteurs renseignés. On dirait d'une
machine dè guerre abandonnée par les
vaincus dans les fossés d'une forteresse
victorieuse. Du vieux îei', de la rouille,mais
ces débris laissent voir encore de pompeu
ses inscriptions : « Te souviens-tu des jour
nées de Ghazir ?... » Les croyants se sou
viennent... très peu, et ils sourient en re
trouvant là, 'déshonorées, ces prétentieuses
bravades. .
Abbé Delfouu.
Au jour le jour
Souhaita aztèques
, .-T~. ♦— •
Ce ne sont pas comme on pourrait lê,
croire des vœux de fantaisie ; ce sont sim
plement des vœux en vieille langue azfè-
que,cette langue que rencontrèrent Fernand
Cortez et ses soldats en allant conquérir,
VAnahnac, le vaste plateau des hautes ter*
tes mexicaines.
Ces vœux otit été adressés pour le Jour,
de l'An aux autorités ecclésiastiques de
Mexico.
Voici le texte dos premières lignes. Nos.
lecteurs nous dispenseront de citer les ait*
fres : - .
Ni quin m'elehuilla in po tlâzo Tâtzintli ïb
Tlacecentlamautilli.
Teuhtle Hueyteopixqui Tlamatini don José
Mora y del Rio.
Et cela signifie ;
Je souhaite une heureuse année dans le Sei
gneur à mon prélat bien-aimé S. G. Mgr l'ar
chevêque don Joseph Mora y del Rio.
. Comme on le voit, la curieuse langue des
indigènes est loin d'être oubliée, puisqu'â
deux pas de la capitale du Mexique un bon
curé l'écrit encore.
D'ailleurs dans la langue courante, ses
syllabes au bruit de castagnettes se retrou
vent dans quelques noms propres, ainsi que
dans les appellations de beaucoup de loca<•
lités qui sont précédées ordinairement d'un
nom de saint : Saint-Jean Téotihuacan ;
La Conception Tequipéouca, Saint-Louis,
Tlaxcalixtlahou-aca, etc.
Les autres langues, otomi, zapolèquet
maya, etc., subsistent aussi, même chez les
Indiens plus ou moins civilisés et métissés
qui parlent égaUment pour la plupart l'es
pagnol. j
Toutefois, tandis qtie dans le Paraguay'
et les districts environnants tous les habi
tants partent le guarani en même temps
que >Pespagnol, au Mexique les aeux tiers
à peu près de la population ne se servent
plus guère que de cette dernière langue.
A Mexico, comme dans les villes et dans
la majeure partie du plateau central, il est
rare de trouver des personnes parlant l'az-
tèque : seuls les habitants des villages re
tirés des montagnes s'en servent courant*
ment.
On voit parfois, dans les grands maga
sins du centre de Mexico, aussi luxueux
que ceux àe Paris, des groupes de ces rus
tiques acheteurs contrastant avec la clien*
lèle ordinaire. Ayant réalisé un bon béné»
flee sur leurs œufs ou leur mais, ils vien
nent, sans souci du prix fixe, marchander,
opinidtrément quelque étoffe bon marché.
Rien n'est plus curieux que le manège du
chef de file, qui seul parle aisément l'espa
gnol, discutant avec l'employé et palabrant
longuement d'autre part avec les membres
de sa tribu. Le marché se conclut enfin...-
et le soir quelques ballots d'étoffes grossiè<
res, dites du pays, prendront le chemin du
village. Ils seront portés par de petite
ânes maigres et résistants ou par des ba
teaux plats qui iront vers Xochimilco et
les montagnes du Sud, un des plus impor
tants réservoirs de types indiens à peu
près purs. j
Leur port d'embarquement, au sud de la
capitale, est .la Viga, où aboutit le canal
du même nom. j
Depuis Frère Barthélémy de las Casas,
l'Eglise catholique, qui partout a protégé
les faibles, a tout particulièrement défendu
les Indiens contre l'exploitation de leurs
conquérants. Aussi, tandis qu'il n'existe
plus d'indigènes aux Etats-Unis, le Mexi
que doit à la sollicitude des religieux
d'avoir conserve sa population primitive.
Non seulement bon nombre dè prêtres,
mais même des prélats apprennent la lan
gue des indigènes.
Rien n'était plus touchant que de voir
le dernier archevêque, Mgr Alarcon y La
Bai quera, donnant la confirmation aux pe
tits Indiens plus ou moins dépenaillés, ran
gés le long de la, longue balustrade d'ar
gent. qui court au centre de la-vaste cathé
drale. L'archevêque les encourageait et in
terrogeait paternellement les parents^ dans
cet idiome inusité des citadins.
l.'épiscopat, avec Vaide de la charité
chrétienne, a nième fondé un séminaire,
pour apprendre l'aztèque aux jeunes clercs.
Cet établissement est situé «d Texcoco, sur
les bords du lac. salé du même nf>m. Les.
jeunes élèves auront là de nobles exemples
à imiter. Les rois de Texcoco et ceux de.
Tûcuba étaient, avant l'arrivée de Cortez,
ies vassaux <(e l'empereur de Mexico. Les
premiers ont laissé une grande réputation
de littérateurs, d'artistes et de protecteurs
des arts. L'un d'eux fut surnommé le roi-
porte. L'art des vers, où l'on parlait sur
tout de fleurs et d'oiseaux, l'art des pote.'
ries, de la sculpture et,des parures, y fu
rent poussés au plus haut point. Actuel
lement encore une propriété voisine de la
ville, le Moulin des fleurs, possède des jar
dins■ qui par leurs fleurs, leurs cascades et
leurs variétés d'oiseaux, rappellent les
splendeurs des anciens seigneurs.
Mais rien ne les rappelle dans la petite
rMc voisine de Texcoco, triste et endormie.
Seuls, dans le jardin public, veillant des
deux côtés du kiosque, deux grands ser
pents de jaspe, emplumés et enroulés sur
eux-mêmes, rappellent encore les cultes su
perstitieux et sanguinaires qui déshono
raient la civilisation aztèque...
S aint -R omas.
Qu&tre-viagt-uûièmô &miêe. — 16.168,
m^ëità3S^t0Si
i %
ABONNEMENTS
PARIS ETRANGES
•t Dlparttaents (Union paitalt)
Un an .,., »..... 25 fr. 36 fr.
'Six mois ........ 13 » 19 «
Trois mois....... 7 » 10 •
i
■i
LE NUMÉRO : 10 centimes
Les mandats et bons de poatt
doivent être adresiéa
& M. l'Administrateur
DIEU PROTÈGE LA FRANCE !
Jlu milieu des factions de .toute espèce, vous tl'appartenons
qu'à l'Eglise et à la Patrie.
Louis YEUILLOT : Programme 3e l'Univers (1842).
_ 4EUD112 FÉVRIER 1914
i
IDHOmillOII t IfMCIM :
Puis, 19. roe des Saints-Pères (VI* arronty
DÉPÔT.A ROME : «8, fucsds ufflhsbt»
*
t" manuscrits non insérés ne sont jtat rendtu
1 " ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOUE NAI.
19, rue des Saints-Péres
ET SOCIÉTÉ DE PUBLICITÉ RELIGIEUSE
s 6i plaoo do la Bourse
TÉLÉPHONE 751-55
p SOMMAIRE
: J ules D eluuyk. — G. Lecigne.
> L e prince de W ied et l' A lbanie.
r jl0es bienfaits DE la laïcité ; a l'éCOÏt hAqUC,
v t à l'hôpital laïcisé.
La «Vie de Jésus ». — Abbé Delfour.
jour le jour : Souhaite atliques. ' '
^.a V ie religieuse : hes Amicales d'anciens tlè-
•,i ses des écoles libres t lettre de Mgr
Sevitté
» les fondements d'une église : Lettre du
r> cardinal de Cabrières.
îpKUuxSTOtî : Le Vrai et le Faux (revue catho-
Y tique de la Presse). — Comte Catta.
-0à . PARIS, ii FEVRIER 1914 .
fr
Jules Deiahaye
■' ' »
b> ;
$-11 s'en va. Simplement, noblement,
p >our la sauvegarde de la discipline, ce
jjbeau chef rentre dans le rang. Il a senti
;Se remuer dans sa circonscription de
|Gholet de basses envies et des intrigues
jviles. Depuis plus d'une année déjà, les
{bestiales du buisson tissaient autour de
jlui de ces toiles gluantes auxquelles se
laissent prendre les mouches électorales.
91 aurait pu-les détruire d'un souffle ou
jçl'un revers de main. Il préfère s'en aller
3èt ne pas donner à nos ennemis le déli
cieux spectacle de catholiques qui se
Querellent et se déchirent autour d'un
; mât de cocagne où pend une écharpe.
i. c
f II a promis de nommer un jour les
acteurs de cette comédie ; il dira quel
Sut le rôle de celui-ci et le rôle de celui-
là. Le peu que nous en savons éclaire
îdéjà chine lumière triste la loyauté de
^certains personnages. îl importe que
pout soit écrit et que l'on sache enfin à
Quelles trahisons peuvent conduire l'ins
tinct de jalousie et l'esprit de servitude.
En attendant il se retire sous la tente,
Silencieux et fier, avec la conscience
jh'être allé plus loin que le devoir, à ces
limites que seuls les catholiques tout
fi'une pièce savent atteindre tout d'un
îbônd.
3 Le nom dé Jules Deiahaye restera
(gravé dans les" pages de l'histoire con
temporaine. II"a un sens en un temps
?pu tant d ? autfes lift représentent qu'un
«bh. Il signifie de la foi, du patriotisme,
fde l'énergie mise au service de l'une et
fie l'autre. Dans les parlements d'au
jourd'hui, les politiciens sont innombra
bles, les soldats sont " infiniment rares,
^ous qui entrez là dedans, laissez toute
^spérance d'y garder votre taille et d'y
-maintenir vos convictions militantes !
t^îne sorte de fatalité pèse sur les plus
Robustes, — cette fatalité que M. de Vo-
^iié .a si bien décrite dans un chapitre
Jdes Morts, gui parlent. Au bout de quel-
feues mois, ils ne «ont plus qu'une goutte
amorphe dans la grande mare. De leur
personnalité il né reste plus qu'un va-
igue reflet, et les convictions leur sont
presque des 'remords. Jules Deiahaye
araversa la mare sans y laisser quoi que
jfce soit de lui-même. Le catholique qu'il
s*£st ne se mua point en un de ces bons
petits libéraux,'vieux agneaux blancs
jgui boivent au même fleuve que le loup
jet négocient avec lui sur la question de
«avoir à quelle sauce on les mangera. Il
létait royaliste, il resta royaliste. II fut
un indépendant, presque un sauvage,
;en un lieu où les plus fiers ont quelque
fois le oou pelé et les genoux usés. Et,
ije ne-sais pas pourquoi, tout cela me
paraît beau. L'originalité attire et séduit
.au siècle
tes masques communs et l'absence com
plète de toupet sur les fronts les plus
Lauts.
fe Ï1 y a une date culminante Sans la
barrière de Jules Deiahaye. 21 novem
bre 1892! On vient de trouver le baron
'de Reinach mort en sa chambre. Le
bouc émissaire, chargé des péchés d'Is
raël, a fait le saut dans l'abîme. Les
parlementaires sont aux abois. Ils vont,
ils viennent, il sonnent aux portes. On
ne rencontre plus sur le boulevard que
des bêtes traquées, haletantes. Quelque
chose de tragique est dans l'air : c'est
ï'agonie d'un règne, peut-être d'un ré-
'gime. Trois fois déjà, Jules Deiahaye a
porté à la tribune la question du Pa
inama : on a étouffé sa voix dans le
, bruit des pupitres et sous le poids des
ordres du jour purs et simples. Le mo
ment est venu de frapper un grand coup.
Le péril et l'honneur, — écrit Bar-
rès, —tentaient cet homme de quarante
et un ans. Etre un jour, dans un grand
■pays, devant tous, à soi seul, l'opposi
tion l Ne rien dire à personne, aller
de l'avant, et puis à la grâce de Dieu ! »
Il ramasse ses forces avant de boiidir ;
te soir, il sera peut-être l'homme qui a
délivré sa nation.
Il monte à la tribune, la figure pâle,
tes' lèw souriantgs* II y a chez lui
* UelquQ chose, d'âpre et de joyeux à la
jMSr. car il vient de lui-même à ce duel
et l'enjeu est l'honneur de la France
« J 'apporte ici" mon honneur ou le vô
tre! » C'est son premier mot, et, tout
de suite, sous la lumière trouble du
plafond, il sembla qu'une pluie de sou
fre tombait sur ces visages terreux, jau
nes, fantomatiques, convulsés de ter
reur et de honte. « Je vous apporte,
-— dit Deiahaye — mieux que l'affaire
Wilson ; celle-là n'était que l'impudence
d'un homme. Panama, c'est tout un
syndicat politique sur qui pèse l'oppro-
Jbre de la vénalité. » Alors on lui crie :
« Des noms ! des noms ! » Il y en a cent
quatre. Les livrer aujourd'hui, c'est cou
rir le risque d'une mêlée à coups de
poing et d'une comédie d'innocence chez
chacun des accusés. Deiahaye est im
perturbable à la tribune. Il ne nomme
personne, il dresse son réquisitoire en
le précisant par des faits innombrables.
Et, du doigt, il désigne un S. un les
misérables qui sont affalés sur leur siège
et qui grelottent comme un premier
bourgeon sous la bise de mars. La meuto
hurle : « Des noms ! Des noms ! » De
iahaye répond : « Je suis un calomnia
teur î Eh bien ! votez l'enquête qui me
confondra. » La cuve bouillonne en bas :
tous les effrois, toutes les paniques, tou
tes les roueries, mêlées et accumulées,
se remuent, s'agitent, explosent. La gau
che entière n'est plus qu'un homme,
un immense malfaiteur acculé dans l'im
passe et qui, tout d'un coup, se retourne,
se rebiffe, décidé à vendre chèrement sa
vie. Le tumulte est si grand qu'on n'en
tend plus la voix de Deiahaye que par
intervalles : elle psalmodie toujours le
même verset accusateur, la même
phrase de défi : « L'enquête ! l'en
quête ! »
Ce jour-là, Deiahaye fut vraiment eu •
blime. Une heure durant, il symbolisa
à la tribune la conscience française.
L'honneur d'un pays reposa sur ses
épaules et il le porta comme, il portatt
le sien, vaillamment, sans s'incliner
sans en compromettre la moindre par
celle. Quand il regagna son banc, il avait
accompli sa magnifique tâche. Il était
grand, comme le héros de la légende
sur le seuil des écuries d'Augias. S'il
était possible que le régime parlemen
taire fût autre chose que la concussion
pour la vie et la vie par la concussion,
il eût été nettoyé de ce coup de balai
et de ce coup de vent.
Mais cette République ne se nettoye
que de ceux qui parlent d'honneur et
qui sont assez naïfs pour en faire uns
vertu politique. J. Deiahaye la gênait :
il avait toujours l'air à son banc du
spectre tragique qu'on n'a pas invité et
qui vient tout de même pour rappeler
les crimes impunis et en demander l'ex
piation.
Et il gênait aussi les libéraux 'douceâ
tres, ceux qui ont la foi tenace et qui
gardent l'espoir des impossibles lessi
ves. On n'extrait pas de farine blan
che du sac à charbon : J. Deiahaye avait
le tort d'en croire la sagesse des nations
et d'exiger que le sac fût changé.
C'est pour cela qu'il s'en va. Nous au
tres nous le suivons en sa retraite d'un
regard où il y a de la mélancolie et d'in
consolables regrets. Et, nous tournant
vers ceux qui applaudissent en se ca
chant, nous leur disons comme le Ghar-
lemagne dé la tragédie :
Inclinez-vous
Devant celui qui part : il est plus grand que
[voue !
- , i., t*.- C. LECIGNE.
Le prince de Wied
HT L'ALBANIE
peut juger, méthodique et de précaution.. Il
a accepté le mandat de l'Europe, à la con
dition que l'Europe voulût bien lui garan
tir une liste civile, d'ailleurs nullement
exagérée, et un emprunt de 75 millions.
Ensuite, il ,a stipulé expressément que le
régime parlementaire ne serait pas intro
duit dans la principauté. L'Angleterre
« mère des Parlements », et la France elle-
même, ont dû souscrire à la demande du
prince de Wied et convenir implicitement
que le gouvernement des partis et des as
semblées n'était pas le meilleur des gou
vernements.
Quel signe du temps où nous vivons 1
Il fut un temps où la France donnait des
rois à l'Europe, et où les rameaux du tronc
capétien s'étendaient de toutes parts.
Aujourd'hui, c'est l'Allemagne qui est
passée pépinière do princes. L'Europe
ayant créé un nouvel Etat, l'Etat albanais,
et n'ayant pas songé un instant à donner
la forme républicaine 4 cet Etat, c'est un
capitaine de la garde prussienne, allié aux
maisons royales de Prussa et dè Wurtem
berg, qui est devenu le titulaire de cette
principauté. Avec les Hohenzollern qui ré
gnent à Bucarest, et auxquels le prince de
Wied est' également apparenté, cela fera
deux maisons royales de pure souche ger
manique en Orient.
Chose admirable : un des motifs qui ont
le plus pesé en faveur du prince de Wied,
c'est qu'il est protestant. L'Italie, en parti
culier, l'a agréé en iraison de sa religion,
craignant sans doute qu'un prince catholi
que ne fût placé directement sous l'influen
ce de l'Autriche. Le résultat est, en tout
cas, paradoxal, puisqu'il se trouvera qu'un
prince protestant régnera sur un pays où
le protestantisme est inconnu et répugne'
à l'esprit de la population.
Cependant, le prince de Wied, fort bien
reçu en co moment par le gouvernement
italien, se prépare, par une brève croisiè
re, à, faire connaissance avec ses futurs
sujets. C'est yn homp a. autant .qu'oa en*
Ëehos
L'éducation de M. Caillaux
Hier, au Sénat, pendant son , discours, M.
Caillaux se pemche vers la. droite, et, avec
un sourire malicieux :: « J'ai lu dans ma
jeunesse, Messieurs de lia droite, un' de vos
auteurs préférés, M. de Falloux...
. —Nous savons tous, ici, interrompt un de
ces messieurs, que vous avez reçu une ex
cellente éducation.
M. Caillaux n'eut pas les rieurs de son
côté.
Le. casier judiciaire.
du roi d'Italie
Le roi d'Italie Victor-Emmanuel III est
né au château royal de Capodimonte, au-
dessus de Naples ; de plus M a un domicile
à Gressoney, pTès. dm Monte-Rosa.
. Or, le roi étant porté sur la liste électorale
communale de Gressoney, la municipalité
a requis le parquet de Naples de lui fournir
le casier judiciaire du roi Victor-Emma
nuel III.
Et comme Victor-Emmanuel, de même
que tous ceux qui sont nés à Naples, a dans
cette ville son casier judiciaire, le Procu
reur général de Naples a répondu par la fi
che : NuUa esiste (Néant).
Hommage américain à la France
Le Musée d'art français a offert, à M. Jus
sexand, ambassadeur de Ffamic© aaix Etatsr
Unis, un gala concert dont le progiramme,
conçu en hommage à'notre pays, présentait
une certaine originalité. Il avait (pour ti
tre : « La France pittoresque en musique »
et il comportait des danses et chants des
provinces de France, exécutés Avec le con-
. cours de la Scola Cantonim de New-York.
Le même Musée d'art français organisa, en
suite, pour faire connaître notre.art natio
nal, une exposition de cent dessins de nos
humoristes les pdus réputés.
Les Américains arriveront à connaître
ainsi toutes les fa-ces du génie français.
Les vieux braves
On vient d'enterrer à Vesoul un modeste
buraliste qu'on appelait familièrement, là-
bas, « .1© père Huot », et qui eut son heure
de gloire en 1870, quand il était le capitaine
Huot.
Habitant Besançon, le jeune Huot, au
lendemain de la déclaration de guerre, con
stitua
vi sous ses ordres ont conservé de lui un
souvenir attendri, où l'admiration le dis
pute -au respect.
Le capitaine Huot accomplit, à leur tête,
des exploits magnifiques. Il livra de vérita
bles batailles aux Prussiens avec des effec
tifs minimes, et toujours il eut la victoire.
" Il fit de nomibreux prisonniers, dont plus
sieuirs officiers supérieurs, et délivra 115
prisomniers français. Au cours d'un de ces
engagements, il eut les deux cuisses traver
sées par une balle et obtint la croix de la
Légion d'honneur pouir sa vaillante con
duite.
D'unie audace incroyable, le capitaine
Huot était la terreur des Prussiens qui
avaient mis sa tête à prix, et qui ne lui par
donnaient pas notamment d'avoir capturé
le propre neveu de Bismarck, le comte von
Bonim, aux environs de Vellexon, et de
l'avoir ramené prisonnier, à Besançon, le
13 décembre 1870.
La Fontaine Médicis
A la demande de la questure du Sénat, la
commission des inscriptions parisiennes a
adopté, sur-le rapport de MM. Mareuse et
Lambeau, le texte de la nouvelle inscrip
tion qui sera placée sur la fontaine Médicis
au Luxembourg, .lorsque les travaux de ré
fection auront été terminés.
Cette inscription rappellera que lai fon
taine fut construite de 1624 à 1630 par-Jac
ques de Brosse, architecte, et Ottin, sculp
teur, sur l'ordre de Marie de Médicis, et
qu'elle fut transférée en 1862 à l'endroit
qu'elle occupe aujourd'hui par M. de Gi-
sors qui la restaura.
Nos frèras les Japonais?
Jusqu'ici, on considérait les Japonais
comme appartenant à la race jaune.
La langue, la tradition," l'histoire, les
coutumes des Japonais prouvent qu'ils sont
les moins mfongoliques des peuples de
■l'Asie.
La Nortu American Review les considère
comme la fusion des races aryenne, sémiti-
que, malaise et tairtare. Les plus anciens
peuples du Japon, les Ainos, seraient
Aryens, et, dans les livres historiques, on
trouve la narration d'une invasion de peu
ples venant des plateaux de l'A'3ie centrale.
Qui se; serait douté que ces petits bons
hommes jaunes étaient, malgré tout, des
blancs 2 " ' : • ' •
■' csbcamon.
♦X*
A l'école laïque—A l'hôpital laïcisé
Dans le Matiwel général de l'Instruction
primaire, journal hebdomadaire des ins
tituteurs et des institutrices, M. M.-G. Ros
signol, inspecteur d'académie de l'Indre,
raconte une visite de Mme l'inpoctrice gé
nérale à une école maternelle. Laissons la
parole à M. l'inspecteur :
D'une voix affectueuse, caressante, qui veut
mettre tout le monde à l'aise et en belle hu
meur, Mme l'inspectrice s'informe de la leçon
du jour.
Justement on a parlé hier de là politesse et
des nombreuses occasions où il faut savoir
dire : Merci.
/Dans le profond silence, Mm© 'l'inspec
trice, qui veut s'assurer que la leçon de la
veillé fut bien comprise, pose une question:
Voyons» mes enfante : votre maman vous a
réveillés ce matin. Elle vous a nettoyés, ha
billé». fait déjeuner'; elle vous a mis aux che
veux un joli petit ruban, et vous allez partir
tiour l'école." Eh bien, avant de la (ruitter. en
l'embrassant bien fort, pour lui montrer que
vous êtes contents de tout ce qu'elle a fait
pour vous, que lui dites-vous î
Evidemment, c'est là une question diffi-
cile. Songez donc, on a six ans, quatre ans
ou même-deux. ans. On ne sait pas encore
répondre. Et puis, on est intimidé... Bref,
sur toute la ligne, c'est le silence...
Mme l'inspectrice reprend, vient au se
cours :
Voyons, nies enfants, ne vous troublez pas,
réfléchissez. Pour remercier votre maman,
vous lui dites : Mer... Voyons, un tout petit
mot de cinq lettres, celui sûrement que vous
entendez dire souvent autour de vous... Mer...
Alors, tout ..d'un coup, sur la trace de deux
ou trôis grarçons plus délurés qui se rappel
lent le -mot que leur grand: frère dit en effet
Plus de vingt fois par jour, à pleine volée,,
toute la classe, dans une de ces réponses col
lectives qui font , la « classe vivante », lance j
1.3. mot... que vous devinez et qui commence,
bien par les mêmes lettres que le mot : merci,
mais qui ne finit pas de même.
Ne commentons pas, n'est-ce-pas?
On a-bien lu-: c'est « toute la classe »
qui répond ainsi à l'image évoquée de la
maman— Effroyable !
. 'mW;.-- ■
0 ..
. * *
■ - Et voici des crimes.
On sa souvient des scandales de l'hôpital
laïcisé de Lorient, qui furent portés récem
ment devant le conseil municipal de cette
ville. De nouveaux scandales, plus graves,
viennent de se produire dans le même hô
pital laïcisé. Par imprudence, une infir
mière a plongé un enfant de huit ans d'ans
un bain d'eau bouillante. Grièvement
brûlé, l'enfant est cependant, à l'heure ac-
tuélle, hors de danger. D'autre part, les
infirmières ayant laissé une salle sans au
cune surveillance, une malade s'est jetée
par la fenêtre du premier étage.
Conclusion :
Les Soeurs aux écoles !
Les Soeurs aux hôpitaux 1 ms
La Die de Jésus
.Autour, de Renan, depuis quelques semai
nes, ..une ardente bataille est livrée. Le
fiemvs, par exemple, crie : au voleur, mais
la Revue hebdomadaire, l'Echo dè Paris et
représentants .officiels de l'Académie
française affirment leurs droits de pro
priété sur telles ou telles parties d'une
œuvre en mal de dissolution,et dont les élé
ments disparates sont animés d'une très
remarquable force centrifuge. Au moment
où-j'écris ces lignes, il s'agit spécialement
de la Vie de Jésus.
Comme l'idée fiut médiocrement heureuse
d'organiser une retentissante protestation
contre ce triste livre, quand il parut, il se
rait peu sage de ne point constater,.aujour-
d'hui, un fait apologétique intéressant, sa-
voir, .la fin honteuse de ce même livre.
Renan mit toute ses principes exégétiques
dafis son Introduction. Auk yeux des Fran
çais^ du'second Empire, ils apparurent
comme un© sort© de savoureuse et scienti
fique nouveauté. Les Logia, le témoignage
de Papias, les dilïérencies chronologiques
entré les diverses rédactions, l'opposition
entré les synoptiques et ie quatrième évan-
géiique, .las accusations violentes et absur
des-! portées par l'école germano-protes
tante contre là moralité historique de saint
Jeap; tous ces thèmes que nos écrivains ca
tholiques ont élucidés, Dieu merci, dans
tous les sens, Renan les présentait à ses
contemporains avec une transcendante
hîenvéililance. Il avouait cependant qu'il
n'était qu'un simple vulgarisateur; il citait
pararii ses' maîtres : Reuss, Albert Poéville,
iMiehel Nicolas, Strauss et Colani. Mais il
revendiquait un brevet d'invention pour
■une découverte qui,, selon lui, était d'une
|très';haute importance : il apportait au
monde, lui, Renan, un cinquième évangile.
h J'ai traversé, dans tous les sens, la pro
vince. évangélique ; j'ai visité Jérusalem,
Héhron et la Samarie ; presque aucune lo
calité importante de l'histoire de Jésus ne
m'a-échappé. Toute cette histoire, qui, à
distance, semble flotter dans les nuages
d'un.; monde sans réalité, prit ainsi un
corps, une solidité qui m'étannèrent. L'ac
cord' frappant des textes et des lieux, la
«wyéiMeim harmonie do l'idéal évangéli-J»
que avec le paysage, qui lui servit de cadre,
furent pour inoi aine révélation. J'eus de
vant les yeux un cinquième évangile. »...
Ainsi procèdent les romantiques. Soue ce
fallacieux prétexte qu'un paysage est un
état d'âme, ils demandent aux co-Llines et
aux vallées des renseignements d'ordre
philosophique. L'application de cette mé
thode était d'autant plus absurde, en l'oc-
ourrenoe.que le paysage palestinien a com
plètement changé d'aspect, depuis dix-aieuf
cents ans. Il était riant, dl est désolé. Les
descriptions que Renan a mêlées à son exé
gèse, il les a faites de chic (l'Académie
française nous autorise à parler de la sor
te). Elles ne prouvent donc rien..
Ajoutent-elles un réel et appréciable
charme à l'ensemble de l'œuvre ? Presque
tous les contemporains de Renan, libres
penseurs ou catholiques, le crurent, puis
qu'on vit paraître des Vies de Jésus fort
orthodoxes enrubannées de métaphores
élégantes et enguirlandées de paysages.
Un homme politique éminent me déclarait,
naguère, qu'il avait quelque peine à se dé
fendre contre les prestigieuses séductions
•littéraires de Renan. Sans doute, faisait-il
allusion à la trop fameuse description de
la Galilée. « Des tourterelles sveLtes et vi
ves, des merles bieius si légers qu'ils posent
sur une herbe sans la faire plier ; des
alouettes huppées, qui viennent presque se
mettre sous les pieds du voyageur ; de pe
tites tortues de ruisseau, donit l'œil est vif
et doux ; des cigognes à l'air .pudique et
grave, dépouillant toute timidité, se lais
sent approcher -de très près par l'homme
et semblent l'appeler. En aucun pays du
monde, les montagnes ne se déploient avec
plus d'harmonie et n'inspirent de plus hau
tes pensées... »
Disons la simple et nécessaire vérité/même
aux hommes politiques: en soi, le petit jeu
romantique que la précédente génération
admirait tant chez Renan manque de sé
rieux. Transporté dans une œuvre religieu
se qui pose ©t doit résoudre le plus grave
des problèmes, il est ridicule et indécent.
Ce qu'il importe le plus dé noter dans la
Vie de Jésus, c'est la façon dont l'auteur
étreint habituellement ou essaie d'étreindre
son sujet divin. On peut l'a caractériser en
deux mots : tout l'effort de Renan vise à
tordre et à fausser le texte évangélique. II
accable son héros, notre Dieu, de louanges
dont II n'a aucun besoin, quitte à l'accuser
ensuite de méfaits plus que graves qui té
moignent d'un certain avilissement de
l'âme, comme les derniers excès de la mé
galomanie et l'habituel mensonge. Quand,
pair exemple, le drame divin du Calvaire
est achevé, Renan affecte de se mettre à
genoux et de dogmatiser en. pleurant. « Re
pose maintenant dans ta gloire, noble ini
tiateur, ita divinité est fondée. » Odieuse et
sacrilège comédie en 26 chapitres qui rem
plissent 459 pages ! Avec un acharnement
d'où le sang-froid fut exclu, l'ancien élève
de l'abbé Le Hir dégrade actes et paroles,
il les présente sous un aspect vulgaire, il
les enlaidit, ou, ce qui est pire, les embel
lit ; toujours il .les retouche, jamais il ne
s'applique, sincèrement à les placer sous un
maximum de lumière. Naturellement, de ce
beau travail d'obscurcissement résulte une
incohérence énorme dans le développement
du caractère et dans l'ensemble des récits.
Les lecteurs souffrent dans les profondeurs
de leur âme chrétienne, ils se scandalisent,
s'irritent, et ils se surprennent à murmu
rer : le misérable !
Sans s'affaiblir le moins du monde, cette
première et ineffaçable et très juste impres
sion laisse bientôt quelque place à un autre
sentiment. Renan abuse si bien de l'esca
motage des textes que son insuccès finit par
absorber presque toute notre puissance
d'observation. Faut-il citer quelques exem
ples ? Renan fait naître Jésus à Nazareth,
et non à Bethléem, car il tient l'histoire
des Mages pour légendaire. Mais, pour les
besoins de sa thèse, il tire de ce même cha
pitre de saint Mathieu, qu'il avait traité de
fable, une très nette affirmation historique.
« Peu après sa -naissance (de Jésus), on est
obligé do le faire disparaître, pour éviter
des hommes puissants qui voulaient le
tuer. » De la grande, délicate et magnifi
que discussion qui eut lieu entre Jésus-
Christ et les Pharisiens sur le mariage
(Math., x, p. 3 et suiv.), Renan se contente
de dire : « Une seule fois sur le mariage, il
(Jésus) se prononce avec netteté et défend
le divorce. » La.très, justement célèbre ab
solution de la femme adultère et la procla
mation- des droits respectifs de Dieu et de
César sont résumés en quelques lignes,
d'où le mépris déborde. Il faut voir à quoi
Renan ose .réduire le chapitre vi° de saint
Jean et l'institution de l'Eucharistie. Par
tout, le sabotage apparaît systématique et
agressivement maladroit. On voit Renan sa
discréditer comme de parti pris, s'avilir,
tout à l'heure : le misérable ! Nous pen
sons maintenant : le maladroit, le pauvre
homme ! Et comme iL fait bien comprendre
Voportel etheereses esse! Par l'évidence de
son impuissance totale et par l'absurde,
Renan donne une preuve nouvelle de l.a
divinité nicéenne de Notre-Ssigneur Jésus-
Christ, le" Verbe fait Chair. La lecture de
sa pseudo-biographie est (toujours attris
tante, oh ! oui, mais elle a perdu tout pou
voir de troubler la foi : elle fortifierait plu
tôt la joie de croire chez toute une catégo
rie de lecteurs renseignés. On dirait d'une
machine dè guerre abandonnée par les
vaincus dans les fossés d'une forteresse
victorieuse. Du vieux îei', de la rouille,mais
ces débris laissent voir encore de pompeu
ses inscriptions : « Te souviens-tu des jour
nées de Ghazir ?... » Les croyants se sou
viennent... très peu, et ils sourient en re
trouvant là, 'déshonorées, ces prétentieuses
bravades. .
Abbé Delfouu.
Au jour le jour
Souhaita aztèques
, .-T~. ♦— •
Ce ne sont pas comme on pourrait lê,
croire des vœux de fantaisie ; ce sont sim
plement des vœux en vieille langue azfè-
que,cette langue que rencontrèrent Fernand
Cortez et ses soldats en allant conquérir,
VAnahnac, le vaste plateau des hautes ter*
tes mexicaines.
Ces vœux otit été adressés pour le Jour,
de l'An aux autorités ecclésiastiques de
Mexico.
Voici le texte dos premières lignes. Nos.
lecteurs nous dispenseront de citer les ait*
fres : - .
Ni quin m'elehuilla in po tlâzo Tâtzintli ïb
Tlacecentlamautilli.
Teuhtle Hueyteopixqui Tlamatini don José
Mora y del Rio.
Et cela signifie ;
Je souhaite une heureuse année dans le Sei
gneur à mon prélat bien-aimé S. G. Mgr l'ar
chevêque don Joseph Mora y del Rio.
. Comme on le voit, la curieuse langue des
indigènes est loin d'être oubliée, puisqu'â
deux pas de la capitale du Mexique un bon
curé l'écrit encore.
D'ailleurs dans la langue courante, ses
syllabes au bruit de castagnettes se retrou
vent dans quelques noms propres, ainsi que
dans les appellations de beaucoup de loca<•
lités qui sont précédées ordinairement d'un
nom de saint : Saint-Jean Téotihuacan ;
La Conception Tequipéouca, Saint-Louis,
Tlaxcalixtlahou-aca, etc.
Les autres langues, otomi, zapolèquet
maya, etc., subsistent aussi, même chez les
Indiens plus ou moins civilisés et métissés
qui parlent égaUment pour la plupart l'es
pagnol. j
Toutefois, tandis qtie dans le Paraguay'
et les districts environnants tous les habi
tants partent le guarani en même temps
que >Pespagnol, au Mexique les aeux tiers
à peu près de la population ne se servent
plus guère que de cette dernière langue.
A Mexico, comme dans les villes et dans
la majeure partie du plateau central, il est
rare de trouver des personnes parlant l'az-
tèque : seuls les habitants des villages re
tirés des montagnes s'en servent courant*
ment.
On voit parfois, dans les grands maga
sins du centre de Mexico, aussi luxueux
que ceux àe Paris, des groupes de ces rus
tiques acheteurs contrastant avec la clien*
lèle ordinaire. Ayant réalisé un bon béné»
flee sur leurs œufs ou leur mais, ils vien
nent, sans souci du prix fixe, marchander,
opinidtrément quelque étoffe bon marché.
Rien n'est plus curieux que le manège du
chef de file, qui seul parle aisément l'espa
gnol, discutant avec l'employé et palabrant
longuement d'autre part avec les membres
de sa tribu. Le marché se conclut enfin...-
et le soir quelques ballots d'étoffes grossiè<
res, dites du pays, prendront le chemin du
village. Ils seront portés par de petite
ânes maigres et résistants ou par des ba
teaux plats qui iront vers Xochimilco et
les montagnes du Sud, un des plus impor
tants réservoirs de types indiens à peu
près purs. j
Leur port d'embarquement, au sud de la
capitale, est .la Viga, où aboutit le canal
du même nom. j
Depuis Frère Barthélémy de las Casas,
l'Eglise catholique, qui partout a protégé
les faibles, a tout particulièrement défendu
les Indiens contre l'exploitation de leurs
conquérants. Aussi, tandis qu'il n'existe
plus d'indigènes aux Etats-Unis, le Mexi
que doit à la sollicitude des religieux
d'avoir conserve sa population primitive.
Non seulement bon nombre dè prêtres,
mais même des prélats apprennent la lan
gue des indigènes.
Rien n'était plus touchant que de voir
le dernier archevêque, Mgr Alarcon y La
Bai quera, donnant la confirmation aux pe
tits Indiens plus ou moins dépenaillés, ran
gés le long de la, longue balustrade d'ar
gent. qui court au centre de la-vaste cathé
drale. L'archevêque les encourageait et in
terrogeait paternellement les parents^ dans
cet idiome inusité des citadins.
l.'épiscopat, avec Vaide de la charité
chrétienne, a nième fondé un séminaire,
pour apprendre l'aztèque aux jeunes clercs.
Cet établissement est situé «d Texcoco, sur
les bords du lac. salé du même nf>m. Les.
jeunes élèves auront là de nobles exemples
à imiter. Les rois de Texcoco et ceux de.
Tûcuba étaient, avant l'arrivée de Cortez,
ies vassaux <(e l'empereur de Mexico. Les
premiers ont laissé une grande réputation
de littérateurs, d'artistes et de protecteurs
des arts. L'un d'eux fut surnommé le roi-
porte. L'art des vers, où l'on parlait sur
tout de fleurs et d'oiseaux, l'art des pote.'
ries, de la sculpture et,des parures, y fu
rent poussés au plus haut point. Actuel
lement encore une propriété voisine de la
ville, le Moulin des fleurs, possède des jar
dins■ qui par leurs fleurs, leurs cascades et
leurs variétés d'oiseaux, rappellent les
splendeurs des anciens seigneurs.
Mais rien ne les rappelle dans la petite
rMc voisine de Texcoco, triste et endormie.
Seuls, dans le jardin public, veillant des
deux côtés du kiosque, deux grands ser
pents de jaspe, emplumés et enroulés sur
eux-mêmes, rappellent encore les cultes su
perstitieux et sanguinaires qui déshono
raient la civilisation aztèque...
S aint -R omas.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.56%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.56%.
- Collections numériques similaires France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France")M. Drouhet gouverneur des établissements français dans l'Inde, contre M. Pierre Alype, député. Procès en diffamation. Dépositions. Réquisitoire... / Plaidoirie et réplique de Me Allou. Arrêt ; avec une préface de Raoul Frary /ark:/12148/bd6t5933211q.highres Chiffre d'affaires dans le commerce de gros et les services aux entreprises : avril 2004 / Insee (France) https://catalogue.bnf.fr/couverture?appName=NE&idImage=1030873&couverture=1&hauteur=400&largeur=400
- Auteurs similaires France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France")M. Drouhet gouverneur des établissements français dans l'Inde, contre M. Pierre Alype, député. Procès en diffamation. Dépositions. Réquisitoire... / Plaidoirie et réplique de Me Allou. Arrêt ; avec une préface de Raoul Frary /ark:/12148/bd6t5933211q.highres Chiffre d'affaires dans le commerce de gros et les services aux entreprises : avril 2004 / Insee (France) https://catalogue.bnf.fr/couverture?appName=NE&idImage=1030873&couverture=1&hauteur=400&largeur=400
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k715313f/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k715313f/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k715313f/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k715313f/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k715313f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k715313f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k715313f/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest