Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1908-06-03
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 juin 1908 03 juin 1908
Description : 1908/06/03 (Numéro 14607). 1908/06/03 (Numéro 14607).
Description : Note : erreur de numérotation. Note : erreur de numérotation.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k713567r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 3 Juin 1908
Edition K' 14.607
Mercredi 3 Juin 1908
? *
ÊBmoN QuoTfiDîasrKa
PARIS ÉTRANGE»
Al DJÈPA&TEMENÏS (UNION POSTAXl)
Un an.... 25 » 30 »
Six mois 13 » 19 »
Trois mois...,. ' 7 » 10 • :
/ ÉDITION SEMI -QUOTIDIENNB
PARIS ; ÉTRANGER-
, £T DÉPARTEMENTS (UNION POSTAUt)
Un an......... 13 » ' 20 »
Six mois...... 7 » 11 ». -,
Trois mois. ,.. . 4 » 5 50
LEMONBE
BUREAUX .
Paris, rue Cassette, 17 (VI* arr.) téléphone ïof*l1. w
L : 'ON S'ABQHflE A ROME :68,.Plaça de la «inervi
•' 1 • - , >-?— i, 4é'>
■ Eoa a'boimeiafints partent des i« et 16 de ohaiulâ'ttolsf-i^'i, •"
UN NUMÉRO :
......
Paris |& Départements, 10 cent. *
: ■ ' ' ' : \
i'ONIVERS ne "êporldpàs cks mdnùsùrits qm lui tont-adressés -
ANNONCES
AUX BUREAUX OU JGURNÂL,17, nie Cassette
Et SOCIÉTÉ OE PUBLICITÉ RELI6IEUSE, 6, place de la Bourse
SOMMAIRE
L iqoida'ti'os db la « C rois ». — Eugène Ta-
vernier.
Ad jour lk .joor. — Grands et petits tré
teaux. —k J. Mantenay.
L es dédx triplices . L.-Nemours Godré.
A S aint -P ierrekt M iqcklon . — François
' Veuillot; .. -
La congbçs diocésain . — Anselme Lorphan
L a succession do roi C argos, —t -F. de Broon-
baeli.. . ... ... . ^
A la C hambre . — Marcel Duminy.
Lbs «ports ! —Jacques Clërval.
La ïbmains financiers.
PARIS, 2 JUIN 1908
LIQUIDATION
DE LA " CROIX "
Tout ce que l'on peut dire sur la
décision, qui dépossède M. "Fèron-
Vrau des immeubles et de l'impri
merie de . la Croisa — et Dieu sait si le
jugement, cpnfirmé par la Cour d'ap
pel, justifie la stupeur, l'humiliation
et l'inquiétude ! — tout ce que l'on
peut dire à ce sujet est-peu de chose
en comparaison deà réflexions qu'on
aura lieu de faire ensuite, bientôt
sans doute.
D'après le texte même du juge
ment, il est certain et prouvé que
M. Féron-Vrau a payé de son ar
gent les immeubles et le matériel
' d'imprimerie appartenant à l'œuvre
de la Bonne-Presse. Le jugement re r
connaît que M. Féron-Vrau a, dans
ce but, avec son admirable générot
sité,- décaissé un million quatre
cent mille francs.
Que reproche-t-bn'à M. Féron-
Vrau? D'avoir traité avec des per
sonnes qui représentaient les reli
gieux de l'Assomption.
Mais v , en 190Q, le tribunal correc
tionnel avait obligé cette congréga
tion à se dissoudre. Pour se dissou-'
dre, en pareil cas, il faut, non seu
lement que la congrégation disperse
ses membres, mais aussi qu'elle
vende les propriétés qu'elle -possède.
Les religieux avaient des immeu
bles, une imprimerie, etc... Dépiiis
1900, ils ne .pouvaient plus occuper
leurs immeubles ni exploiter leur
imprimerie en commun. Donc, ils
ont vendu. S'ils n'avaient pas vendu,
on les aurait accusés de violer la
loi, de rester illégalement organisés
en ■congrégation ; on les aurait
poursuivis de : nouveau. ' Ils ont
vendu parc® qu'ils étaient contraints
de vendre.
Il leur fallait bien trouver un
acheteur... Eh! bien non ! L'auto
rité qui les a mis dans l'obligation
de vendre déclare que ni M. Féron-
Vrau ni aucun autre citoyen ne pou
vait acheter aux religieux ce que
les religieux étaient forcés de
vendre. '
Les Assomptionnistes auraient dû,
paraît-il, abandonner leurs biens a
quelque liquidateur.'
Sans doute, ce. personnage offi
ciel remplit désormais une fonction
très importante, tellement dévelop
pée et multipliée qu'elle le place - au
dessus .des maires, dès préfets et
d'autres représentants des pouvoirs;
publics. Aujourd'hui on rencontre;
partout des liquidateurs, dont les
attributions s'amplifient indéfini
ment. Demain lès simples citoyens;
contracteront l'habitude d'indiquer
sur leur carte de visite, outre leur,
profession, leur domicile, leur cer
cle et leur numéro « de téléphone, 1er
liquidateur duquel" ils dépendent.-
Voilà le joyeux avenir qui nous est;
assuré, sans noter encore une foule;
d'autres avantages.
Mais, en 1900, les liquidateurs de
propriétés religieuses n'étaient pas.
encore installés ni désignes, puisque'
la loi qui les a établis date de 1901.î;
Comment les Assomptionnistes;
seraient-ils coupables de ne pas;
s'être conformés aux injonctions;
d'un législateur qui n'existait pas?;
Est-ce qu'ils auraient dû faire, dèsf
l'année 1900, ce qui a été ordonné?
seulement par la loi-dé 1901 y c*est-à- ?
dire s'appliquer à eux-mêmes une
loi qui n'était pas encore votée, de-;
viner que M. Ménage serait plus
tard chargé d'administrer leurs biens
et livrer ceux-ci d'avance, au dit M. ;
Ménage? Probablement; du moins 1
d'après l'extraordinaire théorie ju
ridique du tribunal et de la cour.
Cette théorie juridique arrange le
droit d'une jolie manière. Ainsi,;
avant que M. Féron-Vrau achetât et ;
payât les immeubles , et les autres!
propriétés'de la congrégation, celle-^
ci avait traité avec la Compagnie
d'assurances la Providence, pour
un prêt hypothécaire de 680.000
francs. Le prêt..sera-t-il déclaré nul ;
et la Compagnie d'assurances va-
t-elle se trouver dépossédée comme
M. Féron-Vrau? Tous deux sont?
dans. lé , même cas, puisqu'ils ont I
fait une: affaire, avec, la congréga
tion. Mais non: le jugement distin
gue. II annule ce qui concerne Mr
Féron-Vrau;. il approuve, au con
trante, ce qui se rapporte a la Com
pagnie d'assurances. Pourquoi?
Parce que, autour des Compagnies
d'assurances, 11'y a d'autres établis:
sements financiers qui auraient vu
avec inquiétude l'application d'un
tel système..,
Les maisons financières méritent
des égards, tandis que les citoyens
catholiques n'ont pas de droits,
lorsque, le gouvernement juge con
venable de les déposséder de ce
qu'ils ont acheté et payé.
Il faudra que M. Féron-Vrau achète
de nouveau et paye de nouveau,
cette fois entre les mains du fantas
tique liquidateur, lequel se trouve
être seul et unique propriétaire de
tout bien congréganiste.
- Et probablement, cette énormité
ne suffira pas encore..
Car voici l'opération qui se pré;
pare :
Un deuxième procès, dont la pro
cédure a; été menée rapidement, a
pour but d'enlever à M. Féron-Vrai}
la propriété du « titre » du journal
la Croix, puisque tout ce que Mi
Féron-Vrau a fait comme succès--
seur des Assomptionnistés "doit êtrq
déclaré nul. . •
' Le titre du journal la Croix sera
considéré comme étant la propriété
du liquidateur, jusqu'à ce qu'une
nouvelle 'adjudication ait eu lieu. ;
Pendant cet intervalle, qui peujt
être de trois mois, de six mois ou
plus encore, c'est M. - Ménage, c'est
le liquidateur qui sera chargé d'ad
ministrer, en réalité, de publiér la
Croix. ' "■ V • - ;
Voilà donc le liquidateur trans
formé èn directeur de la Croix. H
devra se munir d'une ; rédactions.
Peut-être, pour, ne pas être accusé
de dilapider le bien qui lui est confie,
peut-être fembauchera-t-il une demi-
douzaine de 1 rédacteurs prétendus
catholiques. Gomment cette Croix-
là, jugera-t-elle les oeuvres de la li
quidation ? , •
Nous-avons vu la, ligne de con
duite appliquée à l'égard des Char
treux. Le liquidateur a revendiqué
la propriété non-seulèment des im
meubles mais aussi de la marque de
fabrique relative à la liqueur célè
bre. Û s'est fait fabricant, comme il
venait de se faire trafiquant. '
Un liquidateur a toutes les aptitu
des ainsi que tous les droits. ; Sans
"hésitation, certain dè sa compétence
universelle non moins que de son
autorité' suréminente, M. Ménage
prendra la direction d'un journal
tout catholique; Peut-être écrira-t-il
lui-même' des articles destinés à ex
poser la véritable orthodoxie,.,,
telle quela conçoit le gouvernement.;
Bouffonnerie administrative, bouf
fonnerie sacrilège; nous allons voir,
cè spectacle s'étaler avec une am
pleur qui étonnera même un ibon
nombre des gens employés à le don
ner. ■"
Ce ne sera pas tout. Quand M. Fé
ron-Vrau aura fondé un nouveau
journal à la' place de celui qui lui
appartenait, le liquidateur le pour
suivra de nouveau pour contrefaçon
et pour concurrence frauduleuse !
La juridiction correctionnelle vien
dra renforcer la belle juridiction ci
vile.
Et puis, il est encore question de
réclamer a M. Féron-Vrau le rem
boursement des recettes qu'il a en
caissées depuis cinq ans: la pres
cription ne permettant pas de ré
clamer davantage.'
Qu'est-ce que les libres-penseurs
libéraux pensent de -cette lutte spo
liatrice menée au moyen de la pro
cédure? Ne trouvent-ils pas que
notre société, gouvernée par les fa
meux Droits de : l'homme, réalise
parfois un type vraiment remar
quable, et vraiment réussi, de filou
terie organisée? .. .
Eugène Tayeenibb.
D'UN JOUR A L'AUTRE
—: La Chambre continue .le débat de
l'impôt sur le revenu? quelques exemp•
tïonsont été votées.
— Au Sénat, reprise des séances:
on poursuit la discussion du rachat dè
l'Ouest. ' " >-<
— M. Briand dépose nn projet assu
rant aux plaideurs communication
des états de frais des officiers ministé
riels. : '
— Le ministre du commerce a inau
guré hier, à Paris, le cinquième con
grès international du coton.
— On annonce, pour la semaine pro
chaine, une interpellation de M. Ger*
vais sur le Maroc.
— Le conseil de préfecture de la
Somme a annulé l'élection des 28 élus,
libéraux et progressistes d'Amiens.
— Une démonstration italienne se
prépare dans les eaux turques; il
reste à régler encore quelques qués«t
tions. ». ;
— Samos est toujours enrévolteiune
note diplomatique anglo-française
rappelle à la Porte qu'elle doit respec-
ter la Constitution de l'île.
. —-A la Chambre des communes, dé*
bat sur' le prochain voyage du roi
,Edouard. VII en Russie.
•— Nasi,. l'ex-ministre concussion
naire, sera réélu à Trapani ; ses élec
teurs ont décidé de lui rester fidèles, i
NOS DÉPÊCHES
, .L'anniversaire du 1Pape. . ..
Rome % juin, 12 h. 38 s. '
Aujourd'hui", anniversaire dé la naissano®
du Pape qui accomplit'sa soixante-treizième
année, le drapeau pontifical est exposé dans
la cour Saint-Damase ou ce matin laonusi-
.qup des gendarmes à donné un concert., ;
La réforme des Congrégations-
Rome, : 2 juin, 1 h. 25 s." ,
Le décret réformant les Congrégations roc
maipes paraîtra, dit^on, entre la Pentecôte
et la Saint-Pierre. Cette réforme est entou
rée* du plus grand secret j nous pouvons
dire cependant que la première partie uni
fiera pour les employés des Congrégations
le calendrier, 1 l'horaire et les traitements, et
abolira le cumul dè plusieurs' emplois sur
la même personne.
La seconde partie réformera spécialement
la procédure dés tribunaux^ instituant: la
possibilité de l'appel dans lamêmeCongrôr
gatipn, mais devant une section différente.
Le décret rétablira aussi les attributions
du tribunal de la rçte en lui-rendant toute
son importance. 1 - ■ - - -
Âujour le jôur
Grands et .petits, tréteaux ;
L'Un dernier,-quand -on «donna, une
représentation au bénéfice de Paulus,
Mme Rçjane disait dans un couplet aui
public - >;
Il était presque Un pèu d'histoire;..
■Et c'est vrai. C? pauvre Paulus., qui
s'est éteint hier--misérablement, en>
cette petite ville de. Saini-Mandé, sur
laquelle plane le souvenir du plus fas
tueux des surintendants, ne fut pas
seulement une gloire de café concert;
il joua un rôîe dans la politique con
temporaine.
Il Rappelait de son vrai nom Haban.
A l'époque de la guerre, il avait vingt-
cinq ans et chantait â l'Eldorado. Ce
n'est que dix-sept ans plus tard qu'il
devint subitement célébré. Le général
Boulanger venait d'être follement ac
clamé à la revue de Longchamp. lors
que Paulus chanta pèu de semaines
après.- « En r'venant de la r'vue >, il
eut un succès foudroyant. Et quand
Vartiste, mettant son chapeau au bout
■ de sa, canne, se mit à marquer le pas
enchantant:
Gais et contents,
Nous allions triomphants...
ld sàllè trppigna d'enthousiasme. « '
Comme Va dit très justement na
guère un journaliste qui connaît bien
ses contemporains et. son époque, M.
Robert Mitchell Pour la première
fois depuis dix-sept ans, un ministre
de la guerre n'apportait pas au pou
voir l'âme d'un vaincu. » - . _
Rien de plus exact. Et c'est ■ bien
pourquoi on pourrait presque considé
rer les refrains de Paulus comme es
chants tyrtéens:..
Bref, l'artiste venait à ion heure...
Je relisais dernièrement la célèbre bro
chure de Chateaubriand : « De Buona-
parte et des Bourbons > ; cette plaquette
insipide est absolument indigne de
Vauteur du Génie du christianisme,
Elle eut pourtant le plus bruyant suc
cès. C'est qu'elle venait à poïnt norhmé.
En 1814, le pays était las de l'Empire,
et il fallut que bien des folies fussent
commises-pour rendre possible, un an
plus tard, le retour de l'île d'Elbe.
Là fortuné, du général Boulanger
ayant été, on le sait, fort éphémère,
Paulus, il faut le dire, ne fut pas au
nombre des courtisans -du vaincu.
Prestementy- il modifia le refrain de
sa célèbre chanson. ■ "
Jusqu'alors, il avait dit : -
Moi, j'faisais qu'admirer .
L'trave général Boulanger. :
Désormais, il chanta :
• Moi, fen reste baba
Jamais, j'avais tant vu de soldats...
Il avait gagné plusieurs millions.
Pendant sa tournée d'Amérique, il ne
touchait pas, moins.de 25.000 francs
par mois. Avec cet argent, il voulut
spéculer et se ruinai 11 est mort. fort
> tristement, après une doulouloureuse
maladie. C'est à peine si la représen
tation organisée !'an dernier à son bé
néfice put adoucir un peu ses derniers
jours: '■'■■■' -
U serait injuste de dire que la popu-
1 larité de Paulus dut tout aux circons
tances. C'était yn artiste ingénieux,
original, dont la voix métallique était inr
fatigable, et,qui possédait, qualité assez
rare,, une admirable dictwn... — t J.
Mantenay. '
LES DEUX ' TEIPLICES '
- - Ï--
Maintenant que le voyage de M. Fàl-
lières en Angleterre, et la prochaine
visite du roi Edouard en Russie, an
noncent ou font prévoir le projet ou tout
au moins la possibilité d'un accord
franco-anglo-russe, une mauvaise hu-
ïnèur très évidente, et d'ailleurs exces-
sive,, éclate -dans la presse allemande.
j2t, par suite, d'une manœuvre qui est
l'enfonce de l'art dans les journaux
dressés au jeu des fausses nouvelles et
des fausses dépêches par feu Bismarck,
on invente, des nouvelles inexactes pour
lôs. démentir. Mais les démenti? sont
donnés et commentés de telle façon qui
amsmmm
laisse croire que si rien de grave n'est
survenu, il aurait pu ou il pourrait sur-
vènir quelque Chose dô grave/et qu'en
somme il n y a pas de fumée, sans feu. .
, C'est ainsi, paraît-il, qu'on a raconté
et démenti à Berlin ou à Hambourg
l'histoire d'une prétendue communica
tion adressée par la chancellerie aller
mande au gouvernement'français,et lui
demandant de fixer iine date pourl'éva-
. cuàtion du MaroçV 'Nbuâ n'avons pas
' bésôin de rediré qu'il n'y a rien de vrai
: dans l'histoire de cette prétendue comr
muniçation, qui, dans les circonstances
présentes, aurait eu une gravité excep
tionnelle. On n'a inventé la nouvelle
aue pour l'envélopper de réticences et
ae considérations de nature à troubler
l'opinion.
Onne voU pas d'ailleurs pourquoi,
l'Allemagne étant le centre et la tête
d'unéTriplice, la France, lîAngleterre^et
,1a Russie, n'auraient pas le droit de
constituer une seconde.. Triplicé." Et
puisque la Triplice allemande à été
créée pour garder, la paix, de l'Europe,
il n'y a pas dé raison pour accusé^ la
Tripliçe îrànco-anglo-russé do vouloir
via guerre. Sans di3ute.il y. a la question
.^d,u Maroc. Màis ..puisqu'on cétte affairé
l'Allemagne a déclaré ne vouloir que le
respectide ses intérêt commerciaux, et
qugles engagements les plus formels
lui garantissent ce respect là, il n'y a
. qu'a attendre la fin du conflit provoqué
' parle massacre, 4e Casablanca et la
:prisé d'armes du fanatisme marocain.
Mais il "faut reconnaître que la mau-_
vàise humèur allemande mettes Italiens
dans le plus, grand^embarras. Ils ne
veulent,- comme dit le Mattino, ni re
nier leurs 'alliances, ni porter atteinte
à leurs amitiés. Et les feuilles de'Berlin,
par égardçour leurs amis d'outre-monts,
-feraient bien de mettre une sourdine
à leur, façon belliqueuse.
L.-Nemours Godré. .
UN CŒUR D'OR,.,
C'est M. Ranc, qui s'apitoie dans \' Au-
vore sur. lp^ vieux prêtrgs que toute sa
vié) il, jà, couverts,, de ibAiïe. ll>est fort
ennuyé "de ne pquyoir dire.; que-pour
l'argent l'Eglise est ,prête à tous les
sacrifices, alors il injurie le Pape, .et
l'épiscopat qui lui obéit avec joie :
Il n'y a plus la moindre lueur d'espoir
que l'épiscopat fasse entendre au Pape in^
transigeant quelques paroles de* conciliai
tirin et- d'apaisement. « Notre ^réponse est
une profession d'obéissance absolue au-mot
d'ordre du vicaire de Jésus-Christ », déclare
dansune lettre le cardinal Coullié.- •
Et le cardinal Coullié expose ainsi les
raisons de cette obéissance absolue : « Les;
questions pratiques peuvent être envisa-i
gées à des points de vue divers, mais il ne
peut y avoir diversité de sentiments quant
aux règles fondamentales, et c'est du Chef
de l'Eglise qu'émane l'autorité qui indique
les contingences à sacrifier pour sauver lés
principes. »
Ah! qu'en termes galants ces choses-là
sont dites 1 En l'espèce, les contingences
qu'il s'agit de sacrifier, ce sont les pen
sions des vieux prêtres. Les pauvres mâ
tins s'en tireront comme ils pourront,
mais les :;prinoipes seront- saufs.! Allé
luia! . "
Impossible dé faire un plus bel éloge
de la fermeté du Saint-Père à défendre
> les'principes >. - ;
ÇA ET LA
Le crime de la place Beauvau. — Il
s'est passé hier, et dans, le cabinet du pré
sident du conseil.
, On sait que M. Clemenceau avait pour
compagnons ordinaires, dans son cabinet
de travail, un magnifique griffbn,qui a été
plusieurs fois primé à Londres, et un très
beau lévrier russe, de haute taille. De temps
en temps, il les flattait et jouait avec
eux.
Hier, il avait .gâté particulièrement le
griffon. Il lûi avait même octroyé',' sans
prendre garde à la bouderie significative
du lévrier, plusieurs bonbons en cho-
colat.
j Hélas 1 il ne prévoyait pas que les faveurs
d'un ministre peuvent exciter des < jalousies
et des hainesmortelles, poti seulement parmi
les hommes mais aussi parmi les animaux.
Furieux des; caresses dont le maître,com
blait son, rival, le lévrier se jeta tont à coup
sur le griSoh, qu'il étrangla en un instant.
C'est en vain que M. Clemenceau prit son
préféré dans ses bras pour essayer* de lé
raliimer c'est en vain qu'il eut . recours à
l'habileté d'un vétérinaire.: le malheureux
favori était mort, victime de son amitié...
Tant il.est vrai qu'il faut que les hommes
d'Etat soient extrêmement ménagers de leurs
laveurs !... ■ •
Avis aux amateurs. ■— On a vu ces jours-
ci à Plainfield, dans l'Etat d'Indiana, une
procession' de jeunes filles â marier. II pa
raît, en effet, .que les mariages- sont de plus
en plus rares* a Plainfield; ,
Les manifestantes portaientdes bannières
couvertes d'inscriptions de ce goût :
1 .«• Seigneur, donnez-moi un mari ! — Allez
demander ma niain à mon père. — le rape
tasserai soigneusement vos chaussettes/»
f On ne dit pas.si cette procession a provo
qué des mariages : les hommes ont le cœur
si dur! , '
, , * .. , '
Aux détracteurs de Vautomobile. — Si
M. Barthou s'imagine que son fameux pro-
jet-de loi est le reflet de l'opinion publique,
il se trompe étrangement,.témoin ce résulr
tat d'un concours propose dans la dernièrè
édition de YAlmanach-.Yermot et qui con
sistait en oeci :
Classer dans l'ordre de leur plus grande
utilité les dix principales inventions depuis
l'apparition des chemins de fer, ceux-ci
exceptés. Ces inventions n'étant d'ailleurs
pas classées d'avance, il s'agissait d'un vé
ritable plébiscite. - '
En voici le résultat, d'autant plus intéres^
«ant que chacun sait combien l'A Imanach
Vermot' est répandu "et qu'il est lu dans
toutes les classes dè la Société ; il résume
donc bien une opinion générale î ■>■■■■■- i > > -i
I. Automobile, 13.150; 2. Téléphone,
11.910; 3; Dirigeable, 11.700; .4. Sous-mi-
rin, 9,940; o. Machine à coudre, 8.560 ; 6. Bi
cyclette, 8.250 s 7. Télégraphie sans fil 6.910$
,8.,Phonographe 5.080 ; 9. Machine, à écrire
'080 ; 10. Télégraphie électrique 3^030.'
Rien à ajouter à l'éloquence de ces chif
fres. '
C'est égalj nous né nous serions jamais
douté que'le phoiiographe fût plus utile ou
agréable que la télégraphie électrique 1 *
Au Salon: '. :
— Cette peinturé est bien mal éclairée.
— Ce doit être l'huile qui est mauvaise.
L'incident Piou-Delahaye
Nous lisons dans l'Autorité :
MM; deRamel, député du Garâj et Le
Erovost de Lauay,. sénateur des Côtes-dur
Nord, désignés jpar M, Jules Delahaye pour
fairè partie, du jury d'honneur dpnt il a dei-
mandé la réunion, se sont mis en rapport
avec MM. le comte Albert de Mûri et Paul
Beauregard, constitués par M. Piou.
BÉNÉDICTION POflTiFICAlE
L'archevêché nous: communique la
note suivante : ' !
«En vertu' d'une faveur spéciale-ac
cordée par le Souverain Pontife à Mgr
l'archevêque de Paris lors de son ré
cent voyage à Rome, Sa Grandeur don
nera, le saint jour de ,1a Pentecôte, en
l'église métropolitaine; à l'issue de la
messe pontificale, la bénédiction papale
avec indulgence plénière. A
« La messe pontificale est célébrée a
dix heures."»
LIRJB A LA. DEUXIÈME PAGE:' l; !
-Le congrus diocésain, par Anselme Lor-
. phan. . -
Les mutualités ëoolésiastiques.. , ,
Persécution et action religieuse».
La succession, du .roi Carlos, par. F. de
. ; Broonbach.
LIRE A LA TROISIÈME VA OE : ' ..
La -séance de là ÇHambre.
Le^ sports, par Jacques Çlerval.
La semaine financière.
LIRE A LA' QUATRIÈME PAGE :
Notre dernière heure : Les débats
■ parlementaires.
. \— ;
DE ROI
(Par phoncgrammes . ;
de notre correspondant), ;
Rome, 1 er juin, 9 h 30 s.
AU VATICAN
Le Pape a reçu en audience privée Mgr
Gély, évêque de Monde, Mgr Guyot, évêquê
de Llanos, de Saipt-Martin en Colombie, le
nouveau général des,Passionnistes, le Père
Jérémie. de, Lépiné, accompagné des reliy
gieux qui viennent de le nommer général
du'chapitre, et enfin le nouveau général des
Capucins, le Père Pacifique de Seggiano, ac
compagné de son prédécesseur le Père Ber
nard d'Andermatt, Le'Pape : a confirmé a ce
dernier sa nomination comme archevêque
titulaire denouvelle avant-hier. ;
; Le Pape a,ainsi voulu reconnaître les 'ser-
i ^vices rendus par le Père Bernard à l'ordre
des Capucins et à l'Eglise durant son géné-
ralat ' Ce ;gériérâlat a; e.té lé plus long qu'ait
enregistré jusqu'à-présent l'ordre. Il, a duré
■vingt-quatre ans, le Père Bernard, par une
exception, unique, ayant été réélu trois fçis
de suite. Durant ce temps il, a. fondé quijize
nouvelles maisons-, et a enregistré trois
mille religieux de plus. Le nombre.des re
ligieux a doublé sous son gênéralat. Il a
visité personnellement toutes ses maisons,
allant d'Amérique en Syrie. Il a publié en
1899 une histoire de saint François d'As
sise. " ' j
" R&0RMB S DANS LUS CONGRÉGATIONS, . "
On annonce la prochaine publication d'un
décret -modifiant les attributions et fonctions
actuelles de plusieurs Congrégations . comEaé
la Daterie, la Pénitencerie, le Saint-Qt-
fice, etc. - > ■
LES PÈLERINAGES
Il y aura maintenant une. certaine accal
mie dans le ^-mouvement des . pèlerinages
poUr le jubilé sacerdotal du Pape. Les pèle
rinages reprendront ' en septembre. ÎVers, la-
fin de ce mois aura lieu le concours sportif
international, mais comme nous Payons dit,
la messe du Pape,qui devait avoir lieu à son
jouranniversaire, le 48 septembre, a été re
culée au 18 novemhre.
A L'AMBASSADE D'ESPAGNE ■ 1 ■ ;
L'ambassadeur d'Espagne a donné unç
réception dans les salons de 4'ambaasade
d'Espagne, en l'honneur , des pèlerins. Y
assistaient les -cardinaux Merry del Val,
Vannutelli, Cavicchioni ' et Rinaldini, l'é-
vêqjie titulaire de Dora, grand-prieur des
ordres d'Espagne, le marquis de Croquijo,
président du pèlerinage, des pèlerins et des
membres n ombreux du patriciat de Rome.
La veille, les pèlerins avaient assisté à, là
messe .célébrée pour le.roi d'Espagne., :
L'ambassadeur d'Espagne! ^ui assistait a
cette cérémonie, a remercié Mgr Virili,
évêque de Troade, et le chapitre.
. LA LICENCE BUILI^ÇB .'. % '
Aujourd'hui a eu lieu la composition
d'exégèse pour la licence biblique. Les cari-
didatspouvaient chéisir l'exégèse d'un des
trois cas çuivants : , -■■■ ;
1° Le jeune homme riche dans les trois t
synoptiques. ; i
2° Le discours de saint Paul à Eisidie. j
3°-Le discours de saint Paul devant Sextus
et Agrippina.
NASI CANDIDAT '
,On sait que l'^lectioii de Nasi a été cassée
par lft Gliâmbtfè. Ses électeurs de Trapani
ont ^acelamé ' de nouveau sa candida
ture. '
dans l'arm&b ; :
Un vil mécontentement règne, parmi .les
officiera, qui no sont pas contents d» rap
port de la commission d'enquête, et .du-pro-
jet de loi qui en est la suite. Les journaux
publient des protestations'çignées. de'1.836
lieutenants d'infanterie. . - «,-3-
• "! .. . Vi " t -
A Saint-Pierre et MMo
; '• î- j- ;«r
Nous parlions récemment de ces'bta-
ves pêcheurs de Saint-Pierrre et Miqûe-
lon ^ui, résolus à donner à letirs énïants
une éducation chrétienne et désirétiï.de
- les confier à des instituteurs * : congréjga-
nistes,. étaient prêts à tout, même à s'ex
patrier, pour obéir à ce devoir de CÔ'ns-
ciehce. • " 1 ■ A ;*- ;
• Il nous arrive de Saint-Pierre uniê' j pé-
tition, dont l'original est entre les' màms
du ministre des colonies: elle'affiriïie f et
par son texte et par ses signatures',''la
détermination de ce vaillant petit''peu
ple.
En voici la teneur : 1 *
Nous soussignés, pères de famille'ide
Saipt-Pierre et Miquelon, désiréux dë don-
ner à.noÉr énfarits une éducation que fi'Ous
'Considérons-, comme nécessaire* à * leurVïbr-
m ation morale, c'est-à-dire une éducation
chrétienne; • ■ ->v
Considérant que, pour, diverses raisoiis,
nous ou, nos " femmes ne. * saurions suffire a
la donner, qu'il est indispensable, par ;çon- ;
séquent, qu'elle soit reçue des maîtres' d'é-
cole ; ; " '
. Considérant que chez nos^ voisins du'Ca-
nada et de Terre-Neuve, aux Etats-Unis, les^
parents jouissent à l'égard des écoles -de 1 la,
.plus entière liberté-; qu'en d'autres ^colonies
françaises le principe des écoles: libres-£st
sauvegardé;. . ,
Considérant, en outre, que de nombreu
ses générations de Sàint-Pierrais ont étéjéle»
vées par las Frères dont' ils conservîéht,
tant au point de vue instrubtion qu'au p'oint
dè vue éducation le meilleur sduvènif;
Appelons de tous nos vœux l'ouverture
d'écoles libres de, garçons dont la direction
soit confiée à des Frères ;
Demandons respectueusement aux pou
voirs publics de vouloir bien; accorder les
autorisations nécessaires à cet effet.
Cette claire-et pressante pétition porte-
la signature de la presque unanimité
des peres de famille saint-pierrais. tDé^
tail significatif, elle a recueilli l'adhé
sion de plusieurs membres de l'Action
laïque, le petit groupement -qui repré
sente, au milieu de cette chrétienne
population; l'élément blocard.- Tant; il
est vrai que, pour cette colonie, Jla
question de l'école chrétienne offre un
intérêt non -seulement religieux, 'mais
national. • Il y va de l'avenir même de
Saint-Pierre et Miquelon et l'on saisitlà
sur le vif tout ce qu'il peut y avoir d'ab-
surde et de criminel, au seul point de
vue patriotique, dans l'aveugle applica
tion au programme, laïcisateur, . ,n. , f
Nous sounaitonsvvivement.que lesjpê-
cheurs de Saint-Pierre et Miquelonyjdo-
tés d'une école libre par le zèle persé
vérant de leur préfet apostolique, arra-
Ils n'obtiendraient ■ d'ailleurs - en ,ceci
que le droit commun ; car la Ici de 1904
a prévu le maintien des congréganigtes
aux colonies. > .. .•
Ce n'aura pas été le premier témoi
gnage qu'ils aient fourni de leur atta
chement à la foi. Ces marins de souche
basque ou bretonne ont déjà montré., en
plus d'une occasion, comment ils savent
affirmer et, au besoin,- défendra leurs
convictions. >
On le vit notamment-à Saint-Pierre,
dans la manifestation du 13 janvier
1906, en l'honneur ,.des Sœurs; A l'an
nonce que ces saintes filles devaient
être expulsées de l'école commurfale,
tous les pêcheurs se soulevèrent àyea
une Admirable spontanéité, se portè
rent en masse contre l'hOtel du gouver
neur et forcèrent celui-ci à-.télégrapba^j
au ministère, à la fois leurs imp^-ïg"^
désirs et ses propres craint^. Delà» ils
refluèrent menaçante Sur la maison du
président.de l'Action laïque, un avoeat
mulâtre qui s'était affirmé rennemif des
Sœurs. Ce petit.Combes colonial sentit
et comprit, sa profonde impopularité^ Il
se barricada chez lui, se terra pendant
quinze jours et, , enfin, par une nuit très
noire, embarqua sur, un côtre, anglais
qui l'emporta pour toujours.de l'îlequ'il
avait prétendu dominer. Les bradés
pêcheurs avaient du même coup, dé
fendu leurs, religieuses et purge leur
territoire. , ' '
. L'humble et -pauvre îlot de Miquelon
n'est pas demeuré indigne de sa grand 0
sœur, l'île de Saint-Pierre.. Ce-rochpr
infertile et brumeux possède à soniac-
tif un trait qui, mérite d'être « cité.
Quaiid, aveo une brutalité impitoyable,
on eût laïcisé les. écoles de cette com
mune,. on y expédia, pour remplacer
les Frères, et les Sœurs, un ménage
dont l'union s'était dispensée .deî (l'E
glise, Les familles : chrétiennes,. de-Mi--
quelon ; considérèrent ce choix comîpe
une injure. Unanimement, ils refusè
rent de confier leurs enfants à ces nou
veaux maîtres,, et la -grève scolaire
s'affirma complète et immédiate. ( Le
gouverneur, aussitôt prévenu, voulut
mettre à la raison celte -population
sans ressources. Remploya les mojens
qui étaient à la portée de son bras, et âu
niyeau de son courage : rinjust|cé etfla
force. Il coupa net tous lés secours
dont les Miquelonnais avaient besoin
pour suppléer à leur indigence..It '^es
connaissait mal. Placés - entre "léjir
conscience et leur pain,, les. vaillânts
pêcheurs acceptèrent de. souffrir pour
sauver ï'âme de leurs enfants. Le .gou
verneur s'obstina. . Les Miquelonnais
persistèrent. A.la fin, ce fut le plus fort
qui céda devant cette faiblesse impre
nable. Le couple civil disparut un bçâu
jour et, dans l'école nettoyée, les en-
fants.reprirent leur place.
, N'est-il pas vrai que, cette énergique
population mérite surâbondafhment lin-
Edition K' 14.607
Mercredi 3 Juin 1908
? *
ÊBmoN QuoTfiDîasrKa
PARIS ÉTRANGE»
Al DJÈPA&TEMENÏS (UNION POSTAXl)
Un an.... 25 » 30 »
Six mois 13 » 19 »
Trois mois...,. ' 7 » 10 • :
/ ÉDITION SEMI -QUOTIDIENNB
PARIS ; ÉTRANGER-
, £T DÉPARTEMENTS (UNION POSTAUt)
Un an......... 13 » ' 20 »
Six mois...... 7 » 11 ». -,
Trois mois. ,.. . 4 » 5 50
LEMONBE
BUREAUX .
Paris, rue Cassette, 17 (VI* arr.) téléphone ïof*l1. w
L : 'ON S'ABQHflE A ROME :68,.Plaça de la «inervi
•' 1 • - , >-?— i, 4é'>
■ Eoa a'boimeiafints partent des i« et 16 de ohaiulâ'ttolsf-i^'i, •"
UN NUMÉRO :
......
Paris |& Départements, 10 cent. *
: ■ ' ' ' : \
i'ONIVERS ne "êporldpàs cks mdnùsùrits qm lui tont-adressés -
ANNONCES
AUX BUREAUX OU JGURNÂL,17, nie Cassette
Et SOCIÉTÉ OE PUBLICITÉ RELI6IEUSE, 6, place de la Bourse
SOMMAIRE
L iqoida'ti'os db la « C rois ». — Eugène Ta-
vernier.
Ad jour lk .joor. — Grands et petits tré
teaux. —k J. Mantenay.
L es dédx triplices . L.-Nemours Godré.
A S aint -P ierrekt M iqcklon . — François
' Veuillot; .. -
La congbçs diocésain . — Anselme Lorphan
L a succession do roi C argos, —t -F. de Broon-
baeli.. . ... ... . ^
A la C hambre . — Marcel Duminy.
Lbs «ports ! —Jacques Clërval.
La ïbmains financiers.
PARIS, 2 JUIN 1908
LIQUIDATION
DE LA " CROIX "
Tout ce que l'on peut dire sur la
décision, qui dépossède M. "Fèron-
Vrau des immeubles et de l'impri
merie de . la Croisa — et Dieu sait si le
jugement, cpnfirmé par la Cour d'ap
pel, justifie la stupeur, l'humiliation
et l'inquiétude ! — tout ce que l'on
peut dire à ce sujet est-peu de chose
en comparaison deà réflexions qu'on
aura lieu de faire ensuite, bientôt
sans doute.
D'après le texte même du juge
ment, il est certain et prouvé que
M. Féron-Vrau a payé de son ar
gent les immeubles et le matériel
' d'imprimerie appartenant à l'œuvre
de la Bonne-Presse. Le jugement re r
connaît que M. Féron-Vrau a, dans
ce but, avec son admirable générot
sité,- décaissé un million quatre
cent mille francs.
Que reproche-t-bn'à M. Féron-
Vrau? D'avoir traité avec des per
sonnes qui représentaient les reli
gieux de l'Assomption.
Mais v , en 190Q, le tribunal correc
tionnel avait obligé cette congréga
tion à se dissoudre. Pour se dissou-'
dre, en pareil cas, il faut, non seu
lement que la congrégation disperse
ses membres, mais aussi qu'elle
vende les propriétés qu'elle -possède.
Les religieux avaient des immeu
bles, une imprimerie, etc... Dépiiis
1900, ils ne .pouvaient plus occuper
leurs immeubles ni exploiter leur
imprimerie en commun. Donc, ils
ont vendu. S'ils n'avaient pas vendu,
on les aurait accusés de violer la
loi, de rester illégalement organisés
en ■congrégation ; on les aurait
poursuivis de : nouveau. ' Ils ont
vendu parc® qu'ils étaient contraints
de vendre.
Il leur fallait bien trouver un
acheteur... Eh! bien non ! L'auto
rité qui les a mis dans l'obligation
de vendre déclare que ni M. Féron-
Vrau ni aucun autre citoyen ne pou
vait acheter aux religieux ce que
les religieux étaient forcés de
vendre. '
Les Assomptionnistes auraient dû,
paraît-il, abandonner leurs biens a
quelque liquidateur.'
Sans doute, ce. personnage offi
ciel remplit désormais une fonction
très importante, tellement dévelop
pée et multipliée qu'elle le place - au
dessus .des maires, dès préfets et
d'autres représentants des pouvoirs;
publics. Aujourd'hui on rencontre;
partout des liquidateurs, dont les
attributions s'amplifient indéfini
ment. Demain lès simples citoyens;
contracteront l'habitude d'indiquer
sur leur carte de visite, outre leur,
profession, leur domicile, leur cer
cle et leur numéro « de téléphone, 1er
liquidateur duquel" ils dépendent.-
Voilà le joyeux avenir qui nous est;
assuré, sans noter encore une foule;
d'autres avantages.
Mais, en 1900, les liquidateurs de
propriétés religieuses n'étaient pas.
encore installés ni désignes, puisque'
la loi qui les a établis date de 1901.î;
Comment les Assomptionnistes;
seraient-ils coupables de ne pas;
s'être conformés aux injonctions;
d'un législateur qui n'existait pas?;
Est-ce qu'ils auraient dû faire, dèsf
l'année 1900, ce qui a été ordonné?
seulement par la loi-dé 1901 y c*est-à- ?
dire s'appliquer à eux-mêmes une
loi qui n'était pas encore votée, de-;
viner que M. Ménage serait plus
tard chargé d'administrer leurs biens
et livrer ceux-ci d'avance, au dit M. ;
Ménage? Probablement; du moins 1
d'après l'extraordinaire théorie ju
ridique du tribunal et de la cour.
Cette théorie juridique arrange le
droit d'une jolie manière. Ainsi,;
avant que M. Féron-Vrau achetât et ;
payât les immeubles , et les autres!
propriétés'de la congrégation, celle-^
ci avait traité avec la Compagnie
d'assurances la Providence, pour
un prêt hypothécaire de 680.000
francs. Le prêt..sera-t-il déclaré nul ;
et la Compagnie d'assurances va-
t-elle se trouver dépossédée comme
M. Féron-Vrau? Tous deux sont?
dans. lé , même cas, puisqu'ils ont I
fait une: affaire, avec, la congréga
tion. Mais non: le jugement distin
gue. II annule ce qui concerne Mr
Féron-Vrau;. il approuve, au con
trante, ce qui se rapporte a la Com
pagnie d'assurances. Pourquoi?
Parce que, autour des Compagnies
d'assurances, 11'y a d'autres établis:
sements financiers qui auraient vu
avec inquiétude l'application d'un
tel système..,
Les maisons financières méritent
des égards, tandis que les citoyens
catholiques n'ont pas de droits,
lorsque, le gouvernement juge con
venable de les déposséder de ce
qu'ils ont acheté et payé.
Il faudra que M. Féron-Vrau achète
de nouveau et paye de nouveau,
cette fois entre les mains du fantas
tique liquidateur, lequel se trouve
être seul et unique propriétaire de
tout bien congréganiste.
- Et probablement, cette énormité
ne suffira pas encore..
Car voici l'opération qui se pré;
pare :
Un deuxième procès, dont la pro
cédure a; été menée rapidement, a
pour but d'enlever à M. Féron-Vrai}
la propriété du « titre » du journal
la Croix, puisque tout ce que Mi
Féron-Vrau a fait comme succès--
seur des Assomptionnistés "doit êtrq
déclaré nul. . •
' Le titre du journal la Croix sera
considéré comme étant la propriété
du liquidateur, jusqu'à ce qu'une
nouvelle 'adjudication ait eu lieu. ;
Pendant cet intervalle, qui peujt
être de trois mois, de six mois ou
plus encore, c'est M. - Ménage, c'est
le liquidateur qui sera chargé d'ad
ministrer, en réalité, de publiér la
Croix. ' "■ V • - ;
Voilà donc le liquidateur trans
formé èn directeur de la Croix. H
devra se munir d'une ; rédactions.
Peut-être, pour, ne pas être accusé
de dilapider le bien qui lui est confie,
peut-être fembauchera-t-il une demi-
douzaine de 1 rédacteurs prétendus
catholiques. Gomment cette Croix-
là, jugera-t-elle les oeuvres de la li
quidation ? , •
Nous-avons vu la, ligne de con
duite appliquée à l'égard des Char
treux. Le liquidateur a revendiqué
la propriété non-seulèment des im
meubles mais aussi de la marque de
fabrique relative à la liqueur célè
bre. Û s'est fait fabricant, comme il
venait de se faire trafiquant. '
Un liquidateur a toutes les aptitu
des ainsi que tous les droits. ; Sans
"hésitation, certain dè sa compétence
universelle non moins que de son
autorité' suréminente, M. Ménage
prendra la direction d'un journal
tout catholique; Peut-être écrira-t-il
lui-même' des articles destinés à ex
poser la véritable orthodoxie,.,,
telle quela conçoit le gouvernement.;
Bouffonnerie administrative, bouf
fonnerie sacrilège; nous allons voir,
cè spectacle s'étaler avec une am
pleur qui étonnera même un ibon
nombre des gens employés à le don
ner. ■"
Ce ne sera pas tout. Quand M. Fé
ron-Vrau aura fondé un nouveau
journal à la' place de celui qui lui
appartenait, le liquidateur le pour
suivra de nouveau pour contrefaçon
et pour concurrence frauduleuse !
La juridiction correctionnelle vien
dra renforcer la belle juridiction ci
vile.
Et puis, il est encore question de
réclamer a M. Féron-Vrau le rem
boursement des recettes qu'il a en
caissées depuis cinq ans: la pres
cription ne permettant pas de ré
clamer davantage.'
Qu'est-ce que les libres-penseurs
libéraux pensent de -cette lutte spo
liatrice menée au moyen de la pro
cédure? Ne trouvent-ils pas que
notre société, gouvernée par les fa
meux Droits de : l'homme, réalise
parfois un type vraiment remar
quable, et vraiment réussi, de filou
terie organisée? .. .
Eugène Tayeenibb.
D'UN JOUR A L'AUTRE
—: La Chambre continue .le débat de
l'impôt sur le revenu? quelques exemp•
tïonsont été votées.
— Au Sénat, reprise des séances:
on poursuit la discussion du rachat dè
l'Ouest. ' " >-<
— M. Briand dépose nn projet assu
rant aux plaideurs communication
des états de frais des officiers ministé
riels. : '
— Le ministre du commerce a inau
guré hier, à Paris, le cinquième con
grès international du coton.
— On annonce, pour la semaine pro
chaine, une interpellation de M. Ger*
vais sur le Maroc.
— Le conseil de préfecture de la
Somme a annulé l'élection des 28 élus,
libéraux et progressistes d'Amiens.
— Une démonstration italienne se
prépare dans les eaux turques; il
reste à régler encore quelques qués«t
tions. ». ;
— Samos est toujours enrévolteiune
note diplomatique anglo-française
rappelle à la Porte qu'elle doit respec-
ter la Constitution de l'île.
. —-A la Chambre des communes, dé*
bat sur' le prochain voyage du roi
,Edouard. VII en Russie.
•— Nasi,. l'ex-ministre concussion
naire, sera réélu à Trapani ; ses élec
teurs ont décidé de lui rester fidèles, i
NOS DÉPÊCHES
, .L'anniversaire du 1Pape. . ..
Rome % juin, 12 h. 38 s. '
Aujourd'hui", anniversaire dé la naissano®
du Pape qui accomplit'sa soixante-treizième
année, le drapeau pontifical est exposé dans
la cour Saint-Damase ou ce matin laonusi-
.qup des gendarmes à donné un concert., ;
La réforme des Congrégations-
Rome, : 2 juin, 1 h. 25 s." ,
Le décret réformant les Congrégations roc
maipes paraîtra, dit^on, entre la Pentecôte
et la Saint-Pierre. Cette réforme est entou
rée* du plus grand secret j nous pouvons
dire cependant que la première partie uni
fiera pour les employés des Congrégations
le calendrier, 1 l'horaire et les traitements, et
abolira le cumul dè plusieurs' emplois sur
la même personne.
La seconde partie réformera spécialement
la procédure dés tribunaux^ instituant: la
possibilité de l'appel dans lamêmeCongrôr
gatipn, mais devant une section différente.
Le décret rétablira aussi les attributions
du tribunal de la rçte en lui-rendant toute
son importance. 1 - ■ - - -
Âujour le jôur
Grands et .petits, tréteaux ;
L'Un dernier,-quand -on «donna, une
représentation au bénéfice de Paulus,
Mme Rçjane disait dans un couplet aui
public - >;
Il était presque Un pèu d'histoire;..
■Et c'est vrai. C? pauvre Paulus., qui
s'est éteint hier--misérablement, en>
cette petite ville de. Saini-Mandé, sur
laquelle plane le souvenir du plus fas
tueux des surintendants, ne fut pas
seulement une gloire de café concert;
il joua un rôîe dans la politique con
temporaine.
Il Rappelait de son vrai nom Haban.
A l'époque de la guerre, il avait vingt-
cinq ans et chantait â l'Eldorado. Ce
n'est que dix-sept ans plus tard qu'il
devint subitement célébré. Le général
Boulanger venait d'être follement ac
clamé à la revue de Longchamp. lors
que Paulus chanta pèu de semaines
après.- « En r'venant de la r'vue >, il
eut un succès foudroyant. Et quand
Vartiste, mettant son chapeau au bout
■ de sa, canne, se mit à marquer le pas
enchantant:
Gais et contents,
Nous allions triomphants...
ld sàllè trppigna d'enthousiasme. « '
Comme Va dit très justement na
guère un journaliste qui connaît bien
ses contemporains et. son époque, M.
Robert Mitchell Pour la première
fois depuis dix-sept ans, un ministre
de la guerre n'apportait pas au pou
voir l'âme d'un vaincu. » - . _
Rien de plus exact. Et c'est ■ bien
pourquoi on pourrait presque considé
rer les refrains de Paulus comme es
chants tyrtéens:..
Bref, l'artiste venait à ion heure...
Je relisais dernièrement la célèbre bro
chure de Chateaubriand : « De Buona-
parte et des Bourbons > ; cette plaquette
insipide est absolument indigne de
Vauteur du Génie du christianisme,
Elle eut pourtant le plus bruyant suc
cès. C'est qu'elle venait à poïnt norhmé.
En 1814, le pays était las de l'Empire,
et il fallut que bien des folies fussent
commises-pour rendre possible, un an
plus tard, le retour de l'île d'Elbe.
Là fortuné, du général Boulanger
ayant été, on le sait, fort éphémère,
Paulus, il faut le dire, ne fut pas au
nombre des courtisans -du vaincu.
Prestementy- il modifia le refrain de
sa célèbre chanson. ■ "
Jusqu'alors, il avait dit : -
Moi, j'faisais qu'admirer .
L'trave général Boulanger. :
Désormais, il chanta :
• Moi, fen reste baba
Jamais, j'avais tant vu de soldats...
Il avait gagné plusieurs millions.
Pendant sa tournée d'Amérique, il ne
touchait pas, moins.de 25.000 francs
par mois. Avec cet argent, il voulut
spéculer et se ruinai 11 est mort. fort
> tristement, après une doulouloureuse
maladie. C'est à peine si la représen
tation organisée !'an dernier à son bé
néfice put adoucir un peu ses derniers
jours: '■'■■■' -
U serait injuste de dire que la popu-
1 larité de Paulus dut tout aux circons
tances. C'était yn artiste ingénieux,
original, dont la voix métallique était inr
fatigable, et,qui possédait, qualité assez
rare,, une admirable dictwn... — t J.
Mantenay. '
LES DEUX ' TEIPLICES '
- - Ï--
Maintenant que le voyage de M. Fàl-
lières en Angleterre, et la prochaine
visite du roi Edouard en Russie, an
noncent ou font prévoir le projet ou tout
au moins la possibilité d'un accord
franco-anglo-russe, une mauvaise hu-
ïnèur très évidente, et d'ailleurs exces-
sive,, éclate -dans la presse allemande.
j2t, par suite, d'une manœuvre qui est
l'enfonce de l'art dans les journaux
dressés au jeu des fausses nouvelles et
des fausses dépêches par feu Bismarck,
on invente, des nouvelles inexactes pour
lôs. démentir. Mais les démenti? sont
donnés et commentés de telle façon qui
amsmmm
laisse croire que si rien de grave n'est
survenu, il aurait pu ou il pourrait sur-
vènir quelque Chose dô grave/et qu'en
somme il n y a pas de fumée, sans feu. .
, C'est ainsi, paraît-il, qu'on a raconté
et démenti à Berlin ou à Hambourg
l'histoire d'une prétendue communica
tion adressée par la chancellerie aller
mande au gouvernement'français,et lui
demandant de fixer iine date pourl'éva-
. cuàtion du MaroçV 'Nbuâ n'avons pas
' bésôin de rediré qu'il n'y a rien de vrai
: dans l'histoire de cette prétendue comr
muniçation, qui, dans les circonstances
présentes, aurait eu une gravité excep
tionnelle. On n'a inventé la nouvelle
aue pour l'envélopper de réticences et
ae considérations de nature à troubler
l'opinion.
Onne voU pas d'ailleurs pourquoi,
l'Allemagne étant le centre et la tête
d'unéTriplice, la France, lîAngleterre^et
,1a Russie, n'auraient pas le droit de
constituer une seconde.. Triplicé." Et
puisque la Triplice allemande à été
créée pour garder, la paix, de l'Europe,
il n'y a pas dé raison pour accusé^ la
Tripliçe îrànco-anglo-russé do vouloir
via guerre. Sans di3ute.il y. a la question
.^d,u Maroc. Màis ..puisqu'on cétte affairé
l'Allemagne a déclaré ne vouloir que le
respectide ses intérêt commerciaux, et
qugles engagements les plus formels
lui garantissent ce respect là, il n'y a
. qu'a attendre la fin du conflit provoqué
' parle massacre, 4e Casablanca et la
:prisé d'armes du fanatisme marocain.
Mais il "faut reconnaître que la mau-_
vàise humèur allemande mettes Italiens
dans le plus, grand^embarras. Ils ne
veulent,- comme dit le Mattino, ni re
nier leurs 'alliances, ni porter atteinte
à leurs amitiés. Et les feuilles de'Berlin,
par égardçour leurs amis d'outre-monts,
-feraient bien de mettre une sourdine
à leur, façon belliqueuse.
L.-Nemours Godré. .
UN CŒUR D'OR,.,
C'est M. Ranc, qui s'apitoie dans \' Au-
vore sur. lp^ vieux prêtrgs que toute sa
vié) il, jà, couverts,, de ibAiïe. ll>est fort
ennuyé "de ne pquyoir dire.; que-pour
l'argent l'Eglise est ,prête à tous les
sacrifices, alors il injurie le Pape, .et
l'épiscopat qui lui obéit avec joie :
Il n'y a plus la moindre lueur d'espoir
que l'épiscopat fasse entendre au Pape in^
transigeant quelques paroles de* conciliai
tirin et- d'apaisement. « Notre ^réponse est
une profession d'obéissance absolue au-mot
d'ordre du vicaire de Jésus-Christ », déclare
dansune lettre le cardinal Coullié.- •
Et le cardinal Coullié expose ainsi les
raisons de cette obéissance absolue : « Les;
questions pratiques peuvent être envisa-i
gées à des points de vue divers, mais il ne
peut y avoir diversité de sentiments quant
aux règles fondamentales, et c'est du Chef
de l'Eglise qu'émane l'autorité qui indique
les contingences à sacrifier pour sauver lés
principes. »
Ah! qu'en termes galants ces choses-là
sont dites 1 En l'espèce, les contingences
qu'il s'agit de sacrifier, ce sont les pen
sions des vieux prêtres. Les pauvres mâ
tins s'en tireront comme ils pourront,
mais les :;prinoipes seront- saufs.! Allé
luia! . "
Impossible dé faire un plus bel éloge
de la fermeté du Saint-Père à défendre
> les'principes >. - ;
ÇA ET LA
Le crime de la place Beauvau. — Il
s'est passé hier, et dans, le cabinet du pré
sident du conseil.
, On sait que M. Clemenceau avait pour
compagnons ordinaires, dans son cabinet
de travail, un magnifique griffbn,qui a été
plusieurs fois primé à Londres, et un très
beau lévrier russe, de haute taille. De temps
en temps, il les flattait et jouait avec
eux.
Hier, il avait .gâté particulièrement le
griffon. Il lûi avait même octroyé',' sans
prendre garde à la bouderie significative
du lévrier, plusieurs bonbons en cho-
colat.
j Hélas 1 il ne prévoyait pas que les faveurs
d'un ministre peuvent exciter des < jalousies
et des hainesmortelles, poti seulement parmi
les hommes mais aussi parmi les animaux.
Furieux des; caresses dont le maître,com
blait son, rival, le lévrier se jeta tont à coup
sur le griSoh, qu'il étrangla en un instant.
C'est en vain que M. Clemenceau prit son
préféré dans ses bras pour essayer* de lé
raliimer c'est en vain qu'il eut . recours à
l'habileté d'un vétérinaire.: le malheureux
favori était mort, victime de son amitié...
Tant il.est vrai qu'il faut que les hommes
d'Etat soient extrêmement ménagers de leurs
laveurs !... ■ •
Avis aux amateurs. ■— On a vu ces jours-
ci à Plainfield, dans l'Etat d'Indiana, une
procession' de jeunes filles â marier. II pa
raît, en effet, .que les mariages- sont de plus
en plus rares* a Plainfield; ,
Les manifestantes portaientdes bannières
couvertes d'inscriptions de ce goût :
1 .«• Seigneur, donnez-moi un mari ! — Allez
demander ma niain à mon père. — le rape
tasserai soigneusement vos chaussettes/»
f On ne dit pas.si cette procession a provo
qué des mariages : les hommes ont le cœur
si dur! , '
, , * .. , '
Aux détracteurs de Vautomobile. — Si
M. Barthou s'imagine que son fameux pro-
jet-de loi est le reflet de l'opinion publique,
il se trompe étrangement,.témoin ce résulr
tat d'un concours propose dans la dernièrè
édition de YAlmanach-.Yermot et qui con
sistait en oeci :
Classer dans l'ordre de leur plus grande
utilité les dix principales inventions depuis
l'apparition des chemins de fer, ceux-ci
exceptés. Ces inventions n'étant d'ailleurs
pas classées d'avance, il s'agissait d'un vé
ritable plébiscite. - '
En voici le résultat, d'autant plus intéres^
«ant que chacun sait combien l'A Imanach
Vermot' est répandu "et qu'il est lu dans
toutes les classes dè la Société ; il résume
donc bien une opinion générale î ■>■■■■■- i > > -i
I. Automobile, 13.150; 2. Téléphone,
11.910; 3; Dirigeable, 11.700; .4. Sous-mi-
rin, 9,940; o. Machine à coudre, 8.560 ; 6. Bi
cyclette, 8.250 s 7. Télégraphie sans fil 6.910$
,8.,Phonographe 5.080 ; 9. Machine, à écrire
'080 ; 10. Télégraphie électrique 3^030.'
Rien à ajouter à l'éloquence de ces chif
fres. '
C'est égalj nous né nous serions jamais
douté que'le phoiiographe fût plus utile ou
agréable que la télégraphie électrique 1 *
Au Salon: '. :
— Cette peinturé est bien mal éclairée.
— Ce doit être l'huile qui est mauvaise.
L'incident Piou-Delahaye
Nous lisons dans l'Autorité :
MM; deRamel, député du Garâj et Le
Erovost de Lauay,. sénateur des Côtes-dur
Nord, désignés jpar M, Jules Delahaye pour
fairè partie, du jury d'honneur dpnt il a dei-
mandé la réunion, se sont mis en rapport
avec MM. le comte Albert de Mûri et Paul
Beauregard, constitués par M. Piou.
BÉNÉDICTION POflTiFICAlE
L'archevêché nous: communique la
note suivante : ' !
«En vertu' d'une faveur spéciale-ac
cordée par le Souverain Pontife à Mgr
l'archevêque de Paris lors de son ré
cent voyage à Rome, Sa Grandeur don
nera, le saint jour de ,1a Pentecôte, en
l'église métropolitaine; à l'issue de la
messe pontificale, la bénédiction papale
avec indulgence plénière. A
« La messe pontificale est célébrée a
dix heures."»
LIRJB A LA. DEUXIÈME PAGE:' l; !
-Le congrus diocésain, par Anselme Lor-
. phan. . -
Les mutualités ëoolésiastiques.. , ,
Persécution et action religieuse».
La succession, du .roi Carlos, par. F. de
. ; Broonbach.
LIRE A LA TROISIÈME VA OE : ' ..
La -séance de là ÇHambre.
Le^ sports, par Jacques Çlerval.
La semaine financière.
LIRE A LA' QUATRIÈME PAGE :
Notre dernière heure : Les débats
■ parlementaires.
. \— ;
DE ROI
(Par phoncgrammes . ;
de notre correspondant), ;
Rome, 1 er juin, 9 h 30 s.
AU VATICAN
Le Pape a reçu en audience privée Mgr
Gély, évêque de Monde, Mgr Guyot, évêquê
de Llanos, de Saipt-Martin en Colombie, le
nouveau général des,Passionnistes, le Père
Jérémie. de, Lépiné, accompagné des reliy
gieux qui viennent de le nommer général
du'chapitre, et enfin le nouveau général des
Capucins, le Père Pacifique de Seggiano, ac
compagné de son prédécesseur le Père Ber
nard d'Andermatt, Le'Pape : a confirmé a ce
dernier sa nomination comme archevêque
titulaire de
; Le Pape a,ainsi voulu reconnaître les 'ser-
i ^vices rendus par le Père Bernard à l'ordre
des Capucins et à l'Eglise durant son géné-
ralat ' Ce ;gériérâlat a; e.té lé plus long qu'ait
enregistré jusqu'à-présent l'ordre. Il, a duré
■vingt-quatre ans, le Père Bernard, par une
exception, unique, ayant été réélu trois fçis
de suite. Durant ce temps il, a. fondé quijize
nouvelles maisons-, et a enregistré trois
mille religieux de plus. Le nombre.des re
ligieux a doublé sous son gênéralat. Il a
visité personnellement toutes ses maisons,
allant d'Amérique en Syrie. Il a publié en
1899 une histoire de saint François d'As
sise. " ' j
" R&0RMB S DANS LUS CONGRÉGATIONS, . "
On annonce la prochaine publication d'un
décret -modifiant les attributions et fonctions
actuelles de plusieurs Congrégations . comEaé
la Daterie, la Pénitencerie, le Saint-Qt-
fice, etc. - > ■
LES PÈLERINAGES
Il y aura maintenant une. certaine accal
mie dans le ^-mouvement des . pèlerinages
poUr le jubilé sacerdotal du Pape. Les pèle
rinages reprendront ' en septembre. ÎVers, la-
fin de ce mois aura lieu le concours sportif
international, mais comme nous Payons dit,
la messe du Pape,qui devait avoir lieu à son
jouranniversaire, le 48 septembre, a été re
culée au 18 novemhre.
A L'AMBASSADE D'ESPAGNE ■ 1 ■ ;
L'ambassadeur d'Espagne a donné unç
réception dans les salons de 4'ambaasade
d'Espagne, en l'honneur , des pèlerins. Y
assistaient les -cardinaux Merry del Val,
Vannutelli, Cavicchioni ' et Rinaldini, l'é-
vêqjie titulaire de Dora, grand-prieur des
ordres d'Espagne, le marquis de Croquijo,
président du pèlerinage, des pèlerins et des
membres n ombreux du patriciat de Rome.
La veille, les pèlerins avaient assisté à, là
messe .célébrée pour le.roi d'Espagne., :
L'ambassadeur d'Espagne! ^ui assistait a
cette cérémonie, a remercié Mgr Virili,
évêque de Troade, et le chapitre.
. LA LICENCE BUILI^ÇB .'. % '
Aujourd'hui a eu lieu la composition
d'exégèse pour la licence biblique. Les cari-
didatspouvaient chéisir l'exégèse d'un des
trois cas çuivants : , -■■■ ;
1° Le jeune homme riche dans les trois t
synoptiques. ; i
2° Le discours de saint Paul à Eisidie. j
3°-Le discours de saint Paul devant Sextus
et Agrippina.
NASI CANDIDAT '
,On sait que l'^lectioii de Nasi a été cassée
par lft Gliâmbtfè. Ses électeurs de Trapani
ont ^acelamé ' de nouveau sa candida
ture. '
dans l'arm&b ; :
Un vil mécontentement règne, parmi .les
officiera, qui no sont pas contents d» rap
port de la commission d'enquête, et .du-pro-
jet de loi qui en est la suite. Les journaux
publient des protestations'çignées. de'1.836
lieutenants d'infanterie. . - «,-3-
• "! .. . Vi " t -
A Saint-Pierre et MMo
; '• î- j- ;«r
Nous parlions récemment de ces'bta-
ves pêcheurs de Saint-Pierrre et Miqûe-
lon ^ui, résolus à donner à letirs énïants
une éducation chrétienne et désirétiï.de
- les confier à des instituteurs * : congréjga-
nistes,. étaient prêts à tout, même à s'ex
patrier, pour obéir à ce devoir de CÔ'ns-
ciehce. • " 1 ■ A ;*- ;
• Il nous arrive de Saint-Pierre uniê' j pé-
tition, dont l'original est entre les' màms
du ministre des colonies: elle'affiriïie f et
par son texte et par ses signatures',''la
détermination de ce vaillant petit''peu
ple.
En voici la teneur : 1 *
Nous soussignés, pères de famille'ide
Saipt-Pierre et Miquelon, désiréux dë don-
ner à.noÉr énfarits une éducation que fi'Ous
'Considérons-, comme nécessaire* à * leurVïbr-
m ation morale, c'est-à-dire une éducation
chrétienne; • ■ ->v
Considérant que, pour, diverses raisoiis,
nous ou, nos " femmes ne. * saurions suffire a
la donner, qu'il est indispensable, par ;çon- ;
séquent, qu'elle soit reçue des maîtres' d'é-
cole ; ; " '
. Considérant que chez nos^ voisins du'Ca-
nada et de Terre-Neuve, aux Etats-Unis, les^
parents jouissent à l'égard des écoles -de 1 la,
.plus entière liberté-; qu'en d'autres ^colonies
françaises le principe des écoles: libres-£st
sauvegardé;. . ,
Considérant, en outre, que de nombreu
ses générations de Sàint-Pierrais ont étéjéle»
vées par las Frères dont' ils conservîéht,
tant au point de vue instrubtion qu'au p'oint
dè vue éducation le meilleur sduvènif;
Appelons de tous nos vœux l'ouverture
d'écoles libres de, garçons dont la direction
soit confiée à des Frères ;
Demandons respectueusement aux pou
voirs publics de vouloir bien; accorder les
autorisations nécessaires à cet effet.
Cette claire-et pressante pétition porte-
la signature de la presque unanimité
des peres de famille saint-pierrais. tDé^
tail significatif, elle a recueilli l'adhé
sion de plusieurs membres de l'Action
laïque, le petit groupement -qui repré
sente, au milieu de cette chrétienne
population; l'élément blocard.- Tant; il
est vrai que, pour cette colonie, Jla
question de l'école chrétienne offre un
intérêt non -seulement religieux, 'mais
national. • Il y va de l'avenir même de
Saint-Pierre et Miquelon et l'on saisitlà
sur le vif tout ce qu'il peut y avoir d'ab-
surde et de criminel, au seul point de
vue patriotique, dans l'aveugle applica
tion au programme, laïcisateur, . ,n. , f
Nous sounaitonsvvivement.que lesjpê-
cheurs de Saint-Pierre et Miquelonyjdo-
tés d'une école libre par le zèle persé
vérant de leur préfet apostolique, arra-
Ils n'obtiendraient ■ d'ailleurs - en ,ceci
que le droit commun ; car la Ici de 1904
a prévu le maintien des congréganigtes
aux colonies. > .. .•
Ce n'aura pas été le premier témoi
gnage qu'ils aient fourni de leur atta
chement à la foi. Ces marins de souche
basque ou bretonne ont déjà montré., en
plus d'une occasion, comment ils savent
affirmer et, au besoin,- défendra leurs
convictions. >
On le vit notamment-à Saint-Pierre,
dans la manifestation du 13 janvier
1906, en l'honneur ,.des Sœurs; A l'an
nonce que ces saintes filles devaient
être expulsées de l'école commurfale,
tous les pêcheurs se soulevèrent àyea
une Admirable spontanéité, se portè
rent en masse contre l'hOtel du gouver
neur et forcèrent celui-ci à-.télégrapba^j
au ministère, à la fois leurs imp^-ïg"^
désirs et ses propres craint^. Delà» ils
refluèrent menaçante Sur la maison du
président.de l'Action laïque, un avoeat
mulâtre qui s'était affirmé rennemif des
Sœurs. Ce petit.Combes colonial sentit
et comprit, sa profonde impopularité^ Il
se barricada chez lui, se terra pendant
quinze jours et, , enfin, par une nuit très
noire, embarqua sur, un côtre, anglais
qui l'emporta pour toujours.de l'îlequ'il
avait prétendu dominer. Les bradés
pêcheurs avaient du même coup, dé
fendu leurs, religieuses et purge leur
territoire. , ' '
. L'humble et -pauvre îlot de Miquelon
n'est pas demeuré indigne de sa grand 0
sœur, l'île de Saint-Pierre.. Ce-rochpr
infertile et brumeux possède à soniac-
tif un trait qui, mérite d'être « cité.
Quaiid, aveo une brutalité impitoyable,
on eût laïcisé les. écoles de cette com
mune,. on y expédia, pour remplacer
les Frères, et les Sœurs, un ménage
dont l'union s'était dispensée .deî (l'E
glise, Les familles : chrétiennes,. de-Mi--
quelon ; considérèrent ce choix comîpe
une injure. Unanimement, ils refusè
rent de confier leurs enfants à ces nou
veaux maîtres,, et la -grève scolaire
s'affirma complète et immédiate. ( Le
gouverneur, aussitôt prévenu, voulut
mettre à la raison celte -population
sans ressources. Remploya les mojens
qui étaient à la portée de son bras, et âu
niyeau de son courage : rinjust|cé etfla
force. Il coupa net tous lés secours
dont les Miquelonnais avaient besoin
pour suppléer à leur indigence..It '^es
connaissait mal. Placés - entre "léjir
conscience et leur pain,, les. vaillânts
pêcheurs acceptèrent de. souffrir pour
sauver ï'âme de leurs enfants. Le .gou
verneur s'obstina. . Les Miquelonnais
persistèrent. A.la fin, ce fut le plus fort
qui céda devant cette faiblesse impre
nable. Le couple civil disparut un bçâu
jour et, dans l'école nettoyée, les en-
fants.reprirent leur place.
, N'est-il pas vrai que, cette énergique
population mérite surâbondafhment lin-
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