Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1903-11-05
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 novembre 1903 05 novembre 1903
Description : 1903/11/05 (Numéro 13020). 1903/11/05 (Numéro 13020).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi Ô Novembre 1603
ÉDITION QUOTIDIENNE
Editionquotidienne. — 13,0^0
Jeudi 5 Novembre 1903
-C.'.
PARTS . ETRANGER
et départements (union postale)
Un an......... 25 » • 88 »
Six mois . . .'. .. 13 ' » Î9 »
Trois mois..... 7 » " 10 »
Los abonnements partent des 1 er et 18 de oiaq.no mois
;{JN NUMÉRO : Paris & Départements iû «eni,
BUREAUX : Paria, me Cassette, -îf ;(VI* «ufr<).
On s'abonne-à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE '
PARIS ÉTRANGER;
et départements (union p0sta1œ)
Unan.........
Six mois......
.Trois mois....,
13 »
7 »
4 »
20 »>
11 ».
5 50
tl-'iON
• •• v
». A . •
Les abonnements partent des 1" et 16 decliaque moj«
L'UNIVER^ne répond,pas des manuscrits qui lui sont adressas
.ANNONCES
, MM. LAGRANGE, GERF et G is , 6, place de la Bourse ;
PARIS, 4 NOVEMBRE 1903
Sur uue conclusion.
Toujours elle ! ....
Çà et là ; Les fonds
secrets....;.......
Lettres do Genève..
Contre l'alcoolisme.
A. 1& Chambre . ...
Feuilleton : Le R. P.
Yeuveux..........
F rançois V eoillot.
P ierre V eoillot.
E itobnb T avernier
ZZZ.
U n congressiste .
J. M ahtsnat.
F rançois vauslloï.
Bulletin. •— Au jour le Jouir. — S. S.
Pie X et la ligue démocratique belge, ~r
— Une lettre du R. P. Venance. — Les
congrégations; — Le couronnement du
Sacré-Cœur. -- Association catholique
, de: la jeunesse française; -r- Nominations
ecclésiastiques, -r- Contre les placeurs, —r
Etranger. — A travers la prasfca. — Les
:■ grèves- —r Les anarchistes. r-> La reprise
des .travaux judiciaires. — Les militants
du devoir chrétien. Le calvaire de Tré-
guier. — Nécrologie. — Tribunaux. —
Nouvelles diverses. — Calendrier.— Bour
se et bulletin finanoier.—Dernière heure.
SUR UNE CONCLUSION
Ce n'est point perdre de vue les
exigences de l'actualité, ni déserter
le terrain du combat, que de dire
un mot du monument' si remarqua
ble, élevé, sur l'initiative et sous la
direction du R. P. Piolet, à la gloire
des Missions catholiques françaises
mi XIX' 1 siècle (1).
Le sixième et dernier volume de
cette belle et précieuse publication
vient de paraître. Il complète une
dés œuvrés les plus solides et, à la
lois, les plus brillantes qu'ait inspi
rées aux écrivains français la revu©
des progrès accomplis pendant le
dernier siècle. Et, sans parler de
ses autres mérites, il offre aux mi
litants qui soutiennent, dans le camp
de Dieu, la grande bataille engagée,
par toute la France, entre les servi
teurs volontaires ou inconscients de
la secte et les défenseurs de l'Eglise
et de la liberté, un argument et un
réconfort.
Un argument. Ce n'est pas sans
doute un ouvrage populaire et ces
six volumes, de taille et de poids, ne
sont pas évidemment à la portée
des petites bourses, —encore qu'ils
puissent figurer dans toutes les bi
bliothèques de cercles ou de parois
ses, où la beauté dès gravures et
l'intérêt des récits leur attacheront
de nombreux lecteurs. Mais, pour
quiconque est en mesure d'exercer
une influence autour de lui, par le
livre ou le journal, la conférence ou
le simple entretien, ce vaste travail
est un inestimable trésor, c'est tout
un arsenal.
. L'action de nos missionnaires est
auj ourd'hui calomniée, combattue
par l'acharnement imbécile et hai
neux d'un ramassis de jacobins, qui'
ne savent même plus concevoir les
intérêts de la France, quand leurs
rancunes et leurs passions deman
dent à s'assouvir. Or, dans ces pa
ges, on peut trouver, mis en lumière
avec une ampleur qui enthousiasme
et une précision qui convainc, tout
le bien que nos apôtres ont réalisé
depuis cent ans, non seulement pour
les progrès de la religion, mais en
core pour l'influence de la patrie^ le
développement de. la science et les
intérêts "de la civilisation. Œuvré
immense, prodigieuse et, vraiment,
plus qu'humaine. Et c'est, précisé-,
ment pour cela, c'est parce qu'elle
dépasse les forces de l'humanité,;
que cette œuvre apporte aux catho
liques, avec un argument, un récon
fort.-
Quand on ferme ce livre, on garde
l'impression que la tâche accomplie
par nos missionnaires est divine. Un
tel dévouement, qui se perpétue de
générations en générations, qui,
constamment, vers les contrées les
plus barbares et les plus rudes,
pousse à l'envi des bataillons ser
rés d'hommes et de femmes, ne re
culant ni devant les supplices et la
mort, ni devant le martyre moins
cruel, mais plus pénible avec le
temps, de l'exil lointain et prolonr
gé, de la solitude morale, du climat
déprimant, des mille petites souf
frances intimes et quotidiennes, un
tel dévouement, si sublime et si con
tinu, ne peut avoir sa source au fond
du cœur humain. C'est un Dieu qui
le fait naître et, par conséquent, ce
Dieu saura bien, malgré les impies,
le maintenir et l'étendre. A ceux
donc que le tableau décourageant de
gios douleurs et de nos plaies décou
rage, un coup d'oeil sur ce spectacle
divin rendra la hardiesse et l'espé
rance. Une telle œuvre engendre
.des soldats.
■ Tels sont les sentiments qui se
forment dans l'âme à la lecture de ce
grand ouvrage, examiné d'ensem
ble. Du sixième volume, en particu
lier, qui narre et dépeint les mis
sions d'Amérique avec la même
abondance et la même sûreté de dé
tails, avec le même attrait de lan
gage et de coloris,que les cinq au
tres ont déployé dans l'histoire et la
description de l'apostolat du vieux
monde, on n'aurait rien de plus à
£1) Chez Colin, 5, me de Mézières,
-dire, si les dernières pages n'arrê
taient d'attention.
Au début de l'ouvrage, M. Etienne
Lamy avait dressé le péristyle d'une
préfacé éloquente. Au faîte du mo
nument, M. Brùnetière vient de
poser la couronne d'une conclusion
magistrale.
Avec cette puissance de pénétra
tion qui découvre et saisit le fond
d'un sujet, secondée par cette lar
geur de regard qui en embrasse
toute l'étendue, l'éminent académi
cien résume en quelques feuillets la
substance et l'idée de tout l'ou
vrage.
Sa conclusion est d'un chrétien.
M. Brùnetière a voulu tenir, en pré
sence de cette oeuvre de Dieu, le
parler de la foi. Les dernières pages
de sa trop brève étude accusent, en
un puissant relief, et cette force
merveilleuse de prosélytisme qui
jette et enracine les missionnaires
aux extrémités du globe et, plus en
core , cette étonnante souplesse
d'adaptation que le catholicisme unit,
dans une harmonie dont il «st seul
à donner l'exemple, à la plus rigou
reuse inflexibilité de principes.,
Mais ce n'est pas aux croyants
surtout qué M. Brùnetière, veut ex
poser le tableau qui doit raffermir
leurs convictions c'est àla grande
foule des sceptiques et des aveugles
qu'il essaie .de montrer ces gigantes
ques travaux, quipourront dessiller
leurs yeux et secouer leur indiffé
rence. Et pour les convaincre ou les
éclairer, il étudie l'œuvre des mis
sions catholiques de France au triple
point de vue que nous indiquions
plus haut: l'extension du nom fran
çais, l'avancement des sciences et
le bien de l'humanité. Il faut lire et
retenir les considérations nerveuses
et originales dont le célèbre écrivain
sait enrichir et renouveler ce sujet.
M. Brùnetière ne se borne pas sèule-
ment à détailler, par l'examen des
faits, l'appui que nos missionnaires
apportent à ces trois grandes cau
ses; il s'attache à prouver que, par
la nature même de leurs fonctions
apostoliques, ils doivent leur four
nir un concours des plus précieux.
Héritiers de ces longues généra
tions qui, au regard des nations les
plus lointaines, ont pour, ainsi
parler, soudé l'histoire de la Fran
ce à l'histoire de l'Eglise ; animés
de cette ardeur, d'expansion qui
brûle au fond des cœurs français,
toujours ambitieux par-dessus tout
de conquérir des'intelligences et des
âmes ; marquant, par leur zèle et
leur nombre, l'apostolat du monde
entien d'une empreinte en quelque
sorte française, — il est naturel, il
est presque forcé que nos mission
naires introduisent, avec eux, dans
tous les pays qu'ils découvrent, et
l'influence et l'amour du nom fran
çais.
Quant à la science, à la science des
lieux et des races, elle est un des fon
dements, on peut dire nécessaires de
leurs opérations spirituelles. Le
missionnaire est un conquérant d'â
mes ; or, pour connaître à fond le
chemin des âmes, il a besoin de pé
nétrer la physionomie, le caractère
et le tempérament des peuples ; et
l'ethnographie devient, entre les
mains de i'apôtre, un puissant
moyen d'évangélisation. ;
Mais, poursuit l'écrivain, sous les ;
préjugés, sous la déformation des;
races, dont il ne veut posséder las
vraie notion que pour la faire ser
vira la gloire de Dieu, le mission
naire a surtoutle dessein d'atteindre
l'homme ; il cherche à saisir, au cœur
de l'Iroquois, du Gafre ou du Mand
chou, ce fonds commun d'humanité
qui crée une ressemblance intime
et profonde entre le plus raffiné des
lords d'Angleterre et le plus borné
des esclaves hottentots. Ce fonds
commun d'humanité, l'œuvre du mis
sionnaire, à n'en regarder quele pro
fit purement civilisateur, a l'im
mense avantage de le dégager des
scories qui l'enveloppent et de le su
rélever jusqu'à l'intelligence des vé
rités les plus hautes et la pratique
des vertus les plus pures. Et c'est
pourquoi, plus que le soldat, l'explo
rateur et le colon, — qui bien sou
vent se bornent à frayer plus large
ment les chemins ouverts par la
sueur et le sang des apôtres, — les
planteurs de croix travaillent à unir
et à grandir l'humanité !...
On eet heureux, en lisant ces
pages, de trouver, au service de
l'Eglise, un esprit si noble et si puis
sant; mais on est lier en même
temps de séntirtoutce que surajoute
au plus beau talent la vision claire
et sereine de la vérité.
\ François Veuillot.
1 : $ ; —"
'BULLETIV^
La Chambre a voté, sur les bureaux
de placement, le texte de la commission
qui donne aux placeurs un délai de
cinq ans et le droit à une indemnité.
Les socialistes ont fait, sur l'autel de
la Défense républicaine, le sacrifice de
leurs plus énergiques et bruyantes re
vendications.
Aujourd'hui, budget.
On a vu; dans notre Seconde édition,
que les délégués des groupes du Bloc,
soucieux de ne plus risquer de déplaire
à M. Combes, ont décidé: dp n'aborder,
âorémvànt, aucun débat politique,
sanss'étre réunis et avoir pris les ins
tructions du présidentâu -conseil cher
à leur cwur de jacobins- ...,
Toutes les décisions seront ainsi ptô
ses d'avance;pourquoi conserver un
Parlement?
En Angleterre, les préparatifs sont
à peu près ter minés pour la réception
des souverains italiens ; la visite à Lon-,
dres aura lieu le 19.
Les journaux anglais annoncent que
sirE. Motison, ambassadeur en France,
■ayant atteint la limite d'âge, sera rap
pelé dans quelques mois.
La Ger mania annonce la convocation
imminente du Relchstag ; en dehors de
la discussion du budget, on s'occupera
des assurances pour les veuves, les or
phelins et les ouvriers.
L'empereur Guillaume est arrivé, à
Wiesbaden, où il va se rencontrer avec
le tsar.
A la Chambre espagnole, interpella
tion sur l'attitude du gouvernement
pendant la période électorale.
La minorité républicaine a déposé
une motion contre, le président; cette
motion a été rejetée par 9.9 voix contre
15.
La réponse de la Porte à la note aus-
tro russe a été remise Mer soir aux am
bassades d'Autriche-Hongrie et de Rus
sie. .
ANeut-York, les dernières élection»-
municipales donnent la malrWait re
présentant de Tammany Hall; le parti
des réformes est battu à nouveau par
cette coalition qui organisa un vérita
ble brigandage politique.
Une dépêche de Panama annoncé que
l'indépendance de l'isthme aurait été
proclamée lundi soir.
; -r—: —: :
toujours elle!
Comprenez-vous que nos jacobins
et sectaires tiennent si fort à garder
M. Combes? Qu'est-ce qu'il fait, M.
Combes ? Rien du tout v Et la preuve,
c'est que la République reste aussi
menacée aujourd'hui qu'il y a deux
ans* ; la -Congrégation aussi dange
reuse en novembre 1903 qu'en
juin 1902. : 1
. La durée de ce ministère a. déjà
sensiblement dépassé la moyenne.
Depuis seize mois, il règne et goui
verne. A quelle besogne s'est-il en
tièrement consacré? Demandons-le-
lui, et rapportons-nous en à ses dé
clarations. M. Combes sera le pre
mier à le reconnaître, et tous ses
collègues diront comme leur prési
dent du conseil. En fait de réformes
sociales : rien. En fait de réformes
politiques: rien non plus; si ce n'est
pourtant la suppression des sous-
préfets, décidée provisoirement par
la Chambre. Mais le ministère ne
s'attribue pas l'honneur de ce vote,
et même il espère bien que le Sénat
lui refusera son assentiment.
Alors, quoi? Où donc est l'œuvre
du cabinet? Patience; M. Combes
va vous le dire. Il a couru au plus
pressé, ajournant tout le reste. La
loi de 1901 à la main, il débarrasse
la France du joug des congréga
tions.
Ainsi, voilà seize mois qu'il y tra
vaille uniquement. Pour atteindre le
but, il a causé des ruines morales et
matérielles, navré ou irrité, ou tout
au moins molesté des millions de fa
milles,. surexcité les haines, dé
chaîné les Apaches, laissé péricliter
des intérêts fort graves. Tout s'est
trouvé suspendu, au risque d'être
compromis. Ne fallait-il point, d'a-
pbord, détruire les congrégations,.la
Congrégation?... Le résultat?Ecou
tez le Radical :
Il est facile de prouver que des élé
ments n'ayant aucun rapport avec les
syndicats ouvriers sa sont mêlés aux der
niers,; mouvements: et que la Congréga
tion n'est pas étrangère à tous ces désor
dres.
3. '•*- - » - ' ...
Elle encore, toujours elle! Plus
puissante que jamais, la Congréga
tion déchaîne à son gré l'émeute
dans nos provinces et dans Paris.
Simples agents de la Congrégation,
les orateurs et meneurs de la Bourse
du Travail! Conscients ou incons
cients? Le Radical ne s'explique pas
sur ce -point; et c'est dommage.
Mais puisqu'î'Z est facile de prouver
que la Congrégation est l'auteur des
troubles, nous serons évidemment
fixés bientôt sur toutes les responsa
bilités et complicités.
En attendant, comme le Radical
ne parle certainement point à la lé
gère, il est donp établi que la Con
grégation devient assez forte pour
jeter les masses ouvrières contre le
gouvernement. Jamais elle n'eût
osé rêver de se voir si puissante,, il
y a quelques années. Conclusion :
M. Combes est un incapable,à
moins qu'il ne soit un traître. Qui
sait? Quand M. Charbonnel sera
président du conseil, peut-être M.
Combes se trouvera-t-il de la pre
mière charrette d'hommes politiques
amenée devant la Haute-Cour.
Pierre Veuillot.
Nous prions instamment ceux de
nos lecteurs dout l'abonnement ex
pire le ir >9ovembre de ne pas at
tendre plus longtemps pour le renou
veler.
11 est nécessaire de joindre à toute
lettre, [quel qu'en soit l'objet, une des
dernières bandes d'adresse impri
mées, rectifiée s'il y a lien.
i *
AUJOtJELE JOTO
O h a beaucoup écrit sur les abus du:
fonctionnarisme et la trop grande multi
plicité des fonctionnaires ; mais aucune
critique, si éloquente'qu'elle soit, ne vaut
encore cette petite annonce, découpée
dans l'Union républicaine delà Marne : :
« Un fonctionnaire de la campagne,
pouvant disposer de presque tout son
temps, possédant une bonne écriture,
demande des travaux de "bureaux à faire
chez lui, ou petite représentation dans
son canton.
« S'adresser au bureau du journal,
7078. » ; ' ■ •
Parlez-moi des fonctionnaires qui peu
vent disposer de « presque tout leur
temps » 1 .Et le bonhomme de la Marne
n'est pas le seul. Il y a quelques mois, un
article documenté de la Revue des Deux
Mondes nous apprenait qu'un très grand
nombre des chansons ineptes et obscènes
qu'on chante dans les cafés-concerts ont
pour auteurs des employés de ministères
qui, eux aussi, peuvent -disposer de
« presque tout leur temps ».
^ ..m .
-, » *
Les faits-divers ont lëûr couleur, qui
diffère parfois selon le pays dans lequel
ils se passent. ' - 1
Voici, par-exemple, un faits-divers
haïtien, découpé dans un journal de Port-
au-Prince.^ .
« Hier après-midi, vers les deux heur
-ré&/ls'qiiartîer aèTHôtel-dës-Postes, à la
Grand'-rue, était mis en émoi par plu
sieurs détonations d'arme à feu.
« C'était M. Clément Magloire^ rédac
teur en chef du Montent, et M. L.-J.
Adam, directeur général des postes, qui
réglaient leur différend, que tout le
monde connaît.
« M. Adam, à qui son revolver avait
fait défaut, marcha droit sous les balles
.de son adversaire et, avec un grattoir
qu'il avait à la main,—d'autres disent un
rasoir, — le frappa à plusieurs reprises à
la tête, au cou et à la main, bien qu'il fût
lui-même atteint par une balle en pleine
poitrine, à quelques centimètres au-des-
sous'du mamelon gauche.
« Les deux adversaires sont grièvement
blessés. On extrait ce matin la balle de
M. L.-J. Adam.
« Il y a lieu de déplorer encore la mort
d'une pauvre vieille femme qui a été tuée
roide d'une des balles perdues, tandis
qu'elle venait vendre paisiblement sa
marchandise, à plus de cent mètres du
combat. » ~ ,
Il faut croire que la poste et le journa
lisme sont en mauvais termes dans la
République d'Haïti ; mais» là comme ail
leurs, ce sont les pauvres diables qui pâ
tissent des querelles entre politiciens.
En France, tout le monde est un peu de
Tarascon, disait Daudet. Bien des gens,
saur une nuance dans lés manières, ne
sont-ils pas également d'Haïti ?
m m
Le roi d'Angleterre a dîné lundi soir
chez les avocats.
Il y avait quatre siècles qu'un souve
rain de la Grande-Bretagne n'avait plus
été l'hôte du barreau londonien.
Le dîner a eu lieu à Middle Temple,
dans un vieux hall.
Edouard VII, naturellement, a été reçu
avec honneur, mais ce ne sont pas les
titres de Sire et de Majesté qui l'ont ac
cueilli. Le roi d'Angleterre N étant de droit
le premier avocat du royaume, on l'ap
pelle, en cette circonstance : « Maître le
Roi. »
Comme il convenait, Maître le Roi
avait revêtu la toge, et tout cela vous
avait ce bon petit parfum d'antiquité qui,
de l'autre côté de la Manche, s'accorde
fort bien avec le progrès.
•
• *
L'administration pénitentiaire vient
d'avoir, vis-à-vis des prisonniers qu'on
emmène au Dépôt, une délicate [atten
tion.
Elle a mis à leur disposition des voitu
res cellulaires toutes neuves, et d'un as
pect presque engageant.
Ces nouveaux cai rosses de dame Thémis
ont la forme générale des antiques « pa
niers à Salade », mais leur intérieur est
plus confortable et leur extérieur, nous
assure-t-oo, « plus luxueux ».
• Les petites fenêtres grillées qui s'ou
vrent au haut de la voiture sont plus
larges que jadis. Le caisson est peint d'un
superbe vernis noir, tout miroitant, qu'é-
gayént des bandes d'un joli vert/ la cou
leur de l'espérance.
Les harnais des attelages sont plus
polis, ce qui consolera toujours un peu
les prisonniers, si les agents ne le sont
pas.
Un journal explique ces réformes en
constatant qu'on reçoit aujourd'hui des
gens « très bien » dans les voitures cellu
laires. Il y a du vrai dans la remarque,
et, si la politique du Bloc continue, les
prisons deviendront, comme en 1793, un
séjour tout à fait « comme il faut ».
. m.
• •
Entre chasseurs.
— Savez-vous pourquoi le préfet de po
lice ne prend pas part aux grandes chas
ses officielles?
? ?
— Parce que ses fonctions lui interdi
sent de pactiser avec les meutes.
Çà et là
FONDS SECRETS
« Parler de fonds secrets sur un copie
« de lettres,, dans une correspondance
« commerciale, enregistrée au milieu de
« documents et pièces pouvant être, à
« l'occasion, produits en justice et publi
er quement, est un procédé hors de saison
« et déplacé. »
. Cette observation, qui devait rester se
crète comme la matière qu'elle concerne,
vient d'être produite au grand jour, dans
un procès un peu bizarre, engagé de
vant le tribunal de commerce du Mans.
Là comparaît, de mauvaise grâce, M.
Cailloux, député, jadis personnage encore
plus important, puisque dans le célèbre et
néfaste ministère de h Défense républi
caine, c'était lui qui tenait la caisse. Il a !
!dû en remuer pas mal de ces fonds secrets,
de ces douze cent mille distribués chaque;
•année aux ministres, lesquels en font tout
ce qu'ils veulent ou peu s'en .'faut; ; car le
contrôle exercé, bien entendu dans le se-
cret, par le président de la République,
n'a rien de gênant. Il est vrai que l'autre
contrôle* officiel celui-là", pratiqué par la?
Cour desrcomptes, devient de plus en plus
une inutilité phénoménale , et une monu
mentale dérision. Alors, mieux vaudrait,
sans doute," pour ménager,la vérité, ins
crire en tête de nos lois constitutionnelles
cette formule toute sincère Les minis
tres disposent des finances .nationales
commeils veulent; ou du moins comme ils
peuvent.—
Cependant les commerçants ordinaires ;
ne sont pas prêts encore à comprendre un
tel régime. D'ailleurs la loi leur fait une ;
obligation de tenir en ordre leur compta
bilité particulière. Quand oh leur promet
qu'ils bénéficieront des mystérieux fonds
secrets, ils sont assez naturellement por- ;
tés à prendre note dè cette combinaison.
Et voilà comment M. Caillaux a des dé- ;
mêlés avec un tribunal de commerce et
comment l'agent officieux de l'ancien mi
nistre, un ancien journaliste-imprimeur,
M. Postel, aujourd'hui entreposeur de
tabacs, se plaint que lés mots mystérieux
et séduisants « fond.s secrets « figurent ;
dans une correspondance commerciale. ;
Par les détails que donnent deux jour
naux du Mans, la Sarthe et VExpress
de la Sarthe, nous pouvons éclaircir et :
résumer l'histoire, au premier abord
assez enchevêtrée.
Il s'agit d'un traité que M. Caillaux,
ministre, a, en 1902, pour les besoins
de sa politique locale, c'est-à-dire élec
torale, signé avec un imprimeur, M. Gué-
net. Le traité, dans lequel le ministre se
réservait la direction politique de deux
journaux imprimés par M. Guénet, fut
pour celui-ci une mauvaise opération. Au
bout de peu de temps, l'entreprise ne
marchait plus, et, chose invraisemblable
mais réelle, M. Caillaux refusait de payer
une malheureuse somme de 2,500 francs
dans laquelle entre la valeur de blocs
et de filets de cuivre et aussi de plusieurs
chaises fournies par l'imprimeur et dont
le bureau de rédaction ne pouvait se pas
ser.
On plaide. On expose des arrangements
et des démêlés antérieurs. Alors apparaît
au premier plan l'intermédiaire du minis
tre, M. Postel, aujourd'hui « dans les ta
bacs ». Pour persuader l'imprimeur de se
lancer, M. Postel promettait, M. Guénet
l'assure, l'avantageux concours des fonds
secrets. Naturellement, l'imprimeur pre
nait la promesse au sérieux,pour des mo
tifs qu'il a indiqués lui-même, avec la pré
cision d'un homme qui conduit ses affaires
loyalement et qui possède unë solide ex
périence. Dans un mémoire adressé à M.
Caillaux, M. Guénet a rappelé qu'il a vu
de près une quantité de journaux, le Ré
veil de la Sarthe, le Républicain de la
Sarthe, l'Avenir, le Petit Manceau, le
Progrès de l'Ouest, le Progrès républi
cain, etc., etc., et qu'il sait très bien « de
quelle façon ils ont existé ». Il écoutait
sans défiance les promesses de subven
tions ministérielles :
Je n'avais aucune raison pour douter de
ces promesses, sachant que tous les jour
naux énumérés plus haut en ont profité,
et que je possède des preuves que, particu
lièrement, le Journal du Mans recevait une
subvention mensuelle.
Plus tard, une mensualité fut versée
(S50 francs), mais ce fut la seule. M. Cail
laux, réélu, s'occupait d'autres combinai-
! sons. L 'intermédiaire j M. Postel, objet de
réclamations pressantes, y répondait né
gativement avec des airs effarouchés et
répétait, d'ailleurs d'une façon catégori
que : — On fait ces choses-là, mais on ne
le dit pas .et surtout on ne l'écrit pas et
surtout sur un copie de lettres commer
cial ! —
Pourquoi donc? a répondu vigoureuse
ment M. Guénet; et il a présenté ses li
vres, sa correspondance, ses souve
nirs; ■■■.
La morale de l'histoire, c'est qu'il ne
faut pas compter sur les fonds secrets.
Cet argent mystérieux échappe aux lois
ordinaires. Il n'est pas dû, même quand il
est promis. On n'est jamais sûr de le te
nir.'
Eugène Tavernier.
;—» . ; ■ . —-—
S. S. PîE X
ET LA LIGUE DÉMOCRATIQUE
BELGE
Rome, 31 octobre.
Parmi les audiences de ces jours der
niers, nous relevons celles de MM. Arthur
Vérhaegen et Melot, membres de la Cham
bre des représentants belges, et celle de
M. Burghisser, l'important industriel de
Florence, le soutien de l'action catholique
et social dans cette ville.
Nous donnons ci-après des documents
importants qui signalent l'audience de M.
Verhaegen.
Qaant à l'audience de M. Burghisser,
elle a été marquée par les chaudes ap
probations que S. S. Pie X a données à
l'idée d'un grand pèlerinage ouvrier qui
aura lieu à Rome le 19 'mars prochain,
pour l'inauguration de ia statue érigée
dans la cour du Latràn en commémorai-
son des Encycliques sociales de- S. S.
Léon XIII.
Voici le texte de l'adresse que M. Ar
thur Verhaegen a lue au Saint-Père, après
en avoir demandé et obtenu l'autorisation.
Très Saint-Père,
Je viens déposer aux pieds de Votre
Sainteté les hommages, les vœux et les res
pectueuses félicitations des cent vingjt taille
ouvriers qui forment la Ligue démocratique
belge.
L'Association que j'ai l'honneur de pré
sider saisit avec joie l'occasion que lui offre
l'heureuse élévation au trône de Votre. Sain
teté, pour témoigner hautèment des senti
ments de filiale soumission-qu'elle professe
envers le Vicaire'de Jésus-Christ. , '
Fondée il y a douze ans, la Ligue démo
cratique belge a pris en main le relèvement
m oral-et matériel des ouvriers. Elle y fait
. intervenir largement les . ouvriers eux-mê
mes, notamment dans l'action des syndicats
et dans l'action politique.
. A cet efïet, la Ligue a obtenu que les ou
vriers catholiques, dans les circonscriptions
où ils sont nombreux et où ils le réclament,
puissent désigner, ; sans porter atteinte à
l'union nécessaire des catholiques; leurs
candidats propres, qu'ils puissent les por
ter sur les listes communes et formuler )e
programme de leurs revendications - poli
tiques. • Y
Les membres de la Ligue se font un de
voir de placer toujours au-dessus de la dé
fense de leurs intérêts les obligations qui
résultent pour eux, comme pour tous las
catholiques, de- leur qualité de catholiques
et de leur fidélité aux institutions natio
nales." . '
Ils sollicitent humblement la bénédiction
apostolique pour eux et pour leurs fa
milles. • ' "
Sa Sainteté, après avoir écouté avec
beaucoup de bienveillance l'adresse que
l'on vient de lire, a daigné entretenir
pendant plus d'un quart d'heureM. Arthur
-Vérhaegen. Au cours de l'entretien,la clo-
che de Saint-Pierre ayant sonné l 'Anger
lus, le Pape s'est mis à genoux et a récité
les prières liturgiques auxquelles a ré
pondu M. Vethaegen. .
Mlle Verhaegen, qui accompagnait sou
père, a reçu de Sa Sainteté, un fort < beau
camée.
- Le lendemain, S. Exc. Mgr Mêrry de!
Val faisait parvenir à M. Verhaegen la
lettre suivante : , . , ' . , . . »
« Monsieur, - • ••
« En réponse à l'adresse que vous avez
présentée ^.u Saint-Père, au nom des cent
vingt mille ouvriers de la Ligué démo
cratique belge, j'ai l'honneur de vous
donner l'assurance que Sa Sainteté a ac
cueilli, avec une bienveillance toute par
ticulière, les sentiments;de filiale soumis
sion dont vous.vous êtes fait l'interprète
au nom de l'association que vous prési
dez.
« Le Saint-Père s'intéresse avec une
affection paternelle au sort des classes
ouvrières et II ne peut que se réjouir des
œuvres que les catholiques belges ne ces
sent d'entreprendre pour l.e relèvement
moral et matériel des ouvriers. Sa" Sain
teté-se plaît à reconnaître que cette en
treprise si éminemment catholique est
l'objet spécial de vos efforts et que, sous
la haute direction de l'épiscopat de votre
pays, et en union avec tous ceux qui di
rigent l'action catholique en Belgique,
vous vous dévouez sans relâche à main
tenir des milliers d'ouvriers dans le che
min de la vertu et du devoir, et à les ar?
racher aux dangers qui les entourent.
« Pour conserver l'union qui, seule.peut
vous donner la force et assurer le succès
de vos aspirations légitimes, le Saint»
Père approuve entièrement que, sur lô
terrain politique, tout en gardant l'auto
nomie de sa sphère d'action, la Ligue dé
mocratique belge ait soin dé subordonner
ses intérêts particuliers à l'intérêt géné
ral, et que sur des listes communes et eu
parfait accord avec les chefs autorisés du
parti catholique belge, cette association
puisse présenter des candidats toutes les
fois que les circonstances locales le per
mettent.
« Vaillant défenseur de toutes les belles
et grandes causes, vous saurez certaine
ment correspondre aux désirs de Sa Sain
teté, qui vous bénit ainsi que tous les ou
vriers dont vous lui avez porté l'hom
mage.
« Raphaël Merry del Val,
« Pro-secrétaire d'Etat de Sa Sainteté.
« Rome, 30 octobre. .
« M. Arthur Verhaegen, président de
la Ligue démocratique belge. »
' Nous croyons inutile de faire remarquer
l'importance de ces deux documents : ils
réjouiront tous ceUx qui s'intéressent aux
travaux de la Ligue démocratique belge;
iitthe m t . b. p. mmi
A la suite de l'expulsion des Capu
cins de la rue de la Santé, le T. R.
P. Venance, provincial de l'ordre,
adresse la lettre suivante à M. Com
bes :
Paris, 3 novembre 1903.
Monsieur le ministre,
L'heure du triomphe a sonné pour vous
et votre œuvre de destruction se poursuit
avec une continuité qui doit vous satis
faire.
Ce matin vos agents venaient enfoncer
nos portes et nous jeter dans la rue.
Je tiens à vous le déclarer* monsieur le
ministre,c'est à la violence seule que nous
avons cédé et nous"n'acceptons nullement
les sentences de justice dont vous avez
coloré vos actes.
Les décisions des tribunaux sont ,respec
tables quand elles servent la justice; elles
cessent de l'être quand elle? se prêtent à
1'exécUtion,de lois injustes.
Oui, j'entends bien votre réponse :
— Il faut s'incliner devant la loi.
Il faut s'incliner devant la loi ! mais
n'est-ce pas au nom de la loi que les
crimes les plus odieux ont été commis %
C'est au nom de la loi que le Juste par
excellence a été mis à mort : Legem ha-
bemus, criaient les juifs à Pilate. •
C'est au nom dé la loi que les premiers
chrétiens ont été poursuivis : Non llcet
vos esse. Il ne vous est pas permis d'exis
ter. C'est la parole qui retentit encore au
jourd'hui à nos oreilles 1
C'est au nom de la loi que l'Irlande , et
la Pologne ont été étranglées par - leurs
vainqueurs.
C'est au nom de la loi que le tribunal
révolutionnaire a fait couler le" sang de
Franoe le plus généreux, le plus pur.
C'est au nom dela loi que les têtes de
Lavoisieret d'André Chénier sont tdin-î
Il faut s'incliner devant la loi I i.
Non, mille fois non, quand cette loi
foule aux pieds les droits les plus élémen
taires et les plus sacrés.
.Non, mille fois non, quand suivant la
forte expression de M, Jaurès, , autorité
ÉDITION QUOTIDIENNE
Editionquotidienne. — 13,0^0
Jeudi 5 Novembre 1903
-C.'.
PARTS . ETRANGER
et départements (union postale)
Un an......... 25 » • 88 »
Six mois . . .'. .. 13 ' » Î9 »
Trois mois..... 7 » " 10 »
Los abonnements partent des 1 er et 18 de oiaq.no mois
;{JN NUMÉRO : Paris & Départements iû «eni,
BUREAUX : Paria, me Cassette, -îf ;(VI* «ufr<).
On s'abonne-à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE '
PARIS ÉTRANGER;
et départements (union p0sta1œ)
Unan.........
Six mois......
.Trois mois....,
13 »
7 »
4 »
20 »>
11 ».
5 50
tl-'iON
• •• v
». A . •
Les abonnements partent des 1" et 16 decliaque moj«
L'UNIVER^ne répond,pas des manuscrits qui lui sont adressas
.ANNONCES
, MM. LAGRANGE, GERF et G is , 6, place de la Bourse ;
PARIS, 4 NOVEMBRE 1903
Sur uue conclusion.
Toujours elle ! ....
Çà et là ; Les fonds
secrets....;.......
Lettres do Genève..
Contre l'alcoolisme.
A. 1& Chambre . ...
Feuilleton : Le R. P.
Yeuveux..........
F rançois V eoillot.
P ierre V eoillot.
E itobnb T avernier
ZZZ.
U n congressiste .
J. M ahtsnat.
F rançois vauslloï.
Bulletin. •— Au jour le Jouir. — S. S.
Pie X et la ligue démocratique belge, ~r
— Une lettre du R. P. Venance. — Les
congrégations; — Le couronnement du
Sacré-Cœur. -- Association catholique
, de: la jeunesse française; -r- Nominations
ecclésiastiques, -r- Contre les placeurs, —r
Etranger. — A travers la prasfca. — Les
:■ grèves- —r Les anarchistes. r-> La reprise
des .travaux judiciaires. — Les militants
du devoir chrétien. Le calvaire de Tré-
guier. — Nécrologie. — Tribunaux. —
Nouvelles diverses. — Calendrier.— Bour
se et bulletin finanoier.—Dernière heure.
SUR UNE CONCLUSION
Ce n'est point perdre de vue les
exigences de l'actualité, ni déserter
le terrain du combat, que de dire
un mot du monument' si remarqua
ble, élevé, sur l'initiative et sous la
direction du R. P. Piolet, à la gloire
des Missions catholiques françaises
mi XIX' 1 siècle (1).
Le sixième et dernier volume de
cette belle et précieuse publication
vient de paraître. Il complète une
dés œuvrés les plus solides et, à la
lois, les plus brillantes qu'ait inspi
rées aux écrivains français la revu©
des progrès accomplis pendant le
dernier siècle. Et, sans parler de
ses autres mérites, il offre aux mi
litants qui soutiennent, dans le camp
de Dieu, la grande bataille engagée,
par toute la France, entre les servi
teurs volontaires ou inconscients de
la secte et les défenseurs de l'Eglise
et de la liberté, un argument et un
réconfort.
Un argument. Ce n'est pas sans
doute un ouvrage populaire et ces
six volumes, de taille et de poids, ne
sont pas évidemment à la portée
des petites bourses, —encore qu'ils
puissent figurer dans toutes les bi
bliothèques de cercles ou de parois
ses, où la beauté dès gravures et
l'intérêt des récits leur attacheront
de nombreux lecteurs. Mais, pour
quiconque est en mesure d'exercer
une influence autour de lui, par le
livre ou le journal, la conférence ou
le simple entretien, ce vaste travail
est un inestimable trésor, c'est tout
un arsenal.
. L'action de nos missionnaires est
auj ourd'hui calomniée, combattue
par l'acharnement imbécile et hai
neux d'un ramassis de jacobins, qui'
ne savent même plus concevoir les
intérêts de la France, quand leurs
rancunes et leurs passions deman
dent à s'assouvir. Or, dans ces pa
ges, on peut trouver, mis en lumière
avec une ampleur qui enthousiasme
et une précision qui convainc, tout
le bien que nos apôtres ont réalisé
depuis cent ans, non seulement pour
les progrès de la religion, mais en
core pour l'influence de la patrie^ le
développement de. la science et les
intérêts "de la civilisation. Œuvré
immense, prodigieuse et, vraiment,
plus qu'humaine. Et c'est, précisé-,
ment pour cela, c'est parce qu'elle
dépasse les forces de l'humanité,;
que cette œuvre apporte aux catho
liques, avec un argument, un récon
fort.-
Quand on ferme ce livre, on garde
l'impression que la tâche accomplie
par nos missionnaires est divine. Un
tel dévouement, qui se perpétue de
générations en générations, qui,
constamment, vers les contrées les
plus barbares et les plus rudes,
pousse à l'envi des bataillons ser
rés d'hommes et de femmes, ne re
culant ni devant les supplices et la
mort, ni devant le martyre moins
cruel, mais plus pénible avec le
temps, de l'exil lointain et prolonr
gé, de la solitude morale, du climat
déprimant, des mille petites souf
frances intimes et quotidiennes, un
tel dévouement, si sublime et si con
tinu, ne peut avoir sa source au fond
du cœur humain. C'est un Dieu qui
le fait naître et, par conséquent, ce
Dieu saura bien, malgré les impies,
le maintenir et l'étendre. A ceux
donc que le tableau décourageant de
gios douleurs et de nos plaies décou
rage, un coup d'oeil sur ce spectacle
divin rendra la hardiesse et l'espé
rance. Une telle œuvre engendre
.des soldats.
■ Tels sont les sentiments qui se
forment dans l'âme à la lecture de ce
grand ouvrage, examiné d'ensem
ble. Du sixième volume, en particu
lier, qui narre et dépeint les mis
sions d'Amérique avec la même
abondance et la même sûreté de dé
tails, avec le même attrait de lan
gage et de coloris,que les cinq au
tres ont déployé dans l'histoire et la
description de l'apostolat du vieux
monde, on n'aurait rien de plus à
£1) Chez Colin, 5, me de Mézières,
-dire, si les dernières pages n'arrê
taient d'attention.
Au début de l'ouvrage, M. Etienne
Lamy avait dressé le péristyle d'une
préfacé éloquente. Au faîte du mo
nument, M. Brùnetière vient de
poser la couronne d'une conclusion
magistrale.
Avec cette puissance de pénétra
tion qui découvre et saisit le fond
d'un sujet, secondée par cette lar
geur de regard qui en embrasse
toute l'étendue, l'éminent académi
cien résume en quelques feuillets la
substance et l'idée de tout l'ou
vrage.
Sa conclusion est d'un chrétien.
M. Brùnetière a voulu tenir, en pré
sence de cette oeuvre de Dieu, le
parler de la foi. Les dernières pages
de sa trop brève étude accusent, en
un puissant relief, et cette force
merveilleuse de prosélytisme qui
jette et enracine les missionnaires
aux extrémités du globe et, plus en
core , cette étonnante souplesse
d'adaptation que le catholicisme unit,
dans une harmonie dont il «st seul
à donner l'exemple, à la plus rigou
reuse inflexibilité de principes.,
Mais ce n'est pas aux croyants
surtout qué M. Brùnetière, veut ex
poser le tableau qui doit raffermir
leurs convictions c'est àla grande
foule des sceptiques et des aveugles
qu'il essaie .de montrer ces gigantes
ques travaux, quipourront dessiller
leurs yeux et secouer leur indiffé
rence. Et pour les convaincre ou les
éclairer, il étudie l'œuvre des mis
sions catholiques de France au triple
point de vue que nous indiquions
plus haut: l'extension du nom fran
çais, l'avancement des sciences et
le bien de l'humanité. Il faut lire et
retenir les considérations nerveuses
et originales dont le célèbre écrivain
sait enrichir et renouveler ce sujet.
M. Brùnetière ne se borne pas sèule-
ment à détailler, par l'examen des
faits, l'appui que nos missionnaires
apportent à ces trois grandes cau
ses; il s'attache à prouver que, par
la nature même de leurs fonctions
apostoliques, ils doivent leur four
nir un concours des plus précieux.
Héritiers de ces longues généra
tions qui, au regard des nations les
plus lointaines, ont pour, ainsi
parler, soudé l'histoire de la Fran
ce à l'histoire de l'Eglise ; animés
de cette ardeur, d'expansion qui
brûle au fond des cœurs français,
toujours ambitieux par-dessus tout
de conquérir des'intelligences et des
âmes ; marquant, par leur zèle et
leur nombre, l'apostolat du monde
entien d'une empreinte en quelque
sorte française, — il est naturel, il
est presque forcé que nos mission
naires introduisent, avec eux, dans
tous les pays qu'ils découvrent, et
l'influence et l'amour du nom fran
çais.
Quant à la science, à la science des
lieux et des races, elle est un des fon
dements, on peut dire nécessaires de
leurs opérations spirituelles. Le
missionnaire est un conquérant d'â
mes ; or, pour connaître à fond le
chemin des âmes, il a besoin de pé
nétrer la physionomie, le caractère
et le tempérament des peuples ; et
l'ethnographie devient, entre les
mains de i'apôtre, un puissant
moyen d'évangélisation. ;
Mais, poursuit l'écrivain, sous les ;
préjugés, sous la déformation des;
races, dont il ne veut posséder las
vraie notion que pour la faire ser
vira la gloire de Dieu, le mission
naire a surtoutle dessein d'atteindre
l'homme ; il cherche à saisir, au cœur
de l'Iroquois, du Gafre ou du Mand
chou, ce fonds commun d'humanité
qui crée une ressemblance intime
et profonde entre le plus raffiné des
lords d'Angleterre et le plus borné
des esclaves hottentots. Ce fonds
commun d'humanité, l'œuvre du mis
sionnaire, à n'en regarder quele pro
fit purement civilisateur, a l'im
mense avantage de le dégager des
scories qui l'enveloppent et de le su
rélever jusqu'à l'intelligence des vé
rités les plus hautes et la pratique
des vertus les plus pures. Et c'est
pourquoi, plus que le soldat, l'explo
rateur et le colon, — qui bien sou
vent se bornent à frayer plus large
ment les chemins ouverts par la
sueur et le sang des apôtres, — les
planteurs de croix travaillent à unir
et à grandir l'humanité !...
On eet heureux, en lisant ces
pages, de trouver, au service de
l'Eglise, un esprit si noble et si puis
sant; mais on est lier en même
temps de séntirtoutce que surajoute
au plus beau talent la vision claire
et sereine de la vérité.
\ François Veuillot.
1 : $ ; —"
'BULLETIV^
La Chambre a voté, sur les bureaux
de placement, le texte de la commission
qui donne aux placeurs un délai de
cinq ans et le droit à une indemnité.
Les socialistes ont fait, sur l'autel de
la Défense républicaine, le sacrifice de
leurs plus énergiques et bruyantes re
vendications.
Aujourd'hui, budget.
On a vu; dans notre Seconde édition,
que les délégués des groupes du Bloc,
soucieux de ne plus risquer de déplaire
à M. Combes, ont décidé: dp n'aborder,
âorémvànt, aucun débat politique,
sanss'étre réunis et avoir pris les ins
tructions du présidentâu -conseil cher
à leur cwur de jacobins- ...,
Toutes les décisions seront ainsi ptô
ses d'avance;pourquoi conserver un
Parlement?
En Angleterre, les préparatifs sont
à peu près ter minés pour la réception
des souverains italiens ; la visite à Lon-,
dres aura lieu le 19.
Les journaux anglais annoncent que
sirE. Motison, ambassadeur en France,
■ayant atteint la limite d'âge, sera rap
pelé dans quelques mois.
La Ger mania annonce la convocation
imminente du Relchstag ; en dehors de
la discussion du budget, on s'occupera
des assurances pour les veuves, les or
phelins et les ouvriers.
L'empereur Guillaume est arrivé, à
Wiesbaden, où il va se rencontrer avec
le tsar.
A la Chambre espagnole, interpella
tion sur l'attitude du gouvernement
pendant la période électorale.
La minorité républicaine a déposé
une motion contre, le président; cette
motion a été rejetée par 9.9 voix contre
15.
La réponse de la Porte à la note aus-
tro russe a été remise Mer soir aux am
bassades d'Autriche-Hongrie et de Rus
sie. .
ANeut-York, les dernières élection»-
municipales donnent la malrWait re
présentant de Tammany Hall; le parti
des réformes est battu à nouveau par
cette coalition qui organisa un vérita
ble brigandage politique.
Une dépêche de Panama annoncé que
l'indépendance de l'isthme aurait été
proclamée lundi soir.
; -r—: —: :
toujours elle!
Comprenez-vous que nos jacobins
et sectaires tiennent si fort à garder
M. Combes? Qu'est-ce qu'il fait, M.
Combes ? Rien du tout v Et la preuve,
c'est que la République reste aussi
menacée aujourd'hui qu'il y a deux
ans* ; la -Congrégation aussi dange
reuse en novembre 1903 qu'en
juin 1902. : 1
. La durée de ce ministère a. déjà
sensiblement dépassé la moyenne.
Depuis seize mois, il règne et goui
verne. A quelle besogne s'est-il en
tièrement consacré? Demandons-le-
lui, et rapportons-nous en à ses dé
clarations. M. Combes sera le pre
mier à le reconnaître, et tous ses
collègues diront comme leur prési
dent du conseil. En fait de réformes
sociales : rien. En fait de réformes
politiques: rien non plus; si ce n'est
pourtant la suppression des sous-
préfets, décidée provisoirement par
la Chambre. Mais le ministère ne
s'attribue pas l'honneur de ce vote,
et même il espère bien que le Sénat
lui refusera son assentiment.
Alors, quoi? Où donc est l'œuvre
du cabinet? Patience; M. Combes
va vous le dire. Il a couru au plus
pressé, ajournant tout le reste. La
loi de 1901 à la main, il débarrasse
la France du joug des congréga
tions.
Ainsi, voilà seize mois qu'il y tra
vaille uniquement. Pour atteindre le
but, il a causé des ruines morales et
matérielles, navré ou irrité, ou tout
au moins molesté des millions de fa
milles,. surexcité les haines, dé
chaîné les Apaches, laissé péricliter
des intérêts fort graves. Tout s'est
trouvé suspendu, au risque d'être
compromis. Ne fallait-il point, d'a-
pbord, détruire les congrégations,.la
Congrégation?... Le résultat?Ecou
tez le Radical :
Il est facile de prouver que des élé
ments n'ayant aucun rapport avec les
syndicats ouvriers sa sont mêlés aux der
niers,; mouvements: et que la Congréga
tion n'est pas étrangère à tous ces désor
dres.
3. '•*- - » - ' ...
Elle encore, toujours elle! Plus
puissante que jamais, la Congréga
tion déchaîne à son gré l'émeute
dans nos provinces et dans Paris.
Simples agents de la Congrégation,
les orateurs et meneurs de la Bourse
du Travail! Conscients ou incons
cients? Le Radical ne s'explique pas
sur ce -point; et c'est dommage.
Mais puisqu'î'Z est facile de prouver
que la Congrégation est l'auteur des
troubles, nous serons évidemment
fixés bientôt sur toutes les responsa
bilités et complicités.
En attendant, comme le Radical
ne parle certainement point à la lé
gère, il est donp établi que la Con
grégation devient assez forte pour
jeter les masses ouvrières contre le
gouvernement. Jamais elle n'eût
osé rêver de se voir si puissante,, il
y a quelques années. Conclusion :
M. Combes est un incapable,à
moins qu'il ne soit un traître. Qui
sait? Quand M. Charbonnel sera
président du conseil, peut-être M.
Combes se trouvera-t-il de la pre
mière charrette d'hommes politiques
amenée devant la Haute-Cour.
Pierre Veuillot.
Nous prions instamment ceux de
nos lecteurs dout l'abonnement ex
pire le ir >9ovembre de ne pas at
tendre plus longtemps pour le renou
veler.
11 est nécessaire de joindre à toute
lettre, [quel qu'en soit l'objet, une des
dernières bandes d'adresse impri
mées, rectifiée s'il y a lien.
i *
AUJOtJELE JOTO
O h a beaucoup écrit sur les abus du:
fonctionnarisme et la trop grande multi
plicité des fonctionnaires ; mais aucune
critique, si éloquente'qu'elle soit, ne vaut
encore cette petite annonce, découpée
dans l'Union républicaine delà Marne : :
« Un fonctionnaire de la campagne,
pouvant disposer de presque tout son
temps, possédant une bonne écriture,
demande des travaux de "bureaux à faire
chez lui, ou petite représentation dans
son canton.
« S'adresser au bureau du journal,
7078. » ; ' ■ •
Parlez-moi des fonctionnaires qui peu
vent disposer de « presque tout leur
temps » 1 .Et le bonhomme de la Marne
n'est pas le seul. Il y a quelques mois, un
article documenté de la Revue des Deux
Mondes nous apprenait qu'un très grand
nombre des chansons ineptes et obscènes
qu'on chante dans les cafés-concerts ont
pour auteurs des employés de ministères
qui, eux aussi, peuvent -disposer de
« presque tout leur temps ».
^ ..m .
-, » *
Les faits-divers ont lëûr couleur, qui
diffère parfois selon le pays dans lequel
ils se passent. ' - 1
Voici, par-exemple, un faits-divers
haïtien, découpé dans un journal de Port-
au-Prince.^ .
« Hier après-midi, vers les deux heur
-ré&/ls'qiiartîer aèTHôtel-dës-Postes, à la
Grand'-rue, était mis en émoi par plu
sieurs détonations d'arme à feu.
« C'était M. Clément Magloire^ rédac
teur en chef du Montent, et M. L.-J.
Adam, directeur général des postes, qui
réglaient leur différend, que tout le
monde connaît.
« M. Adam, à qui son revolver avait
fait défaut, marcha droit sous les balles
.de son adversaire et, avec un grattoir
qu'il avait à la main,—d'autres disent un
rasoir, — le frappa à plusieurs reprises à
la tête, au cou et à la main, bien qu'il fût
lui-même atteint par une balle en pleine
poitrine, à quelques centimètres au-des-
sous'du mamelon gauche.
« Les deux adversaires sont grièvement
blessés. On extrait ce matin la balle de
M. L.-J. Adam.
« Il y a lieu de déplorer encore la mort
d'une pauvre vieille femme qui a été tuée
roide d'une des balles perdues, tandis
qu'elle venait vendre paisiblement sa
marchandise, à plus de cent mètres du
combat. » ~ ,
Il faut croire que la poste et le journa
lisme sont en mauvais termes dans la
République d'Haïti ; mais» là comme ail
leurs, ce sont les pauvres diables qui pâ
tissent des querelles entre politiciens.
En France, tout le monde est un peu de
Tarascon, disait Daudet. Bien des gens,
saur une nuance dans lés manières, ne
sont-ils pas également d'Haïti ?
m m
Le roi d'Angleterre a dîné lundi soir
chez les avocats.
Il y avait quatre siècles qu'un souve
rain de la Grande-Bretagne n'avait plus
été l'hôte du barreau londonien.
Le dîner a eu lieu à Middle Temple,
dans un vieux hall.
Edouard VII, naturellement, a été reçu
avec honneur, mais ce ne sont pas les
titres de Sire et de Majesté qui l'ont ac
cueilli. Le roi d'Angleterre N étant de droit
le premier avocat du royaume, on l'ap
pelle, en cette circonstance : « Maître le
Roi. »
Comme il convenait, Maître le Roi
avait revêtu la toge, et tout cela vous
avait ce bon petit parfum d'antiquité qui,
de l'autre côté de la Manche, s'accorde
fort bien avec le progrès.
•
• *
L'administration pénitentiaire vient
d'avoir, vis-à-vis des prisonniers qu'on
emmène au Dépôt, une délicate [atten
tion.
Elle a mis à leur disposition des voitu
res cellulaires toutes neuves, et d'un as
pect presque engageant.
Ces nouveaux cai rosses de dame Thémis
ont la forme générale des antiques « pa
niers à Salade », mais leur intérieur est
plus confortable et leur extérieur, nous
assure-t-oo, « plus luxueux ».
• Les petites fenêtres grillées qui s'ou
vrent au haut de la voiture sont plus
larges que jadis. Le caisson est peint d'un
superbe vernis noir, tout miroitant, qu'é-
gayént des bandes d'un joli vert/ la cou
leur de l'espérance.
Les harnais des attelages sont plus
polis, ce qui consolera toujours un peu
les prisonniers, si les agents ne le sont
pas.
Un journal explique ces réformes en
constatant qu'on reçoit aujourd'hui des
gens « très bien » dans les voitures cellu
laires. Il y a du vrai dans la remarque,
et, si la politique du Bloc continue, les
prisons deviendront, comme en 1793, un
séjour tout à fait « comme il faut ».
. m.
• •
Entre chasseurs.
— Savez-vous pourquoi le préfet de po
lice ne prend pas part aux grandes chas
ses officielles?
? ?
— Parce que ses fonctions lui interdi
sent de pactiser avec les meutes.
Çà et là
FONDS SECRETS
« Parler de fonds secrets sur un copie
« de lettres,, dans une correspondance
« commerciale, enregistrée au milieu de
« documents et pièces pouvant être, à
« l'occasion, produits en justice et publi
er quement, est un procédé hors de saison
« et déplacé. »
. Cette observation, qui devait rester se
crète comme la matière qu'elle concerne,
vient d'être produite au grand jour, dans
un procès un peu bizarre, engagé de
vant le tribunal de commerce du Mans.
Là comparaît, de mauvaise grâce, M.
Cailloux, député, jadis personnage encore
plus important, puisque dans le célèbre et
néfaste ministère de h Défense républi
caine, c'était lui qui tenait la caisse. Il a !
!dû en remuer pas mal de ces fonds secrets,
de ces douze cent mille distribués chaque;
•année aux ministres, lesquels en font tout
ce qu'ils veulent ou peu s'en .'faut; ; car le
contrôle exercé, bien entendu dans le se-
cret, par le président de la République,
n'a rien de gênant. Il est vrai que l'autre
contrôle* officiel celui-là", pratiqué par la?
Cour desrcomptes, devient de plus en plus
une inutilité phénoménale , et une monu
mentale dérision. Alors, mieux vaudrait,
sans doute," pour ménager,la vérité, ins
crire en tête de nos lois constitutionnelles
cette formule toute sincère Les minis
tres disposent des finances .nationales
commeils veulent; ou du moins comme ils
peuvent.—
Cependant les commerçants ordinaires ;
ne sont pas prêts encore à comprendre un
tel régime. D'ailleurs la loi leur fait une ;
obligation de tenir en ordre leur compta
bilité particulière. Quand oh leur promet
qu'ils bénéficieront des mystérieux fonds
secrets, ils sont assez naturellement por- ;
tés à prendre note dè cette combinaison.
Et voilà comment M. Caillaux a des dé- ;
mêlés avec un tribunal de commerce et
comment l'agent officieux de l'ancien mi
nistre, un ancien journaliste-imprimeur,
M. Postel, aujourd'hui entreposeur de
tabacs, se plaint que lés mots mystérieux
et séduisants « fond.s secrets « figurent ;
dans une correspondance commerciale. ;
Par les détails que donnent deux jour
naux du Mans, la Sarthe et VExpress
de la Sarthe, nous pouvons éclaircir et :
résumer l'histoire, au premier abord
assez enchevêtrée.
Il s'agit d'un traité que M. Caillaux,
ministre, a, en 1902, pour les besoins
de sa politique locale, c'est-à-dire élec
torale, signé avec un imprimeur, M. Gué-
net. Le traité, dans lequel le ministre se
réservait la direction politique de deux
journaux imprimés par M. Guénet, fut
pour celui-ci une mauvaise opération. Au
bout de peu de temps, l'entreprise ne
marchait plus, et, chose invraisemblable
mais réelle, M. Caillaux refusait de payer
une malheureuse somme de 2,500 francs
dans laquelle entre la valeur de blocs
et de filets de cuivre et aussi de plusieurs
chaises fournies par l'imprimeur et dont
le bureau de rédaction ne pouvait se pas
ser.
On plaide. On expose des arrangements
et des démêlés antérieurs. Alors apparaît
au premier plan l'intermédiaire du minis
tre, M. Postel, aujourd'hui « dans les ta
bacs ». Pour persuader l'imprimeur de se
lancer, M. Postel promettait, M. Guénet
l'assure, l'avantageux concours des fonds
secrets. Naturellement, l'imprimeur pre
nait la promesse au sérieux,pour des mo
tifs qu'il a indiqués lui-même, avec la pré
cision d'un homme qui conduit ses affaires
loyalement et qui possède unë solide ex
périence. Dans un mémoire adressé à M.
Caillaux, M. Guénet a rappelé qu'il a vu
de près une quantité de journaux, le Ré
veil de la Sarthe, le Républicain de la
Sarthe, l'Avenir, le Petit Manceau, le
Progrès de l'Ouest, le Progrès républi
cain, etc., etc., et qu'il sait très bien « de
quelle façon ils ont existé ». Il écoutait
sans défiance les promesses de subven
tions ministérielles :
Je n'avais aucune raison pour douter de
ces promesses, sachant que tous les jour
naux énumérés plus haut en ont profité,
et que je possède des preuves que, particu
lièrement, le Journal du Mans recevait une
subvention mensuelle.
Plus tard, une mensualité fut versée
(S50 francs), mais ce fut la seule. M. Cail
laux, réélu, s'occupait d'autres combinai-
! sons. L 'intermédiaire j M. Postel, objet de
réclamations pressantes, y répondait né
gativement avec des airs effarouchés et
répétait, d'ailleurs d'une façon catégori
que : — On fait ces choses-là, mais on ne
le dit pas .et surtout on ne l'écrit pas et
surtout sur un copie de lettres commer
cial ! —
Pourquoi donc? a répondu vigoureuse
ment M. Guénet; et il a présenté ses li
vres, sa correspondance, ses souve
nirs; ■■■.
La morale de l'histoire, c'est qu'il ne
faut pas compter sur les fonds secrets.
Cet argent mystérieux échappe aux lois
ordinaires. Il n'est pas dû, même quand il
est promis. On n'est jamais sûr de le te
nir.'
Eugène Tavernier.
;—» . ; ■ . —-—
S. S. PîE X
ET LA LIGUE DÉMOCRATIQUE
BELGE
Rome, 31 octobre.
Parmi les audiences de ces jours der
niers, nous relevons celles de MM. Arthur
Vérhaegen et Melot, membres de la Cham
bre des représentants belges, et celle de
M. Burghisser, l'important industriel de
Florence, le soutien de l'action catholique
et social dans cette ville.
Nous donnons ci-après des documents
importants qui signalent l'audience de M.
Verhaegen.
Qaant à l'audience de M. Burghisser,
elle a été marquée par les chaudes ap
probations que S. S. Pie X a données à
l'idée d'un grand pèlerinage ouvrier qui
aura lieu à Rome le 19 'mars prochain,
pour l'inauguration de ia statue érigée
dans la cour du Latràn en commémorai-
son des Encycliques sociales de- S. S.
Léon XIII.
Voici le texte de l'adresse que M. Ar
thur Verhaegen a lue au Saint-Père, après
en avoir demandé et obtenu l'autorisation.
Très Saint-Père,
Je viens déposer aux pieds de Votre
Sainteté les hommages, les vœux et les res
pectueuses félicitations des cent vingjt taille
ouvriers qui forment la Ligue démocratique
belge.
L'Association que j'ai l'honneur de pré
sider saisit avec joie l'occasion que lui offre
l'heureuse élévation au trône de Votre. Sain
teté, pour témoigner hautèment des senti
ments de filiale soumission-qu'elle professe
envers le Vicaire'de Jésus-Christ. , '
Fondée il y a douze ans, la Ligue démo
cratique belge a pris en main le relèvement
m oral-et matériel des ouvriers. Elle y fait
. intervenir largement les . ouvriers eux-mê
mes, notamment dans l'action des syndicats
et dans l'action politique.
. A cet efïet, la Ligue a obtenu que les ou
vriers catholiques, dans les circonscriptions
où ils sont nombreux et où ils le réclament,
puissent désigner, ; sans porter atteinte à
l'union nécessaire des catholiques; leurs
candidats propres, qu'ils puissent les por
ter sur les listes communes et formuler )e
programme de leurs revendications - poli
tiques. • Y
Les membres de la Ligue se font un de
voir de placer toujours au-dessus de la dé
fense de leurs intérêts les obligations qui
résultent pour eux, comme pour tous las
catholiques, de- leur qualité de catholiques
et de leur fidélité aux institutions natio
nales." . '
Ils sollicitent humblement la bénédiction
apostolique pour eux et pour leurs fa
milles. • ' "
Sa Sainteté, après avoir écouté avec
beaucoup de bienveillance l'adresse que
l'on vient de lire, a daigné entretenir
pendant plus d'un quart d'heureM. Arthur
-Vérhaegen. Au cours de l'entretien,la clo-
che de Saint-Pierre ayant sonné l 'Anger
lus, le Pape s'est mis à genoux et a récité
les prières liturgiques auxquelles a ré
pondu M. Vethaegen. .
Mlle Verhaegen, qui accompagnait sou
père, a reçu de Sa Sainteté, un fort < beau
camée.
- Le lendemain, S. Exc. Mgr Mêrry de!
Val faisait parvenir à M. Verhaegen la
lettre suivante : , . , ' . , . . »
« Monsieur, - • ••
« En réponse à l'adresse que vous avez
présentée ^.u Saint-Père, au nom des cent
vingt mille ouvriers de la Ligué démo
cratique belge, j'ai l'honneur de vous
donner l'assurance que Sa Sainteté a ac
cueilli, avec une bienveillance toute par
ticulière, les sentiments;de filiale soumis
sion dont vous.vous êtes fait l'interprète
au nom de l'association que vous prési
dez.
« Le Saint-Père s'intéresse avec une
affection paternelle au sort des classes
ouvrières et II ne peut que se réjouir des
œuvres que les catholiques belges ne ces
sent d'entreprendre pour l.e relèvement
moral et matériel des ouvriers. Sa" Sain
teté-se plaît à reconnaître que cette en
treprise si éminemment catholique est
l'objet spécial de vos efforts et que, sous
la haute direction de l'épiscopat de votre
pays, et en union avec tous ceux qui di
rigent l'action catholique en Belgique,
vous vous dévouez sans relâche à main
tenir des milliers d'ouvriers dans le che
min de la vertu et du devoir, et à les ar?
racher aux dangers qui les entourent.
« Pour conserver l'union qui, seule.peut
vous donner la force et assurer le succès
de vos aspirations légitimes, le Saint»
Père approuve entièrement que, sur lô
terrain politique, tout en gardant l'auto
nomie de sa sphère d'action, la Ligue dé
mocratique belge ait soin dé subordonner
ses intérêts particuliers à l'intérêt géné
ral, et que sur des listes communes et eu
parfait accord avec les chefs autorisés du
parti catholique belge, cette association
puisse présenter des candidats toutes les
fois que les circonstances locales le per
mettent.
« Vaillant défenseur de toutes les belles
et grandes causes, vous saurez certaine
ment correspondre aux désirs de Sa Sain
teté, qui vous bénit ainsi que tous les ou
vriers dont vous lui avez porté l'hom
mage.
« Raphaël Merry del Val,
« Pro-secrétaire d'Etat de Sa Sainteté.
« Rome, 30 octobre. .
« M. Arthur Verhaegen, président de
la Ligue démocratique belge. »
' Nous croyons inutile de faire remarquer
l'importance de ces deux documents : ils
réjouiront tous ceUx qui s'intéressent aux
travaux de la Ligue démocratique belge;
iitthe m t . b. p. mmi
A la suite de l'expulsion des Capu
cins de la rue de la Santé, le T. R.
P. Venance, provincial de l'ordre,
adresse la lettre suivante à M. Com
bes :
Paris, 3 novembre 1903.
Monsieur le ministre,
L'heure du triomphe a sonné pour vous
et votre œuvre de destruction se poursuit
avec une continuité qui doit vous satis
faire.
Ce matin vos agents venaient enfoncer
nos portes et nous jeter dans la rue.
Je tiens à vous le déclarer* monsieur le
ministre,c'est à la violence seule que nous
avons cédé et nous"n'acceptons nullement
les sentences de justice dont vous avez
coloré vos actes.
Les décisions des tribunaux sont ,respec
tables quand elles servent la justice; elles
cessent de l'être quand elle? se prêtent à
1'exécUtion,de lois injustes.
Oui, j'entends bien votre réponse :
— Il faut s'incliner devant la loi.
Il faut s'incliner devant la loi ! mais
n'est-ce pas au nom de la loi que les
crimes les plus odieux ont été commis %
C'est au nom de la loi que le Juste par
excellence a été mis à mort : Legem ha-
bemus, criaient les juifs à Pilate. •
C'est au nom dé la loi que les premiers
chrétiens ont été poursuivis : Non llcet
vos esse. Il ne vous est pas permis d'exis
ter. C'est la parole qui retentit encore au
jourd'hui à nos oreilles 1
C'est au nom de la loi que l'Irlande , et
la Pologne ont été étranglées par - leurs
vainqueurs.
C'est au nom de la loi que le tribunal
révolutionnaire a fait couler le" sang de
Franoe le plus généreux, le plus pur.
C'est au nom dela loi que les têtes de
Lavoisieret d'André Chénier sont tdin-î
Il faut s'incliner devant la loi I i.
Non, mille fois non, quand cette loi
foule aux pieds les droits les plus élémen
taires et les plus sacrés.
.Non, mille fois non, quand suivant la
forte expression de M, Jaurès, , autorité
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