Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1903-01-06
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 janvier 1903 06 janvier 1903
Description : 1903/01/06 (Numéro 12723). 1903/01/06 (Numéro 12723).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k711314q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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Màl'dl 0 Janvier 1803
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Mardi 6 Janvier 1903
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PARIS. 5 JANVIER 19»
SOMMAIRE
Lefj défaillances- de.
l*op nion
ILe scrutin..........
Le dernier coup dê
M Comtes .......
Çà et là : Une vie....
Ceux qu'on proscrit :
Les Frères.de SAint«
Joseph de Saint-
Fusci«,n
Feuilletons : La v
Grande-Chartreuse.
EUGÈNE VEtnuov.
PlEJtlE VSDIUO*.
F iamcoi » Vsmûov.
A. A iguepekse.
E rnest B iixieît, .■>
O h. de V itis.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
Jour le Jour. — Les traitements épis co
raux. — Paroles éplscopales. — La santé
Fermetures d'écoles et manifestations.
— Les congrégations. — Les élections
sénatoriales. — Informations politiques
et parlementaires. — L'enseignement 11«
fcre. — Fêtes et réunions. — Les déco*
rations. — L'affaire Bumbert. — Les af-
alrea du Maroc. -- Une princesse en
* iulte. — Le conflit vénézuélien. — A
travers la presse. La question ouvrière.
— Les anarchlsteie. — Echos de partout.
*»• Nécrologie. — Un scandale à Poly
technique. — Nouvelles diverses. •—
Calendrier. — Dernière heure. — Bourse
et bulletin financier.
«
I
US DÉFAILLANCES 1 OTIOÏ
Voici- l'exorde d'un article de M.
Paul de Çassagnac, dans l'Auto
rité.
Je ne sais pas à quoi cela tient,mais il
faut bien constater que, depuis quelque
temps, le sens moral s'oblitère singuliè
rement dans notre payB de France.
On en arrive, sur les questions leB
ilua diverses, à émettre publiquement
[es opinions qui, naguère, auraient bou*.
levé la conscience publique.
Aujourd'hui, oela glisse sur l'opinion
universelle. On admet tout, on accepte
tout, 051 ne s'indigne pluB de rien.
L'Autorité se demande d'où vient
cet abaissement, puis se répond :
C'est au régime républicain et à bob
influence délétère, c'est aux nombreux
scandales qu'il déchaîne, que l'on doit
évidemment oette inconscience géné
rale»
La Libre Parole porte sur l'état
moral du pays le même jugement.
Pour elle aussi la France, qui fut
longtemps la grande nation et qui
devrait l'être encore, n'a plus de
conscience, plus de ressort et pres
que plus de vie ; elle va finir, elle
serait finie si le groupe- antisémite
n'était pas là. Par cette lueur d'es
poir qui lai vient d'elle-même et par
son attachement à la République la
Libre Parole diffère de VAutorité,
mais, en somme, elle affirme com
me celle-ci que nous .sommes au
Slus bas et que si le ministère Corn
es et le régime dont il est le cou
ronnement dupe quelque temps en
core tout sera perdu.
Certes les choses vont mal, très
mal et les plus vives alarmes s'ex
pliquent. Cependant il ne faut pas
prendre à la lettre tout ce langage.
Il dit trop d'une part et de l'autre
pas assez.
Les détenteurs du pouvoir, en fai
sant de la République une tyrannie
de bas étage, armée du mensonge
et de l'iniquité, devaient avachir l'o
pinion. C'est arrivé. Nos gouver
nants sont donc tout particulière
ment et au premier chef responsa
bles du désarroi des esprits et de
l'engourdissement des consciences.
Mais pourquoi ne pas reconnaître et
dire que beaucoup de ceux qui leur
reprochent ce déplorable état de
l'opinion publique y sont pour
quelque chose et ne cessent pas d'y
contribuer?
Si lé pays au lieu de s'indigner,
de réagir, reste inerte et semblé
complice, n'est-ce pas en partie
parce que depuis des années l'oppo
sition systématique, d'où quelle
vienne, contribue comme le gouver
nement' lui-même, bien que par
d'autres voies, à ruiner dans toutes
les classes la notion de l'ordre?
Est-il une force sociale quë la
presse, même celle qui se dit et se
"croit conservatrice, n'ait pas mi
née ? On a vu, en certaines circons
tances, telles de ces feuilles tra
vailler contre l'armée en attaquant,
•jusqu'à l'insulte et ùnîquemént par
passion politique, son naut person
nel, en la poussant à l'indiscipline.
Ne voyons-nous pas aujourd'hui
encore des journaux catholiques pu
prétendant l'être faire campagne,
— les uns ouvertement, d'autres
en biaisant, — contre les évoqués
et contre le Pape ? Oui, nous avons
des publicistes religieux qui soùs
prétexte de servir l'Eglise veulent
y introduire comme partout l'esprit
de désordre.- Dieu merci, là ils ont
échoué, là ils échoueront toujours.
Mais ailleurs, si "l'autorité ayant
conservé la force matérielle peut
encore se faire craindre, elle né peut
plus compter sur le respect et, par
suite, ses représentants n'ont plus
toute l'action nécessairé. C'est la
faute des gouvernants, dirat-on.
Lem de le nier, nous reconnaissons,
nous signalons et condamnons en
ceux-ci les principaux coupables.
Seulement, nous ajoutons qu'ils ont
pour aides ceux de leurs adversaires
Qui contestent avec grossièreté et
déloyalemént à l'autorité jusqu'à
l'exercice régulier, légitime, obliga
toire de son droit. Et-csla, non par
haine de l'ordre, mais dans l'espoir
de nuire*au régime établi. Qu'im
porte que l'on affaiblisse en vue
de ce résultat tous les* principes
de gouvernement et que l'on pré
pare un peuple ne croyant plus à
rién 1 N'est-ce pas, d'après ces poli
ticiens, de l'excès du mal que vien
dra le bien?
Visons-nous ici des exceptions ?
Non» Pour l'opposition systéma
tique cette conduite est de règle.
Parler d'un acte gouvernemental,
qu'il s'agisse de l'extérieur ou de
l'intérieur, sans y dénoncer lâcheté,
ou imbécillité, ou trahison c'est être
soi-même traître, ou lâche, ou im
bécile. S'occuper d'un ministre où
de quelque personnage officiel sans
le qualifier c canaille », « crapule »,
« idiot », « goujat », « gâteux »ï
« escroc » ou complice d'escroque
ries, c'est s'exposer aux pires accu
sations. Ce vocabulaire est obliga
toire si l'on veut compter parmi les
« crânes », prêts à tout braver et
qui, d'ailleurs, ne bravent rien.
Que n'a-t-on pas insinué contre
l'Univers quand il a doucement dit
qu'on aurait peut-être tort de ren
verser le ministère Méline au profit
d'un ministère Brisson ou Wal-
deck ? Dans cet avis tout de bon
sens et de clairvoyance, on dénon
çait une politique sacrifiant l'Eglise
à la République. Il y a eu jusqu'à
des religieux — j'ai été bien tenté,
de les nommer — peur, colporter
ces misérables propos. Certes, bien
que réfractaires de choix, ils n'en
croyaient rien, mais quelques bêta&i
passionnés ont pu y croire.
. Les, polémiques outrées, bruta
les dites « polémiques d'engueule-
ment » que je viens de rappeler*
s'expliqueraient à la rigueur, si l'on
y sentait de la colère et de l'impro
visation, mais la colère n'y est
point; c'ést un rôle que l'on joue.
Nous entendons des artistes qui
ont étudié et adopté ce genre afin
de conquérir un public. Ils y sont
arrivés. De braves gens, d'autant
plus disposés à confondre le bruit
avec l'action qu'ils ne veulent pas
agir, prennent ce jeu au sérieux. Ils
aiment à croire que par cette polé
mique salissante on ruinera* avec
les nommes qu'elle frappe lé régime
qu'ils servent
Quelle erreur ! l'abus de l'injure
l'a usée. Aujourd'hui pour le public
appeler un ministre « crapule » pu
« crétin », revient à dire qu'il n'est
pas une fleur' de délicatesse et né
peut être .classé homme supérieur.
L'opinion, tout en s'amusant de
ces accusations, sent qu'il en faut
rabattre et elle en rabat trop. ^ De
là cette indifférence presque géné
rale, cette atonie de l'esprit public
dont paraissent s'indigner ceux
mêmes dont elle est l'œuvre. S'ils
parlaient droit et ferme, au lieu dé
tant crier, on les entendrait miéux.
Cet abus de gros mots, ces excès
dans les jugements sur lés hommes,
on s'y livre également à propos de
tout ce qui. arrive, de tout ce qui
menace. - Comme résultat on déve
loppé je mal que l'on dénonce. Ainsi
parce que' le socialisme gagne du
terrain on clamé que la formé répu
blicaine lui assuré là victoire, qu'il
ti'y à plus à résister, que tout ést
perdu. Quoi de plus dfécoùrageant
que ce pëéèiïïlisme à outrance? Puis
que ces vaillants proclament qu'il
n'y a rien à faire et pour leur part
se bornent à crier, pourquoi ten
ter quelque ckose ?
Non, tout n'est pas perdu. Les
honnêtes gens, désireux de l'ordre,
restent les plus nombreux et rede
viendront les plus forts le jour où,
cessant d'écouter les déclamateurs,
ils se donneront dé tout cœur à l'ac
tion. Mais pour qu'ils sé décident
aux efforts et aux sacrifices , néces
saires, il faut leur montrer un but
accessible et organiser le com
bat.. _ ' .
Nos déclamateurs, n'en font rieiv
Au contraire, ils tournent en déri-j
sion, entravent, condamnent tout
mouvement pouvant aboutir. Le
pétitiôrinement, /les réunions pu?
pliqùës, les çonférençes, là. forma
tion de groupés, l'organisation élec
torale leur font hausser les épaules.
Tout cela est légal, tout cela est
pratique; .donc tout cela ne vaut
rien. De quelles pesantes "et sottes
railleries on les a vus poursuivre
ceux des nôtres qui ont pris en per
sonne, courageusement, activement
part à la résistance bretonne dans,
l'affaire des écoles ! Eux, garés de
tout risque, ils ont morigéné et mé
prisé les agissants. A les entendre,
tout aurait marché beaucoup mieux
S'ils avaient été là. Et que p'y étiez?
vous, hâbleurs 1 s
Ne désespérons de rién. De même
que nous, pouvons combattre et
vaincre l'ennemi du dëdaris, nous
pouvons regagner, du terrain , au
dehors. Assurémént notre place
dans le monde» n'est plus celle
d'autrefois. D'autres nous priment
ét toute la faute n'en est pas au ré
gime actuel- Mais, bien que la poli
tique impériale, devenue, malgré les
catholiques, italienne puis, aile-
LE MONDE
H*"
-
mande, nous ait fait perdre deux
provinces et des milliards, là France
est encore la France, et il n'y a que
des Français aveuglés par l'esprit
de parti pour dire qu'elle ne compte
plus. Parler ainsic'est méconnaître
à la fois la vérité, la justice et le
patriotisme ; c'est pousser au dé?
çouragement et aux défaillances ;
c'est servir le socialisme ën lui dir
sant qu'il peut tout et nous dimi
nuer aux yeux du monde entier.
Si nous voulons que l'étranger con
tinue de compter avec nous, ne
cherchons pas à lui persuader quë
nous ne comptons plus.
Les opposants systématiques,
les irréconciliables, désespérant
du roi et de l'empereur, implorent;
les yeux tournés vers les casernes,
un César. Ils montreraient plus de
bon sens, de fierté* d'amour de là
atrié et de la religion en travail-
ant à substituer la république des
honnêtes gens, la république de
tout le monde à la république des
sectaires et des malfaiteurs aujour
d'hui régnante. ;
Eugène V euillot.
—— — ■ ♦ —: ————
&
S VLLETIP(
Les élections pour le renouvellement
triennal du Sénat ont conservé la. ma
jorité aux ministériels ; ceux-ci font
grand bruit autour de quelques rares
sièges gagnés, ils parlent moins — et
pour cause — des collèges élector aux où
les libéraux ont vu s'accroître leurs for
ces.
Nous apprécions plus bas les résultats
de cette journée.
Pas de réunions à signaler ; le pèlerin
liage annuel aux Jardies a rassemblé
autour de la tombe de Gambetta quel•
ques amis du tribun.
Le général André s'est voulu joindra
à eux ; il a parlé et... à félicité le prési
dent du conseil de poursuivre la lutte
antireligieuse.
Lis nouvelles du Maroc sont bien
meilleures ; le sultan a gracié son frère
Mohamed, interné depuis longtemps à
Mequinez, celui-là. même que le préten
dant voulait mettre sur le trône.
Les (ièUtX frères se sont solennelle-
ment réconciliés, et Mohamed est nommé
gouverneur de la province de Fez.
Le Standard dit tenir de bonne source
que le comte Goluchowsky et le comte
Lamsdorff se sont mis d'accord pour de
mander au sultan d'introduire sans re
fard en Macédoine de nombreuses ré
formes.
On exigera notamment ia nomination
d'un gouverneur favorable aux chré
tiens, à défaut.d'un 'chrétien qu'il est,
dit-on, impossible de nommer.
, En attendant, l'agitation gagne les
vilayets de Salonique et de Gassovo. "
Les fêtes du « durbhar » continuent à
Delhi ; c'était samedi Soir, là cérémonie
de l'investiture solennelle des ordres dé
« l'Etoile des Indes » et de « l'Empire in*
dien ».
Le coup d'œil, nous disent les dépê
ches, était féerique ; le gaïkouar de £>a-
roda, notamment, portait son fameux
collier de pierreries évaXué plus, de. six
millions de francs.
. En Chine, les ministres étrangers, à
l'exception du ministre des Etats-Unis,
ent décidé. de maintenir que l'indem-
nitéchinoise soit calculée sur là basede
V ôt ^ mais sont, disposés % admettre un
cêmpritmis. ... .
Ching-Chi-Tong* a été dépouillé dé
ses fonctions, eii raison dé . sa vive op ■
position , aux projets, tussophiles de
Yung-Lu.
NOUVELLES DE ROME
On télégraphie de Rome :
■ Rome, 5 janvier;'
La commission' biblique, récemment
nommée par le Pape, et composée de
cinq oardinaux, se réunit aujourd'hui
pour la première fois:
. Les quèstions bibliques préoooupent
toujours le Saint-Siège et on vient d'ap
peler à Rome M. Vigouroux, professeur
d'Ecriture éainte au séminaire de S aint-
Sulpioe, à Paris, pour étré consulté.
-- . j." ; :— T—rr
LE / gCRUTIN
Il ne faïut p.?? comparer 'les élec
tions sénatoriales d'hier ,aux ; élec»
tions législatives, de -mai dernier.,Il
faut. si on veut apprécier justement,
les mettre pri regard de cellës quî
eurent lieu, Ip7 janvier 1894, pour,
la Chambre haute. Là plupart des
sénateurs qui ,.së représentaient
hier avaient été élus il y a neuf
ans. ' " '. v
Le ministère, Casi.mir-Perier-
Spullpr. gouvernait alors, appli
quant une politique de modération.
L'influence administrative, d'ail
leurs discrète et rétenue, favorisait
donc plutôt le parti qu'on appelle
aujourd'hui progressiste. On sait
si le càbiriët Combes, cette fois,
s'est privé d'exercer contre ce
même, parti une pression ardente,
{je résultat 4e son effort, vous le
voyez, Iîgagne à grand'peine quel
ques sièges: En bloc, le tiers qui
entre au £>énat ressemble étonnam
ment àu tiers qui sort. Et il a fallu,
paraît-il, que plus d'un sortant,
pour obtenir un nouveau mandat,
mît une puissante sourdine à son
ministéçialisme.
Le scrutin d'hier semblerait donc
établir que le pays en est resté, ou
plutôt en est revenu au même point
qu'il y a neuf ans, si des élections
sénatoriales pouvaient nous éclai
rer sur la présente situation. Mais
i^n'en est rien. Ceux qui ont voté
ûô possédaient qu'une investiture
déjà lointaine, souvent, du suffrage
universel. Ils nous indiquent seule
ment l'état d'esprit qui animait ce
suffrage quand il les a choisis pour
conseillers généraux, pour conseil
lers municipaux, en 1901 ©u 1899.
 ces époques, radicalisme et
jacobinisme paraissaient battre leur
plein.. Grâce à M. Waldeck-Rous
seau, qui rassurait et retenait un
gros d opportunistes, t®ut en sei>
vant ]es haines de la gauche plus
avancée, les élections législatives
de 1902 Qnt maintenu les sectaires
au pouvoir. Mais le déplacement
d'un bien petit nombre de voix les
renversait. Nous avons eu le droit
de dire, en invoquant les chiffres,
que si les radicaux et jacobins con
servaient la majorité dans le Par
lement, ils nè la gardaient plus,
malgré la pression gouvernemen
tale, quë réduite, chancelante, fic
tive même, dans le pays.
Le scrutin d'hier n'infirme notre
thèse, ni ne la confirme. Les mas
ses du suffrage populaire ^e sont-
elles, depuis mai dernier, rappro
chées ou éloignées des sentiments
et passions qui animent le Bloc, à
certains autres indices nous pou
vons nous faire une opinion sur ce
point. Quant aux élections sénato
riales, elles ne nous apportent là-
dessus aucune lumière, car elles
devaient être les mêmes dans les
deux cas.
Continuons la lutte, sans trop de
confiance, — il n'y a certainement
pas lieu, — mais sans décourage
ment non plus. Travaillons avec
ardeur^ dévouement et discipline à
préparer les élections législatives
de 1906. Et prenons dès aujour
d'hui, pour qu'on nous croié sin
cères dans trois ans, l'attitude que
tous les candidats libéraux pren
dront alors sans hésiter, comme
hier et comme il y a huit mois,
c'est-à-dire l'attitude nettement
constitutionnelle.
Pierre V iuillot.
AU JOTJELE JOUR
M. Waldeck-Rous&eau a offert à M.
Zanardelli, président du conseil des mi
nistres italiens, ses œuvres oratoires.
La «tuile > a été admirablement reçue
et M. Zanardelli, annonce-t-on, a déjà
sa vengeance prête.
Il s'occupe, paraît-il, de faire réunir
Bes propres harangues et d'en faire un
volume, qu'il expédiera à M. Waldeck-
Rousseau.
Les dèux augures Bé sont regardés.
Consentiront-ils à se lire ? C'est plus
douteux.
Sait-on comment M. et Mme Chamber
lain voyagent dans l'Afrique du Sud ?
Le gouvernement anglais a mis à leur
disposition un train de luxe, qui se com
pose de deux locomotives, d'un wagon-
lit,d'un -wagon-reBtaurantet d 'un fourgon
à bagageB.
Le wagon-lit qui se trouve au milieu
comprend trois compartiments : une
chambre à coucher, un salon et une salle
dé bain.
Le wagon-restaurànt sé compose d'une
Balle à manger,' d'un fumoir et d'une
Balle de jeu. Tout lé mobilier est en
chêne, reoouvert de vélours rouge.
Le fourgon comprend,. outre les ba
gages, des lits pour la suite, la cuisine
et un atelier de réparation.
Voilà un mode de locomotion confor
table, que n'ont pas connu Livingstone et
Stanley. . '
Mais à quoi bon la salle de bains ? dira
sanB doute M. Pelletan. A quoi bon sur
charger inutilement ces pauvres locomo
tives?
**é
M.Pierre Laffîtte, qui vient de mou
rir, avait dé curieuses rànoiines hiBtori-
ques. O 'est ainsi qu 'on l'entendit sou
vent/en deé dîners littéraires, vouer à
l'exécration dé l'univerB «le jobard de
Sainte/Hélène «.Pauvre Napoléon I
Il était plein d'un /égal mépris pour
« cet affreux Adolphe » — autrement dit
M. Thiers —- auquel line pardonnait pas
son Histo.irë du Consulat et dé l'Empire.
Hugo était pour lui le « fâcheux Vic
tor ». " ■ '
Il cultivait avec soin toutes leB tradi
tions du positivisme, entre autres celle
du calendrier des grands hommes ima
giné par Comte, en 1849, et qui diviBe
l'année en 13 mois de 28 jours. Chaque
jour, chaque semaine et chaque moiB
Bont consacrés à un homme illustre.
Pierre Laffitte est mort dans le mois
de Moïse ou de la Théocratie initiale,
dans la Bemaine de Thésée et le jour
d 'Ulysse. Et ce jour, que le commun des
mortels appelle « dimanche », était, pour
les positivistes, un « humanidi ».
.,;j. , ' . ■ _
Là ville de Copenhague a trouvé un
moyen ingénieux dè lutte? contre l'al
coolisme.
Un arrêté de polioe prescrit que leB
fraiâ de retour d'un, ivrogne à son do
micile, voiture et casBe comprises, se
raient mis au compte du débitant ohez le
quel le poohard aurait pris son dernier
verre.
Or, à ce qu'on prétend, voioi oe qui
arrive.
Quand un marchand de vin s'aperçoit
qu'un de ses clients est en état d'ébriété,
il le fait oonduire aimablement chez lé
débitant voisin, qui en use de même. Et
ainsi le bon pochard est transporté de
débit en débit, ce. qui le fait boire beau
&ef abo&nenënts partent des 1" et 10 de ohagM aeitf
VIMVBRS m ripondpas des manuscriti gui M lent
ANNONCES J
Ùll. LAQRANGE, CERF et C 1 *, 6, place de la Wîvnf'
coup plus qu'il n'aurait bu spontané
ment.
Ingénieux remède, n 'ëBt-be^as ?
Nous parlions, l'autre, jour, des assu
rances originales, et notamment de l'as
surance contre l'appendicite.
En voioi une qui ne part pas d'une
mauvaise idée.
Il vient de se créer à Boston une com
pagnie qui assure oontre lé < riBque »
d'avoir une famille trop nombreuse.
Moyennant le paiement d'une .prime
plus ou . moins élevée, suivant que la
somme assurée doit être plus pu moins
forte, les. ménages légitimes reçoivent
une pension à chaque enfant qui naît et
qui dure tant que l'enfant vit ; autant
d'enfants autant de pensions, la prime
ne varie pas.
De là sorte, les enfants sont .toujours
les bienvenus.
■ • •
Une édifiante aventure vient d'arriver
i Limerick, à l'occaBion de la session des
assises.
Cette Bession, samedi soir, a dû être
ajournée en raiBon de l'état d 'ivreBse d 'un
certain nombre de jurés. Trois d'entre
eux ont été arrêtés.
Les avocats des accusés ne feront pas
mal de plaider l'ivreBBe comme circons
tance atténuante. Le jury aurait mau
vaise grâce à ne pas Be montrer indul
gent; .
M. Pipelet fait le compte des étrennes
reçues à l 'occaBion du 1" janvier. Sa
femme surveille l'opération.
— Tu sais, les Gamiohon n'ont donné
que 10 francs 1
. — Si c'est pas honteux ! Des gens... qui
sont presque aussi riches que nous.
LE DERMER COUP U M.
Certains malfaiteurs attendent la
nuit pour exécuter leurs mauvais
coups. D'autres opèrent en plein
jour ; mais ils « travaillent » de
préférence à l'heure où l'attention
au public est détournée par un gros
événement
M. Combes appartient à cette
seconde espèce. Pour accomplir son
dernier méfait, il a choisi la veille
des élections sénatoriales. Il espé
rait que les honnêtes gens ne s'a-
ercevraient point de la nouvelle
'essure infligée, par sa main bru
tale, au droit et à la liberté.
Faux calcul! On a vu le coup. Le
résident du conseil pourra, une
ois de plus, imposer sa volonté par
la force ; il ne, pourra la faire ac
cepter comme rëxécution de là loi,
encore moins comme l'expression
de la justice. Il ne pourra pas sur
tout invoquer à son appui la près
cription du silence.
Et nous espérons bien, que le
S
q
Parlement lui-même entendra l'é
cho de nos protestations.
Non pas que nous puissions es
compter le résultat d'une interpel
lation ; nonjpas que nous puissions
attendre un bon mouvement de
cette Chambre avilie, qui n'est ja
mais plus prête à acclamer le gou
vernement que quand il lui revient
les mains souillées d'un nouveau
crime. Mais* au Pàlais-Bourbon,
la protestation retentira plus fortë
et elle réservera l'avenir
Peu de violations de la loi sont plus
audacieuses, en effet, que celle dont
M. Combes s'est rendu coupable, en
refusant de transmettre au Conseil
d'Etat les demandes d'autorisation
formées par plusieurs congrégations
religieuses pour certains de leurs
établissements.
La loi, par ce fait, est violée ma
nifestement, sans] vergogne.
Que veut-élle, en effet ? Qué l'au
torisation soit accordée ou refusée,
— aux congrégations, par les Cham
bres, — aux simplës établissements
par le Conseil d'Etat.
Or, le président du conseil, de sa
propre autorité, vient dirp aux con
grégations : « Les demandes que
vous m'avez chargé de transmettre
au Conseil d'Etat, pour |el ou tel
établissement, ne me conviennent
point. Pourquoi ? C'est mon affaire
et je n'ai pas le temps de vous ex
pliquer mes raisons. Sachez seule
ment que le Conseil d'Etat ne sera
pas saisi de vos requêtes et que,
par conséquent, vous n'avez plus
qu'à fermer les établissements qui
en étaient l'objet. Vous avez huit
jours pour vider les lieux. Dans huit
jours, mes gendarmes iront voir
comment vous avez obéi ; si vous
avez résisté, ils mettront vos Sœurs
à la porte. »
Et le misérable tyranneau qui
tient ce|langage a l'impudence d'af
firmer qu'il agit au nom de la loi et
qu'il défend la liberté ! Et il se
trouve une majorité d'imbéciles ou
de coquins pour l'applaudir !,
Si jamais la résistance a été jus
tifiée, voire imposée, c'est bien le
cas. , , ■ ;
Il ne s'agit pas même,aujourd'hui
d'unë légalité plus ou moins odieuse
ou plus ou moins suspecte ; il s'agit
d'un acte purement, cyniquement
arbitraire.
M. Combes, en condamnant de sa.
propre autorité ces établissements
religieux, ne représente pas plus le
pouvoir, qu'un juge d'instruction,
qui s'aviserait de condamner lui-
même un prévenu, ne représente
rait la justice.
La résistance à cet abus intolé
rable est d'autant plus nécessaire,
que les conséquences de la décision
ministérielle sont plus redoutables.
Le président , du conseil, en s'ar-
rogeant le-drôit d'écarter, motupro-
prie, loti demandes-d'autorisation
formées par les établissements re
ligieux, dessaisit purement et sim
plement le Conseil d'Etat. Les éta
blissements religieux» non encore
autorisés, sont désormais tous, sans
en excepter un seul, à la merci de
ses caprices et de ses haines.
Si nous possédions encore un
Conseil d'Etat, il se soulèverait tout
entier contre une pareille insolence*
Mais il y a beau temps que la grands
assemblée, qui fut un si haut, tribu*
nal, n'est plus qu'un bureau de se
crétaires.
François V iuillot.' "
.—i_:—■ , • » • •
LES TRAITEMENTS EPISCOPAUX
Mgr Touchet.
Nous lisons dans les Annules
d'Orléans :
Malgré là note officieuse que nous
ayons insérée au cjébut de la souscrip
tion en faveur de notre évêque, MM. les
curés, sans tenir compte de leur modeste
budget, n'ont pas voulu s'abstenir, et,
chaque Jour, nous avons à enregistrer
leurs offrandes. Souvent oes offrandes
sont accompagnées de oelles de leurs
bons paroissiens.
De deux paroisses de Beauoe, qui h
elles deux ne oomptent pas plus de 725
habitants, nous parvient une liste, qui
comprend 65 noms. LeB ohiffres s'élè
vent de 0 fr. 05 à 5 francB : ce Bont les
0 fr. 10, qui dominent, et qui sont l'obole
de l'enfant et le denier de la veuve.
Des petites filles d'un ouvroir ont tenu,
malgré leur pauvreté, à Be cotiser pour
offrir à Monseigneur leur filiale offrande»
Un cocher de place eBt descendu de
son siège pour verser, au plus tôt, le
pourboire qu'il venait de recevoir
Dans une pieuse famille, c'est le « Pe
tit Noël» qui a procuré aux petits en
fants un petit cadeau « pour Monsei
gneur ».
Dans une liste de souscription, lea
noms et les chiffres ne disent pas tout ; il
faut lire, il faut entendre les réflexions
qui aocompagnent l'offrande. C 'est le
côté édifiant et touchant, que voit Beul
celui à qui elle eBt remise.
Nous ne oiterons qu'un fait : il s'agit
d'une pauvre veuve, qui a besoin de toute
Ba journée pour gagner Bon pain. Aussi
a t-elle chargé- un passant de remettre
Bon denier au bureau des Annales, en
lui disant : « Dites, bien que o 'eBt pour
protester que je me prive d'une partie d»
mon salaire quotidien. En cala, à l'occa
sion, devant les mécréants, je vaux deux
hommes. Pour ma très minime offrande,
que Monseigneur me remercie, en bénis
sant mon petit garçon, qu'il a déjà béni
personnellement, il y a quelque temps. »
La commission a été faite devant nous,
et nous l'avons déjà rapportée à Sa Gran
deur. . y
Dans ces témoignages de sympathie
populaire, les femmeB priment leB hom*
mes : cela devait être. Ce sont elles, en
effet, qui, élevées et faisait élever leur^
enfantB par les Sœurs, ont compriB que
leur évêque n'avait été frappé que pour
avoir défendu l'enseignement deB Soeurs;
et, elleB sont venues, dans la simplicité
d'un cœur reconnaissant, dire, par- leur
obole, à Monseigneur qu'elles étaient
avec lui.
LibaniuB, oe libre*penseur qui était le
conseiller et le oourtiBan de Julien, pre«
mier du nom, avait été frappé de la ré
sistance que les mères de famille oppo<*
Baient aux iniqueB déorets de l'apostat.
Aussi ne pouvait-il s'empêcher de s'écrier
en présence de son maître : « Quelles
femmes ont ceB chrétiens ! »
Si jamais il eBt donné aux sectaires
deB Loges de parcourir les listes d'Au-
tuh, de Besançon, de Séez, de Nice efi
d'Orléans, ils ne pourront aussi s'empê
cher, s'ils sont sincèreB, de dire aux pla
giaires de Julien : * «Quelles femmes ont
encore les catholiques la
Puissent bientôt ces persécuteurs de
l'enfance chrétienne,.. répéter comme
l'autre: Galilsee tu vicistil
Gà et là
UNEVIEI(l)
A l 'extrémité Bucf-est [du département
actuel de IaCorrèze, Bur les confinsdu
Limousin et de l'Auvergne, leB Turenne
possédaient un manoir, maison d'habita
tion et château de dèfenèe d'une « Berve-
rie squia laissé à la localité le nom de
Servières. L'édifice avait été construit
Bur un promontoire enveloppé de trois
côtés, non par les flots dé la mer, mais
par le vide des valléeB profondes, aux
penteB raides semées dé rooheB, et ail
fond desquelles un torrent ,se frayait
avec fraoas son chemin jusqu'à la Dor«
dogne.
A l'époque de la grande Révolution, le
ohâteau de Servières avait passé aux
NoailleB. Comme tant d'autres, il fut dé
mantelé, dévasté, à demi ruiné et, bien
entendu, confisqué.
La tourmente qui abattait de la sorte
lés monuments de pierre, multipliait
aussi les ruinés morales, et lorsque se
leva l'aurore du Consulat il y avait à re
construire plus enoore dans l'ordre intel
lectuel ét religieux que dans l'ordre ma
tériel. Lès ouvriers évângéliquesj en par
ticulier, étalent rares pour travailler le
vaste champ. deB âmes, resté en friche,
et les séminaires qui prépareraient de
nouveaux prêtres étaient i reconstituer.
A la cure de ServièreB fut nommé, à'
(!) Vie de M. J. Verniolles, supérieur du
petit séininalre de Servières, par M. l'abbé
L. Bertry, curé de Saint-Viaace (Corrèze).
1 vol. in-8°, avec illustrations. .
V/
\Y
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Màl'dl 0 Janvier 1803
SS&ÏÏOlST QUOTTEEE^ra
ihUtlM (MtiiitsMÎ m 11.T23
PARIS A
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Mardi 6 Janvier 1903
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Trois mois 4 »
20 ri
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5 60
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^ST
PARIS. 5 JANVIER 19»
SOMMAIRE
Lefj défaillances- de.
l*op nion
ILe scrutin..........
Le dernier coup dê
M Comtes .......
Çà et là : Une vie....
Ceux qu'on proscrit :
Les Frères.de SAint«
Joseph de Saint-
Fusci«,n
Feuilletons : La v
Grande-Chartreuse.
EUGÈNE VEtnuov.
PlEJtlE VSDIUO*.
F iamcoi » Vsmûov.
A. A iguepekse.
E rnest B iixieît, .■>
O h. de V itis.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
Jour le Jour. — Les traitements épis co
raux. — Paroles éplscopales. — La santé
— Les congrégations. — Les élections
sénatoriales. — Informations politiques
et parlementaires. — L'enseignement 11«
fcre. — Fêtes et réunions. — Les déco*
rations. — L'affaire Bumbert. — Les af-
alrea du Maroc. -- Une princesse en
* iulte. — Le conflit vénézuélien. — A
travers la presse. La question ouvrière.
— Les anarchlsteie. — Echos de partout.
*»• Nécrologie. — Un scandale à Poly
technique. — Nouvelles diverses. •—
Calendrier. — Dernière heure. — Bourse
et bulletin financier.
«
I
US DÉFAILLANCES 1 OTIOÏ
Voici- l'exorde d'un article de M.
Paul de Çassagnac, dans l'Auto
rité.
Je ne sais pas à quoi cela tient,mais il
faut bien constater que, depuis quelque
temps, le sens moral s'oblitère singuliè
rement dans notre payB de France.
On en arrive, sur les questions leB
ilua diverses, à émettre publiquement
[es opinions qui, naguère, auraient bou*.
levé la conscience publique.
Aujourd'hui, oela glisse sur l'opinion
universelle. On admet tout, on accepte
tout, 051 ne s'indigne pluB de rien.
L'Autorité se demande d'où vient
cet abaissement, puis se répond :
C'est au régime républicain et à bob
influence délétère, c'est aux nombreux
scandales qu'il déchaîne, que l'on doit
évidemment oette inconscience géné
rale»
La Libre Parole porte sur l'état
moral du pays le même jugement.
Pour elle aussi la France, qui fut
longtemps la grande nation et qui
devrait l'être encore, n'a plus de
conscience, plus de ressort et pres
que plus de vie ; elle va finir, elle
serait finie si le groupe- antisémite
n'était pas là. Par cette lueur d'es
poir qui lai vient d'elle-même et par
son attachement à la République la
Libre Parole diffère de VAutorité,
mais, en somme, elle affirme com
me celle-ci que nous .sommes au
Slus bas et que si le ministère Corn
es et le régime dont il est le cou
ronnement dupe quelque temps en
core tout sera perdu.
Certes les choses vont mal, très
mal et les plus vives alarmes s'ex
pliquent. Cependant il ne faut pas
prendre à la lettre tout ce langage.
Il dit trop d'une part et de l'autre
pas assez.
Les détenteurs du pouvoir, en fai
sant de la République une tyrannie
de bas étage, armée du mensonge
et de l'iniquité, devaient avachir l'o
pinion. C'est arrivé. Nos gouver
nants sont donc tout particulière
ment et au premier chef responsa
bles du désarroi des esprits et de
l'engourdissement des consciences.
Mais pourquoi ne pas reconnaître et
dire que beaucoup de ceux qui leur
reprochent ce déplorable état de
l'opinion publique y sont pour
quelque chose et ne cessent pas d'y
contribuer?
Si lé pays au lieu de s'indigner,
de réagir, reste inerte et semblé
complice, n'est-ce pas en partie
parce que depuis des années l'oppo
sition systématique, d'où quelle
vienne, contribue comme le gouver
nement' lui-même, bien que par
d'autres voies, à ruiner dans toutes
les classes la notion de l'ordre?
Est-il une force sociale quë la
presse, même celle qui se dit et se
"croit conservatrice, n'ait pas mi
née ? On a vu, en certaines circons
tances, telles de ces feuilles tra
vailler contre l'armée en attaquant,
•jusqu'à l'insulte et ùnîquemént par
passion politique, son naut person
nel, en la poussant à l'indiscipline.
Ne voyons-nous pas aujourd'hui
encore des journaux catholiques pu
prétendant l'être faire campagne,
— les uns ouvertement, d'autres
en biaisant, — contre les évoqués
et contre le Pape ? Oui, nous avons
des publicistes religieux qui soùs
prétexte de servir l'Eglise veulent
y introduire comme partout l'esprit
de désordre.- Dieu merci, là ils ont
échoué, là ils échoueront toujours.
Mais ailleurs, si "l'autorité ayant
conservé la force matérielle peut
encore se faire craindre, elle né peut
plus compter sur le respect et, par
suite, ses représentants n'ont plus
toute l'action nécessairé. C'est la
faute des gouvernants, dirat-on.
Lem de le nier, nous reconnaissons,
nous signalons et condamnons en
ceux-ci les principaux coupables.
Seulement, nous ajoutons qu'ils ont
pour aides ceux de leurs adversaires
Qui contestent avec grossièreté et
déloyalemént à l'autorité jusqu'à
l'exercice régulier, légitime, obliga
toire de son droit. Et-csla, non par
haine de l'ordre, mais dans l'espoir
de nuire*au régime établi. Qu'im
porte que l'on affaiblisse en vue
de ce résultat tous les* principes
de gouvernement et que l'on pré
pare un peuple ne croyant plus à
rién 1 N'est-ce pas, d'après ces poli
ticiens, de l'excès du mal que vien
dra le bien?
Visons-nous ici des exceptions ?
Non» Pour l'opposition systéma
tique cette conduite est de règle.
Parler d'un acte gouvernemental,
qu'il s'agisse de l'extérieur ou de
l'intérieur, sans y dénoncer lâcheté,
ou imbécillité, ou trahison c'est être
soi-même traître, ou lâche, ou im
bécile. S'occuper d'un ministre où
de quelque personnage officiel sans
le qualifier c canaille », « crapule »,
« idiot », « goujat », « gâteux »ï
« escroc » ou complice d'escroque
ries, c'est s'exposer aux pires accu
sations. Ce vocabulaire est obliga
toire si l'on veut compter parmi les
« crânes », prêts à tout braver et
qui, d'ailleurs, ne bravent rien.
Que n'a-t-on pas insinué contre
l'Univers quand il a doucement dit
qu'on aurait peut-être tort de ren
verser le ministère Méline au profit
d'un ministère Brisson ou Wal-
deck ? Dans cet avis tout de bon
sens et de clairvoyance, on dénon
çait une politique sacrifiant l'Eglise
à la République. Il y a eu jusqu'à
des religieux — j'ai été bien tenté,
de les nommer — peur, colporter
ces misérables propos. Certes, bien
que réfractaires de choix, ils n'en
croyaient rien, mais quelques bêta&i
passionnés ont pu y croire.
. Les, polémiques outrées, bruta
les dites « polémiques d'engueule-
ment » que je viens de rappeler*
s'expliqueraient à la rigueur, si l'on
y sentait de la colère et de l'impro
visation, mais la colère n'y est
point; c'ést un rôle que l'on joue.
Nous entendons des artistes qui
ont étudié et adopté ce genre afin
de conquérir un public. Ils y sont
arrivés. De braves gens, d'autant
plus disposés à confondre le bruit
avec l'action qu'ils ne veulent pas
agir, prennent ce jeu au sérieux. Ils
aiment à croire que par cette polé
mique salissante on ruinera* avec
les nommes qu'elle frappe lé régime
qu'ils servent
Quelle erreur ! l'abus de l'injure
l'a usée. Aujourd'hui pour le public
appeler un ministre « crapule » pu
« crétin », revient à dire qu'il n'est
pas une fleur' de délicatesse et né
peut être .classé homme supérieur.
L'opinion, tout en s'amusant de
ces accusations, sent qu'il en faut
rabattre et elle en rabat trop. ^ De
là cette indifférence presque géné
rale, cette atonie de l'esprit public
dont paraissent s'indigner ceux
mêmes dont elle est l'œuvre. S'ils
parlaient droit et ferme, au lieu dé
tant crier, on les entendrait miéux.
Cet abus de gros mots, ces excès
dans les jugements sur lés hommes,
on s'y livre également à propos de
tout ce qui. arrive, de tout ce qui
menace. - Comme résultat on déve
loppé je mal que l'on dénonce. Ainsi
parce que' le socialisme gagne du
terrain on clamé que la formé répu
blicaine lui assuré là victoire, qu'il
ti'y à plus à résister, que tout ést
perdu. Quoi de plus dfécoùrageant
que ce pëéèiïïlisme à outrance? Puis
que ces vaillants proclament qu'il
n'y a rien à faire et pour leur part
se bornent à crier, pourquoi ten
ter quelque ckose ?
Non, tout n'est pas perdu. Les
honnêtes gens, désireux de l'ordre,
restent les plus nombreux et rede
viendront les plus forts le jour où,
cessant d'écouter les déclamateurs,
ils se donneront dé tout cœur à l'ac
tion. Mais pour qu'ils sé décident
aux efforts et aux sacrifices , néces
saires, il faut leur montrer un but
accessible et organiser le com
bat.. _ ' .
Nos déclamateurs, n'en font rieiv
Au contraire, ils tournent en déri-j
sion, entravent, condamnent tout
mouvement pouvant aboutir. Le
pétitiôrinement, /les réunions pu?
pliqùës, les çonférençes, là. forma
tion de groupés, l'organisation élec
torale leur font hausser les épaules.
Tout cela est légal, tout cela est
pratique; .donc tout cela ne vaut
rien. De quelles pesantes "et sottes
railleries on les a vus poursuivre
ceux des nôtres qui ont pris en per
sonne, courageusement, activement
part à la résistance bretonne dans,
l'affaire des écoles ! Eux, garés de
tout risque, ils ont morigéné et mé
prisé les agissants. A les entendre,
tout aurait marché beaucoup mieux
S'ils avaient été là. Et que p'y étiez?
vous, hâbleurs 1 s
Ne désespérons de rién. De même
que nous, pouvons combattre et
vaincre l'ennemi du dëdaris, nous
pouvons regagner, du terrain , au
dehors. Assurémént notre place
dans le monde» n'est plus celle
d'autrefois. D'autres nous priment
ét toute la faute n'en est pas au ré
gime actuel- Mais, bien que la poli
tique impériale, devenue, malgré les
catholiques, italienne puis, aile-
LE MONDE
H*"
-
mande, nous ait fait perdre deux
provinces et des milliards, là France
est encore la France, et il n'y a que
des Français aveuglés par l'esprit
de parti pour dire qu'elle ne compte
plus. Parler ainsic'est méconnaître
à la fois la vérité, la justice et le
patriotisme ; c'est pousser au dé?
çouragement et aux défaillances ;
c'est servir le socialisme ën lui dir
sant qu'il peut tout et nous dimi
nuer aux yeux du monde entier.
Si nous voulons que l'étranger con
tinue de compter avec nous, ne
cherchons pas à lui persuader quë
nous ne comptons plus.
Les opposants systématiques,
les irréconciliables, désespérant
du roi et de l'empereur, implorent;
les yeux tournés vers les casernes,
un César. Ils montreraient plus de
bon sens, de fierté* d'amour de là
atrié et de la religion en travail-
ant à substituer la république des
honnêtes gens, la république de
tout le monde à la république des
sectaires et des malfaiteurs aujour
d'hui régnante. ;
Eugène V euillot.
—— — ■ ♦ —: ————
&
S VLLETIP(
Les élections pour le renouvellement
triennal du Sénat ont conservé la. ma
jorité aux ministériels ; ceux-ci font
grand bruit autour de quelques rares
sièges gagnés, ils parlent moins — et
pour cause — des collèges élector aux où
les libéraux ont vu s'accroître leurs for
ces.
Nous apprécions plus bas les résultats
de cette journée.
Pas de réunions à signaler ; le pèlerin
liage annuel aux Jardies a rassemblé
autour de la tombe de Gambetta quel•
ques amis du tribun.
Le général André s'est voulu joindra
à eux ; il a parlé et... à félicité le prési
dent du conseil de poursuivre la lutte
antireligieuse.
Lis nouvelles du Maroc sont bien
meilleures ; le sultan a gracié son frère
Mohamed, interné depuis longtemps à
Mequinez, celui-là. même que le préten
dant voulait mettre sur le trône.
Les (ièUtX frères se sont solennelle-
ment réconciliés, et Mohamed est nommé
gouverneur de la province de Fez.
Le Standard dit tenir de bonne source
que le comte Goluchowsky et le comte
Lamsdorff se sont mis d'accord pour de
mander au sultan d'introduire sans re
fard en Macédoine de nombreuses ré
formes.
On exigera notamment ia nomination
d'un gouverneur favorable aux chré
tiens, à défaut.d'un 'chrétien qu'il est,
dit-on, impossible de nommer.
, En attendant, l'agitation gagne les
vilayets de Salonique et de Gassovo. "
Les fêtes du « durbhar » continuent à
Delhi ; c'était samedi Soir, là cérémonie
de l'investiture solennelle des ordres dé
« l'Etoile des Indes » et de « l'Empire in*
dien ».
Le coup d'œil, nous disent les dépê
ches, était féerique ; le gaïkouar de £>a-
roda, notamment, portait son fameux
collier de pierreries évaXué plus, de. six
millions de francs.
. En Chine, les ministres étrangers, à
l'exception du ministre des Etats-Unis,
ent décidé. de maintenir que l'indem-
nitéchinoise soit calculée sur là basede
V ôt ^ mais sont, disposés % admettre un
cêmpritmis. ... .
Ching-Chi-Tong* a été dépouillé dé
ses fonctions, eii raison dé . sa vive op ■
position , aux projets, tussophiles de
Yung-Lu.
NOUVELLES DE ROME
On télégraphie de Rome :
■ Rome, 5 janvier;'
La commission' biblique, récemment
nommée par le Pape, et composée de
cinq oardinaux, se réunit aujourd'hui
pour la première fois:
. Les quèstions bibliques préoooupent
toujours le Saint-Siège et on vient d'ap
peler à Rome M. Vigouroux, professeur
d'Ecriture éainte au séminaire de S aint-
Sulpioe, à Paris, pour étré consulté.
-- . j." ; :— T—rr
LE / gCRUTIN
Il ne faïut p.?? comparer 'les élec
tions sénatoriales d'hier ,aux ; élec»
tions législatives, de -mai dernier.,Il
faut. si on veut apprécier justement,
les mettre pri regard de cellës quî
eurent lieu, Ip7 janvier 1894, pour,
la Chambre haute. Là plupart des
sénateurs qui ,.së représentaient
hier avaient été élus il y a neuf
ans. ' " '. v
Le ministère, Casi.mir-Perier-
Spullpr. gouvernait alors, appli
quant une politique de modération.
L'influence administrative, d'ail
leurs discrète et rétenue, favorisait
donc plutôt le parti qu'on appelle
aujourd'hui progressiste. On sait
si le càbiriët Combes, cette fois,
s'est privé d'exercer contre ce
même, parti une pression ardente,
{je résultat 4e son effort, vous le
voyez, Iîgagne à grand'peine quel
ques sièges: En bloc, le tiers qui
entre au £>énat ressemble étonnam
ment àu tiers qui sort. Et il a fallu,
paraît-il, que plus d'un sortant,
pour obtenir un nouveau mandat,
mît une puissante sourdine à son
ministéçialisme.
Le scrutin d'hier semblerait donc
établir que le pays en est resté, ou
plutôt en est revenu au même point
qu'il y a neuf ans, si des élections
sénatoriales pouvaient nous éclai
rer sur la présente situation. Mais
i^n'en est rien. Ceux qui ont voté
ûô possédaient qu'une investiture
déjà lointaine, souvent, du suffrage
universel. Ils nous indiquent seule
ment l'état d'esprit qui animait ce
suffrage quand il les a choisis pour
conseillers généraux, pour conseil
lers municipaux, en 1901 ©u 1899.
 ces époques, radicalisme et
jacobinisme paraissaient battre leur
plein.. Grâce à M. Waldeck-Rous
seau, qui rassurait et retenait un
gros d opportunistes, t®ut en sei>
vant ]es haines de la gauche plus
avancée, les élections législatives
de 1902 Qnt maintenu les sectaires
au pouvoir. Mais le déplacement
d'un bien petit nombre de voix les
renversait. Nous avons eu le droit
de dire, en invoquant les chiffres,
que si les radicaux et jacobins con
servaient la majorité dans le Par
lement, ils nè la gardaient plus,
malgré la pression gouvernemen
tale, quë réduite, chancelante, fic
tive même, dans le pays.
Le scrutin d'hier n'infirme notre
thèse, ni ne la confirme. Les mas
ses du suffrage populaire ^e sont-
elles, depuis mai dernier, rappro
chées ou éloignées des sentiments
et passions qui animent le Bloc, à
certains autres indices nous pou
vons nous faire une opinion sur ce
point. Quant aux élections sénato
riales, elles ne nous apportent là-
dessus aucune lumière, car elles
devaient être les mêmes dans les
deux cas.
Continuons la lutte, sans trop de
confiance, — il n'y a certainement
pas lieu, — mais sans décourage
ment non plus. Travaillons avec
ardeur^ dévouement et discipline à
préparer les élections législatives
de 1906. Et prenons dès aujour
d'hui, pour qu'on nous croié sin
cères dans trois ans, l'attitude que
tous les candidats libéraux pren
dront alors sans hésiter, comme
hier et comme il y a huit mois,
c'est-à-dire l'attitude nettement
constitutionnelle.
Pierre V iuillot.
AU JOTJELE JOUR
M. Waldeck-Rous&eau a offert à M.
Zanardelli, président du conseil des mi
nistres italiens, ses œuvres oratoires.
La «tuile > a été admirablement reçue
et M. Zanardelli, annonce-t-on, a déjà
sa vengeance prête.
Il s'occupe, paraît-il, de faire réunir
Bes propres harangues et d'en faire un
volume, qu'il expédiera à M. Waldeck-
Rousseau.
Les dèux augures Bé sont regardés.
Consentiront-ils à se lire ? C'est plus
douteux.
Sait-on comment M. et Mme Chamber
lain voyagent dans l'Afrique du Sud ?
Le gouvernement anglais a mis à leur
disposition un train de luxe, qui se com
pose de deux locomotives, d'un wagon-
lit,d'un -wagon-reBtaurantet d 'un fourgon
à bagageB.
Le wagon-lit qui se trouve au milieu
comprend trois compartiments : une
chambre à coucher, un salon et une salle
dé bain.
Le wagon-restaurànt sé compose d'une
Balle à manger,' d'un fumoir et d'une
Balle de jeu. Tout lé mobilier est en
chêne, reoouvert de vélours rouge.
Le fourgon comprend,. outre les ba
gages, des lits pour la suite, la cuisine
et un atelier de réparation.
Voilà un mode de locomotion confor
table, que n'ont pas connu Livingstone et
Stanley. . '
Mais à quoi bon la salle de bains ? dira
sanB doute M. Pelletan. A quoi bon sur
charger inutilement ces pauvres locomo
tives?
**é
M.Pierre Laffîtte, qui vient de mou
rir, avait dé curieuses rànoiines hiBtori-
ques. O 'est ainsi qu 'on l'entendit sou
vent/en deé dîners littéraires, vouer à
l'exécration dé l'univerB «le jobard de
Sainte/Hélène «.Pauvre Napoléon I
Il était plein d'un /égal mépris pour
« cet affreux Adolphe » — autrement dit
M. Thiers —- auquel line pardonnait pas
son Histo.irë du Consulat et dé l'Empire.
Hugo était pour lui le « fâcheux Vic
tor ». " ■ '
Il cultivait avec soin toutes leB tradi
tions du positivisme, entre autres celle
du calendrier des grands hommes ima
giné par Comte, en 1849, et qui diviBe
l'année en 13 mois de 28 jours. Chaque
jour, chaque semaine et chaque moiB
Bont consacrés à un homme illustre.
Pierre Laffitte est mort dans le mois
de Moïse ou de la Théocratie initiale,
dans la Bemaine de Thésée et le jour
d 'Ulysse. Et ce jour, que le commun des
mortels appelle « dimanche », était, pour
les positivistes, un « humanidi ».
.,;j. , ' . ■ _
Là ville de Copenhague a trouvé un
moyen ingénieux dè lutte? contre l'al
coolisme.
Un arrêté de polioe prescrit que leB
fraiâ de retour d'un, ivrogne à son do
micile, voiture et casBe comprises, se
raient mis au compte du débitant ohez le
quel le poohard aurait pris son dernier
verre.
Or, à ce qu'on prétend, voioi oe qui
arrive.
Quand un marchand de vin s'aperçoit
qu'un de ses clients est en état d'ébriété,
il le fait oonduire aimablement chez lé
débitant voisin, qui en use de même. Et
ainsi le bon pochard est transporté de
débit en débit, ce. qui le fait boire beau
&ef abo&nenënts partent des 1" et 10 de ohagM aeitf
VIMVBRS m ripondpas des manuscriti gui M lent
ANNONCES J
Ùll. LAQRANGE, CERF et C 1 *, 6, place de la Wîvnf'
coup plus qu'il n'aurait bu spontané
ment.
Ingénieux remède, n 'ëBt-be^as ?
Nous parlions, l'autre, jour, des assu
rances originales, et notamment de l'as
surance contre l'appendicite.
En voioi une qui ne part pas d'une
mauvaise idée.
Il vient de se créer à Boston une com
pagnie qui assure oontre lé < riBque »
d'avoir une famille trop nombreuse.
Moyennant le paiement d'une .prime
plus ou . moins élevée, suivant que la
somme assurée doit être plus pu moins
forte, les. ménages légitimes reçoivent
une pension à chaque enfant qui naît et
qui dure tant que l'enfant vit ; autant
d'enfants autant de pensions, la prime
ne varie pas.
De là sorte, les enfants sont .toujours
les bienvenus.
■ • •
Une édifiante aventure vient d'arriver
i Limerick, à l'occaBion de la session des
assises.
Cette Bession, samedi soir, a dû être
ajournée en raiBon de l'état d 'ivreBse d 'un
certain nombre de jurés. Trois d'entre
eux ont été arrêtés.
Les avocats des accusés ne feront pas
mal de plaider l'ivreBBe comme circons
tance atténuante. Le jury aurait mau
vaise grâce à ne pas Be montrer indul
gent; .
M. Pipelet fait le compte des étrennes
reçues à l 'occaBion du 1" janvier. Sa
femme surveille l'opération.
— Tu sais, les Gamiohon n'ont donné
que 10 francs 1
. — Si c'est pas honteux ! Des gens... qui
sont presque aussi riches que nous.
LE DERMER COUP U M.
Certains malfaiteurs attendent la
nuit pour exécuter leurs mauvais
coups. D'autres opèrent en plein
jour ; mais ils « travaillent » de
préférence à l'heure où l'attention
au public est détournée par un gros
événement
M. Combes appartient à cette
seconde espèce. Pour accomplir son
dernier méfait, il a choisi la veille
des élections sénatoriales. Il espé
rait que les honnêtes gens ne s'a-
ercevraient point de la nouvelle
'essure infligée, par sa main bru
tale, au droit et à la liberté.
Faux calcul! On a vu le coup. Le
résident du conseil pourra, une
ois de plus, imposer sa volonté par
la force ; il ne, pourra la faire ac
cepter comme rëxécution de là loi,
encore moins comme l'expression
de la justice. Il ne pourra pas sur
tout invoquer à son appui la près
cription du silence.
Et nous espérons bien, que le
S
q
Parlement lui-même entendra l'é
cho de nos protestations.
Non pas que nous puissions es
compter le résultat d'une interpel
lation ; nonjpas que nous puissions
attendre un bon mouvement de
cette Chambre avilie, qui n'est ja
mais plus prête à acclamer le gou
vernement que quand il lui revient
les mains souillées d'un nouveau
crime. Mais* au Pàlais-Bourbon,
la protestation retentira plus fortë
et elle réservera l'avenir
Peu de violations de la loi sont plus
audacieuses, en effet, que celle dont
M. Combes s'est rendu coupable, en
refusant de transmettre au Conseil
d'Etat les demandes d'autorisation
formées par plusieurs congrégations
religieuses pour certains de leurs
établissements.
La loi, par ce fait, est violée ma
nifestement, sans] vergogne.
Que veut-élle, en effet ? Qué l'au
torisation soit accordée ou refusée,
— aux congrégations, par les Cham
bres, — aux simplës établissements
par le Conseil d'Etat.
Or, le président du conseil, de sa
propre autorité, vient dirp aux con
grégations : « Les demandes que
vous m'avez chargé de transmettre
au Conseil d'Etat, pour |el ou tel
établissement, ne me conviennent
point. Pourquoi ? C'est mon affaire
et je n'ai pas le temps de vous ex
pliquer mes raisons. Sachez seule
ment que le Conseil d'Etat ne sera
pas saisi de vos requêtes et que,
par conséquent, vous n'avez plus
qu'à fermer les établissements qui
en étaient l'objet. Vous avez huit
jours pour vider les lieux. Dans huit
jours, mes gendarmes iront voir
comment vous avez obéi ; si vous
avez résisté, ils mettront vos Sœurs
à la porte. »
Et le misérable tyranneau qui
tient ce|langage a l'impudence d'af
firmer qu'il agit au nom de la loi et
qu'il défend la liberté ! Et il se
trouve une majorité d'imbéciles ou
de coquins pour l'applaudir !,
Si jamais la résistance a été jus
tifiée, voire imposée, c'est bien le
cas. , , ■ ;
Il ne s'agit pas même,aujourd'hui
d'unë légalité plus ou moins odieuse
ou plus ou moins suspecte ; il s'agit
d'un acte purement, cyniquement
arbitraire.
M. Combes, en condamnant de sa.
propre autorité ces établissements
religieux, ne représente pas plus le
pouvoir, qu'un juge d'instruction,
qui s'aviserait de condamner lui-
même un prévenu, ne représente
rait la justice.
La résistance à cet abus intolé
rable est d'autant plus nécessaire,
que les conséquences de la décision
ministérielle sont plus redoutables.
Le président , du conseil, en s'ar-
rogeant le-drôit d'écarter, motupro-
prie, loti demandes-d'autorisation
formées par les établissements re
ligieux, dessaisit purement et sim
plement le Conseil d'Etat. Les éta
blissements religieux» non encore
autorisés, sont désormais tous, sans
en excepter un seul, à la merci de
ses caprices et de ses haines.
Si nous possédions encore un
Conseil d'Etat, il se soulèverait tout
entier contre une pareille insolence*
Mais il y a beau temps que la grands
assemblée, qui fut un si haut, tribu*
nal, n'est plus qu'un bureau de se
crétaires.
François V iuillot.' "
.—i_:—■ , • » • •
LES TRAITEMENTS EPISCOPAUX
Mgr Touchet.
Nous lisons dans les Annules
d'Orléans :
Malgré là note officieuse que nous
ayons insérée au cjébut de la souscrip
tion en faveur de notre évêque, MM. les
curés, sans tenir compte de leur modeste
budget, n'ont pas voulu s'abstenir, et,
chaque Jour, nous avons à enregistrer
leurs offrandes. Souvent oes offrandes
sont accompagnées de oelles de leurs
bons paroissiens.
De deux paroisses de Beauoe, qui h
elles deux ne oomptent pas plus de 725
habitants, nous parvient une liste, qui
comprend 65 noms. LeB ohiffres s'élè
vent de 0 fr. 05 à 5 francB : ce Bont les
0 fr. 10, qui dominent, et qui sont l'obole
de l'enfant et le denier de la veuve.
Des petites filles d'un ouvroir ont tenu,
malgré leur pauvreté, à Be cotiser pour
offrir à Monseigneur leur filiale offrande»
Un cocher de place eBt descendu de
son siège pour verser, au plus tôt, le
pourboire qu'il venait de recevoir
Dans une pieuse famille, c'est le « Pe
tit Noël» qui a procuré aux petits en
fants un petit cadeau « pour Monsei
gneur ».
Dans une liste de souscription, lea
noms et les chiffres ne disent pas tout ; il
faut lire, il faut entendre les réflexions
qui aocompagnent l'offrande. C 'est le
côté édifiant et touchant, que voit Beul
celui à qui elle eBt remise.
Nous ne oiterons qu'un fait : il s'agit
d'une pauvre veuve, qui a besoin de toute
Ba journée pour gagner Bon pain. Aussi
a t-elle chargé- un passant de remettre
Bon denier au bureau des Annales, en
lui disant : « Dites, bien que o 'eBt pour
protester que je me prive d'une partie d»
mon salaire quotidien. En cala, à l'occa
sion, devant les mécréants, je vaux deux
hommes. Pour ma très minime offrande,
que Monseigneur me remercie, en bénis
sant mon petit garçon, qu'il a déjà béni
personnellement, il y a quelque temps. »
La commission a été faite devant nous,
et nous l'avons déjà rapportée à Sa Gran
deur. . y
Dans ces témoignages de sympathie
populaire, les femmeB priment leB hom*
mes : cela devait être. Ce sont elles, en
effet, qui, élevées et faisait élever leur^
enfantB par les Sœurs, ont compriB que
leur évêque n'avait été frappé que pour
avoir défendu l'enseignement deB Soeurs;
et, elleB sont venues, dans la simplicité
d'un cœur reconnaissant, dire, par- leur
obole, à Monseigneur qu'elles étaient
avec lui.
LibaniuB, oe libre*penseur qui était le
conseiller et le oourtiBan de Julien, pre«
mier du nom, avait été frappé de la ré
sistance que les mères de famille oppo<*
Baient aux iniqueB déorets de l'apostat.
Aussi ne pouvait-il s'empêcher de s'écrier
en présence de son maître : « Quelles
femmes ont ceB chrétiens ! »
Si jamais il eBt donné aux sectaires
deB Loges de parcourir les listes d'Au-
tuh, de Besançon, de Séez, de Nice efi
d'Orléans, ils ne pourront aussi s'empê
cher, s'ils sont sincèreB, de dire aux pla
giaires de Julien : * «Quelles femmes ont
encore les catholiques la
Puissent bientôt ces persécuteurs de
l'enfance chrétienne,.. répéter comme
l'autre: Galilsee tu vicistil
Gà et là
UNEVIEI(l)
A l 'extrémité Bucf-est [du département
actuel de IaCorrèze, Bur les confinsdu
Limousin et de l'Auvergne, leB Turenne
possédaient un manoir, maison d'habita
tion et château de dèfenèe d'une « Berve-
rie squia laissé à la localité le nom de
Servières. L'édifice avait été construit
Bur un promontoire enveloppé de trois
côtés, non par les flots dé la mer, mais
par le vide des valléeB profondes, aux
penteB raides semées dé rooheB, et ail
fond desquelles un torrent ,se frayait
avec fraoas son chemin jusqu'à la Dor«
dogne.
A l'époque de la grande Révolution, le
ohâteau de Servières avait passé aux
NoailleB. Comme tant d'autres, il fut dé
mantelé, dévasté, à demi ruiné et, bien
entendu, confisqué.
La tourmente qui abattait de la sorte
lés monuments de pierre, multipliait
aussi les ruinés morales, et lorsque se
leva l'aurore du Consulat il y avait à re
construire plus enoore dans l'ordre intel
lectuel ét religieux que dans l'ordre ma
tériel. Lès ouvriers évângéliquesj en par
ticulier, étalent rares pour travailler le
vaste champ. deB âmes, resté en friche,
et les séminaires qui prépareraient de
nouveaux prêtres étaient i reconstituer.
A la cure de ServièreB fut nommé, à'
(!) Vie de M. J. Verniolles, supérieur du
petit séininalre de Servières, par M. l'abbé
L. Bertry, curé de Saint-Viaace (Corrèze).
1 vol. in-8°, avec illustrations. .
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