Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1902-12-20
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1902 20 décembre 1902
Description : 1902/12/20 (Numéro 12678). 1902/12/20 (Numéro 12678).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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L'UÏÏIVERS ni répond pas des manuscrit! qui (tri uni aàrutfi'
> ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et G»», 6, place de la Bcraïtf^
PARIS, 19 DÉCEMBRE 190Î
SOMMAIRE
L'œuvre religieuse.
Equilibristes.......
Lettres de Belgique.
Les conférences li
bres de llnstitut
catholique
Le Salon de lauto ■
mobile et des
sports..,....., . .
Feuilleton : Les
Stuarts à Saint-
Germain.
Eugène Tavernier'
F. V.
L. ■.
Edouard Alexandre
Jacques Cierta£.
Julie Lavergne.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
jour ie jour. — Le clérical Chaumié. —
Les traitements épiscopaux. — Pression
scandaleuse. — Impressions du Vatican.
— Simple observation. — L'action so
ciale catholique en Italie. — Fermetu»
d'écuies et manifestations. — Les
congrégations. — Informations politique»
et parlementaires. — Action libérale po
pulaire. ■«— Chronique électorale. —■ L'af
faire Humbert. — L'alfaire Boulalne. —
Le conflit vénézuélien. — Etranger. —
A travers la presse. — Les grévistes
anarchistes. — Lettres, sciences et arts.
— Académie de médeolne» — Livres d'é*
trenaes. •— Echos de partout. — Eglise
de la Sorhonne. — La fête de Sainte*
Barbe à la Grand-Combe. Chronique
religieuse. — Nécrologie. — Guerre et
marine." — L'affaire de Margueritte. —
Tribunaux. — Mouvement judiciaire. —
Le crime ds Montmartre. — La catas
trophe d'Andidjan. Nouvelles diver
ses. — Calendrier. — Bourse et bul
letin fisancier. — Dernière heure.
L'ŒUVRE RELIGIEUSE
Sous le titre Comment faire ? un
article plein d'idées importantes a,
paru dans la Qu.inza.ine du i" dé
cembre. Nous en avons cité les
passages où l'auteur, qui a gardé
l'anonyme mais qu'on a facilement
reconnu, montre le caractère de la
crise engagée par l'affaire Dreyfus.
Cette affaire elle-même, quelques
fureurs qu'elle ait répandues et
qu'elle continue de répandre, a été
simplement en soi une occasion et
un prétexte. Elle a ouvert un che
min aux passions accumulées, qui
cherchaient leur issue. Elle les a
lancées contre un programme d'or
dre et de pacification ; contre ce
ralliement qui, dans la société
française, rendait aux catholiques
une situation et une vie normales.
Les sectaires avaient résolu de ne
pas laisser s'accomplir une telle
œuvre. Ils se sont déchaînés en
tous sens, portant le fer et lefeu;
En tous sens ; et, vraiment, l'au
teur a bien raison de signaler le
Caractère général de la conspira
tion. Tout s'en èst suivi. Notre po
litique étrangère et notre apostolat
extérieur, le prestige de la patrié
ont subi des atteintes cruelles,
comme la liberté des citoyens,
comme notre force intime, comme
le lien qui unit les individus et qui
les élève à l'état de peuple et de
nation.
Ce n'est pas fini, loin de là. Nous
avons devant nous une perspective
où l'esprit destructeur peut pren
dre un long essor.
Le collaborateur anonyme de la
Quinzaine le dit, avec la vigueur pé
nétrante et dans le style imagé qui
le distinguent.
Mais il montre aussi le travail de
reconstitution qui s'opère au milieu
des assauts, derrière les brèches,
parmi les écroulements. Dénoncé,
dépossédé, persécuté par la politi
que, objet d'animosités furibondes
et folles, le prêtre se prépare à
remplir un rôle moral et intellec
tuel, non seulement de premier
ordre en soi, mais aussi de premier
rang dans la société qui se forme.
De bonne heure, Léon XIII a
voulu « combler les abîmes où se
« dérobent et se dispersent le pres-
« tige, la considération et l'in-
« fluence ». Il a donné aux études
ecclésiastiques une direction et une
impulsion qui, à travers la pous
sière des décombres, ont fait entre
voir l'espace libre, propre à porter
de nouvelles assises, propre à rece
voir et à féconder un vaste ense
mencement.
L'encyclique que le Souverain
Pontife vient d'adresser aux évê-
ques d'Italie accroît et perfectionne
le programme depuis longtemps
tracé pour l'œuvre religieuse. C'é
tait une opération à la fois délicate et
immense que d'introduire et d'ins
taller les prêtres dans un monde
conçu et organisé contre eux. Ce.
travail se poursuit comme il fut
commencé, avec une énergie mé
thodique. Il déploie l'exemple sur
lequel doivent se régler les simples
chrétiens.
Ceux ci . peuvent pleinement com
prendre la conduite qui s'impose à
leur zèle et qui leur prescrit de
conquérir les moyens d'où dépend
l'influence. Qu'ils ne se laissent
point tenter par la colère ni par le
désespoir, ni par des visions chi
mériques. Comme le dit avec autant
de justesse que d'éloquence le col
laborateur delà Quinzaine « le prê-
« tre conquérant ne s'assoira ni au
« presbytère ni à la sacristie, dans
« l'attente des hommes qui ne le
« chercheront point. Il investira
« chaque maison de sa sympathique
« collaboration. » Le concours at
tendu des laïques peut assurer à
Cette tâche un immense succès.
Le véritable caractère de la crise
présente se dessine et s'affirme.
Dans un des articles les plus cou
rageux et les plus démonstratifs
qu'il ait écrits, M. Brunetière dit
aux gens bien intentionnés qui
pourtant hésitent et s'effarént :
a La lutte est religieuse, non pas
a: confessionnelle, niais religieuse
« au sens le plus général du mot ét
« elle ne se terminera que sur le
«terrain religieux... Il est temps
« de nous rendre compte que, si le
« catholicisme est une religion, la
« tradition révolutionnaire et le so
ft ciaiisme en sont d'autres et que
« rien ne serait plus vain ni plus
« fallacieux que de s'imaginer qu'on
« en triomphera par des moyens de
«l'espèce purement politique ».
Cette conception nette et hardie est
l'expression de la vérité même.
Voici donc lancée dans la lutte
religieuse notre société,qui s'imagi
nait en avoir fini pour toujours avec
un souci de ce genre. C'est à pré
sent le souci principal et, comme
dit M. Brunetière,, on devra s'en
rendre compte. La croyance, le
prêtre, la liberté de l'une et de l'au
tre redeviennent l'enjeu du vieux
combat soudainement rajeuni. La
haine furieuse et folle a groùpé sur
ce terrain tous les gens qu'elle rê
vait d'en expulser. Là désormais,
on prend position. Là, seront utili
sées les forces qui partout ailleurs
se perdraient dans le gaspillage.
Eugène T aterniïs.
%ULLETI?{
La grève de Marseille est maintenant
terminée ; les inscrits maritimes ont
tous voulu reprendre place sur les râles,
et les boulangeries n'ont plus besoin des
services des ouvriers militaires.
Au. Venezuela , on attend le résultat
des négociations sur Varbitr&ge ; le blo
cus serà. effectif demain samedi.
En Angleterre, le discours du trône a
été lu au'Parlement réuni dans la Cham
bre des lerds. -
Le procès du colonel Lynch, député
de Galway, poursuivi pour haute trahi
son, commence aujourd'hui devant un
tribunal spécial convoqué par un décret
du roi.
Le Reichsrath autrichien s'est ajourné.
Il se confirme que le ministre de là
guerre, baron de Krieghammer,a donné
sa démission.
Le voyage du comte Lamsdorff, mi
nistre des affaires étrangères de Russie,
commencera par Sofia èt Belgrade pour
aboutir à Vienne.
Le diplomate russe et le comte Golu-
chowski échangeront leurs vues sur les
réformes à exiger en Macédoine.
En Allemagne, le conseil fédéral a ap
prouvée projet sur le tarif douanier tel
qu'il a été voté en troisième lecture par
le Reichstag.
De Madrid on mande que le juge or
dinaire a renvoyé à Vautorité militaire
l'affaire dugérîéral de Bourbon.
Le Heraldo annonce l'abdication de
don Carlos au profit de son fils don
Jaime.
A la Chambre italienne, on a voté le
projet d'organisation de la colonie de
l'Erythrée ; une motion du député ré'
publicain Chiesi, tendant à l'évacuation,
n'a obtenu que quatre voix. .
Dans la Colombie britannique, le con
seil privé a décidé que les Japonais su
jets britanniques n'ont pas droit au
vote.
Dix neuf Japonais, arrêtés à New-
Westminster peur infraction à la loi
provinciale sur l'immigration, ont été
remis en liberté après explications.
NOUVELLES DE ROMS
Rome, 16 décembre.
Ao Vatican.
Notre Saint-Père le Pape a reçu di
manche, en audience {de congé, le pre
mier conseiller de l'ambassade d'Autri
che, M. le comte Starzeneki, que son
gouvernement envoie comme ministre
au Chili.
Il avait reçu la veille M. Mumm von
Schwarzenstein, ministre d'Allemagne
en Chine.
Il a reçu hier Mgr Foatana, évêque
de Orema, et en même temps recteur du
collège pontifical léonin des Prati.
—■ Le Souverain Pontife a nommé pour
suooéder au regretté Mgr Celli, comme
sous-Eeorétaire aux affaires ecclésiasti
ques, Mgr Aversa, qui était minutante
à la seorétairerie d'Etat.
— S. En. le cardinal Vivès y Tuto a
été nommé protecteur de l'Institut des
Sœurs Bernardines d'Eaquermea, au
diooèse de Cambrai.
Dans la Cité.
A l'occasion de la cérémonie du bap«
téme dé la princesse Mafalda qui a eu
lieu hier au Quirinel, les monarchistes
avaient organisé une petite démonstra
tion. ■
Un cortège de 200 personnes, avec
sept drapeaux et une musiqae de volon
taires en tête, est allé de la place du Peu
ple au Quiriaal. La manifestation n'a
excité que la curiosité. Sur la place Co-
lonna, au passage du cortège, on distri
buait «a journal républicain, la I al ce,
dont les manifestants ont brûlé quelques
numéros,
Un congrès
de la jeunesse catholique.
Les cercles de la feunesBe catholique
de la Lombardie et de la Vénétie ont
tenu un congrêa à Erescia sous la pré
sidenoe du président général M. Péri'
coli, de Rome.
On'a discuté les différents points d'un
programme d'action pratique, particu
librement l'instruction religieuse de la
jeunesse ; ie développement de la cal»
tare sociale parmi les membres des as«
Booiationa catholiques ; la moralité pu
Clique ; les œuvres eu faveur des eol.
data.
Le cercle de Milan avait en outre pro
posé d'étudier les moyens de fêter le
50° anniversaire de la proclamation du
dogme de l'Immaculée-Conception.
Dans la réunion générale, le comte
Grosoli a remercié l'association du con
cours qu'elle promettait à l'Œuvre des
congrès; le marquis Orispolti a parlé de
la défense de la moralité publique.
L'assemblée a envoyé au Pape un té
légramme où est affirmée la résolution
de travailler d'accord avec l'Œuvre des
congrès. •
Une autre dépêche a été envoyée au
président du conseil Zanardelli, contre
la loi du divorce.
Notons d'après le journal'catholique,
IlCittadino de Brescia, un incident si
gnificatif. ,
Un ordre du jour parlait de démocra
tie chrétienne. Le comte Grosoli de
manda de faire disparaître ces termes.
Mais voioi comment il motivait cette ob
servation : Comme il ne s'agissait dans
ûet ordre du jour que d'œuvres de pure
charité, il ne fallait pas, déolara-t il,
risquer de restreindre le champ de l'ac
tion populaire chrétienne; parler de
« traduire en acte les enseignements
pontificaux sur la démocratie chrétien'
ne », alors qu'on énumérait seulement
des œuvres de charité, c'eût été, déclara
le président de l'Œuvre des congrès, res
treindre le rôle et la signification de l'ac
tion démocratique chrétienne, qui s'étend
aussi à des oeuvres de justice so
ciale.
■ ■ :—: —-'—. . ♦ - —. 1 ' "
ËQUILIBR1STES
Nous ne voulons point parler ici
des artistes forains qui, debout sur
la corde raide, y font des grâces et
des jongleries aussi aisément que
s'ils reposaient, des deux pieds,
sur la terre ferme.
Nous donnons aujourd'hui ce
nom d'équilibristes à une autre es
pèce de saltimbanques : les mem
bres du « bloc > qui composent la
majorité de la commission du bud
get. -
Ils viennent en effet de combiner
un équilibre autrement difficile à
réaliser que celui du corps humain
sur un fil de fer : l'équilibre du
budget. Mais ce qui parachève leur
ressemblance avec les baladins,
c'est qu'ils ont obtenu cet équilibre
en jonglant avec une prestesse
merveilleuse.
Il s'agissait de combler un dé
ficit de plus en plus béant, sans
recourir à l'emprunt ni augmenter
les impôts.
Le seul moyen qui s'offrait, c'é
tait de pratiquer des économies sé
vères et définitives, en supprimant,
d'une façon radicale, un certain
nombre d'emplois et de fonctions
parasites, en sabrant, dans les dif
férents maquis ministériels, un cer
tain nombre d'abus.
La commission du budget n'y a
pas songé. Pour la forme, elle a
raclé, çàet là, quelques menues dé
penses. Elle a émaillé la façade du
budget de ces légères économies
en faux, que de multiples crédits
supplémentaires, échelonnés dis
crètement le long de l'exercice,
ont la vieille habitude de faire dis
paraître une à une.
Mais ce petit jeu n'a pas suffi.
Alors, pressée par l'heure, — il
fallait à tout prix démontrer aux
délégués sénatoriaux que nos fi
nances étaient dans la prospérité,
— la commission s'est décidée pour
les grands remèdes : elle a majoré
les évaluations de recettes.
Dix mois sur douze, le rendement
des impôts aboutit, depuis quelque
temps, à des moins-values sur les
évaluations budgétaires.
Cette situation piteuse obligeait
la commission à user de prudence
et de modestie. Que lui importe !
Elle a délibérément décrété qu'un
certain nombre d'impôts enfleraient
subitement , sans savoir pourquoi,
dans des proportions merveilleu
ses. Les droits sur les successions,
par exemple, et le produit des
amendes apporteront au budget des
ressources inespérées, — la com
mission ayant résolu, paraît-il, que-
les citoyens français, en l'an 1903,'
mourront davantage et commettront
plus de délits!...
Je crois, décidément, que les
equilibristes forains sont plus sé
rieux et plus honnêtes.
F. V.
AÏÏJOURLE J0ÏÏE
.N oub avons dit que le garde des sceaux
adresse aux présidents de tribunaux et
aux procureurs une circulaire les invi
tant a atténuer, s'il se peut, 1e charabia
des formules judiciaires.
Il s'agit ici des formules de correspon
dance ; mais combien d'autres réformes,
dans oet ordre d'idées, pourraient être
faites, et seraient sûres d'an favorable
accueil de la part du public! >
Los libellés deB jugements, les cita
tiens des huisBiers, le texte des actes no
tariés, des procurations, par exemple,
gagneraient énormément à être rédigés
dans une langue plus compréhensible.
, IL^ia nous craignons fort que, long
temps encore, dame Thémis ne continue
à parler son patois, ne serait-ce que pour
narguer les profanes.
- •-
• •
L'avant-dernière cuit, vers deux heu
res du matin, une voiture s'arrêtait de
vant l'Hôiel-Dieu de Rennes, et un voya
geur carillonnait à la porte.
Ce voyageur était M. Pichon, sénateur
du Finistère, qui, pris d'un malaise
soudain, dans un trajet de Brest à Paris,
s'était arrêté à Rennes.
Au lieu de descendre à l'hôtel, où il
n'aurait peut-être trouvé aucun secours
immédiat, M. Pichon avait eu l'idée as
sez pratique de ee faire transporter à
l'hôpital.
L'interne de servioe et les bonnes
Sœurs lui prodiguèrent les soiBB néces
saires, et après une nuitde repos, M. Pi
chon put reprendre le train de Paris. .
* *
Noub avions la levrette en paletot.
Noua aurons maintenant le chien en lu
nette.
A cette occasion, un opticien de la rue
Soribe a dû inaugurer des lunettes d'un
modèle tout spécial.
Le « client » est le chien d'un automo
biliste. Ses fréquentes sorties en teuf-
teuf, aux côtés de son maître, ont rendu
nécessaire, à cet anima), les lunettes
pare-poussière dont usent tous les chauf
feurs.
C'est, croyons-nous, le premier qua
drupède qui, jusqu'ici, ait fait usage de
cet objet. Il y a bien le serpent à lunet
tes 1 , mais ces luneiteB-là ne sont pas fa
briquées par les opticiens.
On signale d'Amérique un nouvel
usage du papier.
Une usine de Springfield, actuelle
ment, fabrique des bouteilles en papier
destinées à - oontenir du lait ; elles sont
d'une étanohéité parfaite et leur prix est
assez minime poi r pouvoir être jetées
quand elles auront servi une fois.
Ailleurs, une UBine vient de lancer Bur
le marche dea pantoufles en papier, dont
le prix est si bas que tous les proprié
taires d'hôtel, assure-t-on, pourront en
mettre à la disposition de leurs voya
geurs.
• •
En cour d'assises.
Le président. — Vous avez commis un
crime horrible.
Le pré venu. — Je le sais, mon prési
dent, mais c'était dans l'intérêt de mon
pays.
— Vous dites ?
-— Certainement, mon président ;
comme on prétend que les préoccupa
tions politiques tuent les affaires, j'ai
voulu commettre une intéressante igno
minie pour détourner un moment les
esprits de la politique.
LE CLËBICAL CHAÏÏMIÉ
Nous l'avions bien prévu : la Lan
terne exige que l'on « casse aux
gages » M. Albert Carré, directeur
de l'Opéra-Comique, parce qu'il a
coupé la scène de la Carmélite qui
avait froissé à juste titre les catho
liques. •
La Lanterne ne s'en tient pas là :
elle demande, en outre, la tête de
MM. Roujon, directeur des Beaux-
Arts, et Ëernheim, inspecteur des
théâtres subventionnés.
Lisez plutôt:
Pourquoi donc le directeur de l'Opéra-
Comique, M. Albert Carré, l'inspecteur
des théâtres subventionnés, M. Ber-
nheim, et le directeur des beaux-arts,
l'ineffable M. Roujon, ont-ils cédé aux
injonctions de la presse nationaliste et
cléricale? Pourquoi, si ce n'est pour
faire une manifestation politique?
Ainsi se trouve prise sur le fait la ten
dance k bien pensante ». et cléricale de
nos hauts fonctionnaires. L'incapable M.
Roujon, qui ne s'était déguisé en libre-
senBeur que pour parvenir, est un clé
rical; M. Bernheim et M. Albert Carré
savent à merveille qu'il est de bon ton
de Be montrer' respectueux du clérica
lisme, et ils s'empressent de déférer aux
ordres de la presse bondieuâardè.
Qu'ils le veuillent ou non, cela s'ap
pelle faire de la politique. Et puisqu'ils
ont commencé, nous continuerons.
Certes peu nous chaut qu'on repré
sente sur les scènes parisiennes des cé
rémonies liturgiques. Reproduire, en les
entourant de musique et de littérature,
les grossières mascarades religieuses,
c'est enoore faire trop d'honneur aux re
ligions.
Mais nous ne payons pas des fonction
naires et nous ne subventionnons pas
des directeurs de théâtre pour qu'ils se
ivrentsang motif plausible à des mani
festations cléricales. Quand viendra en
discussion devant la Chambre le budget
dea beaux-arts, novs exigerons qu'on
casse aux gages le clérical Roujon et son
acolyte Bernheim, et nous demande
rons qu'on ne subventionne que des di-
recteurs républicains.
Pourquoi donc la Lanterne s'ar-
rêté-t-elle à M. Roujon ?
Puisqu'elle veut « casser aux ga
ges » le chef de M. Carré, pourquoi
donc épargne t-elle le chef de M.
Roujon, c'est-à-dire M. Chaumié,
ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts? '
Puisque M. Chaumié n'a pas
rappé « le clérical Roujon et son
acolyte Bernheim», c'est que lui-
même est clérical.
Dès lors, comment trouve-t il
grâce devant la. Lanterne ?
Bien étrange !...
LES THAITEIBEHTS ÎPiSCOPAUX
Mgr Touchet.
Noua lisons dans les Annales reli
gieuses d'Orléans :
Nous sommes heureux d'annoncer que la
souscription pour le traitement de Monsei
gneur a été accueillie avec la pluB sympa
thique faveur. De tous les points du diocèse
et au delà nous avons reçu de nombreuses
offrandes, preuve non équivoque de l'adhé
sion que les catholiques apportent à la vail
lante attitude de l'évêque d'Orléans.
Le directeur des Annales prie leurs lec
teurs, qui avaient l'intention de souscrire,
de se hâter. Les noms des souscripteurs ne
seront pas publiés. Sa Grandeur seule,
après la clôture,, en prendra connaissance.
Chaque jour, il nous est donné de lire la
liste des donateurs; de grosses sommes al
ternent avec l'obole de l'ouvrier, de l'ou
vrière et de la domestique. Tous se sentent
atteints en la personne de leur évêque ; ils
veulent, selon leurs moyens, réparer l'in-
justloa qui lui est faite sans motifs (juri
diques.
On nous rapporte qu'un maître oucher
d'Orléans, voulant coopérer, & sa manière,
à la souscription, a offert de fournir gratui
tement h Sa Grandeur, pendant quinze
jours, la provision de boucherie que ré
clame son service.
Cette offrande originale méritait d'être
signalée.
PRESSION SCANDALEUSE
La semaine dernière, les percepteurs
de la circonscription de Rouen ont été
mandéB au chef-lieu et ont reçu e l'in
vitation » de confier leurs enfants à l'E
tat. Après les fonctionnaires des finances
est venu le tour des fonctionnaires des
ponts et chaussées, qui ont reçu la même
invite.
Pression vraiment scandaleuse.
IMPRESSIONS DU VATICAN
Dans une lettre pastorale à l'oc
casion de son troisième voyage ad
liminaj Mgr l'évêque de Moulins
rend compte des deux audiences
particulières qu'il a obtenues du
Saint-Père.
Nous détachons de cette lettre les
passages suivants :
...J'ai trouvé Léon XIII absolument
tel que je l'avais laissé il y a quatre ans
L'œil eBt aussi vif, la voix aussi bien
timbrée, l'intelligence aussi lucide, le
sourire ausBi conquérant, le geste aussi
expressif, la mémoire aussi impertur
bable, les facultés aussi intactes ; et l'on
est vraiment stupéfait de voir souBces
traits émaciés, sous cette enveloppe bî
frêle et presque diaphane, dans ce corps
que quatre-vingt-treize anB écraBent de
leur poids, palpiter une âme si jeune et
une vie si intense.
... Léon XIII est admirablement ren
Beigné et documenté sur tout ce qui nous
ooacerne. Il est au courant de ce qui se
passe dans notre pays. Il se rend compte
de tout et aucun détail ne lui échappe.
Je n'étonnerai personne en indiquant
combien la tournure des événements ac
tuels l'afflige et le désole. Les épreuves
de nos congrégations religieuses l'attei
gnent au plus vif de l 'âme et ont leur
répercussion la plus douloureuse sur
son cœur de père. Et, malgré tout, on
sent que Bon affection pour la France est
toujours aussi ardente. Oet amour écla
tait dans chacune de ses paroles enflam
mées. La France est toujours pour lui la
« très noble nation», nobilis&ima GaU
lorum gens, le royaume de Marie, la
fille aînée de l'Eglise, la protectrice des
missions catholiques, le pays des grandes
âmes et des dévouements sublimes; et
sa prière de chaque jour ou plutôt son
vœu de chaque instant est qu'elle re
vienne à ces traditions chrétiennes qui,
dans le passé, l'ont faite Bi grande, si
glorieuse et si prospère, a Recommandez
« instamment autour de vous, m'at-il
« dit en terminant, la dévotion à Notre-
c Dame du Rosaire et au Sacré Cœur
« de JésuB ; là est l'espérance et le Ba-
< lut!... »
SIMPLE OBSERVATION
Le Figaro donnait hier un passage de
l'Encyclique aux évéques italiens, en di
sant qu'il empruntait la traduction de ce
document à la Gazette de France. Noua
n'avons paB coutume de relever les pro
cédés de cette dernière, mais nouB de
vons faire remarquer an Figaro, qui ne
s'en est certainement paa aperçu, que la
traduction qu'il a reproduite était la
nôtre, et que la Gazette nous l'avait em
pruntée, comme d'habitude, Bans nous
oiter.
LETTRES DE_ BELGIQUE
17 décembre.
Les socialistes de la Chambre sur la sel
lette, les faux et les mensonges dé la secte
contre la morale catholique ; ses senti
ments envers les populations rurales.
Puisque la rentrée dea Chambres noua
a changés depuis quelques semaines de
la monotonie des vacances politiques, il
faut bien consacrer à cet objet des ré
flexions et des développements qu'il se
rait pluB agréable et même plus utile de
réserver à d'autres matières.
Il faut bien le çlire. Nous l'avons re
marqué déjà tant de fois et nous serons
obligés d'y revenir bien dea foia encore :
tant que les politioiens conserveront leur
influence ou garderont seulement l'illu
sion .d'être quelque chose, n'y eût-il
pour les y entretenir que l'habituel train-
train des débats parlementaires, il ne
iauî pas compter que l'œuvre législa
tive, en matière .économique et sociale,
puisse réaliser de rapidea et importants
résultats. Certes, depuis environ dix-huit
ans que les catholiques gouvernent le
pays,llBontaooorapli,—et je ne parle que
de l'œuvre sociale toute seule —, une tâche
considérable, qui restera leur meilleur
titre à la reconnaissance des générations
futures. S 'ils n'ont pas toujours' fait du
bruit, ila ont fait beaucoup de 'bien ; les
libéraux et même leB socialistes en con
viennent volontiers, quand la sincérité
parle en eux plus haut que la passion et
le besoin de médire. Il faut ajouter aussi
que la plupart des choses accompliea
l'ont été malgré l'opposition et que les
débats auxquels les membres de la gau
che, même socialistes, ont pris une part
notable, ne sont pas oeux où il s 'agissait
d'intérêts économiques ou populaires,:
ils négligent souvent ces débats pins sé
rieux, les dédaignent ou les ignorent.
Dono, pour en revenir à l'actualité, il
faut parler des débats politiques : et quels
débats et quelle politique !
En dehors de l'interpellation de M.Des-
>trée sur lea troubles de Louvain, — qui a
fait long feu, oomme il était aisé de le
prévoir, — on a continué la discussion du
projet de loi concernant les cris et les
chants obscènes: J'ai déjà parlé, dans ma
précédente Jettre, de l'inoartade du sieur
Demblon. Ce serait lui faire trop d'hon
neur que d'en revenir à ses honteuses dé
clamations. Mais il faut, retenir qu'elles ont
tourné à la confusion de son auteur et
qu'elles ont permis 'de faire justice, une
bonne fois, des procédés de discussion et
de polémique en honneur chez ceB libres-
penseurs qui déblatèrent toujours contre
la religion en invoquant le nom de la
science et les droits de la vérité.
On Bait, mais cependant il est utile de
rappeler que, dans ces dernierB mois,
vaincus dans la rue et dansles élections,
impuissants par l'émeute et devant les
urnes, les socialistes belges, après avoir
tenu un conseil de guerre cù figuraient
toutes les fortes têtes de la démagogie,
ont changé leur fusil d'épaule. Ils font
de l'anticléricalisme l'alpha et l'oméga
de leur propagande, reprenant un mot
assez défraîchi de noa jours, surtout en
Belgique: «Le cléricalisme, voilà l'en
nemi I » Mais, heureusement pour no us,
Romans est loin et Gambetta n 'est plus
de ce monde.
Quoi qu'il en soit, ces gens-là Be sou
viennent enoore d'une autre parole, em
pruntée celle-ci à un socialiste allemand :
« S'il est de bonne politique de ne pas
B 'attaquer directement à la religion, il
importe, avant tout, de discréditer Bes
r eprésen tants, leB prêtres, s
Or donc, ils ont entrepris, depuis lors,
une campagne contre le sacrement de la
confession. Le lecteur me permettra de
lui faire grâce de toutes les infamies,
doublées d'inepties, qui peuvent être dé
bitées sur ce thème, par de telles plumes
et de telles voix. Le Peuple ouvrit le feu
toutes leB infections que l'imagination
d'un mécréant peut ramasser dans la
boue des corruptions présentes et pas
sées y furent ressassées, en une série
d'articles attribués à un défroqué. Mais
eBt -ce bien un défroqué, ou un vulgaire
Homais ? Puis, ces élucubrations furent
réunies en brochure et distribuées à
foison : les catholiques y répondirent par
une broohure qui arrêta la calomnie.
MaiB voici que Demblon vient de re
prendre cette jolie besogne. Il l'a fait
en Be Bervant d'une publication alle
mande due à la munificence du Los von
Rom autrichien. Un nommé Grassmann,
pauvre hère sans Bavoir et Bans scru
pule, qui s'avise de traduire du latin
Bans le connaître, ignorant à dire d'ex
pert, a réuni dans une compilation Bans
valeur une série de citations fausses,
'tronquées ou inventées, attribuées no
tamment à saint Alphonse de Liguori et
relatives à la confession.
11 B'agit du chapitre délicat où le saint
docteur traite des abus que pourraient
commettre des prêtres indignea avec des
personnes de l'autre sexe, danB la confeB-
Bion ou à cette occaBion, et où naturelle
ment il les condamne avec une netteté ab
solue. Or, le pamphlétaire altère et torture
les textes au point de faire dire à saint
Alphonse juste le contraire. Quiconque a
suivi un peu l'incident soulevé à ce pro
pos, au ReichBtag autrichien, sait qu'il y
a là un faux monstrueux ; mais les gens
de la trempe de Demblon ne s'arrêtent
pas pour si peu. Le mensonge sert leurs
haines : donc ila en usent. La presse ca
tholique et ies membres de la droite ont
fustigé, comme ils le méritent, leB faus
saires et lea insulteurs qui allaient .di
sant que la religion catholique protège
ou encourage l'immoralité : ils ont reçu
leur compte et on ne lea croira plus d'ici
à quelque temps.
C'est la seule chose pratique à retenir
de ceB débats tumultueux, inqualifiables
et Btérilea. Ajoutons cependant que la
loi, cette mesure d'hygiène publique mo
rale et sociale, a réuni une belle majo
rité, 69 voix contre 50, et que lea égou-
tiers de la gauche en sont pour leurs
éolaboussures.
Un autre incident a mis encore ceB jo
lis messieurs en bien vilaine posture. lia
vont disant couramment que les catholi
ques n'ont pour les Classes laborieuses
que dédain et mépris ; souvent ils se
font, devant les auditoires ruraux, un
mérite de leurs parades humanitaires.
Mais tout récemment M. Vandervelde,
leur leadçr , a reproduit, en se l'pppro*
priant, une citation d'un socialiste fran
çais de 1848, Vidal, extrêmement outra
geante ; et leur feuille flamande, le Voo-
ruit, l'a reprise pour son compte. En
voici le texte :
«Race ignorante, cupide,âpre au gain,
insensible, les paysan?, remplis de pré
jugés, Bont hostiles à toutes les innova
tions, même celles qui pourraient leur
être avantageuses. Le paysan n'a d'a
mour que pour son champ, pour ses
PARIS -
'w départements
Os an.'........ 25 »
Six mois;,..., 13 »
Trois moig 7 » v
ÉTRANGER
(UNION POSTAIS)
S8 »
19 »
10 »
Sisi abonnements partent des 1" et lS de chaque mois
OH NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
: Paris, rue Cassette, 17 (VI «arr.)
Ça »'*ipnne à Rome, place du Gesù, |
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LE MONDE
ÉDITION SEMI-QTJOTroŒNJSnffl
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S* DÉPARTEMENT! . (UNION POSTA
On an 13 » %o »
Six mois...... 7 » 11 »
Trois mois..... 4 » 5 50
Les abonnemënts partent des 1" et 16 de chaque mol»
L'UÏÏIVERS ni répond pas des manuscrit! qui (tri uni aàrutfi'
> ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et G»», 6, place de la Bcraïtf^
PARIS, 19 DÉCEMBRE 190Î
SOMMAIRE
L'œuvre religieuse.
Equilibristes.......
Lettres de Belgique.
Les conférences li
bres de llnstitut
catholique
Le Salon de lauto ■
mobile et des
sports..,....., . .
Feuilleton : Les
Stuarts à Saint-
Germain.
Eugène Tavernier'
F. V.
L. ■.
Edouard Alexandre
Jacques Cierta£.
Julie Lavergne.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
jour ie jour. — Le clérical Chaumié. —
Les traitements épiscopaux. — Pression
scandaleuse. — Impressions du Vatican.
— Simple observation. — L'action so
ciale catholique en Italie. — Fermetu»
d'écuies et manifestations. — Les
congrégations. — Informations politique»
et parlementaires. — Action libérale po
pulaire. ■«— Chronique électorale. —■ L'af
faire Humbert. — L'alfaire Boulalne. —
Le conflit vénézuélien. — Etranger. —
A travers la presse. — Les grévistes
anarchistes. — Lettres, sciences et arts.
— Académie de médeolne» — Livres d'é*
trenaes. •— Echos de partout. — Eglise
de la Sorhonne. — La fête de Sainte*
Barbe à la Grand-Combe. Chronique
religieuse. — Nécrologie. — Guerre et
marine." — L'affaire de Margueritte. —
Tribunaux. — Mouvement judiciaire. —
Le crime ds Montmartre. — La catas
trophe d'Andidjan. Nouvelles diver
ses. — Calendrier. — Bourse et bul
letin fisancier. — Dernière heure.
L'ŒUVRE RELIGIEUSE
Sous le titre Comment faire ? un
article plein d'idées importantes a,
paru dans la Qu.inza.ine du i" dé
cembre. Nous en avons cité les
passages où l'auteur, qui a gardé
l'anonyme mais qu'on a facilement
reconnu, montre le caractère de la
crise engagée par l'affaire Dreyfus.
Cette affaire elle-même, quelques
fureurs qu'elle ait répandues et
qu'elle continue de répandre, a été
simplement en soi une occasion et
un prétexte. Elle a ouvert un che
min aux passions accumulées, qui
cherchaient leur issue. Elle les a
lancées contre un programme d'or
dre et de pacification ; contre ce
ralliement qui, dans la société
française, rendait aux catholiques
une situation et une vie normales.
Les sectaires avaient résolu de ne
pas laisser s'accomplir une telle
œuvre. Ils se sont déchaînés en
tous sens, portant le fer et lefeu;
En tous sens ; et, vraiment, l'au
teur a bien raison de signaler le
Caractère général de la conspira
tion. Tout s'en èst suivi. Notre po
litique étrangère et notre apostolat
extérieur, le prestige de la patrié
ont subi des atteintes cruelles,
comme la liberté des citoyens,
comme notre force intime, comme
le lien qui unit les individus et qui
les élève à l'état de peuple et de
nation.
Ce n'est pas fini, loin de là. Nous
avons devant nous une perspective
où l'esprit destructeur peut pren
dre un long essor.
Le collaborateur anonyme de la
Quinzaine le dit, avec la vigueur pé
nétrante et dans le style imagé qui
le distinguent.
Mais il montre aussi le travail de
reconstitution qui s'opère au milieu
des assauts, derrière les brèches,
parmi les écroulements. Dénoncé,
dépossédé, persécuté par la politi
que, objet d'animosités furibondes
et folles, le prêtre se prépare à
remplir un rôle moral et intellec
tuel, non seulement de premier
ordre en soi, mais aussi de premier
rang dans la société qui se forme.
De bonne heure, Léon XIII a
voulu « combler les abîmes où se
« dérobent et se dispersent le pres-
« tige, la considération et l'in-
« fluence ». Il a donné aux études
ecclésiastiques une direction et une
impulsion qui, à travers la pous
sière des décombres, ont fait entre
voir l'espace libre, propre à porter
de nouvelles assises, propre à rece
voir et à féconder un vaste ense
mencement.
L'encyclique que le Souverain
Pontife vient d'adresser aux évê-
ques d'Italie accroît et perfectionne
le programme depuis longtemps
tracé pour l'œuvre religieuse. C'é
tait une opération à la fois délicate et
immense que d'introduire et d'ins
taller les prêtres dans un monde
conçu et organisé contre eux. Ce.
travail se poursuit comme il fut
commencé, avec une énergie mé
thodique. Il déploie l'exemple sur
lequel doivent se régler les simples
chrétiens.
Ceux ci . peuvent pleinement com
prendre la conduite qui s'impose à
leur zèle et qui leur prescrit de
conquérir les moyens d'où dépend
l'influence. Qu'ils ne se laissent
point tenter par la colère ni par le
désespoir, ni par des visions chi
mériques. Comme le dit avec autant
de justesse que d'éloquence le col
laborateur delà Quinzaine « le prê-
« tre conquérant ne s'assoira ni au
« presbytère ni à la sacristie, dans
« l'attente des hommes qui ne le
« chercheront point. Il investira
« chaque maison de sa sympathique
« collaboration. » Le concours at
tendu des laïques peut assurer à
Cette tâche un immense succès.
Le véritable caractère de la crise
présente se dessine et s'affirme.
Dans un des articles les plus cou
rageux et les plus démonstratifs
qu'il ait écrits, M. Brunetière dit
aux gens bien intentionnés qui
pourtant hésitent et s'effarént :
a La lutte est religieuse, non pas
a: confessionnelle, niais religieuse
« au sens le plus général du mot ét
« elle ne se terminera que sur le
«terrain religieux... Il est temps
« de nous rendre compte que, si le
« catholicisme est une religion, la
« tradition révolutionnaire et le so
ft ciaiisme en sont d'autres et que
« rien ne serait plus vain ni plus
« fallacieux que de s'imaginer qu'on
« en triomphera par des moyens de
«l'espèce purement politique ».
Cette conception nette et hardie est
l'expression de la vérité même.
Voici donc lancée dans la lutte
religieuse notre société,qui s'imagi
nait en avoir fini pour toujours avec
un souci de ce genre. C'est à pré
sent le souci principal et, comme
dit M. Brunetière,, on devra s'en
rendre compte. La croyance, le
prêtre, la liberté de l'une et de l'au
tre redeviennent l'enjeu du vieux
combat soudainement rajeuni. La
haine furieuse et folle a groùpé sur
ce terrain tous les gens qu'elle rê
vait d'en expulser. Là désormais,
on prend position. Là, seront utili
sées les forces qui partout ailleurs
se perdraient dans le gaspillage.
Eugène T aterniïs.
%ULLETI?{
La grève de Marseille est maintenant
terminée ; les inscrits maritimes ont
tous voulu reprendre place sur les râles,
et les boulangeries n'ont plus besoin des
services des ouvriers militaires.
Au. Venezuela , on attend le résultat
des négociations sur Varbitr&ge ; le blo
cus serà. effectif demain samedi.
En Angleterre, le discours du trône a
été lu au'Parlement réuni dans la Cham
bre des lerds. -
Le procès du colonel Lynch, député
de Galway, poursuivi pour haute trahi
son, commence aujourd'hui devant un
tribunal spécial convoqué par un décret
du roi.
Le Reichsrath autrichien s'est ajourné.
Il se confirme que le ministre de là
guerre, baron de Krieghammer,a donné
sa démission.
Le voyage du comte Lamsdorff, mi
nistre des affaires étrangères de Russie,
commencera par Sofia èt Belgrade pour
aboutir à Vienne.
Le diplomate russe et le comte Golu-
chowski échangeront leurs vues sur les
réformes à exiger en Macédoine.
En Allemagne, le conseil fédéral a ap
prouvée projet sur le tarif douanier tel
qu'il a été voté en troisième lecture par
le Reichstag.
De Madrid on mande que le juge or
dinaire a renvoyé à Vautorité militaire
l'affaire dugérîéral de Bourbon.
Le Heraldo annonce l'abdication de
don Carlos au profit de son fils don
Jaime.
A la Chambre italienne, on a voté le
projet d'organisation de la colonie de
l'Erythrée ; une motion du député ré'
publicain Chiesi, tendant à l'évacuation,
n'a obtenu que quatre voix. .
Dans la Colombie britannique, le con
seil privé a décidé que les Japonais su
jets britanniques n'ont pas droit au
vote.
Dix neuf Japonais, arrêtés à New-
Westminster peur infraction à la loi
provinciale sur l'immigration, ont été
remis en liberté après explications.
NOUVELLES DE ROMS
Rome, 16 décembre.
Ao Vatican.
Notre Saint-Père le Pape a reçu di
manche, en audience {de congé, le pre
mier conseiller de l'ambassade d'Autri
che, M. le comte Starzeneki, que son
gouvernement envoie comme ministre
au Chili.
Il avait reçu la veille M. Mumm von
Schwarzenstein, ministre d'Allemagne
en Chine.
Il a reçu hier Mgr Foatana, évêque
de Orema, et en même temps recteur du
collège pontifical léonin des Prati.
—■ Le Souverain Pontife a nommé pour
suooéder au regretté Mgr Celli, comme
sous-Eeorétaire aux affaires ecclésiasti
ques, Mgr Aversa, qui était minutante
à la seorétairerie d'Etat.
— S. En. le cardinal Vivès y Tuto a
été nommé protecteur de l'Institut des
Sœurs Bernardines d'Eaquermea, au
diooèse de Cambrai.
Dans la Cité.
A l'occasion de la cérémonie du bap«
téme dé la princesse Mafalda qui a eu
lieu hier au Quirinel, les monarchistes
avaient organisé une petite démonstra
tion. ■
Un cortège de 200 personnes, avec
sept drapeaux et une musiqae de volon
taires en tête, est allé de la place du Peu
ple au Quiriaal. La manifestation n'a
excité que la curiosité. Sur la place Co-
lonna, au passage du cortège, on distri
buait «a journal républicain, la I al ce,
dont les manifestants ont brûlé quelques
numéros,
Un congrès
de la jeunesse catholique.
Les cercles de la feunesBe catholique
de la Lombardie et de la Vénétie ont
tenu un congrêa à Erescia sous la pré
sidenoe du président général M. Péri'
coli, de Rome.
On'a discuté les différents points d'un
programme d'action pratique, particu
librement l'instruction religieuse de la
jeunesse ; ie développement de la cal»
tare sociale parmi les membres des as«
Booiationa catholiques ; la moralité pu
Clique ; les œuvres eu faveur des eol.
data.
Le cercle de Milan avait en outre pro
posé d'étudier les moyens de fêter le
50° anniversaire de la proclamation du
dogme de l'Immaculée-Conception.
Dans la réunion générale, le comte
Grosoli a remercié l'association du con
cours qu'elle promettait à l'Œuvre des
congrès; le marquis Orispolti a parlé de
la défense de la moralité publique.
L'assemblée a envoyé au Pape un té
légramme où est affirmée la résolution
de travailler d'accord avec l'Œuvre des
congrès. •
Une autre dépêche a été envoyée au
président du conseil Zanardelli, contre
la loi du divorce.
Notons d'après le journal'catholique,
IlCittadino de Brescia, un incident si
gnificatif. ,
Un ordre du jour parlait de démocra
tie chrétienne. Le comte Grosoli de
manda de faire disparaître ces termes.
Mais voioi comment il motivait cette ob
servation : Comme il ne s'agissait dans
ûet ordre du jour que d'œuvres de pure
charité, il ne fallait pas, déolara-t il,
risquer de restreindre le champ de l'ac
tion populaire chrétienne; parler de
« traduire en acte les enseignements
pontificaux sur la démocratie chrétien'
ne », alors qu'on énumérait seulement
des œuvres de charité, c'eût été, déclara
le président de l'Œuvre des congrès, res
treindre le rôle et la signification de l'ac
tion démocratique chrétienne, qui s'étend
aussi à des oeuvres de justice so
ciale.
■ ■ :—: —-'—. . ♦ - —. 1 ' "
ËQUILIBR1STES
Nous ne voulons point parler ici
des artistes forains qui, debout sur
la corde raide, y font des grâces et
des jongleries aussi aisément que
s'ils reposaient, des deux pieds,
sur la terre ferme.
Nous donnons aujourd'hui ce
nom d'équilibristes à une autre es
pèce de saltimbanques : les mem
bres du « bloc > qui composent la
majorité de la commission du bud
get. -
Ils viennent en effet de combiner
un équilibre autrement difficile à
réaliser que celui du corps humain
sur un fil de fer : l'équilibre du
budget. Mais ce qui parachève leur
ressemblance avec les baladins,
c'est qu'ils ont obtenu cet équilibre
en jonglant avec une prestesse
merveilleuse.
Il s'agissait de combler un dé
ficit de plus en plus béant, sans
recourir à l'emprunt ni augmenter
les impôts.
Le seul moyen qui s'offrait, c'é
tait de pratiquer des économies sé
vères et définitives, en supprimant,
d'une façon radicale, un certain
nombre d'emplois et de fonctions
parasites, en sabrant, dans les dif
férents maquis ministériels, un cer
tain nombre d'abus.
La commission du budget n'y a
pas songé. Pour la forme, elle a
raclé, çàet là, quelques menues dé
penses. Elle a émaillé la façade du
budget de ces légères économies
en faux, que de multiples crédits
supplémentaires, échelonnés dis
crètement le long de l'exercice,
ont la vieille habitude de faire dis
paraître une à une.
Mais ce petit jeu n'a pas suffi.
Alors, pressée par l'heure, — il
fallait à tout prix démontrer aux
délégués sénatoriaux que nos fi
nances étaient dans la prospérité,
— la commission s'est décidée pour
les grands remèdes : elle a majoré
les évaluations de recettes.
Dix mois sur douze, le rendement
des impôts aboutit, depuis quelque
temps, à des moins-values sur les
évaluations budgétaires.
Cette situation piteuse obligeait
la commission à user de prudence
et de modestie. Que lui importe !
Elle a délibérément décrété qu'un
certain nombre d'impôts enfleraient
subitement , sans savoir pourquoi,
dans des proportions merveilleu
ses. Les droits sur les successions,
par exemple, et le produit des
amendes apporteront au budget des
ressources inespérées, — la com
mission ayant résolu, paraît-il, que-
les citoyens français, en l'an 1903,'
mourront davantage et commettront
plus de délits!...
Je crois, décidément, que les
equilibristes forains sont plus sé
rieux et plus honnêtes.
F. V.
AÏÏJOURLE J0ÏÏE
.N oub avons dit que le garde des sceaux
adresse aux présidents de tribunaux et
aux procureurs une circulaire les invi
tant a atténuer, s'il se peut, 1e charabia
des formules judiciaires.
Il s'agit ici des formules de correspon
dance ; mais combien d'autres réformes,
dans oet ordre d'idées, pourraient être
faites, et seraient sûres d'an favorable
accueil de la part du public! >
Los libellés deB jugements, les cita
tiens des huisBiers, le texte des actes no
tariés, des procurations, par exemple,
gagneraient énormément à être rédigés
dans une langue plus compréhensible.
, IL^ia nous craignons fort que, long
temps encore, dame Thémis ne continue
à parler son patois, ne serait-ce que pour
narguer les profanes.
- •-
• •
L'avant-dernière cuit, vers deux heu
res du matin, une voiture s'arrêtait de
vant l'Hôiel-Dieu de Rennes, et un voya
geur carillonnait à la porte.
Ce voyageur était M. Pichon, sénateur
du Finistère, qui, pris d'un malaise
soudain, dans un trajet de Brest à Paris,
s'était arrêté à Rennes.
Au lieu de descendre à l'hôtel, où il
n'aurait peut-être trouvé aucun secours
immédiat, M. Pichon avait eu l'idée as
sez pratique de ee faire transporter à
l'hôpital.
L'interne de servioe et les bonnes
Sœurs lui prodiguèrent les soiBB néces
saires, et après une nuitde repos, M. Pi
chon put reprendre le train de Paris. .
* *
Noub avions la levrette en paletot.
Noua aurons maintenant le chien en lu
nette.
A cette occasion, un opticien de la rue
Soribe a dû inaugurer des lunettes d'un
modèle tout spécial.
Le « client » est le chien d'un automo
biliste. Ses fréquentes sorties en teuf-
teuf, aux côtés de son maître, ont rendu
nécessaire, à cet anima), les lunettes
pare-poussière dont usent tous les chauf
feurs.
C'est, croyons-nous, le premier qua
drupède qui, jusqu'ici, ait fait usage de
cet objet. Il y a bien le serpent à lunet
tes 1 , mais ces luneiteB-là ne sont pas fa
briquées par les opticiens.
On signale d'Amérique un nouvel
usage du papier.
Une usine de Springfield, actuelle
ment, fabrique des bouteilles en papier
destinées à - oontenir du lait ; elles sont
d'une étanohéité parfaite et leur prix est
assez minime poi r pouvoir être jetées
quand elles auront servi une fois.
Ailleurs, une UBine vient de lancer Bur
le marche dea pantoufles en papier, dont
le prix est si bas que tous les proprié
taires d'hôtel, assure-t-on, pourront en
mettre à la disposition de leurs voya
geurs.
• •
En cour d'assises.
Le président. — Vous avez commis un
crime horrible.
Le pré venu. — Je le sais, mon prési
dent, mais c'était dans l'intérêt de mon
pays.
— Vous dites ?
-— Certainement, mon président ;
comme on prétend que les préoccupa
tions politiques tuent les affaires, j'ai
voulu commettre une intéressante igno
minie pour détourner un moment les
esprits de la politique.
LE CLËBICAL CHAÏÏMIÉ
Nous l'avions bien prévu : la Lan
terne exige que l'on « casse aux
gages » M. Albert Carré, directeur
de l'Opéra-Comique, parce qu'il a
coupé la scène de la Carmélite qui
avait froissé à juste titre les catho
liques. •
La Lanterne ne s'en tient pas là :
elle demande, en outre, la tête de
MM. Roujon, directeur des Beaux-
Arts, et Ëernheim, inspecteur des
théâtres subventionnés.
Lisez plutôt:
Pourquoi donc le directeur de l'Opéra-
Comique, M. Albert Carré, l'inspecteur
des théâtres subventionnés, M. Ber-
nheim, et le directeur des beaux-arts,
l'ineffable M. Roujon, ont-ils cédé aux
injonctions de la presse nationaliste et
cléricale? Pourquoi, si ce n'est pour
faire une manifestation politique?
Ainsi se trouve prise sur le fait la ten
dance k bien pensante ». et cléricale de
nos hauts fonctionnaires. L'incapable M.
Roujon, qui ne s'était déguisé en libre-
senBeur que pour parvenir, est un clé
rical; M. Bernheim et M. Albert Carré
savent à merveille qu'il est de bon ton
de Be montrer' respectueux du clérica
lisme, et ils s'empressent de déférer aux
ordres de la presse bondieuâardè.
Qu'ils le veuillent ou non, cela s'ap
pelle faire de la politique. Et puisqu'ils
ont commencé, nous continuerons.
Certes peu nous chaut qu'on repré
sente sur les scènes parisiennes des cé
rémonies liturgiques. Reproduire, en les
entourant de musique et de littérature,
les grossières mascarades religieuses,
c'est enoore faire trop d'honneur aux re
ligions.
Mais nous ne payons pas des fonction
naires et nous ne subventionnons pas
des directeurs de théâtre pour qu'ils se
ivrentsang motif plausible à des mani
festations cléricales. Quand viendra en
discussion devant la Chambre le budget
dea beaux-arts, novs exigerons qu'on
casse aux gages le clérical Roujon et son
acolyte Bernheim, et nous demande
rons qu'on ne subventionne que des di-
recteurs républicains.
Pourquoi donc la Lanterne s'ar-
rêté-t-elle à M. Roujon ?
Puisqu'elle veut « casser aux ga
ges » le chef de M. Carré, pourquoi
donc épargne t-elle le chef de M.
Roujon, c'est-à-dire M. Chaumié,
ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts? '
Puisque M. Chaumié n'a pas
rappé « le clérical Roujon et son
acolyte Bernheim», c'est que lui-
même est clérical.
Dès lors, comment trouve-t il
grâce devant la. Lanterne ?
Bien étrange !...
LES THAITEIBEHTS ÎPiSCOPAUX
Mgr Touchet.
Noua lisons dans les Annales reli
gieuses d'Orléans :
Nous sommes heureux d'annoncer que la
souscription pour le traitement de Monsei
gneur a été accueillie avec la pluB sympa
thique faveur. De tous les points du diocèse
et au delà nous avons reçu de nombreuses
offrandes, preuve non équivoque de l'adhé
sion que les catholiques apportent à la vail
lante attitude de l'évêque d'Orléans.
Le directeur des Annales prie leurs lec
teurs, qui avaient l'intention de souscrire,
de se hâter. Les noms des souscripteurs ne
seront pas publiés. Sa Grandeur seule,
après la clôture,, en prendra connaissance.
Chaque jour, il nous est donné de lire la
liste des donateurs; de grosses sommes al
ternent avec l'obole de l'ouvrier, de l'ou
vrière et de la domestique. Tous se sentent
atteints en la personne de leur évêque ; ils
veulent, selon leurs moyens, réparer l'in-
justloa qui lui est faite sans motifs (juri
diques.
On nous rapporte qu'un maître oucher
d'Orléans, voulant coopérer, & sa manière,
à la souscription, a offert de fournir gratui
tement h Sa Grandeur, pendant quinze
jours, la provision de boucherie que ré
clame son service.
Cette offrande originale méritait d'être
signalée.
PRESSION SCANDALEUSE
La semaine dernière, les percepteurs
de la circonscription de Rouen ont été
mandéB au chef-lieu et ont reçu e l'in
vitation » de confier leurs enfants à l'E
tat. Après les fonctionnaires des finances
est venu le tour des fonctionnaires des
ponts et chaussées, qui ont reçu la même
invite.
Pression vraiment scandaleuse.
IMPRESSIONS DU VATICAN
Dans une lettre pastorale à l'oc
casion de son troisième voyage ad
liminaj Mgr l'évêque de Moulins
rend compte des deux audiences
particulières qu'il a obtenues du
Saint-Père.
Nous détachons de cette lettre les
passages suivants :
...J'ai trouvé Léon XIII absolument
tel que je l'avais laissé il y a quatre ans
L'œil eBt aussi vif, la voix aussi bien
timbrée, l'intelligence aussi lucide, le
sourire ausBi conquérant, le geste aussi
expressif, la mémoire aussi impertur
bable, les facultés aussi intactes ; et l'on
est vraiment stupéfait de voir souBces
traits émaciés, sous cette enveloppe bî
frêle et presque diaphane, dans ce corps
que quatre-vingt-treize anB écraBent de
leur poids, palpiter une âme si jeune et
une vie si intense.
... Léon XIII est admirablement ren
Beigné et documenté sur tout ce qui nous
ooacerne. Il est au courant de ce qui se
passe dans notre pays. Il se rend compte
de tout et aucun détail ne lui échappe.
Je n'étonnerai personne en indiquant
combien la tournure des événements ac
tuels l'afflige et le désole. Les épreuves
de nos congrégations religieuses l'attei
gnent au plus vif de l 'âme et ont leur
répercussion la plus douloureuse sur
son cœur de père. Et, malgré tout, on
sent que Bon affection pour la France est
toujours aussi ardente. Oet amour écla
tait dans chacune de ses paroles enflam
mées. La France est toujours pour lui la
« très noble nation», nobilis&ima GaU
lorum gens, le royaume de Marie, la
fille aînée de l'Eglise, la protectrice des
missions catholiques, le pays des grandes
âmes et des dévouements sublimes; et
sa prière de chaque jour ou plutôt son
vœu de chaque instant est qu'elle re
vienne à ces traditions chrétiennes qui,
dans le passé, l'ont faite Bi grande, si
glorieuse et si prospère, a Recommandez
« instamment autour de vous, m'at-il
« dit en terminant, la dévotion à Notre-
c Dame du Rosaire et au Sacré Cœur
« de JésuB ; là est l'espérance et le Ba-
< lut!... »
SIMPLE OBSERVATION
Le Figaro donnait hier un passage de
l'Encyclique aux évéques italiens, en di
sant qu'il empruntait la traduction de ce
document à la Gazette de France. Noua
n'avons paB coutume de relever les pro
cédés de cette dernière, mais nouB de
vons faire remarquer an Figaro, qui ne
s'en est certainement paa aperçu, que la
traduction qu'il a reproduite était la
nôtre, et que la Gazette nous l'avait em
pruntée, comme d'habitude, Bans nous
oiter.
LETTRES DE_ BELGIQUE
17 décembre.
Les socialistes de la Chambre sur la sel
lette, les faux et les mensonges dé la secte
contre la morale catholique ; ses senti
ments envers les populations rurales.
Puisque la rentrée dea Chambres noua
a changés depuis quelques semaines de
la monotonie des vacances politiques, il
faut bien consacrer à cet objet des ré
flexions et des développements qu'il se
rait pluB agréable et même plus utile de
réserver à d'autres matières.
Il faut bien le çlire. Nous l'avons re
marqué déjà tant de fois et nous serons
obligés d'y revenir bien dea foia encore :
tant que les politioiens conserveront leur
influence ou garderont seulement l'illu
sion .d'être quelque chose, n'y eût-il
pour les y entretenir que l'habituel train-
train des débats parlementaires, il ne
iauî pas compter que l'œuvre législa
tive, en matière .économique et sociale,
puisse réaliser de rapidea et importants
résultats. Certes, depuis environ dix-huit
ans que les catholiques gouvernent le
pays,llBontaooorapli,—et je ne parle que
de l'œuvre sociale toute seule —, une tâche
considérable, qui restera leur meilleur
titre à la reconnaissance des générations
futures. S 'ils n'ont pas toujours' fait du
bruit, ila ont fait beaucoup de 'bien ; les
libéraux et même leB socialistes en con
viennent volontiers, quand la sincérité
parle en eux plus haut que la passion et
le besoin de médire. Il faut ajouter aussi
que la plupart des choses accompliea
l'ont été malgré l'opposition et que les
débats auxquels les membres de la gau
che, même socialistes, ont pris une part
notable, ne sont pas oeux où il s 'agissait
d'intérêts économiques ou populaires,:
ils négligent souvent ces débats pins sé
rieux, les dédaignent ou les ignorent.
Dono, pour en revenir à l'actualité, il
faut parler des débats politiques : et quels
débats et quelle politique !
En dehors de l'interpellation de M.Des-
>trée sur lea troubles de Louvain, — qui a
fait long feu, oomme il était aisé de le
prévoir, — on a continué la discussion du
projet de loi concernant les cris et les
chants obscènes: J'ai déjà parlé, dans ma
précédente Jettre, de l'inoartade du sieur
Demblon. Ce serait lui faire trop d'hon
neur que d'en revenir à ses honteuses dé
clamations. Mais il faut, retenir qu'elles ont
tourné à la confusion de son auteur et
qu'elles ont permis 'de faire justice, une
bonne fois, des procédés de discussion et
de polémique en honneur chez ceB libres-
penseurs qui déblatèrent toujours contre
la religion en invoquant le nom de la
science et les droits de la vérité.
On Bait, mais cependant il est utile de
rappeler que, dans ces dernierB mois,
vaincus dans la rue et dansles élections,
impuissants par l'émeute et devant les
urnes, les socialistes belges, après avoir
tenu un conseil de guerre cù figuraient
toutes les fortes têtes de la démagogie,
ont changé leur fusil d'épaule. Ils font
de l'anticléricalisme l'alpha et l'oméga
de leur propagande, reprenant un mot
assez défraîchi de noa jours, surtout en
Belgique: «Le cléricalisme, voilà l'en
nemi I » Mais, heureusement pour no us,
Romans est loin et Gambetta n 'est plus
de ce monde.
Quoi qu'il en soit, ces gens-là Be sou
viennent enoore d'une autre parole, em
pruntée celle-ci à un socialiste allemand :
« S'il est de bonne politique de ne pas
B 'attaquer directement à la religion, il
importe, avant tout, de discréditer Bes
r eprésen tants, leB prêtres, s
Or donc, ils ont entrepris, depuis lors,
une campagne contre le sacrement de la
confession. Le lecteur me permettra de
lui faire grâce de toutes les infamies,
doublées d'inepties, qui peuvent être dé
bitées sur ce thème, par de telles plumes
et de telles voix. Le Peuple ouvrit le feu
toutes leB infections que l'imagination
d'un mécréant peut ramasser dans la
boue des corruptions présentes et pas
sées y furent ressassées, en une série
d'articles attribués à un défroqué. Mais
eBt -ce bien un défroqué, ou un vulgaire
Homais ? Puis, ces élucubrations furent
réunies en brochure et distribuées à
foison : les catholiques y répondirent par
une broohure qui arrêta la calomnie.
MaiB voici que Demblon vient de re
prendre cette jolie besogne. Il l'a fait
en Be Bervant d'une publication alle
mande due à la munificence du Los von
Rom autrichien. Un nommé Grassmann,
pauvre hère sans Bavoir et Bans scru
pule, qui s'avise de traduire du latin
Bans le connaître, ignorant à dire d'ex
pert, a réuni dans une compilation Bans
valeur une série de citations fausses,
'tronquées ou inventées, attribuées no
tamment à saint Alphonse de Liguori et
relatives à la confession.
11 B'agit du chapitre délicat où le saint
docteur traite des abus que pourraient
commettre des prêtres indignea avec des
personnes de l'autre sexe, danB la confeB-
Bion ou à cette occaBion, et où naturelle
ment il les condamne avec une netteté ab
solue. Or, le pamphlétaire altère et torture
les textes au point de faire dire à saint
Alphonse juste le contraire. Quiconque a
suivi un peu l'incident soulevé à ce pro
pos, au ReichBtag autrichien, sait qu'il y
a là un faux monstrueux ; mais les gens
de la trempe de Demblon ne s'arrêtent
pas pour si peu. Le mensonge sert leurs
haines : donc ila en usent. La presse ca
tholique et ies membres de la droite ont
fustigé, comme ils le méritent, leB faus
saires et lea insulteurs qui allaient .di
sant que la religion catholique protège
ou encourage l'immoralité : ils ont reçu
leur compte et on ne lea croira plus d'ici
à quelque temps.
C'est la seule chose pratique à retenir
de ceB débats tumultueux, inqualifiables
et Btérilea. Ajoutons cependant que la
loi, cette mesure d'hygiène publique mo
rale et sociale, a réuni une belle majo
rité, 69 voix contre 50, et que lea égou-
tiers de la gauche en sont pour leurs
éolaboussures.
Un autre incident a mis encore ceB jo
lis messieurs en bien vilaine posture. lia
vont disant couramment que les catholi
ques n'ont pour les Classes laborieuses
que dédain et mépris ; souvent ils se
font, devant les auditoires ruraux, un
mérite de leurs parades humanitaires.
Mais tout récemment M. Vandervelde,
leur leadçr , a reproduit, en se l'pppro*
priant, une citation d'un socialiste fran
çais de 1848, Vidal, extrêmement outra
geante ; et leur feuille flamande, le Voo-
ruit, l'a reprise pour son compte. En
voici le texte :
«Race ignorante, cupide,âpre au gain,
insensible, les paysan?, remplis de pré
jugés, Bont hostiles à toutes les innova
tions, même celles qui pourraient leur
être avantageuses. Le paysan n'a d'a
mour que pour son champ, pour ses
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