Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1902-12-19
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 décembre 1902 19 décembre 1902
Description : 1902/12/19 (Numéro 12677). 1902/12/19 (Numéro 12677).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k711298p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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Vextârèdi 19 Bêûei&bt^ HQ02
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Vendredi 19 Décembre 1003
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■ '" ■ PARIS ÉTRANGES .
'ïf département! ' (union POSTUf)
On" an.'.......; 25 » SQ »
Six mois...... 13 » 19 »
Troie mois..... 7 » -10 »
Ss «i abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois -
ÇSÏ NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
fëÇSS&trX : Paris, rue Cassette, 17 (VI* arr.)
ÉDITION SEMI-QUOTEDIENïfll
PARIS '■ ''' ÉTRANGES^:
ïï départements (union postais} s
On au......... 13 » 20 »
Six mois. 7 » 11 » y
Trois mois..... 4 » 5 60
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Qu s'abonne & Rome, place du Gesù, I
LE MONDE
Lea abonnements partent des 1" et 16 de chaque aolà
L'UNIVERS nt répond pas des manuscrits qui lui sont i
jne mois
ANNONCES
IIM. LAGRA.NGE, CERF et G 1 *, 6, place de la Bourse
Sf .
S
PARIS. 18 DÉCEMBRE 1901
SOMMAIRE]
plsjure VfiOlUOV.
F. V.
G. B 'A ZAMBUM..
A.B. G.
Ernes* Biuiei.
0.
Edouard Alexandre
Max Tïrmann.
Erreur voulue. ....
La peine .et 1 hon
neur
Çà et là : Catalogues
d'étrennes.........
Les élections séna
toriales du Finis
tère ..ri»...........
Ceux qu'on proscrit.
Courrier b a 1 ka n i •
cjudu ^KiniKnit*
Le B. Père Marc et
l'œuvre de Dom-
rémy.........
Feuilleton : Le mou
vement social
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
joar le Jour. — Liberté I — Réponse à la
Lanterne. — Une faiblesse. — Le protec
torat de la France. — Fermetures d'éco
les et manifestations. — Les congréga
tions. — Les scellés. — Information# po«
litiques et parlementaires. — A l'Hôtel
de Ville. — Chronique électorale. —
L'affaire Humbert. — Le conflit vénézué
lien. — Tournoi franco-itallen. — A tra
vers la presse. — Lîs grève». — Lettres,
~ sciences et arts. — Cours et conférences.
— Echos de partout. — Nécrologie. —
Ouc.'ï'Q oi Bmfiav. -■■" 06 Mftr^
gueritte. — Tribunaux. — Nouvelles di
verses. — Calendrier. — Bourse et bul
letin financier. — Dernière heure.
ERREUR VOULUE
Nul n'est républicain s'il iie pense
comme nous...
Ces dix mots résument toute la
théorie dés tenants du Bloc et te
nants au Bloc. Ils ont formulé une
sorte deSyllabus, hors duquel point
de républicanisme. Vous ne, l'ac
ceptez pas ? A la porte !... ^C'est
l'excommunication.
A priopos du renouvellement sé
natorial, voici que l'audacieuse
prétention s'étale de nouveau. Les
membres de la gauche démocra
tique l'affichaient nettement, l'autre
jour, dans leur manifeste. Approu
vez-vous la politique de M. Com
bes, ce qu'il a fait, ce qu'il annonce :
vous êtes républicain. Vous .n'ap
prouvez pas, vous hésitez, vous
prétendez émettre des réserves :
vous n'êtes, plus ou moins déguisé,
qu'un réactionnaire et un cléri-
ça |
Un Méline, un Ribot, et presque
un Doumer se voient rangés parmi
les traîtres et les exclus. Eux, des
républicains; allons donc! On ne
sait pas, au juste, s'ils sont pour le
roi ou pour César; mais l'on sait
bien qu'ils sont pour la théocratie.
Excommuniés 1
Cela, simplement, parce que MM.
Méline et Ribot se permettent d'es
timer trop rigoureuse la loi contre
les congrégations, telle, surtout,
qu 'on l'applique, et semblent vou
loir défendre, en partie^ la liberté
d'enseignement. Quant à M.^ Dou
mer, on le soupçonne de viser au
pouvoir pour faire une .. politique
plus fière à l'extérieur, plus réfor
matrice à l'intérieur.
Il faut prendre le parti de se ré-
Séter. Encore une fois, donc, nous
emanderons aux sectaires et jaco
bins de quel droit ils prétendent
fermer derrière eux la République.
Oui, sur quel principe s'appuient-
ils, lorsqu'ils proclament que nous
cesserions d'être en République,
s'ils devaient renoncer a la domina
tion sans partage et si l'on venait
à suivre une politique autre que la
leur ? ■ ■ . * , , ,
Une seule définition s adapte a ce
régime. C'est le gouvernement du
peuple par le peuple. Et nous com-
Îrenons fort bien que l'on dise : —
ie régime serait faussé, il serait
modifié jusque dans son essence, le
jour où un homme confisquerait
le pouvoir....Nous comprenons que
l'on ne veuille point admettre les
plébiscitaires comme républicains.
Mais en quoi le peuple cesserait-il
d'être gouverné par Je peuple, si le
suffrage universel réclamait une
politique plus libérale et envoyait
au Parlement une majorité moins
sectaire, moins jacobine ? Et pour
quoi cesserions-nous, alors, d'être
en République? ,
Vous connaissez la réponse, y il
nous lia crie à la fois de deux côtés.
Radicaux et réfractaires nous disent
avec ensemble : — Parce que la Ré
publique n'est pas rien qu'une for
me de gouvernement, c'est aussi
une doctrine.... Et nous répliquons:
— C'est une doctrine, tant que le
suffrage universel, qui est le seul
maître, veut bien de cette doctrine^
là. Mais le jour où il donnera 1 or
dre de suivre une autre politique,
délaisser l'Eglise tranquille pour
rétablir la paix, remettre 1 équili
bré dans les finances et travailler
aux réformes sociales trop atten
dues, il faudra lui obéir. Et si les
sectaires et les jacobins^ sa révol
tent, ils s'insurgeront contre le pou
voir légitime en République, c est-
à-dire contre la République elle-
même.... -
La République est une docul nei
Qu'est-ce i donc, ici, qu'une doc
trine? Sans doiite, ce qui distingue
une forme de gouvernement des au
tres formes de gouvernement. Nous
demandons en quoi la persécution
religieuse et l'oppression des cons
ciences distinguent nécessairement
la République de la monarchie-
Est-ce qu'il n'y a pas eu des répu
bliques, incontestablement telles,
qui n'ont ni persécuté, ni opprimé ?
On en conaaît même à l 'heure pré*
sente. Est-ce qu'il n'y a pas eu des
monarchies qui ont fait la guerre,
et très vive et très perfide, à l 'E
glise? On en voit même à l 'heure
actuelle. Que nous disent-ils donc,
alors, avec leur prétendue doctrine
républicaine, essentiellement répu
blicaine, ces jacobins qui copient
simplement les mauvais rois? v
Non seulement ils les copient,
mais ils s'en vantent. Si on leur
adresse des reproches, si on veut
leur faire honte : —; Eh I s'écrient-
ils, voilà bien du tapage, et quelle
injustice! Ne suivons-nous pas tout
uniment les vieilles traditions fran
çaises et gallicanes?.L'histoire de
la monarchie est pleine de ses lut
tes pour le maintien de la supréma
tie du pouvoir civil. Contre l'Eglise
qui continue à vouloir dominer l'E
tat, nous continuons à défendre ce
dernier....
». Et vous appelez cela, fièrement,
la dootrin© républicaine. Et vous
excommuniez vos adversaires, vous
dites qu'on n'est pas républicain
dès lors que, sous un régime qui
doit avoir la liberté pour base, on
ne veut pas suivre les traditions
autoritaires de la monarchie et de
l'Empire!
Les sectaires et les jacobins ne
seraient que de mauvais farceurs,
s'ils n'étaient aussi et surtout d'o
dieux tyrans. Capables de fran
chise, ils diraient : — La Répu
blique, c'est nous, simplement parce
que nous entendons la garder en
nos mains pour satisfaire, jusqu'à
sursaturation, nos appétits et nos
haines.... Jamais, bien entendu, ils
ne tiendront ce langage ; mais quand
le pays, grâce à notre persévérance
et à notre netteté, ne verra plus
dans les libéraux des ennemis de la
République,le jeu des persécuteurs
sera vite percé à jour.
Pierre Vïuillot.
—__—»——.. ...——.
mLLBTltH
Le gouvernement vient de supprimer
le traitement de Mgr l'évêque de Nice. :
. Le noble prélat avait revendiqué
Vhonneur d'être compris parmi ceux-do
ses courageux collègues frappés par M.
Combes, pour aveir pris une part di
recte à l'élaboration de ce que Von con
tinue, chez les sectaires, à appeler lé
« manifeste » de l'épiscopat.
Au Vénézuéla, le blocus a été déclaré
hier à là Guayra par l'Allemagne et
l'Angleterre.
M. Balfour a fait, à la Chambre des
communes, des déclarations fort com
mentées ; il aproclamé notamment que
les neutres n'ont pas à. être consultés
quand on se trouve en état de guerre
a»ec une tierce partie.
Les Etats-Unis, plus spécialement
touchés dans leurs intérêts commerciaux,
sont décidés à ne point accepter cette
théorie..
Le conseil des ministres espagnol s'est
réuni hier \ M. Silvela a déclaré qu'on
ne s'occuperait point dans cette séance
1 de la note du Vatican, encore in suffi
samment étudiée.
Les ministres se sont mis d'accord
{pour apporter une dérogation au trop
I fameux décret de M. Romanones sur
l'enseignement du catéchisme en langue
castillane. Cet enseignement sera donné
• aux élèves dans la langue qu'ils con-
' naissent.
Toujours en Espagne, le général de
Bourbon Castelvi, fils du duc de Sé-
ville, et cousin du roi, a été arrêté
comme président d'un cercle, où se pra
tiquaient des jeux interdits ; il a été re
mis en liberté après avoir été interrogé
par le capitaine général.
Le groupe jeune'tchèque de la Cham
bre autrichienne répond aux proposi
tions des Allemands de Bohême par un
mémoire qui insiste pour le règlement
de la question des langues sur les bases
de l'égalité complète.
Les jeunes Tchèques se montrent dis-
posés i négocier avec les Allemands
pour le rétablissement de la paix inté
rieure.
La Chambre des représentants de;
Washington a voté un crédit de 500,000'
dollars pour permettre à. l'attorney gé
néral de poursuivre ceux qui violent les
lois sur les trusts.
La Chambre japonaise vient d'être
prorogée pour cinq jours à la suite d'un
désaccord survenu entre le gouverne-"
ment et la majorité de la Chambre con
cerna nt la question de l'impôt fon»
cier. ■ • - *
Il s'agit de la surtaxe de cet impôt qui
expire cette année, et dont le gouverne-,
ment réclame le vote à nou veau. .
EnEaxti,le général Nord' s'est fait*
acclamer comme président ; un combat
sanglant a eu lieu mardi, dans lequel'
plusieurs personnes ont été blessées»
. .. i i- , » . . . ...
NOUVELLES DE E0M1
Rome, 16 décembre.
Oe matin, en présence du Souverain
Pontife, la Sacrée Congrégation des Ri
tes B'egt réunie, et ses membres ont émis
leur vote en ce qui concerne l'héroïcité
vertus du Vénérable Jean Eudes,
fondateur êe la congrégation de Jésus et
Marie, et {le l'Œf&ê de Notre-Dame de la
Charité,
L'HQMHEUR ET LA PEINE
Le traitement de Mgr Chapon,
évêque de Nice, est supprimé.
Si habitué que l'on puisse être à
ces mesures illégales et violentes ;
si naturel qu'il soit qu'un homme
pareil à M. Combes n'accomplisse
que des iniquités, — la suppression
d'un traitement ecclésiastique est
toujours une action qui révolte.
On ressent toujours un sentiment
de honte et un mouvement d'indi
gnation à voir le gouvernement
français, non seulement se com
porter comme un pouvoir tyranni-
que, mais encore se conduire en
malhonnête homme.
Mais la suppression de ce trai
tement offre un caractère tout par
ticulier. Cette mesure a été récla-
clamée par celui qui en est la vic
time.
M. Combes affichait la prétention
de frapper ceux que son insolence
appelle les c meneurs » de l'épis
copat. Mgr l'évêque de Nice a été
surpris qu'on l'épargnât.
Les policiers de la direction des
cultes ont, en effet, voléNleurs ga
ges, en oubliant de dénoncer Mgr
Chapnn parmi -les prélats qui ont
assumé la noble et courageuse ini*
tiative de la pétition épiscopale.
Mgr Chapon est un des plus « com
promis » parmi ces « criminels ».
Aussi a-t il demandé, par une lettre
au président du conseil, à partager
le châtiment.
M. Combes a satisfait cette légi
time ambition.
On se souvient que, naguère, l'é
vêque de Nice avait dignement et
fièrement repoussé la croix que vou
lait lui infliger M. Waldeck-Rous-
seau.
Il avait, ce jour-là, refusé d'être à
l'honneur.
Il revendique, aujourd'hui, le
droit d'être à la peine.
C'est que, sous ce gouvernement
de méprisables sectaires, l'honneur
devient une humiliation, tandis
que la peine devient une gloire.
Nous félicitons respectueuse
ment Mgr l'évêque de Nice de l'a
voir si- éloquemment, par ces deux
grands actes, affirmé.
P. V.
Aïï JOUR LE JOÏÏR
« Un scandale clérical. »
Tel est le titre qui, dans la Petite Ré
publique de oe matin, a frappé nos
yeux.
Justement alarmés, nous avons lu.
Il B'agit d'un prêtre qui, dans une
commune de la banlieue parisienne, a
osé suivre un enterrement... en sur
plis.
Notre époque, on le sait, compte si peu
de < Bcandales », qu'il était absolument
nécessaire de dénoncer oelui-là.
'•
• •
. Un journal prétend que M. Stanislas
Meunier, professeur au Muséum, vient
de découvrir un volcan en formation soub
le sol parisien ! !
Dana une communication qu'il a faite
oeB jours-ci à l'Académie des Boiences,
M. Stanislas Meunier aurait déclaré qu'il
existe une « soufrière » naissante sous le
boulevard Saint-Martin et la place de la
République.
Terrible, n'eBt-ce pas ?Mais nous prions
tout de même nos lecteurs de ne pas
s'émouvoic. Il n'existe aucun exemple de
volcan entrant en activité en dehors du
voisinage immédiat de la mer.
L'affaire de Tours, o'est à-dire l'his
toire de ces officiers punis par M. André
après avoir été insultés par un chanteur
de café concert, a donne un regain d'au-
[ dace aux pîtres qui font profession de vi
lipender l'armée dans leurs chansons,
avec la complaisante approbation de la
censure.
Il paraît que le « genre » B 'appelle dé«
] sormais le « genre Montéhus » — du nom
! de guerre adopté par Tinsulteur Bruns-
' wick, dont il Berait peut-être curieux
d'examiner l'acte de naissance.
Oe chanteur a des façons charmantes,
nous dit-on. Par exemple, il a l'habitude
de cracher toutes les fois qu'il prononce
le mot « épaulette ».
Parmi ceux qui l'applaudissent à TourB,
on a remarqué des jeunes gens qui vont
tirer au sort l'an prochain. Bons soldats,
et sur lesquels la patrie pourra compter I
Les Montéhus sont désormais sacrés.
Le ministre de la guerrre les protège.
Ne voub avisez paB d'aller les Biffler, au
moiQB. La canaille vous lapidera impu
nément, et vos protestations seront étouf
fées par la double acclamation désormais
classique : « Vive Montéhus! Vive An
dré !»
• *
On sait que rÔpéra*Oomique vient de
donner la première d'une pièce intitulée
la Carmélite, oà l'on met en scène La
Vallière et Louis XIV.
Pour avoir une idée de la merveilleuse
poésie de M. Catulle Mendès, auteur du
livret, citons ces quelques vers dans les
quels le roi exprime son amour à La
Vallière:
D'être adoré,
Je vous adore,
Soleil doré
' Par votre aurore !
MaiB ce chef d'œuvre n'est rien auprès
; du cantique de Mlle de La Vallière à la
i Vierge Marie : ~
Mère ! Très sainte mère ! .
Noire est la nuit, la mer aψre,
Et tout le monde e»t orphelin..
Et par vous toute âme est guérie
i
Marie
Prairie
Des agneaux
Fleurie
Aux bourreaux
Marie
Prairie
Fleurie
Marie
Prairie
Patrie ! .
S'il faut être... ! Non, nous n'achevons
pas, et nous laissons à nos lecteurs le
soin de trouver l'épithète.
m
• A
Les fenêtres de Calino donnent sur la
cour de récréation d'un pensionnat.
— C 'est curieux, dit» il, il y a dix ans
que j'habite ici et leB petites filles, ne
grandissent pas I
LIBERTÉ !
Le Temps publie la note suivante :
1 Le conseil départemental de l'enseigne-
: ment primaire des Bouches-du-Rhônea dé-
; cidé l'interdiction, pour les instituteurs et
i les institutrices, d'accompagner les enfants
aux offices religieux. Jusqu'à ce jour, ils
i avaient la latitude de le faire.
Quel respect de la libert é on professe
, au conseil départemental de l'enseigne»
; ment primaire dans les Bouches-du-
. lihône. On refuse aux inBtituteurs et ins-
> titutriceB « la latitude d'accompagner les
I enfants aux offices religieux » ! N'y aura-
i t-il pas des tyranneaux dé village qui
| s'armeront de cette décision pour inter-
j dire aux instituteurs et institutrices, sous
| prétexte de neutralité et de liberté de
? conscience, de paraître à l'église? IJé-
; las 1 ils pourront s'appuyer de l'autorité
i de Rochefort !
REPONSE k U " LAITERIE "
j En constatant avant-hier qu'un
j opéra-comique de MM. Catulle Men-
i dès et Raynaldo Ilahn transportait
jsur les planches d'un, théâtre sub-
j ventionné une cérémonie religieuse,
i ■— la prise d'habit de Mme de la
i Vallière, — nous protestions con-
ï tre cette scène qui ne pouvait que
! froisser et peiner ies catholiques,
!■— en ce moment surtout,et nous
jnous étonnions que M." Albert Car-
I ré, directeur de l'Opéra-Comique,
ne l'eût pas compris.
La Lanterne , relevant notre ar
ticle, déclarait hier, avec l'atticisme
dont" elle est coutumière, que les
! cérémonies religieuses — « odieu-
i ses et grotesques « — ne sont pas
déplacées au théâtre. Elle ajoutait :
Tout n'est-il pas cabotinage à l'église ?
Le prêtre ne règle-t>il pas sa messe avec
le souci d'un metteur en scène qui veut
frapper l'imsgination ?
C'est M. Albert Carré qui s'est
chargé de répondre à la Lanterne :
il a supprimé le tableau en ques
tion. Nous l'en félicitons.
Nous savions que le directeur de
l'Opéra-Comique était un homme
dégoût ; nous-constatons aujour
d'hui qu'il est aussi un homme de
courage—ce qui vaut mieux.
Par le temps qui court, il fallait,
en effet, une certaine énergie pour
prendre la mesure en question.
Peut-être M. Carré la paiera t-il
cher.
Gà et là
CATALOGUES D'ETRENNES
Divers métiers tendent à développer la
psychologie. Celui des directeurs de
grands magasins occupe, parmi ceux-ià ,ub
rang honorable. Toutes les oauBeB de leur
Buccèsjorsqu'onlesexamine.serattachect
à une connaissance profonde du oœur
humain. Le prix fixe, la faculté de ren
dre, les « occasions à tous nos comp
toirs», les» expositions générales », les
« articles défraîchis », l'agencement
même des différents c rayons » dans
l'immense bâtiment où chaque objet doit
occuper telle place et non pas une autre:
tout cela suppose un esprit d'observation
àBsez intense pour procurer en peu d'an-
néeB la prospérité sociale d'Un peuple,
Bi seulement les politiciens s'avisaient
d'appliquer, à la bonne administration
du pays, l'intérêt que mettent nos gros
commerçants au gouvernement de leurs
grandioses boutiques.
Non content de séduire ceux ou celles
qui viennent spontanément examiner bëb
trésors, le grand magasin connaît l 'art de
forcer les genB à sortir de chez eux lors
qu'ils ne pensent pas à venir. Il possède
pour cela des projectiles perfectionnés.
Ces projectiles, ce sont les catalogues, et
les bonneB âmes qui, pour convertir, leur
prochain, rêvent de « propagande par,
l'image », peuvent sans hésiter se mettre
à l'école des chefs-d'œuvre déjà créés
dans ce genre sous l'impulsion toute-puis-
Eftnte de l'intérêt personnel.
Le visiteur du jour, c'est 'le catalogue
d'étrennes. Le voilà qui arrive dans te
courrier, et qui s'impose immédiatement
à l'attention par sa couverture en cou
leurs. Lés petits enfants l'ont vu, et,
pleins d'une émotion impatiente, deman
dent instamment à le feuilleter; mais
les grands enfants le tiennent ; ce «ont
eux qui le verront d'abord. N'y a-t-il pas
des vignettes pour tous les goûts, des bi
belots, de petita meubles, des bijoux, des
façons d'objets d'art à l'usage de oeux
qui n'ont pas les rentes d'un Mécène, et
chaque objet n'est-il pas représenté avec
une netteté satisfaisante, propre à éclair
cir les idée3, à fixer une incertitude, à
orienter ùn ~~6hbix?~ Le sage dira sans
doute, comme disait Socrate — peut-être
en feuilletant les catalogues des grands
magasinB du Parthénon : « Que de oho«
ses dont je puis me passer ! > Mais les
sages, même en dehors de la période
électorale, sont ici-bas la minorité, et le
cri du cœur de beaucoup de genB, en
tournant les pages tentatrices, est au con
traire : « Que de choses dont nous au «
rions besoin ! » Ce qu'il y a de curieux,
o'est qu'on ne s'en était pas aperçu !
Papa et maman ont ini. Les raioohes
commencent. Les petites têtes se co
gnent pour mieux voir. En avant le dé
filé des jouets! Quel délice ! quel rêve
Hé quoi ! l'ombre des jeux serait un jeu
plus amusant qve bien d 'autreB ? Pour
quoi pas? Le oatalbgue des jouets est à
l'enfant Oe que l'imagination est à l'hom
me. Il lui permet de savourer, en peu
d'instants, une multitude de distractions
les plus diverseB, comme la « folle du
logis » permet au pauvre diable de se
voir, en une minute, roi, empereur, Amé
ricain milliardaire ou seulement député
ohéquard. Beaucoup d'entre nous n'ont
pas connu, dans leur enfance, un tel
raffinement de plaisir, et, privés de cet
avant'goût intellectuel, ont reçu leurs
jouets innaoemment, sans se douter qu'il
pût en exister d'autres. Ils sont nés trop
: tôt, dans un Biècle trop jeune, avant la
civilisation et le progrès.
Mais voilà : y a-t -il progrès? Ce plaisir
supplémentaire octroyé à nos bambins
! modernes ne porte-t-il pas avec lui sa
rançon ? Le cadeau du Jour de l'an était
jadis une Burprise ; même modeste, il
comblait de joie; l'impossibilité de le
comparer avec beaucoup d 'autres portait
l'enfant à s'en éprendre sans - arrière-
pensée, d'un smour serein et absolu,
i Aujourd'hui, écoutez déjà, quinze jours,
troiB semaines avant la grande échéan
ce, les exclamations de notre ca
pricieux petit monde : « Moi, je veux ce*
: ci ! moi, je ^veux cela! » Et, si ce n 'eBt
paB ceci, si ce n 'est pas cela, tel cœur de
; blondin ou de blondine sera gros de dé
ception.il y a même ceux qui voudraient
tout-, et qui seront évidemment les pluB
malheureux de la bande. Quelle que soit
la réalité, elle est toujours, en oe cas, si
inférieure à l'idéal ! Mieux valait que l'i
déal restât dans ses nuages, et ne dévoi
lât point, à des regards trop brillants de
convoitise, sa décevante beauté.
Le catalogue de jouets Templit peut-
être son rôle parmi les causes qtû con
tribuent à former l'enfant « nouveau
j su », l 'enfant trop éclairé, trop averti, à
qui c on ne la fait pas à l'oseille ». S 'il a
bonne mémoire, il peut mettre un prix
exact, francs et centimes, sur ia boîte de
Eoldats dont le gratifiera une tendre mar
raine, ou sur la poupée — pas grosse
peut-être — confiée à ses soins maternels
par quelque grand'mère obligée à l'éco»
nomie. Il est fâcheux, dans ces circons
tances, que telle image et iel chiffre
soient trop présents à l'esprit du petit»
fils- ou du filleul, et qu'il puisse, en ce
moment solennel, s'éorier d'un air en
tendu : « Ah ! oui! je m 'en souviens! j 'ai
vu ça datas le catalogue !»
Heureusement qu'en définitive la plu
part de ces bonneB petites cervelles sont
légères. Le plomb aura tout le temps d'y
venir. Ne hâtons pas trop oe moment.
Du plomb, il en viendra trop peut«être.
Il en viendra dans la tête, il en viendra
dans le cœur. Laissons ce métal aux pe
tits soldats qui en ont besoin pour garder
leur assiette. LeB enfants d'aujourd'hui
ont trop de facilités pour devenir des
hommes et les hommes trop peu de loi
sirs pour redevenir des enfants. Il est
pourtant doux, comme il l'était à LaFon-
taine d'ouïr conter Peau d'^Lne, d'initier
de jeunes intelligences aux profonds se
crets du loto, ou de leur apprendre à
inaugurer, au moyen de leurs a cons
tructions », dès styles d'architecture iné
dits, ou de se créer momentanément, en
aidant de frêleB moutons à se tenir debout,
une atmosphère d'idylle, ou enfin d'ins
truire les jeunes généraux dans les prin
cipes de la tactique et de ia Btratégie.
Gabriel d'Azambuja.
LES
ilEHIOÏS SÉSATflBIilIS M ÎIÏISIÈE!
Voici un extrait du programme
« des candidats républicains » séna
toriaux du Finistère :
La République est actuellement hors
de contestation, affermie par plus de
trente ans d'existenoe.
Elle est la forme du gouvernement
qui, à l'heure présente est, à n'en pas
douter, la seule capable d'assurer au
pays l'ordre, la paix et la stabilité dont
il a tant besoin.
Mais ce que demande, oe que veut no>
tre] démocratie, ce n'eBt pas une répu
blique de parti, c'est une république ou
verte à toutes les adhésions loyales.
Nous sommes pour le maintien de la
const^ution républicaine de 1875, et, par
conséquent, contre, toute tentative mo
narchique, plébiscitaire ou révolution
naire.
Partisans convaincus de toutes les li
bertés, nous respectons toutes les convic
tions sincères, politiques, religieuses ou
philosophiques.
Nous sommes pour la liberté deB asso
ciations aussi étendue que possible, et,
par suite, favorable aux demandes d'au
torisation formées par les congrégations
existantes.
Nous sommes pour le maintien du
Concordat, estimant que l'Etat et l'Eglise
peuvent vivre en bonne intelligence dans
les conditions fixées par ce contrat so
lennel.
Nous sommes partisans de la liberté
de conscience et de la liberté du ouUe.
Nous vouions la liberté d'enseigne
ment sous réserve de la collation dea
grades et de l'inspection des établisse*
ments libres par l'Etat. Noub repoussons
le stage scolaire et toute atteinte à la li«
berté du père de famille.
Nous voulons que toua les citoyens,'
égaux aux yeux de la loi, soient égale*
ment admissibles à toutes les dignités,
places et emplois publics, selon leur ca
pacité, leur vertu et leurs talents, ainsi
que le proclame la Déclaration des Droitg
de l'homme.
Dans l'intérêt du pays, comme dans
celui de l'ouvrier, victime de la fré
quence des grèves, nous réprouvons
énergiquement les doctrines sectaires
collectivistes et antisociales qui, depuis
quelques années/troublent si profondé
ment la nation.
Enfin, nous nous élevonB énergique*
ment oontre toutes les mesures entra-;
vant l'usage du breton, et vous pouvez
compter sur nous pour défendre la lan-
-gue de nos ancêtres.
Répubiioains sincères, nous venons de
vous exposer, chers conoitoyenB, les
grandes lignes du programme d'union
républicaine et libérale qui est le nôtre
et que vous avez déjà approuvé par vos
suffrages à diverses reprises.
Notre politique n'est pas celle du mi
nistère actuel, o'est vous dire que nous
ne pourrons pas le soutenir de noB votes.
D elobeau , vice-président du
conseil général, sénateur
sortant ; P ichon , maire de
Tréflez, Bé^ateur sortant;
P orquier , maire de Quim-*
per, sénateur sortant ; B on-
duelle , conseiller général;
L e B olloch , maire de Mor-
laix, président du conseil
d'arrondissement.
Ce manifeste électoral a l'avan
tage d'être très nettement antimi
nistériel et_ de donner satisfaction*
aux catholiques en ce qui concerne
les libertés d'association et d'en
seignement ainsi que l'usage de la'
langue bretonne. C'est le résultat
de la politique pratiquée par nos
amis du Finistère. Nous croyons*
que les deux autres sénateurs sor
tants, MM. de Chamaillard et d3'
Cuverville, pourraient signer ce
programme. Pourquoi donc la ma
jorité républicaine du conseil géné
ral du Finistère a-t-elle refusé de
les admettre ? Si l'on veut sincère
ment « une république ouverte à;
toutes les adhésions loyales », il
faut le montrer par des actes,
comme nos amis ont prouvé la sin
cérité de leur républicanisme en
élisantM. Pichon et M. Porquier.
Il est regrettable que des libéraux
pratiquent encore contre les ralliés
ces excommunications politiques
dont eux-mêmes sont victimes de la
part des ministériels et des radi
caux, comme ceux-ci le seront un
jour de la part des socialistes. Nos
amis ne répondront pas à une ex
clusion sans motif par une exclusion
que la première justifierait. Ils vo
teront pour les cinq sénateurs sor
tants, parce qu'ils veulent en toute
sincérité « non pas une république
de parti, mais une république ou
verte à toutes les adhésions lova-'
les ». Les adhésions de MM. de Cu
verville et de Chamaillard, dont le-
rôle politique et parlementaire fait
honneur au département qu'ils re
présentent, sont de celles-là.
A. B. G.
CEUX QU'ON PROSCRIT
Les Chartreux.
Le gouvernement fournit eur les Char
treux un rapport de police.
On pourrait, vu son ton, ne point dis
cuter sa portée prétendue historique pour
ne s'occuper que des propos de mauvaise
langue qui le terminent; mais les scribeB
de M. Combes ont une manière d'écrire
l'histoire qui vaut qu'on B'y arrête.
c L'exposé des motifs » bous apprend
que la fameuse autorisation de 1816 ne
: vaut rien .paroe qu 'elle n 'a pas été donnée
dans les formes. Il veut nous accabler
! avec une délibération du Conseil d'Etat,
qui a traoé, en 1817, une marche à sui
vre légale, laquelle n'a pas. été suivie du
tout, et conclut en citant une lettre du
miniBtre deB affaires ecclésiastiques de
Charles X, qui lui semble écrasante.
P uiB il ne s'arrête pluB qu'en 1857 pour
nier encore toute autorité aux déclara
tions administratives de l'empire. MaiB
entre ces deux dates, il B 'est passé biea
des années et bien des choses, et parmi
celles qu'ignorent les savants du minis
tère des cultes, celle-ci :j
Le 20 août 1830, le baron Finot, préfet
de Grenoble, arrêtait :
Au nom du roi Louis-Philippe, roi des
Français,
Nous, préfet du département de l'Isère
officier de la Légion d'honneur, ordonnons
& touîe force armée, garde nationale et
autre, de respecter et protéger le couvent
dit de la Grande Chartreuse, ainsi que les
religieux qui le composent, cette société
ayant été formée en vertu des leis établies
et ayant été autorisée par le gouverne»
ment.
Invitons MM. les maires des communes
environnantes et M. le juge de paix du can>
ton & prendre toutes les mesures, et à don
ner tous leB ordres nécessaires pour aua
lesdlts religieux ne soient point troubiég
dans 1 exercice de leur culte, et pour qu'il
ne soit porté aucune atteinte soit & leur
clôture, soit à leur personne, soit aux pro.
prlétés dont la jouissance leur a été aban- »
donnée par l'Et.-t-
Déclarons être dans l'intention de pour
suivre devant les" tribunaux et de faire
punir, suivant toute la sévérité des lois
c„orome ayant usurpé l'autorité légale, qui
conque • se permettrait, sans être muni
d un ordre formel émané de nous.de s'in
troduire gar violence dans l'enceinte dudit
Vextârèdi 19 Bêûei&bt^ HQ02
frwrin^nftnrwirt^
Sdiiton qitftlidUttttft *• 11,£77
S^siîy
s
Vendredi 19 Décembre 1003
wœaaBMs
SOITZON QUOTXDXSHKX
■ '" ■ PARIS ÉTRANGES .
'ïf département! ' (union POSTUf)
On" an.'.......; 25 » SQ »
Six mois...... 13 » 19 »
Troie mois..... 7 » -10 »
Ss «i abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois -
ÇSÏ NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
fëÇSS&trX : Paris, rue Cassette, 17 (VI* arr.)
ÉDITION SEMI-QUOTEDIENïfll
PARIS '■ ''' ÉTRANGES^:
ïï départements (union postais} s
On au......... 13 » 20 »
Six mois. 7 » 11 » y
Trois mois..... 4 » 5 60
ssrr
Qu s'abonne & Rome, place du Gesù, I
LE MONDE
Lea abonnements partent des 1" et 16 de chaque aolà
L'UNIVERS nt répond pas des manuscrits qui lui sont i
jne mois
ANNONCES
IIM. LAGRA.NGE, CERF et G 1 *, 6, place de la Bourse
Sf .
S
PARIS. 18 DÉCEMBRE 1901
SOMMAIRE]
plsjure VfiOlUOV.
F. V.
G. B 'A ZAMBUM..
A.B. G.
Ernes* Biuiei.
0.
Edouard Alexandre
Max Tïrmann.
Erreur voulue. ....
La peine .et 1 hon
neur
Çà et là : Catalogues
d'étrennes.........
Les élections séna
toriales du Finis
tère ..ri»...........
Ceux qu'on proscrit.
Courrier b a 1 ka n i •
cjudu ^KiniKnit*
Le B. Père Marc et
l'œuvre de Dom-
rémy.........
Feuilleton : Le mou
vement social
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
joar le Jour. — Liberté I — Réponse à la
Lanterne. — Une faiblesse. — Le protec
torat de la France. — Fermetures d'éco
les et manifestations. — Les congréga
tions. — Les scellés. — Information# po«
litiques et parlementaires. — A l'Hôtel
de Ville. — Chronique électorale. —
L'affaire Humbert. — Le conflit vénézué
lien. — Tournoi franco-itallen. — A tra
vers la presse. — Lîs grève». — Lettres,
~ sciences et arts. — Cours et conférences.
— Echos de partout. — Nécrologie. —
Ouc.'ï'Q oi Bmfiav. -■■" 06 Mftr^
gueritte. — Tribunaux. — Nouvelles di
verses. — Calendrier. — Bourse et bul
letin financier. — Dernière heure.
ERREUR VOULUE
Nul n'est républicain s'il iie pense
comme nous...
Ces dix mots résument toute la
théorie dés tenants du Bloc et te
nants au Bloc. Ils ont formulé une
sorte deSyllabus, hors duquel point
de républicanisme. Vous ne, l'ac
ceptez pas ? A la porte !... ^C'est
l'excommunication.
A priopos du renouvellement sé
natorial, voici que l'audacieuse
prétention s'étale de nouveau. Les
membres de la gauche démocra
tique l'affichaient nettement, l'autre
jour, dans leur manifeste. Approu
vez-vous la politique de M. Com
bes, ce qu'il a fait, ce qu'il annonce :
vous êtes républicain. Vous .n'ap
prouvez pas, vous hésitez, vous
prétendez émettre des réserves :
vous n'êtes, plus ou moins déguisé,
qu'un réactionnaire et un cléri-
ça |
Un Méline, un Ribot, et presque
un Doumer se voient rangés parmi
les traîtres et les exclus. Eux, des
républicains; allons donc! On ne
sait pas, au juste, s'ils sont pour le
roi ou pour César; mais l'on sait
bien qu'ils sont pour la théocratie.
Excommuniés 1
Cela, simplement, parce que MM.
Méline et Ribot se permettent d'es
timer trop rigoureuse la loi contre
les congrégations, telle, surtout,
qu 'on l'applique, et semblent vou
loir défendre, en partie^ la liberté
d'enseignement. Quant à M.^ Dou
mer, on le soupçonne de viser au
pouvoir pour faire une .. politique
plus fière à l'extérieur, plus réfor
matrice à l'intérieur.
Il faut prendre le parti de se ré-
Séter. Encore une fois, donc, nous
emanderons aux sectaires et jaco
bins de quel droit ils prétendent
fermer derrière eux la République.
Oui, sur quel principe s'appuient-
ils, lorsqu'ils proclament que nous
cesserions d'être en République,
s'ils devaient renoncer a la domina
tion sans partage et si l'on venait
à suivre une politique autre que la
leur ? ■ ■ . * , , ,
Une seule définition s adapte a ce
régime. C'est le gouvernement du
peuple par le peuple. Et nous com-
Îrenons fort bien que l'on dise : —
ie régime serait faussé, il serait
modifié jusque dans son essence, le
jour où un homme confisquerait
le pouvoir....Nous comprenons que
l'on ne veuille point admettre les
plébiscitaires comme républicains.
Mais en quoi le peuple cesserait-il
d'être gouverné par Je peuple, si le
suffrage universel réclamait une
politique plus libérale et envoyait
au Parlement une majorité moins
sectaire, moins jacobine ? Et pour
quoi cesserions-nous, alors, d'être
en République? ,
Vous connaissez la réponse, y il
nous lia crie à la fois de deux côtés.
Radicaux et réfractaires nous disent
avec ensemble : — Parce que la Ré
publique n'est pas rien qu'une for
me de gouvernement, c'est aussi
une doctrine.... Et nous répliquons:
— C'est une doctrine, tant que le
suffrage universel, qui est le seul
maître, veut bien de cette doctrine^
là. Mais le jour où il donnera 1 or
dre de suivre une autre politique,
délaisser l'Eglise tranquille pour
rétablir la paix, remettre 1 équili
bré dans les finances et travailler
aux réformes sociales trop atten
dues, il faudra lui obéir. Et si les
sectaires et les jacobins^ sa révol
tent, ils s'insurgeront contre le pou
voir légitime en République, c est-
à-dire contre la République elle-
même.... -
La République est une docul nei
Qu'est-ce i donc, ici, qu'une doc
trine? Sans doiite, ce qui distingue
une forme de gouvernement des au
tres formes de gouvernement. Nous
demandons en quoi la persécution
religieuse et l'oppression des cons
ciences distinguent nécessairement
la République de la monarchie-
Est-ce qu'il n'y a pas eu des répu
bliques, incontestablement telles,
qui n'ont ni persécuté, ni opprimé ?
On en conaaît même à l 'heure pré*
sente. Est-ce qu'il n'y a pas eu des
monarchies qui ont fait la guerre,
et très vive et très perfide, à l 'E
glise? On en voit même à l 'heure
actuelle. Que nous disent-ils donc,
alors, avec leur prétendue doctrine
républicaine, essentiellement répu
blicaine, ces jacobins qui copient
simplement les mauvais rois? v
Non seulement ils les copient,
mais ils s'en vantent. Si on leur
adresse des reproches, si on veut
leur faire honte : —; Eh I s'écrient-
ils, voilà bien du tapage, et quelle
injustice! Ne suivons-nous pas tout
uniment les vieilles traditions fran
çaises et gallicanes?.L'histoire de
la monarchie est pleine de ses lut
tes pour le maintien de la supréma
tie du pouvoir civil. Contre l'Eglise
qui continue à vouloir dominer l'E
tat, nous continuons à défendre ce
dernier....
». Et vous appelez cela, fièrement,
la dootrin© républicaine. Et vous
excommuniez vos adversaires, vous
dites qu'on n'est pas républicain
dès lors que, sous un régime qui
doit avoir la liberté pour base, on
ne veut pas suivre les traditions
autoritaires de la monarchie et de
l'Empire!
Les sectaires et les jacobins ne
seraient que de mauvais farceurs,
s'ils n'étaient aussi et surtout d'o
dieux tyrans. Capables de fran
chise, ils diraient : — La Répu
blique, c'est nous, simplement parce
que nous entendons la garder en
nos mains pour satisfaire, jusqu'à
sursaturation, nos appétits et nos
haines.... Jamais, bien entendu, ils
ne tiendront ce langage ; mais quand
le pays, grâce à notre persévérance
et à notre netteté, ne verra plus
dans les libéraux des ennemis de la
République,le jeu des persécuteurs
sera vite percé à jour.
Pierre Vïuillot.
—__—»——.. ...——.
mLLBTltH
Le gouvernement vient de supprimer
le traitement de Mgr l'évêque de Nice. :
. Le noble prélat avait revendiqué
Vhonneur d'être compris parmi ceux-do
ses courageux collègues frappés par M.
Combes, pour aveir pris une part di
recte à l'élaboration de ce que Von con
tinue, chez les sectaires, à appeler lé
« manifeste » de l'épiscopat.
Au Vénézuéla, le blocus a été déclaré
hier à là Guayra par l'Allemagne et
l'Angleterre.
M. Balfour a fait, à la Chambre des
communes, des déclarations fort com
mentées ; il aproclamé notamment que
les neutres n'ont pas à. être consultés
quand on se trouve en état de guerre
a»ec une tierce partie.
Les Etats-Unis, plus spécialement
touchés dans leurs intérêts commerciaux,
sont décidés à ne point accepter cette
théorie..
Le conseil des ministres espagnol s'est
réuni hier \ M. Silvela a déclaré qu'on
ne s'occuperait point dans cette séance
1 de la note du Vatican, encore in suffi
samment étudiée.
Les ministres se sont mis d'accord
{pour apporter une dérogation au trop
I fameux décret de M. Romanones sur
l'enseignement du catéchisme en langue
castillane. Cet enseignement sera donné
• aux élèves dans la langue qu'ils con-
' naissent.
Toujours en Espagne, le général de
Bourbon Castelvi, fils du duc de Sé-
ville, et cousin du roi, a été arrêté
comme président d'un cercle, où se pra
tiquaient des jeux interdits ; il a été re
mis en liberté après avoir été interrogé
par le capitaine général.
Le groupe jeune'tchèque de la Cham
bre autrichienne répond aux proposi
tions des Allemands de Bohême par un
mémoire qui insiste pour le règlement
de la question des langues sur les bases
de l'égalité complète.
Les jeunes Tchèques se montrent dis-
posés i négocier avec les Allemands
pour le rétablissement de la paix inté
rieure.
La Chambre des représentants de;
Washington a voté un crédit de 500,000'
dollars pour permettre à. l'attorney gé
néral de poursuivre ceux qui violent les
lois sur les trusts.
La Chambre japonaise vient d'être
prorogée pour cinq jours à la suite d'un
désaccord survenu entre le gouverne-"
ment et la majorité de la Chambre con
cerna nt la question de l'impôt fon»
cier. ■ • - *
Il s'agit de la surtaxe de cet impôt qui
expire cette année, et dont le gouverne-,
ment réclame le vote à nou veau. .
EnEaxti,le général Nord' s'est fait*
acclamer comme président ; un combat
sanglant a eu lieu mardi, dans lequel'
plusieurs personnes ont été blessées»
. .. i i- , » . . . ...
NOUVELLES DE E0M1
Rome, 16 décembre.
Oe matin, en présence du Souverain
Pontife, la Sacrée Congrégation des Ri
tes B'egt réunie, et ses membres ont émis
leur vote en ce qui concerne l'héroïcité
vertus du Vénérable Jean Eudes,
fondateur êe la congrégation de Jésus et
Marie, et {le l'Œf&ê de Notre-Dame de la
Charité,
L'HQMHEUR ET LA PEINE
Le traitement de Mgr Chapon,
évêque de Nice, est supprimé.
Si habitué que l'on puisse être à
ces mesures illégales et violentes ;
si naturel qu'il soit qu'un homme
pareil à M. Combes n'accomplisse
que des iniquités, — la suppression
d'un traitement ecclésiastique est
toujours une action qui révolte.
On ressent toujours un sentiment
de honte et un mouvement d'indi
gnation à voir le gouvernement
français, non seulement se com
porter comme un pouvoir tyranni-
que, mais encore se conduire en
malhonnête homme.
Mais la suppression de ce trai
tement offre un caractère tout par
ticulier. Cette mesure a été récla-
clamée par celui qui en est la vic
time.
M. Combes affichait la prétention
de frapper ceux que son insolence
appelle les c meneurs » de l'épis
copat. Mgr l'évêque de Nice a été
surpris qu'on l'épargnât.
Les policiers de la direction des
cultes ont, en effet, voléNleurs ga
ges, en oubliant de dénoncer Mgr
Chapnn parmi -les prélats qui ont
assumé la noble et courageuse ini*
tiative de la pétition épiscopale.
Mgr Chapon est un des plus « com
promis » parmi ces « criminels ».
Aussi a-t il demandé, par une lettre
au président du conseil, à partager
le châtiment.
M. Combes a satisfait cette légi
time ambition.
On se souvient que, naguère, l'é
vêque de Nice avait dignement et
fièrement repoussé la croix que vou
lait lui infliger M. Waldeck-Rous-
seau.
Il avait, ce jour-là, refusé d'être à
l'honneur.
Il revendique, aujourd'hui, le
droit d'être à la peine.
C'est que, sous ce gouvernement
de méprisables sectaires, l'honneur
devient une humiliation, tandis
que la peine devient une gloire.
Nous félicitons respectueuse
ment Mgr l'évêque de Nice de l'a
voir si- éloquemment, par ces deux
grands actes, affirmé.
P. V.
Aïï JOUR LE JOÏÏR
« Un scandale clérical. »
Tel est le titre qui, dans la Petite Ré
publique de oe matin, a frappé nos
yeux.
Justement alarmés, nous avons lu.
Il B'agit d'un prêtre qui, dans une
commune de la banlieue parisienne, a
osé suivre un enterrement... en sur
plis.
Notre époque, on le sait, compte si peu
de < Bcandales », qu'il était absolument
nécessaire de dénoncer oelui-là.
'•
• •
. Un journal prétend que M. Stanislas
Meunier, professeur au Muséum, vient
de découvrir un volcan en formation soub
le sol parisien ! !
Dana une communication qu'il a faite
oeB jours-ci à l'Académie des Boiences,
M. Stanislas Meunier aurait déclaré qu'il
existe une « soufrière » naissante sous le
boulevard Saint-Martin et la place de la
République.
Terrible, n'eBt-ce pas ?Mais nous prions
tout de même nos lecteurs de ne pas
s'émouvoic. Il n'existe aucun exemple de
volcan entrant en activité en dehors du
voisinage immédiat de la mer.
L'affaire de Tours, o'est à-dire l'his
toire de ces officiers punis par M. André
après avoir été insultés par un chanteur
de café concert, a donne un regain d'au-
[ dace aux pîtres qui font profession de vi
lipender l'armée dans leurs chansons,
avec la complaisante approbation de la
censure.
Il paraît que le « genre » B 'appelle dé«
] sormais le « genre Montéhus » — du nom
! de guerre adopté par Tinsulteur Bruns-
' wick, dont il Berait peut-être curieux
d'examiner l'acte de naissance.
Oe chanteur a des façons charmantes,
nous dit-on. Par exemple, il a l'habitude
de cracher toutes les fois qu'il prononce
le mot « épaulette ».
Parmi ceux qui l'applaudissent à TourB,
on a remarqué des jeunes gens qui vont
tirer au sort l'an prochain. Bons soldats,
et sur lesquels la patrie pourra compter I
Les Montéhus sont désormais sacrés.
Le ministre de la guerrre les protège.
Ne voub avisez paB d'aller les Biffler, au
moiQB. La canaille vous lapidera impu
nément, et vos protestations seront étouf
fées par la double acclamation désormais
classique : « Vive Montéhus! Vive An
dré !»
• *
On sait que rÔpéra*Oomique vient de
donner la première d'une pièce intitulée
la Carmélite, oà l'on met en scène La
Vallière et Louis XIV.
Pour avoir une idée de la merveilleuse
poésie de M. Catulle Mendès, auteur du
livret, citons ces quelques vers dans les
quels le roi exprime son amour à La
Vallière:
D'être adoré,
Je vous adore,
Soleil doré
' Par votre aurore !
MaiB ce chef d'œuvre n'est rien auprès
; du cantique de Mlle de La Vallière à la
i Vierge Marie : ~
Mère ! Très sainte mère ! .
Noire est la nuit, la mer aψre,
Et tout le monde e»t orphelin..
Et par vous toute âme est guérie
i
Marie
Prairie
Des agneaux
Fleurie
Aux bourreaux
Marie
Prairie
Fleurie
Marie
Prairie
Patrie ! .
S'il faut être... ! Non, nous n'achevons
pas, et nous laissons à nos lecteurs le
soin de trouver l'épithète.
m
• A
Les fenêtres de Calino donnent sur la
cour de récréation d'un pensionnat.
— C 'est curieux, dit» il, il y a dix ans
que j'habite ici et leB petites filles, ne
grandissent pas I
LIBERTÉ !
Le Temps publie la note suivante :
1 Le conseil départemental de l'enseigne-
: ment primaire des Bouches-du-Rhônea dé-
; cidé l'interdiction, pour les instituteurs et
i les institutrices, d'accompagner les enfants
aux offices religieux. Jusqu'à ce jour, ils
i avaient la latitude de le faire.
Quel respect de la libert é on professe
, au conseil départemental de l'enseigne»
; ment primaire dans les Bouches-du-
. lihône. On refuse aux inBtituteurs et ins-
> titutriceB « la latitude d'accompagner les
I enfants aux offices religieux » ! N'y aura-
i t-il pas des tyranneaux dé village qui
| s'armeront de cette décision pour inter-
j dire aux instituteurs et institutrices, sous
| prétexte de neutralité et de liberté de
? conscience, de paraître à l'église? IJé-
; las 1 ils pourront s'appuyer de l'autorité
i de Rochefort !
REPONSE k U " LAITERIE "
j En constatant avant-hier qu'un
j opéra-comique de MM. Catulle Men-
i dès et Raynaldo Ilahn transportait
jsur les planches d'un, théâtre sub-
j ventionné une cérémonie religieuse,
i ■— la prise d'habit de Mme de la
i Vallière, — nous protestions con-
ï tre cette scène qui ne pouvait que
! froisser et peiner ies catholiques,
!■— en ce moment surtout,et nous
jnous étonnions que M." Albert Car-
I ré, directeur de l'Opéra-Comique,
ne l'eût pas compris.
La Lanterne , relevant notre ar
ticle, déclarait hier, avec l'atticisme
dont" elle est coutumière, que les
! cérémonies religieuses — « odieu-
i ses et grotesques « — ne sont pas
déplacées au théâtre. Elle ajoutait :
Tout n'est-il pas cabotinage à l'église ?
Le prêtre ne règle-t>il pas sa messe avec
le souci d'un metteur en scène qui veut
frapper l'imsgination ?
C'est M. Albert Carré qui s'est
chargé de répondre à la Lanterne :
il a supprimé le tableau en ques
tion. Nous l'en félicitons.
Nous savions que le directeur de
l'Opéra-Comique était un homme
dégoût ; nous-constatons aujour
d'hui qu'il est aussi un homme de
courage—ce qui vaut mieux.
Par le temps qui court, il fallait,
en effet, une certaine énergie pour
prendre la mesure en question.
Peut-être M. Carré la paiera t-il
cher.
Gà et là
CATALOGUES D'ETRENNES
Divers métiers tendent à développer la
psychologie. Celui des directeurs de
grands magasins occupe, parmi ceux-ià ,ub
rang honorable. Toutes les oauBeB de leur
Buccèsjorsqu'onlesexamine.serattachect
à une connaissance profonde du oœur
humain. Le prix fixe, la faculté de ren
dre, les « occasions à tous nos comp
toirs», les» expositions générales », les
« articles défraîchis », l'agencement
même des différents c rayons » dans
l'immense bâtiment où chaque objet doit
occuper telle place et non pas une autre:
tout cela suppose un esprit d'observation
àBsez intense pour procurer en peu d'an-
néeB la prospérité sociale d'Un peuple,
Bi seulement les politiciens s'avisaient
d'appliquer, à la bonne administration
du pays, l'intérêt que mettent nos gros
commerçants au gouvernement de leurs
grandioses boutiques.
Non content de séduire ceux ou celles
qui viennent spontanément examiner bëb
trésors, le grand magasin connaît l 'art de
forcer les genB à sortir de chez eux lors
qu'ils ne pensent pas à venir. Il possède
pour cela des projectiles perfectionnés.
Ces projectiles, ce sont les catalogues, et
les bonneB âmes qui, pour convertir, leur
prochain, rêvent de « propagande par,
l'image », peuvent sans hésiter se mettre
à l'école des chefs-d'œuvre déjà créés
dans ce genre sous l'impulsion toute-puis-
Eftnte de l'intérêt personnel.
Le visiteur du jour, c'est 'le catalogue
d'étrennes. Le voilà qui arrive dans te
courrier, et qui s'impose immédiatement
à l'attention par sa couverture en cou
leurs. Lés petits enfants l'ont vu, et,
pleins d'une émotion impatiente, deman
dent instamment à le feuilleter; mais
les grands enfants le tiennent ; ce «ont
eux qui le verront d'abord. N'y a-t-il pas
des vignettes pour tous les goûts, des bi
belots, de petita meubles, des bijoux, des
façons d'objets d'art à l'usage de oeux
qui n'ont pas les rentes d'un Mécène, et
chaque objet n'est-il pas représenté avec
une netteté satisfaisante, propre à éclair
cir les idée3, à fixer une incertitude, à
orienter ùn ~~6hbix?~ Le sage dira sans
doute, comme disait Socrate — peut-être
en feuilletant les catalogues des grands
magasinB du Parthénon : « Que de oho«
ses dont je puis me passer ! > Mais les
sages, même en dehors de la période
électorale, sont ici-bas la minorité, et le
cri du cœur de beaucoup de genB, en
tournant les pages tentatrices, est au con
traire : « Que de choses dont nous au «
rions besoin ! » Ce qu'il y a de curieux,
o'est qu'on ne s'en était pas aperçu !
Papa et maman ont ini. Les raioohes
commencent. Les petites têtes se co
gnent pour mieux voir. En avant le dé
filé des jouets! Quel délice ! quel rêve
Hé quoi ! l'ombre des jeux serait un jeu
plus amusant qve bien d 'autreB ? Pour
quoi pas? Le oatalbgue des jouets est à
l'enfant Oe que l'imagination est à l'hom
me. Il lui permet de savourer, en peu
d'instants, une multitude de distractions
les plus diverseB, comme la « folle du
logis » permet au pauvre diable de se
voir, en une minute, roi, empereur, Amé
ricain milliardaire ou seulement député
ohéquard. Beaucoup d'entre nous n'ont
pas connu, dans leur enfance, un tel
raffinement de plaisir, et, privés de cet
avant'goût intellectuel, ont reçu leurs
jouets innaoemment, sans se douter qu'il
pût en exister d'autres. Ils sont nés trop
: tôt, dans un Biècle trop jeune, avant la
civilisation et le progrès.
Mais voilà : y a-t -il progrès? Ce plaisir
supplémentaire octroyé à nos bambins
! modernes ne porte-t-il pas avec lui sa
rançon ? Le cadeau du Jour de l'an était
jadis une Burprise ; même modeste, il
comblait de joie; l'impossibilité de le
comparer avec beaucoup d 'autres portait
l'enfant à s'en éprendre sans - arrière-
pensée, d'un smour serein et absolu,
i Aujourd'hui, écoutez déjà, quinze jours,
troiB semaines avant la grande échéan
ce, les exclamations de notre ca
pricieux petit monde : « Moi, je veux ce*
: ci ! moi, je ^veux cela! » Et, si ce n 'eBt
paB ceci, si ce n 'est pas cela, tel cœur de
; blondin ou de blondine sera gros de dé
ception.il y a même ceux qui voudraient
tout-, et qui seront évidemment les pluB
malheureux de la bande. Quelle que soit
la réalité, elle est toujours, en oe cas, si
inférieure à l'idéal ! Mieux valait que l'i
déal restât dans ses nuages, et ne dévoi
lât point, à des regards trop brillants de
convoitise, sa décevante beauté.
Le catalogue de jouets Templit peut-
être son rôle parmi les causes qtû con
tribuent à former l'enfant « nouveau
j su », l 'enfant trop éclairé, trop averti, à
qui c on ne la fait pas à l'oseille ». S 'il a
bonne mémoire, il peut mettre un prix
exact, francs et centimes, sur ia boîte de
Eoldats dont le gratifiera une tendre mar
raine, ou sur la poupée — pas grosse
peut-être — confiée à ses soins maternels
par quelque grand'mère obligée à l'éco»
nomie. Il est fâcheux, dans ces circons
tances, que telle image et iel chiffre
soient trop présents à l'esprit du petit»
fils- ou du filleul, et qu'il puisse, en ce
moment solennel, s'éorier d'un air en
tendu : « Ah ! oui! je m 'en souviens! j 'ai
vu ça datas le catalogue !»
Heureusement qu'en définitive la plu
part de ces bonneB petites cervelles sont
légères. Le plomb aura tout le temps d'y
venir. Ne hâtons pas trop oe moment.
Du plomb, il en viendra trop peut«être.
Il en viendra dans la tête, il en viendra
dans le cœur. Laissons ce métal aux pe
tits soldats qui en ont besoin pour garder
leur assiette. LeB enfants d'aujourd'hui
ont trop de facilités pour devenir des
hommes et les hommes trop peu de loi
sirs pour redevenir des enfants. Il est
pourtant doux, comme il l'était à LaFon-
taine d'ouïr conter Peau d'^Lne, d'initier
de jeunes intelligences aux profonds se
crets du loto, ou de leur apprendre à
inaugurer, au moyen de leurs a cons
tructions », dès styles d'architecture iné
dits, ou de se créer momentanément, en
aidant de frêleB moutons à se tenir debout,
une atmosphère d'idylle, ou enfin d'ins
truire les jeunes généraux dans les prin
cipes de la tactique et de ia Btratégie.
Gabriel d'Azambuja.
LES
ilEHIOÏS SÉSATflBIilIS M ÎIÏISIÈE!
Voici un extrait du programme
« des candidats républicains » séna
toriaux du Finistère :
La République est actuellement hors
de contestation, affermie par plus de
trente ans d'existenoe.
Elle est la forme du gouvernement
qui, à l'heure présente est, à n'en pas
douter, la seule capable d'assurer au
pays l'ordre, la paix et la stabilité dont
il a tant besoin.
Mais ce que demande, oe que veut no>
tre] démocratie, ce n'eBt pas une répu
blique de parti, c'est une république ou
verte à toutes les adhésions loyales.
Nous sommes pour le maintien de la
const^ution républicaine de 1875, et, par
conséquent, contre, toute tentative mo
narchique, plébiscitaire ou révolution
naire.
Partisans convaincus de toutes les li
bertés, nous respectons toutes les convic
tions sincères, politiques, religieuses ou
philosophiques.
Nous sommes pour la liberté deB asso
ciations aussi étendue que possible, et,
par suite, favorable aux demandes d'au
torisation formées par les congrégations
existantes.
Nous sommes pour le maintien du
Concordat, estimant que l'Etat et l'Eglise
peuvent vivre en bonne intelligence dans
les conditions fixées par ce contrat so
lennel.
Nous sommes partisans de la liberté
de conscience et de la liberté du ouUe.
Nous vouions la liberté d'enseigne
ment sous réserve de la collation dea
grades et de l'inspection des établisse*
ments libres par l'Etat. Noub repoussons
le stage scolaire et toute atteinte à la li«
berté du père de famille.
Nous voulons que toua les citoyens,'
égaux aux yeux de la loi, soient égale*
ment admissibles à toutes les dignités,
places et emplois publics, selon leur ca
pacité, leur vertu et leurs talents, ainsi
que le proclame la Déclaration des Droitg
de l'homme.
Dans l'intérêt du pays, comme dans
celui de l'ouvrier, victime de la fré
quence des grèves, nous réprouvons
énergiquement les doctrines sectaires
collectivistes et antisociales qui, depuis
quelques années/troublent si profondé
ment la nation.
Enfin, nous nous élevonB énergique*
ment oontre toutes les mesures entra-;
vant l'usage du breton, et vous pouvez
compter sur nous pour défendre la lan-
-gue de nos ancêtres.
Répubiioains sincères, nous venons de
vous exposer, chers conoitoyenB, les
grandes lignes du programme d'union
républicaine et libérale qui est le nôtre
et que vous avez déjà approuvé par vos
suffrages à diverses reprises.
Notre politique n'est pas celle du mi
nistère actuel, o'est vous dire que nous
ne pourrons pas le soutenir de noB votes.
D elobeau , vice-président du
conseil général, sénateur
sortant ; P ichon , maire de
Tréflez, Bé^ateur sortant;
P orquier , maire de Quim-*
per, sénateur sortant ; B on-
duelle , conseiller général;
L e B olloch , maire de Mor-
laix, président du conseil
d'arrondissement.
Ce manifeste électoral a l'avan
tage d'être très nettement antimi
nistériel et_ de donner satisfaction*
aux catholiques en ce qui concerne
les libertés d'association et d'en
seignement ainsi que l'usage de la'
langue bretonne. C'est le résultat
de la politique pratiquée par nos
amis du Finistère. Nous croyons*
que les deux autres sénateurs sor
tants, MM. de Chamaillard et d3'
Cuverville, pourraient signer ce
programme. Pourquoi donc la ma
jorité républicaine du conseil géné
ral du Finistère a-t-elle refusé de
les admettre ? Si l'on veut sincère
ment « une république ouverte à;
toutes les adhésions loyales », il
faut le montrer par des actes,
comme nos amis ont prouvé la sin
cérité de leur républicanisme en
élisantM. Pichon et M. Porquier.
Il est regrettable que des libéraux
pratiquent encore contre les ralliés
ces excommunications politiques
dont eux-mêmes sont victimes de la
part des ministériels et des radi
caux, comme ceux-ci le seront un
jour de la part des socialistes. Nos
amis ne répondront pas à une ex
clusion sans motif par une exclusion
que la première justifierait. Ils vo
teront pour les cinq sénateurs sor
tants, parce qu'ils veulent en toute
sincérité « non pas une république
de parti, mais une république ou
verte à toutes les adhésions lova-'
les ». Les adhésions de MM. de Cu
verville et de Chamaillard, dont le-
rôle politique et parlementaire fait
honneur au département qu'ils re
présentent, sont de celles-là.
A. B. G.
CEUX QU'ON PROSCRIT
Les Chartreux.
Le gouvernement fournit eur les Char
treux un rapport de police.
On pourrait, vu son ton, ne point dis
cuter sa portée prétendue historique pour
ne s'occuper que des propos de mauvaise
langue qui le terminent; mais les scribeB
de M. Combes ont une manière d'écrire
l'histoire qui vaut qu'on B'y arrête.
c L'exposé des motifs » bous apprend
que la fameuse autorisation de 1816 ne
: vaut rien .paroe qu 'elle n 'a pas été donnée
dans les formes. Il veut nous accabler
! avec une délibération du Conseil d'Etat,
qui a traoé, en 1817, une marche à sui
vre légale, laquelle n'a pas. été suivie du
tout, et conclut en citant une lettre du
miniBtre deB affaires ecclésiastiques de
Charles X, qui lui semble écrasante.
P uiB il ne s'arrête pluB qu'en 1857 pour
nier encore toute autorité aux déclara
tions administratives de l'empire. MaiB
entre ces deux dates, il B 'est passé biea
des années et bien des choses, et parmi
celles qu'ignorent les savants du minis
tère des cultes, celle-ci :j
Le 20 août 1830, le baron Finot, préfet
de Grenoble, arrêtait :
Au nom du roi Louis-Philippe, roi des
Français,
Nous, préfet du département de l'Isère
officier de la Légion d'honneur, ordonnons
& touîe force armée, garde nationale et
autre, de respecter et protéger le couvent
dit de la Grande Chartreuse, ainsi que les
religieux qui le composent, cette société
ayant été formée en vertu des leis établies
et ayant été autorisée par le gouverne»
ment.
Invitons MM. les maires des communes
environnantes et M. le juge de paix du can>
ton & prendre toutes les mesures, et à don
ner tous leB ordres nécessaires pour aua
lesdlts religieux ne soient point troubiég
dans 1 exercice de leur culte, et pour qu'il
ne soit porté aucune atteinte soit & leur
clôture, soit à leur personne, soit aux pro.
prlétés dont la jouissance leur a été aban- »
donnée par l'Et.-t-
Déclarons être dans l'intention de pour
suivre devant les" tribunaux et de faire
punir, suivant toute la sévérité des lois
c„orome ayant usurpé l'autorité légale, qui
conque • se permettrait, sans être muni
d un ordre formel émané de nous.de s'in
troduire gar violence dans l'enceinte dudit
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