Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1902-11-27
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 novembre 1902 27 novembre 1902
Description : 1902/11/27 (Numéro 12685). 1902/11/27 (Numéro 12685).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7112767
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 27' Novembra 1992
ElMao ~t 11,685
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USE
Jeudi 2t Novembre 1902
ÉDITION QUOlTDIEHNS
PARIS -*
: ET DÉPARTEMENTS
Un Umhi«i«i 2S ®
Six mois...... 13 »
Trois mois..... 7 »
ÉTRANGER
(UNION POSTAXE)
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ZiM abonnements partent dea 1" et 18 de abaque mois
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
8Ç2U5AUX : Paris, me Oaasette, 17 {VI* arr.)
Oa l 'abonne à Rome, place du Gesù, S
ÉDITION SEMI -QUOTIDIENNH
PARIS ÉTRANGER 4
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LE MONDE
Les abonnements partent des 1 er et 10 de chaque moli
L'UNIVERS m répond pas des manuscrits qui lui sont aàrtuH' s
ANNONCES /
MM. LAGRANGE, CERF et C i# , 6, place de la Bonn** '
3
PARIS. 26 NOVEMBRE 1902
SOMMAIRE
Le monopole dea in«
Immations.
Jacobinisme et gâ
chis
Çà et là: Paris à sept
heures du soir....
Un coup d'Etat par
lementaire.........
Le projet de loi de
M. Chaumiô......
Choses d'Espagne..
L'affaire du Refuge
à l'étranger
Au Sénat
Feuilleton: Chroni
que des bibliothè
ques ecclésiasti
ques ;
F rançois V ethiaoï.
Pnauus V euiiio*.
euaène T averniek.
S. M aotekat.
E bnesw B iuiev.
V asgo.
J. M ïssire.
J. E stêrag. ; ""
A bbé L. R obert.
Bulletin. — Au jour le iour. — Un acte
Important du président de l'œuvre des
" congrès. — Une lettre de Mgr Favler. —
Le discours de Mgr Péchenard. — Fer
metures d'écoles et manifestations. —
Informations politiques et parlementai»
res. — Les grandes commissions. —
Une proposition de M. Wallon. — Laïci
sation d'écoles. — A Madagascar. —
L'affaire Humbert-Grawford. —Etran
ger. -» Les grèves. — Lettres, aclen*
ces et arts. — Les chansons chrétiennes.
— Bibliographie. — Echos de partout.
— La Propagation de la foi. .«■ Institut
catholique de Paris. — Tribunaux. —
Mouvement judioiaire. — Guerre et ma
rine. — Le drame de Passy. — Nou
velles diverses. — Calendrier. — Bourse
et bulletin financier. — Dernière heure.
11(1)
Nous avons montré que le légis
lateur de l'an XII avait accordé le
monopole des inhumations aux fa
briques, en compensation des biens
que la Révolution leur avait pris.
A quoi les sectaires, avec un ac
cent victorieux, répliquent : « Ce que
la loi a fait, la loi peut le défaire. »
Cet axiome est l'un des plus beaux
sophismes que la race des juristes
ait inventés. Au fond, il a exacte
ment la même valeur qu'un coup de
poing. Un coup de poing, vigou
reusement asséné, peut causer
beaucoup de dommages ; il n'a ja
mais prouvé qu'on eût raison.
« Ce que la loi a fait, la loi peut le
défaire. » — C'est la constatation
d'un fait, ce n'est pas la proclama
tion d'un droit.
Il est clair qu'un Parlement, jouis
sant de la force, a le pouvoir maté
riel de se promener à travers le code,
avec tout le sans-gêne de la boule
au milieu des quilles. Il ne s'ensuit
pas du tout qu'il en ait le droit.
Quand une loi est l'expression xle
la justice, on ne peut la « défaire, »
sans commettre une iniquité.
C'est précisément le cas.
Les fabriques avaient été dé
pouillées, brutalement, de leurs re
venus. Le législateur de l'an XII a
reconnu le fait et, pour rendre à ces
établissements les ressources né
cessaires, il leur a concédé le mo
nopole des inhumations. La loi qui
promulguait cette mesure était donc,
tout simplement, le paiement d'une
dette. Vous voulez, aujourd'hui,
abroger cette loi ? Soit ! Mais, alors,
donnez, en échange, aux fabriques,
une autre compensation.Sinon,vous
dérobez le bien d'autrui.
En d'autres termes, on n'a pas le
droit, selon la plus vulgaire équité,
d'enlever aux fabriques le mono
pole des inhumations, sans leur
assurer des revenus équivalents à
ceux dont on les dépouille.
Cette conséquence eût été vraie,
dès le lendemaicu-du jour où fut dé
crété ce monopole. Elle est aujour
d'hui, s'il se peut, encore plus
indéniable.
Voilà près d'un siècle, en effet,
que les fabriques ont ce privilège
et que, paisiblement, en toute sé
curité, sans réclamation aucune,
elles en jouissent; elles se sont
procuré le matériel nécessaire, elles
ont passé des traités ; bien des dé
penses futures sont gagées, dès
maintenant, sur les revenus de ce
monopole. On n'a pas le droit de le
leur enlever.
Si M. Rabier fracturait les troncs
d'une église ety prenait l'argent qui
appartient à la fabrique, il ne se
croirait pas., je le suppose, un hon
nête homme. Eh bien, pourquoi M.
Rabier, législateur, aurait-il le droit
de commettre une action qui paraît
criminelle à M. Rabier, citoyen ?
Mais le projet ne se borne pas à
dépouiller les fabriques. Il ne rend
pas à la circulation les biens qu'il
arrache à leur légitime proprié
taire; il en fait présent aux com
munes. "
De sorte que nos sectaires, après
avoir fulminé contre le monopole
des inhumations..., le maintien
nent ; ils se contentent de le placer
en d'autres mains.
On nous avait pourtant déclaré
que ce monopole était contraire à
la liberté de conscience; on nous
avait affirmé que ce monopole ou
vrait une source permanente aux
y . ' """ "" " fn'iii—.
(i) Voir l'Univers du 23 novembre.
conflits les plus scandaleux. Toutes
ces fureurs et ce grand appareil
d'indignation n'étaient au fond que
{rnre comédie. On se prétendait
'ennemi du monopole; on n'en vou
lait en réalité qu'à l'Eglise. Pourquoi
donc les impies, meme quand ils
ont la force,ont-ils ainsi besoin d'em
ployer la ruse ?
Et, cependant, s'il était vrai
que le monopole des inhuma
tions blessât la liberté de cons
cience, il pourrait la blesser davan
tage encore entre les mains d'un
conseil municipal, issu du combat
des partis, qu'entre les mains d'une
fabrique. Et, quant aux conflits,
nous montrerons bientôt que le
projet Rabier les multipliera.
Aussi, Mgr Freppel, après avoir
vainement combattu sur la ques
tion de principe, avait-il proposé
naguère un amendement qui, re
poussé par la Chambre, eut l'agré
ment du Sénat. II demandait que la
loi reconnût, aux fabriques et aux
communes, égalité de droits. Les
familles auraient ainsi le moyen
de choisir et rien ne pourrait
plus troubler, même en admet
tant les arguments jacobins, — la
liberté de conscience.
M. Rabier, sentant la justesse et
le poids de cet amendement, a con
sacré une partie de son Exposé des
motifs à le combattre. Il a démontré
surtout qu'il n'était pas de force à
le réfuter. Des deux arguments qu'il
a péniblement conçus,le premier se
retourne contre lui, le second n'est
qu'un mot grotesque.
Premier argument: si on laisse en
core aux fabriques le droit de procé
der aux inhumations, même en con
currence avec les communes, elles
garderont, en fait, leur monopole.
Cette conséquence est très fâcheuse,
évidemment, pour les francs-ma
çons, qui voudraient les dépouiller.
Mais elle démontre à l'évidence
que leur monopole est très bien
accepté par les populations, puis
que les populations pouvant les
abandonner, continueraient, de l'a
veu d'un Rabier lui-même, à s'a
dresser à elles. Et que devient,
alors, ce prétendu vœu du pays
qui réclamait énergiquement, nous
disait-on, l'abrogation du mono
pole ?...
Second argument: ... Mais ici,
nous devons citer le Journal officiel ;
on n'en croirait pas notre résumé.
« Prenons garde, a mugi M; Rabier
d'un ton tragique et d'un air triom
phant, — le ton du prophète annon
çant le danger, l'air du combattant
qui va porter un coup décisif, —
prenons garde de renouveler une
expérience dont nous connaissons
trop les terribles résultats. Ne fai
sons pas la loi Falloux des inhuma
tions. »
Cette éloquence à eu tout le suc
cès dont elle était digne ; elle a sou
levé un éclat de rire. On nous re
procherait de perdre notre temps,
si nous voulions employer contre
elle une arme plus sérieuse.
Reste à examiner les conséquen
ces du projet.
François V euillot.
2ULLETISV
Au Sénat, le général André à répondu
à une question de M. Gotteron sur l'état
sanitaire de Varmée, puis on a renvoyé
à la commission un contre-projet de M.
Sara ry sur la proposition relative à la
saisie-arrêt des salaires et petits traite
ments.
Séance demain jeudi.
La Chambre n'a siégé que dans les
bureaux pour la nomination de onze
grandes commissions. La majorité a
fait une part dérisoire aUx membres dé
la minorité ; nous apprécions plus loin
cet acte de sot jacobinisme.
M. Chamberlain, nous l'avons dit en
Deuxième édition, s'est embarqué hier à
Portsmouth pour le sud de l'Afrique;
son départ, nous disent les agences, a été
« triomphal », et, de la passerelle, il
« répondait aux ovations qu'on lui fai
sait du rivage et du bord de tous les na
vires du port ».
Lord Cranborne a dit à la Chambre
des communes que les troupes interna
tionales vont évacuer Shanghaï simul
tanément, et aussitôt qu'on aura pu se
procurer des transports pour les diffé
rents contingents.
LeReichstagà repoussé une motion,
des socialistes tendant k consacrer cha
que année aux écoles primaires une
somme de iOO millions de marks prèle-
vée sur le produit des douanes.
Repous&ées aussi des propositions de
suppression de l'impôt sur le sel et de
l'impôt sur le sucre.
Le bruit court qu'au printemps pro
chain les empereurs d'Autriche et d'Al
lemagne se rencontreraient à Abbazia
avec le roi de Roumanie. '
On parle à Lisbonne dans les milieux
politiques, d'une reconstitution du ca
binet avant Vouverture des Çortès. *
Une note de là Légation de Portugal
à Paris déclare que le pays' est très
calme et que le voyage du roi'à. l'étran
ger produit la meilleure impression.
A la Chambre belge, M. Berloz, so
cialiste,a protesté contre le dernier raid
militaire, et s'est livré'k de vives atta
ques contre les officiers étrangers qui y
ont pris part.
Le ministre de la guerre a vertement
relevé ces dernières paroles, et ajouté que
le raid a eu des résultats considérables
au point de vue de'l'êquitation militaire.
On télégraphie d'Odessa qu'en vue de
difficultés possibles en Afghanistan,
12 000 hommes de troupes russes *envi
ron y venant de différents points, se di
rigent vers la frontière afghane.
De Bangkok, on apprend que les
troupes siamoises ont complètement
dispersé les rebelles dans le nord. Quel
ques bandes isolées de Dacoites sont
également poursuivies,^ le calme renaît
dans le pays.
Des élections générales viennent d'a
voir lieu dans la Nouvelle-Zélande ; le
gouvernement a eu 25 voix de majo
rité.
Le cabinet de Washington s'est oc
cupé hier des négociations avec la Co
lombie, au sujet du canal isthmique.
Le ministre de Colombie n'a pas voulu
accepter la dernière proposition des
Etats-Unis.
On en peut conclure que les chances
de reprise des pourparlers dans un
avenir prochain se trouvent réduites.
JACOBINISME ET GACHIS
La Chambre a nommé hier, dans
ses bureaux, huit commissions de
trente-trois membres et Itrois
commissions de onze membres.
33 X 8 + 11 X 3 s? 297. La Cham
bre a donc élu commissaires 297
députés.
Ils sont 25, pas un de plus, qui
appartiennent à l'un des groupes
de l'opposition antiministérielle.
Conservateurs, nationalistes, libé
raux et progressistes se partagent
25 places, en tout, dans les onze
commissions. Vingt-cinq sur trois
cents, c'est un sur douze.
Nos jacobins et sectaires pous
sent l'intolérance jusqu'à la rage ;
ils la poussent même jusqu'à la
plus absurde folie. Ce qu'ils vien
nent de faire n'est pas seulement
d'une odieuse et criante injustice,
mais doit, en outre, fatalement re
tomber sur eux. Ils ont, hier, con
damné la législature au piétine
ment et à la stérilité.
Pour qu'une commission puisse
mener à bien de la besogne utile et
qui ait vraiment chance d'être rati
fiée par la Chambre, il faut que cette
petite assemblée préparatoire, ré
duction de la grande, en soit la re
présentation. fidèle. L'opposition
compte, au Palais-Bourbon, cinq
députés sur douze. Cette propor
tion aurait dû se retrouver dans les
commissions que viennent d'élire
les bureaux. Nous en sommes
loin !
Qu'arrivera-t-il? C'est qu'aux vo
tes en séances plénières figurera
un élément considérable, éliminé
des commissions et qui boulever
sera souvént, qui « chambardera »
tout le travail de ces dernières.
Trente-trois commissaires ont dé
libéré. Ils se divisaient en deux an
tiministériels, six opportunistes ou
semi-radicaux ministériels, vingt-
cinq radicaux, radicaux-socialistes
et collectivistes. A vingt-cinq voix
de majorité contré huit, les ultra
jacobins ont donc fait passer, en
commission, tout ce qu'ils ont
voulii.
Nous voici, maintenant, devant
la Chambre, en séance publique.
Radicaux purs, radicaux-socialis
tes et bollectivistes votent comme
un seul homme le texte que pré
sente la commission et que défend
sou rapporteur. Mais les antiminis
tériels né sont plus dans la propor
tion d'un contre douze. A leurs
deux cent quarante voix se joignent
celles des opportunistes et semi-
radicaùx. Et cela suffit : le texte est
repoussé ; tout le projet, peut-être,
s'en va du coup à la dérive.
Nous ne faisons point là des rai
sonnements spéculatifs et des pré
visions fantaisistës. De tels acci
dents se sont déjà produits. On à vu
dès commissions du budget propo
ser à la Chambre de rayer les qua
rante-cinq millions affectés aux
cultes. Sur cette prévision d'écono
mie, ëiles avaient équilibré dépen
sés et recettes. Par 335 voix con
tre 210, on lçs envoyait recommen
cer leur travail.
Mais cés accrocs ne constituaient
que l'exception. Maintenant, ils
cette législature est vouée à l'a-
vortement. Et nos jacobins en por
teront l'évidente responsabilité.
Pierre V euillot.
AU JOÏÏELEJOUE
Les journaux Bectaires continuent leur
campagne en vue de faire dépouiller les
fabriques des ressources que leur procu
re le revenu des pompes funèbres.
Noua ignorons ce qui adviendra de
leurs projets, mais, même s'ils arrivent
à leur but, les catholiques ont en mains,
B'ils le veulent, le moyen de neutraliser
la mauvaise volonté des jacobins.
Il suffira que toutes les familles aisées,
dorénavant, lors deB funérailles d'un dé
funt, se contentent de la dernière classe,
en compensant cette économie par un
beau service religieux,généreusement ré
munéré, que l'on demanderait directe
ment à l'Eglise.
Les catholiques prévoyants pourront,
Railleurs, inscrire sur leur testament
cette clause qui,siellese généralisait,per
mettrait d'obtenir, dans la caisse des pom
pes funèbres laïcisées,un vide aussi par
fait que celui dont bénéficient les caisses
de l'Etat depuis le gouvernement de Dé
fense républicaine.
• *.
Hier après-midi, M. Lepoittevin, juge
d'instruction, recevait dans son cabinet
une personne appelée comme témoin.
— Vos noms et prénoms ? questionna le
juge.
— Eve Humbert, répondit le témoin.
Le magistrat fit un bond et essuya ses
lunettes.
Il n'y avait pas « à tortiller », comme
on dit. La personne en question s'appe
lait bien Eve Humbert. Seulement, ce
n'était pas « la bonne ».
Une dépêche de New-York au Daily
Mail annonce que dans la ville de Saint*
Nicolas un jeune couple a été marié
dans la cage aux lions d'une ménagerie
de passage dans cette ville.
Il s'agissait d'un pari de 2,500 francB.
Le dompteur était dans la cage pour
maîtriser au besoin les fauves, mais le
pasteur officiant est reBté prudemment
en dehors des barreaux.
Combien de gens, hélas ! lorsqu'ils en»
trent en ménage, entrent, par la même
occasion, en ménagerie !
m
* •
Nous venons de lire une charge à fond
de train contre ua lycée.
Où ça? Dans un journal clérical ?
Non I dans la Lanterne.
La feuille maçonnique prétend que,
dans le lycée Michelet, « on ne rencontre
que robes noires et cornetteB blanches ».
Le lycée possède en effet deux aumô
niers, comme tous leB grands lycées pa
risiens, plus huit religieuses chargéeB
de l'infirmerie, où l'administration dai
gne leur octroyer le magnifique salaire
de quatre cents francs par an.
Ce n'est pas, nouB l'avons vu, le pre
mier lycée contre lequel la presse jaco
bine fait oampagne. Beaucoup d'autres
ont reçu le même paquet.
Mais alors, si leB lycées sont ausBi
dangereux que les éooles congréganistes,
pourquoi la Lanterna ne demaade-t-elle
pas la suppression des lycées ?
-
« •
Le Conseil d'Etat— qui l'aurait cru ?—
a la jouissance d'une chapelle.
Oette chapelle, ancien oratoire de la
princesse Olotilde, a gardé son décor
d'autrefois, à fond bleu parsemé de
croix d'or et de fleurs de lis de Savoie, et
Bes vitraux, encore visibles de la rue,
portent des écussons aux armes de Sa
voie et à l'aigle impériale.
Or, Bavez-vous ce que messieurs les
conseillers d'Btat ont fait de ce bijou ar
tistique ?
Ils en ont fait — c'est le Figaro qui
nous l'apprend — un cabinet de débar
ras où ils remisent leurs balais !
• •
Un plaideur, descendant l'escalier du
Palais, attrape une entorse.
Son avocat lui offre vivement le braB
en lui murmurant à l'oreille :
— Je vous en prie, ne boitez paB ici,
o'est déjà assez de la justice 1
UN ACTE IMPORTANT
du
Nouveau président île l'Œuvre des congrès
M. le comte Grosoli, nouveau président
de l'Œuvre des congrès, adresse à tous
les membres de l'Œuvre une lettre im
portante.
M. le comte Grosoli veut que l 'CE 'jvre
des oongrès progresse dans la voie où
elle est entrée, sous la direction du Saint-
Siège.
Le but principal de l'Œuvre doit être
de donner aux catholiques d'Italie une
conscience commune.
Depuis longtemps, la vie civile ita
lienne s'est développée en dehors de la
pensée oatholique. Ce divorce doit ces
ser. Les catholiques doivent exercer le
plus possible leurs droits. Ils doivent,par
conséquent, ne laisser passer aucune oc
casion sans affirmer solennellement leur
patriotisme.
« Si nous invoquons la liberté du Pon
tificat romain danB l'exercice de son haut
ministère, dit le comte Grosoli, nous le
faisons au nom du droit inaliénable et
imprescriptible de l'Eglise. Gomme so
ciété spirituelle universelle, elle ne peut
subir de limitation à Bon indépendance
sanB manquer à sa nature même.
c Nous le faisons au nom aussi deB
vrais intérêts de l'Italie pour laquelle lé
conflit politique et religieux est une oausé
d 'affaiblissement et de préoccupation
constante. »
Le comte Grosoli affirme lç devoir dea
oathoiiques de B 'absienir, selon la vo»
lonté du ohëf de l'Eglise, de l'action lé
gislative italienne ; mais ils peuvent et
doivent prendre part à l'administration
deç communes et des provinces ; ils .doi
vent se rendre utiles dans toutes les
branches de l'activité nationale ; ils se
Berviront, à cet effet, deB {moyens si ïn
fluents dans la vie moderne : les œuvres
économiques, l'école, la presse. Quant
au groupe de l'Action démocratique chré
tienne, un document spécial en fixera le
programme.
—, . ♦ ,,.
Nsai prions instamment «cas
itos lecteurs dont l'abonnement ex
pire le 30 novembre de ne pas at
tendre plus longtemps pour le re-
neaveler*
Gà et là
PARIS, A SEPT HEURES DU SOIR
La rue de Ghâteaudun ne se trouve
pas du côté dea fortifications, mais bien
à oinq minutes de l'Opéra, c'est-àdire
dans un des oentres de Paris les mieux
éolairés et les plus animés. Elle s'allonge
entre de hautes et bellea maisons,^dont la
plupart contiennent d'élégants magasins.
Sur la chauBséé, omnibus, tramways et
fiaores roulent sans interruption. O'est
le chemin qui va de la gare Saint-Lazare
aux gares du Nord et de l'Est. Sur leB
larges trottoirs, pendant toute la journée
et jusqu'à sept ou huit heures, les pas
sants s'arrêtent pour regarder les étala
gea et rendent ainsi invraisemblable
l'idée d'un vol dans les vitrines, surtout
h main armée.
Or, l'entreprise est possible ; et elle a
failli réussir avant-hier. Les journaux
racontent cette scène pittoresque et, bien
que non sanglante, assez tragique. A
sept heures, M. et Mme Romeuf cau
saient paisiblement chez eux,parmi l'as
semblage de bibelots anciens,de meubles
artistiques et de tableaux dont ils font le
commerce.La porte s'ouvre. Un individu
apparaît, braquant d'une main Bur le
ménage un revolver : de l'autre main, il
saisit un coffret plein de bijoux et se
sauve sans avoir dit un mot, ni, bien en
tendu, laissé aux marchands le temps
de protester ou de faire un pas.
Tiré de son explicable Btupeur, le mar
chand se précipite, en criant, sur les
traces du bandit. LeB passants s'émeu
vent, s'empressent et clament, eux aussi :
«Au voleur! Au voleur! Arrêtez le!»
MaiB de quel côté a-t il pris l'élan ? Il y
a bien des gens qui vont vite et que l'on
pourrait soupçonner, même parmi ceux
qui vocifèrent, et plusieurs fois des vo
leurs, faisant autant de bruit que ceux
qui les cherchaient, ont ainsi dérouté les
poursuites. Cependant le marchand dé
valisé n'a point perdu de vue son gail
lard et donne une direction à la foule.
Une galopante cohue traverse la place
de la Trinité, monte la rue Blanche, puis
la rue de la Tour^des^Dames et s'en
fonce dans la rue de La-Rochefoucauld.
Le gredin garde de l'avance et va réus
sir à s'échapper, lorsqu'un cocher, qui
passe là, sur son Biège, saisit d'un coup
d'oeil la situation, fouette Cocotte et en
treprend une courBe non prévue par leB
tarifs. Il rejoint le fuyard. Celui-ci le
menace du revolver qui lui a si bien
servi dans le magasin. Mais le cocher (il
se nomme Ridel) saute de son siège, em
poigne, terrasse et désarme le voleur,
qu'une eBcorte imposante et frémissante
mène au bureau de police. L'homme dé
clare s'appeler Scheffer. Il se dit d'ori
gine allemande, bien qu'il ait en poche
une carte d'électeur et, sur son vête
ment, le ruban jaune de la médaille mi
litaire. Il expose que la misère l 'a poussé
au crime et que, depuis la veille, il n'a
pas mangé.
. Le marchand d'antiquités a récom
pensé le brave cocher qui, dans la cir
constance, goûte seul le plaisir d'avoir
fait une bonne affaire ; car le voleur au
revolver a tout jeté en fuyant, boudeB
d'oreilles, bagues, broches, diamants et
le coffret lui-même. Soit, neuf mille
franca de bijoux. Aucun n'a été rap
porté à aon propriétaire légitime. Ils
sont éparpillés Bur le pavé, dans la boue,
et la foule les a piétinés.
Ce vol à main armée, en pleine lu
mière, cette intimidation muette, cette
mimique persuasive, l'audace énorme
de la tentative, révèlent une ingéniosité
remarquable. Elle a des : chances d'être
appréciée par lea filous et résolument
admise dans la catégorie de leurs pro
cédés. A notre époque de progrès, le vol
aussi Be perfectionne.
C'est vraiment mieux que du temps
où Boileau disait :
... Sitôt que dnsoir les ombres pacifiques
D'ail double cadenai font fermer les boutiques;
Que, retiré chez lui, le paisible marchand
Va revoir ses billets et compter son argent,
... Les voleurs à l'instant e'emparent de la ville.
... Malheur donc & celui qu'une affaire imprévue
Engage un peu trop tard au détour d'une rue !
Bientôt quatre bandits lui serrant les côtés...
Roua avons toute une population de
malandrins, qui se sont baptisés eux-
mêmes dt) nom d'Apaches.- Récemment,
ils faisaient trembler Çaris. Nous devons
reconnaître qu'une certaine élévation
d'âme ne leur reste pas étrangère. Ainsi
l'un d'eux, après avoir paru en cour d'as
sises, d'où il s'en allait moins maltraité
qu'il n'avait craint de l'être, prit soin de
témoigner de la gratitude à son brillant
avocat, bien que la précédente saison
n'eût paB été fructueuse, il s'exprima de
la sorte, avec dignité : « Nous ne sommes
a pas riches, mais je puia vous donner
« une recette : quand voua voub aperce-
« vez qu'on vous suit, courez ; car nouB,
« nous ne courons jamais* » En effet, en
courant, ils attireraient l'attention des
gardiens. C'est bon à savoir.
Mais que faire contre les autreB périls,
dont ne se doutait pas Boileau, qui s'ir
ritait des encombrements de Paris, et
Horace, moins encore, qui trouvait la
circulation difficile quand il s'en allait
chez Mécène :
Ea quelque endroit que j'aille, il faut fendre la
[presse
D'un peuple d'importuns qui fourmille sans
« circulation » danB Paris la rendent pé
rilleuse. Rue de Ghâteaudun, comme en
mille endroits, o'est une affaire de pas
ser d'un trottoir à l'autre, d'autant plus
que leB mouvements opposés des véhi
culés se compliquent d'un vacarme
étourdissant. Echappé à deux fiacres,
vous vouiez éviter une bicyclette, dont là
marohe vous repousse vers un tramway
au carillon strident ; vous fuyez encore :
l'automobile arrive, mugissante et em
portée. Bientôt, ce sera un aote de sage
prévoyance que de rédiger Bon testa
ment avant de sortir pour faire une
course, surtout si les voleurs ont le
revolver en main dès sept heures du
soir.
Eugène T avernier.
♦
US COUP D'CUT PtRLEHEWTAIRE
Le Palais-Bourbon ressemble de plus
en pluB à l'hôtel de Transylvanie. De
quelque manière que les inajoritards
jettent les dés, ils ramènent toujours les
mêmeB pointa.
Le coup d'Etat parlementaire, ou, pour
parler franc, la nouvelle friponnerie
qu'ils ont commise hier, est tout à fait
caractéristique.
• •
La Chambre, réunie dans seB bureaux}
devait élire huit grandes commissions de
trente-trois membrea et troia commis
sions de onze membres qui, on le sait,
Eont nommées pour toute la durée de la
législature.
Or, la veille de oette éleotion, les
membres des quatre groupes de la ma
jorité s'étaient réunis dans leurB bu
reaux respectifs. Des listes furent éta
blies pour chaque commission d'où l'on
exclut — systématiquement — les mem
bres de la minorité, de telle Borte qu'hier
on faisait circuler deB bulletins de vote
imprimés sur lesquels étaient inscrits
leB nomadea seuls députéa du Bloc.
C'est ainsi que M. Krantz, ancien mi"
nistre de la guerre, a été exclu de la
commission de l'armée et remplacé par
un ancien onvrier apprêteur, M. Henry
Bagnol. O'est ainsi que M. Méline a été
battu à la commission des douanes par
le poète et chansonnier Hubert. O'est
ainsi que M. Flandin, ancien procureur
général, dont la haute compétence est
reconnue, n'a pu entrer à la commission
de réforme judiciaire; què l'honorable
vice-président Guillain a échoué égale
ment à la commission des travaux pu
blics. Bref, les commissaires élus appar
tiennent — dans la proportion de dix sur
onze — à la majorité ministérielle.
Les « vainqueurs » déclaraient dans
les couloirs qu'en supprimant ainsi leurs
adversaires, ils avaient voulu se venger
du vote par lequel ces derniers avaient
rejeté la proposition tendant à élire lea
grandea commissions au scrutin de
liste.
Cette explication hypocrite ne trom
pera personne. En déposant la susdits
proposition, les ministériels n'avaient
qu'un but : pénétrer — seuls — dans lea
commissions. Le scrutin de liste fut re«
jeté ; mais, nous l'avons dit, c'est néan
moins la liste établie par lea membrea
du Bloo qui a paBSé.
Les députés de la minorité ont protesté
très vivement oontre cette tricherie. On
trouvera plus loin le texte que rédigè
rent les antiminiBtériela libéraux du neu
vième bureau : MM. Guyot de Ville
neuve, de la Ferronnays, de Lanjui-
nais, etc.
*
• •
Après la proclamation du vote, lea
combiBtea se sont répandus dans lea
couloirs en manifestant bruyamment
leur satisfaction.
Toutefois, on nous affirme que M. Jau
rès aurait dit à plusieurs de ses amia ;
« Ce résultat est trop beau !» Il a raison,'
M. Jaurès. L'heure est peut être venue
pour ces majoritards,
Aujourd'hui gros, enflés, sur le haut de la
[roue,
de jeter à la mer l'émeraude de Poly-
crate...
J. M antenay.
9 • » * ». ? m w « • ■ ■ « * .
Luctandum in turba, et facienda injuria
[tardis.
Tramways, omnibus, fiacres, bicy-
dettes, automobiles, toutes ces ma
chines qui ont pour but de « faciliter la
Il PMI DE LOI MII. 1AMIÉ
Opinions.
J'ai entrepriB dé recueillir lea avia
d'un certain nombre d'universitaires,
avis anonymes bien entendu, oar on ne
pouvait demander à des fonctionnaires
de signer de leurs noms dea critiques
contre le projet de loi du ministre de
l'instruction publique. Voici oes opiniona
brèves. Si les réponses qui m'ont été fai
tes ne sont paa : complètes, elles dépeU
gnent par ailleurs l'état d'âme de ceux
de qui je les tienB et à ce titre elles méri
tent de fixer l'attention dea lecteurs de
r Univers.
Un professeur de lycée m'a dit aveo
une exquise urbanité :
— Je me suis fait sur le projet Ohau-
miéune opinion bien arrêtée et person
nelle ; si la queBtion ne touchait pas un
peu à la politique, je m'empresserais de
vous faire mes Confidences, mais, depuis
longtemps je mè suis mis en tête qu'un
fonctionnaire devait éviter de paraître
critiquer ou admirer la conduite politi
que du gouvernement et je vous de
manderai la permission de ne point me
départir de cette règle de conduite...
Gela traduit parfaitement les senti
ments d'un grand nombre d'universi
taires.
Et cette autre réplique en apporte la
confirmation :
—■ J'ai le devoir de me taire sur lea
ElMao ~t 11,685
«g«—
USE
Jeudi 2t Novembre 1902
ÉDITION QUOlTDIEHNS
PARIS -*
: ET DÉPARTEMENTS
Un Umhi«i«i 2S ®
Six mois...... 13 »
Trois mois..... 7 »
ÉTRANGER
(UNION POSTAXE)
se »
19 »
lo »
ZiM abonnements partent dea 1" et 18 de abaque mois
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
8Ç2U5AUX : Paris, me Oaasette, 17 {VI* arr.)
Oa l 'abonne à Rome, place du Gesù, S
ÉDITION SEMI -QUOTIDIENNH
PARIS ÉTRANGER 4
I» DÉPARTEMENTS . (UNION POSTAlBf
Un an......... 13 »
Six mois...... 7 n
Trois mois..... 4 »
20 »
11 »
5 50
WT .
LE MONDE
Les abonnements partent des 1 er et 10 de chaque moli
L'UNIVERS m répond pas des manuscrits qui lui sont aàrtuH' s
ANNONCES /
MM. LAGRANGE, CERF et C i# , 6, place de la Bonn** '
3
PARIS. 26 NOVEMBRE 1902
SOMMAIRE
Le monopole dea in«
Immations.
Jacobinisme et gâ
chis
Çà et là: Paris à sept
heures du soir....
Un coup d'Etat par
lementaire.........
Le projet de loi de
M. Chaumiô......
Choses d'Espagne..
L'affaire du Refuge
à l'étranger
Au Sénat
Feuilleton: Chroni
que des bibliothè
ques ecclésiasti
ques ;
F rançois V ethiaoï.
Pnauus V euiiio*.
euaène T averniek.
S. M aotekat.
E bnesw B iuiev.
V asgo.
J. M ïssire.
J. E stêrag. ; ""
A bbé L. R obert.
Bulletin. — Au jour le iour. — Un acte
Important du président de l'œuvre des
" congrès. — Une lettre de Mgr Favler. —
Le discours de Mgr Péchenard. — Fer
metures d'écoles et manifestations. —
Informations politiques et parlementai»
res. — Les grandes commissions. —
Une proposition de M. Wallon. — Laïci
sation d'écoles. — A Madagascar. —
L'affaire Humbert-Grawford. —Etran
ger. -» Les grèves. — Lettres, aclen*
ces et arts. — Les chansons chrétiennes.
— Bibliographie. — Echos de partout.
— La Propagation de la foi. .«■ Institut
catholique de Paris. — Tribunaux. —
Mouvement judioiaire. — Guerre et ma
rine. — Le drame de Passy. — Nou
velles diverses. — Calendrier. — Bourse
et bulletin financier. — Dernière heure.
11(1)
Nous avons montré que le légis
lateur de l'an XII avait accordé le
monopole des inhumations aux fa
briques, en compensation des biens
que la Révolution leur avait pris.
A quoi les sectaires, avec un ac
cent victorieux, répliquent : « Ce que
la loi a fait, la loi peut le défaire. »
Cet axiome est l'un des plus beaux
sophismes que la race des juristes
ait inventés. Au fond, il a exacte
ment la même valeur qu'un coup de
poing. Un coup de poing, vigou
reusement asséné, peut causer
beaucoup de dommages ; il n'a ja
mais prouvé qu'on eût raison.
« Ce que la loi a fait, la loi peut le
défaire. » — C'est la constatation
d'un fait, ce n'est pas la proclama
tion d'un droit.
Il est clair qu'un Parlement, jouis
sant de la force, a le pouvoir maté
riel de se promener à travers le code,
avec tout le sans-gêne de la boule
au milieu des quilles. Il ne s'ensuit
pas du tout qu'il en ait le droit.
Quand une loi est l'expression xle
la justice, on ne peut la « défaire, »
sans commettre une iniquité.
C'est précisément le cas.
Les fabriques avaient été dé
pouillées, brutalement, de leurs re
venus. Le législateur de l'an XII a
reconnu le fait et, pour rendre à ces
établissements les ressources né
cessaires, il leur a concédé le mo
nopole des inhumations. La loi qui
promulguait cette mesure était donc,
tout simplement, le paiement d'une
dette. Vous voulez, aujourd'hui,
abroger cette loi ? Soit ! Mais, alors,
donnez, en échange, aux fabriques,
une autre compensation.Sinon,vous
dérobez le bien d'autrui.
En d'autres termes, on n'a pas le
droit, selon la plus vulgaire équité,
d'enlever aux fabriques le mono
pole des inhumations, sans leur
assurer des revenus équivalents à
ceux dont on les dépouille.
Cette conséquence eût été vraie,
dès le lendemaicu-du jour où fut dé
crété ce monopole. Elle est aujour
d'hui, s'il se peut, encore plus
indéniable.
Voilà près d'un siècle, en effet,
que les fabriques ont ce privilège
et que, paisiblement, en toute sé
curité, sans réclamation aucune,
elles en jouissent; elles se sont
procuré le matériel nécessaire, elles
ont passé des traités ; bien des dé
penses futures sont gagées, dès
maintenant, sur les revenus de ce
monopole. On n'a pas le droit de le
leur enlever.
Si M. Rabier fracturait les troncs
d'une église ety prenait l'argent qui
appartient à la fabrique, il ne se
croirait pas., je le suppose, un hon
nête homme. Eh bien, pourquoi M.
Rabier, législateur, aurait-il le droit
de commettre une action qui paraît
criminelle à M. Rabier, citoyen ?
Mais le projet ne se borne pas à
dépouiller les fabriques. Il ne rend
pas à la circulation les biens qu'il
arrache à leur légitime proprié
taire; il en fait présent aux com
munes. "
De sorte que nos sectaires, après
avoir fulminé contre le monopole
des inhumations..., le maintien
nent ; ils se contentent de le placer
en d'autres mains.
On nous avait pourtant déclaré
que ce monopole était contraire à
la liberté de conscience; on nous
avait affirmé que ce monopole ou
vrait une source permanente aux
y . ' """ "" " fn'iii—.
(i) Voir l'Univers du 23 novembre.
conflits les plus scandaleux. Toutes
ces fureurs et ce grand appareil
d'indignation n'étaient au fond que
{rnre comédie. On se prétendait
'ennemi du monopole; on n'en vou
lait en réalité qu'à l'Eglise. Pourquoi
donc les impies, meme quand ils
ont la force,ont-ils ainsi besoin d'em
ployer la ruse ?
Et, cependant, s'il était vrai
que le monopole des inhuma
tions blessât la liberté de cons
cience, il pourrait la blesser davan
tage encore entre les mains d'un
conseil municipal, issu du combat
des partis, qu'entre les mains d'une
fabrique. Et, quant aux conflits,
nous montrerons bientôt que le
projet Rabier les multipliera.
Aussi, Mgr Freppel, après avoir
vainement combattu sur la ques
tion de principe, avait-il proposé
naguère un amendement qui, re
poussé par la Chambre, eut l'agré
ment du Sénat. II demandait que la
loi reconnût, aux fabriques et aux
communes, égalité de droits. Les
familles auraient ainsi le moyen
de choisir et rien ne pourrait
plus troubler, même en admet
tant les arguments jacobins, — la
liberté de conscience.
M. Rabier, sentant la justesse et
le poids de cet amendement, a con
sacré une partie de son Exposé des
motifs à le combattre. Il a démontré
surtout qu'il n'était pas de force à
le réfuter. Des deux arguments qu'il
a péniblement conçus,le premier se
retourne contre lui, le second n'est
qu'un mot grotesque.
Premier argument: si on laisse en
core aux fabriques le droit de procé
der aux inhumations, même en con
currence avec les communes, elles
garderont, en fait, leur monopole.
Cette conséquence est très fâcheuse,
évidemment, pour les francs-ma
çons, qui voudraient les dépouiller.
Mais elle démontre à l'évidence
que leur monopole est très bien
accepté par les populations, puis
que les populations pouvant les
abandonner, continueraient, de l'a
veu d'un Rabier lui-même, à s'a
dresser à elles. Et que devient,
alors, ce prétendu vœu du pays
qui réclamait énergiquement, nous
disait-on, l'abrogation du mono
pole ?...
Second argument: ... Mais ici,
nous devons citer le Journal officiel ;
on n'en croirait pas notre résumé.
« Prenons garde, a mugi M; Rabier
d'un ton tragique et d'un air triom
phant, — le ton du prophète annon
çant le danger, l'air du combattant
qui va porter un coup décisif, —
prenons garde de renouveler une
expérience dont nous connaissons
trop les terribles résultats. Ne fai
sons pas la loi Falloux des inhuma
tions. »
Cette éloquence à eu tout le suc
cès dont elle était digne ; elle a sou
levé un éclat de rire. On nous re
procherait de perdre notre temps,
si nous voulions employer contre
elle une arme plus sérieuse.
Reste à examiner les conséquen
ces du projet.
François V euillot.
2ULLETISV
Au Sénat, le général André à répondu
à une question de M. Gotteron sur l'état
sanitaire de Varmée, puis on a renvoyé
à la commission un contre-projet de M.
Sara ry sur la proposition relative à la
saisie-arrêt des salaires et petits traite
ments.
Séance demain jeudi.
La Chambre n'a siégé que dans les
bureaux pour la nomination de onze
grandes commissions. La majorité a
fait une part dérisoire aUx membres dé
la minorité ; nous apprécions plus loin
cet acte de sot jacobinisme.
M. Chamberlain, nous l'avons dit en
Deuxième édition, s'est embarqué hier à
Portsmouth pour le sud de l'Afrique;
son départ, nous disent les agences, a été
« triomphal », et, de la passerelle, il
« répondait aux ovations qu'on lui fai
sait du rivage et du bord de tous les na
vires du port ».
Lord Cranborne a dit à la Chambre
des communes que les troupes interna
tionales vont évacuer Shanghaï simul
tanément, et aussitôt qu'on aura pu se
procurer des transports pour les diffé
rents contingents.
LeReichstagà repoussé une motion,
des socialistes tendant k consacrer cha
que année aux écoles primaires une
somme de iOO millions de marks prèle-
vée sur le produit des douanes.
Repous&ées aussi des propositions de
suppression de l'impôt sur le sel et de
l'impôt sur le sucre.
Le bruit court qu'au printemps pro
chain les empereurs d'Autriche et d'Al
lemagne se rencontreraient à Abbazia
avec le roi de Roumanie. '
On parle à Lisbonne dans les milieux
politiques, d'une reconstitution du ca
binet avant Vouverture des Çortès. *
Une note de là Légation de Portugal
à Paris déclare que le pays' est très
calme et que le voyage du roi'à. l'étran
ger produit la meilleure impression.
A la Chambre belge, M. Berloz, so
cialiste,a protesté contre le dernier raid
militaire, et s'est livré'k de vives atta
ques contre les officiers étrangers qui y
ont pris part.
Le ministre de la guerre a vertement
relevé ces dernières paroles, et ajouté que
le raid a eu des résultats considérables
au point de vue de'l'êquitation militaire.
On télégraphie d'Odessa qu'en vue de
difficultés possibles en Afghanistan,
12 000 hommes de troupes russes *envi
ron y venant de différents points, se di
rigent vers la frontière afghane.
De Bangkok, on apprend que les
troupes siamoises ont complètement
dispersé les rebelles dans le nord. Quel
ques bandes isolées de Dacoites sont
également poursuivies,^ le calme renaît
dans le pays.
Des élections générales viennent d'a
voir lieu dans la Nouvelle-Zélande ; le
gouvernement a eu 25 voix de majo
rité.
Le cabinet de Washington s'est oc
cupé hier des négociations avec la Co
lombie, au sujet du canal isthmique.
Le ministre de Colombie n'a pas voulu
accepter la dernière proposition des
Etats-Unis.
On en peut conclure que les chances
de reprise des pourparlers dans un
avenir prochain se trouvent réduites.
JACOBINISME ET GACHIS
La Chambre a nommé hier, dans
ses bureaux, huit commissions de
trente-trois membres et Itrois
commissions de onze membres.
33 X 8 + 11 X 3 s? 297. La Cham
bre a donc élu commissaires 297
députés.
Ils sont 25, pas un de plus, qui
appartiennent à l'un des groupes
de l'opposition antiministérielle.
Conservateurs, nationalistes, libé
raux et progressistes se partagent
25 places, en tout, dans les onze
commissions. Vingt-cinq sur trois
cents, c'est un sur douze.
Nos jacobins et sectaires pous
sent l'intolérance jusqu'à la rage ;
ils la poussent même jusqu'à la
plus absurde folie. Ce qu'ils vien
nent de faire n'est pas seulement
d'une odieuse et criante injustice,
mais doit, en outre, fatalement re
tomber sur eux. Ils ont, hier, con
damné la législature au piétine
ment et à la stérilité.
Pour qu'une commission puisse
mener à bien de la besogne utile et
qui ait vraiment chance d'être rati
fiée par la Chambre, il faut que cette
petite assemblée préparatoire, ré
duction de la grande, en soit la re
présentation. fidèle. L'opposition
compte, au Palais-Bourbon, cinq
députés sur douze. Cette propor
tion aurait dû se retrouver dans les
commissions que viennent d'élire
les bureaux. Nous en sommes
loin !
Qu'arrivera-t-il? C'est qu'aux vo
tes en séances plénières figurera
un élément considérable, éliminé
des commissions et qui boulever
sera souvént, qui « chambardera »
tout le travail de ces dernières.
Trente-trois commissaires ont dé
libéré. Ils se divisaient en deux an
tiministériels, six opportunistes ou
semi-radicaux ministériels, vingt-
cinq radicaux, radicaux-socialistes
et collectivistes. A vingt-cinq voix
de majorité contré huit, les ultra
jacobins ont donc fait passer, en
commission, tout ce qu'ils ont
voulii.
Nous voici, maintenant, devant
la Chambre, en séance publique.
Radicaux purs, radicaux-socialis
tes et bollectivistes votent comme
un seul homme le texte que pré
sente la commission et que défend
sou rapporteur. Mais les antiminis
tériels né sont plus dans la propor
tion d'un contre douze. A leurs
deux cent quarante voix se joignent
celles des opportunistes et semi-
radicaùx. Et cela suffit : le texte est
repoussé ; tout le projet, peut-être,
s'en va du coup à la dérive.
Nous ne faisons point là des rai
sonnements spéculatifs et des pré
visions fantaisistës. De tels acci
dents se sont déjà produits. On à vu
dès commissions du budget propo
ser à la Chambre de rayer les qua
rante-cinq millions affectés aux
cultes. Sur cette prévision d'écono
mie, ëiles avaient équilibré dépen
sés et recettes. Par 335 voix con
tre 210, on lçs envoyait recommen
cer leur travail.
Mais cés accrocs ne constituaient
que l'exception. Maintenant, ils
cette législature est vouée à l'a-
vortement. Et nos jacobins en por
teront l'évidente responsabilité.
Pierre V euillot.
AU JOÏÏELEJOUE
Les journaux Bectaires continuent leur
campagne en vue de faire dépouiller les
fabriques des ressources que leur procu
re le revenu des pompes funèbres.
Noua ignorons ce qui adviendra de
leurs projets, mais, même s'ils arrivent
à leur but, les catholiques ont en mains,
B'ils le veulent, le moyen de neutraliser
la mauvaise volonté des jacobins.
Il suffira que toutes les familles aisées,
dorénavant, lors deB funérailles d'un dé
funt, se contentent de la dernière classe,
en compensant cette économie par un
beau service religieux,généreusement ré
munéré, que l'on demanderait directe
ment à l'Eglise.
Les catholiques prévoyants pourront,
Railleurs, inscrire sur leur testament
cette clause qui,siellese généralisait,per
mettrait d'obtenir, dans la caisse des pom
pes funèbres laïcisées,un vide aussi par
fait que celui dont bénéficient les caisses
de l'Etat depuis le gouvernement de Dé
fense républicaine.
• *.
Hier après-midi, M. Lepoittevin, juge
d'instruction, recevait dans son cabinet
une personne appelée comme témoin.
— Vos noms et prénoms ? questionna le
juge.
— Eve Humbert, répondit le témoin.
Le magistrat fit un bond et essuya ses
lunettes.
Il n'y avait pas « à tortiller », comme
on dit. La personne en question s'appe
lait bien Eve Humbert. Seulement, ce
n'était pas « la bonne ».
Une dépêche de New-York au Daily
Mail annonce que dans la ville de Saint*
Nicolas un jeune couple a été marié
dans la cage aux lions d'une ménagerie
de passage dans cette ville.
Il s'agissait d'un pari de 2,500 francB.
Le dompteur était dans la cage pour
maîtriser au besoin les fauves, mais le
pasteur officiant est reBté prudemment
en dehors des barreaux.
Combien de gens, hélas ! lorsqu'ils en»
trent en ménage, entrent, par la même
occasion, en ménagerie !
m
* •
Nous venons de lire une charge à fond
de train contre ua lycée.
Où ça? Dans un journal clérical ?
Non I dans la Lanterne.
La feuille maçonnique prétend que,
dans le lycée Michelet, « on ne rencontre
que robes noires et cornetteB blanches ».
Le lycée possède en effet deux aumô
niers, comme tous leB grands lycées pa
risiens, plus huit religieuses chargéeB
de l'infirmerie, où l'administration dai
gne leur octroyer le magnifique salaire
de quatre cents francs par an.
Ce n'est pas, nouB l'avons vu, le pre
mier lycée contre lequel la presse jaco
bine fait oampagne. Beaucoup d'autres
ont reçu le même paquet.
Mais alors, si leB lycées sont ausBi
dangereux que les éooles congréganistes,
pourquoi la Lanterna ne demaade-t-elle
pas la suppression des lycées ?
-
« •
Le Conseil d'Etat— qui l'aurait cru ?—
a la jouissance d'une chapelle.
Oette chapelle, ancien oratoire de la
princesse Olotilde, a gardé son décor
d'autrefois, à fond bleu parsemé de
croix d'or et de fleurs de lis de Savoie, et
Bes vitraux, encore visibles de la rue,
portent des écussons aux armes de Sa
voie et à l'aigle impériale.
Or, Bavez-vous ce que messieurs les
conseillers d'Btat ont fait de ce bijou ar
tistique ?
Ils en ont fait — c'est le Figaro qui
nous l'apprend — un cabinet de débar
ras où ils remisent leurs balais !
• •
Un plaideur, descendant l'escalier du
Palais, attrape une entorse.
Son avocat lui offre vivement le braB
en lui murmurant à l'oreille :
— Je vous en prie, ne boitez paB ici,
o'est déjà assez de la justice 1
UN ACTE IMPORTANT
du
Nouveau président île l'Œuvre des congrès
M. le comte Grosoli, nouveau président
de l'Œuvre des congrès, adresse à tous
les membres de l'Œuvre une lettre im
portante.
M. le comte Grosoli veut que l 'CE 'jvre
des oongrès progresse dans la voie où
elle est entrée, sous la direction du Saint-
Siège.
Le but principal de l'Œuvre doit être
de donner aux catholiques d'Italie une
conscience commune.
Depuis longtemps, la vie civile ita
lienne s'est développée en dehors de la
pensée oatholique. Ce divorce doit ces
ser. Les catholiques doivent exercer le
plus possible leurs droits. Ils doivent,par
conséquent, ne laisser passer aucune oc
casion sans affirmer solennellement leur
patriotisme.
« Si nous invoquons la liberté du Pon
tificat romain danB l'exercice de son haut
ministère, dit le comte Grosoli, nous le
faisons au nom du droit inaliénable et
imprescriptible de l'Eglise. Gomme so
ciété spirituelle universelle, elle ne peut
subir de limitation à Bon indépendance
sanB manquer à sa nature même.
c Nous le faisons au nom aussi deB
vrais intérêts de l'Italie pour laquelle lé
conflit politique et religieux est une oausé
d 'affaiblissement et de préoccupation
constante. »
Le comte Grosoli affirme lç devoir dea
oathoiiques de B 'absienir, selon la vo»
lonté du ohëf de l'Eglise, de l'action lé
gislative italienne ; mais ils peuvent et
doivent prendre part à l'administration
deç communes et des provinces ; ils .doi
vent se rendre utiles dans toutes les
branches de l'activité nationale ; ils se
Berviront, à cet effet, deB {moyens si ïn
fluents dans la vie moderne : les œuvres
économiques, l'école, la presse. Quant
au groupe de l'Action démocratique chré
tienne, un document spécial en fixera le
programme.
—, . ♦ ,,.
Nsai prions instamment «cas
itos lecteurs dont l'abonnement ex
pire le 30 novembre de ne pas at
tendre plus longtemps pour le re-
neaveler*
Gà et là
PARIS, A SEPT HEURES DU SOIR
La rue de Ghâteaudun ne se trouve
pas du côté dea fortifications, mais bien
à oinq minutes de l'Opéra, c'est-àdire
dans un des oentres de Paris les mieux
éolairés et les plus animés. Elle s'allonge
entre de hautes et bellea maisons,^dont la
plupart contiennent d'élégants magasins.
Sur la chauBséé, omnibus, tramways et
fiaores roulent sans interruption. O'est
le chemin qui va de la gare Saint-Lazare
aux gares du Nord et de l'Est. Sur leB
larges trottoirs, pendant toute la journée
et jusqu'à sept ou huit heures, les pas
sants s'arrêtent pour regarder les étala
gea et rendent ainsi invraisemblable
l'idée d'un vol dans les vitrines, surtout
h main armée.
Or, l'entreprise est possible ; et elle a
failli réussir avant-hier. Les journaux
racontent cette scène pittoresque et, bien
que non sanglante, assez tragique. A
sept heures, M. et Mme Romeuf cau
saient paisiblement chez eux,parmi l'as
semblage de bibelots anciens,de meubles
artistiques et de tableaux dont ils font le
commerce.La porte s'ouvre. Un individu
apparaît, braquant d'une main Bur le
ménage un revolver : de l'autre main, il
saisit un coffret plein de bijoux et se
sauve sans avoir dit un mot, ni, bien en
tendu, laissé aux marchands le temps
de protester ou de faire un pas.
Tiré de son explicable Btupeur, le mar
chand se précipite, en criant, sur les
traces du bandit. LeB passants s'émeu
vent, s'empressent et clament, eux aussi :
«Au voleur! Au voleur! Arrêtez le!»
MaiB de quel côté a-t il pris l'élan ? Il y
a bien des gens qui vont vite et que l'on
pourrait soupçonner, même parmi ceux
qui vocifèrent, et plusieurs fois des vo
leurs, faisant autant de bruit que ceux
qui les cherchaient, ont ainsi dérouté les
poursuites. Cependant le marchand dé
valisé n'a point perdu de vue son gail
lard et donne une direction à la foule.
Une galopante cohue traverse la place
de la Trinité, monte la rue Blanche, puis
la rue de la Tour^des^Dames et s'en
fonce dans la rue de La-Rochefoucauld.
Le gredin garde de l'avance et va réus
sir à s'échapper, lorsqu'un cocher, qui
passe là, sur son Biège, saisit d'un coup
d'oeil la situation, fouette Cocotte et en
treprend une courBe non prévue par leB
tarifs. Il rejoint le fuyard. Celui-ci le
menace du revolver qui lui a si bien
servi dans le magasin. Mais le cocher (il
se nomme Ridel) saute de son siège, em
poigne, terrasse et désarme le voleur,
qu'une eBcorte imposante et frémissante
mène au bureau de police. L'homme dé
clare s'appeler Scheffer. Il se dit d'ori
gine allemande, bien qu'il ait en poche
une carte d'électeur et, sur son vête
ment, le ruban jaune de la médaille mi
litaire. Il expose que la misère l 'a poussé
au crime et que, depuis la veille, il n'a
pas mangé.
. Le marchand d'antiquités a récom
pensé le brave cocher qui, dans la cir
constance, goûte seul le plaisir d'avoir
fait une bonne affaire ; car le voleur au
revolver a tout jeté en fuyant, boudeB
d'oreilles, bagues, broches, diamants et
le coffret lui-même. Soit, neuf mille
franca de bijoux. Aucun n'a été rap
porté à aon propriétaire légitime. Ils
sont éparpillés Bur le pavé, dans la boue,
et la foule les a piétinés.
Ce vol à main armée, en pleine lu
mière, cette intimidation muette, cette
mimique persuasive, l'audace énorme
de la tentative, révèlent une ingéniosité
remarquable. Elle a des : chances d'être
appréciée par lea filous et résolument
admise dans la catégorie de leurs pro
cédés. A notre époque de progrès, le vol
aussi Be perfectionne.
C'est vraiment mieux que du temps
où Boileau disait :
... Sitôt que dnsoir les ombres pacifiques
D'ail double cadenai font fermer les boutiques;
Que, retiré chez lui, le paisible marchand
Va revoir ses billets et compter son argent,
... Les voleurs à l'instant e'emparent de la ville.
... Malheur donc & celui qu'une affaire imprévue
Engage un peu trop tard au détour d'une rue !
Bientôt quatre bandits lui serrant les côtés...
Roua avons toute une population de
malandrins, qui se sont baptisés eux-
mêmes dt) nom d'Apaches.- Récemment,
ils faisaient trembler Çaris. Nous devons
reconnaître qu'une certaine élévation
d'âme ne leur reste pas étrangère. Ainsi
l'un d'eux, après avoir paru en cour d'as
sises, d'où il s'en allait moins maltraité
qu'il n'avait craint de l'être, prit soin de
témoigner de la gratitude à son brillant
avocat, bien que la précédente saison
n'eût paB été fructueuse, il s'exprima de
la sorte, avec dignité : « Nous ne sommes
a pas riches, mais je puia vous donner
« une recette : quand voua voub aperce-
« vez qu'on vous suit, courez ; car nouB,
« nous ne courons jamais* » En effet, en
courant, ils attireraient l'attention des
gardiens. C'est bon à savoir.
Mais que faire contre les autreB périls,
dont ne se doutait pas Boileau, qui s'ir
ritait des encombrements de Paris, et
Horace, moins encore, qui trouvait la
circulation difficile quand il s'en allait
chez Mécène :
Ea quelque endroit que j'aille, il faut fendre la
[presse
D'un peuple d'importuns qui fourmille sans
« circulation » danB Paris la rendent pé
rilleuse. Rue de Ghâteaudun, comme en
mille endroits, o'est une affaire de pas
ser d'un trottoir à l'autre, d'autant plus
que leB mouvements opposés des véhi
culés se compliquent d'un vacarme
étourdissant. Echappé à deux fiacres,
vous vouiez éviter une bicyclette, dont là
marohe vous repousse vers un tramway
au carillon strident ; vous fuyez encore :
l'automobile arrive, mugissante et em
portée. Bientôt, ce sera un aote de sage
prévoyance que de rédiger Bon testa
ment avant de sortir pour faire une
course, surtout si les voleurs ont le
revolver en main dès sept heures du
soir.
Eugène T avernier.
♦
US COUP D'CUT PtRLEHEWTAIRE
Le Palais-Bourbon ressemble de plus
en pluB à l'hôtel de Transylvanie. De
quelque manière que les inajoritards
jettent les dés, ils ramènent toujours les
mêmeB pointa.
Le coup d'Etat parlementaire, ou, pour
parler franc, la nouvelle friponnerie
qu'ils ont commise hier, est tout à fait
caractéristique.
• •
La Chambre, réunie dans seB bureaux}
devait élire huit grandes commissions de
trente-trois membrea et troia commis
sions de onze membres qui, on le sait,
Eont nommées pour toute la durée de la
législature.
Or, la veille de oette éleotion, les
membres des quatre groupes de la ma
jorité s'étaient réunis dans leurB bu
reaux respectifs. Des listes furent éta
blies pour chaque commission d'où l'on
exclut — systématiquement — les mem
bres de la minorité, de telle Borte qu'hier
on faisait circuler deB bulletins de vote
imprimés sur lesquels étaient inscrits
leB nomadea seuls députéa du Bloc.
C'est ainsi que M. Krantz, ancien mi"
nistre de la guerre, a été exclu de la
commission de l'armée et remplacé par
un ancien onvrier apprêteur, M. Henry
Bagnol. O'est ainsi que M. Méline a été
battu à la commission des douanes par
le poète et chansonnier Hubert. O'est
ainsi que M. Flandin, ancien procureur
général, dont la haute compétence est
reconnue, n'a pu entrer à la commission
de réforme judiciaire; què l'honorable
vice-président Guillain a échoué égale
ment à la commission des travaux pu
blics. Bref, les commissaires élus appar
tiennent — dans la proportion de dix sur
onze — à la majorité ministérielle.
Les « vainqueurs » déclaraient dans
les couloirs qu'en supprimant ainsi leurs
adversaires, ils avaient voulu se venger
du vote par lequel ces derniers avaient
rejeté la proposition tendant à élire lea
grandea commissions au scrutin de
liste.
Cette explication hypocrite ne trom
pera personne. En déposant la susdits
proposition, les ministériels n'avaient
qu'un but : pénétrer — seuls — dans lea
commissions. Le scrutin de liste fut re«
jeté ; mais, nous l'avons dit, c'est néan
moins la liste établie par lea membrea
du Bloo qui a paBSé.
Les députés de la minorité ont protesté
très vivement oontre cette tricherie. On
trouvera plus loin le texte que rédigè
rent les antiminiBtériela libéraux du neu
vième bureau : MM. Guyot de Ville
neuve, de la Ferronnays, de Lanjui-
nais, etc.
*
• •
Après la proclamation du vote, lea
combiBtea se sont répandus dans lea
couloirs en manifestant bruyamment
leur satisfaction.
Toutefois, on nous affirme que M. Jau
rès aurait dit à plusieurs de ses amia ;
« Ce résultat est trop beau !» Il a raison,'
M. Jaurès. L'heure est peut être venue
pour ces majoritards,
Aujourd'hui gros, enflés, sur le haut de la
[roue,
de jeter à la mer l'émeraude de Poly-
crate...
J. M antenay.
9 • » * ». ? m w « • ■ ■ « * .
Luctandum in turba, et facienda injuria
[tardis.
Tramways, omnibus, fiacres, bicy-
dettes, automobiles, toutes ces ma
chines qui ont pour but de « faciliter la
Il PMI DE LOI MII. 1AMIÉ
Opinions.
J'ai entrepriB dé recueillir lea avia
d'un certain nombre d'universitaires,
avis anonymes bien entendu, oar on ne
pouvait demander à des fonctionnaires
de signer de leurs noms dea critiques
contre le projet de loi du ministre de
l'instruction publique. Voici oes opiniona
brèves. Si les réponses qui m'ont été fai
tes ne sont paa : complètes, elles dépeU
gnent par ailleurs l'état d'âme de ceux
de qui je les tienB et à ce titre elles méri
tent de fixer l'attention dea lecteurs de
r Univers.
Un professeur de lycée m'a dit aveo
une exquise urbanité :
— Je me suis fait sur le projet Ohau-
miéune opinion bien arrêtée et person
nelle ; si la queBtion ne touchait pas un
peu à la politique, je m'empresserais de
vous faire mes Confidences, mais, depuis
longtemps je mè suis mis en tête qu'un
fonctionnaire devait éviter de paraître
critiquer ou admirer la conduite politi
que du gouvernement et je vous de
manderai la permission de ne point me
départir de cette règle de conduite...
Gela traduit parfaitement les senti
ments d'un grand nombre d'universi
taires.
Et cette autre réplique en apporte la
confirmation :
—■ J'ai le devoir de me taire sur lea
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