Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1902-11-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 novembre 1902 13 novembre 1902
Description : 1902/11/13 (Numéro 12671). 1902/11/13 (Numéro 12671).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k711262c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ÉDITION QXJQTEDIEKNB
PARIS > ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION POSTAIS)
ÎJnan.'. 25 n 86 »
Six mois 13 » 19 »
Trois mois 7 » 10 »
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UIIIWS
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
SUREAUX : Paria, rue Cassette, 17 (VI* arr.)
On l 'abonne à Rome, place du Gesù, S
2£ Y
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QU0TIDIEN3ÎH
PARIS * ÉTRANGER".
M DÉPARTEMENTS . (UNION POSTAlEjf
Dn an,........ 13 » 20 »
Six mois...... 7 » 11 »
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Les abonnemënts partent des l u et 18 de chaîne moli
^'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont aârtuH 1
ANNONCES /
MM. LAGRANGE, CERF et 0,0, place dé la Bourir '
m
PARIS-. 12 NOVEMBRE 1902
SOMMAIRE
Le bloc.....t«*.....
Çà et là: Un rhé
teur d'atelier.
Un ordre du jour
laïque
A. 1» Ohuibr*
Au Sénat.
Deux expositions
artistiques........
Feuilleton : La basi
lique de Sainte-Gé-
cite
F rançois V soiuoc*
E douard A lexandre
A bbé G àyrau».
J. M antknat.
J. E stérac-
H enri DAC.
A bbé P. M aaatjd.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — L'af
faire du curé de Saint-Georges. — Au
jour le jour. — A tour de bras. — Les
catholiques du Nord et du Pas-de-Ca«
lais. — Fermetures d'écoles et manifes
tations. — L'Action libérale populaire. —
Informations politiques et parlementai
res. — Les affaires du Siam. — L'affaire
Boulaine. — Les grèves. — Echos de par*
tout. — Le jubilé de Mgr Goux. — A No
tre-Dame des Victoires. — Nécrologie. —
Tribunaux. — Le château d'Eu en flam
mes. — Nouvelles diverses. — Calen>
drier. — Bourse et bulletin financier.
— Dernière heure.
LE BLOG
Il s'agissait d'aggraver la loi du
1" juillet 1901. La haine anticléri
cale a cimenté le bloc et, par cent
treize voix de majorité, la Chambre
a infligé une nouvelle blessure à la
justice et à la liberté.
Le bloc!... On ne saurait mieux
dire; et le parti qui s'est affublé de
ce nom le gardera comme une flé
trissure. tl n'a fait preuve de bon
sens et de loyauté que le jour où il
l'a choisi.
C'est bien le bloc, en effet, le
bloc de pierre, aveugle, sourd et
muet, qui n'a de puissance que
pour écraser ;ilne peut comprendre
aucun argument, il ne peut fournir
aucune raison ; rien ne saurait l'é
mouvoir ou le détourner de sa mar
che; il tue, sans savoir pourquoi,
parce qu'il lui est impossible de
faire autre chose; il est au-dessous
de la brute.
L'iniquité du projet déposé par
M. Combes et plombé par la com
mission a été démontrée lumineu
sement. Tour à tour, dans la dis
cussion générale ou à l'occasion des
amendements qu'ils soutenaient
avec une courageuse et tenace éner
gie, MM. de. Castelnau, Groussau,
Lerolle, Xavier Reille, l'abbé Le-
mire, de Ramel en ont établi les
rigueurs injustes et les conséquen
ces monstrueuses. Le bloc èst resté
insensible. Toute l'éloquence et
toute la clarté des discours n'ont
pu tirer de lui que des grognements
informes, précisés parfois en inter^
ruptions grossières et ineptes.
Les partisans de la loi ne se sont
pas même donné la peine de là dé
fendre. Ils ont laissé au rapporteur
et au garde des sceaux le soin d'ex
poser, en quelques mots tranchants
comme un couperet et tout juste
aussi intelligents, le but qu'ils
avaient voulu atteindre. Ils ont ap
plaudi et ils ont voté, mécanique
ment.
Quel besoin le bloc avait-il d'en
tendre réfuter les arguments de
l'opposition ? Ces arguments ne lui
prouvaient que sa scélératesse; il
la connaît depuis longtemps. Plus
on lui démontrait qu'il allait com
mettre une infamie, plus il était
impatient de s 'y plonger.
Rarement majorité donna un
spectacle plus écœurant.
La Chambre a donc adopté ce que
le gouvernement lui demandait.
Désormais, — si le Sénat ratifie
ce vote odieux, — quiconque ou
vrira ou dirigera, sans l'aveu de
M. Combes, un établissement con-
gréganiste, école, hospice, ouvroir,
orphelinat, dispensaire, sèra puni
de prison. ,
Quiconque se rendra complice de
ce grand crime, en louant, prêtant,
ou donnant, pour l'usage interdit
par M. Combes, un local qui lui
appartient, sera puni de prison.
Désormais, enfin,—si cette mons
truosité fantastique obtient l'appro
bation du Sénat, — un seul religieux
— un seul! — occupé dans une
maison qui ne lui appartient pas,
fera de' cette maison un établisse
ment congréganiste!
Avec un prodigieux toupet, le
rapporteur,— c'est M. Rabier, de
qui rien ne surprend, — a déclaré
que cette dernière mesure avait
uniquement pour but d'éviter l'ar
bitraire.
Car M. Rabier a horreur de l'ar
bitraire. A vrai dire, il a trouvé que
M.Combes avait eu grandement rai
son de fermer arbitrairement trois
mille écoles; mais il ne supporte
pas l'idée que les tribunaux pour
raient acquitter des religieux, sous
le prétexte,—■ arbitraire à son avis,
— qu'un individu ne constitue pas,
à lui seul, un groupe et qu'un em
ployé n'est pas un propriétaire.
Le bloc a été séduit parce raison
nement. Donc, quand les tribunaux
mettront la main, n'importe où, sur
un froc ou une cornette, ils les
condamneront comme établisse
ments congréganistes. Ils ne pour
ront plus, arbitrairement^ les: ac
quitter. L'aversion de M? Rabier
pour l'arbitraire est soulagée.
Aussi M. Rabier. n'a-t-il pas eu
besoin de lui donner d'autres satis
factions. Un député voulait mettre
également quelques bornes à l'arbi
traire de M. Combes. Il deman
dait modestement que, dès lors que
les directeurs d'établissements con
gréganistes étaient traînés devant
la justice, on réservât à la justice
également le soin de fermer leurs
maisons. M. Rabier s'est élevé là-
contre, avec fureur, et lè bloG,
docile et brutal, a écrasé l'amende
ment.
Tous les autres amendements
ont eu le même sort. Vainement, plu
sieurs députés, voyant que les éco
les étaient condamnées sans merci,
ont-ils voulu sauver les établisse
ments charitables. Ils se sont brisés
sur le bloc insensible, impitoyablë.
Est-ce qu'un bloc peut avoir une
âme?
Non! un bloc n'a point d'âme...
Et c'est pourquoi, quand il se brise,
— car il n'est pierre si dure qui ne
puisse être foudroyée ! — il n'en
reste plus rien. Tandis que, des vic
times, écrasées sous sa masse, il
survit toujours quelque chose.
François V euillot.
'BULLETIN
La majorité sectaire veut faire vite :
elle a expédié, en une séance, le projet
aggravant la loi de ÏS01. C'est en vain
que plusieurs membres de la minorité
ont montré, avec beaucoup, de force et
de précision, l'iv justice et l'illégalité de
ces modifications ; l'ensemble a été
adopté par 331 voix contre 218.
On s'est ajourné à demain.
Au Sénat, M, Francis Charmes a pro
noncé un intéressant discours sur la
proposition Bérenger relative aux con
seils du travail j la discussion repren
dra demain jeudi.
Le roi d'Espagne a chargé M. Sa-
gastade réorganiser le cabinet; l'an
cien président du conseil a commencé
ses démarches; elles tendent à. consti
tuer un ministère de concentration li
bérale avec des éléments plus démocra
tiques.
Dans la province d'Orense,-s'est .pro
duit un soulèvement, à l'occasion de la
perception de l'octroi; les gendarmes
ont du faire feu sur les émeutiers ; une
femme a été tuée ; deux hommes et deux
gendarmes ont été blessés.
L'empereur Guillaume et le roi d'An
gleterre ont encore chassé aux environs
ae Sandringham-, toute la familleroyale
et leur hôte se sont fait photographier
en groupe.
A la Chambre des communes,M. Bal-
four a fait voter, malgré les libéraux,
une motion tendant à limiter la discus
sion du projet sur l'instruction publi
que j- le travail de la commission devra
être terminé le 20 novembre et la dis
cussion des amendements le 28 du même
mois.
Les généraux Èotha et Delarey ont eu
hier avec M. Chamberlain une discus
sion qui a duré plus de deux heures
sur la situationdes Boers et les mesures
à, prendre pour l'améliorer.
On n'a pas encore de détails sur ce
qui a été dit de part et d'autre.
Séance mouvementée, à 2a Chambre
autrichienne.
M. de Kœrber, ministre président,
parlant sur la déclaration gouverne
mentale du 1$ octobre-,a été accueilli par
les cris répétés de:' A bas Kœrber 1 »
de la part des tchèques et des radi
caux.
Répondant à une interpellation sur
des faits qui se sont produits lors des
ballett&gcs de la Diète dans le faubourg
de Favoriten'Strasse à Vienne, le 7 no
vembre,le ministreadit que des bouteilles
ont été jetées des fenêtres d'une maison
ouvrière, ce qui a déterminé probable
ment la police à pénétrer dans cette
maison.
Les socialistes se sont plusieurs fois
attaqués, pendant la discussion, aux
chrétiens sociaux.
En Belgique, la session parlementaire
a été rouverte par des séances de pure
forme ; au Sénat, le duc d'Ursel a été
élu président par 83 voix et 3 bullletins
blancs.
On mande de Fez que les têtes de 29
des partisans du prétendant ont été
clouées aux portes de la ville.
NOUVELLES DE ROM!
tîn Êomplot contré
le pèlerinage Italien en Palestine.
. La presse italienne parle d'un complet
qui aurait été organisé afin d'e&pêçher
le pèlerinage italien d'entrer à Jérusa
lem. Au moment où le pèlerinage, ayant
quitté Tibériade, traversait la Samarie,
un « pappaB » grec aurait écrit au gou
verneur de Jérusalem qu'à Tibériade
avaitéclaté le choléra et que, par consé
quent, la caravane qui venait de passer
par là était suspecte.
Si ce gouverneur avait voulu se prêter
à ce jeu, le cardinal, et les pèlerins au
raient dû faire dix jours de quarantaine
et peut-être retourner immédiatement.
Par une étrange combinaison, le consul
russe, qui est le doyen du corps consu
laire, avait convoqué précisément pour le
jour et l'heure de l'entrée du cardinal,tous
ses collègues,à une réunion où l'on devait
concerter les mesures à prendre contre le
choléra.
Les coiibu I s catholiques devant sè trou
ver au Saint-Sépuloïe, le conBul russe ne
vit arriver que le consul greo.
L'officieuse Tribuna, après avoir de
nouveau félicité le gouvernement italien
du succès remporté en Orient au point de
vue du protectorat, raconte ce conflit et
ajoute :
«Est-ce que nous devons attribuer tous
ces iaoident3 ausBi à l'alliance franco»
russe? »
L'iEMKB M CTO
L'Agence Bavas communique
cette note aux journaux :
L'archevêque de Lyon ayant commu
niqué au gouvernement l'ordonnance par
laquelle il suspendait les pouvoirs du
curé de Saint- Georges, à Lyon, le prési
dent du conseil, miniBtre des cultes, lui
a immédiatement fait observer que, B 'a-
gissant d'un curé inamovible agréé par
le chef de l'Eltat, il faisait toutes réserves
tant sur le fond que sur la forme de la
dite ordonnance.
M. Combes est ridicule. Qu'il s'a
gisse d'un curé inamovible ou non,
il ne saurait empêcher un évêque
d'ôter à un de ses prêtres,qu'il juge
indigne, le pouvoir de célébrer la
messe et d'administrer les sacre
ments.
Aïï JOUE LE JOUE
Le Journal officiel publiait hier matin
les opérations concernant les caisses d'é
pargne ordinaires, du 1" au 10 novem
bre 1902 :
Dépôts de fonds...
Retraits de fonds. ,
2.644.943 31
23.884.553 43
Excédents de retraits
pour ces dix jours seu
lement 21.239.610 12
Excédents de retraits du 1" janvier au
iO novembre 1902 : 82,184,556 fr. 61.
Nous demandons des poursuites contre
l'Officiel, qui détruit notre douce con
fiance dans la solvabilité du gouverne
ment.
• • ■■ ■
* *
Au moment où reprennent ce qu'on est
convenu d'appeler les « plaisirs > du
monde, le petit caloul suivant, dû à un
statisticien anglais, n'a pas moins d'op
portunité que de Baveur.
Ce statisticien s'est occupé de la sta
tistique de la danse.
Il a constaté qu'une bonne danseuse
« travaille » en moyenne six heures dans
une soirée, qui Be prolonge jusqu'à qua
tre heureB du liiaUn. Pendant ce temps,
elle fait en moyenne 56,000 pas ; ce qui
équivaut à 46 kilomètres ! Une seule
valse d'une durée moyenne lui fait par
courir 1,050 mètres. Un quadrille lui im-
pose un ohemin de 2,080 mètres, une ma
zurka seulement 900 métrés, et une polka
800 màtfes.
La même jeune fille, si on lui propo
sait de faire à pied trois kilomètres dans
les rues, déclarerait peut-être que la
course est trop longue et risquerait de la
fatiguet*.
Le Matin, journal bien informé, ënu-
mère les États « indépendants » que ren
ferme l'Afrique.
Ce sont, d'après lui, I'Abyssinie, le
Maroc et la Tripolitaine 1
Chez les < ignorantins », on apprend
que la Tripolitaine forme un vilayet de
l'empire ottoman. Mais peut- être, aveo
l'enseignement laïque, on nous a changé
tout celât
.**
On peut, lire, affichée Bur les murs
d'une école de la Ville de Paris, l'école
Jean-Baptiste-Say, cette liste des jeux
défendus î
« Défense de jouer au caricoco ou au
cheval fondu, au saut de mouton au
forcé, au traineau, à la guerre, au ber
ger et à la mère, à l'ours, aux barres, à
l'araignée, à flot, au diable boiteux, à là
guise ou au guiseau, à là canonnière, à
la culbute, à la ménagerie, au ser
pent », etc., etc.
Beaucoup de ces jeux notis sont in
connus, mais les barres, les antiques
barres, pourquoi les défendre ?
Mystères administratifs !
M. Luc Olivier-Mersbn, réminent gra»
veur, est séquestré.
Oui, séquestré, et oà eat pair qui? -
OÔ? A la Banque de Franoe. Par qui?
Par la Banque elle-même.
M. Luc Olivier-Merson met en effet la
dernière main à ses planches de tirage
du nouveau billet de banque. Pour obéir
aux prescriptions,, d'usage, l'artiste est
obligé dé èe BOumettre,dans l'atelier où
il travaille, à une surveillance des plus
rigoureuses. Un gardien ne le quitte pas
de l'œil et la porte du réduit est soigneu-
Bernent close.
Une maison de construction tiiéba-
t)i(£i2é rîii quartier de Vaugirard a livré,
ces jours ci, à l'administration, une ma»
chine de préoision qui servira au ti
rage.
Cette machine, des plus perfection
nées, permet de tirer les billets en huit
couleurs mélangées, de telle façon qu'il
sera impossible aux contrefacteurs — on
l'espère du moins — d'en tenter une imi
tation, même par la photographie.
• ' •
Bien que le transsibérien ne soit pas
complètement, achevé, on songe dès
maintenant à l'utiliser pour les courriers
d'Extrême Orient.
Son emploi permettra d'abréger consi
dérablement les délais nécessaires aux
communications postales avec la Chine
et le Japon. Tandis qu'une lettre expé
diée de Franoe par la voie maritime met
environ 37 jourB pour atteindre Port-
Arthur, la transmission par le transsibé
rien pourra vraisemblablement s'effec
tuer en 17 jours.
Il est évident que la mesure sera adop
tée tôt ou tard, mais, en ce moment, une
partie de la route se fait encore par voi
tures, ce qui complique le problème.
. . V " *
• •
Chez le boucher.
— Combien la tête de veau?
■—Huit francs.
— Je vous eh offre six.
— Dites donc ! vous voulez vous payer
ma tête?
« k TOUR DE BRAS »
La Lanterne n'est pas contente. L'é
tranglement des congrégations ne mar
che pas aussi vite qu'elle aurait voulu.
Figurez vous un chien à qui l'on mon
tre un os, qui avance la gueule pour le
happer, et à qui on s'amuserait à le re
tirer cinq ou Bix fois de suite.
Pourquoi tant de formeB? Qu'a»t»on
besoin d'aller chercher un nouvel instru
ment de strangulation dans les magasins
du Conseil d'Etat? La Lanterne en tient
dans sa boutique, et de meilleurs.
a Voilà un mauvais début ! » s 'exclame
la feuille BocialiBte, et elle ajoute :
Si nous faisons mine de courir aprè 8
tous lièvres qu'on fera lever sous no 3
pas, la chasse durera encore en 1906, et le*
congrégations finiront par échapper à la
faveur d'un incident ou d'une Crise. ,
Les républicains sont ils. oui ou non, la
majorité ? Oui ou non, ont-ils reçu mandat
des électeurs de combattre le cléricalisme î
Oui où non, sont-ils décidés à disperser
les congrégations non autorisées et à ne
pluB en autoriser à l'avenir?
Si c'est oui, qu'on ne s'arrête pas à tous
les pièges, à tous les trucs de l'opposi
tion.
Notons au paBsage que nombre de dé
putés ministériels n'ont nullement reçu
de leurs électeurs le mandat de c com
battre le cléricalisme » et même auraient
certainement échoué s'ils avaient déolaré
aveo franchise leur intention de persé
cuter l'enseignement libre.
Là Lanterne conclut :
Pour éviter les pièges à l'avenir, pour
écarter les tentatives de diversion et décou
rager l'obstruction, il suffira à tous, gou
vernement, commissions et majorités des
deux Chambres, de délibérer entre eux et
d'apporter en séance les résolutions toutes
prêtes. On n'ergote pas en face de l'en
nemi.
Notre œuvre, c'est de frapper la Congré
gation à tour de bras — et sans mettre des
gants.
Retenons bien ces déclarations, où
éclate un merveilleux respect de l'orga
nisation parlementaire, et mettons-les
en réserve pour le jour où, devenus à
leur tour la minorité, ces gens-là vou
dront noua faire de l'obstruction. Si, ce
jour-là, on « n'ergote paBaveo l'ennemi »,
l'ennemi n'aura pas le droit de Be plain
dre.
Gà et là
UN RHÉTEUR D'ATELIER
Paris — la Ville-lumièrei—renferme,
hélas ! malgré toutes ses splendeurs,
des ignorances bien épaisses, surtout en
matière religieuset
Au fond des campagnes,même dans la
cervelle du berger le plus obtus, on
trouve certainement des notions plus clai
res sur Dieu, l'âme, l'origine et la desti
née de l'homme, que dans les boîtes
crâniennes, gonflées de sophismes,de ces
pauvres ouvriers de PariB qui,pour toute
pâture intellectuelle avalent chaque
matin les élucubrations anticléricales de
la Lanterne, du Radical, de l'Au
rore* ete.».
&
* •
L'autre jour, j'avaiB pour voisin de
route, dans le fumoir du bateau AuBter-
liti Auteuilj âne espèce de contremaître,
grand parleur d'atelier. Il pérorait âvsc
une faconde toute méridionale et une
exubérance de gesteB extraordinaire.
Plusieurs malheureux ouvriers l'écou-
iaieni avidement, les feut écarquillés,
la bouche démesurément ouverte et sem
blaient boire chaoune de ses paroIeB. L'o
rateur était inlaBBable. Il abordait tous
les sujets sans laisser à ses auditeurs
hypnotisés le moyen de placer un seul
mot à travers &es périodes ébourif
fantes.
•
• *
Du pont deB Saits-Pères à la Concorde
— d 'ést-à-âire dâiis l 'éëjfèoS de t à 8 mi
nutes — il trouva le moyen de faire lè
î>rocèB en règle de la religion prise en
bloo et qui, d'après lui, n'est qu'un triste
héritage des temps d'obscurantisme.
1Î89 a dissipé tsates les ténèferes. O'eBt
le soleil levant de là civilisation et du
progrès humain. Les forces de la nature
expliquent seules l'homme et l'univers.
Le reste n'est rien, etc., etc., etc.
- l'en passe... et des pires...
- *
J 'avais grande envie de poser un tout
petit point d'interrogation à ce philoso
phe de si haute envergure et de lui de
mander simplement oe qu'il entendait
par le mot « force » et comment la na
ture pouvait être actionnée, en dernier
ressort et au-dessuB de toutes les causes
secondes, par autre chose qu 'une intelli
gence et un eBprit?
Mais je me contins et je fis bien, car
la suite du discours de mon loquace rhé
teur ne tarda pas à me prouver qu'il
était absolument inoapable de saisir les
relations de cause à effet et la différence
du fini avec l'infini.
i ■ 4
• •
Comme noua touohions au pont de
l'Aima, notre homme, haussant la voix,
déclara magistralement que ■ le bon
Dieu ne pouvait rien comprendre (sic) à
tout ce que lui demandent les prêtres,
parce que ceux-ci (je n 'invente pas, je
transcris) lui présentent leurs requêtes
tous à la fois, à la mesBe, d 'un bout du
monde à l'autre » !!!
« a
Aveo des arguments de cette force,
mon homme était jugé et jaugé.
Ou j'avaiB en face de moi un poseur
qui par orgueil se jouait de Bon auditoire
naïf aveo les plus abracadabrants para
doxes blasphématoires ;
Ou bien ce malheureux obtus pensait
les idioties qu'il débitait avec emphase et
prétention.
Aucune idée de Dieu, dans ce dernier
caB, ne subsistait donc dans cette pau
vre cervelle. Il confondait la nature hu
maine avec la nature divine. Et de ce
qu'un homme ne peut entendre plusieurs
personnes à la fois, notre libre-penseur
de dixième ordre concluait — sans rire —
que Dieu, le maître des mondes, ne sau
rait — Lui l'intelligence infinie — enten
dre les prières de tous les hommeB en
même temps.
Mais ce n'est pas tout. Ces gros sar
casmes, si bêteB, furent assaisonnés de
plaisanteries scurriles. La galerie écla
tait de rire. C'était épais et c'était sale.
Du Zola dilué dans des brocards fangeux
d'estaminet. Quel répertoire !
Finalement, après avoir traîné prê
tres, moines et moniales dans la boue,
l'énergumène conolut que seuls « les
Bauvages qui adorent le soleil sont vrai
ment religieux ».
Je pensais que la thèse allait être con
tinuée par l'énuraération des bienfaits
de l'astre roi, et je me demandais com
ment, en répudiant l'idée de Dieu créa
teur et Intelligence Buprême, mon
homme allait s 'en tirer B'il tentait d'ex
pliquer les merveilleux organismes du
soleil qui épand partout la chaleur, la
lumière et la vie.
Mais l'explication ne vint pas et j'é
tais arrivé à la Btation où je descends
d'habitude.
• •
Une invincible tristesse B'était empa
rée de tout mon être à la pensée que,
dans notre beau PariB, au sein des mas
ses populaires aveuglées, de pareils
rhéteurs peuvent trouver un auditoire
soumis et crédule.
Quelle honte pour la raison humaine !
Et comme il importe d'aller à çe peu
ple berné par de telles sornettes pour
l'affranchir et le délivrer par l'évan
gile.
Nous avens deB instituts et des acadé
mies,des écoles primaires et secondaires,
dea lycées et des collèges, des cercles
d'études et des musées ; mais, hélas !
derrière toute cette brillante façade
scientifique, nous trouvons encore deB
BteppeB arides et inexplorés, tout un pays
de mission à défricher...
Comment saisir ce bloc? A la confé
rence publique, ajoutons l'apostolat in
dividuel. Que notre ardente jeunesse ca
tholique Be mêle de plus en plus au
mouvement de l'usine et de l'atelier;
qu 'elle vive parmi les ouvriers ; qu 'elle
prenne part à leurs fêtes et à leurs réu
nions, et qu'au besoin même elle Bâche
aller à eux jusque dans les auberges, les
cabarets et les marchands de vin, où ils
se groupent après le travail et aux heu
res des repas, afin de causer avec eux,
de redresser amicalement les idées faus
ses et les eophismes dont la presse libre-
penseuBe, sectaire et maçonnique les
sature chaque jour.
Voilà le travail I
La moisson est abondante et appelle
deB moissonneurs*
Edeuard A lexandre.
IN ORDRE M JOUR LAÏQUE
Le congrès des jeunesses laïques,
Sui vient de se tenir a Paris, a voté,
ans sa première séance, l'ordre du
jour suivant :
« Les parents et la société doi
vent respeeter dan» l'enfant les
droits de la personne humaine et
lui assurer l'éducation normale et
rationnelle.
« La prétendue liberté d'ensei
gner ne saurait être assimilée à la
liberté de communiquer la pensée
par la parole et par la pressé. Ce
n'est ni une liberté publique, ni un
droit naturel. C'ést une fiction,
grâce à laquelle on^ limite ou l'on
supprime la liberté naissante de
l'entant.
c Cette liberté de l'enfant ne peut
être respectée, sauvegardée et cul
tivée que par un enseignement ex
clusivement laïque,
a De là résultent pour les Etats
service public exclusif. »
Voilà, nettement formulées, les
maximes du jacobinisme maçon
nique en matière de liberté d'ensei
gnement!
Examinons-les un instant de près
et à la file.
La première, relative au respect
dû par les parents et par les socié
tés à la personne humaine de l'en
fant, serait parfaite si, à côté des
droits, elle plaçait les devoirs. Le
but de l'éducation n'est pas seule
ment de préparer l'enfant à l'exer
cice des droits de l'homme, mais
encore à l'accomplissement de ses
devoirs. Or, quels sont les devoirs
imposés à la personne humaine ?
C'est une question préjudicielle. Et
qui la tranchera pour le compte
de l'enfant? Autre question prélimi-'
naire.
Nous, catholiques, nous préten
dons que l'enfant a des devoirs à
remplir envers Dieu, que ces de
voirs sont définis par l'Eglise, et
nous revendiquons pour les parents
catholiques le droit et la liberté de
faire donner une éducation chré
tienne à leurs enfants.
Les jacobins du congrès pensent
autrement que nous sur les devoirs
envers Dieu ; soit, mais de quel
droit veulent-ils employer la force
de l'Etat à entraver la liberté de
penser des catholiques et la liberté
de conscience des parents chré
tiens? Ils sont athées. Nous les
laissons libres. De quel droit osent-
ils imposer leur athéisme à au
trui ?
Pour nous, l'éducation « normale
et rationnelle » c'est uniquement
l'éducation chrétienne et catholi
que. C'est notre droit de penser
ainsi, et nous réclamons la liberté
d'agir en conséquence.
La seconde maxime est la néga
tion de la liberté de l'enseignement.
D'après nos jacobins, ce n'est ni
une liberté publique, ni un droit
naturel, mais une fiction légale con
traire à la liberté de l'enfant.
Je ne contesterai pas beaucoup
avec eux sur ce point. Les catholi
ques ne considèrent pas les liber
tés publiques comme des droits na
turels. Pour eux, la liberté de l'en
seignement, non plus que celles de
conscience et des cultes, n'est
qu'une tolérance, légitime sans doute
et même nécessaire, mais enfin une
simple tolérance. Ces libertés ne
sont des droits civiques que dans
l'hypothèse d'un Etat neutre en
matière de religion.
Voilà pourquoi nous ne pouvons
accepter que les jacobins, partisans
de la neutralité de l'Etat, traitent
la liberté d'enseignement de « fic
tion » légale. Devant l'Etat neutre,
la liberté de conscience et ses co
rollaires logiques ne sont pas des
créations de la loi ; ce sont des
droits primordiaux des citoyens,
3ue la loi n'institue pas, qu'elle
oit reconnaître, qu'elle peut régle-
: monter dans l'intérêt général, qu'elle
n'a pas le pouvoir de confisquer ni
d'entraver entièrement. L'indiffé-,
rence ou neutralité religieuse de
l'Etat ne se conçoit pas si, dans
l'Etat, la pensée, la conscience, le
culte, l'enseignement sous toutes
ses formes, ne jouissent pas de la
liberté dans les limites du respect
de l'égale liberté d'autrui. Ce sont
là des choses évidentes aux yeux
du bon sens.
Quant à la distinction faite par
nos jacobins entre les libertés de 1%
parole et de la presse, qu'ils veu
lent maintenir encore, et celle de
l'enseignement qu'ils entendent sup
primer au plus tôt, je n'en saisis
pas le bien fondé. Enseigner, c'est
une manière de communiquer la
pensée par la parole ; c'est 1 espèce
d'un genre. Pour quelle raison fau
drait-il exclure cette espèce-là de
la liberté reconnue au genre lui-
même?
Mais ce qu'il v a de plus remar
quable dans la déclaration jacobine
du congrès, c'est assurément l'af
firmation tranchante que c la li
berté de l'enfant ne peut être res
pectée, sauvegardée et cultivée que
{>ar un enseignement exclusivement
aïque », c'est-à-dire par un ensei
gnement athée, matérialiste, anti
chrétien. En vérité, c'est là non pas
un sophisme trompeur, mais une
contradiction flagrante. Je voudrais
bien que l'on m'explique comment
c'est limiter ou anéantir la liberté
naissante de l'enfant que de lui en
seigner Dieu, l'âme immortelle et
le catholicisme, tandis que ce serait
la respecter, la sauvegarder, la cul
tiver que de lui enseigner qu'il n'y
a pas de Dieu, qu'il n'y a pas
d'âme, et que le christianime est
une tromperie. C'est se moquer du
iublic que de lui tenir un pareil
angage. On conçoit la thèse abs-
Taite de la neutralité religieuse de
'école et de l'enseignement; bien
que pratiquement il n'y ait pas et
ne puisse y avoir de maître neutre,
parce qu'il n'y a pas d'esprit neu
tre. Mais réclamer un enseignement
laïque, c'est-àrdire positivement et
doctrinairement antichrétien et an
tireligieux, au nom de la liberté de
l'enfant, et repousser l'enseigne
ment catholique en alléguant qu'il
limite ou supprime cette liberté,
c'est, si je l'ose dire, de l'incons
cience dans la contradiction. J'en
connais qui diraient de l'impudence
dans le mensonge.
Reste la conclusion de ces trois
maximes laïques et jacobines, à sa
voir que c'est pour l'Etat « une
obligation morale et une nécessité
politique d'ériger l'enseignement
en service public exclusif ».
Que l'Etat ait le devoir de s'inté
resser à l'enseignement, à l'éduca
tion, c'est incontestable. Qu'il puis
se ériger des écoles et instituer des
professeurs, personne ne lui dénie
ce droit. Mais nous n'accorderons
point qu'il ait le devoir d'interdire
toute initiative privée en cette ma-
PARIS > ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION POSTAIS)
ÎJnan.'. 25 n 86 »
Six mois 13 » 19 »
Trois mois 7 » 10 »
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UIIIWS
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
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On l 'abonne à Rome, place du Gesù, S
2£ Y
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QU0TIDIEN3ÎH
PARIS * ÉTRANGER".
M DÉPARTEMENTS . (UNION POSTAlEjf
Dn an,........ 13 » 20 »
Six mois...... 7 » 11 »
Trois mois..... 4 » 5 50 '
Les abonnemënts partent des l u et 18 de chaîne moli
^'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont aârtuH 1
ANNONCES /
MM. LAGRANGE, CERF et 0,0, place dé la Bourir '
m
PARIS-. 12 NOVEMBRE 1902
SOMMAIRE
Le bloc.....t«*.....
Çà et là: Un rhé
teur d'atelier.
Un ordre du jour
laïque
A. 1» Ohuibr*
Au Sénat.
Deux expositions
artistiques........
Feuilleton : La basi
lique de Sainte-Gé-
cite
F rançois V soiuoc*
E douard A lexandre
A bbé G àyrau».
J. M antknat.
J. E stérac-
H enri DAC.
A bbé P. M aaatjd.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — L'af
faire du curé de Saint-Georges. — Au
jour le jour. — A tour de bras. — Les
catholiques du Nord et du Pas-de-Ca«
lais. — Fermetures d'écoles et manifes
tations. — L'Action libérale populaire. —
Informations politiques et parlementai
res. — Les affaires du Siam. — L'affaire
Boulaine. — Les grèves. — Echos de par*
tout. — Le jubilé de Mgr Goux. — A No
tre-Dame des Victoires. — Nécrologie. —
Tribunaux. — Le château d'Eu en flam
mes. — Nouvelles diverses. — Calen>
drier. — Bourse et bulletin financier.
— Dernière heure.
LE BLOG
Il s'agissait d'aggraver la loi du
1" juillet 1901. La haine anticléri
cale a cimenté le bloc et, par cent
treize voix de majorité, la Chambre
a infligé une nouvelle blessure à la
justice et à la liberté.
Le bloc!... On ne saurait mieux
dire; et le parti qui s'est affublé de
ce nom le gardera comme une flé
trissure. tl n'a fait preuve de bon
sens et de loyauté que le jour où il
l'a choisi.
C'est bien le bloc, en effet, le
bloc de pierre, aveugle, sourd et
muet, qui n'a de puissance que
pour écraser ;ilne peut comprendre
aucun argument, il ne peut fournir
aucune raison ; rien ne saurait l'é
mouvoir ou le détourner de sa mar
che; il tue, sans savoir pourquoi,
parce qu'il lui est impossible de
faire autre chose; il est au-dessous
de la brute.
L'iniquité du projet déposé par
M. Combes et plombé par la com
mission a été démontrée lumineu
sement. Tour à tour, dans la dis
cussion générale ou à l'occasion des
amendements qu'ils soutenaient
avec une courageuse et tenace éner
gie, MM. de. Castelnau, Groussau,
Lerolle, Xavier Reille, l'abbé Le-
mire, de Ramel en ont établi les
rigueurs injustes et les conséquen
ces monstrueuses. Le bloc èst resté
insensible. Toute l'éloquence et
toute la clarté des discours n'ont
pu tirer de lui que des grognements
informes, précisés parfois en inter^
ruptions grossières et ineptes.
Les partisans de la loi ne se sont
pas même donné la peine de là dé
fendre. Ils ont laissé au rapporteur
et au garde des sceaux le soin d'ex
poser, en quelques mots tranchants
comme un couperet et tout juste
aussi intelligents, le but qu'ils
avaient voulu atteindre. Ils ont ap
plaudi et ils ont voté, mécanique
ment.
Quel besoin le bloc avait-il d'en
tendre réfuter les arguments de
l'opposition ? Ces arguments ne lui
prouvaient que sa scélératesse; il
la connaît depuis longtemps. Plus
on lui démontrait qu'il allait com
mettre une infamie, plus il était
impatient de s 'y plonger.
Rarement majorité donna un
spectacle plus écœurant.
La Chambre a donc adopté ce que
le gouvernement lui demandait.
Désormais, — si le Sénat ratifie
ce vote odieux, — quiconque ou
vrira ou dirigera, sans l'aveu de
M. Combes, un établissement con-
gréganiste, école, hospice, ouvroir,
orphelinat, dispensaire, sèra puni
de prison. ,
Quiconque se rendra complice de
ce grand crime, en louant, prêtant,
ou donnant, pour l'usage interdit
par M. Combes, un local qui lui
appartient, sera puni de prison.
Désormais, enfin,—si cette mons
truosité fantastique obtient l'appro
bation du Sénat, — un seul religieux
— un seul! — occupé dans une
maison qui ne lui appartient pas,
fera de' cette maison un établisse
ment congréganiste!
Avec un prodigieux toupet, le
rapporteur,— c'est M. Rabier, de
qui rien ne surprend, — a déclaré
que cette dernière mesure avait
uniquement pour but d'éviter l'ar
bitraire.
Car M. Rabier a horreur de l'ar
bitraire. A vrai dire, il a trouvé que
M.Combes avait eu grandement rai
son de fermer arbitrairement trois
mille écoles; mais il ne supporte
pas l'idée que les tribunaux pour
raient acquitter des religieux, sous
le prétexte,—■ arbitraire à son avis,
— qu'un individu ne constitue pas,
à lui seul, un groupe et qu'un em
ployé n'est pas un propriétaire.
Le bloc a été séduit parce raison
nement. Donc, quand les tribunaux
mettront la main, n'importe où, sur
un froc ou une cornette, ils les
condamneront comme établisse
ments congréganistes. Ils ne pour
ront plus, arbitrairement^ les: ac
quitter. L'aversion de M? Rabier
pour l'arbitraire est soulagée.
Aussi M. Rabier. n'a-t-il pas eu
besoin de lui donner d'autres satis
factions. Un député voulait mettre
également quelques bornes à l'arbi
traire de M. Combes. Il deman
dait modestement que, dès lors que
les directeurs d'établissements con
gréganistes étaient traînés devant
la justice, on réservât à la justice
également le soin de fermer leurs
maisons. M. Rabier s'est élevé là-
contre, avec fureur, et lè bloG,
docile et brutal, a écrasé l'amende
ment.
Tous les autres amendements
ont eu le même sort. Vainement, plu
sieurs députés, voyant que les éco
les étaient condamnées sans merci,
ont-ils voulu sauver les établisse
ments charitables. Ils se sont brisés
sur le bloc insensible, impitoyablë.
Est-ce qu'un bloc peut avoir une
âme?
Non! un bloc n'a point d'âme...
Et c'est pourquoi, quand il se brise,
— car il n'est pierre si dure qui ne
puisse être foudroyée ! — il n'en
reste plus rien. Tandis que, des vic
times, écrasées sous sa masse, il
survit toujours quelque chose.
François V euillot.
'BULLETIN
La majorité sectaire veut faire vite :
elle a expédié, en une séance, le projet
aggravant la loi de ÏS01. C'est en vain
que plusieurs membres de la minorité
ont montré, avec beaucoup, de force et
de précision, l'iv justice et l'illégalité de
ces modifications ; l'ensemble a été
adopté par 331 voix contre 218.
On s'est ajourné à demain.
Au Sénat, M, Francis Charmes a pro
noncé un intéressant discours sur la
proposition Bérenger relative aux con
seils du travail j la discussion repren
dra demain jeudi.
Le roi d'Espagne a chargé M. Sa-
gastade réorganiser le cabinet; l'an
cien président du conseil a commencé
ses démarches; elles tendent à. consti
tuer un ministère de concentration li
bérale avec des éléments plus démocra
tiques.
Dans la province d'Orense,-s'est .pro
duit un soulèvement, à l'occasion de la
perception de l'octroi; les gendarmes
ont du faire feu sur les émeutiers ; une
femme a été tuée ; deux hommes et deux
gendarmes ont été blessés.
L'empereur Guillaume et le roi d'An
gleterre ont encore chassé aux environs
ae Sandringham-, toute la familleroyale
et leur hôte se sont fait photographier
en groupe.
A la Chambre des communes,M. Bal-
four a fait voter, malgré les libéraux,
une motion tendant à limiter la discus
sion du projet sur l'instruction publi
que j- le travail de la commission devra
être terminé le 20 novembre et la dis
cussion des amendements le 28 du même
mois.
Les généraux Èotha et Delarey ont eu
hier avec M. Chamberlain une discus
sion qui a duré plus de deux heures
sur la situationdes Boers et les mesures
à, prendre pour l'améliorer.
On n'a pas encore de détails sur ce
qui a été dit de part et d'autre.
Séance mouvementée, à 2a Chambre
autrichienne.
M. de Kœrber, ministre président,
parlant sur la déclaration gouverne
mentale du 1$ octobre-,a été accueilli par
les cris répétés de:' A bas Kœrber 1 »
de la part des tchèques et des radi
caux.
Répondant à une interpellation sur
des faits qui se sont produits lors des
ballett&gcs de la Diète dans le faubourg
de Favoriten'Strasse à Vienne, le 7 no
vembre,le ministreadit que des bouteilles
ont été jetées des fenêtres d'une maison
ouvrière, ce qui a déterminé probable
ment la police à pénétrer dans cette
maison.
Les socialistes se sont plusieurs fois
attaqués, pendant la discussion, aux
chrétiens sociaux.
En Belgique, la session parlementaire
a été rouverte par des séances de pure
forme ; au Sénat, le duc d'Ursel a été
élu président par 83 voix et 3 bullletins
blancs.
On mande de Fez que les têtes de 29
des partisans du prétendant ont été
clouées aux portes de la ville.
NOUVELLES DE ROM!
tîn Êomplot contré
le pèlerinage Italien en Palestine.
. La presse italienne parle d'un complet
qui aurait été organisé afin d'e&pêçher
le pèlerinage italien d'entrer à Jérusa
lem. Au moment où le pèlerinage, ayant
quitté Tibériade, traversait la Samarie,
un « pappaB » grec aurait écrit au gou
verneur de Jérusalem qu'à Tibériade
avaitéclaté le choléra et que, par consé
quent, la caravane qui venait de passer
par là était suspecte.
Si ce gouverneur avait voulu se prêter
à ce jeu, le cardinal, et les pèlerins au
raient dû faire dix jours de quarantaine
et peut-être retourner immédiatement.
Par une étrange combinaison, le consul
russe, qui est le doyen du corps consu
laire, avait convoqué précisément pour le
jour et l'heure de l'entrée du cardinal,tous
ses collègues,à une réunion où l'on devait
concerter les mesures à prendre contre le
choléra.
Les coiibu I s catholiques devant sè trou
ver au Saint-Sépuloïe, le conBul russe ne
vit arriver que le consul greo.
L'officieuse Tribuna, après avoir de
nouveau félicité le gouvernement italien
du succès remporté en Orient au point de
vue du protectorat, raconte ce conflit et
ajoute :
«Est-ce que nous devons attribuer tous
ces iaoident3 ausBi à l'alliance franco»
russe? »
L'iEMKB M CTO
L'Agence Bavas communique
cette note aux journaux :
L'archevêque de Lyon ayant commu
niqué au gouvernement l'ordonnance par
laquelle il suspendait les pouvoirs du
curé de Saint- Georges, à Lyon, le prési
dent du conseil, miniBtre des cultes, lui
a immédiatement fait observer que, B 'a-
gissant d'un curé inamovible agréé par
le chef de l'Eltat, il faisait toutes réserves
tant sur le fond que sur la forme de la
dite ordonnance.
M. Combes est ridicule. Qu'il s'a
gisse d'un curé inamovible ou non,
il ne saurait empêcher un évêque
d'ôter à un de ses prêtres,qu'il juge
indigne, le pouvoir de célébrer la
messe et d'administrer les sacre
ments.
Aïï JOUE LE JOUE
Le Journal officiel publiait hier matin
les opérations concernant les caisses d'é
pargne ordinaires, du 1" au 10 novem
bre 1902 :
Dépôts de fonds...
Retraits de fonds. ,
2.644.943 31
23.884.553 43
Excédents de retraits
pour ces dix jours seu
lement 21.239.610 12
Excédents de retraits du 1" janvier au
iO novembre 1902 : 82,184,556 fr. 61.
Nous demandons des poursuites contre
l'Officiel, qui détruit notre douce con
fiance dans la solvabilité du gouverne
ment.
• • ■■ ■
* *
Au moment où reprennent ce qu'on est
convenu d'appeler les « plaisirs > du
monde, le petit caloul suivant, dû à un
statisticien anglais, n'a pas moins d'op
portunité que de Baveur.
Ce statisticien s'est occupé de la sta
tistique de la danse.
Il a constaté qu'une bonne danseuse
« travaille » en moyenne six heures dans
une soirée, qui Be prolonge jusqu'à qua
tre heureB du liiaUn. Pendant ce temps,
elle fait en moyenne 56,000 pas ; ce qui
équivaut à 46 kilomètres ! Une seule
valse d'une durée moyenne lui fait par
courir 1,050 mètres. Un quadrille lui im-
pose un ohemin de 2,080 mètres, une ma
zurka seulement 900 métrés, et une polka
800 màtfes.
La même jeune fille, si on lui propo
sait de faire à pied trois kilomètres dans
les rues, déclarerait peut-être que la
course est trop longue et risquerait de la
fatiguet*.
Le Matin, journal bien informé, ënu-
mère les États « indépendants » que ren
ferme l'Afrique.
Ce sont, d'après lui, I'Abyssinie, le
Maroc et la Tripolitaine 1
Chez les < ignorantins », on apprend
que la Tripolitaine forme un vilayet de
l'empire ottoman. Mais peut- être, aveo
l'enseignement laïque, on nous a changé
tout celât
.**
On peut, lire, affichée Bur les murs
d'une école de la Ville de Paris, l'école
Jean-Baptiste-Say, cette liste des jeux
défendus î
« Défense de jouer au caricoco ou au
cheval fondu, au saut de mouton au
forcé, au traineau, à la guerre, au ber
ger et à la mère, à l'ours, aux barres, à
l'araignée, à flot, au diable boiteux, à là
guise ou au guiseau, à là canonnière, à
la culbute, à la ménagerie, au ser
pent », etc., etc.
Beaucoup de ces jeux notis sont in
connus, mais les barres, les antiques
barres, pourquoi les défendre ?
Mystères administratifs !
M. Luc Olivier-Mersbn, réminent gra»
veur, est séquestré.
Oui, séquestré, et oà eat pair qui? -
OÔ? A la Banque de Franoe. Par qui?
Par la Banque elle-même.
M. Luc Olivier-Merson met en effet la
dernière main à ses planches de tirage
du nouveau billet de banque. Pour obéir
aux prescriptions,, d'usage, l'artiste est
obligé dé èe BOumettre,dans l'atelier où
il travaille, à une surveillance des plus
rigoureuses. Un gardien ne le quitte pas
de l'œil et la porte du réduit est soigneu-
Bernent close.
Une maison de construction tiiéba-
t)i(£i2é rîii quartier de Vaugirard a livré,
ces jours ci, à l'administration, une ma»
chine de préoision qui servira au ti
rage.
Cette machine, des plus perfection
nées, permet de tirer les billets en huit
couleurs mélangées, de telle façon qu'il
sera impossible aux contrefacteurs — on
l'espère du moins — d'en tenter une imi
tation, même par la photographie.
• ' •
Bien que le transsibérien ne soit pas
complètement, achevé, on songe dès
maintenant à l'utiliser pour les courriers
d'Extrême Orient.
Son emploi permettra d'abréger consi
dérablement les délais nécessaires aux
communications postales avec la Chine
et le Japon. Tandis qu'une lettre expé
diée de Franoe par la voie maritime met
environ 37 jourB pour atteindre Port-
Arthur, la transmission par le transsibé
rien pourra vraisemblablement s'effec
tuer en 17 jours.
Il est évident que la mesure sera adop
tée tôt ou tard, mais, en ce moment, une
partie de la route se fait encore par voi
tures, ce qui complique le problème.
. . V " *
• •
Chez le boucher.
— Combien la tête de veau?
■—Huit francs.
— Je vous eh offre six.
— Dites donc ! vous voulez vous payer
ma tête?
« k TOUR DE BRAS »
La Lanterne n'est pas contente. L'é
tranglement des congrégations ne mar
che pas aussi vite qu'elle aurait voulu.
Figurez vous un chien à qui l'on mon
tre un os, qui avance la gueule pour le
happer, et à qui on s'amuserait à le re
tirer cinq ou Bix fois de suite.
Pourquoi tant de formeB? Qu'a»t»on
besoin d'aller chercher un nouvel instru
ment de strangulation dans les magasins
du Conseil d'Etat? La Lanterne en tient
dans sa boutique, et de meilleurs.
a Voilà un mauvais début ! » s 'exclame
la feuille BocialiBte, et elle ajoute :
Si nous faisons mine de courir aprè 8
tous lièvres qu'on fera lever sous no 3
pas, la chasse durera encore en 1906, et le*
congrégations finiront par échapper à la
faveur d'un incident ou d'une Crise. ,
Les républicains sont ils. oui ou non, la
majorité ? Oui ou non, ont-ils reçu mandat
des électeurs de combattre le cléricalisme î
Oui où non, sont-ils décidés à disperser
les congrégations non autorisées et à ne
pluB en autoriser à l'avenir?
Si c'est oui, qu'on ne s'arrête pas à tous
les pièges, à tous les trucs de l'opposi
tion.
Notons au paBsage que nombre de dé
putés ministériels n'ont nullement reçu
de leurs électeurs le mandat de c com
battre le cléricalisme » et même auraient
certainement échoué s'ils avaient déolaré
aveo franchise leur intention de persé
cuter l'enseignement libre.
Là Lanterne conclut :
Pour éviter les pièges à l'avenir, pour
écarter les tentatives de diversion et décou
rager l'obstruction, il suffira à tous, gou
vernement, commissions et majorités des
deux Chambres, de délibérer entre eux et
d'apporter en séance les résolutions toutes
prêtes. On n'ergote pas en face de l'en
nemi.
Notre œuvre, c'est de frapper la Congré
gation à tour de bras — et sans mettre des
gants.
Retenons bien ces déclarations, où
éclate un merveilleux respect de l'orga
nisation parlementaire, et mettons-les
en réserve pour le jour où, devenus à
leur tour la minorité, ces gens-là vou
dront noua faire de l'obstruction. Si, ce
jour-là, on « n'ergote paBaveo l'ennemi »,
l'ennemi n'aura pas le droit de Be plain
dre.
Gà et là
UN RHÉTEUR D'ATELIER
Paris — la Ville-lumièrei—renferme,
hélas ! malgré toutes ses splendeurs,
des ignorances bien épaisses, surtout en
matière religieuset
Au fond des campagnes,même dans la
cervelle du berger le plus obtus, on
trouve certainement des notions plus clai
res sur Dieu, l'âme, l'origine et la desti
née de l'homme, que dans les boîtes
crâniennes, gonflées de sophismes,de ces
pauvres ouvriers de PariB qui,pour toute
pâture intellectuelle avalent chaque
matin les élucubrations anticléricales de
la Lanterne, du Radical, de l'Au
rore* ete.».
&
* •
L'autre jour, j'avaiB pour voisin de
route, dans le fumoir du bateau AuBter-
liti Auteuilj âne espèce de contremaître,
grand parleur d'atelier. Il pérorait âvsc
une faconde toute méridionale et une
exubérance de gesteB extraordinaire.
Plusieurs malheureux ouvriers l'écou-
iaieni avidement, les feut écarquillés,
la bouche démesurément ouverte et sem
blaient boire chaoune de ses paroIeB. L'o
rateur était inlaBBable. Il abordait tous
les sujets sans laisser à ses auditeurs
hypnotisés le moyen de placer un seul
mot à travers &es périodes ébourif
fantes.
•
• *
Du pont deB Saits-Pères à la Concorde
— d 'ést-à-âire dâiis l 'éëjfèoS de t à 8 mi
nutes — il trouva le moyen de faire lè
î>rocèB en règle de la religion prise en
bloo et qui, d'après lui, n'est qu'un triste
héritage des temps d'obscurantisme.
1Î89 a dissipé tsates les ténèferes. O'eBt
le soleil levant de là civilisation et du
progrès humain. Les forces de la nature
expliquent seules l'homme et l'univers.
Le reste n'est rien, etc., etc., etc.
- l'en passe... et des pires...
- *
J 'avais grande envie de poser un tout
petit point d'interrogation à ce philoso
phe de si haute envergure et de lui de
mander simplement oe qu'il entendait
par le mot « force » et comment la na
ture pouvait être actionnée, en dernier
ressort et au-dessuB de toutes les causes
secondes, par autre chose qu 'une intelli
gence et un eBprit?
Mais je me contins et je fis bien, car
la suite du discours de mon loquace rhé
teur ne tarda pas à me prouver qu'il
était absolument inoapable de saisir les
relations de cause à effet et la différence
du fini avec l'infini.
i ■ 4
• •
Comme noua touohions au pont de
l'Aima, notre homme, haussant la voix,
déclara magistralement que ■ le bon
Dieu ne pouvait rien comprendre (sic) à
tout ce que lui demandent les prêtres,
parce que ceux-ci (je n 'invente pas, je
transcris) lui présentent leurs requêtes
tous à la fois, à la mesBe, d 'un bout du
monde à l'autre » !!!
« a
Aveo des arguments de cette force,
mon homme était jugé et jaugé.
Ou j'avaiB en face de moi un poseur
qui par orgueil se jouait de Bon auditoire
naïf aveo les plus abracadabrants para
doxes blasphématoires ;
Ou bien ce malheureux obtus pensait
les idioties qu'il débitait avec emphase et
prétention.
Aucune idée de Dieu, dans ce dernier
caB, ne subsistait donc dans cette pau
vre cervelle. Il confondait la nature hu
maine avec la nature divine. Et de ce
qu'un homme ne peut entendre plusieurs
personnes à la fois, notre libre-penseur
de dixième ordre concluait — sans rire —
que Dieu, le maître des mondes, ne sau
rait — Lui l'intelligence infinie — enten
dre les prières de tous les hommeB en
même temps.
Mais ce n'est pas tout. Ces gros sar
casmes, si bêteB, furent assaisonnés de
plaisanteries scurriles. La galerie écla
tait de rire. C'était épais et c'était sale.
Du Zola dilué dans des brocards fangeux
d'estaminet. Quel répertoire !
Finalement, après avoir traîné prê
tres, moines et moniales dans la boue,
l'énergumène conolut que seuls « les
Bauvages qui adorent le soleil sont vrai
ment religieux ».
Je pensais que la thèse allait être con
tinuée par l'énuraération des bienfaits
de l'astre roi, et je me demandais com
ment, en répudiant l'idée de Dieu créa
teur et Intelligence Buprême, mon
homme allait s 'en tirer B'il tentait d'ex
pliquer les merveilleux organismes du
soleil qui épand partout la chaleur, la
lumière et la vie.
Mais l'explication ne vint pas et j'é
tais arrivé à la Btation où je descends
d'habitude.
• •
Une invincible tristesse B'était empa
rée de tout mon être à la pensée que,
dans notre beau PariB, au sein des mas
ses populaires aveuglées, de pareils
rhéteurs peuvent trouver un auditoire
soumis et crédule.
Quelle honte pour la raison humaine !
Et comme il importe d'aller à çe peu
ple berné par de telles sornettes pour
l'affranchir et le délivrer par l'évan
gile.
Nous avens deB instituts et des acadé
mies,des écoles primaires et secondaires,
dea lycées et des collèges, des cercles
d'études et des musées ; mais, hélas !
derrière toute cette brillante façade
scientifique, nous trouvons encore deB
BteppeB arides et inexplorés, tout un pays
de mission à défricher...
Comment saisir ce bloc? A la confé
rence publique, ajoutons l'apostolat in
dividuel. Que notre ardente jeunesse ca
tholique Be mêle de plus en plus au
mouvement de l'usine et de l'atelier;
qu 'elle vive parmi les ouvriers ; qu 'elle
prenne part à leurs fêtes et à leurs réu
nions, et qu'au besoin même elle Bâche
aller à eux jusque dans les auberges, les
cabarets et les marchands de vin, où ils
se groupent après le travail et aux heu
res des repas, afin de causer avec eux,
de redresser amicalement les idées faus
ses et les eophismes dont la presse libre-
penseuBe, sectaire et maçonnique les
sature chaque jour.
Voilà le travail I
La moisson est abondante et appelle
deB moissonneurs*
Edeuard A lexandre.
IN ORDRE M JOUR LAÏQUE
Le congrès des jeunesses laïques,
Sui vient de se tenir a Paris, a voté,
ans sa première séance, l'ordre du
jour suivant :
« Les parents et la société doi
vent respeeter dan» l'enfant les
droits de la personne humaine et
lui assurer l'éducation normale et
rationnelle.
« La prétendue liberté d'ensei
gner ne saurait être assimilée à la
liberté de communiquer la pensée
par la parole et par la pressé. Ce
n'est ni une liberté publique, ni un
droit naturel. C'ést une fiction,
grâce à laquelle on^ limite ou l'on
supprime la liberté naissante de
l'entant.
c Cette liberté de l'enfant ne peut
être respectée, sauvegardée et cul
tivée que par un enseignement ex
clusivement laïque,
a De là résultent pour les Etats
service public exclusif. »
Voilà, nettement formulées, les
maximes du jacobinisme maçon
nique en matière de liberté d'ensei
gnement!
Examinons-les un instant de près
et à la file.
La première, relative au respect
dû par les parents et par les socié
tés à la personne humaine de l'en
fant, serait parfaite si, à côté des
droits, elle plaçait les devoirs. Le
but de l'éducation n'est pas seule
ment de préparer l'enfant à l'exer
cice des droits de l'homme, mais
encore à l'accomplissement de ses
devoirs. Or, quels sont les devoirs
imposés à la personne humaine ?
C'est une question préjudicielle. Et
qui la tranchera pour le compte
de l'enfant? Autre question prélimi-'
naire.
Nous, catholiques, nous préten
dons que l'enfant a des devoirs à
remplir envers Dieu, que ces de
voirs sont définis par l'Eglise, et
nous revendiquons pour les parents
catholiques le droit et la liberté de
faire donner une éducation chré
tienne à leurs enfants.
Les jacobins du congrès pensent
autrement que nous sur les devoirs
envers Dieu ; soit, mais de quel
droit veulent-ils employer la force
de l'Etat à entraver la liberté de
penser des catholiques et la liberté
de conscience des parents chré
tiens? Ils sont athées. Nous les
laissons libres. De quel droit osent-
ils imposer leur athéisme à au
trui ?
Pour nous, l'éducation « normale
et rationnelle » c'est uniquement
l'éducation chrétienne et catholi
que. C'est notre droit de penser
ainsi, et nous réclamons la liberté
d'agir en conséquence.
La seconde maxime est la néga
tion de la liberté de l'enseignement.
D'après nos jacobins, ce n'est ni
une liberté publique, ni un droit
naturel, mais une fiction légale con
traire à la liberté de l'enfant.
Je ne contesterai pas beaucoup
avec eux sur ce point. Les catholi
ques ne considèrent pas les liber
tés publiques comme des droits na
turels. Pour eux, la liberté de l'en
seignement, non plus que celles de
conscience et des cultes, n'est
qu'une tolérance, légitime sans doute
et même nécessaire, mais enfin une
simple tolérance. Ces libertés ne
sont des droits civiques que dans
l'hypothèse d'un Etat neutre en
matière de religion.
Voilà pourquoi nous ne pouvons
accepter que les jacobins, partisans
de la neutralité de l'Etat, traitent
la liberté d'enseignement de « fic
tion » légale. Devant l'Etat neutre,
la liberté de conscience et ses co
rollaires logiques ne sont pas des
créations de la loi ; ce sont des
droits primordiaux des citoyens,
3ue la loi n'institue pas, qu'elle
oit reconnaître, qu'elle peut régle-
: monter dans l'intérêt général, qu'elle
n'a pas le pouvoir de confisquer ni
d'entraver entièrement. L'indiffé-,
rence ou neutralité religieuse de
l'Etat ne se conçoit pas si, dans
l'Etat, la pensée, la conscience, le
culte, l'enseignement sous toutes
ses formes, ne jouissent pas de la
liberté dans les limites du respect
de l'égale liberté d'autrui. Ce sont
là des choses évidentes aux yeux
du bon sens.
Quant à la distinction faite par
nos jacobins entre les libertés de 1%
parole et de la presse, qu'ils veu
lent maintenir encore, et celle de
l'enseignement qu'ils entendent sup
primer au plus tôt, je n'en saisis
pas le bien fondé. Enseigner, c'est
une manière de communiquer la
pensée par la parole ; c'est 1 espèce
d'un genre. Pour quelle raison fau
drait-il exclure cette espèce-là de
la liberté reconnue au genre lui-
même?
Mais ce qu'il v a de plus remar
quable dans la déclaration jacobine
du congrès, c'est assurément l'af
firmation tranchante que c la li
berté de l'enfant ne peut être res
pectée, sauvegardée et cultivée que
{>ar un enseignement exclusivement
aïque », c'est-à-dire par un ensei
gnement athée, matérialiste, anti
chrétien. En vérité, c'est là non pas
un sophisme trompeur, mais une
contradiction flagrante. Je voudrais
bien que l'on m'explique comment
c'est limiter ou anéantir la liberté
naissante de l'enfant que de lui en
seigner Dieu, l'âme immortelle et
le catholicisme, tandis que ce serait
la respecter, la sauvegarder, la cul
tiver que de lui enseigner qu'il n'y
a pas de Dieu, qu'il n'y a pas
d'âme, et que le christianime est
une tromperie. C'est se moquer du
iublic que de lui tenir un pareil
angage. On conçoit la thèse abs-
Taite de la neutralité religieuse de
'école et de l'enseignement; bien
que pratiquement il n'y ait pas et
ne puisse y avoir de maître neutre,
parce qu'il n'y a pas d'esprit neu
tre. Mais réclamer un enseignement
laïque, c'est-àrdire positivement et
doctrinairement antichrétien et an
tireligieux, au nom de la liberté de
l'enfant, et repousser l'enseigne
ment catholique en alléguant qu'il
limite ou supprime cette liberté,
c'est, si je l'ose dire, de l'incons
cience dans la contradiction. J'en
connais qui diraient de l'impudence
dans le mensonge.
Reste la conclusion de ces trois
maximes laïques et jacobines, à sa
voir que c'est pour l'Etat « une
obligation morale et une nécessité
politique d'ériger l'enseignement
en service public exclusif ».
Que l'Etat ait le devoir de s'inté
resser à l'enseignement, à l'éduca
tion, c'est incontestable. Qu'il puis
se ériger des écoles et instituer des
professeurs, personne ne lui dénie
ce droit. Mais nous n'accorderons
point qu'il ait le devoir d'interdire
toute initiative privée en cette ma-
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