Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1902-05-06
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 mai 1902 06 mai 1902
Description : 1902/05/06 (Numéro 12485). 1902/05/06 (Numéro 12485).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7110757
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi ù Mai 1002
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LE MONDE
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L'UNIVERS m répond pas des manvàcriti qui hî sonî adressé
&NNOWCES " 'V
MU-. LAGRANGE, CERF et C", 6, place de la Bourra
PARIS, 5 MAI 1902
SOMMAIRE
Premiers résultats.
Frère quêteur
Çà et là : Une page
de Shakespeare...
La fête du Livre....
La semaine sportive
Nouvelles agricoles
Feuilleton :
ques livres.
Quel-
L. G.
P. V.
G. d' A zambuja.
E douard A lexandre
J acques C lervai.
A, de vllliers de
l' I sle- A dam.
G eoffrot de G rand -
maison.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
jour le jour. — La propagande socia»
liste dans l'armée. — Chronique élec
torale. — Le voyage en Russie. — Fêtes
et réunions. — En Algérie. — Les affai
res de Chine. — La guerre du Trans-
vaal. — Etranger. — A travers la presse.
— L& question ouvrière. — Lettres,
. sciences et arts. — Echos de partout.
—■ L'anniversaire du 4 mai. — La reine
Nathalie. — Un concours. — Chronique
religieuse. — Les hommes de France à
•Paray. — Nécrologie. — Guerre et ma
rine. — Tribunaux. — Nouvelles diver
ses. — Calendrier. — Bibliographie. —
Bourse et bulletin financier. — Dernière
heure.
PREMIERS RÉSULTATS
Rome, 2 mai.
Les résultats du premier scru
tin, ne produisent pas ici une im
pression trop mauvaise.
* De loin, ce qui se dégage de cette
consultation nationale, c'est le re
fus du pays de s'engager plus avant
dans les voies d'une politique sec
taire et jacobine à l'intérieur, irré
fléchie et, sur plusieurs points, anti
française à l'extérieur.
Quels que soient désormais les
résultats du ballottage, un gouver
nement qui veut prendre au sérieux
les principes essentiels de la cons
titution républicaine devra tenir
compte de cette volonté nationale.
Il lui serait difficile de pousser
plus à gauche son point d'appui, et
une concentration, revenant un peu
"vers la droite, aurait à. compter
avec les résultats de la sagesse
politique' qu'ont montrée les vrais
directeurs de la politique catholique
durant ces derniers mois.
L'échec retentissant des chefs de
la maçonnerie, MM. Mesureur et
Brisson, pour ne citer que ceux-là,
prouve que les efforts courageux
des apôtres de la liberté, les Le-
maitre et les Georges Goyau, ne
sont pas perdus. ......
Dès maintenant, on peut le dire
et s'en réjouir : ces élections mar
quent au moins un arrêt dans le
mouvement qui semblait entraîner
le pays vers un anticléricalisme de
plus en plus persécuteur..
En ce qui concerne la politique
étrangère, la façon dont on'accueille
à Berlin, à Vienne, à Londres et à
Rome les résultats du premier
tour, fournit matière à de sérieu
ses réflexions.
D'abord, c'est la démonstration
nouvelle de la -nécessité urgente
d'agences télégraphiques indépen
dantes des gouvernements. Celles
qui existent, officieuses pour la plu
part, se sont contentées de trans
mettre à l'étranger'les calculs in
téressés du ministère de l'intérieur.
On voit sanspeine le jeu de celui-
ci : obtenir, sur la simple affirma
tion de son succès, des félicitations
et des éloges des organes étrangers
amis; puis utiliser ces « chevaux de
retour » dans les journaux ministé
riels, et se servir d'une revue bien
faite de la presse étrangère comme
d'un moyen ajouté à tous les autres,
pour impressionner l'électeur . au
ballottage.
Aussi est-ce un devoir de déjouer
cette manœuvre, en faisant remar
quer au lecteur français le carac
tère des organes étrangers qui sont
entrés dans cette campagne de féli
citations. •
A Rome, par exemple, ce sont
les journaux dévoués à la Triplice,
les feuilles antifrançaises, qui dès
les premières dépêches, ont entonné
l'éloge d'un gouvernement cher à
leur cœur.
Ainsi se confirmait la note infa
mante dont on a pu marquer le
« ministère de l'étranger ».
Autre contradiction non moins
curieuse. En félicitant le gouverne
ment, cette presse antifrançaise
s'est ingéniée a se moquer de Paris
et à relever la province. Alors que
ces gens-là font presque chaque
jour l'éloge de la « capitale intel-
lectuellè de l'Europe », Paris, cette
fois, n'était plus qu'une névrosée
capricieuse dont les soubresauts
n'ont auoune raison, aucune impor
tance. Ainsi s'exprimait la Tribuna
de lundi soir.
Depuis, les nouvelles plus abon
dantes ont forcé à réformer certains
jugements; et la même Tribuna,
devait en convenir hier soir par cet
aveu précieux à enregistrer venant
d'un tel organe : « Le nouveau
triomphe de la République est in
contestable,, mais le triomphe des
ministériels ne l'est pas autant. »
*
* *
Comme il fallait s'y attendre,
l'anticléricalime cosmopolite cher
che à tirer parti de ces élections.
Voici ce qu'écrivait dans son Bul
letin du 29 'avril, VAgenda, ita.lia.na.,
qui a des prétentions officieuses, et
qui donne le mot à un bon nombre
de feuilles italiennes :
Le résultat des élections générales en
France a produit au Vatican un profond
sentiment de tristesse. Malgré les sages
conseils de Léon XIII, le clergé français,
pour la troisième fois en quelques années,
s'est rangé contre le gouvernement de la
République en s'alliant pendant la pé
riode électorale avec ses pires ennemis.
Nationalistes, orléaniotes, bonapartistes,
légitimistes ont trouvé un large appui
dans l'épiscopat français, qui a mis à
leur disposition ses nombreux journaux
et les caisses bien fournies des. associa
tions religieuses, dans l'espérance de
voir renverser l'odieux ministère Wal»
deck-Rousseau. On comprend bien que
le cléricalisme devra payer les frais de
son ardente campagne contre la Républi
que par la perte d'autres privilèges. A.prèa
l'affaire Dreyfus, les cléricaux ont dû su
bir la loi contre, les associations reli
gieuses ; ils devront subir maintenant
probablement l'abrogation de la loi Fal-
loux.
Il est inutile de relever tout ce
que cette note a d'odieusement ten
dancieux et de manifestement dé
loyal. Elle est faite d'accord avec
les sectaires qui inspirent le cabi
net Waldeck-Rousseau et l'on voit
l'équivoque sur laquelle l'anticléri
calisme français va prendre un
point d'appui, pour solliciter le gou
vernement et l'opinion publique à
de nouvelles mesures de persécu
tion.
Il est en effet question d'abord de
campagne « contre le gouvernement
de la République », puis cette cam
pagne, pleinement justifiée d'ail
leurs, absolument constitutionnelle
et légale, contre la politique du mi
nistère ou gouvernement actuel de
la République, devient, quelques
lignes plus bas, une campagne con-*
tre la République tout court.
On trouverait difficilement une
mauvaise foi plus insigne. Car les
auteurs français de cette note ita
lienne le savent bien : jamais « les
sages conseils de Léon XIII » n'ont
été plus et mieux suivis ; jamais ce
qu'on a appelé la « politique ponti
ficale » n'a remporté, près des
masses catholiques du moins, une
consécration plus triomphante.
En immense majorité, les catho
liques ont compris qu'ils avaient
mieux à faire que de s'attarder à
souhaiter des révolutions impossi
bles, et que s'il est un mot avec
lequel « catholique » hurle de se
voir accouplé, c'est celui de révolu
tionnaire actif ou passif.
Les élections ont donné ce beau
spectacle des catholiques français
se ressaisissant et marchant avec
moins d'indiscipline pour la défense
de leurs libertés politiques et civiles,
et pour la reprise à l'étranger d'une
politique plus fière, plus suivie,
plus française.
Des esprits superficiels pour
raient seuls s'étonner et se clécou- ■
rager de n'avoir pas remporté dès
le premier choc une victoire déci
sive. Il demande des années, le tra
vail qui consiste à éclairer les
masses. Comme l'écrivaient, à la
veille des élections, les jeunes se
meurs du Sillon : « Ce n'est pas
en quelques jours qu'on agit vrai
ment sur un pays pour faire œuvre
profonde; il faut plus de temps et
plus d'efforts. Ce n'est pas le scru
tin de dimanche qui répandra cette
vie chrétîenne, libre et fraternelle,
seule capable d'animer notre dé
mocratie. »
L 'intelligente et vivante revue
continuait : « Nous espérons seule
ment que le tyrannies devenant plus
rares et plus timides, les libertés
de droit commun plus assurées, il
nous sera plus aisé de parler et
d'agir ; nous avons confiance que le
combat pour lés idées deviendra
dè's lors plus loyal,et cela nous suf
fit... » Ce n'est pas s'illusionner que
de croire cette espérance réalisée :
dimanche dernier, le pays a montré
qu'il désirait lui aussi la fin des ty
rannies jacobines.
Si l'action politique est d'une impé
rieuse urgence, écrivait encore le Sillon,
Bi elle ne peut trouver de jeunes catholi
ques indifférents, elle est cependant in
suffisante : l'action morale et sociale, ac
cessible à tous, doit être incessante et
universelle... Au lendemain des élections
et quelle que soit l'issue de la lutte élec
torale, il faudra travailler... Si l'on don-
nait franchement et sans arrière-pensée
à l'action sociale catholique un peu du
temps, de l'argent et de l'effort que l'on
prodigue ailleurs sans compter, on serait
étonné au bout de bien peu d'années, de
la force jeune, opportune, attirante qui
commencerait à réaliser ce travail d'or
ganisation morale et Bociale que chacun
déclare indispensable...
On ne peut que féliciter ces jeu
nes de comprendre si bien dans son
intégralité le devoir qui s'impose
aujourd'hui aux. catholiques de
France ; il faut souhaiter que beau
coup de travailleurs de la pensée
et de l'atelier répondent à leur ap
pel, et grossissent leur vaillante
phalange et celles qui combattent
avec elle et sujvant les mêmes mé
thodes. Oui, à ce prix « si on le
veut, les rêves d'aujourd'hui de
viendront les réalités de demain ».
! BULLETIN
L. G.
Af. Loubet a adressé au président Roo-
sevelt une lettre autographe pour ac cap
ter au nom du gouvernement et du
peuple français, i'invitation aux fêtes
de l'inauguration du monument de Ro-
chambeau.
D'autre part, le président de la Répu
blique, recevant hier les membres de la.
mission chargée de représenter la France
à ces cérémonies, a rappelé, dans une
allocution, les liens qui unissent les
deux Républiques.
L'état de la reine de Hollande est fort
inquiétant par suite d'un accouchement
avant terme; les télégrammes de cette
nuit laissaient peu d'espoir; ils ne par
lent pas de l'enfant qui ne serait donc
point né vivant ; les dernières nouvelles
sont bien meilleures.
La mort de la souveraine pourrait
entraîner de graves conséquences, en
ouvrant la question de la succession
au trône.
D'après des informations venues d'I
talie, le gouvernement, reculant devant
l'admirable campagne des catholiques,
se propose de retirer le projet sur le di
vorce.
La consultation provoquée auprès des
légistes les ptus en renom du pays est,
en majorité, défavorable à. la législation
proposée.
Des manifestations catalanistes se sont
produites à Barcelone ; le drapeau espa
gnol a été sifflé à une fête littéraire des
jeux floraux, et on a dû l'enlever de la
décoration du local ; l'évêque el les au
tant és se sont alors retirés. '
Au cours d'une bagarre organisée par
les libertaires sur la tombe des fusillés
deLouitch,28 arrestations ont été opé
rées.
ê '
La situation t)a s'aggravant en Portu
gal ; la police a dû faire feu sur des étu
diants, à Coïmbre.
Une adresse au roi, signée de 110 of
ficiers de l'armée et dé la marine, ré
clame des modifications radicales dans
l'administration du royaume.
La triple alliance n'est pas encore re
nouvelée ; les conventions commerciales
font toujours l'objet de pourparlers
entre le gouvernement allemand et le
Reichstag, d'une part, et entre l'Autri
che et la Hongrie, d'autre part.
Signalons, en outre, une énergique
protestation de la colonie irrédentiste de
Milan contre le renouvellement de la
Triplice. .
Le I" mai s'est passé sans incidents à
Saint Pétersbourg, et le ministre de
l'intérieur est rentré à son poste, ve
nant du Sud.
A Ilelsingfors, l'enrôlement des re
crues a eu lieu samedi sans protesta
tion.
NOUVELLES DE ROME
â mal.
Mgr Scîiaepsnan.
Par un motu proprio, le Souverain
Pontife vient d'élever à la dignité de
piotonotaire apostolique Mgr Schaep-
man, le chef du « Centrum » hollandais,
le leader de la démocratie chrétienne
hollandaise.
Mgr Schaepman n'était que depuis un
an prélat de la maison de Sa Sainteté, le
Souverain Pontife, sans attendre les dé
lais ordinaires, lui a conféré le premier
degré des dignités prélatices pour lui té
moigner, dit le Bref de nomination, a sa
bienveillante considération » et recon
naître les services politiques rendus à
l'Eglise en Hollande par son infatigable
et intelligente activité.
FRERE QUETEUR
M. Brisson est bien, dans toute la
force du ternie, ce qu'on appelle un
ballotté. On le traite même comme
une simple balle, que se renvoient
des circonscriptions transformées
en raquettes. Paris n'en veut déci
dément plus. Die n'en veut décidé
ment pas. M. Chevillon lui offre,
pour s'asseoir, un coin de Mar
seille. M. Brisson, quelque peu es
soufflé par ces violents exercices,
demande à respirer et à réfléchir.
M. Chevillon a-t-il des chances
presque certaines d'être élu, et
pourrait-il passer toutes ses chan
ces à M. Brisson? Voilà le
problème. Cependant, le temps
presse.
Il est plein d'intérêt, le spectacle
de ce haut Frère de la franc-maçon
nerie, en quête d'un siège, et ren
contrant de telles difficultés à le
trouver, quani les radicaux sont
maîtres d'un si grand nombre de
circonscriptions. C'est fort humi
liant pour les Loges ; c'est inquié
tant pour leur prestige, partant
pour leur puissance. Qu'arrive-t-il
donc ? II pleut sur le temple, et
l'on dirait qu'il y a des trous dans
le toit. La franc-maçonnerie serait-
elle en baisse ?
Nous avons vu, ces jours-ci, des
sectaires, des jacobins notoires pla
carder sur les murs des affiches
pour proclamer avec fureur qu'ils
n'étaient pas fils de la Veuve, et ne
l'avaient jamais été. Menteurs, ceux
qui les en accusaient !... Que si
gnifie ? Et quand le grand-pontife
Brisson se voit chassé de son vieux
collège électoral, les Loges qui
n'ont pu l'empêcher d'être délogé,
n'arrivent point à le reloger ! Cinq
jours avant le scrutin dé ballottage,
ce n'est pas fait encore. M. Brisson
prodigue le signe de détresse, et on
lui répond : Qu'est-ce que cette
mimique? Je ne vous connais pas.
Laissez-nous tranquilles !...
Frères, Vénérables, Grand-maî
tres et Trente-troisièmes, il nous
semble qu'elle est menacée, la Con
grégation.
Le quêteur Brisson doit être in
quiet. Certain autre qui doit l'être
aussi, c'est M. Deschanel. Est-ce
que, vraiment, M. Brisson ne va pas
rentrer au Palais-Bourbon? Il faut
qu'il y rentre, pour poser sa candi
dature au fauteuil de la présidence.
Car, avec ce concurrent, M. Des-
chanel est sûr d'obtenir vingt voix
de plus.
P. V.
Aïï JOÏÏR LE JOUE
Samedi a commencé, au château de
Oompiègne, la première série d'épreuves
que doivent subir les candidats musi
ciens au Prix de Rome.
Autrefois ces épreuves se passaient au
Conservatoire même, dans des pièces dé
fectueuses. Depuis quatre ans, on a amé
lioré le sort des candidats, en les en
voyant dans un de nos plus beaux palais
nationaux.
La question des locaux a son impor
tance, si l'on pense que ces jeunes gens,
de dix-huit à vingt-quatre ans, doivent
passer, rigoureusement renfermés, la
première fois, six journées, et, la secon
de, un mois entier.
Comme d'usage, l'académie des beaux-
arts a envoyé une délégation pour pro
céder à la mise en loge des candidats et
à l'examen de leur installation. Ce sont :
M. Théodore Dubois, M. Massenet et M.
Lenepveu, qui, cette année, étaient de
service.
Sitôt arrivé; M. Dubois a dicté aux
jeunes gens,les deux sujets du concours:
un thème de fugue vocale à quatre par
ties et un chœur à quatre voix, à com
poser, chant et orchestre.
Ensuite a eu lieu le déjeuner, puis la
claustration. L'un après l'autre, les jeu
nes gens (ils sont treize) ont été introduits
dans les appartements que l'on a ver
rouillés. Pour plus de sûreté, deux gar
diens se tiennent dans le couloir pour
éviter toute communication. Voici quelle
sera la vie des logistes, jusqu'à ven
dredi :
A onze heures du matin, déjeuner,
puis, récréation, jusqu'à une heure, dans
une cour intérieure.
Aune heure,rentrée en loge jusqu'à
Bix heures. Puis, diaer et récréation,
jusqu'à neuf heures du soir. Les logistes
rentrent alors en loge, pour n'en sortir
que le lendemain, à onze heures.
La récréation de midi dans une cour
bdrnée de murs, est trè3 mélancolique.
Le soir, au contraire, les logistes vont
dans une partie du parc où ils font de
joyeuses partieB de ballon.
L'Etat ne fournit que le mobilier et
l'électricité. Les logiBtes doivent se pro
curer, non seulement le linge corporel,
les draps et taies d'oreiller, mais encore
la nourriture. Cette année, c'est une
brave femme, venue exprès de Paris, qui
s'ocôupéra de la cantine.
Pendant ces six jours, les logistes se
ront jour et nuit surveillés par deux gar
diens se relayant à tour de rôle. Toute
correspondance devra être lue par le con
servateur du château avant de leur être
remise. Ces mesures rigoureuses sont
d'ailleurs parfaitement acceptées par leB
logistes qui comprennent qu'elles sont la
garantie de la sincérité du concours.
• •
Le bruit court que la réception du mar
quis de Vogué à l'Académie française,
qui devait avoir lieu ce mois-ci, sera re
portée, comme celle de M. Edmond Ros
tand, au mois de novembre.
L'Académie, en effet, ne'siégera pas
jeudi prochain, jour de l'AscenBion,etM.
de Heredia, qui doit répondre au réci
piendaire, ne fera connaître! à ses collè
gues que dans une dizaine de jours, où
en est son discours; En admettant qu'il
soit fini à cette date, la commission de
lecture ne l'entendrait pas le jeudi 22
courant, car la réception ne saurait être
fixée au jeudi suivant, qui est le jour de
la Fête-Dieu en même temps que le der
nier jeudi de mai.
Dans ces conditions, de l'avis même
de MM". Gaston Boissier, secrétaire per
pétuel, et de Heredia, il est probable que
la réception de M. de Vogué n'aura pas
lieu ce moi3 -ci; et, comme on est peu
partisan, à l'Académie, des réceptions
pendant les chaleurs de juin, c'est sans
doute à la rentrée seulement que seront
reçus MM. de Vogué et Rostand.
M. X. de Montépin, dont noua citions
l'autre jour une... poésie sur Lamartine,
a laissé derrière lui quelques phraeea
qui méritent d'être conservées — celle-ci
entre autres :
a En apprenant la nouvelle de l'atten
tat odieux dont sa jeune nièce avait été
victime, le général fut atterré. Le beau
vieillard avait alors soixante-dix ans.
Une heure après, il en paraissante dou
ble l»
Çà et là
UNE PAGE DE SHAKESPEARE
Un de nos confrères, cherchant use ac
tualité à propos des élections, ne trouvait
rien de mieux que de reproduire l'autre
jour, à 2,300 ans de distance, le dialo
gue de Cléon et du Charcutier se dispu
tant la faveur du bonhomme Peuple dans
les Chevaliers d'Aristophane. Une autre
page non moins suggestive, si l'on songe
à l'état d'âme de certaines circonscrip
tions, c'est celle où Shakespeare, dans
son Jules César, fait défiler, après le
meurtre du grand homme, Brutus et An
toine à la tribune du Forum.
Brutus et Cassius entrent sur la scène,
suivis d'une foule de citoyens qui crient :
FEUILLETON DS
bu 6 mai
L'UNIVERS
4902
QUELQUES LIVRES
Les lecteurs chôment, dit-on, par ce
temps de politique électorale. Je le con
çois. La littérature marche toujours et
les littérateurs ne chôment pas. La li
brairie annonce moins de livres, mais
les imprimeries impriment toujours. La
pile de volumes qui s'entasse sur la ta
ble du « critique » le proclame « haute
ment ».
. Puisque l'esprit est ailleurs qu'aux
choses de l'histoire, — l'électeur qui en
fait n'en lit pas, — puisque la passion
justifiée du moment écarte le souci des
souvenirs du passé, butinons, discrète
ment, à travers ce parterre de fleurs
nouvelles ; toutes n'ont pas le même par
fum ni le même éclat, et plusieurs sont
même privées de ce double agrément.
Voici d'abord un livre utile, sanB plus.
Mais c'est beaucoup ; et je l'indique à
l'attention deB travailleurs en connais
sance de causé.
Le Répertoire méthodique de l'his
toire moderne et contemporaine de la
France rédigé par MM. Gaston Brière et
Pierre Caron (1) est tout à fait bon, bien
(1)11 est publié par la Revue moderne et
contemporaine (librairie Bellais, Paris),
et paraît chaque année pour l'année précé
dente. Le premier a paru pour 1898. J'ai
sous les yeux Ici fascicule de 1899 édité en
1901.
que l'ambition légitime de seB auteurs
soit de le rendre meilleur. Ils.voudront,
ils veulent combler les lacunes qui exis
tent ; j'en signale tout de feuite une : l'ab
sence de la Revue du clergé.
En pareille matière la difficulté de
l'exactitude se double de la crainte de la
longueur.
Ils ont dépouillé 543 revues ; désor
mais ils en liront plus encore.
Le plan de classement est assez sim
ple :
Histoire par époque : 1° moderne (gé
néralités du XVI 0 au XVIII 6 siècle) ;
2° contemporaine (généralités, révolution
et XIX e siècle).
Histoire militaire. : monographies, bio
graphies.
Histoire religieuse : Eglise catholique
(ancien régime, époque contemporaine,
histoire locale). Protestants, juifs, sectes
diverses.
Histoire économique et sociale : ancien
régime, révolution, XIX' siècle, colonisa
tion.
Histoire de l'art.
Histoire locale (ordre alphabétique des
'noms de lieux) et généalogie (ordre al
phabétique des noms de familles).
Pour achever, deux tables, l'une des
noms d'auteurs, l'autre des doibs de
lieux ; ce complément est la clef des re-
recherohcs et les rend très aisées.
De pareilles pnbiications sont à encou
rager. Elles peuvent être un instrument
de travail excellent entre les main3 des
érudite.
A eux également s'adresse le livre de
M. Kircheisen : Bibliographie napoléo
nienne (2), collection de sources classées
(2) L'édition française se trouve à Paris.
Librairie militaire Chapeloi, 1902.
par ordre de matières et dénotant chez
l'auteur une connaissance parfaite de
Eon vaste sujet. Il a noté, vérifié, cîaEBé
les multiples ouvrages publiés sur le-
premier empire ; il ajoute à cette liste
l'indication scrupuleuse des articles de
revue dignes d'être remarqués. C'est
dire la rigueur et le nombre de ces re
cherches.
Pour rendre plus facile l'emploi géné
ral de cette bibliographie, il donne les
notes relatives à chaque ouvrage dans
une des trois langues principales de la
science historique: employant le fran
çais pour les écrits des diverses langues
latines, l'anglais pour l'anglais, l'alle
mand pour les autres.
Le but de cette bibliographie c'est
l'empereur lui même. Dans une pre
mière partie sont réunis les faits concer
nant sa personne, les détails de sa vie et
de Ba famille. — La deuxième partie
comprend l'histoire politique et inté
rieure de la France. — La troisième, les
relations internationales ; guerres de
1796 à 1815, et les rapports diplomati
ques. Comme complément, la quatrième
partie mentionne l'histoire des Etat3 eu
ropéens. Dans la cinquième partie, sont
classés, par ordre alphabétique, les Mé
moires les pîus importants, les Corres
pondances et Biographies auxquels se
rapportent les nombreuses notes des di
visions précédentes. Dans la dernière
partie, un nombre restreint de livres
choisis contenant les critiques les plus
autorisées Bur les Mémoires.
J'ai vérifié pour mon utilité et mon
agrément ce plan si bien conçu, j'en ai
rencontré l'exécution parfaite, la méthode
sobre et les résultats excellents ; voilà
un livre, d'étude de tout premier,'ordre ;
et je me joins aux nombreux travailleurs
«curieux* de l'histoire napoléoaienne,
qui ne manqueront pas d'adresBar à M.
Frédéric Kircheisen l'expression motivée
do leurs rfemerciements.
A d'autres érudits je signale la « Bi
bliothèque espagnole » entreprise par la
librairie Picard dont les premiers vo
lumes ont un peu tardé à paraître, et
qui, je l'espère, va B'augmenter glus ra
pidement. Nous avons' aujourd'hui deux
ouvrages qui font honneur, pour la sû
reté des recherches et le nom dès au
teurs, à l'œuvre commencée.
Parmi les hispanisants, nul en France
n'est plus considéré que M. MorelFatio;
ses Etudes sur l'Espagne sont remplies
de détails, de curiosités et d'aperçus;
seule la pratique constante de la langue,
de Phistoire et des mœurs de nos voi-
eins peut donner cette sûreté de coup
d'œil, cette délicatesse de main. Dans la
Bibliothèque de la librairie Picard, il
ouvre la marche par une monographie
d'un personnage assez obscur m^is ty
pique, parce qu'il vécut à une époque mi
les relations entre la France et l'Espagne
étaient courantes, sinon toujours très
courtoises, au début du XVII" siècle.
Après les luttes de la Ligue cù les Es
pagnols avaient pu paraître soutenir le ca
tholicisme contre l'hérésie mais où, sur
tout, ils convoitaient le trône des Valois
et quelque démembrement avantageux
de leur couronne au profit de la maison
d'Autriche, — une grande détente s'était
opérée dans leB rapports des deux na
tions, et les mariages de Louis XIII avec
l'infante Anne, celui de l'infant Philippe
avec la fille de Henri IV, la princesse
Elisabeth, créèrent des intimités entre
les courB, les chancelleries, les ruelles
et les peuples.
Plus puissante encore, la mode se mit
de la partie et ce fut tout à fait du bel
air de parler le castillan.
C'est un des maîtres de cette langue
que M. Morel Fatio nous présente : Am-
brosio de Salazar (3). Avec une extrême
ingéniosité, il identifie l'exiBtence de ce
héros malheureux, vivant chichement de
maigres salaires, « maitre d'école s après
tout, mais curieux dans ses prétentions,
ambitieux dans ses espérances, tenace
dans ses méthodes, intéressant dans ses
livres. Il soutient une lutte passionnée,
persévérante, avec son concurrent adroit
et dédaigneux, le grammairien César Ou-
din, secrétaire interprète du roi a ès lan
gues germanique, italienne et espa-
gnolle ». Ii multiplie les vulgarisations
de sentences, d'axiomes, les petits trai
tés de blason, les notices généalogiques,
à l'usage- des gentilshommes qui vont
passer la frontière ; il se hausse jusqu'à
des traductions de roman en vogue.
M. Morel Fatio met toute son érudi
tion à tirer fort au clair les écrits de ces
Trissotins et, avec ua esprit plein d'hu
mour, il prodigue les remarques qui ins
truisent. Ce travail qui semble de pure
érudition est tout à fait amusant à» par
courir. Il permet d'augurer bien de la
« Bibliothèque espagnole ».
Elle continue par la traduction d'une
comédie du dix-septième siècle, pour la
première fois adaptée à notre langue par
M. Léo Rouanet,— un autre bon egpano-
phile, — qui l'accompagne de notes et le
fait précéder d'une notice.
Le Diable prédicateur est une pièce
de. théâtre extrêmement populaire (ras
los montes. Son auteur, on l'ignore ;
(3) Ambrosio de Salazar et l'étude de
l'espagnol en France sous Louis XIII.
1vol. In-18."
mais chacun la connaît et pendant deux
Siècles les applaudissements du « par
terre » ne lui ont pas manqué. Lope de
Vega; fait paraître pour la première fois
le diable sur la scène, dans Fray diablo.
L'action'ressemble beaucoup à celle de :
El Diablo predicador. Satan revêtu de
l'habit franciscain, habite un couvent de
moines, où il est contraint, malgré lui,
de prêcher la vertu. Dieu l'oblige à cetta
métamorphose pour convertir un avare
dur aux pauvreB, et ramener à de meil
leurs sentiments des gens sans charité
envers les religieux. L'avare s'obstine
et il est entraîné en enfer. La morale se
déduit toute seule, elle invite les specia^
teurs à l'aumône et à la bienfaisance.
Sous cette forme fantastique, la pièce
offre donc une idée juste, et de fait, pen
dant bien longtemps, elle fut regardée
comme extrêmement morale ; les « dis
cours » du diable renferment des exhor
tations que ne désavoueraitpasla chaire,-
la forme est amusante et le fond excel
lent.
Plus tard, on joua en farce certains
personnages de l'intrigue, et l'esprit po>
pulaire ayant perdu quelque peu de son
respect pour les ordres monastiques,
les plaisanteries jaillirent; l'Inquisition
trouva même bon d'interdire le spectacle
(1804). De nos jours, El Diablo ne paraît
plus guère au répertoire.
L'esprit des voyageurs étrangers, au-
glais, allemands, français même, com
prit mal, au siècle dernier, le sens de la
pièce et pas du tout celui du public espa
gnol. Il n'y avait point là une caricature
à la fagon des moines de Rabelais ; tout
au contraire, c'était comme un enseigne-
ment un peu p uéril, mais fort compris
des assistants. La duchesse d'Abrantês
s'est plus que personne méprise sur ces
££ltl
Mardi 6 Mai lfe
âBIHON Q POTED IENHS
PARIS • ÊTRANG&&
g» DÉPARTEMENTS (UNION POSïÂiijt
Bta as...>.,«.> 25 * 88 »
Six mois.,.... 43 » 1© »
Trois mois....„ °S .» b ■
S î <8§ aboasemests partent dos 1" @£i© de chaque aob
NUMÉRO ; Paris & Départements i© ®eat
■, 1WHKAUX ; Paris, sao Cassette, 17 (VS«
©a s'abonne à Rome, place du Qesù, %
13 X
LE MONDE
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PARIS ÉTRANGER
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F-tas sbonnœaëatf partent des i" sï &§ <£© o&a
L'UNIVERS m répond pas des manvàcriti qui hî sonî adressé
&NNOWCES " 'V
MU-. LAGRANGE, CERF et C", 6, place de la Bourra
PARIS, 5 MAI 1902
SOMMAIRE
Premiers résultats.
Frère quêteur
Çà et là : Une page
de Shakespeare...
La fête du Livre....
La semaine sportive
Nouvelles agricoles
Feuilleton :
ques livres.
Quel-
L. G.
P. V.
G. d' A zambuja.
E douard A lexandre
J acques C lervai.
A, de vllliers de
l' I sle- A dam.
G eoffrot de G rand -
maison.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
jour le jour. — La propagande socia»
liste dans l'armée. — Chronique élec
torale. — Le voyage en Russie. — Fêtes
et réunions. — En Algérie. — Les affai
res de Chine. — La guerre du Trans-
vaal. — Etranger. — A travers la presse.
— L& question ouvrière. — Lettres,
. sciences et arts. — Echos de partout.
—■ L'anniversaire du 4 mai. — La reine
Nathalie. — Un concours. — Chronique
religieuse. — Les hommes de France à
•Paray. — Nécrologie. — Guerre et ma
rine. — Tribunaux. — Nouvelles diver
ses. — Calendrier. — Bibliographie. —
Bourse et bulletin financier. — Dernière
heure.
PREMIERS RÉSULTATS
Rome, 2 mai.
Les résultats du premier scru
tin, ne produisent pas ici une im
pression trop mauvaise.
* De loin, ce qui se dégage de cette
consultation nationale, c'est le re
fus du pays de s'engager plus avant
dans les voies d'une politique sec
taire et jacobine à l'intérieur, irré
fléchie et, sur plusieurs points, anti
française à l'extérieur.
Quels que soient désormais les
résultats du ballottage, un gouver
nement qui veut prendre au sérieux
les principes essentiels de la cons
titution républicaine devra tenir
compte de cette volonté nationale.
Il lui serait difficile de pousser
plus à gauche son point d'appui, et
une concentration, revenant un peu
"vers la droite, aurait à. compter
avec les résultats de la sagesse
politique' qu'ont montrée les vrais
directeurs de la politique catholique
durant ces derniers mois.
L'échec retentissant des chefs de
la maçonnerie, MM. Mesureur et
Brisson, pour ne citer que ceux-là,
prouve que les efforts courageux
des apôtres de la liberté, les Le-
maitre et les Georges Goyau, ne
sont pas perdus. ......
Dès maintenant, on peut le dire
et s'en réjouir : ces élections mar
quent au moins un arrêt dans le
mouvement qui semblait entraîner
le pays vers un anticléricalisme de
plus en plus persécuteur..
En ce qui concerne la politique
étrangère, la façon dont on'accueille
à Berlin, à Vienne, à Londres et à
Rome les résultats du premier
tour, fournit matière à de sérieu
ses réflexions.
D'abord, c'est la démonstration
nouvelle de la -nécessité urgente
d'agences télégraphiques indépen
dantes des gouvernements. Celles
qui existent, officieuses pour la plu
part, se sont contentées de trans
mettre à l'étranger'les calculs in
téressés du ministère de l'intérieur.
On voit sanspeine le jeu de celui-
ci : obtenir, sur la simple affirma
tion de son succès, des félicitations
et des éloges des organes étrangers
amis; puis utiliser ces « chevaux de
retour » dans les journaux ministé
riels, et se servir d'une revue bien
faite de la presse étrangère comme
d'un moyen ajouté à tous les autres,
pour impressionner l'électeur . au
ballottage.
Aussi est-ce un devoir de déjouer
cette manœuvre, en faisant remar
quer au lecteur français le carac
tère des organes étrangers qui sont
entrés dans cette campagne de féli
citations. •
A Rome, par exemple, ce sont
les journaux dévoués à la Triplice,
les feuilles antifrançaises, qui dès
les premières dépêches, ont entonné
l'éloge d'un gouvernement cher à
leur cœur.
Ainsi se confirmait la note infa
mante dont on a pu marquer le
« ministère de l'étranger ».
Autre contradiction non moins
curieuse. En félicitant le gouverne
ment, cette presse antifrançaise
s'est ingéniée a se moquer de Paris
et à relever la province. Alors que
ces gens-là font presque chaque
jour l'éloge de la « capitale intel-
lectuellè de l'Europe », Paris, cette
fois, n'était plus qu'une névrosée
capricieuse dont les soubresauts
n'ont auoune raison, aucune impor
tance. Ainsi s'exprimait la Tribuna
de lundi soir.
Depuis, les nouvelles plus abon
dantes ont forcé à réformer certains
jugements; et la même Tribuna,
devait en convenir hier soir par cet
aveu précieux à enregistrer venant
d'un tel organe : « Le nouveau
triomphe de la République est in
contestable,, mais le triomphe des
ministériels ne l'est pas autant. »
*
* *
Comme il fallait s'y attendre,
l'anticléricalime cosmopolite cher
che à tirer parti de ces élections.
Voici ce qu'écrivait dans son Bul
letin du 29 'avril, VAgenda, ita.lia.na.,
qui a des prétentions officieuses, et
qui donne le mot à un bon nombre
de feuilles italiennes :
Le résultat des élections générales en
France a produit au Vatican un profond
sentiment de tristesse. Malgré les sages
conseils de Léon XIII, le clergé français,
pour la troisième fois en quelques années,
s'est rangé contre le gouvernement de la
République en s'alliant pendant la pé
riode électorale avec ses pires ennemis.
Nationalistes, orléaniotes, bonapartistes,
légitimistes ont trouvé un large appui
dans l'épiscopat français, qui a mis à
leur disposition ses nombreux journaux
et les caisses bien fournies des. associa
tions religieuses, dans l'espérance de
voir renverser l'odieux ministère Wal»
deck-Rousseau. On comprend bien que
le cléricalisme devra payer les frais de
son ardente campagne contre la Républi
que par la perte d'autres privilèges. A.prèa
l'affaire Dreyfus, les cléricaux ont dû su
bir la loi contre, les associations reli
gieuses ; ils devront subir maintenant
probablement l'abrogation de la loi Fal-
loux.
Il est inutile de relever tout ce
que cette note a d'odieusement ten
dancieux et de manifestement dé
loyal. Elle est faite d'accord avec
les sectaires qui inspirent le cabi
net Waldeck-Rousseau et l'on voit
l'équivoque sur laquelle l'anticléri
calisme français va prendre un
point d'appui, pour solliciter le gou
vernement et l'opinion publique à
de nouvelles mesures de persécu
tion.
Il est en effet question d'abord de
campagne « contre le gouvernement
de la République », puis cette cam
pagne, pleinement justifiée d'ail
leurs, absolument constitutionnelle
et légale, contre la politique du mi
nistère ou gouvernement actuel de
la République, devient, quelques
lignes plus bas, une campagne con-*
tre la République tout court.
On trouverait difficilement une
mauvaise foi plus insigne. Car les
auteurs français de cette note ita
lienne le savent bien : jamais « les
sages conseils de Léon XIII » n'ont
été plus et mieux suivis ; jamais ce
qu'on a appelé la « politique ponti
ficale » n'a remporté, près des
masses catholiques du moins, une
consécration plus triomphante.
En immense majorité, les catho
liques ont compris qu'ils avaient
mieux à faire que de s'attarder à
souhaiter des révolutions impossi
bles, et que s'il est un mot avec
lequel « catholique » hurle de se
voir accouplé, c'est celui de révolu
tionnaire actif ou passif.
Les élections ont donné ce beau
spectacle des catholiques français
se ressaisissant et marchant avec
moins d'indiscipline pour la défense
de leurs libertés politiques et civiles,
et pour la reprise à l'étranger d'une
politique plus fière, plus suivie,
plus française.
Des esprits superficiels pour
raient seuls s'étonner et se clécou- ■
rager de n'avoir pas remporté dès
le premier choc une victoire déci
sive. Il demande des années, le tra
vail qui consiste à éclairer les
masses. Comme l'écrivaient, à la
veille des élections, les jeunes se
meurs du Sillon : « Ce n'est pas
en quelques jours qu'on agit vrai
ment sur un pays pour faire œuvre
profonde; il faut plus de temps et
plus d'efforts. Ce n'est pas le scru
tin de dimanche qui répandra cette
vie chrétîenne, libre et fraternelle,
seule capable d'animer notre dé
mocratie. »
L 'intelligente et vivante revue
continuait : « Nous espérons seule
ment que le tyrannies devenant plus
rares et plus timides, les libertés
de droit commun plus assurées, il
nous sera plus aisé de parler et
d'agir ; nous avons confiance que le
combat pour lés idées deviendra
dè's lors plus loyal,et cela nous suf
fit... » Ce n'est pas s'illusionner que
de croire cette espérance réalisée :
dimanche dernier, le pays a montré
qu'il désirait lui aussi la fin des ty
rannies jacobines.
Si l'action politique est d'une impé
rieuse urgence, écrivait encore le Sillon,
Bi elle ne peut trouver de jeunes catholi
ques indifférents, elle est cependant in
suffisante : l'action morale et sociale, ac
cessible à tous, doit être incessante et
universelle... Au lendemain des élections
et quelle que soit l'issue de la lutte élec
torale, il faudra travailler... Si l'on don-
nait franchement et sans arrière-pensée
à l'action sociale catholique un peu du
temps, de l'argent et de l'effort que l'on
prodigue ailleurs sans compter, on serait
étonné au bout de bien peu d'années, de
la force jeune, opportune, attirante qui
commencerait à réaliser ce travail d'or
ganisation morale et Bociale que chacun
déclare indispensable...
On ne peut que féliciter ces jeu
nes de comprendre si bien dans son
intégralité le devoir qui s'impose
aujourd'hui aux. catholiques de
France ; il faut souhaiter que beau
coup de travailleurs de la pensée
et de l'atelier répondent à leur ap
pel, et grossissent leur vaillante
phalange et celles qui combattent
avec elle et sujvant les mêmes mé
thodes. Oui, à ce prix « si on le
veut, les rêves d'aujourd'hui de
viendront les réalités de demain ».
! BULLETIN
L. G.
Af. Loubet a adressé au président Roo-
sevelt une lettre autographe pour ac cap
ter au nom du gouvernement et du
peuple français, i'invitation aux fêtes
de l'inauguration du monument de Ro-
chambeau.
D'autre part, le président de la Répu
blique, recevant hier les membres de la.
mission chargée de représenter la France
à ces cérémonies, a rappelé, dans une
allocution, les liens qui unissent les
deux Républiques.
L'état de la reine de Hollande est fort
inquiétant par suite d'un accouchement
avant terme; les télégrammes de cette
nuit laissaient peu d'espoir; ils ne par
lent pas de l'enfant qui ne serait donc
point né vivant ; les dernières nouvelles
sont bien meilleures.
La mort de la souveraine pourrait
entraîner de graves conséquences, en
ouvrant la question de la succession
au trône.
D'après des informations venues d'I
talie, le gouvernement, reculant devant
l'admirable campagne des catholiques,
se propose de retirer le projet sur le di
vorce.
La consultation provoquée auprès des
légistes les ptus en renom du pays est,
en majorité, défavorable à. la législation
proposée.
Des manifestations catalanistes se sont
produites à Barcelone ; le drapeau espa
gnol a été sifflé à une fête littéraire des
jeux floraux, et on a dû l'enlever de la
décoration du local ; l'évêque el les au
tant és se sont alors retirés. '
Au cours d'une bagarre organisée par
les libertaires sur la tombe des fusillés
deLouitch,28 arrestations ont été opé
rées.
ê '
La situation t)a s'aggravant en Portu
gal ; la police a dû faire feu sur des étu
diants, à Coïmbre.
Une adresse au roi, signée de 110 of
ficiers de l'armée et dé la marine, ré
clame des modifications radicales dans
l'administration du royaume.
La triple alliance n'est pas encore re
nouvelée ; les conventions commerciales
font toujours l'objet de pourparlers
entre le gouvernement allemand et le
Reichstag, d'une part, et entre l'Autri
che et la Hongrie, d'autre part.
Signalons, en outre, une énergique
protestation de la colonie irrédentiste de
Milan contre le renouvellement de la
Triplice. .
Le I" mai s'est passé sans incidents à
Saint Pétersbourg, et le ministre de
l'intérieur est rentré à son poste, ve
nant du Sud.
A Ilelsingfors, l'enrôlement des re
crues a eu lieu samedi sans protesta
tion.
NOUVELLES DE ROME
â mal.
Mgr Scîiaepsnan.
Par un motu proprio, le Souverain
Pontife vient d'élever à la dignité de
piotonotaire apostolique Mgr Schaep-
man, le chef du « Centrum » hollandais,
le leader de la démocratie chrétienne
hollandaise.
Mgr Schaepman n'était que depuis un
an prélat de la maison de Sa Sainteté, le
Souverain Pontife, sans attendre les dé
lais ordinaires, lui a conféré le premier
degré des dignités prélatices pour lui té
moigner, dit le Bref de nomination, a sa
bienveillante considération » et recon
naître les services politiques rendus à
l'Eglise en Hollande par son infatigable
et intelligente activité.
FRERE QUETEUR
M. Brisson est bien, dans toute la
force du ternie, ce qu'on appelle un
ballotté. On le traite même comme
une simple balle, que se renvoient
des circonscriptions transformées
en raquettes. Paris n'en veut déci
dément plus. Die n'en veut décidé
ment pas. M. Chevillon lui offre,
pour s'asseoir, un coin de Mar
seille. M. Brisson, quelque peu es
soufflé par ces violents exercices,
demande à respirer et à réfléchir.
M. Chevillon a-t-il des chances
presque certaines d'être élu, et
pourrait-il passer toutes ses chan
ces à M. Brisson? Voilà le
problème. Cependant, le temps
presse.
Il est plein d'intérêt, le spectacle
de ce haut Frère de la franc-maçon
nerie, en quête d'un siège, et ren
contrant de telles difficultés à le
trouver, quani les radicaux sont
maîtres d'un si grand nombre de
circonscriptions. C'est fort humi
liant pour les Loges ; c'est inquié
tant pour leur prestige, partant
pour leur puissance. Qu'arrive-t-il
donc ? II pleut sur le temple, et
l'on dirait qu'il y a des trous dans
le toit. La franc-maçonnerie serait-
elle en baisse ?
Nous avons vu, ces jours-ci, des
sectaires, des jacobins notoires pla
carder sur les murs des affiches
pour proclamer avec fureur qu'ils
n'étaient pas fils de la Veuve, et ne
l'avaient jamais été. Menteurs, ceux
qui les en accusaient !... Que si
gnifie ? Et quand le grand-pontife
Brisson se voit chassé de son vieux
collège électoral, les Loges qui
n'ont pu l'empêcher d'être délogé,
n'arrivent point à le reloger ! Cinq
jours avant le scrutin dé ballottage,
ce n'est pas fait encore. M. Brisson
prodigue le signe de détresse, et on
lui répond : Qu'est-ce que cette
mimique? Je ne vous connais pas.
Laissez-nous tranquilles !...
Frères, Vénérables, Grand-maî
tres et Trente-troisièmes, il nous
semble qu'elle est menacée, la Con
grégation.
Le quêteur Brisson doit être in
quiet. Certain autre qui doit l'être
aussi, c'est M. Deschanel. Est-ce
que, vraiment, M. Brisson ne va pas
rentrer au Palais-Bourbon? Il faut
qu'il y rentre, pour poser sa candi
dature au fauteuil de la présidence.
Car, avec ce concurrent, M. Des-
chanel est sûr d'obtenir vingt voix
de plus.
P. V.
Aïï JOÏÏR LE JOUE
Samedi a commencé, au château de
Oompiègne, la première série d'épreuves
que doivent subir les candidats musi
ciens au Prix de Rome.
Autrefois ces épreuves se passaient au
Conservatoire même, dans des pièces dé
fectueuses. Depuis quatre ans, on a amé
lioré le sort des candidats, en les en
voyant dans un de nos plus beaux palais
nationaux.
La question des locaux a son impor
tance, si l'on pense que ces jeunes gens,
de dix-huit à vingt-quatre ans, doivent
passer, rigoureusement renfermés, la
première fois, six journées, et, la secon
de, un mois entier.
Comme d'usage, l'académie des beaux-
arts a envoyé une délégation pour pro
céder à la mise en loge des candidats et
à l'examen de leur installation. Ce sont :
M. Théodore Dubois, M. Massenet et M.
Lenepveu, qui, cette année, étaient de
service.
Sitôt arrivé; M. Dubois a dicté aux
jeunes gens,les deux sujets du concours:
un thème de fugue vocale à quatre par
ties et un chœur à quatre voix, à com
poser, chant et orchestre.
Ensuite a eu lieu le déjeuner, puis la
claustration. L'un après l'autre, les jeu
nes gens (ils sont treize) ont été introduits
dans les appartements que l'on a ver
rouillés. Pour plus de sûreté, deux gar
diens se tiennent dans le couloir pour
éviter toute communication. Voici quelle
sera la vie des logistes, jusqu'à ven
dredi :
A onze heures du matin, déjeuner,
puis, récréation, jusqu'à une heure, dans
une cour intérieure.
Aune heure,rentrée en loge jusqu'à
Bix heures. Puis, diaer et récréation,
jusqu'à neuf heures du soir. Les logistes
rentrent alors en loge, pour n'en sortir
que le lendemain, à onze heures.
La récréation de midi dans une cour
bdrnée de murs, est trè3 mélancolique.
Le soir, au contraire, les logistes vont
dans une partie du parc où ils font de
joyeuses partieB de ballon.
L'Etat ne fournit que le mobilier et
l'électricité. Les logiBtes doivent se pro
curer, non seulement le linge corporel,
les draps et taies d'oreiller, mais encore
la nourriture. Cette année, c'est une
brave femme, venue exprès de Paris, qui
s'ocôupéra de la cantine.
Pendant ces six jours, les logistes se
ront jour et nuit surveillés par deux gar
diens se relayant à tour de rôle. Toute
correspondance devra être lue par le con
servateur du château avant de leur être
remise. Ces mesures rigoureuses sont
d'ailleurs parfaitement acceptées par leB
logistes qui comprennent qu'elles sont la
garantie de la sincérité du concours.
• •
Le bruit court que la réception du mar
quis de Vogué à l'Académie française,
qui devait avoir lieu ce mois-ci, sera re
portée, comme celle de M. Edmond Ros
tand, au mois de novembre.
L'Académie, en effet, ne'siégera pas
jeudi prochain, jour de l'AscenBion,etM.
de Heredia, qui doit répondre au réci
piendaire, ne fera connaître! à ses collè
gues que dans une dizaine de jours, où
en est son discours; En admettant qu'il
soit fini à cette date, la commission de
lecture ne l'entendrait pas le jeudi 22
courant, car la réception ne saurait être
fixée au jeudi suivant, qui est le jour de
la Fête-Dieu en même temps que le der
nier jeudi de mai.
Dans ces conditions, de l'avis même
de MM". Gaston Boissier, secrétaire per
pétuel, et de Heredia, il est probable que
la réception de M. de Vogué n'aura pas
lieu ce moi3 -ci; et, comme on est peu
partisan, à l'Académie, des réceptions
pendant les chaleurs de juin, c'est sans
doute à la rentrée seulement que seront
reçus MM. de Vogué et Rostand.
M. X. de Montépin, dont noua citions
l'autre jour une... poésie sur Lamartine,
a laissé derrière lui quelques phraeea
qui méritent d'être conservées — celle-ci
entre autres :
a En apprenant la nouvelle de l'atten
tat odieux dont sa jeune nièce avait été
victime, le général fut atterré. Le beau
vieillard avait alors soixante-dix ans.
Une heure après, il en paraissante dou
ble l»
Çà et là
UNE PAGE DE SHAKESPEARE
Un de nos confrères, cherchant use ac
tualité à propos des élections, ne trouvait
rien de mieux que de reproduire l'autre
jour, à 2,300 ans de distance, le dialo
gue de Cléon et du Charcutier se dispu
tant la faveur du bonhomme Peuple dans
les Chevaliers d'Aristophane. Une autre
page non moins suggestive, si l'on songe
à l'état d'âme de certaines circonscrip
tions, c'est celle où Shakespeare, dans
son Jules César, fait défiler, après le
meurtre du grand homme, Brutus et An
toine à la tribune du Forum.
Brutus et Cassius entrent sur la scène,
suivis d'une foule de citoyens qui crient :
FEUILLETON DS
bu 6 mai
L'UNIVERS
4902
QUELQUES LIVRES
Les lecteurs chôment, dit-on, par ce
temps de politique électorale. Je le con
çois. La littérature marche toujours et
les littérateurs ne chôment pas. La li
brairie annonce moins de livres, mais
les imprimeries impriment toujours. La
pile de volumes qui s'entasse sur la ta
ble du « critique » le proclame « haute
ment ».
. Puisque l'esprit est ailleurs qu'aux
choses de l'histoire, — l'électeur qui en
fait n'en lit pas, — puisque la passion
justifiée du moment écarte le souci des
souvenirs du passé, butinons, discrète
ment, à travers ce parterre de fleurs
nouvelles ; toutes n'ont pas le même par
fum ni le même éclat, et plusieurs sont
même privées de ce double agrément.
Voici d'abord un livre utile, sanB plus.
Mais c'est beaucoup ; et je l'indique à
l'attention deB travailleurs en connais
sance de causé.
Le Répertoire méthodique de l'his
toire moderne et contemporaine de la
France rédigé par MM. Gaston Brière et
Pierre Caron (1) est tout à fait bon, bien
(1)11 est publié par la Revue moderne et
contemporaine (librairie Bellais, Paris),
et paraît chaque année pour l'année précé
dente. Le premier a paru pour 1898. J'ai
sous les yeux Ici fascicule de 1899 édité en
1901.
que l'ambition légitime de seB auteurs
soit de le rendre meilleur. Ils.voudront,
ils veulent combler les lacunes qui exis
tent ; j'en signale tout de feuite une : l'ab
sence de la Revue du clergé.
En pareille matière la difficulté de
l'exactitude se double de la crainte de la
longueur.
Ils ont dépouillé 543 revues ; désor
mais ils en liront plus encore.
Le plan de classement est assez sim
ple :
Histoire par époque : 1° moderne (gé
néralités du XVI 0 au XVIII 6 siècle) ;
2° contemporaine (généralités, révolution
et XIX e siècle).
Histoire militaire. : monographies, bio
graphies.
Histoire religieuse : Eglise catholique
(ancien régime, époque contemporaine,
histoire locale). Protestants, juifs, sectes
diverses.
Histoire économique et sociale : ancien
régime, révolution, XIX' siècle, colonisa
tion.
Histoire de l'art.
Histoire locale (ordre alphabétique des
'noms de lieux) et généalogie (ordre al
phabétique des noms de familles).
Pour achever, deux tables, l'une des
noms d'auteurs, l'autre des doibs de
lieux ; ce complément est la clef des re-
recherohcs et les rend très aisées.
De pareilles pnbiications sont à encou
rager. Elles peuvent être un instrument
de travail excellent entre les main3 des
érudite.
A eux également s'adresse le livre de
M. Kircheisen : Bibliographie napoléo
nienne (2), collection de sources classées
(2) L'édition française se trouve à Paris.
Librairie militaire Chapeloi, 1902.
par ordre de matières et dénotant chez
l'auteur une connaissance parfaite de
Eon vaste sujet. Il a noté, vérifié, cîaEBé
les multiples ouvrages publiés sur le-
premier empire ; il ajoute à cette liste
l'indication scrupuleuse des articles de
revue dignes d'être remarqués. C'est
dire la rigueur et le nombre de ces re
cherches.
Pour rendre plus facile l'emploi géné
ral de cette bibliographie, il donne les
notes relatives à chaque ouvrage dans
une des trois langues principales de la
science historique: employant le fran
çais pour les écrits des diverses langues
latines, l'anglais pour l'anglais, l'alle
mand pour les autres.
Le but de cette bibliographie c'est
l'empereur lui même. Dans une pre
mière partie sont réunis les faits concer
nant sa personne, les détails de sa vie et
de Ba famille. — La deuxième partie
comprend l'histoire politique et inté
rieure de la France. — La troisième, les
relations internationales ; guerres de
1796 à 1815, et les rapports diplomati
ques. Comme complément, la quatrième
partie mentionne l'histoire des Etat3 eu
ropéens. Dans la cinquième partie, sont
classés, par ordre alphabétique, les Mé
moires les pîus importants, les Corres
pondances et Biographies auxquels se
rapportent les nombreuses notes des di
visions précédentes. Dans la dernière
partie, un nombre restreint de livres
choisis contenant les critiques les plus
autorisées Bur les Mémoires.
J'ai vérifié pour mon utilité et mon
agrément ce plan si bien conçu, j'en ai
rencontré l'exécution parfaite, la méthode
sobre et les résultats excellents ; voilà
un livre, d'étude de tout premier,'ordre ;
et je me joins aux nombreux travailleurs
«curieux* de l'histoire napoléoaienne,
qui ne manqueront pas d'adresBar à M.
Frédéric Kircheisen l'expression motivée
do leurs rfemerciements.
A d'autres érudits je signale la « Bi
bliothèque espagnole » entreprise par la
librairie Picard dont les premiers vo
lumes ont un peu tardé à paraître, et
qui, je l'espère, va B'augmenter glus ra
pidement. Nous avons' aujourd'hui deux
ouvrages qui font honneur, pour la sû
reté des recherches et le nom dès au
teurs, à l'œuvre commencée.
Parmi les hispanisants, nul en France
n'est plus considéré que M. MorelFatio;
ses Etudes sur l'Espagne sont remplies
de détails, de curiosités et d'aperçus;
seule la pratique constante de la langue,
de Phistoire et des mœurs de nos voi-
eins peut donner cette sûreté de coup
d'œil, cette délicatesse de main. Dans la
Bibliothèque de la librairie Picard, il
ouvre la marche par une monographie
d'un personnage assez obscur m^is ty
pique, parce qu'il vécut à une époque mi
les relations entre la France et l'Espagne
étaient courantes, sinon toujours très
courtoises, au début du XVII" siècle.
Après les luttes de la Ligue cù les Es
pagnols avaient pu paraître soutenir le ca
tholicisme contre l'hérésie mais où, sur
tout, ils convoitaient le trône des Valois
et quelque démembrement avantageux
de leur couronne au profit de la maison
d'Autriche, — une grande détente s'était
opérée dans leB rapports des deux na
tions, et les mariages de Louis XIII avec
l'infante Anne, celui de l'infant Philippe
avec la fille de Henri IV, la princesse
Elisabeth, créèrent des intimités entre
les courB, les chancelleries, les ruelles
et les peuples.
Plus puissante encore, la mode se mit
de la partie et ce fut tout à fait du bel
air de parler le castillan.
C'est un des maîtres de cette langue
que M. Morel Fatio nous présente : Am-
brosio de Salazar (3). Avec une extrême
ingéniosité, il identifie l'exiBtence de ce
héros malheureux, vivant chichement de
maigres salaires, « maitre d'école s après
tout, mais curieux dans ses prétentions,
ambitieux dans ses espérances, tenace
dans ses méthodes, intéressant dans ses
livres. Il soutient une lutte passionnée,
persévérante, avec son concurrent adroit
et dédaigneux, le grammairien César Ou-
din, secrétaire interprète du roi a ès lan
gues germanique, italienne et espa-
gnolle ». Ii multiplie les vulgarisations
de sentences, d'axiomes, les petits trai
tés de blason, les notices généalogiques,
à l'usage- des gentilshommes qui vont
passer la frontière ; il se hausse jusqu'à
des traductions de roman en vogue.
M. Morel Fatio met toute son érudi
tion à tirer fort au clair les écrits de ces
Trissotins et, avec ua esprit plein d'hu
mour, il prodigue les remarques qui ins
truisent. Ce travail qui semble de pure
érudition est tout à fait amusant à» par
courir. Il permet d'augurer bien de la
« Bibliothèque espagnole ».
Elle continue par la traduction d'une
comédie du dix-septième siècle, pour la
première fois adaptée à notre langue par
M. Léo Rouanet,— un autre bon egpano-
phile, — qui l'accompagne de notes et le
fait précéder d'une notice.
Le Diable prédicateur est une pièce
de. théâtre extrêmement populaire (ras
los montes. Son auteur, on l'ignore ;
(3) Ambrosio de Salazar et l'étude de
l'espagnol en France sous Louis XIII.
1vol. In-18."
mais chacun la connaît et pendant deux
Siècles les applaudissements du « par
terre » ne lui ont pas manqué. Lope de
Vega; fait paraître pour la première fois
le diable sur la scène, dans Fray diablo.
L'action'ressemble beaucoup à celle de :
El Diablo predicador. Satan revêtu de
l'habit franciscain, habite un couvent de
moines, où il est contraint, malgré lui,
de prêcher la vertu. Dieu l'oblige à cetta
métamorphose pour convertir un avare
dur aux pauvreB, et ramener à de meil
leurs sentiments des gens sans charité
envers les religieux. L'avare s'obstine
et il est entraîné en enfer. La morale se
déduit toute seule, elle invite les specia^
teurs à l'aumône et à la bienfaisance.
Sous cette forme fantastique, la pièce
offre donc une idée juste, et de fait, pen
dant bien longtemps, elle fut regardée
comme extrêmement morale ; les « dis
cours » du diable renferment des exhor
tations que ne désavoueraitpasla chaire,-
la forme est amusante et le fond excel
lent.
Plus tard, on joua en farce certains
personnages de l'intrigue, et l'esprit po>
pulaire ayant perdu quelque peu de son
respect pour les ordres monastiques,
les plaisanteries jaillirent; l'Inquisition
trouva même bon d'interdire le spectacle
(1804). De nos jours, El Diablo ne paraît
plus guère au répertoire.
L'esprit des voyageurs étrangers, au-
glais, allemands, français même, com
prit mal, au siècle dernier, le sens de la
pièce et pas du tout celui du public espa
gnol. Il n'y avait point là une caricature
à la fagon des moines de Rabelais ; tout
au contraire, c'était comme un enseigne-
ment un peu p uéril, mais fort compris
des assistants. La duchesse d'Abrantês
s'est plus que personne méprise sur ces
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