Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1902-02-22
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 février 1902 22 février 1902
Description : 1902/02/22 (Numéro 12413). 1902/02/22 (Numéro 12413).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7110032
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 22 Fèvrïei 1902
SâiUtK ■*» iâ,4i3
Samedi 22 Février 1902
«ai
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ' ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
Un an..;...... 25 » 36 »
Six mois....... 13 » 19 » .
Trois mois 7 » 10 »
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UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
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ET
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ST DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE*
Un an.......'.. 13 » 20 »
Six mois....., 7 » 11 » ■'
Trois mois...;. 4 » S 50
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ANNONCES
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nos Jectears dont l'abonnement ex»
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veler*
Il est nécessaire de joindre & toute
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mées» rectifiée s'il y a lieu»
Cette exactitude aura un double
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PARIS, 21 FÉVRIER 1902
SOMMA
Lettres sur la politi
que extérieure... L ucens.
Orientation sociale. II. C etty.
Lettres des Etats-
Unis....... S ipfhein.
"Mgr Foucault et le
chant grégorien.'. E douard A lexandre
A. la Chambre.,... J. M.
Au Sénat J. E.
bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
Jour le jour. — Paroles éplscopales. —
Statuts et règlements de l'œuvre des con.
grès et des comités catholiques en Ita
lie. — L ob congrégations. — Informa
tions politiques et parlementaires.
Chronique électorale. — En Afrique.—
Les troubles de Barcelone. — Les trou
bles de Trleste. — Les affaires de Chine.
— La guerre da Transva&l. — Etranger.
— A travers la presse. — Les grèves.
Lettres, sciences et arts. — Echos de
partout. — Nécrologis. — Guerre et
marine. — Nouvelles diverses. — C -aieE-
drisr. — Tableau et bulletin de la
Bourse. — Bsnilèrs heure.
BTBffwrîyir^^
LETTRES
SUE LA PMI EÏTÊSMR1
Les statuts de l'Opéra dei con-
gressi et le Regolamento de la Con
grégation des affaires ecclésiasti
ques extraordinaires forment le
prolongement disciplinaire des en
cycliques Rerum novarum et Graves
de "commuai : c'est la sanction gou
vernementale de la jeune démo
cratie chrétienne d'Italie. Malgré le
caractère particulier, la destination
strictement locale de cette réforme,
ces documents offrent une orienta
tion universelle. Le drapeau, qui
flotte, sur le mont sacré, et. qui
vole de clocher en clocher à travers
le pays deve il si suona, s'arborera
sur tous les bastions de la chrétien
té. Le pravvedimento péninsulaire,
pour employer la si juste formule
de M. Toniolo, marque un point de
départ : demain, il sera la loi de
l'univers catholique. Des raisons
spéciales ont dicté au Saint-Siège
cette localisation de la mesure : ie
mouvement interne de la démocra
tie italienne, la lutte contre le socia
lisme honteusement accouplé à la
Maison royale de Savoie, les rap
ports plus directs et plus étroits en
tre la capitale et la province la
plus voisine de Rome. Ce qui est
universel dans ces pièces et ces ré
glementations, c'est l'esprit et c'est
ï'-orientation. Cet esprit, c'est l'es
prit nouveau; cette orientation,
c'est l'orientation nettement so
ciale, populaire et démocratique.
Voila la portée historique de cette
organisation.
Au lendemain de l'Encyclique
Graves. de communi, le Saint-Siège
préparait la réalisation discipli
naire de la doctrine sociale, sur le
soi italien. Le type péninsulaire,
une fois créé et vivant, s'étendrait,
dans la féconde diversité des adap
tations, aux autres pays. Deux mé
thodes s'offraient : la Fédération
démocratique, que désiraient les
rédacteurs du Domani , et la ré
forme actuelle. La première pré
sentait peut-être l'avantage d'un
fonctionnement aisé et souple. L'au
tonomie de la Démocratie chré
tienne assurait sur-le-champ le dé
ploiement ardent de la croisade
populaire. Mais cette organisa
tion faisait éclater un dualisme
dans l'action catholique. Ici, l'an
cienne Opéra dei congressi,avec ses
procédés ; là, la Fédération avec
ses œuvres : les « frictions »,comme
on dit au delà du Rhin, s'impo
saient. Le Saint-Siège veut, avant
tout, et à tout prix, — et comme il
a raison î — suspendre ces divor
ces et ces émiettements. Disci
pliner, orienter toutes les forces vi
ves du catholicisme ; opérer la con
centration imposante, non dans la
paresse et l'immobilité, la pure pro
testation ou la politique oratoire,
mais sur le terrain concret et stric
tement déterminé des directions ro
maines; dès lors, subordonner tous
les efforts et toutes les œuvres à
l'idéal et à l'action populaire ; ins
pirer, rénover l'ancien organisme,
par l'accession des jeunes groupe
ments. ; mettre ainsi debout une
armée puissante et compacte, dont
là démocratie chrétienne formerait
l'avant-garde, : voilà la pensée di
rective du Vatican. Assurément,
quelles que soient les préférences
personnelles, la création a un relief
prodigieux.
A l'œuvre, maintenant, et tous
avec la meilleure volonté I
.De l'allure vivante se déga
gera la marche régulière, vive, ra
pide, aisée et électrique. L'incorpo
ration du jeune parti, social à l'O
péra dei congressi entraînera tous
les régiments de la vieille garde
sur les nouveaux champs de ba
taille. Au lieu de la cavalerie légère
de Murât, s'instituera la mobilisa
tion .savante de Moltlce. Les atta
ches étroites avec le Vatican, la
cohésion avec l'épiscopat, l'acces
sion aux cercles paroissiaux et dio
césains n'indiquent ni la gêne, ni la
limite ; elles assurent la puissance
du nombre et les marches d'ensem
ble. Par cette incorporation, le
Saint-Siège constitue les évêques
ei les prêtres les gardiens et les
protecteurs de la démocratie chré
tienne. Or, ces généraux et ces co
lonels n'auront ni le droit ni la fa
culté de conduire l'armée dans les
forteresses lointaines. Généraux et
colonels, recevant l'investiture, re
çoivent en même temps.le glorieux
mandat de diriger tous les corps de
division dans l'esprit et vers les
champs d'action assignés par les
Encycliques. De là, les réserves et
les bornages sévères que procla
ment les statuts et le Regolamento ;
mais ces réserves et ces bornages
ne sont qu'empruntés à l'Encycli
que Graves de communi. Ils ne
marquent point le soupçon ; ils
ne font qu'assurer le fonctionne
ment plus régulier et plus souple
de l'organisation nouvelle.
Voilà l'esprit et ie caractère de la
réforme. C'est un vaste dessein d'u
nion ; mais ce dessein d'union pré
suppose l'adhésion à l'esprit nou
veau. Lorsqu'on France, Léon XIII
préconise cette concorde, personne
ne saurait douter que cette harmo
nie n'implique le ralliement et l'ac
tion populaire. Ainsi, au delà des
monts, pour le rajeunissement inté
rieur de l'Opéra dei congressi. Au
tant ce provvedimento ae porte que
sur la hiérarchie des œuvres ita
liennes, autant l'eBprit qui l'anime
et l'inspire doit s'étendre à tous les
pays. Si aux autres peuples, placés
dans, des conditions particulières,
la Papauté laisse la liberté des mou
vements, elle leur dicte cependant
l'orientation définitive, la ligne à
suivre, la discipline à observer, la
voie à choisir. De l'Italie, avec la
variété des formes, cette organisa
tion fera le tour du monde. Evêquea
prêtres, laïques, reçoivent la mis
sion de s'approprier cette méthode
de travail et cette stratégie. Négati
vement, cette charte annule la
possibilité des résistances à la Dé
mocratie chrétienne ; positivement
elle, convie toutes les forcos ua-
tholiciame à réaliser l'esprit et les
directions sociales du Saint-Siège.
La Papauté a irrévocablement
tracé le devoir de l'heure présente.
C'est l'inauguration d'une ère nou
velle.
Lucens. '
'BULLETIN
Les fêtes en l'honneur du jubilé du
Souverain Pontife ont commencé hier
k Rome. Un Te Deum solennel a été
chanté, dans la basilique de Saint-Pierre
devant une foule immense et enthou
siaste.
Sur la place, k la sortie de la cérémo
nie, de longues acclamations ont retenti
en l'honneur de l'auguste Pontife.
D'après des informations de source
sure, parvenues à la Gazette de Cologne
c'est le général baron de Lot qui sera
chargé de présenter au Pape les vœux
de l'empereur Guillaume.
La Chambre a terminé hier le budget
des finances; elle a renvoyé à la commis
sion du suffrage universel une motion
de M. Massabuau tendant à prolonger
jusqu'au 31 octobre 1906 la prochaine
législature, et on a voté un crédit de
80,000 francs pour la célébration du
centenaire de Victor Hugo. _
Aujourd'hui, matin et soir, budget de
la marine ; on a rétabli, malgré la com
mission, le crédit pour le personnel re
ligieux.
• Le Sénat a déblayé son ordre du jour
de quelques projets en retard ; il a
adopté une proposition autorisant les
communes atteintes par la crise viticole
à emprunter d'urgence pour ouvrir des
chantiers, et remédier au chômage.
Aujourd'hui, la marine marchande.
, Les émeutes de Barcelone vont s'ag
gravant et prennent les proportions
d'un véritable mouvement insurrection
nel.
La grève générale a gagné toute la
province; Saragosse et Valence sem
blent même menacées.
. Le bilan des dernières vingt quatre
heures porte encore de nombreux morts
et de nombreux blessés; les vivres com
mencent à manquer dans la ville, et les
navires étrangers, l'un après Vautre,
quittent le port.
Le plus important journal de Bir
mingham, la ville de M. Chamberlain,
affirme que « le cabinet anglais aurait
connaissance d'un traité secret entre
deux puissances, traité qui pourrait
avoir en Orient de telles conséquences
que l'Angleterre ne .le tolérerait ja
mais ».
Espérons que le mystère — si mystère
i. y a — ne tardera point à être éclair ci.
L'Université de Saint -Pétersbourg
est provisoirement fermée pur suite de
la réunion illicite de plusieurs centai
nes d'étudiants, qui a eu un caractère
de démonstration politique.
Le Japonest tout à ses attentions pour
l'Angleterre ; on annonce que trois , ou
quatre des meilleurs navires de la flotte
impériale assisteront aux cérémonies
du couronnement du roi Edouard.
A Constantinople, le procès du géné
ral Osman pacha, accusé de haute tra'
hison, a commencé hier à huis clos.
La session législative de Terre-Neuve
est ouverte.
Dans son discours, le gouverneur a
déclaré que le modue vivendi relatif au
french shore avait été renouvelé.
Au Venezuela, les insurgés, sous les
ordres du général Néra, ont été battus
près de Coro.
NOUVELLES DE ROME.
Le Jubilé de Léon XIII.
On télégraphie de Rome, 20 fé
vrier:
Le Pape a reçu aujourd'hui, dans la
salle du Trinc, le cuillUé pour IeS fêtes
du vingt-cinquième anniversaire de son
pontificat. Ce comité lui a présente les
médailles commémoratives destinées à
être distribuées aux.pèlerins.
Le Pape a reçu également le comité du
pèlerinage lombard, qui lui a offert
une médaille spécialement frappée à
son intention. Le Pape a remercié le
comité,
Enfin, à l'occasion de cet anniversaire,
on a chanté cet après-midi à la basilique
de Saint-Pierre un Te Deum solennel.
Assistaient à la cérémonie célébrée
par S. Km. le cardinal Rampolla, 24 car
dinaux, une quarantaine d'évêques et la
noble antichambre pontificale en habit
de cérémonie.
La basilique étant aujourd'hui ouverte
au public, on remarquait aussi à la cé
rémonie trois cents représentants des as
sociations' catholiques de Rome, avec
des cierges allumés, lès instituts reli
gieux italiens et étrangers, et^une foule
de vingt mille personnes environ.
A la sortie, le Pape, qui était derrière
une fenêtre de ses appartements, regar
dait s'écouler Ja foule : celle-ci le salua
en agitant, en marque de respect, cha
peaux et mouchoirs.
Aucun incident ne s'est produit. Le
Pape, qui se porte très bien, a reçu au
jourd'hui de très nombreuses dépêches
de félicitations de toutes les parties de ia
catholicité.
Mercredi, Î9 février.
Au Vatican.
A l'heure même où le Pape accordait
dimanche les audiences dont Je vous ai
envoyé récit détaillé, l'officine ordi
naire de fausses nouvelles a répandu le
bruit que le P3pe était indisposé. Peut-
être, comme cela s'est produit plus d'une
fois, la presse française s'y est-elle en
core laissé prendre. Inutile de répéter
qu'il n'y a absolument rien de vrai dans
cette information fantaisiste. Le Pape
dimanche adonné une série d'audiences
qui s'est prolongée pendant plus d'une
heure, et H n'a cessé d'être plein de vi
gueur à tous les points de vue.
— Hier, jjmardi, après les audiences
dites de. curie, Léon XIII recevait de
nouveau dans la salle des Tapisseries un
certain nombre de familles.
Puis il se rendait, en portantine, dans
la salle du Consistoire où l'attendaient
plusieurs centaines de personnes. Il y
avait là en particulier un groupe de Hon
grois, qui s'en vont en pèlerinage en
Terre-Sainte. Mgr Jules Zichy, camerier
secret: participant, qui accompagnait le
Souverain Pontife, a adressé à ses com
patriotes un discours en hongrois. Le
Souverain Pontife y a ajouté quelques-
paroles en latin, assurant les pèlerins
qu'il les accompagnait de ses vœux et de
ses bénédictions dans leur pieux voyage
aux Lieux saints.
Dans la cité.
A l'occasion d'un grand meeting de
protestation contre le chômage, il y a à
Rome un peu d'effervescence. Lundi vers
midi, il s'est produit dans le centre de la
ville une panique inexplicable. Les com
merçants fermaient leurs boutiques en
grande hâte, tandis que,dans les rues, les
gens,pris d'une terreur folle, Be livraient
à une fuite générale.
La police a profité de cette émotion
pour mettre sous les verrous un certain
nombre d'anarchistes surveillés.
C'est une précaution bien prise à la
veille du cortège royal, qui doit se dé
rouler demain dans les rues de Rome,
Victor-Emmanuel III allant en grand
gala inaugurer au palais Madama la nou
velle session parlementaire.
Aïï JOÏÏH LE JOUR
Au vingtième siècle, la guerre sera
morte, l'échafaud sera mort, la haine
sera morte, la royauté sera morte, leB
frontières seront mortes, lea dogmes se
ront morts. (
Quia prédit tout cela? Victor Hugo,
le grand homme dont on va fêter le cen
tenaire. Il parlait ainsi le 7 août 1879,
en présidant une conférence faite par
Louis Blano au profit du congrès ouvrier
de Marseille.
C'est M. Georges Goyau, dans son vo
lume sur l'Idée de patrie et l'humanita
risme (1), qui consigne ce souvenir.
Victor Ilugo, pendant les dernières
(1) Perrln et Cle. ■ ' *
ann^ss de sa vie, fut en effet d'un inter
nationalisme fougueux. Il aurait été,
avec ses doctrines de la dernière heure,
un dreyfusard de îa première. C'est plus
encore à ses utopies qu'à son génie litté
raire que le parti régnant veut rendre
hommage aujourd'hui.
En attendant, les choses dont Victor
Hugo prophétisait la mort Be portent en
core assez bien.
».
• a
Toujours à propos. de l'incident Mou-
geot-Oavaignac.
Sait on combien l'administration des
postes, au cours d'une seule année, re
çoit de réclamations ?
L'Eve'nement nous assure qu'en 1901,
elle n'en a pas enregistré moins de
93,020. Ilàtons-nous d'ajouter que M.
Mougeot n'a point répondu, par lettre
personnelle, à tous les réclamants,
comme il l'a fait pour l'ancien ministre
de la guerre.
Sur ces 93,020 réclamations, 51,039
visaient la perte de lettres ordinaires
dont 11,265 renfermaient des effets de
commerce ou deB valeurs au porteur et
233,des billets de banque. Sur les 11,265
lettres renfermant das valeurs, 7,885 ont
été définitivement perdues et sur les
223 lettres contenant des billets de ban
que 45 seulement ont pu être retrou
vées. Les 39,541 autres lettres signalées
coni*?.e- î égarées ou perdues ne conte
naient rien de précieux et 12,402 seule
ment ont pu être retrouvées ; 24,960 au
tres réclamations ont visé la perte d'é-
chantillons, de journaux, de paquets en
franchise et de papiers d'affaires ; 17,755
deB objets ainsi signalés comme perdus
n'ont pu être retrouvés.
Enfin, outre 2,218 réclamations moti
vées par des lettres tombées en rebut,
adressées à des destinataires décédés ou
réclamées par des expéditeurs, 14,803
plaintes ont été relatives à la perte ou au
détournement de lettres de valeur décla
rée et de plis chargés ; 387 de ces plain
tes ont été jugées fondées et, pour in
demniser les plaignants, l'administra
tion a dû payer la somme de 46,517 fr. 14.
Pour compléter cette statistique, il
faudrait connaître le nombre de person
nes qui, victimes d'erreurs de la poste,
n'ont pas voulu réclamer.
*
• «
Il vient de mourir à Malines un des
plus gros mangeurs de Belgique.
En plusieurs occasions, il fit le pari
d'engloutir des quantitésénormes de vic
tuailles et presque toujours il gagna."
Le dernier de ses exploits gastronomi
ques, cependant, lui a été fatal.
Il engloutissait facilement au cours
d'un, repas deux lapins et une tête de
veau. "Même, à la suite d'un pari, il
réussit un jour à manger.onze mètres de
saucisses sans être le moins du monde
incommodé; le lendemain, il mangea
trois cents moules, crues et deux livres
de pain.
Son dernier repas célèbre a été celui
où il absorba soixante-neuf œufs durs ;
il avait parié d'en manger soixante-dix
en une heure, mais ne put y parvenir.
Au Doixatttc-Xicuvioniv^ il ; il
n'en pouvait plus.
Et il en est mort.
».
* a
Calino, reporter, a la bonne fortune
d'assister à la découverte d'un pendu au
bois de Boulogne.
Il prend son calepin et écrit :
« La mort, qui remonte à deux heures,
parait définitive ! »
ORIENTATION SOCIALE
Le 23 janvier se tenait à Paris,
sous la présidence de M. Henri Lo-
rin, la première réunion de l'Union
d'études des catholiques sociaux.
Ellè est déjà connue des lecteurs de
l 'Univers, Les réunions doivent se
suivre régulièrement le premier et
le troisième mercredi ae chaque
mois. C'est un des événements (les
plus importants, qui aient eu lieu,
durant ces dernières années, dans
le monde social. Le groupement
se fait de plus en plus parmi les
hommes qui, depuis près d'un
quart de siècle, cherchent l'orien
tation sociale et économique à la
lumière de l'Evangile. Les En
cycliques de Léon XIII sur ces dif
ficiles matières pénètrent dans les
intelligences, pour les diriger et
les conduire à la vraie restauration
sociale par le Christ.
On comprend mieux qu?il ne suf
fit pas d'écrire, de faire des plans,
de formuler des réformes, de dis
cuter des théories ; il est surtout
nécessaire d'agir, de traduire par
des actes les revendications socia
les, de marquer les réformes dans
des lois claires et précises, de
créer des œuvres pratiques, en un
mot d'aller au peuple, selon les an
ciennes traditions catholiques.
C'est le programme que l'Union
d'études des catholiques sociaux
cherchera sans doute à réaliser.
Les hommes qui la composent ap
partiennent aux meilleurs : hommes
d'initiative, hommes pratiques,com
prenant les besoins de l'heure ac
tuelle, désireux « d'orienter toutes
les revendications publiques vers
une réforme fondamentale de la so
ciété moderne, d'après les principes 1
chrétiens».
: C'est l'idée que le Volhsverein
réalise en Allemagne avec un suc
cès qui va grandissant chaque an
née. Depuis quelque temps surtout,
ses efforts se portent de préférence
sur le petit métier. Il cherche à se
mettre au service des corporations
professionnelles avec une activité
qui ne se lasse jamais. Au se
crétariat général, travaillent sept
spécialistes avec mission de s'oc»
cuper. exclusivement, dès intérêts
de leur ressort. L'agriculture, le
commerce, le métier, l'industrie y
sont représentés selon leur im
portance. Tout ce qui a été pu
blié sur ces différentes branches
de l'activité humaine, brochures,
traités, statuts de sociétés, jour
naux et revues au courant des ques
tions du jour, est mis en œuvre
pour rendre les études aussi com
plètes que possible.
C'est à l'aide de ces documents
que ces spécialistes ont publié, rien
que dans la Correspondance sociale,
60 articles sur l'agriculture, sans
parler d'autres articles de plus lon-
?ue haleine parus dans des revues.
ies questions agraires les plus im
portantes furent débattues, durant
toute une journée, au cours prati
que de science sociale, tenu l'année
dernière à Cologne. Une feuille de
propagande sur l'impôt sur les cé
réales fut distribuée à 450,000 exem
plaires.
Même zèle et même intelligence
pratique pour les questions tou
chant le métier et le commerce. Au
cours social de Cologne on vit ac
courir 400 petits patrons pour dis- 1
cuter les intérêts professionnels.
Une brochure traitant de l'organisa
tion professionnelle fut distribuée
à plus de 70,000 exemplaires. Les
ouvriers et les compagnons ne sont
pas perdus de vue. On a organisé
des écoles professionnelles ouver
tes aux ouvriers désireux de s'ins
truire; on admet,durant des semai
nes, les plus intelligents, à des
cours particuliers ; la théorie et la
pratique se donnent la main ; et de
ces écoles sortiront les futurs pa
trons, les maîtres avec leurs bre
vets de capacité, avec leur chef-
d'œuvre, comme autrefois. Tout le
monde sait que l'épreuve, pour l'ou
vrier et pour le patron, est gde nou
veau devenue en Allemagne une vi
vante réalité. Entre un patron, un
maître qui possède son diplôme de
maître, et un autre qui n'a pas voulu
se soumettre à l'épreuve, on sai'
déjà établir une différence et fixer
son choix.
Le Volhsverein favorise toutes ces
innovations, les encourage et leur
prête le concours le plus efficace,
C'est un foyer d'activité, un centre
dont le rayonnement se fait sentir
dans toutes les parties de l'Alle
magne.
L'Union d'études des catholiques
sociaux a les mêmes ambitions.Elle
voudrait aussi rayonner autour
d'elle pour porter partout lumière
et chaleur, dans le but d'organiser
une collaboration précise et régu
lière entre toutes les bonnes volon
tés que rapproche dans une orienta
tion commune l'idée sociale, com
prise d'après les principes de la foi
chrétienne et appliquée d'après les
préceptes de l'Evangile. Nous sou
haitons à l'Union tout le succès
qu'elle mérite et aux hommes qui
l'ont fondée tous les encourage'
ments et tous les appuis dont ils
ont besoin/
II. Cetty.
PAROLES ÉPISCOPALES
Mgr l'évêque de Grenoble consa
cre son instruction pastorale à la
« Vocation de la France ».
Sa Grandeur.après avoir rappelé
l'institution du pouvoir temporel
confirmé par Charlemagne, ajoute :
Ce patrimoine, c'est sous la garde de la
France qu'il fut placé, et jamais, si ce
n'est dans l'entraînement de défaillan
ces passagères, la France ne manqua à
sa mission d'honneur. Il n'y a pas encore
quarante ans que, pour la remplir, les
plus généreux et les plus dévoués de ses
fils s'en allaient verser leur sang à Cas-
telildardo et à Mentana. Puis un jour,
tandis que les mânes de ces martyrs de
l'indépendance du siège romain criaient
justice, la France, aux prises avec l'é
tranger, quitta la Ville éternelle, lais
sant 1e Piémont libre d'en enfoncer les
portes ouvertes. Cet abandon n'a porté
bonheur ni à ceux qui l'ordonnèrent, ni à
1% France qui en fut la complice plus ou
moins résignée.'
Nous ne saurions apprécier à cette
place les événements de cette époque ;
ils sont trop près de nous. Du moins,
qu'on ne trouve pas mauvais que nous
osions déplorer, nous, catholiques, l'im
puissance à laquelle, depuis ces événe
ments douloureux, notre pays a été ré
duit de continuer au Saint-Siège sa pro
tection chevaleresque ; et qu'il nous soit
permis d'espérer encore, tout invraisem
blable que peut paraître un tel espoir
dans le temps présent, que si, par un de
ces justes jugements de Dieu auxquels
les puissances usurpatrices n'ont jamais
échappé dans l'histoire, cette unité fac
tice, — où tant d'éléments disparates se
fondent si mal, qui porte en soi tant de
germes de dissolution et dont il ne sem
ble pas, à tout prendre, que nos voisins
d'outre-monts aient eu beaucoup à se fé
liciter,— que si cette unité factice venait
à se rompre et à se dissoudre un jour,
aucune intervention ne concourrait plus
efficacement que celle de la France à ré
tablir lea droits du Saint-Siège et à re
mettre le Pontife romain en possession'
delà souveraineté effective qu'exige sa
nécessaire indépendance.
STATUTS ET RÈRIESENTS
DE L'ŒUfRE DES COURES
Et des Comités catholiques en Italie '
(Suite)
Inaction populaire
ou démocratique chrétienne.
Nous donnons ci-après les pas
sages marquants de la partie des
Statuts et règlements, qui est rela
tive au Second groupe de l'Œuvre
des congrès, c'est-à-dire à l'Action
populaire ou démocratique chré
tienne :
I. Esprit de faction démocratique .
chrétienne (1).
1" L'action populaire chrétienne ou dé
mocratique chrétienne, « par ie fait
même qu'elle se dit chrétienne, doit avoir
nécessairement pour base les principes
de la foi et pourvoir aux intérêts des
classes inférieures, mais toujours de
façon à assurer leur perfectionnement
moral, les yeux fixés sur les biens éter
nels pour lesquels ils sont faits ». (En-
cycl. Graves, 18 janvier 1901.)
2® Cette action populaire chrétienne
< a pour but unique, comme le veut la
nature et la loi divine, de ramener à des
conditions d'existence moins dures ceux
•qui travaillent de leurs mains ; en sorte
qu'ils en arrivent graduellement à pour
voir aux nécessités de la vie ; qu'ils puis
sent, dès lors, en famille et dans leur vie
publique, accomplir librement les de
voirs de la morale et de la religion;
qu'ils sentent qu'ils ne sont pas des bru
tes, mais des hommes, non des païens,
mais des chrétiens; et qu'ainsi ils puis
sent s'appliquer plus facilement et avec
plus d'ardeur à ce qui seul est néces
saire, c'est à-dire le souverain bien pour
lequel nous sommesnés s.(Encycl. Graves
de communi.)
3* La question sociale ne doit donc pas
être considérée seulement comme éco
nomique, puisqu' « il est tout à fait cer
tain qu'elle est principalement morale et
religieuse ». (Encycl. Graves de com
muni.)
4° L'action populaire chrétienne « lais
sant de côté tout sens politique, ne doit
signifier que l'action bienfaisante chré
tienne en faveur du peuple », elle ne doit
point se proposer ® de préférer et de pré
parer une forme de gouvernement plu
tôt qu'une autre e. (Encyclique citée.)
a Elle se développe sur le même terrain
que la charité, en B 'accommodant aux
exigences des temps. ... Cette loi de
charité mutuelle, qui est comme un per
fectionnement delà joide justice,impose
non seulement de donner à chacun ce
qui lui est dû, et de ne pas entraver les
droits d'autrui, mais aussi de se favori
ser l'un l'autre, non pas en paroles.et
avec la langue, mais par des œuvres et
en vérité. » (Même encyclique.) Et, tan
dis que cette action populaire chrétienne
ou démocratique chrétienne « met tous
Bes soins à chercher l'avantage des clas
ses inférieures », elle ne doit pas « négli
ger les classes supérieures, qui ne sent
pas moins que les autres utiles à la con
servation et au perfectionnement de la
société ».
5° Les principes de l'action populaire
chrétienne ou démocratique chrétienne,
étant aussi anciens que le droit naturel
et l'Evangile, sont et restent en dehors
des partis et des événements changeants.
Par suite, il est défendu de donner la
forme ou la tendance d'un parti à l'action
du second groupe de l'GSuvre des con
grès, aussi bien pour ce qui regarde la
substance que les modes de cette action.
Sans doute, le chrétien, comme citoyen,
en dehors des droits et des revendications
du Saint-Siège, peut avoir des préféren
ces politiques, en veillant toutefois : à ce
qu'elles ne soient pas opposées à la jus
tice et à l'équité. Néanmoins ce serait un
abus intolérable de vouloir se prononcer
au nom de la religion, ou des institutions
« fondées sous les aupices de la religion
et fécondées par son aide constante », sur
des questions purement politiques. Donc
aucun membre du second groupe,en trai
tant des questions purement politiques,
ne pourra parler au nom de ce groupe, au
nom de la démocratie chrétienne ; ce se
cond groupe ne sera jamais solidaire ni
responsable des tendances personnelles
ou de£ opinions privées de ses mem
bres.
II. Œuvres de l'action démocratique
chrétienne.
7° Il y a un champ très vaste ouvert au
zèle de l'équité et de la charité, et où
doit plus spécialement s'exercer l'ardeur
des membres du second groupe. Parmi
ces œuvres multiples, on estime de sou
veraine importance lés suivantes ;
Unions professionnelles et représenta
tions du travail, avec une attention spé
ciale aux classes agricoles ; sociétés ou
vrières de secours mutuel, avec groupe
ments professionnels pour rendre meil
leures les conditions de classes ; écoles
d'arts et métiers, et d'agriculture prati
que ; caisses rurales, caisses ouvrières ;
banques coopératives catholiques ; pro
tection des émigrants; assurances contre
accidents ; assurances pour invalidité et
vieillesse ; finalement toutes les sociétés
qui ont directement pour fin le bien mo
ral économique des classes populaires,
quelque forme qu'elles revêtent, pourvu
qu'elles s'inspirent de'principeB vraiment
chrétiens.
III. Caractère religieux des œuvres.
8" Comme garanties de ces principes
catholiques et de moralité dans leB insti
tutions précédentes, propres au second
groupe ou à l'action démocratique chré
tienne, on aura grand soin: a) que les rè
glements particuliers, programmes, ma
nuels, etc., aient un langage et un es
prit nettement chrétien; b) que les dra
peaux et autres emblèmes n'aient rien
de commun avec les insignes d'origine
socialiste ; c) que les statutB et règle
ments soient préalablement examinés et
approuvés par l'ordinaire.
Comme les œuvres d'action populaire
chrétienne doivent être a fondées sous
les auspices de la religion et fécondées
)ar son aide constante », les membres
(1) Ces titres sont du traducteur.
SâiUtK ■*» iâ,4i3
Samedi 22 Février 1902
«ai
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ' ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
Un an..;...... 25 » 36 »
Six mois....... 13 » 19 » .
Trois mois 7 » 10 »
Les abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17 (Vl'arr.)
On s'abonne à Rome, place du Gesùj 8,
ET
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ST DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE*
Un an.......'.. 13 » 20 »
Six mois....., 7 » 11 » ■'
Trois mois...;. 4 » S 50
- ..#• --"T ■■
. y Les abonnemënts partent des 1 er et 16 de chaque saoîs
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui M sont adressé*
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse .
Noua prions instamment ceux d»
nos Jectears dont l'abonnement ex»
pire le 28 février de ne pas atten
dre plus longtemps pour le renou
veler*
Il est nécessaire de joindre & toute
lettre, quel qu'en soit l'objet, une des
dernières bandes d'adresse impri
mées» rectifiée s'il y a lieu»
Cette exactitude aura un double
avantage pour eux: elle diminuera
les chances d'erreur et elle évitera
les frais.
PARIS, 21 FÉVRIER 1902
SOMMA
Lettres sur la politi
que extérieure... L ucens.
Orientation sociale. II. C etty.
Lettres des Etats-
Unis....... S ipfhein.
"Mgr Foucault et le
chant grégorien.'. E douard A lexandre
A. la Chambre.,... J. M.
Au Sénat J. E.
bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
Jour le jour. — Paroles éplscopales. —
Statuts et règlements de l'œuvre des con.
grès et des comités catholiques en Ita
lie. — L ob congrégations. — Informa
tions politiques et parlementaires.
Chronique électorale. — En Afrique.—
Les troubles de Barcelone. — Les trou
bles de Trleste. — Les affaires de Chine.
— La guerre da Transva&l. — Etranger.
— A travers la presse. — Les grèves.
Lettres, sciences et arts. — Echos de
partout. — Nécrologis. — Guerre et
marine. — Nouvelles diverses. — C -aieE-
drisr. — Tableau et bulletin de la
Bourse. — Bsnilèrs heure.
BTBffwrîyir^^
LETTRES
SUE LA PMI EÏTÊSMR1
Les statuts de l'Opéra dei con-
gressi et le Regolamento de la Con
grégation des affaires ecclésiasti
ques extraordinaires forment le
prolongement disciplinaire des en
cycliques Rerum novarum et Graves
de "commuai : c'est la sanction gou
vernementale de la jeune démo
cratie chrétienne d'Italie. Malgré le
caractère particulier, la destination
strictement locale de cette réforme,
ces documents offrent une orienta
tion universelle. Le drapeau, qui
flotte, sur le mont sacré, et. qui
vole de clocher en clocher à travers
le pays deve il si suona, s'arborera
sur tous les bastions de la chrétien
té. Le pravvedimento péninsulaire,
pour employer la si juste formule
de M. Toniolo, marque un point de
départ : demain, il sera la loi de
l'univers catholique. Des raisons
spéciales ont dicté au Saint-Siège
cette localisation de la mesure : ie
mouvement interne de la démocra
tie italienne, la lutte contre le socia
lisme honteusement accouplé à la
Maison royale de Savoie, les rap
ports plus directs et plus étroits en
tre la capitale et la province la
plus voisine de Rome. Ce qui est
universel dans ces pièces et ces ré
glementations, c'est l'esprit et c'est
ï'-orientation. Cet esprit, c'est l'es
prit nouveau; cette orientation,
c'est l'orientation nettement so
ciale, populaire et démocratique.
Voila la portée historique de cette
organisation.
Au lendemain de l'Encyclique
Graves. de communi, le Saint-Siège
préparait la réalisation discipli
naire de la doctrine sociale, sur le
soi italien. Le type péninsulaire,
une fois créé et vivant, s'étendrait,
dans la féconde diversité des adap
tations, aux autres pays. Deux mé
thodes s'offraient : la Fédération
démocratique, que désiraient les
rédacteurs du Domani , et la ré
forme actuelle. La première pré
sentait peut-être l'avantage d'un
fonctionnement aisé et souple. L'au
tonomie de la Démocratie chré
tienne assurait sur-le-champ le dé
ploiement ardent de la croisade
populaire. Mais cette organisa
tion faisait éclater un dualisme
dans l'action catholique. Ici, l'an
cienne Opéra dei congressi,avec ses
procédés ; là, la Fédération avec
ses œuvres : les « frictions »,comme
on dit au delà du Rhin, s'impo
saient. Le Saint-Siège veut, avant
tout, et à tout prix, — et comme il
a raison î — suspendre ces divor
ces et ces émiettements. Disci
pliner, orienter toutes les forces vi
ves du catholicisme ; opérer la con
centration imposante, non dans la
paresse et l'immobilité, la pure pro
testation ou la politique oratoire,
mais sur le terrain concret et stric
tement déterminé des directions ro
maines; dès lors, subordonner tous
les efforts et toutes les œuvres à
l'idéal et à l'action populaire ; ins
pirer, rénover l'ancien organisme,
par l'accession des jeunes groupe
ments. ; mettre ainsi debout une
armée puissante et compacte, dont
là démocratie chrétienne formerait
l'avant-garde, : voilà la pensée di
rective du Vatican. Assurément,
quelles que soient les préférences
personnelles, la création a un relief
prodigieux.
A l'œuvre, maintenant, et tous
avec la meilleure volonté I
.De l'allure vivante se déga
gera la marche régulière, vive, ra
pide, aisée et électrique. L'incorpo
ration du jeune parti, social à l'O
péra dei congressi entraînera tous
les régiments de la vieille garde
sur les nouveaux champs de ba
taille. Au lieu de la cavalerie légère
de Murât, s'instituera la mobilisa
tion .savante de Moltlce. Les atta
ches étroites avec le Vatican, la
cohésion avec l'épiscopat, l'acces
sion aux cercles paroissiaux et dio
césains n'indiquent ni la gêne, ni la
limite ; elles assurent la puissance
du nombre et les marches d'ensem
ble. Par cette incorporation, le
Saint-Siège constitue les évêques
ei les prêtres les gardiens et les
protecteurs de la démocratie chré
tienne. Or, ces généraux et ces co
lonels n'auront ni le droit ni la fa
culté de conduire l'armée dans les
forteresses lointaines. Généraux et
colonels, recevant l'investiture, re
çoivent en même temps.le glorieux
mandat de diriger tous les corps de
division dans l'esprit et vers les
champs d'action assignés par les
Encycliques. De là, les réserves et
les bornages sévères que procla
ment les statuts et le Regolamento ;
mais ces réserves et ces bornages
ne sont qu'empruntés à l'Encycli
que Graves de communi. Ils ne
marquent point le soupçon ; ils
ne font qu'assurer le fonctionne
ment plus régulier et plus souple
de l'organisation nouvelle.
Voilà l'esprit et ie caractère de la
réforme. C'est un vaste dessein d'u
nion ; mais ce dessein d'union pré
suppose l'adhésion à l'esprit nou
veau. Lorsqu'on France, Léon XIII
préconise cette concorde, personne
ne saurait douter que cette harmo
nie n'implique le ralliement et l'ac
tion populaire. Ainsi, au delà des
monts, pour le rajeunissement inté
rieur de l'Opéra dei congressi. Au
tant ce provvedimento ae porte que
sur la hiérarchie des œuvres ita
liennes, autant l'eBprit qui l'anime
et l'inspire doit s'étendre à tous les
pays. Si aux autres peuples, placés
dans, des conditions particulières,
la Papauté laisse la liberté des mou
vements, elle leur dicte cependant
l'orientation définitive, la ligne à
suivre, la discipline à observer, la
voie à choisir. De l'Italie, avec la
variété des formes, cette organisa
tion fera le tour du monde. Evêquea
prêtres, laïques, reçoivent la mis
sion de s'approprier cette méthode
de travail et cette stratégie. Négati
vement, cette charte annule la
possibilité des résistances à la Dé
mocratie chrétienne ; positivement
elle, convie toutes les forcos ua-
tholiciame à réaliser l'esprit et les
directions sociales du Saint-Siège.
La Papauté a irrévocablement
tracé le devoir de l'heure présente.
C'est l'inauguration d'une ère nou
velle.
Lucens. '
'BULLETIN
Les fêtes en l'honneur du jubilé du
Souverain Pontife ont commencé hier
k Rome. Un Te Deum solennel a été
chanté, dans la basilique de Saint-Pierre
devant une foule immense et enthou
siaste.
Sur la place, k la sortie de la cérémo
nie, de longues acclamations ont retenti
en l'honneur de l'auguste Pontife.
D'après des informations de source
sure, parvenues à la Gazette de Cologne
c'est le général baron de Lot qui sera
chargé de présenter au Pape les vœux
de l'empereur Guillaume.
La Chambre a terminé hier le budget
des finances; elle a renvoyé à la commis
sion du suffrage universel une motion
de M. Massabuau tendant à prolonger
jusqu'au 31 octobre 1906 la prochaine
législature, et on a voté un crédit de
80,000 francs pour la célébration du
centenaire de Victor Hugo. _
Aujourd'hui, matin et soir, budget de
la marine ; on a rétabli, malgré la com
mission, le crédit pour le personnel re
ligieux.
• Le Sénat a déblayé son ordre du jour
de quelques projets en retard ; il a
adopté une proposition autorisant les
communes atteintes par la crise viticole
à emprunter d'urgence pour ouvrir des
chantiers, et remédier au chômage.
Aujourd'hui, la marine marchande.
, Les émeutes de Barcelone vont s'ag
gravant et prennent les proportions
d'un véritable mouvement insurrection
nel.
La grève générale a gagné toute la
province; Saragosse et Valence sem
blent même menacées.
. Le bilan des dernières vingt quatre
heures porte encore de nombreux morts
et de nombreux blessés; les vivres com
mencent à manquer dans la ville, et les
navires étrangers, l'un après Vautre,
quittent le port.
Le plus important journal de Bir
mingham, la ville de M. Chamberlain,
affirme que « le cabinet anglais aurait
connaissance d'un traité secret entre
deux puissances, traité qui pourrait
avoir en Orient de telles conséquences
que l'Angleterre ne .le tolérerait ja
mais ».
Espérons que le mystère — si mystère
i. y a — ne tardera point à être éclair ci.
L'Université de Saint -Pétersbourg
est provisoirement fermée pur suite de
la réunion illicite de plusieurs centai
nes d'étudiants, qui a eu un caractère
de démonstration politique.
Le Japonest tout à ses attentions pour
l'Angleterre ; on annonce que trois , ou
quatre des meilleurs navires de la flotte
impériale assisteront aux cérémonies
du couronnement du roi Edouard.
A Constantinople, le procès du géné
ral Osman pacha, accusé de haute tra'
hison, a commencé hier à huis clos.
La session législative de Terre-Neuve
est ouverte.
Dans son discours, le gouverneur a
déclaré que le modue vivendi relatif au
french shore avait été renouvelé.
Au Venezuela, les insurgés, sous les
ordres du général Néra, ont été battus
près de Coro.
NOUVELLES DE ROME.
Le Jubilé de Léon XIII.
On télégraphie de Rome, 20 fé
vrier:
Le Pape a reçu aujourd'hui, dans la
salle du Trinc, le cuillUé pour IeS fêtes
du vingt-cinquième anniversaire de son
pontificat. Ce comité lui a présente les
médailles commémoratives destinées à
être distribuées aux.pèlerins.
Le Pape a reçu également le comité du
pèlerinage lombard, qui lui a offert
une médaille spécialement frappée à
son intention. Le Pape a remercié le
comité,
Enfin, à l'occasion de cet anniversaire,
on a chanté cet après-midi à la basilique
de Saint-Pierre un Te Deum solennel.
Assistaient à la cérémonie célébrée
par S. Km. le cardinal Rampolla, 24 car
dinaux, une quarantaine d'évêques et la
noble antichambre pontificale en habit
de cérémonie.
La basilique étant aujourd'hui ouverte
au public, on remarquait aussi à la cé
rémonie trois cents représentants des as
sociations' catholiques de Rome, avec
des cierges allumés, lès instituts reli
gieux italiens et étrangers, et^une foule
de vingt mille personnes environ.
A la sortie, le Pape, qui était derrière
une fenêtre de ses appartements, regar
dait s'écouler Ja foule : celle-ci le salua
en agitant, en marque de respect, cha
peaux et mouchoirs.
Aucun incident ne s'est produit. Le
Pape, qui se porte très bien, a reçu au
jourd'hui de très nombreuses dépêches
de félicitations de toutes les parties de ia
catholicité.
Mercredi, Î9 février.
Au Vatican.
A l'heure même où le Pape accordait
dimanche les audiences dont Je vous ai
envoyé récit détaillé, l'officine ordi
naire de fausses nouvelles a répandu le
bruit que le P3pe était indisposé. Peut-
être, comme cela s'est produit plus d'une
fois, la presse française s'y est-elle en
core laissé prendre. Inutile de répéter
qu'il n'y a absolument rien de vrai dans
cette information fantaisiste. Le Pape
dimanche adonné une série d'audiences
qui s'est prolongée pendant plus d'une
heure, et H n'a cessé d'être plein de vi
gueur à tous les points de vue.
— Hier, jjmardi, après les audiences
dites de. curie, Léon XIII recevait de
nouveau dans la salle des Tapisseries un
certain nombre de familles.
Puis il se rendait, en portantine, dans
la salle du Consistoire où l'attendaient
plusieurs centaines de personnes. Il y
avait là en particulier un groupe de Hon
grois, qui s'en vont en pèlerinage en
Terre-Sainte. Mgr Jules Zichy, camerier
secret: participant, qui accompagnait le
Souverain Pontife, a adressé à ses com
patriotes un discours en hongrois. Le
Souverain Pontife y a ajouté quelques-
paroles en latin, assurant les pèlerins
qu'il les accompagnait de ses vœux et de
ses bénédictions dans leur pieux voyage
aux Lieux saints.
Dans la cité.
A l'occasion d'un grand meeting de
protestation contre le chômage, il y a à
Rome un peu d'effervescence. Lundi vers
midi, il s'est produit dans le centre de la
ville une panique inexplicable. Les com
merçants fermaient leurs boutiques en
grande hâte, tandis que,dans les rues, les
gens,pris d'une terreur folle, Be livraient
à une fuite générale.
La police a profité de cette émotion
pour mettre sous les verrous un certain
nombre d'anarchistes surveillés.
C'est une précaution bien prise à la
veille du cortège royal, qui doit se dé
rouler demain dans les rues de Rome,
Victor-Emmanuel III allant en grand
gala inaugurer au palais Madama la nou
velle session parlementaire.
Aïï JOÏÏH LE JOUR
Au vingtième siècle, la guerre sera
morte, l'échafaud sera mort, la haine
sera morte, la royauté sera morte, leB
frontières seront mortes, lea dogmes se
ront morts. (
Quia prédit tout cela? Victor Hugo,
le grand homme dont on va fêter le cen
tenaire. Il parlait ainsi le 7 août 1879,
en présidant une conférence faite par
Louis Blano au profit du congrès ouvrier
de Marseille.
C'est M. Georges Goyau, dans son vo
lume sur l'Idée de patrie et l'humanita
risme (1), qui consigne ce souvenir.
Victor Ilugo, pendant les dernières
(1) Perrln et Cle. ■ ' *
ann^ss de sa vie, fut en effet d'un inter
nationalisme fougueux. Il aurait été,
avec ses doctrines de la dernière heure,
un dreyfusard de îa première. C'est plus
encore à ses utopies qu'à son génie litté
raire que le parti régnant veut rendre
hommage aujourd'hui.
En attendant, les choses dont Victor
Hugo prophétisait la mort Be portent en
core assez bien.
».
• a
Toujours à propos. de l'incident Mou-
geot-Oavaignac.
Sait on combien l'administration des
postes, au cours d'une seule année, re
çoit de réclamations ?
L'Eve'nement nous assure qu'en 1901,
elle n'en a pas enregistré moins de
93,020. Ilàtons-nous d'ajouter que M.
Mougeot n'a point répondu, par lettre
personnelle, à tous les réclamants,
comme il l'a fait pour l'ancien ministre
de la guerre.
Sur ces 93,020 réclamations, 51,039
visaient la perte de lettres ordinaires
dont 11,265 renfermaient des effets de
commerce ou deB valeurs au porteur et
233,des billets de banque. Sur les 11,265
lettres renfermant das valeurs, 7,885 ont
été définitivement perdues et sur les
223 lettres contenant des billets de ban
que 45 seulement ont pu être retrou
vées. Les 39,541 autres lettres signalées
coni*?.e- î égarées ou perdues ne conte
naient rien de précieux et 12,402 seule
ment ont pu être retrouvées ; 24,960 au
tres réclamations ont visé la perte d'é-
chantillons, de journaux, de paquets en
franchise et de papiers d'affaires ; 17,755
deB objets ainsi signalés comme perdus
n'ont pu être retrouvés.
Enfin, outre 2,218 réclamations moti
vées par des lettres tombées en rebut,
adressées à des destinataires décédés ou
réclamées par des expéditeurs, 14,803
plaintes ont été relatives à la perte ou au
détournement de lettres de valeur décla
rée et de plis chargés ; 387 de ces plain
tes ont été jugées fondées et, pour in
demniser les plaignants, l'administra
tion a dû payer la somme de 46,517 fr. 14.
Pour compléter cette statistique, il
faudrait connaître le nombre de person
nes qui, victimes d'erreurs de la poste,
n'ont pas voulu réclamer.
*
• «
Il vient de mourir à Malines un des
plus gros mangeurs de Belgique.
En plusieurs occasions, il fit le pari
d'engloutir des quantitésénormes de vic
tuailles et presque toujours il gagna."
Le dernier de ses exploits gastronomi
ques, cependant, lui a été fatal.
Il engloutissait facilement au cours
d'un, repas deux lapins et une tête de
veau. "Même, à la suite d'un pari, il
réussit un jour à manger.onze mètres de
saucisses sans être le moins du monde
incommodé; le lendemain, il mangea
trois cents moules, crues et deux livres
de pain.
Son dernier repas célèbre a été celui
où il absorba soixante-neuf œufs durs ;
il avait parié d'en manger soixante-dix
en une heure, mais ne put y parvenir.
Au Doixatttc-Xicuvioniv^ il ; il
n'en pouvait plus.
Et il en est mort.
».
* a
Calino, reporter, a la bonne fortune
d'assister à la découverte d'un pendu au
bois de Boulogne.
Il prend son calepin et écrit :
« La mort, qui remonte à deux heures,
parait définitive ! »
ORIENTATION SOCIALE
Le 23 janvier se tenait à Paris,
sous la présidence de M. Henri Lo-
rin, la première réunion de l'Union
d'études des catholiques sociaux.
Ellè est déjà connue des lecteurs de
l 'Univers, Les réunions doivent se
suivre régulièrement le premier et
le troisième mercredi ae chaque
mois. C'est un des événements (les
plus importants, qui aient eu lieu,
durant ces dernières années, dans
le monde social. Le groupement
se fait de plus en plus parmi les
hommes qui, depuis près d'un
quart de siècle, cherchent l'orien
tation sociale et économique à la
lumière de l'Evangile. Les En
cycliques de Léon XIII sur ces dif
ficiles matières pénètrent dans les
intelligences, pour les diriger et
les conduire à la vraie restauration
sociale par le Christ.
On comprend mieux qu?il ne suf
fit pas d'écrire, de faire des plans,
de formuler des réformes, de dis
cuter des théories ; il est surtout
nécessaire d'agir, de traduire par
des actes les revendications socia
les, de marquer les réformes dans
des lois claires et précises, de
créer des œuvres pratiques, en un
mot d'aller au peuple, selon les an
ciennes traditions catholiques.
C'est le programme que l'Union
d'études des catholiques sociaux
cherchera sans doute à réaliser.
Les hommes qui la composent ap
partiennent aux meilleurs : hommes
d'initiative, hommes pratiques,com
prenant les besoins de l'heure ac
tuelle, désireux « d'orienter toutes
les revendications publiques vers
une réforme fondamentale de la so
ciété moderne, d'après les principes 1
chrétiens».
: C'est l'idée que le Volhsverein
réalise en Allemagne avec un suc
cès qui va grandissant chaque an
née. Depuis quelque temps surtout,
ses efforts se portent de préférence
sur le petit métier. Il cherche à se
mettre au service des corporations
professionnelles avec une activité
qui ne se lasse jamais. Au se
crétariat général, travaillent sept
spécialistes avec mission de s'oc»
cuper. exclusivement, dès intérêts
de leur ressort. L'agriculture, le
commerce, le métier, l'industrie y
sont représentés selon leur im
portance. Tout ce qui a été pu
blié sur ces différentes branches
de l'activité humaine, brochures,
traités, statuts de sociétés, jour
naux et revues au courant des ques
tions du jour, est mis en œuvre
pour rendre les études aussi com
plètes que possible.
C'est à l'aide de ces documents
que ces spécialistes ont publié, rien
que dans la Correspondance sociale,
60 articles sur l'agriculture, sans
parler d'autres articles de plus lon-
?ue haleine parus dans des revues.
ies questions agraires les plus im
portantes furent débattues, durant
toute une journée, au cours prati
que de science sociale, tenu l'année
dernière à Cologne. Une feuille de
propagande sur l'impôt sur les cé
réales fut distribuée à 450,000 exem
plaires.
Même zèle et même intelligence
pratique pour les questions tou
chant le métier et le commerce. Au
cours social de Cologne on vit ac
courir 400 petits patrons pour dis- 1
cuter les intérêts professionnels.
Une brochure traitant de l'organisa
tion professionnelle fut distribuée
à plus de 70,000 exemplaires. Les
ouvriers et les compagnons ne sont
pas perdus de vue. On a organisé
des écoles professionnelles ouver
tes aux ouvriers désireux de s'ins
truire; on admet,durant des semai
nes, les plus intelligents, à des
cours particuliers ; la théorie et la
pratique se donnent la main ; et de
ces écoles sortiront les futurs pa
trons, les maîtres avec leurs bre
vets de capacité, avec leur chef-
d'œuvre, comme autrefois. Tout le
monde sait que l'épreuve, pour l'ou
vrier et pour le patron, est gde nou
veau devenue en Allemagne une vi
vante réalité. Entre un patron, un
maître qui possède son diplôme de
maître, et un autre qui n'a pas voulu
se soumettre à l'épreuve, on sai'
déjà établir une différence et fixer
son choix.
Le Volhsverein favorise toutes ces
innovations, les encourage et leur
prête le concours le plus efficace,
C'est un foyer d'activité, un centre
dont le rayonnement se fait sentir
dans toutes les parties de l'Alle
magne.
L'Union d'études des catholiques
sociaux a les mêmes ambitions.Elle
voudrait aussi rayonner autour
d'elle pour porter partout lumière
et chaleur, dans le but d'organiser
une collaboration précise et régu
lière entre toutes les bonnes volon
tés que rapproche dans une orienta
tion commune l'idée sociale, com
prise d'après les principes de la foi
chrétienne et appliquée d'après les
préceptes de l'Evangile. Nous sou
haitons à l'Union tout le succès
qu'elle mérite et aux hommes qui
l'ont fondée tous les encourage'
ments et tous les appuis dont ils
ont besoin/
II. Cetty.
PAROLES ÉPISCOPALES
Mgr l'évêque de Grenoble consa
cre son instruction pastorale à la
« Vocation de la France ».
Sa Grandeur.après avoir rappelé
l'institution du pouvoir temporel
confirmé par Charlemagne, ajoute :
Ce patrimoine, c'est sous la garde de la
France qu'il fut placé, et jamais, si ce
n'est dans l'entraînement de défaillan
ces passagères, la France ne manqua à
sa mission d'honneur. Il n'y a pas encore
quarante ans que, pour la remplir, les
plus généreux et les plus dévoués de ses
fils s'en allaient verser leur sang à Cas-
telildardo et à Mentana. Puis un jour,
tandis que les mânes de ces martyrs de
l'indépendance du siège romain criaient
justice, la France, aux prises avec l'é
tranger, quitta la Ville éternelle, lais
sant 1e Piémont libre d'en enfoncer les
portes ouvertes. Cet abandon n'a porté
bonheur ni à ceux qui l'ordonnèrent, ni à
1% France qui en fut la complice plus ou
moins résignée.'
Nous ne saurions apprécier à cette
place les événements de cette époque ;
ils sont trop près de nous. Du moins,
qu'on ne trouve pas mauvais que nous
osions déplorer, nous, catholiques, l'im
puissance à laquelle, depuis ces événe
ments douloureux, notre pays a été ré
duit de continuer au Saint-Siège sa pro
tection chevaleresque ; et qu'il nous soit
permis d'espérer encore, tout invraisem
blable que peut paraître un tel espoir
dans le temps présent, que si, par un de
ces justes jugements de Dieu auxquels
les puissances usurpatrices n'ont jamais
échappé dans l'histoire, cette unité fac
tice, — où tant d'éléments disparates se
fondent si mal, qui porte en soi tant de
germes de dissolution et dont il ne sem
ble pas, à tout prendre, que nos voisins
d'outre-monts aient eu beaucoup à se fé
liciter,— que si cette unité factice venait
à se rompre et à se dissoudre un jour,
aucune intervention ne concourrait plus
efficacement que celle de la France à ré
tablir lea droits du Saint-Siège et à re
mettre le Pontife romain en possession'
delà souveraineté effective qu'exige sa
nécessaire indépendance.
STATUTS ET RÈRIESENTS
DE L'ŒUfRE DES COURES
Et des Comités catholiques en Italie '
(Suite)
Inaction populaire
ou démocratique chrétienne.
Nous donnons ci-après les pas
sages marquants de la partie des
Statuts et règlements, qui est rela
tive au Second groupe de l'Œuvre
des congrès, c'est-à-dire à l'Action
populaire ou démocratique chré
tienne :
I. Esprit de faction démocratique .
chrétienne (1).
1" L'action populaire chrétienne ou dé
mocratique chrétienne, « par ie fait
même qu'elle se dit chrétienne, doit avoir
nécessairement pour base les principes
de la foi et pourvoir aux intérêts des
classes inférieures, mais toujours de
façon à assurer leur perfectionnement
moral, les yeux fixés sur les biens éter
nels pour lesquels ils sont faits ». (En-
cycl. Graves, 18 janvier 1901.)
2® Cette action populaire chrétienne
< a pour but unique, comme le veut la
nature et la loi divine, de ramener à des
conditions d'existence moins dures ceux
•qui travaillent de leurs mains ; en sorte
qu'ils en arrivent graduellement à pour
voir aux nécessités de la vie ; qu'ils puis
sent, dès lors, en famille et dans leur vie
publique, accomplir librement les de
voirs de la morale et de la religion;
qu'ils sentent qu'ils ne sont pas des bru
tes, mais des hommes, non des païens,
mais des chrétiens; et qu'ainsi ils puis
sent s'appliquer plus facilement et avec
plus d'ardeur à ce qui seul est néces
saire, c'est à-dire le souverain bien pour
lequel nous sommesnés s.(Encycl. Graves
de communi.)
3* La question sociale ne doit donc pas
être considérée seulement comme éco
nomique, puisqu' « il est tout à fait cer
tain qu'elle est principalement morale et
religieuse ». (Encycl. Graves de com
muni.)
4° L'action populaire chrétienne « lais
sant de côté tout sens politique, ne doit
signifier que l'action bienfaisante chré
tienne en faveur du peuple », elle ne doit
point se proposer ® de préférer et de pré
parer une forme de gouvernement plu
tôt qu'une autre e. (Encyclique citée.)
a Elle se développe sur le même terrain
que la charité, en B 'accommodant aux
exigences des temps. ... Cette loi de
charité mutuelle, qui est comme un per
fectionnement delà joide justice,impose
non seulement de donner à chacun ce
qui lui est dû, et de ne pas entraver les
droits d'autrui, mais aussi de se favori
ser l'un l'autre, non pas en paroles.et
avec la langue, mais par des œuvres et
en vérité. » (Même encyclique.) Et, tan
dis que cette action populaire chrétienne
ou démocratique chrétienne « met tous
Bes soins à chercher l'avantage des clas
ses inférieures », elle ne doit pas « négli
ger les classes supérieures, qui ne sent
pas moins que les autres utiles à la con
servation et au perfectionnement de la
société ».
5° Les principes de l'action populaire
chrétienne ou démocratique chrétienne,
étant aussi anciens que le droit naturel
et l'Evangile, sont et restent en dehors
des partis et des événements changeants.
Par suite, il est défendu de donner la
forme ou la tendance d'un parti à l'action
du second groupe de l'GSuvre des con
grès, aussi bien pour ce qui regarde la
substance que les modes de cette action.
Sans doute, le chrétien, comme citoyen,
en dehors des droits et des revendications
du Saint-Siège, peut avoir des préféren
ces politiques, en veillant toutefois : à ce
qu'elles ne soient pas opposées à la jus
tice et à l'équité. Néanmoins ce serait un
abus intolérable de vouloir se prononcer
au nom de la religion, ou des institutions
« fondées sous les aupices de la religion
et fécondées par son aide constante », sur
des questions purement politiques. Donc
aucun membre du second groupe,en trai
tant des questions purement politiques,
ne pourra parler au nom de ce groupe, au
nom de la démocratie chrétienne ; ce se
cond groupe ne sera jamais solidaire ni
responsable des tendances personnelles
ou de£ opinions privées de ses mem
bres.
II. Œuvres de l'action démocratique
chrétienne.
7° Il y a un champ très vaste ouvert au
zèle de l'équité et de la charité, et où
doit plus spécialement s'exercer l'ardeur
des membres du second groupe. Parmi
ces œuvres multiples, on estime de sou
veraine importance lés suivantes ;
Unions professionnelles et représenta
tions du travail, avec une attention spé
ciale aux classes agricoles ; sociétés ou
vrières de secours mutuel, avec groupe
ments professionnels pour rendre meil
leures les conditions de classes ; écoles
d'arts et métiers, et d'agriculture prati
que ; caisses rurales, caisses ouvrières ;
banques coopératives catholiques ; pro
tection des émigrants; assurances contre
accidents ; assurances pour invalidité et
vieillesse ; finalement toutes les sociétés
qui ont directement pour fin le bien mo
ral économique des classes populaires,
quelque forme qu'elles revêtent, pourvu
qu'elles s'inspirent de'principeB vraiment
chrétiens.
III. Caractère religieux des œuvres.
8" Comme garanties de ces principes
catholiques et de moralité dans leB insti
tutions précédentes, propres au second
groupe ou à l'action démocratique chré
tienne, on aura grand soin: a) que les rè
glements particuliers, programmes, ma
nuels, etc., aient un langage et un es
prit nettement chrétien; b) que les dra
peaux et autres emblèmes n'aient rien
de commun avec les insignes d'origine
socialiste ; c) que les statutB et règle
ments soient préalablement examinés et
approuvés par l'ordinaire.
Comme les œuvres d'action populaire
chrétienne doivent être a fondées sous
les auspices de la religion et fécondées
)ar son aide constante », les membres
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