Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1902-02-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 février 1902 09 février 1902
Description : 1902/02/09 (Numéro 12400). 1902/02/09 (Numéro 12400).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
X&naoctie G ^Février 16Ô2
igti-.t. 1 ». ■ i ■«■«■■iiii «iii iiimiiiiiimi»
MàMem. «MtUUwt»» — tMOO
Dimanche 9 Février 1902
ÉDITION QUOTIDIENNE
r '-*> * ' ■ ;
S PARIS ÉTRANGER
. et départements (union postale)
Ua an 25 » 36 »
Six mois 13 » 19 »
Trois mois..... 7 » 10 »
lies abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 ce &t.
'•* BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17 (VI 0 arr.)
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
ET
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUOT IDIENNE
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ET DÉPARTEMENTS {UNION POSTALE)
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L'UNIVERS ne répondpas des manuscrits gui lui sont adressé»
ANNONCES
MM- LAGRANGE, CERF et C ! ", 6, place de la Bourse
PARIS, 8 FÉVRIER 1902
SOMMAIRE!
Nos futurs lycées.. Ch. Huit.
Sages paroles.. .... Pierre Veuiuo*.
Les missions mili
taires A. R.
Chinoiseries Ernest Billiet.
Lettres d'Espagne. . Manuel.
.A. la Chambra J. M antenat.
Au Sénat J. E.
Les conférences : dn
Luxembourg..... Edouard Alexandre
aulieùû. — Nouvelles de Rome. — Au
joiir le jour. — Instructions du Saint-
Siège sur l'action catholique en Italie. —
L.e» congrégations. — Lsa mandements
de carême de 1902. — Hommage à Mgr
l'évéquede Pamlers. •— L'Action libé
rale. — Informations politiques et par
lementaires. — Chronique électorale. —
Béuaions. t — En Tunisie. — Un mani
feste du prince Napoléon. — La guerre
du Transvaal. — Etranger. — A travers
la presse. — Lettres, sciences et arts.
— Conférences publiques et catholiques.
— Echos de partout. — Un appel. — Le
congr&s de la jeunesse catholique à Co
gnac. — Chronique religieuse. — Né
crologie. — Guerre et marine. — Tri
bunaux.— Nouvel'es diverse». — Jardin
■d'acclimatation. — Calendrier. — Ta-
Ëleau et bulletin de Bourse. — Der-
" nière heure.
«OS FUTURS LYCÉES
i
Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse
[d'écrire,
disait Boileau à Louis XIV; les pu-
fclicistes chargés depuis trente ans
dp suivre et de commenter les vi
cissitudes de l 'enseignement secon-
daire en France éprouvent la ten
tation de jeter aux pouvoirs publics
le même cri de détresse : « Mettez
«in terme à vos bouleversements
pédagogiques, ou nous perdons
pied au milieu de cette marée tou
jours grandissante. » Si du moins
tant de variations sans trêve lais
saient l 'impression d'un résultat de
plus en plus nettement conçu, et
poursuivi par des voies de plus en
plus méthodiques et sûres! Mais on
dirait bien plutôt des voyageurs
perdus sur une route obscure,
avançant aujourd'hui, reculant de
main, sanj3 que rien explique ces
déterminations contradictoires, si
non la conscience confuse de s'en
foncer à chaque pas davantage dans
les ténèbres. La « crise universi
taire » est sortie moins de l'imper
fection des programmes que de la
confusion des cerveaux; et l'état du
malade s'aggrave en raison même
de la multiplicité des consultations
tenues à son chevet : pédagogues
de profession et politiciens d'occa
sion, commissions parlementaires
et extraparlementaires se dispu
tent l'avantage de le guérir ; et si
d'aventure^ après de longs débats,
les autorités compétentes arrivent
' à formuler une ordonnance, à peine,
a-t-elle commencé à s'appliquer
qu'on a hâte, semble-t-il, de lui
substituer un régime tout op
posé.
La, nouvelle constellation qui
vient de faire son apparition au
ciel de notre enseignement public
a ceci de particulier qu'elle se pré
sente sous les auspices, non seu
lement d'un ministre, mais encore
d'un des personnages les plus en
vue de notre Parlement. On a pu
reprocher à plusieurs des collègues
de M. Ribot de s'être montrés mé
diocrement instruits des exigences
pratiques de là vie de collège : mais
nul n'hésite à reconnaître dans leur
président un homme d'une haute
Intelligence, très accueillant et très
large. Est-il de tout point satisfait
de l'œuvre à. laquelle va malheu-
sement s'attacher son nom ? Je n'o
serais l'affirmer. Servir de rapport
teur à une commission parlemen
taire est en soi un très légitime
honneur, mais à l'heure actuelle, ce
doit être fréquemment un très réel
embarras.
*
* ♦
Des quatre titres dont se com
pose le programme de la réforme à
accomplir (1), le premier et le qua
trième nous occuperont à peine. Il
s'agit du régime intérieur des ly
cées et de 1 inspection à laquelle
ces établissements seront soumis.
Ce terrain n'est pas le nôtre, et en
core que comme contribuables, nous
ayons à contrôler l'emploi fait de
nos deniers dans tout ce qui con
cerne l'instruction publique, nous
ne discuterons ici ni la séparation
des deux budgets de l'internat et
de l'externat, ni le renforcement de
l'autorité des proviseurs, ni les sa
tisfactions données au monde très
remuant des répétiteurs-. Tout au
plus ferons-nous remarquer que Je
stage imposé dans un lycée de l'E
tat à tout futur agrégé aura pour
conséquence à peu près inévitable
de détourner de l'agrégation les
prêtres ou religieux qui se desti
nent à l'enseignement libre. Mais
pourquoi nos instituts catholiques
n'auraient-ils pas, eux aussi, leurs
concours spéciaux afin d'assurer le
meilleur recrutement possible des
(1) Voir l'Univers du samedi 25 jan
vier.
professeurs de nos maisons d'édu
cation chrétiennes ? Il suffirait, de
faire un pas de plus en avant dans
la voie où est entré depuis un an
l'Institut de Paris (2).
*'
♦ *
Le Plan d'études sur lequel les
Chambres vont être appelées à se
prononcer a pour nous, au con
traire, une importance capitale,
d'abord parce que la préparation
du même examen terminal contraint
l'enseignement libre à s'organiser
plus ou moins à l'image de l'ensei
gnement officiel, ensuite et surtout
parce que ce sont les futures des
tinées intellectuelles de la France
et son rayonnement littéraire qui
sont ici en jeu.
Constatons en commençant que
le ministre repousse toute réduc
tion dans la durée totale des études.
« Les classes supérieures compor
tent un degré de maturité, de ré
flexion, de raison, qui correspond
lui-même au développement phy
sique de l'élève. Il y aurait péril a
y entrer trop tôt : ou le niveau de
l'enseignement s'abaisserait, ou les
esprits''seraient surmenés. Ni les
Provinciales, ni le Discours de la
méthode ne sont un aliment appro
prié à des esprits de quatorze ans. »
Sur ce point, nous sommes d'ac
cord avec M. Leygues : une fois
n'est pas coutume. Néanmoins si
l'enseignement secondaire consti
tué, nous allons le voir, par une
scolarité de sept ans, « est coor
donné à l'enseignement primaire,
de manière à faire suite à un cours
d'études d'une durée normale de
quatre années », c'est à six ans,
pour arriver à être bachelier à dix-
sept, qu'il faudra, si l'on me permet
cette expression, avoir usé sur les
bancs sa première culotte. Voilà du
moins un âge où le maître peut es
pérer d'avoir devant lui des esprits
vides de préjugés.
Dans l'exposé ministériel, un pro
blème qui est au premier plan des
méditations et des recherches des
esprits que tourmente la préoccu-
Eation de notre avenir social, le pro- ;
lème éducatif, pour rappeler par •
son nom, est tranché en moins de
dix lignes. C'est peu. Au surplus,
sur quelle solution sérieuse compter
en matière d'éducation aussi long
temps que la pensée chrétienne et \
même que toute influence religieu- ;
se sera mise dédaigneusement à
l'écart par les uns, ouvertement
combattue par les autres ?
Mais abordons sans plus de re
tard l'examen des programmes
d'enseignement. Des bruits fâcheux,
des pronostics inquiétants alar
maient à bon droit les partisans des
étudeé classiques, plus gravement
menacées que jamais, s'il fallait
s'en rapporter aux journaux les
mieux informés. Craintes puériles !
chimériques appréhensions ! Li
sons et relisons plutôt ces déclara
tions expresses ae M. le ministre ;
un Villemain et un Nisard auraient
eu quelque peine à s'exprimer avec
plus de conviction :
«L'étude de l'antiquité grecque
et latine a donné au génie français
une mesure, une clarté et une élé
gance incomparables. C'est par elle
que notre philosophie, nos lettres
et nos arts ont brillé d'un si vif
éclat; c'est par elle que notre in
fluence morale s'est exercée en sou
veraine dans le monde. Les huma
nités doivent être protégées contre
toute atteinte et fortifiées. Elles
font partie du patrimoine natio
nal.
« Au surplus, l'esprit classique
n'est pas, comme quelques-uns l'af
firment, incompatible avec l'esprit
moderne. Il est de tous les temps,
parce qu'il est le cuite (?) de la rai
son claire et libre, la recherche de
la beauté harmonieuse et simple
dans toutes les manifestations de la
pensée. »
Conclusion : les études grecques et
latines vont enfin être relevées à leur
véritable niveau, et rentrer défini
tivement en possession de cette
maîtrise intellectuelle qui leur est
si libéralement et si solennellement
reconnue. Hélas ! tout au contraire,
jamais depuis la fondation de l'Uni
versité de France elles n'ont été
traitées par les pouvoirs officiels
avec un pareil sans-gêne, jamais
aussi durement ébranlées, aussi
cruellement désorganisées. Ainsi le
veut la logique extraordinaire. de
nos maîtres du jour, parfaitement
capables, l'expérience l'a montré,
de nous infliger un régime de persé
cution sous le couvert de lois qu'on
présente hypocritement comme de
vant apporter à tous sans distinc
tion un surcroît de liberté. Et si
quelque lecteur s'étonnait en me
voyant mêler à une discussion toute
pédagogique des ressentiments ap
portés d'ailleurs, je répondrais qu'il
y a des coups qui nous frappent trop
au cœur pour que nous ayons le
droit ou le pouvoir de les oublier.
Mais revenons à notre sujet et
tout d'abord, pour aller au-devant
d'une objection possible, déclarons
que dans une société démocratique
comme la nôtre, où l'enseignement
« ne s'adresse plus à une élite,
mais à la nation tout entière », à
(2) On pourra consulter sur ce point le
Monde du 10 juin 1895 et l'Enseignement
chrétien du f« juin 1901,
une époque où les nations civilisées
se disputent le marché du mondei
avec une âpreté sans cesse gran
dissante, il n'est plus, il ne peut
plus être question de résumer et de
concentrer dans l'éducation classi
que l'unique formation intellec
tuelle offerte à la jeunesse fran
çaise. L'agriculture, le commerce
et l'industrie, sans exclure le moins
du monde cette culture supérieure,
réclament néanmoins pour l'im
mense majorité de leurs futurs re
présentants une préparation plus
directe et plus immédiate, où les
réalités de l'existence aussi bien
que les exigences quotidiennes de
l'action tiennent plus de place que
les délicatesses esthétiques et les
jouissances désintéressées de la
pensée. Mais cette concession faite,
ce qui est inadmissible, c'est que,
sous prétexte de nivellement égali-
taire, de satisfaction donnée « à la
collectivité, au monde du travail a,
on paralyse, on mutile, on boule
verse, au risque de la tarir à sa
source, cette éducation supérieure
à laquelle aucun des peuples nos
voisins ou nos rivaux n'entend re
noncer, et qui tient par des liens
plus profonds, plus étroits chez
nous que partout ailleurs, au passé
de notre race et à tous les traits
distinctifs de notre génie national.
Ainsi, autant il est naturel que
les familles, selon leurs traditions
et leurs préférences, aient le choix
entre deux enseignements parallè
les et distincts, répondant à deux
programmes réellement séparés, et
poursuivant par des méthodes qui
ne sont pas nécessairement les mê
mes un but manifestement diffé
rent, autant le rapprochement que
l'on essaie d'établir est forcé et la
confusion fâcheuse. Et si les études
classiques paraissent plus directe
ment atteintes, je crains que les
études qualifiées à l'heure présente
de « modernes * n'aient elles-mê
mes à en souffrir, surtout si elles
sont confiées au même personnel
enseignant, car de même que les
premières ont un caractère plutôt
idéal et théorique, de même dans
les secondes il convient de faire la
part la plus large possible à la pra
tique et aux applications.
Examinons maintenant à quelles
étranges dispositions ministre et
commission se sont arrêtés. .
G.' Huit.
; ~ ♦ ' . ——
BULLETIN
A la Chambre, l'interpellation de M.
Charles Bernard sur les fraudes qui se
seraient produites à l'Exposition « sous
la responsabilité d'un membre du gou
vernement»— lisez M. Monis — n'a
pas donné ce que les amateurs de séan
ces mouvementées en attendaient ; le
débat s'est assez promptement clos par
l'ordre du jour pur et simple.
L'interpellation de M. Debussy visait
un arrêté du ministre des travaux pu
blics fixant les frais accessoires des
chemins de fer.
On a décidé, à mains levée s, et mal'
gré les protestations de M. Pierre Bau~
uin, que l'arrêté devait être modifié, si
non rapporté.
La Chambre va maintenant s'atteler
au budget sans désemparer.
Le Sénat a voté Vensemble de la loi
relative aux grands magasins, et s'est
ajourné à jeudi pour la discussion sur
la marine marchande.
Le voyage de Varchiduc héritier d'Au
triche à Saint-Pétersbourg est toujours
très commenté. Le prince a été reçu par
l'empereur de Russie et tous les grands
ducs.
Un grand gala de cour a eu lieu au
palais d'Hiver-, le soir, dîner intime
chez Leurs Majestés.
La Chambre espagnole a adopté le
projet relatif au paiement en or des
droits de douane.
La Banque d'Espagne formule une
protestation contre te projet sur la cir
culation fiduciaire, qu'elle accuse d'al
térer les conditions de la vie économi
que.
On dément les bruits de crise minis
térielle.
En Grèce, la Chambre, après une vive
discussion sur la formation du minis
tère Zaïmis, a voté l'ordre du jour de
confiance par 132 voix contre 51.
Les députés de la minorité se décla
rent prêts à faire de l'obstruction d'une
façon permanente.
Les Etats-Unis coopèrent avec l'An
gleterre et le Japon en Mandchourie ;
ils ont fait connaître à la Russie leur
intention dé conserver des avantages
commerciaux, et l'égalité en Ce qui con
cerne les concessions de mines et de
chemins de fer.
Un conflit prévu entre les deux
Chambres, au Japon, a pu être évité.
La Chambre des pairs n'a pas rétabli
les crédits pour le relèvement des trai
tements des fonctionnaires qui avaient
été repoussés par la Chambre des dépu
tés.
On dit que les insurgés du Venezuela
6ht envahi la province venezuelienne
de Tachira, par la frontière colom
bienne. Deux croiseurs allemands se
raient partis pour la Guayra.
NOUVELLES DE ROME
Jeudi, 6 février.
Au Vatican.
Le Souverain Pontife reçut hier en au
diences spéciales M. Galvez, vice-prési-
' dent du Sénat de -la- République argen
tine, avec sa famille ; M. Lacon Ilammet,
amiral anglais ; M. le comté de Franque-
ville, de l'Institut de France; Mme la
comtesse de Guichén ; M. le marquis
Mannucci.
Congrégation des Rites.
Au palais du Vatican s'est tenu ce ma
tin la congrégation dite'préparatoire pour
la cause d'une vénérable française, Sœur
Marguerite du Très-Saint- Sacrement, Car
mélite professe du monastère de Beaune,
au diocèse de Dijon. En présence des
Emes cardinaux de la Congrégation des
Rites, les prélats et consulteurs ont émis
leurs votes sur la question de l'héroïcité
des vertus.
te divorce.
Après la lettre du député piémontais
Palberti, vice-président de la Chambre,
qui condamne le divorce comme un dé
sastre, les journaux publient une décla
ration du député Berenini, auteur et rap
porteur du projet de loi, dans laquelle il
affirme que M. Palberti avait donné son
assentiment au rapport tel qu'il avait été
rédigé. Ces désaccords sont curieux et de
bon augure.
Il est cependant constaté que M. Be
renini a voulu absolument se jhàter de
déposer son projet de loi sur le bureau
r la Chambre, parce qu'il prévoyait la
eiôture de la session. Selon la loi ita
lienne, la nouvelle Bession ne prend en
considération que les lois de la session
passée dont le rapport a été déposé.
Telle serait la raiBon de la hâte de M.
Berenini à présenter son rapport, con
tre la volonté du président de la commis
sion, M. Palberti.
Le jeu de la maçonnerie a été pour
cette fois complètement démasqué et, du
même coup, compromis.
SAGES PAROLES
Nous avons un manifeste du
prince Napoléon. Il est daté du
château d'Arenenberg, 2 février.
On dirait qu'avant de l'écrire, le ne
veu de César a longuement con
templé le paysage qui s'étend au
pied de la demeure historique : des
arbres qui descendent, les eaux
calmes et claires du lac inférieur
de Constance, traversé par le Rhin,
puis, dans la brume, les hauteurs
de la Souabe, et plus loin encore,
la ligne vague et sombre de la Fo
rêt-Noire. Perspective délicieuse,
reposante ; elle doit bannir de l'es
prit les vaines agitations.
Le manifeste du prince est d'un
bon Français, qui ne s'illusionne
guère sur son avenir de prétendant,
et qui a pris son parti de ne point
relever le trône des Bonapartes.
Sans doute, il ne renonce pas en
tièrement à l'espérance. Sait-oa ja
mais ce qui peut arriver ? Il ne veut
pas, surtout, vis-à-vis de ceux qui
lui restent fidèles, paraître n'espé
rer plus. Mais il leur dit, avec un
accent de noblesse tranquille et
sage : — Travaillez pour le peuple.
Si la France me rappelait un jour,
je viendrais. En attendant, ne son
gez qu'à servir la patrie. Les Na
poléons, c'est du surcroît...
Et il recommande à ses partisans
une ligne de conduite qui leur per
met d'être utiles au pays, sous
n'importe quelles institutions gou
vernementales.
Nous aurions certaines réserves
à faire s'il y avait lieu d'examiner
en détail tout ce programme d'ac
tion. Le prince tient trop, il nous
semble, à se donner comme l'héri
tier de la Révolution française. Les
républicains lutteront toujours avec
avantage, contre lui, sur ce terrain.
Mais nous préférons ne signaler que
ce qui est digne d'éloges dans son
manifeste.
Il a raison, théoriquement, de
préférer le régime représentatif au
régime parlementaire. Le premier
peut exister sous toutes les formes
gouvernementales, sous une mo
narchie comme sous une républi
que, et toujours, croyons-nous, il
vaut mieux que le second. Seule
ment, dans la pratique du pouvoir,
où commence l'un, où finit l'autre :
voilà qui est plus difficile à déter
miner.
Quelles que soient les institu
tions en vigueur, il faut combattre
le jacobinisme et le collectivisme,
il iaut favoriser la mutualité, la
prévoyance, s'occuper avec un zèle
infatigable et désintéressé de ceux
qui travaillent et qui peinent. Il
faut s'efforcer aussi d'obtenir une
application large et loyale du con
cordat. Ce fut, dans l'esprit de son
auteur, une œuvre de paix, qui
n'avait pas pour but l'oppression
de l'Eglise. Il faut enfin défendre,
comme un droit sacré, comme
une institution nécessaire, la li
berté de l'enseignement.
Tels sont les conseils du prince.
L'on se conformera certainement
à ses désirs en prenant le meilleur
moyen d'assurer, par les prochai
nes élections, la mise en vigueur
de ce programme de paix, d'erdre
et de sage tolérance. Et quel meil
leur moyen que de faire, grâce à j
des sacrifices réciproques, l'union
de tous les honnêtes gens et de
tous les libéraux?
Pierre V euillot.
AU70ÏÏE LE JOUE,
Une famille qui ne contribue pas à la
dépopulation de la France, c'est la fa
mille Jacquot-Colas, du hameau de la
Verne, commune de Moutiers-en-Bresse,
arrondissement de Louhans (Saône-et-
Loirej.
M. et Mme Jacquot-Colas en sont à
leur vingt-troisième bébé, qui verra le
jour prochainement. Cinq sont morts en
tre quatre mois et treize ans. Dix-sept
sont vivants : treize garçons et quatre
filles.
Les époux Jacquot-Colas sont d'hon
nêtes et laborieux ouvriers.
Nous leur souhaitons de compléter ho
norablement les deux douzaines.
Le pittoresque s'en va. Voici que le
gouvernement espagnol se prépare, dit-
on, à interdire le port de la navaja, l'ar
me nationale de nos voisins d'au delà les
PyrénéeB.
La Epoca appuie cette mesure. C'est
l'usage de la navaja, général dans les
classes populaires, qui est, dit-elle, la
cause principale du plus grand nombre
des crimes. Beaucoup de ceux-ci ne se
produiraient pas si la navaja toute prête
n'en offrait l'occasion.
Des amendes de 5 à 125 pesetas se
raient portées contre quiconque porte
rait, fabriquerait ou importerait ces cé
lèbres couteaux-poignards.
•
• •
Le cinématographe pour aveugles!
voilà une alliance de mots qui paraît
imaginée pour se moquer des gens.
La chose existe cependant. Supposez
un disque portant, tout autour de sa con
férence uhe série d'images en relief,
représentant, par exemple, un oiseau
dont les ailes représentent les différentes
positions nécessitées par le vol. Ce dis
que tourne rapidement, et l'aveugle ap
puie le doigt à un endroit déterminé.
Toutes les images passent sous ce doigt,
et, si l'appareil est convenablement ré
glé, l'aveugle perçoit le vol de l'oi
seau.
De même pour d'autres espèces de
mouvements.
C'est un jeune physicien doublé d'un
philanthrope, M. F. Dussaud, qui a in
venté cet appareil, destiné, selon toute
apparence, à procurer aux aveugles un
moyen d'instruction en même temps
qu'une distraction agréable.
• m
Une rencontre curieuse a eu lieu la se
maine dernière, sous le hangar de M.
Santos-Dumont, à Monaco.
Cette rencontre, c'est celle de l'impé
ratrice Eugénie et de M. Rochefort.
C'est la première foiB que le célèbre
pamphlétaire se trouvait en présence de
la veuve de Napoléon III.
Que d'événements ont passé depuis les
violentes diatribes dirigées contre celle-
ci par celui-là !
Aujourd'hui, le directeur de l'Intran
sigeant fait campagne avec leB fidèles de
celui qu'il a tant combattu. Mais il y a
des injures sanglantes qui doivent diffi
cilement s'oublier.
* •
* •
Il y a encore de braves enfants sur
notre terre de France, même dans les
écoles où l'on s'efforce de leur inculquer
une morale boiteuse, amputée de ses
principaux devoirs.
Il y a quelques jours, l'instituteur de
Vienne-le Château (Marne) voulut obliger
Bes élèves à écrire une dictée dans la
quelle on niait l'existence de Dieu.
Aussitôt, l'un d'eux se lève et s'écrie :
« Monsieur, il y a un Dieu ! » Ses cama
rades l'imitent, et toute la classe crie :
«Il y a un Dieu !»
L'instituteur, furieux, voulut continuer
la dictée, mais les enfants sortirent de la
classe en chantant sur l'air des lam
pions : « Il y a un Dieu! 11 y a un
Dieu ! »
Si cet instituteur n'a pas encore leB
palmes, il faut supposer nement ne tardera pas a les lui don
ner. '
Un ivrogne lit que certains médeciïiB
croient que le corps humain renferme
quatre cinquièmes d'eau.
— Il faudra qu'ils changent d'avis,
fait-il observer, si jamais ils font mon
autopsie.
-, — *♦— —
LES BISSIONS laiLITtlBES
Un journal dont le nom nous échappe
résume, dans ce calembour par à peu
près, Decraispitude, si absurde qu'il en
devient presque drôle, la discussion qui
a eu lieu jeudi à la Chambre des dépu
tés, au sujet des officiers de l'armée mé
tropolitaine envoyés en missions spécia
les et où M. Lannes de Montebello a in
fligé un échec à M. le ministre des colo
nies. De fait, le mot ne manque pas d'une
certaine vérité, car il s'agit bien d'un
échec personnel du ministre des colonies,
qui n'a pas, comme l'on dit, la Chambre », et qui a encore moins le
talent nécessaire pour la gagner. Du
reste, M. Decrais n'est pas le Beul mi
nistre dans ce cas, et nous croyons
bien que ses collègues Lanessan, An
dré, Monis et même Delcassé* passe
raient de mauvais quarts d'heure s'ils
n'avaient pas pour les couvrir l'élé
gante faconde et la rouerie parlemen
taire de M. Waldeck-Rousseau. Nous
pe ferions même pas exception pour
M. Millerand, quoiqu'il soit un orateur
d'une autre valeur ; ministre, il donne
une nouvelle vérification de ce vers
proverbial :
Tel brille au second rang, qui s'éclipse au
[premier.
Quoi qu'il en soit, M. Decrais a été
battu à mains levées, et son insuffisance,
imparfaitement suppléée par son com
missaire du gouvernement, a certaine
ment contribué à sa défaite. Au lieu
d'ergoter sur l'interprétation de la loi, de
"plaiHerles circonstances atténuantes, et
enfin de s'abriter derrière l'autorité du
Censeil d'Etat, trop complaisant aux mi
nistres, pourquoi, tout en reconnaissant
que la loi avait été tournée, sinon violée,
comme bien d'autres, à commencer par
la loi du 1" juillet, le ministre et son dé
fenseur n'ont-ils pas franchement décla
ré que, si des officiers de l'armée mé
tropolitaine avaient été envoyés en Afri
que, c'est paroe qu'ils avaient paru réu
nir les conditions nécessaires pour une
mission difficile ; c'est donc dans l'inté
rêt du pays, et non pas par favoritisme,
pour faciliter leur carrière, qu'on les
avait désignés. Voilà la seule réponse
possible, en supposant, bien entendu,
qu'elle soit ici justifiée.
Certes, il est juste qu'on respecte les
droits des officiers de l'armée coloniale ;
ils sont à la peine et doivent être à l'hon
neur ; mais l'intérêt public doit toujours
primer l'intérêt particulier, et le cas
peut se présenter où il soit utile, sinon
nécessaire, d'avoir recours à quelque of
ficier de l'armée métropolitaine pour une
mission toute spéciale. Il n'y a pas alors
de règlement qui tienne, car les règle
ments ne peuvent tout prévoir.
Qu'on nous permeïe ici un souvenir
sur un homme qui, 3e- >ndant, ne nous
inspire qu'une sympaf-ae limitée. Sous
l'empire, les gouvernements de colonies
étaient réservés, par les traditions sinon
parles règlements, aux officiers supé
rieurs et généraux de la marine. Cela
n'empêcha pas l'empereur de donner le
gouvernement du Sénégal à un chef de
bataillon du génie qui avait nom Fai-
dherbe.il y fit merveille et la colonie prit
un développement qui, depuis, ne B'est
pas arrêté. Au bout de quelques années,
Faidfrerbe fut rappelé et remplacé par
un officier supérieur de la marine, mais
on dut le renvoyer au Sénégal où il ré
tablit les affaires.
Quelle conclusion tirer? Que si M. le
ministre des colonies avait tourné ou
même violé la loi pour envoyer un Fai-
dherbe en Afrique, .il n'y aurait qu'à le
féliciter, en lui rappelant cependant que
«e sont là des actes exceptionnels dont
il ne faut pas abuser.
A. R.
CHINOISERIES
Le concert des nations civilisées n'a
fait entendre ses harmonies en Chine,
qu'à seule fin de calmer les Boxeurs,
c'est entendu.
Les Boxeurs ont été mis à la raison,
la cour céleste est rentrée, après s'être.
laissé tirer l'oreille, dans le vieux Pékin
pacifié, elle a même croqué des petits
gâteaux en compagnie des exécutants du-
dit concert. Tout le passé sanglant est
oublié, la paix est faite, mais... le con
cert, malgré l'extermination des Boxeurs
et la paix rétablie, reste en Chine..., à
cause des petits gâteaux.
Quelle bonne affaire tout de même que
cette malheureuse insurrection !
Grâce à elle, l'Angleterre va pouvoir
maintenir ses droits dans la vallée du
Yantsé et ailleurs, l'Allemagne s'arrondir
un peu partout où elle a posé ses bottes,
et la Russie faire de petites affaires du
côté de la Mandchourie et de bien d'au
tres côtés.
Je ne parle pas de nous. Si nous n'i
mitions pas la nation amie et alliée, ce
serait trop naïf, et si nous l'imitons, c'est
très délicat, il vaut mieux se taire.
Au reste, je ne me propose pas d'ana
lyser les prétentions respectives des
puissances qui ont pris part à Vexpédi-
tion de police de l'an passé ; mais, tout
simplement de montrer « qu'à quelque
chose malheur est bon ».
Un jeune et brillant écrivain parlait na
guère de La Chine quis'ouvre, au moment
où elle se fermait. Qu'on ne s'arrête pas à
l'ironie qui se dégage de ce fait. C'est
parce que la Chine S'est fermée que nous
la voyons aujourd'hui, — de force sans
doute, —plus ouverte que jamais.
La Chine qui s'ouvre, voici qui n'est
pas vraisemblable. La Chine qu'on ou
vre, voilà qui est possible»
Ouverte par accident, ehacun va l'é
largir à son profit. On n'y est pas allé
pour cela, mais est-ce pour autre chose
qu'on y reste ?
ErûeBt Billiet.
SUR L'ACTION CATHOLIQUE EN ITALIE
Par une lettre qui porte la date du 27
janvier 1902, S. Em. le cardinalRampolla,
secrétaire d'Etat de Sa Sainteté, envoie
à tous les Ordinaires d'Italie deux docu
ments importants — les documents qui
étaient attendus et qu'ont annoncés nos
< Nouvelles de Rome » du 6 janvier. Ils
sont rédigés en italien.
Le premier document est une brochure
de 105 pages in-8, imprimée parla typo
graphie vaticane. Cette brochure contient
dans leur nouvelle rédaction, 1* les sta
tuts de l'œuvre des congrès et comités
catholiques ; 2' les règlements a) du co
mité général permanent, b) des groupes
et sections permanentes, c) des comités
régionaux, d) des comités diocésains, e)
des comités paroissiaux, f) des sections
de jeunes de l'œuvre des congrès.
Suivent, en appendice, des avertisse
ments généraux, le programme et règles
générales de l'action populaire ou démo
cratique chrétienne pour le second groupe
de l'Œuvre des congrès et comités ca
tholiques en Italie, les prières à réciter
au commencement et à la fin des réu
nions, . les indulgences accordées aux
membres de l'Œuvre par Pie IX en
1876.
Le second document est une brochure
igti-.t. 1 ». ■ i ■«■«■■iiii «iii iiimiiiiiimi»
MàMem. «MtUUwt»» — tMOO
Dimanche 9 Février 1902
ÉDITION QUOTIDIENNE
r '-*> * ' ■ ;
S PARIS ÉTRANGER
. et départements (union postale)
Ua an 25 » 36 »
Six mois 13 » 19 »
Trois mois..... 7 » 10 »
lies abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 ce &t.
'•* BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17 (VI 0 arr.)
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
ET
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUOT IDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS {UNION POSTALE)
Un an 13 » 30 » •
Six mois 7 » 11 » »
Trois mois 4 » 5 50
Les abonnements partent des 1" et 18 de chaque mol#
L'UNIVERS ne répondpas des manuscrits gui lui sont adressé»
ANNONCES
MM- LAGRANGE, CERF et C ! ", 6, place de la Bourse
PARIS, 8 FÉVRIER 1902
SOMMAIRE!
Nos futurs lycées.. Ch. Huit.
Sages paroles.. .... Pierre Veuiuo*.
Les missions mili
taires A. R.
Chinoiseries Ernest Billiet.
Lettres d'Espagne. . Manuel.
.A. la Chambra J. M antenat.
Au Sénat J. E.
Les conférences : dn
Luxembourg..... Edouard Alexandre
aulieùû. — Nouvelles de Rome. — Au
joiir le jour. — Instructions du Saint-
Siège sur l'action catholique en Italie. —
L.e» congrégations. — Lsa mandements
de carême de 1902. — Hommage à Mgr
l'évéquede Pamlers. •— L'Action libé
rale. — Informations politiques et par
lementaires. — Chronique électorale. —
Béuaions. t — En Tunisie. — Un mani
feste du prince Napoléon. — La guerre
du Transvaal. — Etranger. — A travers
la presse. — Lettres, sciences et arts.
— Conférences publiques et catholiques.
— Echos de partout. — Un appel. — Le
congr&s de la jeunesse catholique à Co
gnac. — Chronique religieuse. — Né
crologie. — Guerre et marine. — Tri
bunaux.— Nouvel'es diverse». — Jardin
■d'acclimatation. — Calendrier. — Ta-
Ëleau et bulletin de Bourse. — Der-
" nière heure.
«OS FUTURS LYCÉES
i
Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse
[d'écrire,
disait Boileau à Louis XIV; les pu-
fclicistes chargés depuis trente ans
dp suivre et de commenter les vi
cissitudes de l 'enseignement secon-
daire en France éprouvent la ten
tation de jeter aux pouvoirs publics
le même cri de détresse : « Mettez
«in terme à vos bouleversements
pédagogiques, ou nous perdons
pied au milieu de cette marée tou
jours grandissante. » Si du moins
tant de variations sans trêve lais
saient l 'impression d'un résultat de
plus en plus nettement conçu, et
poursuivi par des voies de plus en
plus méthodiques et sûres! Mais on
dirait bien plutôt des voyageurs
perdus sur une route obscure,
avançant aujourd'hui, reculant de
main, sanj3 que rien explique ces
déterminations contradictoires, si
non la conscience confuse de s'en
foncer à chaque pas davantage dans
les ténèbres. La « crise universi
taire » est sortie moins de l'imper
fection des programmes que de la
confusion des cerveaux; et l'état du
malade s'aggrave en raison même
de la multiplicité des consultations
tenues à son chevet : pédagogues
de profession et politiciens d'occa
sion, commissions parlementaires
et extraparlementaires se dispu
tent l'avantage de le guérir ; et si
d'aventure^ après de longs débats,
les autorités compétentes arrivent
' à formuler une ordonnance, à peine,
a-t-elle commencé à s'appliquer
qu'on a hâte, semble-t-il, de lui
substituer un régime tout op
posé.
La, nouvelle constellation qui
vient de faire son apparition au
ciel de notre enseignement public
a ceci de particulier qu'elle se pré
sente sous les auspices, non seu
lement d'un ministre, mais encore
d'un des personnages les plus en
vue de notre Parlement. On a pu
reprocher à plusieurs des collègues
de M. Ribot de s'être montrés mé
diocrement instruits des exigences
pratiques de là vie de collège : mais
nul n'hésite à reconnaître dans leur
président un homme d'une haute
Intelligence, très accueillant et très
large. Est-il de tout point satisfait
de l'œuvre à. laquelle va malheu-
sement s'attacher son nom ? Je n'o
serais l'affirmer. Servir de rapport
teur à une commission parlemen
taire est en soi un très légitime
honneur, mais à l'heure actuelle, ce
doit être fréquemment un très réel
embarras.
*
* ♦
Des quatre titres dont se com
pose le programme de la réforme à
accomplir (1), le premier et le qua
trième nous occuperont à peine. Il
s'agit du régime intérieur des ly
cées et de 1 inspection à laquelle
ces établissements seront soumis.
Ce terrain n'est pas le nôtre, et en
core que comme contribuables, nous
ayons à contrôler l'emploi fait de
nos deniers dans tout ce qui con
cerne l'instruction publique, nous
ne discuterons ici ni la séparation
des deux budgets de l'internat et
de l'externat, ni le renforcement de
l'autorité des proviseurs, ni les sa
tisfactions données au monde très
remuant des répétiteurs-. Tout au
plus ferons-nous remarquer que Je
stage imposé dans un lycée de l'E
tat à tout futur agrégé aura pour
conséquence à peu près inévitable
de détourner de l'agrégation les
prêtres ou religieux qui se desti
nent à l'enseignement libre. Mais
pourquoi nos instituts catholiques
n'auraient-ils pas, eux aussi, leurs
concours spéciaux afin d'assurer le
meilleur recrutement possible des
(1) Voir l'Univers du samedi 25 jan
vier.
professeurs de nos maisons d'édu
cation chrétiennes ? Il suffirait, de
faire un pas de plus en avant dans
la voie où est entré depuis un an
l'Institut de Paris (2).
*'
♦ *
Le Plan d'études sur lequel les
Chambres vont être appelées à se
prononcer a pour nous, au con
traire, une importance capitale,
d'abord parce que la préparation
du même examen terminal contraint
l'enseignement libre à s'organiser
plus ou moins à l'image de l'ensei
gnement officiel, ensuite et surtout
parce que ce sont les futures des
tinées intellectuelles de la France
et son rayonnement littéraire qui
sont ici en jeu.
Constatons en commençant que
le ministre repousse toute réduc
tion dans la durée totale des études.
« Les classes supérieures compor
tent un degré de maturité, de ré
flexion, de raison, qui correspond
lui-même au développement phy
sique de l'élève. Il y aurait péril a
y entrer trop tôt : ou le niveau de
l'enseignement s'abaisserait, ou les
esprits''seraient surmenés. Ni les
Provinciales, ni le Discours de la
méthode ne sont un aliment appro
prié à des esprits de quatorze ans. »
Sur ce point, nous sommes d'ac
cord avec M. Leygues : une fois
n'est pas coutume. Néanmoins si
l'enseignement secondaire consti
tué, nous allons le voir, par une
scolarité de sept ans, « est coor
donné à l'enseignement primaire,
de manière à faire suite à un cours
d'études d'une durée normale de
quatre années », c'est à six ans,
pour arriver à être bachelier à dix-
sept, qu'il faudra, si l'on me permet
cette expression, avoir usé sur les
bancs sa première culotte. Voilà du
moins un âge où le maître peut es
pérer d'avoir devant lui des esprits
vides de préjugés.
Dans l'exposé ministériel, un pro
blème qui est au premier plan des
méditations et des recherches des
esprits que tourmente la préoccu-
Eation de notre avenir social, le pro- ;
lème éducatif, pour rappeler par •
son nom, est tranché en moins de
dix lignes. C'est peu. Au surplus,
sur quelle solution sérieuse compter
en matière d'éducation aussi long
temps que la pensée chrétienne et \
même que toute influence religieu- ;
se sera mise dédaigneusement à
l'écart par les uns, ouvertement
combattue par les autres ?
Mais abordons sans plus de re
tard l'examen des programmes
d'enseignement. Des bruits fâcheux,
des pronostics inquiétants alar
maient à bon droit les partisans des
étudeé classiques, plus gravement
menacées que jamais, s'il fallait
s'en rapporter aux journaux les
mieux informés. Craintes puériles !
chimériques appréhensions ! Li
sons et relisons plutôt ces déclara
tions expresses ae M. le ministre ;
un Villemain et un Nisard auraient
eu quelque peine à s'exprimer avec
plus de conviction :
«L'étude de l'antiquité grecque
et latine a donné au génie français
une mesure, une clarté et une élé
gance incomparables. C'est par elle
que notre philosophie, nos lettres
et nos arts ont brillé d'un si vif
éclat; c'est par elle que notre in
fluence morale s'est exercée en sou
veraine dans le monde. Les huma
nités doivent être protégées contre
toute atteinte et fortifiées. Elles
font partie du patrimoine natio
nal.
« Au surplus, l'esprit classique
n'est pas, comme quelques-uns l'af
firment, incompatible avec l'esprit
moderne. Il est de tous les temps,
parce qu'il est le cuite (?) de la rai
son claire et libre, la recherche de
la beauté harmonieuse et simple
dans toutes les manifestations de la
pensée. »
Conclusion : les études grecques et
latines vont enfin être relevées à leur
véritable niveau, et rentrer défini
tivement en possession de cette
maîtrise intellectuelle qui leur est
si libéralement et si solennellement
reconnue. Hélas ! tout au contraire,
jamais depuis la fondation de l'Uni
versité de France elles n'ont été
traitées par les pouvoirs officiels
avec un pareil sans-gêne, jamais
aussi durement ébranlées, aussi
cruellement désorganisées. Ainsi le
veut la logique extraordinaire. de
nos maîtres du jour, parfaitement
capables, l'expérience l'a montré,
de nous infliger un régime de persé
cution sous le couvert de lois qu'on
présente hypocritement comme de
vant apporter à tous sans distinc
tion un surcroît de liberté. Et si
quelque lecteur s'étonnait en me
voyant mêler à une discussion toute
pédagogique des ressentiments ap
portés d'ailleurs, je répondrais qu'il
y a des coups qui nous frappent trop
au cœur pour que nous ayons le
droit ou le pouvoir de les oublier.
Mais revenons à notre sujet et
tout d'abord, pour aller au-devant
d'une objection possible, déclarons
que dans une société démocratique
comme la nôtre, où l'enseignement
« ne s'adresse plus à une élite,
mais à la nation tout entière », à
(2) On pourra consulter sur ce point le
Monde du 10 juin 1895 et l'Enseignement
chrétien du f« juin 1901,
une époque où les nations civilisées
se disputent le marché du mondei
avec une âpreté sans cesse gran
dissante, il n'est plus, il ne peut
plus être question de résumer et de
concentrer dans l'éducation classi
que l'unique formation intellec
tuelle offerte à la jeunesse fran
çaise. L'agriculture, le commerce
et l'industrie, sans exclure le moins
du monde cette culture supérieure,
réclament néanmoins pour l'im
mense majorité de leurs futurs re
présentants une préparation plus
directe et plus immédiate, où les
réalités de l'existence aussi bien
que les exigences quotidiennes de
l'action tiennent plus de place que
les délicatesses esthétiques et les
jouissances désintéressées de la
pensée. Mais cette concession faite,
ce qui est inadmissible, c'est que,
sous prétexte de nivellement égali-
taire, de satisfaction donnée « à la
collectivité, au monde du travail a,
on paralyse, on mutile, on boule
verse, au risque de la tarir à sa
source, cette éducation supérieure
à laquelle aucun des peuples nos
voisins ou nos rivaux n'entend re
noncer, et qui tient par des liens
plus profonds, plus étroits chez
nous que partout ailleurs, au passé
de notre race et à tous les traits
distinctifs de notre génie national.
Ainsi, autant il est naturel que
les familles, selon leurs traditions
et leurs préférences, aient le choix
entre deux enseignements parallè
les et distincts, répondant à deux
programmes réellement séparés, et
poursuivant par des méthodes qui
ne sont pas nécessairement les mê
mes un but manifestement diffé
rent, autant le rapprochement que
l'on essaie d'établir est forcé et la
confusion fâcheuse. Et si les études
classiques paraissent plus directe
ment atteintes, je crains que les
études qualifiées à l'heure présente
de « modernes * n'aient elles-mê
mes à en souffrir, surtout si elles
sont confiées au même personnel
enseignant, car de même que les
premières ont un caractère plutôt
idéal et théorique, de même dans
les secondes il convient de faire la
part la plus large possible à la pra
tique et aux applications.
Examinons maintenant à quelles
étranges dispositions ministre et
commission se sont arrêtés. .
G.' Huit.
; ~ ♦ ' . ——
BULLETIN
A la Chambre, l'interpellation de M.
Charles Bernard sur les fraudes qui se
seraient produites à l'Exposition « sous
la responsabilité d'un membre du gou
vernement»— lisez M. Monis — n'a
pas donné ce que les amateurs de séan
ces mouvementées en attendaient ; le
débat s'est assez promptement clos par
l'ordre du jour pur et simple.
L'interpellation de M. Debussy visait
un arrêté du ministre des travaux pu
blics fixant les frais accessoires des
chemins de fer.
On a décidé, à mains levée s, et mal'
gré les protestations de M. Pierre Bau~
uin, que l'arrêté devait être modifié, si
non rapporté.
La Chambre va maintenant s'atteler
au budget sans désemparer.
Le Sénat a voté Vensemble de la loi
relative aux grands magasins, et s'est
ajourné à jeudi pour la discussion sur
la marine marchande.
Le voyage de Varchiduc héritier d'Au
triche à Saint-Pétersbourg est toujours
très commenté. Le prince a été reçu par
l'empereur de Russie et tous les grands
ducs.
Un grand gala de cour a eu lieu au
palais d'Hiver-, le soir, dîner intime
chez Leurs Majestés.
La Chambre espagnole a adopté le
projet relatif au paiement en or des
droits de douane.
La Banque d'Espagne formule une
protestation contre te projet sur la cir
culation fiduciaire, qu'elle accuse d'al
térer les conditions de la vie économi
que.
On dément les bruits de crise minis
térielle.
En Grèce, la Chambre, après une vive
discussion sur la formation du minis
tère Zaïmis, a voté l'ordre du jour de
confiance par 132 voix contre 51.
Les députés de la minorité se décla
rent prêts à faire de l'obstruction d'une
façon permanente.
Les Etats-Unis coopèrent avec l'An
gleterre et le Japon en Mandchourie ;
ils ont fait connaître à la Russie leur
intention dé conserver des avantages
commerciaux, et l'égalité en Ce qui con
cerne les concessions de mines et de
chemins de fer.
Un conflit prévu entre les deux
Chambres, au Japon, a pu être évité.
La Chambre des pairs n'a pas rétabli
les crédits pour le relèvement des trai
tements des fonctionnaires qui avaient
été repoussés par la Chambre des dépu
tés.
On dit que les insurgés du Venezuela
6ht envahi la province venezuelienne
de Tachira, par la frontière colom
bienne. Deux croiseurs allemands se
raient partis pour la Guayra.
NOUVELLES DE ROME
Jeudi, 6 février.
Au Vatican.
Le Souverain Pontife reçut hier en au
diences spéciales M. Galvez, vice-prési-
' dent du Sénat de -la- République argen
tine, avec sa famille ; M. Lacon Ilammet,
amiral anglais ; M. le comté de Franque-
ville, de l'Institut de France; Mme la
comtesse de Guichén ; M. le marquis
Mannucci.
Congrégation des Rites.
Au palais du Vatican s'est tenu ce ma
tin la congrégation dite'préparatoire pour
la cause d'une vénérable française, Sœur
Marguerite du Très-Saint- Sacrement, Car
mélite professe du monastère de Beaune,
au diocèse de Dijon. En présence des
Emes cardinaux de la Congrégation des
Rites, les prélats et consulteurs ont émis
leurs votes sur la question de l'héroïcité
des vertus.
te divorce.
Après la lettre du député piémontais
Palberti, vice-président de la Chambre,
qui condamne le divorce comme un dé
sastre, les journaux publient une décla
ration du député Berenini, auteur et rap
porteur du projet de loi, dans laquelle il
affirme que M. Palberti avait donné son
assentiment au rapport tel qu'il avait été
rédigé. Ces désaccords sont curieux et de
bon augure.
Il est cependant constaté que M. Be
renini a voulu absolument se jhàter de
déposer son projet de loi sur le bureau
r la Chambre, parce qu'il prévoyait la
eiôture de la session. Selon la loi ita
lienne, la nouvelle Bession ne prend en
considération que les lois de la session
passée dont le rapport a été déposé.
Telle serait la raiBon de la hâte de M.
Berenini à présenter son rapport, con
tre la volonté du président de la commis
sion, M. Palberti.
Le jeu de la maçonnerie a été pour
cette fois complètement démasqué et, du
même coup, compromis.
SAGES PAROLES
Nous avons un manifeste du
prince Napoléon. Il est daté du
château d'Arenenberg, 2 février.
On dirait qu'avant de l'écrire, le ne
veu de César a longuement con
templé le paysage qui s'étend au
pied de la demeure historique : des
arbres qui descendent, les eaux
calmes et claires du lac inférieur
de Constance, traversé par le Rhin,
puis, dans la brume, les hauteurs
de la Souabe, et plus loin encore,
la ligne vague et sombre de la Fo
rêt-Noire. Perspective délicieuse,
reposante ; elle doit bannir de l'es
prit les vaines agitations.
Le manifeste du prince est d'un
bon Français, qui ne s'illusionne
guère sur son avenir de prétendant,
et qui a pris son parti de ne point
relever le trône des Bonapartes.
Sans doute, il ne renonce pas en
tièrement à l'espérance. Sait-oa ja
mais ce qui peut arriver ? Il ne veut
pas, surtout, vis-à-vis de ceux qui
lui restent fidèles, paraître n'espé
rer plus. Mais il leur dit, avec un
accent de noblesse tranquille et
sage : — Travaillez pour le peuple.
Si la France me rappelait un jour,
je viendrais. En attendant, ne son
gez qu'à servir la patrie. Les Na
poléons, c'est du surcroît...
Et il recommande à ses partisans
une ligne de conduite qui leur per
met d'être utiles au pays, sous
n'importe quelles institutions gou
vernementales.
Nous aurions certaines réserves
à faire s'il y avait lieu d'examiner
en détail tout ce programme d'ac
tion. Le prince tient trop, il nous
semble, à se donner comme l'héri
tier de la Révolution française. Les
républicains lutteront toujours avec
avantage, contre lui, sur ce terrain.
Mais nous préférons ne signaler que
ce qui est digne d'éloges dans son
manifeste.
Il a raison, théoriquement, de
préférer le régime représentatif au
régime parlementaire. Le premier
peut exister sous toutes les formes
gouvernementales, sous une mo
narchie comme sous une républi
que, et toujours, croyons-nous, il
vaut mieux que le second. Seule
ment, dans la pratique du pouvoir,
où commence l'un, où finit l'autre :
voilà qui est plus difficile à déter
miner.
Quelles que soient les institu
tions en vigueur, il faut combattre
le jacobinisme et le collectivisme,
il iaut favoriser la mutualité, la
prévoyance, s'occuper avec un zèle
infatigable et désintéressé de ceux
qui travaillent et qui peinent. Il
faut s'efforcer aussi d'obtenir une
application large et loyale du con
cordat. Ce fut, dans l'esprit de son
auteur, une œuvre de paix, qui
n'avait pas pour but l'oppression
de l'Eglise. Il faut enfin défendre,
comme un droit sacré, comme
une institution nécessaire, la li
berté de l'enseignement.
Tels sont les conseils du prince.
L'on se conformera certainement
à ses désirs en prenant le meilleur
moyen d'assurer, par les prochai
nes élections, la mise en vigueur
de ce programme de paix, d'erdre
et de sage tolérance. Et quel meil
leur moyen que de faire, grâce à j
des sacrifices réciproques, l'union
de tous les honnêtes gens et de
tous les libéraux?
Pierre V euillot.
AU70ÏÏE LE JOUE,
Une famille qui ne contribue pas à la
dépopulation de la France, c'est la fa
mille Jacquot-Colas, du hameau de la
Verne, commune de Moutiers-en-Bresse,
arrondissement de Louhans (Saône-et-
Loirej.
M. et Mme Jacquot-Colas en sont à
leur vingt-troisième bébé, qui verra le
jour prochainement. Cinq sont morts en
tre quatre mois et treize ans. Dix-sept
sont vivants : treize garçons et quatre
filles.
Les époux Jacquot-Colas sont d'hon
nêtes et laborieux ouvriers.
Nous leur souhaitons de compléter ho
norablement les deux douzaines.
Le pittoresque s'en va. Voici que le
gouvernement espagnol se prépare, dit-
on, à interdire le port de la navaja, l'ar
me nationale de nos voisins d'au delà les
PyrénéeB.
La Epoca appuie cette mesure. C'est
l'usage de la navaja, général dans les
classes populaires, qui est, dit-elle, la
cause principale du plus grand nombre
des crimes. Beaucoup de ceux-ci ne se
produiraient pas si la navaja toute prête
n'en offrait l'occasion.
Des amendes de 5 à 125 pesetas se
raient portées contre quiconque porte
rait, fabriquerait ou importerait ces cé
lèbres couteaux-poignards.
•
• •
Le cinématographe pour aveugles!
voilà une alliance de mots qui paraît
imaginée pour se moquer des gens.
La chose existe cependant. Supposez
un disque portant, tout autour de sa con
férence uhe série d'images en relief,
représentant, par exemple, un oiseau
dont les ailes représentent les différentes
positions nécessitées par le vol. Ce dis
que tourne rapidement, et l'aveugle ap
puie le doigt à un endroit déterminé.
Toutes les images passent sous ce doigt,
et, si l'appareil est convenablement ré
glé, l'aveugle perçoit le vol de l'oi
seau.
De même pour d'autres espèces de
mouvements.
C'est un jeune physicien doublé d'un
philanthrope, M. F. Dussaud, qui a in
venté cet appareil, destiné, selon toute
apparence, à procurer aux aveugles un
moyen d'instruction en même temps
qu'une distraction agréable.
• m
Une rencontre curieuse a eu lieu la se
maine dernière, sous le hangar de M.
Santos-Dumont, à Monaco.
Cette rencontre, c'est celle de l'impé
ratrice Eugénie et de M. Rochefort.
C'est la première foiB que le célèbre
pamphlétaire se trouvait en présence de
la veuve de Napoléon III.
Que d'événements ont passé depuis les
violentes diatribes dirigées contre celle-
ci par celui-là !
Aujourd'hui, le directeur de l'Intran
sigeant fait campagne avec leB fidèles de
celui qu'il a tant combattu. Mais il y a
des injures sanglantes qui doivent diffi
cilement s'oublier.
* •
* •
Il y a encore de braves enfants sur
notre terre de France, même dans les
écoles où l'on s'efforce de leur inculquer
une morale boiteuse, amputée de ses
principaux devoirs.
Il y a quelques jours, l'instituteur de
Vienne-le Château (Marne) voulut obliger
Bes élèves à écrire une dictée dans la
quelle on niait l'existence de Dieu.
Aussitôt, l'un d'eux se lève et s'écrie :
« Monsieur, il y a un Dieu ! » Ses cama
rades l'imitent, et toute la classe crie :
«Il y a un Dieu !»
L'instituteur, furieux, voulut continuer
la dictée, mais les enfants sortirent de la
classe en chantant sur l'air des lam
pions : « Il y a un Dieu! 11 y a un
Dieu ! »
Si cet instituteur n'a pas encore leB
palmes, il faut supposer
ner. '
Un ivrogne lit que certains médeciïiB
croient que le corps humain renferme
quatre cinquièmes d'eau.
— Il faudra qu'ils changent d'avis,
fait-il observer, si jamais ils font mon
autopsie.
-, — *♦— —
LES BISSIONS laiLITtlBES
Un journal dont le nom nous échappe
résume, dans ce calembour par à peu
près, Decraispitude, si absurde qu'il en
devient presque drôle, la discussion qui
a eu lieu jeudi à la Chambre des dépu
tés, au sujet des officiers de l'armée mé
tropolitaine envoyés en missions spécia
les et où M. Lannes de Montebello a in
fligé un échec à M. le ministre des colo
nies. De fait, le mot ne manque pas d'une
certaine vérité, car il s'agit bien d'un
échec personnel du ministre des colonies,
qui n'a pas, comme l'on dit,
talent nécessaire pour la gagner. Du
reste, M. Decrais n'est pas le Beul mi
nistre dans ce cas, et nous croyons
bien que ses collègues Lanessan, An
dré, Monis et même Delcassé* passe
raient de mauvais quarts d'heure s'ils
n'avaient pas pour les couvrir l'élé
gante faconde et la rouerie parlemen
taire de M. Waldeck-Rousseau. Nous
pe ferions même pas exception pour
M. Millerand, quoiqu'il soit un orateur
d'une autre valeur ; ministre, il donne
une nouvelle vérification de ce vers
proverbial :
Tel brille au second rang, qui s'éclipse au
[premier.
Quoi qu'il en soit, M. Decrais a été
battu à mains levées, et son insuffisance,
imparfaitement suppléée par son com
missaire du gouvernement, a certaine
ment contribué à sa défaite. Au lieu
d'ergoter sur l'interprétation de la loi, de
"plaiHerles circonstances atténuantes, et
enfin de s'abriter derrière l'autorité du
Censeil d'Etat, trop complaisant aux mi
nistres, pourquoi, tout en reconnaissant
que la loi avait été tournée, sinon violée,
comme bien d'autres, à commencer par
la loi du 1" juillet, le ministre et son dé
fenseur n'ont-ils pas franchement décla
ré que, si des officiers de l'armée mé
tropolitaine avaient été envoyés en Afri
que, c'est paroe qu'ils avaient paru réu
nir les conditions nécessaires pour une
mission difficile ; c'est donc dans l'inté
rêt du pays, et non pas par favoritisme,
pour faciliter leur carrière, qu'on les
avait désignés. Voilà la seule réponse
possible, en supposant, bien entendu,
qu'elle soit ici justifiée.
Certes, il est juste qu'on respecte les
droits des officiers de l'armée coloniale ;
ils sont à la peine et doivent être à l'hon
neur ; mais l'intérêt public doit toujours
primer l'intérêt particulier, et le cas
peut se présenter où il soit utile, sinon
nécessaire, d'avoir recours à quelque of
ficier de l'armée métropolitaine pour une
mission toute spéciale. Il n'y a pas alors
de règlement qui tienne, car les règle
ments ne peuvent tout prévoir.
Qu'on nous permeïe ici un souvenir
sur un homme qui, 3e- >ndant, ne nous
inspire qu'une sympaf-ae limitée. Sous
l'empire, les gouvernements de colonies
étaient réservés, par les traditions sinon
parles règlements, aux officiers supé
rieurs et généraux de la marine. Cela
n'empêcha pas l'empereur de donner le
gouvernement du Sénégal à un chef de
bataillon du génie qui avait nom Fai-
dherbe.il y fit merveille et la colonie prit
un développement qui, depuis, ne B'est
pas arrêté. Au bout de quelques années,
Faidfrerbe fut rappelé et remplacé par
un officier supérieur de la marine, mais
on dut le renvoyer au Sénégal où il ré
tablit les affaires.
Quelle conclusion tirer? Que si M. le
ministre des colonies avait tourné ou
même violé la loi pour envoyer un Fai-
dherbe en Afrique, .il n'y aurait qu'à le
féliciter, en lui rappelant cependant que
«e sont là des actes exceptionnels dont
il ne faut pas abuser.
A. R.
CHINOISERIES
Le concert des nations civilisées n'a
fait entendre ses harmonies en Chine,
qu'à seule fin de calmer les Boxeurs,
c'est entendu.
Les Boxeurs ont été mis à la raison,
la cour céleste est rentrée, après s'être.
laissé tirer l'oreille, dans le vieux Pékin
pacifié, elle a même croqué des petits
gâteaux en compagnie des exécutants du-
dit concert. Tout le passé sanglant est
oublié, la paix est faite, mais... le con
cert, malgré l'extermination des Boxeurs
et la paix rétablie, reste en Chine..., à
cause des petits gâteaux.
Quelle bonne affaire tout de même que
cette malheureuse insurrection !
Grâce à elle, l'Angleterre va pouvoir
maintenir ses droits dans la vallée du
Yantsé et ailleurs, l'Allemagne s'arrondir
un peu partout où elle a posé ses bottes,
et la Russie faire de petites affaires du
côté de la Mandchourie et de bien d'au
tres côtés.
Je ne parle pas de nous. Si nous n'i
mitions pas la nation amie et alliée, ce
serait trop naïf, et si nous l'imitons, c'est
très délicat, il vaut mieux se taire.
Au reste, je ne me propose pas d'ana
lyser les prétentions respectives des
puissances qui ont pris part à Vexpédi-
tion de police de l'an passé ; mais, tout
simplement de montrer « qu'à quelque
chose malheur est bon ».
Un jeune et brillant écrivain parlait na
guère de La Chine quis'ouvre, au moment
où elle se fermait. Qu'on ne s'arrête pas à
l'ironie qui se dégage de ce fait. C'est
parce que la Chine S'est fermée que nous
la voyons aujourd'hui, — de force sans
doute, —plus ouverte que jamais.
La Chine qui s'ouvre, voici qui n'est
pas vraisemblable. La Chine qu'on ou
vre, voilà qui est possible»
Ouverte par accident, ehacun va l'é
largir à son profit. On n'y est pas allé
pour cela, mais est-ce pour autre chose
qu'on y reste ?
ErûeBt Billiet.
SUR L'ACTION CATHOLIQUE EN ITALIE
Par une lettre qui porte la date du 27
janvier 1902, S. Em. le cardinalRampolla,
secrétaire d'Etat de Sa Sainteté, envoie
à tous les Ordinaires d'Italie deux docu
ments importants — les documents qui
étaient attendus et qu'ont annoncés nos
< Nouvelles de Rome » du 6 janvier. Ils
sont rédigés en italien.
Le premier document est une brochure
de 105 pages in-8, imprimée parla typo
graphie vaticane. Cette brochure contient
dans leur nouvelle rédaction, 1* les sta
tuts de l'œuvre des congrès et comités
catholiques ; 2' les règlements a) du co
mité général permanent, b) des groupes
et sections permanentes, c) des comités
régionaux, d) des comités diocésains, e)
des comités paroissiaux, f) des sections
de jeunes de l'œuvre des congrès.
Suivent, en appendice, des avertisse
ments généraux, le programme et règles
générales de l'action populaire ou démo
cratique chrétienne pour le second groupe
de l'Œuvre des congrès et comités ca
tholiques en Italie, les prières à réciter
au commencement et à la fin des réu
nions, . les indulgences accordées aux
membres de l'Œuvre par Pie IX en
1876.
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