Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-12-11
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 décembre 1901 11 décembre 1901
Description : 1901/12/11 (Numéro 12339). 1901/12/11 (Numéro 12339).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7109327
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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Mercredi 11 Décembre 1901
Edition quotidienne — 12,939
10
Mercredi 11 Décembre 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS . ÉTRANGER
. et départements (union postale)
Un an 25 » 36 »
Sirmois....,, 13 » 19 ».
Trois mois 7 » 10 »
Les abonnements partent des 1 er etlQ de chaque moia
UN NUHÈRO : Paris & Départements 10 cent.
BU ï EAÎTX : Paris, me Cassette, 17 (VI* arr.)
On s'abonne à Rome, placé du Gesù, 8,
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an......... 13 »
Six mois . 7 »
Trois çiois..ww 4 »
20 »
11 »
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" ET -,
j n r
Les abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et G", 6, place de la Bourse
'ARIS, iO DÉCEMBRE 1901
SOMMAIRE
ouis Veuillot. Eugène Tatbbnib*.
in pénitence...... . Pibrbe Veuilloi.
Conclusion d'une
: polémique........ - EugèneVeuillot.
Çà et là : Le mou
vement parisien en"
décembre 1801.... J. Mantenaï.
A la Chambre..... J. M.
Les conférences du
Luxembourg..... E. A.
Bulletin. — Notre appel. — Au jour le
jour. — Les congrégations. — Infor
mations politiques et parlementaires. —
A l'Hôtel de Ville. ~ Association' catho
lique de la jeunesse française. — La
guerre du TransvaaI. ■■■■—■ Etranger. —
A travers la presse. ~ La question ou-;
vrière. —Les anarchistes. — Lettres,
sciences et artSi —> L'Université de Fri-
bourg..— Echos de partout. — Chroni
que religieuse. —• Le 8 décembre. —.
Union catholique de Roubaix. — Nécro
logie. — Tribunaux, r- Nouvelles diver
ses. — Calendrier. — Derrière heure.
■—• Tableau et bulletin de la Bourse.
LOUIS VEUILLOT
PAU EUGÈJSE "VEUSïJLOlHt)
II
Il y à soixante ans, on déclamait
beaucoup contre les Jésuites et
contre les congrégations en géné
ral ; on déclamait, avec l'ardeur
d'aujourd'hui ; et déjà la liberté
d'enseignement formait le centre
de la lutte.
Les bourgeois de i 840 représen
taient l'esprit qui distingue le radi
calisme actuel. De l'ancienne aristo
cratie ils avaient hérité le goût vol-
tairien, lequel, faute de manières
raffinées, passait vite à l'état de dé
lire furibond. Alors c'était , surtout
le bourgeois qui fournissait l'éner-
gumène. On s en aperçoit en obser
vant que les journaux les plus con
sidérables, même ; lettrés, se dispu
taient, au prix de foliés surenchè
res, la gloire et le profit d'avoir la
primeur des romans d'Eugène Sue.
Nous ne nous imaginons pas très
bien le succès prodigieux remporté
par les Mystères de Paris et par le
Juif -Errant. Ce fut , l'équivalent
d'une révolution dans les idées gé
nérales et dans .l'opinion publique;
de l'académicien au légiste, du-lé
giste au commerçant, de celui-ci au
concierge. Eugène Sue avait créé
des types que la foule prenait .pour
des êtres absolument réels, se per
suadant qu'ils révélaient les diffé
rents aspects du « parti-prêtre »
et savourant dans tout l'ouvrage ce
qjue Sainte-Beuve appelait « un fond
de crapule ».
Romans d'Eugène Sue, pamphlets
et diatribes de Michelet et de Qui-
'■net; réquisitoires de Dupin, ana-
thèmes fulminés par Cousin et par
Villemain, chroniques et vaudevil
les, voilà de quoi se composaient
la tactique et la stratégie employées
contre les catholiques, coupables
de réclamer la liberté d'enseigne
ment et de menacer le monopole
universitaire.
Cette grande affaire de la liberté
d'enseignement,. qui entre dans
une phase nouvelle et qui nous pro
met encore deiortes complications,
fut à l'ordre du jour durant la pre
mière moitié du siècle qui vient 4e
finir. Indiquée de bonne heure,
elle s'était affirmée avec un éclat
extraordinaire en 1831, lorsque
Montalembert et Lacordaire, invo
quant l'article 49 de la Charte, osè
rent entreprendre d'effectuer par
un acte la démonstration de cette
, liberté et, sans demander aucune
autorisation supplémentaire, se fi
rent maîtres d'école. Dans le sens
vulgaire, leur' tentative échoua; en
réalité, elle donna aux catholiques
une énergie qui prépara la victoire
de 1850.
Combien longue et difficile fut la
campagne émancipatrice, on en
juge exactement par l'ouvrage c[ue
M. Eugène Veuillot a consacré à la
mémoire de son frère. C'est l'his
toire d'un énorme labeur; l'étude
de caractères qui, par leur éléva
tion et par leur ascendant, créèrent,
au milieu de préjugés touffus et
tenaces, une force capable de croî
tre, de s'élargir, de débrouiller |le
chaos, de le ramener à l'ordre et de
le féconder.
•Dans le premier volume de la vie
de Louis Veuillot, le passé de ce
parti catholique, dont la gloire au
jourd'hui seule nous est connue,
remplit sept ou huit chapitres. Ou
tre leur valeur historique et litté
raire, ils sont très importants pour
la lutte actuelle et pour la lutte
prochaine ; deux surtout, ceux qui
remontent jusqu'à l'origine du mou
vement libérateur.
Alors l'état de la presse reli
gieuse semblait interdire tout es
poir de progrès. Non qu'elle fût
dépourvue d'écrivains habiles et
savants, puisque, derrière Chateau
briand, Joseph de Maistre, Bonald
et Lamennais, se levaient des hom-
' (i)Louis Veuillot, par Eugène Veuillot,
Paris, R&tau*. - .
mes capables de continuer l'œuvre
si brillammeiît .CjQmmencée» ...Mais,
ce n'était qu'une poignée. La so
ciété nouvelle, qui venait de voir
s'écrouler le vieux monde et qui ne
comprenait presque rien au monde
nouveau, ne soupçonnait pas sur
tout que la foi pût jamais s'épa
nouir parmi tant de ruines. Les
trois ou quatre publications qui
soutenaient le principe chrétien le
montraient solidaire de la royauté,
menacée et vacillante presque aus
sitôt que rétablie. Le Concordat
prenait l'aspect d'un asile réservé
aux esprits en retard, d'une sorte
de musée où se conservait le sou
venir des usages démodés. Réputée
déchue de son prestige et de sa va
leur,l'Eglise produisait sur les gens
instruits ou simplement paisibles
l'effet qu'elle produit sur nos radi
caux et sur nos collectivis|es. Y
faire une allusion respectueuse,
dans les salons bourgeois, c'était
un trait de bêtise et d'inconve
nance.
Néanmoins le relèvement se pré
parait. Les symptômes en sont dé
crits par M. Eugène Veuillot avec
une netteté saisissante. On suit les
phases du phénomène, ignoré de
presque tous ceux qu'il allait bien
tôt saisir de colère ou d'enthsu-
siasme. A travers ées amas de dé
combres on voit se glisser une vér
gétation patiente, que le voltairia-
nisme et le_jacobinisme croyaient
avoir définitivement desséchée.
Gomment, malgré la terrible vo
lonté de Napoléon lui-même, Mgr
de Boulogne déposa en terre le
germe d'un parti catholique affran
chi de la tutelle gouvernementale
et fortement attaché au Pape; com
ment l'Avenir, d'où, débordait le
zèle brûlant et farouche de Lamen
nais, affirma l'ultramontanisme et
compromit cette cause; comment
un. des anciens représentants de
l'école menaisienne, destiné à un
noble et brillant épiscopatj l'abbé
Gerbet, vivifia VUnivers, que l'abbé
Migne venait de fonder (1833) et qui
recrutait peu à peu des abonnés et
des rédacteurs, en attendant l'arri
vée de Montalembert (1835 et 1837)
et de Louis Veuillot (1839),ces faits,
ainsi que bien d'autres du même
genre, s'imposent- à l'attention du
chrétien engagé dans la lutte. Re
tracés par Si. Eugène Veuillot, ils
parlent clairement et avec auto
rité. .
Le premier service rendu par
VUnivers fut de doter les écrivains
et les orateurs, évêques, publicis-
tes, hommes politiques, laïques ou
religieux, d'un organe; vibrant qui
procurait à leurs efforts la diffusion
et le retentissement nécessaires.
Jusqu'alors disséminée, l'action
avait enfin un centre et ainsi la mé
thode et la continuité. .Parlant aveo
un pénétrant accent de conviction,
d'énergie et de confiance, le journal
déroutait l'assurance de tant de
gens qui ne voulaient ni même ne
{muraient croire à un réveil cathol
ique. Ceux-ci éprouvaient encore
plus d'étonnement que d'irritation,
comme s'ils avaient soudain enten
du la voix de morts qui leur fussent
restés odieux. Fait remarquable et
dont la leçon mériterait sans doute
d'être toujours présente à nos con
temporains : les catholiques pre
naient l'offensive. La condition in
dispensable d'une telle marche en
avant était réalisée : un but précis,
désigné par une formule simple. On
attaquait le monopole universitaire;
et les moindres soldats ■ compre
naient leur devoir aussi bien que
les chefs.
La nouvelle formation déchaîna
les colères accumulées chez les
partisans du système en péril.
Comme le note M. Eugène Veuillot,
« presque toute la presse dite libé-
« raie et gouvernementale, révolu
es tionnaire ou conservatrice, se li-
« vrait sans relâche à cette guerre».
Pour décourager les « cléricaux »
de réclamer des écoles libres, tous
les procédés furent employés. M.
Thiers, qui devait, cinq ans plus
tard, appuyer et faire prévaloir en
partie la cause de laliberté, accepta
d'être l'allié d'Eugène Sue. D'ail
leurs le romancier s'attribuait le
mérite d'avoir adapté à la propa-
Eande populaire l'enseignement de
.ibri, de Génin, : de Michelet, de
Quinet, de l'ambassadeur et pair de
France Saint-Priest. Il se recom
mandait d'eux et affectait de les ho
norer, comptant bien que nul
n'oserait décliner son suffrage. En
effet, ajoute M. Eugènë Veuillot, si
le compliment ne causa pas une
satisfaction absolue à tous ceux
qui le reçurent « aucun ne le re-
« poussa ».
Cette honteuse campagne dont
VUnivers, Louis Veuillot, Monta
lembert etc., fournirent heureuse
ment la contre-partie, semble avoir
eu lieu hier et se renouveler à l'heu
re présente. Elle devait être racon
tée dans l'ouvrage de M. Eugène
Veuillot. Elle l'est supérieurement,
de même que la mémorable discus
sion devant les Chambres et la
séance/pour laquelle dix mille bil
lets furent . demandés ; de même
que les intrigues du gouvernement
et la conspiration contre le Pape,
leouel, menacé, de l'émeute et du
pillage, se trouva obligé de céder.
Bientôt après arriva le tour de
Louis-Philippe d®. recevoir d'impé
rieuses sommations. Il n'avait pas
su refuser son appui au mensonge,
et au scandale ; il avait cru, par le
sacrifice de citoyens innocents et de
prêtres sans reproche, apaiser les
intrigues haineuses : elles l'empor
tèrent.
Et la liberté d'enseignement, pré
texte des intrigues abominables,
voyait bientôt, elle aussi, se lever
le jour de la justice, c'est-à-dire de
la victoire. A cette date de 1850, que
d'autres sectaires veulent biffer, les
catholiques recueillaient le fruit
d'une des luttes les plus persévé
rantes qui aient remué notre épo
que.
Tout le fruit qu'ils avaient es
péré ? Toute la conquête dont l'es
pérance avait nourri leur ar
deur?
: Non ; et c'est ici un des points
délicats que l'auteur de la vie de
Louis Veuillot est amené ,à trai
ter.
Le programme fixé, d'abord et
maintes fois confirmé au cours de
cette longue entreprise comportait
l'entière liberté d'enseigner. Il ne
réclamait pas l'abolition de l'Uni
versité, mais il affirmait le droit
dès catholiques d'agi* comme tel»,
vis-à-vis de l'Etat, sans entraves et
sans dépendance. A l'heure d'exé
cuter, la grande résolution, les vo
lontés se divisèrent. Les unes te
naient bon pour l'affranchissement
complet. Les autres, impression
nées,par la crainte de ne pas. obte
nir au sein de l'Assemblée natio
nale les concours nécessaires, les
autres acceptaient que la collation
des grades demeurât le monopole
de l'Université et que. celle-ci, no
tamment, gardât le droit d'inspec
ter les écoles libres. •
De la divergence d'opinions de
vait sortir la rupture ; et, sur lè
champ de bataille où il venait de
vaincre,le parti catholique se désor
ganisa. ;
Epreuve amère et cruelle, ressen
tie par tous ou peu s'en faut; évé
nement inévitable; on serait tenté
de dire normal. Au lendemain
du succès comme de la défaite, la
force decohésion qui poussait vers
le même but, avec la même allure,
des hommes nécessairement diffé
rents de complexion et de carac
tère, cette force est affaiblie et dé
tendue, sinon épuisée. Alors cha
cun revient à sa nature fondamen
tale, à sa mesure individuelle, à son
propre tempérament ; et les pièces
du faisceau s'éparpillent, pour se
rejoindre plus tard sous la pression
d'un autre lien.
Eugène Taveiinier.
'BULLETIN
La Chambre & voté hier , par 251 voix
contre 191, l'affichage du discours du
ministre des finances, da.ns la discus
sion générale du budget.
Les contribuables paieront ainsi fort
cher la satisfaction de lire sur tous les
murs que le budget de t902 accuse un
déficit de 67 millions. -
Il ne serait que juste de placarder, à
côté de la prose optimiste de M. Caii-
laux, la réponse éloquente et précise de
M. Ribot ; la majorité ne veut point
qu'on la puisse lire, elle avait même or~
ganisé le tapaige afin qu'on ne pût l'en*
tendre.
Ce matin ont été adoptés les derniers
articles et Vensemble de la loi sur la
marine marchande.
Trente et un archevêques et évêques
d'Autriche publient une magnifique
protestation collective contre la campa
gne d'apostasiereïigieusemenée depuis
trois ans par les protestants allemands,
et déjà, dénoncée, il y a quelques mois-,
par i'archiduc François-Ferdinand-
Le deuxième congrès des catholiques
Wurtembergeois vient de s'ouvrir à
Ulm -,1'affluencey est déjk considéra»
ble.
L'ordre du jour porte la question des
ordres religieux et la question, sco
laire;
De nouvelles et inquiétantes mani
festations sesont produites à Lemberg ;
le consulat allemand a dû être pro'
tégé par la troupe.
Des interpellations sont venues en
discussion au> Eeichsrath, et le parti
polonais doit dénoncer,. aujourd'hui
même, à la tribune du Reichstag,-les
brutalités prussiennes de Wreschen.
Une note officieuse du Moniteur de
Rostock (Mecklembourg- Schwérin) af
firme nettement qu'il n'y a rien de vrai
dans les bruits de désunion du ménage
royal de Hollande.
Iln'y auraitpas eu « le plus léger
nuage » entre les deux époux.
On dément aussi que des troubles
soient à redouter dans le golfe Persi-
que ; le croiseur. Fox partira seul et ne
sera pas suivi d'une canonnière. -
Le rapport de la commission sénato-
rialede Washington sur le canal in
terocéanique se prononce pour la route
du Nicaragua.
L'exposé de M. Ilutin, concluant pour
le canal de Panama, n'a point même été
pris en considération.
De nouveaux bruits alarmants arri
vent du Chili.
L'Argentine aurait reçu de son voisin
une note défavorable ; elle aurait mo
bilisé ses première et seconde réserves
•navales. ■ . ■ . - ■
î . NOTRE APPEL
0 H-* >v. _ ■ - . ^ ^ t
' Comme on l'a vu déjà, l'assem
blée des actionnaires, tenue le 28 no
vembre; a voté l'augmentation de
capital ( ou plutôt la reconstitution
de l'ancien capital) que nous ju
geons nécessaire pour la transfor
mation du journal et l'extension de
son influence par la baisse de son
prix et diverses améliorations. 1
Nous disions l'autre jour que plus"
des trois quarts des 300,000 francs;
demandéa étaient souscrits. 1
Nous pouvons dire aujourd'hui;
que les cinq sixièmes de la somme;
sont dépassés. ;
La souscription reste ouverte.
Nous insistons auprès de tous!
ceux de nos amis qui sont en me
sure de le faire, pour qu'ils veuil
lent bien souscrire. -
L'action est de cent francs.
EN PENITENCE
Baudin attend, -
Il y'est habitué, d'ailleurs.'Nous
sommes en République depuis tren
te et un.ans4Lîrois mois, et Baudiri,
mort depuis cinquante ans pour la
République, n'a pas encore sa statue
à Paris. Théophraste Renaudot, Pel
letier, Caventou (nous ne sommes
pas sûrs de l'orthographe) se dres
sent en effigie au milieu des places
ou le long des murs. La Liberté,
cette inconnue, a aussi quelque
part, dans une île qui devrait être
escarpée et sans bords, son monu
ment. Baudin, pas.
Il va l'avoir. On devait même l'i
naugurer dimanche. La cérémonie
est ajournée. Pourquoi donc?Parce
que M. Waldeck-Rousseau dénie à
Paris le droit de s'associer à la
fête. Paris, qui est chez lui et qui a
vu tomber Baudin, veut parler ; M.
Waldeck-Rousseau veut qu'il se
taise. Conflit et ajournement. Si
Paris parle, en effet,ce ne peut être
que par l'organe du président *de
son conseil municipal. Or, le con
seil municipal est en majorité hos
tile au ministère. Les électeurs se
sont permis cette insolence. M.
Waldeck-Rousseau ne respecte le
suffrage universel que quand celui-
ci se respecte lui même. Le suf-
.frage universel parisien, en se pro
nonçant contre M; Waldeclt-Rous:
seau, ne s'est pas respecté. C'est
du moins l'avis du ministre. Paris
est en pénitence; il n'a pas vu le
tsar; il n'a plus le droit de se faire
entendre. M. Dausset ne parlera
pas. ■ 1 ' ' . -
Oui, mais M. Dausset a résolu de
parler. Il le dit : — Je parlerai...
Comment lui mettre un bâillon, et
qui tienne? On cherche; tout le mi
nistère étudie la question... Et Bau
din attendait toujours.
Nous aurions cru que M. Wal
deck-Rousseau avait, du moins,
gardé le sentiment du ridicule. Est-
ce qu'il ne voit donc pas à quel
point est mesquine, maladroite et
même grotesque son attitude bou
deuse et rancunière vis-à-vis de Pa
ris? On dirait qu'il veut montrer à
tout prix que les élections munici
pales de l'an dernier lui ont porté
un coup sensible. Il ne les digère
pas. Ç'a été pour lui un affront per
sonnel. Ou bien encore, a-t-il peur
qu'en-mai prochain, la province ne
suive l'exemple de la capitale?
Et il dit à la France : —^Ne suivez
pas les exemples de mes mauvais
sujets. Vous voyez : on est puni-
Cette idée de mettre Paris en pé
nitence, elle serait tout au plus di-
fne d'un grand homme de chef-lieù
e canton. :
.. Jusqu'où ira M. Waldeck-Rous
seau ? Paris a été décoré de la Lé
gion d'honneur. Maintenant que le
conseil de l'Ordre est épuré, le chef
du cabinet pourrait lui demander
de prononcer contre Paris là peine
de la suspension.
Pierre Veuillot.
AU JOUR LE JOUR
On nous entretient quelquefois de
l'harmonie enchantera dans le monde
quand le socialisme régnera.
M. Zola a même fait un roman (666 pa
ges) pour tracer le tableau anticipé de
cette suave idylle.
En attendant, les députés socialistes,
dans les couloirs de la Chambré,) échan-
fent leurs vues sous forme de gifles et
e çoups de pied quelque part.
Que sera ce, grand Dieu ! quand la
« sociale » sera un fait accompli?
•' ~ *•" '• . : • • •
• *
M. Lapicque, chargé de cours à la
Sorbonne, c'est-à-dire fonctionnaire sa
larié par le gouvernement, ouvre une
souscription en faveur du « sans-patrie »
Hervé, pour indemniser le rédacteur du
Pioupioude l'Yonne delà suppression
de son traitement. •
C'est là une insolente protestation con
tre la décision du conseil supérieur de
l'instruction publique.
Le gouvernement qui révoque les gé
néraux coupables de dire à un colonel
mis d'office à la retraite : « Je vou3 es
time », va* t-il laisser pérorer à la Sor
bonne cet « intellectuel » insubordonné ?
Nous avons mentionné la poésie que
M. Edmond Rostand a composée pour le
comité du SoudssBoers.
Dans cette poésie, on trouve des vers
de ce, genre : .
Morte la grande sœur par la fièvre minée,
Le grand frère a rejoint dans le bleu des
[vallons
Ceux que lord Kitchener poursuit a recu-
■■■■ "[Ions
L'auteur de : «Oh ! oh ! c'est une im
pératrice ! » n'a donc pas été suffisamment
averti par le succès négatif de beè récente
poésie franco-russe, et ne fait pas mine
de s'arrêter sur la pente du mauvais
goût.
Quelqu'un parodie déjà comme il suit
les vers qui précèdent.
Et l'on voit s'eavoler vers le bleu des val
ions
La gloire qne Rostand poursuit & reculons.
Ne dites plus que les Turcs n'ont pas
conscience de leur dignité.
Dernièrement, dans leB gares de Cons-
tantinople, le consul général d'une
grande puissance avait fait afficher l'a
vis bien connu : «c Gare aux voleurs ! »
afin de signaler au «publie les nombreux
tire-laine internationaux qui exercent
leur métier sans être inquiétés par la
police ottomane.
Ladite police ottomane a fait, le len
demain, enlever toutes ces afficheB. AU
consul général qui s'en est plaint, le mi
nistre de l'intérieur a répondu que l'avis
de « Gare aux voleurs ! » est de* nature à
nuire à la bonne considération de la
Turquie à l'étranger. r
La Turquie est donc le seul pays du
monde où l'on n'a pas besoin de prému
nir le public contre les voleurs. Qui l'eût
cru? ■■ ■ ' ' ■ '■
- • -
« 3
Les admirateurs de Verlaine voulaient
élever un monument au père de la poésie
décadente.
Quelques fonds furent réunis, non
sans peine, et un buste commandé au
sculpteur Niederhausern. Celui-ci, ap
pelé en Suisse pour décorer le muBée
des beaux-arts de Berne, prolongea son
séjour et la semaine dernière, en son ab
sence, son atelier fut saisi par son pro
priétaire.
Le monument dé Verlaine, inachevé,
est sous scellés et menacé du feu des
enchères ! Mais tout cela va s'arranger,
assure-t-on, et le buste sera érigé au
square des Batignoles.
, Verlaine tâta de la prison pendant sa
vie. Son monument lui-même est coffré
après sa mort. C'est triste, mais harmo
nieux. .
• r - ... . * —
-• ' •• # y •
C... lit un poème de sa composition se
terminant par ce vers :
Et je la contemplais en buvant ses regards.
— Hum;!... dit un auditeur, « boire des
regards » l l'image est bien forcée.
— Non, répond C..., la personne a les
yeux caves..:
COIfflOI BIS
Divers journaux se sont beau
coup et passionnément occupés en
ces derniers temps des - « abbés dé
mocrates » d'une part et, de l'autre,
des réfractaires obstinés. Une note
de la Semaine religieuse de Quim-
per, ratifiée ensuite par Mgr Dubil-
lard, a donné une importance parti
culière à cette polémique. Les ad
versaires du mouvement démocra
tique religieux l'ont exploitée à l'ex
cès en visant surtout deux des re
présentants ecclésiastiques les plus
en vue de la démocratie chrétienne,
M. l'abbé Naudet, directeur de la
Justice sociale et M. l'abbé Dabry,
directeur de la Voix du siècle, , de
venue l'Eglise militante.
L'Univers, auquel on reproche si
volontiers et fort injustement de
trop aimer ces sortes d'affaires, n'a
dit mot de celle-ci. Il désire tant
l'accord et l'action en vue de la ba
taille électorale que, sans être de
ceux qui déplorent toute discussion
entre catholiques; il voudrait qu'il
n'y en eût pas en ce moment. Sus à
l'ennemi commun, et nous verrons
après à compter entre nous.
Le cas particulier, que l'on géné
ralisait trop, portait sur un point où
il ne peut y avoir contestation fon
damentale entre catholiques, sur
tout de prêtres à évêques. Il s'agis
sait de l'autorité de l'épiscopat
quant à la direction d'ensemble, à la
formation des séminaristes. Cette
autorité qu'aucun fils de l'Eglise ne
voudrait affaiblir, les « abbés dé
mocrates », même quand ils par
lent trop fort, en sont pour sûr
plus sincèrement respectueux que
lés feuilles réfractaires qui affec
tent aujourd'hui de la défendre con
tre eux.
Tenons-nous-en là pour le mo
ment, et citons ce que vient de dire,
au point de vue des principes et du
droit, Mgr de Quimçer dans une
circulaire à son clergé :
La formation du jeune clergé est, dé
par les saint3 canons, exclusivement ré
servée à l'évêque et aux prêtres de choix
qu'il juge dignes de cette tâche délicate.
Jamais il ne permettra à des publicistes,
quels qu'ils soient, de s'immiscer dans
une œuvre qui exige, pour être faite
comme l'Eglise le demande, une longue
préparation, des vertus hors ligne, une
science non commune et, par-dessus
tout, une mission légitime.
Sans doute, nos jeunes séminaristes
doivent connaître les enseignements qui
tombent de la chaire de Pierre et être les
premiers à s'y soumettre finalement jet
sans arrière-pensée ; mais les Lettres en-,
cycliques de l'immortel Léon XIII sont
entre les mains de nos directeurs, et
personne ne croira que ces hommes émi-
nents soient moins aptes que les journa
listes à en faire connaître le véritable
sens. Nous aimons mieux le travail qui
se fait et l 'enseignement qui s'élabore
dans le Bilence de nos séminaires, que
les leçons données ou reçues dans la
mêlée des camps, ou dans la lutte vio
lente des passions politiques.
Sans doute, nos jeunes clers doivent
aller au peuple ; il y a longtemps que
Notre-Seigneur courait à la recherche de
la brebis perdue, il y a longtemps qu'il
entraînait dans le désert les multitudes
enchaînées par la douceur de sa voix, et
la beauté de sa doctrine. Mais avant
d'aller au peuple, il faut apprendre les
dangers qu'on y court, leB difficultés
qu'on y rencontre et le bien qu'on y peut
faire. Or, est-il téméraire de dire qu'un
frêle séminariste, à peine initié aux
sciences théologiqueB et à la pratique des
vertus sacerdotales, n'a point encore ce
qu'il faut pour aller au peuple dans le
sens qu'on lui demande, et que, s'il cède
à l'ardeur d'un zèle irréfléchi, il court
grand risque de compromettre son ave
nir et les espérances que l'Eglise fondait
sur ses jeunes talents? Non, pour aller
utilement au peuple, il ne suffit pas d'a
voir écouté les inspirations de quelque
journal et de suivre Bes indications; il
faut avant tout avoir subi la discipline
des maîtres et B'être formé sérieusement
à la science et à la vertu, il faut, en un
mot, avoir fait son Béminaire, tout son
séminaire dans le* recueillement et la
prière. Voyez Notre-Seigneur, les apô
tres, les saints qui ont illustré l'Eglise
par l'éclat de leurs œuvres aussi bien
que par le prodige de leurs vertus, tous :
Notre-Seigneur pour nous donner l'exem
ple, et les autres pour le succès de leurs
œuvres, ne sont allés au peuple qu'après
de longs mois, souvent de longues an
nées passées dans la solitude et la prière.
Mais, dit-on encore, à des temps nou
veaux il faut des méthodes nouvelles; à
de nouveaux besoins, des moyens nou-
veaux..Nous le voulons bien, et volontiers
nous accordons que nos jeunes clercs
doivent être initiés, dès le séminaire, à
des connaissances qui autrefois étaient
laissées de côté, à des œuvres dont,iIy a
vingt ou trente ans, on ne sentait ni la
nécessité ni le besoin. Mais pourquoi ne
pas laisser ce soin à nos directeurs de
séminaire, et recourir pour cela au ma
gistère des feuilles publiques? Si celles-
ci contiennent, comme il arrivé souvent,
des choses utiles à apprendre, des ren
seignements qui ne sont point encore tra
duits dans les ouvrages classiques, le
professeur saura bien s'en inspirer et en
extraire ce qui convient à ses élèves. Cet
enseignement sera d'autant mieux retenu
et compris, par conséquent d'autant plus
utile, qu'il apparaîtra dégagé de toute
polémique, de toute passion politique et
qu'il sera reçu dans une âme calme et
tranquille, très disposée à s'identifier la
bonne semence et à lui faire porter des
fruits au centuple.
Nos directeurs de séminaire ont la
science et l'expérience, et il leur appar
tient de voir et d'apprécier, sous l'action
modératrice de leur évéqué, oe qui, en
fait d'institutions et de méthodes nou
velles, doit être accepté oii rejeté. De
même, c'est à MM. les curés et recteurs
qu'il appartient de s'occuper des sémina
ristes pendant leurs vacances et de les
initier à la pratique et au maniement
des œuvres de zèle et de piété qui fonc
tionnent avec succès dans la paroisse.
L'Eglise est une société hiérarchiséé,
tout doit s'y faire dans l'ordre et la me
sure convenable. Le bien général auquel
tous doivent concourir, et qui est notre
principale préoccupation, réBultè de l'ef
fort que chacun fait dans sa sphère pour
accomplir tout son devoir en se dévouant
entièrement à la mission que Dieu lui a
confiée. Dans cette tâche-particulière et
définie qui nous est imposée à tous, gar
dons-nous de. rejeter précipitamment ce
qui nous a été transmis par les anciens,
et «oyons sur nos gardes vis-à-vis des
théories nouvelles. Imitons sur ce point
la prudence de nos laboureurs qui, avant
d'abandonner leurs vieilles méthodes de
culture, hésitent longtemps et ne se dé
cident à en implanter de nouvelles que
quand.celles-ci ont fait leurs preuves et
leur sont présentées par des hommes de
sagesse et d'expérience. Nos. paroisses
ont été. comparées par Notre-Seigneur à
des champs qu'il faut cultiver, et nos sé
minaires sont des pépinières où croissent
des plantes jeunes, délicates et bien fra
giles. Ici comme là, et plus encore peut-
être, l'expérience des vieux maîtres con
serve toute sa valeur : on ne pourrait la
négliger sans s'exposer à d'inévitables
déceptions. ■ ..
-En d'autres temps nous aurions
pu céder; comme journaliste, au
désir de placer ici quelques ré
flexions ; nous aurions aimé, par
exemple, à raisonner un peu sur
le rôle de la presse religieuse, ses
obligations, ses devoirs etc. Mais
ne voyant pas le moyen de traiter
ces questions de manière à conten
ter tout le monde et voulant avant
tout éviter présentement las polé
miques entre catholiques, nous
nous taisons.
Eugène Veuillot.
Çà et. là
LE MOUVEMENT PARISIEN
EN DECEMBRE 1801
Lorsqu'on lit aveo quelque attention
les journaux qui existaient il y a un siè
cle, on constate que jamais, depuis la
Révolution, Paris n'avait été plus bril-.
lant qu'en décembre 1801. Les partis
d'opposition semblaient avoir désarmé
bien que le feu couvât sous la cendre.
Les préliminaires du traité, qui devait
porter dans l'histoire le nom de a Paix
d'Amiens », venaient d'être signés. Les
derniers « chauffeurs » avaient été dé
truits. Bref l'ordre était rétabli presque
partout, et l'allégresse était générale,
encore que le froid fût très vif et la mi
sère assez grande.
Les hauts fonctionnaires du nouveau
régime commençaient à donner des fêtes.
Les écrivains reprenaient leur plume :
Barthélémy publiait chez Buisson son
fà
Mercredi 11 Décembre 1901
Edition quotidienne — 12,939
10
Mercredi 11 Décembre 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS . ÉTRANGER
. et départements (union postale)
Un an 25 » 36 »
Sirmois....,, 13 » 19 ».
Trois mois 7 » 10 »
Les abonnements partent des 1 er etlQ de chaque moia
UN NUHÈRO : Paris & Départements 10 cent.
BU ï EAÎTX : Paris, me Cassette, 17 (VI* arr.)
On s'abonne à Rome, placé du Gesù, 8,
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et départements (union postale)
Un an......... 13 »
Six mois . 7 »
Trois çiois..ww 4 »
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" ET -,
j n r
Les abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et G", 6, place de la Bourse
'ARIS, iO DÉCEMBRE 1901
SOMMAIRE
ouis Veuillot. Eugène Tatbbnib*.
in pénitence...... . Pibrbe Veuilloi.
Conclusion d'une
: polémique........ - EugèneVeuillot.
Çà et là : Le mou
vement parisien en"
décembre 1801.... J. Mantenaï.
A la Chambre..... J. M.
Les conférences du
Luxembourg..... E. A.
Bulletin. — Notre appel. — Au jour le
jour. — Les congrégations. — Infor
mations politiques et parlementaires. —
A l'Hôtel de Ville. ~ Association' catho
lique de la jeunesse française. — La
guerre du TransvaaI. ■■■■—■ Etranger. —
A travers la presse. ~ La question ou-;
vrière. —Les anarchistes. — Lettres,
sciences et artSi —> L'Université de Fri-
bourg..— Echos de partout. — Chroni
que religieuse. —• Le 8 décembre. —.
Union catholique de Roubaix. — Nécro
logie. — Tribunaux, r- Nouvelles diver
ses. — Calendrier. — Derrière heure.
■—• Tableau et bulletin de la Bourse.
LOUIS VEUILLOT
PAU EUGÈJSE "VEUSïJLOlHt)
II
Il y à soixante ans, on déclamait
beaucoup contre les Jésuites et
contre les congrégations en géné
ral ; on déclamait, avec l'ardeur
d'aujourd'hui ; et déjà la liberté
d'enseignement formait le centre
de la lutte.
Les bourgeois de i 840 représen
taient l'esprit qui distingue le radi
calisme actuel. De l'ancienne aristo
cratie ils avaient hérité le goût vol-
tairien, lequel, faute de manières
raffinées, passait vite à l'état de dé
lire furibond. Alors c'était , surtout
le bourgeois qui fournissait l'éner-
gumène. On s en aperçoit en obser
vant que les journaux les plus con
sidérables, même ; lettrés, se dispu
taient, au prix de foliés surenchè
res, la gloire et le profit d'avoir la
primeur des romans d'Eugène Sue.
Nous ne nous imaginons pas très
bien le succès prodigieux remporté
par les Mystères de Paris et par le
Juif -Errant. Ce fut , l'équivalent
d'une révolution dans les idées gé
nérales et dans .l'opinion publique;
de l'académicien au légiste, du-lé
giste au commerçant, de celui-ci au
concierge. Eugène Sue avait créé
des types que la foule prenait .pour
des êtres absolument réels, se per
suadant qu'ils révélaient les diffé
rents aspects du « parti-prêtre »
et savourant dans tout l'ouvrage ce
qjue Sainte-Beuve appelait « un fond
de crapule ».
Romans d'Eugène Sue, pamphlets
et diatribes de Michelet et de Qui-
'■net; réquisitoires de Dupin, ana-
thèmes fulminés par Cousin et par
Villemain, chroniques et vaudevil
les, voilà de quoi se composaient
la tactique et la stratégie employées
contre les catholiques, coupables
de réclamer la liberté d'enseigne
ment et de menacer le monopole
universitaire.
Cette grande affaire de la liberté
d'enseignement,. qui entre dans
une phase nouvelle et qui nous pro
met encore deiortes complications,
fut à l'ordre du jour durant la pre
mière moitié du siècle qui vient 4e
finir. Indiquée de bonne heure,
elle s'était affirmée avec un éclat
extraordinaire en 1831, lorsque
Montalembert et Lacordaire, invo
quant l'article 49 de la Charte, osè
rent entreprendre d'effectuer par
un acte la démonstration de cette
, liberté et, sans demander aucune
autorisation supplémentaire, se fi
rent maîtres d'école. Dans le sens
vulgaire, leur' tentative échoua; en
réalité, elle donna aux catholiques
une énergie qui prépara la victoire
de 1850.
Combien longue et difficile fut la
campagne émancipatrice, on en
juge exactement par l'ouvrage c[ue
M. Eugène Veuillot a consacré à la
mémoire de son frère. C'est l'his
toire d'un énorme labeur; l'étude
de caractères qui, par leur éléva
tion et par leur ascendant, créèrent,
au milieu de préjugés touffus et
tenaces, une force capable de croî
tre, de s'élargir, de débrouiller |le
chaos, de le ramener à l'ordre et de
le féconder.
•Dans le premier volume de la vie
de Louis Veuillot, le passé de ce
parti catholique, dont la gloire au
jourd'hui seule nous est connue,
remplit sept ou huit chapitres. Ou
tre leur valeur historique et litté
raire, ils sont très importants pour
la lutte actuelle et pour la lutte
prochaine ; deux surtout, ceux qui
remontent jusqu'à l'origine du mou
vement libérateur.
Alors l'état de la presse reli
gieuse semblait interdire tout es
poir de progrès. Non qu'elle fût
dépourvue d'écrivains habiles et
savants, puisque, derrière Chateau
briand, Joseph de Maistre, Bonald
et Lamennais, se levaient des hom-
' (i)Louis Veuillot, par Eugène Veuillot,
Paris, R&tau*. - .
mes capables de continuer l'œuvre
si brillammeiît .CjQmmencée» ...Mais,
ce n'était qu'une poignée. La so
ciété nouvelle, qui venait de voir
s'écrouler le vieux monde et qui ne
comprenait presque rien au monde
nouveau, ne soupçonnait pas sur
tout que la foi pût jamais s'épa
nouir parmi tant de ruines. Les
trois ou quatre publications qui
soutenaient le principe chrétien le
montraient solidaire de la royauté,
menacée et vacillante presque aus
sitôt que rétablie. Le Concordat
prenait l'aspect d'un asile réservé
aux esprits en retard, d'une sorte
de musée où se conservait le sou
venir des usages démodés. Réputée
déchue de son prestige et de sa va
leur,l'Eglise produisait sur les gens
instruits ou simplement paisibles
l'effet qu'elle produit sur nos radi
caux et sur nos collectivis|es. Y
faire une allusion respectueuse,
dans les salons bourgeois, c'était
un trait de bêtise et d'inconve
nance.
Néanmoins le relèvement se pré
parait. Les symptômes en sont dé
crits par M. Eugène Veuillot avec
une netteté saisissante. On suit les
phases du phénomène, ignoré de
presque tous ceux qu'il allait bien
tôt saisir de colère ou d'enthsu-
siasme. A travers ées amas de dé
combres on voit se glisser une vér
gétation patiente, que le voltairia-
nisme et le_jacobinisme croyaient
avoir définitivement desséchée.
Gomment, malgré la terrible vo
lonté de Napoléon lui-même, Mgr
de Boulogne déposa en terre le
germe d'un parti catholique affran
chi de la tutelle gouvernementale
et fortement attaché au Pape; com
ment l'Avenir, d'où, débordait le
zèle brûlant et farouche de Lamen
nais, affirma l'ultramontanisme et
compromit cette cause; comment
un. des anciens représentants de
l'école menaisienne, destiné à un
noble et brillant épiscopatj l'abbé
Gerbet, vivifia VUnivers, que l'abbé
Migne venait de fonder (1833) et qui
recrutait peu à peu des abonnés et
des rédacteurs, en attendant l'arri
vée de Montalembert (1835 et 1837)
et de Louis Veuillot (1839),ces faits,
ainsi que bien d'autres du même
genre, s'imposent- à l'attention du
chrétien engagé dans la lutte. Re
tracés par Si. Eugène Veuillot, ils
parlent clairement et avec auto
rité. .
Le premier service rendu par
VUnivers fut de doter les écrivains
et les orateurs, évêques, publicis-
tes, hommes politiques, laïques ou
religieux, d'un organe; vibrant qui
procurait à leurs efforts la diffusion
et le retentissement nécessaires.
Jusqu'alors disséminée, l'action
avait enfin un centre et ainsi la mé
thode et la continuité. .Parlant aveo
un pénétrant accent de conviction,
d'énergie et de confiance, le journal
déroutait l'assurance de tant de
gens qui ne voulaient ni même ne
{muraient croire à un réveil cathol
ique. Ceux-ci éprouvaient encore
plus d'étonnement que d'irritation,
comme s'ils avaient soudain enten
du la voix de morts qui leur fussent
restés odieux. Fait remarquable et
dont la leçon mériterait sans doute
d'être toujours présente à nos con
temporains : les catholiques pre
naient l'offensive. La condition in
dispensable d'une telle marche en
avant était réalisée : un but précis,
désigné par une formule simple. On
attaquait le monopole universitaire;
et les moindres soldats ■ compre
naient leur devoir aussi bien que
les chefs.
La nouvelle formation déchaîna
les colères accumulées chez les
partisans du système en péril.
Comme le note M. Eugène Veuillot,
« presque toute la presse dite libé-
« raie et gouvernementale, révolu
es tionnaire ou conservatrice, se li-
« vrait sans relâche à cette guerre».
Pour décourager les « cléricaux »
de réclamer des écoles libres, tous
les procédés furent employés. M.
Thiers, qui devait, cinq ans plus
tard, appuyer et faire prévaloir en
partie la cause de laliberté, accepta
d'être l'allié d'Eugène Sue. D'ail
leurs le romancier s'attribuait le
mérite d'avoir adapté à la propa-
Eande populaire l'enseignement de
.ibri, de Génin, : de Michelet, de
Quinet, de l'ambassadeur et pair de
France Saint-Priest. Il se recom
mandait d'eux et affectait de les ho
norer, comptant bien que nul
n'oserait décliner son suffrage. En
effet, ajoute M. Eugènë Veuillot, si
le compliment ne causa pas une
satisfaction absolue à tous ceux
qui le reçurent « aucun ne le re-
« poussa ».
Cette honteuse campagne dont
VUnivers, Louis Veuillot, Monta
lembert etc., fournirent heureuse
ment la contre-partie, semble avoir
eu lieu hier et se renouveler à l'heu
re présente. Elle devait être racon
tée dans l'ouvrage de M. Eugène
Veuillot. Elle l'est supérieurement,
de même que la mémorable discus
sion devant les Chambres et la
séance/pour laquelle dix mille bil
lets furent . demandés ; de même
que les intrigues du gouvernement
et la conspiration contre le Pape,
leouel, menacé, de l'émeute et du
pillage, se trouva obligé de céder.
Bientôt après arriva le tour de
Louis-Philippe d®. recevoir d'impé
rieuses sommations. Il n'avait pas
su refuser son appui au mensonge,
et au scandale ; il avait cru, par le
sacrifice de citoyens innocents et de
prêtres sans reproche, apaiser les
intrigues haineuses : elles l'empor
tèrent.
Et la liberté d'enseignement, pré
texte des intrigues abominables,
voyait bientôt, elle aussi, se lever
le jour de la justice, c'est-à-dire de
la victoire. A cette date de 1850, que
d'autres sectaires veulent biffer, les
catholiques recueillaient le fruit
d'une des luttes les plus persévé
rantes qui aient remué notre épo
que.
Tout le fruit qu'ils avaient es
péré ? Toute la conquête dont l'es
pérance avait nourri leur ar
deur?
: Non ; et c'est ici un des points
délicats que l'auteur de la vie de
Louis Veuillot est amené ,à trai
ter.
Le programme fixé, d'abord et
maintes fois confirmé au cours de
cette longue entreprise comportait
l'entière liberté d'enseigner. Il ne
réclamait pas l'abolition de l'Uni
versité, mais il affirmait le droit
dès catholiques d'agi* comme tel»,
vis-à-vis de l'Etat, sans entraves et
sans dépendance. A l'heure d'exé
cuter, la grande résolution, les vo
lontés se divisèrent. Les unes te
naient bon pour l'affranchissement
complet. Les autres, impression
nées,par la crainte de ne pas. obte
nir au sein de l'Assemblée natio
nale les concours nécessaires, les
autres acceptaient que la collation
des grades demeurât le monopole
de l'Université et que. celle-ci, no
tamment, gardât le droit d'inspec
ter les écoles libres. •
De la divergence d'opinions de
vait sortir la rupture ; et, sur lè
champ de bataille où il venait de
vaincre,le parti catholique se désor
ganisa. ;
Epreuve amère et cruelle, ressen
tie par tous ou peu s'en faut; évé
nement inévitable; on serait tenté
de dire normal. Au lendemain
du succès comme de la défaite, la
force decohésion qui poussait vers
le même but, avec la même allure,
des hommes nécessairement diffé
rents de complexion et de carac
tère, cette force est affaiblie et dé
tendue, sinon épuisée. Alors cha
cun revient à sa nature fondamen
tale, à sa mesure individuelle, à son
propre tempérament ; et les pièces
du faisceau s'éparpillent, pour se
rejoindre plus tard sous la pression
d'un autre lien.
Eugène Taveiinier.
'BULLETIN
La Chambre & voté hier , par 251 voix
contre 191, l'affichage du discours du
ministre des finances, da.ns la discus
sion générale du budget.
Les contribuables paieront ainsi fort
cher la satisfaction de lire sur tous les
murs que le budget de t902 accuse un
déficit de 67 millions. -
Il ne serait que juste de placarder, à
côté de la prose optimiste de M. Caii-
laux, la réponse éloquente et précise de
M. Ribot ; la majorité ne veut point
qu'on la puisse lire, elle avait même or~
ganisé le tapaige afin qu'on ne pût l'en*
tendre.
Ce matin ont été adoptés les derniers
articles et Vensemble de la loi sur la
marine marchande.
Trente et un archevêques et évêques
d'Autriche publient une magnifique
protestation collective contre la campa
gne d'apostasiereïigieusemenée depuis
trois ans par les protestants allemands,
et déjà, dénoncée, il y a quelques mois-,
par i'archiduc François-Ferdinand-
Le deuxième congrès des catholiques
Wurtembergeois vient de s'ouvrir à
Ulm -,1'affluencey est déjk considéra»
ble.
L'ordre du jour porte la question des
ordres religieux et la question, sco
laire;
De nouvelles et inquiétantes mani
festations sesont produites à Lemberg ;
le consulat allemand a dû être pro'
tégé par la troupe.
Des interpellations sont venues en
discussion au> Eeichsrath, et le parti
polonais doit dénoncer,. aujourd'hui
même, à la tribune du Reichstag,-les
brutalités prussiennes de Wreschen.
Une note officieuse du Moniteur de
Rostock (Mecklembourg- Schwérin) af
firme nettement qu'il n'y a rien de vrai
dans les bruits de désunion du ménage
royal de Hollande.
Iln'y auraitpas eu « le plus léger
nuage » entre les deux époux.
On dément aussi que des troubles
soient à redouter dans le golfe Persi-
que ; le croiseur. Fox partira seul et ne
sera pas suivi d'une canonnière. -
Le rapport de la commission sénato-
rialede Washington sur le canal in
terocéanique se prononce pour la route
du Nicaragua.
L'exposé de M. Ilutin, concluant pour
le canal de Panama, n'a point même été
pris en considération.
De nouveaux bruits alarmants arri
vent du Chili.
L'Argentine aurait reçu de son voisin
une note défavorable ; elle aurait mo
bilisé ses première et seconde réserves
•navales. ■ . ■ . - ■
î . NOTRE APPEL
0 H-* >v. _ ■ - . ^ ^ t
' Comme on l'a vu déjà, l'assem
blée des actionnaires, tenue le 28 no
vembre; a voté l'augmentation de
capital ( ou plutôt la reconstitution
de l'ancien capital) que nous ju
geons nécessaire pour la transfor
mation du journal et l'extension de
son influence par la baisse de son
prix et diverses améliorations. 1
Nous disions l'autre jour que plus"
des trois quarts des 300,000 francs;
demandéa étaient souscrits. 1
Nous pouvons dire aujourd'hui;
que les cinq sixièmes de la somme;
sont dépassés. ;
La souscription reste ouverte.
Nous insistons auprès de tous!
ceux de nos amis qui sont en me
sure de le faire, pour qu'ils veuil
lent bien souscrire. -
L'action est de cent francs.
EN PENITENCE
Baudin attend, -
Il y'est habitué, d'ailleurs.'Nous
sommes en République depuis tren
te et un.ans4Lîrois mois, et Baudiri,
mort depuis cinquante ans pour la
République, n'a pas encore sa statue
à Paris. Théophraste Renaudot, Pel
letier, Caventou (nous ne sommes
pas sûrs de l'orthographe) se dres
sent en effigie au milieu des places
ou le long des murs. La Liberté,
cette inconnue, a aussi quelque
part, dans une île qui devrait être
escarpée et sans bords, son monu
ment. Baudin, pas.
Il va l'avoir. On devait même l'i
naugurer dimanche. La cérémonie
est ajournée. Pourquoi donc?Parce
que M. Waldeck-Rousseau dénie à
Paris le droit de s'associer à la
fête. Paris, qui est chez lui et qui a
vu tomber Baudin, veut parler ; M.
Waldeck-Rousseau veut qu'il se
taise. Conflit et ajournement. Si
Paris parle, en effet,ce ne peut être
que par l'organe du président *de
son conseil municipal. Or, le con
seil municipal est en majorité hos
tile au ministère. Les électeurs se
sont permis cette insolence. M.
Waldeck-Rousseau ne respecte le
suffrage universel que quand celui-
ci se respecte lui même. Le suf-
.frage universel parisien, en se pro
nonçant contre M; Waldeclt-Rous:
seau, ne s'est pas respecté. C'est
du moins l'avis du ministre. Paris
est en pénitence; il n'a pas vu le
tsar; il n'a plus le droit de se faire
entendre. M. Dausset ne parlera
pas. ■ 1 ' ' . -
Oui, mais M. Dausset a résolu de
parler. Il le dit : — Je parlerai...
Comment lui mettre un bâillon, et
qui tienne? On cherche; tout le mi
nistère étudie la question... Et Bau
din attendait toujours.
Nous aurions cru que M. Wal
deck-Rousseau avait, du moins,
gardé le sentiment du ridicule. Est-
ce qu'il ne voit donc pas à quel
point est mesquine, maladroite et
même grotesque son attitude bou
deuse et rancunière vis-à-vis de Pa
ris? On dirait qu'il veut montrer à
tout prix que les élections munici
pales de l'an dernier lui ont porté
un coup sensible. Il ne les digère
pas. Ç'a été pour lui un affront per
sonnel. Ou bien encore, a-t-il peur
qu'en-mai prochain, la province ne
suive l'exemple de la capitale?
Et il dit à la France : —^Ne suivez
pas les exemples de mes mauvais
sujets. Vous voyez : on est puni-
Cette idée de mettre Paris en pé
nitence, elle serait tout au plus di-
fne d'un grand homme de chef-lieù
e canton. :
.. Jusqu'où ira M. Waldeck-Rous
seau ? Paris a été décoré de la Lé
gion d'honneur. Maintenant que le
conseil de l'Ordre est épuré, le chef
du cabinet pourrait lui demander
de prononcer contre Paris là peine
de la suspension.
Pierre Veuillot.
AU JOUR LE JOUR
On nous entretient quelquefois de
l'harmonie enchantera dans le monde
quand le socialisme régnera.
M. Zola a même fait un roman (666 pa
ges) pour tracer le tableau anticipé de
cette suave idylle.
En attendant, les députés socialistes,
dans les couloirs de la Chambré,) échan-
fent leurs vues sous forme de gifles et
e çoups de pied quelque part.
Que sera ce, grand Dieu ! quand la
« sociale » sera un fait accompli?
•' ~ *•" '• . : • • •
• *
M. Lapicque, chargé de cours à la
Sorbonne, c'est-à-dire fonctionnaire sa
larié par le gouvernement, ouvre une
souscription en faveur du « sans-patrie »
Hervé, pour indemniser le rédacteur du
Pioupioude l'Yonne delà suppression
de son traitement. •
C'est là une insolente protestation con
tre la décision du conseil supérieur de
l'instruction publique.
Le gouvernement qui révoque les gé
néraux coupables de dire à un colonel
mis d'office à la retraite : « Je vou3 es
time », va* t-il laisser pérorer à la Sor
bonne cet « intellectuel » insubordonné ?
Nous avons mentionné la poésie que
M. Edmond Rostand a composée pour le
comité du SoudssBoers.
Dans cette poésie, on trouve des vers
de ce, genre : .
Morte la grande sœur par la fièvre minée,
Le grand frère a rejoint dans le bleu des
[vallons
Ceux que lord Kitchener poursuit a recu-
■■■■ "[Ions
L'auteur de : «Oh ! oh ! c'est une im
pératrice ! » n'a donc pas été suffisamment
averti par le succès négatif de beè récente
poésie franco-russe, et ne fait pas mine
de s'arrêter sur la pente du mauvais
goût.
Quelqu'un parodie déjà comme il suit
les vers qui précèdent.
Et l'on voit s'eavoler vers le bleu des val
ions
La gloire qne Rostand poursuit & reculons.
Ne dites plus que les Turcs n'ont pas
conscience de leur dignité.
Dernièrement, dans leB gares de Cons-
tantinople, le consul général d'une
grande puissance avait fait afficher l'a
vis bien connu : «c Gare aux voleurs ! »
afin de signaler au «publie les nombreux
tire-laine internationaux qui exercent
leur métier sans être inquiétés par la
police ottomane.
Ladite police ottomane a fait, le len
demain, enlever toutes ces afficheB. AU
consul général qui s'en est plaint, le mi
nistre de l'intérieur a répondu que l'avis
de « Gare aux voleurs ! » est de* nature à
nuire à la bonne considération de la
Turquie à l'étranger. r
La Turquie est donc le seul pays du
monde où l'on n'a pas besoin de prému
nir le public contre les voleurs. Qui l'eût
cru? ■■ ■ ' ' ■ '■
- • -
« 3
Les admirateurs de Verlaine voulaient
élever un monument au père de la poésie
décadente.
Quelques fonds furent réunis, non
sans peine, et un buste commandé au
sculpteur Niederhausern. Celui-ci, ap
pelé en Suisse pour décorer le muBée
des beaux-arts de Berne, prolongea son
séjour et la semaine dernière, en son ab
sence, son atelier fut saisi par son pro
priétaire.
Le monument dé Verlaine, inachevé,
est sous scellés et menacé du feu des
enchères ! Mais tout cela va s'arranger,
assure-t-on, et le buste sera érigé au
square des Batignoles.
, Verlaine tâta de la prison pendant sa
vie. Son monument lui-même est coffré
après sa mort. C'est triste, mais harmo
nieux. .
• r - ... . * —
-• ' •• # y •
C... lit un poème de sa composition se
terminant par ce vers :
Et je la contemplais en buvant ses regards.
— Hum;!... dit un auditeur, « boire des
regards » l l'image est bien forcée.
— Non, répond C..., la personne a les
yeux caves..:
COIfflOI BIS
Divers journaux se sont beau
coup et passionnément occupés en
ces derniers temps des - « abbés dé
mocrates » d'une part et, de l'autre,
des réfractaires obstinés. Une note
de la Semaine religieuse de Quim-
per, ratifiée ensuite par Mgr Dubil-
lard, a donné une importance parti
culière à cette polémique. Les ad
versaires du mouvement démocra
tique religieux l'ont exploitée à l'ex
cès en visant surtout deux des re
présentants ecclésiastiques les plus
en vue de la démocratie chrétienne,
M. l'abbé Naudet, directeur de la
Justice sociale et M. l'abbé Dabry,
directeur de la Voix du siècle, , de
venue l'Eglise militante.
L'Univers, auquel on reproche si
volontiers et fort injustement de
trop aimer ces sortes d'affaires, n'a
dit mot de celle-ci. Il désire tant
l'accord et l'action en vue de la ba
taille électorale que, sans être de
ceux qui déplorent toute discussion
entre catholiques; il voudrait qu'il
n'y en eût pas en ce moment. Sus à
l'ennemi commun, et nous verrons
après à compter entre nous.
Le cas particulier, que l'on géné
ralisait trop, portait sur un point où
il ne peut y avoir contestation fon
damentale entre catholiques, sur
tout de prêtres à évêques. Il s'agis
sait de l'autorité de l'épiscopat
quant à la direction d'ensemble, à la
formation des séminaristes. Cette
autorité qu'aucun fils de l'Eglise ne
voudrait affaiblir, les « abbés dé
mocrates », même quand ils par
lent trop fort, en sont pour sûr
plus sincèrement respectueux que
lés feuilles réfractaires qui affec
tent aujourd'hui de la défendre con
tre eux.
Tenons-nous-en là pour le mo
ment, et citons ce que vient de dire,
au point de vue des principes et du
droit, Mgr de Quimçer dans une
circulaire à son clergé :
La formation du jeune clergé est, dé
par les saint3 canons, exclusivement ré
servée à l'évêque et aux prêtres de choix
qu'il juge dignes de cette tâche délicate.
Jamais il ne permettra à des publicistes,
quels qu'ils soient, de s'immiscer dans
une œuvre qui exige, pour être faite
comme l'Eglise le demande, une longue
préparation, des vertus hors ligne, une
science non commune et, par-dessus
tout, une mission légitime.
Sans doute, nos jeunes séminaristes
doivent connaître les enseignements qui
tombent de la chaire de Pierre et être les
premiers à s'y soumettre finalement jet
sans arrière-pensée ; mais les Lettres en-,
cycliques de l'immortel Léon XIII sont
entre les mains de nos directeurs, et
personne ne croira que ces hommes émi-
nents soient moins aptes que les journa
listes à en faire connaître le véritable
sens. Nous aimons mieux le travail qui
se fait et l 'enseignement qui s'élabore
dans le Bilence de nos séminaires, que
les leçons données ou reçues dans la
mêlée des camps, ou dans la lutte vio
lente des passions politiques.
Sans doute, nos jeunes clers doivent
aller au peuple ; il y a longtemps que
Notre-Seigneur courait à la recherche de
la brebis perdue, il y a longtemps qu'il
entraînait dans le désert les multitudes
enchaînées par la douceur de sa voix, et
la beauté de sa doctrine. Mais avant
d'aller au peuple, il faut apprendre les
dangers qu'on y court, leB difficultés
qu'on y rencontre et le bien qu'on y peut
faire. Or, est-il téméraire de dire qu'un
frêle séminariste, à peine initié aux
sciences théologiqueB et à la pratique des
vertus sacerdotales, n'a point encore ce
qu'il faut pour aller au peuple dans le
sens qu'on lui demande, et que, s'il cède
à l'ardeur d'un zèle irréfléchi, il court
grand risque de compromettre son ave
nir et les espérances que l'Eglise fondait
sur ses jeunes talents? Non, pour aller
utilement au peuple, il ne suffit pas d'a
voir écouté les inspirations de quelque
journal et de suivre Bes indications; il
faut avant tout avoir subi la discipline
des maîtres et B'être formé sérieusement
à la science et à la vertu, il faut, en un
mot, avoir fait son Béminaire, tout son
séminaire dans le* recueillement et la
prière. Voyez Notre-Seigneur, les apô
tres, les saints qui ont illustré l'Eglise
par l'éclat de leurs œuvres aussi bien
que par le prodige de leurs vertus, tous :
Notre-Seigneur pour nous donner l'exem
ple, et les autres pour le succès de leurs
œuvres, ne sont allés au peuple qu'après
de longs mois, souvent de longues an
nées passées dans la solitude et la prière.
Mais, dit-on encore, à des temps nou
veaux il faut des méthodes nouvelles; à
de nouveaux besoins, des moyens nou-
veaux..Nous le voulons bien, et volontiers
nous accordons que nos jeunes clercs
doivent être initiés, dès le séminaire, à
des connaissances qui autrefois étaient
laissées de côté, à des œuvres dont,iIy a
vingt ou trente ans, on ne sentait ni la
nécessité ni le besoin. Mais pourquoi ne
pas laisser ce soin à nos directeurs de
séminaire, et recourir pour cela au ma
gistère des feuilles publiques? Si celles-
ci contiennent, comme il arrivé souvent,
des choses utiles à apprendre, des ren
seignements qui ne sont point encore tra
duits dans les ouvrages classiques, le
professeur saura bien s'en inspirer et en
extraire ce qui convient à ses élèves. Cet
enseignement sera d'autant mieux retenu
et compris, par conséquent d'autant plus
utile, qu'il apparaîtra dégagé de toute
polémique, de toute passion politique et
qu'il sera reçu dans une âme calme et
tranquille, très disposée à s'identifier la
bonne semence et à lui faire porter des
fruits au centuple.
Nos directeurs de séminaire ont la
science et l'expérience, et il leur appar
tient de voir et d'apprécier, sous l'action
modératrice de leur évéqué, oe qui, en
fait d'institutions et de méthodes nou
velles, doit être accepté oii rejeté. De
même, c'est à MM. les curés et recteurs
qu'il appartient de s'occuper des sémina
ristes pendant leurs vacances et de les
initier à la pratique et au maniement
des œuvres de zèle et de piété qui fonc
tionnent avec succès dans la paroisse.
L'Eglise est une société hiérarchiséé,
tout doit s'y faire dans l'ordre et la me
sure convenable. Le bien général auquel
tous doivent concourir, et qui est notre
principale préoccupation, réBultè de l'ef
fort que chacun fait dans sa sphère pour
accomplir tout son devoir en se dévouant
entièrement à la mission que Dieu lui a
confiée. Dans cette tâche-particulière et
définie qui nous est imposée à tous, gar
dons-nous de. rejeter précipitamment ce
qui nous a été transmis par les anciens,
et «oyons sur nos gardes vis-à-vis des
théories nouvelles. Imitons sur ce point
la prudence de nos laboureurs qui, avant
d'abandonner leurs vieilles méthodes de
culture, hésitent longtemps et ne se dé
cident à en implanter de nouvelles que
quand.celles-ci ont fait leurs preuves et
leur sont présentées par des hommes de
sagesse et d'expérience. Nos. paroisses
ont été. comparées par Notre-Seigneur à
des champs qu'il faut cultiver, et nos sé
minaires sont des pépinières où croissent
des plantes jeunes, délicates et bien fra
giles. Ici comme là, et plus encore peut-
être, l'expérience des vieux maîtres con
serve toute sa valeur : on ne pourrait la
négliger sans s'exposer à d'inévitables
déceptions. ■ ..
-En d'autres temps nous aurions
pu céder; comme journaliste, au
désir de placer ici quelques ré
flexions ; nous aurions aimé, par
exemple, à raisonner un peu sur
le rôle de la presse religieuse, ses
obligations, ses devoirs etc. Mais
ne voyant pas le moyen de traiter
ces questions de manière à conten
ter tout le monde et voulant avant
tout éviter présentement las polé
miques entre catholiques, nous
nous taisons.
Eugène Veuillot.
Çà et. là
LE MOUVEMENT PARISIEN
EN DECEMBRE 1801
Lorsqu'on lit aveo quelque attention
les journaux qui existaient il y a un siè
cle, on constate que jamais, depuis la
Révolution, Paris n'avait été plus bril-.
lant qu'en décembre 1801. Les partis
d'opposition semblaient avoir désarmé
bien que le feu couvât sous la cendre.
Les préliminaires du traité, qui devait
porter dans l'histoire le nom de a Paix
d'Amiens », venaient d'être signés. Les
derniers « chauffeurs » avaient été dé
truits. Bref l'ordre était rétabli presque
partout, et l'allégresse était générale,
encore que le froid fût très vif et la mi
sère assez grande.
Les hauts fonctionnaires du nouveau
régime commençaient à donner des fêtes.
Les écrivains reprenaient leur plume :
Barthélémy publiait chez Buisson son
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