Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-12-04
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 décembre 1901 04 décembre 1901
Description : 1901/12/04 (Numéro 12334). 1901/12/04 (Numéro 12334).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7109251
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 4 Déoembré 1901
Edition quotidienne — 1.2,334
Mercredi 4 Dôcembr
"J
,.-.v ÉDITI ON QUOTID IENNE
>' PARIS ÉTRANGER
$■ ET départements" (union postale)
Un an 25 » 36 »
Six mois » 13 » 19 »
Trois mois.. v . 7 ». 10 »
' l»es abonnements partent deB l" et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent,
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17 (VI* arr.)
. . On B'abônne 4 Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
* i ' J ^ F
PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Unan.. ...... 13 » 20
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Trois mois 4 » 5 50 .
ET
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LE MONDE
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits.qui lui sont adressés
' ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et 0,6, place de la Bourg» ,
PARIS, 3 DECEMBRE 1901
SOMMAIRE
Bismarck et Gain- ,
betta, Eugène Taterniw,
Union. P. V.
La question doua
nière en Allema
gne. % F» L..
Des chiffres J. M.
Correspondance ro
maine.;. ***
A la Chambre J. Mantenay. .
Lettres d'Egypte,....; A- G oipbîls...
Les conférences du
Luxembourg..... Edouard Alexandre
Bulletin. — Au jour le jour. —Inqualifia
ble. — Mgr Billard. — Les congréga
tions. — Informations politiques et par*
lementalres. — A l'Hôtel de Ville. —
Nouvelles coloniales. — A Lolgny. —
Fêtes et réunions. — Les motifs d'espérer.
— Les affaires de Chine, — La guerre du
; Transvaal. — La révolution en Colom
bie. —? Etranger. — A travers la presse.
— La question ouvrière. — Les anar
chistes. — Echos de partout. — Nécro
logie. -r- Nouvelles, diverses. — Ca
lendrier. — Tableau et bulletin de la
Bourse. — Dernière heure. "
BISMARCK ET GAMBETTA
Deux volumes viennent de paraî
trez-Allemagne, qui contiennent
une partie de la correspondance
inédite du prince de Bismarcks Ces
lettres, émanant de lui ou parfois
reçues par lui, "embrassent la lon
gue période pendant laquelle il
exerça l'autorité.
Parmi celles qui datent de 1877,
plusieurs ont' pour nous un in
térêt spécial, Elles expriment
les sentiments et les préoccupa
tions div chancelier vis-à-vis de
Gambetta, alors en possession du
Êouvoir de fait et en voie d'absorb
er notre politique et notre gouver
nement.
C'était au lendemain du Seize-
Mai. La lutte engagée par le maré
chal, sans organisation et sans, pré
paration, contre le courant répu
blicain opportuniste et radical^ ve
nait d'épuiser, avec les dernieres
ressources, les suprêmes espéran
ces, les suprêrpes illusions du
vieux monde conservateur. La dé
faite, certaine d'avance, s'était tour
née en déroute.-efc en désastre. On
met de longues années à se tirer de
pareils/.abaissements, quand,, par
• hasard, on en sort. Chef du parti
-victorieux, Gambetta était le maître
-reconnu, maitre du jour et du len
demain. Bismarck s'en rendait
compte pleinement, l'observait et le
saignait.
Un Allemand, qui avait eu jadis de
nombreuses relations dans la so
ciété parisienne, et qui, après avoir
occupé une situation officielle en
Alsace-Lorraine, était revenu s'ins
taller à Paris, le comte Henckel de
Donnersmarck, se proposa pour
remplir près de l'inventeur de l'op-
Îjortunisme une mission'de surveil-
ant. et d'intermédiaire officieux.
Installé an château de Pontchar-
train, il y recevait assez souvent la
visite de Gambetta. Le 17 octobre
1877, il faisait ses offres de service,
les justifiant par les rapports per
sonnels qu'il entretenait avec lui,
rapports qui permettaient d'écou
ter plutôt que de parler, grâce à la
« faconde des méridionaux ». Il in
voquait en outre une circonstance
f qui, peu connue en générai,
alors surtout, était cependant très
■exacte : au cours des années précé
dentes, Gambetta avait plusieurs
fois séjourné en Allemagne, exa
minant « avep des yeux bien ou
verts dç tous les cotés » et. sans
presque jamais trahir son inco-
.gnitç.
Treize purs après, le comte Her
bert de "Bismarck interprétait et
. traduisait l'ppipion de son père.
. Celui-ci' appréciait. beaucoup les
informations qui lui parvenaient
de la sorte ; mais il refusait nette
ment d'en transmettre de son côté.
Sa réserve était motivée par la
- crainte de compromettre Gambetta
devant les républicains français. Il
exposait cette considération, judi
cieuse .d'ailleurs, en termes assez
singuliers, qui révèlent l'idée qui ré
gnait autour du chancelier èt que
sans dfiute ii se faisait de lui-même.
L'ancien ministre de la Défense na
tionale ne pourrait, disait 4e comte
Herbert, se "soustraire à Vascendant
,,de Bismarck.,
^'intermédiaire officieux était zé
lé et entreprenant. Il rêvait d'une
démarche significative qui eût été
; le c6uroiinempnt .de sa. diplomatie :
mettre Bismarck et Gambetta face
à face, conduire ce dernier à
; Varzin, soit « publiquement », soit
,dans un secret qu'il se croyait as-
. euré de maintenir absolu.
Par retour du courrier la réponse
^arrive, écrite cette fois de la main
du prince de Bismarck. C'est un
, refus formel basé sur les motifs, si
gnalés déjà et confirmés par Une
appréhension originale, étrange et
presque comique. Le chancelier ré
puté tout-puissant, et qui entendait
bien l'être, craignait que ses ac
cointances avec un républicain n'ef
frayassent l'empereur. On voit que,
si étendue et si rude que fût l'in
fluence qu'il exerçait sur le vieux
Guillaume, il ne la jugeait pas inat
taquable ni même, au fond, très
solide.
Toutes les antipathies qu'il main
tenait courbées sous sa poigne bru
tale et sous le poids de sa personne
entière, il les sentait toujours fré
missantes et prêtes à le renverser.
Il devait sans repos surveiller,
manoeuvrer j attaquer. Cette néces
sité d'une continuelle défense, qui
prenait en lui le caractère de l'ob
session, le porta plus d'une fois à
soupçonner des menaces imaginai
res et à méconnaître le péril réel.
Il tomba quand il croyait n'avoir
plus besoin de ménager personne.
La main qui l'éloigna et le déposa
brusquement était celle dont il
attendait un secours docile et em
pressé.
Noûs allons voir le chancelier
égaré jusqu'à la manie sénile et
enfantine, par cette obsession qui
absorbait une grande part de son
énergie si active.
Il dit à tout propos, et son fils
écrit sous sa dictée,que, non seule
ment « lès Parisiens » mais aussi,
mais surtout les Jésuites et le Pape
souhaitent la guerre entre la France
et l'Allemagne!
Tout le monde se souvient des
révélations fourniès par le procès
d'Arnim, qui dura de 1874 à 1876.
Les pièces diplomatiques^ divul
guées alors démontrèrent à profu
sion que le prince de Bismarck
avait, avec une rigueur inflexible,
combattu le projet de restaurer la
monarchie parmi rous . Il comptait
que le régime républicain resterait
pour la France une cause de divi
sion, d'agitation et, par suite, d'ir-
rémédiabie faiblesse ; mais on est,
aujourd'hui, forcé d'admettre qu'un
autre raisonnement, bizarre et
fantastique, contribuait encore à
régler l'attitude de notre ennemi.
, Le chancelier craignait la monar
chie parce que, selon lui, elle devait
être l'instrument des Jésuites et du
Pape et que la guerre éclaterait
lorsque celui-ci en donnerait le si
gnal 1 C'est écrit au nom du grand
homme d'Etat et par son fils : « Sous
« un régime clérical, l'armée fran-
« çaise n'est autre chose que le sol?
« dat du Pape, qui doit marcher sur
« son ordre, où les Jésuites veulent
« la diriger... Nous ne voulons pas
« et n'avons pas besoin d'une guer-
« re avec la France ; nous croyons
« aussi qu'elle n'éelatera pas for
ce tuitement, aussi longtemps qn» lo
« Pape n'en donnera, pas l'ordre ex-
« près. Mais, si ce dernier entre en
« scène, il n'y a pas à espérer une
« longue paix. »
Nous avons ici le spectacle du
génie politique faisant la culbute
en pleine sottise. Ce seraitune belle
matière à philosopher que cet exem
ple. de défaillance ridicule chez un
homme qui jouissait ordinairement
d'une prompte et claire percep
tion des réalités. Si habilef à dé
router les combinaisons où il ris
quait d'être dupe, il se dupait lui-
même comme un badaud et comme
un malade. •
Les Jésuites et la Papauté, il ve
nait de les combattre dans'une
{;uerre. odieuse et absurde, qui ne
ui avait procuré que des humilia!
tions. La pensée qui l'avait porté à
engager un tel conflit se composait
de prétentions joséphistes etencore
plus d'illuminisme protestant. E n
face des décisions du Concile et
devant le dogme de l'infaillibilité
pontificale, Bismarck avait perdu la
tête. Lui qui se disait et se croyait
chrétien n'avait pas la notion de
l'Eglise organisée, vivante, ensei
gnante, hiérarchisée, soutenue par
l'assistance divine. L'arrogance du
politique s'enflammait, éperdue.
L'homme de la ruse et des coup?
de force ne comprenait rien à l'in
fluence des doctrines. Dérouté par
la vigueur d'un adversaire insaisis
sable, il supposait -des intrigues té
nébreuses. L'exaltation protestante
lui soufflait des conjectures dérai
sonnables, des combinaisons brU=
taies et chimériques. Le Gesù, le
Vatican, ces deux mots affolaient
"un esprit si fier de son équilibre.
"L'idée de la royauté française lui
apparaissait comme le complément
d'une conspiration permanente ; et,
dans son obsession, il apercevait le
Pape lançant.d'un geste l'armée
française sur l'Allemagne I
Entraîné par cette vision incohé
rente, il en faisait le sujet d'une
correspondance diplomatique et ré
glait là-dessus son programme et
ses.arrangements. Nous en avons
la, preuve dans une lettre de l'inter-
mediàire, lettre qui concerne: le
remplacement de notre -ambassa
deur à Berlin et le changement de
notre ministre des affaires étran
gères. Interprète du chancelier, le
comte Henckel a persuadé Gam
betta d'arracher aux « cléricaux »
la direction de notre politique exté
rieure. Ainsi le duc Decazes était
un clérical ! L'arrivée du protestant
Waddington effaçait uné telle in
convenance et supprimait un si
grave danger, C'est dit catégori
quement, dans u«e lettre du comte
Henckel.
Jusqu'où s'est étendue l'autorité
des conseils envoyés de Berlin à
Gambetta ? Nous le constatons par
un rapprochement de dates dont la
Eensée est venue au Temps, qui pu-
lie cette correspondance. En 1877
et en 1878, notre dictateur parlemen
taire est saturé de la passion dont
déborde Bismarck; il a envie de
donner directement, entre quatre
yeux, les assurances qu'on attend
de lui; il se prête à un projet de
voyage et de rencontre ; des dé
pêches circulent où le maître de
nos intérêts, assimilé à quelque lé
gume, est désigné sous le nom de
« primeurs»; le rendez-vous est
prêt et va S6 réaliser vers le 30 avril,
lorsqu'une circonstance encore in
connue fait renoncer, en même
temps, Bismarck et Gambetta.
Mais l'accord n'en a pas moins été
conclu ; et cinq mois après, le
22 septembre 1878, le tribun fran
çais déclame à Romans le célèbre
discours qui dénonce le clérica
lisme comme « le péril social » et
qui contient une longue diatribe
contre « cal, monastique, congréganiste,
« syllabiste ».
Gambetta faisait de l'ebsession
bismarckienne le programme de la
politique qu'il allait suivre ; qu'il lé
guerait à Jules Ferry ; où M. Wal-
deck-Rousseau puiserait de nou
velles ressources ; que d'autres intri
gants, d'autres sophistes, d'autres
énergumènes sé proposent bien
d'utiliser encore. Comme au XVI*
Siècle, la lutte antireligieuse ac
tuelle nous est venue de l'étranger;
comme autrefois, c'est le protestant
allemand qui ,a introduit et surex
cité parmi nous la discorde et la
haine.
Eugène T avernier.
"BULLETIN
: La Chambre a commencé hier la dis
cussion générale du budget de 1902.
M. Arthur Legrand etM. Puech n'ont
eu qu'à, prendre les chiffres d'augmen
tation dé dépenses, depuis quelques an
nées, pour faire un tableau inquiétant
de notre situation financière.
M. Bourrât a proposé, comme chaque
année, le rachat par l'Etat des réseaux
de chemins de fer.
■ Ce matin, suite de la discussion sur la
marine marchande.
Le gouvernement espagnol vient de
recevoir une énergique protestation du
Vatican contre le décret du ministre de
Vintérieur sn» congrégations reli-
gicUtSCS»
La note pontificale revendique pour
les ordres monastiques le droit de s'éta
blir en Espagne*, con formément au Con
cordat, sans être soumis à la forma*
lité de l'inscription non plus qu'à la loi
sur les associations.
L'arrivée à Barcelone de deux dépu
tés catalanistes a été l'occasion d'une
manifestation imposante.
La discussion des tarifs douaniers a
commencé au Reichstag..
Le chancelier de VEmpire a prononcé
un discours qu'on croyait devoir être
sensationnel et qui a constitué une dé
ception pour l'opinion publique.
Un passage est à noter pour en faire
son profit chez nous surtout : M. de
Bûlow, glissant légèrement lui-même
iur la situation économique inquiétante
de l'Allemagne, a voulu rappeler qu'on
allait discuter « devant des oreilles
étrangères p, et qu'on devait avoir le
sduçi de montrer la prospérité natio
nale.
Le gouvernement autrichien a déposé
unprojetde trois douzièmes provisoires
pour l'JO'Z.
Le député Tschau, beau-père du doc
teur Seidl qui s'est battu en duel avec
M, Wolf, a donné sa démission de mem
bre de l'Union pà ngermaniste.
Le congrès, des Etats-Unis s'est ou
vert par la lecture du message présiden
tiel.
M. Roosevelt traite de toutes les ques
tions intéressant la politique intérieure
el extérieure ; il termine par un acte
de reconnaissance au « Toul-Puis-
sant ».
Le docteur Leyds aurait déclaré à un
journaliste bêlge qu'il n'y a rien de
fondé au sujet des pourparlers de
paix.
Rien, même dans un avenir éloigné*
ne fait prévoir, a t-il dit, la fin de là
guerre.
Le docteur Alban, devenu « le générai
Carlos Alban », commandant les trou
pes gouvernementales, affirme n'avoir
plus besoin d'aucune aide pour assurer
la liberté, des communications dans
l'isthme. - ! ■ - . ;
Le préfet et autres fonctionnaires,
emprisonnés par les rebelles, ont repris
leurs postes.
UNION
La République est satisfaite du
discours de M. Jules Lemaitre à
Nancy. Lé journal de M: Méline re
connaît à peu près son programme
dans celui qu'a développé, aux ap
plaudissements du public, le prési
dent de la Patrie française. Que veut
l'orateur nationaliste ? Une armée
forte et respectée ; des finances gé
rées avec une sincère et sage éco
nomie ; une République libérale et
tolérante, parlementaire si on veut,
mais d'un parlementarisme qui ne
noiis fasse pas Tomber dansTariar-
chie et la déliquescence.
— Bravo! s'écrie la République ;
j'applaudis, car c'est là le pro
gramme des républicains modé
rés...
Le journal progressiste nous pa
rait avoir raison, et nous aussi
nous nous félicitons du discours de
M. Lemaitre. L'orateur continue
l'évolution fort avisée qui le ra
mène, avec beaucoup de ses adhé
rents, du terrain plébiscitaire et cé-
sarien à la politique, somme toute,
constitutionnelle. Il ne veut pas dé
truire, il veut améliorer ce qui
est.
Donc, nous sommes heureux du
langage tenu par le président de la
Patrie française, à cause de ce
qu'il a dit. Nous en sommes heu
reux, de plus, à cause du bon ac
cueil que lui font les progressistes.
N'est-ce point déjà un résultat, et
qui donne de l'espoir, que d'enten
dre ces anciens partisans de l'ar
ticle 7 déclarer, quand on de
mande une République libérale et
tolérante: — Mais voilà notre pro
gramme... -
Répétez-le, messieurs du centre,
proclamez-le en toute circonstance,
et vous enhardissant, conformez
chaque jour davantage votre atti
tude à ces louables aspirations.
Vous encouragerez, vous déciderez
ainsi M. Lemaitre et ceux qui mar
chent avec lui à se séparer formelle
ment des plébiscitaires etjdescésa-
riéns. Nationalistes et progressis
tes pourront alors,à la face du pays,
s'entendre et s'appuyer.
Ce ne sera pas tout. Il n'y a pas
que les progressistes et les natio
nalistes qui veulent l'armée forte et
respectée, des finances bien admi
nistrées, une République libérale et
tolérante. N'est-ce point là ce que
demandent aussi les catholiques
rangés sur le terrain constitution
nel avec M. Piou ? Pour faire triom
pher ce programme commun, les
trois éléments du grand parti des
honnevés goua (/caioi-t i = -'--I—
et leur union sera forte contre les
sectaires et les jacobins,
P. V.
AU JOUR LE JOUR
Au dire de la Liberté, M. Edgar Mon-
teil. grand inquisiteur de la Haute-
Vienne, aurait donné à ses fonctionnaires
les instructions suivantes :
« Ne taquinez pas les braconniers : ce
sont de braves gens qui vivent de leur
travail...
. « Mais, par exemple, quand vous ver
rez des gens bien habillés en contraven
tion avec la loi, n'hésitez pas à sévir con
tré eux. »
Si le propos est exact, il vaut tout un
poème, quoique plus court qu'un son
net.
On y voit la désinvolture avec laquelle
M. Edgar Monteil envisage la. perspec
tive de la destruction du gibier et; l!a-
gréable légèreté de cœur avec laquelle il
Bacrifie les intérêts agricoles.
On y voit son estime pour les irrégu
liers de la société* et son profond mépris
pour le droit de propriété individuelle.
On y voit enfin sa haine pour la mise
décente et correcte. Etre « bien habillé »,
dans la Haute Vienne, est presque un
délit. .
M. Edgar Monteil est prédisposé à
exercer les fonctions de proconsul dans
une république de sans-culottes.
• .4
' * •
Nqus donnons plus loin le résultat du
concours des jouets.
Notons que le 16 e prix, constitué par
une médaille en vermeil offerte par M.
Waldeck-Rousseau, a été gagné par un
M. Philippe, pour un jouet intitulé :
Clowns et grimaces.
IJn tel jouet, on le conçoit, méritait un
prix ministériel.
. m
• #
Le député Lemasson, dont nous avonq
annoncé la démission, avait depuis long
temps quitté la France, à la suite d'af
faires malheureuses qui l'invitaient, pa
rait-il, à mettre une certaine distance
entre lui et la mère-patrie.
Gela n'empêche pas que, dans tous les
derniers scrutins, ona irouvé dans l'urnp
le bulletin de M. Lemasson qui a servi,
très consciencieusement, à renforcer la
majorité ministérielle.
Et M. Waldêck-Rousseau a laissé im
pitoyablement se noyer un janissaire
aussi fidèle. Notre grand vizir est un in
grate
Ùné autre démission de législateur est
celle de M. Wolf, leader du parti prus
sien et protestant à la Chambre autri
chienne.
M. Wolf, en sa qualité de pourfendeur
du catholicisme, était un austère. Il par
lait de l'Evangile,avec onction. Il levait
les bras au ciel en contemplant les vices
des catholiques, et les damnait, du haut
de la tribune, pour les scandales jde leur
conduite.
Hélas ! il ne faut pas trop faire l'ange,
même lorsqu'on estle chef du parti prus^-
sien et protestant dans un pays autri
chien et catholique. G!est à la suite d'un
duel avec le professeur Seidl que M.
Wolf a dû donner sa démission, et il pa
raît que le professeur Seidl, qui est ma
rié, avait surpris chez le vertueux Wolf
de peu vertueuses relations sur lesqueliess
il ne convient pas d'insister. De là, cet
effondrement d'un personnage hier en
core si influent dans l'empire.
Guillaume II fera bien de choisir un
autre agent et le protestantisme un autre
apôtre.
M. Leygues aime Appollon. Tous deux
sont pères des muses. Le premier régit
actuellement notre Parnasse^ Le second
fut, dans l'Olympe mythologique, le mi
nistre des beaux-arts.
C'est peut être pour cela que M. Ley
gues, au printemps de l'année dernière,
emprunta au Louvre une statue d'Apol
lon, et même plusieurs autres, pour en
orner la cour de son ministère. Des ar
tistes protestèrent contre ce déménage
ment. M. Leygues les rassura en décla
rant que l'emprunt ne durerait pas plus
longtemps que l'Exposition. Il fallait,
durant les fêtes, que le ministère de l'ins
truction publique se fit beau, très, beau.
L'Exposition est bien loin, et Apollon
se morfond toujours dans la cour dumir
nistère, avec les autres statues. Elles y
reçoivent stoïquement la pluie, et ver
dissent sous la mousse. Voici un nouvel
hiver qui commence. Vont-elles conti
nuer à s'enrhumer en plein air ?
C'est la question que posent les Débats.
Mais on ne nous dit pas que M. Leygues
ait l'air de l'entendre. Apollon demeure
prisonnier de son moderne collègue. Il
s'abîme, mais qu'importe, puisque c'est
la France qui paie ! Et cela durera ainsi
jusqu'au complet délabrement du mar
bre... ou du ministère.
. Coit-sans-soif tombe en arrêt devant
l'affiche du concours général pour l'uti
lisation de l'alcool.
Et, haussant les épaules, avec une ex
pression de pitié transcendante.
— Comme s'il y avait deux manières
de l'utiliser !
[À QUOI MMIEBE ES ilLEÏiBB
Hier a commencé à Berlin,devant
le Reichstag ,la discussion des nou
veaux tarifs douaniers dont la
Prusse a pris l'initiative, mais qui
ont été longuement élaborés par le
Bundesrath, c'est-à-dire par les re
présentants de tous les Etats qui
composent l'empire germanique.
M. de Bulow, chancelier de l'Empire,
a ouvert ces importants et graves
débats par un large et habile expo»
auestion.
un le sait, ce n spiulgmçnt
en Allemagne, e t par ticulièrementen
Prusse, queles nouveaux tarifs sont
le sujet d'ardentes controverses,
entre les écoles protectionnistes et
libre-échangistes, entre les défen
seurs des intérêts, en apparence
contraires, de l'agriculture et de
l'industrie j ils ont encore profondé
ment ému au dehors, lors de leur
publication il y a quelques mois,
les Etats circonYOisins, entre autres
la. Russie, mais surtout l'Autriche-
Hongrie, ainsi que l'Italie, toutes
deux politiquement unies à l'empire
allemand parle pacte de la Triple
Alliance. Cette émotion s'est même
traduite par des avertissements à l'a
dresse du puissant allié de Berlin
auquel on a fait entendre que le re
nouvellement de la Triple Alliance,
qui coïncide à peu près avec l'expi
ration prochaine des traités de com
merce actuellement en vigueur,
pourrait bien être remis en quesr
tion, si les tarifs projetés étaient
définitivement votés par le Reichs
tag.
II faut noter que ces objurga
tions et ces menaces visent même
le tarif minimum, car à l'exemple
de ce que nous avons en France, le
projet soumis au Reichstag com
porte l'établissement de deux ta
rifs : un tarif maximum susceptible
d'être modifié et atténué à la suite
de négociations avec les gouverne
ments étrangers, et un tarif mini
mum considéré, en principe* comme
immuable, comme devant • cons
tituer la nécessaire, l'indispensable
protection dont l'agriculture et
même l'industrie germaniques ont
un rigoureux besoin.^
La réforme douanière dont il s'a*
git étant surtout l'oeuvre du puis?
sant parti des « agrariens »,c'est-à-
dire des intérêts dé l'agriculture et
de la grande propriété rurale, il va
de soi que la surélévation de tarifs
que ce parti réclame porte princi
palement sur les produits agricoles
étrangers, afin d'en réduire," autant
que possible, l'importation en Al
lemagne ; de là, par voie de con-
séquences, l'émotion et les protège
tations de l'Autriche-Hongrie, pays
de grande production agricole ; de
là aussi, et pour les mêmes raisons,
les menaces de la Russie, qui ah-
nonôe d'inexorables représailles à
l'adresse de l'industrie allemande,
si son exportation agricole est trop
durement frappée par les tarifs yo-
On le voit, la discussion qui vient
de s'ouvrir à Berlin est à bien des
égards très intéressante, notam-
mèht au point de vue international.
F. L.
DES CHIFFRES
Le Journal officiel de la République
française mentionne aujourd'hui des
chiffres qui confirment de: la façon la
plus saisissante les théories que nous
n'avons cessé de développer.
Il s'agit du rapport sur le mouvement
de la population en France pendant l'an
née 1900.
Diminution de la natalité, toujours
grand nombre de divorces. Tels sont les
faits. ■ ' ;; - ■■■■■■■
Or, personne ne pourrait nier que ces
résultats ont deux causes,: l'alffaiblisse*
ment de la foi, la licence de plus en
plus grave des mœurs.
* •
Citons les chiffres :
La balance des naissances et des décès
se solde par un excédent de 25,988 décès,
alors que l'année précédente a,vait fourni
un excédent de 31,394 naissances.
Le nombre des divorces s'élève à
7,157.
On a enregistré 827,297 naissances,
soit 2,24 0[0 de la population légale.
C'est le plus faible coefficient qu'on
ait relevé en France depuis le comment
cernent du siècle. »
L'année précédente, on avait encore
inscrit 847,500 naissances.
Le nombre des décès a augmenté : il
s'élevait en 1899, à 816,293. II a atteint,
en 1900,153,285.
Oû dit souvent que rien n'est plus bru
tal qu'un chiffre. Nous engageons tous
nos compatriotes — amis et adversaires
— qui ont encore quelque souci de l'a
venir de la France à méditer ceux que
nous venons de relater.
J. M.
INQUALIFIABLE
^TL
Nous reproduisons d'après l'Autorité,
la lettre suivante qui aurait été adressée
à un député par M. Dumay, directeur des
cultes :
Vous avez bien voulu appeler mon atten
tion particulière sur l'attitude de M. l'abbé
Chartier, desservant de Sublaines (Indre-et-
Loire),à l'occasion notamment delà sonne
rie des cloches du 14 juillet dernier, et vous
m'aviez demandé la répression de la con
duite inqualifiable de cet ecclésiastique
dans cette circonstance.
Je m'empresse de vous informer que les
explications qui ont été fournies par M.
l'archevêque de Tours à M.le préfet d'Indre-
et-Loire ne m'ayant pas paru suffisantes,
j'ai éorit au prélat, à la date du 15 octobre
dernier, pour lui demander le déplacement
de M. Chartier ou, tout au moins, les ex
cuses de ce dernier à M. le maire de Sù-
blaines. . „ -
Je viens de rappeler ma lettre a M. I ar
chevêque, et vous pouvez être asauré que
je ne perdrai pas de vue l'intérêt que vous
portez à cette affaire.
Dt-la part d'un autre que M. Dumay,
cette lettre nous paraîtrait invraisembla-
ble.
De la part de M. Dumay, on peut s'at
tendre à tout, et si ce fonctionnaire est
l'auteur des lignes précédentes,on n'a qu'à
lui renvoyer cette épithète d' « inquali
fiable » qu'il décoche si incongrûment à
un respectable ecclésiastique.
EVIgr BILLARD
Une dépêche arrivée au dernier
moment nous apporte une doulou»
reuse nouvelle : Mgr Félix-Arsène
Billard, évêque de Carcassonne,
dont la santé laissait à désirer de
puis plusieurs années, vient de mou*
rir dans cette ville. ^ \
Le pieux et vénéré prélat était né
à SaintrValéry-en Caux (Seine-Infé
rieure) le 23 octobre 1829, d'une fa
mille qui donna plusieurs prêtres à
l'Eglise. Ayant fait ses études théo*
logiques au grand séminaire de
Rouen, il fut ordonné prêtre en
1853. Après quelques années de
Êrofessorat, il fut nommé vicaire à
ieppe, puis à Rouen. Il était curé
de Cauaebec, en "1868, lorsque S.
Em. le cardinal de Bonneçhose, qui
appréciait beaucoup sa sciepce et sa
piété, le choisit comme vicaire gé?
néral. Mgr Billard fut élevé au siège
épiscopal de Carcassonne par décret
du 17 février 1881, préconisé le 13
mai suivant et sacré à Rouen le
25 juillet de là même année. Durant
vingt années, il édifia ses diocésains
par ses vertus, et notamment par
son humilité profonde, sà charité
inépuisable. Il était comte romain
et prélat assistant au trône ponti
fical. ,
L'évêché de Carcassonnç, érigé
au VI 0 siècle et suffragant de Tou
louse, a compté parmi ses titulaire?
Roger, ordoiiaé par Léon III à la
demande de CJiarlemagne; Béren-
ger, qui fut chassé dp son siège par
les Albigeois ; Bernard de Roche*
fort, qui prêcha là croisade et prit
pour vicaire général saint Domini
que. Les derniers prédécesseurs
de Mgr Billard furent ÎS T N. SS. de
Bonneçhose, de la Bpuillerîe et
Leuilleux, qui 4pVU}t * archevêque
de Chambéry. \
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 29 novembre.
Le congrès de Bologne;*
Un- congrès de 150,000 paysans. ~ A Bolo
gne. Le mouvement agraire en Italie.
. -îLes conditions, des travailleurs de la
terre. — La fédération.' — Salariés "ét pe
tits propriétaires., — Tous socialistes. ' -
« Cette terre d'Italie, si féconde,
peut donc offrir encore quelque
spectacle nouveau à l'admiration du
monde. Ce que n'ont pu les paysans
de France ni ceux de l'Allemagne
ni même ceux de l'Angleterre, les
paysans d'Italie viennent de le réa
liser; et ils marchent à l'avant-
garde des revendications du prolé
tariat. »
C'est en ces termes que l'Avanti
exalte le congrès des paysans de
Bologne. Le langage unanime de la
presse, catholique aussi bien que
libérale, accorde. à ces assises de
Bologne sinon la même admiration
Edition quotidienne — 1.2,334
Mercredi 4 Dôcembr
"J
,.-.v ÉDITI ON QUOTID IENNE
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$■ ET départements" (union postale)
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LE MONDE
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits.qui lui sont adressés
' ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et 0,6, place de la Bourg» ,
PARIS, 3 DECEMBRE 1901
SOMMAIRE
Bismarck et Gain- ,
betta, Eugène Taterniw,
Union. P. V.
La question doua
nière en Allema
gne. % F» L..
Des chiffres J. M.
Correspondance ro
maine.;. ***
A la Chambre J. Mantenay. .
Lettres d'Egypte,....; A- G oipbîls...
Les conférences du
Luxembourg..... Edouard Alexandre
Bulletin. — Au jour le jour. —Inqualifia
ble. — Mgr Billard. — Les congréga
tions. — Informations politiques et par*
lementalres. — A l'Hôtel de Ville. —
Nouvelles coloniales. — A Lolgny. —
Fêtes et réunions. — Les motifs d'espérer.
— Les affaires de Chine, — La guerre du
; Transvaal. — La révolution en Colom
bie. —? Etranger. — A travers la presse.
— La question ouvrière. — Les anar
chistes. — Echos de partout. — Nécro
logie. -r- Nouvelles, diverses. — Ca
lendrier. — Tableau et bulletin de la
Bourse. — Dernière heure. "
BISMARCK ET GAMBETTA
Deux volumes viennent de paraî
trez-Allemagne, qui contiennent
une partie de la correspondance
inédite du prince de Bismarcks Ces
lettres, émanant de lui ou parfois
reçues par lui, "embrassent la lon
gue période pendant laquelle il
exerça l'autorité.
Parmi celles qui datent de 1877,
plusieurs ont' pour nous un in
térêt spécial, Elles expriment
les sentiments et les préoccupa
tions div chancelier vis-à-vis de
Gambetta, alors en possession du
Êouvoir de fait et en voie d'absorb
er notre politique et notre gouver
nement.
C'était au lendemain du Seize-
Mai. La lutte engagée par le maré
chal, sans organisation et sans, pré
paration, contre le courant répu
blicain opportuniste et radical^ ve
nait d'épuiser, avec les dernieres
ressources, les suprêmes espéran
ces, les suprêrpes illusions du
vieux monde conservateur. La dé
faite, certaine d'avance, s'était tour
née en déroute.-efc en désastre. On
met de longues années à se tirer de
pareils/.abaissements, quand,, par
• hasard, on en sort. Chef du parti
-victorieux, Gambetta était le maître
-reconnu, maitre du jour et du len
demain. Bismarck s'en rendait
compte pleinement, l'observait et le
saignait.
Un Allemand, qui avait eu jadis de
nombreuses relations dans la so
ciété parisienne, et qui, après avoir
occupé une situation officielle en
Alsace-Lorraine, était revenu s'ins
taller à Paris, le comte Henckel de
Donnersmarck, se proposa pour
remplir près de l'inventeur de l'op-
Îjortunisme une mission'de surveil-
ant. et d'intermédiaire officieux.
Installé an château de Pontchar-
train, il y recevait assez souvent la
visite de Gambetta. Le 17 octobre
1877, il faisait ses offres de service,
les justifiant par les rapports per
sonnels qu'il entretenait avec lui,
rapports qui permettaient d'écou
ter plutôt que de parler, grâce à la
« faconde des méridionaux ». Il in
voquait en outre une circonstance
f qui, peu connue en générai,
alors surtout, était cependant très
■exacte : au cours des années précé
dentes, Gambetta avait plusieurs
fois séjourné en Allemagne, exa
minant « avep des yeux bien ou
verts dç tous les cotés » et. sans
presque jamais trahir son inco-
.gnitç.
Treize purs après, le comte Her
bert de "Bismarck interprétait et
. traduisait l'ppipion de son père.
. Celui-ci' appréciait. beaucoup les
informations qui lui parvenaient
de la sorte ; mais il refusait nette
ment d'en transmettre de son côté.
Sa réserve était motivée par la
- crainte de compromettre Gambetta
devant les républicains français. Il
exposait cette considération, judi
cieuse .d'ailleurs, en termes assez
singuliers, qui révèlent l'idée qui ré
gnait autour du chancelier èt que
sans dfiute ii se faisait de lui-même.
L'ancien ministre de la Défense na
tionale ne pourrait, disait 4e comte
Herbert, se "soustraire à Vascendant
,,de Bismarck.,
^'intermédiaire officieux était zé
lé et entreprenant. Il rêvait d'une
démarche significative qui eût été
; le c6uroiinempnt .de sa. diplomatie :
mettre Bismarck et Gambetta face
à face, conduire ce dernier à
; Varzin, soit « publiquement », soit
,dans un secret qu'il se croyait as-
. euré de maintenir absolu.
Par retour du courrier la réponse
^arrive, écrite cette fois de la main
du prince de Bismarck. C'est un
, refus formel basé sur les motifs, si
gnalés déjà et confirmés par Une
appréhension originale, étrange et
presque comique. Le chancelier ré
puté tout-puissant, et qui entendait
bien l'être, craignait que ses ac
cointances avec un républicain n'ef
frayassent l'empereur. On voit que,
si étendue et si rude que fût l'in
fluence qu'il exerçait sur le vieux
Guillaume, il ne la jugeait pas inat
taquable ni même, au fond, très
solide.
Toutes les antipathies qu'il main
tenait courbées sous sa poigne bru
tale et sous le poids de sa personne
entière, il les sentait toujours fré
missantes et prêtes à le renverser.
Il devait sans repos surveiller,
manoeuvrer j attaquer. Cette néces
sité d'une continuelle défense, qui
prenait en lui le caractère de l'ob
session, le porta plus d'une fois à
soupçonner des menaces imaginai
res et à méconnaître le péril réel.
Il tomba quand il croyait n'avoir
plus besoin de ménager personne.
La main qui l'éloigna et le déposa
brusquement était celle dont il
attendait un secours docile et em
pressé.
Noûs allons voir le chancelier
égaré jusqu'à la manie sénile et
enfantine, par cette obsession qui
absorbait une grande part de son
énergie si active.
Il dit à tout propos, et son fils
écrit sous sa dictée,que, non seule
ment « lès Parisiens » mais aussi,
mais surtout les Jésuites et le Pape
souhaitent la guerre entre la France
et l'Allemagne!
Tout le monde se souvient des
révélations fourniès par le procès
d'Arnim, qui dura de 1874 à 1876.
Les pièces diplomatiques^ divul
guées alors démontrèrent à profu
sion que le prince de Bismarck
avait, avec une rigueur inflexible,
combattu le projet de restaurer la
monarchie parmi rous . Il comptait
que le régime républicain resterait
pour la France une cause de divi
sion, d'agitation et, par suite, d'ir-
rémédiabie faiblesse ; mais on est,
aujourd'hui, forcé d'admettre qu'un
autre raisonnement, bizarre et
fantastique, contribuait encore à
régler l'attitude de notre ennemi.
, Le chancelier craignait la monar
chie parce que, selon lui, elle devait
être l'instrument des Jésuites et du
Pape et que la guerre éclaterait
lorsque celui-ci en donnerait le si
gnal 1 C'est écrit au nom du grand
homme d'Etat et par son fils : « Sous
« un régime clérical, l'armée fran-
« çaise n'est autre chose que le sol?
« dat du Pape, qui doit marcher sur
« son ordre, où les Jésuites veulent
« la diriger... Nous ne voulons pas
« et n'avons pas besoin d'une guer-
« re avec la France ; nous croyons
« aussi qu'elle n'éelatera pas for
ce tuitement, aussi longtemps qn» lo
« Pape n'en donnera, pas l'ordre ex-
« près. Mais, si ce dernier entre en
« scène, il n'y a pas à espérer une
« longue paix. »
Nous avons ici le spectacle du
génie politique faisant la culbute
en pleine sottise. Ce seraitune belle
matière à philosopher que cet exem
ple. de défaillance ridicule chez un
homme qui jouissait ordinairement
d'une prompte et claire percep
tion des réalités. Si habilef à dé
router les combinaisons où il ris
quait d'être dupe, il se dupait lui-
même comme un badaud et comme
un malade. •
Les Jésuites et la Papauté, il ve
nait de les combattre dans'une
{;uerre. odieuse et absurde, qui ne
ui avait procuré que des humilia!
tions. La pensée qui l'avait porté à
engager un tel conflit se composait
de prétentions joséphistes etencore
plus d'illuminisme protestant. E n
face des décisions du Concile et
devant le dogme de l'infaillibilité
pontificale, Bismarck avait perdu la
tête. Lui qui se disait et se croyait
chrétien n'avait pas la notion de
l'Eglise organisée, vivante, ensei
gnante, hiérarchisée, soutenue par
l'assistance divine. L'arrogance du
politique s'enflammait, éperdue.
L'homme de la ruse et des coup?
de force ne comprenait rien à l'in
fluence des doctrines. Dérouté par
la vigueur d'un adversaire insaisis
sable, il supposait -des intrigues té
nébreuses. L'exaltation protestante
lui soufflait des conjectures dérai
sonnables, des combinaisons brU=
taies et chimériques. Le Gesù, le
Vatican, ces deux mots affolaient
"un esprit si fier de son équilibre.
"L'idée de la royauté française lui
apparaissait comme le complément
d'une conspiration permanente ; et,
dans son obsession, il apercevait le
Pape lançant.d'un geste l'armée
française sur l'Allemagne I
Entraîné par cette vision incohé
rente, il en faisait le sujet d'une
correspondance diplomatique et ré
glait là-dessus son programme et
ses.arrangements. Nous en avons
la, preuve dans une lettre de l'inter-
mediàire, lettre qui concerne: le
remplacement de notre -ambassa
deur à Berlin et le changement de
notre ministre des affaires étran
gères. Interprète du chancelier, le
comte Henckel a persuadé Gam
betta d'arracher aux « cléricaux »
la direction de notre politique exté
rieure. Ainsi le duc Decazes était
un clérical ! L'arrivée du protestant
Waddington effaçait uné telle in
convenance et supprimait un si
grave danger, C'est dit catégori
quement, dans u«e lettre du comte
Henckel.
Jusqu'où s'est étendue l'autorité
des conseils envoyés de Berlin à
Gambetta ? Nous le constatons par
un rapprochement de dates dont la
Eensée est venue au Temps, qui pu-
lie cette correspondance. En 1877
et en 1878, notre dictateur parlemen
taire est saturé de la passion dont
déborde Bismarck; il a envie de
donner directement, entre quatre
yeux, les assurances qu'on attend
de lui; il se prête à un projet de
voyage et de rencontre ; des dé
pêches circulent où le maître de
nos intérêts, assimilé à quelque lé
gume, est désigné sous le nom de
« primeurs»; le rendez-vous est
prêt et va S6 réaliser vers le 30 avril,
lorsqu'une circonstance encore in
connue fait renoncer, en même
temps, Bismarck et Gambetta.
Mais l'accord n'en a pas moins été
conclu ; et cinq mois après, le
22 septembre 1878, le tribun fran
çais déclame à Romans le célèbre
discours qui dénonce le clérica
lisme comme « le péril social » et
qui contient une longue diatribe
contre
« syllabiste ».
Gambetta faisait de l'ebsession
bismarckienne le programme de la
politique qu'il allait suivre ; qu'il lé
guerait à Jules Ferry ; où M. Wal-
deck-Rousseau puiserait de nou
velles ressources ; que d'autres intri
gants, d'autres sophistes, d'autres
énergumènes sé proposent bien
d'utiliser encore. Comme au XVI*
Siècle, la lutte antireligieuse ac
tuelle nous est venue de l'étranger;
comme autrefois, c'est le protestant
allemand qui ,a introduit et surex
cité parmi nous la discorde et la
haine.
Eugène T avernier.
"BULLETIN
: La Chambre a commencé hier la dis
cussion générale du budget de 1902.
M. Arthur Legrand etM. Puech n'ont
eu qu'à, prendre les chiffres d'augmen
tation dé dépenses, depuis quelques an
nées, pour faire un tableau inquiétant
de notre situation financière.
M. Bourrât a proposé, comme chaque
année, le rachat par l'Etat des réseaux
de chemins de fer.
■ Ce matin, suite de la discussion sur la
marine marchande.
Le gouvernement espagnol vient de
recevoir une énergique protestation du
Vatican contre le décret du ministre de
Vintérieur sn» congrégations reli-
gicUtSCS»
La note pontificale revendique pour
les ordres monastiques le droit de s'éta
blir en Espagne*, con formément au Con
cordat, sans être soumis à la forma*
lité de l'inscription non plus qu'à la loi
sur les associations.
L'arrivée à Barcelone de deux dépu
tés catalanistes a été l'occasion d'une
manifestation imposante.
La discussion des tarifs douaniers a
commencé au Reichstag..
Le chancelier de VEmpire a prononcé
un discours qu'on croyait devoir être
sensationnel et qui a constitué une dé
ception pour l'opinion publique.
Un passage est à noter pour en faire
son profit chez nous surtout : M. de
Bûlow, glissant légèrement lui-même
iur la situation économique inquiétante
de l'Allemagne, a voulu rappeler qu'on
allait discuter « devant des oreilles
étrangères p, et qu'on devait avoir le
sduçi de montrer la prospérité natio
nale.
Le gouvernement autrichien a déposé
unprojetde trois douzièmes provisoires
pour l'JO'Z.
Le député Tschau, beau-père du doc
teur Seidl qui s'est battu en duel avec
M, Wolf, a donné sa démission de mem
bre de l'Union pà ngermaniste.
Le congrès, des Etats-Unis s'est ou
vert par la lecture du message présiden
tiel.
M. Roosevelt traite de toutes les ques
tions intéressant la politique intérieure
el extérieure ; il termine par un acte
de reconnaissance au « Toul-Puis-
sant ».
Le docteur Leyds aurait déclaré à un
journaliste bêlge qu'il n'y a rien de
fondé au sujet des pourparlers de
paix.
Rien, même dans un avenir éloigné*
ne fait prévoir, a t-il dit, la fin de là
guerre.
Le docteur Alban, devenu « le générai
Carlos Alban », commandant les trou
pes gouvernementales, affirme n'avoir
plus besoin d'aucune aide pour assurer
la liberté, des communications dans
l'isthme. - ! ■ - . ;
Le préfet et autres fonctionnaires,
emprisonnés par les rebelles, ont repris
leurs postes.
UNION
La République est satisfaite du
discours de M. Jules Lemaitre à
Nancy. Lé journal de M: Méline re
connaît à peu près son programme
dans celui qu'a développé, aux ap
plaudissements du public, le prési
dent de la Patrie française. Que veut
l'orateur nationaliste ? Une armée
forte et respectée ; des finances gé
rées avec une sincère et sage éco
nomie ; une République libérale et
tolérante, parlementaire si on veut,
mais d'un parlementarisme qui ne
noiis fasse pas Tomber dansTariar-
chie et la déliquescence.
— Bravo! s'écrie la République ;
j'applaudis, car c'est là le pro
gramme des républicains modé
rés...
Le journal progressiste nous pa
rait avoir raison, et nous aussi
nous nous félicitons du discours de
M. Lemaitre. L'orateur continue
l'évolution fort avisée qui le ra
mène, avec beaucoup de ses adhé
rents, du terrain plébiscitaire et cé-
sarien à la politique, somme toute,
constitutionnelle. Il ne veut pas dé
truire, il veut améliorer ce qui
est.
Donc, nous sommes heureux du
langage tenu par le président de la
Patrie française, à cause de ce
qu'il a dit. Nous en sommes heu
reux, de plus, à cause du bon ac
cueil que lui font les progressistes.
N'est-ce point déjà un résultat, et
qui donne de l'espoir, que d'enten
dre ces anciens partisans de l'ar
ticle 7 déclarer, quand on de
mande une République libérale et
tolérante: — Mais voilà notre pro
gramme... -
Répétez-le, messieurs du centre,
proclamez-le en toute circonstance,
et vous enhardissant, conformez
chaque jour davantage votre atti
tude à ces louables aspirations.
Vous encouragerez, vous déciderez
ainsi M. Lemaitre et ceux qui mar
chent avec lui à se séparer formelle
ment des plébiscitaires etjdescésa-
riéns. Nationalistes et progressis
tes pourront alors,à la face du pays,
s'entendre et s'appuyer.
Ce ne sera pas tout. Il n'y a pas
que les progressistes et les natio
nalistes qui veulent l'armée forte et
respectée, des finances bien admi
nistrées, une République libérale et
tolérante. N'est-ce point là ce que
demandent aussi les catholiques
rangés sur le terrain constitution
nel avec M. Piou ? Pour faire triom
pher ce programme commun, les
trois éléments du grand parti des
honnevés goua (/caioi-t i = -'--I—
et leur union sera forte contre les
sectaires et les jacobins,
P. V.
AU JOUR LE JOUR
Au dire de la Liberté, M. Edgar Mon-
teil. grand inquisiteur de la Haute-
Vienne, aurait donné à ses fonctionnaires
les instructions suivantes :
« Ne taquinez pas les braconniers : ce
sont de braves gens qui vivent de leur
travail...
. « Mais, par exemple, quand vous ver
rez des gens bien habillés en contraven
tion avec la loi, n'hésitez pas à sévir con
tré eux. »
Si le propos est exact, il vaut tout un
poème, quoique plus court qu'un son
net.
On y voit la désinvolture avec laquelle
M. Edgar Monteil envisage la. perspec
tive de la destruction du gibier et; l!a-
gréable légèreté de cœur avec laquelle il
Bacrifie les intérêts agricoles.
On y voit son estime pour les irrégu
liers de la société* et son profond mépris
pour le droit de propriété individuelle.
On y voit enfin sa haine pour la mise
décente et correcte. Etre « bien habillé »,
dans la Haute Vienne, est presque un
délit. .
M. Edgar Monteil est prédisposé à
exercer les fonctions de proconsul dans
une république de sans-culottes.
• .4
' * •
Nqus donnons plus loin le résultat du
concours des jouets.
Notons que le 16 e prix, constitué par
une médaille en vermeil offerte par M.
Waldeck-Rousseau, a été gagné par un
M. Philippe, pour un jouet intitulé :
Clowns et grimaces.
IJn tel jouet, on le conçoit, méritait un
prix ministériel.
. m
• #
Le député Lemasson, dont nous avonq
annoncé la démission, avait depuis long
temps quitté la France, à la suite d'af
faires malheureuses qui l'invitaient, pa
rait-il, à mettre une certaine distance
entre lui et la mère-patrie.
Gela n'empêche pas que, dans tous les
derniers scrutins, ona irouvé dans l'urnp
le bulletin de M. Lemasson qui a servi,
très consciencieusement, à renforcer la
majorité ministérielle.
Et M. Waldêck-Rousseau a laissé im
pitoyablement se noyer un janissaire
aussi fidèle. Notre grand vizir est un in
grate
Ùné autre démission de législateur est
celle de M. Wolf, leader du parti prus
sien et protestant à la Chambre autri
chienne.
M. Wolf, en sa qualité de pourfendeur
du catholicisme, était un austère. Il par
lait de l'Evangile,avec onction. Il levait
les bras au ciel en contemplant les vices
des catholiques, et les damnait, du haut
de la tribune, pour les scandales jde leur
conduite.
Hélas ! il ne faut pas trop faire l'ange,
même lorsqu'on estle chef du parti prus^-
sien et protestant dans un pays autri
chien et catholique. G!est à la suite d'un
duel avec le professeur Seidl que M.
Wolf a dû donner sa démission, et il pa
raît que le professeur Seidl, qui est ma
rié, avait surpris chez le vertueux Wolf
de peu vertueuses relations sur lesqueliess
il ne convient pas d'insister. De là, cet
effondrement d'un personnage hier en
core si influent dans l'empire.
Guillaume II fera bien de choisir un
autre agent et le protestantisme un autre
apôtre.
M. Leygues aime Appollon. Tous deux
sont pères des muses. Le premier régit
actuellement notre Parnasse^ Le second
fut, dans l'Olympe mythologique, le mi
nistre des beaux-arts.
C'est peut être pour cela que M. Ley
gues, au printemps de l'année dernière,
emprunta au Louvre une statue d'Apol
lon, et même plusieurs autres, pour en
orner la cour de son ministère. Des ar
tistes protestèrent contre ce déménage
ment. M. Leygues les rassura en décla
rant que l'emprunt ne durerait pas plus
longtemps que l'Exposition. Il fallait,
durant les fêtes, que le ministère de l'ins
truction publique se fit beau, très, beau.
L'Exposition est bien loin, et Apollon
se morfond toujours dans la cour dumir
nistère, avec les autres statues. Elles y
reçoivent stoïquement la pluie, et ver
dissent sous la mousse. Voici un nouvel
hiver qui commence. Vont-elles conti
nuer à s'enrhumer en plein air ?
C'est la question que posent les Débats.
Mais on ne nous dit pas que M. Leygues
ait l'air de l'entendre. Apollon demeure
prisonnier de son moderne collègue. Il
s'abîme, mais qu'importe, puisque c'est
la France qui paie ! Et cela durera ainsi
jusqu'au complet délabrement du mar
bre... ou du ministère.
. Coit-sans-soif tombe en arrêt devant
l'affiche du concours général pour l'uti
lisation de l'alcool.
Et, haussant les épaules, avec une ex
pression de pitié transcendante.
— Comme s'il y avait deux manières
de l'utiliser !
[À QUOI MMIEBE ES ilLEÏiBB
Hier a commencé à Berlin,devant
le Reichstag ,la discussion des nou
veaux tarifs douaniers dont la
Prusse a pris l'initiative, mais qui
ont été longuement élaborés par le
Bundesrath, c'est-à-dire par les re
présentants de tous les Etats qui
composent l'empire germanique.
M. de Bulow, chancelier de l'Empire,
a ouvert ces importants et graves
débats par un large et habile expo»
auestion.
un le sait, ce n spiulgmçnt
en Allemagne, e t par ticulièrementen
Prusse, queles nouveaux tarifs sont
le sujet d'ardentes controverses,
entre les écoles protectionnistes et
libre-échangistes, entre les défen
seurs des intérêts, en apparence
contraires, de l'agriculture et de
l'industrie j ils ont encore profondé
ment ému au dehors, lors de leur
publication il y a quelques mois,
les Etats circonYOisins, entre autres
la. Russie, mais surtout l'Autriche-
Hongrie, ainsi que l'Italie, toutes
deux politiquement unies à l'empire
allemand parle pacte de la Triple
Alliance. Cette émotion s'est même
traduite par des avertissements à l'a
dresse du puissant allié de Berlin
auquel on a fait entendre que le re
nouvellement de la Triple Alliance,
qui coïncide à peu près avec l'expi
ration prochaine des traités de com
merce actuellement en vigueur,
pourrait bien être remis en quesr
tion, si les tarifs projetés étaient
définitivement votés par le Reichs
tag.
II faut noter que ces objurga
tions et ces menaces visent même
le tarif minimum, car à l'exemple
de ce que nous avons en France, le
projet soumis au Reichstag com
porte l'établissement de deux ta
rifs : un tarif maximum susceptible
d'être modifié et atténué à la suite
de négociations avec les gouverne
ments étrangers, et un tarif mini
mum considéré, en principe* comme
immuable, comme devant • cons
tituer la nécessaire, l'indispensable
protection dont l'agriculture et
même l'industrie germaniques ont
un rigoureux besoin.^
La réforme douanière dont il s'a*
git étant surtout l'oeuvre du puis?
sant parti des « agrariens »,c'est-à-
dire des intérêts dé l'agriculture et
de la grande propriété rurale, il va
de soi que la surélévation de tarifs
que ce parti réclame porte princi
palement sur les produits agricoles
étrangers, afin d'en réduire," autant
que possible, l'importation en Al
lemagne ; de là, par voie de con-
séquences, l'émotion et les protège
tations de l'Autriche-Hongrie, pays
de grande production agricole ; de
là aussi, et pour les mêmes raisons,
les menaces de la Russie, qui ah-
nonôe d'inexorables représailles à
l'adresse de l'industrie allemande,
si son exportation agricole est trop
durement frappée par les tarifs yo-
On le voit, la discussion qui vient
de s'ouvrir à Berlin est à bien des
égards très intéressante, notam-
mèht au point de vue international.
F. L.
DES CHIFFRES
Le Journal officiel de la République
française mentionne aujourd'hui des
chiffres qui confirment de: la façon la
plus saisissante les théories que nous
n'avons cessé de développer.
Il s'agit du rapport sur le mouvement
de la population en France pendant l'an
née 1900.
Diminution de la natalité, toujours
grand nombre de divorces. Tels sont les
faits. ■ ' ;; - ■■■■■■■
Or, personne ne pourrait nier que ces
résultats ont deux causes,: l'alffaiblisse*
ment de la foi, la licence de plus en
plus grave des mœurs.
* •
Citons les chiffres :
La balance des naissances et des décès
se solde par un excédent de 25,988 décès,
alors que l'année précédente a,vait fourni
un excédent de 31,394 naissances.
Le nombre des divorces s'élève à
7,157.
On a enregistré 827,297 naissances,
soit 2,24 0[0 de la population légale.
C'est le plus faible coefficient qu'on
ait relevé en France depuis le comment
cernent du siècle. »
L'année précédente, on avait encore
inscrit 847,500 naissances.
Le nombre des décès a augmenté : il
s'élevait en 1899, à 816,293. II a atteint,
en 1900,153,285.
Oû dit souvent que rien n'est plus bru
tal qu'un chiffre. Nous engageons tous
nos compatriotes — amis et adversaires
— qui ont encore quelque souci de l'a
venir de la France à méditer ceux que
nous venons de relater.
J. M.
INQUALIFIABLE
^TL
Nous reproduisons d'après l'Autorité,
la lettre suivante qui aurait été adressée
à un député par M. Dumay, directeur des
cultes :
Vous avez bien voulu appeler mon atten
tion particulière sur l'attitude de M. l'abbé
Chartier, desservant de Sublaines (Indre-et-
Loire),à l'occasion notamment delà sonne
rie des cloches du 14 juillet dernier, et vous
m'aviez demandé la répression de la con
duite inqualifiable de cet ecclésiastique
dans cette circonstance.
Je m'empresse de vous informer que les
explications qui ont été fournies par M.
l'archevêque de Tours à M.le préfet d'Indre-
et-Loire ne m'ayant pas paru suffisantes,
j'ai éorit au prélat, à la date du 15 octobre
dernier, pour lui demander le déplacement
de M. Chartier ou, tout au moins, les ex
cuses de ce dernier à M. le maire de Sù-
blaines. . „ -
Je viens de rappeler ma lettre a M. I ar
chevêque, et vous pouvez être asauré que
je ne perdrai pas de vue l'intérêt que vous
portez à cette affaire.
Dt-la part d'un autre que M. Dumay,
cette lettre nous paraîtrait invraisembla-
ble.
De la part de M. Dumay, on peut s'at
tendre à tout, et si ce fonctionnaire est
l'auteur des lignes précédentes,on n'a qu'à
lui renvoyer cette épithète d' « inquali
fiable » qu'il décoche si incongrûment à
un respectable ecclésiastique.
EVIgr BILLARD
Une dépêche arrivée au dernier
moment nous apporte une doulou»
reuse nouvelle : Mgr Félix-Arsène
Billard, évêque de Carcassonne,
dont la santé laissait à désirer de
puis plusieurs années, vient de mou*
rir dans cette ville. ^ \
Le pieux et vénéré prélat était né
à SaintrValéry-en Caux (Seine-Infé
rieure) le 23 octobre 1829, d'une fa
mille qui donna plusieurs prêtres à
l'Eglise. Ayant fait ses études théo*
logiques au grand séminaire de
Rouen, il fut ordonné prêtre en
1853. Après quelques années de
Êrofessorat, il fut nommé vicaire à
ieppe, puis à Rouen. Il était curé
de Cauaebec, en "1868, lorsque S.
Em. le cardinal de Bonneçhose, qui
appréciait beaucoup sa sciepce et sa
piété, le choisit comme vicaire gé?
néral. Mgr Billard fut élevé au siège
épiscopal de Carcassonne par décret
du 17 février 1881, préconisé le 13
mai suivant et sacré à Rouen le
25 juillet de là même année. Durant
vingt années, il édifia ses diocésains
par ses vertus, et notamment par
son humilité profonde, sà charité
inépuisable. Il était comte romain
et prélat assistant au trône ponti
fical. ,
L'évêché de Carcassonnç, érigé
au VI 0 siècle et suffragant de Tou
louse, a compté parmi ses titulaire?
Roger, ordoiiaé par Léon III à la
demande de CJiarlemagne; Béren-
ger, qui fut chassé dp son siège par
les Albigeois ; Bernard de Roche*
fort, qui prêcha là croisade et prit
pour vicaire général saint Domini
que. Les derniers prédécesseurs
de Mgr Billard furent ÎS T N. SS. de
Bonneçhose, de la Bpuillerîe et
Leuilleux, qui 4pVU}t * archevêque
de Chambéry. \
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 29 novembre.
Le congrès de Bologne;*
Un- congrès de 150,000 paysans. ~ A Bolo
gne. Le mouvement agraire en Italie.
. -îLes conditions, des travailleurs de la
terre. — La fédération.' — Salariés "ét pe
tits propriétaires., — Tous socialistes. ' -
« Cette terre d'Italie, si féconde,
peut donc offrir encore quelque
spectacle nouveau à l'admiration du
monde. Ce que n'ont pu les paysans
de France ni ceux de l'Allemagne
ni même ceux de l'Angleterre, les
paysans d'Italie viennent de le réa
liser; et ils marchent à l'avant-
garde des revendications du prolé
tariat. »
C'est en ces termes que l'Avanti
exalte le congrès des paysans de
Bologne. Le langage unanime de la
presse, catholique aussi bien que
libérale, accorde. à ces assises de
Bologne sinon la même admiration
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