Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-12-02
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 décembre 1901 02 décembre 1901
Description : 1901/12/02 (Numéro 12332). 1901/12/02 (Numéro 12332).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
{ D EPO TLÈC
t v3k
10 0 t
Lundi 2 Décembrë 1901
Edition quotidienne — 12,832
Lundi 2 Décembre 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS {UNION POSTALE)
Un an......;,. 25 » 36 »
Six mois...... 13 » 19 »
Trois mois 7 » 10 »
ÉDITION SEMI-QUOT IDIENKE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTKMEKTS (UXION POSTALE)
Un an... 13 » 20 »
Six mois...... 7 » 11 »
Trois nidis...., 4 » 5 50
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UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
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On s'abonne à Rome, place du Ges$, 8
"E.T
LE MONDE
Les abonnements partent des 1 er et 13 de chaque mois
L'UNIVERS ne répondras des mammriti qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C 1 », O. pîaee de la Bourse -
PARIS, 1 er DÉCEMBRE 1901
' SOMMÀ1BB V
Lettres sur la politi
que extérieure. L ucens.
Dieu cliassé de la
marine L -E P atriote.
Lettres de Belgique. L.
DomBelloniàBeîh-
léem.............. E.-J. R iquier,
Les conférences de
jeunes filles...... E douard A lexandre
Au cercle du Luxem
bourg E. A.
Feuilletons : Quin
zaines dramatiques
et artistiques. II enri D ac.
A travers les revues.
bulletin. — Nouvelles de Rome. —• Au
jour le jour. — Les congrégations.' —
Un manifeste des boxeurs. — L' « Eglise
nationale ». — Mgr Andrieu. — Informa-
tions politiques et parlementaires^ — Le
rapport du général Voyron. — Chroni
que électorale. — L'action libérale. —
Les femmes de France. — La : guerre da
Transvaai. — La révolution en Colom
bie. — Etranger. — A travers la presse.
— La question ouvrière. — Lettres,
sciences et arts. — Académie des soien-
ces. — Echos de partout, r— Cours et
conférences. — Conférences d'hommes à
Saint-Laurent. — L'œuvre de la Propa
gation de la foi. — Nécrologie. —■ Tribu
naux. — Nouvelles diverses?:. — Calen
drier. — Revue de la Bourse.
LETTRES
sir ia poifflon Briuau
Le débat sur l'emprunt chinois a
dévoilé invinciblement la fusion de
la franc-maçonnerie française avec
les Etats qui, au dehors^ poursui
vent,par l'effritement de notre pro
tectorat, notre diminution et, peut-
être, notre déchéance. Après les
discussions du Palais-Bourbon,
nous avons le droit d'affirmer cette
communauté d'action. C'est l'asser
vissement des intérêts fondamen
taux du pays aux prétentions d'un
faux humanitarisme et de la libre-
pensée jacobine. .Lorsque éclata la
révolution à Pékin, ce projet de
destruction s'ébaucha du coup,
dans les journaux sectaires du
monde entier. D'une voix unanime
et d'un geste uniforme, ils procla
mèrent deux points : l'unique res
ponsabilité des missionnaires et la
nécessité d'abolir le protectorat
français.
Lediscours de M. Ilubbard pro
cède logiquement de cette campa
gne. La publication du rapport
a confidentiel » du général Voyron
se rattache sans doute à la même
intrigue. Saurons-nous jamais les
vraies origines de l'odieuse indis
crétion ? Cette connaissance nous
donnerait certainement des élé
ments d'appréciation d'un rare prix.
Un journal a prétendu que, dans le
Bloc, M. Clemenceau publierait ,1e
texte intégral du rapport. Cette
coïncidence serait curieuse! Au dé
but de Vimbrog lio chinois, dans le
même Bloc, qui venait de paraître,
M. Clemenceau a consacré aux mis
sions et au protectorat de longues
colonnes, où s'annonçait la campa
gne, dont le discours dé M; Hub-
bard forme l'ultime prolongement
et l'écho presque autorisé. Culpa
bilité des missionnaires, embarras
qu'ils créent à la diplomatie; périls
et nocivité du protectorat : à Paris
et au dehors, la même, thèse s'en
seignait Bur tous les tons et sous
toutes les formes.
Pendant l'Exposition de 1900, au
gein même de la conférence delà
pai£, étrangers cupides de notre
privilège, et sectaires français, par
tisans de la çl laïcisation de la po
litique coloniale, Sô rencontraient
dans le même vœu d'abolition. Au
convênt de septembre,les Loges de
France ont adopta hautement cette
orientation. La suppression du pro
tectorat forme aujourd'hui le point
centrai du programme maçonnique,
comme il reste le but des puissan
ces rivales. Jadis, et encore main
tenant, c'était la mode de dénoncer
l'asservissement des catholiques à
un « pouvoir étranger », à la reli
gieuse magistrature do Rome. Des
derniers événements il résulte avec
évidence que patriotisme et catho
licisme, loin de s'exclure, se com
plètent,s'harmonisent, s'areboutent.
Malgré les ombres qui nous en
tourent, un éclair a jailli dans les
épreuves : c'est la constatation offi
cielle, positire, pertinente, irrévo
cable et décisive de l'accouplement
de la franc-maçonnerie avec les ad
versaires de la patrie. Ce n'est ni
une induction, ni une vague coïnci
dence, ni une preuve générale ; - la
révélation se produit sur un point
concret : le protectorat/ Elle s'af
firme à la fois dans le huis clos des
« temples » et au grand jour des
discussions parlementaires. La
puissance des Loges se révèle et se
. sait si irrésistible, que M. Ilubbard
lève les masques. Au génie dq la
malfaisance s'unissent le cynisme
et les extrêmes audaces..
Que si nous recherchions les rai
sons secrètes de cette inqualifiable
« trahison »,outre la haine du chris
tianisme, nous nous heurterions à
ce fait : c'est que les sectaires dé
nouent les liens entre notre diplo
matie et notre protectorat pour
rompre les derniers câbles entre la
Papauté et la France, la religion et
le pouvoir national. La sécurité et
le prestige du pays se subordonnent
à une ambition de prépondérance
et à un système philosophique. Ce
n'est pas la nation qui gouverne, ni
le bien public, ni l'Etat; c'est la
« religion » de la libre-pensée ; c'est,
comme on l'a dit, non sans bon
heur, Je « cléricalisme » maçonni
que (l).
Avec le discours de M. Waldeck-
Rousseau s'ouvre une palpitante
parenthèse.
Cette parole a causé avec rai
son un émoi profond. Les francs-
maçons formant l'appoint le plus
considérable de là majorité minis
térielle, quels résultats sortiraient
de cette lutte entre l'intérêt primor
dial du pouvoir et la cupidité téné
breuse des sectes ? Se produirait-il
un duel, une passe d'armes entre le
premier ministre et les «sauveurs»
du gouvernement ? Là se trouve
actuellement le ressort de la situa
tion. Nous ignorons les péripéties
cachées du combat. Il paraît que
des incidents curieux se seraient
produits. Les discours prononcés
au banquet du commerce et de l'in
dustrie, le 26 novembre, marquent
la cohésion nouvelle de l'accord,
sous l'égide, éternellement la mê
me, de la « coalition cléricale ».
Fixons ce mot de M. Brisson : il est
une lumière. Les adversaires ex
ploiteront avec une brutalité auda
cieuse toutes les fautes que com
mettraient les conservateurs.
Sous prétexte de « spectre cléri
cal », les chefs de l'alliance judéo-
socialiste-maçonnique ont ressoudé
les chaînons de l'attelage contradic
toire. A quel prix ? Il -nous semble
difficile d'admettre que le gouver
nement ait pu sacrifier le protecto
rat et les missions. Ce ne serait
plus le pouvoir, ce serait le syndi
cat de toutes les trahisons et de
toutes les déchéances. Le si lamen
table développement du conflit
(i)Cf.iebeauIivredeM.Lenervien:Le clé
ricalisme maçonnique. Chez Pétrin.
franco-turc a lumineusement dé
masqué les suites désastreuses de
la loi des associations. Cette faute
a créé dans le monde entier un état
d'esprit que nous ne modifierons
que par de3 prodiges de tact et de
circonspection. Cet état d'esprit,
c'est la persuasion que la Républi
que prépare elle-même la liquida
tion du protectorat ; c'est la sécu
rité où l'on est d'abolir nos derniers
privilèges et de se parer de nos
opulentes dépouilles.
A travers tous les pays s'enracine
cette certitude que la République est
condamnée à une politique centri
fuge et dispersive à l'heure où tou
tes les puissances s'appuient sur
des forces de concentration et d'ex
pansion. En un langage trépidant
(l'émotion contenue, M. Waldeck-
Rousseau a lui-même signalé le fu
nèbre et "saisissant contraste. La
loi sur les associations et notre con
flit avec l'Eglise nous font plus de
tort dans le monde que deux gran
des batailles perdues.
- L ucens.
•BULLETÎN
Demain, la Chambre va commencer
la, discussion du budget de Î902.
Deux ministres pérégrinent aujour
d'hui : le général André se rend à An-
goulême où la. municipalité lui offre un
banquet et M. Baudin doit présider
à N&ntua. l'inauguration du monument
élevé au représentant du peuple Bau-
din.
Le calme se rétablissant dans le bas«
sin hou^ller du Pas-de Calais, les trou
pes quittent peu à peu fa région pour
regagner leurs casernes.
Hier, le Reichstag allemand a conti
nué la discussion du code de la marine
marchande. Le chancelier de l'empire
a eu des conférences avec les chefs de
plusieurs groupes parlementaires en
vue d'arriver h un arrangement dans la
question du tarif douanier.
Hier, à. la Chambre italienne, M. di
Broglio, ministre du trésor; a fait l'ex
posé de la situation financière pour
Vannée courante et annoncéun dégrève
ment des taxes de consommation.
On. trouvera plus loin des détails sur
les conditions dans lesquelles les trou
pes insurgées, & Colon, ont fait leur
reddition.
On annonce que le croiseur français
Suchet a débarqué hier un détachement
d'infanterie de marine qui a occupé Je
terrain appartenant à ia Compagnie du
canal de Panama.
NOUVELLES DE ROME
Lundi 27 novembre.
Au Vatican.
Hier S. S. Léon XIII a reçu en au
dience particulière S. Em. le cardinal
Vincent Vannutelli, protecteur de l'œu
vre des conférences de Saint-Vincent de
Paul,qui a présenté le prince Louis Bon-
compagni, président du conseil supé
rieur de Rome.
Le prince Boncompagni a offert au
Pape le compte rendu de l'œuvre en 1900
et le denier de Saint-Pierre recueilli par
mi les sociétaires.
Chambre des députés.
Hier, a eu lieu la première séance de la
Chambre.
Le président, M. Villa, a fait, en bloc,
l'éloge des députés défunts, MM. Crispi,
Imbriani, Ccppino et Sandonato.
A propos des nouveaux sénateurs, le
député Pelîegrini a soulevé un incident.
Il s'agissait de proclamer vacants les
sièges des députés qui viennent de pas
ser au palais Madame.
Le député républicain Pelîegrini a
soutenu que la Couronne n'avait pas le
droit d'interrompre le mandat d'un élu
du peuple.
. ,;tc président n'a' pas laissé continuer
le débat, mais,cette thèse a été très dis
cutée à Montecitorio et bsaucoup de dé
putés l'ont tronvée juste. Ne serait-ce pas
un moyen pour le gouvernement de se
débarrasser de députés gênants? Et
qu'adviendrait-il si un député nommé
sénateur refusait ensuite cette fonction,
alors que la Chambre proclamerait son
siège vacant?
A peine deux cents députés étaient pré
sents.
la « pesta administrative » à Cataao.
Le gouvernement a dissous I'adminis-^
tration communale de Catane.
De très graves irrégularités ont été dé
couvertes parla commission d'enquête.
42 pour cent des revenus communaux
étaient absorbés par les frais d'adminis
tration.;
Il y avait 1,350 employés, pour lesquels
on dépensait 600,000 francs par an.
En 10 anSj il y avait eu d'ailleurs 20
administrations différentes, qui pour se
maintenir au pouvoir ont toujours suc
cessivement casé leurs protégés.
Les dépenses pour les élections, origi
nairement de 2,i>0Û lires, sont montées à
7,600.
Plus de 5,400 lires ont étédépenséesen
frets de voitures ; à Cetania, la course
coûte à peine 40 centimes.
Le total des revenus était de 3,679,685
lires; sur cette somme, les impôts de
consommation rapportaient à eux seuls
2)523,000 lires, payées en grande partie
par les pauvres.
Ces détails peuvent donner une idée
de la condition dans laquelle se trouvent
presque toutes les communes du Midi, et
ce qu'y a su faire le gouvernement libé
ral depuis 18C0.
AU JOUR LE JOUR
On va reprendre, à la Comédie-Fran
çaise, les Burgraves de Victor Hugo.
On se demande, à ce propos, Bi Ilugo,
le grand Hugo, le dieu Hugo, dont le
gouvernement s'apprête à célébrer le
centenaire avec la pompe des grands
jours, ne va pas avoir, comme sous la
Restauration, maille à partir avec la cen
sure. -
Dans les Burgraves, plusieurs passa
ges visent les juifs et parient de cette
race en termes des plus méprisants.
Or, il y a quelques mois, une pièce où
l'auteur mettait en scène un juif, qui ne
jouait pas un beau rôle, a été transfor
mée, et le juif a été baptisé ® cosmopo
lite ».
Toîersra*t»on, chez Victor Hugo lai-
même, ce crime de lèse-majesté contre
les puissances du jour ? Et si « Anasta-
eie » brandit ses ciseaux, que dira l'om
bre olympienne du poète, de ce poète qui
rugissait quand la censure de Charles X
se mêlait, par pudeur, de lui corriger çà
et là quelques hémistiches ?
Nous avons dit que deux élèves de
i Saint-Cyr s'étaient battus en duel et
que l'autorité militaire, à la suite de cet
acte, leur avait infligé à chacun quatre
joyTS de prison.
■ C est irès bien, et nous trouvons cette
sévérité fort compréhensible. Seule
ment, si les deux élèveB n'avaient pas
voulu se battre en duel, cette même au
torité ne les aurait-elle pas forcés d'aller
sur le terrain ?
0n sait que la chose se voit communé
ment dans l'armée. Vous ne vous batu z
pas? Vous serez puni. Vous vous battez?
Vous le serez quand même.-
Que faire dbnc ? Le général André, qui
bouleverse l'année, respecterg-t-il uni
quement les vrais abu3 qui s'y rencon-"
trent ? '
»
v ' ■,■■■ « * ...
Une famille où le divorce est à la mo
de, c'est ceile du grand duc Ernest-Louis
de liesse. Ce principicule, en divorçant
avec la princesse Victoria-Mëlita de Co-
bourg-Goiha, après six ans de mariage,
ne fait que suivre l'exemple de son père
et de ses ancêtres.
Son père, feu îe grand-duc Louis IV,
épousa, en 1885, morganatiquement, la
comtesse Ilutten-Szapeka et divorça dans
la même année ; son oncle, le prince
Henri, vit, séparé de sa deuxième épouse
morganatique, ia baronne de Jopanek ;
un autre oncle, le prince et landgrave
Alexis de Hesse, divorça avec son épouse
la princesse Louise de Prusse, qu'il avait,
diî-oa, Ihabituide de battre et de traîner
par les cheveux à travers les salles du
château Monbijou & Berlin ; le prince
Guillaume de Hesse divorça avec la prin
cesse Elisabeth fie Schaumbourg-Lippe ;
le frère et la sœur du prince Guillaume,
la princesse Maria-Augusta et le prince
Charles, divorcèrent également, la prin-
"cesse avec son cousin, le prince de Hesse-
Philippsthal, et le prince Charles avec la
comtesse Hermine de Grothe ; le prince
Guillaume-Frédéric-Erneet de IleBse se
maria quatre fois, une fois $vec la prin
cesse Louise de Bentheim, une autre fois
avec la princesse Marie de llanau-
Schaumbourg,
Quand un mariage a lieu dans cette
famille, leB fiancés doivent « y aller »
avec d'étranges dispositions d'esprit. On
ne dit pas si le pasteur qui bénit ces
courtes unions souhaite aux mariés, dans
son discours, un divorce aussi prompt
eu aussi tardif que possible.
Entre bonnes amies.
— Comment se fait-il que celte pauvre
Léocadie arbore toujours des toilettes si
criardes ?
— Que veux-tu, ma chère, elle est
sourde!
; .. . 4 — — .
LES COESBÊGITISSS
Les conseils municipaux.
Le conseil municipal d'IIenne-
bont, par 13 voix contre 3 et 2 abs
tentions, a émis au scrutin secret
un avis favorable à la demande d'au
torisation faite par les Eudistes de
Iverloia.
— Le conseil municipal de Car-
maux, appelé à se prononcer sur la
demande en autorisation des Sœurs
de l'Agonie garde-malades, a émis
un avis défavorable.
— Le conseil municipal de Lié-
vin, appelé à donner son avis sur la
demande d'autorisation formulée
par les Frères Maristes établis dans
cette ville, a donné, par 10 voix con
tre 9, un avis favorable.
ASÏarseiiîe.
La congrégation du Sacré-Cœur-
de-Jésus-Énfant, qui a sa maison-
mère à Marseille, boulevard de la
Madeleine, 88, et possède une pro
priété au Prado et un établisse-
met à La Viste, est une de celles
qui ont décidé de se dissoudre,
plutôt que de demander l'autorisa
tion. Avant l'expiration de la date
fixée comme dernier délai, les mem
bres de la congrégation se sont
dispersés.
Slalgré ce fait, à l'audience de la
1^" chambre, M. Guyon, procureur de
la République, a présenté au tribu
nal une requête tendant à pronon
cer la dissolution de la société
comme £i elle n'était pas déjà dis
soute. M. Guyon a demandé égale
ment de nommer un liquidateur et a
proposé, à cet effet, M" Savy,^ no
taire. Le jugement de la l ro cham
bre sera rendu dans une prochaine
audience.
DILi CHASSÉ DE LA MARINE
POMM PII QUI ?.. PII LES FF.'.
L'ardent écrivain qui, sous le
nom d'Un patriote, a publié contre
la franc-maçonnerie de si vigoureu
ses et si concluantes brochures,
nous envoie cette intéressante com*'
munication :
M. de Lanessan vient; le 5 novembre
dernier, de porter un décret signé par le
président de la République et de prendre
un arrêté pour :laïcise;r la marine et en
chasser Dieu absolument. Par ses pres
criptions, draconiennes, il y rend tout acte
religieux à peu près impossible. Il sup*
prime dans le règlement des navires de
la flotte française, tout ce qui tendait à
procurer à nos marins, si profondément
religieux, un exercice du culte catholi
que respecté et convenablement facilité.
Le ministre de la marine déclare, dans
son rapport au président de la Républi
que, qu'en agissant ainsi, il ne veut que
sauvegarder la liberté de conscience et
« assurer à tous les hommes l 'exercice
du culte de leur choix, sans imposer à
aucun la moindre pratique contraire à sa
foi ou à son opinion ».
Défenseurs de la liberté de conscience,
les sectaires qui nous gouvernent 1...
ceux qui enlèvent aux parents les écoles
de leur choix pour leurs enfants, ceux
qui persécutent tous les fonctionnaires
encore un peu croyants, ceux qui défen
dent aux chrétiens français de prati
quer la perfection du christianisme dans
la vie religieuse, en attendant qu'ils
proscrivent le christianisme lui-même;
quelle moquerie !... Mais en particulier
mensonge grossier, quand il s'agit du
nouvel ukase de M. le ministre.
Et, en effet, remarquons-le tout d'a
bord, les décrets et arrêtés que M. de
Lanessan corrige ou supprime ont été
portés en- 1885 et en 1886, c'est-à-dire
par des ministres républicains.-Ceux-ci,
ministres républicains, auraient donc,
d'après M. de Lanessan, fait ou confirmé
des prescriptions contraires à la liberté
de conscience ! À qui fera-t-il croire
cela ?
Ensuite, parmi les articles supprimés
se trouve celui-ci:
Article 538. r- Lorsqu'il y a un aumônier
à bord, il est fait à l'heure indiquée par le
tableau de service, une instruction reli<
gieuse à laquelle assistent facultativement
les hommes de la bordée qui n'est pas à
l'école élémentaire. -
Ne faut-il pas être insensé pour pré
tendre qu'une instruction religieuse fa
cultative est contraire à la liberté de
conscience et qu'on se fait le champion
de la liberté de conscience en suppri
mant cette instruction facultative ? Au
tant vaudrait dire que l'existence mê
me de la religion, des églises et du prê
tre sont contraires à la liberté de cons*
cience !... C'est donc par une hypocrisie
manifeste que M. de Lanessan se pose en
défenseur des droits sacrés de la cons
cience humaine.
Il B'agit par conséquent de déchirer
les voiles. -
Pourquoi M. de Lanessan a-t-il agi et
sous quelle impulsion ?
Le voici :
Notre ministre de la marine est franc-
maçon, et de plus, ce qui n'est arrivé à
aucun ministre jusqu'à présent, fait par
tie de l'état-major de la franc-maçon
nerie ; il est membre du Conseil de l'Or
dre du Grand-Orient. En cette qualité,
on le comprend, il exécute plus ardem
ment et plus ponctuellement, que d'au
tres, tout ce qu'a décidé la congrégation
néfaste qui s'appelle la fédération du-
Grand-Orient.
Déjà, pour ce motif, M. de Lanessan a
supprimé, l'année dernière, lui le pre
mier, les coups de canon le vendredi-
saint ; plusieurs oonvents maçonniques,
et spécialement celui de septembre 1899,
le lui avaient enjoint (compte rendu da
convent de 1899, p. 265). ; ;
Et maintenant encore, pour cette mo
dification du règlement des bâtiments de
la flotte, de quelle volonté, de quela dé
sirs, de quel mouvement d'opitûon M. le
ministre se fait-il l'exécutaur?
E3t-ce que nos braves marins avaient
réclamé eontre lea exercices religieux
qui se font à bord? contre la messe qui
s'y dit suivant des prescriptions ré
glementaires et de tradition immémo
riale? Aucunement... et nos prôneura
FEUILLETON DE L'UNIVERS
DU 2 DECEMBRE 1901
QUINZAINES DRAMATIQUES
JST ARTISTIQUES
Si les auteurs du drame,Au téléphone,
que vient de représenter lé Théâtre-
Antoine,ont eu pour but d'inspirer à leur
auditoire un sentiment de terreur et
d'horreur; ils y sont parfaitement arri
vés. MM. de Lorge et Charles Foley s'em-
parant d'un fait réel qui s'est passé, pa
rait-il, dans, la banlieue de Rennes, ont
composé un drame en deux actes d'une
gra»d e simplicité de moyens et d'une in
tensité dramatique très poignante.
Dans une campagne éloignée, M.André
Marex,appelé par ses affaires à Vitré, at
tend impatiemment une voilure, qui doit
ïe transporter à la gare prochaine. Mar
the, sa femme, fait les derniers prépara
tifs. Elle boucle sa valise. Le .petit en
fant, qui tombe déjà de sommeil, dit
adieu à tsoïi papa. Le Îemp3 esj affreux.
Une pluie serrée tombe sinistrement et
le vent gémit dans les arbres. En par
tant, I e roalirc recommande à spn per-
vitsur Justin de bien fermer le$ volets et
les portes, cur la contrée n'est pas Eftre.
Il dit à sa femme qu'il a laissé dans le
tiroir d'une table un revolver chargé, à
titre de précaution. Puis la voiture ar
rive. Il embrasse encore une fois les
siens et disparait.
La vieille domestique, Nanette,
berce l'enfant, est agités de pressenti
ments lugubres-Bile ne pense qu'aux vo
leurs, aux assassins et rappelle de tragi
ques histoires. Elle va près d'une fenêtre
et jette un cri'. Elle a vu un homme à
face patibulaire qui l'a effrayée. Cet
homme entre tout à epup. Il est porteur
d'une lettre pour le Berviteur Justin et il
dit qu'on l'a chargé de la lui remettre sans
retard; car elle doit lui faire connaître
que sa mère est gravement malade et
l'^ppelje au plus vite. Elle habite au vil
lage voisia. '.. .
La jeune femme fait remettre à Justin
la lettre qu'on vient d'apporter. Pendant
ce teipps, l'individu jette des regards
furtifs autour de lui pour Inspecter le sa
lon, s'empare du revolver et s'enfuit.
Quand la vieille domestique rentre, elle
cherche vainement le pgrteyr de la let
tre. Justin, affolé par la maladie subite
de sa mère, a demandé la permission
d'aller la voir et a promis de rentrer
dans quelques heures. Il part. On ferme:
les volets et les portes. Naneife est rer
prise de terreur. On entend des coups de
sifflet au dehprs et des de pas.
Marthe se met pour se rassurer au télé
phone et demande à parler à son mari
qui doit être arrivé chez ies amis ou il
p&eeprs la sçirée... La toile tombe sur
une impression d'angoisse Indéfinissa
ble. .'.
Quelque teir f pg après, elle se relève et
nous voyons le mari, àj. 4îare?j prpn^pt
tranquillement le café avec ses ajpis. Qn
l'appelle tout à coup eu téléphone. Il y
va et souhaite le bonsoir à sa femme et
à son enfant et s'étonne des terreurs fol
les de ea domestique. Il lea plaisante et
revient à Ses .amis. Mais on le rappelle."
EMore il apprend peu ï qçu ce
passe... les inquiétudes deviennent une
terrible réalité,., des hommes essaient
d'enfoncer la porte... l'enfant crie et
pleure... Le mari affolé dit à sa femme
de prendre le revolver qu'il lui a laissé.
Elle le cherche vainement. Il a disparu.
Le ir,arj entend tout à coyp la rupture
des portes, l'entrée des meurtriers, les
cris des victimes et il tombe évanoui...
Le téléphone lui a tout révélé et il n'a
rien pq faire pour sauver ceux qu'il ai-
îpait,
M; Antoine, qui joue le rôle si difficile
de M. Marex, a exprimé d'une façon tra
gique les inquiétudes et les tortures qui
le pénétraient peu à peu et le faisaient
f rissenner, I^asalîe gn était tonte haletante
et je n'aurais jamais cru qu'on aurait pu
arriver à causer une angoisse aussi in-
tesase avec quelques gestes, quelques
cris et à l'aide d'un instrument banal qui
n'a par lui-même aucune valeur drama
tique.
Mais si, secouant cette émotion artifi
cielle, je viens au drame lui-même, je
suis forcé^e reconnaître que ce n'eBt pas
là du vrai théâtre. J'ai été pris parles
entrailles comme on l'est devant une
scène d'horreur. L'Énigme fait décidé
ment des petits.Les deux actes de M.IIer-
vieu, durs, précis, violent?, farouches,
ont fait naître les deux actes de MM. de
Lorze et Ch. Poley. Ah ! nous aliona en
ygir in^intenant de ces f^its-divers
transportés à la Bcène et substituant
leur mécanique brutale à la psychologie
B) étudiée d'autrefois! C'est sur les nerfs
des gens qu'on frappera désormais. Les
dramaturges ïie viseront plus au cœur ;
ils chercheront à agir sur l'éplgagtjs et
cela promet de jolis résultât pur 1^
santé des spectateurs qui viennent géné
ralement de dîner et se sont hâtés d'aller
au théâtre pour y finir agréablement leur
soirée. Après le théâtre médical, voici le
théâtre mécanique et instantané.
On va nous donner d' ; s pièçes~comme
celle qu'Alphonse Karr appelait spiri
tuellement a un drame en trois minutes >
et qu'il résumait ainsi :
1" minute. — Un monsieur, entre dans
une salle et cherche avec anxiété autour
ds lui, furgt? dzns tous les coins, puis
s'en va,
2 e minute. —.Unedame et un monsieur
entrent par une porte de côté et vont
s'asseoir sur un divan oîi ils çniisent ai
mablement. .
3 f minute. — Le monsieur du com
mencement revient, sort un revolver de
sa poche et pan, pan ! les foudroie tous
deux. Puis il va regarder ses victimes et,
avec une surprise douloureusç, 3'fèCiûe ;
« Je suis t'ïîHûpé.tJe n'est pas eux
Voilà du drame rapide et émouvant, ou
je ne m'y connais guère ! Eh bien,
plajsantçpe q p.^ïti nous y revenons à
grands pas.
L^Théâtre-Antoine a Voulu nous dis
traire ensuite avec Les Balances de M-
Georges Courteline. âl. La brige vient
voir l'avoué'Lonjumel et lui raconte tou
tes ses misères. Sans être en= aucune fa
çon un criminel, il a le talent d'avoir
sans oesse maille â partir avec laJustice
et d'attraper des condamnations à tort et
à travers, alors qu'il est innocent ou
presque- Exemple: on lui doit de l'argent,
Il poursuit son débiteur. Mai#-
ceUii ci est
./■.s, La Tirlcre est con-
v.^intîé aux frais. Furieux, il descend au
café voisin du Palais et il prend un jour- 1.
nal pour se distraire. Un monsieur fa
rouche réclame ce journal comme lui ap
partenant et le traite de fiiou. Lui, fu
rieux, répond simplement ; « Vous en
êtes un antre I d Le monsieur constitue
des témoins, leur fait signer un procès-
verbal et- saisit le tribunal correctionnel
de l'çffense qui lui a été faite.
Or, il se trouve que l'offensé est un.
vieux cheval de retour. Mais il parait
que le mot « filou », qui ne peut être une
offense pour un honnête homme coince
La Brige, en devient une peu? celui qui
ne l'est pas. Pe çet individu à La Brige
il y ïjvait injure simple ; roaig da La Bri»
ge à cet individu il y avait diffamation.
La Brige est donc condamné à l'amen
de et à la prison. Ce n'est pas tout.
Il achète une maison de campagne et
veut faire réparer la toiture. Prcôès-ver-
bal dressé par le garde champêtre, parce
qu'il n'a paa demandé l'autorisation à la
mairie et que la maison n'était pas dans
l'alignement. La ' préfecture lui envoie
quelque temps après l'ordre de ravaler sa
maison. Il procède à ce ravalement désa
gréable. Nouveau procès-verbaî, pour
n'avoir pas l'gutcrisaiien de la commune.
Plaidoirie, condamnation nouvelle, etc.
 toutes ces doléances, l'avoué Beau-
fumel répond par un sourire et par de
petits cris ironiques. La Brige a tort de "
se plaindre. La justice a deux balances.
Ce n'est pas une raison pour que.l^
poids soient égaux et la w^ure égale.
La Brige s'en va ^J r i eux e t trouve détes
table ggjjjété q U i le traite ainsi. Pen
dant sa conversation, il a vainement es
sayé d'allumer une cigarette et il ajoute
à Be3 récriminations comiques des plain
tes amàrçs contre le monopole et contre
la régie. Cette facétie a fait rire, raaîs
. moins que l'Article 330. Noua attendons
M. Courteline à quelque jolie et fine sa
tire en trois actes où son talent d'obser*
vateur spirituel ferait merveille, sans au
cun doute,
L'Gdéen vient de renouveler Bon affi
che avec le Hors la. loi de M. Meunier et
la Maison de M. Qeorges Mitchell. Hors
la loi est un petit acte sentimental de
M. Luoien-Victor Meunier. L'auteur s'est
servi pour sa composition d'un épisode
historique. Il 8'agit de la mort de Con-
dorcet. On sait que, proscrit par la Con
vention le 3 octobre 1793, le philosophe
se réfugia chez la veuve du sculpteur
Louis-François Vernet. Cette femme gé
néreuse le cacha dans uns mansarde
pendant de longs mois et lui prodigua les
attentions les plus délicates. C'est elle
qui l'engagea è écrire son Esquisse d'un
tableau historique des progrès de, l'es
prit humain pour occuper ses tristes
loisirs. Touché de tant .de bonté, Co©-
dorcet composa une épitre où il se pei
gnait sous les traits d'un Polonais exilé
en Sibérie. Il la dédiait à sa femme.maia
il n'y oubliait pas le dévouement de son
hôtesse. Il en est resté; deux vers qua
j'aurais voulu voir reparaître dans la
petite pièce de M. Meunier : . .
Us Hl Ont dit : Choisis d'être p^pyegggur ou
[victime?
J'embrassai le malheur et leur laissai le
[crime l
Se rendant compte, après la mort de
sea amis, du danger que courait Mine
Vernet, il voulut la quitter et il lui dit :
« Je ne tiens pas à vous .exposer aux dan-
t v3k
10 0 t
Lundi 2 Décembrë 1901
Edition quotidienne — 12,832
Lundi 2 Décembre 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS {UNION POSTALE)
Un an......;,. 25 » 36 »
Six mois...... 13 » 19 »
Trois mois 7 » 10 »
ÉDITION SEMI-QUOT IDIENKE
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UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent.
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17 (VI e arr.)
On s'abonne à Rome, place du Ges$, 8
"E.T
LE MONDE
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L'UNIVERS ne répondras des mammriti qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C 1 », O. pîaee de la Bourse -
PARIS, 1 er DÉCEMBRE 1901
' SOMMÀ1BB V
Lettres sur la politi
que extérieure. L ucens.
Dieu cliassé de la
marine L -E P atriote.
Lettres de Belgique. L.
DomBelloniàBeîh-
léem.............. E.-J. R iquier,
Les conférences de
jeunes filles...... E douard A lexandre
Au cercle du Luxem
bourg E. A.
Feuilletons : Quin
zaines dramatiques
et artistiques. II enri D ac.
A travers les revues.
bulletin. — Nouvelles de Rome. —• Au
jour le jour. — Les congrégations.' —
Un manifeste des boxeurs. — L' « Eglise
nationale ». — Mgr Andrieu. — Informa-
tions politiques et parlementaires^ — Le
rapport du général Voyron. — Chroni
que électorale. — L'action libérale. —
Les femmes de France. — La : guerre da
Transvaai. — La révolution en Colom
bie. — Etranger. — A travers la presse.
— La question ouvrière. — Lettres,
sciences et arts. — Académie des soien-
ces. — Echos de partout, r— Cours et
conférences. — Conférences d'hommes à
Saint-Laurent. — L'œuvre de la Propa
gation de la foi. — Nécrologie. —■ Tribu
naux. — Nouvelles diverses?:. — Calen
drier. — Revue de la Bourse.
LETTRES
sir ia poifflon Briuau
Le débat sur l'emprunt chinois a
dévoilé invinciblement la fusion de
la franc-maçonnerie française avec
les Etats qui, au dehors^ poursui
vent,par l'effritement de notre pro
tectorat, notre diminution et, peut-
être, notre déchéance. Après les
discussions du Palais-Bourbon,
nous avons le droit d'affirmer cette
communauté d'action. C'est l'asser
vissement des intérêts fondamen
taux du pays aux prétentions d'un
faux humanitarisme et de la libre-
pensée jacobine. .Lorsque éclata la
révolution à Pékin, ce projet de
destruction s'ébaucha du coup,
dans les journaux sectaires du
monde entier. D'une voix unanime
et d'un geste uniforme, ils procla
mèrent deux points : l'unique res
ponsabilité des missionnaires et la
nécessité d'abolir le protectorat
français.
Lediscours de M. Ilubbard pro
cède logiquement de cette campa
gne. La publication du rapport
a confidentiel » du général Voyron
se rattache sans doute à la même
intrigue. Saurons-nous jamais les
vraies origines de l'odieuse indis
crétion ? Cette connaissance nous
donnerait certainement des élé
ments d'appréciation d'un rare prix.
Un journal a prétendu que, dans le
Bloc, M. Clemenceau publierait ,1e
texte intégral du rapport. Cette
coïncidence serait curieuse! Au dé
but de Vimbrog lio chinois, dans le
même Bloc, qui venait de paraître,
M. Clemenceau a consacré aux mis
sions et au protectorat de longues
colonnes, où s'annonçait la campa
gne, dont le discours dé M; Hub-
bard forme l'ultime prolongement
et l'écho presque autorisé. Culpa
bilité des missionnaires, embarras
qu'ils créent à la diplomatie; périls
et nocivité du protectorat : à Paris
et au dehors, la même, thèse s'en
seignait Bur tous les tons et sous
toutes les formes.
Pendant l'Exposition de 1900, au
gein même de la conférence delà
pai£, étrangers cupides de notre
privilège, et sectaires français, par
tisans de la çl laïcisation de la po
litique coloniale, Sô rencontraient
dans le même vœu d'abolition. Au
convênt de septembre,les Loges de
France ont adopta hautement cette
orientation. La suppression du pro
tectorat forme aujourd'hui le point
centrai du programme maçonnique,
comme il reste le but des puissan
ces rivales. Jadis, et encore main
tenant, c'était la mode de dénoncer
l'asservissement des catholiques à
un « pouvoir étranger », à la reli
gieuse magistrature do Rome. Des
derniers événements il résulte avec
évidence que patriotisme et catho
licisme, loin de s'exclure, se com
plètent,s'harmonisent, s'areboutent.
Malgré les ombres qui nous en
tourent, un éclair a jailli dans les
épreuves : c'est la constatation offi
cielle, positire, pertinente, irrévo
cable et décisive de l'accouplement
de la franc-maçonnerie avec les ad
versaires de la patrie. Ce n'est ni
une induction, ni une vague coïnci
dence, ni une preuve générale ; - la
révélation se produit sur un point
concret : le protectorat/ Elle s'af
firme à la fois dans le huis clos des
« temples » et au grand jour des
discussions parlementaires. La
puissance des Loges se révèle et se
. sait si irrésistible, que M. Ilubbard
lève les masques. Au génie dq la
malfaisance s'unissent le cynisme
et les extrêmes audaces..
Que si nous recherchions les rai
sons secrètes de cette inqualifiable
« trahison »,outre la haine du chris
tianisme, nous nous heurterions à
ce fait : c'est que les sectaires dé
nouent les liens entre notre diplo
matie et notre protectorat pour
rompre les derniers câbles entre la
Papauté et la France, la religion et
le pouvoir national. La sécurité et
le prestige du pays se subordonnent
à une ambition de prépondérance
et à un système philosophique. Ce
n'est pas la nation qui gouverne, ni
le bien public, ni l'Etat; c'est la
« religion » de la libre-pensée ; c'est,
comme on l'a dit, non sans bon
heur, Je « cléricalisme » maçonni
que (l).
Avec le discours de M. Waldeck-
Rousseau s'ouvre une palpitante
parenthèse.
Cette parole a causé avec rai
son un émoi profond. Les francs-
maçons formant l'appoint le plus
considérable de là majorité minis
térielle, quels résultats sortiraient
de cette lutte entre l'intérêt primor
dial du pouvoir et la cupidité téné
breuse des sectes ? Se produirait-il
un duel, une passe d'armes entre le
premier ministre et les «sauveurs»
du gouvernement ? Là se trouve
actuellement le ressort de la situa
tion. Nous ignorons les péripéties
cachées du combat. Il paraît que
des incidents curieux se seraient
produits. Les discours prononcés
au banquet du commerce et de l'in
dustrie, le 26 novembre, marquent
la cohésion nouvelle de l'accord,
sous l'égide, éternellement la mê
me, de la « coalition cléricale ».
Fixons ce mot de M. Brisson : il est
une lumière. Les adversaires ex
ploiteront avec une brutalité auda
cieuse toutes les fautes que com
mettraient les conservateurs.
Sous prétexte de « spectre cléri
cal », les chefs de l'alliance judéo-
socialiste-maçonnique ont ressoudé
les chaînons de l'attelage contradic
toire. A quel prix ? Il -nous semble
difficile d'admettre que le gouver
nement ait pu sacrifier le protecto
rat et les missions. Ce ne serait
plus le pouvoir, ce serait le syndi
cat de toutes les trahisons et de
toutes les déchéances. Le si lamen
table développement du conflit
(i)Cf.iebeauIivredeM.Lenervien:Le clé
ricalisme maçonnique. Chez Pétrin.
franco-turc a lumineusement dé
masqué les suites désastreuses de
la loi des associations. Cette faute
a créé dans le monde entier un état
d'esprit que nous ne modifierons
que par de3 prodiges de tact et de
circonspection. Cet état d'esprit,
c'est la persuasion que la Républi
que prépare elle-même la liquida
tion du protectorat ; c'est la sécu
rité où l'on est d'abolir nos derniers
privilèges et de se parer de nos
opulentes dépouilles.
A travers tous les pays s'enracine
cette certitude que la République est
condamnée à une politique centri
fuge et dispersive à l'heure où tou
tes les puissances s'appuient sur
des forces de concentration et d'ex
pansion. En un langage trépidant
(l'émotion contenue, M. Waldeck-
Rousseau a lui-même signalé le fu
nèbre et "saisissant contraste. La
loi sur les associations et notre con
flit avec l'Eglise nous font plus de
tort dans le monde que deux gran
des batailles perdues.
- L ucens.
•BULLETÎN
Demain, la Chambre va commencer
la, discussion du budget de Î902.
Deux ministres pérégrinent aujour
d'hui : le général André se rend à An-
goulême où la. municipalité lui offre un
banquet et M. Baudin doit présider
à N&ntua. l'inauguration du monument
élevé au représentant du peuple Bau-
din.
Le calme se rétablissant dans le bas«
sin hou^ller du Pas-de Calais, les trou
pes quittent peu à peu fa région pour
regagner leurs casernes.
Hier, le Reichstag allemand a conti
nué la discussion du code de la marine
marchande. Le chancelier de l'empire
a eu des conférences avec les chefs de
plusieurs groupes parlementaires en
vue d'arriver h un arrangement dans la
question du tarif douanier.
Hier, à. la Chambre italienne, M. di
Broglio, ministre du trésor; a fait l'ex
posé de la situation financière pour
Vannée courante et annoncéun dégrève
ment des taxes de consommation.
On. trouvera plus loin des détails sur
les conditions dans lesquelles les trou
pes insurgées, & Colon, ont fait leur
reddition.
On annonce que le croiseur français
Suchet a débarqué hier un détachement
d'infanterie de marine qui a occupé Je
terrain appartenant à ia Compagnie du
canal de Panama.
NOUVELLES DE ROME
Lundi 27 novembre.
Au Vatican.
Hier S. S. Léon XIII a reçu en au
dience particulière S. Em. le cardinal
Vincent Vannutelli, protecteur de l'œu
vre des conférences de Saint-Vincent de
Paul,qui a présenté le prince Louis Bon-
compagni, président du conseil supé
rieur de Rome.
Le prince Boncompagni a offert au
Pape le compte rendu de l'œuvre en 1900
et le denier de Saint-Pierre recueilli par
mi les sociétaires.
Chambre des députés.
Hier, a eu lieu la première séance de la
Chambre.
Le président, M. Villa, a fait, en bloc,
l'éloge des députés défunts, MM. Crispi,
Imbriani, Ccppino et Sandonato.
A propos des nouveaux sénateurs, le
député Pelîegrini a soulevé un incident.
Il s'agissait de proclamer vacants les
sièges des députés qui viennent de pas
ser au palais Madame.
Le député républicain Pelîegrini a
soutenu que la Couronne n'avait pas le
droit d'interrompre le mandat d'un élu
du peuple.
. ,;tc président n'a' pas laissé continuer
le débat, mais,cette thèse a été très dis
cutée à Montecitorio et bsaucoup de dé
putés l'ont tronvée juste. Ne serait-ce pas
un moyen pour le gouvernement de se
débarrasser de députés gênants? Et
qu'adviendrait-il si un député nommé
sénateur refusait ensuite cette fonction,
alors que la Chambre proclamerait son
siège vacant?
A peine deux cents députés étaient pré
sents.
la « pesta administrative » à Cataao.
Le gouvernement a dissous I'adminis-^
tration communale de Catane.
De très graves irrégularités ont été dé
couvertes parla commission d'enquête.
42 pour cent des revenus communaux
étaient absorbés par les frais d'adminis
tration.;
Il y avait 1,350 employés, pour lesquels
on dépensait 600,000 francs par an.
En 10 anSj il y avait eu d'ailleurs 20
administrations différentes, qui pour se
maintenir au pouvoir ont toujours suc
cessivement casé leurs protégés.
Les dépenses pour les élections, origi
nairement de 2,i>0Û lires, sont montées à
7,600.
Plus de 5,400 lires ont étédépenséesen
frets de voitures ; à Cetania, la course
coûte à peine 40 centimes.
Le total des revenus était de 3,679,685
lires; sur cette somme, les impôts de
consommation rapportaient à eux seuls
2)523,000 lires, payées en grande partie
par les pauvres.
Ces détails peuvent donner une idée
de la condition dans laquelle se trouvent
presque toutes les communes du Midi, et
ce qu'y a su faire le gouvernement libé
ral depuis 18C0.
AU JOUR LE JOUR
On va reprendre, à la Comédie-Fran
çaise, les Burgraves de Victor Hugo.
On se demande, à ce propos, Bi Ilugo,
le grand Hugo, le dieu Hugo, dont le
gouvernement s'apprête à célébrer le
centenaire avec la pompe des grands
jours, ne va pas avoir, comme sous la
Restauration, maille à partir avec la cen
sure. -
Dans les Burgraves, plusieurs passa
ges visent les juifs et parient de cette
race en termes des plus méprisants.
Or, il y a quelques mois, une pièce où
l'auteur mettait en scène un juif, qui ne
jouait pas un beau rôle, a été transfor
mée, et le juif a été baptisé ® cosmopo
lite ».
Toîersra*t»on, chez Victor Hugo lai-
même, ce crime de lèse-majesté contre
les puissances du jour ? Et si « Anasta-
eie » brandit ses ciseaux, que dira l'om
bre olympienne du poète, de ce poète qui
rugissait quand la censure de Charles X
se mêlait, par pudeur, de lui corriger çà
et là quelques hémistiches ?
Nous avons dit que deux élèves de
i Saint-Cyr s'étaient battus en duel et
que l'autorité militaire, à la suite de cet
acte, leur avait infligé à chacun quatre
joyTS de prison.
■ C est irès bien, et nous trouvons cette
sévérité fort compréhensible. Seule
ment, si les deux élèveB n'avaient pas
voulu se battre en duel, cette même au
torité ne les aurait-elle pas forcés d'aller
sur le terrain ?
0n sait que la chose se voit communé
ment dans l'armée. Vous ne vous batu z
pas? Vous serez puni. Vous vous battez?
Vous le serez quand même.-
Que faire dbnc ? Le général André, qui
bouleverse l'année, respecterg-t-il uni
quement les vrais abu3 qui s'y rencon-"
trent ? '
»
v ' ■,■■■ « * ...
Une famille où le divorce est à la mo
de, c'est ceile du grand duc Ernest-Louis
de liesse. Ce principicule, en divorçant
avec la princesse Victoria-Mëlita de Co-
bourg-Goiha, après six ans de mariage,
ne fait que suivre l'exemple de son père
et de ses ancêtres.
Son père, feu îe grand-duc Louis IV,
épousa, en 1885, morganatiquement, la
comtesse Ilutten-Szapeka et divorça dans
la même année ; son oncle, le prince
Henri, vit, séparé de sa deuxième épouse
morganatique, ia baronne de Jopanek ;
un autre oncle, le prince et landgrave
Alexis de Hesse, divorça avec son épouse
la princesse Louise de Prusse, qu'il avait,
diî-oa, Ihabituide de battre et de traîner
par les cheveux à travers les salles du
château Monbijou & Berlin ; le prince
Guillaume de Hesse divorça avec la prin
cesse Elisabeth fie Schaumbourg-Lippe ;
le frère et la sœur du prince Guillaume,
la princesse Maria-Augusta et le prince
Charles, divorcèrent également, la prin-
"cesse avec son cousin, le prince de Hesse-
Philippsthal, et le prince Charles avec la
comtesse Hermine de Grothe ; le prince
Guillaume-Frédéric-Erneet de IleBse se
maria quatre fois, une fois $vec la prin
cesse Louise de Bentheim, une autre fois
avec la princesse Marie de llanau-
Schaumbourg,
Quand un mariage a lieu dans cette
famille, leB fiancés doivent « y aller »
avec d'étranges dispositions d'esprit. On
ne dit pas si le pasteur qui bénit ces
courtes unions souhaite aux mariés, dans
son discours, un divorce aussi prompt
eu aussi tardif que possible.
Entre bonnes amies.
— Comment se fait-il que celte pauvre
Léocadie arbore toujours des toilettes si
criardes ?
— Que veux-tu, ma chère, elle est
sourde!
; .. . 4 — — .
LES COESBÊGITISSS
Les conseils municipaux.
Le conseil municipal d'IIenne-
bont, par 13 voix contre 3 et 2 abs
tentions, a émis au scrutin secret
un avis favorable à la demande d'au
torisation faite par les Eudistes de
Iverloia.
— Le conseil municipal de Car-
maux, appelé à se prononcer sur la
demande en autorisation des Sœurs
de l'Agonie garde-malades, a émis
un avis défavorable.
— Le conseil municipal de Lié-
vin, appelé à donner son avis sur la
demande d'autorisation formulée
par les Frères Maristes établis dans
cette ville, a donné, par 10 voix con
tre 9, un avis favorable.
ASÏarseiiîe.
La congrégation du Sacré-Cœur-
de-Jésus-Énfant, qui a sa maison-
mère à Marseille, boulevard de la
Madeleine, 88, et possède une pro
priété au Prado et un établisse-
met à La Viste, est une de celles
qui ont décidé de se dissoudre,
plutôt que de demander l'autorisa
tion. Avant l'expiration de la date
fixée comme dernier délai, les mem
bres de la congrégation se sont
dispersés.
Slalgré ce fait, à l'audience de la
1^" chambre, M. Guyon, procureur de
la République, a présenté au tribu
nal une requête tendant à pronon
cer la dissolution de la société
comme £i elle n'était pas déjà dis
soute. M. Guyon a demandé égale
ment de nommer un liquidateur et a
proposé, à cet effet, M" Savy,^ no
taire. Le jugement de la l ro cham
bre sera rendu dans une prochaine
audience.
DILi CHASSÉ DE LA MARINE
POMM PII QUI ?.. PII LES FF.'.
L'ardent écrivain qui, sous le
nom d'Un patriote, a publié contre
la franc-maçonnerie de si vigoureu
ses et si concluantes brochures,
nous envoie cette intéressante com*'
munication :
M. de Lanessan vient; le 5 novembre
dernier, de porter un décret signé par le
président de la République et de prendre
un arrêté pour :laïcise;r la marine et en
chasser Dieu absolument. Par ses pres
criptions, draconiennes, il y rend tout acte
religieux à peu près impossible. Il sup*
prime dans le règlement des navires de
la flotte française, tout ce qui tendait à
procurer à nos marins, si profondément
religieux, un exercice du culte catholi
que respecté et convenablement facilité.
Le ministre de la marine déclare, dans
son rapport au président de la Républi
que, qu'en agissant ainsi, il ne veut que
sauvegarder la liberté de conscience et
« assurer à tous les hommes l 'exercice
du culte de leur choix, sans imposer à
aucun la moindre pratique contraire à sa
foi ou à son opinion ».
Défenseurs de la liberté de conscience,
les sectaires qui nous gouvernent 1...
ceux qui enlèvent aux parents les écoles
de leur choix pour leurs enfants, ceux
qui persécutent tous les fonctionnaires
encore un peu croyants, ceux qui défen
dent aux chrétiens français de prati
quer la perfection du christianisme dans
la vie religieuse, en attendant qu'ils
proscrivent le christianisme lui-même;
quelle moquerie !... Mais en particulier
mensonge grossier, quand il s'agit du
nouvel ukase de M. le ministre.
Et, en effet, remarquons-le tout d'a
bord, les décrets et arrêtés que M. de
Lanessan corrige ou supprime ont été
portés en- 1885 et en 1886, c'est-à-dire
par des ministres républicains.-Ceux-ci,
ministres républicains, auraient donc,
d'après M. de Lanessan, fait ou confirmé
des prescriptions contraires à la liberté
de conscience ! À qui fera-t-il croire
cela ?
Ensuite, parmi les articles supprimés
se trouve celui-ci:
Article 538. r- Lorsqu'il y a un aumônier
à bord, il est fait à l'heure indiquée par le
tableau de service, une instruction reli<
gieuse à laquelle assistent facultativement
les hommes de la bordée qui n'est pas à
l'école élémentaire. -
Ne faut-il pas être insensé pour pré
tendre qu'une instruction religieuse fa
cultative est contraire à la liberté de
conscience et qu'on se fait le champion
de la liberté de conscience en suppri
mant cette instruction facultative ? Au
tant vaudrait dire que l'existence mê
me de la religion, des églises et du prê
tre sont contraires à la liberté de cons*
cience !... C'est donc par une hypocrisie
manifeste que M. de Lanessan se pose en
défenseur des droits sacrés de la cons
cience humaine.
Il B'agit par conséquent de déchirer
les voiles. -
Pourquoi M. de Lanessan a-t-il agi et
sous quelle impulsion ?
Le voici :
Notre ministre de la marine est franc-
maçon, et de plus, ce qui n'est arrivé à
aucun ministre jusqu'à présent, fait par
tie de l'état-major de la franc-maçon
nerie ; il est membre du Conseil de l'Or
dre du Grand-Orient. En cette qualité,
on le comprend, il exécute plus ardem
ment et plus ponctuellement, que d'au
tres, tout ce qu'a décidé la congrégation
néfaste qui s'appelle la fédération du-
Grand-Orient.
Déjà, pour ce motif, M. de Lanessan a
supprimé, l'année dernière, lui le pre
mier, les coups de canon le vendredi-
saint ; plusieurs oonvents maçonniques,
et spécialement celui de septembre 1899,
le lui avaient enjoint (compte rendu da
convent de 1899, p. 265). ; ;
Et maintenant encore, pour cette mo
dification du règlement des bâtiments de
la flotte, de quelle volonté, de quela dé
sirs, de quel mouvement d'opitûon M. le
ministre se fait-il l'exécutaur?
E3t-ce que nos braves marins avaient
réclamé eontre lea exercices religieux
qui se font à bord? contre la messe qui
s'y dit suivant des prescriptions ré
glementaires et de tradition immémo
riale? Aucunement... et nos prôneura
FEUILLETON DE L'UNIVERS
DU 2 DECEMBRE 1901
QUINZAINES DRAMATIQUES
JST ARTISTIQUES
Si les auteurs du drame,Au téléphone,
que vient de représenter lé Théâtre-
Antoine,ont eu pour but d'inspirer à leur
auditoire un sentiment de terreur et
d'horreur; ils y sont parfaitement arri
vés. MM. de Lorge et Charles Foley s'em-
parant d'un fait réel qui s'est passé, pa
rait-il, dans, la banlieue de Rennes, ont
composé un drame en deux actes d'une
gra»d e simplicité de moyens et d'une in
tensité dramatique très poignante.
Dans une campagne éloignée, M.André
Marex,appelé par ses affaires à Vitré, at
tend impatiemment une voilure, qui doit
ïe transporter à la gare prochaine. Mar
the, sa femme, fait les derniers prépara
tifs. Elle boucle sa valise. Le .petit en
fant, qui tombe déjà de sommeil, dit
adieu à tsoïi papa. Le Îemp3 esj affreux.
Une pluie serrée tombe sinistrement et
le vent gémit dans les arbres. En par
tant, I e roalirc recommande à spn per-
vitsur Justin de bien fermer le$ volets et
les portes, cur la contrée n'est pas Eftre.
Il dit à sa femme qu'il a laissé dans le
tiroir d'une table un revolver chargé, à
titre de précaution. Puis la voiture ar
rive. Il embrasse encore une fois les
siens et disparait.
La vieille domestique, Nanette,
berce l'enfant, est agités de pressenti
ments lugubres-Bile ne pense qu'aux vo
leurs, aux assassins et rappelle de tragi
ques histoires. Elle va près d'une fenêtre
et jette un cri'. Elle a vu un homme à
face patibulaire qui l'a effrayée. Cet
homme entre tout à epup. Il est porteur
d'une lettre pour le Berviteur Justin et il
dit qu'on l'a chargé de la lui remettre sans
retard; car elle doit lui faire connaître
que sa mère est gravement malade et
l'^ppelje au plus vite. Elle habite au vil
lage voisia. '.. .
La jeune femme fait remettre à Justin
la lettre qu'on vient d'apporter. Pendant
ce teipps, l'individu jette des regards
furtifs autour de lui pour Inspecter le sa
lon, s'empare du revolver et s'enfuit.
Quand la vieille domestique rentre, elle
cherche vainement le pgrteyr de la let
tre. Justin, affolé par la maladie subite
de sa mère, a demandé la permission
d'aller la voir et a promis de rentrer
dans quelques heures. Il part. On ferme:
les volets et les portes. Naneife est rer
prise de terreur. On entend des coups de
sifflet au dehprs et des de pas.
Marthe se met pour se rassurer au télé
phone et demande à parler à son mari
qui doit être arrivé chez ies amis ou il
p&eeprs la sçirée... La toile tombe sur
une impression d'angoisse Indéfinissa
ble. .'.
Quelque teir f pg après, elle se relève et
nous voyons le mari, àj. 4îare?j prpn^pt
tranquillement le café avec ses ajpis. Qn
l'appelle tout à coup eu téléphone. Il y
va et souhaite le bonsoir à sa femme et
à son enfant et s'étonne des terreurs fol
les de ea domestique. Il lea plaisante et
revient à Ses .amis. Mais on le rappelle."
EMore il apprend peu ï qçu ce
passe... les inquiétudes deviennent une
terrible réalité,., des hommes essaient
d'enfoncer la porte... l'enfant crie et
pleure... Le mari affolé dit à sa femme
de prendre le revolver qu'il lui a laissé.
Elle le cherche vainement. Il a disparu.
Le ir,arj entend tout à coyp la rupture
des portes, l'entrée des meurtriers, les
cris des victimes et il tombe évanoui...
Le téléphone lui a tout révélé et il n'a
rien pq faire pour sauver ceux qu'il ai-
îpait,
M; Antoine, qui joue le rôle si difficile
de M. Marex, a exprimé d'une façon tra
gique les inquiétudes et les tortures qui
le pénétraient peu à peu et le faisaient
f rissenner, I^asalîe gn était tonte haletante
et je n'aurais jamais cru qu'on aurait pu
arriver à causer une angoisse aussi in-
tesase avec quelques gestes, quelques
cris et à l'aide d'un instrument banal qui
n'a par lui-même aucune valeur drama
tique.
Mais si, secouant cette émotion artifi
cielle, je viens au drame lui-même, je
suis forcé^e reconnaître que ce n'eBt pas
là du vrai théâtre. J'ai été pris parles
entrailles comme on l'est devant une
scène d'horreur. L'Énigme fait décidé
ment des petits.Les deux actes de M.IIer-
vieu, durs, précis, violent?, farouches,
ont fait naître les deux actes de MM. de
Lorze et Ch. Poley. Ah ! nous aliona en
ygir in^intenant de ces f^its-divers
transportés à la Bcène et substituant
leur mécanique brutale à la psychologie
B) étudiée d'autrefois! C'est sur les nerfs
des gens qu'on frappera désormais. Les
dramaturges ïie viseront plus au cœur ;
ils chercheront à agir sur l'éplgagtjs et
cela promet de jolis résultât pur 1^
santé des spectateurs qui viennent géné
ralement de dîner et se sont hâtés d'aller
au théâtre pour y finir agréablement leur
soirée. Après le théâtre médical, voici le
théâtre mécanique et instantané.
On va nous donner d' ; s pièçes~comme
celle qu'Alphonse Karr appelait spiri
tuellement a un drame en trois minutes >
et qu'il résumait ainsi :
1" minute. — Un monsieur, entre dans
une salle et cherche avec anxiété autour
ds lui, furgt? dzns tous les coins, puis
s'en va,
2 e minute. —.Unedame et un monsieur
entrent par une porte de côté et vont
s'asseoir sur un divan oîi ils çniisent ai
mablement. .
3 f minute. — Le monsieur du com
mencement revient, sort un revolver de
sa poche et pan, pan ! les foudroie tous
deux. Puis il va regarder ses victimes et,
avec une surprise douloureusç, 3'fèCiûe ;
« Je suis t'ïîHûpé.tJe n'est pas eux
Voilà du drame rapide et émouvant, ou
je ne m'y connais guère ! Eh bien,
plajsantçpe q p.^ïti nous y revenons à
grands pas.
L^Théâtre-Antoine a Voulu nous dis
traire ensuite avec Les Balances de M-
Georges Courteline. âl. La brige vient
voir l'avoué'Lonjumel et lui raconte tou
tes ses misères. Sans être en= aucune fa
çon un criminel, il a le talent d'avoir
sans oesse maille â partir avec laJustice
et d'attraper des condamnations à tort et
à travers, alors qu'il est innocent ou
presque- Exemple: on lui doit de l'argent,
Il poursuit son débiteur. Mai#-
ceUii ci est
./■.s, La Tirlcre est con-
v.^intîé aux frais. Furieux, il descend au
café voisin du Palais et il prend un jour- 1.
nal pour se distraire. Un monsieur fa
rouche réclame ce journal comme lui ap
partenant et le traite de fiiou. Lui, fu
rieux, répond simplement ; « Vous en
êtes un antre I d Le monsieur constitue
des témoins, leur fait signer un procès-
verbal et- saisit le tribunal correctionnel
de l'çffense qui lui a été faite.
Or, il se trouve que l'offensé est un.
vieux cheval de retour. Mais il parait
que le mot « filou », qui ne peut être une
offense pour un honnête homme coince
La Brige, en devient une peu? celui qui
ne l'est pas. Pe çet individu à La Brige
il y ïjvait injure simple ; roaig da La Bri»
ge à cet individu il y avait diffamation.
La Brige est donc condamné à l'amen
de et à la prison. Ce n'est pas tout.
Il achète une maison de campagne et
veut faire réparer la toiture. Prcôès-ver-
bal dressé par le garde champêtre, parce
qu'il n'a paa demandé l'autorisation à la
mairie et que la maison n'était pas dans
l'alignement. La ' préfecture lui envoie
quelque temps après l'ordre de ravaler sa
maison. Il procède à ce ravalement désa
gréable. Nouveau procès-verbaî, pour
n'avoir pas l'gutcrisaiien de la commune.
Plaidoirie, condamnation nouvelle, etc.
 toutes ces doléances, l'avoué Beau-
fumel répond par un sourire et par de
petits cris ironiques. La Brige a tort de "
se plaindre. La justice a deux balances.
Ce n'est pas une raison pour que.l^
poids soient égaux et la w^ure égale.
La Brige s'en va ^J r i eux e t trouve détes
table ggjjjété q U i le traite ainsi. Pen
dant sa conversation, il a vainement es
sayé d'allumer une cigarette et il ajoute
à Be3 récriminations comiques des plain
tes amàrçs contre le monopole et contre
la régie. Cette facétie a fait rire, raaîs
. moins que l'Article 330. Noua attendons
M. Courteline à quelque jolie et fine sa
tire en trois actes où son talent d'obser*
vateur spirituel ferait merveille, sans au
cun doute,
L'Gdéen vient de renouveler Bon affi
che avec le Hors la. loi de M. Meunier et
la Maison de M. Qeorges Mitchell. Hors
la loi est un petit acte sentimental de
M. Luoien-Victor Meunier. L'auteur s'est
servi pour sa composition d'un épisode
historique. Il 8'agit de la mort de Con-
dorcet. On sait que, proscrit par la Con
vention le 3 octobre 1793, le philosophe
se réfugia chez la veuve du sculpteur
Louis-François Vernet. Cette femme gé
néreuse le cacha dans uns mansarde
pendant de longs mois et lui prodigua les
attentions les plus délicates. C'est elle
qui l'engagea è écrire son Esquisse d'un
tableau historique des progrès de, l'es
prit humain pour occuper ses tristes
loisirs. Touché de tant .de bonté, Co©-
dorcet composa une épitre où il se pei
gnait sous les traits d'un Polonais exilé
en Sibérie. Il la dédiait à sa femme.maia
il n'y oubliait pas le dévouement de son
hôtesse. Il en est resté; deux vers qua
j'aurais voulu voir reparaître dans la
petite pièce de M. Meunier : . .
Us Hl Ont dit : Choisis d'être p^pyegggur ou
[victime?
J'embrassai le malheur et leur laissai le
[crime l
Se rendant compte, après la mort de
sea amis, du danger que courait Mine
Vernet, il voulut la quitter et il lui dit :
« Je ne tiens pas à vous .exposer aux dan-
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