Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-11-20
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 novembre 1901 20 novembre 1901
Description : 1901/11/20 (Numéro 12321). 1901/11/20 (Numéro 12321).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7109115
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 20 Novembre i^Oi
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Mercredi 20 Novembre 19
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ÉDITION QUOTIDIEIÎNB
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' Six mois...... 2^. »
Trois mois...,. Il »
ÉTRANGER
(union postale)
51 »
26 50
14 »
lies abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mol*
Paris . 10 cent, s
15 , —
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postal?'
Ub ail: 20 » 26 »
Six mais...;.. 10 » 13 »
Trois moi j 5 » P âQ
DN numéro j D5' a s ; t ë»y^::;;:
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lies abonnements partent des 1" et 13 d« chaque mois
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
LE MONDE
L'UNIVERS ne répond, pas des manuscrits qui lui sont adressés
annonces
MM. LAGRANGE, CERF et G ie , 6, place de la Bourse
sa
NOTRE APPEL
Diverses questions nous sont po
sées au sujet de notre appel en vue
de reporter le: capital du journal à
500,060 fr. afin d'abaisser les prix
d'abonnement.
Nous ne pourrons répondre d'une
façon absolue à certaines de ces
questions qu'après -l'assemblée des
actionnaires fixée au 28 île ce mois ;
mais voici tout de suite quelques
renseignements. . .
» Dans la circulaire confidentielle
adressée à beaucoup de nos amis
nous avons" dit que le prix de l 'a
bonnement à l'édition quotidienne
serait abaissé de 40 à 25 franes et à
l 'édition semi-quotidienne de 20 à
13 francs; Nous répétons ces chif
fres.
Dans la même circulaire, nous
avons parlé d'actions de 500 francs
et de 100 francs.
Cent francs doit donc être le chif
fre minimum de la souscription.
Nous en avons beaucoup de ce chif
fre. Nous en avons aussi de 10,000
francs.
Les àctio'ns de l'Univers étaient
primitivement de 500 francs ; après
le remboursement de 300 .francs par
action, elles ont nécessairement été
rédiiites à 200 francs. Pour n'avoir
pas des actions de trois chiffres
différents une proposition, qui ne
lésera aucun droit, sera faite à l'as
semblée. Son voté réglera ce dé
tail. , ..
Conformément à." l'article 12 de
nos statuts, * les actionnaires ne
sont engagés que jusqu'à concur
rence du capital de chaque ac
tion.,»,.., ...
Les versements pourront être
faits en deux fois : la première
partie maintenant, la seconde dans
lé délai de six mois.
On nous demande si le présent
appel s'adresse uniquement aux
anciens actionnaires et les oblige a
quelque chose.
. Non, il s'adresse à tout le monde
et n'oblige à rien personne. C'est
une œuvre de zèle, de propagande,
pour laquelle nous comptons sur
les amis de vieille et de nouvelle
date. .
Nous leur demandons de nous
aider ; nous les prions de souscrire
et dé vouloir bien sans retard nous
indiquer le montant de leur sous
cription.
Les fonds peuvent être adressés
à l'administrateur-gérant du jour
nal, M. Romagosa.
II sera fait traite aux dates qu'in
diqueront les - souscripteurs qui
préféreront ce mode de versement.
PARIS,, 19 NOVEMBRE 1901
SOMMAIRE ,
Le Père Gratry..... Eugène Tavehnier.
La guerre sud-afri
caine F. L.
A la Chambre;.... J. Mantenay.
C'est la faute à Des-
ohanel, G. d'A.
Le congrès catholi»
que du Nord Victor Diligent.
Bulletin. Nouvellés de Rome. — Heu
reuse inconséquence. — Les congréga»
tlons; — Informations politiques 7 et par-
* lementaires. •— A l'Hôtel de Villes — Les
affaires de Chine. — La guerre du Trans-
'vaal: — Esrangér; — La grève des mi
neurs. Les anarchistes.— Chambre
des députés* ~ Mgr Oanappè. — Né-»
croîogle. — ; Tribunaux. — Nouvelles
diveise*. — Calendrier. — Tableau
et bulletin de la Bourse. — Dernière
heure.
LE P. GRATRY
Le remords parle quand il veut ;
et il ne dédaigne pas de causer des
surprises. L'autre jour, un article
publié dans le Temps résumait le
volume consacré à la personne et
aux travaux du P. Gratry, par le
R. P. Chauvin, de l'Oratoire, supé
rieur de l'école Massillon. Ce livre
a paru depuis plus de six mois. Il
représente un travail considérable,
très intelligent et au suprême degré
consciencieux. il est écrit d'un style
limpide et fort élégant où l'on re
connaît un esprit fin, élevé, nourri
de la meilleure, littérature; Il re
trace une assez longue période,ani
mée par la lutte des grandes idées.
Il aide, à. comprendre notre époque,
et i à nous faire saisir une bonne
partie du -mouvement dans lequel
nous vivons, entraînés par lui, plus
ou moins agissants ou passifs.
" Depuis nombre de semaines, j'en
avais terminé l'attrayante et forti
fiante lecture, à laquelle j'étais re
venu plusieurs fois pour savourer
plusieurs chapitres émouvants et
{jleins de lumière. Pourquoi l'ana-
ysequi lui est due ici a-t-elle tardé,
jusqu'à se trouver devancée parle
compte rendu d'un journal peu ca
tholique? , Vraiment je . l'ignore,.
Avec la même sincérité,, j'en de
mande pardon au R. P. Chauvin; et
aussi avec confiance, car peu d'au
teurs de son mérite ont autant que
lui d'amabilité, de générosité et de
discrétion.
Et puis, peut-être que s le retard
ne va pas sans un certain avantage,
puisque l'article du Temps se ter
mine par une. réflexion ou plutôt
une insinuation propre à montrer
l'actualité du volume.
Le Père Grâtry est un peu ou
blié, dit-on. Mais on avôUe qu'il a
passé sa vie aux prisés' avec les
problèmes qui, pèsent sur nous.
Enfin, on doute qu'il ait pu mettre
d'accord son goût pour la liberté et
son amour pour- la foi.
C'est bien là-dessus, en somme,
que roulent les grandes discussions
du moment. Nous entendôns beau-
coup d'esprits distingués faire la
leçon au socialisme doctrinaire et
jacobin et lui reprocher de s'égarer
dans lés voie.s du Syllabus. Ils se.
sont persuadé,, eux, que leur liberté
se passe de règles et de point d'ap?-
pui; ce qui ne les empêche pas de
pousser des cris d'alarme et de ré
clamer des- mesurés répressives,
lorsque la licence étale un carac
tère menaçant ; lorsque, par éxem^
pie, des professeurs de l'Université
prêchent l'indiscipline aux soldats
et bafouent l'idée de patrie. Les li
béraux modérés (comment les ap
peler au juste ?) disent qu'alors la
société est en péril. Parfaitement.
Or, ce qu'ils refusent d'admettre
c'est que la liberté de pensée et
de parler puisse avoir jamais un
tel résultat. Ils fournissent la preu
ve qu'ils déclaraient] impossible ;
ils l'apportent, s'en servent et en
tendent la faire accepter par tout
le monde.
Cette contradiction étonne d'au
tant plus qu'il semblait que seuls
les ignorants et les gressiers étour
dis en fussent capables. Or, au con
traire, elle a un empire très étendu ;
et si elle abuse facilement le vul
gaire, elle ne se repose pas non
plus de jouer des tours aux gens
graves et distingués, Elle les em
poigne et les secoue lorsqu'ils sont
occupés à se louer avec complai
sance de posséder eux seuls la vraie
notion de la liberté. Elle leur impute
; l'impardonnable erreur de juger de
ï l'humanité entière d'après leurs
Eenchants, leurs intérêts, leurs ha-
itudes. Elle leur dit : — Ou bien,
vous affirmez des règles que vous
considérez comme supérieures et
que voas voulez mettre au-dessus
de toute atteinte, et alors vous avez
un Syllabus; ou bien vous avouez
que n'importe quelle théorie a droit
de cité, et alors vous annulez vous-
même l'autorité dont vous invoquez
la protection.
Que le Père Gratry ait subi par
fois les inconvénients de là vieille et
toujours étonnante méprise, ce
: n'est pas contestable. Mais tant
s'en faut qu'il ait, même dans les
jours de l'égarement, méconnu à
ce point le rôle de l'autorité.
Il lui arriva de trop compter sur
la liberté de discussion, mais, de
bonne heure, le souci du devoir lui
fit prendre pour le service de l'au
torité un parti héroïque.
La polémique engagée en 1851
entre l'abbé Gratry, aumônier dé
l'Ecole normale, et M. Vacherot,
directeur de la même école, tou
chait à une question capitale^ Lé
philosophe laïque soutenait que les
dogmes chrétiens étaient le fruit
naturel de la philosophie grecque.
Le prêtre répondait en montrant lé.
caractère surnaturel du dogme.
Toute cette lutte, où se heurtaient
les idées, la logique, l'histoire, est
retracée.par lé R. P. Chauvin avec
le développement qu'elle exige (1).
L'auteur analyse et dépeint les ad
versaires. C'est un tableau où cir
cule la vie et la pensée. C'est un
miroir où se reflète l'antagonisme
qui, descendant des régions philo
sophiques, allait peu à peu péné
trer clans la masse et susciter un
peuple positivement et audacieuse-
ment athée. Comme l'a remarqué
M. Brunetière, « la négation du
« surnaturel passait en ce temps-
if là pour la condition de l'esprit
« scientifique ». La vieille fausseté
a perdu de son prestige dans le
monde des intellectuels ; mais quel-;
les conquêtes elle a réalisées au
sein de la foule qui lit la formu
le : drapeaux des groupes ouvriers !
Ayant déployé un savoir et une
éloquence qui lui valurent, de pré
cieux témoignages d'estime; ayant
remporté une véritable victoire, le
P. Gratry se sacrifia et quitta l'Eco
le, mais afin de combattre avec une
ardeur qui n'avait fait que gran
dir. Ses œuvres sur les Sophistes et :
h critique, sur la Connaissance de
Dieu, sur la, Logique,sur la Connais
sance de Vame restent comme un:
effort original et puissant pour dé
livrer la raison enveloppée de so-
phismes.
L'exposé analytique et critique
3ue donne le R. P. Chauvin permet
e suivre pas à pas la méthode pré
conisée et appliquée par Gratry.
Alorsj dès écrivains, dont, Emile
Saisset était, -le représentant en
vue, accusaient l'Eglise d'ignorance
théologique et souhaitaient ironi
quement jin christianisme plus pro
fond et mieux compris. L'apologiste
répondait largement à ce désir
(ju'il acceptait comme sincère et il
édifiait, selon l'expréssîon du P-
Chauvin, une « philosophie vivante
et féconde ».
Aux approches du Concile et
pendant le Concile, Gratry devint,
par excès d'ardeur, l'un des instru
ments du parti qui combattait l'in
faillibilité. Inutile' dé rappeler lès
emportements qui l'aveuglèrent et
qu'il sut regretter plus tard. On le
plaignait autant qu'on l'accusait. En
véritable admirateur, en fidèle ami,
îe R. P. Chauvin n'a rien dissimulé
des fautes commises. Il donné
l'exemple d'une impartialité qui ne
peut être surpassée;
MaiSi pour le reste* l'auteur re
vendique, et avec grande raison,
l'hommage dû aux vertus généreu
ses et aux brillants' talents du prê
tre dont\ l'aspiration dominante,
constante, fut de restaurer, devant
la science incrédule, le prestige de
la vérité révélée. . . t
Gratrv a beaucoup contribué à ré
futer 1 étroite présomption des
hommes lettrés qui ne voulaient
voir dans la doctrine et dans la foi
que des choses incompatiblès avec
1 intelligence. Il était né au moment
où l'influence de ce misérable pré
jugé passait pour une conquête dé
finitive. Malgré l'extension du mal
dans les couches populaires, mal
gré les complications nouvelles que
présente la lutte religieuse, nous
avons regagné un immense terrain;
On en juge en lisant les pages
cole polytechnique. Le beau livre
écrit par le Père Chauvin ,en vue
d'un souvenir d'amitié et d'une œu
vre de justice est aussi un précieux
élément d'espérance.
Eugène T avernier.
ïBULLETIN
(1) Le Père Gratry, par le R. P. Chauvin.
Paris, Bloud et Barrai.
Des scènes scandaleuses se sont pro
duites à la. Chambre, pour la discussion
du projet d'emprunt sur les indemnités
de Chiné ; M. Gustave Hubbard a voulu
être sectaire, il a été avant tout sot et ri
dicule ; M. Bertéaux a tenté d'être t?io—
lent, il s'est montré grossier et mal api
; pris.
Une partie de la gauche et de l'ex
trême-gauche, rëstée anticléricale et
anti-française, a organisé lé tumulte
des grands jours pour empêcher M. Ri-
bot de montrer, en un courageux et ad
mirable discours, combien il est crimi
nel et contraire aux intérêts de la
France, de discuter les droits de nos
protégés en Extrêmè Orient.
De ce débat non encore épuisé, il ré
sulte que le citoyen Hubbard, dans les
développements haineux de sonrapport
contre les missions, a parlé en son nom
personnel, sans engager même la majo
rité de la commission; il affirmaitnatu-
rellemerit lé contraire ; des « cléricaux »
comme le socialiste Astier, le radical-
socialiste Berthelot et - l'opportuniste
Bouvier, ont dû lui déclarer très nette
ment qu'il ne disait pas la vérité.
La grève des mineurs prend quelque
peu d'extension autour de Denain, tan
dis qu'à Liévin se dessine un léger mou
vement.
Lé travail continue dans le reste du
bassin.
La. mode est aux discours én Angle
terre ; voici qu'on annonce, pour le 30
novembre, un grand banquet en l'hon
neur de sir Reduers Buller.
Les, trop bruyants amis du général
disgracié comptent qu'il y ferades décla
rations sensationnelles ; ceux qui je
connaissent bien, pensent au .contraire
qu'il continuera à garder le silence sur
la mesure, qui le frappa récemment, et
dont il a appelé, paraît il, avec docu
ments pour sa justification, au roi lui-
même.
Le calme n'est point rétabli en Espa
gne ; de nouveaux troubles ont éclaté à.
Madrid et à Barcelone. ; •
Dans cette dernière ville, la révoca
tion aujourd'hui définitive du recteur
de l'Université ,a provoqué des mani
festations d'étudiants.
M. Sagasta va mieux, ; il a pu assister
hierklaséaricedela Chambre.
Là nomination du grand-vizir Saïd
pacha produit-une certaine sensation en
Autriche ; on rappelle à ce propos qu'en
1895, ayant encouru la disgrâce du sul
tan, il dut se réfugier à l'ambassade
austro-hongroise.
Sur les instantes réclamations des
principaux habitants de Scutari d'Al
banie, le gouverneur Kiazim' pacha
vient d'être destitué. ,
Le traité anglo-américain pour la
protection du canalnnterocéanique a été'
signé k Washington. . *
La commission proposera la. toute de
Nicaragua, les. Etats-Unis ayant la
seule autorité et le haut contrôle sur le
eanal.
NOUVELLES DE ROME
Samedi, 16 novembre. -
Au Vatican;
Hier, Sa Sainteté Léon XIII a reçu
en audience particulière S. Exc. M.
Alexandro. Pidal y Mon, ambassadeur
d'Espagne.
M. Pidal avait l'hoiineur de présenter
au Pape M. José Villègàs, directeur de
l'Académie d'Espagne, appelé par son
gouvernement à la direction du musée
"'du FrïdïfH^Sfadïid- " ^
Aujourd'hui S. S. Léon XIII a reçu
Mgr Henry de Sanne, évêque de Rhi-
zonte et coadjuteur de MgrOazet, vicaire
apostolique de Madagascar central, et
Mgr Thomas, Whiteside, évêque de Li-
verpool.
— S. Em. le cardinal Vives y Tuto a
été nommé par le Saint-Père, protecteur
des Sœurs carmélites de la charité du
diocèse de Vich, én Espagne.
Une fondation de Léon XIII;
A Valmontone, Mgr l'évêque de Velletri
a béni l'asile que le Pape vient de fonder.
Cet asile est confié aux Filles de la Cha
rité ; la supérieure est une Française.
Mgr l'évêque de Velletri a envoyé un
télégramme de remerciements au Sou
verain Pontife.
Une conférence contré le divorce;
Invité par le groupe romain de la dé
mocratie chrétienne, M. l'avocat Méda,
rédacteur à VOsservàtere cattolico de
Milan, a tenu une conférence sur le pro
jet de loi du divorce. Un très nombreux
auditoire se pressait dans la salle du cer
cle des études sociales^ près du Coraio.,
Le .conférencier a montré l'immoralité
et les conséquences du divorce, en même
temps que l'insanité des arguments par
ièsquels on che'rche à 1« légitimer. On
voit par ce fait que les démocrates chré
tiens mènent vigoureusement la campa
gne sur tous les points menacés.
LA GUERRE SUD-AFRICAINE
Les renseignements nouveaux,
positifs et détaillés, qui peuvent
nous aider à mieux comprendre et
à expliquer la durée extraordinaire
de la guerre sud-africaine, sont
bons à recueillir; nous en trouvons
quelques-uns - de cette sorte dans
le Times, venant de son correspon
dant à Vienne qui les a puisés, dit-
il, dans un entretien avec un étran
ger compétent et impartial, très au
courant des. choses de l'Afrique
australe.
L'insuffisance en troupes mon
tées est, paraît-il, l'une des causes
principales de l'impuissance sur
prenante de l'armée britannique et
ae la prolongation pour ainsi dire
indéfinie de là guerre. Le nombre
total de ces troupes est sans doute
considérable, mais il ne faut pas
' oublier qu'environ vingt pour cent
de ce total sont pris par les servi
ces dé l'intendance, les transports,
les convois, etc., etc. Il y a ensuite
un large pourcentage de malades
et de blessés ; en outre, il faut gar
der et protéger plus de huit cents
lieues de chemins de fer; occuper
et défendre un certain nombre de
villes ou forts ; de telle sorte que ce
qui reste de troupes disponibles et
valides capables de combattre et
de repousser les Boers est hors de
proportion avec l'énorme étendue
de la contrée où elles sont forcées
d'opérer.
L'armée britannique a dpnc be
soin que des renforts lui soient ex
pédiés le plus vite possible* et que
ces renforts consistent en hommes
exercés et montés, car de telles
troupes sont seules capables de
venir à bout des adversaires aux
quels elles ont affaire.
Les Boers sont, en effet, con
duits et entraînés par des chefs
énergiques et enthousiastes qui
soutiennent, qui exaltent le moral de
leurs compagnons. Les hommes
d'un certain âge n'ont plus de de
meures où ils pourraient se reti
rer; leurs fermes sont brûlées,
leurs femmes et leurs " enfants sont
en captivité ou morts, dans les
abominables canips de concentra
tion : pourquoi abandonneraient-ils
la lutte ? Ils la continueront en dé
sespérés jusqu'à la fin !
Quant aux jeunes gens, ils pas
sent d'ordinaire une grande partie
de l'année à lâchasse; pour eux, la
guerre, c'est presque la même vie,
mais ennoblie encore par le'patrio-
tisme, par le sentiment qu'ils com
battent pour la liberté et l'indépen
dance de leur pays... Enfin, à côté
des Boers grands propriétaires de
vastes fermes, il y a des métayers
qui, n'ayant personnellement rien à
perdre a la guerre, ne peuvent que.
gagner en y prenant part. :
Il faut, savoir d'ailleurs que si,
pour une plus grande facilité de
subsistance et ae ravitaillement,
les Boers combattants ne comptent
qu'environ 12,000 hommes en cam
pagne, le nombre des militants est
réellement beaucoup plus considé
rable, mais ceux-ci se tieniinénten
réserve,en arrière ét loin des routes
ou des lignes de chemins de fer
parcourues par les. Anglais, prêts
a fournir les remplaçants des morts
et .des blessés...
Ces constatations intéressantes
expliquent, en effet, la durée, si
extraordinaire à première vue, de
cette lutte épique.
F. L, ■
Chaque demande de ehangeiaen
d'adresse doit être accompagnée de
50 centimes en timbres-poste.
~ HËURÉUSÊ INCbiNSÉQUENCE
M. Laloge,, député socialiste de la
Seine, fondait,il y a quatre ans,une « So
ciété du baptême civil au .Champagne >
dont le siège fut* établi salle Persin, à
Boulogne-sur-Seine.
Or, si nous en croyons l'Intransigeant,
le même M. Laloge a eu l'an dernier une
petite fille qu'il a fait baptiser; non pas
salle Persin.non pas au Champagne, mais
à sa paroisse: et selon les rites de l'Eglise
catholique. Ce baptême, d'après le mê
me journal, est en date du 18 avril 1900.
La petite fille a reçu les prénoms de Ma
deleine-Henriette.
M. Laloge a bien agi ; mais, quand on
doit se conduire "si correctement, pour
quoi fonde-t-ott des sociétés de « bap
tême civil au Champagne » ?
A LA CHAMBRE
L'emprunt de Chine. — Violents
incidents. — Suspension de la
séance.
Parmi les nombreux spectateurs
des tribunes publiques qui assis
taient hier, silencieux, mais visible
ment émus, à la tempête qui s'est
produite au Palais-Bourbon, ceux
qui possèdent quelque imagination
ont dû évoquer lès tragiques sou
venirs de ,1a. Convention. Sans
doute, il serait excessif de comparer
la journée d'hier à cette terrible
séance de thermidor, où le prési
dent Thuriot (Tue-Roi, comme di
sait Cadoudal) agitait obstinément
sa sonnette pour couvrir les appels
deRobi
•ait le « p:
assassins "» de lui laisser la pà-
desesperes de Robespierre, lorsque
celui-ci adjurait le « président des
rôle. Il n'en est pas moins vrai que
le président Deschanel — lequel a
fait preuve, cependant, il n'est que
juste de le dire, de tact, de pré
sence d'esprit, et même d'énergie
— a été impuissant à rétablir l'or
dre, à obtenir le respect dû à ses
hautes fonctions, à maintenir la li
berté delà tribune, etadû, en fin de
compte, suspendre la séance.
I e ■ " ' '
On discutait le projet relatif aux
crédits concernant l'expédition de
Chine. M. d'Estournelles venait de
prononcer . le discours que nous
avons résumé hier en Dernière
Heure, lorsque M. Hubbard, rappor
teur, monte à la tribune.
Après "avoir déclaré que la com
mission propose d'émettré 210 mil
lions de rentes et non 265 comme
l'avait demandé le gouvernement
dès le début, le rapporteur passe
rapidement sur le côté financier pour
attaquer, avec autant de violence
que dè perfidie, les missionnaires,
créanciers de l'indemnité chinoise,
qui, —de l'avis de tous les libres-
penseurs patriotes — rendent à la
France de si hauts services.
— Parmi les congrégations, dit
l'orateur, il en est qui ont déjà la
personnalité juridique et, que les
lois françaises reconnaissent. Tels
sont les lazaristes, et il est bien en
tendu qu'ayant la personnalité, juri
dique en France, ils l'ont aussi en
Extrême-Orient, et qu'ils seront ad
mis à faire valoir leurs réclama
tions devant la commission de revi
sion.
« Mais, ajoute M. Hubbard, est-il
indispensable que les Lazaristes re
çoivent du 3 0[0 perpétuel.? Dira-
t-on qu'il y a là une situation aussi
intéressante que celle du petit in
dustriel, de l'humble commerçant ?
— Très bien ! s'écrient les compè
res de l'extrême gauche,qui semblent
s'àttendrir sur le sort des susdits
petits industriels et humbles com
merçants.
. M..Ilubbardpoursuit^
•— A côté de ces sociétés recon
nues, autorisées, qu'y a-t-il ? Des
collectivités qui n-ont pas d'exis
tence aux veux de la loi française.
Il y a les jesuites, les franciscains,
les trappistes. Et la question, qui
se pose est très simple. Puisqu'il 'y
a une commission juridique fran
çaise qui jugera, d'après. les, lois
françaises, les quèstions d'état, de
propriété^ de procédure, .pouvons-
nous admettre que la République
française, qui procède en France
à la liquidation des biens de con
grégations non reconnues, va don
ner à celles qui sont en Chine du
3 0i0 perpétuel et les avantaigér
dans aes conditions exceptionnel
les ?
M. Huiibard, violemment applau
di à l'extrême gauche, déclare que
l'on doit agir à l'égard des mission»
naires comme on le fait pour les
collectivités, « qui n'ont pas le ca
ractère français ». Il ajoute: « Le
parti républicain doit se garder de
mettre une fois de plus le crédit de
la. France., au service, d'un pareil
prosélytisme ! Il termine en disant :
« L'occasion se présente pour la
Chambre d'affirmer sa résolution
non par des-promesses, mais par,
des actes, én limitant le chiffre de
l'emprunt à ce qui est. nécessaire
pour l'Etat français. Le vote par le-
3uel elle en élèverait le chiffre pour
ésintéresser immédiatement les
compagnies financières et les con
grégations non autorisées serait
contraire à l'intérêt des contribua
bles et à l'intérêt de la Répu
blique.. »
M. Rouvièr,"' membre de la com-;
mission, prend la parole. 11 déclare
nettement que le rapporteur « a
présenté ses développements dans
un esprit qui n'est pas; celui de la
-commission-»> •
M. Rouvier ajoute, — .et il faut
lui savoir gré de sa sincérité cou-,
rageuse :
—J'ai coopéré moi-même àlpi res 7
triction du.chiffre, de l'emprunt.
Maisjen'ai pas. pu.entendre sans
protestation les . paroles que M.
Hubbard a prononcées comme un
blâme adressé à la politique tradi
tionnelle de la France.,
M. Berthelot succède à M. Rou
vier et combat l'extraordinaire théo
rie de M. Hubbard :
—Pouvez-vous, s'écrie-t-ii, déchi
rer letraité de Pékin ? désavouer nos
plénipotentiaires? La question n'a
rien de politique, c'est une question
de probité. Vous avez demandé de
l'argent à la Chine pour le remettre
à des tiers, vous ne pouvez pas
l'empocher. La France a traité avec
la Chine, elle s'est chargée déré
gler toutes les indemnités résultant
du traité. A moins de vouloir com
promettre nos. intérêts en Chine, il
vous est impossible de ne pas faire
honneur à votre signature !
A son tour, M. Ribot exprime le
regret qu'un tel rapport — qui ne
représente, pas les idées de la ma
jorité delà commission — ait été
imprimé au nom de la Chambre,
Ce langage soulève les fureurs
dè l'extreme-gauche. En un ins
tant, lé tumulte est à son comble,
et, au milieu d'un vacarme assour-
dissaht; M. Berteaux, l'agent de
changé soi-disant socialiste, s'écrie
en s'adrèssant à l'honorable M. Ri
bot : .
— Et si l'on vous donnaitune paire
de gifles? »
Nous reproduisons plus loin d'a
près l'analytique le compte rendu
de ce violent incident, mais il faut
avoir assisté à la séance pour com^
prendre où. en est arrivée cette
Chambre. Le président, debout,
très pâle, adjurant vainement les
socialistes de respecter la liberté
de la discussion ; à la tribune, M:
Ribot, très bravement, faisant tête à
l'oragé ; les tribunes anxieuses, les
huissiers affolés. Il était absolu
ment impossible à l'honorable M,
Ribot de se faire entendre, bien qu'il
fût vigoureusement soutenu, et par
le président et par ses amis : l'ex-
trême-gauche avait résolu de l'em
pêcher de parler, et elle y a réussi.
Criant, glapissant, hurlant, sifflant*
frappant à tour de bras sur leurs
pupitres, les socialistes sont restés
les maîtres. Toutefois, M. Ribot a
pu prononcer la fière protestation
qu'on lira plus loin. En regagnant
son banc, il a été accueilli par les
bravos répétés de ses amis, et M.
Paul Deschanel a suspendu la
séance.
A la reprise, les énergumènes de
l'extrêmé-gauche étaient un peu
calmés. Et lorsque M. Paul Deschar
nel a dit avec beaucoup de digni
té ; « Je pense que, dans l'intérêt de
là République, la Chambre voudra
écouter silencieusement ce débat »,
de nombreux applaudissements ont
souligné cette phrase. M. Ribot a
prononcé alors un très beau et très
honnête discours que nous repro-?
duisons plus loin,' d'après VAna.ly-?
tique, et'^qui a eu le succès le plus
vif et le plus mérité. L'honorable
député du Pas-de-Calais a montré,
au cours de la douloureuse journée
d'hier^ un courage à la hauteur de
son talent.
La discussion continuera auj our :
d'hui.
' J. Mantenay.
P.-S. —r Chose extraordinaire ;
M. Delcassé — ministre des affai
res étrangères — n'assistait pas à
la séance d'hier. Espérons qu'il sera
à son banc aujourd'hui.
M.
La mariné marchande.
Séance du mardi matin,
% ■* . ....
La Chambré a repris ce matin
mardi, sous la présidence de M. Ay-
nard, là suite de la discussion du
projet relatif à la marine marchant
ae. C'est toujours l'article 2 qujest
en discussion. M. Chast'enet de?
mabde de réduire à dix ans au lieu
de quinze le temps nécessaire à
I'obtèntion de la primé. Son amen
dement est rejeté. Puis, M. Brin-
deaii développe une disposition ad
ditionnelle tendant à limiter la du
rée de la période pendant laquelle,
d'une façon générale, fonctionne la
compensation d'armement, et à
fixer l'âge à partir duquel les., navî-j
res francisés,dé construction étran
gère, ne pourront avoir droit à la
compensation d'armement. La
Chambre n'admet "pas davantage
cet amendement."
L'article 2 est adopté; M. Caste-
lin proposé alors un article nouveau
ainsi conçu : « Les navires achetés
à l'étranger paieront, lors de leur
francisation, un droit fixé à 60 francs,
la tonne de jauge brute. » La propo
sition" de M. Castelin est repoussée
f)ar 510 voix contre 31. La suite de
a discussion est renvoyée à jeudi
matin; la prochaine séance est fixée
à cet après-midi deux heures et
demie.
J. M.
ESiilea 4K»tidi«a»« « IZ,324
Mercredi 20 Novembre 19
L 1
m
"1901
* ^y»
. m'-
ÉDITION QUOTIDIEIÎNB
* * PARIS
. ET départements
tin ail......... 40 »
' Six mois...... 2^. »
Trois mois...,. Il »
ÉTRANGER
(union postale)
51 »
26 50
14 »
lies abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mol*
Paris . 10 cent, s
15 , —
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postal?'
Ub ail: 20 » 26 »
Six mais...;.. 10 » 13 »
Trois moi j 5 » P âQ
DN numéro j D5' a s ; t ë»y^::;;:
B
lies abonnements partent des 1" et 13 d« chaque mois
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
LE MONDE
L'UNIVERS ne répond, pas des manuscrits qui lui sont adressés
annonces
MM. LAGRANGE, CERF et G ie , 6, place de la Bourse
sa
NOTRE APPEL
Diverses questions nous sont po
sées au sujet de notre appel en vue
de reporter le: capital du journal à
500,060 fr. afin d'abaisser les prix
d'abonnement.
Nous ne pourrons répondre d'une
façon absolue à certaines de ces
questions qu'après -l'assemblée des
actionnaires fixée au 28 île ce mois ;
mais voici tout de suite quelques
renseignements. . .
» Dans la circulaire confidentielle
adressée à beaucoup de nos amis
nous avons" dit que le prix de l 'a
bonnement à l'édition quotidienne
serait abaissé de 40 à 25 franes et à
l 'édition semi-quotidienne de 20 à
13 francs; Nous répétons ces chif
fres.
Dans la même circulaire, nous
avons parlé d'actions de 500 francs
et de 100 francs.
Cent francs doit donc être le chif
fre minimum de la souscription.
Nous en avons beaucoup de ce chif
fre. Nous en avons aussi de 10,000
francs.
Les àctio'ns de l'Univers étaient
primitivement de 500 francs ; après
le remboursement de 300 .francs par
action, elles ont nécessairement été
rédiiites à 200 francs. Pour n'avoir
pas des actions de trois chiffres
différents une proposition, qui ne
lésera aucun droit, sera faite à l'as
semblée. Son voté réglera ce dé
tail. , ..
Conformément à." l'article 12 de
nos statuts, * les actionnaires ne
sont engagés que jusqu'à concur
rence du capital de chaque ac
tion.,»,.., ...
Les versements pourront être
faits en deux fois : la première
partie maintenant, la seconde dans
lé délai de six mois.
On nous demande si le présent
appel s'adresse uniquement aux
anciens actionnaires et les oblige a
quelque chose.
. Non, il s'adresse à tout le monde
et n'oblige à rien personne. C'est
une œuvre de zèle, de propagande,
pour laquelle nous comptons sur
les amis de vieille et de nouvelle
date. .
Nous leur demandons de nous
aider ; nous les prions de souscrire
et dé vouloir bien sans retard nous
indiquer le montant de leur sous
cription.
Les fonds peuvent être adressés
à l'administrateur-gérant du jour
nal, M. Romagosa.
II sera fait traite aux dates qu'in
diqueront les - souscripteurs qui
préféreront ce mode de versement.
PARIS,, 19 NOVEMBRE 1901
SOMMAIRE ,
Le Père Gratry..... Eugène Tavehnier.
La guerre sud-afri
caine F. L.
A la Chambre;.... J. Mantenay.
C'est la faute à Des-
ohanel, G. d'A.
Le congrès catholi»
que du Nord Victor Diligent.
Bulletin. Nouvellés de Rome. — Heu
reuse inconséquence. — Les congréga»
tlons; — Informations politiques 7 et par-
* lementaires. •— A l'Hôtel de Villes — Les
affaires de Chine. — La guerre du Trans-
'vaal: — Esrangér; — La grève des mi
neurs. Les anarchistes.— Chambre
des députés* ~ Mgr Oanappè. — Né-»
croîogle. — ; Tribunaux. — Nouvelles
diveise*. — Calendrier. — Tableau
et bulletin de la Bourse. — Dernière
heure.
LE P. GRATRY
Le remords parle quand il veut ;
et il ne dédaigne pas de causer des
surprises. L'autre jour, un article
publié dans le Temps résumait le
volume consacré à la personne et
aux travaux du P. Gratry, par le
R. P. Chauvin, de l'Oratoire, supé
rieur de l'école Massillon. Ce livre
a paru depuis plus de six mois. Il
représente un travail considérable,
très intelligent et au suprême degré
consciencieux. il est écrit d'un style
limpide et fort élégant où l'on re
connaît un esprit fin, élevé, nourri
de la meilleure, littérature; Il re
trace une assez longue période,ani
mée par la lutte des grandes idées.
Il aide, à. comprendre notre époque,
et i à nous faire saisir une bonne
partie du -mouvement dans lequel
nous vivons, entraînés par lui, plus
ou moins agissants ou passifs.
" Depuis nombre de semaines, j'en
avais terminé l'attrayante et forti
fiante lecture, à laquelle j'étais re
venu plusieurs fois pour savourer
plusieurs chapitres émouvants et
{jleins de lumière. Pourquoi l'ana-
ysequi lui est due ici a-t-elle tardé,
jusqu'à se trouver devancée parle
compte rendu d'un journal peu ca
tholique? , Vraiment je . l'ignore,.
Avec la même sincérité,, j'en de
mande pardon au R. P. Chauvin; et
aussi avec confiance, car peu d'au
teurs de son mérite ont autant que
lui d'amabilité, de générosité et de
discrétion.
Et puis, peut-être que s le retard
ne va pas sans un certain avantage,
puisque l'article du Temps se ter
mine par une. réflexion ou plutôt
une insinuation propre à montrer
l'actualité du volume.
Le Père Grâtry est un peu ou
blié, dit-on. Mais on avôUe qu'il a
passé sa vie aux prisés' avec les
problèmes qui, pèsent sur nous.
Enfin, on doute qu'il ait pu mettre
d'accord son goût pour la liberté et
son amour pour- la foi.
C'est bien là-dessus, en somme,
que roulent les grandes discussions
du moment. Nous entendôns beau-
coup d'esprits distingués faire la
leçon au socialisme doctrinaire et
jacobin et lui reprocher de s'égarer
dans lés voie.s du Syllabus. Ils se.
sont persuadé,, eux, que leur liberté
se passe de règles et de point d'ap?-
pui; ce qui ne les empêche pas de
pousser des cris d'alarme et de ré
clamer des- mesurés répressives,
lorsque la licence étale un carac
tère menaçant ; lorsque, par éxem^
pie, des professeurs de l'Université
prêchent l'indiscipline aux soldats
et bafouent l'idée de patrie. Les li
béraux modérés (comment les ap
peler au juste ?) disent qu'alors la
société est en péril. Parfaitement.
Or, ce qu'ils refusent d'admettre
c'est que la liberté de pensée et
de parler puisse avoir jamais un
tel résultat. Ils fournissent la preu
ve qu'ils déclaraient] impossible ;
ils l'apportent, s'en servent et en
tendent la faire accepter par tout
le monde.
Cette contradiction étonne d'au
tant plus qu'il semblait que seuls
les ignorants et les gressiers étour
dis en fussent capables. Or, au con
traire, elle a un empire très étendu ;
et si elle abuse facilement le vul
gaire, elle ne se repose pas non
plus de jouer des tours aux gens
graves et distingués, Elle les em
poigne et les secoue lorsqu'ils sont
occupés à se louer avec complai
sance de posséder eux seuls la vraie
notion de la liberté. Elle leur impute
; l'impardonnable erreur de juger de
ï l'humanité entière d'après leurs
Eenchants, leurs intérêts, leurs ha-
itudes. Elle leur dit : — Ou bien,
vous affirmez des règles que vous
considérez comme supérieures et
que voas voulez mettre au-dessus
de toute atteinte, et alors vous avez
un Syllabus; ou bien vous avouez
que n'importe quelle théorie a droit
de cité, et alors vous annulez vous-
même l'autorité dont vous invoquez
la protection.
Que le Père Gratry ait subi par
fois les inconvénients de là vieille et
toujours étonnante méprise, ce
: n'est pas contestable. Mais tant
s'en faut qu'il ait, même dans les
jours de l'égarement, méconnu à
ce point le rôle de l'autorité.
Il lui arriva de trop compter sur
la liberté de discussion, mais, de
bonne heure, le souci du devoir lui
fit prendre pour le service de l'au
torité un parti héroïque.
La polémique engagée en 1851
entre l'abbé Gratry, aumônier dé
l'Ecole normale, et M. Vacherot,
directeur de la même école, tou
chait à une question capitale^ Lé
philosophe laïque soutenait que les
dogmes chrétiens étaient le fruit
naturel de la philosophie grecque.
Le prêtre répondait en montrant lé.
caractère surnaturel du dogme.
Toute cette lutte, où se heurtaient
les idées, la logique, l'histoire, est
retracée.par lé R. P. Chauvin avec
le développement qu'elle exige (1).
L'auteur analyse et dépeint les ad
versaires. C'est un tableau où cir
cule la vie et la pensée. C'est un
miroir où se reflète l'antagonisme
qui, descendant des régions philo
sophiques, allait peu à peu péné
trer clans la masse et susciter un
peuple positivement et audacieuse-
ment athée. Comme l'a remarqué
M. Brunetière, « la négation du
« surnaturel passait en ce temps-
if là pour la condition de l'esprit
« scientifique ». La vieille fausseté
a perdu de son prestige dans le
monde des intellectuels ; mais quel-;
les conquêtes elle a réalisées au
sein de la foule qui lit la formu
le :
Ayant déployé un savoir et une
éloquence qui lui valurent, de pré
cieux témoignages d'estime; ayant
remporté une véritable victoire, le
P. Gratry se sacrifia et quitta l'Eco
le, mais afin de combattre avec une
ardeur qui n'avait fait que gran
dir. Ses œuvres sur les Sophistes et :
h critique, sur la Connaissance de
Dieu, sur la, Logique,sur la Connais
sance de Vame restent comme un:
effort original et puissant pour dé
livrer la raison enveloppée de so-
phismes.
L'exposé analytique et critique
3ue donne le R. P. Chauvin permet
e suivre pas à pas la méthode pré
conisée et appliquée par Gratry.
Alorsj dès écrivains, dont, Emile
Saisset était, -le représentant en
vue, accusaient l'Eglise d'ignorance
théologique et souhaitaient ironi
quement jin christianisme plus pro
fond et mieux compris. L'apologiste
répondait largement à ce désir
(ju'il acceptait comme sincère et il
édifiait, selon l'expréssîon du P-
Chauvin, une « philosophie vivante
et féconde ».
Aux approches du Concile et
pendant le Concile, Gratry devint,
par excès d'ardeur, l'un des instru
ments du parti qui combattait l'in
faillibilité. Inutile' dé rappeler lès
emportements qui l'aveuglèrent et
qu'il sut regretter plus tard. On le
plaignait autant qu'on l'accusait. En
véritable admirateur, en fidèle ami,
îe R. P. Chauvin n'a rien dissimulé
des fautes commises. Il donné
l'exemple d'une impartialité qui ne
peut être surpassée;
MaiSi pour le reste* l'auteur re
vendique, et avec grande raison,
l'hommage dû aux vertus généreu
ses et aux brillants' talents du prê
tre dont\ l'aspiration dominante,
constante, fut de restaurer, devant
la science incrédule, le prestige de
la vérité révélée. . . t
Gratrv a beaucoup contribué à ré
futer 1 étroite présomption des
hommes lettrés qui ne voulaient
voir dans la doctrine et dans la foi
que des choses incompatiblès avec
1 intelligence. Il était né au moment
où l'influence de ce misérable pré
jugé passait pour une conquête dé
finitive. Malgré l'extension du mal
dans les couches populaires, mal
gré les complications nouvelles que
présente la lutte religieuse, nous
avons regagné un immense terrain;
On en juge en lisant les pages
cole polytechnique. Le beau livre
écrit par le Père Chauvin ,en vue
d'un souvenir d'amitié et d'une œu
vre de justice est aussi un précieux
élément d'espérance.
Eugène T avernier.
ïBULLETIN
(1) Le Père Gratry, par le R. P. Chauvin.
Paris, Bloud et Barrai.
Des scènes scandaleuses se sont pro
duites à la. Chambre, pour la discussion
du projet d'emprunt sur les indemnités
de Chiné ; M. Gustave Hubbard a voulu
être sectaire, il a été avant tout sot et ri
dicule ; M. Bertéaux a tenté d'être t?io—
lent, il s'est montré grossier et mal api
; pris.
Une partie de la gauche et de l'ex
trême-gauche, rëstée anticléricale et
anti-française, a organisé lé tumulte
des grands jours pour empêcher M. Ri-
bot de montrer, en un courageux et ad
mirable discours, combien il est crimi
nel et contraire aux intérêts de la
France, de discuter les droits de nos
protégés en Extrêmè Orient.
De ce débat non encore épuisé, il ré
sulte que le citoyen Hubbard, dans les
développements haineux de sonrapport
contre les missions, a parlé en son nom
personnel, sans engager même la majo
rité de la commission; il affirmaitnatu-
rellemerit lé contraire ; des « cléricaux »
comme le socialiste Astier, le radical-
socialiste Berthelot et - l'opportuniste
Bouvier, ont dû lui déclarer très nette
ment qu'il ne disait pas la vérité.
La grève des mineurs prend quelque
peu d'extension autour de Denain, tan
dis qu'à Liévin se dessine un léger mou
vement.
Lé travail continue dans le reste du
bassin.
La. mode est aux discours én Angle
terre ; voici qu'on annonce, pour le 30
novembre, un grand banquet en l'hon
neur de sir Reduers Buller.
Les, trop bruyants amis du général
disgracié comptent qu'il y ferades décla
rations sensationnelles ; ceux qui je
connaissent bien, pensent au .contraire
qu'il continuera à garder le silence sur
la mesure, qui le frappa récemment, et
dont il a appelé, paraît il, avec docu
ments pour sa justification, au roi lui-
même.
Le calme n'est point rétabli en Espa
gne ; de nouveaux troubles ont éclaté à.
Madrid et à Barcelone. ; •
Dans cette dernière ville, la révoca
tion aujourd'hui définitive du recteur
de l'Université ,a provoqué des mani
festations d'étudiants.
M. Sagasta va mieux, ; il a pu assister
hierklaséaricedela Chambre.
Là nomination du grand-vizir Saïd
pacha produit-une certaine sensation en
Autriche ; on rappelle à ce propos qu'en
1895, ayant encouru la disgrâce du sul
tan, il dut se réfugier à l'ambassade
austro-hongroise.
Sur les instantes réclamations des
principaux habitants de Scutari d'Al
banie, le gouverneur Kiazim' pacha
vient d'être destitué. ,
Le traité anglo-américain pour la
protection du canalnnterocéanique a été'
signé k Washington. . *
La commission proposera la. toute de
Nicaragua, les. Etats-Unis ayant la
seule autorité et le haut contrôle sur le
eanal.
NOUVELLES DE ROME
Samedi, 16 novembre. -
Au Vatican;
Hier, Sa Sainteté Léon XIII a reçu
en audience particulière S. Exc. M.
Alexandro. Pidal y Mon, ambassadeur
d'Espagne.
M. Pidal avait l'hoiineur de présenter
au Pape M. José Villègàs, directeur de
l'Académie d'Espagne, appelé par son
gouvernement à la direction du musée
"'du FrïdïfH^Sfadïid- " ^
Aujourd'hui S. S. Léon XIII a reçu
Mgr Henry de Sanne, évêque de Rhi-
zonte et coadjuteur de MgrOazet, vicaire
apostolique de Madagascar central, et
Mgr Thomas, Whiteside, évêque de Li-
verpool.
— S. Em. le cardinal Vives y Tuto a
été nommé par le Saint-Père, protecteur
des Sœurs carmélites de la charité du
diocèse de Vich, én Espagne.
Une fondation de Léon XIII;
A Valmontone, Mgr l'évêque de Velletri
a béni l'asile que le Pape vient de fonder.
Cet asile est confié aux Filles de la Cha
rité ; la supérieure est une Française.
Mgr l'évêque de Velletri a envoyé un
télégramme de remerciements au Sou
verain Pontife.
Une conférence contré le divorce;
Invité par le groupe romain de la dé
mocratie chrétienne, M. l'avocat Méda,
rédacteur à VOsservàtere cattolico de
Milan, a tenu une conférence sur le pro
jet de loi du divorce. Un très nombreux
auditoire se pressait dans la salle du cer
cle des études sociales^ près du Coraio.,
Le .conférencier a montré l'immoralité
et les conséquences du divorce, en même
temps que l'insanité des arguments par
ièsquels on che'rche à 1« légitimer. On
voit par ce fait que les démocrates chré
tiens mènent vigoureusement la campa
gne sur tous les points menacés.
LA GUERRE SUD-AFRICAINE
Les renseignements nouveaux,
positifs et détaillés, qui peuvent
nous aider à mieux comprendre et
à expliquer la durée extraordinaire
de la guerre sud-africaine, sont
bons à recueillir; nous en trouvons
quelques-uns - de cette sorte dans
le Times, venant de son correspon
dant à Vienne qui les a puisés, dit-
il, dans un entretien avec un étran
ger compétent et impartial, très au
courant des. choses de l'Afrique
australe.
L'insuffisance en troupes mon
tées est, paraît-il, l'une des causes
principales de l'impuissance sur
prenante de l'armée britannique et
ae la prolongation pour ainsi dire
indéfinie de là guerre. Le nombre
total de ces troupes est sans doute
considérable, mais il ne faut pas
' oublier qu'environ vingt pour cent
de ce total sont pris par les servi
ces dé l'intendance, les transports,
les convois, etc., etc. Il y a ensuite
un large pourcentage de malades
et de blessés ; en outre, il faut gar
der et protéger plus de huit cents
lieues de chemins de fer; occuper
et défendre un certain nombre de
villes ou forts ; de telle sorte que ce
qui reste de troupes disponibles et
valides capables de combattre et
de repousser les Boers est hors de
proportion avec l'énorme étendue
de la contrée où elles sont forcées
d'opérer.
L'armée britannique a dpnc be
soin que des renforts lui soient ex
pédiés le plus vite possible* et que
ces renforts consistent en hommes
exercés et montés, car de telles
troupes sont seules capables de
venir à bout des adversaires aux
quels elles ont affaire.
Les Boers sont, en effet, con
duits et entraînés par des chefs
énergiques et enthousiastes qui
soutiennent, qui exaltent le moral de
leurs compagnons. Les hommes
d'un certain âge n'ont plus de de
meures où ils pourraient se reti
rer; leurs fermes sont brûlées,
leurs femmes et leurs " enfants sont
en captivité ou morts, dans les
abominables canips de concentra
tion : pourquoi abandonneraient-ils
la lutte ? Ils la continueront en dé
sespérés jusqu'à la fin !
Quant aux jeunes gens, ils pas
sent d'ordinaire une grande partie
de l'année à lâchasse; pour eux, la
guerre, c'est presque la même vie,
mais ennoblie encore par le'patrio-
tisme, par le sentiment qu'ils com
battent pour la liberté et l'indépen
dance de leur pays... Enfin, à côté
des Boers grands propriétaires de
vastes fermes, il y a des métayers
qui, n'ayant personnellement rien à
perdre a la guerre, ne peuvent que.
gagner en y prenant part. :
Il faut, savoir d'ailleurs que si,
pour une plus grande facilité de
subsistance et ae ravitaillement,
les Boers combattants ne comptent
qu'environ 12,000 hommes en cam
pagne, le nombre des militants est
réellement beaucoup plus considé
rable, mais ceux-ci se tieniinénten
réserve,en arrière ét loin des routes
ou des lignes de chemins de fer
parcourues par les. Anglais, prêts
a fournir les remplaçants des morts
et .des blessés...
Ces constatations intéressantes
expliquent, en effet, la durée, si
extraordinaire à première vue, de
cette lutte épique.
F. L, ■
Chaque demande de ehangeiaen
d'adresse doit être accompagnée de
50 centimes en timbres-poste.
~ HËURÉUSÊ INCbiNSÉQUENCE
M. Laloge,, député socialiste de la
Seine, fondait,il y a quatre ans,une « So
ciété du baptême civil au .Champagne >
dont le siège fut* établi salle Persin, à
Boulogne-sur-Seine.
Or, si nous en croyons l'Intransigeant,
le même M. Laloge a eu l'an dernier une
petite fille qu'il a fait baptiser; non pas
salle Persin.non pas au Champagne, mais
à sa paroisse: et selon les rites de l'Eglise
catholique. Ce baptême, d'après le mê
me journal, est en date du 18 avril 1900.
La petite fille a reçu les prénoms de Ma
deleine-Henriette.
M. Laloge a bien agi ; mais, quand on
doit se conduire "si correctement, pour
quoi fonde-t-ott des sociétés de « bap
tême civil au Champagne » ?
A LA CHAMBRE
L'emprunt de Chine. — Violents
incidents. — Suspension de la
séance.
Parmi les nombreux spectateurs
des tribunes publiques qui assis
taient hier, silencieux, mais visible
ment émus, à la tempête qui s'est
produite au Palais-Bourbon, ceux
qui possèdent quelque imagination
ont dû évoquer lès tragiques sou
venirs de ,1a. Convention. Sans
doute, il serait excessif de comparer
la journée d'hier à cette terrible
séance de thermidor, où le prési
dent Thuriot (Tue-Roi, comme di
sait Cadoudal) agitait obstinément
sa sonnette pour couvrir les appels
deRobi
•ait le « p:
assassins "» de lui laisser la pà-
desesperes de Robespierre, lorsque
celui-ci adjurait le « président des
rôle. Il n'en est pas moins vrai que
le président Deschanel — lequel a
fait preuve, cependant, il n'est que
juste de le dire, de tact, de pré
sence d'esprit, et même d'énergie
— a été impuissant à rétablir l'or
dre, à obtenir le respect dû à ses
hautes fonctions, à maintenir la li
berté delà tribune, etadû, en fin de
compte, suspendre la séance.
I e ■ " ' '
On discutait le projet relatif aux
crédits concernant l'expédition de
Chine. M. d'Estournelles venait de
prononcer . le discours que nous
avons résumé hier en Dernière
Heure, lorsque M. Hubbard, rappor
teur, monte à la tribune.
Après "avoir déclaré que la com
mission propose d'émettré 210 mil
lions de rentes et non 265 comme
l'avait demandé le gouvernement
dès le début, le rapporteur passe
rapidement sur le côté financier pour
attaquer, avec autant de violence
que dè perfidie, les missionnaires,
créanciers de l'indemnité chinoise,
qui, —de l'avis de tous les libres-
penseurs patriotes — rendent à la
France de si hauts services.
— Parmi les congrégations, dit
l'orateur, il en est qui ont déjà la
personnalité juridique et, que les
lois françaises reconnaissent. Tels
sont les lazaristes, et il est bien en
tendu qu'ayant la personnalité, juri
dique en France, ils l'ont aussi en
Extrême-Orient, et qu'ils seront ad
mis à faire valoir leurs réclama
tions devant la commission de revi
sion.
« Mais, ajoute M. Hubbard, est-il
indispensable que les Lazaristes re
çoivent du 3 0[0 perpétuel.? Dira-
t-on qu'il y a là une situation aussi
intéressante que celle du petit in
dustriel, de l'humble commerçant ?
— Très bien ! s'écrient les compè
res de l'extrême gauche,qui semblent
s'àttendrir sur le sort des susdits
petits industriels et humbles com
merçants.
. M..Ilubbardpoursuit^
•— A côté de ces sociétés recon
nues, autorisées, qu'y a-t-il ? Des
collectivités qui n-ont pas d'exis
tence aux veux de la loi française.
Il y a les jesuites, les franciscains,
les trappistes. Et la question, qui
se pose est très simple. Puisqu'il 'y
a une commission juridique fran
çaise qui jugera, d'après. les, lois
françaises, les quèstions d'état, de
propriété^ de procédure, .pouvons-
nous admettre que la République
française, qui procède en France
à la liquidation des biens de con
grégations non reconnues, va don
ner à celles qui sont en Chine du
3 0i0 perpétuel et les avantaigér
dans aes conditions exceptionnel
les ?
M. Huiibard, violemment applau
di à l'extrême gauche, déclare que
l'on doit agir à l'égard des mission»
naires comme on le fait pour les
collectivités, « qui n'ont pas le ca
ractère français ». Il ajoute: « Le
parti républicain doit se garder de
mettre une fois de plus le crédit de
la. France., au service, d'un pareil
prosélytisme ! Il termine en disant :
« L'occasion se présente pour la
Chambre d'affirmer sa résolution
non par des-promesses, mais par,
des actes, én limitant le chiffre de
l'emprunt à ce qui est. nécessaire
pour l'Etat français. Le vote par le-
3uel elle en élèverait le chiffre pour
ésintéresser immédiatement les
compagnies financières et les con
grégations non autorisées serait
contraire à l'intérêt des contribua
bles et à l'intérêt de la Répu
blique.. »
M. Rouvièr,"' membre de la com-;
mission, prend la parole. 11 déclare
nettement que le rapporteur « a
présenté ses développements dans
un esprit qui n'est pas; celui de la
-commission-»> •
M. Rouvier ajoute, — .et il faut
lui savoir gré de sa sincérité cou-,
rageuse :
—J'ai coopéré moi-même àlpi res 7
triction du.chiffre, de l'emprunt.
Maisjen'ai pas. pu.entendre sans
protestation les . paroles que M.
Hubbard a prononcées comme un
blâme adressé à la politique tradi
tionnelle de la France.,
M. Berthelot succède à M. Rou
vier et combat l'extraordinaire théo
rie de M. Hubbard :
—Pouvez-vous, s'écrie-t-ii, déchi
rer letraité de Pékin ? désavouer nos
plénipotentiaires? La question n'a
rien de politique, c'est une question
de probité. Vous avez demandé de
l'argent à la Chine pour le remettre
à des tiers, vous ne pouvez pas
l'empocher. La France a traité avec
la Chine, elle s'est chargée déré
gler toutes les indemnités résultant
du traité. A moins de vouloir com
promettre nos. intérêts en Chine, il
vous est impossible de ne pas faire
honneur à votre signature !
A son tour, M. Ribot exprime le
regret qu'un tel rapport — qui ne
représente, pas les idées de la ma
jorité delà commission — ait été
imprimé au nom de la Chambre,
Ce langage soulève les fureurs
dè l'extreme-gauche. En un ins
tant, lé tumulte est à son comble,
et, au milieu d'un vacarme assour-
dissaht; M. Berteaux, l'agent de
changé soi-disant socialiste, s'écrie
en s'adrèssant à l'honorable M. Ri
bot : .
— Et si l'on vous donnaitune paire
de gifles? »
Nous reproduisons plus loin d'a
près l'analytique le compte rendu
de ce violent incident, mais il faut
avoir assisté à la séance pour com^
prendre où. en est arrivée cette
Chambre. Le président, debout,
très pâle, adjurant vainement les
socialistes de respecter la liberté
de la discussion ; à la tribune, M:
Ribot, très bravement, faisant tête à
l'oragé ; les tribunes anxieuses, les
huissiers affolés. Il était absolu
ment impossible à l'honorable M,
Ribot de se faire entendre, bien qu'il
fût vigoureusement soutenu, et par
le président et par ses amis : l'ex-
trême-gauche avait résolu de l'em
pêcher de parler, et elle y a réussi.
Criant, glapissant, hurlant, sifflant*
frappant à tour de bras sur leurs
pupitres, les socialistes sont restés
les maîtres. Toutefois, M. Ribot a
pu prononcer la fière protestation
qu'on lira plus loin. En regagnant
son banc, il a été accueilli par les
bravos répétés de ses amis, et M.
Paul Deschanel a suspendu la
séance.
A la reprise, les énergumènes de
l'extrêmé-gauche étaient un peu
calmés. Et lorsque M. Paul Deschar
nel a dit avec beaucoup de digni
té ; « Je pense que, dans l'intérêt de
là République, la Chambre voudra
écouter silencieusement ce débat »,
de nombreux applaudissements ont
souligné cette phrase. M. Ribot a
prononcé alors un très beau et très
honnête discours que nous repro-?
duisons plus loin,' d'après VAna.ly-?
tique, et'^qui a eu le succès le plus
vif et le plus mérité. L'honorable
député du Pas-de-Calais a montré,
au cours de la douloureuse journée
d'hier^ un courage à la hauteur de
son talent.
La discussion continuera auj our :
d'hui.
' J. Mantenay.
P.-S. —r Chose extraordinaire ;
M. Delcassé — ministre des affai
res étrangères — n'assistait pas à
la séance d'hier. Espérons qu'il sera
à son banc aujourd'hui.
M.
La mariné marchande.
Séance du mardi matin,
% ■* . ....
La Chambré a repris ce matin
mardi, sous la présidence de M. Ay-
nard, là suite de la discussion du
projet relatif à la marine marchant
ae. C'est toujours l'article 2 qujest
en discussion. M. Chast'enet de?
mabde de réduire à dix ans au lieu
de quinze le temps nécessaire à
I'obtèntion de la primé. Son amen
dement est rejeté. Puis, M. Brin-
deaii développe une disposition ad
ditionnelle tendant à limiter la du
rée de la période pendant laquelle,
d'une façon générale, fonctionne la
compensation d'armement, et à
fixer l'âge à partir duquel les., navî-j
res francisés,dé construction étran
gère, ne pourront avoir droit à la
compensation d'armement. La
Chambre n'admet "pas davantage
cet amendement."
L'article 2 est adopté; M. Caste-
lin proposé alors un article nouveau
ainsi conçu : « Les navires achetés
à l'étranger paieront, lors de leur
francisation, un droit fixé à 60 francs,
la tonne de jauge brute. » La propo
sition" de M. Castelin est repoussée
f)ar 510 voix contre 31. La suite de
a discussion est renvoyée à jeudi
matin; la prochaine séance est fixée
à cet après-midi deux heures et
demie.
J. M.
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