Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-11-17
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 novembre 1901 17 novembre 1901
Description : 1901/11/17 (Numéro 12318). 1901/11/17 (Numéro 12318).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7109073
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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Dimanche 17 Novembre 1901
Hlttta f«aU4Uu* — 12,318
Dimanche 17 Novembre 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER*
eï départements (union postale)
Un an -40 » pi »
Six mois...... 21 » £6 50
Trois mois..... 11 » 14 »
Le* Abonnements partent des 1" et 16 de chaque mol»
• UN NUMÉRO
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
'v î .\TP . 11 ••v'
^ - PARIS ÉTRANGER
: ET départements . (union postai^,
On an......... 20 » 26 »
Six mois'.v.... 10 »• .'• » 13
Trois moij 5 » f, j>0
Paris.............. i 10 «ent.
Départements..... 15 —•
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
• .On s'abonne à.Rome, place du Gesù, 8
*. t.
SI*'
m-vmm
Les abonnements partent des 11* et 10 de chaque mois
t '' ^ t ' ' J V%*' | ; ->* T
• L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont, adressés
• '\)ÎWNONCE8 "'"V^\.''"' t
; MM LAGRANGB, CERF et C io , 6, place de la Bourse
NOTRE APPEL
Diversés questions nous sont po- j
sées au sujet de notre appel en vue ;
de reporter le capital du journal à ■
500,000 fr. afin d'abaisser les prix
d'abonnement. -
Nous ne pourrons répondre d'une
façon absolue à certaines do ces
questions qu'après l'assemblée des
actionnaires fixée au 28 de ce mois ;
mais voici tout de suite quelques
renseignements.
Dans la circulaire confidentielle
adressée à beaucoup de nos amis
nous avons dit que le prix de l'a
bonnement à l'édition quotidienne
serait abaissé de 40 à 25 francs et à
l'édition semi-quotidienne de 20 à
13 francs. Nous répiétons ces chif
fres.
pans la même circulaire nous
avons parlé d'actions de 500 francs
s et dé 100 francs. /
Cent francs doit donc être le chif
fre minimum de la souscription.
Nous en avons beaucoup de ce chif
fre. Nous en avons aussi de 10,000
francs.
Les actions de l'Univers étaient
primitivement de 500 francs ; après
le remboursement de 300 francs par
action, elles ont nécessairement été
' réduites à 200 francs. Pour n'avoir
pas des actions de trois chiffres
différents une proposition, qui ne
lésera aucun droit, sera faite à l'as
semblée. Son vote réglera ce dé
tail; ■ • - •' -
Conformément à l'article 12 de
nos statuts, « les actionnaires ne
.sont engagés que jusqu'à concur
rence du capital de chaque ac
tion. »
Les versements pourront être
faits en deux fois : la première
partie maintenant, la seconde dans
lè délai de six mois.
On nous demande si le présent
appel s'adresse uniquement aux
anciens actionnaires- et. les oblige à
quelque chose.
Non, il s'adresse à tout le'monde
et n'oblige à rien personne. C'est
une œuvre de zèle, de propagande,,
poupr laquelle nous comptons sur
•les • amis de vieille et de nouvelle
'date. ./
Nous leur demandons de nous :
aider ; nous les prions de souscrire
et de vouloir bien sans retard nous
indiquer le montant de leur sous
cription.
Les fonds peuvent être adressés
à l'adminis trateur-gérant du jour-
" nal, M. Romagosa.
Il sera fait traite aux datés qu'in
diqueront lés souscripteurs qui
préféreront -ce mode de" versement.
' PARIS, 16 NOVEMBRE 1901
SOMMAIRE
' Républicains etcon-
grégations...... . Un républicain ca«
tholique.
Qà et là : Je ne suis
demoiselle
A la Chambre.....
A u Sénat. •• à.......
Le club des adoles-
* cents .i...........
Le congrès catholi
que dn Nord.....
s. s 'A zaubuia.
J. M antenat. :
J. Estérac.
J. M.
Victor Diligent.
SùUetln. — Nouvelles de Rome. — Celles
. qu'on persécute.- t Encore un pour les
.statistiques. — Les congrégations. — S.
>Em. le cardinal Coullié. Discours de
Mgr Henry. — Informations politiques
et parlementaires. —A l'Hôtel de Ville.
— Les affaires de Chine. — La guerre
du Transvaal. -r- Etranger. — A travers
lia presse." — La grève des mineurs.
— Là question ouvrière. — Chronique.
— Lèttres, sciences et arts. — Echos
de 'partout. — An Sillon. — InBtitut ca
tholique de Paris. — Chronique religieu
se. — Nécrologie. — Tribunaux. — Nou-
velles diverses. — Jardin d'acclimata
tion. — Calendrier. — Tableau et bulletin
de la Bourse. — Dernière heure; •
ms
RfclIM 0
Les conseils municipaux des com
munes ou ^ se trouvent des établis
sements congréganistes sont appe
lés à donner leur avis touchant l'op
portunité de l'autorisation deman
dée par les congrégations. Nous
assistons à un curieux spectacle qui
'mérité dé fixer notre attention et
donne lieu à des observations fort
utiles.
Parmi les conseillers municipaux
républicains, un bon nombre ont
pensé qu'on ne pouvait pas être un
vrai républicain et donner en même
temps un avis favorable au main
tien des établissements congréga
nistes. Pour être .iin vrai républi
cain, il faut être, parait-il, un sec
taire, L'éducation politique est en-
poré si peii fàftp ep France que cer
tains dé çes républicains, qui ne
voudraient pas renier leur religion,,
ne savéntpas se soustraire à ce dé- ;
testable préjugé. ' ' i
Tous n'ont pourtant pas cette fai-1
blesse. Ils sont, au contraire, nom- j
breux ceux qui - préfèrënt une li
berté égale pour tous à un exclusi- ;
visme jacobin et césarien. On ne:
peut que.les en féliciter..-U§ règlent.
leur conduite sur une juste notion i
de la liberté.
Mais cela ne suffit pas aux répu- i
blicains qui, ayant reçu le baptême
et voulant mourir ? dans le sein de
l'Eglise; revendiquent le respect de
leur foi; ils doivent'voir les choses :
de plus haut et régler leur conduite
sur une juste notion des principes
religieux contre une persécution
qui s'attaaue aux institutions ca-;
tholiques les plus respectables et
lès plus bienfaisantes à tous les
points de vue, en même temps qu'à
la liberté: Nous mourons d'igno
rance religieuse dans notre pauvre
pays. C'est un curieux phénomène
que, lorsque les neuf,dixièmes des -s
électeurs, en, France, ne nourris- i
sent au fond du cœur aucune hosti
lité sérieuse contre la religion, la s
rage diabolique contre elle ait un
pareil succès.
Dissipons l'ignorance qui en est
la cause. J'estime que c'est une'
excellente chose que lè iournal de- ;
vienne aussi une chaire d'enseigne
ment chrétien sans prétendre toute-1
fois à la solennité du sermon. Je |
voudrais montrer en quelques mots s
ce qu'a d'ignoble à la lumière des i
principes religieux la politique a la i
fois antilibérale et ântichrétienne ;
de nos gouvèrnants. i
Jésus-Christ nous a" ; dit « qu'il
était la voie, la vérité et la vie »
tant pour lès nations que pour les
individus ; il l'a cent fois prouvé de-
puis. Nous ressemblons à.des hom
mes qui ont des yeux et qui n'y
voient pas. A bien réfléchir, en:
effet, nous devrions voir que c'est 5
Lui cjui a jèté à pleine main la li- i
berté dans le monde et' les magni- ;
ficences superbes d'un état d'âme!
dans l'humanité, que le monde n'a-s
vait point encore connu.
Jésus-Christ ne veut pas que les j
hommes ; restent stationnaires . Il se '
dit, au contraire, la voie ; il faut
donc marcher en avant. Mais on ne
doit pas marcher au hasard. Il se
met devant nous pour nous con- i
duire; et l'on va voir les merveilles]
de liberté et de dignité dont il vai
doter les thommes. I
Il porte dans ses mains une ban
nière surmontée d'une croix. Sur
une face de la bannière. celle qui re
garde du côté du monde je lis cette
devise: « Je suis la lumière du mon
de; celui qui me suit ne marche
pas dans les ténèbres. » C'était à
l'adresse de tant de faiseurs de
théories sociales qui, jusqu'à| sa
venue, avaient abouti au scepti
cisme universel. Sur le revers de la
bannière regardant du côté de ses
disciples,cette autre devise : « Cher
chez le règne de Dieu et de sa jus
tice, et tout le reste vous sera donné
par surcroit. »
Chercher le règne de Dieu et sa
justice,c'est prendre Dieu et sa jus
tice pour gouverne, c'est briser tous
les autres jougs, c'est rompre avec
toutes les servitudes dégradantes
de soi et d'autrui, c'est pour l'hu
manité reconquérir la liberté per
due. En nous invitant donc à cher
cher Dieu et sa justice, Jésus-Christ
nous rend la liberté et refait la di
gnité humaine.
Son grand disciple Paul, sous son
inspiration, rédigea dans ses lettres
aux premiers fidèles une déclara
tion des droits de l'homme et du ci
toyen longtemps avant les philoso
phes du XVIII e siècle. « Vous êtes
appelés, leur écrivait-il, à la liberté.
Ne consentez pas à devenir les es
claves des hommes ; vous avez été
payés trop cher. » L'apôtre ensei
gnait donc à n'obéir qu'à Dieu et à
sa justice. Tout pouvoir sans mis
sion de Dieu ne pouvait rien sur la
conscience humaine. Les premiers
chrétiens avaient la fierté de cette
liberté ; cette fierté a brillé d'une
façon éblouissante pendant les qua
tre premiers siècles de persécution,
où, pour obéir à Dieu et à sa jus
tice et n'être, l'esclave de personne, ;
ils défendaient leur liberté en mou
rant. •
Après lés héros qui, par amour
de la liberté couraient à une mort
héroïque, il y a eu aussi, à la suite
de Jésus-Christ, des héros qui,
pour être plus parfaitement libres,
coururent a une vie héroïque. Nous
n'avons pas besqin de remonter aux
premiers siècles pour voir eè ma
gnifique spectacle. C'est la gloire
de notre siècle de n'avoir pas cessé,
au milieu de l'égoïsme général,
d'offrir à nos yeux pette grande
merveille,... particulièrement, en
France,. Des âmes généreuses trem
pées dans l'évangile, se" donnent
plus exclusivement à Dieu pour
etre plus libres; Pps hommes et des
femmes renoncent en effet,- non à
prix d'argent mais gratuitement,
non par la violence d'autrui mais
librement, non vis-à-vis de leurs
semblables mais vis-à-vis de Dieu,
a tous les droits dont la nature'léur
laisse le libre usage; ilsy renqpçeflt
pour appartenir davantage à Dieu
èt se transformer en anges de la
h
terre * par la prière et par les œu- ,
vres à côté de la douleur humaine. •*
Ils s'en vont surtous les chemins I
de la vie partout où l'humanité j
s ouffre et gémit, "dans la barbarie ;
des cites opulentes comme dans là
sauvagerie des forêts ou des déserts |
inconnus. Voyez-les à l'œuvre; ils j
sont riches d'amour et toujours j
pauvres d'argent. Ce qu'on leur;
donne, ils le versent, en effet, dans !
le sein si vaste de J la misère hu
maine ; ils font éclore partout' la ci- i
vilisation. Les congrégations rei
gieuses sont la plus haute et la plus i
glorieuse expression de la liberté'
chrétienne. i
Est-ce donc là ce que des répu- j
blicains doivent combattre? A quelle i
république veut-on nous mener ? Ne i
voit-on pas que le libéralisme saris i
Dieu et sans sa justice ne peut faire !
que des esclaves? Frapper les con- i
grégatisns c'est frapper au cœur la ;
liberté qui sait, pour Dieu et la
ustice, se pencher sur la misère !
umaine afin de l'atténuer, de la ;
soulager et de la guérir; La liberté I
est deux fois respectable lorsqu'elle i
se met au service de l'humanité !
souffrante avec la double arme, de !
la prière et des œuvres; —
On comprend chez des politiciens i
fenre Brisson et Viviani leur rage '
e sectaires; ils n'ont peuirêtre ja-!
mais connu autre chose. Mais que '
'faut-il penser; d'hommes comme i
M. Waldeck-Rousseau, M. Trouil- i
lot, M. de Lanessan, etc., qui ont:
été élevés sur les genoux de l'E
glise dans la suave lumière de Jé- i
sus-Christ, c'est-à-dire de la vérité :
et de la vie ? Cela s'explique pour-i
tant. Jésus-Christ est la voie ; il mar- i
che et ils ne l'ont pas suivi. Ils se :
sont arrêtés aux bagatelles et aux
illusions de la vie. Il fait bon vivre i
de la sorte quand rien ne manque i
et quetout sourit. Mais Jésus-Christ ;
marchant, la vérité et la vie s'en i
sont allées avec lui et ils sont re
tombés dans les ténèbres. Ils sont ;
moins pardonnables, mais pliis à s
plaindre. Les ténèbres morales, l
c'est la mort pour les individus et i
pour les nations.
: Pour nous, républicains qui n'a
vons pas renié notre foi, nous ne ;
voulons pas de ces ténèbres pour!
la République. C'ést pourquoi nous
combattrons, comme c'est notre I
devoir, contre la politique de nos i
gouvernants sectaires, non seule "
ment au nom de la liberté mais aus
si au nom de Jésus-Christ et de sa
doctrine.
Un réplblicain catholique.
. Le successeur. d$ Li-Hung-Chang à
ta. vicG-roy&uté du Petçhili est 6lèw
fmori Yauan Shifi-Kkï, aussi faux et
aussi fourbe que son maître.
NOUVELLES DE ROME
!BULLETIN
La, Chambre a entamé la. discussion
d'une vaste interpellation sur la crise
viticole ; elle a entendu MM. Narbonne,
Lasies et La.fferre, sur une quinzaine
d'orateurs incrits.
Au Sénat, était appelée la proposition
de M. Bérehger pour faciliter la réhabi
litation des faillis.
Sur une déclaration du garde des
sceaux, Rengageant à déposer un pro
jet, dans le même sens, après les élec
tions i le renvoi à la commission a été
prononcé.
Le sultan, après le selamlik, a en'
voyé ses compliments à M. Bapst, le-re
présentant de la France.
Une note du quai d'Orsay nous ap
prend que MM. d'Estsurnelles, Cochin
et Semôat, dans une démarche collective
auprès du ministre des affaires étrangè
res, ont insisté sur le devoir qui incombe
à. toutes les puissances civilisées d'impo
ser enfin au souverain ottoman « le
respect de ses engagements, non seule
ment envers ses créanciers, mais envers
l'Europe et l'humanité ». "
Dans une réunion tenue hier soir, à
Denain, les mineurs d'Anzin, contraire
ment [au* conseils et aux efforts du
citoyen Bexant, membre du comité fé
déral, ont décrété la grève pour aujour
d'hui. ,
La situation politique en Espagne
s'embrouille chaque jour ; M. Sagasta,
toujours souffrant, ne peut s'appliquer
à;aucune besogne intellectuelle, et la
reine-régente serait assez disposée, pa
raît-il, à, le voir se retirer.
Il serait remplacé à la présidence dii
conseil par M. Montero Rio$.
De nouvelles manifestations se sont
produites à Barcelone, A la suite de la
révocation, par télégramme, du réQteut
de l'Université,
Le War Office reçoit de mauvaises
nouvelles du Transvaal ; les dépêches
de lord Kitchener signalent des engage
ments très meurtriers pour ses trou
pes ; l'un d'entre eux constitue un §ssez
grave éçheç.
' D'autre part, un télégramme parti
culier, échappé à. la censure, annonce
comme remontant au 13 octobre, la cap
ture—probablement sans combat puis
qu'il n'y a pas de r^orts ni de blessés
■— d'une colonne de Î8Q soldats anglais
par 200 Boers.
Qn recommence à parler, dans {es
cercle? militaires et politiques de Lan- :
dres, du remplacement de lord Kitçhe-,
rier, épuisé de travail gf dp fatigué *:
le général-Jun HumUton
peucmwu.» iins XS
Le grince Georges, haut commissaire
en Crète, vient, dit-on, sur l'insistance
très vive des puissances, d'accepter le
renouvellement de son mandat.
Les informationstouchantl'annexion
à la Grèce sont pour le moins prématu-
Jeudi 14 novembre.
;• - - r i>> -, - j t » _ -
An Vatican. ,
- Hier, SL S. Léon XIII a reçu en : au
dience particulière S. Em; Mgr Webster-
Allen; év'êqùe de Schrewsbury ; puïi
S. Emi.'Mgr * Matz; évêquë de Dehvèr,
drns Je Nouveau-Mexique.
— Lé prince de Môntenegro.a envoyé à
Rome, près du Vatican, une députatkm
composée de S. Exc. l'archevêque d'An-
tivari, de f Mgr Millinovic et du comte
Voinovic,' ministre de la justice. Oette
députatioù. doit iraiter avec le Saint-
Siège une modification de la Bulle pour
Saint Jérôme, afin de sauvegarder da
vantage, selon les vues du prince de
Monténégro, les intérêts des catholiques
d'Aiitivari.
La députation à été déjà reçue par S.
Em. le cardinal Rampolla et il semble
que l'accord sera facile et rapide.
C'est un nouveau triomphe du Vatican
sur la politique anticléricale du gouver
nement italien ; le prince de Monténégro,
allié de la Maison de Savoie, reconnaît
.lui-même l'existence de cette bulle ,Pro
Croatica gentè qui, selon les journaux li
bêraux, avait été annulée par l'accord in
tervenu récemment entre l'Italie et l'Au
triche.., ' ■ ■ ■ i . > ...
, LaTribuna obaerve ingénuenjent : « En
vérité, nous ne comprenons pas le but
pratique de cette députation, du moment
que le gouvernement italien ne recon
naît pas la validité de la Bulle pontifi
cale. » '
Et la Pdtria :
« Cette mission du gouvernement mon
ténégrin auprès du SaintrSiège nous est
inexplicable ; à Cettigne on doit savoir
que notre gouvernement ne reconnaît pas
la validité juridique de la Bulle. >
On traite ici le Monténégro comme un
Etat vassal.
CELLES QU'ON PERSÉCUTE
La semaine dernière; le corbillard
des pauvres sortait deux fois de
l'Hètel-Dieu. Il conduisait au champ
du repos deux rèiigieuses novices,
mortes à trois jours d'intérvalle de
la'tubérculose. L'une d'elles avait
vingt-six ans, l'autre trente et un.
Elles appartenaient à cette : commu
nauté des Augustines, qui, depuis
tant d'années,dessert l'hôpital fondé
Ear saint Landri et doté par saint
ouis.
Ces deux religieuses étaient mor
tes au champ d'honneur, atteintes
par le mal terrible qui envahit nos
hôpitaux, décime Paris et tue toutes
les Augustines qui se succèdent à
VIIôtel-Dieu, au milieu de ces salles
où l'on compte soixante-quinze tu
berculeux sur cent malades.
Voilà un de ces te menus faits » si
facilement oubliés, mais que met
aujourd'hui en lumière une corres
pondance adressée au Gaulois.
Pendant que le gouvernement
traque les congrégations et que les
conseils municipaux de grandes
villes travaillent à chasser les reli
gieuses des hospices, celles-ci con
tinuent leur œuvre douce et silen
cieuse : seigner, consoler, se dé
vouer et mourir.
Çà et là
JE NE SUIS DEMOISELLE...
Un groupe de femmes a découvert un
grave abus, qui n'avait pas trop frappé
les yeux jusqu'ici, peut-être parce qu'il
y en avait de plus gros tout autour. Elles
s'indignent de voir qu'on les appelle
tantôt < madame » et tantôt « mademoi
selle », alors que leurs maris ou leurs
petits frères, indistinctement, sont qua
lifiés de a messieurs ». Encore une de
ceB inégalités, leur semble-t-il, dont est
victime le sexfe faible. Un homme est
« monsieur » en naissant. Une femme
n'est que « demoiselle ». Il ïùi faut con- \
quérir laborieusement son titre de
? dame », et pieu pa;t sainte Cathe
rine aussi que c'est une tâche à la
quelle la bonne volonté ne suffit pas tou
jours.
. . D'autres. ;yeux,. nouB l'avouons, pour
raient envisager , la question ^ ous un au
tre aspect. « Vous VOUS plaignez, pour- i
raient dire aux représentants du sexe
beau ceux du sexe laid. Mais, c'est nous
qui aurions le droit de nous plaindre.
pDiàmenf î >} existe deux, qual^Ççatiopp
jjour vous et une séule poux nous ! C'est
Vous qui avez l'avantage. Vous bénéfi
ciez d'un luxe dont nous sommes honteu
sement privés, fit puis, quelle commodité
quand on fait allusion à vos aimables
personnes ! Ne suffit-il pas de dire : « Mme
X—, Mlle Y..., « pour savoir'gu» "
iflière est mariée et
,e8 ^ ? ^ " a là une «implification
^.Veilleuse, Au contraire,lorsqu'on dit: j
« M. X... ou M. Y..., » on a toujours be- j
soin de demander, pour être fixé sur son j
état civil : « Est-il marié? est-il céliba
taire ?» ce qui est indiscutablement une ]
complication ». Aussi comprendrions-
nous une pétition de jeunes gens exi
geant qu'on ne leur dise plus « monsieur »,
çiais « mogdamoiseau », afin de les dis
tinguer de ceux qui sont en pouvoir d'é
pouse. Car enfin, pourquoi l'infériorité
. - ia pre-
.la seconde ne
serai t -eUe ç[u côté oh l'on accapare deux
tiires ét la* supériorité du 'côté"où l'on
n'en possède qu'un seul ?
Mais les protestataires ont dans leur
poche un excellent argument. Cet argu
ment, c'est l'embarras ?où l'on se trouve
en présence d'une personne du sexe fé
minin', lorsqu'on ignore si elle a trouvé
un mari ou si elle sei contente de le cher
cher. Faut-il, en ce cas, dire « ma
dame » ? MaiS si;-c'est une demoiselle,?
Faut-il dire mademoiselle »? Mais si
c'est une dame?... Que de « gaffes » peu
vent résulter d'une méprise ! Avec « mon
sieur », pas de confusion possible. Donc
vive l'unité !
Eh bien ! cet argument ne nous sem
ble pas aussi décisif qu'il en a l'air.
Nous avons lu quelque part une recette
infaillible pour éviter toute gaffe en de
semblables occasions; Elle. consiste en
quatre règles, comme la méthode de
Descartes. Si la personne, « à vue de
nez » , compte de dix huit à vingt cinq
printemps, dites-lui « madame ». Ça l'a
musera. Sion peut lui donner de vingt-
cinq à trente-cinq étéB, dites-lui « made
moiselle ». Ça la flattera. Si elle a passé
de trente-cinq à cinquante automnes,
dites-lui « madame ». Ça la consolera. A
partir de cinquante' hivers, on peut dire
comme on veut: la chose est indifférente
à l'intéressée.
Les Espagnols, en parfaits galants, ont
un usage un peu différent du nôtre. D'ex
pression senorita, diminutif de senor.a,
s'applique, non seulement aux jeunes
-filles,' mais aux jeunes femmes. Aussi,;
p ar delà lés Pyrénées ,-aime-t-on mieux se
trouver classée dans la catégorie des seno-
rifas que dans celle des senoras. En Fran
ce, nous voyons 'que c'est l'inversei Les
pétitionnaires revendiquent le titre de
a dame » pour toutes les vieilles filles,
jeunes filles, fillettes et diminutifs, de
fillettes. Ne disait-on pas; de la sœur de
Louis XVII, « Madame Royale » : ? Or,au-
1 jourd'hui,f« c'est nous qui sont les prin
cesses ». Pourquoi donc n'appeleraitron
pas toutes les femmes comme la dau-'
phine, puisqu'on appelle tous les hom
mes comme le frère du roi ? »
Je ne suis demoiselle », disait Mar
guerite à Faust, et c'était, chez l'héroïne
de Goethe, un trait de modestie. Etrange
destinée des vocables 1 La même ré
ponse devient, danb la bouche de nos
Marguerites modernes, une rëvolte de
l'amour-propre offensé. Etre, une dé
mo isélle ! mais c'était »jadis, pour beau
coup de jeunes filles, un beau rêve bleui
Le mot gardait alors son vernis aristo
cratique. On se rappelait confusément
qu'il avait servi à désigner exclusive
ment lés filles des gentilshommes y et l'é
pouse cossue dît gros bourgeois faisait
dés pieds et dès mains pour obtenir qu'on
l'honorât de- cette appellation. Aujour
d'hui que celle-ci est conquise, elle a
perdu son prix. La femme serait-elle
donc commeTènfant... ét comme l'hom
me ? Faut-il qu'elle brise leB jouets après
les avoir obtenus^ Mais quand toutes les
demoiselles seront tenues pour des da
mes, comment donc les faudra-t-il appe
ler pour leur faire plaisir ?
Ce qu'il y a de très curieux, c'est que :
le terme de « dame », qui paraît plus no
ble que celui de « demoiselle », a été sou
vent employédans un sens plus « rotu
rier ». Tandis que Marguerite répond
modestement à Faust qu'elle n'est paB
« demoiselle », Méphistophelès, parlant à.
la gouvernante de cette même Margue
rite, l'interpelle ainsi : a Dame Marthe. »
Se juger indigne du titre honorifique de i
demoiselle, et avoir une femme de cham
bre qui est dame, quel renversement de
toute logique et de toute hiérarchie !
Le bon La Fontaine, sur ce chapitre, j
nous a tout l'air d'avoir été, si l'on nous j
passe l'expression, un fameux a j'men-j
fichiste ». Il écrit dans la Belette entrée
dans un grenier :
Damoiselle belette, au corps long et fluet, j
ce qui ne l'empêche pas de commencer j
comme il suit sa fable ; Le chat, la be
lette et.le petit lapin : ' ,
0u palais d'un jeune lapin <
Came belette, an beau matin,
» S'empara.., '
La belette était-elle noble ou rotu
rière? célibataire ou mariée? Double,
sinon cruelle énigme 1 Pour en revenir à
nos pétitionnaires, une chose nous gâte
un peu leur pétition, c'est l'ardeur avec
laquelle leur revendication se trouvé ap
puyée, §à et là, par certaines femmes
poiir qui le mériage est un abuB à sup-
primer aveo tous les autres. Nous avons
parlé, il y a quelque temps, de la déci
sion-prise par Ieav^lêrcs d'huissier de ne
pl"5 îiîre de différence, pour la réparti
tion de ç.çrtainfi ,secoure, entre les épou
ses et les eomp&gnes des membres de
leur association. Parmi celles qui pro
testent avec tant d'ardeur contre la qua
lification de demoiselle et réclament pi
impérieusement celle de dame, n'en est-
il pas qui, tout' en n'étant pas dev»- ueg
ca ci, ne sont plus restées to» f V| ft i4 ?
Voilà ce qui nous i- quièt e, Joute réserve
faite pot»* ies excellentes intentions et là
parfaite honorabilité de beaucoup d'au
tres. On méprise le mariage, mais on
veut avoir Pair d'être mariée', 'nouvel
hommage rendu par l'irrégularité sociale
à la correction des. mœurs.
Du reste, la coutume est têtue, et nous
craignons fort que l'appel de nos pétition
naires ne soit ,guère écouté. Seules les
petites filles-qui jouent à la « madame » i
dahs les jardins publics feront {quelque \
chose dans ce goût-là, mais ca sera sans
le savoir. Le féminisme, croyons-nous,
a d'autres conquêtes à accomplir, et plus
utiles. Il ne faut pas qu'il s'attaque à un
superflu qui est en même temps un im-
. possible. Prenez garde, mesdemoiselles,
. vous croyez jouer aux dames ?> Vous
jouez peut-être aux échecs.'
; G. d 'A zahboja.
A LA CHAMBRE
La crise viticole.
La suppression du budget des cultes.
« L'agriculture manque peut-être
de bras, mais elle ne manque point
d'avocats », disait hier un député
un peu effrayé de la triple in
terpellation Narbonne-Lasies-Laf-
ferre.
Ces trois orateurs ont été cepen
dant aèsez brefs. Après av©ir dé
claré que la situation des viticul
teurs du Midi était fort grave et
que des contrées entières étaient
menacées d'une ruine complète, si
l'on ne venait pas promptement à
leur aide, M. Narbonne -à proposé
diverses mesures que l'on peut ré
sumer ainsi : « une plus juste ré
partition de l'impôt, dont le taux
devra être fixé d'après le revenu
vrai ; la création' d'un organe rela
tif au niàrché vinicole ; le rachat
des- chemins de fer ou tout au
moins la réduction temporaire des
tarifs ; la répression plus énergique
de la fraude sur les vins et sur l'al
cool; l'extension du crédit agricole
et du warrantage ; une solution hu
manitaire de la question des impôts
et là réduction' des frais judiciai
res. »
. -M. Lasies, qui succède à M. Nar
bonne, estime que la crise viticole
n'est qu'un épisode de la crise gé
nérale de l'agriculture,. laquelle
s'écroule # sous l'exagération de
l'impôt, l'injustice .'des lois et la
brigandage de la' spéculation ».
Pour porter un remède à la situa
tion qui, d'après l'orateur, est due,
en grande partie, à la récente loi
sur les. boissons, M. Lasies de
mande une loi qui proclame « l'in-
saisissabilite du foyer rural ». De
puis quinze ans, dit-il, quinze mille
hectares de terres ont été expro
priés. C'èst en moyenne quinze
mille familles jetées sur le pavé. Le
député du Gers affirme que dans
son département « toutes les fa
milles doivent à leurs fournisseurs »
et ajoute : « Une des choses qui im
pressionnent le plus les ■ malheu
reux menacés de saisie, c'est l'ap
pareil judiciaire employé, notam
ment les' affiches apposées à la
maison et à la mairie. Ne pourrait-
On pas au moins leur épargner cette
humiliation, si humiliation il y a ?
Car un honnête homme né doit pas
rougir de ' sa pauvreté,- quand tant
de coquins s'enorgueillissent de
leur richesse. »
En terminant, M. Lasies exprime
le vœu que « la politique tracassière
et haineuse dont la France meurt »
fasse place à une politique d'ordre
et de liberté.
M. Lafferre prend enfin la parole.
D'après lui, il faut,pour améliorer
la situation, unifier nos tarifs de
transport et organiser notre expor
tation.
L'orateur exprime incidemment
le regret que le général André ait
adressé une circulaire à ses subor
donnés, afin de recommander l'u
sage du thé pour les troupes, les-
quelles^en veulent pas.
Lè général André répond que la
circulaire en question n'a pas la
Eortée que lui attribue M. Lafferre.
l 'usage du thé dans l'armée, dit-il*
est réglementé. Lorsque, pour des
raisons passagères, l'eau potable
présènté des dangers, " l'autorité
militaire doit prescrire l'usage de
l'eau bouillie aromatisée par une
addition de thé.
Après cette réplique du ministre
de la guerre, la suite de la discus
sion de l'interpellation est renvoyée
à vendredi prochain.
*
* *
Au moment où le président an-
nençait que la prochaine séance
aurait lieu lundi matin et indiquait
l'ordre dans lequel seront discutés
les budgets des ministères, M. Mil-
levoye, se levant de son banc, a
demandé :
■— Quelle est la raison qui a fait
"placer en tête la discussion du bud
get des cultes ? .
r " M. Zévaès a répondu ;
— C'est le premier à sup^/rimpr !
~ c ' es t i'aveu que % voulais ob
tenir, a riposte Miïlevoye.
JNous bornons à reproduire
la qn^,' 6t ion et la réponse, sans nous
émouvoir, d'ailleurs, des menaces
farouches de M. Zévaès.
. J. Mantenay.
AU SÉNAT
La réhabilitation des faillis.
"M. Bérenger a l'âme compatis
sante — sauf lorsqu'il s'agit d'ac
cusés politiques ; aussi s'est-il ému
de la situation rigoureuse faite aux
faillis pour lesquels la réhabilita
tion est à peu près impossible.
Ces commerçants, dont bon nom
bre ont été simplement victimes de
là jnalechance,, sont voués, pour
toute leur vie, à une misérable si
tuation ; ils sont privés à jamais de
uj
Dimanche 17 Novembre 1901
Hlttta f«aU4Uu* — 12,318
Dimanche 17 Novembre 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER*
eï départements (union postale)
Un an -40 » pi »
Six mois...... 21 » £6 50
Trois mois..... 11 » 14 »
Le* Abonnements partent des 1" et 16 de chaque mol»
• UN NUMÉRO
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
'v î .
^ - PARIS ÉTRANGER
: ET départements . (union postai^,
On an......... 20 » 26 »
Six mois'.v.... 10 »• .'• » 13
Trois moij 5 » f, j>0
Paris.............. i 10 «ent.
Départements..... 15 —•
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
• .On s'abonne à.Rome, place du Gesù, 8
*. t.
SI*'
m-vmm
Les abonnements partent des 11* et 10 de chaque mois
t '' ^ t ' ' J V%*' | ; ->* T
• L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont, adressés
• '\)ÎWNONCE8 "'"V^\.''"' t
; MM LAGRANGB, CERF et C io , 6, place de la Bourse
NOTRE APPEL
Diversés questions nous sont po- j
sées au sujet de notre appel en vue ;
de reporter le capital du journal à ■
500,000 fr. afin d'abaisser les prix
d'abonnement. -
Nous ne pourrons répondre d'une
façon absolue à certaines do ces
questions qu'après l'assemblée des
actionnaires fixée au 28 de ce mois ;
mais voici tout de suite quelques
renseignements.
Dans la circulaire confidentielle
adressée à beaucoup de nos amis
nous avons dit que le prix de l'a
bonnement à l'édition quotidienne
serait abaissé de 40 à 25 francs et à
l'édition semi-quotidienne de 20 à
13 francs. Nous répiétons ces chif
fres.
pans la même circulaire nous
avons parlé d'actions de 500 francs
s et dé 100 francs. /
Cent francs doit donc être le chif
fre minimum de la souscription.
Nous en avons beaucoup de ce chif
fre. Nous en avons aussi de 10,000
francs.
Les actions de l'Univers étaient
primitivement de 500 francs ; après
le remboursement de 300 francs par
action, elles ont nécessairement été
' réduites à 200 francs. Pour n'avoir
pas des actions de trois chiffres
différents une proposition, qui ne
lésera aucun droit, sera faite à l'as
semblée. Son vote réglera ce dé
tail; ■ • - •' -
Conformément à l'article 12 de
nos statuts, « les actionnaires ne
.sont engagés que jusqu'à concur
rence du capital de chaque ac
tion. »
Les versements pourront être
faits en deux fois : la première
partie maintenant, la seconde dans
lè délai de six mois.
On nous demande si le présent
appel s'adresse uniquement aux
anciens actionnaires- et. les oblige à
quelque chose.
Non, il s'adresse à tout le'monde
et n'oblige à rien personne. C'est
une œuvre de zèle, de propagande,,
poupr laquelle nous comptons sur
•les • amis de vieille et de nouvelle
'date. ./
Nous leur demandons de nous :
aider ; nous les prions de souscrire
et de vouloir bien sans retard nous
indiquer le montant de leur sous
cription.
Les fonds peuvent être adressés
à l'adminis trateur-gérant du jour-
" nal, M. Romagosa.
Il sera fait traite aux datés qu'in
diqueront lés souscripteurs qui
préféreront -ce mode de" versement.
' PARIS, 16 NOVEMBRE 1901
SOMMAIRE
' Républicains etcon-
grégations...... . Un républicain ca«
tholique.
Qà et là : Je ne suis
demoiselle
A la Chambre.....
A u Sénat. •• à.......
Le club des adoles-
* cents .i...........
Le congrès catholi
que dn Nord.....
s. s 'A zaubuia.
J. M antenat. :
J. Estérac.
J. M.
Victor Diligent.
SùUetln. — Nouvelles de Rome. — Celles
. qu'on persécute.- t Encore un pour les
.statistiques. — Les congrégations. — S.
>Em. le cardinal Coullié. Discours de
Mgr Henry. — Informations politiques
et parlementaires. —A l'Hôtel de Ville.
— Les affaires de Chine. — La guerre
du Transvaal. -r- Etranger. — A travers
lia presse." — La grève des mineurs.
— Là question ouvrière. — Chronique.
— Lèttres, sciences et arts. — Echos
de 'partout. — An Sillon. — InBtitut ca
tholique de Paris. — Chronique religieu
se. — Nécrologie. — Tribunaux. — Nou-
velles diverses. — Jardin d'acclimata
tion. — Calendrier. — Tableau et bulletin
de la Bourse. — Dernière heure; •
ms
RfclIM 0
Les conseils municipaux des com
munes ou ^ se trouvent des établis
sements congréganistes sont appe
lés à donner leur avis touchant l'op
portunité de l'autorisation deman
dée par les congrégations. Nous
assistons à un curieux spectacle qui
'mérité dé fixer notre attention et
donne lieu à des observations fort
utiles.
Parmi les conseillers municipaux
républicains, un bon nombre ont
pensé qu'on ne pouvait pas être un
vrai républicain et donner en même
temps un avis favorable au main
tien des établissements congréga
nistes. Pour être .iin vrai républi
cain, il faut être, parait-il, un sec
taire, L'éducation politique est en-
poré si peii fàftp ep France que cer
tains dé çes républicains, qui ne
voudraient pas renier leur religion,,
ne savéntpas se soustraire à ce dé- ;
testable préjugé. ' ' i
Tous n'ont pourtant pas cette fai-1
blesse. Ils sont, au contraire, nom- j
breux ceux qui - préfèrënt une li
berté égale pour tous à un exclusi- ;
visme jacobin et césarien. On ne:
peut que.les en féliciter..-U§ règlent.
leur conduite sur une juste notion i
de la liberté.
Mais cela ne suffit pas aux répu- i
blicains qui, ayant reçu le baptême
et voulant mourir ? dans le sein de
l'Eglise; revendiquent le respect de
leur foi; ils doivent'voir les choses :
de plus haut et régler leur conduite
sur une juste notion des principes
religieux contre une persécution
qui s'attaaue aux institutions ca-;
tholiques les plus respectables et
lès plus bienfaisantes à tous les
points de vue, en même temps qu'à
la liberté: Nous mourons d'igno
rance religieuse dans notre pauvre
pays. C'est un curieux phénomène
que, lorsque les neuf,dixièmes des -s
électeurs, en, France, ne nourris- i
sent au fond du cœur aucune hosti
lité sérieuse contre la religion, la s
rage diabolique contre elle ait un
pareil succès.
Dissipons l'ignorance qui en est
la cause. J'estime que c'est une'
excellente chose que lè iournal de- ;
vienne aussi une chaire d'enseigne
ment chrétien sans prétendre toute-1
fois à la solennité du sermon. Je |
voudrais montrer en quelques mots s
ce qu'a d'ignoble à la lumière des i
principes religieux la politique a la i
fois antilibérale et ântichrétienne ;
de nos gouvèrnants. i
Jésus-Christ nous a" ; dit « qu'il
était la voie, la vérité et la vie »
tant pour lès nations que pour les
individus ; il l'a cent fois prouvé de-
puis. Nous ressemblons à.des hom
mes qui ont des yeux et qui n'y
voient pas. A bien réfléchir, en:
effet, nous devrions voir que c'est 5
Lui cjui a jèté à pleine main la li- i
berté dans le monde et' les magni- ;
ficences superbes d'un état d'âme!
dans l'humanité, que le monde n'a-s
vait point encore connu.
Jésus-Christ ne veut pas que les j
hommes ; restent stationnaires . Il se '
dit, au contraire, la voie ; il faut
donc marcher en avant. Mais on ne
doit pas marcher au hasard. Il se
met devant nous pour nous con- i
duire; et l'on va voir les merveilles]
de liberté et de dignité dont il vai
doter les thommes. I
Il porte dans ses mains une ban
nière surmontée d'une croix. Sur
une face de la bannière. celle qui re
garde du côté du monde je lis cette
devise: « Je suis la lumière du mon
de; celui qui me suit ne marche
pas dans les ténèbres. » C'était à
l'adresse de tant de faiseurs de
théories sociales qui, jusqu'à| sa
venue, avaient abouti au scepti
cisme universel. Sur le revers de la
bannière regardant du côté de ses
disciples,cette autre devise : « Cher
chez le règne de Dieu et de sa jus
tice, et tout le reste vous sera donné
par surcroit. »
Chercher le règne de Dieu et sa
justice,c'est prendre Dieu et sa jus
tice pour gouverne, c'est briser tous
les autres jougs, c'est rompre avec
toutes les servitudes dégradantes
de soi et d'autrui, c'est pour l'hu
manité reconquérir la liberté per
due. En nous invitant donc à cher
cher Dieu et sa justice, Jésus-Christ
nous rend la liberté et refait la di
gnité humaine.
Son grand disciple Paul, sous son
inspiration, rédigea dans ses lettres
aux premiers fidèles une déclara
tion des droits de l'homme et du ci
toyen longtemps avant les philoso
phes du XVIII e siècle. « Vous êtes
appelés, leur écrivait-il, à la liberté.
Ne consentez pas à devenir les es
claves des hommes ; vous avez été
payés trop cher. » L'apôtre ensei
gnait donc à n'obéir qu'à Dieu et à
sa justice. Tout pouvoir sans mis
sion de Dieu ne pouvait rien sur la
conscience humaine. Les premiers
chrétiens avaient la fierté de cette
liberté ; cette fierté a brillé d'une
façon éblouissante pendant les qua
tre premiers siècles de persécution,
où, pour obéir à Dieu et à sa jus
tice et n'être, l'esclave de personne, ;
ils défendaient leur liberté en mou
rant. •
Après lés héros qui, par amour
de la liberté couraient à une mort
héroïque, il y a eu aussi, à la suite
de Jésus-Christ, des héros qui,
pour être plus parfaitement libres,
coururent a une vie héroïque. Nous
n'avons pas besqin de remonter aux
premiers siècles pour voir eè ma
gnifique spectacle. C'est la gloire
de notre siècle de n'avoir pas cessé,
au milieu de l'égoïsme général,
d'offrir à nos yeux pette grande
merveille,... particulièrement, en
France,. Des âmes généreuses trem
pées dans l'évangile, se" donnent
plus exclusivement à Dieu pour
etre plus libres; Pps hommes et des
femmes renoncent en effet,- non à
prix d'argent mais gratuitement,
non par la violence d'autrui mais
librement, non vis-à-vis de leurs
semblables mais vis-à-vis de Dieu,
a tous les droits dont la nature'léur
laisse le libre usage; ilsy renqpçeflt
pour appartenir davantage à Dieu
èt se transformer en anges de la
h
terre * par la prière et par les œu- ,
vres à côté de la douleur humaine. •*
Ils s'en vont surtous les chemins I
de la vie partout où l'humanité j
s ouffre et gémit, "dans la barbarie ;
des cites opulentes comme dans là
sauvagerie des forêts ou des déserts |
inconnus. Voyez-les à l'œuvre; ils j
sont riches d'amour et toujours j
pauvres d'argent. Ce qu'on leur;
donne, ils le versent, en effet, dans !
le sein si vaste de J la misère hu
maine ; ils font éclore partout' la ci- i
vilisation. Les congrégations rei
gieuses sont la plus haute et la plus i
glorieuse expression de la liberté'
chrétienne. i
Est-ce donc là ce que des répu- j
blicains doivent combattre? A quelle i
république veut-on nous mener ? Ne i
voit-on pas que le libéralisme saris i
Dieu et sans sa justice ne peut faire !
que des esclaves? Frapper les con- i
grégatisns c'est frapper au cœur la ;
liberté qui sait, pour Dieu et la
ustice, se pencher sur la misère !
umaine afin de l'atténuer, de la ;
soulager et de la guérir; La liberté I
est deux fois respectable lorsqu'elle i
se met au service de l'humanité !
souffrante avec la double arme, de !
la prière et des œuvres; —
On comprend chez des politiciens i
fenre Brisson et Viviani leur rage '
e sectaires; ils n'ont peuirêtre ja-!
mais connu autre chose. Mais que '
'faut-il penser; d'hommes comme i
M. Waldeck-Rousseau, M. Trouil- i
lot, M. de Lanessan, etc., qui ont:
été élevés sur les genoux de l'E
glise dans la suave lumière de Jé- i
sus-Christ, c'est-à-dire de la vérité :
et de la vie ? Cela s'explique pour-i
tant. Jésus-Christ est la voie ; il mar- i
che et ils ne l'ont pas suivi. Ils se :
sont arrêtés aux bagatelles et aux
illusions de la vie. Il fait bon vivre i
de la sorte quand rien ne manque i
et quetout sourit. Mais Jésus-Christ ;
marchant, la vérité et la vie s'en i
sont allées avec lui et ils sont re
tombés dans les ténèbres. Ils sont ;
moins pardonnables, mais pliis à s
plaindre. Les ténèbres morales, l
c'est la mort pour les individus et i
pour les nations.
: Pour nous, républicains qui n'a
vons pas renié notre foi, nous ne ;
voulons pas de ces ténèbres pour!
la République. C'ést pourquoi nous
combattrons, comme c'est notre I
devoir, contre la politique de nos i
gouvernants sectaires, non seule "
ment au nom de la liberté mais aus
si au nom de Jésus-Christ et de sa
doctrine.
Un réplblicain catholique.
. Le successeur. d$ Li-Hung-Chang à
ta. vicG-roy&uté du Petçhili est 6lèw
fmori Yauan Shifi-Kkï, aussi faux et
aussi fourbe que son maître.
NOUVELLES DE ROME
!BULLETIN
La, Chambre a entamé la. discussion
d'une vaste interpellation sur la crise
viticole ; elle a entendu MM. Narbonne,
Lasies et La.fferre, sur une quinzaine
d'orateurs incrits.
Au Sénat, était appelée la proposition
de M. Bérehger pour faciliter la réhabi
litation des faillis.
Sur une déclaration du garde des
sceaux, Rengageant à déposer un pro
jet, dans le même sens, après les élec
tions i le renvoi à la commission a été
prononcé.
Le sultan, après le selamlik, a en'
voyé ses compliments à M. Bapst, le-re
présentant de la France.
Une note du quai d'Orsay nous ap
prend que MM. d'Estsurnelles, Cochin
et Semôat, dans une démarche collective
auprès du ministre des affaires étrangè
res, ont insisté sur le devoir qui incombe
à. toutes les puissances civilisées d'impo
ser enfin au souverain ottoman « le
respect de ses engagements, non seule
ment envers ses créanciers, mais envers
l'Europe et l'humanité ». "
Dans une réunion tenue hier soir, à
Denain, les mineurs d'Anzin, contraire
ment [au* conseils et aux efforts du
citoyen Bexant, membre du comité fé
déral, ont décrété la grève pour aujour
d'hui. ,
La situation politique en Espagne
s'embrouille chaque jour ; M. Sagasta,
toujours souffrant, ne peut s'appliquer
à;aucune besogne intellectuelle, et la
reine-régente serait assez disposée, pa
raît-il, à, le voir se retirer.
Il serait remplacé à la présidence dii
conseil par M. Montero Rio$.
De nouvelles manifestations se sont
produites à Barcelone, A la suite de la
révocation, par télégramme, du réQteut
de l'Université,
Le War Office reçoit de mauvaises
nouvelles du Transvaal ; les dépêches
de lord Kitchener signalent des engage
ments très meurtriers pour ses trou
pes ; l'un d'entre eux constitue un §ssez
grave éçheç.
' D'autre part, un télégramme parti
culier, échappé à. la censure, annonce
comme remontant au 13 octobre, la cap
ture—probablement sans combat puis
qu'il n'y a pas de r^orts ni de blessés
■— d'une colonne de Î8Q soldats anglais
par 200 Boers.
Qn recommence à parler, dans {es
cercle? militaires et politiques de Lan- :
dres, du remplacement de lord Kitçhe-,
rier, épuisé de travail gf dp fatigué *:
le général-Jun HumUton
peucmwu.» iins XS
Le grince Georges, haut commissaire
en Crète, vient, dit-on, sur l'insistance
très vive des puissances, d'accepter le
renouvellement de son mandat.
Les informationstouchantl'annexion
à la Grèce sont pour le moins prématu-
Jeudi 14 novembre.
;• - - r i>> -, - j t » _ -
An Vatican. ,
- Hier, SL S. Léon XIII a reçu en : au
dience particulière S. Em; Mgr Webster-
Allen; év'êqùe de Schrewsbury ; puïi
S. Emi.'Mgr * Matz; évêquë de Dehvèr,
drns Je Nouveau-Mexique.
— Lé prince de Môntenegro.a envoyé à
Rome, près du Vatican, une députatkm
composée de S. Exc. l'archevêque d'An-
tivari, de f Mgr Millinovic et du comte
Voinovic,' ministre de la justice. Oette
députatioù. doit iraiter avec le Saint-
Siège une modification de la Bulle pour
Saint Jérôme, afin de sauvegarder da
vantage, selon les vues du prince de
Monténégro, les intérêts des catholiques
d'Aiitivari.
La députation à été déjà reçue par S.
Em. le cardinal Rampolla et il semble
que l'accord sera facile et rapide.
C'est un nouveau triomphe du Vatican
sur la politique anticléricale du gouver
nement italien ; le prince de Monténégro,
allié de la Maison de Savoie, reconnaît
.lui-même l'existence de cette bulle ,Pro
Croatica gentè qui, selon les journaux li
bêraux, avait été annulée par l'accord in
tervenu récemment entre l'Italie et l'Au
triche.., ' ■ ■ ■ i . > ...
, LaTribuna obaerve ingénuenjent : « En
vérité, nous ne comprenons pas le but
pratique de cette députation, du moment
que le gouvernement italien ne recon
naît pas la validité de la Bulle pontifi
cale. » '
Et la Pdtria :
« Cette mission du gouvernement mon
ténégrin auprès du SaintrSiège nous est
inexplicable ; à Cettigne on doit savoir
que notre gouvernement ne reconnaît pas
la validité juridique de la Bulle. >
On traite ici le Monténégro comme un
Etat vassal.
CELLES QU'ON PERSÉCUTE
La semaine dernière; le corbillard
des pauvres sortait deux fois de
l'Hètel-Dieu. Il conduisait au champ
du repos deux rèiigieuses novices,
mortes à trois jours d'intérvalle de
la'tubérculose. L'une d'elles avait
vingt-six ans, l'autre trente et un.
Elles appartenaient à cette : commu
nauté des Augustines, qui, depuis
tant d'années,dessert l'hôpital fondé
Ear saint Landri et doté par saint
ouis.
Ces deux religieuses étaient mor
tes au champ d'honneur, atteintes
par le mal terrible qui envahit nos
hôpitaux, décime Paris et tue toutes
les Augustines qui se succèdent à
VIIôtel-Dieu, au milieu de ces salles
où l'on compte soixante-quinze tu
berculeux sur cent malades.
Voilà un de ces te menus faits » si
facilement oubliés, mais que met
aujourd'hui en lumière une corres
pondance adressée au Gaulois.
Pendant que le gouvernement
traque les congrégations et que les
conseils municipaux de grandes
villes travaillent à chasser les reli
gieuses des hospices, celles-ci con
tinuent leur œuvre douce et silen
cieuse : seigner, consoler, se dé
vouer et mourir.
Çà et là
JE NE SUIS DEMOISELLE...
Un groupe de femmes a découvert un
grave abus, qui n'avait pas trop frappé
les yeux jusqu'ici, peut-être parce qu'il
y en avait de plus gros tout autour. Elles
s'indignent de voir qu'on les appelle
tantôt < madame » et tantôt « mademoi
selle », alors que leurs maris ou leurs
petits frères, indistinctement, sont qua
lifiés de a messieurs ». Encore une de
ceB inégalités, leur semble-t-il, dont est
victime le sexfe faible. Un homme est
« monsieur » en naissant. Une femme
n'est que « demoiselle ». Il ïùi faut con- \
quérir laborieusement son titre de
? dame », et pieu pa;t sainte Cathe
rine aussi que c'est une tâche à la
quelle la bonne volonté ne suffit pas tou
jours.
. . D'autres. ;yeux,. nouB l'avouons, pour
raient envisager , la question ^ ous un au
tre aspect. « Vous VOUS plaignez, pour- i
raient dire aux représentants du sexe
beau ceux du sexe laid. Mais, c'est nous
qui aurions le droit de nous plaindre.
pDiàmenf î >} existe deux, qual^Ççatiopp
jjour vous et une séule poux nous ! C'est
Vous qui avez l'avantage. Vous bénéfi
ciez d'un luxe dont nous sommes honteu
sement privés, fit puis, quelle commodité
quand on fait allusion à vos aimables
personnes ! Ne suffit-il pas de dire : « Mme
X—, Mlle Y..., « pour savoir'gu» "
iflière est mariée et
,e8 ^ ? ^ " a là une «implification
^.Veilleuse, Au contraire,lorsqu'on dit: j
« M. X... ou M. Y..., » on a toujours be- j
soin de demander, pour être fixé sur son j
état civil : « Est-il marié? est-il céliba
taire ?» ce qui est indiscutablement une ]
complication ». Aussi comprendrions-
nous une pétition de jeunes gens exi
geant qu'on ne leur dise plus « monsieur »,
çiais « mogdamoiseau », afin de les dis
tinguer de ceux qui sont en pouvoir d'é
pouse. Car enfin, pourquoi l'infériorité
. - ia pre-
.la seconde ne
serai t -eUe ç[u côté oh l'on accapare deux
tiires ét la* supériorité du 'côté"où l'on
n'en possède qu'un seul ?
Mais les protestataires ont dans leur
poche un excellent argument. Cet argu
ment, c'est l'embarras ?où l'on se trouve
en présence d'une personne du sexe fé
minin', lorsqu'on ignore si elle a trouvé
un mari ou si elle sei contente de le cher
cher. Faut-il, en ce cas, dire « ma
dame » ? MaiS si;-c'est une demoiselle,?
Faut-il dire mademoiselle »? Mais si
c'est une dame?... Que de « gaffes » peu
vent résulter d'une méprise ! Avec « mon
sieur », pas de confusion possible. Donc
vive l'unité !
Eh bien ! cet argument ne nous sem
ble pas aussi décisif qu'il en a l'air.
Nous avons lu quelque part une recette
infaillible pour éviter toute gaffe en de
semblables occasions; Elle. consiste en
quatre règles, comme la méthode de
Descartes. Si la personne, « à vue de
nez » , compte de dix huit à vingt cinq
printemps, dites-lui « madame ». Ça l'a
musera. Sion peut lui donner de vingt-
cinq à trente-cinq étéB, dites-lui « made
moiselle ». Ça la flattera. Si elle a passé
de trente-cinq à cinquante automnes,
dites-lui « madame ». Ça la consolera. A
partir de cinquante' hivers, on peut dire
comme on veut: la chose est indifférente
à l'intéressée.
Les Espagnols, en parfaits galants, ont
un usage un peu différent du nôtre. D'ex
pression senorita, diminutif de senor.a,
s'applique, non seulement aux jeunes
-filles,' mais aux jeunes femmes. Aussi,;
p ar delà lés Pyrénées ,-aime-t-on mieux se
trouver classée dans la catégorie des seno-
rifas que dans celle des senoras. En Fran
ce, nous voyons 'que c'est l'inversei Les
pétitionnaires revendiquent le titre de
a dame » pour toutes les vieilles filles,
jeunes filles, fillettes et diminutifs, de
fillettes. Ne disait-on pas; de la sœur de
Louis XVII, « Madame Royale » : ? Or,au-
1 jourd'hui,f« c'est nous qui sont les prin
cesses ». Pourquoi donc n'appeleraitron
pas toutes les femmes comme la dau-'
phine, puisqu'on appelle tous les hom
mes comme le frère du roi ? »
Je ne suis demoiselle », disait Mar
guerite à Faust, et c'était, chez l'héroïne
de Goethe, un trait de modestie. Etrange
destinée des vocables 1 La même ré
ponse devient, danb la bouche de nos
Marguerites modernes, une rëvolte de
l'amour-propre offensé. Etre, une dé
mo isélle ! mais c'était »jadis, pour beau
coup de jeunes filles, un beau rêve bleui
Le mot gardait alors son vernis aristo
cratique. On se rappelait confusément
qu'il avait servi à désigner exclusive
ment lés filles des gentilshommes y et l'é
pouse cossue dît gros bourgeois faisait
dés pieds et dès mains pour obtenir qu'on
l'honorât de- cette appellation. Aujour
d'hui que celle-ci est conquise, elle a
perdu son prix. La femme serait-elle
donc commeTènfant... ét comme l'hom
me ? Faut-il qu'elle brise leB jouets après
les avoir obtenus^ Mais quand toutes les
demoiselles seront tenues pour des da
mes, comment donc les faudra-t-il appe
ler pour leur faire plaisir ?
Ce qu'il y a de très curieux, c'est que :
le terme de « dame », qui paraît plus no
ble que celui de « demoiselle », a été sou
vent employédans un sens plus « rotu
rier ». Tandis que Marguerite répond
modestement à Faust qu'elle n'est paB
« demoiselle », Méphistophelès, parlant à.
la gouvernante de cette même Margue
rite, l'interpelle ainsi : a Dame Marthe. »
Se juger indigne du titre honorifique de i
demoiselle, et avoir une femme de cham
bre qui est dame, quel renversement de
toute logique et de toute hiérarchie !
Le bon La Fontaine, sur ce chapitre, j
nous a tout l'air d'avoir été, si l'on nous j
passe l'expression, un fameux a j'men-j
fichiste ». Il écrit dans la Belette entrée
dans un grenier :
Damoiselle belette, au corps long et fluet, j
ce qui ne l'empêche pas de commencer j
comme il suit sa fable ; Le chat, la be
lette et.le petit lapin : ' ,
0u palais d'un jeune lapin <
Came belette, an beau matin,
» S'empara.., '
La belette était-elle noble ou rotu
rière? célibataire ou mariée? Double,
sinon cruelle énigme 1 Pour en revenir à
nos pétitionnaires, une chose nous gâte
un peu leur pétition, c'est l'ardeur avec
laquelle leur revendication se trouvé ap
puyée, §à et là, par certaines femmes
poiir qui le mériage est un abuB à sup-
primer aveo tous les autres. Nous avons
parlé, il y a quelque temps, de la déci
sion-prise par Ieav^lêrcs d'huissier de ne
pl"5 îiîre de différence, pour la réparti
tion de ç.çrtainfi ,secoure, entre les épou
ses et les eomp&gnes des membres de
leur association. Parmi celles qui pro
testent avec tant d'ardeur contre la qua
lification de demoiselle et réclament pi
impérieusement celle de dame, n'en est-
il pas qui, tout' en n'étant pas dev»- ueg
ca ci, ne sont plus restées to» f V| ft i4 ?
Voilà ce qui nous i- quièt e, Joute réserve
faite pot»* ies excellentes intentions et là
parfaite honorabilité de beaucoup d'au
tres. On méprise le mariage, mais on
veut avoir Pair d'être mariée', 'nouvel
hommage rendu par l'irrégularité sociale
à la correction des. mœurs.
Du reste, la coutume est têtue, et nous
craignons fort que l'appel de nos pétition
naires ne soit ,guère écouté. Seules les
petites filles-qui jouent à la « madame » i
dahs les jardins publics feront {quelque \
chose dans ce goût-là, mais ca sera sans
le savoir. Le féminisme, croyons-nous,
a d'autres conquêtes à accomplir, et plus
utiles. Il ne faut pas qu'il s'attaque à un
superflu qui est en même temps un im-
. possible. Prenez garde, mesdemoiselles,
. vous croyez jouer aux dames ?> Vous
jouez peut-être aux échecs.'
; G. d 'A zahboja.
A LA CHAMBRE
La crise viticole.
La suppression du budget des cultes.
« L'agriculture manque peut-être
de bras, mais elle ne manque point
d'avocats », disait hier un député
un peu effrayé de la triple in
terpellation Narbonne-Lasies-Laf-
ferre.
Ces trois orateurs ont été cepen
dant aèsez brefs. Après av©ir dé
claré que la situation des viticul
teurs du Midi était fort grave et
que des contrées entières étaient
menacées d'une ruine complète, si
l'on ne venait pas promptement à
leur aide, M. Narbonne -à proposé
diverses mesures que l'on peut ré
sumer ainsi : « une plus juste ré
partition de l'impôt, dont le taux
devra être fixé d'après le revenu
vrai ; la création' d'un organe rela
tif au niàrché vinicole ; le rachat
des- chemins de fer ou tout au
moins la réduction temporaire des
tarifs ; la répression plus énergique
de la fraude sur les vins et sur l'al
cool; l'extension du crédit agricole
et du warrantage ; une solution hu
manitaire de la question des impôts
et là réduction' des frais judiciai
res. »
. -M. Lasies, qui succède à M. Nar
bonne, estime que la crise viticole
n'est qu'un épisode de la crise gé
nérale de l'agriculture,. laquelle
s'écroule # sous l'exagération de
l'impôt, l'injustice .'des lois et la
brigandage de la' spéculation ».
Pour porter un remède à la situa
tion qui, d'après l'orateur, est due,
en grande partie, à la récente loi
sur les. boissons, M. Lasies de
mande une loi qui proclame « l'in-
saisissabilite du foyer rural ». De
puis quinze ans, dit-il, quinze mille
hectares de terres ont été expro
priés. C'èst en moyenne quinze
mille familles jetées sur le pavé. Le
député du Gers affirme que dans
son département « toutes les fa
milles doivent à leurs fournisseurs »
et ajoute : « Une des choses qui im
pressionnent le plus les ■ malheu
reux menacés de saisie, c'est l'ap
pareil judiciaire employé, notam
ment les' affiches apposées à la
maison et à la mairie. Ne pourrait-
On pas au moins leur épargner cette
humiliation, si humiliation il y a ?
Car un honnête homme né doit pas
rougir de ' sa pauvreté,- quand tant
de coquins s'enorgueillissent de
leur richesse. »
En terminant, M. Lasies exprime
le vœu que « la politique tracassière
et haineuse dont la France meurt »
fasse place à une politique d'ordre
et de liberté.
M. Lafferre prend enfin la parole.
D'après lui, il faut,pour améliorer
la situation, unifier nos tarifs de
transport et organiser notre expor
tation.
L'orateur exprime incidemment
le regret que le général André ait
adressé une circulaire à ses subor
donnés, afin de recommander l'u
sage du thé pour les troupes, les-
quelles^en veulent pas.
Lè général André répond que la
circulaire en question n'a pas la
Eortée que lui attribue M. Lafferre.
l 'usage du thé dans l'armée, dit-il*
est réglementé. Lorsque, pour des
raisons passagères, l'eau potable
présènté des dangers, " l'autorité
militaire doit prescrire l'usage de
l'eau bouillie aromatisée par une
addition de thé.
Après cette réplique du ministre
de la guerre, la suite de la discus
sion de l'interpellation est renvoyée
à vendredi prochain.
*
* *
Au moment où le président an-
nençait que la prochaine séance
aurait lieu lundi matin et indiquait
l'ordre dans lequel seront discutés
les budgets des ministères, M. Mil-
levoye, se levant de son banc, a
demandé :
■— Quelle est la raison qui a fait
"placer en tête la discussion du bud
get des cultes ? .
r " M. Zévaès a répondu ;
— C'est le premier à sup^/rimpr !
~ c ' es t i'aveu que % voulais ob
tenir, a riposte Miïlevoye.
JNous bornons à reproduire
la qn^,' 6t ion et la réponse, sans nous
émouvoir, d'ailleurs, des menaces
farouches de M. Zévaès.
. J. Mantenay.
AU SÉNAT
La réhabilitation des faillis.
"M. Bérenger a l'âme compatis
sante — sauf lorsqu'il s'agit d'ac
cusés politiques ; aussi s'est-il ému
de la situation rigoureuse faite aux
faillis pour lesquels la réhabilita
tion est à peu près impossible.
Ces commerçants, dont bon nom
bre ont été simplement victimes de
là jnalechance,, sont voués, pour
toute leur vie, à une misérable si
tuation ; ils sont privés à jamais de
uj
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