Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-11-12
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 novembre 1901 12 novembre 1901
Description : 1901/11/12 (Numéro 12313). 1901/11/12 (Numéro 12313).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7109026
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
1901
Mardi 12 Novembre 1901
'iw MWJKUMBJi
liitltfi fiotfdto&ai « 12,81 Ô
Mardi 12 Novembre 1901 .
■ ■ * ■
ÉDITION QUOTIDIENNE
. a ' -•-■ -o*
•.V'.sr, V
PARIS
ET DÉPARTEMENTS
Un an......... 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... 11 »
ETRANGER
(union postale)
51 »
.26 50
14 »
Les abonnements partent des 1 er et 16 de chaqtie mol*
UN NÛMÉRd |
Paris 10 cent.;
Départements.,... 15 —
7 BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
m-wmm
AVIS
. Lés açtionnàires de la Société du
journal l'Univers, Eugène Veuillot
et Cie, dont le siège -est à Paris,!
rue Cassette, n° 17, sont convoqués?
par le gérant en assemblée générale
extraordinaire au siège social pour:
le 28 novembre 1901, à. 4 heures 1$
de relevée.
•O rdre du jour : s
1° Nomination d'un membre du
consêil de surveillance ;
2° Soumission aux dispositions
des lois des 24 juillet 1867 et i or août
1893, de la Société, constituée sous
le régime de la loi de 1856;
3" Augmentation du capital so
cial ;
4° Division de chacune des actions;
actuelles de 200 fr. en deux actions®
de 100 fr. ; . j
5° Modifications aux statuts en;
résultant,:. » •= <.
Le gérant, |
Eu gène V euillot.
PARIS, 11 NOVEMBRE 1901
SOMMAIBB
•En famille. E ugène V euillot.
Le marquis Ito J. M.
Lettre à M. Eugène .
Veuillot..:.!... A bbé G h. D enis.
Correspondance ro- '
naine *** ;,,
Causerie littéraire :
Mmede Genlis.... E dmond B ihé.
Bulletin. — L'ère nouvelle. — La con-
. ■ fiance. — Les congrégations. — Le'con
flit franco-turc: —• Informations politi
ques et parlementaires. — Chronique
électorale. — La fête de la raison. —
Fêtes et réunions. — L'action libérale.
— Un appel.-— La mort de LUIutog»
Chang: — La guerre du Transvaal. -—'
Etranger. — La grève des mineurs.—
- La question ouvrière. —• Une bagarre
•à Marseille. - — Echos de partout. —
Nécrologie; — Tribunaux. — La peste.
— Nouvelles diverses. — Calendrier;
— Tableau et bulletin de- la Bourse. —
Dernière heure.
EN FAMILLE
.Nous voulons tout de suite entre
tenir nos lecteurs, nos amis, de
l'appel de. fonds que promet cette
convocation de nos actionnaires^
Ce sera une de ces causeries de fa
mille dont, de vieille date, nous
ayons ici l'habitude.
Longtemps Y Univers a eu des
prix d'abonnement : inférieurs. à
ceigx des autres grands journaux
politiques de Paris. Maintenant
il est plus cher que les diverses
autres feuilles parisiennes qui
s'adressent plus' particulièrement
aux catholiques. Cette différence
de prix, justifiée, nécessitée par
des dépenses plus fortes ayant
pour but de maintenir au journal,
en divers points, fond et forme, sa
supériorité sur beaucoup d'autres,
limite sa diffusion et par suite son
action. Il peut difficilement aller,
partout où en ce temps il importe
d'aller. Nous devons remédier à
cela.
Il y a une crise de la presse. En
dehors des faméliques, d'importants
journaux qui paraissent se bien
porter l'ont maintes fois dit. Cette
crise est l'œuvre de ceux mêmes qui
en souffrent. Afin de se créer un
public, de nouveaux venus ont telle
ment baissé les prix qu'il faut ar
river à un très gros tirage pour
joindre les deux bouts.
On s'explique très bien que cette,
considération ne touche guère l'a-;
bonné. Le bon marché l'attire, c'est
ïîfeturcl et même c'est presque forcé
pour celui dont les ressources, déjà
faibles, menacent de s'affaiblir 1 en-"
core. De la bourse plate on ne peut
tirer.beaucoup.. Le journal qui de--
mande quarante francs lorsque'
d'autres se contentent de vingt-cinq,
de vingt ou même moins, est soup
çonné ae vouloir gagner trop, alors
qull ne gagne rien et n'arrive mê
me point à l'équilibre. Tout le mon
de n'est pas -admis à ; boucler son
budget comme le ministre des fi
nances avec des traites à pertè de
vue sur le Chinois.
En même temps qu'on nous re
proche d'être trop cher, sinon.pour;
lemérite du journal, au moins pour;
a propagande, on nous représente;
que le mal ne cessant de s'aggraver,
nous devons, dans " l'intérêt de la;
cause religieuse et pour que l 'Uni
vers garde son autorité,le mettre au
prix moyen des journaux qui attà-;
quent la religion et de ceux qui;
voués à l'esprit de parti, d'école, .de
secte,' la servent mal ou veulent
l'exploiter. — Faites cela à tous ris
ques, en gardant vos doctrines, vo
tre ligne, nous dit-on : vous serez
écoutés, vous sçrez .suivis, vous-
armerez de plus nombreux lec
teurs, votre action s'étendra et
vous ajouterez de nouveaux ser
vices, très importants, très ur-
• gents ; -à tous ceux que déj à l' Univers
a rendus.
Ces appels, ; il y a longtemps
qu'ils nôus inquiètent et noi|,s'sé
duisent. Dès les premiers mois de
cette année en voyant comment les
choses tournaient, nous nous som
mes dit qu'il y faudrait répondre.
Mais trouverions-nous les res
sources nécessaires et ne serait-ce
pas affaiblir la cause que de les,de
mander en vain? Nous avons réflé
chi, nous avons consulté, et nous
avons reconnu que l' Univers, jour
nal de combat comme de doctrine,
pour remplir, à l'heure actuelle,
tout son devoir et faire l'an pro
chain une bonne campagne élector
raie, devait réduire ses prix d'abon
nement et augmenter en même
temps ses dépenses. Difficile pro
blème/surtout quand l'annonce,
cette marine "de la presse, donne
60,000 francs : de " moins qu'autre
fois.'": ■ «
Avant de chercher les fonds qui
nous permettraient d'entrer dans
cette voie avec chance de succès,
nous voulûmes, én vrai catholiques
avant tout, faire connaître au Papë
notreprojét et être fortifiés de sa
bénédiction. Voici la réponse que;
nous , avons reçue -y
« Très honoré monsieur,
« vous a fourni l'occasion de dépo
te ser de nouveau aux pieds-du
« Saint-Pèrè l'hommage aes senti-
«. ments dévoués que, de tout
a temps, tous ayez professés en-
« vers son auguste personne^ Je
« suis.très heureux d'être chargé
« de -vous informer que Sa Sainteté
« a reçu avec un vif plaisir la nou-
■c velle attestation de ces senti-
« inents; d'autant plus que cette
« assurance était accompagnée de
« la protestation d'une soumission
« entière et constante à toutes les
« directions du Saint-Siège. Vous
« savez par expérience la bienyeil-
« lance que le Souverain Pontife a
« toujours marquée au journal que
« vous dirigez; aussi s'est-Il réjoui
« d'apprendre que vous avez le pro-;
« jet d'en développér l'action et l'in-
« fluence et que les catholiques
« sincèrement affectionnés au Saint-
« Siège apostolique sont disposés à
« favoriser ce développement. ;
« Et pour vous encourager et
« vous soutenir dahs l'exécution
« de ' vos excellents projets, Sa
« "Sainteté' vous accorde de 'ton»
« "cœur, à vous et à ceux qui parta-
« gént vos travaux, la bénédiction.
-«Apostolique.;- -
« En vous assurant de-mes senti-
« ments de haute estime, je suis
« heureux de vous renouveler l'af-
« fectueuse expression de mon dé-
« vouement.V Y.~\' J . .
« M. Cardinal R ampolla.
« Rome, 29 avril 1901. »
" «: ..... S' , .1-.' ... .. . î , . ; .
V - XI ! < : s •
Munis de cette approbation d'or
dre supérieur •*— on en conviendra
.-— et.de cette- bénédictiqn, qui'est
une récompense et une force, nous
sommes, entrés,-.en campagne. L'un
de nous a parcouru ,de nombreux
diocèses et , une note explicative a
é.té > adressée, à beaucoup de. nos
amis. -J'.extrais de cette note les li-
■ gnes suivantes : , .n .
Cette réforme (la diminution du prix}
^sera accompagnée de quelques autres
améliorations ; le service deB informa
tions serairéorganisé, pour que le journal
puisse donner plus rapidement des nou
velles encore plus complètes; sans cesser
d'être sûres. Quelques collaborateurs
nouveaux ajouteront-à :1a rédaction ordi-.
-naire le Telief et l 'éclat «le noms copnua.
.;La partie littéraire sera fortifiée, les cor-
reepondanççs . étrangères développées.
L 'Univers,, en upinot, sans: cesser d'être
ce qu'il a' toujours été, un journal sé
rieux, djëtu'de, de doctrine et dé combat;
sans devenir un ; journal "pbpulaire, a
l'ambition d'offrir, au clergé et aux ca
tholiques laïcs d'esprit cultivé, avec les
renseignements*'et 'les enseignements
qu'il a toujours contenus rsur la vie de
l 'Eglise en France et dans le monde en
tier, avec; les arguments de discussion
contre les ennemis de l'Eglise et de la
. patrie, une variété plus grande encore et
plus fournie d'informations sérieuses et
promptes et de distractions intellectuelles
'et instructives..v
Pour couvrir la perte par abonné, pour
; subvenir aux.frais des améliorations di-
; verses et de la propagande active et pro
longée qui sera nécessaire, il nous faut
300,000 francs.
■ Nous les demandons avec confiance à
nos amis;..'
Nous nous hâtons de les avertir qtie
nous leurs proposons une oeuvre et non
pas un placement rémunérateur. Leur
-argent ne sera.pas perdu, il sera repré-
; s enté par un titre reposant sur la valeur
du journal. Mais il ne rapportera pas de
-bénéfices, au moins pendant les premiè
res années. Pluff tard, il est possible!
qu'une grande augmentation du nombre|
des abonnés produise des dividendes
mais nous ne nous y engageons pas, ré
pugnant à faire des promesses que nous
ne sommes pas; sûrs de pouvoir tenir. !
Nous demandons en outre à tous ceux
qui' peuvent «xîélrcer- quelque 'influence
autour d'eux, de vouloir bien/ le moment
venu, — c'est-à-dire quand la transfor
mation sera operéé,,— se faire les propa-,
gateurs dé l'Univers. A coup sûr, nous
ne: négligerons, pour faire connaître nos
conditions nouvelles, 1 aucun moyen de
publicité. Mais l'effet de ces moyens peut
être'doublé si, dans chaque région, quel
ques amis dévoués • de l'Univers veulent
bien nous apporter leùr concours person
nel et fairè écho à notre propagande.
Nous voulons chasser les sectaires et
refaire une France chrétienne. Le jour
nal est notre arme. Nous tenons, dans
les circonstances actuelles, à en augmen
ter lâ portée. ■ - ' '
f r Je viens de dire que l'un de nôus
a pàrcouru de nombreux diocèses.
J'ajoute qu'il a itrouvé beaucoup et
de très ardents amis ; qu'il a reçu
de-bons renseignements, de bons
avis; de chaleureuses promesses de
concours. Dès à présent, plus des
deux tiers de la somme que nous
jugeons nécessaire sont promis..
Cet accueil a dépassé nos espé
rances. Jîaime à le dire et je suis
convaincu que nos lecteurs seront
•heureux de l'apprendre. Certains
de ceux — laïcs, prêtres, religieux
■— qui auraient dû nous soutenir,
puisque lé~Pape nous félicitait, tra
vaillent depuis quelques années
contre nous ave® tant de passion
que nous devions craindre d'être
sérieusemententamés.Nonv V
i. Si nous avons des adversaires ou, ;
mieux, des ennemis qui, sans tou-j
jours s'en rendre compte,, je veux !
l'espérer, vont pour nous entraver ;
juscru'à trahir la vérité,, jusqu'à
tomber dans la bêtise et la calom-;
nie, les fidèles' d,u vieux et vrai parti :
catholique, la plupart de ses chefs 1
autorises .et le gros, le très grôs.de
l'armée, sont dans la voie que nous,
n'avons pas quittée. De plus, nous
voyons enfin se rapprocher de nous
bon nombre de ceux qui longtemps
sont restés à peu près neutres. L'un
de ces derniers* qui n'est pas le
premier venu, me disait récem-,
ment : «Je n'ai pas toujours été avec
vous dans les lutte.s -qui ont com-,
méncé pa,r ,1e toast-du cardinal La-
vigerie, mais aujourd'hui.je recon
nais que vous avez eu raison; ».
■ Oui, nous avons eu rai son et nous
étions sûrs qu'on le verrait parce:
que toujours, en fils d'obéissance, 1
novis avons marché à , l'ombre du
• Pape. .
. Voilà dans quelles condition,s et
■dans quel but nous allons deman-
,.der-à l'assemblée gçné^ale"des ac-
.tionnaires de Y Univers, de reporter
le capital social à son chiffre primi- ;
■tif: .500,000 francs.
Répétons-le : il . ne s'agit pas ici
d'une affaire, mais d'une œuvre..
Nous.prions nos amis d'y contri
buer. ' .. . :
Eugène V ëoillot.
'BULL ET IN
Une note officiellë du ministère des
affaires étrangères annonce d'une façon
très nette que la Porte, pkr un iradé im
périal, a fait droit à toutes les réclama
tions de la France.
.< Les relations diplomatiques vont donc
être reprises entre les deux pays, et la
division de l'amiral Çaillard quitte
sans doute aujourd'hui même les ,eaux
turques.
Il y a lieu de compter — et ce fut là
le point essentiel du conflit — que
« l'ensemble des œuvres françaises en
Orient, selon les paroles mêmes de M,'
Delcassé dans la séance de lundi der
nier, ne seront plus l'objet d'aucune
malveillance ni d'aucune; tracasserie
et que la. mauvais^ foi du gouverne
ment ottoman a considéré comme il de
vait l'être un effort,,* qu'il serait;, grave
de nous obliger k renouveler ».i
'Malgré lès tentatives partielles de
mutinerie dans la région du Nord, le-
syndicat du PaS'de Calais s'est pro-,
noncé, pour l'instant, contre le chô-,
mage. •
. La grève est cependant h prévoir,pour
,la semaine prochaine, dans les : centres
miniers delà. Loire. . .. . 0
Le discours du marquis de Salisbury
est naturellement très commenté dans,
la presse anglaise. Son optimisme mé
rite les justes railleries de l'opposition,
et l'impérialisme, surchauffé par deux
années d'ç .piétinement au ^Transvaal,
s'alarme du projet de donner aux Répu
bliques du sud le régime politique de
l'Australie et du .Canada.
î..> if; r' •*
Les élections municipales en Espa
gne ont entraîné des troubles sur divers
points du royaume.
A Barcelone, notamment, l'agitation
catalaniste s'est . manifestée par des
coups de feu ; on parle d'un mort et de
plusieurs blessés. , ' .
Peu de résultats électoraux sont con
nus •, pour la première fois, à Madrid,
un socialiste entre à l'Hôtél de Ville.,
Aux Etats-Unis, le socialisme enva
hit à son tour la politique; c'est le. can
didat du parti ouvrier qui est élu maire
de San Francisco ; on n'avait jamais,
vu, dans les Etats de l'Union, un socia
liste occuper ces fondions. ,
Au cours d'un banquet, le sénateur
Lodge a insisté sur les avantages de la
réciprocité internationale,
Le traité de commerce avec la France
ÉDITION SEMI-QUOTIDIEKNB '
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postalf
: Un an... 20 » 26 »
Six mois...... 10 » .13 »
Trois moij.i;.. 5 » f,
Les abonnements partent des 1" et 18 d>a chaque mois
L'UNIVERS ne répond jiàs des manuscrits qui lui son! adressés
ANNONCES
MM- LAGRANGE, GERF et 0,6, place de la Bourse
lui semble devoir être conclu •, il l'ap
prouve, sans réserves, au point de vue
politique et économique. .
-,— r . —,,, ... -, «I U : -
L 'ÈRE NOUVELLE
#
L' « ère nonvelle », annoncée par
les socialistes " de gouvernement,
c'était la mine aux mineurs. Ces
derniers^ se fiant à-ces promesses,
ont cru- qu'une évolution violente —
et immédiate ~ allait améliorer lar
gement leur- situation, et ils sont
partis en campagne. Une grève
vient d'éclater à Dourges.
Ce n'est rien ! s'écrient là Lanter
ne et la Petite République, pour dis- :
simuler leur embarras.. « La chose
est sans,portée! » proclame celle-;
.ci.-r-«'Un mouvement fort limité! » !
ajouta cellç-làduton le plus dédai-
gnèux.
D'aileurs, dit la Lanterne, « on
né connaît pas encore très exacte- :
ment.}es causes de cette grève
Eh quoi 1 ce journal, si bien in- ;
formé d'ordinaire . sur ce qui se ;
: passe dans les milieux ouvriers j nel
Eeut nous renseigner aujourd'hui?
( es hommes noirs n'auraient-ils'
. pas mis la main dans cette mysté-'
rieuse affaire?
.,La Lanterne devrait envoyer un
reporter .à M. Ranc pour l'intervie-'
wer à cç sujet; L'auteur du Roman
d'une conspiration doit être au cou
rant des dessous de cette af
faire.
Les feuilles en question conseil
lent hypocritement aux mineurs de
« réfléchir ayant de s'engager dans '
cette aventure ».
Pourquoi n'ont-elles pas .« réflé
chi », elles, avant de pousser les
ouvriers dans une voie sans is-;
sue? -
La Lanterne et la Petite Républi
que ajoutent que les « Compagnies
étrangères sont prêtes ànous inon
der de charbon».
v; Voilà encore une découverte que
ces journaux font un peu tard. On
peut en dire autant de l'apprécia
tion qu'ils formulent aujourd'hui.
La grève,disent-ils, est; un moyen
« parfois. aléatoire, touj ours dan
gereux ». -C'est vrai, — mais jadis
vous disiez le contraire.
LE MARQUIS ITO
" ' 5 i " 1 1 'v ' " B .
La tête forte,auxpommettes saillantes,
— signe de ténacité — de petits yeux
noirs très perçants — j'allais dire téré-
brants — dans un masque de bronze, aux
méplats accentués; de taille moyenne et
de mouvements souples, tel apparaît
l'hommè d'Etat japonais qui est actuelle
ment l'hôte dé Paris.
Le'marquis Ito fut dé ceux qui — sans
révolution firent du Japon féodal le
pays ultra' moderne qui nous envoie au
jourd'hui ses jquets et ses bibelots. En !
1866, le mikado était: considéré par ses
sujets comme une sorte de divinité ; ja
mais le peuple né pouvait apercevoir ses
traits augustes. Trois ans plus tard, le
"susdit souverain se promenait dans les
rués de Tokio, la cigarette aux lèvres,;
vêtu d'un complet de cheyiotte, et coiffé
d'un melon à la marque célèbre d'un cha-,
pelier parisien. . . . • f
En 1866, les* nobles japonais, armés
de deux sabres; tènaient le haut du pavé
dans toutes lés villes de l'empire; -
En 1869, ils étaient, à l'exemple de
leur monarque', éù'stumés à :la mode : de :
Londres ou de'Paris.
La mission militaire que Napoléon III
avait envoyée en 1866' à Tokio, sur la
demande du gouvernement impérial ja
ponais,'et qui avait été accueillie par les
rumeurs menaçantes dii peuple, repar
tait pbur ïa France chargée de pré
senta.
Fait plus extraordinaire encore : un
des officiers de la mission était attaché
par l'empereur du Japon à son Conseil
d'Etat.
Le marquis Ito, qui avait pris une
large part à cette transformation, a tou
jours, depuis lors, tenu une grande place
dans les affaires de son pays. Pendant la
guerre que le Japon*a soutenue si bril
lamment contre,la Chine, l'habile hoipme
d'Etat a joué lin rôle très important.
Son rêve serait que son pays fût une
sorte d'intermédiaire entre la civilisation
occidentale et la civilisation orientale
par s'il aime celle-ci, il n'est nulle rnen
opposé à celle-là. :
J. M."
irai 11._™ en. ins
A Monsieur Eugène Veuillot,
. directeur de. l'Univers. •.
Très honoré monsieur,
Une constatation heureuse ré
sulte des débats ouverts récemment
à rnon sujet dans l'Univers. Malgré
les hachures de mon texte il est
possible de distinguer. que je ne
suis ni sceptique, ni panthéiste, ni
athée, ni pratiquant un subjecti-
visme radical. C'est là, en somme,
' le fond de la question depiuis qu'on
se sert de-la Lettre encyclique du
8 septembre 1899 contre des laïcs et
des ecclésiastiques. .
Ce que j'écrivais un moisauanf la
Lettre pontificale ne permettait pa3
de m'appliquer, ainsi qu'à mes col
laborateurs, les épithètés déplai
santes, fausses et mystificatrices
qui nous ont été adressées publi
quement s,u moins en deux circons
tances, et qui ont servi à appuyer
des démarches outrageantes pour
nos convictions.' Tout ceci résulte
même des citations des^ Annales
données par l'Univers, et j'en prends
acte.
Reste la note relative au défunt
P. Mazella. C'est une simple note,
au courant de la plume, dont il au
rait fallu citer ce qui précède- et ce
qui suit pour en saisir l'intention.
Je déclare en regretter certains
termes. Pris à la grande rigueur, ils
semblent, en effet, porter un juge
ment excessif et prématuré. En tout
cas ils dépassent ma pensée et ne
conviennent pas à mon humble si
tuation- de publiciste catholique.
Mon excuse est d'abord dans; la ra
pidité de la composition, mais en-
: eore d§ns l'amertume dont je souf
fre conséquemment à des attaques
que ie eroi^injustifiées. Mon tort as
été de ne pas avoir été plus chari--
table que ceux qui agissent ainsi.
Ma générosité, enfin,-a été de me
mettre en avant pour mes amis.
* • Mon intention — -comment peut-
on me fairè l'outrage d'en douter ?
— n'était pas de i'eter le discrédit
sur un document, aont je comprends
aussi bien que tout autre, la portée
et l'utilité : la condamnation du
subjectivisme radical : Elle n'était
pas de mettre en doute son autorité
en tant que' : document pontifical
ayant la valeur absolue d'une lettre
monitoire et directive. Sùr ce point,
je n'avais pas à me prononcer,
puisque antérieurement je l'avais
reçu et publié comme tel.
Mais autre chose est de ; s'incliner
pleinement, en vrai ; catholique, de
vant un docùment dont' on ne con
teste ni la valeur intrinsèque ni l'au
thenticité, et- en discuter, en pres
sentir et en préjuger même les ori
gines d'après certaines données et
certains faits; Ceux qui ont écrit
l'histoire des Papes, des conciles de
Trente et dû Vatican ne se sont pas
fait faute de= suivre : cette voie; par
là on explique des particularités
importantes ; on éclaire certaines
conjonctures intentionnelles: et on
restitue àun document, même ayant
le caractère de foi définie, ses con
tingences humaines.
: Or, dans" ■ l'espèce, la Lettre du
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
s. " .- DB 12 novembre 1901
CAUSERIE LITTÉRAIRE
Madame de Genlis (1).
I
Après Mme de Staël, Mme de Genlis a
été, dans les dernières années du XVIII 4
Biècle et dans les premières du XIX 0 ,
celle de nos femmes-auteurs qui a fait le
plus de bruit. Plusieurs de ses ouvrages
ont eu un Buccès de vogue, notamment
les Veillées du château, Adèle et Théo-
dore, Mademoiselle de Clermont et le
Siège de La Rochelle. On ne la lit plus ;
mais —combien 1 ést-il d'écrivains qui,
après un- siècle écoulé; trouvent encore
deB lecteurs ? Si ses livres, partageant le
sort commun, sont tombés dans l'oubli,
elle n'en a pas moins tenu une assez
grande place dans la société de son
temps, elle appartient même un peu à
l'histoire comme gouverneur de prinees.
Elle méritait donc, à plus d'iin titre,
d'avoir un jour un biographe. Elle en a
(1) Gouverneur de princes, par M. de
Chabreul ;.un ■ volume in-8° avec portrait,
Calmann-Lévy, éditeur, 3, rue Auber,
1901.
trouvé un, très informé et très bienveil
lant, dans M. de Chabreul. J'aurais voulu
dans son volume un peu plus de dates,:
et, en mainte rencontre, des détails plus
précis. C'est ainsi qu'il nous dit, au déi
but de son ouvrage : «.Mme de Genlis
était née le 25 janvier 1746 dans une.pe
tite terre appelée Champiéré, située en;
Bourgogne, non loin d'Autun., » Mais il
ne nous apprend ni ses .'préiioms, ni'
même le nom de ses parents — qui s'ap -i
pelaient M. et Mme Ducreat. Cette omis-
Bion et quelques autres du même genre
sont assurément regrettables. Le livre
de M. de Chabreul n'en eBt pas moins
très intéressant et, dans ses parties prin
cipales, très complet.
Mlle Ducrest avait cinq ans quand ses
parents achetèrent . le marquisat de
Saint-Aubin, dont ils prirent, le titre. Un;
peu plus tard .(ici encore, comme pres
que partout dans Je volume, la date nous
manque), elle fut reçue à Lyon chanoi-
nesse d'un chapitre noble d'Alex. Après
sa réception au chapitré, on l'appela
comtesse de Lancy, son père étant sei
gneur de Bourbon-Lancy. Elle porta ce
titre et ce nom jusqu'à son mariage.
.D'jine. précocité singulière, la petite
comtesse s'essaye^e très bonne heure, à
composer des romans et des comédies ;
mais comme elle ne sait pas encore tenir
une plume, c'est sa gouvernante qui écrit
sous sa dictée. Dès son enfance, elle a
déjà le goût d'instruire les enfants. De la
terrasse du château,, assise sur le para
pet, elle appelait les petits garçons du
village qui venaient couper des joncs, et
elle leur donnait des leçons, leur enseif
gnant tout ..ce qu'elle savait, le caté
chisme, quelques vers des tragédies
jii'une demoiselle Barbier, et ce qu'on lui
avait appris par cœur dés , principes de
musique. Elle ne ménageaitpaB d'ailleurs
à ses élèves les récompenses, et leùr jetait
des fruits, des petites galettes, et toutes
sortes de bagatel Jes.
C'est là sa vraie vocation. Elle est née
régente, maîtresse d'école, gouverneur, ;
et Marie-Joseph Chénier la connaissait
hien, qui mettait dans sa bouche, qua
rante ans plus tard, lorsqu'elle revenait
d'émigration r .ce joli vers ; .
J'arrive d'Altona pour vous apprendre à
[lire.
Comme elle allait sur ses douze ans,
ses parents se ruinèrent et l'envoyèrent
à Paris chez l'une de ses tanteB, Mlle de
Mars, durant le temps qu'ils liquidaient
leur fortune. Cette parente mène tous
les soirs la petite comtesse de Lancy soit
à l'Opéra, soit à la Comédie-Française.
Toute sa vie, elle aura une passion pour
le théâtre ; elle composera de nombreux
ses comédies ; mais, comme elle ne perd
jamais de vue sa mission de maîtresse
d'école,.lorsqu'elle,publiera ses pièces,
elle leur donnera pour titre : Théâtre d'é
ducation. f . ' .
Elle a un ?mtre goût non moins vif,-
celui de la musique, et elle y consacre
presque toutes les heures de la journée,
a Je faisais continuellement de la musi
que, dit-elle dans ses Mémoires ; oiitre la
harpe dont je jouais Bixà sept heures par;
jour, je jouais du clavecin, de la guitare,
de la mandoline, du pardessus de viole
et de la musette; instrument qui . avait
beaucoup de grâce; on souffîait,non avec
la bouche, mais avec un eoufflèt passé
sous le bras. Avec ces occupations je n'a- :
vais guère le temps de lire et de cultiver
mon esprit, mais je répétais toutes les
semaines les odes de Rousseau et les
vers de Gresset, ce qui, joint au Diction
naire de la fable de Chompré, que je sa
vais exactement par cœur, formait toute
mon instruction. J'avais un goût extrême
pour la poésie. »
j. Elle était fort heureusement née avec
un fonds de raison qui durant toute sa
viejlui servit à. corriger les extravagan
ces de son éducation. Mlle de Mars pos-;
sédait une piété solide et une vertu aus
tère ; elle laissa son' empreinte dans
l!âme de son élève dont elle B'était fait
adorer. Malgré la ruine de Bes parents,
qui avaient quitté le nom et le titre de
Saint-Aubin, Mlle Ducrest vivait dans la
plus haute société ; elle fréquentait chez
Mme de Civrac et chez la ducliesse d'U-
zès. Pleine de verve, , de folle gaieté,
comme elle se peint eHe-méme,. d'une
imagination des plus romanesques, on
aurait pu craindre que ce. monde léger et
brillant où, elle se trouvait lancée lui
eût facilement monté, la tête. Elle eut
assez de raison , pour" réagir contre ce^
enivrement. Elle aimait par-dessus tout
la conversation dé» femmes âgéee, celleç
surtout qui avaient vécu a la cour de
Louis XIV et qui en parlaient. Rentrée
dans sa chambre après un bal ou un
spectacle, elle lisait jusqu'à une heure
avancée dé la nuit. Elle nous raconte
qu'èllé lutainBi lés Pensées de Pascal, les
Oraisons funèbres dé Bossuet, le Petit
Carême de Massillon. « Le profond Pas-;
cal pendant une demi-heure. Il fortifiait,
ma foi par se&; àdrhirables raisonne
ments ensuite je lisais avec saisisse-:
ment une trentaine de pages de Bossuet. <
Il m'élevait au-dessus de moi-même et
de la terre ; après cela je me reposais;
dans le ciel avec Massillon. »
Mlle Ducrest joignait donc aux dons*
les plus brillants des qualités sérieuses.
Malgré ses succès dans le monde, elle
était restée simple ; elle était bonne et
bienveillant?. Malheureusement, elle
était très étourdie, très romanesque, et
le roman devait jouer dans, sa vie un
trop grand rôle. « Il est une louange,
écrit-elle, que je puis me donner, parce
que jë suis sûre que je la mérite, c'est
que j'ai toujours eu l'esprit parfaitement
juste; et par conséquent, un grand fonds
de raison, et cependant je fais mille
étourderies, mille actions déraisonna
bles et personne au monde n'a moins ré
fléchi que moi sur sa conduite,, ses inté
rêts, sur l'avenir, en même temps que
qui que ce soit aussi n'a autant réfléchi
sur ce qui ne lui était pas personnel. *
II
A dix-sept ans, elle épousa lé comte
de Genlis, jeune et brillant officier qui
s'était déjà distingué dans plusieurs
combats sur 'mer. Elle n'avait pas un
sou de dot ; M. de Genlis; cadet de Nor
mandie, n'avait que douze mille livres
de rente et, pour toute espérance, sa part
dans la succession de Mme là maquise de
Dauménil, sa grand'mère, qui avait en
viron quarante mille livres de rente.
Mme de Genlis avait une tante, Mmedé
Montesson; qui épousa morganatique-
ment le vieux duc d'Orléans. Le roi
Louis XV, après avoir refusé son consen
tement à ce mariage, avait fini par l'ac
corder, • mais à certaines conditions :
Mme de Montesson ne devait ni changer
de nom, ni s'attribuer aucune préroga
tive de princesse du sang ; elle ne décla
rerait pas son mariage et ne paraîtrait
jamais à la cour.
Mmê de Montesson eut l'idée d'obtenir
pour sa nièce une place ;auprès de
Mme la duchèsse de Chartres^ belle- fille
du duc d'Orléans. Elle y réussit d'autant
plus facilement qu'ey par son mariage,
Mme de Genlis était devenue la nièce de
M. de Puisieux, lequel possédait toute la
confiance du vertueux duc de Penthiè-
vre, père de la duchesse. En même
temps du reste que Mme de Genlis en
trait au Palais-Royal, son mari y était
lui-même attaché, comme capitaine des
gardes de M. le duc de Chartres, celui,
qui sera un jour Philippe-rEgalité.
Mardi 12 Novembre 1901
'iw MWJKUMBJi
liitltfi fiotfdto&ai « 12,81 Ô
Mardi 12 Novembre 1901 .
■ ■ * ■
ÉDITION QUOTIDIENNE
. a ' -•-■ -o*
•.V'.sr, V
PARIS
ET DÉPARTEMENTS
Un an......... 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... 11 »
ETRANGER
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Les abonnements partent des 1 er et 16 de chaqtie mol*
UN NÛMÉRd |
Paris 10 cent.;
Départements.,... 15 —
7 BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
m-wmm
AVIS
. Lés açtionnàires de la Société du
journal l'Univers, Eugène Veuillot
et Cie, dont le siège -est à Paris,!
rue Cassette, n° 17, sont convoqués?
par le gérant en assemblée générale
extraordinaire au siège social pour:
le 28 novembre 1901, à. 4 heures 1$
de relevée.
•O rdre du jour : s
1° Nomination d'un membre du
consêil de surveillance ;
2° Soumission aux dispositions
des lois des 24 juillet 1867 et i or août
1893, de la Société, constituée sous
le régime de la loi de 1856;
3" Augmentation du capital so
cial ;
4° Division de chacune des actions;
actuelles de 200 fr. en deux actions®
de 100 fr. ; . j
5° Modifications aux statuts en;
résultant,:. » •= <.
Le gérant, |
Eu gène V euillot.
PARIS, 11 NOVEMBRE 1901
SOMMAIBB
•En famille. E ugène V euillot.
Le marquis Ito J. M.
Lettre à M. Eugène .
Veuillot..:.!... A bbé G h. D enis.
Correspondance ro- '
naine *** ;,,
Causerie littéraire :
Mmede Genlis.... E dmond B ihé.
Bulletin. — L'ère nouvelle. — La con-
. ■ fiance. — Les congrégations. — Le'con
flit franco-turc: —• Informations politi
ques et parlementaires. — Chronique
électorale. — La fête de la raison. —
Fêtes et réunions. — L'action libérale.
— Un appel.-— La mort de LUIutog»
Chang: — La guerre du Transvaal. -—'
Etranger. — La grève des mineurs.—
- La question ouvrière. —• Une bagarre
•à Marseille. - — Echos de partout. —
Nécrologie; — Tribunaux. — La peste.
— Nouvelles diverses. — Calendrier;
— Tableau et bulletin de- la Bourse. —
Dernière heure.
EN FAMILLE
.Nous voulons tout de suite entre
tenir nos lecteurs, nos amis, de
l'appel de. fonds que promet cette
convocation de nos actionnaires^
Ce sera une de ces causeries de fa
mille dont, de vieille date, nous
ayons ici l'habitude.
Longtemps Y Univers a eu des
prix d'abonnement : inférieurs. à
ceigx des autres grands journaux
politiques de Paris. Maintenant
il est plus cher que les diverses
autres feuilles parisiennes qui
s'adressent plus' particulièrement
aux catholiques. Cette différence
de prix, justifiée, nécessitée par
des dépenses plus fortes ayant
pour but de maintenir au journal,
en divers points, fond et forme, sa
supériorité sur beaucoup d'autres,
limite sa diffusion et par suite son
action. Il peut difficilement aller,
partout où en ce temps il importe
d'aller. Nous devons remédier à
cela.
Il y a une crise de la presse. En
dehors des faméliques, d'importants
journaux qui paraissent se bien
porter l'ont maintes fois dit. Cette
crise est l'œuvre de ceux mêmes qui
en souffrent. Afin de se créer un
public, de nouveaux venus ont telle
ment baissé les prix qu'il faut ar
river à un très gros tirage pour
joindre les deux bouts.
On s'explique très bien que cette,
considération ne touche guère l'a-;
bonné. Le bon marché l'attire, c'est
ïîfeturcl et même c'est presque forcé
pour celui dont les ressources, déjà
faibles, menacent de s'affaiblir 1 en-"
core. De la bourse plate on ne peut
tirer.beaucoup.. Le journal qui de--
mande quarante francs lorsque'
d'autres se contentent de vingt-cinq,
de vingt ou même moins, est soup
çonné ae vouloir gagner trop, alors
qull ne gagne rien et n'arrive mê
me point à l'équilibre. Tout le mon
de n'est pas -admis à ; boucler son
budget comme le ministre des fi
nances avec des traites à pertè de
vue sur le Chinois.
En même temps qu'on nous re
proche d'être trop cher, sinon.pour;
lemérite du journal, au moins pour;
a propagande, on nous représente;
que le mal ne cessant de s'aggraver,
nous devons, dans " l'intérêt de la;
cause religieuse et pour que l 'Uni
vers garde son autorité,le mettre au
prix moyen des journaux qui attà-;
quent la religion et de ceux qui;
voués à l'esprit de parti, d'école, .de
secte,' la servent mal ou veulent
l'exploiter. — Faites cela à tous ris
ques, en gardant vos doctrines, vo
tre ligne, nous dit-on : vous serez
écoutés, vous sçrez .suivis, vous-
armerez de plus nombreux lec
teurs, votre action s'étendra et
vous ajouterez de nouveaux ser
vices, très importants, très ur-
• gents ; -à tous ceux que déj à l' Univers
a rendus.
Ces appels, ; il y a longtemps
qu'ils nôus inquiètent et noi|,s'sé
duisent. Dès les premiers mois de
cette année en voyant comment les
choses tournaient, nous nous som
mes dit qu'il y faudrait répondre.
Mais trouverions-nous les res
sources nécessaires et ne serait-ce
pas affaiblir la cause que de les,de
mander en vain? Nous avons réflé
chi, nous avons consulté, et nous
avons reconnu que l' Univers, jour
nal de combat comme de doctrine,
pour remplir, à l'heure actuelle,
tout son devoir et faire l'an pro
chain une bonne campagne élector
raie, devait réduire ses prix d'abon
nement et augmenter en même
temps ses dépenses. Difficile pro
blème/surtout quand l'annonce,
cette marine "de la presse, donne
60,000 francs : de " moins qu'autre
fois.'": ■ «
Avant de chercher les fonds qui
nous permettraient d'entrer dans
cette voie avec chance de succès,
nous voulûmes, én vrai catholiques
avant tout, faire connaître au Papë
notreprojét et être fortifiés de sa
bénédiction. Voici la réponse que;
nous , avons reçue -y
« Très honoré monsieur,
te ser de nouveau aux pieds-du
« Saint-Pèrè l'hommage aes senti-
«. ments dévoués que, de tout
a temps, tous ayez professés en-
« vers son auguste personne^ Je
« suis.très heureux d'être chargé
« de -vous informer que Sa Sainteté
« a reçu avec un vif plaisir la nou-
■c velle attestation de ces senti-
« inents; d'autant plus que cette
« assurance était accompagnée de
« la protestation d'une soumission
« entière et constante à toutes les
« directions du Saint-Siège. Vous
« savez par expérience la bienyeil-
« lance que le Souverain Pontife a
« toujours marquée au journal que
« vous dirigez; aussi s'est-Il réjoui
« d'apprendre que vous avez le pro-;
« jet d'en développér l'action et l'in-
« fluence et que les catholiques
« sincèrement affectionnés au Saint-
« Siège apostolique sont disposés à
« favoriser ce développement. ;
« Et pour vous encourager et
« vous soutenir dahs l'exécution
« de ' vos excellents projets, Sa
« "Sainteté' vous accorde de 'ton»
« "cœur, à vous et à ceux qui parta-
« gént vos travaux, la bénédiction.
-«Apostolique.;- -
« En vous assurant de-mes senti-
« ments de haute estime, je suis
« heureux de vous renouveler l'af-
« fectueuse expression de mon dé-
« vouement.V Y.~\' J . .
« M. Cardinal R ampolla.
« Rome, 29 avril 1901. »
" «: ..... S' , .1-.' ... .. . î , . ; .
V - XI ! < : s •
Munis de cette approbation d'or
dre supérieur •*— on en conviendra
.-— et.de cette- bénédictiqn, qui'est
une récompense et une force, nous
sommes, entrés,-.en campagne. L'un
de nous a parcouru ,de nombreux
diocèses et , une note explicative a
é.té > adressée, à beaucoup de. nos
amis. -J'.extrais de cette note les li-
■ gnes suivantes : , .n .
Cette réforme (la diminution du prix}
^sera accompagnée de quelques autres
améliorations ; le service deB informa
tions serairéorganisé, pour que le journal
puisse donner plus rapidement des nou
velles encore plus complètes; sans cesser
d'être sûres. Quelques collaborateurs
nouveaux ajouteront-à :1a rédaction ordi-.
-naire le Telief et l 'éclat «le noms copnua.
.;La partie littéraire sera fortifiée, les cor-
reepondanççs . étrangères développées.
L 'Univers,, en upinot, sans: cesser d'être
ce qu'il a' toujours été, un journal sé
rieux, djëtu'de, de doctrine et dé combat;
sans devenir un ; journal "pbpulaire, a
l'ambition d'offrir, au clergé et aux ca
tholiques laïcs d'esprit cultivé, avec les
renseignements*'et 'les enseignements
qu'il a toujours contenus rsur la vie de
l 'Eglise en France et dans le monde en
tier, avec; les arguments de discussion
contre les ennemis de l'Eglise et de la
. patrie, une variété plus grande encore et
plus fournie d'informations sérieuses et
promptes et de distractions intellectuelles
'et instructives..v
Pour couvrir la perte par abonné, pour
; subvenir aux.frais des améliorations di-
; verses et de la propagande active et pro
longée qui sera nécessaire, il nous faut
300,000 francs.
■ Nous les demandons avec confiance à
nos amis;..'
Nous nous hâtons de les avertir qtie
nous leurs proposons une oeuvre et non
pas un placement rémunérateur. Leur
-argent ne sera.pas perdu, il sera repré-
; s enté par un titre reposant sur la valeur
du journal. Mais il ne rapportera pas de
-bénéfices, au moins pendant les premiè
res années. Pluff tard, il est possible!
qu'une grande augmentation du nombre|
des abonnés produise des dividendes
mais nous ne nous y engageons pas, ré
pugnant à faire des promesses que nous
ne sommes pas; sûrs de pouvoir tenir. !
Nous demandons en outre à tous ceux
qui' peuvent «xîélrcer- quelque 'influence
autour d'eux, de vouloir bien/ le moment
venu, — c'est-à-dire quand la transfor
mation sera operéé,,— se faire les propa-,
gateurs dé l'Univers. A coup sûr, nous
ne: négligerons, pour faire connaître nos
conditions nouvelles, 1 aucun moyen de
publicité. Mais l'effet de ces moyens peut
être'doublé si, dans chaque région, quel
ques amis dévoués • de l'Univers veulent
bien nous apporter leùr concours person
nel et fairè écho à notre propagande.
Nous voulons chasser les sectaires et
refaire une France chrétienne. Le jour
nal est notre arme. Nous tenons, dans
les circonstances actuelles, à en augmen
ter lâ portée. ■ - ' '
f r Je viens de dire que l'un de nôus
a pàrcouru de nombreux diocèses.
J'ajoute qu'il a itrouvé beaucoup et
de très ardents amis ; qu'il a reçu
de-bons renseignements, de bons
avis; de chaleureuses promesses de
concours. Dès à présent, plus des
deux tiers de la somme que nous
jugeons nécessaire sont promis..
Cet accueil a dépassé nos espé
rances. Jîaime à le dire et je suis
convaincu que nos lecteurs seront
•heureux de l'apprendre. Certains
de ceux — laïcs, prêtres, religieux
■— qui auraient dû nous soutenir,
puisque lé~Pape nous félicitait, tra
vaillent depuis quelques années
contre nous ave® tant de passion
que nous devions craindre d'être
sérieusemententamés.Nonv V
i. Si nous avons des adversaires ou, ;
mieux, des ennemis qui, sans tou-j
jours s'en rendre compte,, je veux !
l'espérer, vont pour nous entraver ;
juscru'à trahir la vérité,, jusqu'à
tomber dans la bêtise et la calom-;
nie, les fidèles' d,u vieux et vrai parti :
catholique, la plupart de ses chefs 1
autorises .et le gros, le très grôs.de
l'armée, sont dans la voie que nous,
n'avons pas quittée. De plus, nous
voyons enfin se rapprocher de nous
bon nombre de ceux qui longtemps
sont restés à peu près neutres. L'un
de ces derniers* qui n'est pas le
premier venu, me disait récem-,
ment : «Je n'ai pas toujours été avec
vous dans les lutte.s -qui ont com-,
méncé pa,r ,1e toast-du cardinal La-
vigerie, mais aujourd'hui.je recon
nais que vous avez eu raison; ».
■ Oui, nous avons eu rai son et nous
étions sûrs qu'on le verrait parce:
que toujours, en fils d'obéissance, 1
novis avons marché à , l'ombre du
• Pape. .
. Voilà dans quelles condition,s et
■dans quel but nous allons deman-
,.der-à l'assemblée gçné^ale"des ac-
.tionnaires de Y Univers, de reporter
le capital social à son chiffre primi- ;
■tif: .500,000 francs.
Répétons-le : il . ne s'agit pas ici
d'une affaire, mais d'une œuvre..
Nous.prions nos amis d'y contri
buer. ' .. . :
Eugène V ëoillot.
'BULL ET IN
Une note officiellë du ministère des
affaires étrangères annonce d'une façon
très nette que la Porte, pkr un iradé im
périal, a fait droit à toutes les réclama
tions de la France.
.< Les relations diplomatiques vont donc
être reprises entre les deux pays, et la
division de l'amiral Çaillard quitte
sans doute aujourd'hui même les ,eaux
turques.
Il y a lieu de compter — et ce fut là
le point essentiel du conflit — que
« l'ensemble des œuvres françaises en
Orient, selon les paroles mêmes de M,'
Delcassé dans la séance de lundi der
nier, ne seront plus l'objet d'aucune
malveillance ni d'aucune; tracasserie
et que la. mauvais^ foi du gouverne
ment ottoman a considéré comme il de
vait l'être un effort,,* qu'il serait;, grave
de nous obliger k renouveler ».i
'Malgré lès tentatives partielles de
mutinerie dans la région du Nord, le-
syndicat du PaS'de Calais s'est pro-,
noncé, pour l'instant, contre le chô-,
mage. •
. La grève est cependant h prévoir,pour
,la semaine prochaine, dans les : centres
miniers delà. Loire. . .. . 0
Le discours du marquis de Salisbury
est naturellement très commenté dans,
la presse anglaise. Son optimisme mé
rite les justes railleries de l'opposition,
et l'impérialisme, surchauffé par deux
années d'ç .piétinement au ^Transvaal,
s'alarme du projet de donner aux Répu
bliques du sud le régime politique de
l'Australie et du .Canada.
î..> if; r' •*
Les élections municipales en Espa
gne ont entraîné des troubles sur divers
points du royaume.
A Barcelone, notamment, l'agitation
catalaniste s'est . manifestée par des
coups de feu ; on parle d'un mort et de
plusieurs blessés. , ' .
Peu de résultats électoraux sont con
nus •, pour la première fois, à Madrid,
un socialiste entre à l'Hôtél de Ville.,
Aux Etats-Unis, le socialisme enva
hit à son tour la politique; c'est le. can
didat du parti ouvrier qui est élu maire
de San Francisco ; on n'avait jamais,
vu, dans les Etats de l'Union, un socia
liste occuper ces fondions. ,
Au cours d'un banquet, le sénateur
Lodge a insisté sur les avantages de la
réciprocité internationale,
Le traité de commerce avec la France
ÉDITION SEMI-QUOTIDIEKNB '
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postalf
: Un an... 20 » 26 »
Six mois...... 10 » .13 »
Trois moij.i;.. 5 » f,
Les abonnements partent des 1" et 18 d>a chaque mois
L'UNIVERS ne répond jiàs des manuscrits qui lui son! adressés
ANNONCES
MM- LAGRANGE, GERF et 0,6, place de la Bourse
lui semble devoir être conclu •, il l'ap
prouve, sans réserves, au point de vue
politique et économique. .
-,— r . —,,, ... -, «I U : -
L 'ÈRE NOUVELLE
#
L' « ère nonvelle », annoncée par
les socialistes " de gouvernement,
c'était la mine aux mineurs. Ces
derniers^ se fiant à-ces promesses,
ont cru- qu'une évolution violente —
et immédiate ~ allait améliorer lar
gement leur- situation, et ils sont
partis en campagne. Une grève
vient d'éclater à Dourges.
Ce n'est rien ! s'écrient là Lanter
ne et la Petite République, pour dis- :
simuler leur embarras.. « La chose
est sans,portée! » proclame celle-;
.ci.-r-«'Un mouvement fort limité! » !
ajouta cellç-làduton le plus dédai-
gnèux.
D'aileurs, dit la Lanterne, « on
né connaît pas encore très exacte- :
ment.}es causes de cette grève
Eh quoi 1 ce journal, si bien in- ;
formé d'ordinaire . sur ce qui se ;
: passe dans les milieux ouvriers j nel
Eeut nous renseigner aujourd'hui?
( es hommes noirs n'auraient-ils'
. pas mis la main dans cette mysté-'
rieuse affaire?
.,La Lanterne devrait envoyer un
reporter .à M. Ranc pour l'intervie-'
wer à cç sujet; L'auteur du Roman
d'une conspiration doit être au cou
rant des dessous de cette af
faire.
Les feuilles en question conseil
lent hypocritement aux mineurs de
« réfléchir ayant de s'engager dans '
cette aventure ».
Pourquoi n'ont-elles pas .« réflé
chi », elles, avant de pousser les
ouvriers dans une voie sans is-;
sue? -
La Lanterne et la Petite Républi
que ajoutent que les « Compagnies
étrangères sont prêtes ànous inon
der de charbon».
v; Voilà encore une découverte que
ces journaux font un peu tard. On
peut en dire autant de l'apprécia
tion qu'ils formulent aujourd'hui.
La grève,disent-ils, est; un moyen
« parfois. aléatoire, touj ours dan
gereux ». -C'est vrai, — mais jadis
vous disiez le contraire.
LE MARQUIS ITO
" ' 5 i " 1 1 'v ' " B .
La tête forte,auxpommettes saillantes,
— signe de ténacité — de petits yeux
noirs très perçants — j'allais dire téré-
brants — dans un masque de bronze, aux
méplats accentués; de taille moyenne et
de mouvements souples, tel apparaît
l'hommè d'Etat japonais qui est actuelle
ment l'hôte dé Paris.
Le'marquis Ito fut dé ceux qui — sans
révolution firent du Japon féodal le
pays ultra' moderne qui nous envoie au
jourd'hui ses jquets et ses bibelots. En !
1866, le mikado était: considéré par ses
sujets comme une sorte de divinité ; ja
mais le peuple né pouvait apercevoir ses
traits augustes. Trois ans plus tard, le
"susdit souverain se promenait dans les
rués de Tokio, la cigarette aux lèvres,;
vêtu d'un complet de cheyiotte, et coiffé
d'un melon à la marque célèbre d'un cha-,
pelier parisien. . . . • f
En 1866, les* nobles japonais, armés
de deux sabres; tènaient le haut du pavé
dans toutes lés villes de l'empire; -
En 1869, ils étaient, à l'exemple de
leur monarque', éù'stumés à :la mode : de :
Londres ou de'Paris.
La mission militaire que Napoléon III
avait envoyée en 1866' à Tokio, sur la
demande du gouvernement impérial ja
ponais,'et qui avait été accueillie par les
rumeurs menaçantes dii peuple, repar
tait pbur ïa France chargée de pré
senta.
Fait plus extraordinaire encore : un
des officiers de la mission était attaché
par l'empereur du Japon à son Conseil
d'Etat.
Le marquis Ito, qui avait pris une
large part à cette transformation, a tou
jours, depuis lors, tenu une grande place
dans les affaires de son pays. Pendant la
guerre que le Japon*a soutenue si bril
lamment contre,la Chine, l'habile hoipme
d'Etat a joué lin rôle très important.
Son rêve serait que son pays fût une
sorte d'intermédiaire entre la civilisation
occidentale et la civilisation orientale
par s'il aime celle-ci, il n'est nulle rnen
opposé à celle-là. :
J. M."
irai 11._™ en. ins
A Monsieur Eugène Veuillot,
. directeur de. l'Univers. •.
Très honoré monsieur,
Une constatation heureuse ré
sulte des débats ouverts récemment
à rnon sujet dans l'Univers. Malgré
les hachures de mon texte il est
possible de distinguer. que je ne
suis ni sceptique, ni panthéiste, ni
athée, ni pratiquant un subjecti-
visme radical. C'est là, en somme,
' le fond de la question depiuis qu'on
se sert de-la Lettre encyclique du
8 septembre 1899 contre des laïcs et
des ecclésiastiques. .
Ce que j'écrivais un moisauanf la
Lettre pontificale ne permettait pa3
de m'appliquer, ainsi qu'à mes col
laborateurs, les épithètés déplai
santes, fausses et mystificatrices
qui nous ont été adressées publi
quement s,u moins en deux circons
tances, et qui ont servi à appuyer
des démarches outrageantes pour
nos convictions.' Tout ceci résulte
même des citations des^ Annales
données par l'Univers, et j'en prends
acte.
Reste la note relative au défunt
P. Mazella. C'est une simple note,
au courant de la plume, dont il au
rait fallu citer ce qui précède- et ce
qui suit pour en saisir l'intention.
Je déclare en regretter certains
termes. Pris à la grande rigueur, ils
semblent, en effet, porter un juge
ment excessif et prématuré. En tout
cas ils dépassent ma pensée et ne
conviennent pas à mon humble si
tuation- de publiciste catholique.
Mon excuse est d'abord dans; la ra
pidité de la composition, mais en-
: eore d§ns l'amertume dont je souf
fre conséquemment à des attaques
que ie eroi^injustifiées. Mon tort as
été de ne pas avoir été plus chari--
table que ceux qui agissent ainsi.
Ma générosité, enfin,-a été de me
mettre en avant pour mes amis.
* • Mon intention — -comment peut-
on me fairè l'outrage d'en douter ?
— n'était pas de i'eter le discrédit
sur un document, aont je comprends
aussi bien que tout autre, la portée
et l'utilité : la condamnation du
subjectivisme radical : Elle n'était
pas de mettre en doute son autorité
en tant que' : document pontifical
ayant la valeur absolue d'une lettre
monitoire et directive. Sùr ce point,
je n'avais pas à me prononcer,
puisque antérieurement je l'avais
reçu et publié comme tel.
Mais autre chose est de ; s'incliner
pleinement, en vrai ; catholique, de
vant un docùment dont' on ne con
teste ni la valeur intrinsèque ni l'au
thenticité, et- en discuter, en pres
sentir et en préjuger même les ori
gines d'après certaines données et
certains faits; Ceux qui ont écrit
l'histoire des Papes, des conciles de
Trente et dû Vatican ne se sont pas
fait faute de= suivre : cette voie; par
là on explique des particularités
importantes ; on éclaire certaines
conjonctures intentionnelles: et on
restitue àun document, même ayant
le caractère de foi définie, ses con
tingences humaines.
: Or, dans" ■ l'espèce, la Lettre du
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
s. " .- DB 12 novembre 1901
CAUSERIE LITTÉRAIRE
Madame de Genlis (1).
I
Après Mme de Staël, Mme de Genlis a
été, dans les dernières années du XVIII 4
Biècle et dans les premières du XIX 0 ,
celle de nos femmes-auteurs qui a fait le
plus de bruit. Plusieurs de ses ouvrages
ont eu un Buccès de vogue, notamment
les Veillées du château, Adèle et Théo-
dore, Mademoiselle de Clermont et le
Siège de La Rochelle. On ne la lit plus ;
mais —combien 1 ést-il d'écrivains qui,
après un- siècle écoulé; trouvent encore
deB lecteurs ? Si ses livres, partageant le
sort commun, sont tombés dans l'oubli,
elle n'en a pas moins tenu une assez
grande place dans la société de son
temps, elle appartient même un peu à
l'histoire comme gouverneur de prinees.
Elle méritait donc, à plus d'iin titre,
d'avoir un jour un biographe. Elle en a
(1) Gouverneur de princes, par M. de
Chabreul ;.un ■ volume in-8° avec portrait,
Calmann-Lévy, éditeur, 3, rue Auber,
1901.
trouvé un, très informé et très bienveil
lant, dans M. de Chabreul. J'aurais voulu
dans son volume un peu plus de dates,:
et, en mainte rencontre, des détails plus
précis. C'est ainsi qu'il nous dit, au déi
but de son ouvrage : «.Mme de Genlis
était née le 25 janvier 1746 dans une.pe
tite terre appelée Champiéré, située en;
Bourgogne, non loin d'Autun., » Mais il
ne nous apprend ni ses .'préiioms, ni'
même le nom de ses parents — qui s'ap -i
pelaient M. et Mme Ducreat. Cette omis-
Bion et quelques autres du même genre
sont assurément regrettables. Le livre
de M. de Chabreul n'en eBt pas moins
très intéressant et, dans ses parties prin
cipales, très complet.
Mlle Ducrest avait cinq ans quand ses
parents achetèrent . le marquisat de
Saint-Aubin, dont ils prirent, le titre. Un;
peu plus tard .(ici encore, comme pres
que partout dans Je volume, la date nous
manque), elle fut reçue à Lyon chanoi-
nesse d'un chapitre noble d'Alex. Après
sa réception au chapitré, on l'appela
comtesse de Lancy, son père étant sei
gneur de Bourbon-Lancy. Elle porta ce
titre et ce nom jusqu'à son mariage.
.D'jine. précocité singulière, la petite
comtesse s'essaye^e très bonne heure, à
composer des romans et des comédies ;
mais comme elle ne sait pas encore tenir
une plume, c'est sa gouvernante qui écrit
sous sa dictée. Dès son enfance, elle a
déjà le goût d'instruire les enfants. De la
terrasse du château,, assise sur le para
pet, elle appelait les petits garçons du
village qui venaient couper des joncs, et
elle leur donnait des leçons, leur enseif
gnant tout ..ce qu'elle savait, le caté
chisme, quelques vers des tragédies
jii'une demoiselle Barbier, et ce qu'on lui
avait appris par cœur dés , principes de
musique. Elle ne ménageaitpaB d'ailleurs
à ses élèves les récompenses, et leùr jetait
des fruits, des petites galettes, et toutes
sortes de bagatel Jes.
C'est là sa vraie vocation. Elle est née
régente, maîtresse d'école, gouverneur, ;
et Marie-Joseph Chénier la connaissait
hien, qui mettait dans sa bouche, qua
rante ans plus tard, lorsqu'elle revenait
d'émigration r .ce joli vers ; .
J'arrive d'Altona pour vous apprendre à
[lire.
Comme elle allait sur ses douze ans,
ses parents se ruinèrent et l'envoyèrent
à Paris chez l'une de ses tanteB, Mlle de
Mars, durant le temps qu'ils liquidaient
leur fortune. Cette parente mène tous
les soirs la petite comtesse de Lancy soit
à l'Opéra, soit à la Comédie-Française.
Toute sa vie, elle aura une passion pour
le théâtre ; elle composera de nombreux
ses comédies ; mais, comme elle ne perd
jamais de vue sa mission de maîtresse
d'école,.lorsqu'elle,publiera ses pièces,
elle leur donnera pour titre : Théâtre d'é
ducation. f . ' .
Elle a un ?mtre goût non moins vif,-
celui de la musique, et elle y consacre
presque toutes les heures de la journée,
a Je faisais continuellement de la musi
que, dit-elle dans ses Mémoires ; oiitre la
harpe dont je jouais Bixà sept heures par;
jour, je jouais du clavecin, de la guitare,
de la mandoline, du pardessus de viole
et de la musette; instrument qui . avait
beaucoup de grâce; on souffîait,non avec
la bouche, mais avec un eoufflèt passé
sous le bras. Avec ces occupations je n'a- :
vais guère le temps de lire et de cultiver
mon esprit, mais je répétais toutes les
semaines les odes de Rousseau et les
vers de Gresset, ce qui, joint au Diction
naire de la fable de Chompré, que je sa
vais exactement par cœur, formait toute
mon instruction. J'avais un goût extrême
pour la poésie. »
j. Elle était fort heureusement née avec
un fonds de raison qui durant toute sa
viejlui servit à. corriger les extravagan
ces de son éducation. Mlle de Mars pos-;
sédait une piété solide et une vertu aus
tère ; elle laissa son' empreinte dans
l!âme de son élève dont elle B'était fait
adorer. Malgré la ruine de Bes parents,
qui avaient quitté le nom et le titre de
Saint-Aubin, Mlle Ducrest vivait dans la
plus haute société ; elle fréquentait chez
Mme de Civrac et chez la ducliesse d'U-
zès. Pleine de verve, , de folle gaieté,
comme elle se peint eHe-méme,. d'une
imagination des plus romanesques, on
aurait pu craindre que ce. monde léger et
brillant où, elle se trouvait lancée lui
eût facilement monté, la tête. Elle eut
assez de raison , pour" réagir contre ce^
enivrement. Elle aimait par-dessus tout
la conversation dé» femmes âgéee, celleç
surtout qui avaient vécu a la cour de
Louis XIV et qui en parlaient. Rentrée
dans sa chambre après un bal ou un
spectacle, elle lisait jusqu'à une heure
avancée dé la nuit. Elle nous raconte
qu'èllé lutainBi lés Pensées de Pascal, les
Oraisons funèbres dé Bossuet, le Petit
Carême de Massillon. « Le profond Pas-;
cal pendant une demi-heure. Il fortifiait,
ma foi par se&; àdrhirables raisonne
ments ensuite je lisais avec saisisse-:
ment une trentaine de pages de Bossuet. <
Il m'élevait au-dessus de moi-même et
de la terre ; après cela je me reposais;
dans le ciel avec Massillon. »
Mlle Ducrest joignait donc aux dons*
les plus brillants des qualités sérieuses.
Malgré ses succès dans le monde, elle
était restée simple ; elle était bonne et
bienveillant?. Malheureusement, elle
était très étourdie, très romanesque, et
le roman devait jouer dans, sa vie un
trop grand rôle. « Il est une louange,
écrit-elle, que je puis me donner, parce
que jë suis sûre que je la mérite, c'est
que j'ai toujours eu l'esprit parfaitement
juste; et par conséquent, un grand fonds
de raison, et cependant je fais mille
étourderies, mille actions déraisonna
bles et personne au monde n'a moins ré
fléchi que moi sur sa conduite,, ses inté
rêts, sur l'avenir, en même temps que
qui que ce soit aussi n'a autant réfléchi
sur ce qui ne lui était pas personnel. *
II
A dix-sept ans, elle épousa lé comte
de Genlis, jeune et brillant officier qui
s'était déjà distingué dans plusieurs
combats sur 'mer. Elle n'avait pas un
sou de dot ; M. de Genlis; cadet de Nor
mandie, n'avait que douze mille livres
de rente et, pour toute espérance, sa part
dans la succession de Mme là maquise de
Dauménil, sa grand'mère, qui avait en
viron quarante mille livres de rente.
Mme de Genlis avait une tante, Mmedé
Montesson; qui épousa morganatique-
ment le vieux duc d'Orléans. Le roi
Louis XV, après avoir refusé son consen
tement à ce mariage, avait fini par l'ac
corder, • mais à certaines conditions :
Mme de Montesson ne devait ni changer
de nom, ni s'attribuer aucune préroga
tive de princesse du sang ; elle ne décla
rerait pas son mariage et ne paraîtrait
jamais à la cour.
Mmê de Montesson eut l'idée d'obtenir
pour sa nièce une place ;auprès de
Mme la duchèsse de Chartres^ belle- fille
du duc d'Orléans. Elle y réussit d'autant
plus facilement qu'ey par son mariage,
Mme de Genlis était devenue la nièce de
M. de Puisieux, lequel possédait toute la
confiance du vertueux duc de Penthiè-
vre, père de la duchesse. En même
temps du reste que Mme de Genlis en
trait au Palais-Royal, son mari y était
lui-même attaché, comme capitaine des
gardes de M. le duc de Chartres, celui,
qui sera un jour Philippe-rEgalité.
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