Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-11-07
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 novembre 1901 07 novembre 1901
Description : 1901/11/07 (Numéro 12308). 1901/11/07 (Numéro 12308).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
19
Jeudi 7 Novembre 1801
MAiliM «aotlàUaa* *»' 12,308
Jeudi 7 Novembre 1901
ÉDITI ON QUOTID IENNE!
■ •'paris étranger
• et départements (union postale)
Un an.: 40 » 51 »
Six mois SI » 26 50
Trois mois 11 » 14 »
i •*
tas. abonnements partent des 1*' et 16 de chaque moi#
UN NUMÉRO \ ™ riS 7* : 10 cent.
. ( Départements 15 . —
BUREAUX : Paris, rae Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, S
ÉDITION semi- QUOTIDIENNE
paris ; etranger
et départements (union postai^.
26
Un an.. 20 . »
Six mois . 10 . » ..
Trois moi -js.. -6 >-».-•?
' -lS r fK'
Los abonnements partent des 1" et. JO du chaque mois
L'UNIVERS n« répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
' MM- LAjGRANGE, 'CERF et Ç ie , Ç,.place de la Bourse
PARIS, 6 NOVEMBRE 1901
lies deux assistan
ces G. d' A zambtjia.
Çà et là: Les refu
ges d'expulsés.... . E douard A lexandre
A la Chambre..... J. M antenay.
Au Sénat........... J. E stérac.
Au théâtre.. .. H enri D ac.
Feuilleton : Etude
de politique con-
- temporaine........ F rançois D escostes
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — L'or
fèvre Darbot. —• Contre la liberté reli
gieuse. — Le conflit franco-turc. — Le
budget. — Informations politiques et par
lementaires. — Le port des habits sacer
dotaux; — Prêtres et religieuses récom
pensés. — Le Livre,jaune, •— La guerre
du Transvaal. — Etranger. — A travers
.... la presse. — Les grèves. — Chronique.
— Lettres, sciences et arts. — Echos,de
partout. — Chronique religieuse. ■— Né
crologie. -r En province. — Guerre et
marine. — Tribunaux. •— Nouvelles di-
;■ verse». — Calendrier. — Tableau et
bulletin de la Bourse. » Dernière heure.
LES DEUX ASSISTANCES
De grands personnages, ou des
gens riches, ou des hommes que la
chance a favorisés, éprouvent par
fois le louable désir de donner une
forte somine aux pauvres. Mais où
sont les pauvres ? Qui les incarnera
auprè3 au donateur? Celui-ci^ d'or-,
dinaire, n'hésite pas.- Il - va tout
droit à ce qui est officiel , et, d'un
geste noble,- dégonfle son porte
feuille dans le sein de l'Assistance
publique. : , 1
Il y a là un curieux effet d'hypno
tisme, et une conséquence de la vé
nération instinctive qui existe çhez
nous pour tout,ce qui se rattache
au gouvernement. Un" professeur
n'est capable de faire décliner et rosa,
la rose s que s'il a dans sa poche
son diplôme d'agrégé. t)e même, un
pauvre n'est pauvre que s'il a sa pa
tente de pauvre, s'il est enregistré,
immatriculé par les bureaux de
bienfaisance. Les autres pauvretés
ne sont pas de bon aloi. Ce sont
des pauvretés 1 de contrebande,
presque des pauvretés séditieuses.:
On ne devrait pas tolérer cette fa
çon d'avoir faim, non spécifiée par
les circulaires et non autorisée par
les. règlements d'administration.
Les donateurs dont nous parlons
ignorent donc qu'il existe^ pour se-
"""eourir les pauvres, des centaines
d'oeuvres privées,dirigées, non point
par des bureaucrates payés pour
cela, mais par des personnes de dé
vouement, que pousse avant tout
l'amour désintéressé:de leurs sem
blables. .Ils. ne se demandent pas si
•cette magnifîque 'chose, la charité/
n'est pas plutôt l'affaire des gens ;
charitables que, celle d'employés
quelconques,; préoccupés de leur
repos et de leur avancement. Ils
laissent des hommes de cœur aux
prises avec des difficultés pécuniai
res qui les empêchent de réaliser
tout le bien qu'ils veulent, et vont
i grossir de leur tribut volontaire le
tas de millions où une volée d'oi
seaux pillards,, sous le nez.des pau
vres authentiques, viennent picorer
avec fureur. ,r '
. L'Assistance publique, rien que
- pour le traitement de-.son person-
:nel,.coûte chaque année plusieurs
" millions. C'est une machine, et non
un foyer de zèle. De temps en temps
des journaux dénoncent à grand
fracas quelque nouveau scandale
issu de ses. bureaux, et ces jour!
naux ne sont pas des - journaux èa^
tholiques. S'il lui arrive —car tout
arrive — de répandre une partie dé
sa manne .'sur de véritables indi
gents, il est surabondamment
prouvé qu'elle entretient aussi une
clientèle spéciale de quémandeurs
avisés qui, grâce aux loisirs dont
ils disposent, peuvent faire savam
ment le siège de la place, accomt
plir toutes les formalités, et jouer
au premier acte au dernier 14
grande comédie de la misère. L'As
sistance publique est soumise à là
haute influence de politiciens, et
souvent. de politiciens sectaires.
Voulezrvous des subsides? Votez
bien. Une pauvre veuve se pré
sente, escortée de quatre enfants
en bas âge. « Où vont ces enfants ?
— Chez: les Sœurs.— Eh bien |
allez demander aux Sœurs 1 » Comme
si une caisse -publique, alimentée
par les revenus d'un : domaine pu
blic, par des taxes publiques, né
devait pas servir à secourir tous les
pauvres, sans distinction decrpyan-i
ces, et comme si des Sœurs, insti
tutrices maigrement rétribuées^
pouvaient se donner le luxe de réi
pandre autour d'elles des-.aumône^
alors qu'elles en auraient "elles-
mêmes besoin 1 !
La vraie façon de donner consista
à donner gratuitement et , avec
amour à des malheureux que l'on
connaît comme tels. Certes, les
meilleurs peuvent se tromper* sur
tout dans les grandes villes, où les}
enquêtes sont peu commodes et les'
« trucs s difficiles à éventer. Toute-?
fois, en se spécialisant, en se dis
tribuant la besogne, les œuvres pri
vées arrivent à do précieux résul-f
tats. Beaucoup ne secourent que
telle ou telle catégorie de nécessi-i
teux. Il en est qui s'intéressent aux!
indigents de telle ou telle origine4
II y a des œuvres pour les aveugles,!
pour les tuberculeux, pour les vieil-:
lards, pour les femmes en couches,!
pour les enfants. Il y en a pour les
Bretons, pour les Normands, pour
les Auvergnats etc. Il y a des so
ciétés de secours mutuels, des syn
dicats professionnels qui prévoient
les accidents ou les, maladies. II y,
: a des hôpitaux libres desservis par
des religieuses. Il y a des vestiaires^
de pauvres^ des fourneaux, des sou
pes, des œuvres d'hospitalité,. des
œuvres d'assistance par le travail.
Il y a des conférences de Saint-Vin
cent de Paul, des patronages, des
ouvroirs. Bref, il n'est pas une face
du monstre hideux delà misère.que
la charité chrétienne n'ait attaquée
vaillamment. Pour relier et harmo
niser tous ces efforts, on a même
fondé un office central-des insti
tutions charitables. Pourquoi n'est-
ce pas à toutes ces œuvres, ou tout
au moins, à qùelques-unes d'entre
elles, qu'iraient ces libéralités sen
sationnelles; ces cadeaux de nabab,
dont les journaux nous entretien
nent de temps en temps, faisant
venir l'eau à là boùche de bien des;
pauvres diables qui n'en seront pas
désaltérés pour cela ? ,
Quand on : donne mille francs à
une-, œuvre, de bienfaisance privée,
on est sûr que la totalité ou tout au
moins la. presque totalité de cette
somme se transformera.'en un effet
utile, sans qu'il s'en perde rien pour
la mise eii branle des engrenages,-
ceux-ci fonctionnant par line force
propre et gratuite. Au contraire,
quand on donne mille francs à;
PAssistance publique, on est sûr?
qu'une partie de la somme passera
en traitement pour ; les employés,
qu'une autre se dissipera en gaspil
lages; qu'une troisième s'en ira
„dans des poches peu dignes de ia
recevoir, ët queuté" ^ëite seulement
finira par- se transformer en pain
pour quelque famille qui a vraiment
besoin de manger.
Les particuliers généreux de
vraient donc favoriser de tout leur
pouvoir les œuvres librement for
mées par les amis des pauvres, en
choisissant les meilleures, les plus
importantes, ou celles dont le but
les intéresse le plus. L'Etat lui?
même devrait— sans les embarras
ser toutefois d'un patronage gê
nant —les favoriser d'une façon
intelligente et discrète, heureux de
voir que les particuliers s'acquit*
tent bien, à sa place, d'une besogne
qu'il ferait mal. L'assistance offi
cielle,. administrative* devrait n'in
tervenir qu'en dernier ressort, pour
raniasser les suprêmes épaves, et
donner tant .bien , que mal ses se
cours coûteux et tardifs aux êtres
malchanceux qui, par suite de l'im
perfection inherente à toute orga
nisation humaine, auraient échappé
au zèle et à la clairvoyance de l'ini
tiative privée.
C'est- précisément la conclusion
qui se dégage d'un beau livre que
npus venons de parcourir (1) :. « L'as
sistance do l'Etat, dit L'auteur, tou
jours coûteuse, souvent mal faite,
ne - donne pas . de résultats pro
portionnés aux dépenses. Celle des
œuvres, des* sociétés charitables*
tout en ménageant les susceptibi:
lités des pauvres, fait produire
.beaucoup plus à l 'argent des riches ;
elle est donc préférable, elle a>donc
forcément sa place et ne peut avoir
de meilleurs agents que les congré
gations religieuses. » •
C'est sur cette réflexion que nous
voulons terminer; La : persécution
actuelle, envisagée sous un certain
angle, constitue un des aspects de
la lutte entre l'omnipotence de l'E
tat et,l'initiative privée. , L'initia
tive des congrégations^, en matière
d'assistance, est la plus féconde et
la plus brillante qui ait jamais exis
té. En forçant certaines d'entre elles
à se disperser ou à s'exiler, 1 et en
réduisant les autres à la situation
de « l'oiseau sur la branche », le
gouvernement, tue dans l'œuf une
foule.d'entreprises/charitables qui,
dans un ; état de sécurité, auraient
pu éclore à loisir. Tout en berçant
ae folle3 promesses le monde des
travailleurs, il travaille, en réalité^
a la misère du peuple. ;
G. b 'A zambtjja. '
!BULLETIN
Calme plat au Parlement. '
La Chambre à poursuivi la discussion
du projet sur la marine marchande ; le
Sénat a- voté mie loi de privilège pour
a médecine vétérinaire.
Il faut signaler, au Luxembourg, le
dépôt par un sénateur très inconnu jus
qu'ici, M. Béraud, d'une proposition
contre la. liberté d'enseignement. ,
Au bas de ce document, parmi- d'au-,
très signatures de sectaires, s'étale le
nom de l'illustre citoyen Cocula. . J
Chaque jour apporte d'ailleurs k >la
lande antireligieuse une satisfaction
nouvelle ; le ministre de la marine vient
d'interdire—au nom de la liberté de,
conscience ! T-f les dernières, manifesta-,
lions publiques. du culte, en.usage d ans
nos escadres. s , , . ' '
Le « pavillon de la messe » ne flottera
ilus au sommet dû grand mât du na
vire,pendant l'office divin du diman
che.
JLa division du contreyamiral ÇaiU
j lafd mouille dans le porïdç Mitylène;
nos marins ont débarqué, et la Francq
retient, en acompte sur ce qui est dû à
ses nationaux, les douanes de cette île.
L'opinion générale en Europe est que
lè sultan va nous donner satisfaction ;
il paraît, en tous cas, certain qu'un ap
pel —• qui ae s'est pas encore produit.—■
de la Porte au gouvernement anglais :
demeurerait sans réponse... . i
Le Livre jaune sur les affaires• dé
Chine a été distribué aux députés.
Il contient notamment tous les télé
grammes relatifs au protocole de paix,
et des documentxintéressants sur ta si
tuation économique deJa Chine.
Les dépêches d'Extrême-Orient,, yie
soufflent plus moi du prétendu attentai
contre l'impératrice ; quant àLi-Hung-
Chang, on attribue sa maladie aux tra
cas que lui cause le'traité mandchou-,
rien. ■ ;
- - . :
. Les élections [municipales. de New-
York ont ietê bas le parti de la corrup
tion et des tripotages financièrs, au
pouvoir depuis quelques années. '
Après une lutte électorale acharnée}
le candidatdu parti des réformes a ob*
tenu la majorité sur le candidat de
Tammany. . . j
Il semble que soit détachée' d'un lij
vret d'opéra-bouffe l'aventure singulière
■qùi'sé serait produite en Colombie, et à
tzquelle douleurs nous sommas peu
portés à ajouter foi. Le vice-président
de la République, M. Marroquin, au4
rait fait enlever dans une■ .malle —4
comme font parfois les assassins.pour
un cadavre dépecé — le président, Ml
Sanclemente, et l'aurait fait transport
ter, en cet-équipage bien peu protoco
laire, dans la province de Cauca.
Il y aurait la, si cette histoire'a était
arrivée », des-impressions de voyages
curieuses à consigner.
NOUVELLES DE ROME
(1) Les Sœurs aveugles de Saint-Paul',
par Maurice de la Sizeranne. Lecoffre, Pa-j
ris..... . . ....... ' !
S. Em. le cardinal archevêque !
de Siilaa et l actioii sociale. f
Nous avons déjà signalé l'organisatioa;
des études sociales, qui a son siège au
palais archiépiscopal de Milan ; lès eém'i^
naristes milanais sont invités à y assis
ter, de concert avec la jeunesse catho
lique de la ville; " _ ;
' S. s Em. le cardinal Ferrari, qui pour
voit, avec un zèle si prévoyant, à la for
mation apostolique' de son clergé, vient
d'établir en son' diocèse une fondation
nouvelle bien adaptée aux nécessités du
temps présent. * i " '
Quatre ecolésiastifuès, déchargés de 1
toute autre fonction, ont reçu la mission
spéciale de promouvoir les œuvres so-
ciales dans l'archidiocèse de Milan. Le
supérieur de ces missionnaires du peuple
a autorité de vicaire général. Il est facile
de prévoir quelle vive impulsion en sera;
donnée, par suite, à l'action catholique'
populaire dans toute la contrée.
La nouvelle création de S. Em. le car- 1
dinal Ferrari n'a point pour but de dis-'
penser le clergé paroissial de l'apostolat
social. Elle a été amenée au contraire'
par l'intensité qu'a prise cet apostolat
dans un grand nombre de localités. Cette
institution spéciale correspond à un ef
fort {^ensemble que S. Em. le cardinal
archevêque de Milan se propose de faire:
pour introdu ire les œuvres sociales dans'
toutes les paroisses de «on diocèse.
LES CONGRÉGATIONS
Les^liquidateurs-séquestres.
, Nous, lisons dans la . Croix du
Pas-de-Calais :
* ' _ "î * * 2 'i ' ' - - ' " ;
Nous avons annoncé que M. Vaquette,"
greffier du tribunal-civil d'Arras, avait
été comme, par le tribunal civil, liqui
dateur-séquestre de la congrégation des
Carmélites d'Arras, en remplacement de
M? Marchand. ,;
Ainsi présentée, .cette, information est
inexactei et, si noua la rectifions, c'est
pour montrer la difficulté qu s on a éprouvé?
pour trouver à Ârraa ce iiquidateur-sé*
questre. ' ? • - • ;
D'abord, il n'y a au tribunal civil qu'un
.seul greffier, l'honorable M. Bouton d'A-
gnières.
M. Vaquette est un: clerc id'huissier,
mis à la ,disposition du. parquet, par son
patron, .pour remplir ! es fonctions de se
crétaire. Il est bien candidat à la place
vacante de commis greffier près le même
tribunal, mais n'est pas encore nomméj
ou s'il l'est n'a : encore pas prêté ser
ment.
> Les conseils .municipaux.
Le conseil-municipal de Nantes a
été saisi, -lundi* de la demande d'au
torisation des Capucins de cette
ville. . .
Un avis-favorable a. été rendu.
Sur 31 conseillers présents, 2 se
sont abstenus-, 24 se sont prononcés
pour l 'avis favorable, et 5 contre^
Çà et là
LES- REFUGES -D'EXPULSÉS
x f - -, - t j
i La question du logement est la grosse
préoccupation des .petits ménages et des
jnodeaîea budgets/:" Les philanthropes et
les économistes,, tous .les sociologues
justement soucieux deB besoins des clas*
ses. laborieuses ont fixé leur attention sur
ce point. Les moralistés sont, de leur-
côté, loin d'être indifférents .à la solution'
du problème. Les cités ouvrières se sont
multipliées; mais ces vastes aggloméra
tions ne sont pas sans inconvénients. Les
avantages qu'elles offrent au point de vue.
des loyers à bon marché ne compensent
môme pas toujours ces défectuosités.:
Une cité.ouyrière ressemble trop souvent
à une caserne. Les appartenxénta y sont
disppsés avec une uniformité monotone.'
On ne peut échapper au contact perpétuel
des voisins. Rien du charme du home et
du chez soi. ,
. Quoiqu'il en soit, on ne saurait mécon
naître les avantages économiques de cés
sortes de constructions. !
MM. LaÙièr père.etfilsj entrepreneurs^
rue Groix-Nivert, avaient eu, il y a quel
ques mois, le dessein de créer, dans ce
quartier, un nouveau genre d'habitation;
à ion marché. qui n'aurait pas eu lès
mêmes inconvénients que les cités , ou
vrières. ;
Mais avant de ^poursuivre, ce but, ils 5
ont pensé qu'il fallait, au. nom de l'hu-
manité, s'occuper d'abord, de tous tèsl
malheureux sans asile ; et qui ne savent
où loger. . î - !
Il existe bien à Paris des asiles de nuit
fonctionnant au moyen de dons et delegs .i
Mais ces charitables, institutions, malgré:
les immenses services qu'elles rendent,;
sont, hélas I ;en trop petit nombre pour
répondre: à tous les besoins des sans-:
asile.. • •
■ MM. Lallier ont pensé que l'on pour
rait bien tenter de faire en France ce qui
existe en Angleterre : des refuges à bon
marché pour les gens expulsés de leurs
logements: :- - t.é. -i'
Ils ont. adressé» au .mois de janvier,
à la-.Ville de Paris une demande de loca- :
tion à long bail (50 années) et à prix mi -i
nime d'un terrain municipal situé rue
Falguière (ancienne rue des Fourneaux),
pour y faire édifier par, une société d'a
siles de nuit, à bon marché, des refuges
pour leB gens expulsés de leurs loge-,
.ments. L'entreprise, est très importante,
Il s'agit de couvrir de constructions une
superficie de près de 3,500 métrés "car-!
rés. On estime.; qu'elle -.doit revenir à
800,000 francs. . . . ..
. Les refuges d'expulsés ou Se gens sans
asile logeraient, pour un prix intime,
les malheureux qui n'ayant que quelques
sous en poche sont actuellement con
traints de se.réfugier dans des maisons
borgnes où le dévergondage et le vice
coudoient trop souvent la promiscuité et
la malpropreté.
j Le refuge d'expulsés abriterait'égale
ment les ouvriers mariés etleur famille,
qui,par suite de maladie ou de chômage,
sont expulséB de leurs logements pour
cause de non-paiemènt le jour du
terme.
Ces refuges seraient organisés sur, le
plan «des grands asiles de nuit, c'est-à-
dire que l'on s'efforcerait d'y faire régner
le bon ordre .et la proprété. y
Ce projet philanthropique a donné lieu
à une enquête dont la cinquième com
mission du conseil municipal est actuel
lement chargée.
- Sans nous f prononcer sur le mode d'exé
cution et le fonctionnement de ces sortes
d'établissements, il nous semble qu'il y
a certainement à faire quelque chose à
Paris dans cet ordre'd'idées. ' -
CeB" refugeâ d'expiïlsés; seraient un
.heureux compléirient de l'institution li-
bçe des asiles de nuitï mais il importe
rait qu'ils fussent en principe absolu-
' ment conformes à l'esprit et au fonc
tionnement de ces excellentes fondations.
, Autrement on n'aurait ! que des caser
nes de rôdeurs et de ; gens sans aveu.
Les honnêtes ouvriers" dans' la détresse
qui auraient recours à ces établisse
ments y auraient à subir des contacts la
mentables. ' •
La question du capital à trouver pour
fonder les refuges d'expulsés n'est pas la
difficulté là plus grossé. : C'est le fonc
tionnement même de l'œuvre qui doit
être sérieusement étudié par MM. Lallier
s'ils veulent rendre de réels services aux
familles nécessiteuses.
Autrement, ils iraient ' à l'encontre
même de leur but.
Quoi qu'il advienne 1 , félicitons les-pro
moteurs de cette utile institutioih
Le XIX e Biècle, si fécond en œuvrèd
charitables, a laissé/toutefois; au XX*
siècle un grand nombre 'de problèmes
de la misère à résoudre» •->'
Et ces problèmes-là s'imposent,- ce rte
semble, tout particulièrement, à la Ville
Lumière qui, malgré la fiévreuse agita
tion de ses rues, le luxe'de ses "théâtres
et l'éclat de ses fêtes'; cache tant de dé
tresses navrantes, dans ^on immense en
ceinte, à l'ombre... de toutes ses splen
deurs.
. Après l'exode de nos congrégations
biénfâisantes, il faut y songer. •
Chasser les religieux et les bonnes
Sœurs, fermer les couvents, tarir les
sources les plus fécondes (le la charité,
cë n'est pas avancer la' question de l'a
bolition du paupérisme,
M. Waldeck-.Rousseau qui, d'un cœur
léger, supprime les ordres monastiques
n'a pas encore trouvé lé moyen, que je
saché; de supprimer la misère.
Edouard A j L exândhk.
A LA CHAMBRE
La marine marchande.
Après les incidents' dé lundi, la
Chambre, un peu lassé sans doute,
a tenu une , séance, calme. On. est
revenu au débat sur la marine mar
chande. ; ; -
■ M. Plichon repousse la compen
sation d'armement. « Améliorez,
dit-il, la loi de 1893, ne la boule-
veréez point sinon: vous amènerez
forcément la fermeture de nombre
de nos chantiers de construction. »
Mi lourde, qui succède àM. Plichon,
admet tout le' projet, — sauf la
compensation d'armement. :tx
■* Le rapporteur, M. Thierry,^.déve
loppé,non sans habileté,' les argu
ments déjà indiqués £ar lui. Il
constat© que tout-le monde est à
peu près d'accord pour .relever les
-primes de la navigation à vapeur
et diminuer les primes de . la navi
gation à voiles. L 'orateur estime du
FEUILLETON DE VUNIVERS
du 7 novembre 1901
LES FRARÇAiS PEIXTS PAR UM ANGLAIS
., . d'après un mvre récent
La France moderne
et la Révolution française.
• Suite l*) .
Hî '
La devise de la Révolution française,
c'est la-formule célèbre : Liberté,-Ega
lité, Fraternité. Quel a été le sort de cha
cun des termes de cette trilogie ?
La liberté tout, d'abord (16). . Les An
glais en parlent moins, mais la pratiquent
davantage, Pour les Français, elle a été
et elle est, depuis cent ans,. « plutôt un
dogme à définir ou ,un article de foi à
proclamer qu'uçi facteur usuel de-la.yie
quotidienne j ». Les philosophes, qui gn
ont préparé-l'avènement théorique,, s'ils
avaient Vécu jusqu'à laTerreur, été décapités.avec Lavoisier et Malcsher-
bes ou contraints de tricher la guillo
tine, comme Oondorcet dans 8a cellule, s
Aujourd'hui encore', l'éducation du futur
citoyen commence par la réclusion de
l'internat. Le principe de Yhabeas cor
pus n'a pas pénétré dans les mœurs ;
d'où, en dépit de l'article 9 de la Décla-
(*) Voir YUnivers du 28 octobre.
(16) Chapitre II. Liberté, pages 80 à U6.
ration des droits de l'homme, le pouvoir
d'arrêter et de détenir préventivement,
sur un simple soupçon, —, celui de péné-
trer dans le domicile inviolable et de
perquisitionner, sur une simple présomp
tion de contravention à une loi. fiscale.
• Nul, théoriquement, ne doit être- in
quiété pour, ses. opinions, même religieu
ses. Pratiquement, a il reste encore tant
d'intolérance, dans Je pays, qu'on a pu
dire que la liberté, telle que la : conçoit le
Français, est laliberté pour les idées en
accord avec les, siennes ». Joseph de
.Maistre comptait des amis intimes parmi
les protestants et les Russes orthodoxes.
En Angleterre, on a vu, sans s'en éton
ner, un cardinal Manning entretenir des
relations cordiales avec un Matthew Ar
nold. En Fraçce^ la divergence des idées
creuse des abîmes entre les • personnes.
Volontiers, on traitera comme le dernier
des misérablejB qui n'aura, pas l'heur de
penser exactement, adéquatement comme
vous. Entre catholiques, - réfractaires et
ralliés échangeront de gros imots. Entre
adversaires, la mauvaise foi : sera érigée
à l'état de présomption légale, et, sous
prétexte de lutter contre le cléricalisme,
,c'est-à-dire pontre. ..l'empiétement du
pouvoir religieux Bur le pouvoir civil, on
verra se former un cléricalismeà rebours
qui, sous le nom de Jibre-pensée, de
viendra aussi oppressive que le plus étroit bigo-
tisme religieux».
Toute cette partie de l'ouvrage de M.
Boldey est frappée au coin d'une jus
tesse de vues, d'une pénétration et d'une
actualité saisissantes :
C'est surtout ea province que l'anticlé
rical, le mangeur de prêtres étale son fana
tisme acerbe et oppressif. Ce soi-disant es
prit libre est souvent un esprit étroit, auto
ritaire et vlolént, qùlj sous 1 prétexte de
libre-pensée, voudrait empêcher ses voi
sins de penser autrement que lui. S'il n'é
tait que fanatique, on pourrait se moquer
de lui -; mais il est tracassier et. persécu
teur. Dans, un esprit haineux, il attaque ou
.il dénonce les fonctionnaires, dont les opi
nions lui paraissent subversives, unique
ment parce qu'elles ne cadrent pas avec les
siennes S'il est conseiller municipal, alors
de menaçant il devient dangereux *, car,-en
"vertu de ce titre, il use de son influence
contre ceux qu'il accuse de manquer àleurs
devoirs civiques ou, en d'autres termes; de
ne pas partager ses idées antiçlérlca-
les (17).- - . ■;
La pùissante inâchine de centralisa
tion créée par lé génie de Napoléon I", i
ayant glissé aux mâihs dès politicienè, j
se trouve ainsi faussée au grand détri
ment de la tranquillité, 1 de l'indépen
dance et de la liberté des fonctionnaire^:
et même des simples particuliers; II ne
leur sera plûs permis, sans êtrè taxés de
cléricaux et de réactionnaires, d'aller à
la mésse et de faire élever leurs enfants
ailleurs que. dans" les' écoles officielles. ;
' Et pourtant « dans la nation entière, .il
n'y a pas une personne sur céht qu> soit
fanatique anti-religieuse, et, parmi les
électeurs., les sectaires de là libre pensée
ne sont qu'une petite faction.:. lies Frafr
çais sont, pour là plupart,tolérants ou in
différents en.matière de religion : ils i
sont toujours prêts à combattre l'ingé
rence du clergé dans leurs affaires pri
vées, ils n'ont pourtant aucune sympa
thie pour les, énérgumènes de l'anticlé-
ricalisme. .Mais les libres-penseurs, for-
(17) Page 104.
tement organisés dans leurs loges et dans :
leur» Qomités . électoraux,, ont une jn-
r fluence puissante sur. le gouvernement.
? du pays ». . , :
. ■ •
» «
. En fait, c^est une. minorité oppressive
qui gouyerne et qui dicte la loi ; elle,' qui
défend,au président de la République
de.prononcer jamais le nom de- . Dieu, de
ifaire a ce que font les chefs de tous les
peuples civilisés, depuis le tsar jusqu'au
président des Etats-Unis » ; elle,qui con
signe,les représentants du. gouvernement
à tous leg degrés à la porte dèë églises ;
elle,qù^châsse les.SoBurs des hôpitaux,
démolit les croix, interdit lés procès-
sjons"; elle,qui dénonce lés curés comme
des ennemis du peuple. Et pourtant, le
clergé français a-t-il mérité ce. déchai-
,nement'de haine ? Ecoutons cet éloquent
hommage qui lui est rendu par un étran-1
ger, qui n'appartient pas même^ croyons-
nçus, au culte de la majorité des Fran
çais;
-Ses mœurs sont pures, son intégrité est |
'aussi remarquable que son-bon sens. Droit
et simple.,, sans ambition et désintéressé, ;
toujours prét à p§rtager sa maigre pitance j
et son humble bourse avec ses voisins plus |
pauvres que lui, son influence est en'même
temps morale et civilisatrice (i8)_. ,V.
* C'est à'cet apôtre dé là charité que la
libre-penséé a déclaré la guerre, ayant
pour éclaireurs le médecin de campagne
ambitieux, le journaliste sans talent, l'a
vocat sans causes, l'agent d'affaires sans
moralité et tous les piliérs des Cafés Pro-
cope de' province. Ce sont euxqui. au
nom de la liberté; poussent à la violation
'(18) Pape 110.
. flagrante de;tous lea principes proclamés,
dans la Déclaration des droits de l'hom- ;
- me. Ce sont eux qui ont fait porter sur;
nous ce jugement sévère, mais dont il est
difficile de méconnaître en ce moment la:
justesse, que « les Français, ne sontdispo- '
sés à se passionner que pour ce qui peut
gêner la liberté des autres ». [
La France a été pourtant le pays d'é-^
lectipn de la bourgeoisie libérale.Celle ci:
a fondé la République, çn croyant établir i
t un régime libéral - } mais, elle s'est } éva-î
nouie comme .force politique. A l'heure
. qu'il est, il ne reste en pr.ésence l'une deJ
.l'autre .que « trois institutions,, pour,nous,
. servir des expressions mêmes de l'auteur, i
dont l'existence île peut -être mise en j
péril par aucun changement de régime :
^'administration centralisée, l'Egîige et le
-suffrage universel ,f,. Le 'gouvernement
dont la France a besoin, c'est ,cglui qui,
en assurant le.fonctipnnement, la coexis
tence et l'harmonie.de ces trois institu
tions, ne permettrait pas l'usurpation et
la tyrannie pratiquées par des, minorités
irresponsables sous le couvert de la li
berté. Ce gouvernem.ent-là devra tout
d.'abord. adhérer à la paix religieuse, car
jç l'Eglise est éternelle et il n'y. a pas de
gouvernement, quelle que soit son. ori-
jgine ou sa forme, qui n'ait intérêt à bien
vivre avec elle » (19). - .
r ' IV,'.
Qu'en est-il de l'Egalité (20)? - .
Il n'est pas de pays où on en parle plus
et où on la pratique moins qu'en France.
Telle n'est point la formule même deî'au-
(19) Page 116. -i
(20) Chapitre III. Egalité, pages 117 à 148.
teuri qui est trop gentleman pour nous
traiter avec une -pareille désinvolture ;
niais telle ést l'impression qui résume à
nos yètîX son étude très fouillée et très
curieuse sur le second terme de la trilo
gie révolutionnaire. ' v ■
1 Sous la ^prèniière République,- c'est la
guillotiné qui s'est chargée d'en assurer
le triomphe. Sous la troisième^; c'est la
* vanité 'doublée .de l'envie ^icar, en dépit
du serment dii r 'Jeii' de Paume ét de là
xiuit du 4 août 1789, nous avons àctuelle-
'înent plus- de ;Frànçais : -titrés' qu'on n'en
•pourrait compter'dans tôùt'un volume
dé Saint-Simon. Quand il s'entend appe
ler « Monsieur le comte », le député ré
publicain « descend le boulevard, satis
fait de penser que ses traits ont un air de
distinction que n'ont pas ceux de ses col
lègues de la gauche » . Jamais on n^a été
plus friand de décorations. Certes, l'ins
titution de la Lëgion d'hoûneiir est loua
ble en son'principe'; mais;-dan s l'appli
cation qui en est faite; elle tend à trans
former les Français « en une nation de
"quémandeurs, chacun cherchant à faire
"consacrersa supériorité sur.'sort voisin ».
"L'observation est juste ; il nous' arrive,
chaque jour, en effet, dë 'Voir des radi
caux farouches, des -socialistes à tous
crins faire des platitudes pour obtenir
lin petit bout deruban^ à- défaut du
rouge, on se rabattra sur le violet, : voire
même sur lë vert rustique de l'agricul-
ture. , J'' ' "J"; •"j _
" . Avec la chasse aux décorationsVc'est
lâ chasse aux titres nobiliaires. Ici,
le résultat ambitionné est plus facile
à obtenir : il suffit de les prendreyèt c'est
ainsi que procèdént une foule de person
nes. Aussi; -en-matière héraldique, est-ce
devenu la quadrature du cercle que de
Jeudi 7 Novembre 1801
MAiliM «aotlàUaa* *»' 12,308
Jeudi 7 Novembre 1901
ÉDITI ON QUOTID IENNE!
■ •'paris étranger
• et départements (union postale)
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Six mois SI » 26 50
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L'UNIVERS n« répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
' MM- LAjGRANGE, 'CERF et Ç ie , Ç,.place de la Bourse
PARIS, 6 NOVEMBRE 1901
lies deux assistan
ces G. d' A zambtjia.
Çà et là: Les refu
ges d'expulsés.... . E douard A lexandre
A la Chambre..... J. M antenay.
Au Sénat........... J. E stérac.
Au théâtre.. .. H enri D ac.
Feuilleton : Etude
de politique con-
- temporaine........ F rançois D escostes
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — L'or
fèvre Darbot. —• Contre la liberté reli
gieuse. — Le conflit franco-turc. — Le
budget. — Informations politiques et par
lementaires. — Le port des habits sacer
dotaux; — Prêtres et religieuses récom
pensés. — Le Livre,jaune, •— La guerre
du Transvaal. — Etranger. — A travers
.... la presse. — Les grèves. — Chronique.
— Lettres, sciences et arts. — Echos,de
partout. — Chronique religieuse. ■— Né
crologie. -r En province. — Guerre et
marine. — Tribunaux. •— Nouvelles di-
;■ verse». — Calendrier. — Tableau et
bulletin de la Bourse. » Dernière heure.
LES DEUX ASSISTANCES
De grands personnages, ou des
gens riches, ou des hommes que la
chance a favorisés, éprouvent par
fois le louable désir de donner une
forte somine aux pauvres. Mais où
sont les pauvres ? Qui les incarnera
auprè3 au donateur? Celui-ci^ d'or-,
dinaire, n'hésite pas.- Il - va tout
droit à ce qui est officiel , et, d'un
geste noble,- dégonfle son porte
feuille dans le sein de l'Assistance
publique. : , 1
Il y a là un curieux effet d'hypno
tisme, et une conséquence de la vé
nération instinctive qui existe çhez
nous pour tout,ce qui se rattache
au gouvernement. Un" professeur
n'est capable de faire décliner et rosa,
la rose s que s'il a dans sa poche
son diplôme d'agrégé. t)e même, un
pauvre n'est pauvre que s'il a sa pa
tente de pauvre, s'il est enregistré,
immatriculé par les bureaux de
bienfaisance. Les autres pauvretés
ne sont pas de bon aloi. Ce sont
des pauvretés 1 de contrebande,
presque des pauvretés séditieuses.:
On ne devrait pas tolérer cette fa
çon d'avoir faim, non spécifiée par
les circulaires et non autorisée par
les. règlements d'administration.
Les donateurs dont nous parlons
ignorent donc qu'il existe^ pour se-
"""eourir les pauvres, des centaines
d'oeuvres privées,dirigées, non point
par des bureaucrates payés pour
cela, mais par des personnes de dé
vouement, que pousse avant tout
l'amour désintéressé:de leurs sem
blables. .Ils. ne se demandent pas si
•cette magnifîque 'chose, la charité/
n'est pas plutôt l'affaire des gens ;
charitables que, celle d'employés
quelconques,; préoccupés de leur
repos et de leur avancement. Ils
laissent des hommes de cœur aux
prises avec des difficultés pécuniai
res qui les empêchent de réaliser
tout le bien qu'ils veulent, et vont
i grossir de leur tribut volontaire le
tas de millions où une volée d'oi
seaux pillards,, sous le nez.des pau
vres authentiques, viennent picorer
avec fureur. ,r '
. L'Assistance publique, rien que
- pour le traitement de-.son person-
:nel,.coûte chaque année plusieurs
" millions. C'est une machine, et non
un foyer de zèle. De temps en temps
des journaux dénoncent à grand
fracas quelque nouveau scandale
issu de ses. bureaux, et ces jour!
naux ne sont pas des - journaux èa^
tholiques. S'il lui arrive —car tout
arrive — de répandre une partie dé
sa manne .'sur de véritables indi
gents, il est surabondamment
prouvé qu'elle entretient aussi une
clientèle spéciale de quémandeurs
avisés qui, grâce aux loisirs dont
ils disposent, peuvent faire savam
ment le siège de la place, accomt
plir toutes les formalités, et jouer
au premier acte au dernier 14
grande comédie de la misère. L'As
sistance publique est soumise à là
haute influence de politiciens, et
souvent. de politiciens sectaires.
Voulezrvous des subsides? Votez
bien. Une pauvre veuve se pré
sente, escortée de quatre enfants
en bas âge. « Où vont ces enfants ?
— Chez: les Sœurs.— Eh bien |
allez demander aux Sœurs 1 » Comme
si une caisse -publique, alimentée
par les revenus d'un : domaine pu
blic, par des taxes publiques, né
devait pas servir à secourir tous les
pauvres, sans distinction decrpyan-i
ces, et comme si des Sœurs, insti
tutrices maigrement rétribuées^
pouvaient se donner le luxe de réi
pandre autour d'elles des-.aumône^
alors qu'elles en auraient "elles-
mêmes besoin 1 !
La vraie façon de donner consista
à donner gratuitement et , avec
amour à des malheureux que l'on
connaît comme tels. Certes, les
meilleurs peuvent se tromper* sur
tout dans les grandes villes, où les}
enquêtes sont peu commodes et les'
« trucs s difficiles à éventer. Toute-?
fois, en se spécialisant, en se dis
tribuant la besogne, les œuvres pri
vées arrivent à do précieux résul-f
tats. Beaucoup ne secourent que
telle ou telle catégorie de nécessi-i
teux. Il en est qui s'intéressent aux!
indigents de telle ou telle origine4
II y a des œuvres pour les aveugles,!
pour les tuberculeux, pour les vieil-:
lards, pour les femmes en couches,!
pour les enfants. Il y en a pour les
Bretons, pour les Normands, pour
les Auvergnats etc. Il y a des so
ciétés de secours mutuels, des syn
dicats professionnels qui prévoient
les accidents ou les, maladies. II y,
: a des hôpitaux libres desservis par
des religieuses. Il y a des vestiaires^
de pauvres^ des fourneaux, des sou
pes, des œuvres d'hospitalité,. des
œuvres d'assistance par le travail.
Il y a des conférences de Saint-Vin
cent de Paul, des patronages, des
ouvroirs. Bref, il n'est pas une face
du monstre hideux delà misère.que
la charité chrétienne n'ait attaquée
vaillamment. Pour relier et harmo
niser tous ces efforts, on a même
fondé un office central-des insti
tutions charitables. Pourquoi n'est-
ce pas à toutes ces œuvres, ou tout
au moins, à qùelques-unes d'entre
elles, qu'iraient ces libéralités sen
sationnelles; ces cadeaux de nabab,
dont les journaux nous entretien
nent de temps en temps, faisant
venir l'eau à là boùche de bien des;
pauvres diables qui n'en seront pas
désaltérés pour cela ? ,
Quand on : donne mille francs à
une-, œuvre, de bienfaisance privée,
on est sûr que la totalité ou tout au
moins la. presque totalité de cette
somme se transformera.'en un effet
utile, sans qu'il s'en perde rien pour
la mise eii branle des engrenages,-
ceux-ci fonctionnant par line force
propre et gratuite. Au contraire,
quand on donne mille francs à;
PAssistance publique, on est sûr?
qu'une partie de la somme passera
en traitement pour ; les employés,
qu'une autre se dissipera en gaspil
lages; qu'une troisième s'en ira
„dans des poches peu dignes de ia
recevoir, ët queuté" ^ëite seulement
finira par- se transformer en pain
pour quelque famille qui a vraiment
besoin de manger.
Les particuliers généreux de
vraient donc favoriser de tout leur
pouvoir les œuvres librement for
mées par les amis des pauvres, en
choisissant les meilleures, les plus
importantes, ou celles dont le but
les intéresse le plus. L'Etat lui?
même devrait— sans les embarras
ser toutefois d'un patronage gê
nant —les favoriser d'une façon
intelligente et discrète, heureux de
voir que les particuliers s'acquit*
tent bien, à sa place, d'une besogne
qu'il ferait mal. L'assistance offi
cielle,. administrative* devrait n'in
tervenir qu'en dernier ressort, pour
raniasser les suprêmes épaves, et
donner tant .bien , que mal ses se
cours coûteux et tardifs aux êtres
malchanceux qui, par suite de l'im
perfection inherente à toute orga
nisation humaine, auraient échappé
au zèle et à la clairvoyance de l'ini
tiative privée.
C'est- précisément la conclusion
qui se dégage d'un beau livre que
npus venons de parcourir (1) :. « L'as
sistance do l'Etat, dit L'auteur, tou
jours coûteuse, souvent mal faite,
ne - donne pas . de résultats pro
portionnés aux dépenses. Celle des
œuvres, des* sociétés charitables*
tout en ménageant les susceptibi:
lités des pauvres, fait produire
.beaucoup plus à l 'argent des riches ;
elle est donc préférable, elle a>donc
forcément sa place et ne peut avoir
de meilleurs agents que les congré
gations religieuses. » •
C'est sur cette réflexion que nous
voulons terminer; La : persécution
actuelle, envisagée sous un certain
angle, constitue un des aspects de
la lutte entre l'omnipotence de l'E
tat et,l'initiative privée. , L'initia
tive des congrégations^, en matière
d'assistance, est la plus féconde et
la plus brillante qui ait jamais exis
té. En forçant certaines d'entre elles
à se disperser ou à s'exiler, 1 et en
réduisant les autres à la situation
de « l'oiseau sur la branche », le
gouvernement, tue dans l'œuf une
foule.d'entreprises/charitables qui,
dans un ; état de sécurité, auraient
pu éclore à loisir. Tout en berçant
ae folle3 promesses le monde des
travailleurs, il travaille, en réalité^
a la misère du peuple. ;
G. b 'A zambtjja. '
!BULLETIN
Calme plat au Parlement. '
La Chambre à poursuivi la discussion
du projet sur la marine marchande ; le
Sénat a- voté mie loi de privilège pour
a médecine vétérinaire.
Il faut signaler, au Luxembourg, le
dépôt par un sénateur très inconnu jus
qu'ici, M. Béraud, d'une proposition
contre la. liberté d'enseignement. ,
Au bas de ce document, parmi- d'au-,
très signatures de sectaires, s'étale le
nom de l'illustre citoyen Cocula. . J
Chaque jour apporte d'ailleurs k >la
lande antireligieuse une satisfaction
nouvelle ; le ministre de la marine vient
d'interdire—au nom de la liberté de,
conscience ! T-f les dernières, manifesta-,
lions publiques. du culte, en.usage d ans
nos escadres. s , , . ' '
Le « pavillon de la messe » ne flottera
ilus au sommet dû grand mât du na
vire,pendant l'office divin du diman
che.
JLa division du contreyamiral ÇaiU
j lafd mouille dans le porïdç Mitylène;
nos marins ont débarqué, et la Francq
retient, en acompte sur ce qui est dû à
ses nationaux, les douanes de cette île.
L'opinion générale en Europe est que
lè sultan va nous donner satisfaction ;
il paraît, en tous cas, certain qu'un ap
pel —• qui ae s'est pas encore produit.—■
de la Porte au gouvernement anglais :
demeurerait sans réponse... . i
Le Livre jaune sur les affaires• dé
Chine a été distribué aux députés.
Il contient notamment tous les télé
grammes relatifs au protocole de paix,
et des documentxintéressants sur ta si
tuation économique deJa Chine.
Les dépêches d'Extrême-Orient,, yie
soufflent plus moi du prétendu attentai
contre l'impératrice ; quant àLi-Hung-
Chang, on attribue sa maladie aux tra
cas que lui cause le'traité mandchou-,
rien. ■ ;
- - . :
. Les élections [municipales. de New-
York ont ietê bas le parti de la corrup
tion et des tripotages financièrs, au
pouvoir depuis quelques années. '
Après une lutte électorale acharnée}
le candidatdu parti des réformes a ob*
tenu la majorité sur le candidat de
Tammany. . . j
Il semble que soit détachée' d'un lij
vret d'opéra-bouffe l'aventure singulière
■qùi'sé serait produite en Colombie, et à
tzquelle douleurs nous sommas peu
portés à ajouter foi. Le vice-président
de la République, M. Marroquin, au4
rait fait enlever dans une■ .malle —4
comme font parfois les assassins.pour
un cadavre dépecé — le président, Ml
Sanclemente, et l'aurait fait transport
ter, en cet-équipage bien peu protoco
laire, dans la province de Cauca.
Il y aurait la, si cette histoire'a était
arrivée », des-impressions de voyages
curieuses à consigner.
NOUVELLES DE ROME
(1) Les Sœurs aveugles de Saint-Paul',
par Maurice de la Sizeranne. Lecoffre, Pa-j
ris..... . . ....... ' !
S. Em. le cardinal archevêque !
de Siilaa et l actioii sociale. f
Nous avons déjà signalé l'organisatioa;
des études sociales, qui a son siège au
palais archiépiscopal de Milan ; lès eém'i^
naristes milanais sont invités à y assis
ter, de concert avec la jeunesse catho
lique de la ville; " _ ;
' S. s Em. le cardinal Ferrari, qui pour
voit, avec un zèle si prévoyant, à la for
mation apostolique' de son clergé, vient
d'établir en son' diocèse une fondation
nouvelle bien adaptée aux nécessités du
temps présent. * i " '
Quatre ecolésiastifuès, déchargés de 1
toute autre fonction, ont reçu la mission
spéciale de promouvoir les œuvres so-
ciales dans l'archidiocèse de Milan. Le
supérieur de ces missionnaires du peuple
a autorité de vicaire général. Il est facile
de prévoir quelle vive impulsion en sera;
donnée, par suite, à l'action catholique'
populaire dans toute la contrée.
La nouvelle création de S. Em. le car- 1
dinal Ferrari n'a point pour but de dis-'
penser le clergé paroissial de l'apostolat
social. Elle a été amenée au contraire'
par l'intensité qu'a prise cet apostolat
dans un grand nombre de localités. Cette
institution spéciale correspond à un ef
fort {^ensemble que S. Em. le cardinal
archevêque de Milan se propose de faire:
pour introdu ire les œuvres sociales dans'
toutes les paroisses de «on diocèse.
LES CONGRÉGATIONS
Les^liquidateurs-séquestres.
, Nous, lisons dans la . Croix du
Pas-de-Calais :
* ' _ "î * * 2 'i ' ' - - ' " ;
Nous avons annoncé que M. Vaquette,"
greffier du tribunal-civil d'Arras, avait
été comme, par le tribunal civil, liqui
dateur-séquestre de la congrégation des
Carmélites d'Arras, en remplacement de
M? Marchand. ,;
Ainsi présentée, .cette, information est
inexactei et, si noua la rectifions, c'est
pour montrer la difficulté qu s on a éprouvé?
pour trouver à Ârraa ce iiquidateur-sé*
questre. ' ? • - • ;
D'abord, il n'y a au tribunal civil qu'un
.seul greffier, l'honorable M. Bouton d'A-
gnières.
M. Vaquette est un: clerc id'huissier,
mis à la ,disposition du. parquet, par son
patron, .pour remplir ! es fonctions de se
crétaire. Il est bien candidat à la place
vacante de commis greffier près le même
tribunal, mais n'est pas encore nomméj
ou s'il l'est n'a : encore pas prêté ser
ment.
> Les conseils .municipaux.
Le conseil-municipal de Nantes a
été saisi, -lundi* de la demande d'au
torisation des Capucins de cette
ville. . .
Un avis-favorable a. été rendu.
Sur 31 conseillers présents, 2 se
sont abstenus-, 24 se sont prononcés
pour l 'avis favorable, et 5 contre^
Çà et là
LES- REFUGES -D'EXPULSÉS
x f - -, - t j
i La question du logement est la grosse
préoccupation des .petits ménages et des
jnodeaîea budgets/:" Les philanthropes et
les économistes,, tous .les sociologues
justement soucieux deB besoins des clas*
ses. laborieuses ont fixé leur attention sur
ce point. Les moralistés sont, de leur-
côté, loin d'être indifférents .à la solution'
du problème. Les cités ouvrières se sont
multipliées; mais ces vastes aggloméra
tions ne sont pas sans inconvénients. Les
avantages qu'elles offrent au point de vue.
des loyers à bon marché ne compensent
môme pas toujours ces défectuosités.:
Une cité.ouyrière ressemble trop souvent
à une caserne. Les appartenxénta y sont
disppsés avec une uniformité monotone.'
On ne peut échapper au contact perpétuel
des voisins. Rien du charme du home et
du chez soi. ,
. Quoiqu'il en soit, on ne saurait mécon
naître les avantages économiques de cés
sortes de constructions. !
MM. LaÙièr père.etfilsj entrepreneurs^
rue Groix-Nivert, avaient eu, il y a quel
ques mois, le dessein de créer, dans ce
quartier, un nouveau genre d'habitation;
à ion marché. qui n'aurait pas eu lès
mêmes inconvénients que les cités , ou
vrières. ;
Mais avant de ^poursuivre, ce but, ils 5
ont pensé qu'il fallait, au. nom de l'hu-
manité, s'occuper d'abord, de tous tèsl
malheureux sans asile ; et qui ne savent
où loger. . î - !
Il existe bien à Paris des asiles de nuit
fonctionnant au moyen de dons et delegs .i
Mais ces charitables, institutions, malgré:
les immenses services qu'elles rendent,;
sont, hélas I ;en trop petit nombre pour
répondre: à tous les besoins des sans-:
asile.. • •
■ MM. Lallier ont pensé que l'on pour
rait bien tenter de faire en France ce qui
existe en Angleterre : des refuges à bon
marché pour les gens expulsés de leurs
logements: :- - t.é. -i'
Ils ont. adressé» au .mois de janvier,
à la-.Ville de Paris une demande de loca- :
tion à long bail (50 années) et à prix mi -i
nime d'un terrain municipal situé rue
Falguière (ancienne rue des Fourneaux),
pour y faire édifier par, une société d'a
siles de nuit, à bon marché, des refuges
pour leB gens expulsés de leurs loge-,
.ments. L'entreprise, est très importante,
Il s'agit de couvrir de constructions une
superficie de près de 3,500 métrés "car-!
rés. On estime.; qu'elle -.doit revenir à
800,000 francs. . . . ..
. Les refuges d'expulsés ou Se gens sans
asile logeraient, pour un prix intime,
les malheureux qui n'ayant que quelques
sous en poche sont actuellement con
traints de se.réfugier dans des maisons
borgnes où le dévergondage et le vice
coudoient trop souvent la promiscuité et
la malpropreté.
j Le refuge d'expulsés abriterait'égale
ment les ouvriers mariés etleur famille,
qui,par suite de maladie ou de chômage,
sont expulséB de leurs logements pour
cause de non-paiemènt le jour du
terme.
Ces refuges seraient organisés sur, le
plan «des grands asiles de nuit, c'est-à-
dire que l'on s'efforcerait d'y faire régner
le bon ordre .et la proprété. y
Ce projet philanthropique a donné lieu
à une enquête dont la cinquième com
mission du conseil municipal est actuel
lement chargée.
- Sans nous f prononcer sur le mode d'exé
cution et le fonctionnement de ces sortes
d'établissements, il nous semble qu'il y
a certainement à faire quelque chose à
Paris dans cet ordre'd'idées. ' -
CeB" refugeâ d'expiïlsés; seraient un
.heureux compléirient de l'institution li-
bçe des asiles de nuitï mais il importe
rait qu'ils fussent en principe absolu-
' ment conformes à l'esprit et au fonc
tionnement de ces excellentes fondations.
, Autrement on n'aurait ! que des caser
nes de rôdeurs et de ; gens sans aveu.
Les honnêtes ouvriers" dans' la détresse
qui auraient recours à ces établisse
ments y auraient à subir des contacts la
mentables. ' •
La question du capital à trouver pour
fonder les refuges d'expulsés n'est pas la
difficulté là plus grossé. : C'est le fonc
tionnement même de l'œuvre qui doit
être sérieusement étudié par MM. Lallier
s'ils veulent rendre de réels services aux
familles nécessiteuses.
Autrement, ils iraient ' à l'encontre
même de leur but.
Quoi qu'il advienne 1 , félicitons les-pro
moteurs de cette utile institutioih
Le XIX e Biècle, si fécond en œuvrèd
charitables, a laissé/toutefois; au XX*
siècle un grand nombre 'de problèmes
de la misère à résoudre» •->'
Et ces problèmes-là s'imposent,- ce rte
semble, tout particulièrement, à la Ville
Lumière qui, malgré la fiévreuse agita
tion de ses rues, le luxe'de ses "théâtres
et l'éclat de ses fêtes'; cache tant de dé
tresses navrantes, dans ^on immense en
ceinte, à l'ombre... de toutes ses splen
deurs.
. Après l'exode de nos congrégations
biénfâisantes, il faut y songer. •
Chasser les religieux et les bonnes
Sœurs, fermer les couvents, tarir les
sources les plus fécondes (le la charité,
cë n'est pas avancer la' question de l'a
bolition du paupérisme,
M. Waldeck-.Rousseau qui, d'un cœur
léger, supprime les ordres monastiques
n'a pas encore trouvé lé moyen, que je
saché; de supprimer la misère.
Edouard A j L exândhk.
A LA CHAMBRE
La marine marchande.
Après les incidents' dé lundi, la
Chambre, un peu lassé sans doute,
a tenu une , séance, calme. On. est
revenu au débat sur la marine mar
chande. ; ; -
■ M. Plichon repousse la compen
sation d'armement. « Améliorez,
dit-il, la loi de 1893, ne la boule-
veréez point sinon: vous amènerez
forcément la fermeture de nombre
de nos chantiers de construction. »
Mi lourde, qui succède àM. Plichon,
admet tout le' projet, — sauf la
compensation d'armement. :tx
■* Le rapporteur, M. Thierry,^.déve
loppé,non sans habileté,' les argu
ments déjà indiqués £ar lui. Il
constat© que tout-le monde est à
peu près d'accord pour .relever les
-primes de la navigation à vapeur
et diminuer les primes de . la navi
gation à voiles. L 'orateur estime du
FEUILLETON DE VUNIVERS
du 7 novembre 1901
LES FRARÇAiS PEIXTS PAR UM ANGLAIS
., . d'après un mvre récent
La France moderne
et la Révolution française.
• Suite l*) .
Hî '
La devise de la Révolution française,
c'est la-formule célèbre : Liberté,-Ega
lité, Fraternité. Quel a été le sort de cha
cun des termes de cette trilogie ?
La liberté tout, d'abord (16). . Les An
glais en parlent moins, mais la pratiquent
davantage, Pour les Français, elle a été
et elle est, depuis cent ans,. « plutôt un
dogme à définir ou ,un article de foi à
proclamer qu'uçi facteur usuel de-la.yie
quotidienne j ». Les philosophes, qui gn
ont préparé-l'avènement théorique,, s'ils
avaient Vécu jusqu'à laTerreur,
bes ou contraints de tricher la guillo
tine, comme Oondorcet dans 8a cellule, s
Aujourd'hui encore', l'éducation du futur
citoyen commence par la réclusion de
l'internat. Le principe de Yhabeas cor
pus n'a pas pénétré dans les mœurs ;
d'où, en dépit de l'article 9 de la Décla-
(*) Voir YUnivers du 28 octobre.
(16) Chapitre II. Liberté, pages 80 à U6.
ration des droits de l'homme, le pouvoir
d'arrêter et de détenir préventivement,
sur un simple soupçon, —, celui de péné-
trer dans le domicile inviolable et de
perquisitionner, sur une simple présomp
tion de contravention à une loi. fiscale.
• Nul, théoriquement, ne doit être- in
quiété pour, ses. opinions, même religieu
ses. Pratiquement, a il reste encore tant
d'intolérance, dans Je pays, qu'on a pu
dire que la liberté, telle que la : conçoit le
Français, est laliberté pour les idées en
accord avec les, siennes ». Joseph de
.Maistre comptait des amis intimes parmi
les protestants et les Russes orthodoxes.
En Angleterre, on a vu, sans s'en éton
ner, un cardinal Manning entretenir des
relations cordiales avec un Matthew Ar
nold. En Fraçce^ la divergence des idées
creuse des abîmes entre les • personnes.
Volontiers, on traitera comme le dernier
des misérablejB qui n'aura, pas l'heur de
penser exactement, adéquatement comme
vous. Entre catholiques, - réfractaires et
ralliés échangeront de gros imots. Entre
adversaires, la mauvaise foi : sera érigée
à l'état de présomption légale, et, sous
prétexte de lutter contre le cléricalisme,
,c'est-à-dire pontre. ..l'empiétement du
pouvoir religieux Bur le pouvoir civil, on
verra se former un cléricalismeà rebours
qui, sous le nom de Jibre-pensée, de
viendra
tisme religieux».
Toute cette partie de l'ouvrage de M.
Boldey est frappée au coin d'une jus
tesse de vues, d'une pénétration et d'une
actualité saisissantes :
C'est surtout ea province que l'anticlé
rical, le mangeur de prêtres étale son fana
tisme acerbe et oppressif. Ce soi-disant es
prit libre est souvent un esprit étroit, auto
ritaire et vlolént, qùlj sous 1 prétexte de
libre-pensée, voudrait empêcher ses voi
sins de penser autrement que lui. S'il n'é
tait que fanatique, on pourrait se moquer
de lui -; mais il est tracassier et. persécu
teur. Dans, un esprit haineux, il attaque ou
.il dénonce les fonctionnaires, dont les opi
nions lui paraissent subversives, unique
ment parce qu'elles ne cadrent pas avec les
siennes S'il est conseiller municipal, alors
de menaçant il devient dangereux *, car,-en
"vertu de ce titre, il use de son influence
contre ceux qu'il accuse de manquer àleurs
devoirs civiques ou, en d'autres termes; de
ne pas partager ses idées antiçlérlca-
les (17).- - . ■;
La pùissante inâchine de centralisa
tion créée par lé génie de Napoléon I", i
ayant glissé aux mâihs dès politicienè, j
se trouve ainsi faussée au grand détri
ment de la tranquillité, 1 de l'indépen
dance et de la liberté des fonctionnaire^:
et même des simples particuliers; II ne
leur sera plûs permis, sans êtrè taxés de
cléricaux et de réactionnaires, d'aller à
la mésse et de faire élever leurs enfants
ailleurs que. dans" les' écoles officielles. ;
' Et pourtant « dans la nation entière, .il
n'y a pas une personne sur céht qu> soit
fanatique anti-religieuse, et, parmi les
électeurs., les sectaires de là libre pensée
ne sont qu'une petite faction.:. lies Frafr
çais sont, pour là plupart,tolérants ou in
différents en.matière de religion : ils i
sont toujours prêts à combattre l'ingé
rence du clergé dans leurs affaires pri
vées, ils n'ont pourtant aucune sympa
thie pour les, énérgumènes de l'anticlé-
ricalisme. .Mais les libres-penseurs, for-
(17) Page 104.
tement organisés dans leurs loges et dans :
leur» Qomités . électoraux,, ont une jn-
r fluence puissante sur. le gouvernement.
? du pays ». . , :
. ■ •
» «
. En fait, c^est une. minorité oppressive
qui gouyerne et qui dicte la loi ; elle,' qui
défend,au président de la République
de.prononcer jamais le nom de- . Dieu, de
ifaire a ce que font les chefs de tous les
peuples civilisés, depuis le tsar jusqu'au
président des Etats-Unis » ; elle,qui con
signe,les représentants du. gouvernement
à tous leg degrés à la porte dèë églises ;
elle,qù^châsse les.SoBurs des hôpitaux,
démolit les croix, interdit lés procès-
sjons"; elle,qui dénonce lés curés comme
des ennemis du peuple. Et pourtant, le
clergé français a-t-il mérité ce. déchai-
,nement'de haine ? Ecoutons cet éloquent
hommage qui lui est rendu par un étran-1
ger, qui n'appartient pas même^ croyons-
nçus, au culte de la majorité des Fran
çais;
-Ses mœurs sont pures, son intégrité est |
'aussi remarquable que son-bon sens. Droit
et simple.,, sans ambition et désintéressé, ;
toujours prét à p§rtager sa maigre pitance j
et son humble bourse avec ses voisins plus |
pauvres que lui, son influence est en'même
temps morale et civilisatrice (i8)_. ,V.
* C'est à'cet apôtre dé là charité que la
libre-penséé a déclaré la guerre, ayant
pour éclaireurs le médecin de campagne
ambitieux, le journaliste sans talent, l'a
vocat sans causes, l'agent d'affaires sans
moralité et tous les piliérs des Cafés Pro-
cope de' province. Ce sont euxqui. au
nom de la liberté; poussent à la violation
'(18) Pape 110.
. flagrante de;tous lea principes proclamés,
dans la Déclaration des droits de l'hom- ;
- me. Ce sont eux qui ont fait porter sur;
nous ce jugement sévère, mais dont il est
difficile de méconnaître en ce moment la:
justesse, que « les Français, ne sontdispo- '
sés à se passionner que pour ce qui peut
gêner la liberté des autres ». [
La France a été pourtant le pays d'é-^
lectipn de la bourgeoisie libérale.Celle ci:
a fondé la République, çn croyant établir i
t un régime libéral - } mais, elle s'est } éva-î
nouie comme .force politique. A l'heure
. qu'il est, il ne reste en pr.ésence l'une deJ
.l'autre .que « trois institutions,, pour,nous,
. servir des expressions mêmes de l'auteur, i
dont l'existence île peut -être mise en j
péril par aucun changement de régime :
^'administration centralisée, l'Egîige et le
-suffrage universel ,f,. Le 'gouvernement
dont la France a besoin, c'est ,cglui qui,
en assurant le.fonctipnnement, la coexis
tence et l'harmonie.de ces trois institu
tions, ne permettrait pas l'usurpation et
la tyrannie pratiquées par des, minorités
irresponsables sous le couvert de la li
berté. Ce gouvernem.ent-là devra tout
d.'abord. adhérer à la paix religieuse, car
jç l'Eglise est éternelle et il n'y. a pas de
gouvernement, quelle que soit son. ori-
jgine ou sa forme, qui n'ait intérêt à bien
vivre avec elle » (19). - .
r ' IV,'.
Qu'en est-il de l'Egalité (20)? - .
Il n'est pas de pays où on en parle plus
et où on la pratique moins qu'en France.
Telle n'est point la formule même deî'au-
(19) Page 116. -i
(20) Chapitre III. Egalité, pages 117 à 148.
teuri qui est trop gentleman pour nous
traiter avec une -pareille désinvolture ;
niais telle ést l'impression qui résume à
nos yètîX son étude très fouillée et très
curieuse sur le second terme de la trilo
gie révolutionnaire. ' v ■
1 Sous la ^prèniière République,- c'est la
guillotiné qui s'est chargée d'en assurer
le triomphe. Sous la troisième^; c'est la
* vanité 'doublée .de l'envie ^icar, en dépit
du serment dii r 'Jeii' de Paume ét de là
xiuit du 4 août 1789, nous avons àctuelle-
'înent plus- de ;Frànçais : -titrés' qu'on n'en
•pourrait compter'dans tôùt'un volume
dé Saint-Simon. Quand il s'entend appe
ler « Monsieur le comte », le député ré
publicain « descend le boulevard, satis
fait de penser que ses traits ont un air de
distinction que n'ont pas ceux de ses col
lègues de la gauche » . Jamais on n^a été
plus friand de décorations. Certes, l'ins
titution de la Lëgion d'hoûneiir est loua
ble en son'principe'; mais;-dan s l'appli
cation qui en est faite; elle tend à trans
former les Français « en une nation de
"quémandeurs, chacun cherchant à faire
"consacrersa supériorité sur.'sort voisin ».
"L'observation est juste ; il nous' arrive,
chaque jour, en effet, dë 'Voir des radi
caux farouches, des -socialistes à tous
crins faire des platitudes pour obtenir
lin petit bout deruban^ à- défaut du
rouge, on se rabattra sur le violet, : voire
même sur lë vert rustique de l'agricul-
ture. , J'' ' "J"; •"j _
" . Avec la chasse aux décorationsVc'est
lâ chasse aux titres nobiliaires. Ici,
le résultat ambitionné est plus facile
à obtenir : il suffit de les prendreyèt c'est
ainsi que procèdént une foule de person
nes. Aussi; -en-matière héraldique, est-ce
devenu la quadrature du cercle que de
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