Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-11-02
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 novembre 1901 02 novembre 1901
Description : 1901/11/02 (Numéro 12304)-1901/11/03. 1901/11/02 (Numéro 12304)-1901/11/03.
Description : Note : un seul numéro pour samedi et dimanche. Note : un seul numéro pour samedi et dimanche.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710893c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
DEPOT LÉ
Samedi-Dimanche 2-3 Novembre 1901
liltln f«Qtldl»u« — & 8,834
âamedi-Dknanohe 2-3 Novembre 1903J \oij<^% n 4
mm
TF7T!" TTC-
ÉDITION QUOTEDIENEUB
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS {UNIOJf POSTALE)
Un an 40 » 51 »
Six mois...... 21 » 26 50
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UN NUMÉRO
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
■19 01
ÏFÎO |
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Départements 15 —
1ST
BUREAUX : Paris, me Caasètté, 17
On g'abonne à Rome, place du Gesùj 8
LE MONDÉ
. PARIS • ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS. (UNION POSTAL^,
Un an......;.. 20 » 26 »
Six mois 10 .» _ " *
Trois mois '5 » 6 jO
Les abonnements partent des 1" et 18 fie ohaque moiii
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont, adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C», 6, place de la Bourse?
PARIS, 2 NOVEMBRE; 1901
SOMMAIR®
Ségojlsà............. P IERRE V ÉCILL ot.
JL6 conflit franco-
tare............... F. L.
Çà et là: Statues al-
légorlç[uesi. G .d'Azambuja..
Correspondance to-
BHtfne..."*
Suiîetin. — Kôuvèiiët dë Rome.—* Lèg
congrégations. ~ fouir çorrofnpré lç
peuple. — Informations politiques et
parlementaires. — Le conflit franco-turo.
*- tln fiasco. — Fêtes et réunions. — La
'guerre tfë Trànsvâali' — Colombie et
Venezuela. Étràhgër. — Lfes affaires
'■ âe CÎîl'à'è. — A-traders la presse. — Les
|rèvés. '—■Chronique.'— Chez les soola«
Ustes.' — ..Les : .anarchistes. % Lettres,
sciences et arts. — Les attaques contrç
- leclerg^. s* Echos de partout. — Une
- conférence. — La Toussaint. — Chroni
que religieuse. — Nécrologie. — Guerre
et marine. — Tribunaux. — La peste. —
Nouvelles tltvërsesi — Calendrier. — Ta
bleau et bulletin de là Bourse. — Der
nière heure. ,
kÉPONSE
M. veut bien reconnaître la
sincérité de l'Univers j quand celui?
" ci déclare qu'il accepte résolument
éi sans arrière-pensée la Républi
que. Mais, pourtant, « quelque
chose chiffonne » le. rédacteur en
chef du 'Radical. Notfe loyalisme,
croit-il pouvoir faire pbsërver, ne
dépendps.s uniquement de nous. Il
est soumis k une force extérieure.
J3rel, si n'aus avons pris position
sur le terrain constitutionnel, c'est
parcé que le Pape nous l'a demandé.
— Qu'adviendrait-il, dit M. Rapc, le
joùr où le Saint Siège ne vous pres
crirait plus-cette attitude, le jour où
ftiêmaii yous ordonnerait l'attitude
contraire ?... •' ' ' :
Voilà, il nous semble, l 'objection
nettement formulée. Nous allons
tâcher d'y faire une réponse tout
aussi, nette.
„ .■ Pas un instant, nous n'essaierons
de dissimuler à M. Ranc que les
instructions, pontificales ont été
pour beaucoup dans notre détermi
nation, irrévocable, d'accepter la
République. Elles auraient suffi, à
elles seules. En fait, elles ont dé
gagé* affermi et hâté en nous une
résolution que nous sentions néces-
. saire de prendre, depuis quelque
temps ,déjà. Le rédacteur du Radi
câl doit se rappeler que M. Piou
n 'avait pas attendu 1@ toast du car
dinal Lavigerie, pour suggérer aux
conservateurs ét aux catholiques
l'idée du m ralliement ». Nous ap
prendrons à M. Ranc que l'Univers
appuya tout de suite 1 éminent dé
puté. ëst du iê novembre 1890. Dès le 27
mars de la même année, nous avions
publié un article applaudissant à l'i
nitiative de M.. Piou et recomman
dant le terrain constitutionnel.
Il faut en convenir : nous parlions
côïnme gens un peu effrayés de
leur audace, qui se demandent s'ils
sont dans la bonne voie, et ont
grand besoin qu'une autorité puis?
santé les vienne rassurer, enhardir,
ët cautionner auprès de ceux aux
quels ils s ? adressent. La parole du
Pape nous donna bientôt, vis:à-vis
de nous-mêmes et vis-à-vis des au
tres, la garantie qui nous était né
cessaire. Plus d'nésitations. C'est
âlor& que nous avons nettement
accepté lft République et dit à nos
, lecteurs * qu'il fallait.. résolument
l'accepter.
Depuis, l' Univers est touj ours res
té fidèle à cette ligne ie conduite.
Les événements nous ont ëonfirmé
daiisnotre voie. Ils noiis ont démon
tré que nous avions vu assez juste,
en 1890, lorsque nous disions que
le régime prêtait point à la veille de
disparaître. La France veut garder
la Répub^ue,. cela est établi à nos
Jreux. Nous estimons que le pays a
e droit de vivre sous la formé de
■ gouvernement qui lui plait. Donc,
nous nous inclinons, de bonne
humeur et, sans nulle réticence, de
vant sa volonté.
Mais, nous rappellera M. Rane, :
j'ai' fait fout à l'heure une hypo
thèse, et je crois qu'elle peut fort
bien se réaliser un de ces jours. Si
le successeur de Léon XIII ne main
tient pas les prescriptions du Pon
tife actuel, s il les, annule, si même
il en formule de contraires, quel
parti prendrez-vous? Sans aucun
doute, vous cesserez aussitôt d'ac
cepter la" République. Et par con
séquent, je ne puis tenir votre ral
liement pour valable...
Rassurons M. Ranc, en tant que
besoin. Nous lui certifions que son
hypothèse ne se vérifiera pas. Ni
le présent Pape, ni un autre ne re-
tirerg, ce qu'on appelle les prescrip-]
iiops pontificales. Certains catholi
ques, demeurés plus ou moins mo
narchistes, font semblant de croire;
que Rome changera d'avis et d'atti
tude. Ils espèrent ainsi fjuper quel-i
ques honnes âmes, faire excuser^
leur conduite et maintenir les ré
sistances. Mais ils savent bien que
ïçi §ain$« Siège n 'a reviendra Jamais
sur ce qu'il a dit. * v * , ?
La raison en est simple, c'est que
Léon XÏII n'a aucunement innové.
Ce n'est pas une doctrine Nouvelle
qu'il a demandé au cardinal Lavi
gerie de lancer par son toast, et
qu'il a confirmée, en 1892, danS son
Encyclique Àu milieu des sollici
tudes., La doctrine, immuable, dé
l'Eglise nous enseigne que nous Je
tons accepter le gouvernement de
notre pays, quand il est constitué
régulièrement et que la nation l'ac
cepté. Il était nécessaire, on en
conviendra* de rappeler cé principe
aux catholiques français. L'inter
vention de Lébn XIII n'a pas eu
d'autre but.. Et il y à longtemps
qu'on ne parlerait meme plus de ses
prescriptions dans la polémiqué des
joiirnauÀ; il n'en serait question
Su'au point de vue historique et
qctririal,... si trop de catholiques,
pour masquer leur insoumission,
n'avaient obstinément fait semblant
de ne pas les comprendre,ou de les
oublier.. , f .
Jamais Pàpé ne nous dira ..;
Vous pouvez cesser d'en tenir
compte... Jamais, à plus forte rai»
son : —Vous devez cesser d'en te
nir-.compte.;. Si nous accordions à
M. Ranc qu'un Souverain Pontifé
viendra peut-être, nous laissant li
bres d'abandonner lé terrain cônsti-
tutionnél pour attaquer le gouver
nement jusque dans salorme, nous
lui accorderions déj à beaucoup
trop. Or, même èn ce Cas, nous
garderions, le. droit dè ne point
user de la liberté consentie et de
rester sur lë terrain ©û : nous avons
■pris place. Eh bien, nous promet
tons a M. Ranc de profiter sans hé
sitation' de cette faculté qui nou§
serait reconnue, ' Ralliés nous som
mes, ralliés nous resterons.
* Donc, l'argument tombe, que le
rédacteur en chef du Radical invo
que contre la validité .de notre ral
liement.
Pierre Veuîllot.
'BULLETIN
L'opinion publique s'est fort émuà
hier màtin à la nouvelle, donnée pat
l'Agence Havas, du retour à Toulon de
l'escadre au complet.
Tout s'est expliqué dans Vaprès-midi:
le correspondant méridional de l'agence
avait compté double les unités de com
bat rentrant au port ; les sept navires
commandés par l'amiral Caitlard con
tinuent leur route vers les eaux fur»
ques.
Des télégrammes arrivés cette nuit
annoncent même, peut-être un peu hâ
tivement, que le sultan va s'exécuter, au
moyen d'un emprunt, et que toutes les
difficultés sont aplanies. \
• La j ournée du l'>' novembre n'a donné
lieu, dans les centres miniers, à aucun
incident.
; A Montceau, le syndicat rouge.subor
donne sa décision sur la grève générale
aux résolutions que va prendre te Par-
lement.
Le.ma.ire révolutionnaire de Bourges
qui, par la parole et par la plume, prê
chait aux jeunes conscrits l'insubordi
nation, vient d'être suspendu de ses
fonctions, en attendant d'être révor
qué.
On doit déplorer que cette mesure ait
été si tardive, et que le scandale anti-
patriotique dé Bourges ait tant duré.
Le duc et la duchesse d'York, retour
de leur voyage en Australie et au Ca
nada, sont arrivés hier à Portsmouth
Toute la .famille royalê d'Angleterre est
allée k leur rencontre) ils sont reçus
aujourd'hui, à Londres, * jen grande
pompe.
Les fêtes seront troublées par la nou
velle du •grave échec des: troupes an
glaises au Transvaal. Le colonel Bet&on
ia été tué, après avoir perdu un assez
grand -nombre d'hommes — officiers et
soldats.
Les nouvelles arrivent très contradic
toires au sujet de la démission du chan
celier de l'empire allemand.
Si, dans certains cercles politiques, on
prend à tâche de déclarer que jamais le
comte de Bulow n'a été mieux en cour,
on affirme ailleurs que M; de Mars-
tçhall, actuellement ambassadeur à
Constantinople, est son successeur dési
gné.
. .. '• ".r-v=, - j
Même incertitude touchant les bruits
d'annexion de la Crète à la Grèce.', cha
que jour apporte une information plus
ou moins fantaisiste.
Il convient maintenant d'attendre sur :
ce point des faits préçis.
L'opposition contre les concessions i !
la Russie en Mandchourie s'accentue i
chez les mandarins, qui redoutent de
voir les autres puissances réclamer des
avantages 'équivalents dans d'autres
provinces.
Les négociations se poursuivent à Pé
kin, entre le. ministre russe et le gou
vernement ehinois. ...
NOUVELLES DE ROME
». Jeudl.3i octobre, s
An Vatican. i
Mardi, après LL. EEm-. le cardinal di
Pietro, préfet çïe la Congrégation dçt Con
cile, et le cardinal Ferrata, préfet de la
Sacrée Congrégation des Rites, qui'ren
trent de congé, le Souverain Pontife a
reçu les ministres de Prusse et de Oo-'
lombie près le Saint-Siège.
8. Exc. M. Gonzales Valencia a remis
Sa Sainteté tes lettres officielles du
gouvernement' coiombien r qui l'accrédi
tent en qualité d'envoyé extraordinaire,
durant le temps que le ministre titulaire,
M. le général Velez, sera retenu Jioin de
Rome par les néoeBsités de la charge
importante qui lui a été confiée dàns le
département de Bolivar.
Le ministre plénipotentiaire déPruSBêj
M. Wolfram de Rotenhan, était chargé
par l'empereur Guillaume II d'offrir au
Souverain Pontife le premier volume de
l'ouvrage nur la d^ap'elle Sir.tine.
L'académie alleinande à'arphéologie a
en effet, entrepris sous les auspices, jet
avec les subsides du gouvernement im
périal une grânde monographie, ' histo
rique et ârtistiqûe, dé la chapelle Sixtiné.
Ce sera une oëjuyre d'éruditidâ^ enrichie
de nombreuses illustrations.
En.mêmç temps qu'il lui remettait le
volume richement relié, M- le baron .de
Rotenhan a présenté au Souverain .Pon
tife M. le docteur Steinmann, qui dirige
cette publication. Le Saint-Père s'est -vi*
vement intéressé & fceuvre qui lui était
ôiïerte, ;et su? laquelle il à dèmàndé à M.
le docteur Steinmann les détails les plu?
minutieux, avec toute la précision d'un
artiste et d'un sàvaùt. 1 '
— Hier, c'est Mgr Fernand Monteiro,
qui a,eu la faveur de l'audiènoe pontifi
cale. Mgr Monteiro est Un tout jeune évê-
que,qui vient d'être commé.au Biège de
Spirito-Santodans le Brésil. Il Appartient
à la oongrëgâtioa dé Saint»Lazare, et'
e'est tout dernièrement qu'il a reç&'la-
consécration épiscopalè à la chapelle de
la rue de Sèvres, des mains de Mgr L6 :
renzelli, nonce apostolique;
Il a fallu la volonté forinëlle du Saint-
Siège pour vaincre la résistance de Mgr
Monteiro, qui alléguait surtout sa jeu
nesse ; il n'a pas plus de'35 ans. '
S. Em. le cardinal Ledochowskl.
Çà et là
S. Em. le cardinal-préfet de la Propa
gande accomplissait hier sa quâtre-ving-
tièmé année A Cette occasion,- la colohie
allemande, le corps diplomatique et de
nombreux personnages sé. sont rendus
au palais de la place d'Espagne, pour fé
liciter S. Em. le cardinal Ledochowlfi.
Une enquête sur les congrégations.
Le gouvernement italien 1 fait procéder
en ce, moment à une enquê.te sur.les
màisona religieuses qui existent à Borné
et en Italie, lè but de'ces établissements,
le nombre dé leurs membxësVleurs re
venus probables, etc. Rappelons'que le
rapport du F.*. Orano au congrès maçon
nique du 21 avril 1901 se terminait par
cette première proposition : i Promou
voir une vaste agitation ayant pour but
principal de rappejer les gouvernements
à la stricte application, dans la lettre et
l'esprit, des lois sur les associations et
congrégations en Italie ; et pour bût se<
condaire mais immédiat de dresser le
grand tableau statistique de la fortune
réelle immobilière et mobilière des or
dres religieux dans le royaume. »
« Le royau.njç », mot plaisant, à moins
de chercher le chef, non pas au Quiri-
nal, mais au tçmple de la Dogana Yec-
chia, G.'. O.'.de la Val.'. dn Tibrç.
LE CONFLIT FB&NÊQ-TURC
Une interprétation .erronée des
renseignements laconiques fournis
officieusement a fait croire jeudi
soir à Toulon que l'escadre d'évolu
tion dè la Méditerranée était ren
trée tout entière au port, y compris
la division commandée par le con
tre-amiral Caillard", alors que l'on
croyait celle-ci déjà pârtié pour le
Levant. Cette fausse |nouvelle, aus
sitôt transmise à Paris et repro
duite par les journaux de vendredi
matin, y a causé une vive et pénible
surprise ; on se perdait en conjec
tures pour expliquer cet étrange et
soudain revirement. Vendredi soir,
tout était éclairci. On apprenait avec
grande satisfaction que l'amiral
Caillard était réellement en. route,
comme on l'avait annoncé jeudi
matin, et qu'il avait missioji de
faire-comprendra à la Sublime-
Porte, assez* mal inspirée pour
avoir cru qu'elle pourrait abuser
indéfiniment d'une patience absur-
dement prolongée, que le temps
était venu de regler ses comptes.
Maintenant, comme il est certain
que, dans ce ma lheureux conflit, la
France n'a poinÊ d'àrriëre-pénsée ;
que la présente démonstration n'a
d'autrë but que d'obtenir un* équi
table règlement de litiges depuis
longtemps pendants, èt de rappeler
le gouvernement tnirc àtf respect
des devoirs internationaux qu il a
gravement méconnus vis-à-vis de
la France, on peut encore espérer
que prompte satisfaction va nous
etre donnée, et partant, qu'un ra- ;
pide et pacifique, dénouement de ce
grave incident ne saurait tarder.
La presse étrangère, qui à géné
ralement reconnu notre bon droit,;
ne parait pas douter que l'obsti
nation du gouvernement turc ne
cède bientôt, ën présenée d'une
démonstration à laquelle on ne petit
reprocher, que «Payoip été bèàucoiip
trop différée. * ' . ' ' .
F. L.
nfotts prions Instamment ceux de
nos lecteur» dont ^'abonnement ex
pire le 15 çiovembr® de 119 pas atten
dre pins longtemps pour le. renou -j
veïeri ! * ' ^
Ilest nécessaire de (oindre À toute
lettre, quel qu'en s'oit rob|ét, une des
dernières bandes d'adressé impri
mées, rectîflée s'il y a lieu.
STATUES-- ALLEGORIQUES. -.
Nous étions, assis, dernièrement au jar
din du Luxembourg, par un de ces beaux
après-midi d'autoiâne qui permettent de
reposer une dernière fois la vue suf les
couronnes d'or deà* grands marronnier#
ldrsque nos regards, et ceux de quelques
personnes qtii iioas entouraient,' sont
tombés sur quatre statues toutes neuves,
dont la blancheur criarde jette, dep.iiiS
quelques semaines, sa hurlante disso
nance sur là majestueuse façade du pa-
lâis. "" ■ ■ ■ "
, —- Qui sont ces quatre.bannes femmes ?
fit quelqu'un.
Affligé d'une forte myopie, nous répon
dîmes sans regarder, ce qui est peut-être
U meilleure façon de 6e former une con
viction robuste i
■ Probablement, lea quatre vertus
cardinales qui président aux délibéra'
tions de nos sénateurs : l'Imprudence,
l'Injustice, la Faiblesse et l'Intempé
rance.
Et, cértes, lé symbolisme ne serait pas
ici en défaut •: lé Sénat est imprudent
quand il §e métit dosf les gens de bien
àprès s'être fait anathéma'tiser par les
révolutionnaires ; il est injuste quand il
s&criSe aux haines d'un parti les droits
de toute une catégorie de citoyens ; il est
faible quand il cède aux injonctions mi
nistérielles et joue le rôle d'un enrégis-
treur automatique dé lois; il est intempé
rant en ce sens que, destinés par la cons
titution à jouer un rôle de modérateurs,
ses membres ne modèrent rien, ne tem
pèrent rien, et préfèrent hurler avec les
loups, au risque de faire double,emploi
avec la ménagerie, du, Palais-Bour-
bon.
Mais noua vivons dans un 6iècle où
l'on tient à se former dés opinions docu
mentées. Notre explication, si péremp-
toirë qu'elle fût, rencontra donc des
sceptiques, et nous dûmes, longeant le
grand bassin octogone où de futurs ami
raux font évoluer leurs flottes en minia
ture, nous approcher du palais où l'om
bre auguste de Marie de Médicis som
meille aux démocratiques ronflements
des pères conscrits.
Une fois « au pied du mur », sans mé
taphore, et en nous aidant, primo, d'un
lorgnon, secundo, de deux yeux ' com
plaisants ei plus perçantB que les nôtres,
nous avons pu démêler plus authenti-
quement l'état civil des quatre statues.
Û faut dire que, pour plus de sûreté, M.
l'architecte du Sénat avait eu le soin dè
faire inscrire leurs noms Bur le socle,
exemple salutaire qui devrait bien être
suivi par quiconque entreprend de gra
tifier la postérité d'une statue allégo
rique. Les versions sont un excellent
exercice ; mais il n'est jamais plus agréa
ble que lorsque la traduction se trouve à
côté. . , ... t
La première Btat ue, en partant delà
gauche, a nom tout simplement a fa Sa
gesse *, Elle tient son casque à Ja main,
pour montrer que la sagesse, dans un Sé
nat, consiste à mêttfë chapeau bas de
vant un ministère. Cela peutvouloir dire
aussi que les Sénats, après avoir rendu
de grands services à leurs gouverne-
ments, comme féu Gélisaire, sont
quelquefois obligés de tendre leur cas* i
que pour demander, sinon l'aumône pro- :
prement dite, du moins ces menues fa
veurs d'ordre divers comprises sous l'ex-
pression très synthétique de « bureaux
de tabac ». Etre sage* pour un parlemen
taire, c'est penser à ses électeurs, et
mendier en haut pour satisfaire ceux qui.
mendient ën bas. C'est là, dans les tem
pêtes électorales, la seule branche où
l'on peut se raccrocher^ et voilà pourquoi
la statue de la Sagesse, de la main qui ;
ne.tient pas le casque, tient précisément
une branche^ Les sages de la Grèce;
avaient des bâtons, de vrais, bâtons ;!
mai» les sages d'aujourd'hui dédaigent
cet assessoire. C'est eux qu'on bàtonne
aujourd'hui,pour les faire marcher droit, •:
et on ne leur laisse pour toute arme qu'un
rameau mince et flexible, de quoi épous- :
seter, avec l'obséquiosité convenable, la
moleskin^ des fauteuils ministériels.
La seconde statue s'intitule « l'Elo
quence ». Elle tient de la main gauche
un rouleau de papier, pour rappeler que
les discours, au Parlement, sont préparés
à l'avance, et que les arguments dévelop
pés par les contradicteurs doivent être
autant que possible considérés comme
non avenus. La main droite de la statue
se lève, effectuant le geste çtç décrocher
une timbale. Car les discours, quand on;
sait convenablement les faire « mouBser »,
désignent un homme pour un ministère. :
Telle fut la harangue prononcée par Mt*
"Waldeck Rousseau contre la loi de des
saisissement, en 1899. L'orateur, , au
fond, avait l'air de se soucier du dessai
sissement comme un poisson d'une pom
me, ou comme M. Trouillot de ses pre
miers bouts-rimés; mais ses amis, dû-
&ent stylés, battaient les couloirs en
criant : « Superbe ! admirable ! » C'é
tait le ministère actuel qui s'élaborait. |
Après la deuxième statue vient une
horloge, l'horloge impassible qui sonne
l'heure de l'avènement des ministères etj
l'heure de leur chute, comme l'heure où
les mamans font goûter les bébés et
l'heure où lagarde,escortée de tsimbours,
fait évacuer lé jardin. Puis, de suite à
droite, vient la troisième statué : celle
de fa Prudence, Celle là a un jjçste tr^sî
clair. Elle met le doigt sur sa bouche,j
a&n de nous avertir qu'il est imprudent,,
pour une haute assemblée, d'élever 1%
voix contre lea vilenies et les tyrannies
du pouvoir. 4 Ministres, proscrivez, dé
pouillez, persécutez! ; nos lèvres sont ca
denassées, comptez sur notre silence. »
La statue pose sa main gauche sur sa
hanche. Est-ce pour surveiller sa montre
«u son porte-monnaie? EBt-ce pour se;
mettre îSar I» défensive dans, le cas où;
clés conspirateurs l'attaqueraient? Est-ce f
pour indiquer qu'ellese tord les côtes à
la seule pensée qu'on peut la croire capa
ble de courage et d 1 indépendance? Mys-f
tère ! Mais toute $bn attitude semblé dire ::
«ieâula muette... à çpndition qu'on ne
m'embête pas trop* » •.£» ; .
La, dernière statue à droite est la pé
trification de la Justice Mais c'est une j
Justice qui a; oublié sa balance. Il faut,
croire qu'elle l'a remisée là -baB derrière,
au musée de Clîîny. La Btatue, dé la;
main gauche, relève sa robe, s'aperce-!
-vant sans doute qu'elle; traîne dans lai
boue. Quant à la main droite, elle tientj
un objet. Maia lequel ? Malgré notre lor-,
gnon et l'assistance de? deux yénx ^er-
çants qui nous secondaient dans notre |
examen, il nous a été impossible de véri
fier la naturé du bibelot én question. Il
parait que cela ressemble à une mando
line. Nous parierions plutôt pour une'
guitare, qui aurait l'avantage de symbo*
User d'une façon plus exacte les grandes |
phrases qu'on nous Bert dans les discours;
officiels; tosBts dé banquets, -réunionB!
publiques^ etc. D'autre part, quelqu'un
autour dé nous opinait pour un instru-l
ment de torture, ce 'qtiî serait aussi très |
rationnel. Ily'â encore l'hypothèse d'un;
rasoir, maiSj comme allégorie, cela offre
peu.de différence avec là guitare.,
Nous étions édifiés, et, longeant de
nouveau le bassin ^octogone, nous re-
ifinoie? vsrs.l'entréçde la, terrasse, gar
dée par deux lions qui tourne.pt, leur "fête
vers le palais. Un "instant, l'aspect dés
nobles bêtes noua fit du bien... Amèfe
illusion. C'étaient bien deux lions, mais
deux lions bénins, ahuris, bonasses,
avec des expressions de bons gros mou
tons bienveillants. Et nous - pensions que
ces deux animaux soi disant féroces n'é
taient pas moins allégoriques, dans leur
genre, que les quatre statues qu'ils
étaient censés dévorer de leurs quatre
yeux.
, G. d'Azambuja.
• : ;
LES CONGREGATIONS
même temps employés municipaux,
recevant à divers titres de larges
appointements. La coiùinission
d'enquêtç accuse particulièrement
le directeur du Maitino, un certain
Scarfoglio, et la ço-directrice Mme
-Mathilde Serao-Scarfoglio, la ro-
mancière. très connue dont une revue
française publiait il n'y a pas long
temps l'une des œuvres.
Quelques-uns- des faits incriminés
ont été déférés.déjà à la justice or
dinaire. En voici aes spécimens.
Lorsque Summonte devient mai
re, le Govriere di N&poli lance des
invectives sous ce titre : Là honte
est consommée. Il attaque /surtout la.
convention des tramways. Mais ce
beau feu ne dure que très peu de
temps,. Le signor Tudesco, rédac
teur du journal, est nommé inspec
teur ides mêmss tramways, et le
Corriere di Napoli se met à combler
d'éloges ladite convention.
Un e?rpréfet de Naples raconte
de
Les conseils municipaux.
Nous lisons dans le Journal
l'Allier : .
Malgré les nombreux services rendus
par les religieuses Ursulines qui tiennent
à Varennes -Bur -Aliier une école très
prospère, il s'est trouvé, dix rnembres
du conseil municipal de cette ville sur.
quatorze pour donner à la demande d'au- i l
torisàtion formée par ces religieuses un .
avis défavorable très méchamment mo- j
Uvé. '
A Orléans.
Le comité républicain du Loiret,
ainsi que nous l'avons rapporté, a
voté un blâme à l'égard au maire
d'Orléans et des conseillers muni
cipaux de cette ville favorables à la
demande en autorisation des con
grégations.
Le Patriote Orléanais nous, ap
prend auj ourd'hui que le comité ré
publicain radical d'Orléans a égale
ment voté un ordre du jour anale-
gue, blâmant « énergiquement les
conseillers municipaux qui} -signa
taires de la profession de foi répu
blicaine de mai 1900, ont manque à
leurs engagements en s'abstenant
dû en votant en faveur d'une ou
plusieurs congrégations ».
Le sultan et les Jésuites.
Un iradé impérial interdit aux Jé
suites qui ont quitté la France à la
suite de la loi sur les associations
de s'établir dans l'empire otto
man.
aurait paye 500,000 lires aux trium
; virs, Summonte, Casale et Scar
foglio. Pour une autre affaire, le
concessionnaire débourse 12,000
fr., versés au directeur du Mattinet.
Voici le directeur delà Société d'e-
-clâirage au gaz, Kraft. Ce Kràft dé
clare qu'au moment où une société
d'électricité était en pourparlers
aveo la ville, il reçut la . visite d'un
mandataire de Scarfoglio, lui don
nant l'assurance que le monopole
lui sera gardé : s'il donne 30,000
francs au directeur du Mattino.
Un ingénieur, Oscar Daufresne,
briguait le service du ramonage
public. « Je me fis, dit-il, présenter
au député Casale ; celui-ei me dit
qu'il fallait d'abord intéresser amen
affaire Scarfoglio. J'allai voir ce der
nier; il m'écouta et me promit son
appui, demàndant un dépôt, de vingt
mille francs plus cinq mille franess
argent- comptant pour l'adminis
tration.
: « Je n'aurais pas eu de difficultés
pour rétribuer le journal de Scarfo
glio; mais devant cet obstacle con
tinu de là corruption, je renonçai à
l'entreprise. »
Les révélations les plus piquan
tes concernent le cas de la codirec
trice du Màttinô, Mme Mathilde Se
rao-Scarfoglio. Par exemple,^ un
brave homme entend dire qu ? aux
bureaux dii Mattino est ouverte
Uffë agence fournissant des emplois
dans l'administration municipale.
Il s'y rend, rencontre un individu
qui le met en rapports avec Mme
Seraô. Il reçoit les plus belles pro
messes ét se laisse extorquer de la
sorte tout ce qu'il a amassé d'éco
nomies, près de 3,000 francs.
Bornons-nous. On comprend [le
dégoût qu'inspirent ces scandales.
« Le scandale le plus impression
nant, dit le Secolo, c'est celui? de la
presse ; l'ignoble marchandage de
ces journaux et journalistes vous
donne la nausée. » Ajoutons pour
tant que les journalistes nommés
par l'enquête ont déjà tous protesté
aé leur innocence.
POUR CORROMPRE LE PEUPLE
Il parait qu'on donne demain Astarté,
; i l'Opéra, en représentation gratuite.
Le Journal des Débats, qui n'est ni;
catholique ni très collet-monté, se scan
dalise, a juste titré,de ce choix.
Astarté est une pièce profondément
immorale, tant au point de vue du sujet
qu'au point de vue des exhibitions aux-;
quelles !! sert de prétexte.
Or, les représentations gratuites sont
censées avoir lieu pour contribuer à l'é
ducation populaire 1
' Quelle éducation!
Mais il entre apparemment dans les!
plans du ministère de corrompre de plus
en plus les masses. Les Romains, quànd<
on leur offrait, aut cirque, des spectacles,;
de sang et de débauche, se laissaient;
plus facilement gouverner par les Cé
sars.
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 27 octobre.
L'enquête sur Naples (*).
II
La presse napolitaine. — Naples et le sou-
vernement central. — Lés remèdes dans
les directions pontificales. — L'action so
ciale populaire Chrétienne.
On conçoit que de telles prati
qués n'eussent pas été possibles
sans la complicité des journaux na
politains.
On avait eu soin de faire entrer
les journalistes dans les petits pro
fits du syndicat. Les quatre grands
journaux de Naples, il Mattino. il [ leis représentants de Naples furent
Corrierè di Napoli, il Paese, Don 1 foiijpurs ministériels sous tous les
Marzio, étaient les organes offi- t ipinistôres, soutenant successive-
cieux. Les rédacteurs étaient en | ment tous ceux qui détiennent les
faveurs.
H Voir l'Univers du 30 octobre. J Sans entrer dans les causes po-
Si un tel système a pu durer
aussi longtemps, on conçoit que le
gouvernement central "porte sa
lourde part de responsabilités.
La commission l'avoue sans am
bages : a L'action du gouverne
ment central a été ou insuffisante
ou mal dirigée... Pour les minis
tères de diverses couleurs qui se
sont succédé, Naples . a toujours
été une terre inconnue. »
; La Stampa deTurin écrit : « C'est
un cri d'angoisse que ces cinq com
missaires courageux jettent au
pays. Ils posent des interrogations,
et nous ne savons pas comment il
est possible ; d'y repondre : pour
quoi toutes les autorités se sont-
elles rendues complices du mal qui
s'appesantissait sur Naples? Pour
quoi le gouvernement r?" tous les
gouvernements — afin d'obtenir la
'voix des méridionaux à la Chambre,
Ont -il favorisé ces ligues du mal pu
blic ? Pourquoi tout cela et iout ce
qui reste encore à découvrir ? »
Il y a même lieu de soupçonner
- que certains des hommes qui ont
été, au pouvoir avaient souvent
leur part de profits. Elle est sug
gestive, cette histoire de la troi
sième Mme Crispi. Elle achète à
la ville du terrain aux prix de 25
et 15 francs le mètre carré ; elle ob
tient d'abord le prix uniforme de
15 francs, puis bientôt le prix uni
forme est abaissé à 3 francs ! Une
autre fois elle échange avec la ville
des terrains cfégale contenance,
mais de valeurs fort diverses ; et,
pour comble de profit, là commis
sion d'enquête constate qu'elle n'a
même pas quitté le terrain échangé
avec la ville, ,
Outre ces motifs d'ordre indivi
duel, le gouvernement libéral avait
intérêt à appliquer à Naples son
système du laisser faire.
En somme, la càmorra fut tou
jours un des plus fermes appuis de
là dynastie et dés divers ministè
res ; jusqu'en ces derniers temps,
Samedi-Dimanche 2-3 Novembre 1901
liltln f«Qtldl»u« — & 8,834
âamedi-Dknanohe 2-3 Novembre 1903J \oij<^% n 4
mm
TF7T!" TTC-
ÉDITION QUOTEDIENEUB
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS {UNIOJf POSTALE)
Un an 40 » 51 »
Six mois...... 21 » 26 50
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h/st abonnements parteht des 1*' et 13 dé chaque moi®
UN NUMÉRO
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
■19 01
ÏFÎO |
P&riB * • • i («« i i ; 10
Départements 15 —
1ST
BUREAUX : Paris, me Caasètté, 17
On g'abonne à Rome, place du Gesùj 8
LE MONDÉ
. PARIS • ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS. (UNION POSTAL^,
Un an......;.. 20 » 26 »
Six mois 10 .» _ " *
Trois mois '5 » 6 jO
Les abonnements partent des 1" et 18 fie ohaque moiii
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont, adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C», 6, place de la Bourse?
PARIS, 2 NOVEMBRE; 1901
SOMMAIR®
Ségojlsà............. P IERRE V ÉCILL ot.
JL6 conflit franco-
tare............... F. L.
Çà et là: Statues al-
légorlç[uesi. G .d'Azambuja..
Correspondance to-
BHtfne..."*
Suiîetin. — Kôuvèiiët dë Rome.—* Lèg
congrégations. ~ fouir çorrofnpré lç
peuple. — Informations politiques et
parlementaires. — Le conflit franco-turo.
*- tln fiasco. — Fêtes et réunions. — La
'guerre tfë Trànsvâali' — Colombie et
Venezuela. Étràhgër. — Lfes affaires
'■ âe CÎîl'à'è. — A-traders la presse. — Les
|rèvés. '—■Chronique.'— Chez les soola«
Ustes.' — ..Les : .anarchistes. % Lettres,
sciences et arts. — Les attaques contrç
- leclerg^. s* Echos de partout. — Une
- conférence. — La Toussaint. — Chroni
que religieuse. — Nécrologie. — Guerre
et marine. — Tribunaux. — La peste. —
Nouvelles tltvërsesi — Calendrier. — Ta
bleau et bulletin de là Bourse. — Der
nière heure. ,
kÉPONSE
M. veut bien reconnaître la
sincérité de l'Univers j quand celui?
" ci déclare qu'il accepte résolument
éi sans arrière-pensée la Républi
que. Mais, pourtant, « quelque
chose chiffonne » le. rédacteur en
chef du 'Radical. Notfe loyalisme,
croit-il pouvoir faire pbsërver, ne
dépendps.s uniquement de nous. Il
est soumis k une force extérieure.
J3rel, si n'aus avons pris position
sur le terrain constitutionnel, c'est
parcé que le Pape nous l'a demandé.
— Qu'adviendrait-il, dit M. Rapc, le
joùr où le Saint Siège ne vous pres
crirait plus-cette attitude, le jour où
ftiêmaii yous ordonnerait l'attitude
contraire ?... •' ' ' :
Voilà, il nous semble, l 'objection
nettement formulée. Nous allons
tâcher d'y faire une réponse tout
aussi, nette.
„ .■ Pas un instant, nous n'essaierons
de dissimuler à M. Ranc que les
instructions, pontificales ont été
pour beaucoup dans notre détermi
nation, irrévocable, d'accepter la
République. Elles auraient suffi, à
elles seules. En fait, elles ont dé
gagé* affermi et hâté en nous une
résolution que nous sentions néces-
. saire de prendre, depuis quelque
temps ,déjà. Le rédacteur du Radi
câl doit se rappeler que M. Piou
n 'avait pas attendu 1@ toast du car
dinal Lavigerie, pour suggérer aux
conservateurs ét aux catholiques
l'idée du m ralliement ». Nous ap
prendrons à M. Ranc que l'Univers
appuya tout de suite 1 éminent dé
puté.
mars de la même année, nous avions
publié un article applaudissant à l'i
nitiative de M.. Piou et recomman
dant le terrain constitutionnel.
Il faut en convenir : nous parlions
côïnme gens un peu effrayés de
leur audace, qui se demandent s'ils
sont dans la bonne voie, et ont
grand besoin qu'une autorité puis?
santé les vienne rassurer, enhardir,
ët cautionner auprès de ceux aux
quels ils s ? adressent. La parole du
Pape nous donna bientôt, vis:à-vis
de nous-mêmes et vis-à-vis des au
tres, la garantie qui nous était né
cessaire. Plus d'nésitations. C'est
âlor& que nous avons nettement
accepté lft République et dit à nos
, lecteurs * qu'il fallait.. résolument
l'accepter.
Depuis, l' Univers est touj ours res
té fidèle à cette ligne ie conduite.
Les événements nous ont ëonfirmé
daiisnotre voie. Ils noiis ont démon
tré que nous avions vu assez juste,
en 1890, lorsque nous disions que
le régime prêtait point à la veille de
disparaître. La France veut garder
la Répub^ue,. cela est établi à nos
Jreux. Nous estimons que le pays a
e droit de vivre sous la formé de
■ gouvernement qui lui plait. Donc,
nous nous inclinons, de bonne
humeur et, sans nulle réticence, de
vant sa volonté.
Mais, nous rappellera M. Rane, :
j'ai' fait fout à l'heure une hypo
thèse, et je crois qu'elle peut fort
bien se réaliser un de ces jours. Si
le successeur de Léon XIII ne main
tient pas les prescriptions du Pon
tife actuel, s il les, annule, si même
il en formule de contraires, quel
parti prendrez-vous? Sans aucun
doute, vous cesserez aussitôt d'ac
cepter la" République. Et par con
séquent, je ne puis tenir votre ral
liement pour valable...
Rassurons M. Ranc, en tant que
besoin. Nous lui certifions que son
hypothèse ne se vérifiera pas. Ni
le présent Pape, ni un autre ne re-
tirerg, ce qu'on appelle les prescrip-]
iiops pontificales. Certains catholi
ques, demeurés plus ou moins mo
narchistes, font semblant de croire;
que Rome changera d'avis et d'atti
tude. Ils espèrent ainsi fjuper quel-i
ques honnes âmes, faire excuser^
leur conduite et maintenir les ré
sistances. Mais ils savent bien que
ïçi §ain$« Siège n 'a reviendra Jamais
sur ce qu'il a dit. * v * , ?
La raison en est simple, c'est que
Léon XÏII n'a aucunement innové.
Ce n'est pas une doctrine Nouvelle
qu'il a demandé au cardinal Lavi
gerie de lancer par son toast, et
qu'il a confirmée, en 1892, danS son
Encyclique Àu milieu des sollici
tudes., La doctrine, immuable, dé
l'Eglise nous enseigne que nous Je
tons accepter le gouvernement de
notre pays, quand il est constitué
régulièrement et que la nation l'ac
cepté. Il était nécessaire, on en
conviendra* de rappeler cé principe
aux catholiques français. L'inter
vention de Lébn XIII n'a pas eu
d'autre but.. Et il y à longtemps
qu'on ne parlerait meme plus de ses
prescriptions dans la polémiqué des
joiirnauÀ; il n'en serait question
Su'au point de vue historique et
qctririal,... si trop de catholiques,
pour masquer leur insoumission,
n'avaient obstinément fait semblant
de ne pas les comprendre,ou de les
oublier.. , f .
Jamais Pàpé ne nous dira ..;
Vous pouvez cesser d'en tenir
compte... Jamais, à plus forte rai»
son : —Vous devez cesser d'en te
nir-.compte.;. Si nous accordions à
M. Ranc qu'un Souverain Pontifé
viendra peut-être, nous laissant li
bres d'abandonner lé terrain cônsti-
tutionnél pour attaquer le gouver
nement jusque dans salorme, nous
lui accorderions déj à beaucoup
trop. Or, même èn ce Cas, nous
garderions, le. droit dè ne point
user de la liberté consentie et de
rester sur lë terrain ©û : nous avons
■pris place. Eh bien, nous promet
tons a M. Ranc de profiter sans hé
sitation' de cette faculté qui nou§
serait reconnue, ' Ralliés nous som
mes, ralliés nous resterons.
* Donc, l'argument tombe, que le
rédacteur en chef du Radical invo
que contre la validité .de notre ral
liement.
Pierre Veuîllot.
'BULLETIN
L'opinion publique s'est fort émuà
hier màtin à la nouvelle, donnée pat
l'Agence Havas, du retour à Toulon de
l'escadre au complet.
Tout s'est expliqué dans Vaprès-midi:
le correspondant méridional de l'agence
avait compté double les unités de com
bat rentrant au port ; les sept navires
commandés par l'amiral Caitlard con
tinuent leur route vers les eaux fur»
ques.
Des télégrammes arrivés cette nuit
annoncent même, peut-être un peu hâ
tivement, que le sultan va s'exécuter, au
moyen d'un emprunt, et que toutes les
difficultés sont aplanies. \
• La j ournée du l'>' novembre n'a donné
lieu, dans les centres miniers, à aucun
incident.
; A Montceau, le syndicat rouge.subor
donne sa décision sur la grève générale
aux résolutions que va prendre te Par-
lement.
Le.ma.ire révolutionnaire de Bourges
qui, par la parole et par la plume, prê
chait aux jeunes conscrits l'insubordi
nation, vient d'être suspendu de ses
fonctions, en attendant d'être révor
qué.
On doit déplorer que cette mesure ait
été si tardive, et que le scandale anti-
patriotique dé Bourges ait tant duré.
Le duc et la duchesse d'York, retour
de leur voyage en Australie et au Ca
nada, sont arrivés hier à Portsmouth
Toute la .famille royalê d'Angleterre est
allée k leur rencontre) ils sont reçus
aujourd'hui, à Londres, * jen grande
pompe.
Les fêtes seront troublées par la nou
velle du •grave échec des: troupes an
glaises au Transvaal. Le colonel Bet&on
ia été tué, après avoir perdu un assez
grand -nombre d'hommes — officiers et
soldats.
Les nouvelles arrivent très contradic
toires au sujet de la démission du chan
celier de l'empire allemand.
Si, dans certains cercles politiques, on
prend à tâche de déclarer que jamais le
comte de Bulow n'a été mieux en cour,
on affirme ailleurs que M; de Mars-
tçhall, actuellement ambassadeur à
Constantinople, est son successeur dési
gné.
. .. '• ".r-v=, - j
Même incertitude touchant les bruits
d'annexion de la Crète à la Grèce.', cha
que jour apporte une information plus
ou moins fantaisiste.
Il convient maintenant d'attendre sur :
ce point des faits préçis.
L'opposition contre les concessions i !
la Russie en Mandchourie s'accentue i
chez les mandarins, qui redoutent de
voir les autres puissances réclamer des
avantages 'équivalents dans d'autres
provinces.
Les négociations se poursuivent à Pé
kin, entre le. ministre russe et le gou
vernement ehinois. ...
NOUVELLES DE ROME
». Jeudl.3i octobre, s
An Vatican. i
Mardi, après LL. EEm-. le cardinal di
Pietro, préfet çïe la Congrégation dçt Con
cile, et le cardinal Ferrata, préfet de la
Sacrée Congrégation des Rites, qui'ren
trent de congé, le Souverain Pontife a
reçu les ministres de Prusse et de Oo-'
lombie près le Saint-Siège.
8. Exc. M. Gonzales Valencia a remis
Sa Sainteté tes lettres officielles du
gouvernement' coiombien r qui l'accrédi
tent en qualité d'envoyé extraordinaire,
durant le temps que le ministre titulaire,
M. le général Velez, sera retenu Jioin de
Rome par les néoeBsités de la charge
importante qui lui a été confiée dàns le
département de Bolivar.
Le ministre plénipotentiaire déPruSBêj
M. Wolfram de Rotenhan, était chargé
par l'empereur Guillaume II d'offrir au
Souverain Pontife le premier volume de
l'ouvrage nur la d^ap'elle Sir.tine.
L'académie alleinande à'arphéologie a
en effet, entrepris sous les auspices, jet
avec les subsides du gouvernement im
périal une grânde monographie, ' histo
rique et ârtistiqûe, dé la chapelle Sixtiné.
Ce sera une oëjuyre d'éruditidâ^ enrichie
de nombreuses illustrations.
En.mêmç temps qu'il lui remettait le
volume richement relié, M- le baron .de
Rotenhan a présenté au Souverain .Pon
tife M. le docteur Steinmann, qui dirige
cette publication. Le Saint-Père s'est -vi*
vement intéressé & fceuvre qui lui était
ôiïerte, ;et su? laquelle il à dèmàndé à M.
le docteur Steinmann les détails les plu?
minutieux, avec toute la précision d'un
artiste et d'un sàvaùt. 1 '
— Hier, c'est Mgr Fernand Monteiro,
qui a,eu la faveur de l'audiènoe pontifi
cale. Mgr Monteiro est Un tout jeune évê-
que,qui vient d'être commé.au Biège de
Spirito-Santodans le Brésil. Il Appartient
à la oongrëgâtioa dé Saint»Lazare, et'
e'est tout dernièrement qu'il a reç&'la-
consécration épiscopalè à la chapelle de
la rue de Sèvres, des mains de Mgr L6 :
renzelli, nonce apostolique;
Il a fallu la volonté forinëlle du Saint-
Siège pour vaincre la résistance de Mgr
Monteiro, qui alléguait surtout sa jeu
nesse ; il n'a pas plus de'35 ans. '
S. Em. le cardinal Ledochowskl.
Çà et là
S. Em. le cardinal-préfet de la Propa
gande accomplissait hier sa quâtre-ving-
tièmé année A Cette occasion,- la colohie
allemande, le corps diplomatique et de
nombreux personnages sé. sont rendus
au palais de la place d'Espagne, pour fé
liciter S. Em. le cardinal Ledochowlfi.
Une enquête sur les congrégations.
Le gouvernement italien 1 fait procéder
en ce, moment à une enquê.te sur.les
màisona religieuses qui existent à Borné
et en Italie, lè but de'ces établissements,
le nombre dé leurs membxësVleurs re
venus probables, etc. Rappelons'que le
rapport du F.*. Orano au congrès maçon
nique du 21 avril 1901 se terminait par
cette première proposition : i Promou
voir une vaste agitation ayant pour but
principal de rappejer les gouvernements
à la stricte application, dans la lettre et
l'esprit, des lois sur les associations et
congrégations en Italie ; et pour bût se<
condaire mais immédiat de dresser le
grand tableau statistique de la fortune
réelle immobilière et mobilière des or
dres religieux dans le royaume. »
« Le royau.njç », mot plaisant, à moins
de chercher le chef, non pas au Quiri-
nal, mais au tçmple de la Dogana Yec-
chia, G.'. O.'.de la Val.'. dn Tibrç.
LE CONFLIT FB&NÊQ-TURC
Une interprétation .erronée des
renseignements laconiques fournis
officieusement a fait croire jeudi
soir à Toulon que l'escadre d'évolu
tion dè la Méditerranée était ren
trée tout entière au port, y compris
la division commandée par le con
tre-amiral Caillard", alors que l'on
croyait celle-ci déjà pârtié pour le
Levant. Cette fausse |nouvelle, aus
sitôt transmise à Paris et repro
duite par les journaux de vendredi
matin, y a causé une vive et pénible
surprise ; on se perdait en conjec
tures pour expliquer cet étrange et
soudain revirement. Vendredi soir,
tout était éclairci. On apprenait avec
grande satisfaction que l'amiral
Caillard était réellement en. route,
comme on l'avait annoncé jeudi
matin, et qu'il avait missioji de
faire-comprendra à la Sublime-
Porte, assez* mal inspirée pour
avoir cru qu'elle pourrait abuser
indéfiniment d'une patience absur-
dement prolongée, que le temps
était venu de regler ses comptes.
Maintenant, comme il est certain
que, dans ce ma lheureux conflit, la
France n'a poinÊ d'àrriëre-pénsée ;
que la présente démonstration n'a
d'autrë but que d'obtenir un* équi
table règlement de litiges depuis
longtemps pendants, èt de rappeler
le gouvernement tnirc àtf respect
des devoirs internationaux qu il a
gravement méconnus vis-à-vis de
la France, on peut encore espérer
que prompte satisfaction va nous
etre donnée, et partant, qu'un ra- ;
pide et pacifique, dénouement de ce
grave incident ne saurait tarder.
La presse étrangère, qui à géné
ralement reconnu notre bon droit,;
ne parait pas douter que l'obsti
nation du gouvernement turc ne
cède bientôt, ën présenée d'une
démonstration à laquelle on ne petit
reprocher, que «Payoip été bèàucoiip
trop différée. * ' . ' ' .
F. L.
nfotts prions Instamment ceux de
nos lecteur» dont ^'abonnement ex
pire le 15 çiovembr® de 119 pas atten
dre pins longtemps pour le. renou -j
veïeri ! * ' ^
Ilest nécessaire de (oindre À toute
lettre, quel qu'en s'oit rob|ét, une des
dernières bandes d'adressé impri
mées, rectîflée s'il y a lieu.
STATUES-- ALLEGORIQUES. -.
Nous étions, assis, dernièrement au jar
din du Luxembourg, par un de ces beaux
après-midi d'autoiâne qui permettent de
reposer une dernière fois la vue suf les
couronnes d'or deà* grands marronnier#
ldrsque nos regards, et ceux de quelques
personnes qtii iioas entouraient,' sont
tombés sur quatre statues toutes neuves,
dont la blancheur criarde jette, dep.iiiS
quelques semaines, sa hurlante disso
nance sur là majestueuse façade du pa-
lâis. "" ■ ■ ■ "
, —- Qui sont ces quatre.bannes femmes ?
fit quelqu'un.
Affligé d'une forte myopie, nous répon
dîmes sans regarder, ce qui est peut-être
U meilleure façon de 6e former une con
viction robuste i
■ Probablement, lea quatre vertus
cardinales qui président aux délibéra'
tions de nos sénateurs : l'Imprudence,
l'Injustice, la Faiblesse et l'Intempé
rance.
Et, cértes, lé symbolisme ne serait pas
ici en défaut •: lé Sénat est imprudent
quand il §e métit dosf les gens de bien
àprès s'être fait anathéma'tiser par les
révolutionnaires ; il est injuste quand il
s&criSe aux haines d'un parti les droits
de toute une catégorie de citoyens ; il est
faible quand il cède aux injonctions mi
nistérielles et joue le rôle d'un enrégis-
treur automatique dé lois; il est intempé
rant en ce sens que, destinés par la cons
titution à jouer un rôle de modérateurs,
ses membres ne modèrent rien, ne tem
pèrent rien, et préfèrent hurler avec les
loups, au risque de faire double,emploi
avec la ménagerie, du, Palais-Bour-
bon.
Mais noua vivons dans un 6iècle où
l'on tient à se former dés opinions docu
mentées. Notre explication, si péremp-
toirë qu'elle fût, rencontra donc des
sceptiques, et nous dûmes, longeant le
grand bassin octogone où de futurs ami
raux font évoluer leurs flottes en minia
ture, nous approcher du palais où l'om
bre auguste de Marie de Médicis som
meille aux démocratiques ronflements
des pères conscrits.
Une fois « au pied du mur », sans mé
taphore, et en nous aidant, primo, d'un
lorgnon, secundo, de deux yeux ' com
plaisants ei plus perçantB que les nôtres,
nous avons pu démêler plus authenti-
quement l'état civil des quatre statues.
Û faut dire que, pour plus de sûreté, M.
l'architecte du Sénat avait eu le soin dè
faire inscrire leurs noms Bur le socle,
exemple salutaire qui devrait bien être
suivi par quiconque entreprend de gra
tifier la postérité d'une statue allégo
rique. Les versions sont un excellent
exercice ; mais il n'est jamais plus agréa
ble que lorsque la traduction se trouve à
côté. . , ... t
La première Btat ue, en partant delà
gauche, a nom tout simplement a fa Sa
gesse *, Elle tient son casque à Ja main,
pour montrer que la sagesse, dans un Sé
nat, consiste à mêttfë chapeau bas de
vant un ministère. Cela peutvouloir dire
aussi que les Sénats, après avoir rendu
de grands services à leurs gouverne-
ments, comme féu Gélisaire, sont
quelquefois obligés de tendre leur cas* i
que pour demander, sinon l'aumône pro- :
prement dite, du moins ces menues fa
veurs d'ordre divers comprises sous l'ex-
pression très synthétique de « bureaux
de tabac ». Etre sage* pour un parlemen
taire, c'est penser à ses électeurs, et
mendier en haut pour satisfaire ceux qui.
mendient ën bas. C'est là, dans les tem
pêtes électorales, la seule branche où
l'on peut se raccrocher^ et voilà pourquoi
la statue de la Sagesse, de la main qui ;
ne.tient pas le casque, tient précisément
une branche^ Les sages de la Grèce;
avaient des bâtons, de vrais, bâtons ;!
mai» les sages d'aujourd'hui dédaigent
cet assessoire. C'est eux qu'on bàtonne
aujourd'hui,pour les faire marcher droit, •:
et on ne leur laisse pour toute arme qu'un
rameau mince et flexible, de quoi épous- :
seter, avec l'obséquiosité convenable, la
moleskin^ des fauteuils ministériels.
La seconde statue s'intitule « l'Elo
quence ». Elle tient de la main gauche
un rouleau de papier, pour rappeler que
les discours, au Parlement, sont préparés
à l'avance, et que les arguments dévelop
pés par les contradicteurs doivent être
autant que possible considérés comme
non avenus. La main droite de la statue
se lève, effectuant le geste çtç décrocher
une timbale. Car les discours, quand on;
sait convenablement les faire « mouBser »,
désignent un homme pour un ministère. :
Telle fut la harangue prononcée par Mt*
"Waldeck Rousseau contre la loi de des
saisissement, en 1899. L'orateur, , au
fond, avait l'air de se soucier du dessai
sissement comme un poisson d'une pom
me, ou comme M. Trouillot de ses pre
miers bouts-rimés; mais ses amis, dû-
&ent stylés, battaient les couloirs en
criant : « Superbe ! admirable ! » C'é
tait le ministère actuel qui s'élaborait. |
Après la deuxième statue vient une
horloge, l'horloge impassible qui sonne
l'heure de l'avènement des ministères etj
l'heure de leur chute, comme l'heure où
les mamans font goûter les bébés et
l'heure où lagarde,escortée de tsimbours,
fait évacuer lé jardin. Puis, de suite à
droite, vient la troisième statué : celle
de fa Prudence, Celle là a un jjçste tr^sî
clair. Elle met le doigt sur sa bouche,j
a&n de nous avertir qu'il est imprudent,,
pour une haute assemblée, d'élever 1%
voix contre lea vilenies et les tyrannies
du pouvoir. 4 Ministres, proscrivez, dé
pouillez, persécutez! ; nos lèvres sont ca
denassées, comptez sur notre silence. »
La statue pose sa main gauche sur sa
hanche. Est-ce pour surveiller sa montre
«u son porte-monnaie? EBt-ce pour se;
mettre îSar I» défensive dans, le cas où;
clés conspirateurs l'attaqueraient? Est-ce f
pour indiquer qu'ellese tord les côtes à
la seule pensée qu'on peut la croire capa
ble de courage et d 1 indépendance? Mys-f
tère ! Mais toute $bn attitude semblé dire ::
«ieâula muette... à çpndition qu'on ne
m'embête pas trop* » •.£» ; .
La, dernière statue à droite est la pé
trification de la Justice Mais c'est une j
Justice qui a; oublié sa balance. Il faut,
croire qu'elle l'a remisée là -baB derrière,
au musée de Clîîny. La Btatue, dé la;
main gauche, relève sa robe, s'aperce-!
-vant sans doute qu'elle; traîne dans lai
boue. Quant à la main droite, elle tientj
un objet. Maia lequel ? Malgré notre lor-,
gnon et l'assistance de? deux yénx ^er-
çants qui nous secondaient dans notre |
examen, il nous a été impossible de véri
fier la naturé du bibelot én question. Il
parait que cela ressemble à une mando
line. Nous parierions plutôt pour une'
guitare, qui aurait l'avantage de symbo*
User d'une façon plus exacte les grandes |
phrases qu'on nous Bert dans les discours;
officiels; tosBts dé banquets, -réunionB!
publiques^ etc. D'autre part, quelqu'un
autour dé nous opinait pour un instru-l
ment de torture, ce 'qtiî serait aussi très |
rationnel. Ily'â encore l'hypothèse d'un;
rasoir, maiSj comme allégorie, cela offre
peu.de différence avec là guitare.,
Nous étions édifiés, et, longeant de
nouveau le bassin ^octogone, nous re-
ifinoie? vsrs.l'entréçde la, terrasse, gar
dée par deux lions qui tourne.pt, leur "fête
vers le palais. Un "instant, l'aspect dés
nobles bêtes noua fit du bien... Amèfe
illusion. C'étaient bien deux lions, mais
deux lions bénins, ahuris, bonasses,
avec des expressions de bons gros mou
tons bienveillants. Et nous - pensions que
ces deux animaux soi disant féroces n'é
taient pas moins allégoriques, dans leur
genre, que les quatre statues qu'ils
étaient censés dévorer de leurs quatre
yeux.
, G. d'Azambuja.
• : ;
LES CONGREGATIONS
même temps employés municipaux,
recevant à divers titres de larges
appointements. La coiùinission
d'enquêtç accuse particulièrement
le directeur du Maitino, un certain
Scarfoglio, et la ço-directrice Mme
-Mathilde Serao-Scarfoglio, la ro-
mancière. très connue dont une revue
française publiait il n'y a pas long
temps l'une des œuvres.
Quelques-uns- des faits incriminés
ont été déférés.déjà à la justice or
dinaire. En voici aes spécimens.
Lorsque Summonte devient mai
re, le Govriere di N&poli lance des
invectives sous ce titre : Là honte
est consommée. Il attaque /surtout la.
convention des tramways. Mais ce
beau feu ne dure que très peu de
temps,. Le signor Tudesco, rédac
teur du journal, est nommé inspec
teur ides mêmss tramways, et le
Corriere di Napoli se met à combler
d'éloges ladite convention.
Un e?rpréfet de Naples raconte
de
Les conseils municipaux.
Nous lisons dans le Journal
l'Allier : .
Malgré les nombreux services rendus
par les religieuses Ursulines qui tiennent
à Varennes -Bur -Aliier une école très
prospère, il s'est trouvé, dix rnembres
du conseil municipal de cette ville sur.
quatorze pour donner à la demande d'au- i l
torisàtion formée par ces religieuses un .
avis défavorable très méchamment mo- j
Uvé. '
A Orléans.
Le comité républicain du Loiret,
ainsi que nous l'avons rapporté, a
voté un blâme à l'égard au maire
d'Orléans et des conseillers muni
cipaux de cette ville favorables à la
demande en autorisation des con
grégations.
Le Patriote Orléanais nous, ap
prend auj ourd'hui que le comité ré
publicain radical d'Orléans a égale
ment voté un ordre du jour anale-
gue, blâmant « énergiquement les
conseillers municipaux qui} -signa
taires de la profession de foi répu
blicaine de mai 1900, ont manque à
leurs engagements en s'abstenant
dû en votant en faveur d'une ou
plusieurs congrégations ».
Le sultan et les Jésuites.
Un iradé impérial interdit aux Jé
suites qui ont quitté la France à la
suite de la loi sur les associations
de s'établir dans l'empire otto
man.
aurait paye 500,000 lires aux trium
; virs, Summonte, Casale et Scar
foglio. Pour une autre affaire, le
concessionnaire débourse 12,000
fr., versés au directeur du Mattinet.
Voici le directeur delà Société d'e-
-clâirage au gaz, Kraft. Ce Kràft dé
clare qu'au moment où une société
d'électricité était en pourparlers
aveo la ville, il reçut la . visite d'un
mandataire de Scarfoglio, lui don
nant l'assurance que le monopole
lui sera gardé : s'il donne 30,000
francs au directeur du Mattino.
Un ingénieur, Oscar Daufresne,
briguait le service du ramonage
public. « Je me fis, dit-il, présenter
au député Casale ; celui-ei me dit
qu'il fallait d'abord intéresser amen
affaire Scarfoglio. J'allai voir ce der
nier; il m'écouta et me promit son
appui, demàndant un dépôt, de vingt
mille francs plus cinq mille franess
argent- comptant pour l'adminis
tration.
: « Je n'aurais pas eu de difficultés
pour rétribuer le journal de Scarfo
glio; mais devant cet obstacle con
tinu de là corruption, je renonçai à
l'entreprise. »
Les révélations les plus piquan
tes concernent le cas de la codirec
trice du Màttinô, Mme Mathilde Se
rao-Scarfoglio. Par exemple,^ un
brave homme entend dire qu ? aux
bureaux dii Mattino est ouverte
Uffë agence fournissant des emplois
dans l'administration municipale.
Il s'y rend, rencontre un individu
qui le met en rapports avec Mme
Seraô. Il reçoit les plus belles pro
messes ét se laisse extorquer de la
sorte tout ce qu'il a amassé d'éco
nomies, près de 3,000 francs.
Bornons-nous. On comprend [le
dégoût qu'inspirent ces scandales.
« Le scandale le plus impression
nant, dit le Secolo, c'est celui? de la
presse ; l'ignoble marchandage de
ces journaux et journalistes vous
donne la nausée. » Ajoutons pour
tant que les journalistes nommés
par l'enquête ont déjà tous protesté
aé leur innocence.
POUR CORROMPRE LE PEUPLE
Il parait qu'on donne demain Astarté,
; i l'Opéra, en représentation gratuite.
Le Journal des Débats, qui n'est ni;
catholique ni très collet-monté, se scan
dalise, a juste titré,de ce choix.
Astarté est une pièce profondément
immorale, tant au point de vue du sujet
qu'au point de vue des exhibitions aux-;
quelles !! sert de prétexte.
Or, les représentations gratuites sont
censées avoir lieu pour contribuer à l'é
ducation populaire 1
' Quelle éducation!
Mais il entre apparemment dans les!
plans du ministère de corrompre de plus
en plus les masses. Les Romains, quànd<
on leur offrait, aut cirque, des spectacles,;
de sang et de débauche, se laissaient;
plus facilement gouverner par les Cé
sars.
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 27 octobre.
L'enquête sur Naples (*).
II
La presse napolitaine. — Naples et le sou-
vernement central. — Lés remèdes dans
les directions pontificales. — L'action so
ciale populaire Chrétienne.
On conçoit que de telles prati
qués n'eussent pas été possibles
sans la complicité des journaux na
politains.
On avait eu soin de faire entrer
les journalistes dans les petits pro
fits du syndicat. Les quatre grands
journaux de Naples, il Mattino. il [ leis représentants de Naples furent
Corrierè di Napoli, il Paese, Don 1 foiijpurs ministériels sous tous les
Marzio, étaient les organes offi- t ipinistôres, soutenant successive-
cieux. Les rédacteurs étaient en | ment tous ceux qui détiennent les
faveurs.
H Voir l'Univers du 30 octobre. J Sans entrer dans les causes po-
Si un tel système a pu durer
aussi longtemps, on conçoit que le
gouvernement central "porte sa
lourde part de responsabilités.
La commission l'avoue sans am
bages : a L'action du gouverne
ment central a été ou insuffisante
ou mal dirigée... Pour les minis
tères de diverses couleurs qui se
sont succédé, Naples . a toujours
été une terre inconnue. »
; La Stampa deTurin écrit : « C'est
un cri d'angoisse que ces cinq com
missaires courageux jettent au
pays. Ils posent des interrogations,
et nous ne savons pas comment il
est possible ; d'y repondre : pour
quoi toutes les autorités se sont-
elles rendues complices du mal qui
s'appesantissait sur Naples? Pour
quoi le gouvernement r?" tous les
gouvernements — afin d'obtenir la
'voix des méridionaux à la Chambre,
Ont -il favorisé ces ligues du mal pu
blic ? Pourquoi tout cela et iout ce
qui reste encore à découvrir ? »
Il y a même lieu de soupçonner
- que certains des hommes qui ont
été, au pouvoir avaient souvent
leur part de profits. Elle est sug
gestive, cette histoire de la troi
sième Mme Crispi. Elle achète à
la ville du terrain aux prix de 25
et 15 francs le mètre carré ; elle ob
tient d'abord le prix uniforme de
15 francs, puis bientôt le prix uni
forme est abaissé à 3 francs ! Une
autre fois elle échange avec la ville
des terrains cfégale contenance,
mais de valeurs fort diverses ; et,
pour comble de profit, là commis
sion d'enquête constate qu'elle n'a
même pas quitté le terrain échangé
avec la ville, ,
Outre ces motifs d'ordre indivi
duel, le gouvernement libéral avait
intérêt à appliquer à Naples son
système du laisser faire.
En somme, la càmorra fut tou
jours un des plus fermes appuis de
là dynastie et dés divers ministè
res ; jusqu'en ces derniers temps,
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