Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-11-01
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 novembre 1901 01 novembre 1901
Description : 1901/11/01 (Numéro 12303). 1901/11/01 (Numéro 12303).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7108920
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi t« r Novembre 1901
Ultfn fwtUkaM ■** 12,303
Vendredi .1^ Novembre 1901
DEPOT
ÉDITI ON QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postale)
Un on......... 40 » , 61 »
Six mois 21 »> 26 50
Trois mois Il » 14 _ • . ,
tes abonriéments partent des 1 er et 16 daoha a l Paris..10 cent.
) Départements. 15 —
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BUREAUX Paris, rao Cassette, 17
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LE MONDE
ÉDITION SEMI-OUOTIDIENNS
; ■ PARIS ÉTRANGER
et départements . (union postal?"
Un an 20 # 26 »
Six mois.. ....10 » 13 »
* Trois mais ; ,5 » ....
iii Lsb atoujie]Di6Qta partent dea i" et 16 4« chaque mois
'• - ^L'UNIVERS.ne rêjporïdpas.dés manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
mm- LAQRANG®, CERF et C*«, 6, place de la Bourse
. i. - ' ; . ' ' .t *; V." ' * ' *-"1
.Demain, .fête de LÀ "TOUSSAINT, j
r vers » as paraîtra pas.
PARIS,Si OCTOBRE 1901 '
———.■—- ■ ■ 1- - 1 ' —f-Hw-g *
; BOMMAXRB-" '
Labori contre Wal- ' s
• '■ deck ..'i. E ugène T avernier.;
A un confrère , E ugène V euilloï. j
Lies insensés .Pierre : V.EUiW-0?- ;
Le conflit .franco-. « ; , ..
iturc F. L» r
L'association des . _ ;
commerçants ca
tholiques én Aile*
magne............ II'. C etty.
Apropds de l'exé» -
ctition de Czol-,- ' -
gO&Z. i • V,, J.' M.j ; 1
feuilleton t Le mou- • -
veinent social..,.. . M ax T ubmanv
Bulletin. — Nouvelles 'de Rome; -Un
privilégié." ~ Langage clérical. — La»
laïque ou la faim. — Les congrégations. ,
^Laïcisation • d'école. —• Informations
■politiques «t parlementaires. — A l'Hô-
tel de Yille..— Le congrès des juriscon
sultes. — A Madagascar. — Le confit
franco-turc. — La guerre du Trans-
vaal. — "Etranger. — A travers la pres
se. —'Chronique. — Les anarchistes. —.
Lettres, r scieaces et arts. — Echos de
'partout. —' Chez les socialistes. — La
'question ouvrière.- — Chronique rell-
igieuse. —; Nécrologie, t. Guerre .et ma
rine. — Tribunaux. — La peste. — Nou»
. celles ; diverses. — Calendrier, r— Ta-
, bleau ,et Bulletin de la Bourse. — Der
nière heure.
LABORi 'CONTRE WALDECK
Dëçuis le procès Zola, pendant le
quel il prononça, pour le même per
sonnage, cinquante plaidoiries au
; nioinB j dé^tiis ie procès dè Rennes
ou, chose très imprëvue. îl "se fît
remarquer par son silence, M 0 La-;
bori semblait ne vouloir plus sortir
de son rôle d'avocat.
Cette supposition s'accordait
avec l'attitude de M" Labori envers
la Grande jRèwe, dont il-est le fon
dateur ; où il peut écrire tout ce
iju'iï veut ; ou , depuis , quatre an-
.nées, il n'a.pas écrit une ligne. On
se trompait pourtant. *
-/ II réparait soudain, déployant un
làrgëet solennel manifeste, qui pro
clame « l'Idée « génératrice de l'af
faire ;Dreyfus. C'est tout un pro
gramme * politique, destiné sans
doute à retentir, .et rédigé dans le
bût de former un parti nouveau.
Lîavocat conseil de Mme Dreyfus
déclare ne pas vouloir reprendre
l'Affaire (avec"une majuscule et
même beaucoup d'autres majuscu
les, par exemple pour l'Idée, pour
la Justice; pour la Vérité, pour la
- Fôrce, pour la Loi, etc.). Même il
notifie qu'il entend désormais s'af
franchir de tout lien avec le con-
damné-gracié.
- Sous l'abondante phraséologie,
sous lés distinctions nombreuses,
artificielles, appliquées et, malgré
l'habileté de l'auteur, assez péni
blement développées, on constate:
un fait précis : M* Labori veut se
dégager d'une longue solidarité. Il
blâme,-désavoue et abandonne Drey
fus. Que celui-ci aille trouver un au
tre mandataire si, par hasard, il
éprouve le désir d'être réhabilité
légalement. C'est un client quel
conque; Qu'il.aille se promener; ou
qu'il s'adresse à des avoeats ordi
naires. Il n'aura que l'embarras du
'choix.
Dreyfus « a cessé d'être un sym
bole » et ne* représenta plus rien » j
^Pourquoi ? Parce qu'en acceptant
sa grâce, en préférant « sa liberté ià,
l'honneur légal », il a faussé compa-,
gnie au/parti qui soutenait la lutté-^
Cette déchéance ainsi affirmée,
résume les déclarations faites briè
vement et à demi-voix par la plù-|
part des dreyfusards dé marque..
On savait qUe leur héros leur ;a,
causé, dès qu'ils l'ont vu, d'amères
déceptions. Ils ont trouvé en lui une
nature non seulement apathiqué».
mais antipathique, renfermée, étraâ- j
ge, suspecte. Loin de témoigner i
envers ses partisans la gratitude,,
qu!on devait atténdre d'un mnocerlt^
arraché à: un sort terrible, ïei
revenant de l'île du "Diable les a,
traités avec une invraisemblable et
incompréhensible froideur, même,
avec une sorte d'éloignemerit et de u
défiance. Én somme, il les a re-.
poussés. Eux l'envoient prome-i
ner. Qu'il devienne ce qu'il pourra. ;
' Bien entendu, tout en Se dégà-.
géant, M. Labori n'accepte pas de
se démentir. Il parle encore 4e l'in
nocence du condamné-gracié, mais
il montre nettement que, dès le dé
but et aujourd'hui plus que jamais,
là question essentielle pour lui était ;
et aemeure une affaire de procé
dure, de principe et de,politique. Il
y avait un procès conduit irréguliè
rement et un dossier renfermant
des faux : il a dénoncé les irrégula
rités et les faux, sans beaucoup se
soucier d'abord et ne se souciant
plus du tout à présent de l'individu
eri cause. Déconcertante pour le
gros publies, cette distinction est*au
Palais la chose la plus simple. '
" Seulement, dans une pareille cir
constance, elle peut garder en ré
serve des complications et des sur
prises. Nous les verrons sans doute
se dérouler peu à peu.
Et voici, pourrie moment, un ré
sultat qui ne va pas manquer d'ex-
citer .l'intérêt. M.. Labori déclara les
guerre à M. W-aldeek-Rousseau !
a longue étude, insérée dans la
Grande'Revue, contient'un virulent
réquisitoire contie le ministère né
du dreyfusisme. Les vrais et les
purs dreyfusards l'accusent de n'a-
voirpas ; su « imprimer au pro-
« cès de Rennes la direction que
« l'arrêt de revision imposait •» ;
d'avoir « paralysé tous les cou-
« rages » et « confondant les -grands
« criminels avec les innocents et
«r lés héros » fait voter une amnistie
« scandaleuse »; suivi « une poli-
« tique de personnes et d'intérêts
« mesquins ».
La persécution des congréganis-
tés est jugée par M. Labori un si
mulacre dérisoire. Veut-il donc la
lutte à outrance contra la foi et
contre les pratiques du culté'Ml as
sure que non et même il développe
un vaste plan où le droit qui appar
tient aux doctrines -religieuses est
affirmé avec insistance..Comment le
célèbre avocat se propose de ré
soudre le problème, ce n'est pas
limpide.
A l'égard du socialisme (car cette
étude de-quarante pages, qui n'est
qu'un préambule, traite une demi-
douzaijaade-suj ets tr,ès ? importants),
à l'égard du socialisme, la pensée
de M. Labori se laisse mieux péné
trer. Elle vise la formation d'un
parti qui serait composé de ce qu'il
y a. de large et de généreux dans le
monde bourgeois et de raisonnable
dans le- monde socialiste ; un juste
milieu au -moyen d'une fusion: La
suite sera consacrée : 1° aux chan
gements économiques, aux réfor
mes financières, aux relations in
ternationales ; 2* à la presse, à l'or
ganisation judiciaire, au suffrage
universel; le tout, selon les « solu-
a tions de la Science et de la Raison».
L'heure n'est donc pas venue de con
clure, d'autant j)lus queJa besogne
' promet de rester difficile.
Enattendant.on .peut enregistrer,
deux faits qui ont une importance]
incontestable, bien que la significa-!
tion n'en soit pas claire : M. Labori,.
l'un des hauts personnages du drey-;
fusisme, se aétache de Dreyfus,;!
puis il accable de reproches M. Wal-j
dack-Rousseau. Celui-ci en .effet est
.accusé d'ingratitude : et de trahison.|
On .se doutait bien que dans la,
formidable aventure, figurait unj
traître : ç^est le presidept du con-!
séil ! M. Wa,ldeck-Rousseau, «.depuis
« longtemps fixé sur L'innocence.
« d'Alfred Dreyfus,» avait conservé,
« pendant tout le cours des événe-
« ments -des relations amicales a,vec
« les premiers défenseurs du pri
er sonnierBénéficiaire d'un tel;
effort, il n'a fait que.« ménager sa
« fortune politique tant que l'évé-
« nement était incertain ». Enfin, il
est encore;qualifié de collaborateur
et de continuateur de' M. Méliiie, ce
qui représente la suprême flétris
sure.
Attè'ndons la suite que proposera
'M. 'Labori, associé avec M. Jaurès
afin de fonder un parti nouveau ;
attendons avec patience car ils ont
un goût prédominant pour les
longues 'explications.
Eugène T avernier,
— » »' '■'»
"BULLETIN
. Comme nous avons è^è les premiers à
l'annoncer hier, en Dernière-Heure, une
division navale fait route vers" les eàux
turques,-pouY mettre enfin un terme au
mauvais vouloir du sultan,- et obtènir à
la France fautes les satisfactions maté
rielles et morales qui lui sont dues.
La remise&uxInvalides des drapeaux
de Madagascar, et de Vexpédition de
Chinera donné lieu, à une .émouvante
cérémonie.
Le gouverneur de Paris.et le général
Voyron étaient présents, entourés de
nombreux généraux, avec les aumô
niers des Invalides et du Qorps expédi
tionnaire.
'A la sortiè, une foule enthousiaste
a longuement acclamé les chefs et le§
soldat*.
La série des discours ministériels se
poursuit m, Angleterre ; c'était hier, à
Douvres, le tour de M, Wyndham, se
crétaire d'Etat-pour fïrla fide.
lia été, comme toujours, longuement
question de la- guerre, et l'orateur an-
. g lais & conclu assez ingénuement : « Je
'ne puis vous dire quand nous en attein
drons la fin, mais )e dis que' nous l'at
teindrons. »
Que nnust voilà loin du, temps où l'on
escomptait, à quelques semaines, le
plaisir ûè'vïdër,'h PHtoria,'des flacons
de Champagne ! ?
On parle, en Allemagne, de la démis
sion au comte de Bulow.
Le chancelier de l'Empire serait en
désaccord avec son souverain sur la
question douanière, celui ci tenant pour
les traités de commerce, l'autre favori
sant les tendances agrariennes.;
Nouveau débat à la- Chambre espa
gnole sur les congrégations religieu
ses.
M. Villaverdey ancien r[iinistre, »a re
vendiqué hautement peur l'Eglise le
droit de former des associations, et un
député carliste, M. Irigaray, a établi
que tous les ordres religieux sont com
pris dans le Concordat.
Le mauvais état de santé du grande
vizir fait prév»ir d'importants changer
ments dans le gouvernement turc.
Oh parle toujours de l'annexion de la
Crète a la Grèce,.que Vambassadeur ot
toman à Saint Petersbdurg aurait an
noncée comme « imminente et inévita
ble ». ' . '
Dans une interview avec un rédaç-t
(sur. de la Revue d'Orient, le • ministrel
À/" affaires-,étrangères bulgare s .dé
claré que les cabinets de Vienne et dé
So fia.sonl d'accord pour .abroger le ré-!
gime des ;capitulations, qui laisse en
core la Bulgarie vassale du sultan.
NOUVELLES DE ROME
- . ;,s. , t, ^ ifo|îé|u| : ^ -» ' ^
- 29 ôptôhfe.
Le Souverain^Pontife a reçu dimanche
Mgr Kennedy, nouveau recteur du col
lège américain du Nord, et quelques au-,
tres.personnes qui avaient obtenu la fa-,
veur fe d'audiences particulières. . Hier,
lund^, Sa Sainteté a.reçu encore S.Em.
le cardinal SatolU, qui vient de rentrer,
de Pérouse à Rome ; et Mgr de Neckerè,
économe de la Fabrique de Saint-Pierre;
et enfin les deux Pères Jubaru, S; J., pro
fesseurs au séminaire pontifical d'Àna-
gni. ■
Mgi*'Chapelle.
Mgr Chapelle, archevêque de la Nou
velle Orléans, vièrit d'être nommé évê-
que assistant $u trône pontifical. Le Pape
a voulu reconnaître ainsi les services
rendus par Mgr Chapelle dans les déli
cates négociations dont il l'a chargé à'
titre .de délégué apostolique aux îles Phi
lippines.
• — -♦-< — —
A M CONFRERE
Plusieurs, fois déjà et à longues
distances, nous avons signalé le»
attaques de M. Edouard Drumont,
non seulemënt contre la politique du
"Saint-Siège, mais, aussi contre la
personne dû Pape. Nous somiiies
sûrs de l'avoir toujours fait saps
précipitation, sans afiiertumë, sans
parti pris, car toujours il nous en a
coûté de le faire. C'est encore notre
•cas aujourd'hui.
Depuis quelque temps, le brillant
chef aes antisémites prend très vite
à .son compte.les bruits que certains
nouvellistes, facilement écoutés, des
sectaires et des réfràctaires, ne
cessent de répandre sur la santé du
Pape. Lui, journaliste expérimenté
et qui se connaît en îausses nou
velles, il accepte aveuglément celles-
ci ; il croit meme les avoir puisées,
selon la "formule, aux ' sources
les plus sûres et part de là. pour ju-
fer; avftc unps désinvolture voisine
u dédain, Léon Xlir. il blâme de
haut les conseils que ce.grand Pape
a donnés aux catholiques français
et» voulant -sans. doute éclairer, le
Pape futur, indique • ce qu'il aurait
fallu faire.
C'est assurément le droit de M.
Edouard Drumont comme de tout
le monde au temps présent dë com
menter leë actes du chef de l'E
glise. Mais comme catholique ..pra
tiquante et enseignant 7-T .car il en
seigne -T- notre confrère de la Libre
Parole - ne craint-il pas d'y mettre
trop de sans-gêne ? Il devrait s'in-
terroger là-dessus. ,
Il va huit ou dix jours dans un
article intitulé : « Nos Evêques », il
apprenait à son public qu'il n'y
avait plus de Pape et il en donnait
les raisons ; hier il montrait avec
une commisération < protectrice
Léon XIII se survivant et devant
regretter de s'être ingéré sur une
inspiration malheureuse -dans les
affaires intérieures de la France.
Poser ainsi la question c'est la
fausser, et le tort = reste grand,
même £ s'il est, comme nous voulons
le croire; involontaire. Mais com-j
bien le Jton dégagé, sujpérié^ri foù- 1
cièrémènt. irrëspèctuéux de ces ' ôri-
tiques et reproches IeB' aggrave 4 !
M. Edouard Drumont veut relever:
les catholiques. L'intention est-
bonne. Seulement ce n'est pas eu 1
les poussant à ne plus respecter le'
Pape qu'il y arrivëra. Nouslë prions,
d'y songer." ;
Eugène V euillqj 1 . . , ;
i*-—-'
LES JNSENSÊ3
Est-ce vrai? v I
Lé'journal qui l'affirmé, — la Ré-,
publique,'— ést' un • organe sérieux. •
On le compte parmi les 'feùillesydé-';
venues rares, qui n'inventent .pas'
des nouvelles et des informations
pour les-besoins de leur cause. Et
oependant, nous ne pouvons nous
défendre d'un doute quand nous li
sons dans ses colonnes que,,diman
che, à Barbéziejix. un certain nom
bre de Goriservatéjirs se sont abs
tenus,j)ar principe, entre M. Gérald
et M. Landry.
Une affiche aurait été apposée
sur les murs, la veille du scrutin,
recommandant avéc instance à tous
les conservateurs de ne point aller
aux urnes. Et nous constatons, en
effet, qu'il y â eu (environ mille vo
tants ae moins,qu'en 1898.
On «ait quelle attitude avaient
adoptée les .deux candidats. Sans
montrer de .ferveur ministérielle,
M. Gérald .ten'àit "un .langage où ne
se trouvait pas trace d'hostilité
contre le cabinet (ié soi-disant Dé
fense républicaine. JLiés officieux,
l'administration, tpiis nos sectaires
et tous nos jacobins, se contentant
dë cette adhésion implicite, fai
saient ardemment campagne pour
*M. Landry, au contraire, avait
pris nettement «.position contre la
politique de nos gouvernants ac
tuels. .11.condamnaitia. loi,sur les
associations. Il parlait en vrai libé
ral, en honnête-homme. D'ailleurs,
nous avons publié sa profession de
foi. La vérité nous oblige à dire que
c'est un républicain. ; - ' ^
Son républicanisme, voilà, évi
demment, ce qu'ian certain. nombre
, de. conservateurs n'ont pas pu lui
Êardonner. Voter .pour un répu-
licain, «es messieurs ne ..sauf
raient-s'y résoudre. On.ne «donne
f>as son suffrage à un républicain,
orsqu'on est sûr d'avoir tout pro
chainement l'occasion d'étrangler
la Gueuse.
Résultat :. M. Gérald ;l'.a emporté
de 205 ,voix. C'est un.succès de,plus
à l'actif du ministère. Les officieux
le £ont retentir. L'opinion se, dit : —
Décidément, Mi Waldeck-Rousseau
est fort et la majorité-du pays l'ap
prouve.:: Excellente préparation en
vue dela gtaride bataille électorale
de demain ! / -
Ne croyez pas, du reste, què les
conservateurs abstentionnistes de
Barbézieux soient navrés. Ce sont
de nos fermes partisans de la poli
tique du'pire. Ils n'en reviendront
que le jour ; qù ils se trouveront Ip,
tête sous le couperet de la guillotine,
tour avoir réclamé contre la cçin-
scation de leurs biens par le gou
vernement i collectiviste, — lin in-
f rat qui leur devra son avènement.
1 protesteront contre son manque
de, reconnaissance. Trop tard!
Nous le regretterons même pour
eux, mais surtout à causé du
pays.
Pierre V euillot.
UN "PRIVILÉGIÉ
Nous lisons dans le Figaro : ^
On a procédé hier & la toilette du petit
•erateire de .l'Elysée ^.et fait revivre ^ur ieur
fond d'or ces douze belles fresques peintes,
en 1864, par Sébastien Cornu, qui repré
sentent notamment Charlemagne, saint
Louis, sainte.CJotllde. sainte Geuevicve,
saint "Denis, etc. - ' -
Des fleurs ont, en outre, été déposées au
pied d'une statue de la Vierge qui se trouve
là, ayant été achetée «u Salon de 1357 par
. l'impératrice Eugénie.
Et dans,cet. oratoire ainsi .paré, la messe
de la Toussaint sera célébrée demain par le
curé de Saint-Philippe du Roule.
Noqs félicitons-M. Loubet d'assister à
la messe et de faire -dans cette occasiqn, de premier magis
trat d'une nation. chrétienne. Mais nous
ne pouvons nous empêcher dépenser et
de dire que pendant' ce temps de petits
fonctionnaires, étroitement surveillés|et
savamment intimidés, ne peuvent aller à
la messe.
Pendant > ce' temps, le général André
fait espionner et inscrire sur des fiches
-spéciales les officiers qui remplissent
leurs devoirs religieux.
M. Loiibet est un privilégié, et son
privilège est d'autant plu3 précieux que
les bons jacobins d'extrême gauche, al
liés de son gouvernement, s'abstiendront
soigneusement d'ouvrir l'œil suries « ma-
nifestations cléricalea » de l'Elysée.
Ah ! si le président de la République.
s'appeïaitM. Méline l Quels fulgurants
articles, mes amis I
Au point de vue professionnel et litté
raire, les gens du Radical et de la Lan
terne doivent le regretter un peu.
. LE CONFLIT FR&KCO-TURC
Nptre gouvernement vient enfin
de -se décider à prendre les seules
résolutions capables de mettre un
-termeÀ ,u».. ctat ; , de ^choses, .déplo
rable, dont la prolongation était
aussi contraire à la dignité de la
-, France que nuisible à son influence
et à son prestige en Orient.,
Unp dépêche de Toulon, .confir
mée par des informations de bonne
source, -nous annonce le, départ
d'une escadre pour les mers du Le-
i vant": elle-emporte deux mille hom
mes; de troupes de débarquement,
et se trouvera par conséquent en
•mesure de donner ,un caractère ef-
,ïectif ai'ultimatum qu'elle emporte.
.- JEn -présence de cette démonstra
tion assurément trop tardive mais
enfin >très significative, il y a lieu
d'espérer que le gouvernement turc
se hâtera'de remplir ses engage
ments èt dé nous donner à tous
égards,; ét dans les formes réqui-
ses,' tpUtçs 'les sa,tisfactions qu'il
nous doit; que si contrairement à
ces prévisions, il persistait obstiné-
>ment dans se.s réponses équivoques
et dilatoires, l'amiral ^commandant
«les forces navales françaises pro
cédera immédiatement, sans doute,
à l'occupation d'un point du littoral
turc, choisi à ben escient et tel que
'la Sublime Port© comprendra que
, le temps des mauvaises raisons est
passé.
. « Mieux .vaut tard que jamais »
est un proverbe familier dont l'ap
plication est tout à fait de saison :
notre gouvernement pourra l'invo
quer,, mais .seulement à titre de
circonstance atténuante, car il aura
toujours grand'peine à justifier sa
conduite dans le malheureux con
flit franco-turc ; il aura beau dire,
il ne pourra contester que la dignité
de la France et son influence dans
toût le Levant ont sérieusement
souffert de ses interminables tergi
versations, en cette affaire, et de
; sou inexplicable inaction.
F. L.
; FEUILLETON DE VUNIVERS
' ' m a" novembre 1901
li MOUVEMENT SOCIAL
M A ^ .
/ A propos de la grève générale
des .mineurs français.
^Pourquoi : *4â "grève • générale a^t-ëlle été
"ajournée?— Les charbons étrangers et
la grève. — Première tentative d'union
. entre les mineurs- des divers pays d'Eu-
r«pe. ; Le congrès International de
,Londres (mai 1901). — Un appel de M.
. . Cotte . & la. solidarité Internationale des
! mineurs.: les délégués anglais ne veu
lent rien entendre. — Nous sommes en
core loin de la « grève internationale 1 »
Là grève générale des mineurs fran
çais n'aura pas lieu —immédiatement
du moins ; mais, dans un but facile à
-comprendre, lé -comité -fédéral a laissé
"dire qu'il n'y avait là qu'un simple ajour
nement : si, un jour, les circonstances
l'exigeaient—*ou mieux le permettaient
le conseil décréterait la « guerre des
^bras croisés ».
Sans être grand clerc, on peut
supposer qué deB ; raisons politiques
«nt-influé sur la " décision des mem
bres de la majorité : ils n'ont point
voulu susciter de trop redoutables
difficultés au -ministère Waldeck-Mille-
Krand dont ils espèrent de grosses conces
sions.
:-.Mais ,i à notre avis, les raisons pure
ment politiques n'ont pas été les seules à
décider les quatre sages du comité, fédé
ral. Des considérations d'ordre profes
sionnel ont. dû également motiver leur
prudente résolution. Il ne sera pas sans
intérêt de rechercher quelles ont pu être
ces considérations. i-
' v « ; •- i
'• c .• • t# • - .
L'échec d'une -grève-entraîne presque
.toujours,pour le^mouvement syndical ou
vrier,* de désastreuses conséquences. Les
chefs de la fédération des mineurs le sa
vent -mieux que personne, et lés exem
ples ont ! dû venir nombreux à leur mé
moire; aussi, avant de courir la péril*
leuse aventure, ont-ils dû peser leurs
'chànceB de BueoèB.
Oelles-ci, il leur a été facile de le re
connaître, étaient assurément bien fai
bles.
Le ministère se disait résolu à -faire
respecter a la.liberté du travail-* : M.
Waldéck-Rousseau le déclarait dans une
lettre rendue ' publique et destinée à ras
surer le bon bourgeois français, qui
déjà commençait à prendre peur. De
plus, les agences et les journaux Of
ficieux laissaient - clairement entendre
que le gouvernement avait préparé d'im
portantes -mesures militaires. Impossi
ble'donc aux grévistes de tabler sur
l'abstention complaisante du cabinet.
C'était déjà une grosse difficulté — et la
quasi-certitude d'un insuccès.
Ne pouvant compter sur le « camarade
Millerand », les militants pouvaient ils au
moins espérer entraîner à leur suite, de
gré ou de force, tous les membres de leur
corporation? C'était pour le moins dou
teux."
Les chiffres -du dernier référendum
avaient en somme confirmé ceux de la
première consultation, qui avait eu lieu
le 28 avril dernier, à la.suite de la grève
de Montçeau-les-Mines. On se rappelle
peut-être les résultats de ce scrutin d'un
nouveau genre : sur' 162,000 mineurs
(dont environ 62,000 syndiqués), 30 à
Sôj'OOCV seulement, votèrent la grève gé
nérale dans le cas o^ l'on ne ferait pas
droit aux revendications des Monteil-
liens. Mais 18,000 ouvriers se prononcè
rent contre octte résolution, et 110,000 —r
— c'est-à-dire plus des trois cinquièmes
— crurent devoir s'abstenir. Le dernier
-référendum a donné deB chiffres sensi
blement analogiies, quoique cependant
le nombre des abstentionnistes ait un
peu.diminué-et que,par contre, celui des
. partisans de là-grève se soit légèrement
augmenté.
Le congrès que les délégués de ia fédé
ration des mineurs. tinrent à Lens le 13
avril dernier avait sans doute prévu que
' la grande masse des mineurs ne se dé
rangerait pas pour aller voter. Aussi
. avait-il pris une . singulière décision :
dans le dépouillement du référendum,
les-abstenants "devaient être considérés
comme ayant tacitement approuvé .les
résolutions de la majorité des votants.
Les congressistes -de Lens pouvaient se
passer; cette fantaisie. Mais les membres
ducomité fédérai, chargés de décréter,
la grève générale et d'endosser ainsi une
grave-responsabité, ont dû se dire que
ces cent mille abstentions ne semblaient
pas témoigner*d'un bel enthousiasme;:
en présence des, quinze à vingt mille Ap
posants, ce serait un terrible a poids
mort » à soulever; dans tous les cas, on
pouvait être sûr que ces « grévis
tes malgré eux > ne feraient paB grand
;■ eSort pour soutenir leurs revendications :
ils saisiraient, pour la ^plupart, le pre-,
mier mauvais prétexte venu pour retour-,
ner au travail, Àvec une pareille armée,
si ppu disciplinée, si divisée de senti-;
ments, on ne.pouvait vraiment pas se
mettre en campagne. Le mieux était donc
de provisoirement battre en retraite.
C'est sans^doutece que peneala majorité
des délégués réunis la semaine passée à
Sainte-Etienne. C'est, du .. moins, ce qu 'à
leur place nous aurions pensé.
Mais une autre considération, singu-'
Iièrement grave, a dû venir également : à
leur esprit : elle était de nature à consi
dérablement fortifier l'argumentation des "
prudents et des politiques du comité, el|e
leur a peut-être donné gain de «ause sur
les ardents et les violents.
Pour qu'une grève générale de mi
neurs réussisse'—- ne fût-ce qu'à moitié:
— il ne suffit pas que. tous les mineurs,
d'un pays quittent résolument le travail'
et se refusent à le reprendre jusqu'à Ce
que les patrons aient cédé.
Sans doute, s'il y a chez les ouvriers*
ferme ? volonté de lutter jusqu'au bout,
les travailleurs peuvent espérer obtenir
quelques concessions de leurs ployeurs » qui préfèrënt céder partielle
ment que d'être ruinés totalement. Lés
grévistes peuvent aussi compter sur la
pression du public qui, gêné .dans ses
habitudes et, parfois même, lésé dans ses
intérêts, réclame,!coûte que-coûte/la.fin
d'un conflit qui a une si -désastreuse-ré
percussion. Rappelez vous, par exemple,-
ce qui se passe régulièrement lorsque se
prolonge une grève de cochers ou sur-:
tout, d'.employ.és d'omnibus et. de tram
ways. Et cette gêne, et ces ruines se
raient. autrement redoutables, si lajjrève
privait de charbon toute une région ; iil
n'est.pour ainsi dire, pas un individu,
qui, d'une façon ou d'une autre, n'au
rait à souffrir de cette cessation de tra
vail.
: Mais, pour qu'il en fût ainsi, il faudrait
que le charbon étranger ne pût pénétrer
en France et remplacer la houille indi
gène. ;
Pour interdire cette .entrée,, les mi
neurs .grévistes ne, peuvent .naturelle
ment pas compter sur des. mesures pri
ses parles pouvoirs publics : ceux-ci, au
contraire, dans l'intérêt .général, feront
tout ce qu'ils pourront pour . atténuer les
conséquences douloureuses de la>disette
et ^empresseront de supprimer .tout T
obstacle ; à l'importation 4e la. houille
exotique.. *
Les mineurs grévistes ne peuvent es- c
pérer - empécher cette i invasion que de
deux manières, soit en décidant, les ou
vriers et employés des chemins de ferià
se mettre eux aussi en grève, soit en
amenant leurs, camarades de l'étranger
à faire cause commune avec eux.
Nous ne dirons rien, pour, aujourd'hui,
de là -grève..possible des divers agents,
des transports ; il nous .suffira de faire
remarquer que cette grève présente de
grandes difficultésde réalisation: legou-
vernèment, en e^ïet, est armé de moyens
d'action spéciaux vis-à-vis de ces travail
leurs «qui,au point de yue.de ia défense,
etde la vie. nationales, ont un rôle-dès
plus importants.
Par contre, nous insisterons' sur l'en
tente internationale, condition essentielle
de succès pour une;grève générale.
Cette entente, .les.mineurs français ont
essayé de la faire paître :,.une fois de pltis,
au récent congrès de Londres^ ils ont
posé la question de la solidarité de tous
les .mineurs, mais , comme nous le mon
trerons, ils n'ont obtenu que des phrases ,
vagues — sans aucune promesse prati-'
quement précise.
Avant de raconter cet échec qui à lui
Seul justifierait les dernières décisions
du comité fédéral français, il nous pa
raît utile d'appeler l'attention de nos lec
teurs sur ces congrès internationaux de
mirçeurs et sur la commission interna
tionale qui en est issue. Lors de ces con
grès annuels,les journaux se contentent
d'insérer un bref compte rendu télégra
phique — et la foule des lecteurs passe
-à la Rubrique suivante sans, le plus sou
vent, attacher importance - à ces réu
nions auxquelles d'ailleurs elle ne com
prend, pas grand'chose. C'est pourtant,
d^ns ces . assemblées, que sé prépare
peutiêtçe l'organisation Bociale de l'ave
nir ; c'est à coup sûr, de ces réunions
que peut..sortir, un jour ou l'autre,
une déclaration de guerre au régime
capitaliste et individualistè. Il n'est donc
pas indifférent de prêter l'oreillè aux dé
libérations qui depuis dix. ans réunissent
annuellement "les délégués des mineurs
î européens.
, , #
«
La Fédération internationale a pris
naissance en Angleterre.
Un ouvrier du Yoïkshire, M. Benja
min Pickard, devenu membre du Par
lement britannique, qui durant de lon
gues années avait été secrétaire gé
néral de l'Association des mineurs de
son comté, eut l'idée en 1889 de consti
tuer,une fédération nationale des mi-
iie'urs anglais : cë fut la « Miner's Natio
nal Union > qui, en peu de mois; groupa
toutes les sociétés,locales.
Mais M. Pickard et ses collègues com-
prirer*" vite la force que donnerait à leurs
revendications une entente avec -leurs
camarades du continent. Ils s'abouchè
rent donc avec les chefs des syndicats de
France, de -Belgique et d'Allemagne —
et, du 20 au 23 mai 1890* se tint en Bel
gique, à Jolimont, le premier congrès in
ternational-des mineurs. -
Les séances furent quelque pe 4 mou
vementées.. Les délégués français, alle
mands et belges se.montrèrent, pour la
Ultfn fwtUkaM ■** 12,303
Vendredi .1^ Novembre 1901
DEPOT
ÉDITI ON QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postale)
Un on......... 40 » , 61 »
Six mois 21 »> 26 50
Trois mois Il » 14 _ • . ,
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ANNONCES
mm- LAQRANG®, CERF et C*«, 6, place de la Bourse
. i. - ' ; . ' ' .t *; V." ' * ' *-"1
.Demain, .fête de LÀ "TOUSSAINT, j
r vers » as paraîtra pas.
PARIS,Si OCTOBRE 1901 '
———.■—- ■ ■ 1- - 1 ' —f-Hw-g *
; BOMMAXRB-" '
Labori contre Wal- ' s
• '■ deck ..'i. E ugène T avernier.;
A un confrère , E ugène V euilloï. j
Lies insensés .Pierre : V.EUiW-0?- ;
Le conflit .franco-. « ; , ..
iturc F. L» r
L'association des . _ ;
commerçants ca
tholiques én Aile*
magne............ II'. C etty.
Apropds de l'exé» -
ctition de Czol-,- ' -
gO&Z. i • V,, J.' M.j ; 1
feuilleton t Le mou- • -
veinent social..,.. . M ax T ubmanv
Bulletin. — Nouvelles 'de Rome; -Un
privilégié." ~ Langage clérical. — La»
laïque ou la faim. — Les congrégations. ,
^Laïcisation • d'école. —• Informations
■politiques «t parlementaires. — A l'Hô-
tel de Yille..— Le congrès des juriscon
sultes. — A Madagascar. — Le confit
franco-turc. — La guerre du Trans-
vaal. — "Etranger. — A travers la pres
se. —'Chronique. — Les anarchistes. —.
Lettres, r scieaces et arts. — Echos de
'partout. —' Chez les socialistes. — La
'question ouvrière.- — Chronique rell-
igieuse. —; Nécrologie, t. Guerre .et ma
rine. — Tribunaux. — La peste. — Nou»
. celles ; diverses. — Calendrier, r— Ta-
, bleau ,et Bulletin de la Bourse. — Der
nière heure.
LABORi 'CONTRE WALDECK
Dëçuis le procès Zola, pendant le
quel il prononça, pour le même per
sonnage, cinquante plaidoiries au
; nioinB j dé^tiis ie procès dè Rennes
ou, chose très imprëvue. îl "se fît
remarquer par son silence, M 0 La-;
bori semblait ne vouloir plus sortir
de son rôle d'avocat.
Cette supposition s'accordait
avec l'attitude de M" Labori envers
la Grande jRèwe, dont il-est le fon
dateur ; où il peut écrire tout ce
iju'iï veut ; ou , depuis , quatre an-
.nées, il n'a.pas écrit une ligne. On
se trompait pourtant. *
-/ II réparait soudain, déployant un
làrgëet solennel manifeste, qui pro
clame « l'Idée « génératrice de l'af
faire ;Dreyfus. C'est tout un pro
gramme * politique, destiné sans
doute à retentir, .et rédigé dans le
bût de former un parti nouveau.
Lîavocat conseil de Mme Dreyfus
déclare ne pas vouloir reprendre
l'Affaire (avec"une majuscule et
même beaucoup d'autres majuscu
les, par exemple pour l'Idée, pour
la Justice; pour la Vérité, pour la
- Fôrce, pour la Loi, etc.). Même il
notifie qu'il entend désormais s'af
franchir de tout lien avec le con-
damné-gracié.
- Sous l'abondante phraséologie,
sous lés distinctions nombreuses,
artificielles, appliquées et, malgré
l'habileté de l'auteur, assez péni
blement développées, on constate:
un fait précis : M* Labori veut se
dégager d'une longue solidarité. Il
blâme,-désavoue et abandonne Drey
fus. Que celui-ci aille trouver un au
tre mandataire si, par hasard, il
éprouve le désir d'être réhabilité
légalement. C'est un client quel
conque; Qu'il.aille se promener; ou
qu'il s'adresse à des avoeats ordi
naires. Il n'aura que l'embarras du
'choix.
Dreyfus « a cessé d'être un sym
bole » et ne* représenta plus rien » j
^Pourquoi ? Parce qu'en acceptant
sa grâce, en préférant « sa liberté ià,
l'honneur légal », il a faussé compa-,
gnie au/parti qui soutenait la lutté-^
Cette déchéance ainsi affirmée,
résume les déclarations faites briè
vement et à demi-voix par la plù-|
part des dreyfusards dé marque..
On savait qUe leur héros leur ;a,
causé, dès qu'ils l'ont vu, d'amères
déceptions. Ils ont trouvé en lui une
nature non seulement apathiqué».
mais antipathique, renfermée, étraâ- j
ge, suspecte. Loin de témoigner i
envers ses partisans la gratitude,,
qu!on devait atténdre d'un mnocerlt^
arraché à: un sort terrible, ïei
revenant de l'île du "Diable les a,
traités avec une invraisemblable et
incompréhensible froideur, même,
avec une sorte d'éloignemerit et de u
défiance. Én somme, il les a re-.
poussés. Eux l'envoient prome-i
ner. Qu'il devienne ce qu'il pourra. ;
' Bien entendu, tout en Se dégà-.
géant, M. Labori n'accepte pas de
se démentir. Il parle encore 4e l'in
nocence du condamné-gracié, mais
il montre nettement que, dès le dé
but et aujourd'hui plus que jamais,
là question essentielle pour lui était ;
et aemeure une affaire de procé
dure, de principe et de,politique. Il
y avait un procès conduit irréguliè
rement et un dossier renfermant
des faux : il a dénoncé les irrégula
rités et les faux, sans beaucoup se
soucier d'abord et ne se souciant
plus du tout à présent de l'individu
eri cause. Déconcertante pour le
gros publies, cette distinction est*au
Palais la chose la plus simple. '
" Seulement, dans une pareille cir
constance, elle peut garder en ré
serve des complications et des sur
prises. Nous les verrons sans doute
se dérouler peu à peu.
Et voici, pourrie moment, un ré
sultat qui ne va pas manquer d'ex-
citer .l'intérêt. M.. Labori déclara les
guerre à M. W-aldeek-Rousseau !
a longue étude, insérée dans la
Grande'Revue, contient'un virulent
réquisitoire contie le ministère né
du dreyfusisme. Les vrais et les
purs dreyfusards l'accusent de n'a-
voirpas ; su « imprimer au pro-
« cès de Rennes la direction que
« l'arrêt de revision imposait •» ;
d'avoir « paralysé tous les cou-
« rages » et « confondant les -grands
« criminels avec les innocents et
«r lés héros » fait voter une amnistie
« scandaleuse »; suivi « une poli-
« tique de personnes et d'intérêts
« mesquins ».
La persécution des congréganis-
tés est jugée par M. Labori un si
mulacre dérisoire. Veut-il donc la
lutte à outrance contra la foi et
contre les pratiques du culté'Ml as
sure que non et même il développe
un vaste plan où le droit qui appar
tient aux doctrines -religieuses est
affirmé avec insistance..Comment le
célèbre avocat se propose de ré
soudre le problème, ce n'est pas
limpide.
A l'égard du socialisme (car cette
étude de-quarante pages, qui n'est
qu'un préambule, traite une demi-
douzaijaade-suj ets tr,ès ? importants),
à l'égard du socialisme, la pensée
de M. Labori se laisse mieux péné
trer. Elle vise la formation d'un
parti qui serait composé de ce qu'il
y a. de large et de généreux dans le
monde bourgeois et de raisonnable
dans le- monde socialiste ; un juste
milieu au -moyen d'une fusion: La
suite sera consacrée : 1° aux chan
gements économiques, aux réfor
mes financières, aux relations in
ternationales ; 2* à la presse, à l'or
ganisation judiciaire, au suffrage
universel; le tout, selon les « solu-
a tions de la Science et de la Raison».
L'heure n'est donc pas venue de con
clure, d'autant j)lus queJa besogne
' promet de rester difficile.
Enattendant.on .peut enregistrer,
deux faits qui ont une importance]
incontestable, bien que la significa-!
tion n'en soit pas claire : M. Labori,.
l'un des hauts personnages du drey-;
fusisme, se aétache de Dreyfus,;!
puis il accable de reproches M. Wal-j
dack-Rousseau. Celui-ci en .effet est
.accusé d'ingratitude : et de trahison.|
On .se doutait bien que dans la,
formidable aventure, figurait unj
traître : ç^est le presidept du con-!
séil ! M. Wa,ldeck-Rousseau, «.depuis
« longtemps fixé sur L'innocence.
« d'Alfred Dreyfus,» avait conservé,
« pendant tout le cours des événe-
« ments -des relations amicales a,vec
« les premiers défenseurs du pri
er sonnierBénéficiaire d'un tel;
effort, il n'a fait que.« ménager sa
« fortune politique tant que l'évé-
« nement était incertain ». Enfin, il
est encore;qualifié de collaborateur
et de continuateur de' M. Méliiie, ce
qui représente la suprême flétris
sure.
Attè'ndons la suite que proposera
'M. 'Labori, associé avec M. Jaurès
afin de fonder un parti nouveau ;
attendons avec patience car ils ont
un goût prédominant pour les
longues 'explications.
Eugène T avernier,
— » »' '■'»
"BULLETIN
. Comme nous avons è^è les premiers à
l'annoncer hier, en Dernière-Heure, une
division navale fait route vers" les eàux
turques,-pouY mettre enfin un terme au
mauvais vouloir du sultan,- et obtènir à
la France fautes les satisfactions maté
rielles et morales qui lui sont dues.
La remise&uxInvalides des drapeaux
de Madagascar, et de Vexpédition de
Chinera donné lieu, à une .émouvante
cérémonie.
Le gouverneur de Paris.et le général
Voyron étaient présents, entourés de
nombreux généraux, avec les aumô
niers des Invalides et du Qorps expédi
tionnaire.
'A la sortiè, une foule enthousiaste
a longuement acclamé les chefs et le§
soldat*.
La série des discours ministériels se
poursuit m, Angleterre ; c'était hier, à
Douvres, le tour de M, Wyndham, se
crétaire d'Etat-pour fïrla fide.
lia été, comme toujours, longuement
question de la- guerre, et l'orateur an-
. g lais & conclu assez ingénuement : « Je
'ne puis vous dire quand nous en attein
drons la fin, mais )e dis que' nous l'at
teindrons. »
Que nnust voilà loin du, temps où l'on
escomptait, à quelques semaines, le
plaisir ûè'vïdër,'h PHtoria,'des flacons
de Champagne ! ?
On parle, en Allemagne, de la démis
sion au comte de Bulow.
Le chancelier de l'Empire serait en
désaccord avec son souverain sur la
question douanière, celui ci tenant pour
les traités de commerce, l'autre favori
sant les tendances agrariennes.;
Nouveau débat à la- Chambre espa
gnole sur les congrégations religieu
ses.
M. Villaverdey ancien r[iinistre, »a re
vendiqué hautement peur l'Eglise le
droit de former des associations, et un
député carliste, M. Irigaray, a établi
que tous les ordres religieux sont com
pris dans le Concordat.
Le mauvais état de santé du grande
vizir fait prév»ir d'importants changer
ments dans le gouvernement turc.
Oh parle toujours de l'annexion de la
Crète a la Grèce,.que Vambassadeur ot
toman à Saint Petersbdurg aurait an
noncée comme « imminente et inévita
ble ». ' . '
Dans une interview avec un rédaç-t
(sur. de la Revue d'Orient, le • ministrel
À/" affaires-,étrangères bulgare s .dé
claré que les cabinets de Vienne et dé
So fia.sonl d'accord pour .abroger le ré-!
gime des ;capitulations, qui laisse en
core la Bulgarie vassale du sultan.
NOUVELLES DE ROME
- . ;,s. , t, ^ ifo|îé|u| : ^ -» ' ^
- 29 ôptôhfe.
Le Souverain^Pontife a reçu dimanche
Mgr Kennedy, nouveau recteur du col
lège américain du Nord, et quelques au-,
tres.personnes qui avaient obtenu la fa-,
veur fe d'audiences particulières. . Hier,
lund^, Sa Sainteté a.reçu encore S.Em.
le cardinal SatolU, qui vient de rentrer,
de Pérouse à Rome ; et Mgr de Neckerè,
économe de la Fabrique de Saint-Pierre;
et enfin les deux Pères Jubaru, S; J., pro
fesseurs au séminaire pontifical d'Àna-
gni. ■
Mgi*'Chapelle.
Mgr Chapelle, archevêque de la Nou
velle Orléans, vièrit d'être nommé évê-
que assistant $u trône pontifical. Le Pape
a voulu reconnaître ainsi les services
rendus par Mgr Chapelle dans les déli
cates négociations dont il l'a chargé à'
titre .de délégué apostolique aux îles Phi
lippines.
• — -♦-< — —
A M CONFRERE
Plusieurs, fois déjà et à longues
distances, nous avons signalé le»
attaques de M. Edouard Drumont,
non seulemënt contre la politique du
"Saint-Siège, mais, aussi contre la
personne dû Pape. Nous somiiies
sûrs de l'avoir toujours fait saps
précipitation, sans afiiertumë, sans
parti pris, car toujours il nous en a
coûté de le faire. C'est encore notre
•cas aujourd'hui.
Depuis quelque temps, le brillant
chef aes antisémites prend très vite
à .son compte.les bruits que certains
nouvellistes, facilement écoutés, des
sectaires et des réfràctaires, ne
cessent de répandre sur la santé du
Pape. Lui, journaliste expérimenté
et qui se connaît en îausses nou
velles, il accepte aveuglément celles-
ci ; il croit meme les avoir puisées,
selon la "formule, aux ' sources
les plus sûres et part de là. pour ju-
fer; avftc unps désinvolture voisine
u dédain, Léon Xlir. il blâme de
haut les conseils que ce.grand Pape
a donnés aux catholiques français
et» voulant -sans. doute éclairer, le
Pape futur, indique • ce qu'il aurait
fallu faire.
C'est assurément le droit de M.
Edouard Drumont comme de tout
le monde au temps présent dë com
menter leë actes du chef de l'E
glise. Mais comme catholique ..pra
tiquante et enseignant 7-T .car il en
seigne -T- notre confrère de la Libre
Parole - ne craint-il pas d'y mettre
trop de sans-gêne ? Il devrait s'in-
terroger là-dessus. ,
Il va huit ou dix jours dans un
article intitulé : « Nos Evêques », il
apprenait à son public qu'il n'y
avait plus de Pape et il en donnait
les raisons ; hier il montrait avec
une commisération < protectrice
Léon XIII se survivant et devant
regretter de s'être ingéré sur une
inspiration malheureuse -dans les
affaires intérieures de la France.
Poser ainsi la question c'est la
fausser, et le tort = reste grand,
même £ s'il est, comme nous voulons
le croire; involontaire. Mais com-j
bien le Jton dégagé, sujpérié^ri foù- 1
cièrémènt. irrëspèctuéux de ces ' ôri-
tiques et reproches IeB' aggrave 4 !
M. Edouard Drumont veut relever:
les catholiques. L'intention est-
bonne. Seulement ce n'est pas eu 1
les poussant à ne plus respecter le'
Pape qu'il y arrivëra. Nouslë prions,
d'y songer." ;
Eugène V euillqj 1 . . , ;
i*-—-'
LES JNSENSÊ3
Est-ce vrai? v I
Lé'journal qui l'affirmé, — la Ré-,
publique,'— ést' un • organe sérieux. •
On le compte parmi les 'feùillesydé-';
venues rares, qui n'inventent .pas'
des nouvelles et des informations
pour les-besoins de leur cause. Et
oependant, nous ne pouvons nous
défendre d'un doute quand nous li
sons dans ses colonnes que,,diman
che, à Barbéziejix. un certain nom
bre de Goriservatéjirs se sont abs
tenus,j)ar principe, entre M. Gérald
et M. Landry.
Une affiche aurait été apposée
sur les murs, la veille du scrutin,
recommandant avéc instance à tous
les conservateurs de ne point aller
aux urnes. Et nous constatons, en
effet, qu'il y â eu (environ mille vo
tants ae moins,qu'en 1898.
On «ait quelle attitude avaient
adoptée les .deux candidats. Sans
montrer de .ferveur ministérielle,
M. Gérald .ten'àit "un .langage où ne
se trouvait pas trace d'hostilité
contre le cabinet (ié soi-disant Dé
fense républicaine. JLiés officieux,
l'administration, tpiis nos sectaires
et tous nos jacobins, se contentant
dë cette adhésion implicite, fai
saient ardemment campagne pour
*M. Landry, au contraire, avait
pris nettement «.position contre la
politique de nos gouvernants ac
tuels. .11.condamnaitia. loi,sur les
associations. Il parlait en vrai libé
ral, en honnête-homme. D'ailleurs,
nous avons publié sa profession de
foi. La vérité nous oblige à dire que
c'est un républicain. ; - ' ^
Son républicanisme, voilà, évi
demment, ce qu'ian certain. nombre
, de. conservateurs n'ont pas pu lui
Êardonner. Voter .pour un répu-
licain, «es messieurs ne ..sauf
raient-s'y résoudre. On.ne «donne
f>as son suffrage à un républicain,
orsqu'on est sûr d'avoir tout pro
chainement l'occasion d'étrangler
la Gueuse.
Résultat :. M. Gérald ;l'.a emporté
de 205 ,voix. C'est un.succès de,plus
à l'actif du ministère. Les officieux
le £ont retentir. L'opinion se, dit : —
Décidément, Mi Waldeck-Rousseau
est fort et la majorité-du pays l'ap
prouve.:: Excellente préparation en
vue dela gtaride bataille électorale
de demain ! / -
Ne croyez pas, du reste, què les
conservateurs abstentionnistes de
Barbézieux soient navrés. Ce sont
de nos fermes partisans de la poli
tique du'pire. Ils n'en reviendront
que le jour ; qù ils se trouveront Ip,
tête sous le couperet de la guillotine,
tour avoir réclamé contre la cçin-
scation de leurs biens par le gou
vernement i collectiviste, — lin in-
f rat qui leur devra son avènement.
1 protesteront contre son manque
de, reconnaissance. Trop tard!
Nous le regretterons même pour
eux, mais surtout à causé du
pays.
Pierre V euillot.
UN "PRIVILÉGIÉ
Nous lisons dans le Figaro : ^
On a procédé hier & la toilette du petit
•erateire de .l'Elysée ^.et fait revivre ^ur ieur
fond d'or ces douze belles fresques peintes,
en 1864, par Sébastien Cornu, qui repré
sentent notamment Charlemagne, saint
Louis, sainte.CJotllde. sainte Geuevicve,
saint "Denis, etc. - ' -
Des fleurs ont, en outre, été déposées au
pied d'une statue de la Vierge qui se trouve
là, ayant été achetée «u Salon de 1357 par
. l'impératrice Eugénie.
Et dans,cet. oratoire ainsi .paré, la messe
de la Toussaint sera célébrée demain par le
curé de Saint-Philippe du Roule.
Noqs félicitons-M. Loubet d'assister à
la messe et de faire
trat d'une nation. chrétienne. Mais nous
ne pouvons nous empêcher dépenser et
de dire que pendant' ce temps de petits
fonctionnaires, étroitement surveillés|et
savamment intimidés, ne peuvent aller à
la messe.
Pendant > ce' temps, le général André
fait espionner et inscrire sur des fiches
-spéciales les officiers qui remplissent
leurs devoirs religieux.
M. Loiibet est un privilégié, et son
privilège est d'autant plu3 précieux que
les bons jacobins d'extrême gauche, al
liés de son gouvernement, s'abstiendront
soigneusement d'ouvrir l'œil suries « ma-
nifestations cléricalea » de l'Elysée.
Ah ! si le président de la République.
s'appeïaitM. Méline l Quels fulgurants
articles, mes amis I
Au point de vue professionnel et litté
raire, les gens du Radical et de la Lan
terne doivent le regretter un peu.
. LE CONFLIT FR&KCO-TURC
Nptre gouvernement vient enfin
de -se décider à prendre les seules
résolutions capables de mettre un
-termeÀ ,u».. ctat ; , de ^choses, .déplo
rable, dont la prolongation était
aussi contraire à la dignité de la
-, France que nuisible à son influence
et à son prestige en Orient.,
Unp dépêche de Toulon, .confir
mée par des informations de bonne
source, -nous annonce le, départ
d'une escadre pour les mers du Le-
i vant": elle-emporte deux mille hom
mes; de troupes de débarquement,
et se trouvera par conséquent en
•mesure de donner ,un caractère ef-
,ïectif ai'ultimatum qu'elle emporte.
.- JEn -présence de cette démonstra
tion assurément trop tardive mais
enfin >très significative, il y a lieu
d'espérer que le gouvernement turc
se hâtera'de remplir ses engage
ments èt dé nous donner à tous
égards,; ét dans les formes réqui-
ses,' tpUtçs 'les sa,tisfactions qu'il
nous doit; que si contrairement à
ces prévisions, il persistait obstiné-
>ment dans se.s réponses équivoques
et dilatoires, l'amiral ^commandant
«les forces navales françaises pro
cédera immédiatement, sans doute,
à l'occupation d'un point du littoral
turc, choisi à ben escient et tel que
'la Sublime Port© comprendra que
, le temps des mauvaises raisons est
passé.
. « Mieux .vaut tard que jamais »
est un proverbe familier dont l'ap
plication est tout à fait de saison :
notre gouvernement pourra l'invo
quer,, mais .seulement à titre de
circonstance atténuante, car il aura
toujours grand'peine à justifier sa
conduite dans le malheureux con
flit franco-turc ; il aura beau dire,
il ne pourra contester que la dignité
de la France et son influence dans
toût le Levant ont sérieusement
souffert de ses interminables tergi
versations, en cette affaire, et de
; sou inexplicable inaction.
F. L.
; FEUILLETON DE VUNIVERS
' ' m a" novembre 1901
li MOUVEMENT SOCIAL
M A ^ .
/ A propos de la grève générale
des .mineurs français.
^Pourquoi : *4â "grève • générale a^t-ëlle été
"ajournée?— Les charbons étrangers et
la grève. — Première tentative d'union
. entre les mineurs- des divers pays d'Eu-
r«pe. ; Le congrès International de
,Londres (mai 1901). — Un appel de M.
. . Cotte . & la. solidarité Internationale des
! mineurs.: les délégués anglais ne veu
lent rien entendre. — Nous sommes en
core loin de la « grève internationale 1 »
Là grève générale des mineurs fran
çais n'aura pas lieu —immédiatement
du moins ; mais, dans un but facile à
-comprendre, lé -comité -fédéral a laissé
"dire qu'il n'y avait là qu'un simple ajour
nement : si, un jour, les circonstances
l'exigeaient—*ou mieux le permettaient
le conseil décréterait la « guerre des
^bras croisés ».
Sans être grand clerc, on peut
supposer qué deB ; raisons politiques
«nt-influé sur la " décision des mem
bres de la majorité : ils n'ont point
voulu susciter de trop redoutables
difficultés au -ministère Waldeck-Mille-
Krand dont ils espèrent de grosses conces
sions.
:-.Mais ,i à notre avis, les raisons pure
ment politiques n'ont pas été les seules à
décider les quatre sages du comité, fédé
ral. Des considérations d'ordre profes
sionnel ont. dû également motiver leur
prudente résolution. Il ne sera pas sans
intérêt de rechercher quelles ont pu être
ces considérations. i-
' v « ; •- i
'• c .• • t# • - .
L'échec d'une -grève-entraîne presque
.toujours,pour le^mouvement syndical ou
vrier,* de désastreuses conséquences. Les
chefs de la fédération des mineurs le sa
vent -mieux que personne, et lés exem
ples ont ! dû venir nombreux à leur mé
moire; aussi, avant de courir la péril*
leuse aventure, ont-ils dû peser leurs
'chànceB de BueoèB.
Oelles-ci, il leur a été facile de le re
connaître, étaient assurément bien fai
bles.
Le ministère se disait résolu à -faire
respecter a la.liberté du travail-* : M.
Waldéck-Rousseau le déclarait dans une
lettre rendue ' publique et destinée à ras
surer le bon bourgeois français, qui
déjà commençait à prendre peur. De
plus, les agences et les journaux Of
ficieux laissaient - clairement entendre
que le gouvernement avait préparé d'im
portantes -mesures militaires. Impossi
ble'donc aux grévistes de tabler sur
l'abstention complaisante du cabinet.
C'était déjà une grosse difficulté — et la
quasi-certitude d'un insuccès.
Ne pouvant compter sur le « camarade
Millerand », les militants pouvaient ils au
moins espérer entraîner à leur suite, de
gré ou de force, tous les membres de leur
corporation? C'était pour le moins dou
teux."
Les chiffres -du dernier référendum
avaient en somme confirmé ceux de la
première consultation, qui avait eu lieu
le 28 avril dernier, à la.suite de la grève
de Montçeau-les-Mines. On se rappelle
peut-être les résultats de ce scrutin d'un
nouveau genre : sur' 162,000 mineurs
(dont environ 62,000 syndiqués), 30 à
Sôj'OOCV seulement, votèrent la grève gé
nérale dans le cas o^ l'on ne ferait pas
droit aux revendications des Monteil-
liens. Mais 18,000 ouvriers se prononcè
rent contre octte résolution, et 110,000 —r
— c'est-à-dire plus des trois cinquièmes
— crurent devoir s'abstenir. Le dernier
-référendum a donné deB chiffres sensi
blement analogiies, quoique cependant
le nombre des abstentionnistes ait un
peu.diminué-et que,par contre, celui des
. partisans de là-grève se soit légèrement
augmenté.
Le congrès que les délégués de ia fédé
ration des mineurs. tinrent à Lens le 13
avril dernier avait sans doute prévu que
' la grande masse des mineurs ne se dé
rangerait pas pour aller voter. Aussi
. avait-il pris une . singulière décision :
dans le dépouillement du référendum,
les-abstenants "devaient être considérés
comme ayant tacitement approuvé .les
résolutions de la majorité des votants.
Les congressistes -de Lens pouvaient se
passer; cette fantaisie. Mais les membres
ducomité fédérai, chargés de décréter,
la grève générale et d'endosser ainsi une
grave-responsabité, ont dû se dire que
ces cent mille abstentions ne semblaient
pas témoigner*d'un bel enthousiasme;:
en présence des, quinze à vingt mille Ap
posants, ce serait un terrible a poids
mort » à soulever; dans tous les cas, on
pouvait être sûr que ces « grévis
tes malgré eux > ne feraient paB grand
;■ eSort pour soutenir leurs revendications :
ils saisiraient, pour la ^plupart, le pre-,
mier mauvais prétexte venu pour retour-,
ner au travail, Àvec une pareille armée,
si ppu disciplinée, si divisée de senti-;
ments, on ne.pouvait vraiment pas se
mettre en campagne. Le mieux était donc
de provisoirement battre en retraite.
C'est sans^doutece que peneala majorité
des délégués réunis la semaine passée à
Sainte-Etienne. C'est, du .. moins, ce qu 'à
leur place nous aurions pensé.
Mais une autre considération, singu-'
Iièrement grave, a dû venir également : à
leur esprit : elle était de nature à consi
dérablement fortifier l'argumentation des "
prudents et des politiques du comité, el|e
leur a peut-être donné gain de «ause sur
les ardents et les violents.
Pour qu'une grève générale de mi
neurs réussisse'—- ne fût-ce qu'à moitié:
— il ne suffit pas que. tous les mineurs,
d'un pays quittent résolument le travail'
et se refusent à le reprendre jusqu'à Ce
que les patrons aient cédé.
Sans doute, s'il y a chez les ouvriers*
ferme ? volonté de lutter jusqu'au bout,
les travailleurs peuvent espérer obtenir
quelques concessions de leurs
ment que d'être ruinés totalement. Lés
grévistes peuvent aussi compter sur la
pression du public qui, gêné .dans ses
habitudes et, parfois même, lésé dans ses
intérêts, réclame,!coûte que-coûte/la.fin
d'un conflit qui a une si -désastreuse-ré
percussion. Rappelez vous, par exemple,-
ce qui se passe régulièrement lorsque se
prolonge une grève de cochers ou sur-:
tout, d'.employ.és d'omnibus et. de tram
ways. Et cette gêne, et ces ruines se
raient. autrement redoutables, si lajjrève
privait de charbon toute une région ; iil
n'est.pour ainsi dire, pas un individu,
qui, d'une façon ou d'une autre, n'au
rait à souffrir de cette cessation de tra
vail.
: Mais, pour qu'il en fût ainsi, il faudrait
que le charbon étranger ne pût pénétrer
en France et remplacer la houille indi
gène. ;
Pour interdire cette .entrée,, les mi
neurs .grévistes ne, peuvent .naturelle
ment pas compter sur des. mesures pri
ses parles pouvoirs publics : ceux-ci, au
contraire, dans l'intérêt .général, feront
tout ce qu'ils pourront pour . atténuer les
conséquences douloureuses de la>disette
et ^empresseront de supprimer .tout T
obstacle ; à l'importation 4e la. houille
exotique.. *
Les mineurs grévistes ne peuvent es- c
pérer - empécher cette i invasion que de
deux manières, soit en décidant, les ou
vriers et employés des chemins de ferià
se mettre eux aussi en grève, soit en
amenant leurs, camarades de l'étranger
à faire cause commune avec eux.
Nous ne dirons rien, pour, aujourd'hui,
de là -grève..possible des divers agents,
des transports ; il nous .suffira de faire
remarquer que cette grève présente de
grandes difficultésde réalisation: legou-
vernèment, en e^ïet, est armé de moyens
d'action spéciaux vis-à-vis de ces travail
leurs «qui,au point de yue.de ia défense,
etde la vie. nationales, ont un rôle-dès
plus importants.
Par contre, nous insisterons' sur l'en
tente internationale, condition essentielle
de succès pour une;grève générale.
Cette entente, .les.mineurs français ont
essayé de la faire paître :,.une fois de pltis,
au récent congrès de Londres^ ils ont
posé la question de la solidarité de tous
les .mineurs, mais , comme nous le mon
trerons, ils n'ont obtenu que des phrases ,
vagues — sans aucune promesse prati-'
quement précise.
Avant de raconter cet échec qui à lui
Seul justifierait les dernières décisions
du comité fédéral français, il nous pa
raît utile d'appeler l'attention de nos lec
teurs sur ces congrès internationaux de
mirçeurs et sur la commission interna
tionale qui en est issue. Lors de ces con
grès annuels,les journaux se contentent
d'insérer un bref compte rendu télégra
phique — et la foule des lecteurs passe
-à la Rubrique suivante sans, le plus sou
vent, attacher importance - à ces réu
nions auxquelles d'ailleurs elle ne com
prend, pas grand'chose. C'est pourtant,
d^ns ces . assemblées, que sé prépare
peutiêtçe l'organisation Bociale de l'ave
nir ; c'est à coup sûr, de ces réunions
que peut..sortir, un jour ou l'autre,
une déclaration de guerre au régime
capitaliste et individualistè. Il n'est donc
pas indifférent de prêter l'oreillè aux dé
libérations qui depuis dix. ans réunissent
annuellement "les délégués des mineurs
î européens.
, , #
«
La Fédération internationale a pris
naissance en Angleterre.
Un ouvrier du Yoïkshire, M. Benja
min Pickard, devenu membre du Par
lement britannique, qui durant de lon
gues années avait été secrétaire gé
néral de l'Association des mineurs de
son comté, eut l'idée en 1889 de consti
tuer,une fédération nationale des mi-
iie'urs anglais : cë fut la « Miner's Natio
nal Union > qui, en peu de mois; groupa
toutes les sociétés,locales.
Mais M. Pickard et ses collègues com-
prirer*" vite la force que donnerait à leurs
revendications une entente avec -leurs
camarades du continent. Ils s'abouchè
rent donc avec les chefs des syndicats de
France, de -Belgique et d'Allemagne —
et, du 20 au 23 mai 1890* se tint en Bel
gique, à Jolimont, le premier congrès in
ternational-des mineurs. -
Les séances furent quelque pe 4 mou
vementées.. Les délégués français, alle
mands et belges se.montrèrent, pour la
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