Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-10-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 octobre 1901 26 octobre 1901
Description : 1901/10/26 (Numéro 12297). 1901/10/26 (Numéro 12297).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 26 Octobre 1901
———m '
Ëiititta 12,297
Samedi 26 Octobre 1901 \
ÉDITION QUOTIDIENNES
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postale)
Un an 40 » 51 »
Six mois 21 » .26 50
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UN NUMÉRO
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ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
" ET départements (union postal^
Un an 20 »
Six mois , 10 .#
Trois mois.. .. . 5 »
xt> »
13 »
P 30
®T.
LE MONDE
• T" J >
Les abonnements partent des 1 er ot 18 A*> chaque moi»
" L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C'«, 6, place de la Bourse
PARIS; >25 OCTOBRE 1901
SOMMAÏR®
Le Quatrième-Etat. , E ugène T avernis»,
Faut.» de tactique,, . P ierre V euiuo*.
a la okambrç., . ., J. M antenay.
Les faits n'existent
. pas..... ......... ,G. b' A.
Bulletin. Nouvelles' de Rome. — Les
congrégations. — Les fiches de M. Ed-
gard Monteil. — Laïcisation d'école. —r
Informations politiques et parlëmenr
tàires. — Chronique électorale. En
. Algérie. — Les Tcforaés de l'en seigné.
ment.— : Le notivèl évêque de Metz.-:—
' 'Le 'nouvel ' évêque auxiliaire de Str as-
bourg.-—Les affaires de Chine. — La
guerre du Transvaal. — Dépêches de
l'étranger. —' A travers la presse. — La
grève générale. — Chronique. — Les
anarchistes. — Lettre», sciences et art».
— Le Père Dorgère, — Echos dé par
tout. — La question ouvrière; — Bri
seurs "dé croix. : — Chronique religieuse.
— Eglise dii Sacré-Cœur. — Le chanoine
Benoist. — Nécrologie.' — En- province»
• — 'Tribunaux:" Nouvelles. diverses. —
Calendrier. — Tableau et bulletin de
la Bourse. — Dernière heure.
LE QUATRIÈME-ÉTAT
» Si 4a grève générale est ajournée
et' même si elle est abandonnée;
s'il n'y a point de bagarres terri
bles ; sr l'effusion du sang est évi
tée, cela n'empêchera pas le monde
ouvrier de réaliser quelques-unes
des conquêtes qu'ilambitionne. Que
de terrain gagné par lui depuis
soixante années, depuis vingt ans
surtout ! Et non seulement la mar
che est continue, mais elle s'accé
lère.
.Les illusions, les incohérences,
les ënorniités qui se rencontrent et
qui se mêlent dans le socialisme ne
suffisent plus à cacher l'impôrtanqé
et l'activité du mouvement social.
Il s'opère et il devient prédominant.
On le voit entraîner et absorber une
foule de forces et de courants qui
cherchaient leur issue.
Le signé le plus frappant du pro
grès accompli ne consiste pas dans
l'ardeur ni dans l'audace des pré
tentions qui s'affirment. 11 est dans
l'organisation qui donne aux ou
vriers des chefs pris parmi eux.
: Longtemps les théoriciens de l'a
gitation furent, pour ainsi dire. ' ex
clusivement; fournis par - la classé
des lettrés, bourgeois, réformateurs
ét agitateurs éri chambre. Long
temps, l'ouvrier Tolàin fut le seul
député qui eût vraiment exei\cé un
métier manuel.; et encore n'avait-il
pas supporté les lourdes besogàies,
Ciseleur, c'était presque un- aristo.
- Or, désormais les. prolétaires ont
.leurs cadres et leur état-major com
posés d'hommes qui ont vécu et qui
vivent dans les ateliers on dans Le s
mines. "" _
' Lés ouvrièrs qui ont forcé légale^
ment l'entrée de la Chambre'et que
les légistes de profession ne sont
pas encore bien habitués à consi-p
dérer comme des collègues, ceux-là
non plus ne représentent pas le
symptôme le plus frappant- de la
transformation sociale. .
Lé fait significatif par excellence
c'est la délibération , qui avait lieu
fces jours-ci à Saint-Etienne, ; . entre
les délégués des . minèurs. Ûn co
mité fédéral formé de sept ouvriers,
agissant au nom de 150,000 indivis
dus, traitant de puissance à puis
sance avec le gouvernement et te
nant en émoi la France entière,
voilà un fait qui contient du nou
veau et qui en prépare une plus
grande dose.
Pour n'être pas obligé de le r6r
connaître avec l'ampleur qu'il com-
{)ortë, on escompte parfois la dé-
iance et la jalousie abondamment
répandues dans la clas se ouvrière.
Mais est-ce que ces instincts n'"'ont
pas aussi un rôle appréciable au
sein du monde bourgeois et. dans
les rangs assez confus de ce que
nous appelons l'élite?
; On note avec insistance l'espèce
de. corruption et, par suite, l'affai
blissement qui atteignent les our
vriers sortis naire et tant bien que mal installés
dans la catégorie supérieure. Sans
doute, en se rapprochant dè l'exis
tence confortable et en savourant le
luxe qui règne dafis les avenues
ministérielles, san s doute ■ ils se
sentent disposés à croire que les
souffrances poputaires ont déjà, con
sidérablement diminué. Engourdis,
ils s'endurcissent bientôt. Que la
foule se montre impatiente et turbu
lente, ils la rudoieront avec plus de
rigueur et de brutalité qu'ils n'a
vaient pu en reprocher au bour
geois. Un jour,, il y a sept ou huit
ans, deux députés socialistes ou
vriers, accompagnés de leurs fem
mes, causaient tout haut dans un
café, en sorte qu'on n'avait pas be
soin d'écouter pour entendre. Ils
raillaient avec indignation et avec
mépris, quoi donc ? Les insuppor
tables prétentions. : des domesti-
tiques !
Evidemment, le succès refroidira
l'ardeur dès arrivistes et des arri
vés. Ils résisteront à la poussée de
la masse qui se précipite derrière
eux; mais ils seront hien obligés
de donner des satisfactions; et d'as
sez grosses. N'ayant pas la chance
de se faire accepter pair la bour
geoisie qu'ils dépossèdent, " ils* s'ar
rangeront pour conserver l'appui
qui les à' soutenus dans leur ascen
sion.
Cette vieille histoire dès conflits
humains n'est pas, il s'en faut, l'en
seignement le plus grave de la crise
qui se déroule. Nous assistons' à
l avénement d'un monde; etle Qua
trième-Etat a prié place dans le
domaiiié des réalités vivantes.
Quelle figure ferait Sieyès, qui
fut illustre (et assez bien renté
aussi) pour avoir, il y. a cent douze
ans, proclamé que le Tiers-Etat de-
vaitêtretout !
Est-ce la date de 1356, ou celle de
1484,qui ouvre la période depuis la
quelle le Tiers-Etat eut la posses
sion des emplois* et administra la
France? En tout cas la lorigue' pé
riode s'approche dé son terme ; et
l'apogée saluée par Sieyès n'était
que le prélude d'un déclin précipité.
De quelle manière s'organisera
le monde ouvrier installé dans l'ad
ministration et bientôt dans iè gou
vernement, on ne le devine pas -très
bien ; mais ce qui est sûr, c'est qu'il
s'organisera et qu'il a en lui les im
menses ressources delà force neuve
et jaillissante. Pour qu'elle né s'é
puise pas à des œuvres de ruine, il
faudra que tous ceux qui veulent
sauvegarder la vie sociale donnent
une large part de concours et de
dévouement. On nous a- souvent
parlé des tournants de l'histoire :
voilà franchi le tournant dans lequel
tant de gens n'ont rien aperçu. La
perspective qui se dessine estVaste
comme le champ des périodes his
toriques . Où conduira-t-elle ?
Après combien de secousses re
trouverait-on l'ordre et l'équilibre ?
Même parmi les citoyens impor*
tants et qui s'appellent eux-mêmes
des hommes éclairés, bien peu ont
des clartés à ce sujet. Il importe ce
pendant de le regarder en face et,
en dédaignant les récriminations
vaines qui aujourd'hui seraient im
pardonnables et jolies, de méditer
la leçon qu'apporté à notre pays et
à l'humanité un pareil événement.
Eugène T aveenïek .
•BULLETIN .
La Chambre en a terminé avec l'ai2--;
mission temporaire .des blés; elle s'est
arrêtéeà-un texte emprunté.aux divers ;
projets qui lui étaient soumis.
. Rien dé précis encore ' touchant la j
grève générale ; le nombre esVrèstreint}
des ouvriers de Moniceaû qui consen
tent à apporter leurs fusils.'Demain,
sans doute, commencera la saisie dès\
armés.
L'empereur allemand a reçu, en
grande pompe, à Potsdam, le serment';
de Mgr Benzler, le nouvel évêque de
Metz. -
Les rapports sont toujours très ten- \
dus entre la couronne et le conseil mu- j
nicipal de Berlin, où la réélection du ;
bourgmestre est pour l'instant mainte
nue.
• La faillite de.Cassel entraîne-un- pas
sif de plus de 173 millions de marks,
sur lequel les créanciers ne toucheront
guère plus de 1 OlO.
La situation est toujours grive en Es
pagne..
Au dernier conseil présidé par la ré
gente, on a évité,par crainte d!une crise
ministérielle, d'approfondir les ques
tions soulevées par la pétition, des offi
ciers de la flotte, Ceux-ci restent décidés
à protester de nouveau contre le décret
qui donne à l'élément .civil le contrôle
de d'administration de la marine.
Qnne prévpit pas que M. Sagasta,
toujours souffrant, puisse répondre
avant, la, semaine prochaine aux inter- ;
spellations sur ; la question religieuse. Les
catholiques et une partie des. conserva-
teurs doivent combattre avec énergie les
mesur.es antilibéraies qui frappent les;
ordres monastiques, . ' . . ■
La disgrâce du général Bullèr sou
lève toujours dé nombreuses critiques
'dans lés milieux militaires anglais, i
Quelques-journaux poursuivent leur
campagne en faveur de l'ancien com
mandant du i" corps ; une souscription j
est ou verte par lé Morning Leader pour i
lui offrir une épéei d'honneur.
La visite des souverains: russes à la
xour d'Angleterre est considérée comme'
■certaine, dans le courant dë l'été pro
chain. ..." ;
Un complot vient d'êtrê découvert'
contre le shah de Perse; parmi les prin- <
fiipaux meneurs se trouvaient les deux
frères du ssuyerain qui ont été epdlés,
M le grand-vizir qui a été 'condamné à>
mort.., , . ..
Le général colombien' Giudierrez a <
battu les insurgés, le 5 octobre, dans un i
combat qui a duré trois heures.
Les troupes régulières ont perdu cin- ;
?uante hommes, mais ont tué cent re- j
elles et fait de nombreux prisonniers. !
. NOUVELLES DE ROME ;
Rome, 23 octobre.
. . Àudiottee princière.
Le Souverain Pontife a donné, hièr, ;
audience à Zpextet la prjnc °BSe Marie-Gabrielle de
Bavière. •
Accompagnés de l'ambassadeur .de Ba- ;
vière près ae Vatican, iM. s le.baron de Cet- ;
to. les priçices ont été r^gus au pied du j
-grand escalier de la^cour Saint-Damaae
par Mgr Grabinski.secrétaire de.la céré -j
moniale.A la pointe de la salle Clémentine,!
les attendait Mgr Cagiano de Azevedo^.
majordome des sacrés palais apostoii-f
que», entouré des hauts prélats de la fa-!
mille pontfficale : MgrPifferi, sacrlste et!
^confesseur di| Pape ; Mgr Cbnstantini,
grand aumônier, etc. Après les présenta-,
,tions. d'usage^ Mgr Cagiano conduit les-
iliustres visiteurs à travers les apparte
ments pontificaux j où -successivement les
gardes suisseB, les gendarmes pontifi-'
eaux, la garde palatine d'honneur, les;
gardes-nobles, tous en grand uniforme^
présentent les armes.
. Dans la salle dite des Aràzzi, Mgr Bis -r
leti, maître de chambre de Sa Sainteté,
entouré des camériers -secrets, reçoità :
son tour Leurs Altesses et les introduit
près du Souverain Pontife.
L'entretien èntre l'auguste vieillard et :
"les jeunes, prince» a duré près d'une de-
mi-hdure. ; ' ' ;
Le premier mot "què prononçait lei
prince en quittant Léon XIII, et qu'ont
entendu ceux qui se trouvaient dans l'an
tichambre secrète, fut : « Mais. le-Pape
se porte à merveille ! Et quelle étonnante
mémoire! » , ;
- Les princes - sont ensuite montés pré
senter leurs hommages à S. Em. le car
dinal secrétaire |d ! Et'at. : ' ' '
Dans la soirée, le cardinal Rampolla
leur a rendu leur visite au nom du Pape ;
et au sien, au palais du ministre de Ba
vière près le Saint-Siège.
Le prince Rupert -est le fils, du prince
Ludovic, héritier du trône de Bavière, le
petit-fils par conséquent du -prince ré
gent Lintpold, onclè du malheureux roi
Othon.
. C'est iine opinion coûtante' en Bavière
que le prince Ludovic,le cas échéant, ab
diquerait ses droits en faveur de son fils.
Les bruits qui viennent de se répandre
sur l'état du roi Othon donnent unûnté
rêttout particulier à cette entrevue entre
le Souverain Pontife et le jeune prince.
I.e clergé i.
et la démocratie chrétienne. :
Dans la nuit du 20 côurant, Mgr Mani-
cardi, évêque de Reggio, Emilie, a été ;
ravi en quelques heures à : Tafteption de
ses. diojcé,sainsH,Le vé.néré défunt avait
77 ans. Ses deux grandes .préoccupations :
furent l'éducation de-son clergé et la dé- ^
fenee du peuple contre le socialisme. Il
rétablit dans son diocèse l'usage des
synodes, qui ne s'y étaient plus tenus
depuis deux cents ans. La propagande
socialistè très ardente, comme oA le sait, '
en Emilie et dans les Romagnes, . avait |
attiré de bonne heure son. attention.
... Son dernier acte, a été une circulaire
sur la démocratie chrétienne qui a .paru
à la veille de sa mort. Elle avait pour
titre : a Le clergé et la démocratie chré
tienne. » Il exprimait le désir formel de
voir ses prêtres enirer 'dans le champ de
l'action démocratique chrétiénne.
: a Nous voudrions,disait-il, que tous i
soient bien .convainçusi qu'il J^'est plus :
permis à aucun des ministres du sanc
tuaire de-rester étranger à aine lutte où :
se débattent leB intérêts les plus vitaux
de la société et de la religion ; : qu'il n'est
plus permis de rester- spectateur indo
lent, quand un ennemi, rendu plus auda
cieux par notre inertie, attaque ouverte
ment l'édifice religieux élevé par le
Christ lui-même, et que «nous sommes
tous chargés de défendre: » Puis Mgr
l'évêquefélicitaitles pasteurs « qui se sont
déjà adonnés à c^tte œuvre de la.restau- 1
ration sociale, et : les propagandistes ca
tholiques qui,méprisant les insultes, les:
calomnies, les railleries des adversaires, i
courent là où le péril est plus grand,
pour porter la ; parQle.de la vérité et delà
justice, pour fortifier leurs frères dans le:
bien, et pour ramener les égarés et les
trompés ». Il bénissait 'd'une façon spé-ï
ciale les jeunes gens du comité diocésain,
et de l'Ûnion démocratique. li ne cachait
point Bes regrets de savoir que trop de ;
curés encore « se faisant illusion, parce
Ique leurs paroissiens vont encore à l'é
glise, se croient en sécurité' et s'imagi-
nënt que le socialisme finira par tomber
de lui-même ». .
o Tout prêtre, disait-il en finissant,-a
le devoir de se mettre courageusement à
la tête des bataillons de cette sainte dé
mocratie, qui va au peuple avec le nom
du Christ sur les lèvreB, avec l'amour du
Christ dahs le cœur, non seulement pour
assurer au travailleur le pain quotidien;
avec le respggt de sa dignité, mais en
core pour lui conserver les ineffables
douceurs, les consolations véritables de
la foi^de l'espérance et de l'amour chré
tien.
FAUTE BEjrACTIQCE
Après M, le sénateur Gptteron,.
M. lé député Lasserre. Il donne
aussi sa démission du groupe par
lementaire. de. l'Alliance progres
siste. Même raison... M. Lasserre ne:
peut pas. digérer le vote de M. Mé-
line et de presque tout son groupe;
en faveur au cabinet. : ,
Sauf la' République, Organe de-
l'ancien président du conseil, et
peut-être encore un ou deux jour
naux, toute la presse antiministé-
rielle est. du même àvis que les dé- :
missionnaires.Dans l'Echo de Pains,
M. Jules Lemaitre résume fort bien
l'impression .générale^ et juste, en
■ces-termes : -
Plus de la moitié des députés progres
sistes ont sauvé .mardi dernjer, le minis-l
tère en lui donnant leurs voix.
. Pourquoi.? Par scrupule ? Parce qu'ils,
çraigpaieçt, en votant la discussion ira-;
v; •
médiate de la proposition Basly, de pa
raître approuver les, termes de P $tie pro
position ? Us pouvaient Être.tranguilles, r
personne ne leur eut prêté cette, pensée.
" "Ou bien, ôpt-ils voulu sauver M. \Yal-
deck'-Rpusseaù pour.le remercier d'avoir
lui-même < sauvé la société » ? Elle ne
me semble pas si sauvéé que cela. Et
puis, vraiment, le dernier geste du prési
dent du conseil ne méritait pas tant de
reconnaissance, ni l'oubli de deux an
nées de crimes., ,
Le mal que . cet homme a fait depuis
deux ans, il l'a fait librement. ,1} a servi
toutes les passions antisociales ; il a cou
vert les fantaisies , monstrueuses du
F. *. André et le déshonneur du ministre
de la justice ; à Toulouse, il n'a pas eu
un mot de réprobation pour le collecti-
vispaë ,* il .a laissé le baron Millerand
^maintenir publiquement soii programme
de Saint-Mandé, ce, qui était promettre
aux ouvriers l'impossible et lès condam
ner à toutes les de'sillusions. De tout cela,
"il a l'entièrè responsabilité.
Mais son acte dé mardi dernier, il n'en
a aucunement le mérite, Ce qu'il a fait
en arrêtant la vente de.B fusils à Mont-
ceau, et en ajournant la discussion de la
^proposition Basly (d'accord" sans' doute
avec ce politicien], il ne pouvait pas'ne
paB le faire. Il ne .pouvait évidemment
pas approuver et favoriser la grève gé
nérale. .
Alors, pour la première fois, il s'est
donné le plaisir d'être sec contre ses al
liés. collectivistes. Èous ne lui en saurons
iaùcun gré. .Un incendiaire qui, tout à
coup pris dé peUr, se fait pompier, n'est
pas un individu très intéressant." .
Il semble bien, d'ailleurs, que les
progressistes commencent a com-
ficendrejeur.faùte. Nous ne les en-
eudons. plus,, aujourd'hui, parler
des principes, qui n'avaient rien à
voir dans cette affaire de discus
sion immédiate- ou d'ajournement.
C'est une autre raison qu'ils invo
quent, pour' excuser leur vote. —
M. W ald eck- Rous s eau, disent-ils,;
n'avait pas posé la question de con-
fiâncé. Donc, il ne se serait point
retiré devant une décision contraire
à ce qu'il .demandait... Pourquoi,
dans ces conditions,nous prononcer:
contre lui?...
D'abord, parce qu'il est toujours!
utile et doux, quand on le peut, de|
faire échec à un pareil ministère. Et;
ensuite, ne joûons pas sur les mots..
Le président du conseil n'avait pas!
posé, en termes exprès; la question!
ae confiance ; soit. Mais son dis
cours se terminait par ^ette phrase,
•que;.nous copions*■ .textuellement
dans le Journal officiel :
, .Le gouvernement s 'oppose, — et dé ta!
''façon la plus catégorique,. — à une dis-;
.cusBion immédiatepour laquelle, assuré--
. ment, personne aujourd'hui n 'eBt prêt.
Peut-on croire que si la Cham
bre avait répondu à ce vélo séc et
formèl en décidant la discussion:
immédiate, M. Waidèck-Rousseau,
la joue rouge encore du soufflet,
serait remonté bien tranquillement
à la tribune pour prendre, part au:
débat? Non ; nous lui savons un
peu plus d'amour-propre... Il y
avait, tout' au moins très grande
'chanc.e qu'il préférât se retirer.
Nous sommes d'avis qu'il fallait
tenter cette chance-là.
: :Et les cent trente progressistes,"
ministériels d'un jour, pensent au
fond, maintenant, comme nous. Ils
ne sont ni fiers ni satisfaits à l'idée
que, le cabinet ayant eu juste qua- :
rante-cinq. voix ae majorité, il au-;
rait suffi à vingt-trois d'entré eux
dé . mettre .un ; bulletin blanc dans
l'urne, axi lieu,, d'un jaùlletïn bleu,
pour que M. Waldeck-Rousseau fût
par terre. Et^ ils se proposent
men de ne plus commettre . ,1a
même faute, à la prochaine occa
sion.
'Mais,;maihtènant, cette prochaîne
bccasion, quand se presentera-t-
elle?:
Pierre V euillot.
A LA CHMIBRE
Les enfants mineurs. — La vitéssëdes
automobiles. — Le régime dès alié
nés^ -r- L'admission.temporaire.
Séance sédative. Après avoir
adopté la proposition qui fixe .de
nouvelles conditions pour la garde
des enfants mineurs, la Chambre a
renvoyé à- la commission de légis
lation crimiqelle la proposition de
M. Guillaume Chastenet tendant à
établir, en cas d'accident, la respon
sabilité: des conducteurs d'automo
biles. D'après cette - proposition,
tout conducteur qui, « après un ac
cident auquél il aura concouru v,
ne se sera pas arrêté,et aura pris la
ûiite, sera frappé d'une peine de
six jours à deux mois de prison.
VM. Charles Bernard est monté en
suite à la. tribune pour développer
une.proposition tendant à modifier
le régime auquel sont soumis les:
aliénés. L ? orateur affirme qu'il y a:
nombre de séquestrations arbitrai
res.; Pour né. point passionner le.
débat', il déclaré tout d'abord qu'il
ne veut faire aucune allusion a la
comtesse russe qui, « se mépre
nant sur la personne de M. D'el-
cassé, tirait à blanc sur M. Baiidin » ;
mais, il cite plusieurs personnes qui
seraient internées dans des maisons
de fous, bien qu'elles jouissent ç}e
toute leur raison. M.. Ch. Bernard
demandaitl'urgence et la discussion
immédiate ; mais la Chambre ren
voie la proposition à la commission
spéciale.
> L 'ordre du jour appelle ensuite là
discussion : 1° du projet de loi sur
l'admission temporaire des blés ; 2°
de la proposition de., M. Castillard,
modifiant le régime de cette admis
sion. -
'. . M. Thierry développe un contre-
projet ouvrant pour l'exportateur
un crédit en douane dans la limite
du montant des droits qui représen
tent la quantité de blé employée à
la fabrication du produit exporté.
M. Jean Dupuy, ministre de l'a
griculture, combat ce contre projet
§ui, d'après lui, ne. donnerait que
e fâcheux résultats. Lè ministre
rappelle que M. Thierry, qui repré
sente actuellement les intérêts des
meuniers de Marseille, faisait jadis
l'éloge de cette admission tempo
raire dont il demande aujourd'hui la
suppression. M-. J. Dupuy ajoute
que le contre-projet n'a pour but
que d'établir des bons d'importa
tion. Or, le Sénat a repoussé tout
récemment encore ce système et il
ne reviendrait pas sur son vote.
M. Roze critique à son tour le
contre-projet. « M. Thierry, dit-il,
-retire d'une main à l'agriculture ce
qu'il lui donne de l'autre. » M.
Roze a préparé lui aussi un contre-'
projet qu'il développera plus tard,
dit-il, et qui est basé sur cette idée :
tous les droits payés r à l'entrée sont
déposés dans une caisse spéciale et
sont-afïectés à des -primes d'expor
tation.
La Chambre vote alors sur la
proposition Thierry qui est rejetée.
Puis, M. Castillard développe un
contre-projet qui reproduit le pro
jet du gouvernement —■ à cette mo
dification près qu'il établit l'incessibi
lité du titre. : « Il sera, dit-il, délivré
au meunier importateur un titre de
perception incessible dont le mon
tant lui sera remboursé par la
douane, lorsqu'il, exportera les fa
rines, les semoules et les sons pro
venant du blé importé. »
. Le .rapporteur objecte que, dans
ces conditions, le caractère négo
ciable "du 1 titre favoriserait la spé
culation.' Lè contre-projet est re-
.poussé, èt la loi . votée. Enfin, la
Chambre adopte, par 317 voix, con
tre. 186, un amendement de M, Lu
cien Cornet qui a pour but de com- 1
battre la fraude et la spéculation ét
qui est ainsi conçu : « La sortie de
la farine ne pourra s'effectuer que;
dans le même bureau de douane où
se sera faite l'importation du blé. »
Là-dess.us,, M. Déschanei lève la
séance. Aujourd'hui, on discutera
l'interpellation de M. Lasies sur le
régime des boissons. •
J. M antenaï.
LES FAITS N'EXISTANT PAS
Nous lisons dans le Radical :
Il est, dans un certain nombre de com-'
munes, des conseils municipaux qui émet
tent des avis favorables aux congrégations;
cela se passe nécessairement dans les pays:
les plus arriérés où l'éducation pénètre à
peine et qui sont soùs la coupe du curé et
de l'ignorantin..
C'est là un danger qu'il faut signaler : il;
est. certain que dans les grands centres,
partout où régnent l'esprit démocratique et
l'activité Intellectuelle; les demandes d'au-,
torisation seront repoussées.
A Bordèaux, à Calais, à Nice, à Or
léans, des avis favorables aux congré-
gations ont" été donnés par les conseils
municipaux, qui pourtant ne sont nulle
ment « réactionnaires ».
Le Radical l'ignoreou plutôt il veut
l'ignorer, et surtout le faire ignorer à ses
lecteurs.
Un peu plus loin; le Radical croit spi
rituel d'envelopper dans une même in
jure les communes qui osent ainsi s'éle
ver contre la proscription et la spolia
tion. Il les appelle « Fouilly-les-Oies ».
« Fouilly les-Oies » n'est pas gentil
pour là France agricple j mais du reste,:
d'après les noms cités plus .haut, on voit
que Fpuilly-les Oies jouit quelquefois
d'une certaine importance.
G. D'A.
LES COKGRÊGitlOilS
: Les demandes d'autorisation. '
Le Matin publie la note sui-;
vante : .
En vue du dépôt sur le bureau de la
Chambre des demandes d'autorisation:
faites par les congrégations non autori
sées, le ministre des cultes vient de faire
imprimer la liste complète des congré
gations et des établissements religieux
qui se «ont soumis à la loi sur le contrat
d'association.
Il y a exactement -615 congrégations,:
dont : 64 d'hommes et 551de femmes, qui
ont fait leur demande d'autorisation.
Les 64 congrégations d'hommes pos
sèdent 2,007^établissements, les 551 con
grégations de femmes en possèdent
7,865, soit au total 9,872 établissements.
' Au point de vue de i'application de la
loi, 61 demandes de congrégations d'hom
mes comptant l,964étabHssementset395
congrégations de femmes comptant 1,619
établissements, devront être soumises à
l'approbation du Parlement.
Par contre 3 congrégations d'hommes,
gyant 43 établissements et 156 congréga
tions de femmes possédant 6,246 établis
sements, pourront être autorisées par
décret rendu en Conseil d'Etat.'
A. Marseille.
Le conseil municipal a adopté un.
vœu tendant à refuser toute anto-
ri8atioii aux congrégations reli-'
gieuses.
Les Çnrmélites d'Arias.
Nous lisons dans le Nouvelliste
du Nord et du Pas-de-Calais:
Mercredi matin, au début de l'au
dience civile et sur la requête du procu
reur de la République, le tribunal d'Ar-
ras a nommé M° Marchand, avoué, liqui
dateur des biens de la congrégation des
Carmélites d'Arras qui, on le sait, est
allée se fixer près de Mons.
Xes Bénédictins. -
Les Bénédictins de Mesnil-Saint-
Loup (Aube), qui ne se sont pas
conformés àia loi du 1 er juillet, ont
été dissous par le tribunal civil de
Nogent-sur-Seine.
Le parquet de cette ville vient de
les expulser. Leurs biens seront
liquidés.
4 Grenoble.
Dans son audience de mercredi,
la première chambre civile, prési
dée par M. Rabatel, a rendu un
jugement déclarant que, pour dé
faut de demande d'autorisation, sont
dissoutes les congrégations sui
vantes :
Les Carmélites de la Tronche ;
Les missionnaires de la Salette ;
Les Petites Sœurs de l'Ouvrier,
deVoreppe;
M. J.-P. Rivail, ancien arbitre de
commerce, est nommé liquidateur-
sô.qiiftstfA.
Les Capucins d'Annecy.
La Revue du diocèse d'Annecy
fait ces judicieuses réflexions sur
un des considérants du vote défa-
vorable du conseil municipal d'An
necy à propos de la demande en
autorisation des Capucins :
Le vrai motif du. refus pourrait bien
être dans le second considérant, qui est
le dernier. In cauda venènum. Des op
portunistes avisés n'en auraient pas
parlé.
o Considérant que l'établissement oc
cupé par la congrégation, à Annecy, aux
portes de la ville, est de nature à entra
ver le développement de celle-ci. »
Voilà ! Les bons Pères avaient choisi
un emplacement éloigné, en pleine cam
pagne, pour ne gêner personne. Mais la
ville se développe, et tant pis pour qui
gêne son besoin d'expansion.
Propriétaires d'Annecy, qu'en pensez-
vous ? Vous avez acheté un terrain, vous
avez construit dans l'alignement, vous
ajoutez à votre maison un jardin ou un
parc ; vous êtes en règle avec la voirie,
la police et toute l'administration. Vous
vous croyez en feureté dans votre home.
Qui sait ? Un beau jour, on vous dira
que vous entravez le développement de
la ville. Si vous n'êtes pas Capucins, vous
recevrez une indemnité dérisoire ; si
vous êtes Capucins, vous n'aurez rien du
tout.
Ote toi de là que je m'y mette : c'est la
loi suprême, et il n'y a ni décalogue, ni
code civil, ni déclaration des droits de
l'homme; qui prévale contre cet axiome
de la civilisation nouvelle.
A Jersey.
: Les Etats-Généraux de l'île de
Jersey ont décidé, par 36 voix con
tre 4, d'interdire aux Ordres reli
gieux étrangers composés de ..plus
de six'personnes de s'établir dans
l'île.
Le - procureur général, M. Tur-
ner, s'adre.ssant à l'assemblée, a
dit:
Aucun ordre religieux français ne doit
être admis, car l'influence française ne
peut être que malfaisante pour nos en
fants, et nous désirons, avant tout, que
nos enfants deviennent des sujets loyaux
de la Grande-Bretagne.
Est-ce que ce considérant n'est
pas à lui seul un éloquent éloge du
patriotisme des congrégations ca
tholiques françaises ? •
LES FICHES DE IL. EDGAR MONTEIL
Limoges, 24 octobre.
Dans son interpellation du 2 juillet
dernier sur les faits et gestes de M. Ed
gar Montéil, M. Laver tu j on avait exposé
les idées du préfet de la Haute-Vienne
concernant l!espionnage de ses adminis
trés. Elles étaient tout à fait suggestives.
L'ex feuilletoniste préconisait dans un
de ses livres tout un système de fiches
relatives aux hommes connus, à leurs
« tendances religieuses » à leur rôle poli
tique dans le passé, etc... Ce système, il
l'applique .depuis qu'il est préfet. Il a
ainsi dix mille cartons, à peu près, affir
mait l'interpellateur. M. Waldeck-Rous
seau nia cette manie policière,
" Pourtant," la Croix de Limoges pos
sède la photographie d'une des fiches
.dont nous parlons et qui concernent non
seulements les fonctionnaires, mais en
core de simples particuliers. Voici quel
ques-unes des questions posées : « Où
M. M... a-t-il été élevé ? Dans quel éta
blissement scolaire? Est-il marié? Y
a-t-il quelque chose de particulier à si
gnaler concernant son épouse ? Où ses
enfants sont-ils élevés? Quelle est son
attitude politique ? » i . - .
Nous espéron^ bien qu'un jour ou l'au
tre le gouvernement fera de M. Monteil
le successeur de M. Cochefert, chef de la
Sûreté parisienne.
—— ——-—♦ '
LAÏCISATION D'ECOLE
Notre correspondant de la Man
che nous écrit :
Encore une laïcisation à vous signa
ler. Par suite du décès de Mme Aviez,
en religion Sœur Joseph,.des Sœurs de
Saint-Vincent de Paul, directrice de l'é
cole maternelle de la ville de Coutances,
cette école maternelle a été laïcisée ;
c'.est Mlle Lerouxel, institutrice laïque
de l'école communale de filles de Saint-
Clair (chef-lieu de canton de l'arrondis-
———m '
Ëiititta 12,297
Samedi 26 Octobre 1901 \
ÉDITION QUOTIDIENNES
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postale)
Un an 40 » 51 »
Six mois 21 » .26 50
Trois mois 11 » l'4 »
Lès abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mol#
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On s'abonne à Rome, place du Qesù| 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
" ET départements (union postal^
Un an 20 »
Six mois , 10 .#
Trois mois.. .. . 5 »
xt> »
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P 30
®T.
LE MONDE
• T" J >
Les abonnements partent des 1 er ot 18 A*> chaque moi»
" L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C'«, 6, place de la Bourse
PARIS; >25 OCTOBRE 1901
SOMMAÏR®
Le Quatrième-Etat. , E ugène T avernis»,
Faut.» de tactique,, . P ierre V euiuo*.
a la okambrç., . ., J. M antenay.
Les faits n'existent
. pas..... ......... ,G. b' A.
Bulletin. Nouvelles' de Rome. — Les
congrégations. — Les fiches de M. Ed-
gard Monteil. — Laïcisation d'école. —r
Informations politiques et parlëmenr
tàires. — Chronique électorale. En
. Algérie. — Les Tcforaés de l'en seigné.
ment.— : Le notivèl évêque de Metz.-:—
' 'Le 'nouvel ' évêque auxiliaire de Str as-
bourg.-—Les affaires de Chine. — La
guerre du Transvaal. — Dépêches de
l'étranger. —' A travers la presse. — La
grève générale. — Chronique. — Les
anarchistes. — Lettre», sciences et art».
— Le Père Dorgère, — Echos dé par
tout. — La question ouvrière; — Bri
seurs "dé croix. : — Chronique religieuse.
— Eglise dii Sacré-Cœur. — Le chanoine
Benoist. — Nécrologie.' — En- province»
• — 'Tribunaux:" Nouvelles. diverses. —
Calendrier. — Tableau et bulletin de
la Bourse. — Dernière heure.
LE QUATRIÈME-ÉTAT
» Si 4a grève générale est ajournée
et' même si elle est abandonnée;
s'il n'y a point de bagarres terri
bles ; sr l'effusion du sang est évi
tée, cela n'empêchera pas le monde
ouvrier de réaliser quelques-unes
des conquêtes qu'ilambitionne. Que
de terrain gagné par lui depuis
soixante années, depuis vingt ans
surtout ! Et non seulement la mar
che est continue, mais elle s'accé
lère.
.Les illusions, les incohérences,
les ënorniités qui se rencontrent et
qui se mêlent dans le socialisme ne
suffisent plus à cacher l'impôrtanqé
et l'activité du mouvement social.
Il s'opère et il devient prédominant.
On le voit entraîner et absorber une
foule de forces et de courants qui
cherchaient leur issue.
Le signé le plus frappant du pro
grès accompli ne consiste pas dans
l'ardeur ni dans l'audace des pré
tentions qui s'affirment. 11 est dans
l'organisation qui donne aux ou
vriers des chefs pris parmi eux.
: Longtemps les théoriciens de l'a
gitation furent, pour ainsi dire. ' ex
clusivement; fournis par - la classé
des lettrés, bourgeois, réformateurs
ét agitateurs éri chambre. Long
temps, l'ouvrier Tolàin fut le seul
député qui eût vraiment exei\cé un
métier manuel.; et encore n'avait-il
pas supporté les lourdes besogàies,
Ciseleur, c'était presque un- aristo.
- Or, désormais les. prolétaires ont
.leurs cadres et leur état-major com
posés d'hommes qui ont vécu et qui
vivent dans les ateliers on dans Le s
mines. "" _
' Lés ouvrièrs qui ont forcé légale^
ment l'entrée de la Chambre'et que
les légistes de profession ne sont
pas encore bien habitués à consi-p
dérer comme des collègues, ceux-là
non plus ne représentent pas le
symptôme le plus frappant- de la
transformation sociale. .
Lé fait significatif par excellence
c'est la délibération , qui avait lieu
fces jours-ci à Saint-Etienne, ; . entre
les délégués des . minèurs. Ûn co
mité fédéral formé de sept ouvriers,
agissant au nom de 150,000 indivis
dus, traitant de puissance à puis
sance avec le gouvernement et te
nant en émoi la France entière,
voilà un fait qui contient du nou
veau et qui en prépare une plus
grande dose.
Pour n'être pas obligé de le r6r
connaître avec l'ampleur qu'il com-
{)ortë, on escompte parfois la dé-
iance et la jalousie abondamment
répandues dans la clas se ouvrière.
Mais est-ce que ces instincts n'"'ont
pas aussi un rôle appréciable au
sein du monde bourgeois et. dans
les rangs assez confus de ce que
nous appelons l'élite?
; On note avec insistance l'espèce
de. corruption et, par suite, l'affai
blissement qui atteignent les our
vriers sortis
dans la catégorie supérieure. Sans
doute, en se rapprochant dè l'exis
tence confortable et en savourant le
luxe qui règne dafis les avenues
ministérielles, san s doute ■ ils se
sentent disposés à croire que les
souffrances poputaires ont déjà, con
sidérablement diminué. Engourdis,
ils s'endurcissent bientôt. Que la
foule se montre impatiente et turbu
lente, ils la rudoieront avec plus de
rigueur et de brutalité qu'ils n'a
vaient pu en reprocher au bour
geois. Un jour,, il y a sept ou huit
ans, deux députés socialistes ou
vriers, accompagnés de leurs fem
mes, causaient tout haut dans un
café, en sorte qu'on n'avait pas be
soin d'écouter pour entendre. Ils
raillaient avec indignation et avec
mépris, quoi donc ? Les insuppor
tables prétentions. : des domesti-
tiques !
Evidemment, le succès refroidira
l'ardeur dès arrivistes et des arri
vés. Ils résisteront à la poussée de
la masse qui se précipite derrière
eux; mais ils seront hien obligés
de donner des satisfactions; et d'as
sez grosses. N'ayant pas la chance
de se faire accepter pair la bour
geoisie qu'ils dépossèdent, " ils* s'ar
rangeront pour conserver l'appui
qui les à' soutenus dans leur ascen
sion.
Cette vieille histoire dès conflits
humains n'est pas, il s'en faut, l'en
seignement le plus grave de la crise
qui se déroule. Nous assistons' à
l avénement d'un monde; etle Qua
trième-Etat a prié place dans le
domaiiié des réalités vivantes.
Quelle figure ferait Sieyès, qui
fut illustre (et assez bien renté
aussi) pour avoir, il y. a cent douze
ans, proclamé que le Tiers-Etat de-
vaitêtretout !
Est-ce la date de 1356, ou celle de
1484,qui ouvre la période depuis la
quelle le Tiers-Etat eut la posses
sion des emplois* et administra la
France? En tout cas la lorigue' pé
riode s'approche dé son terme ; et
l'apogée saluée par Sieyès n'était
que le prélude d'un déclin précipité.
De quelle manière s'organisera
le monde ouvrier installé dans l'ad
ministration et bientôt dans iè gou
vernement, on ne le devine pas -très
bien ; mais ce qui est sûr, c'est qu'il
s'organisera et qu'il a en lui les im
menses ressources delà force neuve
et jaillissante. Pour qu'elle né s'é
puise pas à des œuvres de ruine, il
faudra que tous ceux qui veulent
sauvegarder la vie sociale donnent
une large part de concours et de
dévouement. On nous a- souvent
parlé des tournants de l'histoire :
voilà franchi le tournant dans lequel
tant de gens n'ont rien aperçu. La
perspective qui se dessine estVaste
comme le champ des périodes his
toriques . Où conduira-t-elle ?
Après combien de secousses re
trouverait-on l'ordre et l'équilibre ?
Même parmi les citoyens impor*
tants et qui s'appellent eux-mêmes
des hommes éclairés, bien peu ont
des clartés à ce sujet. Il importe ce
pendant de le regarder en face et,
en dédaignant les récriminations
vaines qui aujourd'hui seraient im
pardonnables et jolies, de méditer
la leçon qu'apporté à notre pays et
à l'humanité un pareil événement.
Eugène T aveenïek .
•BULLETIN .
La Chambre en a terminé avec l'ai2--;
mission temporaire .des blés; elle s'est
arrêtéeà-un texte emprunté.aux divers ;
projets qui lui étaient soumis.
. Rien dé précis encore ' touchant la j
grève générale ; le nombre esVrèstreint}
des ouvriers de Moniceaû qui consen
tent à apporter leurs fusils.'Demain,
sans doute, commencera la saisie dès\
armés.
L'empereur allemand a reçu, en
grande pompe, à Potsdam, le serment';
de Mgr Benzler, le nouvel évêque de
Metz. -
Les rapports sont toujours très ten- \
dus entre la couronne et le conseil mu- j
nicipal de Berlin, où la réélection du ;
bourgmestre est pour l'instant mainte
nue.
• La faillite de.Cassel entraîne-un- pas
sif de plus de 173 millions de marks,
sur lequel les créanciers ne toucheront
guère plus de 1 OlO.
La situation est toujours grive en Es
pagne..
Au dernier conseil présidé par la ré
gente, on a évité,par crainte d!une crise
ministérielle, d'approfondir les ques
tions soulevées par la pétition, des offi
ciers de la flotte, Ceux-ci restent décidés
à protester de nouveau contre le décret
qui donne à l'élément .civil le contrôle
de d'administration de la marine.
Qnne prévpit pas que M. Sagasta,
toujours souffrant, puisse répondre
avant, la, semaine prochaine aux inter- ;
spellations sur ; la question religieuse. Les
catholiques et une partie des. conserva-
teurs doivent combattre avec énergie les
mesur.es antilibéraies qui frappent les;
ordres monastiques, . ' . . ■
La disgrâce du général Bullèr sou
lève toujours dé nombreuses critiques
'dans lés milieux militaires anglais, i
Quelques-journaux poursuivent leur
campagne en faveur de l'ancien com
mandant du i" corps ; une souscription j
est ou verte par lé Morning Leader pour i
lui offrir une épéei d'honneur.
La visite des souverains: russes à la
xour d'Angleterre est considérée comme'
■certaine, dans le courant dë l'été pro
chain. ..." ;
Un complot vient d'êtrê découvert'
contre le shah de Perse; parmi les prin- <
fiipaux meneurs se trouvaient les deux
frères du ssuyerain qui ont été epdlés,
M le grand-vizir qui a été 'condamné à>
mort.., , . ..
Le général colombien' Giudierrez a <
battu les insurgés, le 5 octobre, dans un i
combat qui a duré trois heures.
Les troupes régulières ont perdu cin- ;
?uante hommes, mais ont tué cent re- j
elles et fait de nombreux prisonniers. !
. NOUVELLES DE ROME ;
Rome, 23 octobre.
. . Àudiottee princière.
Le Souverain Pontife a donné, hièr, ;
audience à Zpextet la prjnc °BSe Marie-Gabrielle de
Bavière. •
Accompagnés de l'ambassadeur .de Ba- ;
vière près ae Vatican, iM. s le.baron de Cet- ;
to. les priçices ont été r^gus au pied du j
-grand escalier de la^cour Saint-Damaae
par Mgr Grabinski.secrétaire de.la céré -j
moniale.A la pointe de la salle Clémentine,!
les attendait Mgr Cagiano de Azevedo^.
majordome des sacrés palais apostoii-f
que», entouré des hauts prélats de la fa-!
mille pontfficale : MgrPifferi, sacrlste et!
^confesseur di| Pape ; Mgr Cbnstantini,
grand aumônier, etc. Après les présenta-,
,tions. d'usage^ Mgr Cagiano conduit les-
iliustres visiteurs à travers les apparte
ments pontificaux j où -successivement les
gardes suisseB, les gendarmes pontifi-'
eaux, la garde palatine d'honneur, les;
gardes-nobles, tous en grand uniforme^
présentent les armes.
. Dans la salle dite des Aràzzi, Mgr Bis -r
leti, maître de chambre de Sa Sainteté,
entouré des camériers -secrets, reçoità :
son tour Leurs Altesses et les introduit
près du Souverain Pontife.
L'entretien èntre l'auguste vieillard et :
"les jeunes, prince» a duré près d'une de-
mi-hdure. ; ' ' ;
Le premier mot "què prononçait lei
prince en quittant Léon XIII, et qu'ont
entendu ceux qui se trouvaient dans l'an
tichambre secrète, fut : « Mais. le-Pape
se porte à merveille ! Et quelle étonnante
mémoire! » , ;
- Les princes - sont ensuite montés pré
senter leurs hommages à S. Em. le car
dinal secrétaire |d ! Et'at. : ' ' '
Dans la soirée, le cardinal Rampolla
leur a rendu leur visite au nom du Pape ;
et au sien, au palais du ministre de Ba
vière près le Saint-Siège.
Le prince Rupert -est le fils, du prince
Ludovic, héritier du trône de Bavière, le
petit-fils par conséquent du -prince ré
gent Lintpold, onclè du malheureux roi
Othon.
. C'est iine opinion coûtante' en Bavière
que le prince Ludovic,le cas échéant, ab
diquerait ses droits en faveur de son fils.
Les bruits qui viennent de se répandre
sur l'état du roi Othon donnent unûnté
rêttout particulier à cette entrevue entre
le Souverain Pontife et le jeune prince.
I.e clergé i.
et la démocratie chrétienne. :
Dans la nuit du 20 côurant, Mgr Mani-
cardi, évêque de Reggio, Emilie, a été ;
ravi en quelques heures à : Tafteption de
ses. diojcé,sainsH,Le vé.néré défunt avait
77 ans. Ses deux grandes .préoccupations :
furent l'éducation de-son clergé et la dé- ^
fenee du peuple contre le socialisme. Il
rétablit dans son diocèse l'usage des
synodes, qui ne s'y étaient plus tenus
depuis deux cents ans. La propagande
socialistè très ardente, comme oA le sait, '
en Emilie et dans les Romagnes, . avait |
attiré de bonne heure son. attention.
... Son dernier acte, a été une circulaire
sur la démocratie chrétienne qui a .paru
à la veille de sa mort. Elle avait pour
titre : a Le clergé et la démocratie chré
tienne. » Il exprimait le désir formel de
voir ses prêtres enirer 'dans le champ de
l'action démocratique chrétiénne.
: a Nous voudrions,disait-il, que tous i
soient bien .convainçusi qu'il J^'est plus :
permis à aucun des ministres du sanc
tuaire de-rester étranger à aine lutte où :
se débattent leB intérêts les plus vitaux
de la société et de la religion ; : qu'il n'est
plus permis de rester- spectateur indo
lent, quand un ennemi, rendu plus auda
cieux par notre inertie, attaque ouverte
ment l'édifice religieux élevé par le
Christ lui-même, et que «nous sommes
tous chargés de défendre: » Puis Mgr
l'évêquefélicitaitles pasteurs « qui se sont
déjà adonnés à c^tte œuvre de la.restau- 1
ration sociale, et : les propagandistes ca
tholiques qui,méprisant les insultes, les:
calomnies, les railleries des adversaires, i
courent là où le péril est plus grand,
pour porter la ; parQle.de la vérité et delà
justice, pour fortifier leurs frères dans le:
bien, et pour ramener les égarés et les
trompés ». Il bénissait 'd'une façon spé-ï
ciale les jeunes gens du comité diocésain,
et de l'Ûnion démocratique. li ne cachait
point Bes regrets de savoir que trop de ;
curés encore « se faisant illusion, parce
Ique leurs paroissiens vont encore à l'é
glise, se croient en sécurité' et s'imagi-
nënt que le socialisme finira par tomber
de lui-même ». .
o Tout prêtre, disait-il en finissant,-a
le devoir de se mettre courageusement à
la tête des bataillons de cette sainte dé
mocratie, qui va au peuple avec le nom
du Christ sur les lèvreB, avec l'amour du
Christ dahs le cœur, non seulement pour
assurer au travailleur le pain quotidien;
avec le respggt de sa dignité, mais en
core pour lui conserver les ineffables
douceurs, les consolations véritables de
la foi^de l'espérance et de l'amour chré
tien.
FAUTE BEjrACTIQCE
Après M, le sénateur Gptteron,.
M. lé député Lasserre. Il donne
aussi sa démission du groupe par
lementaire. de. l'Alliance progres
siste. Même raison... M. Lasserre ne:
peut pas. digérer le vote de M. Mé-
line et de presque tout son groupe;
en faveur au cabinet. : ,
Sauf la' République, Organe de-
l'ancien président du conseil, et
peut-être encore un ou deux jour
naux, toute la presse antiministé-
rielle est. du même àvis que les dé- :
missionnaires.Dans l'Echo de Pains,
M. Jules Lemaitre résume fort bien
l'impression .générale^ et juste, en
■ces-termes : -
Plus de la moitié des députés progres
sistes ont sauvé .mardi dernjer, le minis-l
tère en lui donnant leurs voix.
. Pourquoi.? Par scrupule ? Parce qu'ils,
çraigpaieçt, en votant la discussion ira-;
v; •
médiate de la proposition Basly, de pa
raître approuver les, termes de P $tie pro
position ? Us pouvaient Être.tranguilles, r
personne ne leur eut prêté cette, pensée.
" "Ou bien, ôpt-ils voulu sauver M. \Yal-
deck'-Rpusseaù pour.le remercier d'avoir
lui-même < sauvé la société » ? Elle ne
me semble pas si sauvéé que cela. Et
puis, vraiment, le dernier geste du prési
dent du conseil ne méritait pas tant de
reconnaissance, ni l'oubli de deux an
nées de crimes., ,
Le mal que . cet homme a fait depuis
deux ans, il l'a fait librement. ,1} a servi
toutes les passions antisociales ; il a cou
vert les fantaisies , monstrueuses du
F. *. André et le déshonneur du ministre
de la justice ; à Toulouse, il n'a pas eu
un mot de réprobation pour le collecti-
vispaë ,* il .a laissé le baron Millerand
^maintenir publiquement soii programme
de Saint-Mandé, ce, qui était promettre
aux ouvriers l'impossible et lès condam
ner à toutes les de'sillusions. De tout cela,
"il a l'entièrè responsabilité.
Mais son acte dé mardi dernier, il n'en
a aucunement le mérite, Ce qu'il a fait
en arrêtant la vente de.B fusils à Mont-
ceau, et en ajournant la discussion de la
^proposition Basly (d'accord" sans' doute
avec ce politicien], il ne pouvait pas'ne
paB le faire. Il ne .pouvait évidemment
pas approuver et favoriser la grève gé
nérale. .
Alors, pour la première fois, il s'est
donné le plaisir d'être sec contre ses al
liés. collectivistes. Èous ne lui en saurons
iaùcun gré. .Un incendiaire qui, tout à
coup pris dé peUr, se fait pompier, n'est
pas un individu très intéressant." .
Il semble bien, d'ailleurs, que les
progressistes commencent a com-
ficendrejeur.faùte. Nous ne les en-
eudons. plus,, aujourd'hui, parler
des principes, qui n'avaient rien à
voir dans cette affaire de discus
sion immédiate- ou d'ajournement.
C'est une autre raison qu'ils invo
quent, pour' excuser leur vote. —
M. W ald eck- Rous s eau, disent-ils,;
n'avait pas posé la question de con-
fiâncé. Donc, il ne se serait point
retiré devant une décision contraire
à ce qu'il .demandait... Pourquoi,
dans ces conditions,nous prononcer:
contre lui?...
D'abord, parce qu'il est toujours!
utile et doux, quand on le peut, de|
faire échec à un pareil ministère. Et;
ensuite, ne joûons pas sur les mots..
Le président du conseil n'avait pas!
posé, en termes exprès; la question!
ae confiance ; soit. Mais son dis
cours se terminait par ^ette phrase,
•que;.nous copions*■ .textuellement
dans le Journal officiel :
, .Le gouvernement s 'oppose, — et dé ta!
''façon la plus catégorique,. — à une dis-;
.cusBion immédiatepour laquelle, assuré--
. ment, personne aujourd'hui n 'eBt prêt.
Peut-on croire que si la Cham
bre avait répondu à ce vélo séc et
formèl en décidant la discussion:
immédiate, M. Waidèck-Rousseau,
la joue rouge encore du soufflet,
serait remonté bien tranquillement
à la tribune pour prendre, part au:
débat? Non ; nous lui savons un
peu plus d'amour-propre... Il y
avait, tout' au moins très grande
'chanc.e qu'il préférât se retirer.
Nous sommes d'avis qu'il fallait
tenter cette chance-là.
: :Et les cent trente progressistes,"
ministériels d'un jour, pensent au
fond, maintenant, comme nous. Ils
ne sont ni fiers ni satisfaits à l'idée
que, le cabinet ayant eu juste qua- :
rante-cinq. voix ae majorité, il au-;
rait suffi à vingt-trois d'entré eux
dé . mettre .un ; bulletin blanc dans
l'urne, axi lieu,, d'un jaùlletïn bleu,
pour que M. Waldeck-Rousseau fût
par terre. Et^ ils se proposent
men de ne plus commettre . ,1a
même faute, à la prochaine occa
sion.
'Mais,;maihtènant, cette prochaîne
bccasion, quand se presentera-t-
elle?:
Pierre V euillot.
A LA CHMIBRE
Les enfants mineurs. — La vitéssëdes
automobiles. — Le régime dès alié
nés^ -r- L'admission.temporaire.
Séance sédative. Après avoir
adopté la proposition qui fixe .de
nouvelles conditions pour la garde
des enfants mineurs, la Chambre a
renvoyé à- la commission de légis
lation crimiqelle la proposition de
M. Guillaume Chastenet tendant à
établir, en cas d'accident, la respon
sabilité: des conducteurs d'automo
biles. D'après cette - proposition,
tout conducteur qui, « après un ac
cident auquél il aura concouru v,
ne se sera pas arrêté,et aura pris la
ûiite, sera frappé d'une peine de
six jours à deux mois de prison.
VM. Charles Bernard est monté en
suite à la. tribune pour développer
une.proposition tendant à modifier
le régime auquel sont soumis les:
aliénés. L ? orateur affirme qu'il y a:
nombre de séquestrations arbitrai
res.; Pour né. point passionner le.
débat', il déclaré tout d'abord qu'il
ne veut faire aucune allusion a la
comtesse russe qui, « se mépre
nant sur la personne de M. D'el-
cassé, tirait à blanc sur M. Baiidin » ;
mais, il cite plusieurs personnes qui
seraient internées dans des maisons
de fous, bien qu'elles jouissent ç}e
toute leur raison. M.. Ch. Bernard
demandaitl'urgence et la discussion
immédiate ; mais la Chambre ren
voie la proposition à la commission
spéciale.
> L 'ordre du jour appelle ensuite là
discussion : 1° du projet de loi sur
l'admission temporaire des blés ; 2°
de la proposition de., M. Castillard,
modifiant le régime de cette admis
sion. -
'. . M. Thierry développe un contre-
projet ouvrant pour l'exportateur
un crédit en douane dans la limite
du montant des droits qui représen
tent la quantité de blé employée à
la fabrication du produit exporté.
M. Jean Dupuy, ministre de l'a
griculture, combat ce contre projet
§ui, d'après lui, ne. donnerait que
e fâcheux résultats. Lè ministre
rappelle que M. Thierry, qui repré
sente actuellement les intérêts des
meuniers de Marseille, faisait jadis
l'éloge de cette admission tempo
raire dont il demande aujourd'hui la
suppression. M-. J. Dupuy ajoute
que le contre-projet n'a pour but
que d'établir des bons d'importa
tion. Or, le Sénat a repoussé tout
récemment encore ce système et il
ne reviendrait pas sur son vote.
M. Roze critique à son tour le
contre-projet. « M. Thierry, dit-il,
-retire d'une main à l'agriculture ce
qu'il lui donne de l'autre. » M.
Roze a préparé lui aussi un contre-'
projet qu'il développera plus tard,
dit-il, et qui est basé sur cette idée :
tous les droits payés r à l'entrée sont
déposés dans une caisse spéciale et
sont-afïectés à des -primes d'expor
tation.
La Chambre vote alors sur la
proposition Thierry qui est rejetée.
Puis, M. Castillard développe un
contre-projet qui reproduit le pro
jet du gouvernement —■ à cette mo
dification près qu'il établit l'incessibi
lité du titre. : « Il sera, dit-il, délivré
au meunier importateur un titre de
perception incessible dont le mon
tant lui sera remboursé par la
douane, lorsqu'il, exportera les fa
rines, les semoules et les sons pro
venant du blé importé. »
. Le .rapporteur objecte que, dans
ces conditions, le caractère négo
ciable "du 1 titre favoriserait la spé
culation.' Lè contre-projet est re-
.poussé, èt la loi . votée. Enfin, la
Chambre adopte, par 317 voix, con
tre. 186, un amendement de M, Lu
cien Cornet qui a pour but de com- 1
battre la fraude et la spéculation ét
qui est ainsi conçu : « La sortie de
la farine ne pourra s'effectuer que;
dans le même bureau de douane où
se sera faite l'importation du blé. »
Là-dess.us,, M. Déschanei lève la
séance. Aujourd'hui, on discutera
l'interpellation de M. Lasies sur le
régime des boissons. •
J. M antenaï.
LES FAITS N'EXISTANT PAS
Nous lisons dans le Radical :
Il est, dans un certain nombre de com-'
munes, des conseils municipaux qui émet
tent des avis favorables aux congrégations;
cela se passe nécessairement dans les pays:
les plus arriérés où l'éducation pénètre à
peine et qui sont soùs la coupe du curé et
de l'ignorantin..
C'est là un danger qu'il faut signaler : il;
est. certain que dans les grands centres,
partout où régnent l'esprit démocratique et
l'activité Intellectuelle; les demandes d'au-,
torisation seront repoussées.
A Bordèaux, à Calais, à Nice, à Or
léans, des avis favorables aux congré-
gations ont" été donnés par les conseils
municipaux, qui pourtant ne sont nulle
ment « réactionnaires ».
Le Radical l'ignoreou plutôt il veut
l'ignorer, et surtout le faire ignorer à ses
lecteurs.
Un peu plus loin; le Radical croit spi
rituel d'envelopper dans une même in
jure les communes qui osent ainsi s'éle
ver contre la proscription et la spolia
tion. Il les appelle « Fouilly-les-Oies ».
« Fouilly les-Oies » n'est pas gentil
pour là France agricple j mais du reste,:
d'après les noms cités plus .haut, on voit
que Fpuilly-les Oies jouit quelquefois
d'une certaine importance.
G. D'A.
LES COKGRÊGitlOilS
: Les demandes d'autorisation. '
Le Matin publie la note sui-;
vante : .
En vue du dépôt sur le bureau de la
Chambre des demandes d'autorisation:
faites par les congrégations non autori
sées, le ministre des cultes vient de faire
imprimer la liste complète des congré
gations et des établissements religieux
qui se «ont soumis à la loi sur le contrat
d'association.
Il y a exactement -615 congrégations,:
dont : 64 d'hommes et 551de femmes, qui
ont fait leur demande d'autorisation.
Les 64 congrégations d'hommes pos
sèdent 2,007^établissements, les 551 con
grégations de femmes en possèdent
7,865, soit au total 9,872 établissements.
' Au point de vue de i'application de la
loi, 61 demandes de congrégations d'hom
mes comptant l,964étabHssementset395
congrégations de femmes comptant 1,619
établissements, devront être soumises à
l'approbation du Parlement.
Par contre 3 congrégations d'hommes,
gyant 43 établissements et 156 congréga
tions de femmes possédant 6,246 établis
sements, pourront être autorisées par
décret rendu en Conseil d'Etat.'
A. Marseille.
Le conseil municipal a adopté un.
vœu tendant à refuser toute anto-
ri8atioii aux congrégations reli-'
gieuses.
Les Çnrmélites d'Arias.
Nous lisons dans le Nouvelliste
du Nord et du Pas-de-Calais:
Mercredi matin, au début de l'au
dience civile et sur la requête du procu
reur de la République, le tribunal d'Ar-
ras a nommé M° Marchand, avoué, liqui
dateur des biens de la congrégation des
Carmélites d'Arras qui, on le sait, est
allée se fixer près de Mons.
Xes Bénédictins. -
Les Bénédictins de Mesnil-Saint-
Loup (Aube), qui ne se sont pas
conformés àia loi du 1 er juillet, ont
été dissous par le tribunal civil de
Nogent-sur-Seine.
Le parquet de cette ville vient de
les expulser. Leurs biens seront
liquidés.
4 Grenoble.
Dans son audience de mercredi,
la première chambre civile, prési
dée par M. Rabatel, a rendu un
jugement déclarant que, pour dé
faut de demande d'autorisation, sont
dissoutes les congrégations sui
vantes :
Les Carmélites de la Tronche ;
Les missionnaires de la Salette ;
Les Petites Sœurs de l'Ouvrier,
deVoreppe;
M. J.-P. Rivail, ancien arbitre de
commerce, est nommé liquidateur-
sô.qiiftstfA.
Les Capucins d'Annecy.
La Revue du diocèse d'Annecy
fait ces judicieuses réflexions sur
un des considérants du vote défa-
vorable du conseil municipal d'An
necy à propos de la demande en
autorisation des Capucins :
Le vrai motif du. refus pourrait bien
être dans le second considérant, qui est
le dernier. In cauda venènum. Des op
portunistes avisés n'en auraient pas
parlé.
o Considérant que l'établissement oc
cupé par la congrégation, à Annecy, aux
portes de la ville, est de nature à entra
ver le développement de celle-ci. »
Voilà ! Les bons Pères avaient choisi
un emplacement éloigné, en pleine cam
pagne, pour ne gêner personne. Mais la
ville se développe, et tant pis pour qui
gêne son besoin d'expansion.
Propriétaires d'Annecy, qu'en pensez-
vous ? Vous avez acheté un terrain, vous
avez construit dans l'alignement, vous
ajoutez à votre maison un jardin ou un
parc ; vous êtes en règle avec la voirie,
la police et toute l'administration. Vous
vous croyez en feureté dans votre home.
Qui sait ? Un beau jour, on vous dira
que vous entravez le développement de
la ville. Si vous n'êtes pas Capucins, vous
recevrez une indemnité dérisoire ; si
vous êtes Capucins, vous n'aurez rien du
tout.
Ote toi de là que je m'y mette : c'est la
loi suprême, et il n'y a ni décalogue, ni
code civil, ni déclaration des droits de
l'homme; qui prévale contre cet axiome
de la civilisation nouvelle.
A Jersey.
: Les Etats-Généraux de l'île de
Jersey ont décidé, par 36 voix con
tre 4, d'interdire aux Ordres reli
gieux étrangers composés de ..plus
de six'personnes de s'établir dans
l'île.
Le - procureur général, M. Tur-
ner, s'adre.ssant à l'assemblée, a
dit:
Aucun ordre religieux français ne doit
être admis, car l'influence française ne
peut être que malfaisante pour nos en
fants, et nous désirons, avant tout, que
nos enfants deviennent des sujets loyaux
de la Grande-Bretagne.
Est-ce que ce considérant n'est
pas à lui seul un éloquent éloge du
patriotisme des congrégations ca
tholiques françaises ? •
LES FICHES DE IL. EDGAR MONTEIL
Limoges, 24 octobre.
Dans son interpellation du 2 juillet
dernier sur les faits et gestes de M. Ed
gar Montéil, M. Laver tu j on avait exposé
les idées du préfet de la Haute-Vienne
concernant l!espionnage de ses adminis
trés. Elles étaient tout à fait suggestives.
L'ex feuilletoniste préconisait dans un
de ses livres tout un système de fiches
relatives aux hommes connus, à leurs
« tendances religieuses » à leur rôle poli
tique dans le passé, etc... Ce système, il
l'applique .depuis qu'il est préfet. Il a
ainsi dix mille cartons, à peu près, affir
mait l'interpellateur. M. Waldeck-Rous
seau nia cette manie policière,
" Pourtant," la Croix de Limoges pos
sède la photographie d'une des fiches
.dont nous parlons et qui concernent non
seulements les fonctionnaires, mais en
core de simples particuliers. Voici quel
ques-unes des questions posées : « Où
M. M... a-t-il été élevé ? Dans quel éta
blissement scolaire? Est-il marié? Y
a-t-il quelque chose de particulier à si
gnaler concernant son épouse ? Où ses
enfants sont-ils élevés? Quelle est son
attitude politique ? » i . - .
Nous espéron^ bien qu'un jour ou l'au
tre le gouvernement fera de M. Monteil
le successeur de M. Cochefert, chef de la
Sûreté parisienne.
—— ——-—♦ '
LAÏCISATION D'ECOLE
Notre correspondant de la Man
che nous écrit :
Encore une laïcisation à vous signa
ler. Par suite du décès de Mme Aviez,
en religion Sœur Joseph,.des Sœurs de
Saint-Vincent de Paul, directrice de l'é
cole maternelle de la ville de Coutances,
cette école maternelle a été laïcisée ;
c'.est Mlle Lerouxel, institutrice laïque
de l'école communale de filles de Saint-
Clair (chef-lieu de canton de l'arrondis-
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