Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-09-24
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 septembre 1901 24 septembre 1901
Description : 1901/09/24 (Numéro 12265). 1901/09/24 (Numéro 12265).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710854c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 24 Septembre 1801
ËdtitteB quotiâlann*. •* 12,265
Mardi 24 Septembre iftOi
ÉDITION QUOTIDIENNE
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PARIS
et départements
Un an 40 »
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LE MONDE
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L'UNIVERS ne répond pas te irnnuscrit^ qui lui sont «dressés
ANNONCES
MM LAGRANGE, CERF et CK 6, place de la Bourse
PARIS, 23 SEPTEMBRE 1910
BOMMAIRS
L'ami et l'alliée....
Çà et là : Protées
modernes
Les protestants et
le congrès d'Os-
nabrUck
Chez les Bénédic
tins. ....
Nouvelles agricoles
Feuilleton : Le poli
cier de l'empereur.
Pierre Veuiixot.
Joseph Legueu.
A. Marin.
Edouard Alexandre
A. se Villiers de
i'Isle-Adam.
Geoffroy de grand-
maison.
Bulletin. — Les congrégations. — Le schis
me Impossible. — Contre l'armée. — Les
vœux du Grand-Orient.;— Après le voya
ge du. tsar. — Informations politiques et
parlementaires. —A travers la presse. —
Les affaires de Chine. — La guerre du
Transvaal. — Colombie et Venezuela. —•
Dépêches de l'étranger. — Chronique.
— Lettres, sciences et arts. — La ques
tion ouvrière. — Les anarchistes. —-
Troubles en Belgique. — Les socialistes
allemands. — Les retraites ouvrières. —
Fêtes et réunions d|hier. — Chronique
religieuse. — L'Eglise du Rosaire. — Pè
lerinage à Paray-le-Monial. — Nécrolo
gie. — Echos de partout. — Guerre et
marine. — Nouvelles diverses. — Calen
drier. — Dernière heure. — Tableau et
bulletin de la Bourse.
L'AMI ET L'ALLIÉE
Le tsar n'est pas venu à Paris, et
M. Rostand, de l'avis unanime, a
fourni la preuve évidente qu'il ne
fait rien a moitié, même quand il
rate. Sauf ces deux incidents, d'i
négale importance, le voyage a été
heureux; c'est un succès. Notre
patriotisme doit s'en réjouir. On
peut penser qu'il aurait mieux valu,
à certains égards, que Nicolas II
nous rendît visite sous un autre
ministère pratiquant une autre po
litique. Mais les visites- du tsar
ne font pas les ministères éternels.
L'alliance est toujours solide, voilà
ce qu'il faut considérer avant tout,
et retenir avec une pleine satisfac
tion.
La mutuelle et cordiale confiance,
la joie d'être unis et la volonté de
maintenir cette union, caractérisent
les paroles échangées à Dunkerque.
à Witry et à Bétheny entre les
chefs d'Etat. Nous le savoi r '.jg
ont beaucoup parlé de là Q er _
tains organes contai/ de ' s > en
plaindre. Que le ^, â y S)C }ans sa masse,
partage les Sentiments de ces jour
naux et Conçoive à ce propos ael'a-
yersibn contre le régime, nous ne
lô croyons pas, nous l'avons déjà
4it, et nous aimons mieux ne pas
revenir là-dessus.
Mais on s'est avisé encore d'une
autre observation chagrine. Amis
de la Russie, nous le sommes, on
ne le conteste pas.—Seulement, dit-
on, l'Allemagne l'est comme nous.
Et le tsar paraît bien avoir pour nos
voisins d'outre-Rhin d'aussi vives
sympathies que pour la France. Il
est allé à Dantzig avant de se ren
dre à Dunkerque. Son attitude et
son langage ont enchanté, ont
enthousiasmé Guillaume. Qui nous
dit, si un conflit surgissait entre
l'Allemagne et nous, si elle venait
à nous chercher querelle, que Ni
colas II, après avoir essayé vaine
ment par ses bons offices de rame
ner la paix, ne se contenterait point,
nous voyant aux prises et nous ai
mant également, de garder la neu
tralité? Dans ces conditions, encore
une fois, où est le bénéfice de l'al
liance?...
Voilà des gens bien sombres, et
qui nous paraissent trop portés à
voir des similitudes où l'on peut, au
contraire, à meilleur droit, noter
des contrastes. Véritablement, vous
trouvez que l'entrevue de Dantzig
et le voyage en France doivent don
ner la même impression ? Vous
croyez que l'Europe, comparant,
dira: —Pas de différence?... Est-il
besoin de rappeler ici les détails,
et de mettre en relief tout ce qui
montre qu'on a été, à Dantzig, poli,
aimable, et à Dunkerque,Compiègne
et Reims, confiant et cordial ? Est-
ce la même chose, et depuis
quand se témoigner des égards et
se promettre de rester des voisins
pacifiques a-t-il une aussi grande
.portée, prend-il un caractère d'en
tente aussi intime que les effusions
publiques de l'amitié la plus chau
de, que la proclamation répétée
d'une alliance absolue ?
Relisez les toasts de Dantzig et
ceux de Dunkerque, de Witry et
de Bétheny; rapprochez-les. Vous
n'oserez pas soutenir que les allo
cutions prononcées par Nicolas II
et Guillaume ont le même accent,
indiquent les mêmes engagements
que celles qu'ont échangées l'em
pereur de Russie et M. Loubet.
Mais le tsar et Guillaume ont
causé ensemble, loin des oreilles
curieuses. Sans doute, on ne sait
pas ce qu'ils se sont dit. Seulement,
on sait fort bien que le souverain
allemand a manifesté une joie très
vive, une allégresse exubérante à la
suite de ces conversations intimes.
Quelles assurances a pu lui donner
Nicolas II? N'est-il pas facile de le
deviner?
Ce qui est encore plus facile,
c'est de démêler le calcul de Guil
laume. Qu'il ait été fort content,
nous ne demandons pas mieux que
de le croire. Mais son caractère et
sa politique étant donnés, on peut
être sûr que, même s'il n'avait pas
été content, il aurait affiché bruyam
ment la pleine satisfaction et l'en
tière confiance. Il a de merveilleu
ses aptitudes à très bien jouer ce
jeu-là.
Et d'ailleurs, que l'empereur alle
mand soit tout à fait content ou ne
le soit qu'à moitié, qu'est-ce- que
cela prouve? Nicolas II envisage
rait, par hasard, l'éventualité d'une
guerre plus ou moins prochaine
contre son puissant voisin, croyez-
vous qu'il aurait laissé paraître
cette préoccupation en causant
avec lui? On ne commet point de
ces maladresses. Quand ils y vin
rent en 1867, Guillaume I" et Bis
marck nourrissaient déjà l'idée
d'une agression contre la France.
Ils partirent, nous ayant convaincus
de leur amour de la paix.
La paix, Nicolas II l'aime et la
désire vraiment. Il n'a pas joué la
.comédie à Dantzig.'Et sa résolution
est très sincère, nous le croyons
fermement, de rester en termes
de bonne amitié avec l'Allemagne.
Mais si &uillaume est son ami, nous
sommes ses alliés. Il faudrait que
la Russie optât, nous aurions ses
préférences. On le sait de l'autre
côté du Rhin, et soyez tranquilles,
on ne nous cherchera point de mau
vaise querelle.
Pierre Veuillot.
BULLETIN
Le tsa.r et la tsarine ont traversé VAl
lemagne, dans leur voyage de retour
en Russie ; aucun incident à signaler,
M, le président de la République , à la.
suite de la venue du tsar, a adressé des
lettres de félicitations aux ministres de
la guerre et de la marine au sujet de la
tenue des soldats et des marin." rvet un
I » . . n > J* V VV V lAlfr
hommage justifié.
JfJ° Urnée % h } er '-aa pas été marquée
ïmvortante"^ mtions nombreuses, ni
V? aucun ministre n'a paru
. . s&rt, en dehors du général An*
- qui ne compté guère.
Les manifestations antimilitaires qui
ont marqué, sur divers points, les gran
des manœuvres, auront leur écho à la
tribune législative-, M. Lasiesa prévenu
le ministre de la gu rre qu'il lui adres
serait une interpellation à la rentrée des
Chambres.
On remarquera aux dépêches une
note du Times relative aux mesures
annoncées en Espagne contre les congré
gations religieuses. On voudrait douter
de l'exactitude des rens eignements don
nés par le journal protestant anglais,
toujours quelque peu suspect, mais ils
sont trop vraisemblables.
L'anarchiste Ûzolgosz a été renvoyé de
vant la cour suprême de New-York.
LES CONGRÉGATIONS
le collège
de l'Immaculée-Conception de Laval.
Le collège de l'Immaculée-Con
ception de Laval va s'ouvrir à l'é
poque ordinaire.
Après entente entre l'évêque de
Laval et la nouvelle société civile,
des nominations ont été faites qui
assureront l'avenir du collège. Voi
ci ces nominations :
i* M. le chanoine Blu, le vénéré fonda
teur de la maison, reste à la tête du col
lège avec le titre d'honneur de directeur:
M. le chanoine Blu reste < recteur au
même titre que sous l'ancienne adminis
tration.
2* M. l'abbé Tribouillard, ancien curé
de Laubrières, licencié ès lettres,est nom-;
me supérieur.
3* M. l'abbé Chelles, depuis longtemps
professeur, remplira les fonctions de!
sous-supérieur.
4* M. l'abbé Breux, vicaire à Notre-
Dame des Cordeliers,est nommé économe
et préfet de discipline. j
La nouvelle Société civile qui as
sume la responsabilité de la mar
che du collège de l'Immaculée-Con -S
ception, adresse la circulaire sui
vante aux parents des élèves :
Laval, 21 septembre. î
Monsieur,
Vous avez été, comme nous, doulou
reusement ému par l'annonce du départ
des religieux, qui, depuis près de vingt
ans, dirigeaient avec tant de zèle et d'au
torité l'institution de l'Immaculée-Con
ception.
Ils emportent avec eux nos plus vifs
sentiments de regret, de respect et de
reconnaissance.
Un instant, nous avons pu craindre que
l'institution ne demeurât définitivement
fermée, mais aujourd'hui cette crainte
n'existe plus ; nous sommes heureux de
vous l'annoncer.
Une Société civile s'est formée. Elle a
pris la direction de l'Etablissement, après
entente avec Mgr l'Evêque de Laval, qui,
sur la demande de ses administrateurs, a
bien voulu lui fournir des ecclés'astiques
distingués, dont le concours assurera le
succès des études.
Comme par le passé, les cours com
prendront l'enseignement secondaire
classique de plein exercice, et l'enseigne
ment moderne.
Nous sommes certains que vous vou
drez continuer à confier l'éducation de
vos chers enfants à l'institution libre de
l'Immaculée-Conception : dont la de
vise reste toujours la même : Dieu et
Patrie. 1
Les administrateurs de la Société :
L. Barbé, A. Huignard , archiprê-
tres, P. le Breton , Ch. Batard.
J .-M. Richard.
P.-S.— La rentrée des classes aura
lieu:
Pour les internes, le mardi 8 octobre,
jusqu'à 7 heures du soir.
Pour les externes, le mercredi 9 octo
bre, à 8 heures du matin.
- La meBse du Saint-Esprit suivra la
xentrée.
Le collège Saint-Michel. -
Dimanche, dans les trois Darôis-
ses de Château-Gontier, le clergé a
annoncé que le collège Saint-Michel
sera ouvert en octobre et compren
dra tous les cours d'enseignement
classique et moderne, la Philoso
phie y comprise. *
Cette nouvelle a été accueillie
avec joie par la population chré
tienne de Château-Gontier qui se
préoccupait à juste titre de l'avenir
de ce collège.
L'école Saint-Michel de-Paris.-
L'école Saint-Michel, 37, rue des
Marguettes (XII e arr.), dirigée par
les clercs de Saint-Viateur, com
mencera le 1 er octobre ses cours
d'enseignement classique et mo
derne, comme les années précé
dentes.
Les Bénédictins
de la rue de la Source.
Nous rendons, compte, d'autre
part, de la touchante cérémonie d'a
dieu des Bénédictins, du monastère
de Sainte-Marie de Notre-Dame
cPAuteuil.
Les Bénédictins de la rue de la
Source ont fermé leur monastère et
partent demain mardi pour Civet
(Belgique).
Le Carmel de Chartres.
Les religieuses du monastère du
Mont-Carmel, de Chartres, au nom
bre de trente-deux, ont quitté la
ville en trois groupes, vendredi, sa
medi et dimanche matin. Elles se
rendent à Rosenthal (Belgique), où
elles ont loué un vieux château e ;
quelques maisons avoisinantes. Ces
trois départs se sont effectués sans
aucun incident.
l On annonce que les soeurs Répa
ratrices de Pau qui, sous la pro
tection de la baronne de Brienen,
avaient fondé un admirable établis
sement^ s'exilent en Belgique et que
leur bienfaitrice les suit.
Dans le Jura.
Le conseil municipal de Chaussin
(Jura) vient de se réunir pour don
ner son avis sur le maintien des
Sœurs du Saint-Esprit et la ma
jorité s'est déclarée en faveur
des religieuses.
LE SCHISME IMPOSSIBLE!
Dans un banquet qui a suivi une
cérémonie religieuse à l'abbaye de
Citeaux, Mgr LeNordez, évêquede
Dijon, s'est exprimé en ces ter
mes :
Demain sera ce que Dieu aura permis
qu'il soit, mais il sera aussi ce que nous
le ferons. Or, ce que nous ferons sera
bien si nous le faisons selon l'ordre.
Je sais les craintes de quelques es
prits ; car tel est, à c "Haines heures, l'ef
fort de l'ignorance, des passions et de la
mauvaise foi, qu'on n'a pas craint d'im
puter à quelques évêques français le se
cret dessein, — crime ou folie, —de sé- s
parer leur action de celle du Saint-Père.
Comme Bi un membre, si noble fût-il,
pouvait valoir quand il est séparé du
chef, comme si l'édifice de tout ce que
nous sommes, noi's évêques, ne tenait
pas à cette clef de voûte qu'est le Saint-:
Siège ; comme si les droits sacrés du vi
caire de Jéaus-Christ n'étaient pas la
source et le g .rant des nôtres et son au-;
torité le fondement de notre pouvoir.;
J'ose m'en porter garant, ceux qui sè
ment de telles appréhensions ou qui les:
accueillent méconnaissent l'Episcopat
français. Aussi, mes révérends Pères et
messieurs, notre premier vœu sera pour
Léon XIII.
Et voilà qui répond éloquemment
et péremptoirement à ces vains
bruits de la possibilité d'un schisme,
répandus par certains journaux trop
accessibles à l'esprit départi. Il n'y
aura pas de schisme; il ne peut pas
y en avoir ! L'Eglise de France est
unanime dans l'horreur du schisme.
Çà et là
PROTEES MODERNES
La Presse — il faut bien le recon
naître, et l'on a le droit d'en gémir —
s'éloigne de plus en plus de sa concep
tion primitive et rationnelle. Autrefois,
un journaliste était essentiellement un
monsieur qui écrivait des articles. En
cette tâche, certains de nos ainés s'illus
trèrent ; les autres, sans aspirer aussi
haut, ou en tous cas sans y atteindre,
durent cependant posséder au moins
quelques convictions, des notions histo
riques et littéraires, un peu d'orthogra
phe, un brin de grammaire, et un soupçon
de style.
Ces bagages sont beaucoup moinB in-
disptw>ablc8, pour exercer la profession
telle 'qu'on la pratique presque partout de
nos jours. À part cinq ou six organes sé-|
rieux,d'autant plus estimables qu'ils sont
plus rares, les feuilles publiques, depuis
une dizaine d'années, réservent la ma
jeure partie de la surface que laissent
libre les annonces à des chroniques fan
taisistes et bâclées, où le sel d'ordinaire:
est remplacé par du poivre ; à des faits
divers sensationnels et en général crous-:
tillants ; à des informations venant de
fort loin, écrites en style nègre, et qui
visent le record de l'incompréhensible.
Comme si une telle décadence n'était
point assez navrante, un homme néfaste
apparut (d'aucuns prétendent que ce fut
M. Cornély) qui d'Amérique ou d'Angle
terre, importa en France l'interview,
supplice qui,d'un seul coup,fait plusieurs
victimes. On pourrait dans bien des cas
la définir en ces termes : « Un journa
liste, ignorant de fond en comble une
question quelconque, interroge à propos
de oelle-ci un personnage qui ne la con
naît pas mieux. L'un et l'autre unissent
leur incompétence pour renseigner le
lecteur, qui croit comprendre. De cette
façon, chacun est dispe&sè de réfléchir ! »
Tout cela ne suffisait point encore, pa-
raitril, pour ahurir le public, et pour
reîiùre'infernale la carrière deB lettîeS,
réduitè, èn ce qui concerne tant de pau
vres diables,aux dimensions d'un repor
tage insipide et fastidieux. Depuis trois
ou quatre ans, nous avons mieux eneore>
L'interview elle-même j mâigïé sdh tioîft
britannique, est devenue vieux jeu. Il
s'agit maintenant, pour le journaliste
boulevardier, de servir quotidiennement
au lecteur des « tranches de vie », comme
un charcutier débite deB tranches de
pâté, parfois faisandées. Et l'on ne veut
point de cette vie imaginaire que les ro
manciers façonnent au gré de leur fan
taisie, et les peètes au gré de leurs rêves;
Les directeurs des feuilles à la mode
exigent du réel, du « document humain »,
et du nouveau, n'en fût il plus au
monde.
Le principal responsable de cette Bi-,
tuation qui ai comme on dit vulgairement)
achevé de « gâter le métier » n'est autfe
que M. Georges Daniel, un publiciste
doué de beaucoup de verve, et de plus de
scepticisme encore. (tétait il y a etivifdn
huit ans, lors de la grande grève des co
chers de fiacre.Le jeune journaliste,
qui opérait alors, si je ne me trompe,
pour le compte du Figaro, voulut cons
tiper 'de visu si les revendications des
chevaliers du fouet étaient justifiées. Il
revêtit donc un costume couleur de cho
colat trop pâle ; il coiffa un chapeau de
cuir bouilli, d'un blanc un peu sale, et,
monté sur le siège d'une Urbaine) il con
duisit durant (Juelquës jours des canas
sons qui devaient trouver sa main très
douce, son fouet timide et son langage
trop urbain (si l'on me permet ce calam-
bour d'ailleurs mauvais). Le reporter au-
tomédon se fit-il de notables moyennes,
et se rangea-t-il, en ses conclusions, du
côté des gfëviateSj ou bien solitint-il,
après expérience, la résistance de l'in
fâme capital? J'ai complètement oublié
ce détail, qui importe peu. Mais je crois
ne point émettre une assertion témé
raire, en affirmant que l'article ou M.
Georges Daniel racontait son odyssée fut
pour lui plus productif que les trois ou
quatre journées durant lesquell.es il avait
roulé dans Paris.
Un point à noter : il n'avait écrasé nul
odieux bourgeois, aucun abhorré cy
cliste, ce qui constituait à son passif une
infériorité appréciable vis-à-vis de la plu
part de ses collègues occasionnels.
A la rigueur, je consentirais à devenir
cocher de fiacre ; c'est, dit-on le sort ré
servé à beaucoup d'intellectuels et
d'hommes de lettres, qui ont cessé de
plaire. Il est vrai que je suis très myope,
mais cet inconvénient serait surtout sen
sible pour les piétons qui auraient la té
mérité de co uper ma trajectoire. Seule
ment, je préfère renoncer tout de suite à
la carrière journalistique — comme di
sent les Anglais — si pour s'y faire re
marquer il devient absolument néces
saire (ce qui est à craindre) d'exercer,
même d'une façon très temporaire, cer
tains des métiers qu'a tour à tour adop
tés M. Daniel, mis en goût par un pre
mier succès.
Songez qu'il a été infirmier dans un
hôpital, profession qui ne peut cesser
d'être affreusement pénible que si on en
remplit les devoirs avec un dévouement
puisé dans une surnaturelle inspiration.
Mêlé aux vagabonds de Paris, aux che-
mineaux de l'asphalte, il a mangé un
soir, moyennant vingt centimes, la soupe
chez le logeur Pradin —• le moins exi
geant des aubergistes, après celui de la
Belle-Etoile— et il a passé la nuit à la
même enseigne, Bur un coin dQ table ou
sur une marche d'escalier. A l'exemple.
de- Paulian, l'auteur très documenté
dà Paris qui mendie , M. Georges Daniel
atendu la main;... et j'emploie un singu
lier qui n'est nullement métaphorique,
car le reporter du Matin avait, ou je me
trompe fort, choisi pour vingt-quatre
heures le rôle de m anchot. Que n'a-t-il
pas été? Tondeur de chiens, marchand
des quatre saisons, commissionnaire mé
daillé, l'un des derniers apprentis peut-
être dans cette corporation qui s'en va,
tuée par le télégraphe et par le téléphone
et dont l'agonie est douloureuse à voir,
comme celle d'un être humain. De même
disparaissent, vivantes épaves, les por
teurs d'eau, les cireurs de bottines et les
petits ramoneurs, évocateurs d'élégies...
Revenons à M. Daniel... Il n'a pas
encore çté dompteur ( Jjien que eon nom
parût l'y prédestiner. Un jour pourtant,
il se jeta dans une véritable fosse aux
lions. Revêtu d'une soutane, il essaya de
se faire dresser procès-verbal par le
clown Thomas, le maire de Bicêtre. Oii
sait que dans cette ville, célèbre par ses
aliénés, tous ne sont pas hospitalisés der
rière les murailles de l'aBile... La tenta
tive de M. Daniel fut d'ailleurs vaine.
Les agents de la police municipale dé
clarèrent, avec beaucoup de dignité, que
si le premier magistrat de la commune
était idiot, ce n'était pas une raison
pour qu'ils fussent comme lui.
M.Daniel a déjà trouvé un imitateur,
ou plutôt une imitatrice. Cest Mme
Jeanne Brémontier, ex-rédactrice de la
Fronde, et qui, tout en restant socialiste
et frondeuse d'assez mauvais goût, a
quitté ce journal pour passer au Malin
et au Français [le Matin du soir). Man
quant un peu d'imagination, elle s'est
transformée à son tour en infirmière, en
marchande de légumes, en fleuriste. Elle
a vendu du buis le matin des Rameaux,
commerce lucratif, parait-il, mais ex
posé à 364 jours de chômage annuel. Et
elle a eu l'honaeur d'être, en je-ne sais
quel poste de police .plus ou moins passée
à tabac.
On ira loin sanB doute dans la voie des
déguisements et des transformations. Un
jour ou l'autre, quelque reporter, plus in
génieux encore que ses collègues, nous
transcrira, après expérience, les sensa
tions d'un cadavre enfermé dans une
malle. Avant un quart de siècle, tout
journaliste boulevardier devra posséder
une garde-robe aussi bien montée, aussi
dispafatë quê Celle des agents Jaume et
Rossignol.
Mais à quoi bon faire des hypothèseâ
sur l'avenir? A son tour, M. Daniel est
déjà dépassé.
AVides d'Imprévu, deux de ses confrè
res, MM. Stiégler et Turot, ont tenté de
faire le tour du monde en battant le re
cord de Philéas Fogg. Le rédacteur du
Matin n'a mis que soixante-trois jours à
constater q[uô la terfe est ronde.
Pour varier les plaisirs, le représen
tant du Journal est resté en route, em-
pétrédans les marécages de l'Amour...ou
Saghalien.
Je crains que bientôt tout candidat-
rfeportet se voie obligé de subir un exa*
men avant d'être agféé. Î1 lui faudra pré
senter à ses directeurs d'exotiques certi
ficats, émanant de magistrats blancs,
noirs, rougeè ôti jaunes,et prouvant qu'il
a visité les Antipodes, l'Afriquè équato-
toriale, le pôle Nord ; qu'il a renouvelé
aU fënd de la mer les exploits du capi
taine Nemo, la î'errëUf des poissons;
qu'il à parcouru les atmosphériques es
paces dans le ballon dirigeable de M.
Santos-Dumont, et qu'il a échoué sur le
toit d'une maison à six étages, y accro
chant une afSche-réclame en lettres gi
gantesques. Et malgré tout, certaines
gens continueront de ctoire que les jour
nalistes sont d'heureux mortels qui ga
gnent « des mille et des cents», voire
même les palmes académiques, en pas
sant leur vie au café, où ils fument des
deputados.
Joseph Legueu.
LES PROTESTANTS
ET LE CONGRÈS CATHOLIQUE D'OSMBRUCK
Les ultra-protestanta qui composent
l'Association de Gustave-Adolphe sont
très mécontents de l'attitude polie et
courtoise observée par leurs coréligion-
naires d'Osnabriick envers le congrès
oatholique tenu dans cette ville :aux deux
tiers protestante. Ils auraient voulu une
série de violentes démonstrations anti
catholiques, dans le genre de celles qui;
forment le fond des assemblées et con
grès de l'association de Gustave-Adolphe.
DansceB réunions, o'est la guerre contre
l'Eglise catholique qui est toujours la
pièce de résistance du programme; sans
doute, comme on l'a souvent observé,
parce que dans toute assemblée protes
tante on ne peut s'entendre que sur ce
chapitre !
Partout ailleurs c'est la division la plus
complète et les journaux protestants eux-
mêmes Ôe Se fônl pas fixité de Is Oônstâ*
ter. Oe se demande alors jk>u •/J- .-er-
tains d'entre eux s'étonnent du dmooura
dans lequel le docteur Groeber signalait
à Osnabruck ces divisions doctrinales et
lés conflits qui en résultent ? Les Berli-
ner Neueste Nachrichten font très juste
ment observer que le docteur Grœber n'a
dit à Osnabriick que ce que le parti or
thodoxe protestant, qui se considère
comme le plus autorisé dans le protes
tantisme, ne cesse de répéter depuis de
longues années.
À.ïissi,*en dehors des sphères soumises
à l'influence de l'Association de Gustave
Adolphe, ne fait-on pas difficulté de re
connaître que l'assemblée génér^lç çfl-
tholique d'Osiiabï&ck s'est "gààsée très
digaementv Lâ Schlesische Zeitung, or
gane libéral, dit qu'elle a prouvé que les
catholiques savent respecter les opinions
et les croyances de leurs adversaires.
Les associations de Gustave- Adolphe
tiendront sous peu leur assemblée g-ê-
nérale et on pourra constater quelles
n'auront pas les mêmes égards pouf les
catholiques. Cette assemblée générale
devait avoir lieu à Cologne, du 1" au
3 octobre, mais en prévision de l'attitude
habituelle de ce congrès et des dangers
qu'elle fait courir à la paix confession
nelle, le parti du centre du conseil muni
cipal de Cologne et le bourgmestre, pro
testant, lui ont refusé la grande salle de
réunions dç la ville.
A. Marin,
APKfS H VOYAGE M ÏSAR
tettre dn président de la République
au ministre de la guwrre.
Le président de la République a adres
sé au ministre de la guerre la lettre sui
vante :
Mon cher ministre,
Les manœuvres auxquelles nous venons
d'assister ont été une manifestation admi
rable de la puissance militaire de la France.
Les sacrifices que le pays consent si volon
tiers chaque année, pour l'accroissement
et le perfectionnement de son armée, ont
leur récompense.
Après des opérations particulièrement
longues et pénibles, où nos soldats ont
montré leur endurance et leur belle hu
meur légendaires, ces troupes se sont pré
sentées à la revue finale et ont exécuté le
défilé avec une vigueur et un entrain re
marquables. •
L'armée a mérité une fois de plus l'es
time de nos hôtes augustes et la confiance
du gouvernement et du pays.
Je vous prie d'adresser au général Bru-
gère, directeur des manœuvres, pour lui et
pour les officiers et las troupes placés
sous ses ordres, mes félicitations person
nelles et celles du gouvernement de la Ré
publique.
Veuillez agréer, mon cher ministre, l'as
surance de mes sentiments affectueux.
Emile Louiet.
En transmettant les félicitations du
président de la République, le ministre
de la guerre écrit au généralissime Bru-
gère :
Mon cher général,
J'ai l'honneur de vous adresser une copie
de la lettre que M. le président de la Répu
blique a bien voulu m'adresser à la suite
des manœuvres.
En vous transmettant ce haut témoignage
de satisfaction, je suis heureux d'y joindre
pies félicitations personnelles.
Général André.
Lettre du président de la République
an ministre de la marine.
D'autre part, le président de la Répu
blique a écrit la lettre suivante au mi
nistre de la marine i
Mon cher ministre,
Les manœuvres de l'armée navale dans
la Méditerranée avaient été déjà, pour no
tre patriotisme, iin magnifique sujet ds
joie.
La revue de Dunkerque vient de nous
offrir un réconfortant spectacle. L'escadre
de la Manche a su montrer, malgré l'état
de la mer, qu'elle était toujours digne d« la
co«fiance du gouvernement et du Parle
ment.
Les marins, les officiers et les équipages
savent quelle force nécessaire ils apportent
au gouvernement de la République pour
assurer, jusqu'au bout du monde, le res
pect qui est aû à notre drapeau et la sécu
rité qu'eaigent nos intérêts.
La grandeur de leur tâche est égalée par
celle ae leur dévouement.
Je vous prie d'adresser à l'amiral Ménard,
pour lui et pour les officiers et les troupes
sous ses ordres, mes félicitations person
nelles et celles du gouvernement de la Ré
publique.
Veuillez agréer, mon cher ministre,
l'assurance de mes sentiments affectueux.
Emile Lowbet.
En transmettant cette lettre à l'amiral
Ménard, le ministre de la marine écrit au
commandant de l'escadre du Nord :
Paris, 22 septembre.
Mon cher amiral,
J'ai l'honneur de vous transmettre la let
tre ci-jointe que M. le président de la Répu
blique a bien voulu m'adresser.
Je vous prie de la porter par la voie de,
l'ordre à la connaissance de votre escadre
J'y joins mes félicitations personnelles
pour les , progrès csnsidérables qui ont
été réalisés par l'escadre du Nord de
puis deux ans sous votre commande
ment.
Croyez, mon cher amiral, à mes senti
ments les plus cordiaux.
de Lanessan.
Le scandale de Lille.
Le citoyen Delory, maire très socia
liste de Lille, avait refusé de faire pa
voiser les édifices communaux.
Ce singulier magistrat vient de rece
voir le télégramme suivant de M. Vin
cent, préfet du Nord : *
Meyrueis, 21 septembre.
Préfet du Nord à maire de Lille.
J'apprends que vous n'avez pas obéi à
l'invitation que je vous ai adressée au nom
du gouvernement de la République, et que
vous n'aVc-z pas permis que les édifices
communaux fussent pavoisés, au moment
où la France recevait sur son territoire les
souverains du peuple russe, son allié et son
ami.
Je pourrais faire appel aux rigueurs de la
loi, mais toute punition comporte un cer
tain oubli et il convi-nt que vous conti
nuiez à porter rentiers responsabilité de
l'acte que voue avez accompli.
Les habitants de la grande cité dont l'ad
ministration vous est échue vous en de
manderont compte. Ils regretteront que,
par votre fait, la ville de Lille ait paru ne
pas partager l'émotion publique. Ils re
gretteront de n'avoir pas été associés aux
manifestations patriotiques qui ont salué la
nouvelle et éclatante confirmation d'une
alliance qui a fortifié la Franoe et pacifié
l'Europe.
Hlair'esJations franco-russes
tn province.
A Dunkerque, la musique de la garde
impériale russe a donné plusieurs con-
t'èrts « un erave accident a failli se pro
duit dans le bassin Freycinet : une pas
serelle du croiseur Svetlana s est rompue
sous le poids de la foule Six personnea
sont tombées à l'eau. Toutes ont été sau
vées, dont trois par 1 officie^ ^
no ff. j.us8e Dis5«!-
A Brest , il y a eu des expériences de
sauvetage au port du •commerce, devant
une foule -énorme ; les officiers russes
des croiseurs lenissei et Iireysser et les
autorités maritimes suivaient les expé
riences uu passage de la rivière, à bord
d une «haloupe à vapeur russe.
_ Vingt hommes d'équipage, armés de
i appareil de sauvetage, ont pu remor
quer un canon de montagne de 110 lûlo-
grammes.
A Marseillle, un concert a été donné
aux allées de Meilhan ; le soir, une re
traite aux flambeaux a parcouru les
rues*
i
ËdtitteB quotiâlann*. •* 12,265
Mardi 24 Septembre iftOi
ÉDITION QUOTIDIENNE
/
i
■i
PARIS
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LE MONDE
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L'UNIVERS ne répond pas te irnnuscrit^ qui lui sont «dressés
ANNONCES
MM LAGRANGE, CERF et CK 6, place de la Bourse
PARIS, 23 SEPTEMBRE 1910
BOMMAIRS
L'ami et l'alliée....
Çà et là : Protées
modernes
Les protestants et
le congrès d'Os-
nabrUck
Chez les Bénédic
tins. ....
Nouvelles agricoles
Feuilleton : Le poli
cier de l'empereur.
Pierre Veuiixot.
Joseph Legueu.
A. Marin.
Edouard Alexandre
A. se Villiers de
i'Isle-Adam.
Geoffroy de grand-
maison.
Bulletin. — Les congrégations. — Le schis
me Impossible. — Contre l'armée. — Les
vœux du Grand-Orient.;— Après le voya
ge du. tsar. — Informations politiques et
parlementaires. —A travers la presse. —
Les affaires de Chine. — La guerre du
Transvaal. — Colombie et Venezuela. —•
Dépêches de l'étranger. — Chronique.
— Lettres, sciences et arts. — La ques
tion ouvrière. — Les anarchistes. —-
Troubles en Belgique. — Les socialistes
allemands. — Les retraites ouvrières. —
Fêtes et réunions d|hier. — Chronique
religieuse. — L'Eglise du Rosaire. — Pè
lerinage à Paray-le-Monial. — Nécrolo
gie. — Echos de partout. — Guerre et
marine. — Nouvelles diverses. — Calen
drier. — Dernière heure. — Tableau et
bulletin de la Bourse.
L'AMI ET L'ALLIÉE
Le tsar n'est pas venu à Paris, et
M. Rostand, de l'avis unanime, a
fourni la preuve évidente qu'il ne
fait rien a moitié, même quand il
rate. Sauf ces deux incidents, d'i
négale importance, le voyage a été
heureux; c'est un succès. Notre
patriotisme doit s'en réjouir. On
peut penser qu'il aurait mieux valu,
à certains égards, que Nicolas II
nous rendît visite sous un autre
ministère pratiquant une autre po
litique. Mais les visites- du tsar
ne font pas les ministères éternels.
L'alliance est toujours solide, voilà
ce qu'il faut considérer avant tout,
et retenir avec une pleine satisfac
tion.
La mutuelle et cordiale confiance,
la joie d'être unis et la volonté de
maintenir cette union, caractérisent
les paroles échangées à Dunkerque.
à Witry et à Bétheny entre les
chefs d'Etat. Nous le savoi r '.jg
ont beaucoup parlé de là Q er _
tains organes contai/ de ' s > en
plaindre. Que le ^, â y S)C }ans sa masse,
partage les Sentiments de ces jour
naux et Conçoive à ce propos ael'a-
yersibn contre le régime, nous ne
lô croyons pas, nous l'avons déjà
4it, et nous aimons mieux ne pas
revenir là-dessus.
Mais on s'est avisé encore d'une
autre observation chagrine. Amis
de la Russie, nous le sommes, on
ne le conteste pas.—Seulement, dit-
on, l'Allemagne l'est comme nous.
Et le tsar paraît bien avoir pour nos
voisins d'outre-Rhin d'aussi vives
sympathies que pour la France. Il
est allé à Dantzig avant de se ren
dre à Dunkerque. Son attitude et
son langage ont enchanté, ont
enthousiasmé Guillaume. Qui nous
dit, si un conflit surgissait entre
l'Allemagne et nous, si elle venait
à nous chercher querelle, que Ni
colas II, après avoir essayé vaine
ment par ses bons offices de rame
ner la paix, ne se contenterait point,
nous voyant aux prises et nous ai
mant également, de garder la neu
tralité? Dans ces conditions, encore
une fois, où est le bénéfice de l'al
liance?...
Voilà des gens bien sombres, et
qui nous paraissent trop portés à
voir des similitudes où l'on peut, au
contraire, à meilleur droit, noter
des contrastes. Véritablement, vous
trouvez que l'entrevue de Dantzig
et le voyage en France doivent don
ner la même impression ? Vous
croyez que l'Europe, comparant,
dira: —Pas de différence?... Est-il
besoin de rappeler ici les détails,
et de mettre en relief tout ce qui
montre qu'on a été, à Dantzig, poli,
aimable, et à Dunkerque,Compiègne
et Reims, confiant et cordial ? Est-
ce la même chose, et depuis
quand se témoigner des égards et
se promettre de rester des voisins
pacifiques a-t-il une aussi grande
.portée, prend-il un caractère d'en
tente aussi intime que les effusions
publiques de l'amitié la plus chau
de, que la proclamation répétée
d'une alliance absolue ?
Relisez les toasts de Dantzig et
ceux de Dunkerque, de Witry et
de Bétheny; rapprochez-les. Vous
n'oserez pas soutenir que les allo
cutions prononcées par Nicolas II
et Guillaume ont le même accent,
indiquent les mêmes engagements
que celles qu'ont échangées l'em
pereur de Russie et M. Loubet.
Mais le tsar et Guillaume ont
causé ensemble, loin des oreilles
curieuses. Sans doute, on ne sait
pas ce qu'ils se sont dit. Seulement,
on sait fort bien que le souverain
allemand a manifesté une joie très
vive, une allégresse exubérante à la
suite de ces conversations intimes.
Quelles assurances a pu lui donner
Nicolas II? N'est-il pas facile de le
deviner?
Ce qui est encore plus facile,
c'est de démêler le calcul de Guil
laume. Qu'il ait été fort content,
nous ne demandons pas mieux que
de le croire. Mais son caractère et
sa politique étant donnés, on peut
être sûr que, même s'il n'avait pas
été content, il aurait affiché bruyam
ment la pleine satisfaction et l'en
tière confiance. Il a de merveilleu
ses aptitudes à très bien jouer ce
jeu-là.
Et d'ailleurs, que l'empereur alle
mand soit tout à fait content ou ne
le soit qu'à moitié, qu'est-ce- que
cela prouve? Nicolas II envisage
rait, par hasard, l'éventualité d'une
guerre plus ou moins prochaine
contre son puissant voisin, croyez-
vous qu'il aurait laissé paraître
cette préoccupation en causant
avec lui? On ne commet point de
ces maladresses. Quand ils y vin
rent en 1867, Guillaume I" et Bis
marck nourrissaient déjà l'idée
d'une agression contre la France.
Ils partirent, nous ayant convaincus
de leur amour de la paix.
La paix, Nicolas II l'aime et la
désire vraiment. Il n'a pas joué la
.comédie à Dantzig.'Et sa résolution
est très sincère, nous le croyons
fermement, de rester en termes
de bonne amitié avec l'Allemagne.
Mais si &uillaume est son ami, nous
sommes ses alliés. Il faudrait que
la Russie optât, nous aurions ses
préférences. On le sait de l'autre
côté du Rhin, et soyez tranquilles,
on ne nous cherchera point de mau
vaise querelle.
Pierre Veuillot.
BULLETIN
Le tsa.r et la tsarine ont traversé VAl
lemagne, dans leur voyage de retour
en Russie ; aucun incident à signaler,
M, le président de la République , à la.
suite de la venue du tsar, a adressé des
lettres de félicitations aux ministres de
la guerre et de la marine au sujet de la
tenue des soldats et des marin." rvet un
I » . . n > J* V VV V lAlfr
hommage justifié.
JfJ° Urnée % h } er '-aa pas été marquée
ïmvortante"^ mtions nombreuses, ni
V? aucun ministre n'a paru
. . s&rt, en dehors du général An*
- qui ne compté guère.
Les manifestations antimilitaires qui
ont marqué, sur divers points, les gran
des manœuvres, auront leur écho à la
tribune législative-, M. Lasiesa prévenu
le ministre de la gu rre qu'il lui adres
serait une interpellation à la rentrée des
Chambres.
On remarquera aux dépêches une
note du Times relative aux mesures
annoncées en Espagne contre les congré
gations religieuses. On voudrait douter
de l'exactitude des rens eignements don
nés par le journal protestant anglais,
toujours quelque peu suspect, mais ils
sont trop vraisemblables.
L'anarchiste Ûzolgosz a été renvoyé de
vant la cour suprême de New-York.
LES CONGRÉGATIONS
le collège
de l'Immaculée-Conception de Laval.
Le collège de l'Immaculée-Con
ception de Laval va s'ouvrir à l'é
poque ordinaire.
Après entente entre l'évêque de
Laval et la nouvelle société civile,
des nominations ont été faites qui
assureront l'avenir du collège. Voi
ci ces nominations :
i* M. le chanoine Blu, le vénéré fonda
teur de la maison, reste à la tête du col
lège avec le titre d'honneur de directeur:
M. le chanoine Blu reste < recteur au
même titre que sous l'ancienne adminis
tration.
2* M. l'abbé Tribouillard, ancien curé
de Laubrières, licencié ès lettres,est nom-;
me supérieur.
3* M. l'abbé Chelles, depuis longtemps
professeur, remplira les fonctions de!
sous-supérieur.
4* M. l'abbé Breux, vicaire à Notre-
Dame des Cordeliers,est nommé économe
et préfet de discipline. j
La nouvelle Société civile qui as
sume la responsabilité de la mar
che du collège de l'Immaculée-Con -S
ception, adresse la circulaire sui
vante aux parents des élèves :
Laval, 21 septembre. î
Monsieur,
Vous avez été, comme nous, doulou
reusement ému par l'annonce du départ
des religieux, qui, depuis près de vingt
ans, dirigeaient avec tant de zèle et d'au
torité l'institution de l'Immaculée-Con
ception.
Ils emportent avec eux nos plus vifs
sentiments de regret, de respect et de
reconnaissance.
Un instant, nous avons pu craindre que
l'institution ne demeurât définitivement
fermée, mais aujourd'hui cette crainte
n'existe plus ; nous sommes heureux de
vous l'annoncer.
Une Société civile s'est formée. Elle a
pris la direction de l'Etablissement, après
entente avec Mgr l'Evêque de Laval, qui,
sur la demande de ses administrateurs, a
bien voulu lui fournir des ecclés'astiques
distingués, dont le concours assurera le
succès des études.
Comme par le passé, les cours com
prendront l'enseignement secondaire
classique de plein exercice, et l'enseigne
ment moderne.
Nous sommes certains que vous vou
drez continuer à confier l'éducation de
vos chers enfants à l'institution libre de
l'Immaculée-Conception : dont la de
vise reste toujours la même : Dieu et
Patrie. 1
Les administrateurs de la Société :
L. Barbé, A. Huignard , archiprê-
tres, P. le Breton , Ch. Batard.
J .-M. Richard.
P.-S.— La rentrée des classes aura
lieu:
Pour les internes, le mardi 8 octobre,
jusqu'à 7 heures du soir.
Pour les externes, le mercredi 9 octo
bre, à 8 heures du matin.
- La meBse du Saint-Esprit suivra la
xentrée.
Le collège Saint-Michel. -
Dimanche, dans les trois Darôis-
ses de Château-Gontier, le clergé a
annoncé que le collège Saint-Michel
sera ouvert en octobre et compren
dra tous les cours d'enseignement
classique et moderne, la Philoso
phie y comprise. *
Cette nouvelle a été accueillie
avec joie par la population chré
tienne de Château-Gontier qui se
préoccupait à juste titre de l'avenir
de ce collège.
L'école Saint-Michel de-Paris.-
L'école Saint-Michel, 37, rue des
Marguettes (XII e arr.), dirigée par
les clercs de Saint-Viateur, com
mencera le 1 er octobre ses cours
d'enseignement classique et mo
derne, comme les années précé
dentes.
Les Bénédictins
de la rue de la Source.
Nous rendons, compte, d'autre
part, de la touchante cérémonie d'a
dieu des Bénédictins, du monastère
de Sainte-Marie de Notre-Dame
cPAuteuil.
Les Bénédictins de la rue de la
Source ont fermé leur monastère et
partent demain mardi pour Civet
(Belgique).
Le Carmel de Chartres.
Les religieuses du monastère du
Mont-Carmel, de Chartres, au nom
bre de trente-deux, ont quitté la
ville en trois groupes, vendredi, sa
medi et dimanche matin. Elles se
rendent à Rosenthal (Belgique), où
elles ont loué un vieux château e ;
quelques maisons avoisinantes. Ces
trois départs se sont effectués sans
aucun incident.
l
ratrices de Pau qui, sous la pro
tection de la baronne de Brienen,
avaient fondé un admirable établis
sement^ s'exilent en Belgique et que
leur bienfaitrice les suit.
Dans le Jura.
Le conseil municipal de Chaussin
(Jura) vient de se réunir pour don
ner son avis sur le maintien des
Sœurs du Saint-Esprit et la ma
jorité s'est déclarée en faveur
des religieuses.
LE SCHISME IMPOSSIBLE!
Dans un banquet qui a suivi une
cérémonie religieuse à l'abbaye de
Citeaux, Mgr LeNordez, évêquede
Dijon, s'est exprimé en ces ter
mes :
Demain sera ce que Dieu aura permis
qu'il soit, mais il sera aussi ce que nous
le ferons. Or, ce que nous ferons sera
bien si nous le faisons selon l'ordre.
Je sais les craintes de quelques es
prits ; car tel est, à c "Haines heures, l'ef
fort de l'ignorance, des passions et de la
mauvaise foi, qu'on n'a pas craint d'im
puter à quelques évêques français le se
cret dessein, — crime ou folie, —de sé- s
parer leur action de celle du Saint-Père.
Comme Bi un membre, si noble fût-il,
pouvait valoir quand il est séparé du
chef, comme si l'édifice de tout ce que
nous sommes, noi's évêques, ne tenait
pas à cette clef de voûte qu'est le Saint-:
Siège ; comme si les droits sacrés du vi
caire de Jéaus-Christ n'étaient pas la
source et le g .rant des nôtres et son au-;
torité le fondement de notre pouvoir.;
J'ose m'en porter garant, ceux qui sè
ment de telles appréhensions ou qui les:
accueillent méconnaissent l'Episcopat
français. Aussi, mes révérends Pères et
messieurs, notre premier vœu sera pour
Léon XIII.
Et voilà qui répond éloquemment
et péremptoirement à ces vains
bruits de la possibilité d'un schisme,
répandus par certains journaux trop
accessibles à l'esprit départi. Il n'y
aura pas de schisme; il ne peut pas
y en avoir ! L'Eglise de France est
unanime dans l'horreur du schisme.
Çà et là
PROTEES MODERNES
La Presse — il faut bien le recon
naître, et l'on a le droit d'en gémir —
s'éloigne de plus en plus de sa concep
tion primitive et rationnelle. Autrefois,
un journaliste était essentiellement un
monsieur qui écrivait des articles. En
cette tâche, certains de nos ainés s'illus
trèrent ; les autres, sans aspirer aussi
haut, ou en tous cas sans y atteindre,
durent cependant posséder au moins
quelques convictions, des notions histo
riques et littéraires, un peu d'orthogra
phe, un brin de grammaire, et un soupçon
de style.
Ces bagages sont beaucoup moinB in-
disptw>ablc8, pour exercer la profession
telle 'qu'on la pratique presque partout de
nos jours. À part cinq ou six organes sé-|
rieux,d'autant plus estimables qu'ils sont
plus rares, les feuilles publiques, depuis
une dizaine d'années, réservent la ma
jeure partie de la surface que laissent
libre les annonces à des chroniques fan
taisistes et bâclées, où le sel d'ordinaire:
est remplacé par du poivre ; à des faits
divers sensationnels et en général crous-:
tillants ; à des informations venant de
fort loin, écrites en style nègre, et qui
visent le record de l'incompréhensible.
Comme si une telle décadence n'était
point assez navrante, un homme néfaste
apparut (d'aucuns prétendent que ce fut
M. Cornély) qui d'Amérique ou d'Angle
terre, importa en France l'interview,
supplice qui,d'un seul coup,fait plusieurs
victimes. On pourrait dans bien des cas
la définir en ces termes : « Un journa
liste, ignorant de fond en comble une
question quelconque, interroge à propos
de oelle-ci un personnage qui ne la con
naît pas mieux. L'un et l'autre unissent
leur incompétence pour renseigner le
lecteur, qui croit comprendre. De cette
façon, chacun est dispe&sè de réfléchir ! »
Tout cela ne suffisait point encore, pa-
raitril, pour ahurir le public, et pour
reîiùre'infernale la carrière deB lettîeS,
réduitè, èn ce qui concerne tant de pau
vres diables,aux dimensions d'un repor
tage insipide et fastidieux. Depuis trois
ou quatre ans, nous avons mieux eneore>
L'interview elle-même j mâigïé sdh tioîft
britannique, est devenue vieux jeu. Il
s'agit maintenant, pour le journaliste
boulevardier, de servir quotidiennement
au lecteur des « tranches de vie », comme
un charcutier débite deB tranches de
pâté, parfois faisandées. Et l'on ne veut
point de cette vie imaginaire que les ro
manciers façonnent au gré de leur fan
taisie, et les peètes au gré de leurs rêves;
Les directeurs des feuilles à la mode
exigent du réel, du « document humain »,
et du nouveau, n'en fût il plus au
monde.
Le principal responsable de cette Bi-,
tuation qui ai comme on dit vulgairement)
achevé de « gâter le métier » n'est autfe
que M. Georges Daniel, un publiciste
doué de beaucoup de verve, et de plus de
scepticisme encore. (tétait il y a etivifdn
huit ans, lors de la grande grève des co
chers de fiacre.Le jeune journaliste,
qui opérait alors, si je ne me trompe,
pour le compte du Figaro, voulut cons
tiper 'de visu si les revendications des
chevaliers du fouet étaient justifiées. Il
revêtit donc un costume couleur de cho
colat trop pâle ; il coiffa un chapeau de
cuir bouilli, d'un blanc un peu sale, et,
monté sur le siège d'une Urbaine) il con
duisit durant (Juelquës jours des canas
sons qui devaient trouver sa main très
douce, son fouet timide et son langage
trop urbain (si l'on me permet ce calam-
bour d'ailleurs mauvais). Le reporter au-
tomédon se fit-il de notables moyennes,
et se rangea-t-il, en ses conclusions, du
côté des gfëviateSj ou bien solitint-il,
après expérience, la résistance de l'in
fâme capital? J'ai complètement oublié
ce détail, qui importe peu. Mais je crois
ne point émettre une assertion témé
raire, en affirmant que l'article ou M.
Georges Daniel racontait son odyssée fut
pour lui plus productif que les trois ou
quatre journées durant lesquell.es il avait
roulé dans Paris.
Un point à noter : il n'avait écrasé nul
odieux bourgeois, aucun abhorré cy
cliste, ce qui constituait à son passif une
infériorité appréciable vis-à-vis de la plu
part de ses collègues occasionnels.
A la rigueur, je consentirais à devenir
cocher de fiacre ; c'est, dit-on le sort ré
servé à beaucoup d'intellectuels et
d'hommes de lettres, qui ont cessé de
plaire. Il est vrai que je suis très myope,
mais cet inconvénient serait surtout sen
sible pour les piétons qui auraient la té
mérité de co uper ma trajectoire. Seule
ment, je préfère renoncer tout de suite à
la carrière journalistique — comme di
sent les Anglais — si pour s'y faire re
marquer il devient absolument néces
saire (ce qui est à craindre) d'exercer,
même d'une façon très temporaire, cer
tains des métiers qu'a tour à tour adop
tés M. Daniel, mis en goût par un pre
mier succès.
Songez qu'il a été infirmier dans un
hôpital, profession qui ne peut cesser
d'être affreusement pénible que si on en
remplit les devoirs avec un dévouement
puisé dans une surnaturelle inspiration.
Mêlé aux vagabonds de Paris, aux che-
mineaux de l'asphalte, il a mangé un
soir, moyennant vingt centimes, la soupe
chez le logeur Pradin —• le moins exi
geant des aubergistes, après celui de la
Belle-Etoile— et il a passé la nuit à la
même enseigne, Bur un coin dQ table ou
sur une marche d'escalier. A l'exemple.
de- Paulian, l'auteur très documenté
dà Paris qui mendie , M. Georges Daniel
atendu la main;... et j'emploie un singu
lier qui n'est nullement métaphorique,
car le reporter du Matin avait, ou je me
trompe fort, choisi pour vingt-quatre
heures le rôle de m anchot. Que n'a-t-il
pas été? Tondeur de chiens, marchand
des quatre saisons, commissionnaire mé
daillé, l'un des derniers apprentis peut-
être dans cette corporation qui s'en va,
tuée par le télégraphe et par le téléphone
et dont l'agonie est douloureuse à voir,
comme celle d'un être humain. De même
disparaissent, vivantes épaves, les por
teurs d'eau, les cireurs de bottines et les
petits ramoneurs, évocateurs d'élégies...
Revenons à M. Daniel... Il n'a pas
encore çté dompteur ( Jjien que eon nom
parût l'y prédestiner. Un jour pourtant,
il se jeta dans une véritable fosse aux
lions. Revêtu d'une soutane, il essaya de
se faire dresser procès-verbal par le
clown Thomas, le maire de Bicêtre. Oii
sait que dans cette ville, célèbre par ses
aliénés, tous ne sont pas hospitalisés der
rière les murailles de l'aBile... La tenta
tive de M. Daniel fut d'ailleurs vaine.
Les agents de la police municipale dé
clarèrent, avec beaucoup de dignité, que
si le premier magistrat de la commune
était idiot, ce n'était pas une raison
pour qu'ils fussent comme lui.
M.Daniel a déjà trouvé un imitateur,
ou plutôt une imitatrice. Cest Mme
Jeanne Brémontier, ex-rédactrice de la
Fronde, et qui, tout en restant socialiste
et frondeuse d'assez mauvais goût, a
quitté ce journal pour passer au Malin
et au Français [le Matin du soir). Man
quant un peu d'imagination, elle s'est
transformée à son tour en infirmière, en
marchande de légumes, en fleuriste. Elle
a vendu du buis le matin des Rameaux,
commerce lucratif, parait-il, mais ex
posé à 364 jours de chômage annuel. Et
elle a eu l'honaeur d'être, en je-ne sais
quel poste de police .plus ou moins passée
à tabac.
On ira loin sanB doute dans la voie des
déguisements et des transformations. Un
jour ou l'autre, quelque reporter, plus in
génieux encore que ses collègues, nous
transcrira, après expérience, les sensa
tions d'un cadavre enfermé dans une
malle. Avant un quart de siècle, tout
journaliste boulevardier devra posséder
une garde-robe aussi bien montée, aussi
dispafatë quê Celle des agents Jaume et
Rossignol.
Mais à quoi bon faire des hypothèseâ
sur l'avenir? A son tour, M. Daniel est
déjà dépassé.
AVides d'Imprévu, deux de ses confrè
res, MM. Stiégler et Turot, ont tenté de
faire le tour du monde en battant le re
cord de Philéas Fogg. Le rédacteur du
Matin n'a mis que soixante-trois jours à
constater q[uô la terfe est ronde.
Pour varier les plaisirs, le représen
tant du Journal est resté en route, em-
pétrédans les marécages de l'Amour...ou
Saghalien.
Je crains que bientôt tout candidat-
rfeportet se voie obligé de subir un exa*
men avant d'être agféé. Î1 lui faudra pré
senter à ses directeurs d'exotiques certi
ficats, émanant de magistrats blancs,
noirs, rougeè ôti jaunes,et prouvant qu'il
a visité les Antipodes, l'Afriquè équato-
toriale, le pôle Nord ; qu'il a renouvelé
aU fënd de la mer les exploits du capi
taine Nemo, la î'errëUf des poissons;
qu'il à parcouru les atmosphériques es
paces dans le ballon dirigeable de M.
Santos-Dumont, et qu'il a échoué sur le
toit d'une maison à six étages, y accro
chant une afSche-réclame en lettres gi
gantesques. Et malgré tout, certaines
gens continueront de ctoire que les jour
nalistes sont d'heureux mortels qui ga
gnent « des mille et des cents», voire
même les palmes académiques, en pas
sant leur vie au café, où ils fument des
deputados.
Joseph Legueu.
LES PROTESTANTS
ET LE CONGRÈS CATHOLIQUE D'OSMBRUCK
Les ultra-protestanta qui composent
l'Association de Gustave-Adolphe sont
très mécontents de l'attitude polie et
courtoise observée par leurs coréligion-
naires d'Osnabriick envers le congrès
oatholique tenu dans cette ville :aux deux
tiers protestante. Ils auraient voulu une
série de violentes démonstrations anti
catholiques, dans le genre de celles qui;
forment le fond des assemblées et con
grès de l'association de Gustave-Adolphe.
DansceB réunions, o'est la guerre contre
l'Eglise catholique qui est toujours la
pièce de résistance du programme; sans
doute, comme on l'a souvent observé,
parce que dans toute assemblée protes
tante on ne peut s'entendre que sur ce
chapitre !
Partout ailleurs c'est la division la plus
complète et les journaux protestants eux-
mêmes Ôe Se fônl pas fixité de Is Oônstâ*
ter. Oe se demande alors jk>u •/J- .-er-
tains d'entre eux s'étonnent du dmooura
dans lequel le docteur Groeber signalait
à Osnabruck ces divisions doctrinales et
lés conflits qui en résultent ? Les Berli-
ner Neueste Nachrichten font très juste
ment observer que le docteur Grœber n'a
dit à Osnabriick que ce que le parti or
thodoxe protestant, qui se considère
comme le plus autorisé dans le protes
tantisme, ne cesse de répéter depuis de
longues années.
À.ïissi,*en dehors des sphères soumises
à l'influence de l'Association de Gustave
Adolphe, ne fait-on pas difficulté de re
connaître que l'assemblée génér^lç çfl-
tholique d'Osiiabï&ck s'est "gààsée très
digaementv Lâ Schlesische Zeitung, or
gane libéral, dit qu'elle a prouvé que les
catholiques savent respecter les opinions
et les croyances de leurs adversaires.
Les associations de Gustave- Adolphe
tiendront sous peu leur assemblée g-ê-
nérale et on pourra constater quelles
n'auront pas les mêmes égards pouf les
catholiques. Cette assemblée générale
devait avoir lieu à Cologne, du 1" au
3 octobre, mais en prévision de l'attitude
habituelle de ce congrès et des dangers
qu'elle fait courir à la paix confession
nelle, le parti du centre du conseil muni
cipal de Cologne et le bourgmestre, pro
testant, lui ont refusé la grande salle de
réunions dç la ville.
A. Marin,
APKfS H VOYAGE M ÏSAR
tettre dn président de la République
au ministre de la guwrre.
Le président de la République a adres
sé au ministre de la guerre la lettre sui
vante :
Mon cher ministre,
Les manœuvres auxquelles nous venons
d'assister ont été une manifestation admi
rable de la puissance militaire de la France.
Les sacrifices que le pays consent si volon
tiers chaque année, pour l'accroissement
et le perfectionnement de son armée, ont
leur récompense.
Après des opérations particulièrement
longues et pénibles, où nos soldats ont
montré leur endurance et leur belle hu
meur légendaires, ces troupes se sont pré
sentées à la revue finale et ont exécuté le
défilé avec une vigueur et un entrain re
marquables. •
L'armée a mérité une fois de plus l'es
time de nos hôtes augustes et la confiance
du gouvernement et du pays.
Je vous prie d'adresser au général Bru-
gère, directeur des manœuvres, pour lui et
pour les officiers et las troupes placés
sous ses ordres, mes félicitations person
nelles et celles du gouvernement de la Ré
publique.
Veuillez agréer, mon cher ministre, l'as
surance de mes sentiments affectueux.
Emile Louiet.
En transmettant les félicitations du
président de la République, le ministre
de la guerre écrit au généralissime Bru-
gère :
Mon cher général,
J'ai l'honneur de vous adresser une copie
de la lettre que M. le président de la Répu
blique a bien voulu m'adresser à la suite
des manœuvres.
En vous transmettant ce haut témoignage
de satisfaction, je suis heureux d'y joindre
pies félicitations personnelles.
Général André.
Lettre du président de la République
an ministre de la marine.
D'autre part, le président de la Répu
blique a écrit la lettre suivante au mi
nistre de la marine i
Mon cher ministre,
Les manœuvres de l'armée navale dans
la Méditerranée avaient été déjà, pour no
tre patriotisme, iin magnifique sujet ds
joie.
La revue de Dunkerque vient de nous
offrir un réconfortant spectacle. L'escadre
de la Manche a su montrer, malgré l'état
de la mer, qu'elle était toujours digne d« la
co«fiance du gouvernement et du Parle
ment.
Les marins, les officiers et les équipages
savent quelle force nécessaire ils apportent
au gouvernement de la République pour
assurer, jusqu'au bout du monde, le res
pect qui est aû à notre drapeau et la sécu
rité qu'eaigent nos intérêts.
La grandeur de leur tâche est égalée par
celle ae leur dévouement.
Je vous prie d'adresser à l'amiral Ménard,
pour lui et pour les officiers et les troupes
sous ses ordres, mes félicitations person
nelles et celles du gouvernement de la Ré
publique.
Veuillez agréer, mon cher ministre,
l'assurance de mes sentiments affectueux.
Emile Lowbet.
En transmettant cette lettre à l'amiral
Ménard, le ministre de la marine écrit au
commandant de l'escadre du Nord :
Paris, 22 septembre.
Mon cher amiral,
J'ai l'honneur de vous transmettre la let
tre ci-jointe que M. le président de la Répu
blique a bien voulu m'adresser.
Je vous prie de la porter par la voie de,
l'ordre à la connaissance de votre escadre
J'y joins mes félicitations personnelles
pour les , progrès csnsidérables qui ont
été réalisés par l'escadre du Nord de
puis deux ans sous votre commande
ment.
Croyez, mon cher amiral, à mes senti
ments les plus cordiaux.
de Lanessan.
Le scandale de Lille.
Le citoyen Delory, maire très socia
liste de Lille, avait refusé de faire pa
voiser les édifices communaux.
Ce singulier magistrat vient de rece
voir le télégramme suivant de M. Vin
cent, préfet du Nord : *
Meyrueis, 21 septembre.
Préfet du Nord à maire de Lille.
J'apprends que vous n'avez pas obéi à
l'invitation que je vous ai adressée au nom
du gouvernement de la République, et que
vous n'aVc-z pas permis que les édifices
communaux fussent pavoisés, au moment
où la France recevait sur son territoire les
souverains du peuple russe, son allié et son
ami.
Je pourrais faire appel aux rigueurs de la
loi, mais toute punition comporte un cer
tain oubli et il convi-nt que vous conti
nuiez à porter rentiers responsabilité de
l'acte que voue avez accompli.
Les habitants de la grande cité dont l'ad
ministration vous est échue vous en de
manderont compte. Ils regretteront que,
par votre fait, la ville de Lille ait paru ne
pas partager l'émotion publique. Ils re
gretteront de n'avoir pas été associés aux
manifestations patriotiques qui ont salué la
nouvelle et éclatante confirmation d'une
alliance qui a fortifié la Franoe et pacifié
l'Europe.
Hlair'esJations franco-russes
tn province.
A Dunkerque, la musique de la garde
impériale russe a donné plusieurs con-
t'èrts « un erave accident a failli se pro
duit dans le bassin Freycinet : une pas
serelle du croiseur Svetlana s est rompue
sous le poids de la foule Six personnea
sont tombées à l'eau. Toutes ont été sau
vées, dont trois par 1 officie^ ^
no ff. j.us8e Dis5«!-
A Brest , il y a eu des expériences de
sauvetage au port du •commerce, devant
une foule -énorme ; les officiers russes
des croiseurs lenissei et Iireysser et les
autorités maritimes suivaient les expé
riences uu passage de la rivière, à bord
d une «haloupe à vapeur russe.
_ Vingt hommes d'équipage, armés de
i appareil de sauvetage, ont pu remor
quer un canon de montagne de 110 lûlo-
grammes.
A Marseillle, un concert a été donné
aux allées de Meilhan ; le soir, une re
traite aux flambeaux a parcouru les
rues*
i
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