Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-09-12
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 septembre 1901 12 septembre 1901
Description : 1901/09/12 (Numéro 12253). 1901/09/12 (Numéro 12253).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7108428
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 13 Septembre 1901
MMUtsa quotidienne. — 12,25S
rffl'unmnmi m '^ii 1 ' » i i-hmiiuih— m—m—i
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
ET départements
Un ail 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... 11 »
ÉTRANGER
(union postale)
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UN NUMÉRO
Paris..............; 10 cent.
Départements...., 15 —
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'£S
LE .'MONDE
Jeudi 12 Septembre 1001
ÉDITION SEMI -QUOTTDIEîrarE
PARIS ÉTRANGER
ET départements (union postal^,
Un an......... 20 » 26 »
Six mois...;.. 10 » 13 »
Trois mois..... 5 » f, -»P
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L'UNIVERS ne répondras des manuscrits qui lui sant adressés
à l ■ !r 1 « "
ANNONCES
MM. LAGRANGË, CERF et C», 6, place de la Bourse
PARIS, ii SEPTEMBRE 1901
SOMMAIRE
Suspect?.. Pierre Veuiuot.
Epouse ou compa
gne. ...... ;. ... > G. D 'A.
Le congrès de Ta-
rente. G. V.
Exploits de « ! so-
oios » en Touraine. J. Messire.
Nouvelles agricoles A. de Viluers de
l'Isle-Adam.
Bulletin. —; Nouvelles de .Rome. — Les
congrégations. — Courant schismati-
que. — Le mouvement catholique en Es*
pagne. — Mgr Félix Biet. — Lettre du
cardinal Rampolla à l'évéque du Mans.
•— La rage laîcisatrlce. — Discours de
Mgr Bruneau.— Le tsar en France. —
Le voyage du tsar. — Le conflit franco*
turc. — L'attentat de Buffalo. — Infor
mations politiques et parlementaires. —
• Laïcisation d'écoles. — A travers la
presse. — La guerre du Transvaal. —
Dépêches de l'étranger. — Chronique.
— Lettres, solences et arts. — Les re-
■ traites ouvrières. — Les conseils du
travail. — La guérison de Gargam. —
Chronique religieuse. — Les obsèques
du prince Henri d'Orléans. Nécro
logie. — Echos de partout. — Guer
re et marine. — L'attentat contre M.
. Baudln. — Tribunaux. — Le crime de
Malakoff. — Nouvelles diverses. — Jar
din d'acclimatation. — Calendrier. —
Tableau et bulletin de la Bourse. —
Dernière heure.
SUSPECT !
Le général Brugère offusque M.
André. Celui-ci n'en témoigne rien
encore,. personnellement. Mais il
est facile, dans sa position, de me
ner une campagne sans se décou
vrir. Et nous serions surpris que
M. André ne fût pas derrière les
feuilles, radicales qui attaquent,
depuis quelque temps, le généralis
sime.
, Généralissime],.. Qu'avons-nous
dit? Voilà tout justement l'expres
sion que ne peuvent souffrir les
organes d'extrême-gauche. Leur
grief le'plus précis etleplus acerbe
contre M. Brugère, leur plus grand
rcotif de suspicion violente, c'est
qu'il se fait appeler ainsi.
Généralissime, il ne l'est pas. Il
a une lettre de service, toujours ré
vocable, qui lui remet le comman
dement de toute l'armée en temps
de guerre. En temps de paix, vice-
président du conseil supérieur :
voilà son titre régulier.
Est-ce que, par hasard, l'accusé
en usurperait un autre? Sur ses
cartes* au-dessous de son nom, a-
t-il fait graver : généralissime ? Nul
lement; mais un tas de journaux,
de la droite et même dû centre, ont
pris, l'habitude d'employer ce mot
avec emphase et complaisance,
chaque fois qu'ils parlent des allées
et venues de M. Brugère, des ma
nœuvres qu'il conduit et -de ses
inspections. C'est intolérable! C'est
dangereux! Il ne faut pas donner
à croire au pays cju'il y a un grand-
maître de l'armée, un homme qui
la tient dans sa main. Le chef de
l'armée, c'est le seul ministre de la
guerre, responsable devant le par
lement; Donc, pas de -généralis
sime ! Autour de lui, travaillant à
lui faire une popularité pour s'en
Servir, se grouperaient tous les ar
tisans de ■pronuncia.mientos, tous
les entachés de césarisme. Par
conséquent, si le .Gatiîois,le Figar»,
YEcho de Paris, le journal de M.
Méline, etc., continuent de donner
ce titre à M. Brugère, une mesure
de défense républicaine deviendra
indispensable. Il faudra retirer au
général sa lettre de service, il faudra
le révoquer.
On a, d'ailleurs, d'autres griefs
encore contre le généralisé... par
don, le vice-président du conseil
supérieur dè la guerre. Il à été dit,
récemment, qu'il était question de
réintégrer M. de Boisdefire dans les
cadres actifs. Et des journaux ont
affirmé que M. Brugère s'était per
mis de le demander. Les journaux
qui ont publié cette assertion, étant
nationalistes ou conservateurs-, sont
de ceux que les feuilles radicales
traitent Couramment d'officines de
ttiensonges et/de calomnies, quand
ils donnent des informations qui
déplaisent à nos sectaires et jaco
bins. Mais, du moment qu'an peut
tirer profit de leurs assertions,
elles deviennent certainement Exac
tes. Il est donc établi que le général
Brugère a réclamé un commande
ment de corps d'armée pour le gé
néral de Boisdeffre. Le général Bru
gère doit être mis en disponibilité.
Sans aucun doute, il nourrit de
très mauvais desseins.
Vous savez que M. de Boisdeffre
a commis tous les crimes. L'un des
plus gros, certainement, c'est d'a
voir un jour emporté du ministère
de là guèrrele plan de mobilisation.
Il faut plusieurs salles pour loger
cè plan. M. de Boisdeffre lé prit
sous son bras (chef d'état-major gé
néral de l'armée à cette époque, il
avait le bras long) ét s'en fut chez
le P. du Làc. Il communiqua le plan
dans tous ses détails au Jésuite,
agent dé Guillaume, ou plutôt
d'IIumbert. C'était sous le secret
de la confession. Mais rien n'est sa
cré pour un Jésuite. Dès que le re
ligieux connut par cœur tout le
Îlan, il courut s'en vanter à... M.
oseph Reinach... Les journaux
d'extrême-gauche ont fait avaler
cette histoire à leurs lecteur». M.
Camille Pelletana soin d'y revenir
de temps à autre. Il n'y croit pas,
lui. Seulement, avec des inventions
de ce calibre, on peut obtenir, aux
époques d'émotions et de soulèver-
ments populaires, le "massacre de
quelques moines et de quelques
généraux. Cela s'est bien vu en
1871. Si pareil accident se repro
duisait, le hyéneux M. P Vetan
irait se repaître de ces cadavres, en
estimant qu'il n'a pas perdu sa
peine.
Et le général Brugère voudrait
réintégrer le général ae Boisdeffre!
Il tient à l'avoir près de lui. Eh bien,
la solution est très simple : qu'on
l'envoie le rejoindre ! C'est ce que
les feuilles radicales réclament de
M. André.
Le ministre de la guerre se lais-
sera-t-il arracher cette révocation ?
Il doit y être assez enclin, puisque
c'est probablement lui qui inspire
et pousse les journaux qui la de
mandent. Mais on ne fait pas tout
ce que l'on voudrait. Le général
Brugère ne sera pas facile à mettre
au rancart. Au moins sous ce rap
port, il a fourni Les preuves de tac
ticien. Jusque parmi ses collègues
du cabinet ët peut-être à l'Ely
sée, M. André trouvera des obsta
cles.
On a déjà, sans y parvenir, essayé
de faire sauter un généralissime.
Nous disions l'autre jour que, sur
plus d'un points le ministre actuel
de la guerre semblait recommencer
le général Boulanger. Voilà encore
une analogie. En 1887, le vice-pré
sident du conseil supérieur offus
quait aussi et pouvait gêner le poli
ticien ambitieux qui se sentait de- j
venir César. Boulanger voulut dé- i
loger de son poste le général Saus-
sier. Mais ce morceau-là était trop
gros. Malg. r ses efforts et l'appui j
delà presse d'extrême-gauche, le
ministre n'arriva point à ébranler
le généralissime. Echec fatal. C'est
de ce jour que l'aspirant-dictateur
devint suspect à la majorité des ré
publicains.
S'il y a des analogies entre M.
André et Boulanger, il existe d'au- I
tre part, entre eux, de profondes i
différences; Nous les avons faitres- i
sortir. Le ministre actuel est par
trop dépourvu de certains avanta
ges nécessaires à la conquête de la
popularité. Ce ne sont pas ses dis
cours titubants qui pourront servir
à la compensation. Mais, qui sait si
M. André se rend compté decé qui
lui manque?
Pierre Veuillot.
naire lombard et à des élèves de l'école
du Frère Vincent de Carissimi à Saint-
Salvatore in Lauro.
— » " -
LÈS CONGRÉGATIONS
TSULlETIt^C
Onse trompait, para,ît-il; lé tsar vien
dra àParis; il n'y ferait qu'un très court
séjour, mais on ne pourra pas dire
qu'il a évité la capitale de la France,
qui lui avait fait, il y a quelquee an
nées, de si brillantes ovations.
L'état du président Mac Kinley conti
nué à s'améliorer ; il semble que main-
tenant on puisse le considérer domine
hors de danger.
Miss Emma Goldman, la théori
cienne de l'anarchisme militant, pour
ne pas dire assassin, a été arrêtée, ét
nombreux sont aux Etats- Unis les gens
ui voient dans Czolgosz l'exécuteur
'un complot.
La commission du budget a repris
ses séances ; elle veut avoir terminé son
travaillpour la rentrée des Chambres,
afin qu'on puisse commencer immé
diatement la discussion du {budget.
De Constantinaple, on signale les ef
forts du gouvernement turc pour s'en
tendre directement avec les créanciers
dont M. Constans avait pris la cause en
main, mais il faudra évidemment que
Varrangement soit accepté par le gou
vernement français.
;—: » - ' " - . - ,'t
NOUVELLES DE ROME
?
7 septembre.
Àâ Vatican.
Le 6 courant, S. S. Léon XIII a reçu
en audience particulière S. Em. le car
dinal Cretoni. préfet de la Sacrée Con
grégation des indulgenoés et reliques.
— Mgr Rubian, archevêque d'Amasca,
est parti pour Venise, afin de représenter
S. Em. Mgr Emanueliàn, patriarche des
Arméniens catholiques, aux fêtes qui au
ront lieu à l'occasion de la commémora*
tion bi-centenaire de la fondation de l'or
dre des Méchitaristes.
Xa vie catholique.
Vient de paraître le Bulletin d'archéo
logie chrétienne, officiel pour les comptes
rendus de la commission pontificale d'ar
chéologie chrétienne.Entre autres.il con
tient un article du professeur Marùcchi
sur le cimetière de Priscilla, un travail
de Mgr Crostarosa sur les sceaux impri
més danB ïeà tuiles de la ^basilique de la
Sainte-Croix de Jérusalem ; et une étude
du professeur Lupari sur le Saxetum Do
mine quo vadis à la via Appia.
■ L'abbé Perosi vient de composer
plusieurs chants religieux qui seront
exécutés à la basilique de Lourdes à l'oc
casion du grand pèlerinage d'Italie. Cette
exécutiôft 'est Confiée aux élèves du èémi-
Voici une liste de congrégations
ayant demandé l'autorisation :
Religieuses
dominicaines, à Neuilly ;
•— à Epernay ;
— à Bordeaux ;
Clarisses à Versailles;
■ ■■—-.... à Lourdes ;
. à Azille ;
— à Valence ;
à Orthez;
— à Chàteauroux ;
; à Foles-les bois ;
.— , à Ramons ;
—r à Roubaix;
— à Grenoble ;
Soeurs de Saint François d'Assise, à
Toulon;
Carmélites, à Morlaix;
— à Libourne ;
Franciscaines du Sacré-Cœur, à Saint-
Quentin;
Filles de la Croix à Chavanard ;
— à Lambezlec ;
Immaculée-Conception, à Sauvagnon ;
- Dominicaines de Béthanie ;
Visitation, à Dôle ;
Sœurs de Notre-Dame de Chàtillon-
Bagneux;
Union chrétienne, à Marvejols ;
, Servîtes de Marie, à Cuves ;
Sœurs unies, à Mende ;
Ursulines, à Bonne-les-Doens;
Auxiliatrices de l'Immaculée-Concep-
tion, à Paris ;
Sœurs de Saiht-Eutrope, à Avignon ;
Dominicaines de l'Immaculée-Concep-
tion, à Toulouse ;
Sœurs de Jésus, à Saint-Didier ; .
Doctrine chrétienne, à Meruies.
ÉPOUSE OU COMPAGNE
Nous lisons sous ce titre dans , la
Lanterne :
La chambre syndicale des clercB
d'huissiers vient de prendre une déci
sion qui l'honore grandement: elle a dé
cidé qu'en cas de décès d'un de ses mem
bres, des secours seront accordés à la
conjointe du défunt sans souci de savoir
si cellè-ci est l'épouse légale ou l'épouse
en union libre.
Par cette décision, les clercs d'huissiers
viennent d'aborder et de résoudre, tout
à leur honneur, un des plus urgents pro
blèmes sociaux de l'heure présente.
Le même journal ajoute plus
loin : « L'heure n'est plus où une
union non consacrée par un maire
était considérée comme déshono
rante. »
Ainsi donc, ce n'est plus seule
ment le mariage religieux que les
libres-penseurs jettent par-dessus
bord ; c'est le mariage civil.
La chose est logique. Après le
Mépris de la loi divine, le mépris
de la loi naturelle ; après la révolté
contre l'Eglisè, l'insurrection contre
la société.
La décision dés clercs d'huissiers
jette un triste jour sur la baisse
du niveau moral, soit dans leur cor
poration, soit ailleurs. On ne s'é
tonne plus de ce qui scandalisait
jadis ; le fait est exact, mais c'est lè
contraire d'un progrès.
Le journal de M. Millerand ne
perd aucune occasien de rappeler
que nous descendons des bêtes. Il
nous semblé qu'il y a erreur sur le
sens dé l'évolution- C'est vers ? a
bête quel'homme descendra, si, con
formément aux- vœuxde laLanferne,
le mariage continue à perdre du
terrain et 1' « union libre » à en ga
gner.
G. »'A.
it
COURANT SCHISMATIQUE "
Sous ce titre, nous lisons dans
le Journal de Solmar :
Dans un discours, prononcé par M.
Bachem au congrès catholique d'Osna-
bruck, se trouve un passage qui est fait
pour surprendre. M. Trimborn avait
parlé d'un nouveau Kulturkampf mena
çant les catholiques allemands. M. Ba
chem a repris la thèse contraire. D'après
lui, nulle part la situation politique des
catholiques ne serait meilleure qu en Al
lemagne. Par contre en France se ferait
sentir un courant schismatique puis
sant.
Nous sommes loin de nier qu'en Alle
magne les catholiques sont, à l'heure
présente, beaucoup mieux traités qu'au
trefois. Ils le doiveht surtout à leur puis
sante organisation et à l'influence qu'ils
ont su conquérir sur le peuple à l'époque
où, parti. populaire et oppositionnel, ils
savaient se faire respecter aù Parlement
et ailleurs par l'énergie de leurs reven
dications et la fermeté de leurs princi
pes. Leurs adversaires n'ont jamais dé
sarmé et la reprise dû Kulturkampf,
prédite par M. Trimborn, ne manquera
pas de se produire, le jour où le Centre
désarmera, ou bien où, renonçant à Ba
politique de réformes sociales généreu
ses et de courageuse indépendance vis-
à-vis du gouvernement, il perdra la con
fiance de ses fidèles électeurs. Si pa-
Teille éventualité devait jamais se réali
ser et il ne manque -paB de gens qui
cherchent à l'amener—la persécution re
prendrait de plus belle, cela est absolu*
ment incontestable.
Quant aux fortes tendances schismati-
ques qui se manifesteraient en France,
M. Bachem est évidemment très mal
renseigné. Il confond la persécution or
ganisée par une poignée de Sectaires
avec les sentiments de la foule. Un
BchiSirte part toujourâ des croyants eux-
mêmes ou de leurs chefs naturels, les
prêtres et les évêçuea. #r rien de sem
blable ne s'est produit, en France que
nous sachions. A toutes les époques,
dans l'armée de 50,000 prêtres et de
i 60,000 religieux etreligieuses de France,
il s'est trouvé une centaine de person
nages douteux qui quittaient bruyam
ment ou en sourdine leurs fonctions. Au
trefois les transfuges trouvaient de mo
destes situations civiles èt disparaissaient
pour toujours. Maintenant il y à ides
œuvrès confessionnelles tapageuses qui
les recueillent, les entretiennent et font
de la réclame avec leur apostasie. Cela
ne veut nullement dire que lè mouvement
soit plus considérable ou plus profond.
Les observations du Journal de
Golmar sont très justes.
Comme le dit notre confrère, le
mouvement des « évadés » n'a au
cune profondeur. La plupart d'entre
eux sont allés tout de suite à la dé
rive bien plus loin que le protestan
tisme même r ationaliste. Ils flottent
sur les vagues de la libre-pensée,
réduits à l'état de détritus. Un bon
nombre de ceux qui ont été recueil
lis dans les cadres protestants ont
déjà causé à leurs nouveaux pa
trons des regrets et des inquiétu-'
des. Les catholiques allemands qui;
ont pris au sérieux les réclames!
répandues en faveur des « évadés »i
ont été victimes d'une mystifica
tion.
-, V. - ♦ • r U ;
LE HQÏÏEMMT CATEÔLIP EN ESPAGNE
Nos lecteurs se souviennent des scènes;
de sauvagerie auxquelles se sont livrés
tout récemment les anticléricaux espa
gnols, encouragés et applaudis par les
sectaires de France, et mis en branle, ;
très probablement, par les rouages d'une
organisation internationalë.
A Saragosse, en particulier, les fidèles
qui prenaient part aux processions du
jubilé ont été victimes d'agresBions bru
tales, et le sanctuaire de Notre-Dame del
Pilar, séculairement vénéré dans la pé
ninsule, a été profané par une bande d'é-
nergumènes sous le regard bienveillant
des autorités* f <
Pour protester contre ces violences et
réparer ces profanations, les catholiques
espagnols projettent d'accomplir à Sara
gosse un pèlerinage de pénitence, au
quel, à ce que l'on croit, prendront part
trente mille hommes, spectacle qui ne
s'est pas encore vu èn Espagne.
Les archevêques de Séville et de Gre
nade, les évêques de Saragosse, de Tor-
tose, de Plasencia et de Malaga, ont déjà
adhéré à ce projet et l'ont pris sous leur
haut patronage. Plus de cinquante jour
naux catholiques de diverses nuances* à
commencer par le Siglo futuro et le
Çorreo Espanol, l'ont accùèilli avec en
thousiasme. Depuis. un mois, des mil
liers de pèlerins se sont fait inscrire. Un
comité central a été fondé, bous la pré
sidence honoraire des vénérés prélats
cités plus haut et sous la présidence ef
fective de M. Sanz, inspecteur général
des ponts ti chaussées, célèbre en Espa
gne par sa haute compétence industrielle
et ses nombreuses constructions de che
mins de fer.
Ce mouvement, d'où pourra sortir,
avec l'aide de Dieu et la bonne volonté
des adhérents, l'union tant désirée des
catholiques d'Espagne, attire l'attention
de nos confrères catholiques de divers
■pays. D'Italie, de Portugal, de Belgique,
d'Angleterre même, les organisateurs du
pèlerinage ont reçu de préci:ux encou
ragements; Nous nous faisons-un devoir
et un plaisir d'y ajouter les nôtres, et de
féliciter en particulier le distingué secré
taire du comité, M. Mariano Arenillas,
qui nous informe des résultats obtehus.
Les catholiques espagnols doivent se i
dire qu'ils sont le nombre et la force, et
.que les agitateurs qui ent soulevé les
récents désordres ne sont qu'une poignée
d'audacieux bandits, cherchant à créer
l'illusion d'une puissance morale qu'ils
n'ont pas. Que nos amis d'outre-monts ne
Be laissent donc pas intimider par le ta
page très grand de ce groupe tr' ; petit. ■
Qu'ils songent que, de leur union et de
leur vigoureuse initiative, dépend le relè
vement de leur chère Espagne, si pros
père quand rien n'y entravait l'essQr i
de la foi, si malheureuse depuis que, :
sous prétexte de progrès, de néfastes po
liticiens 's'efforcent d'y affaiblir ou d'y ;
ruïner la vie religieuse.
LE CQXGRÊS_DE TÂREITE
Tareate, 7 septembre.
Ifn incident significatif. — L'adresse
aa Saint-Père et les démocrates
chrétiens. — JL.'mtervention de .AL
Tonioîo, de S. Em. le cardinal Por-
tanova, et de M. Rocca d'Adria. —
L'adressé définitivement adoptée.
—Une dépêche de S.Em. le cardinal
Rampolla. — Le Pape et le peuple
catlioliqae Italien.
Nous sommes danB l'extrême midi.
Une chaleur intense règne toujours, à
peiné tempérée par la brise de mer, — à
peine atténuée, un instant, par une cour
te ondée. Cependant, le congrès, au lieu
de s'alléger dans ces derniers jours, B 'est
surchargé. Les séances se sont prolonr
gées, les réunions extraordinaires se sont
multipliées, ravissant l'âme et broyant
les forceB. Les pages vivantes qui se
pouvaient lire étaient d'un intérét trop
élevé pour qu'on pût, sans remords, en
négliger aucune... Et voilà comment
votre correspondant «continue à vous en
voyer, maintenant que le congrès est
terminé, l'étude rapide de ces journées
vraiment historiques.
• •
Dans ma dernière correspondance, j'ai
omis, à dessein, de parler d'un incident
très heureusement significatif ; il m'a
paru bon de le mettre en pleine lumière,
car il constitue une réponse eingulière-
Ttfent éloquente die tous les catholiques
d'It&lie au Bref du Saint-Père.
C'était au cours de la deuxième séance.
M. le curé Sacchetti monta à la tri
bunè, après que S. G. Mgr Mazzella eut
prononcé le discours que nous avons rap
porté. Il lut l'adresse que l'on se propo'
sait d'adresser au Saint-Père, au nom
du congrès tout entier. Et cette lettre,
dè sentiments très élevés, fut chaleureu
sement applaudie.
Mais, la lecture achevée, M. le profes
seur Toniolo se leva. Il s'associait de
grand cœur, déclara-t-il, aux chaudes
approbations que venait de recueillir
l'adresBe lue par M. Sacchetti. Mais il
avait à cœur d'y signaler, tout de suite,
une omission à laquelle il fallait remé
dier. Le bref du Saint-Père renfermait
une double invitation, Tune, qui recom
mandait à l'œuvre des congrès de ne pas
laisser de côté la jeune phalange de la
démocratie chrétienne, — l'autre, qui
recommandait à celle-ci d'adhérer ex
pressément à l'œuvre des congrès. L'a
dresse ne répondait explicitement qu'à
la première de ces deux présccupations
du Souverain Pontife.Les «Jeunes » de la
démocratie chrétienne, déclara M. le
professeur Toniolo, désirent faire enten-
, dre leur voix dans la réponse des cathO'
liques au Pape, et formuler dans cette
adresse l'explicite adhésion que l'on at
tend d'eux.
Nos lecteurs de l'Univers connaissent
M. Toniolo. Le Bavant professeur de Pise
a, dans le monde catholique, une réputa
tion qui déborde leB confins de Bon pays.
Les catholiques italiens en sont fiers, et
ils ont raison. Les démocrates chrétiens
ont pour lui une sorte de tendresse en
thousiaste. M. Toniolo, on le sait, est un
des publicistes et des conférenciers qui
:ont le plus profondément scruté le con
cept de la démocratie chrétienne. Aussi,
quand, ces jours-ci, il entrait aux réu
nions du congrès, c'était chaque fois des
ovations prolongées qui faisaient visible'
ment souffrir le très modeste savant
mais, là-dessus, ses disciples sont restés
indociles,et cruellement affectueux, ils se
sont obstinés à le tirer de l'effacement où
.il aime à Be dissimuler.
On comprend aisément que cette ré
clamation de M. le professeur Toniolo
ait conquis aussitôt l'assentiment univer
sel. S. Em. le cardinal Portanova, prési
dent d'honneur du congrès, appuya sur-
le-champ, très chaudement, les paroles
du savant professeur. Il estima que les
observations de M. Toniolo étaient jus
tes, et qu'il était, en effet, équitable de
donner aux « Jeunes » de la démocratie
chrétienne leur part dans l'Adresse au
Saint-Père.
Toute la salle éclata en applaudisse
ments.
Là-dessus,le D. Murri demanda la pa
role, au nom des démocrates chrétiens.
De ce jeune prêtre aussi, l'Univers a eu
l'occasion de parler. Lorsque, voici quel
ques mois, se constitua à Rome la fédé
ration de toutes les œuvres catholiques,
en vue de l'organisation des unions pro
fessionnelles, M. Murri joua un rôle qui
fut remarqué. Intelligence lucide, vo
lonté décidée, parole persuasive, plume
élégante, l'abbé Murri a les dons qu'il
faut pour gagner et conduire les hom*
mes. Ce jeune prêtre est une puissance :
son zèle sacerdotal, son amour profond
de l'Eglise, sa dévotion au Pape, sa ten
dresse pour le peuple permettent d'au
gurer que. sa carrière apostolique sera
féconde. D'ailleurs, elle l'est déjà. Sans
parler d'une revue-bi-mensuelle, la Cul-
tura socialb, qu'il dirige ou rédige d'une
façon brillante, M. Murri fonda, il y a
sept mois, un journal hebdomadaire, Il
Domani d'Italia (l'Avenir de l'Italie), qui
tire déjà à 14,008 exemplaires et qui sert
de lien à un grand nombre de groupes
démocratiques chrétiens de la péninsule.
Les « jeunes » de la démocratie chré
tienne en Italie reconnaissent en l'abbé
Murri leur chef de file. L'Avanii, l'or
gane officiel du socialisme à Rome, a
d'abord tâché de le compromettre par
fies éloges ; il l'a ensuite poursuivi de
ses traits acérés, ayant reconnu dans ce
prêtre de trente ans, de taille médiocre
et d'apparénee fluette, un adversaire ir
réductible, -r- bientôt un adversaire re
doutable. Et le Capitan Fracassa, qui est,
avec des allures frivoles, le plus sectaire
des journaux anticléricaux, s'est efforcé,
avec une insistance maladroite, de le
cribler de haineuse s épigrammes.
D. Murri était donc qualifié pour parler
en cette circonstance au nom des démo
crates chrétiens. Il s'en croyait le devoir,,
affirma-t-il, car. le moment était solennel
et décisif. Des malentendus paraissaient
jusque-là, diviser l'œuvre des congrès et
les démocrates chrétiens. La parole -du i
'Pape dissipe ces brouillards. Démocra- ■
tes chrétiens et oeuvre des congrès se ren
contrent aujourd'hui, ils se confondent, -
grâce à cette , parole du Pap,e ; tous en
semble, dociles à cette voix, travailleront,
■unis, compacts, à l'élévation des classes
laborieuses.
Et c'est pourquoi D. Murri demandait,
lui aussi, que l'adresse envoyée au Pape,
en réponse au bref pontifical, exprimât
clairement les remerciements des jeunes :
démocrates chrétiens, et qu'elle déclarât,-
de la manière la plus formelle, leur en- :
tière acceptation de la parole du Pape.
A son tour, le directeur de la Patrie
d'AncÔne, M. Algranati, qui a pris le
pseudonyme robuste de Rocca d'Adria, i
l'un des plus sonores et des plus sympa- ;
ïhiques congressistes, rappela l'attitude
des démocrates chrétiens dans les tra
vaux de la première section. DanB cette
section qui traitait de l'organisation gé
nérale des. catholiques, ils avaient déjà,
de la manière la plus formelle, marqué ;
leur obéissance expresse à l'ordre de
Léon XIII : ils y avaient en effet formulé i
le < considérant » suivant,d'ailleurs adop- '
té par la section : a Considérant que la
base de toute action efficace en commun
est l'association ; considérant que les
catholiques italiens trouvent à bon droit
cette organisation dans l'œuvre des con
grès, pluB que recommandée et bénie, —
voulue par le Pape... etc. » M. Rocca d'A
dria demanda, par conséquent, que l'ap
probation de l'Adresâe au Pape fût sus
pendue, et que, le lendemain, l'on présen
tât à l'Assemblée une nouvelle adresse :
et cette adresse devrait affirmer au Saint-
Père que les a Jeunes » de la démocratie
chrétienne lui sont obéissants jusqu'à la
mort. ■
. •• #
Il était clair qu'une pareille demande
ne pouvait être repoùssée. Le rédacteur
du projet dans lequel , on réclamait ces
modifications-là, a dû ressentir une joie
profonde d'avoir provoqué cette explo
sion de piété filiale.
Le lendemain donc,la nouvelle adresse
fut lue et approuvée. Elle contient ces
lignes :
« Oui, qu'il vous soit rendu grâces
pour la boitté avec laquelle II vous a plu
de vous déclarer satisfait de notre mo
deste œuvre, et de la louer, en espérant
dé éette œuvre d'heureux fruits pour le
salut des âmes, pour la civilisation chré
tienne, pour les droits immortels de l'E
glise de Jésus-Clfrist. Grâces vous soient
rendues pour les paroles bienveillantes
que vous avez adressées également à ces
jeunes hommes qui combattent sous la
bannière de la démocratie chrétienne, et
qui, entrant de grand cœur dans l'œu
vre des congrès, feront en sorte, par leur
ardeur, de mériter votre confiance. Mais
nouB devons, par-dessus tout, présenter
nos remerciements à Votre Sainteté, qui
nous a manifesté sa volonté, avec l'éner
gie du capitaine, -r- d'un capitaine qui
conduit infailliblement ses troupes à la
victoire. »
* J* r-
En cette même séance avait été lu un
télégramme, envoyé au nom du Saint-
Père par le cardinal Rampolla, en ré
ponse au télégramme du congrès :
« Cardinal Portanova,
« archevêque de Reggio.
« Les sentiments et les vœux exprimés
dans le télégramme envoyé au nom des
membres du XVIII e congrès catholique
italien, correspondent pleinement aux
augustes intentions et aux désirs du
Saint-Père. Aussi Sa Sainteté les a-t-elle
accueillis avec une particulière recon
naissance, et, augurant que par leurs
nobles desseins^ les congressistes attein
dront le but visé, Elle envoie de grand
cœur la bénédiction apostolique aux
Eminentissimes cardinaux, aux nom
breux évêques et laïques présents à cette
solennelle assemblée.
M. card. Rampolla. »
On le voit, la collaboration active en
tre le Pape et les catholiques italiens a
revêtu en ce congrès un caractère plus
intime que jamais. Nul ne se dissimule
que les conjonctures deviennent graves,
mais ces conjonctures mêmes resser
rent les liens du Pape avec Bon peuple.
Ainsi ressortent l'importance extrême de
la réorganisation de l'œuvre des congrès,
telle que nous la détaillerons demain, et
l'importance non moins grande de l'a
postolat Bocial préparé dans le deuxième
groupe dit de la charité et de l'économie
sociale.
M. le baron de Matteïs a marqué d'a
vance très éloquemment, la nécessité
d'un travail effectué dans ces conditions
et dans cet esprit. Il parlait plus spécia
lement pour le midi de l'Italie :
a ... Quand tout ceci sera bien compris
(à savoir : que le Pape est lésé à Rome
dans ses droits essentiels, et prétendue harmonie entre l'Eglise et
l'Etat, qui pourrait dissimuler un asser
vissement pacifique à l'éternel ennemi de
l'Eglise, est folie et trahison"»), quand
tout ceci sera bien compris chez nous;
quand notre conscience et notre carac
tère de catholiques italiens seront com
plètement formés; quand nous aurons
avec nous tout notre peuple qui est en
core prodigieusement chrétien, quand
nous l'aurons avec nous, parce que nous-
mêmes nous serons tout entiers avec le
peuple, et tout entiers pour le peuple;
Vous alors, Ô frères des autres régions
d'Italie, qui êtes venus ici pour parler
des droits de cette conscience, et pour
mettre en lumière les devoirB de ce ca
ractère; alors,, vous devrez reconnaître
(et je .suis prêt à donner ma vie pour
hâter ce jour) que les trésors d'énergie,"
de générosité, de sacrifices, dont sont
capables nos fidèles et enthousiastes po
pulations, peuvent former un objet d'en
vie, oui, mais non de comparaison, avec
n'importe quel autre peuple. »
G. V.
Mgr FÉLiX BIET
Mgr Félix Biét, ëvêque de Diana,
vicaire apostolique du Thibet, de
la Société des Missions étrangères,
est mort lundi 9 septembre à Saint-
Cyr, au Mont-d'Or (Rhône), où il se
reposait depuis quelque temps de
ses labeurs apostoliques. — Mgr
Biet n'avait que 63 ans. Nous, le re
commandons tout particulièrement
aux prières.
Un service solennel pour le re
pos de son âme, a été célébré ce
matin, à 10 heures, à l'église des
Missions étrangères, rue du Bac.
MMUtsa quotidienne. — 12,25S
rffl'unmnmi m '^ii 1 ' » i i-hmiiuih— m—m—i
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
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Six mois...... 21 »
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Jeudi 12 Septembre 1001
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L'UNIVERS ne répondras des manuscrits qui lui sant adressés
à l ■ !r 1 « "
ANNONCES
MM. LAGRANGË, CERF et C», 6, place de la Bourse
PARIS, ii SEPTEMBRE 1901
SOMMAIRE
Suspect?.. Pierre Veuiuot.
Epouse ou compa
gne. ...... ;. ... > G. D 'A.
Le congrès de Ta-
rente. G. V.
Exploits de « ! so-
oios » en Touraine. J. Messire.
Nouvelles agricoles A. de Viluers de
l'Isle-Adam.
Bulletin. —; Nouvelles de .Rome. — Les
congrégations. — Courant schismati-
que. — Le mouvement catholique en Es*
pagne. — Mgr Félix Biet. — Lettre du
cardinal Rampolla à l'évéque du Mans.
•— La rage laîcisatrlce. — Discours de
Mgr Bruneau.— Le tsar en France. —
Le voyage du tsar. — Le conflit franco*
turc. — L'attentat de Buffalo. — Infor
mations politiques et parlementaires. —
• Laïcisation d'écoles. — A travers la
presse. — La guerre du Transvaal. —
Dépêches de l'étranger. — Chronique.
— Lettres, solences et arts. — Les re-
■ traites ouvrières. — Les conseils du
travail. — La guérison de Gargam. —
Chronique religieuse. — Les obsèques
du prince Henri d'Orléans. Nécro
logie. — Echos de partout. — Guer
re et marine. — L'attentat contre M.
. Baudln. — Tribunaux. — Le crime de
Malakoff. — Nouvelles diverses. — Jar
din d'acclimatation. — Calendrier. —
Tableau et bulletin de la Bourse. —
Dernière heure.
SUSPECT !
Le général Brugère offusque M.
André. Celui-ci n'en témoigne rien
encore,. personnellement. Mais il
est facile, dans sa position, de me
ner une campagne sans se décou
vrir. Et nous serions surpris que
M. André ne fût pas derrière les
feuilles, radicales qui attaquent,
depuis quelque temps, le généralis
sime.
, Généralissime],.. Qu'avons-nous
dit? Voilà tout justement l'expres
sion que ne peuvent souffrir les
organes d'extrême-gauche. Leur
grief le'plus précis etleplus acerbe
contre M. Brugère, leur plus grand
rcotif de suspicion violente, c'est
qu'il se fait appeler ainsi.
Généralissime, il ne l'est pas. Il
a une lettre de service, toujours ré
vocable, qui lui remet le comman
dement de toute l'armée en temps
de guerre. En temps de paix, vice-
président du conseil supérieur :
voilà son titre régulier.
Est-ce que, par hasard, l'accusé
en usurperait un autre? Sur ses
cartes* au-dessous de son nom, a-
t-il fait graver : généralissime ? Nul
lement; mais un tas de journaux,
de la droite et même dû centre, ont
pris, l'habitude d'employer ce mot
avec emphase et complaisance,
chaque fois qu'ils parlent des allées
et venues de M. Brugère, des ma
nœuvres qu'il conduit et -de ses
inspections. C'est intolérable! C'est
dangereux! Il ne faut pas donner
à croire au pays cju'il y a un grand-
maître de l'armée, un homme qui
la tient dans sa main. Le chef de
l'armée, c'est le seul ministre de la
guerre, responsable devant le par
lement; Donc, pas de -généralis
sime ! Autour de lui, travaillant à
lui faire une popularité pour s'en
Servir, se grouperaient tous les ar
tisans de ■pronuncia.mientos, tous
les entachés de césarisme. Par
conséquent, si le .Gatiîois,le Figar»,
YEcho de Paris, le journal de M.
Méline, etc., continuent de donner
ce titre à M. Brugère, une mesure
de défense républicaine deviendra
indispensable. Il faudra retirer au
général sa lettre de service, il faudra
le révoquer.
On a, d'ailleurs, d'autres griefs
encore contre le généralisé... par
don, le vice-président du conseil
supérieur dè la guerre. Il à été dit,
récemment, qu'il était question de
réintégrer M. de Boisdefire dans les
cadres actifs. Et des journaux ont
affirmé que M. Brugère s'était per
mis de le demander. Les journaux
qui ont publié cette assertion, étant
nationalistes ou conservateurs-, sont
de ceux que les feuilles radicales
traitent Couramment d'officines de
ttiensonges et/de calomnies, quand
ils donnent des informations qui
déplaisent à nos sectaires et jaco
bins. Mais, du moment qu'an peut
tirer profit de leurs assertions,
elles deviennent certainement Exac
tes. Il est donc établi que le général
Brugère a réclamé un commande
ment de corps d'armée pour le gé
néral de Boisdeffre. Le général Bru
gère doit être mis en disponibilité.
Sans aucun doute, il nourrit de
très mauvais desseins.
Vous savez que M. de Boisdeffre
a commis tous les crimes. L'un des
plus gros, certainement, c'est d'a
voir un jour emporté du ministère
de là guèrrele plan de mobilisation.
Il faut plusieurs salles pour loger
cè plan. M. de Boisdeffre lé prit
sous son bras (chef d'état-major gé
néral de l'armée à cette époque, il
avait le bras long) ét s'en fut chez
le P. du Làc. Il communiqua le plan
dans tous ses détails au Jésuite,
agent dé Guillaume, ou plutôt
d'IIumbert. C'était sous le secret
de la confession. Mais rien n'est sa
cré pour un Jésuite. Dès que le re
ligieux connut par cœur tout le
Îlan, il courut s'en vanter à... M.
oseph Reinach... Les journaux
d'extrême-gauche ont fait avaler
cette histoire à leurs lecteur». M.
Camille Pelletana soin d'y revenir
de temps à autre. Il n'y croit pas,
lui. Seulement, avec des inventions
de ce calibre, on peut obtenir, aux
époques d'émotions et de soulèver-
ments populaires, le "massacre de
quelques moines et de quelques
généraux. Cela s'est bien vu en
1871. Si pareil accident se repro
duisait, le hyéneux M. P Vetan
irait se repaître de ces cadavres, en
estimant qu'il n'a pas perdu sa
peine.
Et le général Brugère voudrait
réintégrer le général ae Boisdeffre!
Il tient à l'avoir près de lui. Eh bien,
la solution est très simple : qu'on
l'envoie le rejoindre ! C'est ce que
les feuilles radicales réclament de
M. André.
Le ministre de la guerre se lais-
sera-t-il arracher cette révocation ?
Il doit y être assez enclin, puisque
c'est probablement lui qui inspire
et pousse les journaux qui la de
mandent. Mais on ne fait pas tout
ce que l'on voudrait. Le général
Brugère ne sera pas facile à mettre
au rancart. Au moins sous ce rap
port, il a fourni Les preuves de tac
ticien. Jusque parmi ses collègues
du cabinet ët peut-être à l'Ely
sée, M. André trouvera des obsta
cles.
On a déjà, sans y parvenir, essayé
de faire sauter un généralissime.
Nous disions l'autre jour que, sur
plus d'un points le ministre actuel
de la guerre semblait recommencer
le général Boulanger. Voilà encore
une analogie. En 1887, le vice-pré
sident du conseil supérieur offus
quait aussi et pouvait gêner le poli
ticien ambitieux qui se sentait de- j
venir César. Boulanger voulut dé- i
loger de son poste le général Saus-
sier. Mais ce morceau-là était trop
gros. Malg. r ses efforts et l'appui j
delà presse d'extrême-gauche, le
ministre n'arriva point à ébranler
le généralissime. Echec fatal. C'est
de ce jour que l'aspirant-dictateur
devint suspect à la majorité des ré
publicains.
S'il y a des analogies entre M.
André et Boulanger, il existe d'au- I
tre part, entre eux, de profondes i
différences; Nous les avons faitres- i
sortir. Le ministre actuel est par
trop dépourvu de certains avanta
ges nécessaires à la conquête de la
popularité. Ce ne sont pas ses dis
cours titubants qui pourront servir
à la compensation. Mais, qui sait si
M. André se rend compté decé qui
lui manque?
Pierre Veuillot.
naire lombard et à des élèves de l'école
du Frère Vincent de Carissimi à Saint-
Salvatore in Lauro.
— » " -
LÈS CONGRÉGATIONS
TSULlETIt^C
Onse trompait, para,ît-il; lé tsar vien
dra àParis; il n'y ferait qu'un très court
séjour, mais on ne pourra pas dire
qu'il a évité la capitale de la France,
qui lui avait fait, il y a quelquee an
nées, de si brillantes ovations.
L'état du président Mac Kinley conti
nué à s'améliorer ; il semble que main-
tenant on puisse le considérer domine
hors de danger.
Miss Emma Goldman, la théori
cienne de l'anarchisme militant, pour
ne pas dire assassin, a été arrêtée, ét
nombreux sont aux Etats- Unis les gens
ui voient dans Czolgosz l'exécuteur
'un complot.
La commission du budget a repris
ses séances ; elle veut avoir terminé son
travaillpour la rentrée des Chambres,
afin qu'on puisse commencer immé
diatement la discussion du {budget.
De Constantinaple, on signale les ef
forts du gouvernement turc pour s'en
tendre directement avec les créanciers
dont M. Constans avait pris la cause en
main, mais il faudra évidemment que
Varrangement soit accepté par le gou
vernement français.
;—: » - ' " - . - ,'t
NOUVELLES DE ROME
?
7 septembre.
Àâ Vatican.
Le 6 courant, S. S. Léon XIII a reçu
en audience particulière S. Em. le car
dinal Cretoni. préfet de la Sacrée Con
grégation des indulgenoés et reliques.
— Mgr Rubian, archevêque d'Amasca,
est parti pour Venise, afin de représenter
S. Em. Mgr Emanueliàn, patriarche des
Arméniens catholiques, aux fêtes qui au
ront lieu à l'occasion de la commémora*
tion bi-centenaire de la fondation de l'or
dre des Méchitaristes.
Xa vie catholique.
Vient de paraître le Bulletin d'archéo
logie chrétienne, officiel pour les comptes
rendus de la commission pontificale d'ar
chéologie chrétienne.Entre autres.il con
tient un article du professeur Marùcchi
sur le cimetière de Priscilla, un travail
de Mgr Crostarosa sur les sceaux impri
més danB ïeà tuiles de la ^basilique de la
Sainte-Croix de Jérusalem ; et une étude
du professeur Lupari sur le Saxetum Do
mine quo vadis à la via Appia.
■ L'abbé Perosi vient de composer
plusieurs chants religieux qui seront
exécutés à la basilique de Lourdes à l'oc
casion du grand pèlerinage d'Italie. Cette
exécutiôft 'est Confiée aux élèves du èémi-
Voici une liste de congrégations
ayant demandé l'autorisation :
Religieuses
dominicaines, à Neuilly ;
•— à Epernay ;
— à Bordeaux ;
Clarisses à Versailles;
■ ■■—-.... à Lourdes ;
. à Azille ;
— à Valence ;
à Orthez;
— à Chàteauroux ;
; à Foles-les bois ;
.— , à Ramons ;
—r à Roubaix;
— à Grenoble ;
Soeurs de Saint François d'Assise, à
Toulon;
Carmélites, à Morlaix;
— à Libourne ;
Franciscaines du Sacré-Cœur, à Saint-
Quentin;
Filles de la Croix à Chavanard ;
— à Lambezlec ;
Immaculée-Conception, à Sauvagnon ;
- Dominicaines de Béthanie ;
Visitation, à Dôle ;
Sœurs de Notre-Dame de Chàtillon-
Bagneux;
Union chrétienne, à Marvejols ;
, Servîtes de Marie, à Cuves ;
Sœurs unies, à Mende ;
Ursulines, à Bonne-les-Doens;
Auxiliatrices de l'Immaculée-Concep-
tion, à Paris ;
Sœurs de Saiht-Eutrope, à Avignon ;
Dominicaines de l'Immaculée-Concep-
tion, à Toulouse ;
Sœurs de Jésus, à Saint-Didier ; .
Doctrine chrétienne, à Meruies.
ÉPOUSE OU COMPAGNE
Nous lisons sous ce titre dans , la
Lanterne :
La chambre syndicale des clercB
d'huissiers vient de prendre une déci
sion qui l'honore grandement: elle a dé
cidé qu'en cas de décès d'un de ses mem
bres, des secours seront accordés à la
conjointe du défunt sans souci de savoir
si cellè-ci est l'épouse légale ou l'épouse
en union libre.
Par cette décision, les clercs d'huissiers
viennent d'aborder et de résoudre, tout
à leur honneur, un des plus urgents pro
blèmes sociaux de l'heure présente.
Le même journal ajoute plus
loin : « L'heure n'est plus où une
union non consacrée par un maire
était considérée comme déshono
rante. »
Ainsi donc, ce n'est plus seule
ment le mariage religieux que les
libres-penseurs jettent par-dessus
bord ; c'est le mariage civil.
La chose est logique. Après le
Mépris de la loi divine, le mépris
de la loi naturelle ; après la révolté
contre l'Eglisè, l'insurrection contre
la société.
La décision dés clercs d'huissiers
jette un triste jour sur la baisse
du niveau moral, soit dans leur cor
poration, soit ailleurs. On ne s'é
tonne plus de ce qui scandalisait
jadis ; le fait est exact, mais c'est lè
contraire d'un progrès.
Le journal de M. Millerand ne
perd aucune occasien de rappeler
que nous descendons des bêtes. Il
nous semblé qu'il y a erreur sur le
sens dé l'évolution- C'est vers ? a
bête quel'homme descendra, si, con
formément aux- vœuxde laLanferne,
le mariage continue à perdre du
terrain et 1' « union libre » à en ga
gner.
G. »'A.
it
COURANT SCHISMATIQUE "
Sous ce titre, nous lisons dans
le Journal de Solmar :
Dans un discours, prononcé par M.
Bachem au congrès catholique d'Osna-
bruck, se trouve un passage qui est fait
pour surprendre. M. Trimborn avait
parlé d'un nouveau Kulturkampf mena
çant les catholiques allemands. M. Ba
chem a repris la thèse contraire. D'après
lui, nulle part la situation politique des
catholiques ne serait meilleure qu en Al
lemagne. Par contre en France se ferait
sentir un courant schismatique puis
sant.
Nous sommes loin de nier qu'en Alle
magne les catholiques sont, à l'heure
présente, beaucoup mieux traités qu'au
trefois. Ils le doiveht surtout à leur puis
sante organisation et à l'influence qu'ils
ont su conquérir sur le peuple à l'époque
où, parti. populaire et oppositionnel, ils
savaient se faire respecter aù Parlement
et ailleurs par l'énergie de leurs reven
dications et la fermeté de leurs princi
pes. Leurs adversaires n'ont jamais dé
sarmé et la reprise dû Kulturkampf,
prédite par M. Trimborn, ne manquera
pas de se produire, le jour où le Centre
désarmera, ou bien où, renonçant à Ba
politique de réformes sociales généreu
ses et de courageuse indépendance vis-
à-vis du gouvernement, il perdra la con
fiance de ses fidèles électeurs. Si pa-
Teille éventualité devait jamais se réali
ser et il ne manque -paB de gens qui
cherchent à l'amener—la persécution re
prendrait de plus belle, cela est absolu*
ment incontestable.
Quant aux fortes tendances schismati-
ques qui se manifesteraient en France,
M. Bachem est évidemment très mal
renseigné. Il confond la persécution or
ganisée par une poignée de Sectaires
avec les sentiments de la foule. Un
BchiSirte part toujourâ des croyants eux-
mêmes ou de leurs chefs naturels, les
prêtres et les évêçuea. #r rien de sem
blable ne s'est produit, en France que
nous sachions. A toutes les époques,
dans l'armée de 50,000 prêtres et de
i 60,000 religieux etreligieuses de France,
il s'est trouvé une centaine de person
nages douteux qui quittaient bruyam
ment ou en sourdine leurs fonctions. Au
trefois les transfuges trouvaient de mo
destes situations civiles èt disparaissaient
pour toujours. Maintenant il y à ides
œuvrès confessionnelles tapageuses qui
les recueillent, les entretiennent et font
de la réclame avec leur apostasie. Cela
ne veut nullement dire que lè mouvement
soit plus considérable ou plus profond.
Les observations du Journal de
Golmar sont très justes.
Comme le dit notre confrère, le
mouvement des « évadés » n'a au
cune profondeur. La plupart d'entre
eux sont allés tout de suite à la dé
rive bien plus loin que le protestan
tisme même r ationaliste. Ils flottent
sur les vagues de la libre-pensée,
réduits à l'état de détritus. Un bon
nombre de ceux qui ont été recueil
lis dans les cadres protestants ont
déjà causé à leurs nouveaux pa
trons des regrets et des inquiétu-'
des. Les catholiques allemands qui;
ont pris au sérieux les réclames!
répandues en faveur des « évadés »i
ont été victimes d'une mystifica
tion.
-, V. - ♦ • r U ;
LE HQÏÏEMMT CATEÔLIP EN ESPAGNE
Nos lecteurs se souviennent des scènes;
de sauvagerie auxquelles se sont livrés
tout récemment les anticléricaux espa
gnols, encouragés et applaudis par les
sectaires de France, et mis en branle, ;
très probablement, par les rouages d'une
organisation internationalë.
A Saragosse, en particulier, les fidèles
qui prenaient part aux processions du
jubilé ont été victimes d'agresBions bru
tales, et le sanctuaire de Notre-Dame del
Pilar, séculairement vénéré dans la pé
ninsule, a été profané par une bande d'é-
nergumènes sous le regard bienveillant
des autorités* f <
Pour protester contre ces violences et
réparer ces profanations, les catholiques
espagnols projettent d'accomplir à Sara
gosse un pèlerinage de pénitence, au
quel, à ce que l'on croit, prendront part
trente mille hommes, spectacle qui ne
s'est pas encore vu èn Espagne.
Les archevêques de Séville et de Gre
nade, les évêques de Saragosse, de Tor-
tose, de Plasencia et de Malaga, ont déjà
adhéré à ce projet et l'ont pris sous leur
haut patronage. Plus de cinquante jour
naux catholiques de diverses nuances* à
commencer par le Siglo futuro et le
Çorreo Espanol, l'ont accùèilli avec en
thousiasme. Depuis. un mois, des mil
liers de pèlerins se sont fait inscrire. Un
comité central a été fondé, bous la pré
sidence honoraire des vénérés prélats
cités plus haut et sous la présidence ef
fective de M. Sanz, inspecteur général
des ponts ti chaussées, célèbre en Espa
gne par sa haute compétence industrielle
et ses nombreuses constructions de che
mins de fer.
Ce mouvement, d'où pourra sortir,
avec l'aide de Dieu et la bonne volonté
des adhérents, l'union tant désirée des
catholiques d'Espagne, attire l'attention
de nos confrères catholiques de divers
■pays. D'Italie, de Portugal, de Belgique,
d'Angleterre même, les organisateurs du
pèlerinage ont reçu de préci:ux encou
ragements; Nous nous faisons-un devoir
et un plaisir d'y ajouter les nôtres, et de
féliciter en particulier le distingué secré
taire du comité, M. Mariano Arenillas,
qui nous informe des résultats obtehus.
Les catholiques espagnols doivent se i
dire qu'ils sont le nombre et la force, et
.que les agitateurs qui ent soulevé les
récents désordres ne sont qu'une poignée
d'audacieux bandits, cherchant à créer
l'illusion d'une puissance morale qu'ils
n'ont pas. Que nos amis d'outre-monts ne
Be laissent donc pas intimider par le ta
page très grand de ce groupe tr' ; petit. ■
Qu'ils songent que, de leur union et de
leur vigoureuse initiative, dépend le relè
vement de leur chère Espagne, si pros
père quand rien n'y entravait l'essQr i
de la foi, si malheureuse depuis que, :
sous prétexte de progrès, de néfastes po
liticiens 's'efforcent d'y affaiblir ou d'y ;
ruïner la vie religieuse.
LE CQXGRÊS_DE TÂREITE
Tareate, 7 septembre.
Ifn incident significatif. — L'adresse
aa Saint-Père et les démocrates
chrétiens. — JL.'mtervention de .AL
Tonioîo, de S. Em. le cardinal Por-
tanova, et de M. Rocca d'Adria. —
L'adressé définitivement adoptée.
—Une dépêche de S.Em. le cardinal
Rampolla. — Le Pape et le peuple
catlioliqae Italien.
Nous sommes danB l'extrême midi.
Une chaleur intense règne toujours, à
peiné tempérée par la brise de mer, — à
peine atténuée, un instant, par une cour
te ondée. Cependant, le congrès, au lieu
de s'alléger dans ces derniers jours, B 'est
surchargé. Les séances se sont prolonr
gées, les réunions extraordinaires se sont
multipliées, ravissant l'âme et broyant
les forceB. Les pages vivantes qui se
pouvaient lire étaient d'un intérét trop
élevé pour qu'on pût, sans remords, en
négliger aucune... Et voilà comment
votre correspondant «continue à vous en
voyer, maintenant que le congrès est
terminé, l'étude rapide de ces journées
vraiment historiques.
• •
Dans ma dernière correspondance, j'ai
omis, à dessein, de parler d'un incident
très heureusement significatif ; il m'a
paru bon de le mettre en pleine lumière,
car il constitue une réponse eingulière-
Ttfent éloquente die tous les catholiques
d'It&lie au Bref du Saint-Père.
C'était au cours de la deuxième séance.
M. le curé Sacchetti monta à la tri
bunè, après que S. G. Mgr Mazzella eut
prononcé le discours que nous avons rap
porté. Il lut l'adresse que l'on se propo'
sait d'adresser au Saint-Père, au nom
du congrès tout entier. Et cette lettre,
dè sentiments très élevés, fut chaleureu
sement applaudie.
Mais, la lecture achevée, M. le profes
seur Toniolo se leva. Il s'associait de
grand cœur, déclara-t-il, aux chaudes
approbations que venait de recueillir
l'adresBe lue par M. Sacchetti. Mais il
avait à cœur d'y signaler, tout de suite,
une omission à laquelle il fallait remé
dier. Le bref du Saint-Père renfermait
une double invitation, Tune, qui recom
mandait à l'œuvre des congrès de ne pas
laisser de côté la jeune phalange de la
démocratie chrétienne, — l'autre, qui
recommandait à celle-ci d'adhérer ex
pressément à l'œuvre des congrès. L'a
dresse ne répondait explicitement qu'à
la première de ces deux présccupations
du Souverain Pontife.Les «Jeunes » de la
démocratie chrétienne, déclara M. le
professeur Toniolo, désirent faire enten-
, dre leur voix dans la réponse des cathO'
liques au Pape, et formuler dans cette
adresse l'explicite adhésion que l'on at
tend d'eux.
Nos lecteurs de l'Univers connaissent
M. Toniolo. Le Bavant professeur de Pise
a, dans le monde catholique, une réputa
tion qui déborde leB confins de Bon pays.
Les catholiques italiens en sont fiers, et
ils ont raison. Les démocrates chrétiens
ont pour lui une sorte de tendresse en
thousiaste. M. Toniolo, on le sait, est un
des publicistes et des conférenciers qui
:ont le plus profondément scruté le con
cept de la démocratie chrétienne. Aussi,
quand, ces jours-ci, il entrait aux réu
nions du congrès, c'était chaque fois des
ovations prolongées qui faisaient visible'
ment souffrir le très modeste savant
mais, là-dessus, ses disciples sont restés
indociles,et cruellement affectueux, ils se
sont obstinés à le tirer de l'effacement où
.il aime à Be dissimuler.
On comprend aisément que cette ré
clamation de M. le professeur Toniolo
ait conquis aussitôt l'assentiment univer
sel. S. Em. le cardinal Portanova, prési
dent d'honneur du congrès, appuya sur-
le-champ, très chaudement, les paroles
du savant professeur. Il estima que les
observations de M. Toniolo étaient jus
tes, et qu'il était, en effet, équitable de
donner aux « Jeunes » de la démocratie
chrétienne leur part dans l'Adresse au
Saint-Père.
Toute la salle éclata en applaudisse
ments.
Là-dessus,le D. Murri demanda la pa
role, au nom des démocrates chrétiens.
De ce jeune prêtre aussi, l'Univers a eu
l'occasion de parler. Lorsque, voici quel
ques mois, se constitua à Rome la fédé
ration de toutes les œuvres catholiques,
en vue de l'organisation des unions pro
fessionnelles, M. Murri joua un rôle qui
fut remarqué. Intelligence lucide, vo
lonté décidée, parole persuasive, plume
élégante, l'abbé Murri a les dons qu'il
faut pour gagner et conduire les hom*
mes. Ce jeune prêtre est une puissance :
son zèle sacerdotal, son amour profond
de l'Eglise, sa dévotion au Pape, sa ten
dresse pour le peuple permettent d'au
gurer que. sa carrière apostolique sera
féconde. D'ailleurs, elle l'est déjà. Sans
parler d'une revue-bi-mensuelle, la Cul-
tura socialb, qu'il dirige ou rédige d'une
façon brillante, M. Murri fonda, il y a
sept mois, un journal hebdomadaire, Il
Domani d'Italia (l'Avenir de l'Italie), qui
tire déjà à 14,008 exemplaires et qui sert
de lien à un grand nombre de groupes
démocratiques chrétiens de la péninsule.
Les « jeunes » de la démocratie chré
tienne en Italie reconnaissent en l'abbé
Murri leur chef de file. L'Avanii, l'or
gane officiel du socialisme à Rome, a
d'abord tâché de le compromettre par
fies éloges ; il l'a ensuite poursuivi de
ses traits acérés, ayant reconnu dans ce
prêtre de trente ans, de taille médiocre
et d'apparénee fluette, un adversaire ir
réductible, -r- bientôt un adversaire re
doutable. Et le Capitan Fracassa, qui est,
avec des allures frivoles, le plus sectaire
des journaux anticléricaux, s'est efforcé,
avec une insistance maladroite, de le
cribler de haineuse s épigrammes.
D. Murri était donc qualifié pour parler
en cette circonstance au nom des démo
crates chrétiens. Il s'en croyait le devoir,,
affirma-t-il, car. le moment était solennel
et décisif. Des malentendus paraissaient
jusque-là, diviser l'œuvre des congrès et
les démocrates chrétiens. La parole -du i
'Pape dissipe ces brouillards. Démocra- ■
tes chrétiens et oeuvre des congrès se ren
contrent aujourd'hui, ils se confondent, -
grâce à cette , parole du Pap,e ; tous en
semble, dociles à cette voix, travailleront,
■unis, compacts, à l'élévation des classes
laborieuses.
Et c'est pourquoi D. Murri demandait,
lui aussi, que l'adresse envoyée au Pape,
en réponse au bref pontifical, exprimât
clairement les remerciements des jeunes :
démocrates chrétiens, et qu'elle déclarât,-
de la manière la plus formelle, leur en- :
tière acceptation de la parole du Pape.
A son tour, le directeur de la Patrie
d'AncÔne, M. Algranati, qui a pris le
pseudonyme robuste de Rocca d'Adria, i
l'un des plus sonores et des plus sympa- ;
ïhiques congressistes, rappela l'attitude
des démocrates chrétiens dans les tra
vaux de la première section. DanB cette
section qui traitait de l'organisation gé
nérale des. catholiques, ils avaient déjà,
de la manière la plus formelle, marqué ;
leur obéissance expresse à l'ordre de
Léon XIII : ils y avaient en effet formulé i
le < considérant » suivant,d'ailleurs adop- '
té par la section : a Considérant que la
base de toute action efficace en commun
est l'association ; considérant que les
catholiques italiens trouvent à bon droit
cette organisation dans l'œuvre des con
grès, pluB que recommandée et bénie, —
voulue par le Pape... etc. » M. Rocca d'A
dria demanda, par conséquent, que l'ap
probation de l'Adresâe au Pape fût sus
pendue, et que, le lendemain, l'on présen
tât à l'Assemblée une nouvelle adresse :
et cette adresse devrait affirmer au Saint-
Père que les a Jeunes » de la démocratie
chrétienne lui sont obéissants jusqu'à la
mort. ■
. •• #
Il était clair qu'une pareille demande
ne pouvait être repoùssée. Le rédacteur
du projet dans lequel , on réclamait ces
modifications-là, a dû ressentir une joie
profonde d'avoir provoqué cette explo
sion de piété filiale.
Le lendemain donc,la nouvelle adresse
fut lue et approuvée. Elle contient ces
lignes :
« Oui, qu'il vous soit rendu grâces
pour la boitté avec laquelle II vous a plu
de vous déclarer satisfait de notre mo
deste œuvre, et de la louer, en espérant
dé éette œuvre d'heureux fruits pour le
salut des âmes, pour la civilisation chré
tienne, pour les droits immortels de l'E
glise de Jésus-Clfrist. Grâces vous soient
rendues pour les paroles bienveillantes
que vous avez adressées également à ces
jeunes hommes qui combattent sous la
bannière de la démocratie chrétienne, et
qui, entrant de grand cœur dans l'œu
vre des congrès, feront en sorte, par leur
ardeur, de mériter votre confiance. Mais
nouB devons, par-dessus tout, présenter
nos remerciements à Votre Sainteté, qui
nous a manifesté sa volonté, avec l'éner
gie du capitaine, -r- d'un capitaine qui
conduit infailliblement ses troupes à la
victoire. »
* J* r-
En cette même séance avait été lu un
télégramme, envoyé au nom du Saint-
Père par le cardinal Rampolla, en ré
ponse au télégramme du congrès :
« Cardinal Portanova,
« archevêque de Reggio.
« Les sentiments et les vœux exprimés
dans le télégramme envoyé au nom des
membres du XVIII e congrès catholique
italien, correspondent pleinement aux
augustes intentions et aux désirs du
Saint-Père. Aussi Sa Sainteté les a-t-elle
accueillis avec une particulière recon
naissance, et, augurant que par leurs
nobles desseins^ les congressistes attein
dront le but visé, Elle envoie de grand
cœur la bénédiction apostolique aux
Eminentissimes cardinaux, aux nom
breux évêques et laïques présents à cette
solennelle assemblée.
M. card. Rampolla. »
On le voit, la collaboration active en
tre le Pape et les catholiques italiens a
revêtu en ce congrès un caractère plus
intime que jamais. Nul ne se dissimule
que les conjonctures deviennent graves,
mais ces conjonctures mêmes resser
rent les liens du Pape avec Bon peuple.
Ainsi ressortent l'importance extrême de
la réorganisation de l'œuvre des congrès,
telle que nous la détaillerons demain, et
l'importance non moins grande de l'a
postolat Bocial préparé dans le deuxième
groupe dit de la charité et de l'économie
sociale.
M. le baron de Matteïs a marqué d'a
vance très éloquemment, la nécessité
d'un travail effectué dans ces conditions
et dans cet esprit. Il parlait plus spécia
lement pour le midi de l'Italie :
a ... Quand tout ceci sera bien compris
(à savoir : que le Pape est lésé à Rome
dans ses droits essentiels, et
l'Etat, qui pourrait dissimuler un asser
vissement pacifique à l'éternel ennemi de
l'Eglise, est folie et trahison"»), quand
tout ceci sera bien compris chez nous;
quand notre conscience et notre carac
tère de catholiques italiens seront com
plètement formés; quand nous aurons
avec nous tout notre peuple qui est en
core prodigieusement chrétien, quand
nous l'aurons avec nous, parce que nous-
mêmes nous serons tout entiers avec le
peuple, et tout entiers pour le peuple;
Vous alors, Ô frères des autres régions
d'Italie, qui êtes venus ici pour parler
des droits de cette conscience, et pour
mettre en lumière les devoirB de ce ca
ractère; alors,, vous devrez reconnaître
(et je .suis prêt à donner ma vie pour
hâter ce jour) que les trésors d'énergie,"
de générosité, de sacrifices, dont sont
capables nos fidèles et enthousiastes po
pulations, peuvent former un objet d'en
vie, oui, mais non de comparaison, avec
n'importe quel autre peuple. »
G. V.
Mgr FÉLiX BIET
Mgr Félix Biét, ëvêque de Diana,
vicaire apostolique du Thibet, de
la Société des Missions étrangères,
est mort lundi 9 septembre à Saint-
Cyr, au Mont-d'Or (Rhône), où il se
reposait depuis quelque temps de
ses labeurs apostoliques. — Mgr
Biet n'avait que 63 ans. Nous, le re
commandons tout particulièrement
aux prières.
Un service solennel pour le re
pos de son âme, a été célébré ce
matin, à 10 heures, à l'église des
Missions étrangères, rue du Bac.
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