Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-09-10
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 septembre 1901 10 septembre 1901
Description : 1901/09/10 (Numéro 12251). 1901/09/10 (Numéro 12251).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 10 Septembre 1901
.fiditioa gvotidtoane. — 12,251
Mardi 10 Septembre 1904
ÉDITION QUOTIDIENNE
• ■ -* * ' PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un ail 40 » 51. »
Six mois...... 21 » 26 50
Trois mois..... 11 » 14 »
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UN NUMÉRO \ „* ri8 V i JO cent,
( Départements..... 15 —
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On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
■ PARIS ÉTRANGER
et départements (union postal^
Un an.. 20 » 26 »
Six mois 10 » 13
Trois mois S » f ^0
® Y
LE MONDE
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM- LAGRANGE, CERF et C", 6, placie de la Bourse
PARIS, 9 SEPTEMBRE 1901
@ommairb.
Les missions sont-
elles inutiles?.... E usène T a. vernie*.
A propos du conflit
franco-turc F. L evé. ..
A mort les ouvriers. G. . d 'A.
Le congrès de Ta-
rente G. V.
Le congrès eucha
ristique d'Angers. A bbé P oey.
Feuilleton : Fouché
au tribunal de l'o
pinion . . ; ' G eoffroy de G rand-
maison.
Bulletin. — Les congrégations. — Le tsar
en France. — Le voyage du tsar, -i
L'attentat contre lé président Mac Kin-
ley. — Informations ; politiques et par-
lementàirëb. —' Les ' conseils généraux.
— Laïcisation d'écoles. — Les affaires de
Chine. — Colombie et Venezuela. —
La guerre du Transvaal. ! — Dépêches
de l'étranger, -r Chronique. — Lettres,
sciences et arts. — Les socialistes. —
Le 8.septembre à Lyon. — Le pèlerinage
de Folgoët. — La passion à Autun. —
Chronique religieuse- — M. de Miquel.
—(Echos de partout. —Le crime de Ma-
lakoiï. — Nouvelles diverge». — Ca
lendrier. — Tableau et bulletin de la
Bourse. — Dernière heure.
8663
soffl-MEs imies ?
Sous le titre La morale et la foi en
Chine, un rédacteur du Journal,
M. Ular, a commencé une étude des
tinée à prouver que les Chinois
sont ineonvertissables:
Entre autres raisons de ce fait
singulier, l'auteur en donne une
qui, malgré sa bizarrerie, n'a pas îè
mérite d'être nouvelle : c'est que les
Chinois sont convertis déjà et de
puis très, longtemps. '
Imprégnés dè christianisme, com
ment voulez-vous qu'ils comprennent
la nécessité de devenir chrétiens ?
Notre évangile, a été prêché par
Bouddha... Mais oui, mais oui. M.
Ular le croit et l'assure. Il soutient
cette théorie au moyen de consi-.
dérations historiques et géographi-
quesi danslesqueiles Djirghiz-Kha-
gan (vulgo Gengis-Khan), Ouang-
Khan, Siourkoukteni, Khoubitai et
divers autres personnages, peu
connus sur le boulevard r j à la
Chambre des députés, occupent na
turellement une place considérable.
Il parle aussi, avec une assez grande
confusion, du culte nestorien, qui,;
en effet, a fleuri de bonne heure sur
le sol d'Asie.
. Jîeviser les. faits et gestes des
empereurs mongols, ce: n'est pas
çommode ; maie, parmi les affirma- :
tions de M. Ular, il s'en trouve, une
qui offre tous les : caractères d'une
erreur étonnante et qui. suffirait
pour faire mettre le reste en suspi
cion.
« II n'y a pas un seul prêtre chi
nois, » dit-il. Evidemment, il entend
parler des prêtres catholiques.
Voilà une assertion nouvelle.
Mais comment -le rédacteur du
Journal a-t-il pu, songer à la formu
ler? . .
S'assurer du - contraire, c'est :
beaucoup plus facile que de se dé
brouiller parmi les annales de Djin-
ghiz-Khagan. Il est vrai que l'on
peut, s.ans craindre des démentis
gênants, attribuer au terrible prince :
mongol tous les exploits et tous les
mérites imaginables ; aussi voyons-
nous M. Ular de défendre d'avoir
été cruel. Aimable et doux Gengis !
Encore une victime des préven
tions humaines. Encore une répu
tation à blanchir.
En attendant, est-il permis de
croire que les Chinois sont impé
nétrables àu vrai christiar''"me et
que nos missionnai" as n'ont pu,
parmi eux, recruter aucun prêtre?
Non, par exemple ; et , des docu
ments très autorisés et très abor
dables, l'interdisent d'une manière
absolue.
Ouvrons le compte rendu annuel
que publie la Société des Missions
étrangères. Nous y voyons* à la
date de 1900, figurer au tableau ré
capitulatif les chiffres suivants qui
indiquent le nombre de prêtres chi
nois: Cerée, 12 ; Mandchourie mé
ridionale, 4 ; Mandchourie septen
trionale, 3 ; Su-Tchuen occidental,
42 ; Su-Tchuen oriental, 33 ; Su-
Tchuen méridional, 10;Yun-nan,8 ;
■Kouy-Tcheou 8 ; Kouang-Tong, 12.
En se renseignant près des Lazaris
tes, M. Ular aurait; appris que le
Kiang-Si oriental compte 9 prêtrês in
digènes ; le Kiang-Si méridional, 5 ; le
Kiang-Si septentrional, 5 ; le Tché-
Kiang, 17, dont 11 sont membres de
la congrégation ; le Tché-ly occi
dental, 16, dont 6 appartiennent à la
congrégation; le Tchéd-lyoriental, 3;
le vicariat de Péking, 38, sur les
quels 15 sont membres de ta congré
gation; Le séminaire de Péking a
soixante élèves indigènes. Au Tché-
ly sud*est, les Jésuites ont sous
leur direction 15 prêtres indigènes,
dont plusieurs font partie de leur
Ordre (outre 3 frères indigènes et
18 séminaristes). Dans les tableaux
des missions duRiang-Nan (23 prê
tres indigènes), du Eiang-Sou, du
Ngan-rlloeî, etc., figurent des mis
sionnaires, séculiers ou Jésuites,
dont les noms : Zi, Zin, Vong, Long,
Sen, Tsu,Gni, Ou,Kiong, Kin, Mae,
Wang, Pé, Sen léang, Zao, Kou,
Tsang, Che, n'ont vraiment pas la
moindre consonnance européenne.
Et comme M. Ular raisonne non
seulement sur les Chinois, fîiâis en
core sur les Bouddhistes, en géné
ral, et même siir l'ensemble des
peuples asiatiques^ on doit lui si
gnaler des indications qui réfutent
brutalement sa thèse. Sans doute,
il englobe le Tonkin dans là caté
gorie des races réfraciàires au sa
cerdoce chrétien : or, là seule So
ciété des. Missions étrangères a
dans. ses rangs, pour le Haut-
Tonkin, li prêtres indigène. ; pour .
le Tonkin méridional, 68; pour le
Tonkin occidental, 119. Et en Co-
chinchine? 131. Et dans l'Inde? 82.
Là, les Jésuites (Maduré) ont 25 prê
tres indigènes dont 15 appartien- .
nent à la Compagnie ; dans leurs sé
minaires ou dans leurs noviciats se
trouvent 33 indous qui vont bientôt
recevoir la prêtrise. Il y a des Ja
ponais, des Cambodgiens, des Sia
mois, des Birmans qui sont prêtres
catholiques. Combien, en tout, les
Chinois compris, rien que pour la
Société des 'Missions étrangères?
612. Il se trouve, précisément à
l'heure actuelle, rue . de Sèvres,
dans la maison d'où les Jésuites
français seront chassés avant quinze
jours, un Jésuite japonais, qui
pourra comparer les différences de
îa civilisation libre-penseuse avec
la liberté accordée maintenant dans
son pays par les sectateurs de
Bouddha!
Le 10 septembre 1622, à Nanga,-
saki, au Japon, moururent pour la
foi, brûlés a petit feu, plusieurs Jé- '
suites japonais : les bienheureux :
Sébastien Chimura, premier prêtre
japonais; Antoine Kiuni, . Michel
Xumpo, etc. Ils ont été béatifiés
par Pie IX en 1867, et leur fête se
célèbre le 11 septembre. A Nanga-
saki, ïe 6 septembre 1627, fut brûlé
à petit feu le bienheureux Thomas
Trugi, prêtre .jésuite, japonais.
Parmi les trente-trois Jésuites .mar
tyrs au Japon, béatifiés en 1867 par
Pie IX, on comptait vingt et un Jé
suites japonais.
Enfin, puisque M. Ular parle
aussi de l'influence exercée autre
fois à la cour mongole par les Pères
de Syrie, nous ne le détournerons
pas de son sujet en saluant la flo
raison sacerdotale épanouie sur le
seuil de l'Asie. Du collège-sémi
naire de Ghazir et de la magnifique
Université dirigée à Beyrouth par
les Jésuites sont sortis depuis un
demi-siècle environ cent cinquante
prêtres indigènes et. une vingtaine
de prélats, évêques ou. patriar
ches.
La prédication chrétienne peut
donc pénétrer à, fond toutes les ra
ces qui se sont développées sur
l'immense 'territoire asiatique. La
sève immatérielle passe à travers
les décombres amassés par, de
formidables et lointaines révolu
tions. Elle réveille la vitalité enfouie
sous les ruines amoncelées, par les
Gengis-Khan. ou bien engourdie
dans la torpeur des Bouddhas; et
des marécages comme {des plaines
desséchées, elle fait germer des ar
bres superb- r chargés de fleurs et
de fruits. Dès maintenant, une foule
de prêtres chinois sont en état de
rappeler le vrai principe de la civilir
sation à l'Europe qui ne se souvient
de lui que pour le bafouer,
Eugène T avernier.
WLLETl&t
Les nouvelles de- Mi le président Mac
Kiniey continuent k être piuk rassuran
tes ; o?i espère que le président se remet
tra. de ses blessures. A cette occBsion., il a
reçu de partout des témoignages multi
pliés de uympathiey
^ fie plus éri plv s, il paraît certain que
l'assassin était un anarchiste militant,
et non un fou; mais on ignore encore
s'il y a eu un Complot positif dont il sê'
r ait l'exécuteur.
Hier, nous avens eu. deux discours dè
M. Poincaré, l'un à Saint-Mihiel, Vautre
à Commercy. Dans les deux réunions,
M. Poincarè a été fort applaudi, èt les
électeurs présents lui ont donné' toute
leur approbation.
... Les élections municipales. d'Alger,
p.nmrnp. fort pnima.it s'v a.tfp.ndrp.. nr>±
tourné à l'avantage de la liste antisé
mite qui a passé tout entière ;• lès a&sjj
tentions* ont été nombreuses.
.. Les i hostilités ont commencé entrela
Colombie et le Vénézuela. Cette dernière
puissance, après avoir repoussé l'offre
de médiation des Etats- Unis,, a brusqué
ies événements en attaquant la Colom
bie. - - ' •
Comment et quand finira» cette
guerre?
Le roï d'Angleterre est arrivé à Fré-
(iensborg ou était déjà, le tsar.
M. Karavelof, le président du conseil
bulgare, .a donné lecture au Sobranié
de l'ukase prononçant la clôture, de la
session. ,..
A PBÔPOS M CONILIT râÀÂCO : TPBfi
. La difficulté .que l'on éprouve à
expliquer par des motifs raisonna
bles la conduite du gouvernement
turc vis-à-vis, de .la. France, dans
le conflit actuel, a naturellement
fait penser qu'une raison cachée
pouvait fourïiir cette explication, et
î'on a tout de suite supposé qu'une
grande puissance . hostile à. notre
.pays pourrait bien avoir secrète
ment encouragé la sublime Porte à
résister aux légitimes réclamations
de notre ambassadeur.
D'une façon générale la conjec
ture peut sembler plausible, mais
dans les circonstances présentes,
et pour le conflit dont il s'agit, on
doit se demander ce qu'elle vôut, et
en particulier quelle puissance on
pourrait viser cquiiablemeut.
A la vérité, pour réçondre à la
question, si l'on n'avait a considérer
que la marche des chosii: en Orient,
depuis irenïe ans, depu's 1810-1811,
on ; n'aivr't guèie que l'embarras
du choix : parmi les grandes puis-
sancr * qui mènent à Constantinople
f dans tou. le Levant une politique
rctive, entre are..îan^e, il n'en est
a icune ( ai ne travaille sans relâ
che à rr*ner les restés encore ira
posants de l'influence traditionnelle
de la France; à ce point de vue,
l'All>-n w re, rÀutriche, la Grande-
Bretagne, i'Itr'ië, la Russie rivali
sent d'effor t, et non sans, succès ;
là-dessus, nous ne pouvons nous
^aire; d'illusion..
Mais de ce fait trop bien constaté,
indubitable, s'ensuit-'l. que. l'on
puisse aujourd 'ui et pour le con
flit en questi^-, incriminer, avec
vraisemblance quelqu'une des cinq
grandes puissances que nous ve
nons d'énumérer ?'Nous ne le pen
sons pas.
- Les déclarations officieuses qui
nous viennent à ce sujet, des diver
ses capitales de l'Europe, nous pa
raissent d'autant plus sincères
qu'elles avouent n'être point désin
téressées ; partout on félicite . la
France de l'énergie et de l'opportu
nité de son attitude, vis-à-vis de la
Turquie, parce que l'on compte, à
l'occasion, en tirer profit et argu
ment. Voilà pourquoi on* semùle
considérer la France (en cette occur
rence seulement, bien entendu),»
comme le champion momentané de
toutes les puissances européennes ;
la presse inspirée tient partout, à
cet égard, un langage unanime et
très explicite.
Cependant nous devons noter
qu'un important journal rus se a
pris un soin particulier de nous dé
noncer l'Angleterre comme la puis
sance malveillante qui serait inter
venue secrètement contre^ nous;
Mais lé journal russe doit il être cru
sur parole ? Le langage delà presse
anglaise est si formellement affir-
matif en séns contr ire 1 Et puis,
auelle raison, nous voulons dire
quel intérêt; aurait dOnoj on eo mn-
ment îe gouvernement britannique
à pousser lesTurcs contre nous?
Si l'Angleterre était présente
ment en état d'interverr ' en Orieiit
d'une façon prépondérante, on pour
rait ent"evoir lé motif qu'elle aurait
de travailler à brouiller les cartes ;
elle aurait l'espoir d'imposer sa
solution du problè ne oriental, d'a
vantager se3 intérêt et de. restau
rer son prestige ; mais quel que soit
le machiavc'Usme ordinaire de sa
politique , peut-on vraiment, à l'héure
actuelle, lui prê'.cr de pareilles vi
sées ? Er^-il rais onnable de la croire
disposé*, à louvrir, de sa propre
initiativé, cett2 inextricable ques
tion d'Orienî:, alors qu'elle ne pour
rait, en ce moment, que faire le jeu
de la Russie, alors q-u'elle est en
core loin d'avoir résolu la question
de l'Afrique du Sud?
Pour toutes ces raisons, la con
jecture du journal russe nous pau
rait devoir être écartée : on pour
rait mêmetrouverquesoninsistance
à ce sujet est plutôt surprenante.
" Mais enfin, comment expliquer la
conduite si déraisonnable et ! si im-
grudente du gouvernement turc ?
'il n'obéit qu'à ses propres inspi
rations, où lesva-t-il puiser ? Peut-
être allons-nous chercher bien loin
une explication qui est tout' près :
l'ignorance et la présomption expli
quent beaucoup ae choses dans les
affairés de ce monde.
On dit donc que les résultats de
la guerre turco-hellénique et tout
un ensemble de faicà récents, inter
prétés à l'orientale, ont singulière
ment enflé l'orgueil des Ottomans,
et d'une manière générale, des po
pulations musulmanes dé l'empire
i,arc et au dehors. On dit aussi que
le sultan et les cou "11ers qu'il
écou. 3 se font de très fausses idées
sur ies dations et T 'iat d'esprit
des nations européennes. Ils ou-
bl ; ent que celle -ci, malgré leurs
jalousies passionnées, malgré leur '
rivalités séculaires, s.ont encore ca
pables, certaines circonstances étant
donnée , de former i? n faisceau ©t
de s'unir* pour imposer a la Tur
quie, eri Europe et en Asie, l'obser
vation des principes supérieurs du
droit international et de la civilisa
tion. .
' V-".' " ' ; :: "FfLEVÉ. ' '
US CONGRÉGATIOKS
Les Trappistes.
Nous avons annoncé que les re
ligieux trappistes allaient deman
der l'autorisation. Certaines ; infor
mations confirment ce bruit. D'au«
tre part, on nous écrit, d'une des
Trappes que la nouvelle est pré
maturée et que.le 12 septembre seu
lement s'ouvre le chapitre général
de l'ordre qui aura à statuer sur
ceite grave question.
ies Chart/eui.
En présence de 1'énîOtion provo-
quéé dans le départenient rie l'Isère
par la nouvelle du départ des Char-,
treux,Mgr l'évêque de Grenoble est,
comme il l'avait annoncé, parti pour
Paris où il est aujourd'hui. Sa Gran
deur, dès son arrivée, a demandé,
par lettre, une audience, au présif
dent du conseil.
LesCarmélites.
On annonce le prochain départ
des Carmélites de-COutances qui se
fixeraient à Tournai. Les Carmé
lites de Saint-Pair iraient à Jer
sey.;'
k-.es Bénédictins;
* Les Bénédictins de la rue de la
Source (Auteuil) doivent partir le 24
septembre. ;
B.es religieux français en Belgique.
Le XA" siècle de Bruxelles, dans
«o.n .numéro de vendredi toir, pu-
blie l 'inrur ^ation ; suivante que
notre confrère déciârS tenir d une
source- absolument sûre :
Il est inexact, — contrairement à ce
que^plusieurs journaux o^t annoncé,—
que deB n^jooiatîons aient éM entamées
par l'épisci-paibelge a T .ec Vatican, au
sujet de la conduite à tenir: à l'égard des
religieux fran is émig»' . L'episcopat
belge n'avait à prend a aucun mot d'or--
dre et Rome n'avait pas songé, d'ailleurs^
à rien demander ni à rien imposer.
Il est'* >ut ai'ssi inexact que les évê
ques bel gas se soient réunis pour confé
rer sur l'ët .blissem'Qt éventuel de reli
gieux français en Belgique. Mais les évê-
ques, tans entente préalable concertée,
se sort trouvés d'accord pour ne. pas
permettre . d'obstacle à l'exercice d'une
liberté re' giei' ! e qui, dans l'occurr'nce,
revêt le caractère d'une belle et noble
charité. '
CeriPlns journaux ont ahnoncé-que les
ëvèques belges avai; ît subordonné l'au
torisation d'i iablissêment des religieux
frar^ais dans leur diocèse respectif, à
certaines conditions. Ces conditions n'ont
rien d'exceptionnel : ce sont celles qu'im
pose le droit ecclésiastique. Par une
prudence et une délicatesse auxquelles il
. ïî jt rendre hommage, les évêques ont
demandé en outre : 1° que leurs hôtes ne
fassent point d'appel public à la charité ;
2° qu'ils ne tiennent point de pension
nat. ■■ :
C'est la confirmation des rensei
gnements que nous avons déjà
donnés. 1
â mu les quvbiebs
C'était prévu. On l'avait dit et redit.
La loi contre les congrégations ne pou
vait que devenir une loi contre les ou
vriers, une loi de faim, de chômage et
de misère. i
Cela commence déjà.
Dix délégués des verreries de Saint-
Galmier sont venus trouver le préfet de
la Loire j îur lui exposer la détresse où
va les jeter le départ des Chartreux.
Trois cents ouvriers, dans ces verre
ries, sont uniquement occupés à fabri
quer les bouteilles de chartreuse.
Dans peu de temps, ces ouvriers vont
se trouver sans travail, grâce au gouver
nement où pontifie M. Millerand, le mi
nistre socialiste, défenseur attitré des
prolétaires.
Le préfet a, dit-on, assez mal reçu les
délégués. .
" Des ouvriers qui meurent de faim !
qu'est-ce que cela nous fait ? L'essentiel,
c'est que les religieux s'en aillent.
Les délégués ont protesté énergique-
ment, et ont déclaré que, lorsque le tra
vail cesserait, : ils viendraiênt réclamer
du pain à Saint-Etienne, au représentant
du gouvernement de « Défense républi
caine ». . " .
Ils ne seront pas les seuls.
Partout où la loi de persécution et de
spoliation accomplira son œuvre, des
travailleurs seront privés de leur gagne-
pain. L'industrie du bâtiment, en parti
culier, et les mille industries qui parti
cipent à la confection dc3 objets reli
gieux, seront cruellement frappées.
Des milliers de pauvres genB vont se
trouver sans ressources, victimes de la
haine aveugle des sectaires • qui préten
dent servir le a pauv' peuple », et ne font
que se hisser sur son dos pour arriver
t "x positions: décoratives et lucratives
où, loiii des mansardes à la huche vide,
on peut banqueter et s'empiffrer en l'hon
neur du tsar.
G.-D'A.
tu congrès' de tabehte
- Tarenté, 4 septembre.
Le congrès de Tai'entë ët le progrès
de l'action sociale en Italie. —
Unité d'action, de méthode, d'orga
nisation (Mgr Jorio). : — Un congrès
populaire, patriotique, pontifical
(comte Paganuzzi). — Ce qu'a pro
duit en Sicile l'entente de l'œuvre
des Congrès et des démocrates
chrétiens. — (L 'Eglise est eile .tan-
jours avec le.fort.2 rr. lUa formation
. sociale du clergé d'après flïgr
Mazzella. — Mgr Berardi, la démo
cratie chrétienne et le jeune
clergé;.
Voici achevés les trois premiers jours
du congrès de ,Tarente. ^Ils laissent l'im
pression çye cette œuvre des congrès est
une organisation puissamment vivante,
et d'une nature tout originale, merveil
leusement adaptée aux. besoins de l'Italie
catholique. > x
A plusieurs reprises, déjà, dans le
cours des séances solennelles, l'on a pu
entendre quelques orateurs en appeler à
l 'exemple des catholiques allemands. Le
dirons -nous ? -rr sans vouloir diminuer,
d'ailleurs, en rien, l'imposante impor
tance des congrès d'outre-Rhin,r— il nous
paraît que les catholiques italiens font
là, à contre temps, un acte d'humilité.
Leur situation, à eux, présente cette ori
ginalité qu'obligés de renoncer à,l'ac
tion politique proprement dite, ils se
consacrent presque exclusivement, en
dehors de l'apostolat formellement reli
gieux, au travail de la reconstitution so
cial : travail magnifique, certes ! et 'd'un
intérêt singulièrement attachant !
Dans toute cette symphonie d'études
et de travaux qui, à l'instar des autres
congrès, constituent le congrès de Ta-
rente, on entend résonner cette foia-ci,
FEUILLETON DE L'UNIVERS
. du .10 SEPTEMBRE 1901
fouché
AU TRIBUNAL DE L'OPINION
:I1 faut tout d'abord épargner à Fouché
le reproche d'avoir été prêtre défroqué et
marié.* C'est en somme-une atténuation
aux vilenies de sa vie (pour les moins in
dulgents il en reste encore}, et de le cons
tater la justice l'exige. Ayant trouvé cette
légende toute faite; Michelet l'avait pro
pagée .; et elle, est trompeuse comme la
plupart des.;déclamations historiques de
ce visionnaire.-
JoBeph Fouché n'appartint jamais au
sacerdoce. Confrère de la congrégation
enseignante de l'Oratoire, tonsuré il est
vrai à la fin de ses humanités dès 1781,
il . n'avait pas été appelé à faire le pas
décisif; et s'il apostasia la religion, s'il
persécuta le clergé; s'il profana les cho
ses saintes, du moins n'eut-il pas à ajou
ter l'horreur d'un sacrilège clérical à
la -lâcheté d'une conduite digne de tous
reproches. ■ .
Il avait traversé divers collèges de
puis huit à dix ans, professant les scien
ces et s'adonoant à la physique, quand
le vent de la Révolution vint à souffler
pour tourner toutes les tètes faibleB ; la
sienne ne résista pas très longtemps à la
tentation; pour mieux dire, il Bentit que
la barque allait couler et,-d'un bond
agile, d'un cœur léger, il sauta à deux
pieds'suf ce qu'il croyait être la terre!
ferme.
Il fréquentait les sociétés patriotiques,
se faisait affilier aux clubs, y parlait (en
ce temps-là, chacun parlait sur toutes
choses), et, ayant remarqué que les gens
de Nantes — son pays natal — étaient
d'allures modérées,il adopta cette nuance. :
En peu de mois,après deux ou trois volte- ,
faces ,cette adresse le conduisit au fauteuil '
de la présidence des a Amis de la Cons
titution De là il n'y eut qu'un pas vers:
le siège de député à la future Conven
tion, qui allait se réunir à Paris.
Dans une société nouvelle il avait
voulu prendre, position, insensiblement 1
il descendait sans retourner la tête, tout
ce qui lui paraissait un souvenir embar
rassant il le coupait-d'une main preste,
fût-ce au prix du • sacrifice-de la recon
naissance, du devoir, de l'honneur;, et
l'Oratoire ayant expiré au mois de mai
1792; dès le mois de septembre Fouché
avait fait peau neuve, tout à fait peau
neuve, en épousant la fille d'un électeur
inlluent.-
II a trente-trois ans, l'âge parfait dit-
on, et l'avenir ne lui semble pas compro
mis. Avait-il le choix dans le sens de sa
pirouette ? Non sans doute, puisque res
ter ce qu'il était devenait dangereux et
lucratif ce qu'il allait devenir. Si le passé
ne le gêne pas, il l'oubliera volontiers ;
mais qu'on ne lui remette pas, — pour
en tirer une accusation, —les joursd'au-
trefois en mémoire, car il écrasera le:
maladroit avec un imperturbable sang-
froid.Toute sa carrière se dévoile ici ; sa
conscience reste facile, il n'est dange
reux que pour l'homme ou la chose qui
Ja rendrait moins calme, : ...-
Je n'irai pas suivre pas ; à pas sa con,-
.âuite au temps de la -Révolution ; aussi
bien est-ce un chemin malheureusement
banal-quoique : les : .ornières en soient
remplies de sang et de boue, A la Con
vention il arrive et siège au côté droit ;
il est assez disposé, à se cantonner dans
le travail, et manœuvre à travers la
commission de l'instruction publique
avec une réelle compétence ; les énergu-
mènes luijont; d'abord peur et il a inventé
cet excellent prétexte d'une « yoix trop
faible » pour garder le silence dans les
séances orageuses. Mais voici le procès
du roi, il faut sortir du mutisme,, il n'y a
pas d'aphonie. à invoquer: pour déposer :
une. boule dans l'urne. Ses voisins de
l'Assemblée comptent parmi les modé
rés ; ,il promet de les suivr.ej il leur lit
même par avance, le discours où il motive
son opinion contre la peine capitalei Ce
pendant, la majorité se dessine en sens
contraire ; Fouché monte à la tribune,
très pâle, mais résolu, il ne dit qu'un'
mot : la.mort 1 * ■ .
Il n'aura plus jamais de meilleur gage
à donner pour sauver sa propre tête ; il
va les prodiguer cependant tant que la
Terreur.® reste à l'ordre du jour ». Il a
gravi d'un seul élan jusqu'au sommet de
la Montagne ; on peut lui confier toutes
les besognes, il ne Teculera devant au
cune et il accepte les missions en pro
vince pour appliquer avec méthode les ;
exaltations les plus féroces de la politi
que la plus démagogique.
Il adopte comme programme la révo
lution intégrale : le jacobinisme contre
les nobles, l'athéisme contre les prêtres,
le communisme contre les possesseurs.
A Troyep, à Dijon, c'est un démocrate
sans, entrailles ; à. Nevers, un apostat
sans pudeur. Paroles, menaces, actions,
il les prodigue contre les « cultes su- ;
perstitieuxet hypocrites « et si la.rage •
devient bouillante dans cette tête froide,,
=c'est parce qu'il redoute toujours de se
voir jeter ai^ visage les longues années.
de son existence « cléricale».Ce danger, i
il faut ;l'écarter à tout prix ; ce rappro- :
.chement, il faut le faire oublier pour
jamais; et dites-moi si c'est un autre;
sentiment qu'un retour éperdu sur lui- ;
même qui peut le pousser à édicter la ;
mesure étourdissante «que tout minis -i
tre de culte sera tenu de se marier dans ;
le délai d'un mois » ?
L'été de 1793 est une longue débauche
de fureur il pille les sacristies, renverse ;
les croix, démolit, les saints de pierre';
on «lirait autant de témoins qu'il veut
faire disparaître. « Les services.'que tu :
„as rendus, citoyen collègue, lui écrit le
comité de Salut publié, sont les garan
ties de ceux que tu rendras éneoreV;» Et<
on le lancé sur Lyon. Voilà l'heure ' des ;
mitraillades, c'est par bandes qué l'on;
fusille car la guillotine eet trop lente.
Cet aimable et discret pédagogue,' hier ;
encoré/enseignant à de jeunes enfants;
de jolies expériences de physique amu-:
santé, signe par milliers des arrêts de-
mort, et sa main ne se lasse jamais. Elle;
s'arrête toutefois ; est-elle fatiguée ? Non
pas, mais elle sent tout à coup quél'im-
. pulsion se ralentit, et la plume, par pru
dence, reBte dans récritoire.
Fouché court à Paris ; il à deviné une :
réaction : Robespierre est déjà menacé
l'intègre Maximilien commet la faute de
ranger Fouché parmi les douteux ; c'est
en faire'àussitôt up adversaire ; le pro
consul dé Lyon entre dans là coalition
avec toute l'ardeur d'un homme menacé ;
il pivote entre lé comité de Salut public,
les Jacobins et la Convention ; il ne dit
rien le 9 thermidor ; mais le 8 il a pré
paré lés batteries qu'il tire à toute volée
le 10.
Par un prodige de ces jours extrava
gants, l'hômmé qui a décimé la Beconde
ville "du royaume échappe aux repré
sailles contre les terroristes, il a toujours
l'air de marcher parmi les vainqueurs;
et si le danger semble pouvoir l'attéindre,
' îl plonge dans l'oubli et disparait. Du 20
fructidor an III au 15-vendémiaire an
VIF (exactement trois ans) nul n'entendra
parler dé lui. Le lendemain du 18 fructi
dor il surgit énfin, d'anciens amis ont
'réalisé un heureux coup d'Etat; il dé-
mànde une part des dépouilles, on la lui
fait bien petite, mais cela suffit.
Laissezrlui-prendre un pied chez vous...
. Il est nommé à Milan; c'est une mis-
"sion, ' d'uhé autre nature que celle de
Lyon.. '
NouS le retrouvons après en Hollande.;
Ces fonctions glissent l'éponge sur un
passé .bien récent; c'est un nouveau
genre de savonnette à yiiiin. Barras et'
Sieyès, ces deux.hommes vertueux, son
gent à se servir — l'un contre l'autre —
d'un tiers personnage, également libre
' de scrupules : Fouché est rappelé à Pa
ris pour occuper le' ministère de la po
lice. Voilà sa voie, ii y marche tout de
suite à l'aise ; aucune fonction qui puisse
devenir plus utile pour faire disparaître
le passé, assurer le présent, préparer
l'avenir, et l'on a toujours sous la main
"le dossier d'un ennemi imprudent. Cette
extrême facilité permet même d'écarter
les moyens violents, de rendre à l'occa
sion un service qui sera profitable, de
tenir suspendue sur les têtes hautaines
l'épée de Dàmoclès, de susciter des re
connaissances chez des cœurs simples ét
enclins à croire le bien.
A peine Fouché avait-il eu le loisir de
s'installer dans son poste que survint un
personnage capable de tout remettre en
question : Bonaparte revenait d'Egypte.
Un général n'était point pour faire peur
à l'ancien professeur, et il caressait; com-
les Talleyrand ou les Siéyès, le rêve d'un
homme dé gûèrre glorieusement drapé
au premier plan, mais dont un « homme
de paix » (lui sans doute) manœuvrerait
les filsj dans la coulisse, avec aussi peu
de danger que beaucoup de profit. Jou-
bert fut un moment l'individu souhaité,
mais il mourut à Novi. Bonaparte pa
rut le soldat indiqué ; toutefois il ne se
trouva pas d'humeur, comme l'on sait, à
jouer les simples comparses.
Fouché, dès le débarquement de Fré-
jus, eût des entrevues avec lui; par for
tune il possédait un intermédiaire heu
reux : Joséphine de Beauharnais, ren
contré e dans les salons de Barras et à
qui, même, il avaitpris l'habitude d'offrir
de petits présents en échange de rensei
gnements recueillis, de nouvelles ap
prises, d'indications rapportées. Toute
fois, il se réservait. Le 18 brumaire,
pendant qu'on bataillait à Saint-Oloud,
il fit fermer les pertes de Paria, ce qui
lui donna le temps de voir venir le vain
queur et alors de les lui ouvrir toutes
grandes. Cependant, après avoir été un '
.fiditioa gvotidtoane. — 12,251
Mardi 10 Septembre 1904
ÉDITION QUOTIDIENNE
• ■ -* * ' PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un ail 40 » 51. »
Six mois...... 21 » 26 50
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® Y
LE MONDE
Les abonnements partent des l* 1 " et 18 de ohaq,ne mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM- LAGRANGE, CERF et C", 6, placie de la Bourse
PARIS, 9 SEPTEMBRE 1901
@ommairb.
Les missions sont-
elles inutiles?.... E usène T a. vernie*.
A propos du conflit
franco-turc F. L evé. ..
A mort les ouvriers. G. . d 'A.
Le congrès de Ta-
rente G. V.
Le congrès eucha
ristique d'Angers. A bbé P oey.
Feuilleton : Fouché
au tribunal de l'o
pinion . . ; ' G eoffroy de G rand-
maison.
Bulletin. — Les congrégations. — Le tsar
en France. — Le voyage du tsar, -i
L'attentat contre lé président Mac Kin-
ley. — Informations ; politiques et par-
lementàirëb. —' Les ' conseils généraux.
— Laïcisation d'écoles. — Les affaires de
Chine. — Colombie et Venezuela. —
La guerre du Transvaal. ! — Dépêches
de l'étranger, -r Chronique. — Lettres,
sciences et arts. — Les socialistes. —
Le 8.septembre à Lyon. — Le pèlerinage
de Folgoët. — La passion à Autun. —
Chronique religieuse- — M. de Miquel.
—(Echos de partout. —Le crime de Ma-
lakoiï. — Nouvelles diverge». — Ca
lendrier. — Tableau et bulletin de la
Bourse. — Dernière heure.
8663
soffl-MEs imies ?
Sous le titre La morale et la foi en
Chine, un rédacteur du Journal,
M. Ular, a commencé une étude des
tinée à prouver que les Chinois
sont ineonvertissables:
Entre autres raisons de ce fait
singulier, l'auteur en donne une
qui, malgré sa bizarrerie, n'a pas îè
mérite d'être nouvelle : c'est que les
Chinois sont convertis déjà et de
puis très, longtemps. '
Imprégnés dè christianisme, com
ment voulez-vous qu'ils comprennent
la nécessité de devenir chrétiens ?
Notre évangile, a été prêché par
Bouddha... Mais oui, mais oui. M.
Ular le croit et l'assure. Il soutient
cette théorie au moyen de consi-.
dérations historiques et géographi-
quesi danslesqueiles Djirghiz-Kha-
gan (vulgo Gengis-Khan), Ouang-
Khan, Siourkoukteni, Khoubitai et
divers autres personnages, peu
connus sur le boulevard r j à la
Chambre des députés, occupent na
turellement une place considérable.
Il parle aussi, avec une assez grande
confusion, du culte nestorien, qui,;
en effet, a fleuri de bonne heure sur
le sol d'Asie.
. Jîeviser les. faits et gestes des
empereurs mongols, ce: n'est pas
çommode ; maie, parmi les affirma- :
tions de M. Ular, il s'en trouve, une
qui offre tous les : caractères d'une
erreur étonnante et qui. suffirait
pour faire mettre le reste en suspi
cion.
« II n'y a pas un seul prêtre chi
nois, » dit-il. Evidemment, il entend
parler des prêtres catholiques.
Voilà une assertion nouvelle.
Mais comment -le rédacteur du
Journal a-t-il pu, songer à la formu
ler? . .
S'assurer du - contraire, c'est :
beaucoup plus facile que de se dé
brouiller parmi les annales de Djin-
ghiz-Khagan. Il est vrai que l'on
peut, s.ans craindre des démentis
gênants, attribuer au terrible prince :
mongol tous les exploits et tous les
mérites imaginables ; aussi voyons-
nous M. Ular de défendre d'avoir
été cruel. Aimable et doux Gengis !
Encore une victime des préven
tions humaines. Encore une répu
tation à blanchir.
En attendant, est-il permis de
croire que les Chinois sont impé
nétrables àu vrai christiar''"me et
que nos missionnai" as n'ont pu,
parmi eux, recruter aucun prêtre?
Non, par exemple ; et , des docu
ments très autorisés et très abor
dables, l'interdisent d'une manière
absolue.
Ouvrons le compte rendu annuel
que publie la Société des Missions
étrangères. Nous y voyons* à la
date de 1900, figurer au tableau ré
capitulatif les chiffres suivants qui
indiquent le nombre de prêtres chi
nois: Cerée, 12 ; Mandchourie mé
ridionale, 4 ; Mandchourie septen
trionale, 3 ; Su-Tchuen occidental,
42 ; Su-Tchuen oriental, 33 ; Su-
Tchuen méridional, 10;Yun-nan,8 ;
■Kouy-Tcheou 8 ; Kouang-Tong, 12.
En se renseignant près des Lazaris
tes, M. Ular aurait; appris que le
Kiang-Si oriental compte 9 prêtrês in
digènes ; le Kiang-Si méridional, 5 ; le
Kiang-Si septentrional, 5 ; le Tché-
Kiang, 17, dont 11 sont membres de
la congrégation ; le Tché-ly occi
dental, 16, dont 6 appartiennent à la
congrégation; le Tchéd-lyoriental, 3;
le vicariat de Péking, 38, sur les
quels 15 sont membres de ta congré
gation; Le séminaire de Péking a
soixante élèves indigènes. Au Tché-
ly sud*est, les Jésuites ont sous
leur direction 15 prêtres indigènes,
dont plusieurs font partie de leur
Ordre (outre 3 frères indigènes et
18 séminaristes). Dans les tableaux
des missions duRiang-Nan (23 prê
tres indigènes), du Eiang-Sou, du
Ngan-rlloeî, etc., figurent des mis
sionnaires, séculiers ou Jésuites,
dont les noms : Zi, Zin, Vong, Long,
Sen, Tsu,Gni, Ou,Kiong, Kin, Mae,
Wang, Pé, Sen léang, Zao, Kou,
Tsang, Che, n'ont vraiment pas la
moindre consonnance européenne.
Et comme M. Ular raisonne non
seulement sur les Chinois, fîiâis en
core sur les Bouddhistes, en géné
ral, et même siir l'ensemble des
peuples asiatiques^ on doit lui si
gnaler des indications qui réfutent
brutalement sa thèse. Sans doute,
il englobe le Tonkin dans là caté
gorie des races réfraciàires au sa
cerdoce chrétien : or, là seule So
ciété des. Missions étrangères a
dans. ses rangs, pour le Haut-
Tonkin, li prêtres indigène. ; pour .
le Tonkin méridional, 68; pour le
Tonkin occidental, 119. Et en Co-
chinchine? 131. Et dans l'Inde? 82.
Là, les Jésuites (Maduré) ont 25 prê
tres indigènes dont 15 appartien- .
nent à la Compagnie ; dans leurs sé
minaires ou dans leurs noviciats se
trouvent 33 indous qui vont bientôt
recevoir la prêtrise. Il y a des Ja
ponais, des Cambodgiens, des Sia
mois, des Birmans qui sont prêtres
catholiques. Combien, en tout, les
Chinois compris, rien que pour la
Société des 'Missions étrangères?
612. Il se trouve, précisément à
l'heure actuelle, rue . de Sèvres,
dans la maison d'où les Jésuites
français seront chassés avant quinze
jours, un Jésuite japonais, qui
pourra comparer les différences de
îa civilisation libre-penseuse avec
la liberté accordée maintenant dans
son pays par les sectateurs de
Bouddha!
Le 10 septembre 1622, à Nanga,-
saki, au Japon, moururent pour la
foi, brûlés a petit feu, plusieurs Jé- '
suites japonais : les bienheureux :
Sébastien Chimura, premier prêtre
japonais; Antoine Kiuni, . Michel
Xumpo, etc. Ils ont été béatifiés
par Pie IX en 1867, et leur fête se
célèbre le 11 septembre. A Nanga-
saki, ïe 6 septembre 1627, fut brûlé
à petit feu le bienheureux Thomas
Trugi, prêtre .jésuite, japonais.
Parmi les trente-trois Jésuites .mar
tyrs au Japon, béatifiés en 1867 par
Pie IX, on comptait vingt et un Jé
suites japonais.
Enfin, puisque M. Ular parle
aussi de l'influence exercée autre
fois à la cour mongole par les Pères
de Syrie, nous ne le détournerons
pas de son sujet en saluant la flo
raison sacerdotale épanouie sur le
seuil de l'Asie. Du collège-sémi
naire de Ghazir et de la magnifique
Université dirigée à Beyrouth par
les Jésuites sont sortis depuis un
demi-siècle environ cent cinquante
prêtres indigènes et. une vingtaine
de prélats, évêques ou. patriar
ches.
La prédication chrétienne peut
donc pénétrer à, fond toutes les ra
ces qui se sont développées sur
l'immense 'territoire asiatique. La
sève immatérielle passe à travers
les décombres amassés par, de
formidables et lointaines révolu
tions. Elle réveille la vitalité enfouie
sous les ruines amoncelées, par les
Gengis-Khan. ou bien engourdie
dans la torpeur des Bouddhas; et
des marécages comme {des plaines
desséchées, elle fait germer des ar
bres superb- r chargés de fleurs et
de fruits. Dès maintenant, une foule
de prêtres chinois sont en état de
rappeler le vrai principe de la civilir
sation à l'Europe qui ne se souvient
de lui que pour le bafouer,
Eugène T avernier.
WLLETl&t
Les nouvelles de- Mi le président Mac
Kiniey continuent k être piuk rassuran
tes ; o?i espère que le président se remet
tra. de ses blessures. A cette occBsion., il a
reçu de partout des témoignages multi
pliés de uympathiey
^ fie plus éri plv s, il paraît certain que
l'assassin était un anarchiste militant,
et non un fou; mais on ignore encore
s'il y a eu un Complot positif dont il sê'
r ait l'exécuteur.
Hier, nous avens eu. deux discours dè
M. Poincaré, l'un à Saint-Mihiel, Vautre
à Commercy. Dans les deux réunions,
M. Poincarè a été fort applaudi, èt les
électeurs présents lui ont donné' toute
leur approbation.
... Les élections municipales. d'Alger,
p.nmrnp. fort pnima.it s'v a.tfp.ndrp.. nr>±
tourné à l'avantage de la liste antisé
mite qui a passé tout entière ;• lès a&sjj
tentions* ont été nombreuses.
.. Les i hostilités ont commencé entrela
Colombie et le Vénézuela. Cette dernière
puissance, après avoir repoussé l'offre
de médiation des Etats- Unis,, a brusqué
ies événements en attaquant la Colom
bie. - - ' •
Comment et quand finira» cette
guerre?
Le roï d'Angleterre est arrivé à Fré-
(iensborg ou était déjà, le tsar.
M. Karavelof, le président du conseil
bulgare, .a donné lecture au Sobranié
de l'ukase prononçant la clôture, de la
session. ,..
A PBÔPOS M CONILIT râÀÂCO : TPBfi
. La difficulté .que l'on éprouve à
expliquer par des motifs raisonna
bles la conduite du gouvernement
turc vis-à-vis, de .la. France, dans
le conflit actuel, a naturellement
fait penser qu'une raison cachée
pouvait fourïiir cette explication, et
î'on a tout de suite supposé qu'une
grande puissance . hostile à. notre
.pays pourrait bien avoir secrète
ment encouragé la sublime Porte à
résister aux légitimes réclamations
de notre ambassadeur.
D'une façon générale la conjec
ture peut sembler plausible, mais
dans les circonstances présentes,
et pour le conflit dont il s'agit, on
doit se demander ce qu'elle vôut, et
en particulier quelle puissance on
pourrait viser cquiiablemeut.
A la vérité, pour réçondre à la
question, si l'on n'avait a considérer
que la marche des chosii: en Orient,
depuis irenïe ans, depu's 1810-1811,
on ; n'aivr't guèie que l'embarras
du choix : parmi les grandes puis-
sancr * qui mènent à Constantinople
f dans tou. le Levant une politique
rctive, entre are..îan^e, il n'en est
a icune ( ai ne travaille sans relâ
che à rr*ner les restés encore ira
posants de l'influence traditionnelle
de la France; à ce point de vue,
l'All>-n w re, rÀutriche, la Grande-
Bretagne, i'Itr'ië, la Russie rivali
sent d'effor t, et non sans, succès ;
là-dessus, nous ne pouvons nous
^aire; d'illusion..
Mais de ce fait trop bien constaté,
indubitable, s'ensuit-'l. que. l'on
puisse aujourd 'ui et pour le con
flit en questi^-, incriminer, avec
vraisemblance quelqu'une des cinq
grandes puissances que nous ve
nons d'énumérer ?'Nous ne le pen
sons pas.
- Les déclarations officieuses qui
nous viennent à ce sujet, des diver
ses capitales de l'Europe, nous pa
raissent d'autant plus sincères
qu'elles avouent n'être point désin
téressées ; partout on félicite . la
France de l'énergie et de l'opportu
nité de son attitude, vis-à-vis de la
Turquie, parce que l'on compte, à
l'occasion, en tirer profit et argu
ment. Voilà pourquoi on* semùle
considérer la France (en cette occur
rence seulement, bien entendu),»
comme le champion momentané de
toutes les puissances européennes ;
la presse inspirée tient partout, à
cet égard, un langage unanime et
très explicite.
Cependant nous devons noter
qu'un important journal rus se a
pris un soin particulier de nous dé
noncer l'Angleterre comme la puis
sance malveillante qui serait inter
venue secrètement contre^ nous;
Mais lé journal russe doit il être cru
sur parole ? Le langage delà presse
anglaise est si formellement affir-
matif en séns contr ire 1 Et puis,
auelle raison, nous voulons dire
quel intérêt; aurait dOnoj on eo mn-
ment îe gouvernement britannique
à pousser lesTurcs contre nous?
Si l'Angleterre était présente
ment en état d'interverr ' en Orieiit
d'une façon prépondérante, on pour
rait ent"evoir lé motif qu'elle aurait
de travailler à brouiller les cartes ;
elle aurait l'espoir d'imposer sa
solution du problè ne oriental, d'a
vantager se3 intérêt et de. restau
rer son prestige ; mais quel que soit
le machiavc'Usme ordinaire de sa
politique , peut-on vraiment, à l'héure
actuelle, lui prê'.cr de pareilles vi
sées ? Er^-il rais onnable de la croire
disposé*, à louvrir, de sa propre
initiativé, cett2 inextricable ques
tion d'Orienî:, alors qu'elle ne pour
rait, en ce moment, que faire le jeu
de la Russie, alors q-u'elle est en
core loin d'avoir résolu la question
de l'Afrique du Sud?
Pour toutes ces raisons, la con
jecture du journal russe nous pau
rait devoir être écartée : on pour
rait mêmetrouverquesoninsistance
à ce sujet est plutôt surprenante.
" Mais enfin, comment expliquer la
conduite si déraisonnable et ! si im-
grudente du gouvernement turc ?
'il n'obéit qu'à ses propres inspi
rations, où lesva-t-il puiser ? Peut-
être allons-nous chercher bien loin
une explication qui est tout' près :
l'ignorance et la présomption expli
quent beaucoup ae choses dans les
affairés de ce monde.
On dit donc que les résultats de
la guerre turco-hellénique et tout
un ensemble de faicà récents, inter
prétés à l'orientale, ont singulière
ment enflé l'orgueil des Ottomans,
et d'une manière générale, des po
pulations musulmanes dé l'empire
i,arc et au dehors. On dit aussi que
le sultan et les cou "11ers qu'il
écou. 3 se font de très fausses idées
sur ies dations et T 'iat d'esprit
des nations européennes. Ils ou-
bl ; ent que celle -ci, malgré leurs
jalousies passionnées, malgré leur '
rivalités séculaires, s.ont encore ca
pables, certaines circonstances étant
donnée , de former i? n faisceau ©t
de s'unir* pour imposer a la Tur
quie, eri Europe et en Asie, l'obser
vation des principes supérieurs du
droit international et de la civilisa
tion. .
' V-".' " ' ; :: "FfLEVÉ. ' '
US CONGRÉGATIOKS
Les Trappistes.
Nous avons annoncé que les re
ligieux trappistes allaient deman
der l'autorisation. Certaines ; infor
mations confirment ce bruit. D'au«
tre part, on nous écrit, d'une des
Trappes que la nouvelle est pré
maturée et que.le 12 septembre seu
lement s'ouvre le chapitre général
de l'ordre qui aura à statuer sur
ceite grave question.
ies Chart/eui.
En présence de 1'énîOtion provo-
quéé dans le départenient rie l'Isère
par la nouvelle du départ des Char-,
treux,Mgr l'évêque de Grenoble est,
comme il l'avait annoncé, parti pour
Paris où il est aujourd'hui. Sa Gran
deur, dès son arrivée, a demandé,
par lettre, une audience, au présif
dent du conseil.
LesCarmélites.
On annonce le prochain départ
des Carmélites de-COutances qui se
fixeraient à Tournai. Les Carmé
lites de Saint-Pair iraient à Jer
sey.;'
k-.es Bénédictins;
* Les Bénédictins de la rue de la
Source (Auteuil) doivent partir le 24
septembre. ;
B.es religieux français en Belgique.
Le XA" siècle de Bruxelles, dans
«o.n .numéro de vendredi toir, pu-
blie l 'inrur ^ation ; suivante que
notre confrère déciârS tenir d une
source- absolument sûre :
Il est inexact, — contrairement à ce
que^plusieurs journaux o^t annoncé,—
que deB n^jooiatîons aient éM entamées
par l'épisci-paibelge a T .ec Vatican, au
sujet de la conduite à tenir: à l'égard des
religieux fran is émig»' . L'episcopat
belge n'avait à prend a aucun mot d'or--
dre et Rome n'avait pas songé, d'ailleurs^
à rien demander ni à rien imposer.
Il est'* >ut ai'ssi inexact que les évê
ques bel gas se soient réunis pour confé
rer sur l'ët .blissem'Qt éventuel de reli
gieux français en Belgique. Mais les évê-
ques, tans entente préalable concertée,
se sort trouvés d'accord pour ne. pas
permettre . d'obstacle à l'exercice d'une
liberté re' giei' ! e qui, dans l'occurr'nce,
revêt le caractère d'une belle et noble
charité. '
CeriPlns journaux ont ahnoncé-que les
ëvèques belges avai; ît subordonné l'au
torisation d'i iablissêment des religieux
frar^ais dans leur diocèse respectif, à
certaines conditions. Ces conditions n'ont
rien d'exceptionnel : ce sont celles qu'im
pose le droit ecclésiastique. Par une
prudence et une délicatesse auxquelles il
. ïî jt rendre hommage, les évêques ont
demandé en outre : 1° que leurs hôtes ne
fassent point d'appel public à la charité ;
2° qu'ils ne tiennent point de pension
nat. ■■ :
C'est la confirmation des rensei
gnements que nous avons déjà
donnés. 1
â mu les quvbiebs
C'était prévu. On l'avait dit et redit.
La loi contre les congrégations ne pou
vait que devenir une loi contre les ou
vriers, une loi de faim, de chômage et
de misère. i
Cela commence déjà.
Dix délégués des verreries de Saint-
Galmier sont venus trouver le préfet de
la Loire j îur lui exposer la détresse où
va les jeter le départ des Chartreux.
Trois cents ouvriers, dans ces verre
ries, sont uniquement occupés à fabri
quer les bouteilles de chartreuse.
Dans peu de temps, ces ouvriers vont
se trouver sans travail, grâce au gouver
nement où pontifie M. Millerand, le mi
nistre socialiste, défenseur attitré des
prolétaires.
Le préfet a, dit-on, assez mal reçu les
délégués. .
" Des ouvriers qui meurent de faim !
qu'est-ce que cela nous fait ? L'essentiel,
c'est que les religieux s'en aillent.
Les délégués ont protesté énergique-
ment, et ont déclaré que, lorsque le tra
vail cesserait, : ils viendraiênt réclamer
du pain à Saint-Etienne, au représentant
du gouvernement de « Défense républi
caine ». . " .
Ils ne seront pas les seuls.
Partout où la loi de persécution et de
spoliation accomplira son œuvre, des
travailleurs seront privés de leur gagne-
pain. L'industrie du bâtiment, en parti
culier, et les mille industries qui parti
cipent à la confection dc3 objets reli
gieux, seront cruellement frappées.
Des milliers de pauvres genB vont se
trouver sans ressources, victimes de la
haine aveugle des sectaires • qui préten
dent servir le a pauv' peuple », et ne font
que se hisser sur son dos pour arriver
t "x positions: décoratives et lucratives
où, loiii des mansardes à la huche vide,
on peut banqueter et s'empiffrer en l'hon
neur du tsar.
G.-D'A.
tu congrès' de tabehte
- Tarenté, 4 septembre.
Le congrès de Tai'entë ët le progrès
de l'action sociale en Italie. —
Unité d'action, de méthode, d'orga
nisation (Mgr Jorio). : — Un congrès
populaire, patriotique, pontifical
(comte Paganuzzi). — Ce qu'a pro
duit en Sicile l'entente de l'œuvre
des Congrès et des démocrates
chrétiens. — (L 'Eglise est eile .tan-
jours avec le.fort.2 rr. lUa formation
. sociale du clergé d'après flïgr
Mazzella. — Mgr Berardi, la démo
cratie chrétienne et le jeune
clergé;.
Voici achevés les trois premiers jours
du congrès de ,Tarente. ^Ils laissent l'im
pression çye cette œuvre des congrès est
une organisation puissamment vivante,
et d'une nature tout originale, merveil
leusement adaptée aux. besoins de l'Italie
catholique. > x
A plusieurs reprises, déjà, dans le
cours des séances solennelles, l'on a pu
entendre quelques orateurs en appeler à
l 'exemple des catholiques allemands. Le
dirons -nous ? -rr sans vouloir diminuer,
d'ailleurs, en rien, l'imposante impor
tance des congrès d'outre-Rhin,r— il nous
paraît que les catholiques italiens font
là, à contre temps, un acte d'humilité.
Leur situation, à eux, présente cette ori
ginalité qu'obligés de renoncer à,l'ac
tion politique proprement dite, ils se
consacrent presque exclusivement, en
dehors de l'apostolat formellement reli
gieux, au travail de la reconstitution so
cial : travail magnifique, certes ! et 'd'un
intérêt singulièrement attachant !
Dans toute cette symphonie d'études
et de travaux qui, à l'instar des autres
congrès, constituent le congrès de Ta-
rente, on entend résonner cette foia-ci,
FEUILLETON DE L'UNIVERS
. du .10 SEPTEMBRE 1901
fouché
AU TRIBUNAL DE L'OPINION
:I1 faut tout d'abord épargner à Fouché
le reproche d'avoir été prêtre défroqué et
marié.* C'est en somme-une atténuation
aux vilenies de sa vie (pour les moins in
dulgents il en reste encore}, et de le cons
tater la justice l'exige. Ayant trouvé cette
légende toute faite; Michelet l'avait pro
pagée .; et elle, est trompeuse comme la
plupart des.;déclamations historiques de
ce visionnaire.-
JoBeph Fouché n'appartint jamais au
sacerdoce. Confrère de la congrégation
enseignante de l'Oratoire, tonsuré il est
vrai à la fin de ses humanités dès 1781,
il . n'avait pas été appelé à faire le pas
décisif; et s'il apostasia la religion, s'il
persécuta le clergé; s'il profana les cho
ses saintes, du moins n'eut-il pas à ajou
ter l'horreur d'un sacrilège clérical à
la -lâcheté d'une conduite digne de tous
reproches. ■ .
Il avait traversé divers collèges de
puis huit à dix ans, professant les scien
ces et s'adonoant à la physique, quand
le vent de la Révolution vint à souffler
pour tourner toutes les tètes faibleB ; la
sienne ne résista pas très longtemps à la
tentation; pour mieux dire, il Bentit que
la barque allait couler et,-d'un bond
agile, d'un cœur léger, il sauta à deux
pieds'suf ce qu'il croyait être la terre!
ferme.
Il fréquentait les sociétés patriotiques,
se faisait affilier aux clubs, y parlait (en
ce temps-là, chacun parlait sur toutes
choses), et, ayant remarqué que les gens
de Nantes — son pays natal — étaient
d'allures modérées,il adopta cette nuance. :
En peu de mois,après deux ou trois volte- ,
faces ,cette adresse le conduisit au fauteuil '
de la présidence des a Amis de la Cons
titution De là il n'y eut qu'un pas vers:
le siège de député à la future Conven
tion, qui allait se réunir à Paris.
Dans une société nouvelle il avait
voulu prendre, position, insensiblement 1
il descendait sans retourner la tête, tout
ce qui lui paraissait un souvenir embar
rassant il le coupait-d'une main preste,
fût-ce au prix du • sacrifice-de la recon
naissance, du devoir, de l'honneur;, et
l'Oratoire ayant expiré au mois de mai
1792; dès le mois de septembre Fouché
avait fait peau neuve, tout à fait peau
neuve, en épousant la fille d'un électeur
inlluent.-
II a trente-trois ans, l'âge parfait dit-
on, et l'avenir ne lui semble pas compro
mis. Avait-il le choix dans le sens de sa
pirouette ? Non sans doute, puisque res
ter ce qu'il était devenait dangereux et
lucratif ce qu'il allait devenir. Si le passé
ne le gêne pas, il l'oubliera volontiers ;
mais qu'on ne lui remette pas, — pour
en tirer une accusation, —les joursd'au-
trefois en mémoire, car il écrasera le:
maladroit avec un imperturbable sang-
froid.Toute sa carrière se dévoile ici ; sa
conscience reste facile, il n'est dange
reux que pour l'homme ou la chose qui
Ja rendrait moins calme, : ...-
Je n'irai pas suivre pas ; à pas sa con,-
.âuite au temps de la -Révolution ; aussi
bien est-ce un chemin malheureusement
banal-quoique : les : .ornières en soient
remplies de sang et de boue, A la Con
vention il arrive et siège au côté droit ;
il est assez disposé, à se cantonner dans
le travail, et manœuvre à travers la
commission de l'instruction publique
avec une réelle compétence ; les énergu-
mènes luijont; d'abord peur et il a inventé
cet excellent prétexte d'une « yoix trop
faible » pour garder le silence dans les
séances orageuses. Mais voici le procès
du roi, il faut sortir du mutisme,, il n'y a
pas d'aphonie. à invoquer: pour déposer :
une. boule dans l'urne. Ses voisins de
l'Assemblée comptent parmi les modé
rés ; ,il promet de les suivr.ej il leur lit
même par avance, le discours où il motive
son opinion contre la peine capitalei Ce
pendant, la majorité se dessine en sens
contraire ; Fouché monte à la tribune,
très pâle, mais résolu, il ne dit qu'un'
mot : la.mort 1 * ■ .
Il n'aura plus jamais de meilleur gage
à donner pour sauver sa propre tête ; il
va les prodiguer cependant tant que la
Terreur.® reste à l'ordre du jour ». Il a
gravi d'un seul élan jusqu'au sommet de
la Montagne ; on peut lui confier toutes
les besognes, il ne Teculera devant au
cune et il accepte les missions en pro
vince pour appliquer avec méthode les ;
exaltations les plus féroces de la politi
que la plus démagogique.
Il adopte comme programme la révo
lution intégrale : le jacobinisme contre
les nobles, l'athéisme contre les prêtres,
le communisme contre les possesseurs.
A Troyep, à Dijon, c'est un démocrate
sans, entrailles ; à. Nevers, un apostat
sans pudeur. Paroles, menaces, actions,
il les prodigue contre les « cultes su- ;
perstitieuxet hypocrites « et si la.rage •
devient bouillante dans cette tête froide,,
=c'est parce qu'il redoute toujours de se
voir jeter ai^ visage les longues années.
de son existence « cléricale».Ce danger, i
il faut ;l'écarter à tout prix ; ce rappro- :
.chement, il faut le faire oublier pour
jamais; et dites-moi si c'est un autre;
sentiment qu'un retour éperdu sur lui- ;
même qui peut le pousser à édicter la ;
mesure étourdissante «que tout minis -i
tre de culte sera tenu de se marier dans ;
le délai d'un mois » ?
L'été de 1793 est une longue débauche
de fureur il pille les sacristies, renverse ;
les croix, démolit, les saints de pierre';
on «lirait autant de témoins qu'il veut
faire disparaître. « Les services.'que tu :
„as rendus, citoyen collègue, lui écrit le
comité de Salut publié, sont les garan
ties de ceux que tu rendras éneoreV;» Et<
on le lancé sur Lyon. Voilà l'heure ' des ;
mitraillades, c'est par bandes qué l'on;
fusille car la guillotine eet trop lente.
Cet aimable et discret pédagogue,' hier ;
encoré/enseignant à de jeunes enfants;
de jolies expériences de physique amu-:
santé, signe par milliers des arrêts de-
mort, et sa main ne se lasse jamais. Elle;
s'arrête toutefois ; est-elle fatiguée ? Non
pas, mais elle sent tout à coup quél'im-
. pulsion se ralentit, et la plume, par pru
dence, reBte dans récritoire.
Fouché court à Paris ; il à deviné une :
réaction : Robespierre est déjà menacé
l'intègre Maximilien commet la faute de
ranger Fouché parmi les douteux ; c'est
en faire'àussitôt up adversaire ; le pro
consul dé Lyon entre dans là coalition
avec toute l'ardeur d'un homme menacé ;
il pivote entre lé comité de Salut public,
les Jacobins et la Convention ; il ne dit
rien le 9 thermidor ; mais le 8 il a pré
paré lés batteries qu'il tire à toute volée
le 10.
Par un prodige de ces jours extrava
gants, l'hômmé qui a décimé la Beconde
ville "du royaume échappe aux repré
sailles contre les terroristes, il a toujours
l'air de marcher parmi les vainqueurs;
et si le danger semble pouvoir l'attéindre,
' îl plonge dans l'oubli et disparait. Du 20
fructidor an III au 15-vendémiaire an
VIF (exactement trois ans) nul n'entendra
parler dé lui. Le lendemain du 18 fructi
dor il surgit énfin, d'anciens amis ont
'réalisé un heureux coup d'Etat; il dé-
mànde une part des dépouilles, on la lui
fait bien petite, mais cela suffit.
Laissezrlui-prendre un pied chez vous...
. Il est nommé à Milan; c'est une mis-
"sion, ' d'uhé autre nature que celle de
Lyon.. '
NouS le retrouvons après en Hollande.;
Ces fonctions glissent l'éponge sur un
passé .bien récent; c'est un nouveau
genre de savonnette à yiiiin. Barras et'
Sieyès, ces deux.hommes vertueux, son
gent à se servir — l'un contre l'autre —
d'un tiers personnage, également libre
' de scrupules : Fouché est rappelé à Pa
ris pour occuper le' ministère de la po
lice. Voilà sa voie, ii y marche tout de
suite à l'aise ; aucune fonction qui puisse
devenir plus utile pour faire disparaître
le passé, assurer le présent, préparer
l'avenir, et l'on a toujours sous la main
"le dossier d'un ennemi imprudent. Cette
extrême facilité permet même d'écarter
les moyens violents, de rendre à l'occa
sion un service qui sera profitable, de
tenir suspendue sur les têtes hautaines
l'épée de Dàmoclès, de susciter des re
connaissances chez des cœurs simples ét
enclins à croire le bien.
A peine Fouché avait-il eu le loisir de
s'installer dans son poste que survint un
personnage capable de tout remettre en
question : Bonaparte revenait d'Egypte.
Un général n'était point pour faire peur
à l'ancien professeur, et il caressait; com-
les Talleyrand ou les Siéyès, le rêve d'un
homme dé gûèrre glorieusement drapé
au premier plan, mais dont un « homme
de paix » (lui sans doute) manœuvrerait
les filsj dans la coulisse, avec aussi peu
de danger que beaucoup de profit. Jou-
bert fut un moment l'individu souhaité,
mais il mourut à Novi. Bonaparte pa
rut le soldat indiqué ; toutefois il ne se
trouva pas d'humeur, comme l'on sait, à
jouer les simples comparses.
Fouché, dès le débarquement de Fré-
jus, eût des entrevues avec lui; par for
tune il possédait un intermédiaire heu
reux : Joséphine de Beauharnais, ren
contré e dans les salons de Barras et à
qui, même, il avaitpris l'habitude d'offrir
de petits présents en échange de rensei
gnements recueillis, de nouvelles ap
prises, d'indications rapportées. Toute
fois, il se réservait. Le 18 brumaire,
pendant qu'on bataillait à Saint-Oloud,
il fit fermer les pertes de Paria, ce qui
lui donna le temps de voir venir le vain
queur et alors de les lui ouvrir toutes
grandes. Cependant, après avoir été un '
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