Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-04-28
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 28 avril 1901 28 avril 1901
Description : 1901/04/28 (Numéro 12120). 1901/04/28 (Numéro 12120).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710712x
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 28 Avril 1901
EdiUoa vueUd'îtane: ^ 12,120
2&ITÎ0N QT7QTZDXSNNB
PARIS
Et DÉPARTEMENTS
Us itSiïtfi'iti» &Q ft
Six mois....., 21 »
Trois mois 11 »
ÉTRANGER
(UNION POSTAI^
51 »
26 50
14 »
«SKamements partant des 1" et lô de ehaqua mois
ïîn NUMÉRO 5 Paris......... ...... 10 cent.
TO NUMERO j Dé parte ments. .... 15 —
SUR1ÂÏÏX : Paris, rue Cassette, If
€» s'abonne à Rome, place du Gesù» I
Dimanche 28 Àvi
i: Ê.MHQM SESn -OÎTOTrDïElHfa
r ■"
t-i--
mmsm
PARIS
£V DÉPARTEMENTS
Cû ta.-. 20 9
Six mois 10 »
Trois mois 5 »
ÉTRANGER
(UNION POSTAUX'
2e »
£3 ». :
0 §S '
HT
LE MONDE
£es aboncemësls partent des 1" et 10 is chaque molt
L'DSIVEBS ne répond pANNONCES
EIM. LAGRÂNGE, CERF et G", 6, place de k Boum
PARIS, 27 AVRIL 1901
Un proGramme.....
Çà et li: Plus beau
que la rêve
Le pèlerinage des
hommes de France
à Lourdes
Chronique musi
cale...............
L'œuvre des catê-
'■ chismes....;.,...
Pierre Veuiliot.
Prosper Géiuld.
François Veuiiaoï.
G. de boisjoslin'.
Edouard Alexandre
Bulletin. — Nouvelles de Rome. —• Ty
rannie préfectorale. — Une révolte en
Algérie. — Le voyage de M. Delcassé. —
Une réponse de M. Loubet. — En Portu
gal. — La guerre du Transvaal. — En
Chine. — Dépêches de l'étranger. —
Chranique. — Les grèves. — L'œuvre
de la propagation delà foi. — L'aumône-
rie militaire coloniale. — Chronique re
ligieuse. A Notre-Dame. — Echos de
partout. — « Les études ecclésiastiques :
Sur l'histoire. » — Nécrologie. — Guerre
et marine. — Tribunaux. — L'affaire
de trahison. — La catastrophe de Gries-
heirn. — Jardin d'aocllmatation. — Nou
velles diverses. — Calendrier.—Der
nière heure. —■ Tableau de la Bourse
et bulletin financier.
UN PROGRAMME
On s'occupe, avec raison, d'un
article de M. Jules Lemaitre, pu
blié dans Y Impartial t de Grenoble.
Ce journal est de fondation récente.
M. Lemaitre lui souhaite la bienve
nue et le félicite de vouloir combat
tre le bon combat. Puis le président
de la Patrie française profite de
l'occasion pour exposer et préciser
son programme.
La manifestation est très intéres-;
santé, parce qu'elle nous montre
réminent académicien dégagé des
Incertitudes et des fluctuations con
traires. Il a terminé son apprentis
sage politique : il n'obéit plus seule
ment à l'instinct national et libéral ;
il possède son sujet et se possède
lui-même ; il sait ce qu'il veut ; il est
iixé.
Nous avons suivi ce travail de
condensation. -Pouvait-il surpren
dre ? M. Jules Lemaitre a l'esprit
trop net pour rester dans le nébu
leux. Il l'a trop fin et trop sage,
aussi, pour ne point aboutir à un
plan d'action circonscrit et prati
que. A d'autres, chevauchant leur
enimère, de courir après l'occasion
des coups de force. Le président
de la Patrie française, entraîné un
peu tout d'abord, a vite compris
qu'il n'était pas un bon cavalier
pour cet exercice. Il a ralenti pro
gressivement. Le voilà séparé, sans
rupture et môme presque sans en
avoir l'air, de nos césariens, rêveurs
de pronunciamientos. Nous avons
son programme ; il lui permet le
plein accord, en vue des élections
prochaines, .avec les constitution'
nels, les libéraux et les progres
sistes.
Il suffira d'en citer quelques pas
sages
M. Lemaitre délimite, première
ment, le terrain et le earactère de-la
lutte. Il écrit :
Nous sommes républicains et nous at
tendons tout d'une .propagande et d'une
action purement légales.
Voilà qui est net. Pas d'équivoque
possible. En présence de eetteaé*
claratton, la pays saura que penser
du grand argument des sectaires et
jacobins. Pour accaparer la Répu
blique, ils prétendent toujours la
sauvêr. On ne la menace pas. M.
Lemaitre le dit à ceux qui feignent
de s'inquiéter sur le sort du régi
me. II. le dit aussi à d'autres. Elle
est déjà bien faible et n'ignore pas
son impuissance, la petite armée
disparate de ceux qui voudraient
une révolution, au profit du roi, de
l'empereur ou de X... Encore une
de ses illusions qui s'écroule. Les
ennemis de la république né doi
vent pas compter sur, le concours
de la Patrie française.
Le terrain et le caractère de la
lutte sont donc précisés, en deux
mots. Mais l'objet de la lutte, quel
sera -t-ii? Pourquoi cette propa
gande et cette action légales ? Pour
défendre la liberté contre les into
lérants, les jacobins. Ecoutez M.
Lemaitre, et que la forme ne vous
«mnÂfthd n»« d?fl.nnréeip,r le fond :
les désordres d'un parlementarisme
faussé, où la corruption est partout, la
responsabilité nulle part. Votre pro
gramme est le nôtre. La seule différence
entre nous, c'est que nous avons plus
d'ardeur et que vous avez plus de pru
dence. ■■■■
C'est fort bien dit. Or, ne l'ou-
blions pas, la bonne politique se
fait moyennant un juste dosage
d'ardeur et de prudence. Rappro
chés, les deux éléments se combi
neront.
. Unis pour une action féconde, les
braves gens ot bons Français, ea
même temps qu'ils relèveront la pa-î
trie et sauveront la liberté, entre
ront dans la voie des réformes so
ciales. Il ne s'agira plus de griser 16
peuple et de l'exaspérer par l'alcool
malsain des vaines promesses col
lectivistes. Ces promesses-là, seuls
en tirent profit et fortune ceux qui
les font. Sans oublier ce que ré
clame le souci de la prospérité pu
blique, on réalisera ce que l'équité
commande. On saura dire « a la
bourgeoisie, au patronat, aux clas
ses possédantes que certains sacri
fices sont des devoirs ». Cette der
nière phrase est de M. Jules Le
maitre.
Enfin, se tournant vers les con
servateurs, vers ceux qui n'ont pu
se résoudre encore à prendre posi
tion sur le terrain du fait accompli,
du fait légal, le président de la Pa
trie française leur parle en ces
termes pressants :
Nous prenons la liberté de dire aux
hommes des anciens partis monarchie
ques : — Nous avons du moins un senti
ment commua : l'amour de la France.
Si vous voulez nous aider dans notre
œuvre, oubliez vos vieilles préférences
politiques et soyez bien persuadés que
toute arrière-pensée sur la forme du
gouvernement serait une cause d'impuis
sance pour ceux qui ont entrepris de lut-.,
ter contre le ministère antinational.
Ce langage, dicté par la raison/
par l'expérience, on l'a tenu trop
souvent ici, depuis des années déjà,
depuis dix ans, pour que nous
ayons besoin de aire avec quelle
force nous l'approuvons. L'homme
qu'on vient d'entendre parle assu
rément sans .parti pris. Le patrio
tisme et la conscience l'ontjeté sou
dain en pleine mêlée politique.
Neuf dans ces matières et tout en
fiévré d'indignation, d'inquiétude, il
est allé d'abord vers les extrêmes.
On l'a vu marcher avec ceux qui
cherchaient le remède par un bou
leversement. Sa lucide intelligence
a eu tôt fait de comprendre qu'en
agissant de la sorte, on favorisait
tout simplement le jeu de. ceux
mêmes qu'on voulait combattre.-Les
résultats sont, en effet, probants. Il
s'est dégagé. Croyez-nous: croyez-
le. Il a pris une meilleure route
que M. Deroulède.
Pierre V èuillot. *
— -
ÏÏULLETl&i
Demain a lieu le référendum des mi
neurs français sur la question dé la
grève générale.
Rien de nouveau à signaler pour
Montceau-les-Mines, si ce n'est la trans
mission au syndicat reuge des réponses |
faites par la Compagnie aux réclama
tions des ouvriers.
L'affaire de trahison a amené des ar
restations que nous avons indiquées en
Dernière Heure. Nous donnons plus loin
des détails à ce su/et.
Une révolte d'indigènes a éclaté en
A Igérie dans le douar d'Adelia, près de
Miliana. Des troupes ont été immédiat
tèment envoyées et le mouvement insur
rectionnel est arrêté.
depuis plus de six .mois, l'époque où l'ab-
sence du président du conseil et du mi
nistre des affaires étrangères rendait sa
présence moins nécessaire à Paris. Les
quelques jours qu'il passe dans son pays
bâteront d'ailleurs le rétablissement com
plet de sa santé un peu compromise dans
ces derniers temps.
Au Vatican.
Le Saint-Père vient d'acquérir la célè
bre collection de médailles pontificales
connue sous le nom de collection Randi.
Cette magnifique collection rassemblée
par le défunt cardinal Laurent Randi est
une des plus riches du monde et compte
26,000 pièceB dont 15,060 différentes.
Elle contient 1,160 médailles de très
grande valeur et absolument uniques en
or. La série de ces médailles commence
à Grégoire III en 731 et va jusqu'à Pie
IX en 1870.
On compte 80 antiquaires de Grégoire
III et de Pascal II. Plus de 700 écuS en or,
parmi lesquels lés pièces très rareB de
Clément VII, Clément VIII, Sixte V et
Pie VII, forment un des plus beaux
écrins de la collection. Le monde des sa-
vantB et des connaisseurs saura gré au
Saint-Père qui > voulu enrichir le patri
moine dés études par un trésor inesti
mable qui aurait pu être dispersé. A
Rome et dans les cercles scientifiques
on *
acte
ficence de Léon XIII
Dans îa cité.
Electra sera représentée samedi soir.
... — — Q- —*-
maternité, confiante et résignée, son
épouse succombait. Ce premier pas dans
là voie douloureuse, dans le chemin royal
de la sainte Croix, ne fut pas lé der
nier : . .
La mère en s'en allant, des agneaux fut sul»
" " ; [vie;
L'une partit, puis l'autre
Après deux ans de veuvage, le père
restait seul : tour à tour il avait accom
pagné au caveau de famille, le côrps de
ses quatre filles. Un autre se fût révolté
contre le ciel, lui, il croyait, il espérait,
il aimait. Il connaissait la douceur de la
Croix, il savait que Dieu se plait à frap
per ceux qu'il chérit le plus.
La première fois que lui vint l'idée
qu'il devait réaliser plus tard, il la re
poussa aussitôt comme une suggestion
du malin ; et il la repoussa longtemps.
Puis, comme elle revenait toujours, le
harcelant sans répit, plus obsédante que
jamais, il finit par la trouver moins ex
traordinaire ; il s'y habitua peu à peu.
mais il se gardait bien de la confier à qui
que ce fût, même au religieux qui le di
rigeait depuis sa conversion.
Ça matin, dans la ferveur de son ac
tion de grâces, il songea : « Après tout,
ô mon Bien, pourquoi non? » Les qu'en j
dira-t-on, il était homme à s'en moquer
partagent pas les opinions religieu
ses de ce maire.
■ C'est M. le préfet du Oer3 qui ex
cède et porte atteinte à la liberté re
ligieuse des officiers municipaux.
♦-< :
LES HOMMES DE FRANCE
A LOURDES
dredî saint. Pardon, Seigneur, pardont
Vingt fois, le peuple a répété ce eri de
pénitence. On dirait des roulements de
tonnerre, mais qui, au lieu de tomber du
ciel et de fendre la terre, remontent du
sol et déchirent les cieux, pour en faire
jaillir des flots de miséricorde.
Et le pardon ! n'est point le seul mot
dont la France a souligné chacun des
commandements. Chaque fois aussi, le
prêtre a demandé : Promettez-vous d'oh*
server désormais ce commandement?
Et chaque fois la foule, au nom de la pa
trie, d'un seul cœur, a juré : êui, nous
le promettons.
L'inoubliable cérémonie s'achevait
sous un ciel assombri de nuages. A l'ins
tant même où montait vers Dieu le der
nier écho du serment national et où
l'Eucharistie se levait sur l'autel, un
coup de tonnerre formidable ébranla les
airs et se brisa contre les Pyrénées. Ht
le speetacle.fut impressionnant de voir 1*
bénédiction descendre sur la foule, au
milieu de la foudre et des éclairs.
Il semble en vérité que la Providence
. , —_ un soldat n'en a que faire. Le métier mi-
donne une grande importance a cet v e t pour qui donc pourrait il bien
e, et on apprécie à sa valeur la muni- avoir àe désormais ? Servir la
t.4i\n vïtt
Çà et là
PLUS BEAU QUE LE RÊVE
L'agitation anticatholique continue
au Portugal ; d'odieuses manifestations
viennent encore de se produire à Lis-
b °Leîmembres de VépiscopaV portugais S^deur du sacerdoce, autant qu'il ai
ent adressé au rei une ifare dans la- toute son âme sa mission de sol-
quelle ils déplorent la situation faite aux dat. Le prêtre, il Je rencontrait à 1 autel,
S'il vous est arrivé jamais de traverser
les faubourgs de la ville de X..., l'une
des plus belles de notre midi, vous avez
pu y rencontrer un prêtre dont la tour
nure étrange n'a pas manqué de vous
frapper. Il a le chapeau en équilibre ins
table sur le chef, le rabat incapable d'ob
server la résidence et allant à chaque
instant de tribord à bâbord, la soutane
mal portée, la ceinture ficelée, et avec
tout cela quelque chose d'insolite: l'air
d'un personnage qui n'est point sorti du
moule ordinaire. Et pendant que vous
souriiez peut-être, an peu interloqué,
les passants, enfants, ouvriers et bour
geois se découvraient respectueux. Ni la
mine distraite du prêtre, ni la sympathie
dont il est entouré ne vous étonneront
plus, quand vous aurez lu les lignes qui
suivent.
Henri de Lacroix, ses classes termi- '
nées dans un grand lycée de Paris, était
entré à Saint-Cyr, le premier de sa pro
motion. A vingt-cinq ans, il était marié.
Je n'ai point connu Mme de Lacroix, et
je le regrette, mais j'ai tant entendu par
ler d'elle qu'il me serait facile, si c'en
était le moment, de vous faire son yor-
trait. Elle avait les vertus de la femme
forte, aussi, après douze mois d'union,
avait-elle mathématiquement prouvé à
son mari qu'il y a là-haut un ciel, auquel
il faut songer tous les jours, un ciel qu'il
faut mériter en sachant se faire violence.
Ce n'est pas par des sermons en règle
qu'elle avait obtenu la conversion tant
désirée. Non. Elle avait fait autour d'elle
une atmosphère tellement surnaturelle
et ses vertus de chrétienne intelligente
étaient si éloquentes que parla force des
chçses, sans même avoir l'air de pour-
cuivre un but, elle y était sûrement et
trèspromptement arrivée. Neuvel exem
ple de «e que peut, de.ee que pourra tou
jours le cœur d'une femme, quand l'ar
dente charité du Christ Jésus l'anime !
Et semblablo à saint Paul, à tant d'au
tres convertis, plus ardents bien souvent
que ceux qui ont toujours été fidèles, le
lieutenant de Laeroix n'y allait pas de
piain morte.
Lorsqu'il eut la certitude qu'il serait
bientôt père, un cri spontané sortit de
son coeur et de ses lèvres : : « Cet enfant,
nous l'appellerons François de Sales et,
s'il plait à Dieu, il. sera-prêtre uh jour. »
C'est qu'il comprenait maintenant la
ambition désormais ? Servir la
patrie ? Mais on la sert ailleurs que sous
les. armes tout aussi noblement, tost
aussi utilement. Restait la question du
latin qu'il n'avait jamais su à fond et
qu'il avait oublié depuis longtemps; le
semant bribe par bribe sur les multiples
étapes de sa vie. Restaient encore mille
considérations qui n'étaient pas sans
poids et qui en eussent peut-être épou
vanté un autre. Lui alla de l'avant, et a
trente-six ans révolus il entrait au sémi
naire de Saint-Sulpice.
Lorsqu'il revint dans son diocèse d'orl
gine, apportant à son évêque une piété
plus éclairée, sinon plus fervente, son
âme de soldat et son cœur .de prêtre,
l'administration ne fut pas peu embar
rassée, a Où le placerait-on'? *— N'im
porte où ! » avait-il dit : les vicaires gé
néraux et Monseigneur ne savaient quelle
décision prendre. Il semblait difficile de
lui donner un vicariat : on prétend que
l'habitude du commandement prédispose
à l'obéissance ; mais est-ce toujours vrai ?
Le nommer curé n'offrait pas moins d'in
convénient. Et l'expérience '? N'est-il pas
dans l'usage qu'un prêtre suive réguliè
rement Ja filière, se préparant ainsi gra
duellement aux graves ■ responsabilités
du ministère paroissial... ? Et après un
moment de discussion, il fut convenu
qu'on ne se prononcèrait qu'au conseil
suivant. D'ici là, on verrait ce qui pour
rait bien se présenter, on réfléchirait, etc.
•y L'abbé,bravement, se lança dès le pre
mier jour, sans plus attendre, dans un
ministère hors cadre. Ce rôle convènait
bien à sa nature : il avait toujours eu,
étant soldat,un faible pour les francs-
tireurs. Et comme il faisait du bien*
comme il était très discret et non moins
complaisant envers le curé et les vicaires
de la paroisse qu'il avait choisie pour y
vivre en prêtre habitué, comme il ne ré
clamait plus auprès de l'administration,
on lui avait laissé sa liberté, sans rien
lui proposer désormais.' Et lui allait tou
jours, se dévouant corps et âme aux mi
séreux, faisant connaissance avec tons
les galetas, semant sans compter l'or et
l'argent, encourageant toutes les entre
prises généreuses et se multipliant d'une
façon qui surprenait ses amis. L'œuvre
des vocations trouva près de lui secours
matériel, moral et surnaturel. C'est qu'il
pensait encore* qu'il pensait toujours à
ce petit François de Sales, qui n'était
point venu!
Et moi, depuis que je sais tous ces dé
tails je trouve, (une fois n'est pas coutu-:
me) la réalité plus belle que le rêve.
N'est-ce point votre avis de même?
Prosper Gérai, d.
■ • IV ■.■■■ . -
Lourdes, 25 avril.
J'ai terminé ma correspondance précé
dente à l'heure où le Très-Saint-Sacre-
ment, revenant de la procession gran
diose autour de la cité bénie, faisait sa
rentrée triomphale au parvis du Ro
saire.
Le moment était venu du deuxième
dialogue entre le prêtre et la foule.'Il
s'agissait maintenant de promulguer les
commandements de Dieu et de l'Eglise,
en union avec Jésus-Christ et au nom de
la France. Et ces grandes lois procla* *
inées, le peuple allait s'engager solen- accommode le temps pour plaire aux pè-
nellement à leur obéir et demander par- lerins.Avant d'éclater,l'orage avait atten-
donàDieu des transgressions dont la pa- I e dernier mot de la manifestation de
trie B : est rendue coupable envers elles l'après-midi. Vers huit heures, il s'ar-
au cours du siècle achevé. rêta pour permettre à la procession da
C'est ce pardon dé la France', imploré dérouler ses étoiles à travers la nuit. La
dans le sanctuaire de la Vierge Marie, pluie retenue dans les cieux ne devait
que M. l'abbé. Lenfant, le prédicateur retomber qu'à dix heures, après la pro
apostolique et populairei a voulu com- cession du soir achevée,
menter par le sermon qui précéda immé- Cette procession nocturne est à coup
diatement cette manifestation de repentir sûr un des plus merveilleux spectacles
et de fidélité. et des plus saisissants que l'on puisse
Pour qui la France a-t-elle à deman- " A
der pardon? Que peut-elle offrir à l'infinie'
Majesté pour réparer ses fautes ? Telles
furent les deux questions que posa l'ora
teur et dont il apporta" la réponse, avec
une précision très pratique et très péné
trante et tout à la fois avec un entraînant
rêver.
Entassés dans les sanctuaires où la
prière et la conf esBion demeuraient inin
terrompues: abrités sous le vaste hangar
des pèlerins, entre le Gave et la prairie,
debout au seuil des hôtels et des mai
sons, cinquante mille hommes atten-
mouvement d'éloquence et une superbe j daient, Vers huit heures, une éclaircie se
— -----
élévation du cœur.
Nous devons réparer pour nous d'abord
et pour tousles Français croyants qui ne
mettent point leur conduite en accord avec
leur foi; nous devons réparer pourtant
de familles où l'union se relâche, où les
enfants, ont désappris le respect, où les
parents ne se respectent plus,ni ne respec
tent les lois sacrées du mariage-, nous de
vons réparer pour ces régions entières où
le travail du dimanche insulte à la fois le
Souverain Maitre et l'humanité, où le
sensualisme et le respect humain font
peser leur joug avilissant ; nous devons
réparer pour la France elle-même et pour
les attentats qu'elle a coinmis contré
Dieu, contre les âmes, contre la liberté ;
nous devons réparer pour les nations
chrétiennes qui détournent à leur profit
les ressources et les énergies que Dieu
leur a données pour sa gloire.
Etpour.tous ces forfaits dont l'épais
nuage a obscurci le ciel, au cours des cent
ans écoulés, nous offrons à Dieu, par les
mains de Jésus-Christ, les sueurs de la
France qui travaille, les larmes de la
France qui souffre, le saDg de la France
produit dans le ciel et un mot d'ordre
circule à travers les groupes. On va or
ganiser la procession. En quelques mi
nutes, les alentours de la basilique et de
la grotte, à peu près solitaires un instant
plus tôt, sont couverts de la population
d'une grande ville. Quelques moments
encore et ce peuple immense est inondé
de feux. L'esplanade entière est comme
un grand lac agité par des remous de lu
mière. Encore une minute et voici que la
façade harmonieusement et puissam
ment éclairée du triple monument se des
sine en traits d*é flamme au sein de la
nuit, du parvis du Rosaire à la croix du
clocher. Le sanctuaire de Lourdes est •
baigné danB un rayonnement magnifi
que.
Et peu à peu, des rangs se forment au
milieu de cette foule immense, une pro
cession se dessine et, comme un long
serpent de feu, gravit les rampes du Ro
saire. Drapeaux et bannières auréolés-
par des milliers de cierges avancent
droits et fiers entre les soldats de cette
armée priante. En même temps, d'au
tres groupeB B'entassent et moutonnent
qui meurt pour l'Eglise et pour la patrie, a « P ied de la grotte, en face du Rosaire.
À- I .t. 1
TYRANHIE PRÉFECTORALE
congrégations religieuses par 'les der-
nières mesures gouvernementales. :
A la Chambre des communes, M
Chamberlain & déclaré hier qu'on ne
au canfessioanal, en chaire ; il se le re
présentait auprès "des pauvres, des ma
lades et des enfants, toujours bénissant,
toujours bienfaisant, malgré l'ingratitude
•mettrait pas en vigueur le nouveau pro- et malgré les sarcasmes de la haine. Lt
jet d'administration civile de l'Orange il trouvait bien belles, ces viea de de-
empêche pas d'apprécier le fond :
Nous sommes des anticléricaux réso
lus. Nous repoussons toute intrusion
d'une Eglise dans l'Etat; nous combat
tons tous lea elériealismeB, d'eu qu'ils
Tiennent, et ce n'est pas notre faute si le
« péril clérical * s'appelle aujourd'hui de :
son vrai nom la franc-maçonnerie. Mais
nos adversaires ont à ce point brouillé le
sens des mots qu'on passe pour clérical
parce qu'on réclame la liberté de cons
cience, comme si la liberté de cons
cience n'était pas un des principes essen
tiels de la politique vraiment laïque!
Et s'adressant directement aux
alliés nécessaires, à ceux dont nous
avons besoin et qui ont besoin de
nous pour défendre la patrie fran
çaise, l'ordre et la société,
Jules Lemaitre dit aux républicains
progressistes :
; JÛomme vous, nous sommes des oppo-
ismiiis constitutionnels. Comme nous,
Vous eondamnezj non le régime parle-
niçntajfe en lui-même,,mais les abus et
et du Transvaal pendant l'absence de
sir Alfred Milner,qui d'ailleurs sera de
courte durée ; mais, dans l'intervalle;
l'organisation de plusieurs services se
5>oursuivra autant que possible suivant
es données établies par sir Alfred Mil-
ner. Lord Iiitchener remplacera sir A.
Milner pendant son absence.
Qu'annonce que 2'impératrice déuai-
rièro de Chine « a nommé une commis
sion d'administration nationale afin 1
d'être déchargée par elle des fonctions
publiques ; "
NOUVELLES DE BQMB
S. Exe. Mgr Loreazelli h Rome.
Jeudi 25 avril;
Mgr Lorenzelii a choisi pour venir à
Rome ie milieu de son congé. Il a eu hier
Bon audience du Souverain Pontife.
11 restera encore ici quelqués jours ;
S. Em. le cardinal Mathieu donnera une
grande réception en son honneur, le
£0 avril, et le lendemain ou surlende
main, Mgr le ncnce reprendra la route de
Bologne, d'où il retournera » Pcris jians
les pvfin;iers jours de mai.
Mgr LorengeHi a c|ioisi pour prendre
I? congé
vouement et d'abnégation.
Et il ne porta point le nom Bi suave du
doux saint de Gesève,elle s'appela Jeanne
Chantai : c'est que la femme du jeune
officier lui avait appris à aimer l'ordre de
là Visitation dont elle avait tant reçu,
pendant les années bénies de son éduca
tion, et à entourer d'un culte tout spécial
les deux saints fondateurs.
Il n'y avait rien de perdu : François de
Sales viendrait un jour ou l'autre. Déjà,
Henri de Lacroix voyait son fils installé
dans un modeste presbytère de campa
gne. Lui-même, à ce moment, aurait at
teint la limite d'âge et il se promettait
(l'aller tous les ans visiter son abbé. Et il
pécherait, oui, il prêcherait aux enfants
et aux jeunes gens. Oh ! pas à l'église,
pas même à la sacristie, mais au patro
nage, car François de Sales, bien sûr,
aurait un patronage. Et dans ses ser
mons, le vieil officier blanchi sous le har
nais, décoré, vénérable, parlerait du cou
rage chrétien, de la. fierté chrétienne...
Et François de Sales ne venait toujours
pas, et François de SaleB ne vint pas.
Pauvre père, son rive ne se réaliserait
jamais!
Un sois? de dicembre, la mort,sanscrier
gare, venait frapper au plus intime (Je
le vaillant soldat. Victime de 9$
■téijar"" m-
Lé préfet du Gers vient d'invit«r
les maires de son département à
s'abstenir d'assister officiellement
et revêtus de leurs insignes aux cé
rémonies religieuses/dites de « Con
sécration des communes au Sacré-
Cœur de Jésus »
En assistant officiellement à ces céré
monies, dît le préfet dû Gers à ses mai-,
res, et surtout en consacrant la commune
que vous administrez, vous excédez
les pouvoirs qui résultent de vos fonc
tions. .1 f
Si le gouvernement est respectueux
des croyances de tous les citoyens et a
le devoir étroit d'assurer le libre exercice
du culte, il ne saurait admettre qu'une
collectivité tout entière soit engagée p»? :
une consécration solennelle effectuée par
un magistrat municipal sans qualité à
cet effet.
Un pareil acte implique, en effet, une
méconnaissance absolue de la liberté de
conscience des citôyeng et eprt des ITmi-
tes'assignées par la loi à l'action et aux
devoirs des magistrats municipaux.
Je dois ajouter que le gouvernement
est décidé à ne plus tolérer de manifes
tations de cette nature, et qu'il n'héBite-
rait pas désormais à sévir contre les mu
nicipalités qui ne tiendraient pas compte
des instructions qui précèdent.
— témoin ce drapeau du Pé-tang, droit
près de l'autel et qui fut baigné par un
sang héroïque ; de la France,-enfin, nous
offrons jusqu'à l'âme opprimée, meur
trie, angoissée par les ennemis de sa
vieille croyance. Et 4&ns un geste ora
toire, audacieux, mais émouvant, l'ora
teur offre eneore plus à Dieu, pour les
péchés du dix-neuvième siècle. Il em
brasse à la fois les amertumes et les
tourments dont le cœur paternel de
Léon XIII est abreuvé, les souffrances et
"es victoires de tous les vieux saints de
France dont l'âme est toujours au milieu
de nous, les tristesses et les douloureux
appels de Notre-Dame^ de Lourdes; il
embrasse enfin le corps et le sang, d'un
mérite infini, que Jésus sacrifie sur l'au
tel ; il prend à deux mains tous ces tré
sors inestimables et les offre à Dieu pour
la réparation des péchés de la France et
le salut de la patrie. Et pour dernier mot
de ce discours si -simple et si beau tout
ensemble, l'orateur entraînant place en
tre les mains de la nation repentie et ré
générée, le drapeau national aux armoi
ries du Sacré-Cœur.
La voix de l'apôtre a parlé : la voix du
peuple, à son tour, va jeter, dans son eri
d'appel à la miséricorde infinie, , toute
l'émotion dont l'a secoué cette flamme
éloquente et généreuse. .
i La promulgation de la loi, le pardon
iinploré pour les violations de la loi, le
serment d'observer la.loi, çpa trois élé
ment* ' WRi- A^Emoniensement ^ fondus
dans un seul dialogue. Chacun des com
mandements de Dieu, puis des comman
dements ..de l'Eglise est énoncé par le
prêtre, qui l'accompagne aussitôt de Vé«
numération des forfaits dont ce divin
précepte a subi les atteintes. .Et pour
chacun de ces crimes, un grand cri s'é
lève aux cieux, de çe peuple immense,
implorant pour la patrie : Pardon, Sei-.
gn'eur, pardon ! Et successivement,
comme on avait vu, le matin, passer les
bienfaits de la Providence, on voit défi
Vée
lu-
longs
autour de la statue de la Vierge et jus
qu'au fond de la prairie* sous le Calvaire
et la croix des Bretons.
Humain seulement, le tableau serait
déjà radieux. Religieux, il touche au su
blime. Ét quand, de cette grandiose as
semblée qui flamboie dans la nuit, l'on
entend jaillir, avec amour,un immense et
incessant Ave Maria, le cœur se fend
d'enthousiasme et s'élance à Dieu dans
une effusion de reconnaissance.
Cependant, peu à peu, la train;
mineuse et sonore a déroulé ses
replis ; la voilà de retour aivseuil du par
vis qui devient aussitôt ie confluent des
processions éparsep,-et maintenant la
double rampe du Rosaire embrasse une
nappe de feu, dont le rayonnement dis
sipe la nuit jusqu'au fond du ciel. Un
puissant Creàa sort de ces milliers de
poitrines... et la pluie* que ne retient
plus la prière, recommence à tomber.
Jété à pleine voixi dans la nuit, YAmeti
a terminé le ij'edo. Devant la vaste as
semblée, maintenant immobile et silen
cieuse au milieu du flamboiement [des
- cierges, M. l'abké Garnier prend la pa<.
rsle et sa puissante voix jette au l«£ n les
ftiHrt»* " 11 *
ie journée sug-
grandeB leçons que cette
gère à son cœur. journée, par les
magnificence» et la ferveur dont elle a
été remplie, c'est le ciel descendu sur la
' terre ; mais demain, loin d 'ici, nous nous
apercevrons que la terre demeure et que
le ciel est encore à gagner. Comment le
i; conquérir ? En étudiant l'Evangile, en se
nourrissant de l'Evangile, en pratiquant
l'Evangile. Et l'Evangile, M. l'abbé Gar
nier le résume, toute la substance en
trois mots qu'il développe avec une intel
ligence approfondie du texte sacré, sou-
par l'ardeur et l'énergie «5'nnp -
On se demande en quoi un maire
• animé de sentiments chrétiens ex
cède en consacrant au Christ l'ou
vre dojit jl a la chargé et en priant
pour tous ses administrés. Cette
Consécration n ? entraye ea rien 'là
îlberté de çonscjencedp- eeùx oui
1er douloureusement les péçbés de la pa
trie. Mais çUaaun d'eux" n'apparaît que
en
pftaQun
pour être désavoué par .'laiFrance
prières et lavé sous son repentir. <-
, Pou? les impiétés, pour l'indifférence
religieuse'et peur le respect humain, s'est
tour à tour écrié le prêtre ; et, chaque
fois, le peuple a répondu, de Sa voix for
midable et douce : Pardon, { Seigneurl
pardon l pou? les blasphèmes et les faux
ferments,' pour les profanations du di
manche et le mépris de la fam||lf eu de
l'autor^é, povir Us vioiencea et les cu
pidités, pour les souillures et lee çûïrup-
tions, pour les RîeB^ongçs et les calgsi-
jRie|, po.pri^s aiitela abânàçïiTiiflj
désertion d\i CQnfessiQaaal e* VEu-
^ îS£|iS2jil-' li?9tir la ;"ofsnati9B du Ven-
ï> v _ . . ' " ~
tenue par l'ardeur et l'énergie d'un^ âme
apostolique.
Les derniers trains sont arrivés. L'ar
mée des soixante mille hommes est au
complet. Le soleil rayonne au fond d'un
ciel bleu. Lourdes a.veillé toute la nuit,
devant l'Eucharistie rayonnant sur l'au
tel. Sous la direction du R, P. Norbert,
de Layssac, les fils de saint François ont
présidé l'adoration nocturne avec une
ferveur et un dévouement qiii trouvait
un écho dans un auditoire incessamment
renouvelé, mais toujours nombreux et
recueilli. Fraaoiscains au Rosaire, Oa-
puçina la basilique et l'église pa
roissiale ont, sans relâche, exercé leur
fécond apstslat, secondés par des prê
tres et des religieux qui, devant ces ro^
bes de burs, ont eu l'excellente inspira
tion le R. P, Lemius et M. V'abbé
Garnier tout particulièrement î — de rap
peler combien le Saint-Pire a recom
mandé le Tiera Ordra. Et je suis heu
reux de noter à cette occasion que les
Tçrtiairçï âe Saint-François, nombreux
EdiUoa vueUd'îtane: ^ 12,120
2&ITÎ0N QT7QTZDXSNNB
PARIS
Et DÉPARTEMENTS
Us itSiïtfi'iti» &Q ft
Six mois....., 21 »
Trois mois 11 »
ÉTRANGER
(UNION POSTAI^
51 »
26 50
14 »
«SKamements partant des 1" et lô de ehaqua mois
ïîn NUMÉRO 5 Paris......... ...... 10 cent.
TO NUMERO j Dé parte ments. .... 15 —
SUR1ÂÏÏX : Paris, rue Cassette, If
€» s'abonne à Rome, place du Gesù» I
Dimanche 28 Àvi
i: Ê.MHQM SESn -OÎTOTrDïElHfa
r ■"
t-i--
mmsm
PARIS
£V DÉPARTEMENTS
Cû ta.-. 20 9
Six mois 10 »
Trois mois 5 »
ÉTRANGER
(UNION POSTAUX'
2e »
£3 ». :
0 §S '
HT
LE MONDE
£es aboncemësls partent des 1" et 10 is chaque molt
L'DSIVEBS ne répond pANNONCES
EIM. LAGRÂNGE, CERF et G", 6, place de k Boum
PARIS, 27 AVRIL 1901
Un proGramme.....
Çà et li: Plus beau
que la rêve
Le pèlerinage des
hommes de France
à Lourdes
Chronique musi
cale...............
L'œuvre des catê-
'■ chismes....;.,...
Pierre Veuiliot.
Prosper Géiuld.
François Veuiiaoï.
G. de boisjoslin'.
Edouard Alexandre
Bulletin. — Nouvelles de Rome. —• Ty
rannie préfectorale. — Une révolte en
Algérie. — Le voyage de M. Delcassé. —
Une réponse de M. Loubet. — En Portu
gal. — La guerre du Transvaal. — En
Chine. — Dépêches de l'étranger. —
Chranique. — Les grèves. — L'œuvre
de la propagation delà foi. — L'aumône-
rie militaire coloniale. — Chronique re
ligieuse. A Notre-Dame. — Echos de
partout. — « Les études ecclésiastiques :
Sur l'histoire. » — Nécrologie. — Guerre
et marine. — Tribunaux. — L'affaire
de trahison. — La catastrophe de Gries-
heirn. — Jardin d'aocllmatation. — Nou
velles diverses. — Calendrier.—Der
nière heure. —■ Tableau de la Bourse
et bulletin financier.
UN PROGRAMME
On s'occupe, avec raison, d'un
article de M. Jules Lemaitre, pu
blié dans Y Impartial t de Grenoble.
Ce journal est de fondation récente.
M. Lemaitre lui souhaite la bienve
nue et le félicite de vouloir combat
tre le bon combat. Puis le président
de la Patrie française profite de
l'occasion pour exposer et préciser
son programme.
La manifestation est très intéres-;
santé, parce qu'elle nous montre
réminent académicien dégagé des
Incertitudes et des fluctuations con
traires. Il a terminé son apprentis
sage politique : il n'obéit plus seule
ment à l'instinct national et libéral ;
il possède son sujet et se possède
lui-même ; il sait ce qu'il veut ; il est
iixé.
Nous avons suivi ce travail de
condensation. -Pouvait-il surpren
dre ? M. Jules Lemaitre a l'esprit
trop net pour rester dans le nébu
leux. Il l'a trop fin et trop sage,
aussi, pour ne point aboutir à un
plan d'action circonscrit et prati
que. A d'autres, chevauchant leur
enimère, de courir après l'occasion
des coups de force. Le président
de la Patrie française, entraîné un
peu tout d'abord, a vite compris
qu'il n'était pas un bon cavalier
pour cet exercice. Il a ralenti pro
gressivement. Le voilà séparé, sans
rupture et môme presque sans en
avoir l'air, de nos césariens, rêveurs
de pronunciamientos. Nous avons
son programme ; il lui permet le
plein accord, en vue des élections
prochaines, .avec les constitution'
nels, les libéraux et les progres
sistes.
Il suffira d'en citer quelques pas
sages
M. Lemaitre délimite, première
ment, le terrain et le earactère de-la
lutte. Il écrit :
Nous sommes républicains et nous at
tendons tout d'une .propagande et d'une
action purement légales.
Voilà qui est net. Pas d'équivoque
possible. En présence de eetteaé*
claratton, la pays saura que penser
du grand argument des sectaires et
jacobins. Pour accaparer la Répu
blique, ils prétendent toujours la
sauvêr. On ne la menace pas. M.
Lemaitre le dit à ceux qui feignent
de s'inquiéter sur le sort du régi
me. II. le dit aussi à d'autres. Elle
est déjà bien faible et n'ignore pas
son impuissance, la petite armée
disparate de ceux qui voudraient
une révolution, au profit du roi, de
l'empereur ou de X... Encore une
de ses illusions qui s'écroule. Les
ennemis de la république né doi
vent pas compter sur, le concours
de la Patrie française.
Le terrain et le caractère de la
lutte sont donc précisés, en deux
mots. Mais l'objet de la lutte, quel
sera -t-ii? Pourquoi cette propa
gande et cette action légales ? Pour
défendre la liberté contre les into
lérants, les jacobins. Ecoutez M.
Lemaitre, et que la forme ne vous
«mnÂfthd n»« d?fl.nnréeip,r le fond :
les désordres d'un parlementarisme
faussé, où la corruption est partout, la
responsabilité nulle part. Votre pro
gramme est le nôtre. La seule différence
entre nous, c'est que nous avons plus
d'ardeur et que vous avez plus de pru
dence. ■■■■
C'est fort bien dit. Or, ne l'ou-
blions pas, la bonne politique se
fait moyennant un juste dosage
d'ardeur et de prudence. Rappro
chés, les deux éléments se combi
neront.
. Unis pour une action féconde, les
braves gens ot bons Français, ea
même temps qu'ils relèveront la pa-î
trie et sauveront la liberté, entre
ront dans la voie des réformes so
ciales. Il ne s'agira plus de griser 16
peuple et de l'exaspérer par l'alcool
malsain des vaines promesses col
lectivistes. Ces promesses-là, seuls
en tirent profit et fortune ceux qui
les font. Sans oublier ce que ré
clame le souci de la prospérité pu
blique, on réalisera ce que l'équité
commande. On saura dire « a la
bourgeoisie, au patronat, aux clas
ses possédantes que certains sacri
fices sont des devoirs ». Cette der
nière phrase est de M. Jules Le
maitre.
Enfin, se tournant vers les con
servateurs, vers ceux qui n'ont pu
se résoudre encore à prendre posi
tion sur le terrain du fait accompli,
du fait légal, le président de la Pa
trie française leur parle en ces
termes pressants :
Nous prenons la liberté de dire aux
hommes des anciens partis monarchie
ques : — Nous avons du moins un senti
ment commua : l'amour de la France.
Si vous voulez nous aider dans notre
œuvre, oubliez vos vieilles préférences
politiques et soyez bien persuadés que
toute arrière-pensée sur la forme du
gouvernement serait une cause d'impuis
sance pour ceux qui ont entrepris de lut-.,
ter contre le ministère antinational.
Ce langage, dicté par la raison/
par l'expérience, on l'a tenu trop
souvent ici, depuis des années déjà,
depuis dix ans, pour que nous
ayons besoin de aire avec quelle
force nous l'approuvons. L'homme
qu'on vient d'entendre parle assu
rément sans .parti pris. Le patrio
tisme et la conscience l'ontjeté sou
dain en pleine mêlée politique.
Neuf dans ces matières et tout en
fiévré d'indignation, d'inquiétude, il
est allé d'abord vers les extrêmes.
On l'a vu marcher avec ceux qui
cherchaient le remède par un bou
leversement. Sa lucide intelligence
a eu tôt fait de comprendre qu'en
agissant de la sorte, on favorisait
tout simplement le jeu de. ceux
mêmes qu'on voulait combattre.-Les
résultats sont, en effet, probants. Il
s'est dégagé. Croyez-nous: croyez-
le. Il a pris une meilleure route
que M. Deroulède.
Pierre V èuillot. *
— -
ÏÏULLETl&i
Demain a lieu le référendum des mi
neurs français sur la question dé la
grève générale.
Rien de nouveau à signaler pour
Montceau-les-Mines, si ce n'est la trans
mission au syndicat reuge des réponses |
faites par la Compagnie aux réclama
tions des ouvriers.
L'affaire de trahison a amené des ar
restations que nous avons indiquées en
Dernière Heure. Nous donnons plus loin
des détails à ce su/et.
Une révolte d'indigènes a éclaté en
A Igérie dans le douar d'Adelia, près de
Miliana. Des troupes ont été immédiat
tèment envoyées et le mouvement insur
rectionnel est arrêté.
depuis plus de six .mois, l'époque où l'ab-
sence du président du conseil et du mi
nistre des affaires étrangères rendait sa
présence moins nécessaire à Paris. Les
quelques jours qu'il passe dans son pays
bâteront d'ailleurs le rétablissement com
plet de sa santé un peu compromise dans
ces derniers temps.
Au Vatican.
Le Saint-Père vient d'acquérir la célè
bre collection de médailles pontificales
connue sous le nom de collection Randi.
Cette magnifique collection rassemblée
par le défunt cardinal Laurent Randi est
une des plus riches du monde et compte
26,000 pièceB dont 15,060 différentes.
Elle contient 1,160 médailles de très
grande valeur et absolument uniques en
or. La série de ces médailles commence
à Grégoire III en 731 et va jusqu'à Pie
IX en 1870.
On compte 80 antiquaires de Grégoire
III et de Pascal II. Plus de 700 écuS en or,
parmi lesquels lés pièces très rareB de
Clément VII, Clément VIII, Sixte V et
Pie VII, forment un des plus beaux
écrins de la collection. Le monde des sa-
vantB et des connaisseurs saura gré au
Saint-Père qui > voulu enrichir le patri
moine dés études par un trésor inesti
mable qui aurait pu être dispersé. A
Rome et dans les cercles scientifiques
on *
acte
ficence de Léon XIII
Dans îa cité.
Electra sera représentée samedi soir.
... — — Q- —*-
maternité, confiante et résignée, son
épouse succombait. Ce premier pas dans
là voie douloureuse, dans le chemin royal
de la sainte Croix, ne fut pas lé der
nier : . .
La mère en s'en allant, des agneaux fut sul»
" " ; [vie;
L'une partit, puis l'autre
Après deux ans de veuvage, le père
restait seul : tour à tour il avait accom
pagné au caveau de famille, le côrps de
ses quatre filles. Un autre se fût révolté
contre le ciel, lui, il croyait, il espérait,
il aimait. Il connaissait la douceur de la
Croix, il savait que Dieu se plait à frap
per ceux qu'il chérit le plus.
La première fois que lui vint l'idée
qu'il devait réaliser plus tard, il la re
poussa aussitôt comme une suggestion
du malin ; et il la repoussa longtemps.
Puis, comme elle revenait toujours, le
harcelant sans répit, plus obsédante que
jamais, il finit par la trouver moins ex
traordinaire ; il s'y habitua peu à peu.
mais il se gardait bien de la confier à qui
que ce fût, même au religieux qui le di
rigeait depuis sa conversion.
Ça matin, dans la ferveur de son ac
tion de grâces, il songea : « Après tout,
ô mon Bien, pourquoi non? » Les qu'en j
dira-t-on, il était homme à s'en moquer
partagent pas les opinions religieu
ses de ce maire.
■ C'est M. le préfet du Oer3 qui ex
cède et porte atteinte à la liberté re
ligieuse des officiers municipaux.
♦-< :
LES HOMMES DE FRANCE
A LOURDES
dredî saint. Pardon, Seigneur, pardont
Vingt fois, le peuple a répété ce eri de
pénitence. On dirait des roulements de
tonnerre, mais qui, au lieu de tomber du
ciel et de fendre la terre, remontent du
sol et déchirent les cieux, pour en faire
jaillir des flots de miséricorde.
Et le pardon ! n'est point le seul mot
dont la France a souligné chacun des
commandements. Chaque fois aussi, le
prêtre a demandé : Promettez-vous d'oh*
server désormais ce commandement?
Et chaque fois la foule, au nom de la pa
trie, d'un seul cœur, a juré : êui, nous
le promettons.
L'inoubliable cérémonie s'achevait
sous un ciel assombri de nuages. A l'ins
tant même où montait vers Dieu le der
nier écho du serment national et où
l'Eucharistie se levait sur l'autel, un
coup de tonnerre formidable ébranla les
airs et se brisa contre les Pyrénées. Ht
le speetacle.fut impressionnant de voir 1*
bénédiction descendre sur la foule, au
milieu de la foudre et des éclairs.
Il semble en vérité que la Providence
. , —_ un soldat n'en a que faire. Le métier mi-
donne une grande importance a cet v e t pour qui donc pourrait il bien
e, et on apprécie à sa valeur la muni- avoir àe désormais ? Servir la
t.4i\n vïtt
Çà et là
PLUS BEAU QUE LE RÊVE
L'agitation anticatholique continue
au Portugal ; d'odieuses manifestations
viennent encore de se produire à Lis-
b °Leîmembres de VépiscopaV portugais S^deur du sacerdoce, autant qu'il ai
ent adressé au rei une ifare dans la- toute son âme sa mission de sol-
quelle ils déplorent la situation faite aux dat. Le prêtre, il Je rencontrait à 1 autel,
S'il vous est arrivé jamais de traverser
les faubourgs de la ville de X..., l'une
des plus belles de notre midi, vous avez
pu y rencontrer un prêtre dont la tour
nure étrange n'a pas manqué de vous
frapper. Il a le chapeau en équilibre ins
table sur le chef, le rabat incapable d'ob
server la résidence et allant à chaque
instant de tribord à bâbord, la soutane
mal portée, la ceinture ficelée, et avec
tout cela quelque chose d'insolite: l'air
d'un personnage qui n'est point sorti du
moule ordinaire. Et pendant que vous
souriiez peut-être, an peu interloqué,
les passants, enfants, ouvriers et bour
geois se découvraient respectueux. Ni la
mine distraite du prêtre, ni la sympathie
dont il est entouré ne vous étonneront
plus, quand vous aurez lu les lignes qui
suivent.
Henri de Lacroix, ses classes termi- '
nées dans un grand lycée de Paris, était
entré à Saint-Cyr, le premier de sa pro
motion. A vingt-cinq ans, il était marié.
Je n'ai point connu Mme de Lacroix, et
je le regrette, mais j'ai tant entendu par
ler d'elle qu'il me serait facile, si c'en
était le moment, de vous faire son yor-
trait. Elle avait les vertus de la femme
forte, aussi, après douze mois d'union,
avait-elle mathématiquement prouvé à
son mari qu'il y a là-haut un ciel, auquel
il faut songer tous les jours, un ciel qu'il
faut mériter en sachant se faire violence.
Ce n'est pas par des sermons en règle
qu'elle avait obtenu la conversion tant
désirée. Non. Elle avait fait autour d'elle
une atmosphère tellement surnaturelle
et ses vertus de chrétienne intelligente
étaient si éloquentes que parla force des
chçses, sans même avoir l'air de pour-
cuivre un but, elle y était sûrement et
trèspromptement arrivée. Neuvel exem
ple de «e que peut, de.ee que pourra tou
jours le cœur d'une femme, quand l'ar
dente charité du Christ Jésus l'anime !
Et semblablo à saint Paul, à tant d'au
tres convertis, plus ardents bien souvent
que ceux qui ont toujours été fidèles, le
lieutenant de Laeroix n'y allait pas de
piain morte.
Lorsqu'il eut la certitude qu'il serait
bientôt père, un cri spontané sortit de
son coeur et de ses lèvres : : « Cet enfant,
nous l'appellerons François de Sales et,
s'il plait à Dieu, il. sera-prêtre uh jour. »
C'est qu'il comprenait maintenant la
ambition désormais ? Servir la
patrie ? Mais on la sert ailleurs que sous
les. armes tout aussi noblement, tost
aussi utilement. Restait la question du
latin qu'il n'avait jamais su à fond et
qu'il avait oublié depuis longtemps; le
semant bribe par bribe sur les multiples
étapes de sa vie. Restaient encore mille
considérations qui n'étaient pas sans
poids et qui en eussent peut-être épou
vanté un autre. Lui alla de l'avant, et a
trente-six ans révolus il entrait au sémi
naire de Saint-Sulpice.
Lorsqu'il revint dans son diocèse d'orl
gine, apportant à son évêque une piété
plus éclairée, sinon plus fervente, son
âme de soldat et son cœur .de prêtre,
l'administration ne fut pas peu embar
rassée, a Où le placerait-on'? *— N'im
porte où ! » avait-il dit : les vicaires gé
néraux et Monseigneur ne savaient quelle
décision prendre. Il semblait difficile de
lui donner un vicariat : on prétend que
l'habitude du commandement prédispose
à l'obéissance ; mais est-ce toujours vrai ?
Le nommer curé n'offrait pas moins d'in
convénient. Et l'expérience '? N'est-il pas
dans l'usage qu'un prêtre suive réguliè
rement Ja filière, se préparant ainsi gra
duellement aux graves ■ responsabilités
du ministère paroissial... ? Et après un
moment de discussion, il fut convenu
qu'on ne se prononcèrait qu'au conseil
suivant. D'ici là, on verrait ce qui pour
rait bien se présenter, on réfléchirait, etc.
•y L'abbé,bravement, se lança dès le pre
mier jour, sans plus attendre, dans un
ministère hors cadre. Ce rôle convènait
bien à sa nature : il avait toujours eu,
étant soldat,un faible pour les francs-
tireurs. Et comme il faisait du bien*
comme il était très discret et non moins
complaisant envers le curé et les vicaires
de la paroisse qu'il avait choisie pour y
vivre en prêtre habitué, comme il ne ré
clamait plus auprès de l'administration,
on lui avait laissé sa liberté, sans rien
lui proposer désormais.' Et lui allait tou
jours, se dévouant corps et âme aux mi
séreux, faisant connaissance avec tons
les galetas, semant sans compter l'or et
l'argent, encourageant toutes les entre
prises généreuses et se multipliant d'une
façon qui surprenait ses amis. L'œuvre
des vocations trouva près de lui secours
matériel, moral et surnaturel. C'est qu'il
pensait encore* qu'il pensait toujours à
ce petit François de Sales, qui n'était
point venu!
Et moi, depuis que je sais tous ces dé
tails je trouve, (une fois n'est pas coutu-:
me) la réalité plus belle que le rêve.
N'est-ce point votre avis de même?
Prosper Gérai, d.
■ • IV ■.■■■ . -
Lourdes, 25 avril.
J'ai terminé ma correspondance précé
dente à l'heure où le Très-Saint-Sacre-
ment, revenant de la procession gran
diose autour de la cité bénie, faisait sa
rentrée triomphale au parvis du Ro
saire.
Le moment était venu du deuxième
dialogue entre le prêtre et la foule.'Il
s'agissait maintenant de promulguer les
commandements de Dieu et de l'Eglise,
en union avec Jésus-Christ et au nom de
la France. Et ces grandes lois procla* *
inées, le peuple allait s'engager solen- accommode le temps pour plaire aux pè-
nellement à leur obéir et demander par- lerins.Avant d'éclater,l'orage avait atten-
donàDieu des transgressions dont la pa- I e dernier mot de la manifestation de
trie B : est rendue coupable envers elles l'après-midi. Vers huit heures, il s'ar-
au cours du siècle achevé. rêta pour permettre à la procession da
C'est ce pardon dé la France', imploré dérouler ses étoiles à travers la nuit. La
dans le sanctuaire de la Vierge Marie, pluie retenue dans les cieux ne devait
que M. l'abbé. Lenfant, le prédicateur retomber qu'à dix heures, après la pro
apostolique et populairei a voulu com- cession du soir achevée,
menter par le sermon qui précéda immé- Cette procession nocturne est à coup
diatement cette manifestation de repentir sûr un des plus merveilleux spectacles
et de fidélité. et des plus saisissants que l'on puisse
Pour qui la France a-t-elle à deman- " A
der pardon? Que peut-elle offrir à l'infinie'
Majesté pour réparer ses fautes ? Telles
furent les deux questions que posa l'ora
teur et dont il apporta" la réponse, avec
une précision très pratique et très péné
trante et tout à la fois avec un entraînant
rêver.
Entassés dans les sanctuaires où la
prière et la conf esBion demeuraient inin
terrompues: abrités sous le vaste hangar
des pèlerins, entre le Gave et la prairie,
debout au seuil des hôtels et des mai
sons, cinquante mille hommes atten-
mouvement d'éloquence et une superbe j daient, Vers huit heures, une éclaircie se
— -----
élévation du cœur.
Nous devons réparer pour nous d'abord
et pour tousles Français croyants qui ne
mettent point leur conduite en accord avec
leur foi; nous devons réparer pourtant
de familles où l'union se relâche, où les
enfants, ont désappris le respect, où les
parents ne se respectent plus,ni ne respec
tent les lois sacrées du mariage-, nous de
vons réparer pour ces régions entières où
le travail du dimanche insulte à la fois le
Souverain Maitre et l'humanité, où le
sensualisme et le respect humain font
peser leur joug avilissant ; nous devons
réparer pour la France elle-même et pour
les attentats qu'elle a coinmis contré
Dieu, contre les âmes, contre la liberté ;
nous devons réparer pour les nations
chrétiennes qui détournent à leur profit
les ressources et les énergies que Dieu
leur a données pour sa gloire.
Etpour.tous ces forfaits dont l'épais
nuage a obscurci le ciel, au cours des cent
ans écoulés, nous offrons à Dieu, par les
mains de Jésus-Christ, les sueurs de la
France qui travaille, les larmes de la
France qui souffre, le saDg de la France
produit dans le ciel et un mot d'ordre
circule à travers les groupes. On va or
ganiser la procession. En quelques mi
nutes, les alentours de la basilique et de
la grotte, à peu près solitaires un instant
plus tôt, sont couverts de la population
d'une grande ville. Quelques moments
encore et ce peuple immense est inondé
de feux. L'esplanade entière est comme
un grand lac agité par des remous de lu
mière. Encore une minute et voici que la
façade harmonieusement et puissam
ment éclairée du triple monument se des
sine en traits d*é flamme au sein de la
nuit, du parvis du Rosaire à la croix du
clocher. Le sanctuaire de Lourdes est •
baigné danB un rayonnement magnifi
que.
Et peu à peu, des rangs se forment au
milieu de cette foule immense, une pro
cession se dessine et, comme un long
serpent de feu, gravit les rampes du Ro
saire. Drapeaux et bannières auréolés-
par des milliers de cierges avancent
droits et fiers entre les soldats de cette
armée priante. En même temps, d'au
tres groupeB B'entassent et moutonnent
qui meurt pour l'Eglise et pour la patrie, a « P ied de la grotte, en face du Rosaire.
À- I .t. 1
TYRANHIE PRÉFECTORALE
congrégations religieuses par 'les der-
nières mesures gouvernementales. :
A la Chambre des communes, M
Chamberlain & déclaré hier qu'on ne
au canfessioanal, en chaire ; il se le re
présentait auprès "des pauvres, des ma
lades et des enfants, toujours bénissant,
toujours bienfaisant, malgré l'ingratitude
•mettrait pas en vigueur le nouveau pro- et malgré les sarcasmes de la haine. Lt
jet d'administration civile de l'Orange il trouvait bien belles, ces viea de de-
empêche pas d'apprécier le fond :
Nous sommes des anticléricaux réso
lus. Nous repoussons toute intrusion
d'une Eglise dans l'Etat; nous combat
tons tous lea elériealismeB, d'eu qu'ils
Tiennent, et ce n'est pas notre faute si le
« péril clérical * s'appelle aujourd'hui de :
son vrai nom la franc-maçonnerie. Mais
nos adversaires ont à ce point brouillé le
sens des mots qu'on passe pour clérical
parce qu'on réclame la liberté de cons
cience, comme si la liberté de cons
cience n'était pas un des principes essen
tiels de la politique vraiment laïque!
Et s'adressant directement aux
alliés nécessaires, à ceux dont nous
avons besoin et qui ont besoin de
nous pour défendre la patrie fran
çaise, l'ordre et la société,
Jules Lemaitre dit aux républicains
progressistes :
; JÛomme vous, nous sommes des oppo-
ismiiis constitutionnels. Comme nous,
Vous eondamnezj non le régime parle-
niçntajfe en lui-même,,mais les abus et
et du Transvaal pendant l'absence de
sir Alfred Milner,qui d'ailleurs sera de
courte durée ; mais, dans l'intervalle;
l'organisation de plusieurs services se
5>oursuivra autant que possible suivant
es données établies par sir Alfred Mil-
ner. Lord Iiitchener remplacera sir A.
Milner pendant son absence.
Qu'annonce que 2'impératrice déuai-
rièro de Chine « a nommé une commis
sion d'administration nationale afin 1
d'être déchargée par elle des fonctions
publiques ; "
NOUVELLES DE BQMB
S. Exe. Mgr Loreazelli h Rome.
Jeudi 25 avril;
Mgr Lorenzelii a choisi pour venir à
Rome ie milieu de son congé. Il a eu hier
Bon audience du Souverain Pontife.
11 restera encore ici quelqués jours ;
S. Em. le cardinal Mathieu donnera une
grande réception en son honneur, le
£0 avril, et le lendemain ou surlende
main, Mgr le ncnce reprendra la route de
Bologne, d'où il retournera » Pcris jians
les pvfin;iers jours de mai.
Mgr LorengeHi a c|ioisi pour prendre
I? congé
vouement et d'abnégation.
Et il ne porta point le nom Bi suave du
doux saint de Gesève,elle s'appela Jeanne
Chantai : c'est que la femme du jeune
officier lui avait appris à aimer l'ordre de
là Visitation dont elle avait tant reçu,
pendant les années bénies de son éduca
tion, et à entourer d'un culte tout spécial
les deux saints fondateurs.
Il n'y avait rien de perdu : François de
Sales viendrait un jour ou l'autre. Déjà,
Henri de Lacroix voyait son fils installé
dans un modeste presbytère de campa
gne. Lui-même, à ce moment, aurait at
teint la limite d'âge et il se promettait
(l'aller tous les ans visiter son abbé. Et il
pécherait, oui, il prêcherait aux enfants
et aux jeunes gens. Oh ! pas à l'église,
pas même à la sacristie, mais au patro
nage, car François de Sales, bien sûr,
aurait un patronage. Et dans ses ser
mons, le vieil officier blanchi sous le har
nais, décoré, vénérable, parlerait du cou
rage chrétien, de la. fierté chrétienne...
Et François de Sales ne venait toujours
pas, et François de SaleB ne vint pas.
Pauvre père, son rive ne se réaliserait
jamais!
Un sois? de dicembre, la mort,sanscrier
gare, venait frapper au plus intime (Je
le vaillant soldat. Victime de 9$
■téijar"" m-
Lé préfet du Gers vient d'invit«r
les maires de son département à
s'abstenir d'assister officiellement
et revêtus de leurs insignes aux cé
rémonies religieuses/dites de « Con
sécration des communes au Sacré-
Cœur de Jésus »
En assistant officiellement à ces céré
monies, dît le préfet dû Gers à ses mai-,
res, et surtout en consacrant la commune
que vous administrez, vous excédez
les pouvoirs qui résultent de vos fonc
tions. .1 f
Si le gouvernement est respectueux
des croyances de tous les citoyens et a
le devoir étroit d'assurer le libre exercice
du culte, il ne saurait admettre qu'une
collectivité tout entière soit engagée p»? :
une consécration solennelle effectuée par
un magistrat municipal sans qualité à
cet effet.
Un pareil acte implique, en effet, une
méconnaissance absolue de la liberté de
conscience des citôyeng et eprt des ITmi-
tes'assignées par la loi à l'action et aux
devoirs des magistrats municipaux.
Je dois ajouter que le gouvernement
est décidé à ne plus tolérer de manifes
tations de cette nature, et qu'il n'héBite-
rait pas désormais à sévir contre les mu
nicipalités qui ne tiendraient pas compte
des instructions qui précèdent.
— témoin ce drapeau du Pé-tang, droit
près de l'autel et qui fut baigné par un
sang héroïque ; de la France,-enfin, nous
offrons jusqu'à l'âme opprimée, meur
trie, angoissée par les ennemis de sa
vieille croyance. Et 4&ns un geste ora
toire, audacieux, mais émouvant, l'ora
teur offre eneore plus à Dieu, pour les
péchés du dix-neuvième siècle. Il em
brasse à la fois les amertumes et les
tourments dont le cœur paternel de
Léon XIII est abreuvé, les souffrances et
"es victoires de tous les vieux saints de
France dont l'âme est toujours au milieu
de nous, les tristesses et les douloureux
appels de Notre-Dame^ de Lourdes; il
embrasse enfin le corps et le sang, d'un
mérite infini, que Jésus sacrifie sur l'au
tel ; il prend à deux mains tous ces tré
sors inestimables et les offre à Dieu pour
la réparation des péchés de la France et
le salut de la patrie. Et pour dernier mot
de ce discours si -simple et si beau tout
ensemble, l'orateur entraînant place en
tre les mains de la nation repentie et ré
générée, le drapeau national aux armoi
ries du Sacré-Cœur.
La voix de l'apôtre a parlé : la voix du
peuple, à son tour, va jeter, dans son eri
d'appel à la miséricorde infinie, , toute
l'émotion dont l'a secoué cette flamme
éloquente et généreuse. .
i La promulgation de la loi, le pardon
iinploré pour les violations de la loi, le
serment d'observer la.loi, çpa trois élé
ment* ' WRi- A^Emoniensement ^ fondus
dans un seul dialogue. Chacun des com
mandements de Dieu, puis des comman
dements ..de l'Eglise est énoncé par le
prêtre, qui l'accompagne aussitôt de Vé«
numération des forfaits dont ce divin
précepte a subi les atteintes. .Et pour
chacun de ces crimes, un grand cri s'é
lève aux cieux, de çe peuple immense,
implorant pour la patrie : Pardon, Sei-.
gn'eur, pardon ! Et successivement,
comme on avait vu, le matin, passer les
bienfaits de la Providence, on voit défi
Vée
lu-
longs
autour de la statue de la Vierge et jus
qu'au fond de la prairie* sous le Calvaire
et la croix des Bretons.
Humain seulement, le tableau serait
déjà radieux. Religieux, il touche au su
blime. Ét quand, de cette grandiose as
semblée qui flamboie dans la nuit, l'on
entend jaillir, avec amour,un immense et
incessant Ave Maria, le cœur se fend
d'enthousiasme et s'élance à Dieu dans
une effusion de reconnaissance.
Cependant, peu à peu, la train;
mineuse et sonore a déroulé ses
replis ; la voilà de retour aivseuil du par
vis qui devient aussitôt ie confluent des
processions éparsep,-et maintenant la
double rampe du Rosaire embrasse une
nappe de feu, dont le rayonnement dis
sipe la nuit jusqu'au fond du ciel. Un
puissant Creàa sort de ces milliers de
poitrines... et la pluie* que ne retient
plus la prière, recommence à tomber.
Jété à pleine voixi dans la nuit, YAmeti
a terminé le ij'edo. Devant la vaste as
semblée, maintenant immobile et silen
cieuse au milieu du flamboiement [des
- cierges, M. l'abké Garnier prend la pa<.
rsle et sa puissante voix jette au l«£ n les
ftiHrt»* " 11 *
ie journée sug-
grandeB leçons que cette
gère à son cœur. journée, par les
magnificence» et la ferveur dont elle a
été remplie, c'est le ciel descendu sur la
' terre ; mais demain, loin d 'ici, nous nous
apercevrons que la terre demeure et que
le ciel est encore à gagner. Comment le
i; conquérir ? En étudiant l'Evangile, en se
nourrissant de l'Evangile, en pratiquant
l'Evangile. Et l'Evangile, M. l'abbé Gar
nier le résume, toute la substance en
trois mots qu'il développe avec une intel
ligence approfondie du texte sacré, sou-
par l'ardeur et l'énergie «5'nnp -
On se demande en quoi un maire
• animé de sentiments chrétiens ex
cède en consacrant au Christ l'ou
vre dojit jl a la chargé et en priant
pour tous ses administrés. Cette
Consécration n ? entraye ea rien 'là
îlberté de çonscjencedp- eeùx oui
1er douloureusement les péçbés de la pa
trie. Mais çUaaun d'eux" n'apparaît que
en
pftaQun
pour être désavoué par .'laiFrance
prières et lavé sous son repentir. <-
, Pou? les impiétés, pour l'indifférence
religieuse'et peur le respect humain, s'est
tour à tour écrié le prêtre ; et, chaque
fois, le peuple a répondu, de Sa voix for
midable et douce : Pardon, { Seigneurl
pardon l pou? les blasphèmes et les faux
ferments,' pour les profanations du di
manche et le mépris de la fam||lf eu de
l'autor^é, povir Us vioiencea et les cu
pidités, pour les souillures et lee çûïrup-
tions, pour les RîeB^ongçs et les calgsi-
jRie|, po.pri^s aiitela abânàçïiTiiflj
désertion d\i CQnfessiQaaal e* VEu-
^ îS£|iS2jil-' li?9tir la ;"ofsnati9B du Ven-
ï> v _ . . ' " ~
tenue par l'ardeur et l'énergie d'un^ âme
apostolique.
Les derniers trains sont arrivés. L'ar
mée des soixante mille hommes est au
complet. Le soleil rayonne au fond d'un
ciel bleu. Lourdes a.veillé toute la nuit,
devant l'Eucharistie rayonnant sur l'au
tel. Sous la direction du R, P. Norbert,
de Layssac, les fils de saint François ont
présidé l'adoration nocturne avec une
ferveur et un dévouement qiii trouvait
un écho dans un auditoire incessamment
renouvelé, mais toujours nombreux et
recueilli. Fraaoiscains au Rosaire, Oa-
puçina la basilique et l'église pa
roissiale ont, sans relâche, exercé leur
fécond apstslat, secondés par des prê
tres et des religieux qui, devant ces ro^
bes de burs, ont eu l'excellente inspira
tion le R. P, Lemius et M. V'abbé
Garnier tout particulièrement î — de rap
peler combien le Saint-Pire a recom
mandé le Tiera Ordra. Et je suis heu
reux de noter à cette occasion que les
Tçrtiairçï âe Saint-François, nombreux
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67.26%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67.26%.
- Collections numériques similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k710712x/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k710712x/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k710712x/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k710712x/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k710712x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k710712x
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k710712x/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest