Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-04-18
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 avril 1901 18 avril 1901
Description : 1901/04/18 (Numéro 12110). 1901/04/18 (Numéro 12110).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710702k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 18 Avriî l&Oî
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PARIS ÉTRANGER
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BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
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Jeudi 1S Avril 1901
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PARIS
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LE MONDE
Sas abOEneîEëstË partent ûm ï" et îS âa eiîâqae saoî?
L'UlfîVERS ne répond pas des manuscrite gui itd sont adressé!
ANNONOES
KM. LAGRANGE, CERF ei G' 8 ,6, place da la Ba'irsa
PARIS, 17 AVRIL 1901
BOMMAIHES •
Le discours, du
. P&pe
L'union facilitée... P ieiirb V ewllot.
Çà et là : La race et
la route G. d' A zahbu/ A.
La critique aile:
mande............ J acques de C ous»
sanges.
Un livre du R. P.
Montsabré........ E douard A lexandre
Bulletin. — Les actes du Consistoire. —
Une mascarade maçonnique. — Les nou
veaux évêques. Le drapeau du Sacré-
Cœur. — La Croix-Rouge. Mgr :'Fil-
lion. — Informations politiques et par-
lementairea. — Les conseils généraux.
— Le voyage du président Loubet. —*
Eohos des fêtes de Toulon Une con
férence. — La guerre du Transvaal. —
En Uiune. — Dépêches de l'étranger. —
A travers la presse. — Chronique. —•
Lettres, soiences et arts. ■ — Echos de
partout. — La question ouvrière. —►
Chroaique religieuse. — Le jubilé et les
pèlerinages de Lourdes. >—Le pèlerinage
de. Lourdes. — Les chants populaires
chrétiens. — Une lettre d'approbation.
' Les œuvres de dom Bosco. —■ Vola
sacrilèges. — s Marie méditée. » — L'or
ganisation de la charité. — ■ Nécrologie.
— Guerre et marine. — Tribunaux. —
. . Jardin d '»gftl!!e *tation. — Nouvelles di
verses. — Calendrier. — Dernière
heure. — Tableau de la Bourse et bul
letin financier.
LE DISCOURS BU PAPE
Voici la traduction de l'allocution pro
noncée par le Souverain Pontife dans le
Consistoire de lundi
Vénérables frères,
Habitué à vous entretenir, ainsi
qu'il est naturel, dé Nos tristesses
comme deNos joies,Nous ne tairons
pas aujourd'hui les choses qui Nous
causent, en ce moment, une inquié
tude particulière. Notre plus cui
sant souci est de voir que les ad
versités et les épreuves dont le ca
tholicisme est environné, non
seulement ne s'atténuent en rien,
mais s'aggravent de jour en jour.
Bien plus, elles se propagent en
Europe, de pàys à pays, à la ma
nière d'une contagion. Beaucoup
d'hommes, sur des points éloignés
les uns des autres, réunis dans
l'exécution d'un même plan, en sont
venus ouvertement à des manifes
tations hostiles, affichant uae ré
pulsion non moins ingrate que su-
gerbe pour les bienfaits que Jésus-
ihrist est venu- apporter au genre
humain. De là, et dan§. ce but, dans
une nation voisine qui n'est pas di
gne de cette' calamité, cette guerre
qui a été déclarée dernièrement
aux ordres religieux, en vue d'ame
ner leur disparition graduelle. Ni le
droit commun, / ni l'équité, ni la
gloire de leurs mérites n'a pu les
préserver de la proscription. Bien
par
et, tandis qu'on laissé une large
liberté à chacun pour vivre, â sa
guise, cette liberté ee trouve sup
primée ou restreinte, pour ceux qui,
sans violer aucune loi, s'en sont tait
une de vivre selon les conseils, di
vins. .
: Quant à Nos difficultés et à Nos
amertumes domestiques, il est à
peine nécessaire de les rappeler.
A la condition présente du Pontife
romain, qui est tout ce qu'il y a de
plus, indigne et de plus gênant, aux
autres injustices par lesquelles on
à ruiné les ressources et enchaîné
la liberté de l'Eglise, on manifesté
l'intention d'ajouter bientôt une
nouvelle mesure pernicieuse, d'où
résulteront, avant toute autre, deux
conséquences : la profanation de la
sainteté des mariages chrétiens et
l'ébranlement des bases de la so
ciété domestique. Voilà ce qu'on
fait de la promesse de respecter la
religion et de protéger les mœurs
publiques.,
De même, le spectacle que. Nous!
offrent d'autres nations confirment
au plus haut point ce que Nous
disions en commençant, à savoir
que les ennemis de l'Eglise ont dé
cidé de donnejr un violent assaut
aux institutions chrétiennes. On di
rait qu'une conspiration s'est tra
mée entre eux dans ce. but. Les
preuves en sont nombreuses, et
elles éclatent de divers côtés '.. cette
multitude soulevée, ces clameurs
violentes, ces menaces ouvertes,
ces écrits qui stimulent les convoi
tises populaires, ces injures publi-
quement adressées aux choses et
aux personnes dignes dè vénéra
tion : toutes ces choses constituent
de sombres présages des événe
ments futurs, et cè n'est pas une
conjecture invraisemblable que de
prévoir, après nos temps malheu
reux, des temps plus malheureux
encore. L'Eglise, en vérité, quel
ques travaux et quelques combats
que chaque jour lui apporte, s'ap
puie sur Dieu, èt, ne craignant rien
fur elle, recevra et subira toutes
épreuves.. Mais il"y a Uçu do
craindre pour les empires, qui ne
voient pas vers quel terme ils mar
chent ; et il y a lieu aussi dé tout
redout er pour la société civile elle-
même, qui sera fatalement exposée
à des périls d'autant plus graves
Qu'elle se sera - éloignée davantage
e Jésus-Christ libérateur. Que
Dieu.père et protecteur des Etats,les
regarde, Nous l'en supplions, d'un
œil favorable. Puisse-t-iî, en répan
dant sur eux les lumières de ses
conseils, faire en sorte qu'ils re
viennent vite à la sagesse et qu'ils
se hâtent de rentrer dans une voie
dont l'abandon leur a été funeste.
Devant, Vénérables Frères^ com
pléter, comme la circonstance le
demande, votre ordre très illustre,
Nous avons choisi douze hommes
éminents pour les honorer aujour
d'hui de la pourpre romaine.
Ce n'est point dans le même
genre de labeurs que s'est exercé,
leur zèle, mais chacun dans son
ministère, ils ont pratiqué la vertu
et manifesté leurs taléats de telle
sorte que par leur intégrité, teur
sagesse et l'activité qu'Us ont dé
ployée dans l'accomplissement de
leurs devoirs, ils ont très bien mé
rité de l'Eglise et du Siège aposto
lique. Ce-sont
Alexandre Sanminiatelli Z&ba-
rella, patriarche de Constantino-
ple. ' ' ■ ' •• •-
' François délia, Volpa, majordome
de Notre palais pontifical.
- Nous les créâmes tous deux, dans
le Consistoire tenu le 19 juin de
l'année 1899, cardinaux de la sainte
Eglise romaine, le premier de l'or
dre des Prêtres, le second de l'or
dre des - Diacres, Nous les réser
vâmes in pefîo, et Nous les publions
aujourdhui.
Donàt Marie delVOliô, archevêque
de Bénévent. ;
Sébastien Mirtinelli, de l'ordre
des Augustiniens, archevêque titu
laire d'Éphèse, délégué apostolique:
aux Etats-Unis d'Amérique,
Casimir Gennari, archevêque ti
tulaire de Lépante, assesseur de la
Sainte Inquisition romaine et uni
verselle;
Léon de Skrbensky, archevêque de
Prague.
Jules Boschi, archevêque de Fer-
rare.
Augustin Riboldi^ évêque de Pa-
vie. .
Jean, Kniaz de Koziélsko Puzyna.,
évêque de Cracovie.
Barthélémy Bacilieri, évêque de
Vérone.
Louis Tripepi, substitut de Notre
Secrétairerie d'Etat,
i Félix Cavagnis, secrétaire de
Notre Sacrée Congrégation. des.
Affaires ecclésiastiques extraordi
naires. . : - ; . ..
; Que vous en semble? , .
C'est pourquoi, par l'autorité du
Dieu tout-puissant, des saints apô
tres Pierre et Paul, et ;par. la Nôtre,
Nous créons et publions cardinaux
de la sainte Eglise romaine :
De l'ordre dea Prêtres :
Donat Marie delVQlio.
Sébastien Martinelii. " ■.
• Casimir Gennari.
Léon de Skrbensky;
Jules Boschi^ •
Augustin Riboldi.
Jean, Kniaz de Koziélsko Puzyna.
Barthélémy Bacilieri.
De l'ordre des Diacres :
Louis Tripepi:
Félix Cavagnis. " ,
Avec les dispenses* dérogations
et clauses nécessaires et opportu
nes. Au - nom f du Père, : f du
Fils, et du Saint f Esprit-Amen.
S ULIETI&C
Hier, plusieurs conseil généraux se
sont encore occupés de la loi sur les as
sociations. On trouver a plus loin l'iridi*
cation des votes qui ont été émis à - cè
sujet. . '
Quelques assemblées départementales
ont adopté des vœux sur la. question de
la réduction du service militaire.
Le président de là République est ren
tré ce matin k Paris.
Les journaux de Lisbonne annoncent
* qu'avant l'audience des commissions
catholiques, S. Exc. le nonce avait' rer
mis une lettre du Saint-Père au roi de
Portugal», ,
Lord Roberts vient de publier un long
rapport officiel sur le fonctionnement
des divers services'auxiliaires depuis la
déclaration de guerre aux républiques
sud-africaines jusqu'au 29 novembre
i900 . Le généralissime loue longuement
tous ceux qui ont été sous ses ordres du
rantsort commandement en chef.
On annonce que les brigands thibé-
tains auraient remis en liberté ie R. P.
Mussot contré une rançon et la pro
messe de Vimpunité. '
LES ACTES DU CONSISTOIRE
Après avoir proclamé les cardinaux
dont nous avons donné les noms, le Sou
verain Pontife a pourvu aux églises sui
vantes pour l'Italie et divers pays étran
gers : „
Eglise métropolitaine de Ravènne, S.
Em. le cardinal Riboldi, transféré du
siège de Pavie.
Eglise titulaire archiépiscopale d'At-
talia, Mgr Simon, précédemment ëvêoue
dePlosk; „ . .
..Efglisre titulaire zrcMêpimrgzlt 5e pa»
mas, le R. P. Denis, des Carmes dé
chaussés, de Gand ;
Eglise titulaire épiscopale de Trémi-
tonte, Mgr Oacerès, précédemment évê
que de Ouamanga et Ayacucho.
Eglise cathédrale d'Imola, Mgr Bal-
dassari, transféré du.siège de r S. An-
gelo in Vado.
Eglise titulaire archiépiscopale de
Darni, Mgr "VVeber, précédemment évê
que titulaire de Teraui ;
Eglise métropolitaine de Mohilçw avec
l'administration de Minsk, Mgr Klopo-
towski, transféré des égliseB unies de
Luek et de Zytomierz ;
Eglise métropolitaine de Chieti, le
R. D. Costagliola;
Eglises cathédrales unies de Luck et
Zytomierz, Mgr. Niedzialkoweki, trans
féré du siège de Samo ;
Eglises cathédrales d'Urbania et de
S. Angelo in Vado, Mgr Valbonesi,trans
féré du siège d'Argo ;
: Eglise cathédrale de Pavie, Mgr Ci-
eeri ;
Eglise cathédrale d'Isehia, le R. D.
Pàlladino; -
Eglise cathédrale d'Acqui, le R. D.
Disma Marchese ;
Eglises cathédrales d'Ascoli et de Ce-
rignolee, le R. D. Struffolini;
Eglise cathédrale de TarcoÂv, le R. D.
Waiega;
Eglise cathédrale de Ploko, le D. D.
Eliseo;
' Eglise cathédrale de Panama, lé R.
P. lunguito, de la Compagnie de Jé
sus; "
Eglise titulaire d'Ortosia, Mgr Mar»
cliall ; . .
Eglise titulaire d'Agatepoli, le R. D.
Kaltner;
Eglise titulaire de Mallo, le R. D. Fis
cher;
Eglise titulaire de Sinope, le R. D k
Certo.
L'UNION FACILITÉE
M. de Cassagnac sait pourquoi
. M. de Caraman vient d'être élu, àii
lieu d'échouer comme précédem
ment. -
Précédemment, M. de Caraman
avait été combattu par M. de Cassa
gnac. Cette fois, le directeur de
YAutôrité l'a souteau. :
Ce qui avait déterminé le député
du Gers à combattre M. de Cara
man, c'est que celui-ci était rallié.
■ Le successeur de M. Marcel Habert
a-t il donc, dans sa dernière cam
pagne électorale, abandonné le ter
rain constitutionnel? Pas le moins
du monde. — Mais, dit M. de
Cassagnac, les temps sont chan
gés... ; ■
Naturellement, le directeur de
YAutôrité trouve qu'il a eu raison
dans ses deux attitudes. Il a bien
fait, naguère, d'empêcher M. de
Caraman d'être élu. Il a bien fait,
dimanche dernier, de le laisser
élire. M. de Cassagnac ne nous en
voudra point de ne partager son
avis que pour le second cas. Nous
le lui disons, d'ailleurs, sans esprit
de polémique. Ce qui importe, trest
que voici le député du Gers disposé
à soutenir, aux prochaines élec
tions, les constitutionnels, dans les
circonscriptions où ils auront chan-
ce de rallier les suffrages des bra
ves gens. .
M. de Cassagnac est même décidé
à faire davantage. Il le déclare en
ees termes :
J'irai plus loin encore ; je l'ai déjà dit
et je le répète : j'irai jusqu'à soutenir
les républicains qui acceptent la défense
des libertés religieuses.
Par ceux-là',' j'entends les libéraux, p
" C'est dire que le cadre s'élargit^cadre
de solidarité libérale et sociale. -
Tout ceux qui sont d'accord pour la li-,
berté, quelles que soient leurs préféren
ces politiques, doivent s'entendre. -
D'autant que la question de la forme
de gouvernement demeure indéfiniment
ajournée.
Cela nous crée, en vue des élections
générales prochaines, une large et na
tionale plate-forme.
Voilà pourquoi l'élection de M. de Ca
raman m'a fait un immense plaisir.
On ne saurait trop recommander
èes lignes à toute l'attention dès
conservateurs. Il ne s'agit plus pour
eux de flétrir ou de railler ceux qui
ont cru, il y a dix ans, que nous
n'étions point à la veille au réta
blissement de la monarchie et ont
réglé là-dessus leur conduite. Il ne
s'agit plus d'appeler la Gueuse en
champ dos pour l'étrangler. II faut
marcher, avec tous les républicains
honnêtes ét libéraux, d'hier eu de
toujours, afin de sauver l'Eglise en
France et la France elle-meme. Et
cette union de tous les braves gens,
on doit la faciliter... au moins par
une acceptation indéfinie de la
présente forme gouvernementale.
C'est M. de Cassagnac qui le de
mande, et cela est fort bien de sa
part; mais il ne demande rien de
trop.
: N'oublions pas, en effet, que si la
tactique à suivre sera aisée quand
il faudra constituer le bloc des
catholiques, des conservateurs et
des modérés au profit d'un républi
cain progressiste, elle sera moins
facile en d'autres circonstances. Il
y aura nombre de collèges électo
raux où la situation sera renversée.
Là, nous devrons conquérir, au pro
fit d'un catholique, d un conserva
teur, l'appoint nécessaire des ré
publicains modérés. Ceux-ci, nous
les-connaissons. Ils ne se décide
ront jamais à voter pour un candi
dat qui sè .tiendra hors du terrain
ç^aratuttoopel. Ils agiront tort, &i
l'on veut ; mais qu'y pouvons-
nous?
Dans l'intérêt commun, donc,
.nous supplions les conservateurs
d'imiter au moins M. de Cassagnac
et de faire l'indispensable. D'au
tre parti nous demandons aux ré
publicains, libéraux et modérés de
n'être pas trop exigeants. Qu'ils
répondent par un effort à l'effort
de leurs alliés de droite. Si nous
avons besoin d'eux, ils ônt besoin de
nous.
Pierre Veuillot.
Çà et là
LA ROUTE ET LA RACE . ;
A propos de la diversité qui éclate en
tre les différentes fractions du genre
humain, l'ethnologie et l'anthropologie
ont soulevé bien souvent la question des
races. M. Demolins, dans lé nouveau vo
lume qu'il vient de publier (!)ï aborde lé
phénomène par un côté tout différent : 1»
question dea roules. ; '
. « La race n'explique rien », nous dit-*
il carrément dès la huitième ligne de sa
préface. Et il ajoute : a La race n'est pas
une cause, c'est une conséquence. La
cause première et décisive de la diversité
des races, c'est la route que les peupleB
ont suivie. »
Le lecteur est donc averti. On ne lui
pariera ni de dolichocéphales, ni de bra-
chycéphales, ni d'Aryens, ni de Sémites,
ni de Touraniens, ni d'angle facial, ni de
cheveux lisses ou crépus, ni d'yeux bleus,
châtains ou noirs, ni de l'atavisme, ni du
croisement, ni de rien qui ressemble à
tsut cela. Mais on l'entretiendra de step
pes riches, de steppes pauvres, de toun
dras, de vallées longues et étroites, de
déserts semés d'oasis, de mers aeméés
d'iles, de forêts vierges, de fleuves, de
marais. Et des mots qui reviendront sou
vent seront ceux de cheral, de chameau,
de renne, de bateau, de caravane, d'es
saimage, de migration, d'invasion. C'est
un tout autre monde.
Le sujet est d'une amplitude immense!
€e serait, à vrai dire, une sorte d'histoire
universelle. Aussi M. Demolihs. en cer
tains endroits, se contente de l'eiïïeurerj
et de renvoyer le lectear aux.travaux pu
bliés par la revue la Science sociale. Il ne
s'occupe d'ailleurs, dans ce volume, que
des peuples a sans histoire » et des peu^
pies plus spécialement célèbres dans
. |'hiatoire ; ancienne. Cela fait déjà un
gros morceau, et il sous est impossible
d'en donner , même une analyse même
succincte. Nous nous contenterons de
montrer, par deux exemples, l'idée gé
nérale qui a présidé à l'élaboration de
l'ouvrage.
Voilà, dans l'Asie centrale, des plaines
d'herbes Bans fin, prairies intransforma'
bles par suite de certaines conditions
climatériques. Dans cèt océan de gazon,
une seule vie est possible : la vie pasto
rale. Les hommes seront donc pasteurs
Ils seront pasteurs nomades, allant de
vant eux dans la prairie, ignorant l'ap
propriation du sol, puisque ce sol ne se
ciiltive pas, et que l'herbe se reproduit
constamment d'elle-même. Ils restent
groupés en familles « patriarcales
comprenant un grand nombre de mé
nages vivant ensemble sous l'autorité
d'un chef de faimille généralement âgé.
L'esprit de tradition ..étouffera l'esprit
d'innovation. mais préviendra les causes
de dissolution. Les pouvoirs publics se-
ront nuls, ou réduits à un minimum pro
venant d'influences extérieures. La fa
mille se suffira à elle-même le plus pos
sible: En temps ordinaire, la paix, des
mœurs douces et hospitalières régneront
parmi ces populations. Ce sera 1' « immo
bile Orient ». En temps de crise, par
exemple, sous l'influence de quelque ca
tastrophe diminuant brusquement les
subsistances, ces peuples, grâce au che
val, et remplaçant leur mouvement dé vd
et vient par un mouvement rectiligne,
donneront naissance à des invasions ra
pides, formidables, mais inorganiques,
passant comme des ouragans et dispa
raissant comme elles sont venues. Ce se
ront Attila, Gengiekhan, Tamerlan, des
i fléaux de Dieu >. Ceux de ces pasteurs
qui auront fini par se métamorphoser en
guerriers professionnels pourront bien
créer des empires, mais seulement par
superposition pure et simple aux peuples
envahis. Ce seront des campements de
vainqueurs, qui dominent, mais ne fu
sionnent pas : Mandchous en Chine, Turis
dans l'empire byzantin.
Tel est le type social issu du steppe
riche, autrement dit des immenses-prai
ries naturelles qui couvrent une grande
partie du centre de l'Asie.
Considérons maintenant une autre
fraction d'humanité, s'engageant, à la
suite- de diverses vicissitudes, et après
de longues étapes qui l'ont déjà fâcheu
sement désorganisée, sous leB gigantes
ques forêts du bassin de l'Amazone. Là,
pas un brin d'herbe. Si l'on a amené du
bétail, ce bétail meurt. En révanche, le
gibier abonde. Le genre de vie, là en
core, est tout indiqué : c'est la chasse,
travail' attrayant dé sa naturej quoique
rendu pénible par la nature du sol : ar
bres, arbustes, broussailles, lianes, ma
récages, travail qui tend à éparpiller les
hommes plutôt qu'à les. grouper. L'ex
périence du vieillard triomphait sous la
tente du pasteur. Dans la forêt, cfe qui
triomphe, c'est l'agilité de la jeunesse.
Le vieillard est inutile; il est encorn
ai) Comment la roule crée le type social.
Les rwtes ■,$&. ftpais-JXiol,
n m... « ■ î.. .. •.■ . ,r ;
brànt. Le gibier, traqué, déménage ; il
faut le, suivre, én part, àla«Gle in
dienne » ; on chemine dans l'inextricable
fouillis des bois humides, peuplés de
fauves et de serpents. Tant pis pourtret»
qui restent en arrière. S'ils tombent, on
ne les ramassera pas. Avec le troupeau,
6n a du lait tous les jours, et de la
viande quand il le faut. Avec le gibier,
il y a des jours d'abondamee, où l'on peut
mourir d'indigestion, et des jours de di
sette,où l'on peut encore mieux mourir de
faim. Vient un jour où le chasseur affamé,
au lieu d'un gibier animal, rencontre un
gibier humain. Coup double à faire :
supprimer une concurrence , se procurer
un rôti. Naissance du cannibalisme.
Dans le steppe, le patriarche conservait
le dépôt des traditions morales, religieu
ses, poétiques, qui se transmettaient à
peu près intactes, gràoe au contrôle si
multané de plusieurs générations pré
sentes au même foyer. Le chasseur, ter-
rifié par les ténèbres de la forêt et les
cataraetes des fleuves, désemparé par
l'absence d'enseignement moral, trem
blera devant n'importe quel fétiche. En
fin, pas d'expansions formidables, comme
celles des pasteurs; mais la décadence,
la dépopulation, la corruption, l'impuis
sance à se transformer lorsque appa
raissent les races supérieures, et, finale
ment, une lente et lamentable dispari
tion. -
Tout cela, pour avoir pris la route de
la forêt.
Car enfin, il serait surprenant que par
une simple coïncidence, il fut né dans la
prairie, côte à côte, pendant des siècles,
des millions d'individus ayant en eux-
mêmes, indépendamment de toute in
fluence extérieure, «le respect inné des
vieillards,' des traditions, de la vie.pai
sible, aptes néanmoins eh cas de crise à
devenir de redoutables envahisseurs, et
que, pendant le même temps, il fût né
dans la forêt, côte à côte, des millions
d'individus spontanément amoureux de
l'instabilité, belliqueux, féroces, man
geant leurs ennemis ou même leurs pè
res, et* malgré cet instinct batailleur,
condamnés à être envahis sans jamaiB
envahir eux-mêmes. On ne peut ratta
cher tous ces phénomènes Sociaux à de
simples particularités psychologiques
Certes, il peut y avoir de bonnes et de
méchantes gens partout; mais cela
n'empêche pas, entre gens qui ont suivi
là même route, des ressemblances frap
pantes dues à l'action prolongée de celle
ci.
Voilà, en deux mots ou plutôt en deux
exemples, la pensée de M. Demolins.
Outre les pasteurs des prairies et les
chasseurs des forêts, nous voyons défiler
dans son livre, les hommes du désert
Assyriens, Egyptiens, Arabes ; les hom
mes de la toundra : Lapons, Esquimaux,
Samoyèdes ; les hommes de la mer, c'est-
à-dire arrivés par mer sur des rivages
ou dans dés régions voisiae's des riva
ges : Phe'niclens, Grées, Romains. Quel
que jour, .probablement, M. Demolins
nous entretiendra des Celtes, des Ger
mains, des Angla Saxons, peuples qui,
évidemment, se rattachent à l'antiquité,
mais qui tiennent une place de choix
dans les temps modernes sous'la forme
particulièrement importante prise par
eux de nos jours.
Des raisons personnelles nous invitent
à nous abstenir de toute appréciation
sur l'œuvre/dont nous venons de tracer
les tris grandes lignes. Nous tenions
toutefois à la signaler aux gens sérieux :
car, que l'on partage ou non les opinions
de > M. Demolins, un livre où se trou
vent concentré,'outre le produit de son
propre travail, la substance de travaux
accumulés depuis quinze ans par des
collaberateurs^tels que MM. de Tourville,
de Rousiers, Champault, Poinaard, Ba-
belon, Paul Bureaux de Préville, n'est
pas, en définitive) le premier livre venu.
G.. d'AZA^bwa.
UNE mASCARÂDE MAÇONNIQUE
La franc-maçonnerie qui visé à la sup
pression des cultes a des rites et des
cérémonies pour le moins étranges.
L'Union de l'Yonne rapporte ainsi les
obsèques d'un frère trois points :
Vendredi, ver» midi, la Grande-Rue, à
Sen», le faubourg d'Yonne, la rue Saint-
Bond, étaient garnis d'une foule de curieux.
Les photographes préparaient leurs appa
reil? instantanés dans.l'attente de l'événe
ment- Etait-ce une cavalcade où le défilé
d'un cirque ?
C'était une procession macabre, celle des
frères de la doctrine maçonnique condui
sant un des leurs à sa dernière demeure -;
ils emmenaient à Collemiers le F.v Blan
chard.'Les frères et amis étaient bariolés
de banderoles multicolores. :
En tête marchaient trois bedeaux de la
Loge, portant banderoles noires qui des
cendaient .à mi-jambe, et sur lesquelles
étaient gravés, deux tibias et une tete de
mort... ; puis, en avant, les frères harna
chés en couleurs, au milieu desquels on
admirait le pélican blanc.
Le cortège s'est arrêté & la sortie de la
ville, et le F.*, député Cornet,. maire de
Sens, a harangué le défunt.
Après le disoours, tous les Vén.\ sont
montés en voiture et, en arrivant à Coller
Hiiers, ils ont poussé des gémissements sur
la tombe de ce pauvre Blanchard, le tout
aveo acoompagnement de batteries de
deuil qui ont jeté l'émoi dans tout le
pays.
Uest nécessaire de joindre h toute
lettre, quel qu'en soit l'objet, «né des
dernières bandes d'adresse Impri
mées, rectifiée s'il y a lieu».
Cette exactitude aura un double
avantage pour eux: elle diminuera
les Chances d'erreur, et elle évitera
des frais»... . .
rr
ni ■
LA CRITIQUE ALLEMANDE
.... « L'essence du christianisme », voilà
ce qu'a voulu faire connaître M. A Ilar-
nack, le célèbre professeur, au cours de
seize conférences libres qu'il a données
l'année dernière à l'Université de Berlin
,et qui, réunies en un volume, ont obtenu
en Allemagne et dans les autres pays
protestants beaucoup de succès. On as*
sure qu'il en a été vendu seize mille
exemplaires. Cette vogue est due certai
nement au renom dont jouit l'auteur, à
la clarté de ce rapide traité, qualités ra
res en Allemagne, mais qui n'en sont pas
moins appréciées inconsciemment par les
lecteurs, enfin et surtout, à ce qu'avec
cette concision et cette précision, il a ex
primé les tendances du protestantisme
actuel.
L'exégèse de Strauss et de Baur avait
beaucoup détruit ; des savants aussi in
dépendants, plus indépendants que ces
premiers, sont arrivés après eux et ils
ent réédiflé ; ils ont reconstitué la valeur
des documents bibliques dans la forme
même où ils avaient été conservés par la
tradition. Wellhausen et Holtzman, en
quelques coups, ont renversé l' Histoire
d'Israël de Renan ; A. Harnach, a jeté
par terre la théorie du différend entre
saint Paul et saint Pierre qui avait fait la
fortune de Baur ; ces nouveaux venus en
tête desquels marchait Ritschl ont pris
une position nouvelle vis-à-vi3 du ratio
nalisme, c'est-à-dire, si l'on peut distin
guer quelque chose de net dans la pé
nombre dont s'enveloppent leurs dis
cours, qu'ils n'ont plus accepté la raison
pour le seul critère de leur foi, qu'ils
tenaient pour une révélation intérieure
devant trouver sa confirmation dans le
spectacle de l'histoire. Cependant il noua
semble difficile de ne pas constater
qu'un certain rationalisme a persisté en
eux (1).
Toutefois, la renaissance du sentiment
religieux s'affirmait là de même qus
dans le public ; la faillite de la. science
était proclamée chez eux à l'heure ou
elle l'était chez nous. A deux reprises,
M. Harn&ck l'a dit : « On a longtemps
attendu de la science qu'elle comprit les
besoins du cœur et de l'àme etqu'elleles
apaisât. Nous pouvons avoir celte pensée
au£ heures de travail ardent. Et pourtant
quel devrait être le désespoir de l'huma
nité si la paix à laquelle elle aspire, et la
lumière, la certitude et la force qu'elle
tâche d'atteindre dépendait de sa mesure
de savoir ! »
Ces pensées se développant, il s'est
formé dans le protestantisme un courant
de dispositions et de sentiments qui, plus
conforme aux principes de Luther que
Luther lui-même ou que les orthodoxes,
a repoussé tous les dogmes et tous les
signes extérieurs ; de la sorte ce parti ré
duit à néant l'argument tiré des varia
tions des églises protestantes; il résout
les difficultés produites par la situation
d'églises nationales. A ceux qui profes
sent cette espèce de religion, quelle que
soit leur confession; les églises ne sont
que- des nécessités temporaires, ils en
sont comme s'ils n'en étaient pas, il ne
reste que la substance du christianisme.
Quelle est-elle? M. Harnack, après beau
coup d'autres, a pris à tâche de la déter
miner et l'on peut dire qu'il a mieux for
mulé ce qu'èlle n'est pas que ce qu'elle
est ; et, de fait, son expérience est seule
en cause lorsqu'il s'agit de l'affirmative ;
il importe donc peu delà connaître. Néan
moins, je relève bien des pages où la
mission du christianisme est comprise
avec grandeur ; j'y trouve aussi des
àveuxqui, arrachés à unespritaussi libre;
prouvent que l'étude impartiale des faits
amène fatalement à reconnaître au
moins certains caractères incomparables
de l'Eglise romaine
Pour fixer les principes du christia
nisme, M. Harnack l'examine donc dans
son fondateur, dans ses disciples et dans
sa continuation à travers les siècles. Les
conclusions d'un pareil examen se res
sentent des opinions de celui qui l'entre
prend. L'Eglise seule, dans ses conciles
et dans ses décisions ex cathedra, a pu
appliquer ce procédé, c'est-à-dire re
monter d'âge en âge pour savoir quelle
avait été sa doctrine implicite et donner -
une expression définitive de ce qui est la
contenu, l'essence du christianisme. M.
Harnack, représentant le protestantisme
le plus avancé, reconnaît que tel dogme
ôu que tel sacrement a existé dès le
commencement de l'Eglise, et, malgré
cela, il décide qu'il ne fait pas partie de
la substance du christianisme. Sa me
sure est en lui, à moins qu'il ne prenne
pour règle ce que les protestants ont
gardé de croyances communes.
Il commence par repousser les théo
ries qui ont fait de Jésus un disciple dea
Esséniens ou des Grecs, qui l'ont dépeint
comme un ennemi du monde ou enfin
comme le simple prophète d'une religion
de pauvres qui eût été celle des opprimés
d'Israël. Jésus* dit-il, a rempli sa mission
avec calme et sérénité ; il s'est adressé à
ce qui en nous demeure toujours sem-<
blable, à l'homme ; il ne s'est donc lié ni
à une conception politique, ni à une
classe de la société et à ses revendica
tions, ni à une forme de culture quelcon
que ; par suite, les efforts de certains
systèmes ou de certai&s partis pour s'ap
puyer sur l'Evangile sont vains, de même
que vains sont les reproches que lui vaut
son silence à l'égard de ces éléments de
la vie humaine. «
Puis M. Harnack marque les étapes de
la formation du christianisme, l'œuvre
de saint Paul, la séparation des commu
nautés chrétiennes d'avec le judaïsme,
les luttes de l'Eglise contré le gnosti-
cisme; après quoi nous arrivons à l'ap
préciation du christianisme tel que l'ont
compris l'Eglise grecque, l'Eglise catho
lique et.Ie protestantisme.
Les regards île M. Harnack se trou
blent lorsqu'il entreprend cet examen, et
il ne peut en être autrement. Il a une
conception de la religion que dément
toute l'expérience de la religion vécue ;
il veut asseoir cette conception, et comme
il est aussi un observateur sagace, sou
vent même impartial, sa pensée fléchit,
(i) Voir à ce propos G. Goyau : L'A llemâ-
>e rvllçieuse, le -Pmtéstanttëmé. P&rin,
ÏMfiiaa qnotsdla&aél « 12,110
SmiOHQUOTmmM'B
PARIS ÉTRANGER
WS DÉPARTEMENTS {UNION POSTALE}
fîtt B3i « . . s «9*4 40 ® ' . . 61 : &
gix mois...... 21
Trois moi».....
11
33 50
14 •
ifeea abosaeaienta partan t dea X" et 16 do chaque mois
ON NUMÉRO S îî r,S -" ; î° Mnt -
{ Départements...., 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
Qa ï'abonas à Rome, plaça du Gesù, 3
Jeudi 1S Avril 1901
tsmm sBmworrâmsxa
PARIS
£¥ EÉPARTESIEÎTÎS
On aa...20 »
Six mois...... 10 »
Trcis jaois..„. s g t»
ÉTRANGES
{okiûk postals'i 1
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BT
LE MONDE
Sas abOEneîEëstË partent ûm ï" et îS âa eiîâqae saoî?
L'UlfîVERS ne répond pas des manuscrite gui itd sont adressé!
ANNONOES
KM. LAGRANGE, CERF ei G' 8 ,6, place da la Ba'irsa
PARIS, 17 AVRIL 1901
BOMMAIHES •
Le discours, du
. P&pe
L'union facilitée... P ieiirb V ewllot.
Çà et là : La race et
la route G. d' A zahbu/ A.
La critique aile:
mande............ J acques de C ous»
sanges.
Un livre du R. P.
Montsabré........ E douard A lexandre
Bulletin. — Les actes du Consistoire. —
Une mascarade maçonnique. — Les nou
veaux évêques. Le drapeau du Sacré-
Cœur. — La Croix-Rouge. Mgr :'Fil-
lion. — Informations politiques et par-
lementairea. — Les conseils généraux.
— Le voyage du président Loubet. —*
Eohos des fêtes de Toulon Une con
férence. — La guerre du Transvaal. —
En Uiune. — Dépêches de l'étranger. —
A travers la presse. — Chronique. —•
Lettres, soiences et arts. ■ — Echos de
partout. — La question ouvrière. —►
Chroaique religieuse. — Le jubilé et les
pèlerinages de Lourdes. >—Le pèlerinage
de. Lourdes. — Les chants populaires
chrétiens. — Une lettre d'approbation.
' Les œuvres de dom Bosco. —■ Vola
sacrilèges. — s Marie méditée. » — L'or
ganisation de la charité. — ■ Nécrologie.
— Guerre et marine. — Tribunaux. —
. . Jardin d '»gftl!!e *tation. — Nouvelles di
verses. — Calendrier. — Dernière
heure. — Tableau de la Bourse et bul
letin financier.
LE DISCOURS BU PAPE
Voici la traduction de l'allocution pro
noncée par le Souverain Pontife dans le
Consistoire de lundi
Vénérables frères,
Habitué à vous entretenir, ainsi
qu'il est naturel, dé Nos tristesses
comme deNos joies,Nous ne tairons
pas aujourd'hui les choses qui Nous
causent, en ce moment, une inquié
tude particulière. Notre plus cui
sant souci est de voir que les ad
versités et les épreuves dont le ca
tholicisme est environné, non
seulement ne s'atténuent en rien,
mais s'aggravent de jour en jour.
Bien plus, elles se propagent en
Europe, de pàys à pays, à la ma
nière d'une contagion. Beaucoup
d'hommes, sur des points éloignés
les uns des autres, réunis dans
l'exécution d'un même plan, en sont
venus ouvertement à des manifes
tations hostiles, affichant uae ré
pulsion non moins ingrate que su-
gerbe pour les bienfaits que Jésus-
ihrist est venu- apporter au genre
humain. De là, et dan§. ce but, dans
une nation voisine qui n'est pas di
gne de cette' calamité, cette guerre
qui a été déclarée dernièrement
aux ordres religieux, en vue d'ame
ner leur disparition graduelle. Ni le
droit commun, / ni l'équité, ni la
gloire de leurs mérites n'a pu les
préserver de la proscription. Bien
par
et, tandis qu'on laissé une large
liberté à chacun pour vivre, â sa
guise, cette liberté ee trouve sup
primée ou restreinte, pour ceux qui,
sans violer aucune loi, s'en sont tait
une de vivre selon les conseils, di
vins. .
: Quant à Nos difficultés et à Nos
amertumes domestiques, il est à
peine nécessaire de les rappeler.
A la condition présente du Pontife
romain, qui est tout ce qu'il y a de
plus, indigne et de plus gênant, aux
autres injustices par lesquelles on
à ruiné les ressources et enchaîné
la liberté de l'Eglise, on manifesté
l'intention d'ajouter bientôt une
nouvelle mesure pernicieuse, d'où
résulteront, avant toute autre, deux
conséquences : la profanation de la
sainteté des mariages chrétiens et
l'ébranlement des bases de la so
ciété domestique. Voilà ce qu'on
fait de la promesse de respecter la
religion et de protéger les mœurs
publiques.,
De même, le spectacle que. Nous!
offrent d'autres nations confirment
au plus haut point ce que Nous
disions en commençant, à savoir
que les ennemis de l'Eglise ont dé
cidé de donnejr un violent assaut
aux institutions chrétiennes. On di
rait qu'une conspiration s'est tra
mée entre eux dans ce. but. Les
preuves en sont nombreuses, et
elles éclatent de divers côtés '.. cette
multitude soulevée, ces clameurs
violentes, ces menaces ouvertes,
ces écrits qui stimulent les convoi
tises populaires, ces injures publi-
quement adressées aux choses et
aux personnes dignes dè vénéra
tion : toutes ces choses constituent
de sombres présages des événe
ments futurs, et cè n'est pas une
conjecture invraisemblable que de
prévoir, après nos temps malheu
reux, des temps plus malheureux
encore. L'Eglise, en vérité, quel
ques travaux et quelques combats
que chaque jour lui apporte, s'ap
puie sur Dieu, èt, ne craignant rien
fur elle, recevra et subira toutes
épreuves.. Mais il"y a Uçu do
craindre pour les empires, qui ne
voient pas vers quel terme ils mar
chent ; et il y a lieu aussi dé tout
redout er pour la société civile elle-
même, qui sera fatalement exposée
à des périls d'autant plus graves
Qu'elle se sera - éloignée davantage
e Jésus-Christ libérateur. Que
Dieu.père et protecteur des Etats,les
regarde, Nous l'en supplions, d'un
œil favorable. Puisse-t-iî, en répan
dant sur eux les lumières de ses
conseils, faire en sorte qu'ils re
viennent vite à la sagesse et qu'ils
se hâtent de rentrer dans une voie
dont l'abandon leur a été funeste.
Devant, Vénérables Frères^ com
pléter, comme la circonstance le
demande, votre ordre très illustre,
Nous avons choisi douze hommes
éminents pour les honorer aujour
d'hui de la pourpre romaine.
Ce n'est point dans le même
genre de labeurs que s'est exercé,
leur zèle, mais chacun dans son
ministère, ils ont pratiqué la vertu
et manifesté leurs taléats de telle
sorte que par leur intégrité, teur
sagesse et l'activité qu'Us ont dé
ployée dans l'accomplissement de
leurs devoirs, ils ont très bien mé
rité de l'Eglise et du Siège aposto
lique. Ce-sont
Alexandre Sanminiatelli Z&ba-
rella, patriarche de Constantino-
ple. ' ' ■ ' •• •-
' François délia, Volpa, majordome
de Notre palais pontifical.
- Nous les créâmes tous deux, dans
le Consistoire tenu le 19 juin de
l'année 1899, cardinaux de la sainte
Eglise romaine, le premier de l'or
dre des Prêtres, le second de l'or
dre des - Diacres, Nous les réser
vâmes in pefîo, et Nous les publions
aujourdhui.
Donàt Marie delVOliô, archevêque
de Bénévent. ;
Sébastien Mirtinelli, de l'ordre
des Augustiniens, archevêque titu
laire d'Éphèse, délégué apostolique:
aux Etats-Unis d'Amérique,
Casimir Gennari, archevêque ti
tulaire de Lépante, assesseur de la
Sainte Inquisition romaine et uni
verselle;
Léon de Skrbensky, archevêque de
Prague.
Jules Boschi, archevêque de Fer-
rare.
Augustin Riboldi^ évêque de Pa-
vie. .
Jean, Kniaz de Koziélsko Puzyna.,
évêque de Cracovie.
Barthélémy Bacilieri, évêque de
Vérone.
Louis Tripepi, substitut de Notre
Secrétairerie d'Etat,
i Félix Cavagnis, secrétaire de
Notre Sacrée Congrégation. des.
Affaires ecclésiastiques extraordi
naires. . : - ; . ..
; Que vous en semble? , .
C'est pourquoi, par l'autorité du
Dieu tout-puissant, des saints apô
tres Pierre et Paul, et ;par. la Nôtre,
Nous créons et publions cardinaux
de la sainte Eglise romaine :
De l'ordre dea Prêtres :
Donat Marie delVQlio.
Sébastien Martinelii. " ■.
• Casimir Gennari.
Léon de Skrbensky;
Jules Boschi^ •
Augustin Riboldi.
Jean, Kniaz de Koziélsko Puzyna.
Barthélémy Bacilieri.
De l'ordre des Diacres :
Louis Tripepi:
Félix Cavagnis. " ,
Avec les dispenses* dérogations
et clauses nécessaires et opportu
nes. Au - nom f du Père, : f du
Fils, et du Saint f Esprit-Amen.
S ULIETI&C
Hier, plusieurs conseil généraux se
sont encore occupés de la loi sur les as
sociations. On trouver a plus loin l'iridi*
cation des votes qui ont été émis à - cè
sujet. . '
Quelques assemblées départementales
ont adopté des vœux sur la. question de
la réduction du service militaire.
Le président de là République est ren
tré ce matin k Paris.
Les journaux de Lisbonne annoncent
* qu'avant l'audience des commissions
catholiques, S. Exc. le nonce avait' rer
mis une lettre du Saint-Père au roi de
Portugal», ,
Lord Roberts vient de publier un long
rapport officiel sur le fonctionnement
des divers services'auxiliaires depuis la
déclaration de guerre aux républiques
sud-africaines jusqu'au 29 novembre
i900 . Le généralissime loue longuement
tous ceux qui ont été sous ses ordres du
rantsort commandement en chef.
On annonce que les brigands thibé-
tains auraient remis en liberté ie R. P.
Mussot contré une rançon et la pro
messe de Vimpunité. '
LES ACTES DU CONSISTOIRE
Après avoir proclamé les cardinaux
dont nous avons donné les noms, le Sou
verain Pontife a pourvu aux églises sui
vantes pour l'Italie et divers pays étran
gers : „
Eglise métropolitaine de Ravènne, S.
Em. le cardinal Riboldi, transféré du
siège de Pavie.
Eglise titulaire archiépiscopale d'At-
talia, Mgr Simon, précédemment ëvêoue
dePlosk; „ . .
..Efglisre titulaire zrcMêpimrgzlt 5e pa»
mas, le R. P. Denis, des Carmes dé
chaussés, de Gand ;
Eglise titulaire épiscopale de Trémi-
tonte, Mgr Oacerès, précédemment évê
que de Ouamanga et Ayacucho.
Eglise cathédrale d'Imola, Mgr Bal-
dassari, transféré du.siège de r S. An-
gelo in Vado.
Eglise titulaire archiépiscopale de
Darni, Mgr "VVeber, précédemment évê
que titulaire de Teraui ;
Eglise métropolitaine de Mohilçw avec
l'administration de Minsk, Mgr Klopo-
towski, transféré des égliseB unies de
Luek et de Zytomierz ;
Eglise métropolitaine de Chieti, le
R. D. Costagliola;
Eglises cathédrales unies de Luck et
Zytomierz, Mgr. Niedzialkoweki, trans
féré du siège de Samo ;
Eglises cathédrales d'Urbania et de
S. Angelo in Vado, Mgr Valbonesi,trans
féré du siège d'Argo ;
: Eglise cathédrale de Pavie, Mgr Ci-
eeri ;
Eglise cathédrale d'Isehia, le R. D.
Pàlladino; -
Eglise cathédrale d'Acqui, le R. D.
Disma Marchese ;
Eglises cathédrales d'Ascoli et de Ce-
rignolee, le R. D. Struffolini;
Eglise cathédrale de TarcoÂv, le R. D.
Waiega;
Eglise cathédrale de Ploko, le D. D.
Eliseo;
' Eglise cathédrale de Panama, lé R.
P. lunguito, de la Compagnie de Jé
sus; "
Eglise titulaire d'Ortosia, Mgr Mar»
cliall ; . .
Eglise titulaire d'Agatepoli, le R. D.
Kaltner;
Eglise titulaire de Mallo, le R. D. Fis
cher;
Eglise titulaire de Sinope, le R. D k
Certo.
L'UNION FACILITÉE
M. de Cassagnac sait pourquoi
. M. de Caraman vient d'être élu, àii
lieu d'échouer comme précédem
ment. -
Précédemment, M. de Caraman
avait été combattu par M. de Cassa
gnac. Cette fois, le directeur de
YAutôrité l'a souteau. :
Ce qui avait déterminé le député
du Gers à combattre M. de Cara
man, c'est que celui-ci était rallié.
■ Le successeur de M. Marcel Habert
a-t il donc, dans sa dernière cam
pagne électorale, abandonné le ter
rain constitutionnel? Pas le moins
du monde. — Mais, dit M. de
Cassagnac, les temps sont chan
gés... ; ■
Naturellement, le directeur de
YAutôrité trouve qu'il a eu raison
dans ses deux attitudes. Il a bien
fait, naguère, d'empêcher M. de
Caraman d'être élu. Il a bien fait,
dimanche dernier, de le laisser
élire. M. de Cassagnac ne nous en
voudra point de ne partager son
avis que pour le second cas. Nous
le lui disons, d'ailleurs, sans esprit
de polémique. Ce qui importe, trest
que voici le député du Gers disposé
à soutenir, aux prochaines élec
tions, les constitutionnels, dans les
circonscriptions où ils auront chan-
ce de rallier les suffrages des bra
ves gens. .
M. de Cassagnac est même décidé
à faire davantage. Il le déclare en
ees termes :
J'irai plus loin encore ; je l'ai déjà dit
et je le répète : j'irai jusqu'à soutenir
les républicains qui acceptent la défense
des libertés religieuses.
Par ceux-là',' j'entends les libéraux, p
" C'est dire que le cadre s'élargit^cadre
de solidarité libérale et sociale. -
Tout ceux qui sont d'accord pour la li-,
berté, quelles que soient leurs préféren
ces politiques, doivent s'entendre. -
D'autant que la question de la forme
de gouvernement demeure indéfiniment
ajournée.
Cela nous crée, en vue des élections
générales prochaines, une large et na
tionale plate-forme.
Voilà pourquoi l'élection de M. de Ca
raman m'a fait un immense plaisir.
On ne saurait trop recommander
èes lignes à toute l'attention dès
conservateurs. Il ne s'agit plus pour
eux de flétrir ou de railler ceux qui
ont cru, il y a dix ans, que nous
n'étions point à la veille au réta
blissement de la monarchie et ont
réglé là-dessus leur conduite. Il ne
s'agit plus d'appeler la Gueuse en
champ dos pour l'étrangler. II faut
marcher, avec tous les républicains
honnêtes ét libéraux, d'hier eu de
toujours, afin de sauver l'Eglise en
France et la France elle-meme. Et
cette union de tous les braves gens,
on doit la faciliter... au moins par
une acceptation indéfinie de la
présente forme gouvernementale.
C'est M. de Cassagnac qui le de
mande, et cela est fort bien de sa
part; mais il ne demande rien de
trop.
: N'oublions pas, en effet, que si la
tactique à suivre sera aisée quand
il faudra constituer le bloc des
catholiques, des conservateurs et
des modérés au profit d'un républi
cain progressiste, elle sera moins
facile en d'autres circonstances. Il
y aura nombre de collèges électo
raux où la situation sera renversée.
Là, nous devrons conquérir, au pro
fit d'un catholique, d un conserva
teur, l'appoint nécessaire des ré
publicains modérés. Ceux-ci, nous
les-connaissons. Ils ne se décide
ront jamais à voter pour un candi
dat qui sè .tiendra hors du terrain
ç^aratuttoopel. Ils agiront tort, &i
l'on veut ; mais qu'y pouvons-
nous?
Dans l'intérêt commun, donc,
.nous supplions les conservateurs
d'imiter au moins M. de Cassagnac
et de faire l'indispensable. D'au
tre parti nous demandons aux ré
publicains, libéraux et modérés de
n'être pas trop exigeants. Qu'ils
répondent par un effort à l'effort
de leurs alliés de droite. Si nous
avons besoin d'eux, ils ônt besoin de
nous.
Pierre Veuillot.
Çà et là
LA ROUTE ET LA RACE . ;
A propos de la diversité qui éclate en
tre les différentes fractions du genre
humain, l'ethnologie et l'anthropologie
ont soulevé bien souvent la question des
races. M. Demolins, dans lé nouveau vo
lume qu'il vient de publier (!)ï aborde lé
phénomène par un côté tout différent : 1»
question dea roules. ; '
. « La race n'explique rien », nous dit-*
il carrément dès la huitième ligne de sa
préface. Et il ajoute : a La race n'est pas
une cause, c'est une conséquence. La
cause première et décisive de la diversité
des races, c'est la route que les peupleB
ont suivie. »
Le lecteur est donc averti. On ne lui
pariera ni de dolichocéphales, ni de bra-
chycéphales, ni d'Aryens, ni de Sémites,
ni de Touraniens, ni d'angle facial, ni de
cheveux lisses ou crépus, ni d'yeux bleus,
châtains ou noirs, ni de l'atavisme, ni du
croisement, ni de rien qui ressemble à
tsut cela. Mais on l'entretiendra de step
pes riches, de steppes pauvres, de toun
dras, de vallées longues et étroites, de
déserts semés d'oasis, de mers aeméés
d'iles, de forêts vierges, de fleuves, de
marais. Et des mots qui reviendront sou
vent seront ceux de cheral, de chameau,
de renne, de bateau, de caravane, d'es
saimage, de migration, d'invasion. C'est
un tout autre monde.
Le sujet est d'une amplitude immense!
€e serait, à vrai dire, une sorte d'histoire
universelle. Aussi M. Demolihs. en cer
tains endroits, se contente de l'eiïïeurerj
et de renvoyer le lectear aux.travaux pu
bliés par la revue la Science sociale. Il ne
s'occupe d'ailleurs, dans ce volume, que
des peuples a sans histoire » et des peu^
pies plus spécialement célèbres dans
. |'hiatoire ; ancienne. Cela fait déjà un
gros morceau, et il sous est impossible
d'en donner , même une analyse même
succincte. Nous nous contenterons de
montrer, par deux exemples, l'idée gé
nérale qui a présidé à l'élaboration de
l'ouvrage.
Voilà, dans l'Asie centrale, des plaines
d'herbes Bans fin, prairies intransforma'
bles par suite de certaines conditions
climatériques. Dans cèt océan de gazon,
une seule vie est possible : la vie pasto
rale. Les hommes seront donc pasteurs
Ils seront pasteurs nomades, allant de
vant eux dans la prairie, ignorant l'ap
propriation du sol, puisque ce sol ne se
ciiltive pas, et que l'herbe se reproduit
constamment d'elle-même. Ils restent
groupés en familles « patriarcales
comprenant un grand nombre de mé
nages vivant ensemble sous l'autorité
d'un chef de faimille généralement âgé.
L'esprit de tradition ..étouffera l'esprit
d'innovation. mais préviendra les causes
de dissolution. Les pouvoirs publics se-
ront nuls, ou réduits à un minimum pro
venant d'influences extérieures. La fa
mille se suffira à elle-même le plus pos
sible: En temps ordinaire, la paix, des
mœurs douces et hospitalières régneront
parmi ces populations. Ce sera 1' « immo
bile Orient ». En temps de crise, par
exemple, sous l'influence de quelque ca
tastrophe diminuant brusquement les
subsistances, ces peuples, grâce au che
val, et remplaçant leur mouvement dé vd
et vient par un mouvement rectiligne,
donneront naissance à des invasions ra
pides, formidables, mais inorganiques,
passant comme des ouragans et dispa
raissant comme elles sont venues. Ce se
ront Attila, Gengiekhan, Tamerlan, des
i fléaux de Dieu >. Ceux de ces pasteurs
qui auront fini par se métamorphoser en
guerriers professionnels pourront bien
créer des empires, mais seulement par
superposition pure et simple aux peuples
envahis. Ce seront des campements de
vainqueurs, qui dominent, mais ne fu
sionnent pas : Mandchous en Chine, Turis
dans l'empire byzantin.
Tel est le type social issu du steppe
riche, autrement dit des immenses-prai
ries naturelles qui couvrent une grande
partie du centre de l'Asie.
Considérons maintenant une autre
fraction d'humanité, s'engageant, à la
suite- de diverses vicissitudes, et après
de longues étapes qui l'ont déjà fâcheu
sement désorganisée, sous leB gigantes
ques forêts du bassin de l'Amazone. Là,
pas un brin d'herbe. Si l'on a amené du
bétail, ce bétail meurt. En révanche, le
gibier abonde. Le genre de vie, là en
core, est tout indiqué : c'est la chasse,
travail' attrayant dé sa naturej quoique
rendu pénible par la nature du sol : ar
bres, arbustes, broussailles, lianes, ma
récages, travail qui tend à éparpiller les
hommes plutôt qu'à les. grouper. L'ex
périence du vieillard triomphait sous la
tente du pasteur. Dans la forêt, cfe qui
triomphe, c'est l'agilité de la jeunesse.
Le vieillard est inutile; il est encorn
ai) Comment la roule crée le type social.
Les rwtes ■,$&. ftpais-JXiol,
n m... « ■ î.. .. •.■ . ,r ;
brànt. Le gibier, traqué, déménage ; il
faut le, suivre, én part, àla«Gle in
dienne » ; on chemine dans l'inextricable
fouillis des bois humides, peuplés de
fauves et de serpents. Tant pis pourtret»
qui restent en arrière. S'ils tombent, on
ne les ramassera pas. Avec le troupeau,
6n a du lait tous les jours, et de la
viande quand il le faut. Avec le gibier,
il y a des jours d'abondamee, où l'on peut
mourir d'indigestion, et des jours de di
sette,où l'on peut encore mieux mourir de
faim. Vient un jour où le chasseur affamé,
au lieu d'un gibier animal, rencontre un
gibier humain. Coup double à faire :
supprimer une concurrence , se procurer
un rôti. Naissance du cannibalisme.
Dans le steppe, le patriarche conservait
le dépôt des traditions morales, religieu
ses, poétiques, qui se transmettaient à
peu près intactes, gràoe au contrôle si
multané de plusieurs générations pré
sentes au même foyer. Le chasseur, ter-
rifié par les ténèbres de la forêt et les
cataraetes des fleuves, désemparé par
l'absence d'enseignement moral, trem
blera devant n'importe quel fétiche. En
fin, pas d'expansions formidables, comme
celles des pasteurs; mais la décadence,
la dépopulation, la corruption, l'impuis
sance à se transformer lorsque appa
raissent les races supérieures, et, finale
ment, une lente et lamentable dispari
tion. -
Tout cela, pour avoir pris la route de
la forêt.
Car enfin, il serait surprenant que par
une simple coïncidence, il fut né dans la
prairie, côte à côte, pendant des siècles,
des millions d'individus ayant en eux-
mêmes, indépendamment de toute in
fluence extérieure, «le respect inné des
vieillards,' des traditions, de la vie.pai
sible, aptes néanmoins eh cas de crise à
devenir de redoutables envahisseurs, et
que, pendant le même temps, il fût né
dans la forêt, côte à côte, des millions
d'individus spontanément amoureux de
l'instabilité, belliqueux, féroces, man
geant leurs ennemis ou même leurs pè
res, et* malgré cet instinct batailleur,
condamnés à être envahis sans jamaiB
envahir eux-mêmes. On ne peut ratta
cher tous ces phénomènes Sociaux à de
simples particularités psychologiques
Certes, il peut y avoir de bonnes et de
méchantes gens partout; mais cela
n'empêche pas, entre gens qui ont suivi
là même route, des ressemblances frap
pantes dues à l'action prolongée de celle
ci.
Voilà, en deux mots ou plutôt en deux
exemples, la pensée de M. Demolins.
Outre les pasteurs des prairies et les
chasseurs des forêts, nous voyons défiler
dans son livre, les hommes du désert
Assyriens, Egyptiens, Arabes ; les hom
mes de la toundra : Lapons, Esquimaux,
Samoyèdes ; les hommes de la mer, c'est-
à-dire arrivés par mer sur des rivages
ou dans dés régions voisiae's des riva
ges : Phe'niclens, Grées, Romains. Quel
que jour, .probablement, M. Demolins
nous entretiendra des Celtes, des Ger
mains, des Angla Saxons, peuples qui,
évidemment, se rattachent à l'antiquité,
mais qui tiennent une place de choix
dans les temps modernes sous'la forme
particulièrement importante prise par
eux de nos jours.
Des raisons personnelles nous invitent
à nous abstenir de toute appréciation
sur l'œuvre/dont nous venons de tracer
les tris grandes lignes. Nous tenions
toutefois à la signaler aux gens sérieux :
car, que l'on partage ou non les opinions
de > M. Demolins, un livre où se trou
vent concentré,'outre le produit de son
propre travail, la substance de travaux
accumulés depuis quinze ans par des
collaberateurs^tels que MM. de Tourville,
de Rousiers, Champault, Poinaard, Ba-
belon, Paul Bureaux de Préville, n'est
pas, en définitive) le premier livre venu.
G.. d'AZA^bwa.
UNE mASCARÂDE MAÇONNIQUE
La franc-maçonnerie qui visé à la sup
pression des cultes a des rites et des
cérémonies pour le moins étranges.
L'Union de l'Yonne rapporte ainsi les
obsèques d'un frère trois points :
Vendredi, ver» midi, la Grande-Rue, à
Sen», le faubourg d'Yonne, la rue Saint-
Bond, étaient garnis d'une foule de curieux.
Les photographes préparaient leurs appa
reil? instantanés dans.l'attente de l'événe
ment- Etait-ce une cavalcade où le défilé
d'un cirque ?
C'était une procession macabre, celle des
frères de la doctrine maçonnique condui
sant un des leurs à sa dernière demeure -;
ils emmenaient à Collemiers le F.v Blan
chard.'Les frères et amis étaient bariolés
de banderoles multicolores. :
En tête marchaient trois bedeaux de la
Loge, portant banderoles noires qui des
cendaient .à mi-jambe, et sur lesquelles
étaient gravés, deux tibias et une tete de
mort... ; puis, en avant, les frères harna
chés en couleurs, au milieu desquels on
admirait le pélican blanc.
Le cortège s'est arrêté & la sortie de la
ville, et le F.*, député Cornet,. maire de
Sens, a harangué le défunt.
Après le disoours, tous les Vén.\ sont
montés en voiture et, en arrivant à Coller
Hiiers, ils ont poussé des gémissements sur
la tombe de ce pauvre Blanchard, le tout
aveo acoompagnement de batteries de
deuil qui ont jeté l'émoi dans tout le
pays.
Uest nécessaire de joindre h toute
lettre, quel qu'en soit l'objet, «né des
dernières bandes d'adresse Impri
mées, rectifiée s'il y a lieu».
Cette exactitude aura un double
avantage pour eux: elle diminuera
les Chances d'erreur, et elle évitera
des frais»... . .
rr
ni ■
LA CRITIQUE ALLEMANDE
.... « L'essence du christianisme », voilà
ce qu'a voulu faire connaître M. A Ilar-
nack, le célèbre professeur, au cours de
seize conférences libres qu'il a données
l'année dernière à l'Université de Berlin
,et qui, réunies en un volume, ont obtenu
en Allemagne et dans les autres pays
protestants beaucoup de succès. On as*
sure qu'il en a été vendu seize mille
exemplaires. Cette vogue est due certai
nement au renom dont jouit l'auteur, à
la clarté de ce rapide traité, qualités ra
res en Allemagne, mais qui n'en sont pas
moins appréciées inconsciemment par les
lecteurs, enfin et surtout, à ce qu'avec
cette concision et cette précision, il a ex
primé les tendances du protestantisme
actuel.
L'exégèse de Strauss et de Baur avait
beaucoup détruit ; des savants aussi in
dépendants, plus indépendants que ces
premiers, sont arrivés après eux et ils
ent réédiflé ; ils ont reconstitué la valeur
des documents bibliques dans la forme
même où ils avaient été conservés par la
tradition. Wellhausen et Holtzman, en
quelques coups, ont renversé l' Histoire
d'Israël de Renan ; A. Harnach, a jeté
par terre la théorie du différend entre
saint Paul et saint Pierre qui avait fait la
fortune de Baur ; ces nouveaux venus en
tête desquels marchait Ritschl ont pris
une position nouvelle vis-à-vi3 du ratio
nalisme, c'est-à-dire, si l'on peut distin
guer quelque chose de net dans la pé
nombre dont s'enveloppent leurs dis
cours, qu'ils n'ont plus accepté la raison
pour le seul critère de leur foi, qu'ils
tenaient pour une révélation intérieure
devant trouver sa confirmation dans le
spectacle de l'histoire. Cependant il noua
semble difficile de ne pas constater
qu'un certain rationalisme a persisté en
eux (1).
Toutefois, la renaissance du sentiment
religieux s'affirmait là de même qus
dans le public ; la faillite de la. science
était proclamée chez eux à l'heure ou
elle l'était chez nous. A deux reprises,
M. Harn&ck l'a dit : « On a longtemps
attendu de la science qu'elle comprit les
besoins du cœur et de l'àme etqu'elleles
apaisât. Nous pouvons avoir celte pensée
au£ heures de travail ardent. Et pourtant
quel devrait être le désespoir de l'huma
nité si la paix à laquelle elle aspire, et la
lumière, la certitude et la force qu'elle
tâche d'atteindre dépendait de sa mesure
de savoir ! »
Ces pensées se développant, il s'est
formé dans le protestantisme un courant
de dispositions et de sentiments qui, plus
conforme aux principes de Luther que
Luther lui-même ou que les orthodoxes,
a repoussé tous les dogmes et tous les
signes extérieurs ; de la sorte ce parti ré
duit à néant l'argument tiré des varia
tions des églises protestantes; il résout
les difficultés produites par la situation
d'églises nationales. A ceux qui profes
sent cette espèce de religion, quelle que
soit leur confession; les églises ne sont
que- des nécessités temporaires, ils en
sont comme s'ils n'en étaient pas, il ne
reste que la substance du christianisme.
Quelle est-elle? M. Harnack, après beau
coup d'autres, a pris à tâche de la déter
miner et l'on peut dire qu'il a mieux for
mulé ce qu'èlle n'est pas que ce qu'elle
est ; et, de fait, son expérience est seule
en cause lorsqu'il s'agit de l'affirmative ;
il importe donc peu delà connaître. Néan
moins, je relève bien des pages où la
mission du christianisme est comprise
avec grandeur ; j'y trouve aussi des
àveuxqui, arrachés à unespritaussi libre;
prouvent que l'étude impartiale des faits
amène fatalement à reconnaître au
moins certains caractères incomparables
de l'Eglise romaine
Pour fixer les principes du christia
nisme, M. Harnack l'examine donc dans
son fondateur, dans ses disciples et dans
sa continuation à travers les siècles. Les
conclusions d'un pareil examen se res
sentent des opinions de celui qui l'entre
prend. L'Eglise seule, dans ses conciles
et dans ses décisions ex cathedra, a pu
appliquer ce procédé, c'est-à-dire re
monter d'âge en âge pour savoir quelle
avait été sa doctrine implicite et donner -
une expression définitive de ce qui est la
contenu, l'essence du christianisme. M.
Harnack, représentant le protestantisme
le plus avancé, reconnaît que tel dogme
ôu que tel sacrement a existé dès le
commencement de l'Eglise, et, malgré
cela, il décide qu'il ne fait pas partie de
la substance du christianisme. Sa me
sure est en lui, à moins qu'il ne prenne
pour règle ce que les protestants ont
gardé de croyances communes.
Il commence par repousser les théo
ries qui ont fait de Jésus un disciple dea
Esséniens ou des Grecs, qui l'ont dépeint
comme un ennemi du monde ou enfin
comme le simple prophète d'une religion
de pauvres qui eût été celle des opprimés
d'Israël. Jésus* dit-il, a rempli sa mission
avec calme et sérénité ; il s'est adressé à
ce qui en nous demeure toujours sem-<
blable, à l'homme ; il ne s'est donc lié ni
à une conception politique, ni à une
classe de la société et à ses revendica
tions, ni à une forme de culture quelcon
que ; par suite, les efforts de certains
systèmes ou de certai&s partis pour s'ap
puyer sur l'Evangile sont vains, de même
que vains sont les reproches que lui vaut
son silence à l'égard de ces éléments de
la vie humaine. «
Puis M. Harnack marque les étapes de
la formation du christianisme, l'œuvre
de saint Paul, la séparation des commu
nautés chrétiennes d'avec le judaïsme,
les luttes de l'Eglise contré le gnosti-
cisme; après quoi nous arrivons à l'ap
préciation du christianisme tel que l'ont
compris l'Eglise grecque, l'Eglise catho
lique et.Ie protestantisme.
Les regards île M. Harnack se trou
blent lorsqu'il entreprend cet examen, et
il ne peut en être autrement. Il a une
conception de la religion que dément
toute l'expérience de la religion vécue ;
il veut asseoir cette conception, et comme
il est aussi un observateur sagace, sou
vent même impartial, sa pensée fléchit,
(i) Voir à ce propos G. Goyau : L'A llemâ-
>e rvllçieuse, le -Pmtéstanttëmé. P&rin,
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