Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-03-15
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mars 1901 15 mars 1901
Description : 1901/03/15 (Numéro 12077). 1901/03/15 (Numéro 12077).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7106690
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Wtrwi DCMHV..
Vendredi 15 Mars 1901
Edition quotidienne. — 12,077
Vendredi 15 Mar^SSSÈS^*^-
ÉSmOS QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
S® DÉPARTEMENTS (UNION POSTAL^
Un an 40 » 51 »
Six mois 21. » 26 60
Trois mois..... 11 » 14. »
■&es abonnements partent des 1 er , et 16 de chaque mois
Paris .......... 10 cent.
Départements.*.;." 15
UN NUMÉRO
ET
BUREAUX v! Paris, ne Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 3
LE MONDE
ÉBmOlf SEMI-QUOTEDXENSOi
l ' v t PARI3 ÉTRANGER
- 'm DÉPARTEMENTS (UNIOM POSTALE)
On an...20 » ,26 a
Six mois...... 10 » 18 »
Trois mois..... 5 » . ô S©
Les abonnements partent des 1 er et 16 de opaque mol*
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lut sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et C 1 *, 6, place de la Bourse
PARIS, 14 MARS 1901
JSOftE&l AIRES '
Législateurs anony- .
mes.. Y ves L ancêtre.
Correspondance ro
maine .***
Le roi Milan et la
question balkani
que. ....... 0. ;
Les conférences li
bres de l'Institut ;
catholique . . ... E douard A lexandre
Une œuvre d'édu
cation populaire. M. T.
Pour les petits..... E. A.
Bulletin.—<■ Un démenti à M. Zévaès. — La
liberté d'association. — Lettre de S. E ib .
le cardinal Perraud. — Le projet de loi
sur les associations. — Visite épiscopale.
— Le port de la soutane. — Informations
politiques et parlementaires. —- A l'Hô
tel de Ville.— L'affaire Déroulède-Buffet.
— Dans l'Extréme-Sud-Algérien. La
guerre du T'raasvaal.— En Ohine. — Dé- î
pêches de. l'étranger. — A travers la
presse. — Chronique.— Lettres, sciences
et arts. — Académie " des sciences. —
Echos de partout. — Les grèves. — En
province, — Nécrologie. — Guerre et ma
rine. — Tribunaux. — Collision de tram
ways. — Nouvelles diverses. — O&ien»
drter.— Bourse et bulletin financier. —
Dernière heure.
LÉGISLATEURS ANONYMES
Presque tous les Etats sont au
jourd'hui pourvus d'un mécanisme
fjerfectionné pour la confection des
ois. Le progrès dans l'art de la po
litique a précédé le progrès dans
l'art de la couture : la machine à lé
giférer est venue avant la machine
à coudre. L'une et l'autre -sont, je
crois, d'importation étrangère. Il y
a un peu plus de cent ans que nous
possédons, en France, la machine
a légiférer. Elle a subi, dans le
cours d'un siècle* plus d'une avarie
et quantité de réparations, retou
ches, modifications. Mais que de
lois elle a débitées'. Un penseur
songe en son gîte. Un parlement
parlemente. Dès l'instant que la
machine est montée en permanence,
elle ne demande qu'à aDattre de là
besogne. Refaire des lois, en créer
des nouvelles, les modifier, retou
cher, abroger, faire revivre, c'est
sa fonction et son plaisir. Qui pour
rait dire le nombre de lois élabo
rées sur la presse en ce siècle! Il
y a bien le passe-temps des minis
tères à démolir, du budget à passer
au crible. Le premier n e'it, le plus
souvent, qu'un changement de dé
cor à la faveur duquel l'assiette au
beurre passe en d'autres mains ; le
second fournit une excellente occa
sion de faire passer les lois et les
mesures les plus mauvaises.
Considérée en elle-même, la con
fection des lois par des corps élec
tifs a un «ôté séduisant et même
rationnel. C'est l'application du
principe que les Anglais appellent
le self-government, le gouverne'
cipe qui a inspire
jury dans le fonctionnement de la
justice : le peuple régi par ses re-
présentants comme l'accusé jugé
par ses pairs. Dans un Etat ' où le
suffrage universel est le principal
ressort et la souveraineté du peu
ple la base de l'édifice politique, il
va de soi que la confection des lois
appartienne au: peuple ou à ses
mandataires.
L'outil au moyen duquel les lois
sont faites importe peu. Ce qui im
porte, c'est que les lois soient jus
tes et bonnes. Il faut, pour cela,
qu'elles se rapprochent le plus pos
sible des principes immuables du
droit et de la justice, et qu'elles
procurent au peuple la paix et la
sécurité, non le trouble et l'insta
bilité. Où vivent ces principes im
muables du droit et de la justice ?
Dans la conscience des nommes
capables de les puiser à leur
source : dans la connaissance des
lois établies par Dieu, origine et
vengeur de tout droit. L'outil légis
latif moderne est-il dans les condi
tions désirables pour faire les meil
leures lois ? Il est bien évident que
la conception des lois ne peut pas
venir de la multitude, mais d'un
groupe d'hommes d'élite ayant du
droit et de la justice la notion la
plus étendue. Cette conception
sera même plus nette dans un seul
homme qu'en plusieurs, à la con
dition qu'il s'aide des lumières d'un
groupe de conseillers choisis, ayant
comme lui une connaissance exacte
du droit public et des besoins aux
quels il s'agit de pourvoir. Ce qui
revient à dire qu'une bonne loi ne
peut venir que d'une bonne cons
cience, d'une . cpnsciênce parfaite
ment éclairée et parfaitement droite.
Est-ce de cette source que procè
dent les lois confectionnées depuis
vingt ans?
Sans remonter à l'époque où. le
roi faisait la loi, appuyé d'un côté
sur son conseil, retenu de l'autre
par l'obligation de l'enregistrement
au Parlement, et où l'intérêt de la
dynastie autant que l'intérêt du
peuple lui dictait de donner les
meilleures lois, que voyons-nous
dans la première période de l'éla
boration des lois par deux Cham
bres? Un législateur donnant son
nom à la loi,élaborantpar lui-même
ou par son conseil la loi en projet,
la soumettant aux délibérations du
Parlement, se réservant la faculté
de retirer ou de promulguer la loi,
celle-ci ne devenant exécutoire
qu'après avoir été revêtue de sa
signature. La loi était censée éma
ner d'un législateur personnel, ayant
conscience de sa fonction, endos
sant la responsabilité d'un acte de
nature aussi grave.
En est-il de même depuis, que la
machine législative est du modèle
Wallon, déclarée perfectible, c'est-
à-dire brevetée et non garantie? Le
fabricateur constitutionnel a senti
la nécessité d'un législateur respon
sable. C'est pour cela qu'il a stipulé
en faveur du chef de l'Etat le droit
de veto. Quelle dérision ! Veto est
un nom trop décrié! Jamais prési
dent de République, pour peu avisé
qu'il soit,"ne voudra s'en affubler.
C'est d'avance et non après discus
sion et vote des deux Chambres
que le chef de l'Etat devrait décli
ner son veto. Après discussion, il
lui est absolument impossible de
tenter l'aventure. Les lois pour
émaner d'une conscience ou d'un
législateur responsable devraient
donc être réservées à l'initiative du
chef de l'Etat, ou, avec son agré
ment, à l'initiative de son conseil.
C'est vers cette réforme qu'évolue
la Constitution anglaise par l'in
fluence et l'initiative que tend à
prendre le conseil privé du roi.
Telles qu'elles sortent actuellement
de la machine à légiférer les lois
ont pour auteurs des législateurs
anonymes et irresponsables. La si
gnature du chef de l'Etat au bas de
ces pièces n'est que pour copie con
forme.
On dira que les députés sont res
ponsables de leurs votes devant
leurs électeurs. C'est assurément
quelque chose, mais c'est trop peu.
Souvent les électeurs ne sont pas à.
même de débrouiller le vice ni les
inconvénients d'une loi ; et lorsque
le député reparaît devant eux, ses
votes sont acquis, le mal est irré
médiable. Au surplus, l'électeur se
fie à son député. Il l'a choisi comme
plus éclairé que tout autre ; il de
mande non pas à le guider mais à
être guidé par lui, s'en rapportant
à ses lumières et à sa conscience.
La conscience 1 chose d'une gran
de élasticité en politique. Plût à
Dieu qu'un député fût dans des con
ditions favorables pour se guider
simplement à la lueur du bon sens !
Qu'arrive-t-il ? L'intérêt lui inspire
de donner son nom à un groupe,
celui qui réfléchit le mieux ses opi
nions personnelles. Ils sont rares
les indépendants qui ne prennent
conseil que d'eux-mêmes. Une fois
enrôlé dans un groupe, il en épouse
les doctrines, il en observe fidèle
ment la tactique. Il ne s'appartient
plus, il appartient à son groupé. Il
ne compte que pour un bulletin
blanc ou bleu, selon le mot d'ordre.
A-t-il reçu un mandat impératif ?
Peut-être non. En réalité, il l'exé
cute. Ses votes ne sont point spon
tanés. Admettez qu'il entre dans
un groupe obéissant au mot d'ordre
des loges, ou qu'à raison de son
élection due à l'estampille maçon
nique, il soit l'homme lige des so
ciétés secrètes; ce député obéira-1-
il. à sa conscience? Suivra-t-il ses
impulsions personnelles ? les con
seils de son bon sens ? Tel est le
réseau de groupements qui enserre
aujourd'hui le personnel des deux
Chambres que très peu de repré
sentants échappent du filet et gar
dent l'indépendance du. jugement.
Ils sont presque tous entraînés dans
le tourbillon des intérêts ou des
passions politiques qui se disputent
le pouvoir, courant à la recherche
des faveurs, ils y mettent pour prix
la liberté de leur conscience. -
Prenons pour exemple la loi sur
les associations. De quoi s'agit-il?
D'organiser la liberté d'association,
depuis trop longtemps bannie" de
France. Or, telle est la vitalité de
l'Eglise, l'activité immense des- œu
vres créées spontanément par elle
pour le bien de là société que, en
l'absence de toute loi réglemen
tant lé droit d'association, ell3 a
couvert la France d'un réseau, d'as
sociations plus admirables les unes
que les autres, ayant toutes leur
objet spécial, leur utilité particu
lière. Et c'est juste au moment où
le législateur délibère sur la liberté
à restituer aux simples particuliers
qu'il propose de retirer la même li
berté à l'Eglise depuis longtemps
en possession de son droit. La rai
son se révolte, la conscience se sou
lève, le corps légiférant seul pense
tranquillement que la chose est
bien faisable, et il se met à la faire.
Dans quelle atmosphère vivent
donc ces esprits pour se placer
ainsi en contradiction avec le bon
sens, avec le bon droit, avec la
conscience, avec le nombre immense
de citoyens français, de familles
françaises qui fournissent la sève
à ces instituts religieux ou qui vi
vent de leurs bienfaits? Certes,
cette atmosphère n'est pas l'atmos
phère nationale. C'est de dessous
terre, des antres ténébreux où s'ac
complissent les mystères de la franc-
maçonnerie, qu'est sorti le souffle
qui règne sur la majorité ministé
rielle. C'est un souffle de haine,
d'hostilité implacable contre l'E-
flise du Christ. D'autres passions,
autres intérêts non.moins inavoua
bles se sont ligués contre tout ce
qui pourrait' nous donner une
France chrétienne, capable de re
prendre sa figure d'autrefois.
Les promoteurs de cette insulte à
la liberté sentent si bien leur for
fait que, pour se blanchir aux yeux
des candides, ils ont osé dire qu'en
supprimant les congrégations reli
gieuses, ils donnaient satisfaction à
un vœu du clergé séculier. De cette
accusation abominable, les détrac
teurs. du clergé s'abstiennent, et
pour cause, d'ébaucher la plus pe
tite preuve. C'est la fourberie, c'est
l'outrage joints^ à l'audace et à
l'énormité'de l'attentat. Ils sont
trois cents, trois cent vingt qui
mettront leur vote dans l'urne.
Tous votes anonymes, irresponsa
bles. Personne dans trois mois ne
se rappellera leur nom. Seul, M.
Loubet mettra le sien au bas de la
loi, la'mort dans l'âme. Seul il en
endossera la : responsabilité à la
place de ceux dont, au fond du
cœur, il répudie la faute et blâme
le cynisme.
Supposez que l'initiative de la loi
revînt de droit au chef de l'Etat ou
qu'elle fût subordonnée à son agré
ment. Ce n'est pas l'homme qui a
prononcé le discours au banquet
des maires, le discours en Sor-
bonne en faveur des enfants tuber
culeux* qui eût conçu un tel projet,
qui en eût souhaité l'exécution. Du
poste éminent.où la Providence l'a
placé, envisageant les intérêts de la
nation, non à travers l'atmosphère
de haines et de préjugés qui enve
loppent les partis hostiles à l'E
glise, mais dans la sereine clarté
au bon sens de nos traditions sécu
laires, il eût retranché de ce projet
tout ce qui y a été mis avec l'inten
tion de nuire à la religion, de bles
ser les catholiques. Cependant, si
la loi est votée par les Chambres,
la signature de M. Loubet, qui en
doute? lui donnera force légale.
Le sort de ce chef constitutionnel
est peut-être envié. Il ne me semble
pas enviable.
Yves L àncêtre.
"BULLETIN
Malgré la Mi-Carême, la Chambre
siège aujourd'hui et continue la discus
sion du projet de loi sur les associa
tions.
Hier, au début de la séance du conseil
municipal de Paris, M. Dausset, le nou
veau président, a prononcé le discours
d'usage dont on trouvera plus loin des
extraits.
li ne semble pas que le nouveau mi
nistère italien puisse compter sur le
Parlement : il avait présenté des candi
dats aux diverses commissions, notam
ment à la commission du budget,et tous
ont échoué. Il semble dès aujourd'hui
certain que le cabinet Zanardelli ne
pourra pas faire adopter son programme
financier.
Le Reichsrath autrichien vient de ter
miner le vote de la loi sur le contingent
militaire.
Par suite de nombreuses grèves, la
situation en Catalogne n'est pas sans
présenter quelque gravité ; aussi l'on
prétend que M. Sagàsta songerait à ré
tablir V état de siège.
Les ministres étrangers à Pékin ont
■dressé une liste de 96 fonctionnaires
dont ils réclament le châtiment. Les
ministres né spécifient les châtiments
que pour les cinq ou six mandarins
impliqués dans les massacres de Chu-
Chan.
On annonce qu'un conflit très vif s'est
produit entre des agents anglais et des
agents russes à. propos du chemin de
ferdeTien-Tsin. .
Iffl DÉMENTI A I. ZEVAES
• Nous recevons de la supérieure
générale des sœurs de la Sagesse
la lettre suivante, qui répond aux
odieuses et .fantaisistes allégations
de M. Zévaès :
11 mars 1901.
A Monsieur le Rédacteur en chef du
journal l'Univers. »
Monsieur le Rédacteur en chef.
Dans un discours qu'il vient de pronon
cer à la Chambre des députés, M. Zévaès
ayant fait appel au témoignage des Filles
de la Sagesse, j'ai recours à votre obli
geance et vous prie de publier ma ré
ponse dans votre estimable journal.
Parlant du cardinal protecteur en
cours de Rome, M. Zévaès s'exprimait
ainsi (je cite YOfficiel) :
« Nous allons voir de quelle façon
s'exerce la protection de ces cardinaux.
Ce n'est pas-une protection gracieuse,
tant s'en faut. Demandez-le aux Petites-
Sœurs des Pauvres, demandee-le encore
à l'ordre des Filles de la Sagesse. Lais
sez-moi les concernant vous citer le fait
véritablement inouï que je tiens à signa
ler. En 1898, M. Vincent Vannutelli, car
dinal protecteur de l'ordre des Filles de
la Sagesse, ordre autorisé en vertu d'un
décret du 27 février 1811, et dont la mai
son mère est à Saint-Laurent-sur-Sèvre
en Vendée, écrit à une des maisons de
cet ordre; à celle de Nantes, et lui de
mande de lui faire expédier dans un dé
lai très bref Une somme très importante.
« Soit mesure d'économie, soit cédant
à tout autre conseil, la supérieure du
couvent de Nantes répond par un refus.
Que fait alors le cardinal Vannutelli ?
I< prvïid le train, traverse la France, se
rend à Nantes, se livré à une visite
minutieuse du couvent et à un compte
rigoureux de sa comptabilité ; si bien
que tout éplorées et comme terrorisées,
les soeurs lui remettent immédiatement
la somme réclamée. »
A cette affirmation de M. Zévaès,'je
donne un démenti formel et absolu.
1° S. Em. le cardinal Vincent Vannu
telli ne s'est jamais occupé de l'adminis
tration financière.de la congrégation des
Filles de la Sagesse.
2* Il n'a jamais écrit à aucune supé
rieure de Nantes.// ne s'est jamais arrêté
à Nantes.
3* Il n'a jamais demandé à aucune
soeur de la Sagesse, ni directement, ni
indirectenient, une somme quelconque
d'argent.
4* J'ajoute que Son Eminence n'a ja
mais reçu aucun honoraire de la part des
Filles de la Sagesse.
Telle est ma réponse à la question de
M. Zévaès. .
Je ne doute pas que sa loyauté ne lui
fasse un devoir de reconnaître dans son
premier discours à la Chambre qu'il a
été indignement trompé et qu'il ne veut
pas se faire le complice et le propaga
teur de cette répugnante calomnie.
Veuillez agréerl 'expreBsion du profond
respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,
monsieur le rédacteur en chef, votre
très humble servante,
Seeur M arie- P atricje, ...
•f. d. I. S.
supérieure générale.
LA LIBERTÉ D'ASSOCIATION
Hier a eu lieu, à l'Hôtel des sociétés
savantes, une réunion d'environ huit
cents représentants de diverses indus
tries auxquelles la suppression des con
grégations religieuses porterait un grave
préjudice.
M. Anatole Leroy-Beaulieu çui prési
dait la séance a déclaré que la loi en ce
moment en discussion à la Chambre était
a une loi de suicide national » et qu'elle
démontrerait, une fois de plus, a que rien
ne pouvait se fonder en France sur la
proscription et l'injustice ®.
. M. Frédéric Clément, avocat à la cour
d'appel, a dit, lui, qu'il fallait estimer au
moins à « trois cents millions » le déficit
sur le chiffre d'affaires générales qui se
rait le résultat immédiat du vote dé là
loi et que plus de i deux cent mille » ou
vriers et ouvrières se trouveraient, si la
loi était votée, privés de travail etréduits
à la misère.
L'assemblée a voté à l'unanimité un
ordre du jour adjurant la Chambre de ne
■pao TOtcr-:-ttnc "iui" qui Ajriill œuvre de
ruine nationale.
Des réunions analogues vont avoir
lieu dans les principales villes de France.
■ : ; » ——: —
LIïïEE DE S. EÏ. LE CAMML PEBBAUD
S. Em. le cardinal Perraud, évê-
que d'Autun, vient d'adresser au
clergé et aux fidèles de son diocèse
la lettre suivante prescrivant une
neuvainé de supplications solen
nelles : .
Prêtres et fidèles de mon cher dio
cèse,
Vous savez à quelles inquiétudes sont
en proie à cette heure les catholiques de
France. Nous nous voyons menacés, .non
seulement dans la sécurité, mais dans
l'existence d'un grand nombre d'institu
tions religieuses, pieuses, charitables,
qui nous aidaient à faire le bien dans
notre pays, et maintenaient à l'étranger
notre influence nationale.
Tandis que des hommes dévoués et
courageux luttent avec une admirable
énergie contre des projets dont la réali
sation serait un désastre pour la religion
et pour la patrie, nous avons le devoir de
seconder leurs efforts. Inspirons nous
des sentiments qui animaient le saint roi
Josàphat lorsqu'il se vit assailli par deux
nations païennes voisines de son royaume..
Après avoir invité son peuple à jeûnër et
à prier, il adressa lui-même à Dieu pu
bliquement cette humble et touchante
prière :
a Seigneur, Dieu de nos. pèrps, voilà
que les enfants de Moab et d'Ammon
veulent nous chasser des terres que vous
nous avez données. Nous nè sommés pas
assez forts pour résister à la multitude
qui est venue fondre sur nous ; et comme
nous ne savons même pas ce que nous
avons à faire, il ne nous reste qu'à tour
ner les yeux vers vous .et à implorer votre
secours (1). »
Nous aussi, implorons par la prière et
par la pénitence l'essistance du Très-
Haut. Le temps de carême et de jubilé
dans lequel nous sommes, nous donné à
ce double égard de particulières et pré
cieuses facilités. Sachons nous en servir
pour éloigner de nous l'orage qui gronde
sur nos têtes et pour obtenir de la bonté
de Dieu que la paix dans la justice règne
parmi nous.
Outre les épreuves générales aux
quelles nous devons prendre notre part
comme catholiques et comme Français,
n'avons nous pas tout près de nous de
spéciales et bien tristes raisons de solli
citer avec ferveur la divine miséricorde ?
Les troubles qui ont eu lieu depuis deux
mois à Chalon et à Montceau-les-Mines,
ces commencements de guerre civile
entre concitoyens et habitants des mê
mes cités, la désorganisation du travail,
la misère qui en est la conséquence dans
beaucoup de familles ouvrières, les dés
ordres de toute B»rte, économiques, so
ciaux, religieux, dont nous avons la dou
leur d'être les témoins : ne sont-ce pas
là pour nous autant de pressants mo
tifs qui nous provoquent à prier davan
tage ?
Je vous demande donc de vous associer
à une neuvaine de supplications que nous
mettrons sous le triple patronage du
Cœur de Jésus, de la sainte Vierge et de
saint Joseph, le protecteur de la sainte
famille.
Cette neuvaine commencera le diman
(1) II Par., xx, 11, 12.
che 17 mars, pour se terminer le lundi
25, en la fête de l'Annonciation.
Soit à l'issue de la messe, soit avant
une bénédiction du Très Saint-Sacre
ment que j'autorise pour chaque jour de
cette neuvaine, on récitera les litanies du
Sacré-Cœur, un Souvenez-vous, la prière
à saint Joseph composée par S. S. le
Pape Léon XIII et qui se dit pendant lé
mois dH saint Rosaire. On y joindra cette
pirière liturgique, tirée du Missel ro
main :
, « Seigneur, par l'intercession de la
■ bienheureuse Marie toujours vierge, dé
fendez de toute adversité cette famille
qui, de toutson cœur, se prosterne devant
vous, Soyez-lui propice et, dans votre
bonté, protégez-la contre les embûches
de ses ennemis, par Nôtre-Seigneur
Jésus-Christ. Ainsi soit-il: »
A chacun des exercices de cette neu
vaine, j'attache une indulgence de cent
jours.
i Pendant la neuvaine, l'oraisonDefende,
quœsumus, Domine (Miss. Orat. div.,
n* 8) sera dite par les prêtres dans la
célébration de la sainte messe et jointe à
l'oraison pour le Pape, excepté aux deux
fêtes de saint Joseph et de l'Annoncia
tion; qui sont du rite double de première
classe.
Je vous invite encore à faire aux
mêmes intentions une communion et un
chemin de croix, et uni de cœur à toutes
vos chrétiennes et patriotiques sollicitu
des, je me dis •
Votre très dévoué serviteur et père en
Notre-Seigneur,
■f- Adolphe-Louis-Albert
Card. P erraud,
Evêque d'Autun, Chalon etMâcon.
LE PROJET M LUI SES LES ASMMIOÏS
, Mgr l'évêqué de Bayonne vient
d'adresser au clergé de son diocèse
une lettre à l'occasion de la loi sur
les associations. 1
Nous en détachons ces passages :
La situation actuellè a de frappantes
analogies avec ce qu'elle était au com
mencement du XIX e siècle, quand Bona
parte, le futur empereur, signa le Con
cordat, en 1801, et l'inaugura en avril
1802. Les analogies ressortentde la ma
nière dont la question religieuse se pose,
des partis en.présènce et des conséquen
ces à craindre.
L'Assemblée nationale crut pouvoir
faire un acte solide et durable en "Se pas
sant de l'intervention du Souverain
Pontife. On sait ce qui en est advenu de
la fameuse Constitution civile du clergé,
décrétée obligatoire le 4 janvier 1791.
R.Î6IL -Iî-ft- ..■ «ru
vue religieux, que ce qui est sanctionné
par le chef de l'Eglise.
Il y avait alors les Jacobins haineux
qui voulaient la mort des prêtres et l'a
bolition de tout culte. Aujourd'hui on
abandonne la partie sanglante de ce laco
nique programme ; mais on ne se cache
pas de poursuivre la Seconde, et c'est ou
vertement qu'on affirme, en plein Parle
ment, viser l'Eglise dans les mesures en
discussion. C'est le 13 février 1790 que
l'Assemblée constituante-supprimait leb
ordres religieux et abolissait les vœux
monastiques, et le 17 mars de la même
année elle vendait les biens dù clergé ou
les mettait à la disposition de la nation.
Ces conséquences, dans la nature des
choses, sont fatales. La tentative du
schisme de l'assemblée n'aboutit qu'à des
tueries, des massacres et des assassinats.
Les mesures violentes se briseront tou
jours contre le courage et la fidélité des
consciences catholiques. :
Les mêmes maux doivent appeler, les
mêmes remèdes. Le Concordat de 1801
guérit, ou du moins adoucit, dans une
large mesure, les. maux dont la France
souffrait ; pourquoi ne pas songer à
adoucir ceux dont nous-souffrons, aussi
par un Concordat qui réglerait la situa
tion des religieux par rapport à l'Etat,
comme l'acte de 1801 régla la situation du
clergé séculier?
...Faut-il appeler ces négociations de
nos vœux? Nous répondons franchement
oui. Un acte qui légaliserait l'existence
des ordres religieux en France et régle
rait leurs rapports avec les pouvoirs pu
blics et le clergé séculier, ferait cesser
une guerre acharnée qui risque de tout
détruire, en poussantdansle même gouf
fre et les ordres religieux et le clergé sé
culier, comme il arriva à la première Ré
volution.
Il nous semble que dans ces conditions
les ordres religieux 8e rallieraient au
gouvernement qui les reconnaîtrait et les
protégerait.
L'Etat y aurait un évident profit. Il a
besoin du concours de ces ordres et à
l'intérieur et à l'extérieur.
... Ce n'est pas que nous admettions
que les ordres religieux aient été formel
lement exclus du Concordat de 1801. Ils
y étaient implicitement compris, puis
qu'ils font partie intégrante de l'Eglise
avec laquelle traitait le gouvernement
français ; et de fait, l'empereur recom
manda lui-même les Sulpiciens, les La
zaristes, les prêtres dès missions étran
gères, les Frères des écoles chrétiennes,
les Sœurs de Charité. C'est aussi prouvé
par la tolérance dont les ordres religieux
ont depuis joui en"France pour la multi-,
plicité des œuvres dont ils ont eu à s'oc
cuper et par la faveur avec laquelle le
clergé séculier les a toujours accueil
lis.:
Ce n'est pas non plus que nous leur
déniions le droit à la liberté, sous la sau
vegarde des lois, dont tous les autres ci
toyens ont "le bénéfice. Nous ne sommes
point.pour un régime d'exception,, mais
la situation étant ce qu'elle est, nous
nous demandons si le moyen auquel de
sages esprits ont songé et auquel nous
nous rallions, ne mettrait pas fin à la
crise aiguë dont nous avons tant à crain
dre.
Qu'on ne se méprenne pas sur notre
pensée. Nous ne demandons pas que les
religieux soient mis plus directement
qu'ils ne le sont sous l'autorité des évê-
qués : nous ne pouvons désirer là-dessus
que ce que veut le Souverain, Pontife ;
mais nous souhaitons vivernent que le
gouvernement se prête à une entente
avec le Saint-Siège, d'où viendrait un
apaisement bien nécessaire à tant d'im
périeux intérêts pour la religion, pour la
Bociété, pour la nation,
-i—: - —^ ; - - ■-
CORRESPONDANCE ROMAINE.
Rome,' 9 mars.
5 LE « B0I8EHT HISTORIQUÈ » EH ITALIE (•)
•Ce qui se caché derrière la fantasmagorie
> des mots. -— Les anciens partis et leurs
, agonie. — Comment la gauche' « histo
rique » a enfanté les partis extrêmes. —
Pour apprivoiser les masses. —Le mou
vement tournant de la maçonnerie uni-
■ verselle : son grand effort dans les pays
; latins.
L 'ascension du socialisme.
: L'arrogance triomphante de l'Ex
trême serait profondément ridicule
si l'on n'envisageait que le nombre
de ses représentants; elle, s'expli
que dès que l'on examine 1s carac
tère rapide de ses progrès. .
; Dans l'Italie septentrionale, lè 1
nombre de votants s'était augmenté
de 38,044 depuis l'élection précé- =
dente. Or, les partis coalisés d«
l'Extrême se sont renforcés de
71,337 suffrages.
Dans l'Italie centrale, le nombre
de votants s'était' accru de 15,863;
mais l'armée révolutionnaire s'est
grossie de 40,538 nouveaux élec
teurs.
L'Emilie-Romagne les a vus pas
ser de 37,133 à 52,894, soitune aug
mentation de 15,761 : il n'y a eu ce
pendant que 8,850 votants,en plus.En
Toscane, où le corps électoral avait
grossi de 4,622 votants seulement,
les partis extrêmes se sont enrichis
de 16,439 suffrages ils oiit vu leurs
troupes passer .de 20,086 à 36,525.
Dans le Latium, on signale une di
minution de 508 votants : on y re
marque, par contre l'acquisition nou- ;
velle de 2,318 voix par la coàlition
« subversive », de 5,025 voix que ces
partis àvaient obtenus en 1897, ils
passent à 7,343. :
C'est le Midi, ici encore, qui, en
.apparence, reste jusqu'aujourd'hui
le boulevard ' du gouvernement
établi. M. Goyau nous explique;
dans son beau livre : Lendemains
d'unité , les raisons psychologico-
oooiorlo-o urio-ino-"
narchie si récemment installée.
Mais il nous laisse entrevoir; eh
même temps, qu'il serait peut-être
imprudent de trop s'en reposer sur
le caractère semi-fàtàliste et " sur
les habitudes passivement obéis
santes des populations méridiona
les; et, de fait, si lés élections der-
.nieres ont été, dans les Pouilles,un
triomphe pour les candidats gou
vernementaux, l'on y a signalé, en
ces derniers temps, une agitation
dangereuse, causée par la misère
lamentable qui affame cette ré
gion.
iDu reste, certains indices quô
nous signalons plus loin, permet
traient de conclure qu'insensible a
l'agitation politiquè proprement
dité, l'Italie du sud est plus acces
sible à l'infiltration du socialisme.
Au total, le royaume d'Italie a
compté, en juin 1900* 60,921 élec
teurs en plus ; et l'alliance des par
tis extrêmes a conquis une aug
mentation de 119,888 suffrages. Or,
si la Li^urie, par exemple,leur as
surait déjà un progrès aë 107 28 0$
«n juin dernier, il ne faut pas per
dre de vue que la toute récente
élection du républicain Pellegrini
a : révélé une formidable aggrava
tion de ces résultats.
Mais ces trophées ne' se.' répartis- ■
sent pas également entre. le parti
radical ,• le parti républicain et le
parti socialiste. Lès chants de vic
toire ont retenti surtout "dans le
camp des socialistes, et il faut re
connaître que les promesses deve
nir sont de leur côté.
Ils n'arrivent cependant qu'en se
conde ligne; si l'on considère le
nombre de' leurs sièges à Monte-
Citorio.: les radicaux y sont 34 :
les socialistes 33, et l'es républi
cains 29 seulement. Mais d'abord,
le nombre de leurs : candidats, 167*
.témoigne, non seulement de leurs
ambitions frénétiques, mais aussi
de leur incompressible volonté de.
triompher..., c'est de plus un indic®
que les politiciens entrevoient déjà
le lever du soleil socialiste.
Surtout, si l'on compare leurs
positions à la Chambre avant les
élections à celles qu'ils y occupent
aujourd'hui, l'on constate qu'ils y
fjossèdent maintenant 33 sièges au
ieu de '17 : c'est un progrès de,
94 0|0 ; les républicains.- ont gagné -
32 0[0, et les radicaux 26 0[0 seule
ment. Ces gains des radicaux au
raient-ils même été aussi considé
rables, sans l'appoint des voix so
cialistes? On se prend à en douter,
quand on réfléchit sur l'orientation
générale des courants éleptoraux.
Arrêtons-nous une minute pour
mieux observer ce phénomène.,
Quelle est, dans l'Extrême tout
entière, l'importance respective de
chacun des trois groupes qui le
composent aujourd'hui? Les radi
caux y subissent un amoindrisse
ment progressif : de 42 0}0 en 1895,
ils descendent à 40 0$ en 1897, à
(*) Voir l'Univers du 11 mars.
Vendredi 15 Mars 1901
Edition quotidienne. — 12,077
Vendredi 15 Mar^SSSÈS^*^-
ÉSmOS QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
S® DÉPARTEMENTS (UNION POSTAL^
Un an 40 » 51 »
Six mois 21. » 26 60
Trois mois..... 11 » 14. »
■&es abonnements partent des 1 er , et 16 de chaque mois
Paris .......... 10 cent.
Départements.*.;." 15
UN NUMÉRO
ET
BUREAUX v! Paris, ne Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 3
LE MONDE
ÉBmOlf SEMI-QUOTEDXENSOi
l ' v t PARI3 ÉTRANGER
- 'm DÉPARTEMENTS (UNIOM POSTALE)
On an...20 » ,26 a
Six mois...... 10 » 18 »
Trois mois..... 5 » . ô S©
Les abonnements partent des 1 er et 16 de opaque mol*
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lut sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et C 1 *, 6, place de la Bourse
PARIS, 14 MARS 1901
JSOftE&l AIRES '
Législateurs anony- .
mes.. Y ves L ancêtre.
Correspondance ro
maine .***
Le roi Milan et la
question balkani
que. ....... 0. ;
Les conférences li
bres de l'Institut ;
catholique . . ... E douard A lexandre
Une œuvre d'édu
cation populaire. M. T.
Pour les petits..... E. A.
Bulletin.—<■ Un démenti à M. Zévaès. — La
liberté d'association. — Lettre de S. E ib .
le cardinal Perraud. — Le projet de loi
sur les associations. — Visite épiscopale.
— Le port de la soutane. — Informations
politiques et parlementaires. —- A l'Hô
tel de Ville.— L'affaire Déroulède-Buffet.
— Dans l'Extréme-Sud-Algérien. La
guerre du T'raasvaal.— En Ohine. — Dé- î
pêches de. l'étranger. — A travers la
presse. — Chronique.— Lettres, sciences
et arts. — Académie " des sciences. —
Echos de partout. — Les grèves. — En
province, — Nécrologie. — Guerre et ma
rine. — Tribunaux. — Collision de tram
ways. — Nouvelles diverses. — O&ien»
drter.— Bourse et bulletin financier. —
Dernière heure.
LÉGISLATEURS ANONYMES
Presque tous les Etats sont au
jourd'hui pourvus d'un mécanisme
fjerfectionné pour la confection des
ois. Le progrès dans l'art de la po
litique a précédé le progrès dans
l'art de la couture : la machine à lé
giférer est venue avant la machine
à coudre. L'une et l'autre -sont, je
crois, d'importation étrangère. Il y
a un peu plus de cent ans que nous
possédons, en France, la machine
a légiférer. Elle a subi, dans le
cours d'un siècle* plus d'une avarie
et quantité de réparations, retou
ches, modifications. Mais que de
lois elle a débitées'. Un penseur
songe en son gîte. Un parlement
parlemente. Dès l'instant que la
machine est montée en permanence,
elle ne demande qu'à aDattre de là
besogne. Refaire des lois, en créer
des nouvelles, les modifier, retou
cher, abroger, faire revivre, c'est
sa fonction et son plaisir. Qui pour
rait dire le nombre de lois élabo
rées sur la presse en ce siècle! Il
y a bien le passe-temps des minis
tères à démolir, du budget à passer
au crible. Le premier n e'it, le plus
souvent, qu'un changement de dé
cor à la faveur duquel l'assiette au
beurre passe en d'autres mains ; le
second fournit une excellente occa
sion de faire passer les lois et les
mesures les plus mauvaises.
Considérée en elle-même, la con
fection des lois par des corps élec
tifs a un «ôté séduisant et même
rationnel. C'est l'application du
principe que les Anglais appellent
le self-government, le gouverne'
cipe qui a inspire
jury dans le fonctionnement de la
justice : le peuple régi par ses re-
présentants comme l'accusé jugé
par ses pairs. Dans un Etat ' où le
suffrage universel est le principal
ressort et la souveraineté du peu
ple la base de l'édifice politique, il
va de soi que la confection des lois
appartienne au: peuple ou à ses
mandataires.
L'outil au moyen duquel les lois
sont faites importe peu. Ce qui im
porte, c'est que les lois soient jus
tes et bonnes. Il faut, pour cela,
qu'elles se rapprochent le plus pos
sible des principes immuables du
droit et de la justice, et qu'elles
procurent au peuple la paix et la
sécurité, non le trouble et l'insta
bilité. Où vivent ces principes im
muables du droit et de la justice ?
Dans la conscience des nommes
capables de les puiser à leur
source : dans la connaissance des
lois établies par Dieu, origine et
vengeur de tout droit. L'outil légis
latif moderne est-il dans les condi
tions désirables pour faire les meil
leures lois ? Il est bien évident que
la conception des lois ne peut pas
venir de la multitude, mais d'un
groupe d'hommes d'élite ayant du
droit et de la justice la notion la
plus étendue. Cette conception
sera même plus nette dans un seul
homme qu'en plusieurs, à la con
dition qu'il s'aide des lumières d'un
groupe de conseillers choisis, ayant
comme lui une connaissance exacte
du droit public et des besoins aux
quels il s'agit de pourvoir. Ce qui
revient à dire qu'une bonne loi ne
peut venir que d'une bonne cons
cience, d'une . cpnsciênce parfaite
ment éclairée et parfaitement droite.
Est-ce de cette source que procè
dent les lois confectionnées depuis
vingt ans?
Sans remonter à l'époque où. le
roi faisait la loi, appuyé d'un côté
sur son conseil, retenu de l'autre
par l'obligation de l'enregistrement
au Parlement, et où l'intérêt de la
dynastie autant que l'intérêt du
peuple lui dictait de donner les
meilleures lois, que voyons-nous
dans la première période de l'éla
boration des lois par deux Cham
bres? Un législateur donnant son
nom à la loi,élaborantpar lui-même
ou par son conseil la loi en projet,
la soumettant aux délibérations du
Parlement, se réservant la faculté
de retirer ou de promulguer la loi,
celle-ci ne devenant exécutoire
qu'après avoir été revêtue de sa
signature. La loi était censée éma
ner d'un législateur personnel, ayant
conscience de sa fonction, endos
sant la responsabilité d'un acte de
nature aussi grave.
En est-il de même depuis, que la
machine législative est du modèle
Wallon, déclarée perfectible, c'est-
à-dire brevetée et non garantie? Le
fabricateur constitutionnel a senti
la nécessité d'un législateur respon
sable. C'est pour cela qu'il a stipulé
en faveur du chef de l'Etat le droit
de veto. Quelle dérision ! Veto est
un nom trop décrié! Jamais prési
dent de République, pour peu avisé
qu'il soit,"ne voudra s'en affubler.
C'est d'avance et non après discus
sion et vote des deux Chambres
que le chef de l'Etat devrait décli
ner son veto. Après discussion, il
lui est absolument impossible de
tenter l'aventure. Les lois pour
émaner d'une conscience ou d'un
législateur responsable devraient
donc être réservées à l'initiative du
chef de l'Etat, ou, avec son agré
ment, à l'initiative de son conseil.
C'est vers cette réforme qu'évolue
la Constitution anglaise par l'in
fluence et l'initiative que tend à
prendre le conseil privé du roi.
Telles qu'elles sortent actuellement
de la machine à légiférer les lois
ont pour auteurs des législateurs
anonymes et irresponsables. La si
gnature du chef de l'Etat au bas de
ces pièces n'est que pour copie con
forme.
On dira que les députés sont res
ponsables de leurs votes devant
leurs électeurs. C'est assurément
quelque chose, mais c'est trop peu.
Souvent les électeurs ne sont pas à.
même de débrouiller le vice ni les
inconvénients d'une loi ; et lorsque
le député reparaît devant eux, ses
votes sont acquis, le mal est irré
médiable. Au surplus, l'électeur se
fie à son député. Il l'a choisi comme
plus éclairé que tout autre ; il de
mande non pas à le guider mais à
être guidé par lui, s'en rapportant
à ses lumières et à sa conscience.
La conscience 1 chose d'une gran
de élasticité en politique. Plût à
Dieu qu'un député fût dans des con
ditions favorables pour se guider
simplement à la lueur du bon sens !
Qu'arrive-t-il ? L'intérêt lui inspire
de donner son nom à un groupe,
celui qui réfléchit le mieux ses opi
nions personnelles. Ils sont rares
les indépendants qui ne prennent
conseil que d'eux-mêmes. Une fois
enrôlé dans un groupe, il en épouse
les doctrines, il en observe fidèle
ment la tactique. Il ne s'appartient
plus, il appartient à son groupé. Il
ne compte que pour un bulletin
blanc ou bleu, selon le mot d'ordre.
A-t-il reçu un mandat impératif ?
Peut-être non. En réalité, il l'exé
cute. Ses votes ne sont point spon
tanés. Admettez qu'il entre dans
un groupe obéissant au mot d'ordre
des loges, ou qu'à raison de son
élection due à l'estampille maçon
nique, il soit l'homme lige des so
ciétés secrètes; ce député obéira-1-
il. à sa conscience? Suivra-t-il ses
impulsions personnelles ? les con
seils de son bon sens ? Tel est le
réseau de groupements qui enserre
aujourd'hui le personnel des deux
Chambres que très peu de repré
sentants échappent du filet et gar
dent l'indépendance du. jugement.
Ils sont presque tous entraînés dans
le tourbillon des intérêts ou des
passions politiques qui se disputent
le pouvoir, courant à la recherche
des faveurs, ils y mettent pour prix
la liberté de leur conscience. -
Prenons pour exemple la loi sur
les associations. De quoi s'agit-il?
D'organiser la liberté d'association,
depuis trop longtemps bannie" de
France. Or, telle est la vitalité de
l'Eglise, l'activité immense des- œu
vres créées spontanément par elle
pour le bien de là société que, en
l'absence de toute loi réglemen
tant lé droit d'association, ell3 a
couvert la France d'un réseau, d'as
sociations plus admirables les unes
que les autres, ayant toutes leur
objet spécial, leur utilité particu
lière. Et c'est juste au moment où
le législateur délibère sur la liberté
à restituer aux simples particuliers
qu'il propose de retirer la même li
berté à l'Eglise depuis longtemps
en possession de son droit. La rai
son se révolte, la conscience se sou
lève, le corps légiférant seul pense
tranquillement que la chose est
bien faisable, et il se met à la faire.
Dans quelle atmosphère vivent
donc ces esprits pour se placer
ainsi en contradiction avec le bon
sens, avec le bon droit, avec la
conscience, avec le nombre immense
de citoyens français, de familles
françaises qui fournissent la sève
à ces instituts religieux ou qui vi
vent de leurs bienfaits? Certes,
cette atmosphère n'est pas l'atmos
phère nationale. C'est de dessous
terre, des antres ténébreux où s'ac
complissent les mystères de la franc-
maçonnerie, qu'est sorti le souffle
qui règne sur la majorité ministé
rielle. C'est un souffle de haine,
d'hostilité implacable contre l'E-
flise du Christ. D'autres passions,
autres intérêts non.moins inavoua
bles se sont ligués contre tout ce
qui pourrait' nous donner une
France chrétienne, capable de re
prendre sa figure d'autrefois.
Les promoteurs de cette insulte à
la liberté sentent si bien leur for
fait que, pour se blanchir aux yeux
des candides, ils ont osé dire qu'en
supprimant les congrégations reli
gieuses, ils donnaient satisfaction à
un vœu du clergé séculier. De cette
accusation abominable, les détrac
teurs. du clergé s'abstiennent, et
pour cause, d'ébaucher la plus pe
tite preuve. C'est la fourberie, c'est
l'outrage joints^ à l'audace et à
l'énormité'de l'attentat. Ils sont
trois cents, trois cent vingt qui
mettront leur vote dans l'urne.
Tous votes anonymes, irresponsa
bles. Personne dans trois mois ne
se rappellera leur nom. Seul, M.
Loubet mettra le sien au bas de la
loi, la'mort dans l'âme. Seul il en
endossera la : responsabilité à la
place de ceux dont, au fond du
cœur, il répudie la faute et blâme
le cynisme.
Supposez que l'initiative de la loi
revînt de droit au chef de l'Etat ou
qu'elle fût subordonnée à son agré
ment. Ce n'est pas l'homme qui a
prononcé le discours au banquet
des maires, le discours en Sor-
bonne en faveur des enfants tuber
culeux* qui eût conçu un tel projet,
qui en eût souhaité l'exécution. Du
poste éminent.où la Providence l'a
placé, envisageant les intérêts de la
nation, non à travers l'atmosphère
de haines et de préjugés qui enve
loppent les partis hostiles à l'E
glise, mais dans la sereine clarté
au bon sens de nos traditions sécu
laires, il eût retranché de ce projet
tout ce qui y a été mis avec l'inten
tion de nuire à la religion, de bles
ser les catholiques. Cependant, si
la loi est votée par les Chambres,
la signature de M. Loubet, qui en
doute? lui donnera force légale.
Le sort de ce chef constitutionnel
est peut-être envié. Il ne me semble
pas enviable.
Yves L àncêtre.
"BULLETIN
Malgré la Mi-Carême, la Chambre
siège aujourd'hui et continue la discus
sion du projet de loi sur les associa
tions.
Hier, au début de la séance du conseil
municipal de Paris, M. Dausset, le nou
veau président, a prononcé le discours
d'usage dont on trouvera plus loin des
extraits.
li ne semble pas que le nouveau mi
nistère italien puisse compter sur le
Parlement : il avait présenté des candi
dats aux diverses commissions, notam
ment à la commission du budget,et tous
ont échoué. Il semble dès aujourd'hui
certain que le cabinet Zanardelli ne
pourra pas faire adopter son programme
financier.
Le Reichsrath autrichien vient de ter
miner le vote de la loi sur le contingent
militaire.
Par suite de nombreuses grèves, la
situation en Catalogne n'est pas sans
présenter quelque gravité ; aussi l'on
prétend que M. Sagàsta songerait à ré
tablir V état de siège.
Les ministres étrangers à Pékin ont
■dressé une liste de 96 fonctionnaires
dont ils réclament le châtiment. Les
ministres né spécifient les châtiments
que pour les cinq ou six mandarins
impliqués dans les massacres de Chu-
Chan.
On annonce qu'un conflit très vif s'est
produit entre des agents anglais et des
agents russes à. propos du chemin de
ferdeTien-Tsin. .
Iffl DÉMENTI A I. ZEVAES
• Nous recevons de la supérieure
générale des sœurs de la Sagesse
la lettre suivante, qui répond aux
odieuses et .fantaisistes allégations
de M. Zévaès :
11 mars 1901.
A Monsieur le Rédacteur en chef du
journal l'Univers. »
Monsieur le Rédacteur en chef.
Dans un discours qu'il vient de pronon
cer à la Chambre des députés, M. Zévaès
ayant fait appel au témoignage des Filles
de la Sagesse, j'ai recours à votre obli
geance et vous prie de publier ma ré
ponse dans votre estimable journal.
Parlant du cardinal protecteur en
cours de Rome, M. Zévaès s'exprimait
ainsi (je cite YOfficiel) :
« Nous allons voir de quelle façon
s'exerce la protection de ces cardinaux.
Ce n'est pas-une protection gracieuse,
tant s'en faut. Demandez-le aux Petites-
Sœurs des Pauvres, demandee-le encore
à l'ordre des Filles de la Sagesse. Lais
sez-moi les concernant vous citer le fait
véritablement inouï que je tiens à signa
ler. En 1898, M. Vincent Vannutelli, car
dinal protecteur de l'ordre des Filles de
la Sagesse, ordre autorisé en vertu d'un
décret du 27 février 1811, et dont la mai
son mère est à Saint-Laurent-sur-Sèvre
en Vendée, écrit à une des maisons de
cet ordre; à celle de Nantes, et lui de
mande de lui faire expédier dans un dé
lai très bref Une somme très importante.
« Soit mesure d'économie, soit cédant
à tout autre conseil, la supérieure du
couvent de Nantes répond par un refus.
Que fait alors le cardinal Vannutelli ?
I< prvïid le train, traverse la France, se
rend à Nantes, se livré à une visite
minutieuse du couvent et à un compte
rigoureux de sa comptabilité ; si bien
que tout éplorées et comme terrorisées,
les soeurs lui remettent immédiatement
la somme réclamée. »
A cette affirmation de M. Zévaès,'je
donne un démenti formel et absolu.
1° S. Em. le cardinal Vincent Vannu
telli ne s'est jamais occupé de l'adminis
tration financière.de la congrégation des
Filles de la Sagesse.
2* Il n'a jamais écrit à aucune supé
rieure de Nantes.// ne s'est jamais arrêté
à Nantes.
3* Il n'a jamais demandé à aucune
soeur de la Sagesse, ni directement, ni
indirectenient, une somme quelconque
d'argent.
4* J'ajoute que Son Eminence n'a ja
mais reçu aucun honoraire de la part des
Filles de la Sagesse.
Telle est ma réponse à la question de
M. Zévaès. .
Je ne doute pas que sa loyauté ne lui
fasse un devoir de reconnaître dans son
premier discours à la Chambre qu'il a
été indignement trompé et qu'il ne veut
pas se faire le complice et le propaga
teur de cette répugnante calomnie.
Veuillez agréerl 'expreBsion du profond
respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,
monsieur le rédacteur en chef, votre
très humble servante,
Seeur M arie- P atricje, ...
•f. d. I. S.
supérieure générale.
LA LIBERTÉ D'ASSOCIATION
Hier a eu lieu, à l'Hôtel des sociétés
savantes, une réunion d'environ huit
cents représentants de diverses indus
tries auxquelles la suppression des con
grégations religieuses porterait un grave
préjudice.
M. Anatole Leroy-Beaulieu çui prési
dait la séance a déclaré que la loi en ce
moment en discussion à la Chambre était
a une loi de suicide national » et qu'elle
démontrerait, une fois de plus, a que rien
ne pouvait se fonder en France sur la
proscription et l'injustice ®.
. M. Frédéric Clément, avocat à la cour
d'appel, a dit, lui, qu'il fallait estimer au
moins à « trois cents millions » le déficit
sur le chiffre d'affaires générales qui se
rait le résultat immédiat du vote dé là
loi et que plus de i deux cent mille » ou
vriers et ouvrières se trouveraient, si la
loi était votée, privés de travail etréduits
à la misère.
L'assemblée a voté à l'unanimité un
ordre du jour adjurant la Chambre de ne
■pao TOtcr-:-ttnc "iui" qui Ajriill œuvre de
ruine nationale.
Des réunions analogues vont avoir
lieu dans les principales villes de France.
■ : ; » ——: —
LIïïEE DE S. EÏ. LE CAMML PEBBAUD
S. Em. le cardinal Perraud, évê-
que d'Autun, vient d'adresser au
clergé et aux fidèles de son diocèse
la lettre suivante prescrivant une
neuvainé de supplications solen
nelles : .
Prêtres et fidèles de mon cher dio
cèse,
Vous savez à quelles inquiétudes sont
en proie à cette heure les catholiques de
France. Nous nous voyons menacés, .non
seulement dans la sécurité, mais dans
l'existence d'un grand nombre d'institu
tions religieuses, pieuses, charitables,
qui nous aidaient à faire le bien dans
notre pays, et maintenaient à l'étranger
notre influence nationale.
Tandis que des hommes dévoués et
courageux luttent avec une admirable
énergie contre des projets dont la réali
sation serait un désastre pour la religion
et pour la patrie, nous avons le devoir de
seconder leurs efforts. Inspirons nous
des sentiments qui animaient le saint roi
Josàphat lorsqu'il se vit assailli par deux
nations païennes voisines de son royaume..
Après avoir invité son peuple à jeûnër et
à prier, il adressa lui-même à Dieu pu
bliquement cette humble et touchante
prière :
a Seigneur, Dieu de nos. pèrps, voilà
que les enfants de Moab et d'Ammon
veulent nous chasser des terres que vous
nous avez données. Nous nè sommés pas
assez forts pour résister à la multitude
qui est venue fondre sur nous ; et comme
nous ne savons même pas ce que nous
avons à faire, il ne nous reste qu'à tour
ner les yeux vers vous .et à implorer votre
secours (1). »
Nous aussi, implorons par la prière et
par la pénitence l'essistance du Très-
Haut. Le temps de carême et de jubilé
dans lequel nous sommes, nous donné à
ce double égard de particulières et pré
cieuses facilités. Sachons nous en servir
pour éloigner de nous l'orage qui gronde
sur nos têtes et pour obtenir de la bonté
de Dieu que la paix dans la justice règne
parmi nous.
Outre les épreuves générales aux
quelles nous devons prendre notre part
comme catholiques et comme Français,
n'avons nous pas tout près de nous de
spéciales et bien tristes raisons de solli
citer avec ferveur la divine miséricorde ?
Les troubles qui ont eu lieu depuis deux
mois à Chalon et à Montceau-les-Mines,
ces commencements de guerre civile
entre concitoyens et habitants des mê
mes cités, la désorganisation du travail,
la misère qui en est la conséquence dans
beaucoup de familles ouvrières, les dés
ordres de toute B»rte, économiques, so
ciaux, religieux, dont nous avons la dou
leur d'être les témoins : ne sont-ce pas
là pour nous autant de pressants mo
tifs qui nous provoquent à prier davan
tage ?
Je vous demande donc de vous associer
à une neuvaine de supplications que nous
mettrons sous le triple patronage du
Cœur de Jésus, de la sainte Vierge et de
saint Joseph, le protecteur de la sainte
famille.
Cette neuvaine commencera le diman
(1) II Par., xx, 11, 12.
che 17 mars, pour se terminer le lundi
25, en la fête de l'Annonciation.
Soit à l'issue de la messe, soit avant
une bénédiction du Très Saint-Sacre
ment que j'autorise pour chaque jour de
cette neuvaine, on récitera les litanies du
Sacré-Cœur, un Souvenez-vous, la prière
à saint Joseph composée par S. S. le
Pape Léon XIII et qui se dit pendant lé
mois dH saint Rosaire. On y joindra cette
pirière liturgique, tirée du Missel ro
main :
, « Seigneur, par l'intercession de la
■ bienheureuse Marie toujours vierge, dé
fendez de toute adversité cette famille
qui, de toutson cœur, se prosterne devant
vous, Soyez-lui propice et, dans votre
bonté, protégez-la contre les embûches
de ses ennemis, par Nôtre-Seigneur
Jésus-Christ. Ainsi soit-il: »
A chacun des exercices de cette neu
vaine, j'attache une indulgence de cent
jours.
i Pendant la neuvaine, l'oraisonDefende,
quœsumus, Domine (Miss. Orat. div.,
n* 8) sera dite par les prêtres dans la
célébration de la sainte messe et jointe à
l'oraison pour le Pape, excepté aux deux
fêtes de saint Joseph et de l'Annoncia
tion; qui sont du rite double de première
classe.
Je vous invite encore à faire aux
mêmes intentions une communion et un
chemin de croix, et uni de cœur à toutes
vos chrétiennes et patriotiques sollicitu
des, je me dis •
Votre très dévoué serviteur et père en
Notre-Seigneur,
■f- Adolphe-Louis-Albert
Card. P erraud,
Evêque d'Autun, Chalon etMâcon.
LE PROJET M LUI SES LES ASMMIOÏS
, Mgr l'évêqué de Bayonne vient
d'adresser au clergé de son diocèse
une lettre à l'occasion de la loi sur
les associations. 1
Nous en détachons ces passages :
La situation actuellè a de frappantes
analogies avec ce qu'elle était au com
mencement du XIX e siècle, quand Bona
parte, le futur empereur, signa le Con
cordat, en 1801, et l'inaugura en avril
1802. Les analogies ressortentde la ma
nière dont la question religieuse se pose,
des partis en.présènce et des conséquen
ces à craindre.
L'Assemblée nationale crut pouvoir
faire un acte solide et durable en "Se pas
sant de l'intervention du Souverain
Pontife. On sait ce qui en est advenu de
la fameuse Constitution civile du clergé,
décrétée obligatoire le 4 janvier 1791.
R.Î6IL -Iî-ft- ..■ «ru
vue religieux, que ce qui est sanctionné
par le chef de l'Eglise.
Il y avait alors les Jacobins haineux
qui voulaient la mort des prêtres et l'a
bolition de tout culte. Aujourd'hui on
abandonne la partie sanglante de ce laco
nique programme ; mais on ne se cache
pas de poursuivre la Seconde, et c'est ou
vertement qu'on affirme, en plein Parle
ment, viser l'Eglise dans les mesures en
discussion. C'est le 13 février 1790 que
l'Assemblée constituante-supprimait leb
ordres religieux et abolissait les vœux
monastiques, et le 17 mars de la même
année elle vendait les biens dù clergé ou
les mettait à la disposition de la nation.
Ces conséquences, dans la nature des
choses, sont fatales. La tentative du
schisme de l'assemblée n'aboutit qu'à des
tueries, des massacres et des assassinats.
Les mesures violentes se briseront tou
jours contre le courage et la fidélité des
consciences catholiques. :
Les mêmes maux doivent appeler, les
mêmes remèdes. Le Concordat de 1801
guérit, ou du moins adoucit, dans une
large mesure, les. maux dont la France
souffrait ; pourquoi ne pas songer à
adoucir ceux dont nous-souffrons, aussi
par un Concordat qui réglerait la situa
tion des religieux par rapport à l'Etat,
comme l'acte de 1801 régla la situation du
clergé séculier?
...Faut-il appeler ces négociations de
nos vœux? Nous répondons franchement
oui. Un acte qui légaliserait l'existence
des ordres religieux en France et régle
rait leurs rapports avec les pouvoirs pu
blics et le clergé séculier, ferait cesser
une guerre acharnée qui risque de tout
détruire, en poussantdansle même gouf
fre et les ordres religieux et le clergé sé
culier, comme il arriva à la première Ré
volution.
Il nous semble que dans ces conditions
les ordres religieux 8e rallieraient au
gouvernement qui les reconnaîtrait et les
protégerait.
L'Etat y aurait un évident profit. Il a
besoin du concours de ces ordres et à
l'intérieur et à l'extérieur.
... Ce n'est pas que nous admettions
que les ordres religieux aient été formel
lement exclus du Concordat de 1801. Ils
y étaient implicitement compris, puis
qu'ils font partie intégrante de l'Eglise
avec laquelle traitait le gouvernement
français ; et de fait, l'empereur recom
manda lui-même les Sulpiciens, les La
zaristes, les prêtres dès missions étran
gères, les Frères des écoles chrétiennes,
les Sœurs de Charité. C'est aussi prouvé
par la tolérance dont les ordres religieux
ont depuis joui en"France pour la multi-,
plicité des œuvres dont ils ont eu à s'oc
cuper et par la faveur avec laquelle le
clergé séculier les a toujours accueil
lis.:
Ce n'est pas non plus que nous leur
déniions le droit à la liberté, sous la sau
vegarde des lois, dont tous les autres ci
toyens ont "le bénéfice. Nous ne sommes
point.pour un régime d'exception,, mais
la situation étant ce qu'elle est, nous
nous demandons si le moyen auquel de
sages esprits ont songé et auquel nous
nous rallions, ne mettrait pas fin à la
crise aiguë dont nous avons tant à crain
dre.
Qu'on ne se méprenne pas sur notre
pensée. Nous ne demandons pas que les
religieux soient mis plus directement
qu'ils ne le sont sous l'autorité des évê-
qués : nous ne pouvons désirer là-dessus
que ce que veut le Souverain, Pontife ;
mais nous souhaitons vivernent que le
gouvernement se prête à une entente
avec le Saint-Siège, d'où viendrait un
apaisement bien nécessaire à tant d'im
périeux intérêts pour la religion, pour la
Bociété, pour la nation,
-i—: - —^ ; - - ■-
CORRESPONDANCE ROMAINE.
Rome,' 9 mars.
5 LE « B0I8EHT HISTORIQUÈ » EH ITALIE (•)
•Ce qui se caché derrière la fantasmagorie
> des mots. -— Les anciens partis et leurs
, agonie. — Comment la gauche' « histo
rique » a enfanté les partis extrêmes. —
Pour apprivoiser les masses. —Le mou
vement tournant de la maçonnerie uni-
■ verselle : son grand effort dans les pays
; latins.
L 'ascension du socialisme.
: L'arrogance triomphante de l'Ex
trême serait profondément ridicule
si l'on n'envisageait que le nombre
de ses représentants; elle, s'expli
que dès que l'on examine 1s carac
tère rapide de ses progrès. .
; Dans l'Italie septentrionale, lè 1
nombre de votants s'était augmenté
de 38,044 depuis l'élection précé- =
dente. Or, les partis coalisés d«
l'Extrême se sont renforcés de
71,337 suffrages.
Dans l'Italie centrale, le nombre
de votants s'était' accru de 15,863;
mais l'armée révolutionnaire s'est
grossie de 40,538 nouveaux élec
teurs.
L'Emilie-Romagne les a vus pas
ser de 37,133 à 52,894, soitune aug
mentation de 15,761 : il n'y a eu ce
pendant que 8,850 votants,en plus.En
Toscane, où le corps électoral avait
grossi de 4,622 votants seulement,
les partis extrêmes se sont enrichis
de 16,439 suffrages ils oiit vu leurs
troupes passer .de 20,086 à 36,525.
Dans le Latium, on signale une di
minution de 508 votants : on y re
marque, par contre l'acquisition nou- ;
velle de 2,318 voix par la coàlition
« subversive », de 5,025 voix que ces
partis àvaient obtenus en 1897, ils
passent à 7,343. :
C'est le Midi, ici encore, qui, en
.apparence, reste jusqu'aujourd'hui
le boulevard ' du gouvernement
établi. M. Goyau nous explique;
dans son beau livre : Lendemains
d'unité , les raisons psychologico-
oooiorlo-o urio-ino-"
narchie si récemment installée.
Mais il nous laisse entrevoir; eh
même temps, qu'il serait peut-être
imprudent de trop s'en reposer sur
le caractère semi-fàtàliste et " sur
les habitudes passivement obéis
santes des populations méridiona
les; et, de fait, si lés élections der-
.nieres ont été, dans les Pouilles,un
triomphe pour les candidats gou
vernementaux, l'on y a signalé, en
ces derniers temps, une agitation
dangereuse, causée par la misère
lamentable qui affame cette ré
gion.
iDu reste, certains indices quô
nous signalons plus loin, permet
traient de conclure qu'insensible a
l'agitation politiquè proprement
dité, l'Italie du sud est plus acces
sible à l'infiltration du socialisme.
Au total, le royaume d'Italie a
compté, en juin 1900* 60,921 élec
teurs en plus ; et l'alliance des par
tis extrêmes a conquis une aug
mentation de 119,888 suffrages. Or,
si la Li^urie, par exemple,leur as
surait déjà un progrès aë 107 28 0$
«n juin dernier, il ne faut pas per
dre de vue que la toute récente
élection du républicain Pellegrini
a : révélé une formidable aggrava
tion de ces résultats.
Mais ces trophées ne' se.' répartis- ■
sent pas également entre. le parti
radical ,• le parti républicain et le
parti socialiste. Lès chants de vic
toire ont retenti surtout "dans le
camp des socialistes, et il faut re
connaître que les promesses deve
nir sont de leur côté.
Ils n'arrivent cependant qu'en se
conde ligne; si l'on considère le
nombre de' leurs sièges à Monte-
Citorio.: les radicaux y sont 34 :
les socialistes 33, et l'es républi
cains 29 seulement. Mais d'abord,
le nombre de leurs : candidats, 167*
.témoigne, non seulement de leurs
ambitions frénétiques, mais aussi
de leur incompressible volonté de.
triompher..., c'est de plus un indic®
que les politiciens entrevoient déjà
le lever du soleil socialiste.
Surtout, si l'on compare leurs
positions à la Chambre avant les
élections à celles qu'ils y occupent
aujourd'hui, l'on constate qu'ils y
fjossèdent maintenant 33 sièges au
ieu de '17 : c'est un progrès de,
94 0|0 ; les républicains.- ont gagné -
32 0[0, et les radicaux 26 0[0 seule
ment. Ces gains des radicaux au
raient-ils même été aussi considé
rables, sans l'appoint des voix so
cialistes? On se prend à en douter,
quand on réfléchit sur l'orientation
générale des courants éleptoraux.
Arrêtons-nous une minute pour
mieux observer ce phénomène.,
Quelle est, dans l'Extrême tout
entière, l'importance respective de
chacun des trois groupes qui le
composent aujourd'hui? Les radi
caux y subissent un amoindrisse
ment progressif : de 42 0}0 en 1895,
ils descendent à 40 0$ en 1897, à
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