Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-02-23
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 février 1901 23 février 1901
Description : 1901/02/23 (Numéro 12057). 1901/02/23 (Numéro 12057).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7106499
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
s:
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u IV4WUJ
J
Samedi 23 Février 1901
Edition quotidienne. —- 12,05?
Samedi 23 Février 1ÔÔ1
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
et départements :
Un an......... 40 »
Six mois...... 21 »
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LE MONDE
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés.
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 8, place de la Boursô ,
Chaque demande de changement
d 'adresse doit être accompagnée de
50 centimes en timbres-poste»
PARIS, 22 FÉVRIER 1901
« Enlevez les
Sœurs!... Pierre Veuuao*.
La guerre sud-afri
caine... F. L.
A la Chambre .,... /Gabriel de Triors,
Au Sénat........... J. M antenay.
Correspondance ro
maine ***
3uiietu. — Nouvenes de Borne. — L'af
faire de Laval. — La loi sur les associa
tions et les conséquences économiques.
— Mœurs politiques. — La lettre de S. S.
Léon XIII et l'épiscopat.— M. Loubetà
la Sorboune. — Informations politiques
et parlementaires. — Un prêtre condam
né. — Justice-Egalité. — En Espagne. —
En Angleterre. — La guerre du Trane-
v&ai — En Chine. — Dépêches de. l'é
tranger. — Chronlgue. — Lettres, scien
ces et arts. — Échos de partout. — Les
grèves. — Lès paroissiens de Saint-Roch
. à Montmartre. — Chronique religieuse.
'•*!. Ea province. —: La loterie de la « Mie
de pain — Nécrologie. — Tribunaux.
— L'attentat contre M. E Deschanel. — Le
froid. Nouvelles diverses. ■?— Gafcn-
; <£mr. — > Bourse et bulletin financier. —
Dernière heure.
" ESLEfflZ LES SffiliRS !... "
M. Loubet a présidé, hier, ras
semblée générale de l'Œuvre des
enfants tuberculeux.il avait tenu à
Êrendre la parole, et a prononcé un
eau discours, où nous devons sh .
gnaler pourtant une : grave lacune.
A quelle souroe puise-t-on l'inspi*
ration et la persévérance du dé
vouement qui fait les Soeurs Can
dide, et crée des établissements
comme ceux d'Ormesson? M. Lou-
bet ne l'a pas dit, si ce n'est, peut-
être, par voie d'allusion très rapide
et très vague. Cependant, il le sait
bien.
Incomplet, le discours de M. le
président de la République mérite
néanmoins des applaudissements
chaleureux. Ils ne lui ont pas été
ménagés, du reste, et l'ovation a
pris le caractère de l'enthousiasme
quand on a vu le chef de l'Etat
montrer, sur la poitrine de Soeur
Candide, toute confuse, la croix de
la Légion d'honneur que le gouver
nement vient de lui décerner.
Un assistant, un seul, n'a pas
trouvé de son goût cet acte de jus
tice. Quelques instants plus tard,
tandis que M. le docteur Léon Pe
tit parlait à son tour, un cri a re
tenti dans une tribune ; « Enlevez
les Sœurs!... » Protestation ar
dente et générale* ovation nouvelle
- et vibrante à la religieuse décorée,
prompte expulsion du malotru. .
Il n'aura pas même la consolation
de recevoir les compliments des
journaux sectaires. Ainsi, l'un des
plus forcenés, le Radica.1, fait. ee
matin* entre deux articles contre
les moines, l'éloge de Sœur Can
dide. Il loue son dévouement* sa
modestie, son abnégation* et ap
plaudit à la distinction dont elle est
l'objet. De l'interrupteur, pas un
mot. Le Radical préfère passer l'in
cident so as silence.
Non point, sans doute, qu'il trou
ve mauvais au .fond ce cri : « Enle^-
vez les Sœurs !... » Mais il com
prend que presque tous ses lecteurs
en seraient choqués, révoltés mê
me, et pourraient faire à ce propos
de fâcheuses réflexions. Attaquer
les religieuses en bloc, fort bien : le
jeu n'offre pas trop dé péril et la
tactique est bonne. Le Radical ne
s'en prive pas. Les attaquer en dé
tail, à propos notamment de la
Sœur Candide: non! Dans le peu
ple, on admire la Sœur Candide et
son œuvre. Le Radical, prudent, ne
leur refuse donc pas ses louanges.
Les sectaires eux-mêmes savent, au
besoin, sacrifier leur haine à leurs
intérêts.
Le. malencontreux interrupteur
ne s'est point rendu compte cfe ces
nécessités. On lui inflige un désa
veu sous forme de silence. Le si
lence est le blâme des amis.
Hé bien, puisque ceux qui de
vraient le soutenir l'abandonnent,
nous défendrons d'une certaine ma
nière cet anonyme. Il a pour lui la
logique, après tout.
C'est un ministériel, évidemment,
et un lecteur du Radical ou des feuil
les de la même nuance. Tous les
jours, on lui dit que les membres
des congrégations, hommes et fem
mes, sont d'odieux accapareurs, de
vils exploiteurs. Couvents et mo
nastères sont une honte et un dan
ger pour notre pays. Là s'entas
sent induement dfes richesses, dont
la répartition assurerait au peuple
travailleur l'aisance et la sécurité.
Là se trament sans relâche des
complots pour nous ramener aux
servitudes, aux horreurs et aux fa
mines du moyen âge. Il faut dé
truire ces repaires, disperser leurs
habitants, saisir et distribuer leurs
trésors.
Voila ce qu'a lu et entendu, cons
tamment répété, l'interrupteur ano
nyme ; il sait, en outre, que le ca
binet de Défense républicaine a pré
senté un projet de loi pour sauver
l'Etat mis en péril par les congré
gations.' Il en croit ses journaux, il
en croit son mini&tère. Et quand,
pénétré des sentiments que la
presse et nos maîtres lui ont incul
qués, il a vu*cette cornette, spon
tanément il a jeté soa cri.
Qui est dans la logique? Est-ce
le gouvernement qui décore un Jé
suite en Chine, une Sœur Candide
en France, — deux membres de
congrégations non reconnues, s'il
vous plait !—tandis qu'il poursuit la
ruine des maisons religieuses, les
enseignantes aujourd'hui, les hos
pitalières demain ? N'est-ce pas
plutôt cet homme, à qui l'on a per-
sévéramment enseigné la crainte et
lahaine des Sœurs aussi bien que
des moines, et qui demande qu on
les ôte de sa.vue ?
Oui, cet interrupteur est un logi
cien. Tout ce que nous pouvons ac
corder, c'est qu'il a manqué abso
lument d'à-propos. Les sectaires
ne le lui pardonneront pas. Soyons
plus indulgents, car son cri provo
que une explosion de sentiments qui
servent notre cause. .
Pierre Veuîllot.
— > r- ♦
'BULLETIN
La: Chambre a repris hier la discus
sion du budget, retour du Sénat, et voté
à nouveau l'amendement Narbonne
accordant aux soldats une ration quotir
dienne de vin, cidre ou bière..
Le Sénat s'est occupé hier du proje .
de loi concernant l'outillage des ports.
M. d'Estournelles,député de la Sarihe.
vient de prévenir le ministre des a ffai
res étrangères qu'il compte lui poser
une question au sujet de l'expédition
préparée en Chine par les puissances.
Hier, à la Sorbonne, M. Loubet a pré
sidé l'assemblée générale de l'œuvre des
enfants tuberculeux. Dans son discours,
le président de la République a fait un
éloge chaleureux et très applaudi de la
Sœur Candide, supérieure de l'hôpital
d'Ormesson. .
On annonce de Madrid que l'état de
siège sera probablement levé demain ou
au commencement de la semaine pro-
chaîne. On considère aussi comme pro
bable que le général Azcarragà conti-
nuera à garder la présidence du con
seil.
Le Times publie — ef nous le repro
duisons plus loin — le texte de l'accord
russo-chinois relatif à la. province de
Feng-Tien, la plus importante des trois
provinces dont se compose la Mand-
chourie.
NOUVELLES DE ROME
19 février.
La politique.
Le nouveau ministère semble avoir
abandonné l'idée de convoquer la Cham
bre pour y présenter un programme quel
conque. On assure en effet que la Cham
bre ne sera convoquée que dans la pre
mière moitié du mois de mars.
Le Corriere : délia Sera de Milan dit à
ce propos : : « On ne nous aurait pas
accusé d'indiscrétion si nous avions de
mandé à M. Giolitti et à M. Prinetti le
développement de leurs idées dans les
questions pour lesquelles ils disaient
avoir un remède prompt et pratique.
« A présent on vient (nous dire que le
ministère a besoin .de prendre son
temps !
a C'est une preuve évidente que le mi
nistère ne sait pas ce qu'il doit faire ni
'aujourd'hui ni demain. »
En province. •
; Une très grave question s'agite à Milan
à cause de l'abolition des prières dans
les écoles communales. Cent mille ci
toyens avaient présenté, une protestation
contre cette décision de l'administration
de Milan ; on demandait que le conseil
communal modifiât la décision de M. de
Cristoffori (a ssessore de l'instruction pu
blique).
Les socialistes, qui sé trouvent à là
tête du mouvement anticlérical milanais,
ont de suite rassemblé un meeting, au
quel des démocrates chrétiens voulu
rent assister. L'intolérance des socialis
tes fut énorme et lés démocrates chré
tiens durent renoncer, à la parole. Ce
pendant un prêtre réussit à confondre les
deux orateurs Turati et de Andreis à
propos de Galilée et de ses croyances re
ligieuses. L'impression à Milan et en
Italie est immense; mais le bruit de
quelques centaines de socialistes s'im
posera à la volonté de cent mille bons
citoyens.
U GUERRE SUD-ÂFRICÂiHE
Les nouvelles de la guerre sud-
africaine sont rares, depuis quel
ques jours ; il est peut-être permis
d'en conclure"que le train des cho
ses là-bas n'est guère favorable aux
Anglais. Plusieurs faits plus ou
moins notables semblent l'indiquer:
l'arrestation et la prise d'un convoi
entre Johannesburg et Prétoria sont
particulièrement significatives ; à
cela peut s'ajouter l'ignorance où
le War Office parait être du, sort dé
plusieurs colonnes anglaises, etc..
Mais le plus important de tous
ces faits, c'est qu'après- nous avoir
annoncé l'autre jour, pour la dixiè
me fois, au moins* l'imminente et
l'inévitable capture du général De
Wet, les dépêches britanniques
sont maintenant forcées, de con
fesser que l'intrépide chef leur a
de nouveau échappé, et qu'ayant
poussé vers l'ouest, il se trouve
pour lg moment hors d'atteinte 1
Par conséquent son mouvement
vers le sud et son entrée dans la
colonie du Cap ont complètement
réussi. Quant à la région précise où
De Wet opère actuellement les in
formations varient : on a d'abord dit
qu'il se dirigeait sur Prieska, ville
située sur la rive méridionale de
l'Orange à environ 130 kilomètres à
l'ouest d'Hopetown et du chemin de
fer du Cap à Kimberley, Mafe-
king etc. Puis à présent on pré
tend au contraire que, remontant
vers le nord, il est parvenu jusqu'au
confluent du Vaal et de l'Orange.
La marche sur Prieska nous pa
raîtrait plus probable ; elle indique
rait chez De Wet l'intention de rap
procher son action militaire, autant
que possible, des districts voisins
de la ville du Cap^ tout en la main
tenant dans des régions accidentées,
d'un accès et d'un parcours diffi
ciles pour les forces anglaises, en
raissn de la rareté des routes et de
l'absence de voies ferrées, ce qui
les rend propices à la guerre de
partisans, et où déjà la population
afrikander s'est montrée disposée
à s'associer à l'héroïque résistance
et aux audacieuses entreprises des
Boers.
F. L.
A LÀ CHAMBRE
Le budget de 1901.
Onsaitque le Sénata modifié sur
quelques points le projet de budget
voté par la Chambre ; la commis
sion du budget accepte la plupart
des réductions et des majorations
décidées au Luxembourg ; elle a dû,
en définitive, s'employer à combler
un déficit d'environ 700,000 francs.
Dès hier, l'équilibre péniblement
retrouvé a été bouleversé, et l'on
peut prévoir un conflit entre les
deux assemblées.
Il a fallu d'abord réclamer des
explications du ministre des finan
ces sur l'application de la nouvelle
loi sur les boissons, promulguée
depuis quelques semaines seule
ment, et qui donne lieu déjà à de
nombreux abus.
Le Parlement a entendu abolir
l'exercice, et M. Julien Goujon nous
apprend que la régie perçoit, mal
gré de légitimes réclamations,' des
droits illégaux sur les cidres, et
prétend frapper la totalité des bois
sons trouvées ehez le débitant,
même celles qui ne sont pas desti
nées à la vente.
De son côté, M. Louis Ricard si
gnalait un certain nombre de débi
tants qui, ayant fait entrer des
pommes en décembre et payé les
droits, n'ont pu obtenir le rembour
sement de la différence provenant
de la réduction portée dans la loi
de 1900, mais se voient en outre ré
clamer une taxe de 80 centimes s.ur
le cidre fabriqué avec ces pommes!
L'abus, ici et là, n'est que trop
réel : le ministre a reconnu les torts
de son administration, et plaidé
pour elle les circonstances atté
nuantes. Espérons qu'à l'avenir les
agents du fisc seront accoutumés à
ce que M. Caillaux appelait changement si considérable dans
la perception des droits ».
Pour en finir avec les conséquen
ces de la réforme des boissons, M.
Georges Berry aurait bien voulu
savoir si la taxe foncière, consentie
à la Ville de Paris en remplacement
des droits sur les boissons hygié
niques, sera supportée par les pro
priétaires d'immeubles ou par leurs
locataires. Ici, le ministre s'est ré
cusé, laissant aux tribunaux le soin
de résoudre le problème.
Il eût certainement été plus sage
que le législateur se prononçât ex
pressément, dût la basoche y per
dre quelques lucratifs procès.
Une chaude bataille s'est enfin li
vrée sur un amendement de M. Nar
bonne, déjà voté par la Chambre et
tendant à distribuer aux soldats une
quotidienne ration de vin. '
Le Sénat a refusé de se laisser
attendrir; il a impitoyablement biffé
le crédit indicatif de 317,000 francs,
destiné à « permettre d'étudier » la
question.
M. Narbonne a naturellement re
pris sa proposition, appuyée par
MM. Lasies, Auger et Lechevallier.
Ce dernier réclamait même un libel
lé qui permit de donner au choix
du vin, du cidre ou de la bière, afin
que « les soldats puissent consom
mer la boisson à laquelle ils sont
habitués ».
Est-il besoin de dire que le gou
vernement et la commission, sou
cieux des conséquences budgétaires
de ces libéralités, ont fait une belle
défense ?
Le rapporteur général du budget
établissait la note à payer : onze
millions, qu'il serait préférable d'af
fecter à augmenter la ration de
fàànïîe, sile Tréso'r pouvait se per
mettre une si forte dépense.
M. Caillaux protestait une fois
dé plus contre un système déplora
ble qui consiste à grever un chapitre
après l'autre tout en proclamant
l'absolue nécessité de faire des
économies ; il s'effrayait à lîidée
qu'on pourra plus tard, l'an pro
chain par exemple, réclamer du
beurré et du fromage, d'autres cho-,
ses encore à introduire dans l'ali
mentation du soldat.
Le ministre de la. guerre tentait
de fournir une partielle satisfaction
aux sentiments de générosité mani
festés par la Chambre ; il a donné
des ordres pour que les bonis de
l'ordinaire soient, autant que pos
sible, affectés à des achats de vin.
Rien n'a pu arrêter l'élan donné ;
la Chambre a confirmé sa décision
et voté, par 409 voix contre 111, la
motion Narbonne avec l'addition de
M. Lechevallier.
Une promenade du budget s'an
nonce entre le Luxembourg et le
Palais-Bourbon.
Ce n'est point ici qu'on mettra les
pouces.
Gabriel de Triors.
AU SÉNÀT
L'outillage des ports. —■ La naufrage
de la « Russie ».
M. Cuvinot, que les Parisiens
ont connu surtout comme prési->
dent de la Compagnie générale des
Omnibus, a été nommé rapporteur
du projet relatif à l'outillage de nos
ports.
M. Cuvinot a expliqué que le gou
vernement avait en vue d'étendre
et d'approfondir les mouillages,
dé créer de vastes parcs pour les
charbons etles approvisionnements,
d établir des bases d'opération pour
notre flotte et d'organiser les ser
vices des torpilleurs.
L'honorable M. Cabart-Danne-
ville, dont la compétence est indis
cutée, car ce n'est pas sur la ligne
Batignolles-Clichy-Odéon qu'il a
étudié les ressources de nos côtes,
critique le projet. Les travaux pro
posés pour l'étang de B erre lui
semblent insuffisants. On demande
trop ou trop peu. L'Etat va donc
engager, de ce chef, une dépense
inutile
Le sénateur de la Manche exa
mine ensuite ce qui concerne la dé
fense de la Corse; il. croit que les
bâtiments seraient en sécurité à Bo-
nifacio si le port en était creusé ; il
est opposé à toute extension de
Porto-Vecchio qui est un endroit
malsain et nullement stratégique.
M. Cuvinot estime, au contraire,
qu'il est impossible défaire de Bo-
nifacio un port de guerre et qu'on
peut seulement y installer une sta
tion de torpilleurs.
Le ministre de la marine se range
à l'avis du rapporteur.
La discussion générale est close,
mais au moment où l'on va passer
à l'examen des articles, M. de Ca
sablanca demandé le renvoi dupro-
jet à la commission pour examen
supplémentaire des dispositions re
latives à la Corse. -
M. de Casablanca fatigue visi
blement la haute "assemblée. D'ail
leurs, il est tard. On renvoie la suite
de la discussion à aujourd'hui et on
lève la séance.
Avant qu'on ne discutât le projet
relatif à l'outillage des ports, M. Pey-
tral avait posé une question à M. de
Lanessan, au sujet au naufrage ré
cent de la Russie. M. Peytral voulait
savoir quand le ministère se déci
derait à récompenser les vaillants
sauveteurs qui ont donné, en cette
circonstance, de si grandes preu
ves de* dévouement et de courage.
Le ministre de la marine a ré
pondu que le gouvernement voulait
récompenser, en même temps que
les sauveteurs de la Russie, d'au
tres hommes qui ont donné, sur nos
côtes, de fort beaux exemples d'ab
négation. Une enquête èst ouverte.
Un projet sera prochainement dé^
posé.
J. Mantenay.
L'AFFAIRE DE LAVAL
La Croix, qui avait donné les mê
mes informations que nous au su
jet des affaires de Laval, y joint
aujourd'hui ce complément que
nous avons lieu de croire exact :
Nous précisons ainsi l'information
donnée dans notre numéro du 19 février
sûr la solution de l'incident de Laval :
Le Souverain Pontife a annulé les cen
sures et mesures prises contre le R. P.
Hamelin, ses religieux et le collège de
l'Immaculée-Conception. Le R. P. Ha
melin a librement décidé que, pour le
moment, il ne rentrerait pas à Laval.
LA LOI m LES ASSOCIATIONS
& SES CONSEQUENCES ECONOMIQUES
Depuis quelques jours plusieurs jour
naux de Paris et de province ont signalé
la formation d'un mouvement contre le
projet de loi sur les associations.
Voici quelle est exactement la situa
tion à ce sujet.
Divers syndicats de commerçants, d'in*
dùstriels, d'ouvriers; de propriétaires et
d'employés; régulièrement constitués,
d'après la loi jdu -21 mars 1884, se sont
préoccupés des conséquences économi
ques, industrielles, commerciales et agri
coles, que pourrait avoir le projet de loi
sur les associations, discuté actuellement
à la Chambre des députés.
S'appuyant sur les articles 3 et 5 de la
susdite loi, ils se sont réunis, et ont dé
cidé d'agir.
• Dans ce but, ils se sont divisés en
commissions d'étude et d'action" pour
procéder à un travail méthodique et ra
pide. ■ •>■■■ ■
Outre le péril économique, ces syndi
cats n'ont-ils pas lieu de redoutèr que le
projet de loi en cours de discussion ne
porte atteinte à leur liberté de se con
certer pour l'étude et la défense de leurs
intérêts économiques, industriels, com
merciaux et agricoles, article 5 de la loi
du 21 mars 1884? "
C'est sur ce terrain des intérêts éco
nomiques et de laiiberté syndicale qu'ils
entendent se maintenir, quoi que l'on dise
et quoi que l'on fasse.
LA LITïSB M S. S. LÉOÎf XIII
ET L'EPISCOPAT
Mgr l'archevêque de Chambéry
consacre sa lettre pastorale du Ca
rême au récit de son récent voyage
ad limina. Nous en détachons ces
passages qui concernent les Ordres
religieux :
Il nous a été doux d'exprimer de vive
voix au Saint-Père notre reconnaissance,
en recevant de ses mains la Lettre admi
rable qu'il adressait alors à touBlesévê-
ques de France, pour exalter les services
de tous genres rendus- jusqu'ici à la pa
trie et à l'Eglise par nos communautés
d'hommes et de femmes; et pour conju
rer nos législateurs de laisser aux meilr
leurs des citoyens la liberté de travailler
à leur perfection, en se dévouant .corps
et âme au soulagement de toutes les in
fortunes.
Est-il besoin, nos très chers frères,
d'affirmer ici hautem ent notre adhésion
pleine et entière aux déclarations solen
nelles du Pontife romain V Jamais nous
n'avons mis en doute que la vie religieuse
ne fût une partie essentielle du christia
nisme, tel que Jésus-Christ etles apô-
res inspirés par Lui l'ont fondé. Priver
l'EgliBe de ces auxiliaires puissants qui,
dans le cloître, se livrent à la prière à
la pénitence ou qui, pratiquant les cohr
sèils évangéliques, continuent au loin là
mission des apôtres, enseignent parmi
nous la jeunesse, soignent nos malades,
soutiennent de leur zèle toutes les bon*-
nés œuvres, serait entraver le bbre
exercice de l'action catholique, amoindrir
l'influence morale et civilisatrice de
l'épiscopat et du clergé, abaisser enfin
notre pays en face des autres nations,
^toujours prêtes à s'emparer du Tôle glo
rieux qu'il a rempli jusqu'à ce jour.
Voilà pourtant à quelle décadence, di
sons mieux, à quels abîmes nous entraî
nent ces sophistes, sans idéal et sans
patriotisme, auxquels s'est abandonnée
ta pauvre France, autant par irréflexion
et insouciance, que par défaut d'union.
Ne serait-il pas temps pour elle d'ouvrir
les yeux, d'écouter ses vrais amis et de
se ressaisir? Car selon la belle parole de
notre grand Pape : « Une nation n'est;
vraiment grande et forte, elle ne peut
regarder l'avenir avec sécurité, que si,
dans le respect des droits de tous et dans
la tranquillité des consciences, les vo
lontés s'unissent étroitement pour con
courir au bien général, »
Au milieu des consolations que lui pro
curait l'Année Sainte par le pieux em
pressement des innombrables pèlerins
qui s 'inclinaient sous sa bénédiction,
Léon XIII éprouvait une amère tristesse
en voyant, dit-il, « dans le pays que nous
aimons, les passions et les partis lutter
avec plus d'acharnement sans pouvoir
mesurer jusqu'où iraient leurs èxcès, ni
conjurer des malheurs que nous avons
tout fait pour empêcher et dont nous dé-
clinons à l'avance la responsabilité. »
C'est dans ces sentiments si touchants
et si nobles que, le lendemain du jour où
il fermait solennellement la Porte-rSainte
ouverte depuis un an, le Souverain Ponr
tife étendait le jubilé pendant six mois
de l'année présente à toutes les nations
de la terre.
la loi si us mmim
Lettre de lllgr de Salnt-Brieuc.
Mgr l'évêque de Saint-Brieuc et
Tréguier adresse la lettre suivante à
MM. les sénateurs et députés des
Côtes-du-Nord :
Saint-Brleuc, 20 février.
Messieurs, j
Le projet de loi sur les associations
cause dans notre diocèse une vive et poi
gnante émotion.
Il menace toutes nos congrégations re
ligieuses d'une destruction plus ou moins
lente, mais certaine. ,
Si ce projet, inspiré par des haines
sectaires, venait à réunir à la Chambre
des députés et au Sénat la majorité des
suffrages, il aurait des conséquences dont
ceux-là même B'effraient qui se sentent
entraînés dans le tourbillon.
Ce serait une atteinte grave portée à
la propriété, et le commencement d'une
série de spoliations dont seraient victi
mes non seulement les religieux* mais
bien d'autres capitalistes ou proprié
taires, et qui précipiteraient le pays dans
un abîme dont il est impossible de sonder
la profondeur.
Par des enquêtes aussi perfides que
mal fondées, dont on n'a pas caché d'ail
leurs lé but et la tendance politiques, on
a essayé de surprendre et d'égarer l'opi
nion publique et de faire supposer des
richesses qui, en réalité, n'existent
pas.
Je n'entrerai point dans la discussion,
des chiffres fournis, par des états dont
l'inexactitude saute maintenant à tou3
les yeux.
Cette inexactitude, je l'ai constatée en
particulier pour les congrégations du dé
partement des Côtes-du-Nord. Il me sera
facile d'en faire la preuve. Mais en ce
moment j'ai un pressant et impérieux de
voir à remplir : celui de jeter le cri d'a
larme et d'appeler votre plus sérieuse
attention sur la situation qui serait faite
aux membres des congrégations, à leurs
familles, aux communes, au . départe
ment et à l'Etat lui-même, si la» violence
venait à prévaloir contre la raison, la
justice et la liberté.
Il dépend de vous, Messieurs, et il
vous appartient d'écarter le danger qui
menace tant d'intérêts. Mandataires du
département, vous avez à remplir un de
voir dont l'abandon serait un crime que
vos électeurs ne vous pardonneraient ja
mais. *
J'ai la confiance que nul d'entre vous
ne méprisera le cri patriotique de l'évê
que et les avertissements paternels de ce
grand ami de la France, qui s'appelle le
Pape Léon XIII,
Agréez, Messieurs, l'assurance de mon
religieux dévouement.
f Pierre-Marie. . -
Evêgue de Saint-Brieuc et Tréguier.
Lettre de Mgr d'Arras.
Mgr l'évêque d'Arras vient d'a
dresser à son clergé cet appel à là
prière en faveur des communautés
religieuses :
Messieurs et chers coopârateurs,
Vous appréciez comme noua l'impor
tance du débat soulevé en ce moment de
vant les pouvoirs publics. Il s'agit d'un
intérêt éminemment religieux. Aussi, Tfc
Souverain Pontife a-t-il estimé devoir
prendre la parole : et il l'a fait avec celte
clarté, cette force et cette pondération
auxquelles les esprits leB plus divers se
sont plu à rendre hommage.
Vous connaissez son admirable Lettre
au cardinal Richard. Relisez la, propa
gez-la autour de vous. Sur cette ques
tion des congrégations, Léon XIII a pré
senté le tableau net dé la vérité, comme
il l'a présenté d'ailleurs, à mesure que
les circonstances l'ont exigé, sur tous les
autres grands objets de nos préoccupa
tions contemporaines.
Mais il ne suffit pas que la lumière
brille, il faut que l'œil soit en état de
voir; et même quand l'œil peutyoir, il
est nécessaire que la volonté soit entraî
née par cette clarté. Or, c'est la grâce de
Dieu- qui purifie ie regard de l'esprit ;
c'est elle aussi qui détermine l'e'branlé-
ment de la volonté dans le sens de là
justice.
En conséquence, messieurs et chers
coopérateurs, puisque nous arrivons au
temps de laprière quadragésimale et que
les fidèles se rendront plus so.uyeiit e|
plus nombreux dans nos églises, il con»
vient d'ajouter aux supplications habi
tuelles un recours spécial à la bonté di?
vine, en faveur d'une situation qui in
quiète la France chrétienne.
MffiDÉS POLITIOUES
Cette étude fouillée et fouaillant®
sur l'un des passants politiques du
jour peut intéresser M. Trouillot.-
Nous l'avertissons qu'elle n'est pas
d'unicongréganiste : -
ÇA TROUILLOTTE!
Il y a des pressentiments qui ne trom«
pentpas. . j
: Depuis plusieurs jours je me disais
; obstinément : Trouillot sent la haine#
Trouillot sent la î mauvaise foi, Trouillot
sent l'ingratitude* Trouillot sent encore
autre chose et, si les noms expriment lei
essences des choses, il doit se cacher du
plus ou du moins sous ce nom : Trouil
lot! J'ouvré un grand dictionnaire et que
vois je? Etonnez-vous tant qu'il vous
; plaira, vous pour qui, comme pour moi,
notre langue a encore des mystères. Je
savais bien qu'elle avait jadis l'habitude
D'appeler chat un chat et Rollct un fripon ■ 5
mais on l'a tellement défigurée de nos
jours,
Que jusqu'à «-je vous hais » tout Ee dit fendre-
, - [menti.
Cependant j'y trouve encore : trouil-
loter, puer sentir mauvais. - '
Que si l'on a l'air-de me faire une que
relle, à ce propos, j'indiquerai mes sour
ces. Elles sont naturellement dans Zola.
Oyez plutôt : > .
« Elle répondit qu'elle ne, voulait pas;
retourner chez Titreville, parce qu'on la
plaçait près d'Augustine qui devait avoir-
mangé ses pieds tant elle trouillotait du
goulot !»
Avouez que je suis documenté.
O Veuillot, Juvénal chrétien* où êtes-'
-vous pour flageller, comme il convien
drait, les Trouillot et les trouillotants,-
types répugnants de haine, d'impiété,
d'ingratitude surtout et d'impudence ?
Ecoutez encore :
Est-il vrai, comme on l'affirme, qu'en
1896, Trouillot* par l'intermédiaire d'une
parente (il n'osait pas lui-même encore!
O témoignage d'une âme naturellement
droite !), sollicita des Jésuites de Dôle r
ses anciens maîtres, l'admission gratuite
ou à prix réduit d'un dé ses neveux ou
cousins ; faisant implorer cette faveur
comme un service personnel dont il pro
mettait d'être reconnaissant. Et quelle
meilleure preuve de reconnaissance pour
un député ancien ministre que mettre son
influence parlementaire au service de *
Jésuites dont on fut l'élève et l'obligé,
lorsqu'une occasion favorable se pré
sente?
Comme ça trouillotte de plus en plus. 1 1
Et me voilà à approfondir aussi de plus
.4 .3
u IV4WUJ
J
Samedi 23 Février 1901
Edition quotidienne. —- 12,05?
Samedi 23 Février 1ÔÔ1
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
et départements :
Un an......... 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... 11 »
ETRANGER
{union postaleJ
51 .»
26 60
■ 14'- » ■■■■
Lea abonnements partent des I e * et 18 do chaque moia
UN NUMÉRO
Paris 10. cent.
Départements...., 15 —•
ET
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 1?
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
LE MONDE
ÉSmCK SEMI-QPOT IDIENNa
PARIS ÉTRANGER'
17 départements (uniom postale)
On an 20 » 2ô •
Six mois 1Q » .13 »,
•••' Trois mois....o 5 » 6 S©
Les àbonnemènts partent des 1" et 13 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés.
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 8, place de la Boursô ,
Chaque demande de changement
d 'adresse doit être accompagnée de
50 centimes en timbres-poste»
PARIS, 22 FÉVRIER 1901
« Enlevez les
Sœurs!... Pierre Veuuao*.
La guerre sud-afri
caine... F. L.
A la Chambre .,... /Gabriel de Triors,
Au Sénat........... J. M antenay.
Correspondance ro
maine ***
3uiietu. — Nouvenes de Borne. — L'af
faire de Laval. — La loi sur les associa
tions et les conséquences économiques.
— Mœurs politiques. — La lettre de S. S.
Léon XIII et l'épiscopat.— M. Loubetà
la Sorboune. — Informations politiques
et parlementaires. — Un prêtre condam
né. — Justice-Egalité. — En Espagne. —
En Angleterre. — La guerre du Trane-
v&ai — En Chine. — Dépêches de. l'é
tranger. — Chronlgue. — Lettres, scien
ces et arts. — Échos de partout. — Les
grèves. — Lès paroissiens de Saint-Roch
. à Montmartre. — Chronique religieuse.
'•*!. Ea province. —: La loterie de la « Mie
de pain — Nécrologie. — Tribunaux.
— L'attentat contre M. E Deschanel. — Le
froid. Nouvelles diverses. ■?— Gafcn-
; <£mr. — > Bourse et bulletin financier. —
Dernière heure.
" ESLEfflZ LES SffiliRS !... "
M. Loubet a présidé, hier, ras
semblée générale de l'Œuvre des
enfants tuberculeux.il avait tenu à
Êrendre la parole, et a prononcé un
eau discours, où nous devons sh .
gnaler pourtant une : grave lacune.
A quelle souroe puise-t-on l'inspi*
ration et la persévérance du dé
vouement qui fait les Soeurs Can
dide, et crée des établissements
comme ceux d'Ormesson? M. Lou-
bet ne l'a pas dit, si ce n'est, peut-
être, par voie d'allusion très rapide
et très vague. Cependant, il le sait
bien.
Incomplet, le discours de M. le
président de la République mérite
néanmoins des applaudissements
chaleureux. Ils ne lui ont pas été
ménagés, du reste, et l'ovation a
pris le caractère de l'enthousiasme
quand on a vu le chef de l'Etat
montrer, sur la poitrine de Soeur
Candide, toute confuse, la croix de
la Légion d'honneur que le gouver
nement vient de lui décerner.
Un assistant, un seul, n'a pas
trouvé de son goût cet acte de jus
tice. Quelques instants plus tard,
tandis que M. le docteur Léon Pe
tit parlait à son tour, un cri a re
tenti dans une tribune ; « Enlevez
les Sœurs!... » Protestation ar
dente et générale* ovation nouvelle
- et vibrante à la religieuse décorée,
prompte expulsion du malotru. .
Il n'aura pas même la consolation
de recevoir les compliments des
journaux sectaires. Ainsi, l'un des
plus forcenés, le Radica.1, fait. ee
matin* entre deux articles contre
les moines, l'éloge de Sœur Can
dide. Il loue son dévouement* sa
modestie, son abnégation* et ap
plaudit à la distinction dont elle est
l'objet. De l'interrupteur, pas un
mot. Le Radical préfère passer l'in
cident so as silence.
Non point, sans doute, qu'il trou
ve mauvais au .fond ce cri : « Enle^-
vez les Sœurs !... » Mais il com
prend que presque tous ses lecteurs
en seraient choqués, révoltés mê
me, et pourraient faire à ce propos
de fâcheuses réflexions. Attaquer
les religieuses en bloc, fort bien : le
jeu n'offre pas trop dé péril et la
tactique est bonne. Le Radical ne
s'en prive pas. Les attaquer en dé
tail, à propos notamment de la
Sœur Candide: non! Dans le peu
ple, on admire la Sœur Candide et
son œuvre. Le Radical, prudent, ne
leur refuse donc pas ses louanges.
Les sectaires eux-mêmes savent, au
besoin, sacrifier leur haine à leurs
intérêts.
Le. malencontreux interrupteur
ne s'est point rendu compte cfe ces
nécessités. On lui inflige un désa
veu sous forme de silence. Le si
lence est le blâme des amis.
Hé bien, puisque ceux qui de
vraient le soutenir l'abandonnent,
nous défendrons d'une certaine ma
nière cet anonyme. Il a pour lui la
logique, après tout.
C'est un ministériel, évidemment,
et un lecteur du Radical ou des feuil
les de la même nuance. Tous les
jours, on lui dit que les membres
des congrégations, hommes et fem
mes, sont d'odieux accapareurs, de
vils exploiteurs. Couvents et mo
nastères sont une honte et un dan
ger pour notre pays. Là s'entas
sent induement dfes richesses, dont
la répartition assurerait au peuple
travailleur l'aisance et la sécurité.
Là se trament sans relâche des
complots pour nous ramener aux
servitudes, aux horreurs et aux fa
mines du moyen âge. Il faut dé
truire ces repaires, disperser leurs
habitants, saisir et distribuer leurs
trésors.
Voila ce qu'a lu et entendu, cons
tamment répété, l'interrupteur ano
nyme ; il sait, en outre, que le ca
binet de Défense républicaine a pré
senté un projet de loi pour sauver
l'Etat mis en péril par les congré
gations.' Il en croit ses journaux, il
en croit son mini&tère. Et quand,
pénétré des sentiments que la
presse et nos maîtres lui ont incul
qués, il a vu*cette cornette, spon
tanément il a jeté soa cri.
Qui est dans la logique? Est-ce
le gouvernement qui décore un Jé
suite en Chine, une Sœur Candide
en France, — deux membres de
congrégations non reconnues, s'il
vous plait !—tandis qu'il poursuit la
ruine des maisons religieuses, les
enseignantes aujourd'hui, les hos
pitalières demain ? N'est-ce pas
plutôt cet homme, à qui l'on a per-
sévéramment enseigné la crainte et
lahaine des Sœurs aussi bien que
des moines, et qui demande qu on
les ôte de sa.vue ?
Oui, cet interrupteur est un logi
cien. Tout ce que nous pouvons ac
corder, c'est qu'il a manqué abso
lument d'à-propos. Les sectaires
ne le lui pardonneront pas. Soyons
plus indulgents, car son cri provo
que une explosion de sentiments qui
servent notre cause. .
Pierre Veuîllot.
— > r- ♦
'BULLETIN
La: Chambre a repris hier la discus
sion du budget, retour du Sénat, et voté
à nouveau l'amendement Narbonne
accordant aux soldats une ration quotir
dienne de vin, cidre ou bière..
Le Sénat s'est occupé hier du proje .
de loi concernant l'outillage des ports.
M. d'Estournelles,député de la Sarihe.
vient de prévenir le ministre des a ffai
res étrangères qu'il compte lui poser
une question au sujet de l'expédition
préparée en Chine par les puissances.
Hier, à la Sorbonne, M. Loubet a pré
sidé l'assemblée générale de l'œuvre des
enfants tuberculeux. Dans son discours,
le président de la République a fait un
éloge chaleureux et très applaudi de la
Sœur Candide, supérieure de l'hôpital
d'Ormesson. .
On annonce de Madrid que l'état de
siège sera probablement levé demain ou
au commencement de la semaine pro-
chaîne. On considère aussi comme pro
bable que le général Azcarragà conti-
nuera à garder la présidence du con
seil.
Le Times publie — ef nous le repro
duisons plus loin — le texte de l'accord
russo-chinois relatif à la. province de
Feng-Tien, la plus importante des trois
provinces dont se compose la Mand-
chourie.
NOUVELLES DE ROME
19 février.
La politique.
Le nouveau ministère semble avoir
abandonné l'idée de convoquer la Cham
bre pour y présenter un programme quel
conque. On assure en effet que la Cham
bre ne sera convoquée que dans la pre
mière moitié du mois de mars.
Le Corriere : délia Sera de Milan dit à
ce propos : : « On ne nous aurait pas
accusé d'indiscrétion si nous avions de
mandé à M. Giolitti et à M. Prinetti le
développement de leurs idées dans les
questions pour lesquelles ils disaient
avoir un remède prompt et pratique.
« A présent on vient (nous dire que le
ministère a besoin .de prendre son
temps !
a C'est une preuve évidente que le mi
nistère ne sait pas ce qu'il doit faire ni
'aujourd'hui ni demain. »
En province. •
; Une très grave question s'agite à Milan
à cause de l'abolition des prières dans
les écoles communales. Cent mille ci
toyens avaient présenté, une protestation
contre cette décision de l'administration
de Milan ; on demandait que le conseil
communal modifiât la décision de M. de
Cristoffori (a ssessore de l'instruction pu
blique).
Les socialistes, qui sé trouvent à là
tête du mouvement anticlérical milanais,
ont de suite rassemblé un meeting, au
quel des démocrates chrétiens voulu
rent assister. L'intolérance des socialis
tes fut énorme et lés démocrates chré
tiens durent renoncer, à la parole. Ce
pendant un prêtre réussit à confondre les
deux orateurs Turati et de Andreis à
propos de Galilée et de ses croyances re
ligieuses. L'impression à Milan et en
Italie est immense; mais le bruit de
quelques centaines de socialistes s'im
posera à la volonté de cent mille bons
citoyens.
U GUERRE SUD-ÂFRICÂiHE
Les nouvelles de la guerre sud-
africaine sont rares, depuis quel
ques jours ; il est peut-être permis
d'en conclure"que le train des cho
ses là-bas n'est guère favorable aux
Anglais. Plusieurs faits plus ou
moins notables semblent l'indiquer:
l'arrestation et la prise d'un convoi
entre Johannesburg et Prétoria sont
particulièrement significatives ; à
cela peut s'ajouter l'ignorance où
le War Office parait être du, sort dé
plusieurs colonnes anglaises, etc..
Mais le plus important de tous
ces faits, c'est qu'après- nous avoir
annoncé l'autre jour, pour la dixiè
me fois, au moins* l'imminente et
l'inévitable capture du général De
Wet, les dépêches britanniques
sont maintenant forcées, de con
fesser que l'intrépide chef leur a
de nouveau échappé, et qu'ayant
poussé vers l'ouest, il se trouve
pour lg moment hors d'atteinte 1
Par conséquent son mouvement
vers le sud et son entrée dans la
colonie du Cap ont complètement
réussi. Quant à la région précise où
De Wet opère actuellement les in
formations varient : on a d'abord dit
qu'il se dirigeait sur Prieska, ville
située sur la rive méridionale de
l'Orange à environ 130 kilomètres à
l'ouest d'Hopetown et du chemin de
fer du Cap à Kimberley, Mafe-
king etc. Puis à présent on pré
tend au contraire que, remontant
vers le nord, il est parvenu jusqu'au
confluent du Vaal et de l'Orange.
La marche sur Prieska nous pa
raîtrait plus probable ; elle indique
rait chez De Wet l'intention de rap
procher son action militaire, autant
que possible, des districts voisins
de la ville du Cap^ tout en la main
tenant dans des régions accidentées,
d'un accès et d'un parcours diffi
ciles pour les forces anglaises, en
raissn de la rareté des routes et de
l'absence de voies ferrées, ce qui
les rend propices à la guerre de
partisans, et où déjà la population
afrikander s'est montrée disposée
à s'associer à l'héroïque résistance
et aux audacieuses entreprises des
Boers.
F. L.
A LÀ CHAMBRE
Le budget de 1901.
Onsaitque le Sénata modifié sur
quelques points le projet de budget
voté par la Chambre ; la commis
sion du budget accepte la plupart
des réductions et des majorations
décidées au Luxembourg ; elle a dû,
en définitive, s'employer à combler
un déficit d'environ 700,000 francs.
Dès hier, l'équilibre péniblement
retrouvé a été bouleversé, et l'on
peut prévoir un conflit entre les
deux assemblées.
Il a fallu d'abord réclamer des
explications du ministre des finan
ces sur l'application de la nouvelle
loi sur les boissons, promulguée
depuis quelques semaines seule
ment, et qui donne lieu déjà à de
nombreux abus.
Le Parlement a entendu abolir
l'exercice, et M. Julien Goujon nous
apprend que la régie perçoit, mal
gré de légitimes réclamations,' des
droits illégaux sur les cidres, et
prétend frapper la totalité des bois
sons trouvées ehez le débitant,
même celles qui ne sont pas desti
nées à la vente.
De son côté, M. Louis Ricard si
gnalait un certain nombre de débi
tants qui, ayant fait entrer des
pommes en décembre et payé les
droits, n'ont pu obtenir le rembour
sement de la différence provenant
de la réduction portée dans la loi
de 1900, mais se voient en outre ré
clamer une taxe de 80 centimes s.ur
le cidre fabriqué avec ces pommes!
L'abus, ici et là, n'est que trop
réel : le ministre a reconnu les torts
de son administration, et plaidé
pour elle les circonstances atté
nuantes. Espérons qu'à l'avenir les
agents du fisc seront accoutumés à
ce que M. Caillaux appelait
la perception des droits ».
Pour en finir avec les conséquen
ces de la réforme des boissons, M.
Georges Berry aurait bien voulu
savoir si la taxe foncière, consentie
à la Ville de Paris en remplacement
des droits sur les boissons hygié
niques, sera supportée par les pro
priétaires d'immeubles ou par leurs
locataires. Ici, le ministre s'est ré
cusé, laissant aux tribunaux le soin
de résoudre le problème.
Il eût certainement été plus sage
que le législateur se prononçât ex
pressément, dût la basoche y per
dre quelques lucratifs procès.
Une chaude bataille s'est enfin li
vrée sur un amendement de M. Nar
bonne, déjà voté par la Chambre et
tendant à distribuer aux soldats une
quotidienne ration de vin. '
Le Sénat a refusé de se laisser
attendrir; il a impitoyablement biffé
le crédit indicatif de 317,000 francs,
destiné à « permettre d'étudier » la
question.
M. Narbonne a naturellement re
pris sa proposition, appuyée par
MM. Lasies, Auger et Lechevallier.
Ce dernier réclamait même un libel
lé qui permit de donner au choix
du vin, du cidre ou de la bière, afin
que « les soldats puissent consom
mer la boisson à laquelle ils sont
habitués ».
Est-il besoin de dire que le gou
vernement et la commission, sou
cieux des conséquences budgétaires
de ces libéralités, ont fait une belle
défense ?
Le rapporteur général du budget
établissait la note à payer : onze
millions, qu'il serait préférable d'af
fecter à augmenter la ration de
fàànïîe, sile Tréso'r pouvait se per
mettre une si forte dépense.
M. Caillaux protestait une fois
dé plus contre un système déplora
ble qui consiste à grever un chapitre
après l'autre tout en proclamant
l'absolue nécessité de faire des
économies ; il s'effrayait à lîidée
qu'on pourra plus tard, l'an pro
chain par exemple, réclamer du
beurré et du fromage, d'autres cho-,
ses encore à introduire dans l'ali
mentation du soldat.
Le ministre de la. guerre tentait
de fournir une partielle satisfaction
aux sentiments de générosité mani
festés par la Chambre ; il a donné
des ordres pour que les bonis de
l'ordinaire soient, autant que pos
sible, affectés à des achats de vin.
Rien n'a pu arrêter l'élan donné ;
la Chambre a confirmé sa décision
et voté, par 409 voix contre 111, la
motion Narbonne avec l'addition de
M. Lechevallier.
Une promenade du budget s'an
nonce entre le Luxembourg et le
Palais-Bourbon.
Ce n'est point ici qu'on mettra les
pouces.
Gabriel de Triors.
AU SÉNÀT
L'outillage des ports. —■ La naufrage
de la « Russie ».
M. Cuvinot, que les Parisiens
ont connu surtout comme prési->
dent de la Compagnie générale des
Omnibus, a été nommé rapporteur
du projet relatif à l'outillage de nos
ports.
M. Cuvinot a expliqué que le gou
vernement avait en vue d'étendre
et d'approfondir les mouillages,
dé créer de vastes parcs pour les
charbons etles approvisionnements,
d établir des bases d'opération pour
notre flotte et d'organiser les ser
vices des torpilleurs.
L'honorable M. Cabart-Danne-
ville, dont la compétence est indis
cutée, car ce n'est pas sur la ligne
Batignolles-Clichy-Odéon qu'il a
étudié les ressources de nos côtes,
critique le projet. Les travaux pro
posés pour l'étang de B erre lui
semblent insuffisants. On demande
trop ou trop peu. L'Etat va donc
engager, de ce chef, une dépense
inutile
Le sénateur de la Manche exa
mine ensuite ce qui concerne la dé
fense de la Corse; il. croit que les
bâtiments seraient en sécurité à Bo-
nifacio si le port en était creusé ; il
est opposé à toute extension de
Porto-Vecchio qui est un endroit
malsain et nullement stratégique.
M. Cuvinot estime, au contraire,
qu'il est impossible défaire de Bo-
nifacio un port de guerre et qu'on
peut seulement y installer une sta
tion de torpilleurs.
Le ministre de la marine se range
à l'avis du rapporteur.
La discussion générale est close,
mais au moment où l'on va passer
à l'examen des articles, M. de Ca
sablanca demandé le renvoi dupro-
jet à la commission pour examen
supplémentaire des dispositions re
latives à la Corse. -
M. de Casablanca fatigue visi
blement la haute "assemblée. D'ail
leurs, il est tard. On renvoie la suite
de la discussion à aujourd'hui et on
lève la séance.
Avant qu'on ne discutât le projet
relatif à l'outillage des ports, M. Pey-
tral avait posé une question à M. de
Lanessan, au sujet au naufrage ré
cent de la Russie. M. Peytral voulait
savoir quand le ministère se déci
derait à récompenser les vaillants
sauveteurs qui ont donné, en cette
circonstance, de si grandes preu
ves de* dévouement et de courage.
Le ministre de la marine a ré
pondu que le gouvernement voulait
récompenser, en même temps que
les sauveteurs de la Russie, d'au
tres hommes qui ont donné, sur nos
côtes, de fort beaux exemples d'ab
négation. Une enquête èst ouverte.
Un projet sera prochainement dé^
posé.
J. Mantenay.
L'AFFAIRE DE LAVAL
La Croix, qui avait donné les mê
mes informations que nous au su
jet des affaires de Laval, y joint
aujourd'hui ce complément que
nous avons lieu de croire exact :
Nous précisons ainsi l'information
donnée dans notre numéro du 19 février
sûr la solution de l'incident de Laval :
Le Souverain Pontife a annulé les cen
sures et mesures prises contre le R. P.
Hamelin, ses religieux et le collège de
l'Immaculée-Conception. Le R. P. Ha
melin a librement décidé que, pour le
moment, il ne rentrerait pas à Laval.
LA LOI m LES ASSOCIATIONS
& SES CONSEQUENCES ECONOMIQUES
Depuis quelques jours plusieurs jour
naux de Paris et de province ont signalé
la formation d'un mouvement contre le
projet de loi sur les associations.
Voici quelle est exactement la situa
tion à ce sujet.
Divers syndicats de commerçants, d'in*
dùstriels, d'ouvriers; de propriétaires et
d'employés; régulièrement constitués,
d'après la loi jdu -21 mars 1884, se sont
préoccupés des conséquences économi
ques, industrielles, commerciales et agri
coles, que pourrait avoir le projet de loi
sur les associations, discuté actuellement
à la Chambre des députés.
S'appuyant sur les articles 3 et 5 de la
susdite loi, ils se sont réunis, et ont dé
cidé d'agir.
• Dans ce but, ils se sont divisés en
commissions d'étude et d'action" pour
procéder à un travail méthodique et ra
pide. ■ •>■■■ ■
Outre le péril économique, ces syndi
cats n'ont-ils pas lieu de redoutèr que le
projet de loi en cours de discussion ne
porte atteinte à leur liberté de se con
certer pour l'étude et la défense de leurs
intérêts économiques, industriels, com
merciaux et agricoles, article 5 de la loi
du 21 mars 1884? "
C'est sur ce terrain des intérêts éco
nomiques et de laiiberté syndicale qu'ils
entendent se maintenir, quoi que l'on dise
et quoi que l'on fasse.
LA LITïSB M S. S. LÉOÎf XIII
ET L'EPISCOPAT
Mgr l'archevêque de Chambéry
consacre sa lettre pastorale du Ca
rême au récit de son récent voyage
ad limina. Nous en détachons ces
passages qui concernent les Ordres
religieux :
Il nous a été doux d'exprimer de vive
voix au Saint-Père notre reconnaissance,
en recevant de ses mains la Lettre admi
rable qu'il adressait alors à touBlesévê-
ques de France, pour exalter les services
de tous genres rendus- jusqu'ici à la pa
trie et à l'Eglise par nos communautés
d'hommes et de femmes; et pour conju
rer nos législateurs de laisser aux meilr
leurs des citoyens la liberté de travailler
à leur perfection, en se dévouant .corps
et âme au soulagement de toutes les in
fortunes.
Est-il besoin, nos très chers frères,
d'affirmer ici hautem ent notre adhésion
pleine et entière aux déclarations solen
nelles du Pontife romain V Jamais nous
n'avons mis en doute que la vie religieuse
ne fût une partie essentielle du christia
nisme, tel que Jésus-Christ etles apô-
res inspirés par Lui l'ont fondé. Priver
l'EgliBe de ces auxiliaires puissants qui,
dans le cloître, se livrent à la prière à
la pénitence ou qui, pratiquant les cohr
sèils évangéliques, continuent au loin là
mission des apôtres, enseignent parmi
nous la jeunesse, soignent nos malades,
soutiennent de leur zèle toutes les bon*-
nés œuvres, serait entraver le bbre
exercice de l'action catholique, amoindrir
l'influence morale et civilisatrice de
l'épiscopat et du clergé, abaisser enfin
notre pays en face des autres nations,
^toujours prêtes à s'emparer du Tôle glo
rieux qu'il a rempli jusqu'à ce jour.
Voilà pourtant à quelle décadence, di
sons mieux, à quels abîmes nous entraî
nent ces sophistes, sans idéal et sans
patriotisme, auxquels s'est abandonnée
ta pauvre France, autant par irréflexion
et insouciance, que par défaut d'union.
Ne serait-il pas temps pour elle d'ouvrir
les yeux, d'écouter ses vrais amis et de
se ressaisir? Car selon la belle parole de
notre grand Pape : « Une nation n'est;
vraiment grande et forte, elle ne peut
regarder l'avenir avec sécurité, que si,
dans le respect des droits de tous et dans
la tranquillité des consciences, les vo
lontés s'unissent étroitement pour con
courir au bien général, »
Au milieu des consolations que lui pro
curait l'Année Sainte par le pieux em
pressement des innombrables pèlerins
qui s 'inclinaient sous sa bénédiction,
Léon XIII éprouvait une amère tristesse
en voyant, dit-il, « dans le pays que nous
aimons, les passions et les partis lutter
avec plus d'acharnement sans pouvoir
mesurer jusqu'où iraient leurs èxcès, ni
conjurer des malheurs que nous avons
tout fait pour empêcher et dont nous dé-
clinons à l'avance la responsabilité. »
C'est dans ces sentiments si touchants
et si nobles que, le lendemain du jour où
il fermait solennellement la Porte-rSainte
ouverte depuis un an, le Souverain Ponr
tife étendait le jubilé pendant six mois
de l'année présente à toutes les nations
de la terre.
la loi si us mmim
Lettre de lllgr de Salnt-Brieuc.
Mgr l'évêque de Saint-Brieuc et
Tréguier adresse la lettre suivante à
MM. les sénateurs et députés des
Côtes-du-Nord :
Saint-Brleuc, 20 février.
Messieurs, j
Le projet de loi sur les associations
cause dans notre diocèse une vive et poi
gnante émotion.
Il menace toutes nos congrégations re
ligieuses d'une destruction plus ou moins
lente, mais certaine. ,
Si ce projet, inspiré par des haines
sectaires, venait à réunir à la Chambre
des députés et au Sénat la majorité des
suffrages, il aurait des conséquences dont
ceux-là même B'effraient qui se sentent
entraînés dans le tourbillon.
Ce serait une atteinte grave portée à
la propriété, et le commencement d'une
série de spoliations dont seraient victi
mes non seulement les religieux* mais
bien d'autres capitalistes ou proprié
taires, et qui précipiteraient le pays dans
un abîme dont il est impossible de sonder
la profondeur.
Par des enquêtes aussi perfides que
mal fondées, dont on n'a pas caché d'ail
leurs lé but et la tendance politiques, on
a essayé de surprendre et d'égarer l'opi
nion publique et de faire supposer des
richesses qui, en réalité, n'existent
pas.
Je n'entrerai point dans la discussion,
des chiffres fournis, par des états dont
l'inexactitude saute maintenant à tou3
les yeux.
Cette inexactitude, je l'ai constatée en
particulier pour les congrégations du dé
partement des Côtes-du-Nord. Il me sera
facile d'en faire la preuve. Mais en ce
moment j'ai un pressant et impérieux de
voir à remplir : celui de jeter le cri d'a
larme et d'appeler votre plus sérieuse
attention sur la situation qui serait faite
aux membres des congrégations, à leurs
familles, aux communes, au . départe
ment et à l'Etat lui-même, si la» violence
venait à prévaloir contre la raison, la
justice et la liberté.
Il dépend de vous, Messieurs, et il
vous appartient d'écarter le danger qui
menace tant d'intérêts. Mandataires du
département, vous avez à remplir un de
voir dont l'abandon serait un crime que
vos électeurs ne vous pardonneraient ja
mais. *
J'ai la confiance que nul d'entre vous
ne méprisera le cri patriotique de l'évê
que et les avertissements paternels de ce
grand ami de la France, qui s'appelle le
Pape Léon XIII,
Agréez, Messieurs, l'assurance de mon
religieux dévouement.
f Pierre-Marie. . -
Evêgue de Saint-Brieuc et Tréguier.
Lettre de Mgr d'Arras.
Mgr l'évêque d'Arras vient d'a
dresser à son clergé cet appel à là
prière en faveur des communautés
religieuses :
Messieurs et chers coopârateurs,
Vous appréciez comme noua l'impor
tance du débat soulevé en ce moment de
vant les pouvoirs publics. Il s'agit d'un
intérêt éminemment religieux. Aussi, Tfc
Souverain Pontife a-t-il estimé devoir
prendre la parole : et il l'a fait avec celte
clarté, cette force et cette pondération
auxquelles les esprits leB plus divers se
sont plu à rendre hommage.
Vous connaissez son admirable Lettre
au cardinal Richard. Relisez la, propa
gez-la autour de vous. Sur cette ques
tion des congrégations, Léon XIII a pré
senté le tableau net dé la vérité, comme
il l'a présenté d'ailleurs, à mesure que
les circonstances l'ont exigé, sur tous les
autres grands objets de nos préoccupa
tions contemporaines.
Mais il ne suffit pas que la lumière
brille, il faut que l'œil soit en état de
voir; et même quand l'œil peutyoir, il
est nécessaire que la volonté soit entraî
née par cette clarté. Or, c'est la grâce de
Dieu- qui purifie ie regard de l'esprit ;
c'est elle aussi qui détermine l'e'branlé-
ment de la volonté dans le sens de là
justice.
En conséquence, messieurs et chers
coopérateurs, puisque nous arrivons au
temps de laprière quadragésimale et que
les fidèles se rendront plus so.uyeiit e|
plus nombreux dans nos églises, il con»
vient d'ajouter aux supplications habi
tuelles un recours spécial à la bonté di?
vine, en faveur d'une situation qui in
quiète la France chrétienne.
MffiDÉS POLITIOUES
Cette étude fouillée et fouaillant®
sur l'un des passants politiques du
jour peut intéresser M. Trouillot.-
Nous l'avertissons qu'elle n'est pas
d'unicongréganiste : -
ÇA TROUILLOTTE!
Il y a des pressentiments qui ne trom«
pentpas. . j
: Depuis plusieurs jours je me disais
; obstinément : Trouillot sent la haine#
Trouillot sent la î mauvaise foi, Trouillot
sent l'ingratitude* Trouillot sent encore
autre chose et, si les noms expriment lei
essences des choses, il doit se cacher du
plus ou du moins sous ce nom : Trouil
lot! J'ouvré un grand dictionnaire et que
vois je? Etonnez-vous tant qu'il vous
; plaira, vous pour qui, comme pour moi,
notre langue a encore des mystères. Je
savais bien qu'elle avait jadis l'habitude
D'appeler chat un chat et Rollct un fripon ■ 5
mais on l'a tellement défigurée de nos
jours,
Que jusqu'à «-je vous hais » tout Ee dit fendre-
, - [menti.
Cependant j'y trouve encore : trouil-
loter, puer sentir mauvais. - '
Que si l'on a l'air-de me faire une que
relle, à ce propos, j'indiquerai mes sour
ces. Elles sont naturellement dans Zola.
Oyez plutôt : > .
« Elle répondit qu'elle ne, voulait pas;
retourner chez Titreville, parce qu'on la
plaçait près d'Augustine qui devait avoir-
mangé ses pieds tant elle trouillotait du
goulot !»
Avouez que je suis documenté.
O Veuillot, Juvénal chrétien* où êtes-'
-vous pour flageller, comme il convien
drait, les Trouillot et les trouillotants,-
types répugnants de haine, d'impiété,
d'ingratitude surtout et d'impudence ?
Ecoutez encore :
Est-il vrai, comme on l'affirme, qu'en
1896, Trouillot* par l'intermédiaire d'une
parente (il n'osait pas lui-même encore!
O témoignage d'une âme naturellement
droite !), sollicita des Jésuites de Dôle r
ses anciens maîtres, l'admission gratuite
ou à prix réduit d'un dé ses neveux ou
cousins ; faisant implorer cette faveur
comme un service personnel dont il pro
mettait d'être reconnaissant. Et quelle
meilleure preuve de reconnaissance pour
un député ancien ministre que mettre son
influence parlementaire au service de *
Jésuites dont on fut l'élève et l'obligé,
lorsqu'une occasion favorable se pré
sente?
Comme ça trouillotte de plus en plus. 1 1
Et me voilà à approfondir aussi de plus
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