Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-02-22
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 février 1901 22 février 1901
Description : 1901/02/22 (Numéro 12056). 1901/02/22 (Numéro 12056).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710648x
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 32 Février lôôi
Edition quotidienne. — 12,053
Vendredi 22 Février 1801
-5-* 5 rvi,
ÉDITION ÔUO.TIDEEKNS
PARIS ÉTRANGER .
... ET DÉPARTEMENTS " (UNION POSTAL^
£tQ« . * • 4 ..«'» « 40 r .JS: 51' W .
Six mois...... 21 » 23 50
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lies abonnements partent des 1« et 16 de chaque moia
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LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUQT IDIENNl!
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Bï EiÉPAKTEMEKTS (XJNÏÔS POSTALE)
Un an......... 20 .» .• 2(g »
Six mois 10 ». 13 » '
Trois mois...., 5 » ,0 ÊÔ
Les aîjqnnemènta partent des 1°' et 13 de abaque znoia
L'UNIVERS né répond pas des manuscrits~ qui lui sont aâmsts
annonces
MM. LAGRÀNGE, OËKF et C !i , 6, place de îkfècrawé
-PARIS, 21 FEVRIER 1901
SOMMAIRE
E u&èke T avernier.
P. V-
P rospêr G ërald.
V ice-amiral de C u-
VERV1LLE.
R. P. T qndini.
Ij'I EU tenan T-COLO-
NEL D E BONAEIDE .
Ï j DOU j ^ rd A lexandre
L'apologétique con*
- temporaire.. .Vi ■;.
Complément nécas-
-saire.... :.
Çà- et-là;: Comment
finissent les. mira-.
clés
Le XXX e anniver
saire de l'appari
tion à Pontmain,
La réforme du ca
lendrier ..■■
Nos forteresses.....
L'œuvre de, dom
Bosco..... ..... ...
aiillôte. — L'emploi du milliard: — Statis-
• tique éloquente. — Benne propagande. —
Le fisc et les -congrégations. — Le port
: de la -soutane. — IhïorràatlonB politiques
et parlementaire*. — Madagascar. — En
Espagne: fin Angleterre. — La guerre
du Tranav*al — En Chine. — La ques
tion crétoisé. — Bépêohéa ie'l'étranger.
;—A travers la" presse.— Chronique. —
Lettres; sbienèeà et arts. — Les grèves.
— SbîsoG de p«r't*ut. — Les travaux
scientifiques* de M: A'. David. — Chroni
que religieuse. — Nécrdlogle. — Tribu
naux. 'r— Nouvelles diverses; — Oaicn-
drier. — Bourse et bulletin financier, -r
Défaire heure. :
ji'APOLOfiÉnôUB coiimui
-Noiis avons maintenant un prodi
gieux appétit d'actualité. Nouvelles,
menus faits, détails, commérages,
sensations brutales, voilà de quoi
se nourrit presque tout le public!
Cette pâturé ét tiës breùvagë s trom
pent son. appétit et le rend es t plus
impérieux. 11 y a vraiment pour les
âmes une sorte d'alcoolisme plus
ou moiqs pareil à .celui qui surexcite
les organes du corps sans les ali
menter. Bien que l'on mange .çt que
l'on boive beaucoup, la faim et la
soif vont grandissant.
Toutefois,.. les hommes éclairés
et laborieuxne perdent pas cousrage.
Ils poursuivent leurs travaux qui
permettront de répandre, dans la
circulation sociale, des, produits
sains et substantiels. Malgré le
brouhaha du monde léger et fr éné
tique, on rie cesse .pas chez nous dé
composer des livres, qui relèvent
la dignité humaine et qui finiront
par la sauver. "
Pour le quart' d'heure ces livres
ont- tort, mais ils exercent tout de
même leur action. Ils passentà tra
vers la couche de poussière promet
née par les vents capricieux et pren
nent une place qu'ils garderont.
L'un d'eux se fait en quelque
sorte sous les yeux de la France
instruite et croyante. Par une série
dé « Lettres » adressées à son
•clergé, l'éminent archevêque d'Alhi
•expose les problèmes principaux de
la question religieuse, telle qu'elle
se présente de nos jours.
Nous avons parlé des deux pre
mières «Lettres ». Deux autres ont.
paru; et l'une d'elles date du mois
dé septembre.,.. Depuis, M. Wal-
deck-Rousseau et quelques jacobins
arriérés se sont chargés d'une en
treprise qui a concentré sur elle
l'attention et qui a, pour ainsi dire,
absorbé l'activité. L'affaire des as
sociations, quelle que soit l'idée,
confuse encôré, qui l'a inspirée, a
une importance capitale ; et il est
•juste et il est nécessaire de lui su
bordonner toute chose.
Mais puisque M. Waldeck-Rous
seau .s'est offert une petite maladie,
nous serions impardonnables de ne
pas utiliser le répit qu'elle nous pro
cure. . ~ ■ .. .
. Si Mgr Mignot a écrit en faveur
•des établissements congréganistes
une proiestàtion magistrale, il ne
s'est pas reposé cependant de l'œu
vre dont il a, après de longs prépa
ratifs, assumé le labeur.
Elle concerne l'état général des
esprits, les rapports de la science
et dè la religion, les tendances des
fens qui doutent ou qui ont répu-
ié la foi et aussi de ceux qui, ne
pensant guère, s'imaginent croiret
suffisamment;
Comme tout se tiént, on peut ré
sumer la noble préoccupation du
savant , prélat par une formule qui
doit être comprise de n'importe
qui. En somme, il s'agit de savoir
ce que nous devons dire à. nos ad
versaires pour, leur faire admettre
que noïre doctrine est respectable.
■Des théories hostiles se sont dres
sées en face de notre enseignement
traditionnel et le condamnent au-
mépris de la foule en se servant du
prestige qu'elles-ont gagné.
Mgr Mignot indique à son clergés
le caractère et la portée réelle des
notions élaborées .pair la" sciences
hostile, sceptique" ou impartiale..
C 'est un choix très délicat. C'est ua
choix très "important. Tout ce qu'il
exige de savoir, de jugement, de
prudence, se devine "aux questions
mêmes qu'il soulève; et chaque page
des Lettres que publie le savant
prélat porte 1 empreinte de ces ra
res qualités.
Après avoir traité des études en
géheral, et réBumé dans un tableau
saisissant les changements accom- .
plis par la révolution scientifique,
Mgr l'archevêque d'Albi dépeint le
rôle actuel et futur du clergé et de
l'élite chrétienne.
Beaucoup d'âmes ont conservé la
foi, beaucoup d'autres la' conserve^
ront sàns avoir besoin de recourir
a l'apologétique; mais un grand
nombre aussi se sont trouvées aux
prises avec les attaques de l'incré
dulité. ou les séductions du doute et*
gardent de ce "combat une blessure
toujours ouverte; Elles sont favo
risées lorsque cette blessure saigne
encore au lieu dë se fermer après
avoir laissé échapper la sève vitale.
'En parlant de l'apologétique,
l'auteur s'est proposé principale
ment dïndiqùèr « ce qu'il fâiit évi-
« ter plutôt que ce' qu'il faut dé--
« montrera l'heure présente.»I1 pré
munit le} lecteur « contre le danger
« réel des preuves qui ne parais-
« sent plûs assez 1 décisives aujour-
« d'hui ». Voilà de ces paroles qui
ne peuvent être tracées que par une
plume circonspects et pleinement
assurée, sous peine de prendre le
caractère d'un dédain et d'un aban
don injuste, injurieux et scanda
leux. Maïs écrites à la lumière dè
l'érudition et de l'autorité, elles
donnent un précieux enseigne
ment.
Y a-t-il donc des -arguments qui
vieillissent et dont la valeur dépé
rit, même parmi ceux qu'employè
rent des apologistes renommés et
parmi ceux qui parurent longtemps
posséder Une force décisive et qui
furent réputés inattaquables ? Oui,
dit Mgr Mignot :•
L'intelligence humaine, mobile comme
la vie dont elle est la. plus belle.manifes-
tation, ne reste pas longtemps , occupée
du même objet, ou plutôt elle se plaît à le
considérer soùs mille aspects. De même
qu'une génération qui vient n'est jamais
identique à celle qui l'a précédée, nos
pensées, nos goûts, nos sentiments sont,
tout différents de ceux de nos pères. Nos
yeux sont . les mômes que les leurs ^ce
pendant, nous ne voyons plus comme
eux. La beauté des choses dépend sou
vent de l'angle sous lequel on les contem
ple. Comme le pôle se déplace par suite
de la précession des équinoxes, le champ
de notre vision se déplace aussi. .Chaque
siècle a ses goûts, seB besoins^ ses aptw
fudes, ses préférences, ses ocoupations
-arctiques, littéraires, scientifiques, doc
trinales et autres, que ne goûteront plas
ceux qju viendront après nous...
Que démonstrations; par exemple,
regardées comme absolument décisives,
ne sont plus à nos yeux que ce que nous
appelions des inscriptions sur dès tem-
beaux ï Eî cependant peux qui s'en, sont
servis, gui en ont vécu, étaient aussi inr
telligents.que nous, mais nous ne voyons
plus.comme eux; la précession des équi-
noies a déplacé lè champ de notre vi
sion. G'est aussi qu'en dehors de la mo
bilité inhérente à l'intelligence, des dé
couvertes nouvelles ont obligé à peser
tout à .uouveau et à refaire bien des cal
cula.
• Par exemple, le miracle et les
prophéties ont .procuré longtëmps
aux apologistes lés plus précieuses
ressources. Mgr Mignot note le
parti qu'en a tiré Pascal, car alors
surjette base,
Mais auj©urd'hui f « l'authenticité,
« la véracité, l'intégrité, l'inspira-
d'innombrables critiques ; et beau
coup d'hommes, même instruits sur
d'autres choses, ne peuvent pas ad
mettre qu'on ait l'idée d'invoquer lè
miracle.
Or il faut d'abord se placer au
point de vue des gens de qui l'on
veut se faire comprendre", comme
on se place à portée de l'oreille de
ceux dont on veut être entendu.
L'habileté du médecin consiste à dis
cerner du premier coup l'état de son ma>
lade, et à lui appliquer sùr-le-champ le
remède' le plus «fficace. En choisissant
telle recette plut.tt que telle autre, il
n'exclut pas les prescriptions formulées
au codex *, il ne les déclare pas inutiles
oh inefficaces, il juge seulement que la
sienne guérira "mieux et plus vite. Le
théologien, au contraire, ressemble à
l'auteur d'un immense traité de patholo
gie ou de, jurisprudence. Rien ne lui
échappe, rien ne le laisse irtdifférent. Son
rôle est assurément d'éliminer ce qui. est
erroné, comme l'auteur d'un traité mo
derne de médecine rejette les. grotesques
ordonnances de l'ancienne pharmacopée;
mais surtout de réunir dans un traité
complet ce qui lui paraît 'être en harmo
nie avec l'écriture, les écrits des Pères
et l'esprit général de l'enseignement dei
écoles. Homme de Ja tradition, il ne veut
laisser rien perdre de ce qui a pu inté
resser, guider, sanctifier nos pères. Son
œuvre ressemble à un immense réper
toire où l'on retrouve les aspirations et
les besoins de tous les siècles chrétiens
depuis les apôtres jusqu'à nos jours.
Au contraire, l'apologiste est l'htr/nme
du présent. Il ne par ticipe pas comsie le
théologien à l'impassibilité et à l'éter
nité de Dieu; Pressé d'agir sur ses con
temporains, il laisse à «l'autre» le soin de
dresser le bilan intellectuel et moral du
passé, de décadre les besoins intellectuels
des générations éteintes; il •«'it parmi
les vivants et ne cherche plut? Jésus-
Christ parmi les morts. Il sait que. l'E?
glisc; est destinée à donner la vie à toutes
lers générations qui se succéderoait jus
que la fin des temps. Avant de lui dé
nia nder de sortir ses richesses tie son
éefrin, il étudie avec soin lé môaveinent
pi dlosophique, moral, scientifique, £0-
g3 al de son siècle, ses idées, fies begoirtÊ",
Wes aspirations et ses goûts.
Il est clair, et Mgr Mignot ne
mangue pas de le dire, que 7: le pro-
« blême n'est pas à reprendre au
« le dogme ne change pas » ; niais,
ce qui peut changer, c'est « le point
.« de vue de l'apologis'te ».
Or, Papologiste doit tenir compte
de l'énorme, travail qùe la critique,
la linguistique et l'histoire ont ef
fectué sur la Bible; de même que
l'astronomie, la physique ^t la chi
mie ont modifié l'ancienne concep
tion du monde. La critique s'est
abandonnée très souvent au vertige.
de l'affirmation,- de même que jadis
des scolastiques se laissaient en
traîner à l'infini dans là voie du rai
sonnement, perdant de vue la réa^
lité. Bien que maintes fois inspirée
par un -mauvais sentiment, la criti
que n'a pas mis au jour que des
idées mauvaises.
Comment s'y débrouiller? C'est
une besogne difficile mais néces
saire. Mgr Mignot trace les gran
des lignes de la méthode qui per-r
mettra de faire le triage entre les
assertions hasardées j systémati
ques, déraisonnables et les faits ç[ui
ont désormais leurs preuves.
Nous n'en sommes pas arrivés à
l'heure de dresser l'inventaire com
plet des résultats obtenus par deux
siècles de critique, mais on peut le
préparer. Le* savant prélat recom
mande à son clergé de « suivre avec
« une scrupuleuse attention les dé-
« couvertes ""de nos savants dans
« toutes les branches des connais -
« sances humaines j » tout en se dé
fiant des conclusions excessives, de
même que des conclusions trop
étroites. Il ne faut pas se mettreà
courir, surtout au hasard, mais il
faut marcher. Il ne faut pas adopter
à la légère telle ou telle théorie sur
la chronologie biblique ou géolo
gique, sur l'attribution et la compo- (
sition des Livres saints, mais il im
porte d'examiner les théories qui
sont nées de recherches approfon
dies.
Dans une lettre spéciale, Mgr Mi
gnot traitera de la critique biblique
a propos de l'Ecriture sainte ; mais
déjà il a signalé des considérations
qui doivent servir de règle. Il rap
pelle la nécessité de ne pas donner
aux enfants une fausse idée, de la
religion, ni une idée exagérée.
« Fausser les consciences serait un
« crime. »
Nous voudrions avoir sans retard
publié ce document, dont' la"suite,
consacrée à l'Histoire, a déjà paru.
Nous lè ferons, aussitôt que l'en
combrement causé par la lutte ac
tuelle aura diminué. Nous devons à
l'éminent prélat presque autant
d'excuses que d'hommages.
On né saurait trop le remercier
de ; poursuivre, parmi tant de préoc
cupations, la tâche qui permettra
de montrer au nouveau siècle, in
crédule dès le berceau, l'Eglise vi
vante et agissante, dégageant la
vérité envahie par tant de sophis-
mes, remettant les choses en ordre,
rouvrant la voie obstruée; C'est un
des grands points de vue que dé
ploie notre doctrine. C'est aussi
l'explication d'un des faits qui dé
concertent souvent les intelligen
ces. A quoi servent le mal, l'er
reur,les ravages?A des constructions
nouvelles, à des entreprises plus
vastes que les œuvres anciennes
qui eurent la même origine et qui
subirent le ? même développement.
Avec les Barbares, l'Eglise a formé
la civilisation chrétienne. De la
science hostile èllé tirera des élé
ments précieux qu'elle seule est
capable d!utiliser.
Eugène T avernier.
BULLETIN
La Chambre discute cet après~inidi le
budgét. On suppose que ïa loi des finan
ces-pourra. être volée avant la, fin de
mars et que l'on évitera ainsi un. nou
veau douzième provisoire. .
M. Morinaud compte interpeller le
ministre de la marine : il lui demandera
quelle suite il veut donner, pour l'Algé
rie, aux' votes de la Chambre relatifs à
l'outillage des ports de guerre et à l'é
tablissement des bases d'opérations de la
flotte.
Le calme continue à Montceau-les-
Mines et à Chalon. Dans cette dernière
ville, la paye s'est effectuée, hier, sans
incidents, dans les usines atteintes par
la grève.
Hier, au Reichsrath, la séance a été
orageuse : l'opposition a provoqué des.
scènes tumultueuses et les députés en
sont presque venus aux mains.
Les Boers viennent de tenter un auda
cieux coup de main j peu s'en est fallu
qu'ils ne capturassent lord Kitchener.
C0IPL1SENT NECESSAIRE
Nous donnons ci-après la statisti
que des biens possédés ou occupés
par les congrégations dans le dé
partement. des Bassés-Alpes. L'en
quête officielle attribue à la totalité
de. ces immeubles une valeur d'un
million 352,800 francs. Il est inté
ressant de savoir que quatre-vingts
de ces maisons abritent soit des
écoles, soit des établisseriients cha
ritables.
Précédemment, nous avons re
produit deux autres statistiques du
même, genre. II y a, dit l'adminis
tration, pour .9,587,120 francs d'im-'
meubles possédés ou oce ipés par
des congrégations religieuses dans
l'Allier. En regard, il faut mettre
soixante-quinze éceles et trente et
uu établissements charitables. Dé-
partemen,t de l'Ai»ne : 4,927,280
francs d'immeubles; 122 écoles,
114 maisons hospitalières.
Tout le. monde comprend l'utilité,
la nécessité d'un pareil complément
de statistique. M. Càillaux, ministre
des finances, avait promis à la
Chambre de multiplier les colonnes,
les détails, les renseignements et les
rapprochements. Il donnerait", di
sait-il, tout ce que pourrait lui sug
gérer son imagination. L'imagina
tion de M. Caillaux est assez Courte,
apparemment. Elle ne franchit pas
les limites au delà desquelles ses
investigations gêneraient nos- sec
taires. ., ,
Voilà, sans doute, pourquoi l'en
quête officielle est muette, sur un
point du plus haut intérêt, de la
plus grande importance. A nous,
catholiques, dp la compléter. Ne
perdons pas .de temps ; nous : n'en
avons que trop perdu. ,
"Ce tableau, si instructif, qui n'a
été encore dresse que pour 1 Aisne,
les Basses-Alpes et l'Allier, il est
nécessaire qu'il soit au plus tôt
dressé pour tous les départements.
La besogne sera facile à ceux qui
ont les éléments de là statistique*
en mains, et l'effet ne manquerait
pas d'être considérable d'une no
menclature en quelque sorte offi
cielle par diocèse. Voyea-vous le
succès d'une affiche, où l'on met
trait en regard de la valeur des im
meubles possédés ou occupés dans
chaque département, le nombre des
écoles, des asiles, des orphelinats,
des hospices, des ouvroirs, des dis
pensaires entretenus par nos reli
gieux. Le public ne se scandalise
rait bientôt plus du fameux milliard
des congrégations. Il se demande
rait, au contraire, pomment elles
arrivent à faire tant d® bien avec,
proportionnellement, si peu de res
sources.
P. V.
_—: ; « —
L'Emoi DU IILlIiRU .
Basses-Alpes.
Résultat de l'enquête : -
Immeubles possédés Ou
occupés par les con
grégations au 1 er jan
vier 1900 (valeur vé
nale): 1.352 800 ff.
(Tableau officiel, Tome I,Page 1,037.]
Ce que l'enquête ne dit pas :
Orphelinats ..........,. 4
Salles d'asiles.....;.. . ii
Hôpitaux........ 3
Hospices. . i 9
Maisons de rétraite 2
Ecoles primaires 45
Dispensaires............ 3
Total, 80.
; ♦
STATISTIQUE ÉLOQUENTE
L'Office central des œuvres de
bienfaisance publie le relevé .sui
vant des oeuvres catholiques dont
le gouvernement prépare la ruine,
en ruinant les congrégations qui lés
dirigent presque toutes ;
25 œuvres d'hospitalité de nuit; 84 œu
vres de maternité, 97.asiles pour incu
rables, 172 asiles-ouvroire, 229 asiles
pour vieillards, 398 dispensaires et hô
pitaux, 398 œuvres d'assistance par le
travail, 512 crèches et asiles, 572 œu
vres pour malades, 691 orphelinats,
1,428 bureaux de bienfaisance. Total :
4,606.
Si le gouvernement veut reconsti
tuer ces oeuvres, que lui restera-t-il
du milliard ? S'il n'en a cure, que
fera-t-il des malheureux qu'il aura
livrés à la faim ? .
BONNE PROPAGANDE
Le comité général de défense des li
bertés d'enseignement et d'association
vient de publier en brobhure, au prix de
5 francs le cent, le Discours de M.
Piou.
Le Discours de M.Lerolle et le Dis
cours de M. Ribot, récemment publiés,
ont été demandés en si grand nombre
que l'augmentation du tirage a permis
d'en diminuer les prix. Celui de M. Le-
rolle est, en brochure, à 4 fr. 60 lè cent ;
en placard, à 10 francs, franco, le mille ;
en affiche timbrée, à 0 fr. 40 l'un, 3 fr.
90-la douzaine et 32 fr. le cent. Celui de
M. Ribot est, en brochure, à 5 francs le
cent, franco; en placard, à 12 francs le
mille.
Quant au Discours de M. de Mure, im
primé le premier, le 212' mille de la bro
chure est en vente au prix de 6 fr. 60 le
cent, franco.
Prière d'adresser les commandes et
les souscriptions à M. Fortin, 76, rue des
Saints-Pères, Paris.
Nous engageons très vivement tous
nos amis à faire cette excellente et très
elEeace propagande.
Çà et là
GOMMENT FINISSENT LES
MIRACLES
r Rien de plus grave, riiême pour les
gens, qui n'ont pas la foi, mais qui médi
tent et", qui raisonnent^ qué la (juestion
des miracles. Et, par cçntre, rién de plus
léger que la désinvolture avec laquelle,
dans lps discussions orales o.u dans la po
lémique de chaque jour, on tranche cette
même question.
. Pseudo-savants et charbonniers éman
cipés ont vite fait d'écrire un chapitre
sensationnel, pour expliquer « comment
finissent les miracles ». Encore s'ila
avaient pour eux la bonne foi 1
Ecoutez les premiers : ils prennent
corps à corps les miracles évangéliques,
et de= ces derniers il reste bien peu de
chose, le combat fini. Nous empruntons
les détails qui suivent à une superbe con
férence du R. P. Monsabré (1) : « Selon
un auteur plus- rapproché de nous, une
extrême frugalité explique le miracle du
désert,,etle contact d'une personne ex
quise, toutes les guérisons : car qui ose
rait dire que le contact d'une personne
exquise ne vaut- pas les ressources de la
pharmacie ? Le plaisir de la voir guérit,
elle donne ce qu'elle peut. »
Et l'éloquent Dominicain d'ajouter
malicieusement : Mpssieurs, quelle
économie pour le budget, si, en prêchant
la frugalité aux soldats,. pn parvenait à
nourrir une armée de quatre, cent mille
hommes à raison de cinq pains pour
quatre mille, plus des corbeilles pleines
des restes qui poHrraient servir indéfini
ment pour les jours suivants, puisque le
reste est toujours plus considérable que
la mise ! Quel avantage pour nous, si
tous les étudiants en médecine s'appli
quaient à devénir des personnes exqui
ses ! Nous y gagnerions une médication
facile et agréable, plus une classe de,la
société exclusivement composée de gens
bien élevés, ce qui nous ferait hon
neur. »
Comme le R. P. Monsabré a bien rai
son de, traiter de ridicules ces explica
tions qui nous viennent, pourtant de
membres de l'Institut ! Cet auteur « plus
rapproché de nous ®, est il besoin de l'a
jouter ? n'est autre que l'auteur de la Fie
de Jésus, Et l'on dira, après cela, que le
ridicule tue en France ! Hélas !
Les charbonniers émancipés, eux, ont
pour ancêtre l'illustre Gâro. Mais ils ont
parcouru du chemin depuis La Fontaine.
Bourgeois, pour la plupart, ils n'expli
quent rien, ils nient. Savent-ils, au juste,
ce que c'est qu'un miracle ? j'en doute
fort. Qui donc lejeur aurait appris V Mais
le mot sent de si loin s,on cléricalisme,
.qu'ils ne veulent point .en entendre par
ier. On a des principes ou on n'en a pas,
n'est-il pas vrai ? ;
Bourgeois, et bien bourgeois dans ce
sens, était moft oncle Lamey. Bien brave
homme, au fond, commerçant conscien
cieux et excellent époux, ancien capitaine
de mobiles en 70, conseiller municipal,
toujours réélu depuis bien de années, il a
eu jadis le grand tort de se lancer à corps
perdu dans la lutte politique. Pour lui,
comme pour bien d'autres, on ne saurait
être bon républicain et catholique sin
cère, et étant républicain convaincu, il
ne va plus à l'église.
Un jour,—je revois encore la petite
galle, à manger omée de quelques grar
vures représentant des . épisodes de la
guerre franco-allemande, et de deux
bustes microscopiques, celui de Thiers et
de Gambetta, — nous achevions de dé
jeuner. Pour ne point laisser perdre une
vieille tradition qu'on dit bien française,
nous discutions paisiblement entre [la
poire et le fromage. Séminariste en va
cances et ne doutant guère de. rien, je
parlai, je ne sais comment, des miracles
de Lourdes. Thiers et (rambetta, sur
leur socle de bois, éprouvèrent des fris
ions..,. ' ■ , ,.
Mon oncle, lui, eut un mouvement d'é-
pâules significatif, et, comme si ce geste
qui ne manque jamais d'éloquence dans
son laconisme n'eut pas suffi,/il ajouta
sur un ton qui ne souffrait point de répli
que : « Oh! mon pauvre petit t ce n'pst
pas à nous qu'il faut venir conter ces
choses! i Et moi qui. avais lu sur, la
question avec toute l'attention .dont je
suis capable, moi qui avais médité lon
guement certains articles publiés dans
les Etudes, moi qui n'aime guère —
et combien me ressemblent en France
et à l'étranger ? — à m'avouer vaincu,
j'aurais voulu insister un peu. Mais le
moyen de convaincre, un homme dont le
siège est fait, qui vous répond par, les
épaules et par une fin de non-rece-
voir?
Depuis longtemps j'avais oublié cet
épisode ; je n'en aimais pas moins sincè
rement mon oncle, lorsque, certain ma
tin, je reçus une lettre de ma mère. Elle
me disait incidemment : « Nous avons
reçu, le lendemain dé la Pentecôte, la
visite de l'oncle Lamey et nous avons eu
toutes les peines du monde à lai faire
prendre quelque chose. Il revenait d'un
pèlerinage à Beynac et prétendait que sa
dévotion ne vaudrait rien s'il mangeait
ou buvait avant d'être rentré à Saint-
Léonard. »
Et oui! à Beynac où J'qn se rend de
bien loin pour invoquer saint Jean-Bap
tiste, le bon père Lamey n'avait voulu
omettre aucune des cérémonies qui cons
tituent la dévotion. Dans l'intérieur de
L'église, il avait approché de toutes les
statues de saints —- et elles-sont nom.-
breuses — son bras gauche éprouvé gar
les rhumatismes. Il avait fait les génu-
(1 ) Introduction au dogme catholiqué,
t. III, pp. 98,
flexïôhs^d'ùsage ; puis; ôti l'avait'vu, el
chapèau d'une fnaiii ët' un chapelet dé
l'autre — un' chapelet de Notre-Dame de
Lourdes, jieut-êtré '— se diriger vers la
fontaine de Saint-Jean- Baptiste. Où étiez-'
vous, busteë de Thters et de Gambëttà,
témoins muets dé notre ëonvèfsàtïon
d'antan, êt qui vous laissiez eri c 'et ins
tant damer le piôri pacr' lek stàtués de
saint Dominique et de saint Thomaë d'Â-
qûin ? Ou'^ s'étalent-ils donc envolés, ces
mots qui m 'avaient tant froisEê" : « Oh !
mon pauvre petit, ce n'est pas à'nous
qu'il faut/venir contef -ces choses F n Q'u'é 1 -
tait -il devenu, le vieux sceptréismè de
mon vieil oncle? * ! ,
Je n'en sais rien, mais si, au soir fa
meux de la grande dévotion à saint Jean-
Baptiste, iy, àii lendemain du pèlerinage
bien long de Saint-Léonard à Beynac,
nous nous fussions retrouvés [dans la pe-.
tite salle à manger, à l'ombre tutélaire
dés bustes de Thiers et de Gambetta, et
si l-'idée m'eût pris de parler encore des
miracles de Lourdea, que fût-ii advenu ?
Répondez à ma place,'vous pour qui la
lsgicjue et la psychologie- n'ont plus de
secrets. Pour moi, je" le parierais pres
que, les mêmes paroles ou d'autres ana
logues, s'candéès.du mênié geste ou de
quèlq'ue chose d'approchant, fussènt
tombées écrasantes dès lèvres de mon
vieil onble.
Mançjue^ absolu de logique, mais qui
ne nous étonné guère plUâ. Combièn coh-
naissez-voùs, dans vos parages, dé gens
qui ne croient plus et vivent comme des
mécréants, qui ne vont plus guère à l'é
glise et n'assistent à la messe qu'aux
jours .d'enterrements, et qui sbnt supers»
titieux à l'état aigu, et qili croient àù
guignon des vendredis et "des treize'?... Là
liste serait trop longue; à vous dè la con-i
tinuer.' . ' '
À la campagne, le miraclé trouvé moiné
de réfractairesi A chaque pas," le jjaysaii
trouve tarit dé mystères ! Il rapproche le
miracle de la multiplication'des pains du
mystère de la m'ultiplication des grains.
L'eau changée en vin aux nbcès de Ca-
na, ne rappelle-t-elle jjaa l'eau puisée
dans le sol par le cep et se transformant
en raisin"? Êt ce" que font l'air et le goleil
et les forces dé la lisiture, éommènt et
pourquoi Dieu qui les a créées, ces forî
ces mystérieuses, ne le ferait il pas ?
Oh ! noas tous qui croyons au miracle,
demandons-en un au ciel. Disons à Jésus
de sauver là France: « Mon Dieu, si vous
voulez, vous pouvez la guérir !»
Prosper G érald.
LE
CE L'APPiSIlM k MMAIÏ-
Le 17 janvier dernier, Pontmain
était en fête ; on y célébrait le tren
tième anniversaire de l'Appari
tion. \
■ Soixante ecclésiastiques, trois
mille pèlerins venus pour la plupart
de la Mayenne et . des provinces li
mitrophes de Bretagne «t de Nor
mandie, se pressaient 'dah;s le ma
gnifique sanctuaire élevé à la
gloire de Marie par la reconnais
sance du peuple fidèle et que ses
tours élancées signalent au loin.
La pluie de la veille avait faifc
place à un soleil radieux; le pro^
gramme habituel des cérémonies
au jour put être intégralement rem
pli; on y ajouta même une.belle et
touchante procession au Calvaire
du parc des chapelains, dont le site
pittoresque et gracieux que travée
sent les eaux vives de l'Airon se
prêté si bien à ces manifestations
de la foi.
Dès l'ouverture de là fête, le dis
tingué supérieur des missionnaires,
le vénéré P. Favier O. M. I„ avait
éloquemment commenté les paro
les de la Vierge : « Mais priez, mes
enfants; Dieu vous exaucera en peu
de temps. Mon fils se laisse tou*
cher. » Dans un admirable et subs
tantiel discours, M. l'abbé Chauvin,
supérieur du petit séminaire de
Mayenne, développa, devant un au
ditoire attentif, cette pensée : « En
tre tous les titres glorieux sous les
quels nous invoquons la- Mère de
Dieu; les plus rassurants pour nous
et pour notre patrie sont ceux de
Notre-Dame d'Espérance et de No-
tre.-Dame de la Prière; qui lui ont.
été si justement-attribués à Pont
main. »
• Tous ceux qui, comme l'auteur de
ces lignes, ont été les heureux
moins de la célébration de cet anni
versaire, digne commencement d'un
siècle nouveau, en garderont un
souvenir inoubliable. En voyant . la
foule silencieuse et recueillie age
nouillée sur les dallés du sanctuaire
ou escortant la statue de l'Appari
tion, ou bien encore se pressant
dans la grange Barbedette aujour
d'hui transformée en chapelle, pour
y réciter le chapelet; — on sentait
que la foi, la reconnaissance etl^
mour dominaient chez elle toute
autre impression.
Bonne et belle journée, bien faite
pour réjouir le cœur de cette reine,
vierge et mère qui, portant le deuil
de la France agonisante, vint, au
soir du 17 janvier 1871, annoncer à
son peuple la fin d'un désastre sans"
précédent.
. Trente années se sont écouîées
depuis la catastrophe que nous
semblons perdre de vue au milieu
de nos discordes; et cependant,
Edition quotidienne. — 12,053
Vendredi 22 Février 1801
-5-* 5 rvi,
ÉDITION ÔUO.TIDEEKNS
PARIS ÉTRANGER .
... ET DÉPARTEMENTS " (UNION POSTAL^
£tQ« . * • 4 ..«'» « 40 r .JS: 51' W .
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L'UNIVERS né répond pas des manuscrits~ qui lui sont aâmsts
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MM. LAGRÀNGE, OËKF et C !i , 6, place de îkfècrawé
-PARIS, 21 FEVRIER 1901
SOMMAIRE
E u&èke T avernier.
P. V-
P rospêr G ërald.
V ice-amiral de C u-
VERV1LLE.
R. P. T qndini.
Ij'I EU tenan T-COLO-
NEL D E BONAEIDE .
Ï j DOU j ^ rd A lexandre
L'apologétique con*
- temporaire.. .Vi ■;.
Complément nécas-
-saire.... :.
Çà- et-là;: Comment
finissent les. mira-.
clés
Le XXX e anniver
saire de l'appari
tion à Pontmain,
La réforme du ca
lendrier ..■■
Nos forteresses.....
L'œuvre de, dom
Bosco..... ..... ...
aiillôte. — L'emploi du milliard: — Statis-
• tique éloquente. — Benne propagande. —
Le fisc et les -congrégations. — Le port
: de la -soutane. — IhïorràatlonB politiques
et parlementaire*. — Madagascar. — En
Espagne: fin Angleterre. — La guerre
du Tranav*al — En Chine. — La ques
tion crétoisé. — Bépêohéa ie'l'étranger.
;—A travers la" presse.— Chronique. —
Lettres; sbienèeà et arts. — Les grèves.
— SbîsoG de p«r't*ut. — Les travaux
scientifiques* de M: A'. David. — Chroni
que religieuse. — Nécrdlogle. — Tribu
naux. 'r— Nouvelles diverses; — Oaicn-
drier. — Bourse et bulletin financier, -r
Défaire heure. :
ji'APOLOfiÉnôUB coiimui
-Noiis avons maintenant un prodi
gieux appétit d'actualité. Nouvelles,
menus faits, détails, commérages,
sensations brutales, voilà de quoi
se nourrit presque tout le public!
Cette pâturé ét tiës breùvagë s trom
pent son. appétit et le rend es t plus
impérieux. 11 y a vraiment pour les
âmes une sorte d'alcoolisme plus
ou moiqs pareil à .celui qui surexcite
les organes du corps sans les ali
menter. Bien que l'on mange .çt que
l'on boive beaucoup, la faim et la
soif vont grandissant.
Toutefois,.. les hommes éclairés
et laborieuxne perdent pas cousrage.
Ils poursuivent leurs travaux qui
permettront de répandre, dans la
circulation sociale, des, produits
sains et substantiels. Malgré le
brouhaha du monde léger et fr éné
tique, on rie cesse .pas chez nous dé
composer des livres, qui relèvent
la dignité humaine et qui finiront
par la sauver. "
Pour le quart' d'heure ces livres
ont- tort, mais ils exercent tout de
même leur action. Ils passentà tra
vers la couche de poussière promet
née par les vents capricieux et pren
nent une place qu'ils garderont.
L'un d'eux se fait en quelque
sorte sous les yeux de la France
instruite et croyante. Par une série
dé « Lettres » adressées à son
•clergé, l'éminent archevêque d'Alhi
•expose les problèmes principaux de
la question religieuse, telle qu'elle
se présente de nos jours.
Nous avons parlé des deux pre
mières «Lettres ». Deux autres ont.
paru; et l'une d'elles date du mois
dé septembre.,.. Depuis, M. Wal-
deck-Rousseau et quelques jacobins
arriérés se sont chargés d'une en
treprise qui a concentré sur elle
l'attention et qui a, pour ainsi dire,
absorbé l'activité. L'affaire des as
sociations, quelle que soit l'idée,
confuse encôré, qui l'a inspirée, a
une importance capitale ; et il est
•juste et il est nécessaire de lui su
bordonner toute chose.
Mais puisque M. Waldeck-Rous
seau .s'est offert une petite maladie,
nous serions impardonnables de ne
pas utiliser le répit qu'elle nous pro
cure. . ~ ■ .. .
. Si Mgr Mignot a écrit en faveur
•des établissements congréganistes
une proiestàtion magistrale, il ne
s'est pas reposé cependant de l'œu
vre dont il a, après de longs prépa
ratifs, assumé le labeur.
Elle concerne l'état général des
esprits, les rapports de la science
et dè la religion, les tendances des
fens qui doutent ou qui ont répu-
ié la foi et aussi de ceux qui, ne
pensant guère, s'imaginent croiret
suffisamment;
Comme tout se tiént, on peut ré
sumer la noble préoccupation du
savant , prélat par une formule qui
doit être comprise de n'importe
qui. En somme, il s'agit de savoir
ce que nous devons dire à. nos ad
versaires pour, leur faire admettre
que noïre doctrine est respectable.
■Des théories hostiles se sont dres
sées en face de notre enseignement
traditionnel et le condamnent au-
mépris de la foule en se servant du
prestige qu'elles-ont gagné.
Mgr Mignot indique à son clergés
le caractère et la portée réelle des
notions élaborées .pair la" sciences
hostile, sceptique" ou impartiale..
C 'est un choix très délicat. C'est ua
choix très "important. Tout ce qu'il
exige de savoir, de jugement, de
prudence, se devine "aux questions
mêmes qu'il soulève; et chaque page
des Lettres que publie le savant
prélat porte 1 empreinte de ces ra
res qualités.
Après avoir traité des études en
géheral, et réBumé dans un tableau
saisissant les changements accom- .
plis par la révolution scientifique,
Mgr l'archevêque d'Albi dépeint le
rôle actuel et futur du clergé et de
l'élite chrétienne.
Beaucoup d'âmes ont conservé la
foi, beaucoup d'autres la' conserve^
ront sàns avoir besoin de recourir
a l'apologétique; mais un grand
nombre aussi se sont trouvées aux
prises avec les attaques de l'incré
dulité. ou les séductions du doute et*
gardent de ce "combat une blessure
toujours ouverte; Elles sont favo
risées lorsque cette blessure saigne
encore au lieu dë se fermer après
avoir laissé échapper la sève vitale.
'En parlant de l'apologétique,
l'auteur s'est proposé principale
ment dïndiqùèr « ce qu'il fâiit évi-
« ter plutôt que ce' qu'il faut dé--
« montrera l'heure présente.»I1 pré
munit le} lecteur « contre le danger
« réel des preuves qui ne parais-
« sent plûs assez 1 décisives aujour-
« d'hui ». Voilà de ces paroles qui
ne peuvent être tracées que par une
plume circonspects et pleinement
assurée, sous peine de prendre le
caractère d'un dédain et d'un aban
don injuste, injurieux et scanda
leux. Maïs écrites à la lumière dè
l'érudition et de l'autorité, elles
donnent un précieux enseigne
ment.
Y a-t-il donc des -arguments qui
vieillissent et dont la valeur dépé
rit, même parmi ceux qu'employè
rent des apologistes renommés et
parmi ceux qui parurent longtemps
posséder Une force décisive et qui
furent réputés inattaquables ? Oui,
dit Mgr Mignot :•
L'intelligence humaine, mobile comme
la vie dont elle est la. plus belle.manifes-
tation, ne reste pas longtemps , occupée
du même objet, ou plutôt elle se plaît à le
considérer soùs mille aspects. De même
qu'une génération qui vient n'est jamais
identique à celle qui l'a précédée, nos
pensées, nos goûts, nos sentiments sont,
tout différents de ceux de nos pères. Nos
yeux sont . les mômes que les leurs ^ce
pendant, nous ne voyons plus comme
eux. La beauté des choses dépend sou
vent de l'angle sous lequel on les contem
ple. Comme le pôle se déplace par suite
de la précession des équinoxes, le champ
de notre vision se déplace aussi. .Chaque
siècle a ses goûts, seB besoins^ ses aptw
fudes, ses préférences, ses ocoupations
-arctiques, littéraires, scientifiques, doc
trinales et autres, que ne goûteront plas
ceux qju viendront après nous...
Que démonstrations; par exemple,
regardées comme absolument décisives,
ne sont plus à nos yeux que ce que nous
appelions des inscriptions sur dès tem-
beaux ï Eî cependant peux qui s'en, sont
servis, gui en ont vécu, étaient aussi inr
telligents.que nous, mais nous ne voyons
plus.comme eux; la précession des équi-
noies a déplacé lè champ de notre vi
sion. G'est aussi qu'en dehors de la mo
bilité inhérente à l'intelligence, des dé
couvertes nouvelles ont obligé à peser
tout à .uouveau et à refaire bien des cal
cula.
• Par exemple, le miracle et les
prophéties ont .procuré longtëmps
aux apologistes lés plus précieuses
ressources. Mgr Mignot note le
parti qu'en a tiré Pascal, car alors
surjette base,
Mais auj©urd'hui f « l'authenticité,
« la véracité, l'intégrité, l'inspira-
coup d'hommes, même instruits sur
d'autres choses, ne peuvent pas ad
mettre qu'on ait l'idée d'invoquer lè
miracle.
Or il faut d'abord se placer au
point de vue des gens de qui l'on
veut se faire comprendre", comme
on se place à portée de l'oreille de
ceux dont on veut être entendu.
L'habileté du médecin consiste à dis
cerner du premier coup l'état de son ma>
lade, et à lui appliquer sùr-le-champ le
remède' le plus «fficace. En choisissant
telle recette plut.tt que telle autre, il
n'exclut pas les prescriptions formulées
au codex *, il ne les déclare pas inutiles
oh inefficaces, il juge seulement que la
sienne guérira "mieux et plus vite. Le
théologien, au contraire, ressemble à
l'auteur d'un immense traité de patholo
gie ou de, jurisprudence. Rien ne lui
échappe, rien ne le laisse irtdifférent. Son
rôle est assurément d'éliminer ce qui. est
erroné, comme l'auteur d'un traité mo
derne de médecine rejette les. grotesques
ordonnances de l'ancienne pharmacopée;
mais surtout de réunir dans un traité
complet ce qui lui paraît 'être en harmo
nie avec l'écriture, les écrits des Pères
et l'esprit général de l'enseignement dei
écoles. Homme de Ja tradition, il ne veut
laisser rien perdre de ce qui a pu inté
resser, guider, sanctifier nos pères. Son
œuvre ressemble à un immense réper
toire où l'on retrouve les aspirations et
les besoins de tous les siècles chrétiens
depuis les apôtres jusqu'à nos jours.
Au contraire, l'apologiste est l'htr/nme
du présent. Il ne par ticipe pas comsie le
théologien à l'impassibilité et à l'éter
nité de Dieu; Pressé d'agir sur ses con
temporains, il laisse à «l'autre» le soin de
dresser le bilan intellectuel et moral du
passé, de décadre les besoins intellectuels
des générations éteintes; il •«'it parmi
les vivants et ne cherche plut? Jésus-
Christ parmi les morts. Il sait que. l'E?
glisc; est destinée à donner la vie à toutes
lers générations qui se succéderoait jus
que la fin des temps. Avant de lui dé
nia nder de sortir ses richesses tie son
éefrin, il étudie avec soin lé môaveinent
pi dlosophique, moral, scientifique, £0-
g3 al de son siècle, ses idées, fies begoirtÊ",
Wes aspirations et ses goûts.
Il est clair, et Mgr Mignot ne
mangue pas de le dire, que 7: le pro-
« blême n'est pas à reprendre au
ce qui peut changer, c'est « le point
.« de vue de l'apologis'te ».
Or, Papologiste doit tenir compte
de l'énorme, travail qùe la critique,
la linguistique et l'histoire ont ef
fectué sur la Bible; de même que
l'astronomie, la physique ^t la chi
mie ont modifié l'ancienne concep
tion du monde. La critique s'est
abandonnée très souvent au vertige.
de l'affirmation,- de même que jadis
des scolastiques se laissaient en
traîner à l'infini dans là voie du rai
sonnement, perdant de vue la réa^
lité. Bien que maintes fois inspirée
par un -mauvais sentiment, la criti
que n'a pas mis au jour que des
idées mauvaises.
Comment s'y débrouiller? C'est
une besogne difficile mais néces
saire. Mgr Mignot trace les gran
des lignes de la méthode qui per-r
mettra de faire le triage entre les
assertions hasardées j systémati
ques, déraisonnables et les faits ç[ui
ont désormais leurs preuves.
Nous n'en sommes pas arrivés à
l'heure de dresser l'inventaire com
plet des résultats obtenus par deux
siècles de critique, mais on peut le
préparer. Le* savant prélat recom
mande à son clergé de « suivre avec
« une scrupuleuse attention les dé-
« couvertes ""de nos savants dans
« toutes les branches des connais -
« sances humaines j » tout en se dé
fiant des conclusions excessives, de
même que des conclusions trop
étroites. Il ne faut pas se mettreà
courir, surtout au hasard, mais il
faut marcher. Il ne faut pas adopter
à la légère telle ou telle théorie sur
la chronologie biblique ou géolo
gique, sur l'attribution et la compo- (
sition des Livres saints, mais il im
porte d'examiner les théories qui
sont nées de recherches approfon
dies.
Dans une lettre spéciale, Mgr Mi
gnot traitera de la critique biblique
a propos de l'Ecriture sainte ; mais
déjà il a signalé des considérations
qui doivent servir de règle. Il rap
pelle la nécessité de ne pas donner
aux enfants une fausse idée, de la
religion, ni une idée exagérée.
« Fausser les consciences serait un
« crime. »
Nous voudrions avoir sans retard
publié ce document, dont' la"suite,
consacrée à l'Histoire, a déjà paru.
Nous lè ferons, aussitôt que l'en
combrement causé par la lutte ac
tuelle aura diminué. Nous devons à
l'éminent prélat presque autant
d'excuses que d'hommages.
On né saurait trop le remercier
de ; poursuivre, parmi tant de préoc
cupations, la tâche qui permettra
de montrer au nouveau siècle, in
crédule dès le berceau, l'Eglise vi
vante et agissante, dégageant la
vérité envahie par tant de sophis-
mes, remettant les choses en ordre,
rouvrant la voie obstruée; C'est un
des grands points de vue que dé
ploie notre doctrine. C'est aussi
l'explication d'un des faits qui dé
concertent souvent les intelligen
ces. A quoi servent le mal, l'er
reur,les ravages?A des constructions
nouvelles, à des entreprises plus
vastes que les œuvres anciennes
qui eurent la même origine et qui
subirent le ? même développement.
Avec les Barbares, l'Eglise a formé
la civilisation chrétienne. De la
science hostile èllé tirera des élé
ments précieux qu'elle seule est
capable d!utiliser.
Eugène T avernier.
BULLETIN
La Chambre discute cet après~inidi le
budgét. On suppose que ïa loi des finan
ces-pourra. être volée avant la, fin de
mars et que l'on évitera ainsi un. nou
veau douzième provisoire. .
M. Morinaud compte interpeller le
ministre de la marine : il lui demandera
quelle suite il veut donner, pour l'Algé
rie, aux' votes de la Chambre relatifs à
l'outillage des ports de guerre et à l'é
tablissement des bases d'opérations de la
flotte.
Le calme continue à Montceau-les-
Mines et à Chalon. Dans cette dernière
ville, la paye s'est effectuée, hier, sans
incidents, dans les usines atteintes par
la grève.
Hier, au Reichsrath, la séance a été
orageuse : l'opposition a provoqué des.
scènes tumultueuses et les députés en
sont presque venus aux mains.
Les Boers viennent de tenter un auda
cieux coup de main j peu s'en est fallu
qu'ils ne capturassent lord Kitchener.
C0IPL1SENT NECESSAIRE
Nous donnons ci-après la statisti
que des biens possédés ou occupés
par les congrégations dans le dé
partement. des Bassés-Alpes. L'en
quête officielle attribue à la totalité
de. ces immeubles une valeur d'un
million 352,800 francs. Il est inté
ressant de savoir que quatre-vingts
de ces maisons abritent soit des
écoles, soit des établisseriients cha
ritables.
Précédemment, nous avons re
produit deux autres statistiques du
même, genre. II y a, dit l'adminis
tration, pour .9,587,120 francs d'im-'
meubles possédés ou oce ipés par
des congrégations religieuses dans
l'Allier. En regard, il faut mettre
soixante-quinze éceles et trente et
uu établissements charitables. Dé-
partemen,t de l'Ai»ne : 4,927,280
francs d'immeubles; 122 écoles,
114 maisons hospitalières.
Tout le. monde comprend l'utilité,
la nécessité d'un pareil complément
de statistique. M. Càillaux, ministre
des finances, avait promis à la
Chambre de multiplier les colonnes,
les détails, les renseignements et les
rapprochements. Il donnerait", di
sait-il, tout ce que pourrait lui sug
gérer son imagination. L'imagina
tion de M. Caillaux est assez Courte,
apparemment. Elle ne franchit pas
les limites au delà desquelles ses
investigations gêneraient nos- sec
taires. ., ,
Voilà, sans doute, pourquoi l'en
quête officielle est muette, sur un
point du plus haut intérêt, de la
plus grande importance. A nous,
catholiques, dp la compléter. Ne
perdons pas .de temps ; nous : n'en
avons que trop perdu. ,
"Ce tableau, si instructif, qui n'a
été encore dresse que pour 1 Aisne,
les Basses-Alpes et l'Allier, il est
nécessaire qu'il soit au plus tôt
dressé pour tous les départements.
La besogne sera facile à ceux qui
ont les éléments de là statistique*
en mains, et l'effet ne manquerait
pas d'être considérable d'une no
menclature en quelque sorte offi
cielle par diocèse. Voyea-vous le
succès d'une affiche, où l'on met
trait en regard de la valeur des im
meubles possédés ou occupés dans
chaque département, le nombre des
écoles, des asiles, des orphelinats,
des hospices, des ouvroirs, des dis
pensaires entretenus par nos reli
gieux. Le public ne se scandalise
rait bientôt plus du fameux milliard
des congrégations. Il se demande
rait, au contraire, pomment elles
arrivent à faire tant d® bien avec,
proportionnellement, si peu de res
sources.
P. V.
_—: ; « —
L'Emoi DU IILlIiRU .
Basses-Alpes.
Résultat de l'enquête : -
Immeubles possédés Ou
occupés par les con
grégations au 1 er jan
vier 1900 (valeur vé
nale): 1.352 800 ff.
(Tableau officiel, Tome I,Page 1,037.]
Ce que l'enquête ne dit pas :
Orphelinats ..........,. 4
Salles d'asiles.....;.. . ii
Hôpitaux........ 3
Hospices. . i 9
Maisons de rétraite 2
Ecoles primaires 45
Dispensaires............ 3
Total, 80.
; ♦
STATISTIQUE ÉLOQUENTE
L'Office central des œuvres de
bienfaisance publie le relevé .sui
vant des oeuvres catholiques dont
le gouvernement prépare la ruine,
en ruinant les congrégations qui lés
dirigent presque toutes ;
25 œuvres d'hospitalité de nuit; 84 œu
vres de maternité, 97.asiles pour incu
rables, 172 asiles-ouvroire, 229 asiles
pour vieillards, 398 dispensaires et hô
pitaux, 398 œuvres d'assistance par le
travail, 512 crèches et asiles, 572 œu
vres pour malades, 691 orphelinats,
1,428 bureaux de bienfaisance. Total :
4,606.
Si le gouvernement veut reconsti
tuer ces oeuvres, que lui restera-t-il
du milliard ? S'il n'en a cure, que
fera-t-il des malheureux qu'il aura
livrés à la faim ? .
BONNE PROPAGANDE
Le comité général de défense des li
bertés d'enseignement et d'association
vient de publier en brobhure, au prix de
5 francs le cent, le Discours de M.
Piou.
Le Discours de M.Lerolle et le Dis
cours de M. Ribot, récemment publiés,
ont été demandés en si grand nombre
que l'augmentation du tirage a permis
d'en diminuer les prix. Celui de M. Le-
rolle est, en brochure, à 4 fr. 60 lè cent ;
en placard, à 10 francs, franco, le mille ;
en affiche timbrée, à 0 fr. 40 l'un, 3 fr.
90-la douzaine et 32 fr. le cent. Celui de
M. Ribot est, en brochure, à 5 francs le
cent, franco; en placard, à 12 francs le
mille.
Quant au Discours de M. de Mure, im
primé le premier, le 212' mille de la bro
chure est en vente au prix de 6 fr. 60 le
cent, franco.
Prière d'adresser les commandes et
les souscriptions à M. Fortin, 76, rue des
Saints-Pères, Paris.
Nous engageons très vivement tous
nos amis à faire cette excellente et très
elEeace propagande.
Çà et là
GOMMENT FINISSENT LES
MIRACLES
r Rien de plus grave, riiême pour les
gens, qui n'ont pas la foi, mais qui médi
tent et", qui raisonnent^ qué la (juestion
des miracles. Et, par cçntre, rién de plus
léger que la désinvolture avec laquelle,
dans lps discussions orales o.u dans la po
lémique de chaque jour, on tranche cette
même question.
. Pseudo-savants et charbonniers éman
cipés ont vite fait d'écrire un chapitre
sensationnel, pour expliquer « comment
finissent les miracles ». Encore s'ila
avaient pour eux la bonne foi 1
Ecoutez les premiers : ils prennent
corps à corps les miracles évangéliques,
et de= ces derniers il reste bien peu de
chose, le combat fini. Nous empruntons
les détails qui suivent à une superbe con
férence du R. P. Monsabré (1) : « Selon
un auteur plus- rapproché de nous, une
extrême frugalité explique le miracle du
désert,,etle contact d'une personne ex
quise, toutes les guérisons : car qui ose
rait dire que le contact d'une personne
exquise ne vaut- pas les ressources de la
pharmacie ? Le plaisir de la voir guérit,
elle donne ce qu'elle peut. »
Et l'éloquent Dominicain d'ajouter
malicieusement : Mpssieurs, quelle
économie pour le budget, si, en prêchant
la frugalité aux soldats,. pn parvenait à
nourrir une armée de quatre, cent mille
hommes à raison de cinq pains pour
quatre mille, plus des corbeilles pleines
des restes qui poHrraient servir indéfini
ment pour les jours suivants, puisque le
reste est toujours plus considérable que
la mise ! Quel avantage pour nous, si
tous les étudiants en médecine s'appli
quaient à devénir des personnes exqui
ses ! Nous y gagnerions une médication
facile et agréable, plus une classe de,la
société exclusivement composée de gens
bien élevés, ce qui nous ferait hon
neur. »
Comme le R. P. Monsabré a bien rai
son de, traiter de ridicules ces explica
tions qui nous viennent, pourtant de
membres de l'Institut ! Cet auteur « plus
rapproché de nous ®, est il besoin de l'a
jouter ? n'est autre que l'auteur de la Fie
de Jésus, Et l'on dira, après cela, que le
ridicule tue en France ! Hélas !
Les charbonniers émancipés, eux, ont
pour ancêtre l'illustre Gâro. Mais ils ont
parcouru du chemin depuis La Fontaine.
Bourgeois, pour la plupart, ils n'expli
quent rien, ils nient. Savent-ils, au juste,
ce que c'est qu'un miracle ? j'en doute
fort. Qui donc lejeur aurait appris V Mais
le mot sent de si loin s,on cléricalisme,
.qu'ils ne veulent point .en entendre par
ier. On a des principes ou on n'en a pas,
n'est-il pas vrai ? ;
Bourgeois, et bien bourgeois dans ce
sens, était moft oncle Lamey. Bien brave
homme, au fond, commerçant conscien
cieux et excellent époux, ancien capitaine
de mobiles en 70, conseiller municipal,
toujours réélu depuis bien de années, il a
eu jadis le grand tort de se lancer à corps
perdu dans la lutte politique. Pour lui,
comme pour bien d'autres, on ne saurait
être bon républicain et catholique sin
cère, et étant républicain convaincu, il
ne va plus à l'église.
Un jour,—je revois encore la petite
galle, à manger omée de quelques grar
vures représentant des . épisodes de la
guerre franco-allemande, et de deux
bustes microscopiques, celui de Thiers et
de Gambetta, — nous achevions de dé
jeuner. Pour ne point laisser perdre une
vieille tradition qu'on dit bien française,
nous discutions paisiblement entre [la
poire et le fromage. Séminariste en va
cances et ne doutant guère de. rien, je
parlai, je ne sais comment, des miracles
de Lourdes. Thiers et (rambetta, sur
leur socle de bois, éprouvèrent des fris
ions..,. ' ■ , ,.
Mon oncle, lui, eut un mouvement d'é-
pâules significatif, et, comme si ce geste
qui ne manque jamais d'éloquence dans
son laconisme n'eut pas suffi,/il ajouta
sur un ton qui ne souffrait point de répli
que : « Oh! mon pauvre petit t ce n'pst
pas à nous qu'il faut venir conter ces
choses! i Et moi qui. avais lu sur, la
question avec toute l'attention .dont je
suis capable, moi qui avais médité lon
guement certains articles publiés dans
les Etudes, moi qui n'aime guère —
et combien me ressemblent en France
et à l'étranger ? — à m'avouer vaincu,
j'aurais voulu insister un peu. Mais le
moyen de convaincre, un homme dont le
siège est fait, qui vous répond par, les
épaules et par une fin de non-rece-
voir?
Depuis longtemps j'avais oublié cet
épisode ; je n'en aimais pas moins sincè
rement mon oncle, lorsque, certain ma
tin, je reçus une lettre de ma mère. Elle
me disait incidemment : « Nous avons
reçu, le lendemain dé la Pentecôte, la
visite de l'oncle Lamey et nous avons eu
toutes les peines du monde à lai faire
prendre quelque chose. Il revenait d'un
pèlerinage à Beynac et prétendait que sa
dévotion ne vaudrait rien s'il mangeait
ou buvait avant d'être rentré à Saint-
Léonard. »
Et oui! à Beynac où J'qn se rend de
bien loin pour invoquer saint Jean-Bap
tiste, le bon père Lamey n'avait voulu
omettre aucune des cérémonies qui cons
tituent la dévotion. Dans l'intérieur de
L'église, il avait approché de toutes les
statues de saints —- et elles-sont nom.-
breuses — son bras gauche éprouvé gar
les rhumatismes. Il avait fait les génu-
(1 ) Introduction au dogme catholiqué,
t. III, pp. 98,
flexïôhs^d'ùsage ; puis; ôti l'avait'vu, el
chapèau d'une fnaiii ët' un chapelet dé
l'autre — un' chapelet de Notre-Dame de
Lourdes, jieut-êtré '— se diriger vers la
fontaine de Saint-Jean- Baptiste. Où étiez-'
vous, busteë de Thters et de Gambëttà,
témoins muets dé notre ëonvèfsàtïon
d'antan, êt qui vous laissiez eri c 'et ins
tant damer le piôri pacr' lek stàtués de
saint Dominique et de saint Thomaë d'Â-
qûin ? Ou'^ s'étalent-ils donc envolés, ces
mots qui m 'avaient tant froisEê" : « Oh !
mon pauvre petit, ce n'est pas à'nous
qu'il faut/venir contef -ces choses F n Q'u'é 1 -
tait -il devenu, le vieux sceptréismè de
mon vieil oncle? * ! ,
Je n'en sais rien, mais si, au soir fa
meux de la grande dévotion à saint Jean-
Baptiste, iy, àii lendemain du pèlerinage
bien long de Saint-Léonard à Beynac,
nous nous fussions retrouvés [dans la pe-.
tite salle à manger, à l'ombre tutélaire
dés bustes de Thiers et de Gambetta, et
si l-'idée m'eût pris de parler encore des
miracles de Lourdea, que fût-ii advenu ?
Répondez à ma place,'vous pour qui la
lsgicjue et la psychologie- n'ont plus de
secrets. Pour moi, je" le parierais pres
que, les mêmes paroles ou d'autres ana
logues, s'candéès.du mênié geste ou de
quèlq'ue chose d'approchant, fussènt
tombées écrasantes dès lèvres de mon
vieil onble.
Mançjue^ absolu de logique, mais qui
ne nous étonné guère plUâ. Combièn coh-
naissez-voùs, dans vos parages, dé gens
qui ne croient plus et vivent comme des
mécréants, qui ne vont plus guère à l'é
glise et n'assistent à la messe qu'aux
jours .d'enterrements, et qui sbnt supers»
titieux à l'état aigu, et qili croient àù
guignon des vendredis et "des treize'?... Là
liste serait trop longue; à vous dè la con-i
tinuer.' . ' '
À la campagne, le miraclé trouvé moiné
de réfractairesi A chaque pas," le jjaysaii
trouve tarit dé mystères ! Il rapproche le
miracle de la multiplication'des pains du
mystère de la m'ultiplication des grains.
L'eau changée en vin aux nbcès de Ca-
na, ne rappelle-t-elle jjaa l'eau puisée
dans le sol par le cep et se transformant
en raisin"? Êt ce" que font l'air et le goleil
et les forces dé la lisiture, éommènt et
pourquoi Dieu qui les a créées, ces forî
ces mystérieuses, ne le ferait il pas ?
Oh ! noas tous qui croyons au miracle,
demandons-en un au ciel. Disons à Jésus
de sauver là France: « Mon Dieu, si vous
voulez, vous pouvez la guérir !»
Prosper G érald.
LE
CE L'APPiSIlM k MMAIÏ-
Le 17 janvier dernier, Pontmain
était en fête ; on y célébrait le tren
tième anniversaire de l'Appari
tion. \
■ Soixante ecclésiastiques, trois
mille pèlerins venus pour la plupart
de la Mayenne et . des provinces li
mitrophes de Bretagne «t de Nor
mandie, se pressaient 'dah;s le ma
gnifique sanctuaire élevé à la
gloire de Marie par la reconnais
sance du peuple fidèle et que ses
tours élancées signalent au loin.
La pluie de la veille avait faifc
place à un soleil radieux; le pro^
gramme habituel des cérémonies
au jour put être intégralement rem
pli; on y ajouta même une.belle et
touchante procession au Calvaire
du parc des chapelains, dont le site
pittoresque et gracieux que travée
sent les eaux vives de l'Airon se
prêté si bien à ces manifestations
de la foi.
Dès l'ouverture de là fête, le dis
tingué supérieur des missionnaires,
le vénéré P. Favier O. M. I„ avait
éloquemment commenté les paro
les de la Vierge : « Mais priez, mes
enfants; Dieu vous exaucera en peu
de temps. Mon fils se laisse tou*
cher. » Dans un admirable et subs
tantiel discours, M. l'abbé Chauvin,
supérieur du petit séminaire de
Mayenne, développa, devant un au
ditoire attentif, cette pensée : « En
tre tous les titres glorieux sous les
quels nous invoquons la- Mère de
Dieu; les plus rassurants pour nous
et pour notre patrie sont ceux de
Notre-Dame d'Espérance et de No-
tre.-Dame de la Prière; qui lui ont.
été si justement-attribués à Pont
main. »
• Tous ceux qui, comme l'auteur de
ces lignes, ont été les heureux
moins de la célébration de cet anni
versaire, digne commencement d'un
siècle nouveau, en garderont un
souvenir inoubliable. En voyant . la
foule silencieuse et recueillie age
nouillée sur les dallés du sanctuaire
ou escortant la statue de l'Appari
tion, ou bien encore se pressant
dans la grange Barbedette aujour
d'hui transformée en chapelle, pour
y réciter le chapelet; — on sentait
que la foi, la reconnaissance etl^
mour dominaient chez elle toute
autre impression.
Bonne et belle journée, bien faite
pour réjouir le cœur de cette reine,
vierge et mère qui, portant le deuil
de la France agonisante, vint, au
soir du 17 janvier 1871, annoncer à
son peuple la fin d'un désastre sans"
précédent.
. Trente années se sont écouîées
depuis la catastrophe que nous
semblons perdre de vue au milieu
de nos discordes; et cependant,
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