Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-02-20
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 février 1901 20 février 1901
Description : 1901/02/20 (Numéro 12054). 1901/02/20 (Numéro 12054).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 20 Février 1901
Siitlon quotidienne. — 12,054
t
Mercredi 20 Février 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
Eï DÉPARTEMENTS
\JXL .&&•«* a §.4 '*«•>'. 4iQ'". • ■ '
Six mois .21 »
Trois mois...., 11 »
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UN NUMÉRO V n^" S V i Îk
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BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
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On s'abonde à Rome, place du Gesù, 8
LE MONDE
ÉDITION 8EMX-QU0TZDIEN27Ei
PARIS ÉTRANGER
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- Un an, 20 » 23 »
, Six mois...... 10 » 13 »
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„ L 'VMVERS ne répond pas des manuscrits Qui M sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et O, 6, place de la' Bourse
PARIS, 19 FÉVRIER 1901
Deux ans : Pierre Veoiwoï.
Çà etlà: Là* critique
chrétienne......... François Veuillot.
Racontars et faux
bruits...:.... .... G. V.
Les congrégations
autorisées d'hom-
mesd'aprèsleCon-
seil d'Etat........ II. Glotin*.
Les Maronites à
Marseille..... ... G. d'A.
Les conférences du -
Luxembourg..... Edouard Alexandre
Un sermon de M.
l'abbé Lemire.. .. J. Latappy.
Bulletin. —Un étrange calcul. — La lettre
de S. S. Léon XIII et l'épiscopat. — La
santé de Mgr Dabert..—Le port de la
soutane. — Inloimations politiques et
parlementaires. — L'affaire Cuignet. —•
-En Angleterre. — En Espagne. — La
guerre du Transva&î. — En Chine.
Dépêches de l'étranger. — Chronique. —
Lettres, sciences et arts. — Les man
dements de. carême.—- Chronique reli-
- gleuse.— La question ouvrière. — Les
grèves. — Nécrologie.— Guerre et ma
rine. — Tribunaux. — Le froid, — Nou
velles diverses. — Oalmdner. Bourse
et bulletin financier. — Dernière heure. - ,
DEUX ANS
M. Loubet a commencé, hier
soir, sa troisième année de présiv
dence.
Il nous semble que ce petit évé
nement doitj à divers, suggérer
quelques réflexions.
. Certains, . prophètes - pourraient
d 1 abord reconnaître que leur don de
prescience a été mis en défaut. Ce
n'est pas la première fois qu'ils sont
victimes de cet accident. Ce ne sera
pas, non plus, la dernière. Pour
quoi un nouveau mécompte les cor
rigerait-il, en effetj quand- leur as
surance a déjà si bien résisté à tant
de démentis prodigués comme à
plaisir par; la succession des événe
ments?
Ils nous avaient dit, : le 19 fé
vrier 1899 ; — M. Loubet ne restera
pas un an à l'Elysée, il n'y restera
pas six mois ! ;.. Ils sont, d'ailleurs,
toujours aussi affirmatifs, et le pré
sident continuer à n'en avoir que
pour six mois au plus, à partir
dû moment où parlent nos prophè
tes. N'importe, cela fait quatre ou
cinq ajournements, et quand on se
mêle d'annoncer l'avenir, il ne fau
drait pas multiplier les renvois d'é
chéance. Le lecteur finit par douter
delà justesse des prédictions.L'idée
prend peu à peu racine au fond des
esprits, qu'en dépit des pronostics
M y Loubet pourrait bien accom plir
un long parcours.
MM. les extra-lucides se sont
donc causé un certain tort dans l'o
pinion publique. Nous aimons à
croire que celle-ci, en conséquence,
réflexions faites, leur accordera
moins d'attention.
MM. les nouvellistes, toujours si
-exactement informés, d'après eux,
n'ont pas eu beaucoup plus de
chance. Vous savez les bruits, très
sûrs, qu'ils colportaient. Il y avait
des complots. Nous vivons dans les
complots. Comme d'habitude, M,
Waldeck-Rousseau dirigeait la cons
piration. Il visait là présidence de
la République, et ne voulait plus
attendre. Jet'er M. Loubet, déconsi
déré, par-dessus bord, n'était qu'un
jeu d'enfant. Ce devait être pour le
printemps del'année dernière, avant
rêves, que sa magistrature suprême
serait marquée, de son. consente
ment, par une recrudescence de
persécution et une effervescence de
socialisme ? Quel mauvais " accueil,
ou méprisant ou irrité, il eût fait à
l'impertinent qui serait venu lui
prédire... ce qui se passe !
Voilà, pourtant, ce qu'il en coûte
d'accepter certains patronages et
d'arriver par eux. M. Loubet n'est
point un sectaire. Il en donnait une
Preuve encore, à Saint-Germain des
rés, l'autre jour, quand il s'age
nouillait, tête inclinée, devantl'IIos-
tie, en chrétien. C'est un brave
homme, un honnête homme" de
bourgeois, qui tient à. l'ordre, a
horreur du. socialisme j et voudrait
voir régner la paix civile et reli
gieuse pour le plus grand bien de
son pays qu'il aime. Mais un jour, il
a été soudain poussé au pouvoir par
une coalition où figuraient, con
duisant lé resté, les sectaires, les
fauteurs de troubles, les socialistes
et les sans-patrie. D'un mot, il lui
était facile ae dissiper l'équivoque.
Il a craint que ce mot ne l'écartât
de la magistrature suprême, — et il
ne l'a pas prononcé.
M. Loubet à cru, peiit-être, qu'il
valait mieux ne rien dire, qu'une
fois élu, il contiendrait ceux qui le
portaient à la présidence. Il se trom-
pait'sur la force des situations.,, et
sur son caractère. U ne contient, il
ne tient personne ; lé prisonnier,
c'est lui.
On„ne peut en douter, son vif dé
sir est que cette captivité prenne
fin. Il n'en saurait être fier pour lui-
même; il en doit être inquiet pour
la France. Que les réflexions qu'il
a faites ces jours-ci lui inspirent le
courage de se libérer, à la première
occasion.
Pierre Veuillot.
lai.
Tout est changé depuis deux mois
et demi. Encouragé sans doute par
le succès de ses menées contre le
chef de l'Etat, M. Waldeck-Rous-
geau, le ténébreux et perpétuel
conspirateur, s'occupe maintenant,
on le sait; de renverser la .Républi
que elle même. Il travaille pour
Victor. Les nouvellistes n'en sont
pas moins sûrs que du complot pré
cédent. Votre naïveté excita leur
mépris, quand vous avez l'air de ne
pas les croire sans hésitation. Je lés
crois ! je les crois l J'aecorde autant
de confiance à leurs informations
d'aujourd'hui qu 'à celles de l'année
dernière. Attencjonsren le même
effet.
Cependant sipar hasard, ils
étaient dans l'erreur et que le prin
temps ne nous amenât point Victor,
esperons que le bon public, y réflé
chissant, conclurait qu'il faut se
méfier un peu plus des nouvellistes
comme des prophètes. Espérons
que les catholiques cesseraient d'es-,
pérer aussi fermement que la paix
religieuse va leur tomber du ciel,
avec un changement de régime..
Quand on ne collectionne que des
déceptions, $u rrfoins faudrait ; ij en
profiter.
Il est quelqu'un, encore, qui de
vrait bien profiter, dès que l'occa
sion lui sera fournie, de la leçon
Sue lui donnent les événements.
'est M. Loubet lui-même. A pro
pos. de ce deuxième anniversaire, il
a sans doute fait un rapide retour
sur le passé. Lorsqu'il était prési
dent du Sénat, M.Loubet a.biendu
(jueiquefqis jîenseî* (ju'il succède- ,
paît peut-être â M*. Félix Faure... en
1902. Se figurait-il, alors, dans ses
En raison du carnaval, les Chambres
ne siègent pas et la, politique chôme
aussi.
Le calme est rétabli à Montceau-les-
Mines et à Chalon; quoique les grèves
ne soient pas terminées.
On télégraphie de Madrid qu'il semble
de plus en plus certain que M. Silveta.
sera chargé de la présidence du pro
chain cabinet. Trois ministres, notam
ment celui de la guerre, feront partie
de la nouvelle combinaison..Il est pro
bable que la censure préalable des jour
naux sera supprimée aujourd'hui.
On annonce que le nouveau roi d'An
gleterre va se rendre en Allemagne
auprès de sa sœur l'impératrice Frédé
ric, ■ ■ ■
On avait fait courir le bruit que le gé
néral De Wet aurait été pris. Rien n'est
venu confirmer cette nouvelle.
Hier, à Pékin, le corps diplomatique
s'est réuni pour examiner la réponse du
gouvernement chinois au sujet du châ
timent des fonctionnaires coupables. Les
ministres estiment que cette réponse
n'est pas satisfaisante et ont décidé d'in
sister pour l'exécution des demandes
primitives. •
Ainsi que nous l'avons dit en Dernière
Heure, le maréchal de Waldersee orga
nisepour la-fin de ce mois une .nouvelle
expédition. Il est probable que le com
mandement sera confié au général Voy-
ron. On espère que l'annonce de cette
expédition amènera la cour à faire droit
aux demandes des puissances;
1 " " » . ' ' ^7 :
Çà et là
LA- CRITIQUE CHRÉTIENNE -
« Un critique qui est prêtre avant
tout. 9 '
C'est l'expression qu'emploie M. l'abbé
Delfour en parlant de lui-même,incidem
ment, dans la troisième série de ses re
marquables études (i).
Ce met pourrait servir d'épigraphe à
son livre et nous n'en avons pas trouvé
de plus caractéristique à mettre au début
de cet article.
1$. l'abbé Delfgur n'est pas de ceux qui
S 'imaginent qu'un prêtre a le droit, qu'il
aie pouvoir de'dépouiller, en certains
cas, le caractère sacerdotal et de n'être
plus qu'un homme. Il est totalement prê
tre et il est prêtre à chaque instant (Je s?
vie. (Ju'il étudieuné couvre apologétique
ou qn roman, un livré d'histoire ou un
drame, un essai littéraire ou une biogra
phie, l'auteur delà Religion des contem
porains reste prêtre ; il examine, il ana
lyse, il juge, en orientant sa pensée, en
guidant son opinion sur le souoi des
âmes immortelles,
Et c'est précisément ce qui donne à
tous ses écrits leur saveur et leur force.
II n'est pas perdu dans la, foule des cri
tiques ; il représente un genre à part et
qu'il porte à la perfection.
Dans un chapitre exquis sur ce char
meur et pénétrant roqi4ncier qu'est René
Bazin, AJ. l'^bfeé Delfour exprime un
vœu, qui lui tient au cœur s il demande
à l'auteur de Toute son $me de nous don
ner le roman chrétien, mais chrétien sans
vergogne et sans précautions oratoires.
Il trouve, en effet, que M. René Bazin
lui-même éprouve une hésitation, l'on
dirait presque un respect humain, deyaiU
(i) La Religion des contemporains, es
sais de critique catholique, par M. l'abbé
Delfour, 3 e série. Paris; Société française
d'imprimerie, et de librairie, 15, : rué dë
Cluny, 19Q1. " "
certains .détails et. certaines pensées
auxquels les indifférents trouveraient
un -parfum trop accentué 'de à sacris
tie ». Dans Toute son âme, il conduit
son héroïne au couvent ; mais il ne nous
montre point dè quelle minière est née
sa vocation, ni par quelles phases elle a
monté jusqu'à l'acceptation du sacrifice.
Et pourtant combien de tableaux psycho
logiques,en face desquels on s'extasie, ne
valent pas l'examen d'un cœur, où le
plus sublime pppel lutte avec tous les
attraits du monde et tous les instincts
de la sensualité !
Quel filon d'une richesse inépuisable
et d'une valeur infiniment précieuse qué
lé combat des vertus et des vices, de là
nature et de la grâce j Et quel bien pour
rait exercer le talent qui exploiterait
franchement, vigoureusement, cette mi
ne,- encore si neuve !
Donc, M. l'abbé Delfour aspire au ro
man chrétien. Il lé réclame à l'auteur de
la Tache d'encre *, un peu plus tard-, il lé
demande à M.Bourget,qui,malgré son re
tour à la foij nous paraîtrait moins enclin
et moins apte aie réaliser que M. René
Bazin, catholique excellent, de pure sève
chrétienne et d'esprit fermement réli- :
gieux. ..
Eh bien, si le roman chrétien, dans
toute son ampleur, tel que le désire et le
définit M; l'abbé Delfour, en est encore à
chercher l'écrivain qui lui donnera vie,
la critique chrétienne, intégralement
chrétienne, est plus heureuse. Elle a pris
corps entre les mains de M. l'abbé Del
four lui-même.
Et remarquez bien qu'en soulignant
avec tant d'énergie l'épithète chrétienne j
nous n'avons pas l'intention d'effacer
plus ou moins, légèrement le substantif
critique. La critique dfe M. l'abbé Delfour
est avant tout chrétienne ; mais elle est
essentiellement critique.
- L'auteur de la Religion des contempo
rains sait apprécier le talent littéraire
et n'a point la faiblesse, d'ailleurs mala
droite et vaine, de le contester aux
écrivains libres-penseurs. Amoureux de
la langue française, il l'admire en toute
œuvre où jl la voit saine, harmonieuse et
limpide.
Mais, encore une foiSj « prêtre avant
tout », il recherche, au sein de l'océan
qu'épanchent les libraires, tout ce qui
peut servir au$ âmes et à la religion, tout
ce qui peut exercer une influence, — né-
faBte, afin de l'enrayer, féconde, afin de
la répandre. Et au fond, c'est le vrai
point de vue. Car, à moins de ne cher
cher qu'une distraction vaine et un plai
sir passager dans la littérature, il faut
bien lui assigner un : idéal, un but. Or,
quel but supérieur au salut des âmes et à
l'exaltation de Dieu ? C'est celui de: M.
l'abbé Delfour.
Aussi, comme on sentla joie courir sous
sa plume, inonder son esprit, quand il lui
advient de rencontrer, chez un même
écrivain, le talent et la [foi ! Cette joie
coule à plein bord dans le chapitre où M.
l'abbé Delfour étudie kouis Veuillot, « le
plus grand prosateur du XIX* siècle, b
« l'idéal réalisé du journaliste catholique »,
et Burtout l'apôtre incomparable. Avec
quel plaisir de lettré délicat, le critique
examine et définit son héros, savoure en
core une fois ses meilleures pages et Té-
sunie sa vie, d'après le volume où son
frère en a raconté la jeunesse en
« narrateur exquis », plein de # natu
rel » et de « simplicité s. Avec quel
bonheur profond et réconfortant, le chré
tien, le prêtre admire et montre aux nou
velles générations l'infatigable et puis
sant soldat de l'Eglise, le semeur de cou
rages et de convictions, dont l'auteur de
la Religion des contemporains mesuré
avec justesse et pénétration l'influence
énorme et toujours grandissante !...
- Qn n'a point ce goût si sûr et si fin, on
n'a point ce culte intelligent et clairvoyant
des bons auteurs et du bon français, sans
être SQi -même yn écrivain de choix. La
langue de M. l'abbé Delfour est pénétrée
des modèles dont il fait son étude et son
aliment. Mais, elle en est imprégnée
assez à fond, pour ne pas avoir besoin de
les copier,On peut présenter une physio
nomie propre, en y rappelant néanmoins'
les traits de fopte qnp race; on peut pos
séder, de même, un style original; en y
fondant les qualités de toute «ne lignée
de maires. Ainsi M- l'abbé Delfour; en
s'inspirant des éléments les plus purs
et les plus sains de la littérature fran
çaise, n'est pas le moins du monde un
imitateur. J'opinerais plutôt qu'à son tour
il peut servir de modèle,
François Veuillot.
> , « :
UN ÉTRANGE calcul
De M. Harduin, dans le Matin, à pro
pos de l'élection de M. Allemane :
Les 4,000 abstentionnistes n'ayant tout
de même pas bronché, il me semble" que
l'on peut en tirer cette conclusion : il existe
dans le onzième arrondissement, encom
bre rond, 4,000 citoyens désireux de con
server le gouvernement, 4,000 qui ne tien
nent pas du tout à le renverser et 3,000 qui
voudraient le voir par terre. -
Je ne saclie p,as qu'on pHisse tirer une
autre gjoraie de la fable,
M, Ilarduin ne sait évidemment pas
que les allemandes sont des révolution
naires, des « chamibardeurs », qui veu
lent renverser, non point seulement des
ministères, mais tout l'ordre social. >
Le calcul est.donc à refaire comïne il
suit : il existe dans le XI e arrondisse
ment 4,000 citoyeng qui veulent détruire
la société, 3,000 qui se contenteraient de
détruire le ministère et 4,000 qui ne se
soucient de défendre contre la destruc
tion ni le ministère, ni la société.
Tout cela n'est pas très brillant pour.
M. WaldecU-Ronsieay, élu des électeurs
conservateurs et. modérés du départe-
inept de la Lgire,
RACONTJRS & FAUX BRUITS
Toute une série d'informations*
tendancieuses ou mensongères oiit
été propagées, en. ces derniers'
temps, dont le plus clair résultat
serait de créer, autour du Saint-
Siège, une atmosphère irrespira
ble".
En premier lieu, quelques jour
naux ont parlé de certaines négocia
tions, plus ou moins secrètes, qui
se poursuivraient' entre M. Nisard,
l'ambassadeur de France auprès du
Saint-Siège, et la secrétairerie d'E
tat. Ces négociations auraient pour
objet un compromis, — parlons net :
un marché entre le ministère fran
çais et le Souverain Pontife. Les
Jésuites seraient, du consentement
du Pape, supprimés dans notrè
pays, et les grands ordres religieux
se verraient imposer, de là même
manière, un modus vivendi ruineux
pour leur règle, pour leur esprit,
pour leur vitalité.
Ces informations sont fausses.
, En aucune hypothèse, le Saint-
Père, ni S. Em. le cardinal secré
taire d'Etat, — c'est tout un, —
n'auraient consenti à écouter les
propositions que certains nouvel
listes nous détaillent.
Voilà donc un prémier démenti
qu'il importait de formuler avec la
plus grande netteté. Il ne faut pas
que les catholiques ajoutent foi, un
seul instant, à ces insinuations ; il-
ne serait pas bon, non plus, que
quelques hommes politiques pus
sent entrevqir dès transactions sur
des peints où il^n'y a' point de tran
saction possible: Sa bienveillance/
sa prédilection, même pour notre
pays, Léon; XIII l'a montrée trop
souvent pour qu'il soit nécessaire
d'y insister ; son respect pour les
plus délicates susceptibilités de
notre nation, Il l'a manifesté, en
nous* traitant avec des égards que
personne ne conteste; son large
esprit de conciliation, Il en a de
nouveau, dans sa lettre au cardinal
Richard, donné des signes non équi
voques... ,
Mais il est des points où la Papau
té ne peut et ne veiut consentir à
des transactions : l'existence et la
liberté normale- des ordres reli
gieux tiennent à l'essence de l'E
glise. Or,parmi les notes caractéris
tiques du pontificat dé Léon XIII,
l'histoire mentionnera la sûreté de
coup d'œil avec laquelle lé Pape
clairvoyant, ménagé providentielle
ment à nos temps difficiles, fait le
départ des opinions libres et des
vérités essentielles, — des faits con
tingents, indifférents aux grands
intérêts des sociétés, et des con
ditions nécessaires & la libre et
bienfaisante action de l'Eglise.
Toute information qui tendrait à
répandre, chez les catholiques, cm
ne sait quelle défiance maladive à
l'égard au Pastêùr suprême, et de
sa conciliante, mais inflexible fer
meté, doit être immédiatement re-
jetée par eux, comme une offense
au Saint-Siège.
- -•fc-
* *
Il importe d'autant plus de se te
nir en garde contre les inforn^^-g
sensationnelles .cru^ ^ au t re la
presse antireligieuse multiplie, en
ce moment, attaques et ses ca-
.loiriRieg,
C'est ainsi, par exemple, que l'on
a mené grand bruit autour de pré
tendues négociations entre le gou
vernement espagnol et le Saint-
Siège, au sujet de la retraite éven
tuelle de certains ordres religieux:
français sur le territoire espagnol.
Il n'y a rien de vrai dans cette in
formation,
Ou bien, l'on a, habilement, ex-
pliqué les. graves malentendus qui
auraient surgi entre les religieux
espagnols, résidant jusqu'ici aux
Philippines, et le Souverain Pon
tife. Le Pape, d'après ces racon
tars, aurait revendiqué, pour l'en
semble des missions catholiques,,
la somme produite par la vente des ,
hiens appartenant aux religieux
philippins. Cette « histoire » est,
elle aussi, complètement controu-
vée.
Ces deux dernières « nouvelles »
Car, ceux qui ont suivi, depuis
quelques semaines, les courants de
la presse et des agences interna
tionales, ont été frappés de la vigi
lante unanimité avec laquelle, les
organes maçonniques « donnaient »
contre les congrégations. Presque
le même jour, des feuilles haineu
ses s'ingéniaient, en Belgique et en
Espagne, notamment, à susciter un
mouvement d'opinion contre les re
ligieux, et à fermer, ainsi aux or
dres, qui seraient , proscrits eu
France, l'accès de çe§ terres hospi
talières.
0ç> que nous rapportons, ci-des
sus, touchant le gouvernement es
pagnol et les religieux des Philippi
nes, fait partie de cette campagne
d'informations mensongères, « créa?
trices » de faits. Et l'on peut voir,
eu ce moment même, comment la
presse maçonnique, merveilleuse-,
ment habile à se servir des agences
internationales, joue son rôle dans
l'agitation anticléricale, facticement
. suscitée en plusieurs grandes villes
i es: "
areille, maestria dans la direction
; du concert antireligieux ne s'était
. pas remarquée depuis 1' « affaire.
- Flamidien », .
La franc-ma'çorinèrie semble, d.e
' plus en plus, vouloir jouer partie,
.générale, au grand détriment.des
. pays latins.
Aux catholiques de redoubler de"
i filiale confiance à l'égard du Pape,
en face .de cette campagne perfide
des loges. .
, Aux patriotes, sincères de voir,
dans les pays spécialement vises
par la secte,, s!il leur convient de li
vrer leurs destinées aux haines dis-,
sol vantes de la maçonnerie univer
selle. . , , ;
. " G. V.
- -, : ; ; ♦ r -—
LA SANTE DE l?l® r DABERT
Nous avons le regret d'apprendre que,
depuis quelques jours, la santé de Mgr
Dabert, évéque de Périgueux, le véné
rable doyen de l'épiscopat français , donne
de vives inquiétudes à son entourage.
: Mgr Dabert est âgé de 90 ans.
P.-S. — 1 Au moment dé mettre sous
presse, nous sommes heureux de recevoir
la dépêche suivante : qui* nous fait part
d'une amélioration dans l'état,du vénéré
malade : , ,
a Périgueux, 19 février, 2 h 20.
« Mgr Dabert va mieux aujourd'hui. »
LES COÎfiEÈfiATIOÏS iïTÔBISÉES D'ÏOMES
D'APRÈS LE CONSEIL D'ETAT
Consulté par le ministre de l'in
térieur et des cultes, sur la question
de savoir quels établissements con-
gréganistes d'hommes pouvaient
être considérés comme régulière
ment établis, le Conseil d'Etat,
dans sa séance du 16 janvier 1901,
a émis l'avis (*) « que les associa
tions dé Saint-Lazare; des Missions
étrangères, des prêtres de Saint-
Sulpice, des Frères des écoles
chrétiennes peuvent être considé
rées comme des congrégations re
ligieuses légalement autorisées » ;
il sursoit à statuer jusqu'à .plus
ample informé, en ce quj çpncprne
les prêtres du Saint-Esprit et les
associations religieuses d'hommes
de la Savoie; enfin il dénie la-o^:
lité de eongrégatin^jr religieuses
reconnues aux diverses associa
tions enseignantes de frères auto
risées par ordonnance ou décret.
. Cet avis du Conseil d'Etat, à la
veille des débats qui vont s'ouvrir
devant la Chambre relativement
aux congrégations reconnues, est
de la plus grande importance, et
nous avons pensé qu'il y avait inté
rêt à présenter quelques observa
tions sur cette nouvelle décision de
la haute assemblée administrative :
cap elle peut être critiquée, semble-
t-il, au point de vue juridique en
plusieurs de ses conclusions,
Nous ne nous attarderons n*
® concerne l'existence légale des
congrégations en France avant,
pendant etaprès la Révolution. Nous
nous contenterons simplement de
noter cette étrange affirmation :
« que l'article 11 de la loi du 18 ger
minal an X n'a laissé subsister que
les établissements ecclésiastiques
qu'elle mentionne expressément et
parmi lesquels les congrégations ne
figurent pas ». Or cet article 11 ne
mentionne expressément que « les
chapitres cathédraux et les sémi
naires ». Il faudrait donc conclure,
d'après la théorie du conseil, que
les fabriques, les menses curiales,.
les. menses épiscopales étaient elles
aussi supprimées par les lois régle
mentant le culte en France ! On juge
de la valeur de l'affirmation !
Nous voulons, dans les observa
tions qui vont suivre, en laissant de
côté les généralités, examiner la si'
tuation particulière des diverses
congrégations d ! hommes ; d'abord,
celles dont le Conseil d'Etat recon
naît l'existence légale, ensuite cel
les pour lesquelles il a tardé à sta
tuer," enfin, ©elles auxquelles il dé
nie le caractère de congrégations
reconnues.
Quatre congrégations d'homme^'
ont la bonne fortune de yo'^. | eU p
existence légale proc'; d mée dès
maintenant par le Conseil d'Etat :
ce sont les La^Sristes, les prêtres
des missions étrangères, les prêtres
Gë Saint-Sulpioe et les Frères des
écoles chrétiennes.
C'est antérieurement au décret du
3 messidor an XII.(22 juin 1804) que
fut autorisée la congrégation, des
Lazaristes. Un décret du 7 prairial
an XII (27 mai 1804), rendu sur- le
rapport du ministre de la marine et
des colonies, le conseil d'Etat en
tendu, lui conféra l'existence légale
avec une affectation domaniale et
une dotation de 15,Q00 francs (1): Eh
donnant cette'autorisation, le gou
vernement n'a donc pu, comme le
: (*) Voir VUnivers du lp février 1901. .
' (i) Dalloz. Répertoire alphabétique, \°
Culte, n° 409, et Répertoire alphabétique
1865, 1.116 et s. '
prétend l'avis du 16 janvier 1901 j
user du droit que lui reconnaissait
, le décret du 3 messidor an XII qui
I n'existait pas encore : ce dernier
; décret n'a pu que confirmer le dé-
j cret antérieur spécial aux Lazaris-
; tes ; l'article 1 er , § 2, ne prononçait
en effet la dissolution que des agré
gations non autorisées.
Un décret du 2 germinal an XIII
(14 mars 1805) rétablit la congréga- -.
tion des prêtres des Missions étran
gères et autorisa son supérieur à
accepter, avec l'autorisation du.
gouvernement, les fondations et do
nations qui pourraient être faites, à
son profit. Le Conseil d'Etat ne
conteste pas, au reste, la légalité de
cette reconnaissance; mais il-pré
tend que le décret du 26 septembre
1809 a annulé le décret du 2 germi»
nal an XIII, ainsi que celui du 7
prairial an XII. L'article 2 du dé-'
cret de 1809 est, en effet, ainsi con
çu : « Nous révoquons aussi tous
décrets par nous précédemment
rendus ; portant établissement ou
confirmation de congrégations de
prêtres pour les missions étran
gères, notamment celui du-1 prai
rial an XII, portant établissement
d'une association de prêtres sécu
liers qui,sous le titré dé prêtres des
Missions étrangères, seraient char
gés des missions hors de France, et .
du. 2 germinal an XIII portant éta
blissement de missions étrangères
et du séminaire du Saint Esprit,
-:ainsi que de tous autres décrets
rendus par suite et en exécution de
ceux ci-dessus énoncés. » Mais il "
faut remarquer'que la légalité du
décret-de 1809. est tout à fait con- -
testable. Pris au camp . de Schcon-
brun, il n'a été ni publié ni promul
gué ; il porte même dans son arti
cle 4 qu'il ne serait pas imprimé. Il
n'a pu donc abroger des décréta
"pris en Conseil d'Etat et régulière
ment publiés (2).> .
; Au reste, cèttfe discussion ne pré
sente guere d'intérêt au - point de
vue pratique. En effet, une ordon
nance du roi du 2 mars 1815, article
premier, décide que « le décret du
26 septembre 1809 est rapporté en
ce qui concerne la. Congrégation des
Missions étrangères, rue du Bac, à
1 ans, laquelle est rétablie sur le
pied du décret du 2. germinal an i
Xlil. » Cette ordonnance, il est
vrai, ne lut pap Vnsérée au Bulletin
mais le décret de 1809 ne
l'avait pas été non plus. Du reste,
elle est confirmée par une autre
ordonnance des 3-21 février 1816
régulièrement publiée (3) et en ver
tu de laquelle « l'ordonnance du 2
mars 1815 en faveur des missions
dites Missions étrangères rue du
Bac est applicable aux missions
de Saint-Lazare et du Saint-Es
prit ».
Une ordonnance du 2 avril 1816
autorisa aussi régulièrement la
compagnie des prêtres de Saint-
Sulpice.
L'existene^ légale de ces trois
cengregat.'^ ns n'avait jamais été
^ ori .tcstée : le Conseil d'Etat (4), ia
1 Cour dé cassation (5) l'avaient ad
mise ; l'avis du 16 janvier 1901 ne
pouvait donc proposer une solution
aifférente, et il doit donc être ap
prouvé de ce chef.
' ' . • « * •
: ; * *
i En. ce qui concerne les Frères
des écoles' chrétiennes, ce serait,
d'après l'avis du Conseil d'Etat,
l'article .109 du décret du 17 mars
1808, qui. leur aurait donné l'exis- »
tence légale. Ainsi l'avait déjà dé
cidé un jugement du tribunal civil
de Dunkerque du 19 mars 1878 (6).
Nous croyons au contraire, que la.
"reconnaissance de cette congréga- ,
tion.est bien antérieure, et nous ne
faisons en cela que reproduire Fa-
vis de M. Le Vavasseur de Pré
court, commissaire du gouverne
ment prèsleConseil d'Etat (7). « Les
Frères, dit-il, furent protégés par
le cardinal Fesch, oncle de Napo
léon et archevêque de Lyon, quii
obtint, en l'an XII, de les rétablir
à Lyon, où un immeuble fut mis à
leur, disposition. » En effet, M.
Alexis Chevalier (8) a. publié un cto*
cument retrouvé dans les archtv^
du département du Ilhon©/m
,i«qu el les Pfto-,
î e tl .^f?!f1 e, S- Connus dès le
~ décembre 1803).
0 ' rapport présenté au gou-
.omentde la République par le
conseiller d'Etat chargé de toutes
les affaires concernant les cultes, le
10 frimaire an XII ». Cette pièce»
étant du plus haut intérêt,; nous
(2) Voir Dalloz. périodique (18GS., i. iiïC'i
une dissertation sur ce sujet à rai-ope/s 'wâ!.
Lazaristes. .
(3) Une ordonnance du - té : '■
cevant et publiant le bref .d'insîit' t !« n f i„
supérieur général des La^arrstes i flat ieiit ■
d intéressants détails et 'jBunièra v.v, era nd
nombre d ordonnances en faveur de cette
congrégation. ■
(4) Voir Hotammp. n t pour Ies 1 azari8teB
FeTmissions 0 ? ^ novenilw'1897; pour
desll Sars f«?9 ge 9. e8! ^e décrets
1894 .1892,21 ]uin ' lS94 e t 2 août
bre 5, i884 BSaii
171 Vnt°e/ éri0d f qu(f > 9 -880. 3. 55.
, Çpnclusioa g dans l'affaire des
rreres contre la Ville d# - Paris (Dalloz vé-
nedtque, 1888. 3. 82 ï
^ r ^ res d es à coles chrétiennes el
tîon p âi n5enZ -e après la Révolu-
rle 9 T. F ° ndS i' insîr «« ltion P rimaire > sé "
Siitlon quotidienne. — 12,054
t
Mercredi 20 Février 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
Eï DÉPARTEMENTS
\JXL .&&•«* a §.4 '*«•>'. 4iQ'". • ■ '
Six mois .21 »
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LE MONDE
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„ L 'VMVERS ne répond pas des manuscrits Qui M sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et O, 6, place de la' Bourse
PARIS, 19 FÉVRIER 1901
Deux ans : Pierre Veoiwoï.
Çà etlà: Là* critique
chrétienne......... François Veuillot.
Racontars et faux
bruits...:.... .... G. V.
Les congrégations
autorisées d'hom-
mesd'aprèsleCon-
seil d'Etat........ II. Glotin*.
Les Maronites à
Marseille..... ... G. d'A.
Les conférences du -
Luxembourg..... Edouard Alexandre
Un sermon de M.
l'abbé Lemire.. .. J. Latappy.
Bulletin. —Un étrange calcul. — La lettre
de S. S. Léon XIII et l'épiscopat. — La
santé de Mgr Dabert..—Le port de la
soutane. — Inloimations politiques et
parlementaires. — L'affaire Cuignet. —•
-En Angleterre. — En Espagne. — La
guerre du Transva&î. — En Chine.
Dépêches de l'étranger. — Chronique. —
Lettres, sciences et arts. — Les man
dements de. carême.—- Chronique reli-
- gleuse.— La question ouvrière. — Les
grèves. — Nécrologie.— Guerre et ma
rine. — Tribunaux. — Le froid, — Nou
velles diverses. — Oalmdner. Bourse
et bulletin financier. — Dernière heure. - ,
DEUX ANS
M. Loubet a commencé, hier
soir, sa troisième année de présiv
dence.
Il nous semble que ce petit évé
nement doitj à divers, suggérer
quelques réflexions.
. Certains, . prophètes - pourraient
d 1 abord reconnaître que leur don de
prescience a été mis en défaut. Ce
n'est pas la première fois qu'ils sont
victimes de cet accident. Ce ne sera
pas, non plus, la dernière. Pour
quoi un nouveau mécompte les cor
rigerait-il, en effetj quand- leur as
surance a déjà si bien résisté à tant
de démentis prodigués comme à
plaisir par; la succession des événe
ments?
Ils nous avaient dit, : le 19 fé
vrier 1899 ; — M. Loubet ne restera
pas un an à l'Elysée, il n'y restera
pas six mois ! ;.. Ils sont, d'ailleurs,
toujours aussi affirmatifs, et le pré
sident continuer à n'en avoir que
pour six mois au plus, à partir
dû moment où parlent nos prophè
tes. N'importe, cela fait quatre ou
cinq ajournements, et quand on se
mêle d'annoncer l'avenir, il ne fau
drait pas multiplier les renvois d'é
chéance. Le lecteur finit par douter
delà justesse des prédictions.L'idée
prend peu à peu racine au fond des
esprits, qu'en dépit des pronostics
M y Loubet pourrait bien accom plir
un long parcours.
MM. les extra-lucides se sont
donc causé un certain tort dans l'o
pinion publique. Nous aimons à
croire que celle-ci, en conséquence,
réflexions faites, leur accordera
moins d'attention.
MM. les nouvellistes, toujours si
-exactement informés, d'après eux,
n'ont pas eu beaucoup plus de
chance. Vous savez les bruits, très
sûrs, qu'ils colportaient. Il y avait
des complots. Nous vivons dans les
complots. Comme d'habitude, M,
Waldeck-Rousseau dirigeait la cons
piration. Il visait là présidence de
la République, et ne voulait plus
attendre. Jet'er M. Loubet, déconsi
déré, par-dessus bord, n'était qu'un
jeu d'enfant. Ce devait être pour le
printemps del'année dernière, avant
rêves, que sa magistrature suprême
serait marquée, de son. consente
ment, par une recrudescence de
persécution et une effervescence de
socialisme ? Quel mauvais " accueil,
ou méprisant ou irrité, il eût fait à
l'impertinent qui serait venu lui
prédire... ce qui se passe !
Voilà, pourtant, ce qu'il en coûte
d'accepter certains patronages et
d'arriver par eux. M. Loubet n'est
point un sectaire. Il en donnait une
Preuve encore, à Saint-Germain des
rés, l'autre jour, quand il s'age
nouillait, tête inclinée, devantl'IIos-
tie, en chrétien. C'est un brave
homme, un honnête homme" de
bourgeois, qui tient à. l'ordre, a
horreur du. socialisme j et voudrait
voir régner la paix civile et reli
gieuse pour le plus grand bien de
son pays qu'il aime. Mais un jour, il
a été soudain poussé au pouvoir par
une coalition où figuraient, con
duisant lé resté, les sectaires, les
fauteurs de troubles, les socialistes
et les sans-patrie. D'un mot, il lui
était facile ae dissiper l'équivoque.
Il a craint que ce mot ne l'écartât
de la magistrature suprême, — et il
ne l'a pas prononcé.
M. Loubet à cru, peiit-être, qu'il
valait mieux ne rien dire, qu'une
fois élu, il contiendrait ceux qui le
portaient à la présidence. Il se trom-
pait'sur la force des situations.,, et
sur son caractère. U ne contient, il
ne tient personne ; lé prisonnier,
c'est lui.
On„ne peut en douter, son vif dé
sir est que cette captivité prenne
fin. Il n'en saurait être fier pour lui-
même; il en doit être inquiet pour
la France. Que les réflexions qu'il
a faites ces jours-ci lui inspirent le
courage de se libérer, à la première
occasion.
Pierre Veuillot.
lai.
Tout est changé depuis deux mois
et demi. Encouragé sans doute par
le succès de ses menées contre le
chef de l'Etat, M. Waldeck-Rous-
geau, le ténébreux et perpétuel
conspirateur, s'occupe maintenant,
on le sait; de renverser la .Républi
que elle même. Il travaille pour
Victor. Les nouvellistes n'en sont
pas moins sûrs que du complot pré
cédent. Votre naïveté excita leur
mépris, quand vous avez l'air de ne
pas les croire sans hésitation. Je lés
crois ! je les crois l J'aecorde autant
de confiance à leurs informations
d'aujourd'hui qu 'à celles de l'année
dernière. Attencjonsren le même
effet.
Cependant sipar hasard, ils
étaient dans l'erreur et que le prin
temps ne nous amenât point Victor,
esperons que le bon public, y réflé
chissant, conclurait qu'il faut se
méfier un peu plus des nouvellistes
comme des prophètes. Espérons
que les catholiques cesseraient d'es-,
pérer aussi fermement que la paix
religieuse va leur tomber du ciel,
avec un changement de régime..
Quand on ne collectionne que des
déceptions, $u rrfoins faudrait ; ij en
profiter.
Il est quelqu'un, encore, qui de
vrait bien profiter, dès que l'occa
sion lui sera fournie, de la leçon
Sue lui donnent les événements.
'est M. Loubet lui-même. A pro
pos. de ce deuxième anniversaire, il
a sans doute fait un rapide retour
sur le passé. Lorsqu'il était prési
dent du Sénat, M.Loubet a.biendu
(jueiquefqis jîenseî* (ju'il succède- ,
paît peut-être â M*. Félix Faure... en
1902. Se figurait-il, alors, dans ses
En raison du carnaval, les Chambres
ne siègent pas et la, politique chôme
aussi.
Le calme est rétabli à Montceau-les-
Mines et à Chalon; quoique les grèves
ne soient pas terminées.
On télégraphie de Madrid qu'il semble
de plus en plus certain que M. Silveta.
sera chargé de la présidence du pro
chain cabinet. Trois ministres, notam
ment celui de la guerre, feront partie
de la nouvelle combinaison..Il est pro
bable que la censure préalable des jour
naux sera supprimée aujourd'hui.
On annonce que le nouveau roi d'An
gleterre va se rendre en Allemagne
auprès de sa sœur l'impératrice Frédé
ric, ■ ■ ■
On avait fait courir le bruit que le gé
néral De Wet aurait été pris. Rien n'est
venu confirmer cette nouvelle.
Hier, à Pékin, le corps diplomatique
s'est réuni pour examiner la réponse du
gouvernement chinois au sujet du châ
timent des fonctionnaires coupables. Les
ministres estiment que cette réponse
n'est pas satisfaisante et ont décidé d'in
sister pour l'exécution des demandes
primitives. •
Ainsi que nous l'avons dit en Dernière
Heure, le maréchal de Waldersee orga
nisepour la-fin de ce mois une .nouvelle
expédition. Il est probable que le com
mandement sera confié au général Voy-
ron. On espère que l'annonce de cette
expédition amènera la cour à faire droit
aux demandes des puissances;
1 " " » . ' ' ^7 :
Çà et là
LA- CRITIQUE CHRÉTIENNE -
« Un critique qui est prêtre avant
tout. 9 '
C'est l'expression qu'emploie M. l'abbé
Delfour en parlant de lui-même,incidem
ment, dans la troisième série de ses re
marquables études (i).
Ce met pourrait servir d'épigraphe à
son livre et nous n'en avons pas trouvé
de plus caractéristique à mettre au début
de cet article.
1$. l'abbé Delfgur n'est pas de ceux qui
S 'imaginent qu'un prêtre a le droit, qu'il
aie pouvoir de'dépouiller, en certains
cas, le caractère sacerdotal et de n'être
plus qu'un homme. Il est totalement prê
tre et il est prêtre à chaque instant (Je s?
vie. (Ju'il étudieuné couvre apologétique
ou qn roman, un livré d'histoire ou un
drame, un essai littéraire ou une biogra
phie, l'auteur delà Religion des contem
porains reste prêtre ; il examine, il ana
lyse, il juge, en orientant sa pensée, en
guidant son opinion sur le souoi des
âmes immortelles,
Et c'est précisément ce qui donne à
tous ses écrits leur saveur et leur force.
II n'est pas perdu dans la, foule des cri
tiques ; il représente un genre à part et
qu'il porte à la perfection.
Dans un chapitre exquis sur ce char
meur et pénétrant roqi4ncier qu'est René
Bazin, AJ. l'^bfeé Delfour exprime un
vœu, qui lui tient au cœur s il demande
à l'auteur de Toute son $me de nous don
ner le roman chrétien, mais chrétien sans
vergogne et sans précautions oratoires.
Il trouve, en effet, que M. René Bazin
lui-même éprouve une hésitation, l'on
dirait presque un respect humain, deyaiU
(i) La Religion des contemporains, es
sais de critique catholique, par M. l'abbé
Delfour, 3 e série. Paris; Société française
d'imprimerie, et de librairie, 15, : rué dë
Cluny, 19Q1. " "
certains .détails et. certaines pensées
auxquels les indifférents trouveraient
un -parfum trop accentué 'de à sacris
tie ». Dans Toute son âme, il conduit
son héroïne au couvent ; mais il ne nous
montre point dè quelle minière est née
sa vocation, ni par quelles phases elle a
monté jusqu'à l'acceptation du sacrifice.
Et pourtant combien de tableaux psycho
logiques,en face desquels on s'extasie, ne
valent pas l'examen d'un cœur, où le
plus sublime pppel lutte avec tous les
attraits du monde et tous les instincts
de la sensualité !
Quel filon d'une richesse inépuisable
et d'une valeur infiniment précieuse qué
lé combat des vertus et des vices, de là
nature et de la grâce j Et quel bien pour
rait exercer le talent qui exploiterait
franchement, vigoureusement, cette mi
ne,- encore si neuve !
Donc, M. l'abbé Delfour aspire au ro
man chrétien. Il lé réclame à l'auteur de
la Tache d'encre *, un peu plus tard-, il lé
demande à M.Bourget,qui,malgré son re
tour à la foij nous paraîtrait moins enclin
et moins apte aie réaliser que M. René
Bazin, catholique excellent, de pure sève
chrétienne et d'esprit fermement réli- :
gieux. ..
Eh bien, si le roman chrétien, dans
toute son ampleur, tel que le désire et le
définit M; l'abbé Delfour, en est encore à
chercher l'écrivain qui lui donnera vie,
la critique chrétienne, intégralement
chrétienne, est plus heureuse. Elle a pris
corps entre les mains de M. l'abbé Del
four lui-même.
Et remarquez bien qu'en soulignant
avec tant d'énergie l'épithète chrétienne j
nous n'avons pas l'intention d'effacer
plus ou moins, légèrement le substantif
critique. La critique dfe M. l'abbé Delfour
est avant tout chrétienne ; mais elle est
essentiellement critique.
- L'auteur de la Religion des contempo
rains sait apprécier le talent littéraire
et n'a point la faiblesse, d'ailleurs mala
droite et vaine, de le contester aux
écrivains libres-penseurs. Amoureux de
la langue française, il l'admire en toute
œuvre où jl la voit saine, harmonieuse et
limpide.
Mais, encore une foiSj « prêtre avant
tout », il recherche, au sein de l'océan
qu'épanchent les libraires, tout ce qui
peut servir au$ âmes et à la religion, tout
ce qui peut exercer une influence, — né-
faBte, afin de l'enrayer, féconde, afin de
la répandre. Et au fond, c'est le vrai
point de vue. Car, à moins de ne cher
cher qu'une distraction vaine et un plai
sir passager dans la littérature, il faut
bien lui assigner un : idéal, un but. Or,
quel but supérieur au salut des âmes et à
l'exaltation de Dieu ? C'est celui de: M.
l'abbé Delfour.
Aussi, comme on sentla joie courir sous
sa plume, inonder son esprit, quand il lui
advient de rencontrer, chez un même
écrivain, le talent et la [foi ! Cette joie
coule à plein bord dans le chapitre où M.
l'abbé Delfour étudie kouis Veuillot, « le
plus grand prosateur du XIX* siècle, b
« l'idéal réalisé du journaliste catholique »,
et Burtout l'apôtre incomparable. Avec
quel plaisir de lettré délicat, le critique
examine et définit son héros, savoure en
core une fois ses meilleures pages et Té-
sunie sa vie, d'après le volume où son
frère en a raconté la jeunesse en
« narrateur exquis », plein de # natu
rel » et de « simplicité s. Avec quel
bonheur profond et réconfortant, le chré
tien, le prêtre admire et montre aux nou
velles générations l'infatigable et puis
sant soldat de l'Eglise, le semeur de cou
rages et de convictions, dont l'auteur de
la Religion des contemporains mesuré
avec justesse et pénétration l'influence
énorme et toujours grandissante !...
- Qn n'a point ce goût si sûr et si fin, on
n'a point ce culte intelligent et clairvoyant
des bons auteurs et du bon français, sans
être SQi -même yn écrivain de choix. La
langue de M. l'abbé Delfour est pénétrée
des modèles dont il fait son étude et son
aliment. Mais, elle en est imprégnée
assez à fond, pour ne pas avoir besoin de
les copier,On peut présenter une physio
nomie propre, en y rappelant néanmoins'
les traits de fopte qnp race; on peut pos
séder, de même, un style original; en y
fondant les qualités de toute «ne lignée
de maires. Ainsi M- l'abbé Delfour; en
s'inspirant des éléments les plus purs
et les plus sains de la littérature fran
çaise, n'est pas le moins du monde un
imitateur. J'opinerais plutôt qu'à son tour
il peut servir de modèle,
François Veuillot.
> , « :
UN ÉTRANGE calcul
De M. Harduin, dans le Matin, à pro
pos de l'élection de M. Allemane :
Les 4,000 abstentionnistes n'ayant tout
de même pas bronché, il me semble" que
l'on peut en tirer cette conclusion : il existe
dans le onzième arrondissement, encom
bre rond, 4,000 citoyens désireux de con
server le gouvernement, 4,000 qui ne tien
nent pas du tout à le renverser et 3,000 qui
voudraient le voir par terre. -
Je ne saclie p,as qu'on pHisse tirer une
autre gjoraie de la fable,
M, Ilarduin ne sait évidemment pas
que les allemandes sont des révolution
naires, des « chamibardeurs », qui veu
lent renverser, non point seulement des
ministères, mais tout l'ordre social. >
Le calcul est.donc à refaire comïne il
suit : il existe dans le XI e arrondisse
ment 4,000 citoyeng qui veulent détruire
la société, 3,000 qui se contenteraient de
détruire le ministère et 4,000 qui ne se
soucient de défendre contre la destruc
tion ni le ministère, ni la société.
Tout cela n'est pas très brillant pour.
M. WaldecU-Ronsieay, élu des électeurs
conservateurs et. modérés du départe-
inept de la Lgire,
RACONTJRS & FAUX BRUITS
Toute une série d'informations*
tendancieuses ou mensongères oiit
été propagées, en. ces derniers'
temps, dont le plus clair résultat
serait de créer, autour du Saint-
Siège, une atmosphère irrespira
ble".
En premier lieu, quelques jour
naux ont parlé de certaines négocia
tions, plus ou moins secrètes, qui
se poursuivraient' entre M. Nisard,
l'ambassadeur de France auprès du
Saint-Siège, et la secrétairerie d'E
tat. Ces négociations auraient pour
objet un compromis, — parlons net :
un marché entre le ministère fran
çais et le Souverain Pontife. Les
Jésuites seraient, du consentement
du Pape, supprimés dans notrè
pays, et les grands ordres religieux
se verraient imposer, de là même
manière, un modus vivendi ruineux
pour leur règle, pour leur esprit,
pour leur vitalité.
Ces informations sont fausses.
, En aucune hypothèse, le Saint-
Père, ni S. Em. le cardinal secré
taire d'Etat, — c'est tout un, —
n'auraient consenti à écouter les
propositions que certains nouvel
listes nous détaillent.
Voilà donc un prémier démenti
qu'il importait de formuler avec la
plus grande netteté. Il ne faut pas
que les catholiques ajoutent foi, un
seul instant, à ces insinuations ; il-
ne serait pas bon, non plus, que
quelques hommes politiques pus
sent entrevqir dès transactions sur
des peints où il^n'y a' point de tran
saction possible: Sa bienveillance/
sa prédilection, même pour notre
pays, Léon; XIII l'a montrée trop
souvent pour qu'il soit nécessaire
d'y insister ; son respect pour les
plus délicates susceptibilités de
notre nation, Il l'a manifesté, en
nous* traitant avec des égards que
personne ne conteste; son large
esprit de conciliation, Il en a de
nouveau, dans sa lettre au cardinal
Richard, donné des signes non équi
voques... ,
Mais il est des points où la Papau
té ne peut et ne veiut consentir à
des transactions : l'existence et la
liberté normale- des ordres reli
gieux tiennent à l'essence de l'E
glise. Or,parmi les notes caractéris
tiques du pontificat dé Léon XIII,
l'histoire mentionnera la sûreté de
coup d'œil avec laquelle lé Pape
clairvoyant, ménagé providentielle
ment à nos temps difficiles, fait le
départ des opinions libres et des
vérités essentielles, — des faits con
tingents, indifférents aux grands
intérêts des sociétés, et des con
ditions nécessaires & la libre et
bienfaisante action de l'Eglise.
Toute information qui tendrait à
répandre, chez les catholiques, cm
ne sait quelle défiance maladive à
l'égard au Pastêùr suprême, et de
sa conciliante, mais inflexible fer
meté, doit être immédiatement re-
jetée par eux, comme une offense
au Saint-Siège.
- -•fc-
* *
Il importe d'autant plus de se te
nir en garde contre les inforn^^-g
sensationnelles .cru^ ^ au t re la
presse antireligieuse multiplie, en
ce moment, attaques et ses ca-
.loiriRieg,
C'est ainsi, par exemple, que l'on
a mené grand bruit autour de pré
tendues négociations entre le gou
vernement espagnol et le Saint-
Siège, au sujet de la retraite éven
tuelle de certains ordres religieux:
français sur le territoire espagnol.
Il n'y a rien de vrai dans cette in
formation,
Ou bien, l'on a, habilement, ex-
pliqué les. graves malentendus qui
auraient surgi entre les religieux
espagnols, résidant jusqu'ici aux
Philippines, et le Souverain Pon
tife. Le Pape, d'après ces racon
tars, aurait revendiqué, pour l'en
semble des missions catholiques,,
la somme produite par la vente des ,
hiens appartenant aux religieux
philippins. Cette « histoire » est,
elle aussi, complètement controu-
vée.
Ces deux dernières « nouvelles »
Car, ceux qui ont suivi, depuis
quelques semaines, les courants de
la presse et des agences interna
tionales, ont été frappés de la vigi
lante unanimité avec laquelle, les
organes maçonniques « donnaient »
contre les congrégations. Presque
le même jour, des feuilles haineu
ses s'ingéniaient, en Belgique et en
Espagne, notamment, à susciter un
mouvement d'opinion contre les re
ligieux, et à fermer, ainsi aux or
dres, qui seraient , proscrits eu
France, l'accès de çe§ terres hospi
talières.
0ç> que nous rapportons, ci-des
sus, touchant le gouvernement es
pagnol et les religieux des Philippi
nes, fait partie de cette campagne
d'informations mensongères, « créa?
trices » de faits. Et l'on peut voir,
eu ce moment même, comment la
presse maçonnique, merveilleuse-,
ment habile à se servir des agences
internationales, joue son rôle dans
l'agitation anticléricale, facticement
. suscitée en plusieurs grandes villes
i es: "
areille, maestria dans la direction
; du concert antireligieux ne s'était
. pas remarquée depuis 1' « affaire.
- Flamidien », .
La franc-ma'çorinèrie semble, d.e
' plus en plus, vouloir jouer partie,
.générale, au grand détriment.des
. pays latins.
Aux catholiques de redoubler de"
i filiale confiance à l'égard du Pape,
en face .de cette campagne perfide
des loges. .
, Aux patriotes, sincères de voir,
dans les pays spécialement vises
par la secte,, s!il leur convient de li
vrer leurs destinées aux haines dis-,
sol vantes de la maçonnerie univer
selle. . , , ;
. " G. V.
- -, : ; ; ♦ r -—
LA SANTE DE l?l® r DABERT
Nous avons le regret d'apprendre que,
depuis quelques jours, la santé de Mgr
Dabert, évéque de Périgueux, le véné
rable doyen de l'épiscopat français , donne
de vives inquiétudes à son entourage.
: Mgr Dabert est âgé de 90 ans.
P.-S. — 1 Au moment dé mettre sous
presse, nous sommes heureux de recevoir
la dépêche suivante : qui* nous fait part
d'une amélioration dans l'état,du vénéré
malade : , ,
a Périgueux, 19 février, 2 h 20.
« Mgr Dabert va mieux aujourd'hui. »
LES COÎfiEÈfiATIOÏS iïTÔBISÉES D'ÏOMES
D'APRÈS LE CONSEIL D'ETAT
Consulté par le ministre de l'in
térieur et des cultes, sur la question
de savoir quels établissements con-
gréganistes d'hommes pouvaient
être considérés comme régulière
ment établis, le Conseil d'Etat,
dans sa séance du 16 janvier 1901,
a émis l'avis (*) « que les associa
tions dé Saint-Lazare; des Missions
étrangères, des prêtres de Saint-
Sulpice, des Frères des écoles
chrétiennes peuvent être considé
rées comme des congrégations re
ligieuses légalement autorisées » ;
il sursoit à statuer jusqu'à .plus
ample informé, en ce quj çpncprne
les prêtres du Saint-Esprit et les
associations religieuses d'hommes
de la Savoie; enfin il dénie la-o^:
lité de eongrégatin^jr religieuses
reconnues aux diverses associa
tions enseignantes de frères auto
risées par ordonnance ou décret.
. Cet avis du Conseil d'Etat, à la
veille des débats qui vont s'ouvrir
devant la Chambre relativement
aux congrégations reconnues, est
de la plus grande importance, et
nous avons pensé qu'il y avait inté
rêt à présenter quelques observa
tions sur cette nouvelle décision de
la haute assemblée administrative :
cap elle peut être critiquée, semble-
t-il, au point de vue juridique en
plusieurs de ses conclusions,
Nous ne nous attarderons n*
® concerne l'existence légale des
congrégations en France avant,
pendant etaprès la Révolution. Nous
nous contenterons simplement de
noter cette étrange affirmation :
« que l'article 11 de la loi du 18 ger
minal an X n'a laissé subsister que
les établissements ecclésiastiques
qu'elle mentionne expressément et
parmi lesquels les congrégations ne
figurent pas ». Or cet article 11 ne
mentionne expressément que « les
chapitres cathédraux et les sémi
naires ». Il faudrait donc conclure,
d'après la théorie du conseil, que
les fabriques, les menses curiales,.
les. menses épiscopales étaient elles
aussi supprimées par les lois régle
mentant le culte en France ! On juge
de la valeur de l'affirmation !
Nous voulons, dans les observa
tions qui vont suivre, en laissant de
côté les généralités, examiner la si'
tuation particulière des diverses
congrégations d ! hommes ; d'abord,
celles dont le Conseil d'Etat recon
naît l'existence légale, ensuite cel
les pour lesquelles il a tardé à sta
tuer," enfin, ©elles auxquelles il dé
nie le caractère de congrégations
reconnues.
Quatre congrégations d'homme^'
ont la bonne fortune de yo'^. | eU p
existence légale proc'; d mée dès
maintenant par le Conseil d'Etat :
ce sont les La^Sristes, les prêtres
des missions étrangères, les prêtres
Gë Saint-Sulpioe et les Frères des
écoles chrétiennes.
C'est antérieurement au décret du
3 messidor an XII.(22 juin 1804) que
fut autorisée la congrégation, des
Lazaristes. Un décret du 7 prairial
an XII (27 mai 1804), rendu sur- le
rapport du ministre de la marine et
des colonies, le conseil d'Etat en
tendu, lui conféra l'existence légale
avec une affectation domaniale et
une dotation de 15,Q00 francs (1): Eh
donnant cette'autorisation, le gou
vernement n'a donc pu, comme le
: (*) Voir VUnivers du lp février 1901. .
' (i) Dalloz. Répertoire alphabétique, \°
Culte, n° 409, et Répertoire alphabétique
1865, 1.116 et s. '
prétend l'avis du 16 janvier 1901 j
user du droit que lui reconnaissait
, le décret du 3 messidor an XII qui
I n'existait pas encore : ce dernier
; décret n'a pu que confirmer le dé-
j cret antérieur spécial aux Lazaris-
; tes ; l'article 1 er , § 2, ne prononçait
en effet la dissolution que des agré
gations non autorisées.
Un décret du 2 germinal an XIII
(14 mars 1805) rétablit la congréga- -.
tion des prêtres des Missions étran
gères et autorisa son supérieur à
accepter, avec l'autorisation du.
gouvernement, les fondations et do
nations qui pourraient être faites, à
son profit. Le Conseil d'Etat ne
conteste pas, au reste, la légalité de
cette reconnaissance; mais il-pré
tend que le décret du 26 septembre
1809 a annulé le décret du 2 germi»
nal an XIII, ainsi que celui du 7
prairial an XII. L'article 2 du dé-'
cret de 1809 est, en effet, ainsi con
çu : « Nous révoquons aussi tous
décrets par nous précédemment
rendus ; portant établissement ou
confirmation de congrégations de
prêtres pour les missions étran
gères, notamment celui du-1 prai
rial an XII, portant établissement
d'une association de prêtres sécu
liers qui,sous le titré dé prêtres des
Missions étrangères, seraient char
gés des missions hors de France, et .
du. 2 germinal an XIII portant éta
blissement de missions étrangères
et du séminaire du Saint Esprit,
-:ainsi que de tous autres décrets
rendus par suite et en exécution de
ceux ci-dessus énoncés. » Mais il "
faut remarquer'que la légalité du
décret-de 1809. est tout à fait con- -
testable. Pris au camp . de Schcon-
brun, il n'a été ni publié ni promul
gué ; il porte même dans son arti
cle 4 qu'il ne serait pas imprimé. Il
n'a pu donc abroger des décréta
"pris en Conseil d'Etat et régulière
ment publiés (2).> .
; Au reste, cèttfe discussion ne pré
sente guere d'intérêt au - point de
vue pratique. En effet, une ordon
nance du roi du 2 mars 1815, article
premier, décide que « le décret du
26 septembre 1809 est rapporté en
ce qui concerne la. Congrégation des
Missions étrangères, rue du Bac, à
1 ans, laquelle est rétablie sur le
pied du décret du 2. germinal an i
Xlil. » Cette ordonnance, il est
vrai, ne lut pap Vnsérée au Bulletin
mais le décret de 1809 ne
l'avait pas été non plus. Du reste,
elle est confirmée par une autre
ordonnance des 3-21 février 1816
régulièrement publiée (3) et en ver
tu de laquelle « l'ordonnance du 2
mars 1815 en faveur des missions
dites Missions étrangères rue du
Bac est applicable aux missions
de Saint-Lazare et du Saint-Es
prit ».
Une ordonnance du 2 avril 1816
autorisa aussi régulièrement la
compagnie des prêtres de Saint-
Sulpice.
L'existene^ légale de ces trois
cengregat.'^ ns n'avait jamais été
^ ori .tcstée : le Conseil d'Etat (4), ia
1 Cour dé cassation (5) l'avaient ad
mise ; l'avis du 16 janvier 1901 ne
pouvait donc proposer une solution
aifférente, et il doit donc être ap
prouvé de ce chef.
' ' . • « * •
: ; * *
i En. ce qui concerne les Frères
des écoles' chrétiennes, ce serait,
d'après l'avis du Conseil d'Etat,
l'article .109 du décret du 17 mars
1808, qui. leur aurait donné l'exis- »
tence légale. Ainsi l'avait déjà dé
cidé un jugement du tribunal civil
de Dunkerque du 19 mars 1878 (6).
Nous croyons au contraire, que la.
"reconnaissance de cette congréga- ,
tion.est bien antérieure, et nous ne
faisons en cela que reproduire Fa-
vis de M. Le Vavasseur de Pré
court, commissaire du gouverne
ment prèsleConseil d'Etat (7). « Les
Frères, dit-il, furent protégés par
le cardinal Fesch, oncle de Napo
léon et archevêque de Lyon, quii
obtint, en l'an XII, de les rétablir
à Lyon, où un immeuble fut mis à
leur, disposition. » En effet, M.
Alexis Chevalier (8) a. publié un cto*
cument retrouvé dans les archtv^
du département du Ilhon©/m
,i«qu el les Pfto-,
î e tl .^f?!f1 e, S- Connus dès le
~ décembre 1803).
0 ' rapport présenté au gou-
.omentde la République par le
conseiller d'Etat chargé de toutes
les affaires concernant les cultes, le
10 frimaire an XII ». Cette pièce»
étant du plus haut intérêt,; nous
(2) Voir Dalloz. périodique (18GS., i. iiïC'i
une dissertation sur ce sujet à rai-ope/s 'wâ!.
Lazaristes. .
(3) Une ordonnance du - té : '■
cevant et publiant le bref .d'insîit' t !« n f i„
supérieur général des La^arrstes i flat ieiit ■
d intéressants détails et 'jBunièra v.v, era nd
nombre d ordonnances en faveur de cette
congrégation. ■
(4) Voir Hotammp. n t pour Ies 1 azari8teB
FeTmissions 0 ? ^ novenilw'1897; pour
desll Sars f«?9 ge 9. e8! ^e décrets
1894 .1892,21 ]uin ' lS94 e t 2 août
bre 5, i884 BSaii
171 Vnt°e/ éri0d f qu(f > 9 -880. 3. 55.
, Çpnclusioa g dans l'affaire des
rreres contre la Ville d# - Paris (Dalloz vé-
nedtque, 1888. 3. 82 ï
^ r ^ res d es à coles chrétiennes el
tîon p âi n5enZ -e après la Révolu-
rle 9 T. F ° ndS i' insîr «« ltion P rimaire > sé "
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